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SYNTHESE : TRUCAGES et EFFETS SPECIAUX Les effets spéciaux sont des techniques utilisées au cinéma pour créer l'illusion de personnages, d'objets, de phénomènes et d'actions difficiles à reproduire ou n'existant pas dans la réalité . Le théâtre en a utilisé avant le cinéma (maquillage, décor, machineries). On appelle effets spéciaux (ou trucages) divers procédés : maquillage, cascade, animatropiques (voir ci-dessous), effets numériques... Ils peuvent être réalisés avant, pendant ou après le tournage. Ils ne constituent pas des fins en soi, mais sont au service du récit filmique. Et, alors qu'ils créent une illusion, paradoxalement, les effets spéciaux doivent paraître le plus réel possible pour qu'on y croie. Ils sont aussi conçus pour provoquer de l'effet sur le spectateur (peur pour Jeckyll et Hyde, émerveillement ou peur pour Jurassic Park...) : souvent les campagnes publicitaires pour les films promettent des effets à « couper le souffle », c'est donc que leur force spectaculaire est un argument choc. Ils ne sont pas spécifiques aux films fantastiques ou de science-fiction : ainsi dans Forrest Gump (Robert Zemeckis, 1996), le personnage principal est mis en scène avec John F. Kennedy (assassiné en 1963). Voir l'image ci-dessous : Les origines : Méliès est perçu comme le pionnier du trucage au cinéma. Dans « L'Homme à la tête de caoutchouc », le grossissement de la tête est obtenu en surimpressionnant sur fond noir la tête de Méliès (monté sur rail) qui s'approche progressivement de la caméra. Cet usage du fond noir, qu'il fait régulièrement, est l'ancêtre du fond vert (ou bleu) utilisé actuellement pour l'incrustation de personnages par exemple. Il est intéressant de noter que Méliès était prestidigitateur avant d'être cinéaste. Dans les tours de magie du célèbre Houdini (liens dans le cours du 31 mars), la mise en scène propose d'abord une présentation du matériel qui va servir au tour -le magicien montre au spectateur qu'il n'est pas truqué-, puis le magicien exécute le tour en marquant bien ses gestes -une fois de plus pour signifier l'absence de truc, et donc pour affirmer qu'il y a vraiment magie-. On remarque le plan moyen et l'angle frontal : cela ne permet pas au spectateur de regarder les détails ni de changer de point de vue pour briser l'illusion. On remarque que la mise en scène est la même dans « L'Homme à la tête de caoutchouc » de Méliès. Pour mieux comprendre sur quoi joue le trucage : Qu'est-ce qu'une illusion d'optique ? Les illusions d'optique sont des erreurs de perception de la forme, de la couleur, des dimensions ou du mouvement de certains objets. Elles sont dues au fait que la multitude d'informations perçues par nos yeux est transmise à notre cerveau qui va les trier et les analyser. Si les informations qui arrivent au cerveau sont contradictoires, il ne parvient pas à les interpréter. On peut distinguer plusieurs types d'illusions d'optique, dont les images impossibles et les vraies figures géométriques qui nous apparaissent déformées. Les illusions d'optique montrent que notre vision du nombre est toujours une question d'interprétation personnelle.

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SYNTHESE : TRUCAGES et EFFETS SPECIAUX

Les effets spéciaux sont des techniques utilisées au cinéma pour créer l'illusion de personnages, d'objets,

de phénomènes et d'actions difficiles à reproduire ou n'existant pas dans la réalité. Le théâtre en a

utilisé avant le cinéma (maquillage, décor, machineries). On appelle effets spéciaux (ou trucages) divers

procédés : maquillage, cascade, animatropiques (voir ci-dessous), effets numériques... Ils peuvent être

réalisés avant, pendant ou après le tournage. Ils ne constituent pas des fins en soi, mais sont au service du

récit filmique. Et, alors qu'ils créent une illusion, paradoxalement, les effets spéciaux doivent paraître le plus

réel possible pour qu'on y croie. Ils sont aussi conçus pour provoquer de l'effet sur le spectateur (peur pour

Jeckyll et Hyde, émerveillement ou peur pour Jurassic Park...) : souvent les campagnes publicitaires pour les

films promettent des effets à « couper le souffle », c'est donc que leur force spectaculaire est un argument

choc. Ils ne sont pas spécifiques aux films fantastiques ou de science-fiction : ainsi dans Forrest Gump

(Robert Zemeckis, 1996), le personnage principal est mis en scène avec John F. Kennedy (assassiné en

1963). Voir l'image ci-dessous :

Les origines :Méliès est perçu comme le pionnier du trucage au cinéma. Dans « L'Homme à la tête de caoutchouc », legrossissement de la tête est obtenu en surimpressionnant sur fond noir la tête de Méliès (monté sur rail) quis'approche progressivement de la caméra. Cet usage du fond noir, qu'il fait régulièrement, est l'ancêtre dufond vert (ou bleu) utilisé actuellement pour l'incrustation de personnages par exemple. Il est intéressant denoter que Méliès était prestidigitateur avant d'être cinéaste. Dans les tours de magie du célèbre Houdini (liensdans le cours du 31 mars), la mise en scène propose d'abord une présentation du matériel qui va servir au tour-le magicien montre au spectateur qu'il n'est pas truqué-, puis le magicien exécute le tour en marquant bienses gestes -une fois de plus pour signifier l'absence de truc, et donc pour affirmer qu'il y a vraiment magie-.On remarque le plan moyen et l'angle frontal : cela ne permet pas au spectateur de regarder les détails ni dechanger de point de vue pour briser l'illusion. On remarque que la mise en scène est la même dans« L'Homme à la tête de caoutchouc » de Méliès.

Pour mieux comprendre sur quoi joue le trucage : Qu'est-ce qu'une illusion d'optique ?Les illusions d'optique sont des erreurs de perception de la forme, de la couleur, des dimensions ou dumouvement de certains objets. Elles sont dues au fait que la multitude d'informations perçues par nos yeuxest transmise à notre cerveau qui va les trier et les analyser. Si les informations qui arrivent au cerveau sontcontradictoires, il ne parvient pas à les interpréter. On peut distinguer plusieurs types d'illusions d'optique,dont les images impossibles et les vraies figures géométriques qui nous apparaissent déformées. Lesillusions d'optique montrent que notre vision du nombre est toujours une question d'interprétationpersonnelle.

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Source : espace-sciences.org

Les effets optiques : maquillage, toiles et maquettes ou décors peints sur toile ou sur verre (glass painting ; matte painting), utilisation de filtres...Voici la bande annonce de la version restaurée de Metropolis de Fritz Lang, film muet, N/B, 1927, Allemagne, film de science-fiction devenu culte. Ce film propose de nombreux effets spéciaux, dont le célèbre effet Schüfftan, inventé pour ce film par le chef-opérateur du même nom.http://www.viewpure.com/7j8Ba9rWhUg?start=0&end=0

Les effets spéciaux mécaniquesLa première étape consiste en la fabrication de marionnettes ou de robots. Ces marionnettes ou ces robots sont actionnés manuellement, puis à l'aide de câbles : ce système est utilisé au théâtre dès le XIXe siècle.

– un des premiers robots au cinéma est le King Kong de 1933, constitué d'une armature métallique recouverte de peaux de lapin, voici l'armature métallique :

– les perfectionnements aboutissent à la création des animatropiques : ce sont des créatures animées ou robotisées en général avec une peau de latex et des mécanismes internes cherchant à lui donner une apparence de vie : par exemple, le requin des Dents de la mer (1975) ou le basilic d'Harry Potter et la chambre des secrets (2002), ci-dessous :

Les effets spéciaux chimiques : par exemple, pour vieillir un décor, causer un incendie ou une explosion, produire de la fumée, ainsi la brume dans cet extrait de L'Aurore de Friedrich Wilhelm Murnau (réalisateur allemand), film américain de 1927, film culte :http://www.viewpure.com/9nyGKeLyJJ8?start=0&end=0Les effets d'optique produits par le travail sur l'image : en arrêtant la caméra puis en la relançant aprèsavoir changé un personnage ou inséré un nouvel objet, en utilisant la marche arrière, ou le ralenti oul'accéléré... Georges Méliès est le premier à avoir utilisé cette technique sans le vouloir, ce qu'il a appelé en

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racontant l'anecdote : « le truc par substitution » ou « truc à arrêt » (cours du 31 mars).

De nos jours, les effets spéciaux visuels sont réalisés par ordinateur, en images 2D ou 3D . Ils nécessitentune modélisation mathématique : pour donner l'illusion de la réalité, il faut une concordance des proportions.Il existe de nombreuses techniques d'utilisation d'images numériques :

– le mapping : projection de lumières ou d'images sur des volumes pour recréer des images de grandetaille sur des structures en relief,

– le morphing : il s'agit de créer un mouvement ou une métamorphose, ou une combinaison des deuxet la transformation doit être la plus fluide possible. Auparavant, les transformations étaientphotographiées l'une après l'autre, comme pour la séquence de métamorphose de Jeckyll en Hydedans la version de 1941 ; maintenant, avec le numérique, on commence par définir les grandesétapes de la transformation (images dessinées ou filmées) et par les traduire sous formemathématique, puis les images sont intégrées à une « grille de déformation »,

– l'incrustation de personnages (appelée aussi chroma key) : le décor et le personnage (ou l'objet)sont filmés séparément ; le personnage est filmé devant un fond vert ou bleu ; puis un système decaches permet de superposer le décor et le personnage. Cela s'est fait sur pellicule, avant de pouvoirêtre traité numériquement.

ex. vidéo de moins de 3 minutes :http://www.viewpure.com/3kzKhedIX1o?start=0&end=0

– la colorisation : des filtres numériques sont appliqués sur l'image afin de leur donner une ambianceou un style particulier : voici la bande annonce d'un film devenu culte :

Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, Jean-Pierre Jeunet, film français, 2001http://www.viewpure.com/RMbFcxbLMrY?start=0&end=0Ce film a connu un succès incroyable. C'est le premier film étalonné en numérique. Le réalisateur dit lui-même : « C’était ‘portes ouvertes’, on pouvait faire tout ce qu’on voulait au niveau des couleurs. C’était unevraie révolution. L’American Cinematographer, la Bible des chefs opérateurs de la planète, a fait uneenquête et Amélie a été désigné le film le plus important de la décennie. Aujourd’hui, ça parait un peu trop,je me calmerais sur les couleurs, c’est presque agressif, mais à l’époque on ne voulait pas se priver, on estallés très loin dans la colorisation ». Les effets de couleur ne contribuent pas dans ce film à l'effet de réel, ilspermettent plutôt de créer une atmosphère, un peu nostalgique : on a l'impression que la ville de Paris estévoquée comme une carte postale.

Généralement pourtant, un effet spécial doit se faire oublier : il doit créer l'illusion, on ne doit donc pas serendre compte qu'il y a un truc, mais avoir l'illusion que l'élément créé par l'effet spécial existe, sinon il ne« marche » pas, on n'y croit pas :

– King Kong : 1933, film pionnier de l'animatropique : Willis O'Brien utilise plusieurs figurines de 45centimètres de haut manipulées dans des décors miniatures ; pour certains gros plans, il fait fabriquerdes parties du corps du gorille : une tête, un buste, une main, six manipulateurs actionnent desmécanismes pneumatiques afin de bouger la bouche, le nez et les arcades sourcilières du visagegéant :

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– Jurassic Park : 1993, film pionnier de Steven Spielberg : il utilise les techniques traditionnelles(animatropiques), mais les dinosaures robotisés sont animés par ordinateur : « C'était la première foisdans un film qu'on utilisait des effets par ordinateur pour créer quelque chose qui ressemblait à unanimal vivant », a déclaré Dennis Muren, membre de l'équipe des effets spéciaux du film.

Mais la question de la mise en scène est fondamentale pour créer l'illusion à laquelle contribue l'effet

spécial :

Prenons l'exemple de la métamorphose de Jeckyll en Hyde ou l'inverse : dans Mary Reilly, bien sûr l'effet

spécial numérique pour le 2e corps qui sort du corps de Mister Hyde est terrifiant et crée le malaise, mais la

mise en scène permet d'exprimer l'angoisse et l'horreur de la métamorphose : en effet, les convulsions de

l'acteur, la bande sonore participent aussi à créer l'illusion d'une métamorphose douloureuse à l'oeuvre, ainsi

les cris de souffrance du personnage et la musique ; de même, dans « Docteur Jeckyll et Mister Love », les

éléments qui contribuent à rendre la scène inquiétante tiennent à la bande sonore avec le battement cardiaque

du professeur et la musique, à l'expression de souffrance du comédien et aux convulsions de son corps, au

cadrage en plans larges dont un en plongée à la fin de la séquence de la métamorphose, puis au gros plan

final sur la main transformée : dans cette parodie, l'effet spécial employé tient simplement au maquillage de

la main sans que le corps soit montré. On comprend pourquoi lorsque l'on voit le résultat de la

transformation : il y a un jeu , un effet de suspens, avec le spectateur, qui découvre en dernier Mister Love,

après avoir vu l'effroi provoqué sur les personnages qui le croisent : effet comique de la découverte d'un

homme incroyablement beau garçon et sûr de lui, alors que le spectateur attendait le monstre Hyde. On

remarque dans les deux séquences qu'il y a une utilisation fine du hors-champ, qui permet de ne pas

beaucoup montrer le monstre et provoque d'autant plus d'angoisse que le monstre est suggéré plus que

montré, le réalisateur s'en remet à l'imagination du spectateur qu'il a stimulée sur les plans visuel et sonore.

Et pour le plaisir :

« 11 films cultes qui ont marqué l'histoire des effets spéciaux » (moins de 5 minutes)http://www.viewpure.com/uWqSpauKc0Y?start=0&end=0

« L'évolution des effets spéciaux au cinéma » (moins de 6 minutes)http://www.viewpure.com/2FKXiyFzlaM?start=0&end=0