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SNUipp Fédération Syndicale Unitaire www.snuipp.fr ( ) fenêtres sur. cours ( ) f e n ê t r e s sur. cours HEBDOMADAIRE — 19 NOVEMBRE 2009 — N° 334 — ISSN 1241 — 0497 Enseignement de l’histoire Faire tomber les murs 24 novembre 24 novembre Grève pour l’éducation Enseignement de l’histoire Faire tomber les murs

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Enseignement de l’histoireFaire tomber les murs

24 novembre24 novembreGrève pour l’éducation

Enseignement de l’histoireFaire tomber les murs

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lors que la crise fait des ra-vages chez les plus démunis,aggrave les inégalités, le

chômage et la précarité, le gouverne-ment poursuit dans ses choix désas-treux. Il présente aux parlementairesun budget inacceptable, encore ettoujours basé sur le non remplace-ment d'un fonctionnaire sur deux,avec pour conséquences prévisiblesde nouvelles réductions ou déléga-tions de missions de services publics.Il maintient son projet de privatisa-tion, à terme, de La Poste.Dans l'Education, les effets cumulésdes milliers de suppressions de postesces dernières années ont de lourdesconséquences sur les conditions descolarisation des élèves comme sur lesconditions de travail des enseignants.Maternelle, Rased, aide personnalisée,évaluations, réforme de la formation...toutes les mesures prises ces derniersmois concourent à réduire les coûts etles emplois, tournent le dos à l'écolede la réussite de tous, sur fond de mé-pris des enseignants.Le 24 novembre, aux côtés des pos-tiers, nous serons en grève avec laFSU et le SNUipp, pour nous opposeraux suppressions de postes dansl'Education, au développement de laprécarité, pour défendre nos condi-tions de travail, exiger l'abandon de laréforme de la formation et l'ouverturede négociations, pour obtenir une re-valorisation salariale pour tous.

Renaud Bousquet

N° 334 _ 19 novembre 2009

A

Dossier

Actu

20Métier

Edit

Réflexions

ENFANTS DU VOYAGELe dispositif départemental descolarisation de l’Indre-et-Loire

VIVRE ENSEMBLEUn journal pour mieux lutter contreles discriminations

Joint à ce numéro un catalogue Rue du Monde Jeté sur certains exemplaires.

EEDDEn Lorraine, l’éducation au tri sélectif

REVALORISATIONLes négociations sont ouvertes

ENSEIGNEMENTDE L’HISTOIRESi les instits ont parfois du mal à rentrer dans l’histoire, les enjeux de cet enseignement sont colossaux

REFORME TERRITORIALEUn projet de loi pour réduire ladépense publique

ELISABETH BAUTIERLes inégalités d’apprentissage

( )fenêtressur. cours( )fenêtressur. cours

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(fenêtres sur cours)Hebdomadaire du Syndicat National Unitairedes instituteurs, professeurs des écoles et PEGC

128 Bd Blanqui — 75013 ParisTél : 01.44.08.69.30 — e-mail [email protected]

• Directeur de la publication: Sébastien Sihr• Rédaction: Marianne Baby, Renaud Bousquet,

Lydie Buguet, Stéphanie De Sousa, MichèleFrémont, Daniel Labaquère, Pierre Magnetto,

Arnaud Malaisé, Gilles Moindrot, JacquesMucchielli, Mathilde Radzion, Sébastien Sihr

• Impression SIEP — Bois-le-Roi• Régie publicité: MISTRAL MEDIA,365 rue Vaugirard 75015 PARIS

Tél: 01.40.02.99.00• Prix du numéro: 1 euro — Abonnement 23

euros • ISSN 1241 — 0497• CPPAP 0410 S 07284

• Adhérent du Syndicat de la Presse Sociale

KISAITOU5e version

Le KISAITOU est devenu la référence administrative des ins-tituteurs et professeurs des écoles. L’édition 2007, mise à jour et sensiblement augmentée, complétée par CD-Rom, offre une mine de renseignements originale au niveau del’Education nationale.Le CD-Rom permet par lien d’obtenir l’intégralité destextes réglementaires et accompagnera tous les enseignantsdans leurs questions concernant leur carrière, les responsa-bilités, les questions administratives, la vie de l’école…

Consultable en ligne sur http://www.snuipp.fr

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15-24 ans

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025-34 ans 35-44 ans 45-54 ans 55-64 ans 65 ans et plus

Télévision Nouveaux écrans

Durée hebdomadaire en heures consacrée aux écrans selon l'âge

Octobre 2009: http://www.pratiquesculturelles.culture.gouv.fr

La Poste : j’écris auPrésidentAprès le succès de la vota-tion citoyenne, le comité na-tional lance la campagne« j’écris au Président »pour demander l’organisationd’un débat public et la tenue d’un référendumsur le service public postal. La carte postale àenvoyer par voie électronique : www.referen-dumpourlaposte.rezisti.org

Droits de l'enfantLe 20 novembre, la Convention internationaledes droits de l'enfant aura 20 ans ! Ce texte fon-dateur a été ratifié par 193 états indépendants,à l'exception des Etats-Unis et de la Somalie.L'anniversaire est placé sous le thème« Dignité, développement et dialogue ».

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Actu

Apriori, l'école n'aura pas à agiter l'étendardde l'identité nationale. Luc Chatel, le mi-nistre de l'éducation ne demandera pas ex-plicitement aux enseignants de mettre enplace le « grand débat » que le ministre EricBesson vient d'annoncer à grand renfortmédiatique. De même, il n'y aura pas de dis-positions particulières pour que les élèveschantent « La Marseillaise », comme le de-mandait le même Eric Besson, l'étude de cechant étant dèjà inscrite au programme del'école selon le cabinet de Luc Chatel. Legrand débat doit donc se cantonner à des ré-unions publiques dans les départementsauxquelles sont invitées à participer « toutesles forces vives de la nation ». Le ministre aindiqué que les enseignants pourront y

prendre part sans toutefois leur en fixer lacontrainte. Le thème de ce débat reste trèsconnoté. La FSU craint d’ailleurs que« cette initiative à visées politiciennes re-vienne à construire de toutes pièces uneidentité fantasmée, bien loin de la com-plexité des valeurs et des pratiques ». La fé-dération attend plus que l'école participe à laconstruction d'une citoyenneté qui s'appuiesur une culture commune et l'égalité desdroits. Elle « s'inquiète que ce débat soit re-lancé au moment même où le gouvernementmultiplie les gestes de rejet envers les immi-grés sans papiers » dont certains sont engrève actuellement pour obtenir leur régularisation.

Sébastien Sihr

Les pratiques culturellesdes Français à l'ère numérique

Et revoilà l'identité nationale

Cette 5ème enquête, réalisée 11 ans après la précédente, rend compte du bouleversement apporté par Internetdans les pratiques culturelles des Français. La « culture de l'écran » n'est plus seulement la culture de la té-lévision. La pratique d'Internet est corrélée à l'âge, au niveau de diplôme et de rémunération, à la fréquen-tation des lieux culturels. La télévision et la radio reculent fortement dans les jeunes générations qui plébisci-tent, à l'inverse des groupes plus âgés, les films américains et l'écoute de la musique anglo-saxonne. La lectu-re de la presse et la lecture de livres sont en recul sensible, alors que la fréquentation des équipements cultu-rels (bibliothèques, cinémas, théâtres, concerts, expositions, musées...) reste globalement stable.

En France la durée hebdomadaire moyenne consacrée à regarder des programmes télévisés en direct est de 21heures. La durée moyenne consacrée aux autres écrans est de 11heures (7 heures pour l'ordinateur, 3 heures pour levisionnage de DVD, 1 heure pour les jeux vidéos sur console). Les groupes pour lesquels la durée « nouveaux écrans »dépasse la durée « télévision » sont les « 15-24 ans », les « bac+3 et plus », ainsi que les personnes « ayant unefréquentation habituelle des équipements culturels ». Les femmes regardent un peu plus la télévision que les hommes(22h vs 20h). La durée d'écoute décroît avec le niveau de diplôme.

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Actu

C’est en pourcentage ce que lesfamilles dépensent de plusdepuis 2001 pour leur santé,selon Les échos citant une étudeà paraître le 25 novembre.

A moins d’un mois du rendez-vous de Copenhague quellessont les chances d’un accordsur le climat selon vous ?Les négociations sont dans l’im-passe. Les propositions des Etats-Unis, de l’Union Européenne etdes pays développés, tant entermes d’engagements de réduc-tion d’émissions de gaz à effetsde serre que de financement pourpermettre aux pays du Sud defaire face au changement clima-tique ne sont pas à la hauteur. ABarcelone, les pays d’Afriqueont d’ailleurs quitté la table desnégociations. Nous redoutons que l’accord finalse limite à une déclaration de bonnes intentionssans caractère contraignant.

Que serait un bon accord selon-vous ?Ce serait un accord juste, efficace et contrai-gnant. Il devrait reconnaître la dette climatiquedes pays historiquement et fortement émetteursde gaz à effets de serre en leur imposant 40 %de réduction d’émissions d’ici 2020 et destransferts de financements et de technologies« vertes » vers le Sud. Il ne s’appuierait pas surla Banque Mondiale, le FMI, ou les marchés fi-nanciers, mais sur des dispositifs renforçant lepouvoir des peuples à préserver les écosys-

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tèmes et garantir leur accès auxbiens et services essentiels. Lespopulations les plus défavoriséesdans les pays du Sud comme dansles pays du Nord, ne doivent pasêtre les premières victimes du ré-chauffement.

Comment vous faire entendre ?Nous avons organisé le 24 octobreà Paris « 6 heures pour le climat et

la justice sociale », manifestationdurant laquelle nous avons présen-té nos analyses et revendications.Des collectifs se créent au niveaulocal pour sensibiliser le plus grand

nombre et dénoncer des projets locaux qui vontà l’encontre de nos objectifs. Ancrer le mouve-ment climatique et pour la justice sociale pardes mobilisations locales est décisif pour pesersur les choix qui vont dicter l’avenir de nos so-ciétés. Nous participerons à la journée interna-tionale d’action du 12 décembre, àCopenhague, pour laquelle un train de 400places est affrété au départ de Paris. De nom-breuses initiatives auront lieu les 5 et 12 dé-cembre partout en France.

Propos recueillis par Pierre Magnetto*Le Collectif urgence climat justice sociale regroupe 52 ONG, as-sociations, syndicats et partis politiques dont la FSU.Site: http://climatjustice.org/

Italie : crucifix décrochésSi en Italie, le catholicisme n’estofficiellement plus religion d’Etatdepuis 1984, les décrets adoptésdans les années 20 par le régimemussolinien permettant l’exposi-tion du crucifix dans les salles declasse restaient en vigueur. LaCour européenne des droits del'homme (CEDH) vient de condam-ner l’Italie à retirer tous les cruci-fix au nom de l’article 9 de laConvention des droits de l’hommesur la liberté de pensée et deconscience. La CEDH a ainsi esti-mé à l’unanimité que le crucifix« restreint le droit des parentsd'éduquer leurs enfants selon leursconvictions ainsi que le droit desenfants scolarisés de croire ou dene pas croire ». L’Etat italien atrois mois pour faire appel, avantde devoir décrocher des dizainesde milliers de crucifix dans lessalles de classe.

Maxime CombesUn des animateursdu Collectif urgenceclimatique justicesociale*

Climat : pour un accord juste, et contraignant à Copenhague

Les arts en EuropeDes traits communsUruguay :

un ordinateur par enfantPlus de 360 000 ordinateurs portablesont été distribués à l’ensemble desélèves du primaire en Uruguay. Cesordinateurs, nommés XO, résistent àl'eau, sont équipés d'un système Linuxet du Wifi et peuvent fonctionner àl'énergie solaire ou être rechargésmanuellement à l'aide d'une manivelle.L’Uruguay est le premier pays àatteindre l’objectif « un ordinateur parenfant » pour réduire la fracture numé-rique des pays les plus pauvres.

Le réseau Eurydice (dépendant de laCommunauté européenne) vient depublier une étude intitulée« L'éducation culturelle et ar-tistique à l'école enEurope ». Cette étude com-pare les programmes en vi-gueur dans les différentspays européens, les actionstransdisciplinaires, l'inter-vention d'artistes, la forma-tion des enseignants, les ho-raires, l'évaluation... et dresse desconstats communs aux différents payseuropéens. Le document fait état des re-cherches existantes dans le domaine de l'ensei-

gnement artistique. Elles confirment l'existen-ce d'une « hiérarchie des disciplines » et

le fait que la pratique n'est pas à lahauteur des ambitions affichées

en exergue de l'ensemble desprogrammes, par ailleurs sou-vent très complets. Les arts vi-suels et la musique sont favo-risés au détriment de l'art dra-matique et de la danse par

exemple. Les enseignants duprimaire, généralistes, manquent

de confiance pour enseigner les artset perçoivent l'évaluation dans ce domai-

ne comme particulièrement malaisée. Daniel Labaquère

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Actu

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Le SNUipp et les syndicats de la FSU ontdécidé d'appeler à la grève mardi 24 no-vembre. Les contacts avec les autre fédé-rations de l'éducation n'ont pas permis dedéboucher sur un appel unitaire ; seuls laCGT-éducation et Sud éducation s'y sontjoints. Les personnels de la Poste serontaussi en grève ce jour-là.« Prendre ses responsabilités » apparaît in-contournable quand le projet de budget 2010poursuit la logique du non-remplacementd'un fonctionnaire sur deux partant à la retrai-te. Pourtant les prévisions démographiquespour l'école primaire sont positives pour larentrée prochaine obligeant le ministre à affi-cher une dotation de 2 182 emplois (pour 5766 élèves supplémentaires). On pourrait seféliciter d'une telle « largesse » s'il n'y avaitun « mais »... En effet le projet de budget noieces créations sous un flot se suppressions : –600 postes administratifs (quelle inspectionacadémique est-elle surdotée ?) ; et surtout –9 182 emplois de stagiaires. La réforme de laformation des enseignants est bien prétexte àéconomies, avec la suppression de l'année dePE2. Les conséquences pour les écoles serontlourdes. Les PE2 assuraient le 1/4 de dé-charge des directions (soit 2 300 postes) et leremplacement de deux stages de formationcontinue de 3 semaines des PE2 (disparitionde plus de 18 300 stages de 3 semaines). Etmême si le budget fait apparaître une lignede crédit pour rémunérer les étudiants lorsde leurs stages en responsabilité, le compten'y est pas. Le ministère souhaite « faire avaler la

pilule » en promettant des mesures de revalo-risation. Les indications données pour l'ins-tant ne laissent pas entrevoir de marge de ma-noeuvre suffisante, ni même de volonté d'ac-tionner l'ensemble des leviers qui permet-traient une réelle revalorisation (voir p.12). Dans les écoles, les besoins restent insatis-faits. En conséquence des suppressions depostes de ces dernières années, les effectifspar classe ont augmenté, la possibilité de dé-part en stage de formation continues'éloigne, les remplacements sont moins bienassurés, les moyens supplémentaires dans lesZEP sont insuffisants. Dans une durée heb-domadaire contrainte, les tâches se sontalourdies et le temps s'est resserré, suppri-mant les nécessaires moments pour parler,souffler... ou construire une vie collectivedans l'école. Pourtant, les enseignants desécoles gardent toute leur énergie au servicede la réussite des élèves. La neuvième uni-versité d'automne du SNUipp a encore per-mis de mesurer cette soif d'échanges et deconfrontations, dont le ministère, depuisquelques années, fait si peu de cas.Salaires, conditions de travail, mouvementsdes enseignants, évaluations, aide personnali-sée, maternelle, Rased, formation des ensei-gnants... Il arrive un moment où il faut direstop ! Stop aux fausses promesses, stop auxbelles paroles « qui cachent la misère » ! Stopaux politiques qui vont à l'encontre d'unemeilleure réussite scolaire des élèves ! C'estpour tout cela que les enseignants seront engrève le 24 novembre.

Daniel Labaquère

Budget, salaires, exercice du métier,formation des maîtres... les raisons d'agir !

Carte dedoléancesEnvoyer une carte de doléances auministre de l'éducation nationale,c'est la proposition faite par le Col-lectif « Un pays, une école, notreavenir » aux enseignants. Compo-sé de 25 organisations le Collectifest à l'origine d'un appel qui a reçuplus de 46 000 signatures. Alorsque la crise financière et écono-mique s'accompagne d'une réellecrise sociale, il faut arrêter ledésengagement de l'Etat vis-à-visdes services publics et défendre« un grand service public laïqued'éducation ».

Semaine d'actionsdans la FonctionpubliqueLa CGT, la FSU et Solidairesappellent, pour la deuxième quin-zaine de novembre, à multiplier lesactions sous toutes les formes ycompris la grève. Les 3 organisa-tions dénoncent les effets le laRGPP, la Révision générale despolitiques publiques et de laREATE, la Réforme de l'adminis-tration territoriale de l'Etat : sup-pressions d'emplois dans les ser-vices publics ayant des consé-quences sur les conditions de tra-vail des personnels et sur la qualitéet la proximité des servicespublics.

Congrès de la FSULa FSU tiendra son congrès à Lilledébut février. Rappel : les adhé-rents de la FSU sont appelés àvoter courant novembre.

24 novembreGrève pour l’éducation

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Actu

pédagogique « l’école et le recyclage »,conçu en partenariat avec les IEN et desconseillers pédagogiques, l’aggloméra-tion et la ville de Metz.

Le programme com-mence par l’appro-priation par les élèvesdes notions de base : lacollecte, le tri et le recy-clage. Il s’agit ensuitede les engager dans unprojet d’intérêt généralde façon concrète. Pourles aider, les supportsproposés sont fondés surune pédagogie active.« Ils sont pensés en

fonction des apprentissages fondamen-taux et permettent d’accompagner lesenfants dans les étapes de leur évolu-tion : du rapport tactile à la matière etde la découverte du cadre de vie en ma-ternelle jusqu’au jeu de rôles et à l’im-plication citoyenne pour les cycles 2 et3 », commente Pierre-Yves Fenart. Ceque confirment Emmanuelle Mengel etMarielle Breuval, enseignantes à l’écoleLe Cèdre bleu de Coin-Lès-Cuvry dansune classe de CM1/CM2 de 17 élèves.« L’expérience lancée en 2008 a été très

Sensibiliser lesenfants au tri

sélectif, pourpréparer le

monde dedemain, c’est ce

à quoi œuvredepuis dix ans

une sociétéd’économiemixte de la

région de Metz.Une majorité de

classes ontparticipé auprogramme

pédagogique« L’école et le

recyclage ».

éducation à la citoyenneté passepar les poubelles. L’information nesurprendra personne en Lorraine où,il y a dix ans, alors que l’expression

« développement durable » restait enco-re réservée aux initiés, le programme pé-dagogique « L’école et le recyclage » acommencé à balayer les classes. La ma-jorité des élèves de la région de Metz ontaujourd’hui répondu à la propositiond’une société d’économie mixte dépen-dant de Metz Métropole, la SociétéMessine d’environnement et d’énergie(Somergie). L’an dernier,le programme a touché ànouveau 2 400 enfants.La distinction entre tri sé-lectif, terme original del’opération, et développe-ment durable, n’est cepen-dant pas formelle. Commel’explique très simplementPierre-Yves Fenart, direc-teur général de Somergie :« Aujourd’hui, il est deve-nu nécessaire d’inscrire lethème des déchets dans sa dimension dé-veloppement durable, car il ne suffit pasde jeter au bon endroit, il faut encore sa-voir pourquoi ».Basée à Metz, la Somergie est une socié-té spécialisée dans la collecte sélectiveet la gestion des déchets. Elle a immé-diatement voulu inscrire la nécessairecampagne de sensibilisation des ci-toyens au tri sélectif dans les écoles, dèsla maternelle. Imaginé dans les années90, l’objectif s’est concrétisé en 1999avec la naissance du programme d’appui

Lorraine: l’éducation à

la poubelle

« Les enfants ontréalisé un grand

panneau quiexplique le tri et

vont dans lesclasses des

maternelles pourexpliquer aux pluspetits ce qu’ils ont

appris»

L’

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Actu

enrichissante. Les enfants ont réalisécette année un grand panneau d’afficha-ge qui explique le tri et vont dans lesclasses de maternelle de l’école pour ex-pliquer aux plus petits ce qu’ils ont ap-pris », commente Emmanuelle Mengel.

D’autres outils ont été conçus defaçon à laisser aux enseignants unecomplète liberté pédagogique. C’est lecas du « cubotri », spécialement créépour les plus petits. Cette boîte tactile,laissée à chaque enseignant pendantplusieurs semaines, est un outil pédago-gique de découverte qui permet aux en-fants « d’associer leurs sens à l’ac-tion ». Il donne des notions de sélectiondes matières et de différences entre lesobjets, avec le tri des déchets commephase de conclusion.

Enfin, d’autres outils de sensibilisationnécessitent l’intervention d’un anima-teur de Somergie comme le Tapitri, ungrand « tapis » qui permet d’abord derappeler les notions de base du tri, puis leplace dans le contexte de la maison,avant de s’intéresser aux centres de tri.« Les élèves ont suivi ce programme avecintérêt et l’ont appliqué dans leur viequotidienne, explique Marielle Breuval.

EEDD : création d'un espace national de concertation

Les 2èmes Assises nationales de l’EEDD réunies le 29 octobre, à Caen, ont décidé de lacréation d’un espace national de concertation pour l’éducation à l’environnement et audéveloppement durable. 28 acteurs ont signé un document cadre afin de « mettre en sy-nergie les expertises et les compétences des partenaires membres, en vue de l’élabora-tion et de la mise en oeuvre d’une démarche partagée visant à développer et à renforcerune EEDD à l’échelle nationale ... »Les valeurs sont rappelées : l'EEDD « promeut les principes constitutionnels basés no-tamment sur la solidarité, l’égalité, la liberté, l’éthique, le respect mutuel, la responsa-bilité entre les femmes et les hommes, les générations et les territoires ». Les objectifscommuns sont énoncés, notamment informer et éduquer tout au long de la vie à l'EEDD,échanger entre acteurs des objectifs et des stratégies, trouver des réponses collectives auxproblématiques rencontrées sur le terrain, organiser des espaces de concertation etd'échanges territoriaux, mutualiser les ressources, suivre les actions engagées.

Quatre élèves de maternelleautour du « cubotri ». La boîtetactile, laissée à chaqueenseignant pendant plusieurssemaines, est un outilpédagogique de découverte quipermet aux enfants « d’associerleurs sens à l’action ». Il donne des notions de sélectiondes matières et de différencesentre les objets, avec le tri desdéchets comme phase deconclusion.

À l’école, ils sont mainte-nant attentifs à jeter aubon endroit le papierusagé, les emballages desgoûters et les petites bou-teilles en plastique ». Desgestes qui se poursuiventaprès la classe. « C’est

mon fils qui m’a expliqué comment bientrier les déchets », raconte avec fiertéMichèle, une mère d’élèves dont l’un desenfants a suivi l’apprentissage en classede CM1.

Tout ce travail a été popularisé à laFoire internationale de Metz, en octobredernier. Des élèves de CM1 et CM2 y ontréalisé un crayon artistique confectionné

à partir de carton de récupération qui aservi de module de tri géant pendant lafoire. « Pour réaliser ce support dyna-mique, ludique et peu commun, les en-fants ont dû réfléchir aux pratiques,gestes et attitudes à faire valoir auprès dugrand public et confectionner ainsi l’inté-gralité de la signalétique de l’objet », ex-plique Elise Cordonnier de la Somergie.« Les élèves se sont vraiment investis,ajoute Emmanuelle Mengel. Ils ont mêmeremarqué les adultes qui ne jetaient pasleurs déchets au bon endroit ! » Les en-fants sont ainsi devenus de véritables« ambassadeurs du tri ». Les œuvres réa-lisées ont ensuite été installées dans lesétablissements scolaires.

Patrick Cros

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Enquête de suivi :l'an II

Le SNUipp invite les enseignants à ren-seigner sa nouvelle enquête de suivi del'aide personnalisée. Avec cette initiati-ve, le syndicat souhaite porter leur voixau sein de la commission de travail quele ministère vient de mettre en place. Ils'agit de rendre compte du vécu réel desenseignants, de leurs interrogations et deleurs préoccupations professionnellesdans le but d’une remise à plat du dispo-sitif . L'enquête est disponible sur le sitedu SNUipp.

Grippe : vaccination lancéeLe 25 novembre marquera le début

de la campagne de vac-cination contre le virusH1N1 pour les publics

scolaires. Selonla circulaire

parue le 9 no-vembre, elledevraits'étendre sur

une périodede 4 mois, ladécision de

vaccination rele-vant des parents. Ces der-niers recevront un bon devaccination de leur caisse

d'assurance maladie au nom dechaque enfant, ainsi qu'un question-naire de santé pour signaler les« problèmes d'incompatibilité ouautre ». En maternelle et en élemen-taire, les parents qui le souhaitentpourront aller faire vacciner leur en-fant dans leur centre de vaccinationde proximité.

Guyane Intervenants enlangue maternellesupprimésEn Guyane, la difficile scolarisationdans les sites isolés de la forêt butesur le problème de la langue mater-nelle des enfants qui n'est pas le fran-çais, même quand la plupart d'entreeux est de nationalité française. Lesintervenants en langue maternelle(ILM) jouent un rôle essentiel et « enaidant au développement d'un bilin-guisme équilibré », ils favorisent laréussite scolaire. Le rectorat vient dedécider de ne pas renouveler lecontrat de certains d'entre eux, pourcommencer. Les ILM ont pourtantbénéficié de stages de formation lin-guistique et pédagogique et consti-tuent un pont efficace « entre la cul-ture locale et l'école de laRépublique ».

Actu

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Premier groupe de travail sur l'aide personnalisée.Le ministère annonce plus de souplesse. A voir.

ide personnalisée, le discours du mi-nistère s'assouplit. C'est l'un des en-seignements du premier groupe de

travail qui a réuni en octobre le ministère,le SIEN-UNSA (syndicat d'Inspecteurs), leSNUipp, le SE et le SGEN. Alors qu’il n’a pas signé l’accord des 60heures, le SNUipp a obtenu la tenue d'unecommission de travail sur le dispositif. Il apu présenter le bilan des 1 200 écoles quiont participé l'an dernier à son enquête desuivi. Face à ce travail contradictoire, leministère est désormais tout en nuance.S’il affirme que le dispositif est « appré-cié » par les enseignants dans la relationmaître-élèves, il admet son incapacité àévaluer l'effet produit sur les 15 % d'élèvesen difficulté concernés par cette aide. Poursortir du dogme, le SNUipp a réitéré saproposition que soit mené un travail sé-rieux d'analyse avec des chercheurs. Côtéformation, le ministère reconnaît « un cer-tain désarroi » des enseignants pour défi-nir une aide ordinaire pour des petitsgroupes. Il souhaite que les IA mobilisentles 18 heures d'animation pédagogique.Autre exigence portée par le SNUipp, le

Aide personnaliséeLa main aux écoles

Elèves en difficultéUne recherche sur l'efficacité des aides

ministère va donner des consignes de sou-plesse aux IA sur l'organisation, la durée,l'horaire et le contenu des 60 heures. Voilà,un point d'appui dont le SNUipp compte seservir dans les départements, là où les IAou certains IEN bloquent toute nouvelleinitiative des équipes. D'après le ministère,« un bon système, c'est celui qui est décidéau niveau de l'école ». Dont acte.

Sébastien Sihr

A

« Elèves en difficulté scolaire : aide personnali-sée ou aides spécialisées des RASED ? » : c'estl'intitulé d'une recherche universitaire menée parJean-Jacques Guillarmé, professeur de psycho-pathologie à l’Université Paris-Descartes, etDominique Luciani, professeur de psychologie,responsable de la formation des maîtres G àl'IUFM de Paris. Ils ont analysé les évolutionsdes élèves après 30 heures d'intervention dans125 compétences d'ordre scolaire, cognitif, rela-tionnel, familial et social, selon une évaluationréalisée, non pas par les rééducateurs, mais par

les enseignants prescripteurs des aides. Poureux, l'aide personnalisée « sert à quelquechose », dans 40% des cas, au niveau scolaire. Sil'on inclut les dimensions cognitive, relationnel-le et sociale, le taux tombe à 20% alors qu'il s'af-fiche à 70% pour les aides spécialisées, même siparfois ces dernières ont un moindre effet sur lestrict plan scolaire. Par contre, les aides en géné-ral ont peu d'impact sur les compétences fami-liales, ce qui fait apparaître des besoins en termed'aide à la parentalité.

Michèle Frémont

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Un récent rapport des parlementaires apointé les contradictions des objectifs don-nés aux évaluations CE1 et CM2. Qu'enpensez-vous ?Ce rapport a confirmé ce qu'avait dénoncé lacommunauté éducative l'an dernier. Ces éva-luations ne renseignent efficacement, ni lesenseignants sur les besoins de leurs élèves, nile système éducatif sur ses problèmes et sesréussites. D'un côté, elles ne servent toujourspas au diagnostic des difficultés des élèvespuisque le mode de correction proposé est bi-naire, sans nuance : c’est juste ou c’est faux.Un troisième codage pour absence de réponseintroduit cette année ne règle pas le problème.Ce qui est utile aux enseignants, c’est deconnaître les points forts et faibles de leursélèves, la nature des erreurs qu’ils commet-tent. C'était l'objet des évaluations de CE2 et6ème aujourd'hui disparues. De l'autre côté, cen'est pas sérieux d'affirmer que les évaluationsCM2 passées en janvier, six mois avant la findu cycle III, permettent d'apprécier les acquisdes élèves au regard des objectifs de la fin dece même cycle.

Pourtant le ministre affiche que ces résul-tats doivent aussi servir au pilotage del'école ?C'est bien le problème. L'école a effective-ment besoin d'outils de pilotage. Pour cela, ilest important d'avoir un bilan sérieux quidonne une image fidèle et précise du systèmeéducatif. A contrario, des évaluations mal fi-celées comme celles-ci peuvent produire deseffets pervers. Les résultats de celles de cetteannée ne pourront pas vraiment être compa-rés à ceux de l’an dernier. Quels enseigne-ments en tirera-t-on ? Surtout, si l’on en fait,comme en Angleterre, un instrument desanction, les enseignants risquent de focali-ser leur enseignement sur les tests au détri-ment des apprentissages. Attention à ne pasprendre n’importe quel indicateur avec levrai résultat recherché. !

Si ces tests sont discutables, comment avoirun bilan de l'école ?D'autres évaluations qui nous permettent d'ap-précier les performances de notre école exis-tent déjà. Au niveau international, c'est le casde Pirls ou de Pisa qui nous confirment, parexemple, l'inefficacité du redoublement pré-coces et interrogent sur des points faibles denotre système éducatif. En France, c'est aussile rôle de la DEPP qui mène, dans la durée,des enquêtes précises sur des échantillonsd'élèves. Pour le coup, leurs objectifs sontclairs. Il s'agit d'évaluations-bilans qui éclai-rent le système éducatif sur ce que savent ounon les élèves au regard des exigences desprogrammes. Ces résultats mériteraient d'êtremieux exploités par les responsables des poli-tiques éducatives.

Propos recueillis par Sébastien Sihr

La neuvième université d’automneorganisée par SNUipp avec le sou-tien de la Ligue de l’enseignementa réuni, à La-Londe-les-Mauresdans le Var, 450 participants autourde 32 chercheurs, enseignants,écrivains, dessinateurs…Rencontre annuelle de la pratiqueet de la recherche pour l’enseigne-ment primaire, l’Université d’au-tomne fait chaque année l’objetd’un numéro spécial de 100 pagesde notre journal qui rend comptedes débats et des recherches. Cetteannée, en plus de ce numéro, 32interviews vidéos des intervenantssont visibles sur le site du SNUipp.Elles ont été réalisées en partena-riat avec la MGEN.

L’université d’automne en vidéos

Jean-Claude Émin, ancien sous-directeur de l’évaluation à la DEPP,ancien secrétaire général du Hautconseil de l’évaluation de l’école.Co-auteur de « le pilotage par lesrésultats : un défi pour demain »Sceren

Actu

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Evaluations«piloter avec de bons outils»Peut-on piloter l'école par les résultats ? PourJean-Claude Emin qui vient de coordonner unouvrage sur la question, les évaluations Ce1 etCm2 ne sont pas un bon outil. Il proposed'autres solutions.

Puy-de-Dôme :possible scolarisation dès 2 ans Dans le Puy-de-Dôme, un nou-veau règlement intérieur desécoles maternelles proposé à cetterentrée réservait l'accès à l'écoleaux élèves âgés de 3 ans révolusau jour de la rentrée scolaire ouau plus tard au 31 décembre del'année. Une restriction inadmis-sible aux yeux du Snuipp 63 qui arencontré l'inspection académique,sur cette question, fin septembre.Depuis, une nouvelle version durèglement a été écrite dans laquel-le la possibilité de scolarisation entoute petite section est clairementmarquée pour toutes les écoles.Une victoire des enseignants pourles élèves.

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Actu

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Ce doit être le grand chantierde l'année, « la contrepartie aunon renouvellement despostes » selon le ministre del'éducation Luc Chatel, repre-nant ainsi un engagement deson prédécesseur XavierDarcos. Les discussions sur larevalorisation du métier d'en-seignant viennent de s'ouvrir.Les premières mesures de-vraient être annoncées fin jan-vier, d'autres sont attenduesplus tard dans l'année. La prio-rité affichée par le ministre estde régler la situation des recru-tés à bac + 5 (master) qui vont intégrer lesécoles à la rentrée prochaine. Pour l'heure,Luc Chatel a mis comme point de départ unemajoration indiciaire de 100 euros par moispour les nouveaux masterisés.Techniquement, cette mesure devrait provo-quer un rattrapage indiciaire pour les ensei-gnants déjà en poste sur les sept premierséchelons pour que leurs salaires ne soientpas en deçà des débutants. Mais pour tousles autres ? Le ministre n'envisage aucunemesure générale pour tous les enseignantscontrairement à ce que demande le SNUippdans les 4 propositions phare(1) qu'il met surla table : revalorisation indiciaire, indice783 en fin de carrière, même rythme d'avan-cement de la carrière, prime d'équipementpédagogique. Cette dernière propositionvient d’ailleurs d’être en partie reprise dansun rapport parlementaire(2) présenté au mi-nistère.Au contraire, rue de Grenelle, on sembleopter pour des mesures particulières : rému-nérations supplémentaires seulement pourceux qui assureront des nouvelles missions(soutien, suivi d'enfants handicapés, compa-gnonnage...), création d'un nouveau gradepour « les enseignants qui s'investissent »selon les propres termes du ministre. Il parleici d'avancement de carrière plus rapide àpartir de critères qui restent à définir maisqui devraient s'appuyer sur une évaluation

individuelle liée aux résultats des élèves.Des orientations à contre-courant au mo-ment où le malaise au travail est analysécomme la conséquence d'une transformationde son organisation, plus individualiste, plusmanagériale. (p.28)Mais la revalorisation ne doit pas être seule-ment financière. Dans les discussions, ilsera aussi question de conditions de travailet de perspectives de carrière. Ainsi, deschantiers sur la formation, la mobilité, lessecondes carrières et sur le bien-être au tra-vail doivent aussi être ouverts. Ces thèmesrisquent de tourner au défi pour le ministè-re, alors que les budgets consacrés à cesquestions sont en baisse et le nombre desuppressions de postes en hausse. Mais LucChatel a sa ligne budgétaire toute tracée. Ille répète d'ailleurs à l'envi. « Ce sont lessuppressions de postes qui permettent de fi-nancer la revalorisation ». La suppressionannoncée pour 2010 de 16 000 postes dansl'éducation représente une économie de 450millions d'euros. Luc Chatel ne prévoit deconsacrer à la revalorisation du métier que198 millions d'euros.

(1) 4 pages spécial « Revaloriser tous les en-seignants » envoyé dans les écoles et dispo-nible sur son site(2) rapport Le Mesner

Sébastien Sihr

RevalorisationBras de fer annoncé

Ce mois-ci, s'ouvrent les discussions sur larevalorisation. Tour d'horizon des enjeux.

Appel pour lascolarisation desenfants RomsLe Collectif pour le droit des enfantsroms à l'éducation qui rassemble 13syndicats d'enseignants et associationsa lancé un appel dans le cadre du20ème anniversaire de la Conventioninternationale des droits de l'enfant.Plusieurs milliers d'enfants roms de 6à 16 ans ne seraient toujours pas sco-larisés : refus d'inscription de certainescommunes, difficultés financières, ex-pulsions... Le collectif demande la« levée des blocages » ainsi qu'unsoutien financier des conseils géné-raux.

Plan ENR relancé 17 millions d'euros supplémentairesvont être consacrés au plan ENR(Écoles numériques rurales), quiconsiste à équiper en matériel multi-média des écoles des communes demoins de 2 000 habitants. A ce jour,4 169 projets sur les 8 000 déposésont obtenu un accord. Lancé au prin-temps, le plan ENR prévoyait le fi-nancement de 5 000 projets à hauteurde 50 millions. En septembre, devantle nombre de candidatures, le SNUippavait demandé un second plan et uneformation des enseignants à ces nou-veaux outils comme le prévoit laconvention signée avec l'AMRF (as-sociation des maires ruraux deFrance).

Educationpermanente à CaenLa FSU et la CGT ont tenu à Caen le10 novembre un colloque commun.Les deux organisations veulent contri-buer à « l'édification d'une formationréellement émancipatrice ». Partant del'analyse que les politiques actuelles« mènent le système éducatif dansl'impasse » et « accentuent la repro-duction sociale au lieu d'être un outilde promotion », la CGT et la FSUmilitent pour construire « une forma-tion tout au long de la vie qui s'appuiesur une formation initiale solide pourtous ».

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luées ». Une conclusion à laquelle nombred'acteurs pourraient souscrire. Jean Pick,rapporteur de l'enquête au Sénat, prône unesimplification des dispositifs qui passe parune meilleure définition des moyens et desoutils mis à la disposition des personnelsconcernés, ainsi que par une clarificationdes usages. Il préconise par ailleurs quel'Education nationale participe systémati-quement aux instances de pilotage de la po-litique de la ville en matière éducative cartrois élèves sur quatre relevant de la géo-graphie prioritaire de la ville sont égale-ment en éducation prioritaire.

Lydie Buguet

Actu

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« Attention ! Ghettos scolaires ! », c’est ensubstance l’alerte faite par la Cour descomptes dans une enquête récente sur« l'articulation entre les dispositifs de lapolitique de la ville et de l‘éducation natio-nale dans les quartiers sensibles ». Suite àl’assouplissement de la carte scolaire, cer-tains collèges se sont vidés au profitd’autres. Ainsi, en 2008, sur les 254 col-lèges « ambition réussite », 186 établisse-ments ont perdu des élèves, « ce qui s’esttraduit par une plus grande concentrationdans ces collèges des facteurs d’inégalitéscontre lesquels doit lutter la politiqued’éducation prioritaire », peut-on lire dansl'enquête. Mais cette dernière va bien au-delà de ce simple constat. Elle met à platl'ensemble des moyens et dispositifs mis enplace sur des territoires dits sensibles enterme d'interventions éducatives. Le rap-port estime par exemple que « l'efficacitéde ces différents dispositifs, qu'ils relèventde la politique de la ville ou de l'Educationnationale, n'était pas suffisamment analy-sée, et que leur efficience était menacée parun empilement continu d'actions non éva-

Ville et Education,la cour décompte

Epep refusés par les mairesSeulement 14% des maires sont favo-rables aux EPEP (Etablissement pri-maires d’enseignement public) selonune enquête de l’Andev (Associationdes directeurs de l'éducation des villesfrançaises) réalisée en octobre. Cettefaible adhésion des communes est enchute libre. Leur adhésion au projetd’Epep était de 39% en 2001.

Prime ZEPQuitte ou doublePour « favoriser la stabilité deséquipes », Luc Chatel a dit envisager ledoublement de la prime annuelle de1400 euros, versée aux enseignantsexerçant dans l'éducation prioritaire.Cette annonce a été faite devant laCommission des finances du Sénat, le 3 novembre dernier, alors que le mi-nistre était invité à répondre à l'enquêtede la Cour des comptes (voir ci-contre)

PhotocopiesRestrictions budgétaires encoreDepuis 2005, le ministère prend en char-ge le paiement des droits pour les photo-copies d'œuvres protégées tout en lescontingentant à 180 pages par an et parélève. Ce nombre vient d'être limité à100 dans une nouvelle circulaire (BO du29 octobre 2009) sur la « mise en œuvredans les écoles du contrat 2008 sur lareproduction par reprographies d'œuvresprotégées ». Il est rappelé que « le titrede l'œuvre, son auteur, son éditeur, ainsique le nombre de copies réaliséesdevront être indiquées » et que descontrôles peuvent être faits par leC.F.C.*. Le ministère s'appuie sur uneenquête qui, selon lui, a révélé « unrecours très exagéré à lareprographie » : mais il n'est pas sûr queseules les reproductions d'œuvres proté-gées aient été comptabilisées... Une tellelimitation, même s’il y a la pression deséditeurs et sociétés d'auteurs, est uneconséquence concrète de la réduction dubudget 2010 pour les dépenses de fonc-tionnement (moins 5,6% ). Intolérable ! *Centre français d'exploitation du droit de copie

Assises de la formation« Enseigner, un métier qui s'apprend »

Un rapport de la Cour des comptes s'est intéresséà l'articulation entre politique de la ville etéducation nationale et souligne le manqued'évaluations.

Le 7 novembre dernier, chercheurs, ensei-gnants, formateurs, des universités etIUFM, représentants des étudiants se sontretrouvés avec la FSU à la Sorbonne pourdébattre des enjeux et contenus de la for-mation des enseignants (voir FSC n°332).Il y a urgence à concevoir cette formationprofessionnelle dans le cadre universitaire :gestes professionnels, pratiques réflexives,travail en équipe, coopération, adaptationspédagogiques, diversité des missions et desterrains, éthique et cultures profession-nelles... Tous les acteurs aimeraient ne pasêtre mis au pied du mur et faire des propo-sitions. L'appel*de la FSU, à l'issue des as-

sises, « demande à nouveau l'abandon decette réforme ainsi que le retrait des textesd'application déjà publiés au profit d'unetout autre réforme » avec la mise en placede systèmes d'allocations d'études et depré-recrutement, une carte des formations,un cadrage national articulant masters etpréparation aux concours, la confirmationdu rôle des IUFM, une année de fonction-naire stagiaire qui comporte 60% de servi-ce accordé à la formation professionnelle,un plan pluriannuel de recrutement et de ré-sorption de la précarité. *www.fsu.fr

Michèle Frémont

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DossierDossier

ardi 10 novembre, la Frances’apprête à accueillir pour lapremière fois sur la tombe dusoldat inconnu le chef du gou-

vernement allemand, la ChancelièreAngela Merkel. Au JT de 20h, France 2diffuse un reportage réalisé à la sortie d’unlycée parisien. Il s’agit de sonder lesélèves sur leurs connaissances sur le 11novembre. Trois témoignages sont rete-nus, celui de l’élève qui nesait pas, celui de son camara-de hésitant mais qui avanceune explication et enfin, celuide la lycéenne sûre de son sa-voir. La jeune fille ose uncommentaire éclairant : « laguerre de 14-18 c’est assezloin pour nous. En revanche,avec nos parents et grands-parents, la seconde guerremondiale est beaucoup plusproche ». En quelques di-zaines de secondes de repor-tage, les journalistes ont souligné quelquesenjeux liés à l’enseignement de l’Histoire :l’histoire comme discipline et objet de sa-voirs, l’histoire comme outil de compré-hension du monde, l’histoire comme pas-seur de mémoire entre les générations.

Ces enjeux les enseignants du primaireont, comme les professeurs du seconddegré, à y faire face, à cette différenceprès que pour les seconds il s’agit d’unediscipline pleinement maîtrisée alors quepour les premiers ce n’est qu’une partie

très minoritaire des enseignements à pro-diguer. Une part d’autant plus congrue queles programmes de 2008 ont diminuéd’environ un tiers le nombre d’heures declasse consacrées à la matière. Cetteconstatation révèle en fait le niveau d’im-plication de l’institution dans l’enseigne-ment de l’histoire. Comment, dans cesconditions, s’étonner du manque d’assu-rance des enseignants que relève l’inspec-

tion générale (lire page18) ? Un état d’esprit queles tentatives d’instrumen-talisation de l’histoire à desfins politiciennes n’amé-liorera sans doute pas. Duchant de La Marseillaise, àla lettre de Guy Môquet, dela volonté de faire porter àchaque élève la mémoired’un enfant victime de laShoah à l’irruption dans ledébat du thème de l’identi-té nationale, autant d’in-

jonctions qui ne responsabilisent pas lesenseignants. « Comment garder la distan-ce nécessaire pour que les professeurs nesoient pas les jouets d’une idéologied’Etat ? », s’interroge l’historienneLaurence de Cock (lire page 19).

Les réticences à rentrer dans l’histoireLudivine Schreiber les reconnaît sansdétour. Enseignante en CM1-CM2 àNanterre (Hauts-de-Seine), elle avoueavoir procédé, à ses débuts, à des échangesde services entre collègues. Depuis, l’en-

Pas toujours

évident de rentrer

dans l’histoire,

surtout quand

certains

cherchent à

instrumentaliser

son enseignement.

Mais au vu des

enjeux, ça vaut le

coup de franchir

les obstables.

L’histoire commediscipline et objetde savoirs,l’histoire commeoutil decompréhension dumonde, l’histoirecomme passeur demémoire entre lesgénérations.

Enseignement de l’histoire

Faire tomber les murs

Dossier réalisé parLydie Buguet,

Daniel Labaquère,Pierre Magnetto

M

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Histoire de programmesLes programmes 2008 ont marqué dans le primaire le retour à l’histoire des Grandshommes avec sa liste de repères chronologiques. Dès le cycle 2, apparaissent des datesà retenir et des noms de personnages. La dernière date qu’on doit retenir est d’ailleurs1989, la chute du mur de Berlin... il s’agit là de la première date non française ce qui fai-sait dire à Philippe Joutard, professeur d’histoire, à leur sortie « il va falloir expliqueraux élèves de primaire ce qu’était l’avènement de la révolution soviétique, du commu-nisme, de la guerre froide et la chute du mur. Autrement dire, il va falloir faire une his-toire de l’Europe que ces programmes refusent par ailleurs. ». Entre les programmes de2002 et 2008, non seulement les programmes se sont un peu plus « ethnocentrés » maiscertaines questions ont bel et bien disparu telle « l'inégalité entre l'homme et la femmeexclue du vote et inférieure juridiquement ». Une suppression bien symbolique.

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seignante a perdu ses complexes ens’apercevant qu’elle faisait de l’histoire« à tout bout de champ » dès lors qu’ilfaut resituer des connaissances nouvellesdans leur contexte, remonter à leurs ori-gines. « Les élèves ont compris que c’estle résultat de l’évolution de l’humanitéqui les amènera à devenir des adulteséclairés » (lire par 16 et 17).Ludivine a développé sa propre méthodede travail, à partir du manuel, d’archives,de revues, de documents puisés surInternet. Benoît Falaize, remarqued’ailleurs que dans le primaire « la va-riété des outils est très forte ». Et si lechercheur à l’INRP souligne que « c’estun grand bricolage entre des documentsde plusieurs sortes » ce n’est pas pourstigmatiser le premier degré, mais pourmieux affirmer qu’il y a « mille manièresde faire un cours d’histoire en classe pri-maire », de ne pas se laisser enfermerentre deux logiques qui n’ont en fait riende contradictoire, celle de l’enseigne-ment par le récit ou par l’étude de docu-ments. « L’histoire doit être narrativeaussi bien qu’explicative » confiaitd’ailleurs l’historien Jacques Le Goff àFsc en décembre 2006.

Outil de compréhension du monde,l’histoire est aussi le véhicule de lamémoire entre les générations, mé-moire indispensable pour se construire,pour comprendre ses origines, son envi-ronnement et son époque.L’immigration, la colonisation, l’histoi-re des religions, la demande sociale estforte d’insérer ces histoires dans le« roman national. » « La pédagogie dudébat est un moyen de se saisir » de ces

questions affirme Laurence de Cock.Ces mains qui frappent à la porte del’école, tout autant que les tentativesd’instrumentalisation par le politique,peuvent être source de découragement.Mais il faut savoir faire tomber lesmurs et en tirer motivation à s’investirpour donner du sens et un contenu plei-nement éducatif à l’histoire enseignéeaux élèves, car la société dans 20 ans,c’est eux.

Des programmes amnésiquesLes programmes 2008 ont marqué dans le primaire le retour à l’histoire des grandshommes avec sa liste de repères chronologiques. Dès le cycle 2, apparaissent desdates à retenir et des noms de personnages. La dernière date qu’on doit retenir estd’ailleurs 1989, la chute du mur de Berlin... il s’agit là de la première date non fran-çaise ce qui faisait dire à Philippe Joutard, professeur d’histoire, à leur sortie « il vafalloir expliquer aux élèves de primaire ce qu’était l’avènement de la révolution so-viétique, du communisme, de la guerre froide et la chute du mur. Autrement dire, ilva falloir faire une histoire de l’Europe que ces programmes refusent parailleurs. ». Entre les programmes de 2002 et 2008, non seulement les programmesse sont un peu plus « ethnocentrés » mais certaines questions ont bel et bien dispa-ru telle « l'inégalité entre l'homme et la femme exclue du vote et inférieure juridi-quement ». Une suppression bien symbolique.

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udivine Schreiber est enseignanteà l'école Balzac, à Nanterre dansles Hauts-de-Seine. Elle avoue

« n'avoir jamais été très portée surl'histoire » durant sa scolarité et mêmeavoir évité de l'enseigner durant ses 2premières années de CM1 en pratiquantdes échanges de service. Ayant héritéd'un cours double CM1-CM2 à la ren-trée 2008, elle a décidé de prendre l'en-seignement de l'histoire « de front »avec la perspective d'en faire un mo-ment intéressant « pour elle et pour lesélèves ». Et là, surprise ! Ludivine s'estaperçue que l'histoire devenait un axepermanent de l'ensemble des activitésde la classe, qui a « fait » de l'histoiresans s'en rendre compte à tout bout dechamp. En musique pour situer lecontexte, en mathématiques pour re-monter avec Euclide aux origines de ladivision... les élèves ont compris que cequi est important, ce n'est pas d'ap-prendre « parce que la maîtresse l'a dé-cidé » mais parce que « c'est le résultatde l'évolution de l'humanité qui les amè-nera à devenir des adultes éclairés ».Pour Ludivine, cette façon de com-prendre que « si on en est là, c'est grâceà l'histoire », permet aux élèves de trou-ver une place dans le monde, de relierles choses, de les comprendre. Rien quele travail sur le nom de la rue de l'école,la rue Ambroise Paré, s'est révélé por-teur d'un nouveau regard des élèves surleur environnement.

L

Nanterre A Nanterre, les

élèves de LudivineSchreiber « font de

l'histoire » à tout bout de

champ. Pour mieuxcomprendre leur

place dans lemonde et d'où

viennent les savoirs.

Quels outils les enseignants utilisent-ils le plus souvent pour bâtir leur séance d'histoire?La variété des outils est très forte. L’ordinaire c’est un manuel au fond de la classe en 15 ou

30 exemplaires. Mais les enseignants utilisent aussi des fichiers, des photocopies de docu-ments pris ici ou là, le plus souvent de nature pédagogique. La littérature de jeunesse, les

arts ou les prospectus rassemblés à l’occasion d’une sortie peuvent aussi servir de support.La place du manuel d’histoire n’est pas la même que dans le secondaire où, là, l’usage estrégulier, quotidien, et très souvent indispensable. Au primaire, ce que l’on remarque c’est

un grand bricolage entre des documents de plusieurs sortes.

Ce bricolage permet-il de trouver un équilibre entre le récit historique et l'étude de documents?

Il y a mille manières de faire un cours d’histoire en classe primaire. De la simple évocationd’un événement, d’un personnage, à la construction de séquences pensées et fournies en

documents, autour d’un thème, dans le déroulé ou non du programme, sur plusieurssemaines. Maintenant, si vous parlez d’un équilibre harmonieux entre le fait de raconterune histoire et l’usage des documents comme source historique, entre le fait de « dire »

l’histoire et la construction de savoirs par les sources, les traces, alors la réponse est pluscomplexe. Car certains professeurs des écoles assument volontiers la part de récit dans leur

classe, et d’autres peuvent être tentés par une étude systématique des documents. Toutdépend de la relation qu’entretient l’enseignant avec la discipline historique. Une règle

majoritaire dans le métier veut que l’on ait trois ou quatre documents sur une page A4 etcinq questions en dessous, censées dire le sens de la leçon. Parfois aux dépens de la mise

en perspective et en intrigue du sujet lui-même.

Comment expliquer qu'en primaire, les manuels n’ont pas la place qui leur a été donnée au collège?

Question de culture professionnelle et d’origine universitaire. Pour les collègues du secon-daire, il s’agit pour tous de leur discipline, qu’ils maîtrisent, connaissent, et dont ils savent

utiliser les outils. Au primaire, la situation n’est pas la même et l’histoire n’est peut-êtrequ’un dixième des disciplines universitaires de ceux qui entrent dans le métier. Deux tradi-

tions se nourrissent sans s’exclure : d’une part la leçon d’histoire du maître un peu tradi-tionnelle, faite aussi parfois de dialogues et de réflexions échangées avec les élèves, autour

d’une actualité, d’un livre, d’un film ou d’une visite, mais aussi l’usage d’une pédagogieissue de l’éveil où tout est bon à prendre pour dire ce que l’on veut faire passer, avec l’aidedes élèves mis au travail. Là, la modalité de mise en apprentissage est tout aussi importante

que le contenu lui-même.

Benoît Falaize

« Mille manières de faire »

DossierDossier

chargé de recherche à l’INRP

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Les élèves apprennent l’histoire à partir des documents les plus divers.Les élèves apprennent l’histoire à partir des documents les plus divers.

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Pourquoi enseigner l'histoire de l'immigration? « Parce que c'est unmoyen d'enseigner l'histoire de France ! » C'est ce que répondentimmédiatement Laure Barbizet-Namer, directrice du serviceRessources et pédagogie de la Cité nationale de l’histoire de l’im-migration et Pascal Jézéquel, responsable du département éduca-tion. Ils rappellent que la France était en 1931 le premier pays d'im-migration. En classe, cette question « délicate » a été propice aux« maladresses » qu’ils résument par « la pédagogie de la couscous-sière » où chacun est renvoyé à ses propres origines. La Cité offre,au contraire, des ressources qui permettent « d'aborder de front etde dédramatiser les questions posées à chacun par l'histoire de l'im-migration », en les étudiant de manière scientifique et historique, endépassant le discours commun. Ce lieu de médiation reste encore àdécouvrir. Laure et Pascal regrettent de ne pas recevoir plus declasses du primaire alors que les entrées pédagogiques pour les

élèves de cycle 3 sont nombreuses. L’exposition permanente re-prend le parcours d’un migrant au rythme de cartes, photos, films,témoignages : de son départ à l’arrivéedans un pays d’accueil « face à l’Etat » ;des différences entre « l’ici et là-bas »aux « lieux de vie » offerts aux migrants ;« du travail » auquel ils vont participer àla « diversité culturelle » que ces migra-tions ont permis aux pays d’accueil d’ac-quérir. Le site* de La Cité laisse voir larichesse des ressources offertes aux en-seignants. La plupart des documents sonten ligne.

*http://www.histoire-immigration.fr/

à tout bout de champ

Immigration, une affaire française

trouver ? Ludivine se sert d'un manueld'histoire, d'un fichier, et de l'indispen-sable livre du maître, mais aussi desvieux livres disponibles dans l'école, desdocuments qu'elle trouve sur Internet,des revues historiques dont elle comman-de des numéros anciens.Avec les questions « difficiles àaborder », comme la colonisation, ellesuscite les questions et les échanges, elleprovoque des débats en ayant pour attitu-

Pour les séquences plus spécifiques,Ludivine travaille à partir de documentsles plus divers possibles, tableaux etphotos, romans, textes, cartes... La re-cherche d'informations et de supportsest un point important, mangeur detemps, mais obligatoire pour à la fois« remettre ses connaissances à jour etêtre prête à répondre aux questions desélèves » et leur proposer des documentsqui se prêtent au débat. Alors où les

de de ne jamais commencer par expliquercomment se sont exactement passés lesévénements. C'est au fur et à mesure dudécryptage des documents qu'elle appor-te les informations nécessaires, relanceles débats (« à votre avis ? »), donne lapossibilité aux élèves d'argumenter, ai-guille vers des questions philosophiques.Ce n'est qu'ensuite que Ludivine proposedes études de textes, en essayant, commedans le cas des mémoires d'un esclave,de donner du sens aux faits et de rendrel'histoire vivante. Pour quels résultats etquels acquis des élèves ? Ludivine éva-lue chaque thème abordé autour de troiscompétences majeures. Le premier axeest la capacité très classique à bien ap-prendre une leçon. Le second consiste àsavoir analyser un document, qui peutêtre soit un document rencontré préala-blement, soit un nouveau document, trèsproche de ce qui a déjà été travaillé, avecun questionnaire. La troisième compé-tence évaluée, à l'oral et en petitsgroupes, est la capacité à avoir retenu leséléments les plus importants d'un thèmeet en avoir compris « le mécanisme his-torique ». Une démarche qui engage l'en-seignante... et les élèves !

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Si l’on en croit l’inspection générale, l’en-seignement de l’histoire est problématique.Problématique pour les enseignants quimanquent d’assurance face à cette matièreà enseigner.Problématique pour les élèves quiconstruisent « des connaissances ponc-tuelles et superficielles, utiles, sans nuldoute, mais qui ne permettent ni d’entrerdans une problématique précise, ni deconstruire des notions essentielles ». Faceà ces constats peu glorieux on pourrait s’at-tendre à un plan de formation à la hau-teur… L’histoire, la géographie et l’éduca-tion civique représentaient 3% des actionsde formation au début des années 2000. Letaux est tombé à 2% en 2006-2007. Deschiffres qui disent assez bien l’importancetoute relative donnée dans les faits à cettematière. Le passage à 24 heures hebdoma-daires complique encore le travail des pro-fesseurs qui doivent enseigner la mêmechose dans un temps plus restreint. Tableaunoir qui dit pourtant assez mal la richessedes ressources et de l’engagement desenseignants qui inventent cet enseigne-ment dans les classes.

PatrimoineLes « traces du passé dans notre présent »sont, en France, quasi à la porte des écoles.Le patrimoine architectural, des vestigesromains aux châteaux médiévaux en pas-sant par des constructions plus contempo-raines mais aussi le patrimoine industriel.Autant d'exem-ples d'outils de médiationpour entrer dans l'histoire, pour étudier deprès les formes d’organisation sociale,politique et économique, etc, en vigueur au

temps de leur construction.Les musées et autres lieux de mémoiresont des ressources d’une grande richesse.Certains d’entre eux disposent encore depostes d’enseignants détachés, médiateursindispensables entre les collections, lesexpositions et les classes. Le mémorial deCaen propose en ce moment, une exposi-tion sur « Les enfants dans la Shoah »* àce titre remarquable. Les services « édu-cation » de structures dédiées à l’histoireconçoivent des documents adaptés. Cer-tains proposent même des formations pourles enseignants…

FictionLe rôle de la littérature jeunesse dans l’en-seignement de l’histoire a été soulignédans les programmes 2002. Ces histoiresindividuelles romancées donnent une réali-té à des situations parfois difficiles à appré-hender par le simple support de documentsplus classiques. Le roman Deux graines decacao** est devenu une référence pourparler de l'esclavage. Certains enseignantsutilisent même des films de fiction pourdonner du relief à une période donnée maisaussi pour mettre en perspective les déca-lages temporels qui pourraient exister.

ArtsEnfin, l’entrée de l’histoire des arts dansles programmes devrait favoriser encoreplus l’utilisation de supports iconogra-phiques dans l’étude d’un point fort choisi.

*http://www.memorial-caen.fr/survivre/intro.html**Deux graines de cacao, d'Evelyne Brisou-Pellen,Le Livre de Poche, 2007

Le patrimoine passeur de l’histoire, comme ici La maison carrée de Nîmes. ©Naja

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Hésitants mais pas sans ressources

Les acquis des élèvesUne étude de la DEPP de décembre 2007auprès de 7688 élèves de CM2 fait le pointsur les acquis des élèves en histoire-géogra-phie. La moyenne du score de réussite(60,2%) reflète une « baissechronologique » des acquis depuis la pré-histoire (68%) jusqu'au monde actuel(56%). Cartes et supports iconographiquessont associés à des taux de réussite supé-rieurs. A l'inverse, textes et tableaux àdouble entrée sont synonymes de moindreréussite. La perception des élèves sur leurtravail pendant les séquences d'histoire-géo-graphie est intéressante. Les élèves décla-rent : « Quand je suis en classe... »« J'écoute mon enseignant raconter lesévènements » (82%) ; « mon enseignantme pose des questions pour vérifier que j'aibien compris » (72%) ; « à la fin de laleçon nous recopions le résumé écrit par lemaître » (68%) ; « mon enseignant m'en-courage à me poser des questions et àréfléchir pour justifier ma réponse » (62%).Educations et formationsdécembre 2007

DossierDossier

Documents d'accompagnementLe groupe d'experts en charge de l'élabora-tion des programmes 2002 a publié desdocuments d'accompagnement pour lescycles 2 et 3. Commencer à construire desrelations de causalité en maintenant ledéroulement chronologique, insérer l'histoi-re de France dans une approche européenneet mondiale, ont guidé le travail desauteurs. Au-delà des détails apportés sur lecontenu des programmes, le documentaborde les questions d'évaluation, en lienavec les compétences de maîtrise de lalangue. Disponibles sur le site du SNUipp,taper : « document d'accompagnement ».

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Le roman national à l’écoleun projet mémoriel

Laurence de Cock déconstruit la fabrique de l’histoire scolaire, du projetpolitique aux choix effectués par les enseignants dans leur classe.

Votre ouvrage s’intitule La fabrique sco-laire de l’histoire, y aurait-il une histoirescolaire ?Oui, notre démarche a été de montrer quel’histoire scolaire est une écriture spécifiquede l’histoire. La scolarisation de l’histoirescientifique donne à l’histoire scolaire une di-mension particulière due à la finalité qu’onlui a assignée. Cette finalité est liée à la mis-sion civique de l’école, l’enseignement del’histoire doit participer de la formation du ci-toyen. Alors que l’histoire scientifique seveut déconnectée de tout objectif qui lui estextérieur, l’histoire scolaire est chargée poli-tiquement. Les enseignants ne sont pas, en cesens, de simples transmetteurs de savoirsmais des passeurs d’un projet politique.L’école est le premier lieu d’usage public del’histoire. Et notre hypothèse c’est que l’his-toire scolaire est un projet mémoriel, son ob-jectif est de donner une image spécifique dupassé à un moment donné.

Comment cette histoire se fabrique-t-elle ? Nous avons voulu montrer cette construc-tion en observant chaque maillon du projet,de sa naissance en commission de pro-grammes aux pratiques de classe. Une foisl’élaboration décortiquée, il nous fallait in-terroger la mise en ordre événementielle.Quelles causalités l’histoire scolaire fa-brique-t-elle ? Plutôt que de comprendre lesconjonctions de facteurs explicatifs, elle metsouvent en scène des causalités artificiellespour figer une histoire assez lisse. Qui sontles acteurs de l’histoire ? Majoritairement,l’écriture scolaire voit l’histoire d’en haut.C’est une histoire des dominants : celle desgrands hommes ou des Etats. Elle nie le plussouvent l’histoire des vies ordinaires, « lesvous et moi » du passé. Le projet citoyen setrouve là face à un paradoxe car il démontreaux élèves qu’eux-mêmes ne sont pas lesacteurs déterminants du passé, les moteursde l’histoire. Ce livre se veut un état deslieux, ce n’est pas un projet abouti maisnous avons la prétention d’avoir lancé despistes principales.

Vous parlez du roman national que constituele récit historique, ce roman n’est-il pasmultiple ? Depuis quand ce « roman national » existe-t-il comme allant de soi ? Notre hypothèsec’est que cette expression a été remise augoût du jour au moment de la sortie du livrede Pierre Nora Les lieux de mémoire dans lesannées 90. C’est le moment où les pro-grammes Chevènement se chargent d’une di-mension patrimoniale et mémorielle. Biensûr, il existe des flux et des reflux. Sans re-monter très loin, les années 80 avaient faitune place importante à l’histoire sociale.Dans le primaire, c’est le moment où s’impo-se l’éveil. Dans le secondaire les programmesBraudel mettaient en avant les points de vuede différentes civilisations loin de la dimen-sion ethnocentrée classique. Si les pro-grammes changent, la trame reste la même.Le roman national est une écriture romancée,au sens d’un récit qui vise à exalter un orgueilnational. Le passé de la France est toujoursraconté comme une épopée avec des jalonshistoriques tels Clovis, Charlemagne, Saint-Louis... La difficulté n’est pas celle du récitmais des voix que l’on fait entendre dans cerécit. Parlons d’autres endroits du monde,d’autres temporalités....

Le débat autour de l’identité nationale nerisque-t-il pas d’être un élément perturba-teur ?Le risque est majeur. Il marque une volontéd’instrumentaliser les professeurs d’histoire-géographie. Il n’est ici pas question d’histoi-re mais d’éducation civique. Les professeursn’ont pas les bagages nécessaires pour abor-der de telles questions qui relèvent autant dudroit, de la philosophie, de la sociologie, etc.Comment alors garder la distance nécessairepour que ces débats ne soient pas des ré-ponses convenues, symboles d’une citoyen-neté d’adhésion et les professeurs les jouetsd’une idéologie d’Etat ? Tout le travail desenseignants est d’apprendre aux enfants à sefaire leur propre opinion critique dans une dé-marche constructiviste qui les associe.

L’école peut-elle et doit-elle répondre aux de-mandes des mémoires collectives qui frap-pent à sa porte ?Les groupes militants porteurs de mémoiresont, dans l’espace public, la fonction de ré-clamer que leurs histoires soient inséréesdans le récit national. Il est impossible de nepas les entendre sauf si on considère quel’école est un sanctuaire. Mais les débats tra-versent les murs. Je crois que la pédagogie dudébat est un moyen de s’en saisir. Il n’existepas de réponse à une question mais on peutprendre de la distance et resituer avec lesélèves les enjeux du débat. Les savoirs sco-laires peuvent être différents des savoirs so-ciaux. L’important est de ne pas les mettre enconcurrence mais de les circonscrire. C’est àcette condition que la parole de l’enseignantn’est pas déligitimée.

historienne, enseignante associée àl’INRP, vice-présidente du Comité devigilance face aux usages publics del’histoire (CVUH) et auteure, avecEmmanuelle Picard de La fabriquescolaire de l’histoire Agone, coll.Passé et Présent (collection du CVUH), 2009

Laurence de Cock

Entretien avec

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Planète Enjeux, c'est le nom d'un nou-veau kit pédagogique sur l’empreinteécologique pour les enfants à partir de8 ans. Produit par La ligue de l’ensei-gnement et le WWF-France, l'objetveut « sensibiliser les plus jeunes àl’impact de notre mode de vie sur lesressources naturelles de la planète ».Le kit se compose d'un plateau de jeu,calculateurs, dossier pédagogique avecfiches activités, site Internet blog. Letout permet aux enfants d’évaluerl’impact de leur mode de vie sur l’en-vironnement, et de s’engager sur desactions à mettre en place pour réduireleur empreinte, de l’échelle individuel-le à celle d’un établissement scolaire.Un inconvénient, l'outil n'est pas gra-tuit. Il est vendu au prix de 49 € sur lesite http://www.planetenejeux.com

RESSOURCESEEDDPlanète enjeux

A l’occasion des 20 ans des droits del’enfant, le SNUipp édite en ce mois denovembre un numéro spécial deFenêtres sur cours sur la lutte contreles discriminations intitulé Ensemble àl’école. Les discriminations de tousordres qui peuvent être vécues et subiespar les enfants sont autant d’atteintesportées à leurs droits. Partout dans lemonde des progrès ont été réalisésmais, même en France, des efforts peu-vent et doivent être faits. L’école, parcequ’elle n’est pas en dehors du champ

social, peut produire ou reproduire cesphénomènes de discriminations.L’institution, si elle commence à enprendre la mesure, laisse trop souventles enseignants démunis face à cesquestions difficiles. Sexisme, grandepauvreté, handicap, homophobie, gensdu voyage et Roms, racisme ; ce numé-ro spécial donne à lire des éléments deréflexion sur les situations parfois diffi-ciles des enfants et des familles. Le parti a été pris de montrer des pra-tiques menées en classe par des ensei-gnants car des gestes professionnels sesont construits sur ces questions au fildu temps et cet ouvrage a pour ambi-tion de les faire partager. Par ailleurs,toute une série de ressources est pré-sentée notamment en termes de littéra-ture jeunesse. Par ce biais nombre dequestions parfois épineuses peuventêtre abordées. Ce numéro sera dispo-nible auprès des sections départemen-tales et sur le site du SNUipp.

Un numéro spécial de Fenêtres surcours contre les discriminations

ENSEMBLE À L’ÉCOLE

Les inscriptions*pour le concoursorganisé par laBibliothèque natio-nale de France, Lecafé Pédagogique,l’Ecole des loisirs,La ligue de l’ensei-gnement, Le réseaudes villes éduca-trices, le SNUipp,

et la ville de Lyon, sont ouvertes jusqu’au 30novembre inclus. Chaque classe est invitée àconcevoir un abécédaire : celui d’Arthur etdes chevaliers de la Table ronde. Vous pouvez par ailleurs consulter des res-sources mises en ligne par la BNF**.* http://www.snuipp.fr/concours/** http://classes.bnf.fr/abcdarthur/

« L’abécédaired’Arthur »

CONCOURS

Organisé tous les ans par la Ligue de l'enseignement, le salon européen de l'éducation* se dé-roulera du 19 au 22 novembre 2009 à Paris. Ce moment reste un moment privilégié pour l'en-semble des « partenaires et acteurs du système éducatif » car il permet de suivre toutes lesévolutions dans le champ de l'éducation et de la formation tout au long de la vie. Le SNUippproposera le vendredi 20 une conférence sur « 20 ans des droits des enfants » en collaborationavec le Cidem (intervenant : Philippe Meirieu). Il participera également aux débats sur « Petiteenfance de 0 à 6 ans : quelles missions de service public ? », présentés par le Réseau françaisdes villes éducatrices le jeudi 19.

* Cité de l'éducation, Educatec-Educatice, salon de l'orientation de l'ONISEP, de l'Etudiant et de l'Aventure des métiers

Rendez-vous annuel

SALON EUROPÉEN DE L'ÉDUCATION

« … L'échec massif des garçons ne s'explique par aucunediscrimination sociale et collective du genre masculin...Plus étonnant... plus les stéréotypes sexués président àl'éducation des enfants, plus les garçons sont en échec... »

Jean-Louis Auduc« Sauvons les garçons » éditions Descartes et cie - novembre 2009

Métier

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n sentiment d'appartenance européenne », c'estce qu'exprime immédiatement Pascale Erblalorqu'elle parle de son vécu professionnel au

sein de l'école internationale Robert Schuman deStrasbourg. Cet établissement un peu particulier estcomme la ville, au carrefour de l'Europe.Il délivre un enseignement bilingue à plus de 350 élèvesvenant de tout le département. En CP, Pascale enseigneen français les programmes de l'école élémentaire. « Laspécificité, c'est que les élèves bénéficient d'1 heure 30par jour d'enseignement dans une autre langue soit enallemand, en anglais, en espagnol ou en italien » ex-plique Pascale. Avec ses administrations du parlementeuropéen, la ville draine de nombreuses familles étran-gères mais pas seulement. 40% des élèves sont Français,certains ayant vécu à l'étranger. Ils habitent à Strasbourgmais aussi d'autres communes du Bas-Rhin. Pour entrerdans cette école, « un bon niveau dans une langue étran-gère est requis » témoigne Pascale. « Mais attention, cen'est pas l'élitisme, à tout prix. Des enfants de milieux so-ciaux assez divers se côtoient ». Sansfard, Pascale parle même de« mixité ». Elle est venue dans cetteécole un peu par hasard. En sortantde sa formation, elle voulait obtenirun poste à Strasbourg pour des rai-sons pratiques. Elle a alors postulésur les décharges de direction offertesdans cette école après l'avis d'unecommission. Cette année, elle vient d'obtenir un poste àtitre définitif au mouvement, les postes n'étant plus « àprofil ». C'est le travail par projet qui l'a incitée à pour-suivre l'aventure depuis 5 ans maintenant. « Avec les en-seignants en langue étrangère, on se partage les élèvesdans la journée. On travaille toujours à plusieurs ».D'où le besoin de s'accorder, de définir des projets com-muns que chacun travaille dans sa langue. « Ici plus qu'ailleurs, on intégre des enfants de culturestrès diverses pour leur apprendre à vivre ensemble ».Printemps des poètes, projets sciences ou d'écritures enlangues, semaine du goût... tout est l'occasion de ren-contres, d'échanges culturels et de nouvelles connais-sances. « Tous ces projets, c'est pour construire desponts ». Européenne, on vous dit !

Sébastien Sihr

Enseignante à l'écoleinternationale de Strasbourg

Ici plusqu'ailleurs,on intégredes enfantsde culturestrèsdiverses.

«U

Pascale Erbla

Portrait

L'office franco-allemand pour lajeunesse (OFAJ) organise sonconcours annuel (dans le cadre del'échange franco-allemand des en-seignants du premier degré), pourles classes d'allemand de cycle 3 desécoles primaires françaises. Lesclasses participantes sont invitées àréaliser une production vidéo d'unedurée maximale de 5 minutes sur unsujet libre qui témoignera de la ca-pacité de prise de parole des enfantsen langue allemande. Un exemple de classe avec échanged'enseignant sur :http://www.ofaj.org/fr/media/video/videos.htm

Inscriptions sur le site de l'OFAJ.

Date limite d'envoi de la vidéo : 1eravril 2010.

Concours 2009 – 2010« DEUTSCH, ICH BIN DABEI »

Depuis 2001,les CODES( C o m i t é sd'éducation àla santé) desPays de Loiresont impli-qués dans desprogrammesde «renforce-ment des

compétences psychosociales», c'est-à-dire les compétences personnelleset relationnelles : connaissance de soiet des autres, estime de soi, confian-ce en soi, respect, expression desémotions, gestion des conflits, espritcritique... Marie-Odile Williamson,chargée de mission à l'Institut régio-nal d'éducation et de promotion de lasanté des Pays de Loire coordonne leprojet qui concerne 40 classes des 5départements, du CE1 à la 5ème. Desprofessionnels des CODES inter-

viennent pendant 2 ans sur la mêmeclasse en utilisant des outils qui ont« fait leur preuve » et qui viennent duQuébec, de Belgique, de Suisse...mais aussi de France. Les profession-nels reçoivent une formation au ren-forcement des compétences psycho-sociales et travaillent au maximumen collaboration avec les ensei-gnants, en particulier pour la prépa-ration et la définition des objectifs.Ces derniers sont placés en positiond'observateur ou peuvent avoir à ani-mer un sous-groupe. L'évaluation sefait en commun, et l'implication detoute l'équipe pédagogique est requi-se. Un catalogue des outils pédago-giques est disponible auprès du ré-seau documentaire des CODES desPays de Loire. Sur le site Internet,des mises à jour, des bases de don-nées, des ressources documentairespour la classe. http://www.sante-pays-de-la-loire.com

Des outils pour la classe

COMPÉTENCES RELATIONNELLES

Métier

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réé en 1992 pour « amener les enfants duvoyage vers l’école », le dispositif dépar-temental d’Indre-et-Loire d’aide à la

scolarisation des enfants du voyage est com-posé de 7 enseignants référents. FabienChudreau est l’un d’entre eux depuis deuxans. Sa mission est double, il intervient au seinde l’école et en dehors. Dans l’école, il est maître ressource pour sescollègues et propose une prise en chargeadaptée des enfants du voyage. Pour parfaireleur approche du français comme languescolaire et surmonter les spécificités langa-gières de la culture tzigane, durant troisquarts d’heure, Windy, Youri et Petrovan tra-vaillent particulièrement le lexique, le langa-ge oral et la lecture en petit groupe. Commeles autres enfants des familles nomades sco-larisés à l’école de Montlouis, ils « sortent »de leur classe de CM2 trois fois par semainepour suivre ce travail spécifique avec Fabien.

Dans l’autreécole où il inter-vient, à Saint -Martin-le-Beau,seulement 15enfants sur les30 potentielle-ment concernésnécessitent cesuivi particulier.

Le lien entre ce travail spécifique et la vie or-dinaire des classes est difficile à mettre enœuvre. « L’idéal serait de monter un projetavec chacune des classes de l’école compor-tant ces élèves, de cointervenir au sein desclasses… » mais, matériellement, c’est diffi-cile à réaliser. Marjorie Gaillard, qui ac-cueille chaque année dans sa classe de CE1un enfant du voyage, privilégie davantage lefacteur relationnel. Pour elle, « il s’agit toutd’abord de mettre l’enfant en confiance, dele solliciter et de porter un regard bien-veillant sur lui ».Pour la seconde année, Fabien et sa collègueréférente du secteur voisin mettent en place undispositif expérimental de « classepasserelle » testé avec un certain succès dansles secteurs de Chinon et de Loches. Chaquelundi et jeudi après-midi, des enfants n’ayantjamais été scolarisés auparavant y sont ac-cueillis puis sont intégrés en fin de journéedans les classes ordinaires de l’école en pré-sence des enseignants référents. Pour l’instant,

s’ajoutent de nombreux ter-rains privés et les installations« sauvages » temporaires. Si une famille de Saint-Avertina scolarisé ses deux enfantsdès la rentrée, c’est loin d’êtrele cas le plus fréquent. De

nombreuses familles sont arrivées sur les airesaprès les vendanges en Champagne et la sco-larisation de leurs enfants n’a pu débuter quecourant octobre. Généralement, les famillesne voyagent plus pendant l’hiver jusqu’auxrassemblements du printemps. La majoritédes élèves que suit Fabien est ainsi scolariséede septembre, voire d’octobre, jusqu’en avril.L’interruption de la fréquentation de l’écolepeut atteindre 6 mois, mais elle est atténuéepar le côté cyclique des voyages. Les famillesde voyageurs reviennent sur les mêmes ter-rains d’une année sur l’autre et Fabien retrou-ve donc les mêmes élèves tous les ans. La vé-ritable rupture scolaire intervient avec l’entréeau collège où ce dispositif n’existe pas.

Arnaud Malaisé

seulement deux élèves en bé-néficient. Fabien estime à unetrentaine, le nombre d’enfantsen relevant et espère à terme entoucher une quinzaine. Pour cela, c’est l’autre facettedu dispositif qui entre en jeu, larencontre avec les familles pour qui « l’écolebouscule le temps ». Fabien passe ainsi régu-lièrement le midi ou le soir sur les terrains oùsont stationnés les voyageurs. Sur le terrain deSaint-Avertin, une mère d’élève lui demandeles démarches à effectuer pour obtenir un cer-tificat de scolarité pour son aîné et évoqueavec lui les difficultés rencontrées pour scola-riser son autre enfant de 8 ans. « Créer ce liende confiance avec les familles a pris dutemps » constate Fabien, « une certaine mé-fiance existait, de part et d’autre, au début ».Venu pour faire signer un papier à une familledans l’autre terrain situé à Saint-Martin-le-Beau, Fabien en profite pour fixer un rendez-vous au père de Coccinelle, bientôt trois ans,afin de visiter l’école maternelle. A ces deuxaires de stationnement clairement identifiées

« Créer ce lien deconfiance avec lesfamilles a pris dutemps » constate

Fabien.

Les enseignants référents du dispositifdépartemental d’Indre-et-Loire d’aide à lascolarisation des enfants du voyage ont unedouble mission d’intervention au sein del’école et en dehors.

Les enfants« sortent » de

leur classe troisfois par semaine

pour suivre untravail

spécifiqueen petit groupe.

C

Métier

Enfants du voyagele dispositif de scolarisation

d’Indre-et-Loire

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recours à des dispositifs spécifiques tem-poraires (antenne scolaire mobile ouclasses fermées) peut sembler séduisantcar ils permettent une rencontre entrel’école et la famille. Toutefois, il s’avère àlong terme handicapant car il demande unnouvel effort aux familles pour débouchersur une scolarisation ordinaire et stigmati-sant car construit sur des critères « eth-niques ». L’obligation d’instruction de 6 à16 ans peut entraîner une première scola-risation au CP, sans que les enfants possè-dent les acquis de maternelle.

Comment l’améliorer ?Il ne faut pas considérer les enfants duvoyage à travers leurs caractéristiquesculturelles ou sociales. Cela conduit tropsouvent à des solutions de mise à l’écartplutôt que d’inclusion dans le cadre ordi-naire. A la place d’«enfants» du voyage,on pourrait parler d’«élèves» du voyageou, mieux encore, d’élèves à besoins édu-catifs particuliers, sans nier leur spécifici-té de «voyageurs». La formation des en-seignants à cette spécificité est égalementessentielle.

Propos recueillis par Arnaud Malaisé

Quelles sont les spécificités de la scolari-sation des enfants du voyage ?Le terme « enfants du voyage » englobeune grande variété de modes de vie, deperception et de relation à la société.L’itinérance entraîne parfois de fréquentschangements d’école accompagnés de pé-riodes d’absences plus ou moins impor-tantes. La perception de la scolarité parles familles est très contrastée. Elle oscil-le entre l’attente importante en matière desavoirs scolaires et la crainte que l’écolene transforme leurs enfants en petits sé-dentaires. Les référents culturels des en-fants sont différents des sédentaires, enparticulier le rapport au temps et à l’espa-ce. Ils peuvent présenter des discordancesplus ou moins importantes entre leur âgeet leur niveau scolaire. Mais la scolarisa-tion n’est qu’une facette impossible àaborder isolément sans prendre en comptele stationnement, le logement, l’inclusionsociale…

Quels obstacles peut-elle rencontrer ?Les enfants du voyage peuvent faire l’ob-jet de peurs, de craintes, de méconnais-sances mutuelles, d’incompréhensions ba-sées sur des représentations erronées. Le

Fabien, l’enseignantréférent, rencontrerégulièrement lesfamilles de voyageurspour inciter etfaciliter lascolarisation desenfants.

Quelques mots courants illustrant lelexique utilisé par les voyageurs.

Olivier CourceullesCoordonateur départemental du

dispositif d'aide à la scolarisation des enfants du voyage

Parler d’«élèves» à besoins éducatifsparticuliers, sans nier leur spécificité de «voyageurs»

Entretien

En ligne

Métier

CNDPUne rubrique du site du Cndppropose toute une série d’outilset de méthodes pédagogiquesafin d’enseigner aux enfants duvoyage, particulièrement auxenfants tziganes.http://www.cndp.fr/vei/enfvoyage

CASNAVLe site du Casnav de l’acadé-mie de Nancy-Metz rengorged’informations et de documen-tation. Il rappelle le cadre lé-gislatif et règlementaire et enparticulier le BO spécial du n°10 du 25 avril 2002 faisant ré-férence et les recommandationsdu Conseil de l’Europe. Il pro-pose également une bibliogra-phie très complète.http://www.ac-nancy-metz.fr/casnav/tsi/tsi_sommaire.htm

Cultures tziganesLe site cultures tsiganes pré-sente des manifestations cultu-relles notamment musicalestout en abordant de nombreuxsujets : histoire, religion, sco-larisation, art, législation, sé-dentarisation, voyage…http://www.cultures-tsiganes.org

FnasatLa Fnasat-Gens du voyage(Fédération nationale des asso-ciations solidaires d'actionavec les tsiganes et les gens duvoyage) met à disposition desdocuments dépassant le cadrede la scolarisation. Elle publienotamment la revue EtudesTziganes.http://www.fnasat.asso.fr

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Permutations : calendrier de gestion de la phase interdépartementaleJeudi 5 novembre 2009 Publication de la note de service et ouverture de la plate-forme «Info mobilité»Jeudi 19 novembre 2009 à 12 heures Ouverture des inscriptions dans l'application SIAM dans les départementsMardi 8 décembre 2009 à 12 heures Clôture des inscriptions dans l'application SIAM et fermeture de la plateforme « Info mobilité »Jeudi 10 décembre 2009 au plus tard Dans les services départementaux, envoi des confirmations de demande de changement de département

dans la boîte électronique I-Prof du candidatVendredi 18 décembre 2009 au plus tard Retour des confirmations de demande de changement de département et des pièces justificatives

dans les inspections académiquesJeudi 28 Janvier 2010 au plus tard Contrôles et mises à jour des listes départementales de candidatures, vérification des vœux et barèmes,

examen des demandes de bonification exceptionnelle au titre du handicapJeudi 4 février 2010 au plus tard Date limite d'enregistrement des demandes tardives pour rapprochement de conjoints et des demandes

d'annulation ou de modification de candidature. Consultation des barèmes validés par l'I.A.-D.S.D.E.N. sur I-Prof

À partir du vendredi 5 février 2010 Au ministère de l'éducation nationale (DGRH B2-1), contrôle des données par les services centraux et traitement des demandes de mutations

Lundi 22 mars 2010 Diffusion individuelle des résultats aux candidats à la mutation

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Infos services

Lu au BO n°39 du 22 octobre 2009Continuité de l'accompagnement scolaire des élèves handicapésClasses à horaires aménagés, théâtre dans les écoles et collèges

Sécurisation des établissements scolaires et suivi de la délinquance

21ème Semaine de la presse et des médias dans l'écoleVacance de poste : IUFM de l'académie de Strasbourg

Lu au BO n° 40 du 29 octobre 2009Encart : Socle commun de connaissances et de compétencesDéconcentration administrative : recrutement et de gestion de

certains agents non titulairesMise en œuvre dans les écoles du contrat du 25 septembre 2008

sur la reproduction par reprographie d'oeuvres protégéesJournée franco-allemande du 22 janvier 2010,

Actions éducatives en faveur de la langue françaiseCompte rendu synthétique de la réunion du Comité central

d'hygiène et de sécurité ministérielPostes vacants à l'Union nationale du sport scolaire (U.N.S.S.)

Lu au BO spécial n° 10 du 5 novembre 2009 Mobilité des personnels enseignants du premier degré –

rentrée 2010

Lu dans le BO Lu dans le BO Lu dans le

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MétierBarèmes des permuta-

tionsEchelon : de 18 à 39

points sont attribués en

fonction de l'échelon oc-

cupé au 31/08/2009.

Ancienneté dans le dépar-

tement au delà de 3 ans: 2

points par année complète

et 2/12ème de point pour

chaque mois entier (jus-

qu'au 31/08/2010) à l'ex-

ception des durées de dis-

ponibilité ou de congé de

non activité. Dix points

supplémentaires sont ac-

cordés par tranche de cinq

ans d'ancienneté dans le

département après le dé-

compte des trois ans.

Mutation pour garde

d'enfant alternée et

droit de visite

20 points sont accordés

concernant une deman-

de qui facilite l'exercice

de ces droits. La situa-

tion doit être établie au

1/09/2010 par une déci-sion judiciaire pour les en-fants qui ont moins de 18ans au 1/09/2010.

Rapprochement desconjoints séparés pourdes raisons profession-nellesa) 150 points sont accor-dés pour le départementde résidence profession-nelle du conjoint _ quidoit être le voeu n°1 _ etles départements limi-trophes. b) enfants à charge demoins de 20 ans : 15points pour les trois pre-miers enfants, puis 20points pour chaque en-fant supplémentaire (uni-quement dans le cadred'un rapprochement deconjoint). Les enfantsdoivent avoir moins de20 ans au 1/09/2010. c) durée de séparation

des conjoints: pour uneannée de séparation, 50points ; pour deux années,200 points; pour trois an-nées ou plus, 350 points(forfaitaires). L'année sco-laire en cours compte pourune année si la séparationest effective au 1/09/2009(année scolaire entière.)

Capitalisation pour re-nouvellement du 1er voeu5 points pour chaque re-nouvellement annuel du1er voeu

Exercice en zone violence 45 points sont accordéspour les collègues affectésau 1/09/2009 et justifiantde cinq années de servicecontinu en zone violence(liste des écoles et établis-sements figurant dans l'ar-rêté du 13/01/2001, BOn°10 du 08/03/2001).

Métier

Puis-je connaître mes chances d'entrer dans un département ? Difficilement, la situation des départements (excédentaires ou déficitaires) varie toujoursd'une année sur l'autre. Votre section départementale peut éventuellement indiquer le nombre et le profil des enseignants ayant obtenu le département sou-haité les années précédentes et fournir tous éléments utiles. Les coordonnées téléphoniques des sections départementales du SNUipp sont disponibles surhttp://www.snuipp.fr (cliquez sur l'icône « département »).

Je vis en concubinage et suis séparée de mon concubin pour des raisons professionnelles. Puis-je bénéficier, dans ce cas, des points pour séparation deconjoint ? Non, la notion de « conjoints » ne s'applique qu'aux couples mariés, ou pacsés, ou non mariés mais ayant des enfants reconnus par les deux pa-rents. Le mariage ou le PACS doit avoir été conclu avant le 1er septembre 2009.

Comment puis-je bénéficier de la majoration exceptionnelle de 500 points pour les permutations informatisées ? La majoration est possible pour les ensei-gnants relevant de l'obligation d'emploi ou dont le conjoint relève de l'obligation d'emploi ou parent d'un enfant reconnu avec handicap ou malade. Le change-ment de département doit permettre d'améliorer les conditions de vie de la personne en situation de handicap. Il faut déposer un dossier auprès du médecin deprévention départemental et saisir la MDPH afin d'obtenir la reconnaissance du handicap. Informez la section départementale du SNUipp en cas de difficultés.

Que s t ion/Réponse

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aux siens avant de mourir,leur passé et les annéessombres où ils étaient tra-qués par les nazis… Ellelaisse à Jaime, son petit filslycéen Rom, un précieux hé-ritage : « Le livre desPatrins » qui consigne l’his-toire des Roms. L’adolescent y découvre lalangue de ses ancêtres. Il sait désormais qu’ilest celui qui perpétuera leur mémoire : il seraécrivain

LES GITANS PARTENT TOUJOURSDE NUIT (R) D. Carmi, L. Sendrowicz - Gallimard(Scripto) 9€. Dès 12 ansEn Israël, deux adolescentes placées enfoyer rêvent leur avenir. L’énigmatiqueBeky s’invente une enfance gitane et unpère en la personne de Kami, un marchandde glace ambulant. Mais qui est réellementcet homme qu’elle va retrouver la nuit ?La réalité du conflit israélo-palestinien vafrapper cruellement l’univers que les deuxamies se sont inventé…

AUTRES TITRESCf. en bibliothèque ces livres : Les gens duvoyage expliqués à ma fille (D) M. Fiévet ; Ledestin de Ballanika (R) E. Arsenault -Dominique et compagnie; Miléna du voyage(R) J. Bruneau – Syros; Le silence et lahaine: racisme, de l'injure au meurtre (D) M-A. Combesque – Syros (J’accuse) ; Parolesde Gitans - A. Becker-Ho – Albin Michel.

MUSIQUE !

LE TAPIS D’ESMA(livre + CD) N. Barthélémy, O. André –Actes-Sud (Un livre, unevoix) (19€) Dès 7 ansConte tsigane, illustré dans un style im-pressionniste et mis en musique par EricSlabiak. Depuis son enfance, la vieilleEsma tisse un tapis symbole de libertéavec les cordes cassées des instrumentsdes musiciens gitans.

*Cf. www.snuipp.frlivres de jeunesse, les rubriques Gens du voyage etConvention internationale des droits de l’enfant.

Marie-Claire Plume

au haras de son grand-père…Mais un soir d’hiver, le chevaldisparaît. Julien, désespérépart à sa recherche dans lesmarais et rencontre lesTsiganes qui vivent là. Il vaainsi découvrir le lourd secretde son grand-père, lié à la Seconde guerremondiale et aux camps de concentration etleur passé…

J’AI VU PLEURER UNVIEUX TSIGANE (R)G. Jimenes – Oskar(7,95€) Dès 11 ans Dans les années 1960, le nar-rateur, alors âgé de 12 ans as-siste à l’arrivée d’un groupe deGitans que tout le village traite de « sales vo-leurs ». Son premier exploit est de leur volerun poulet. Mais le hasard le met en face d’unvieil homme en larmes, dans une maisonchargée de souvenirs. Sur son poignet est ta-toué un numéro… La prise de conscience dusens de cette scène viendra plus tard lorsque,jeune étudiant, il découvre le terrible sort ré-servé aux Tsiganes d’Europe, ces « oubliés »de l’Histoire, pendant l’occupation.

ALORS, PARTIR ? (R)J. Billet – Seuil 2008 (8€) Dès 12 ansA l’issue de l’expulsion violente par la policed’un camp de Gitans, Yaya l’aïeule révèle

MILLE ANS DECONTES TSIGANES B. Solet – Milan 2009(21€) Dès 5 ansLes violons pleurent, lesjeunes filles se transformenten oiseaux… Des contes devoyage et d'aventure, de musique et de reve-nants qui disent l’épopée au long des routesdes fils et des filles du vent.

GADGI (R)L. Land – Sarbacane (Exprim’) (10 €) Dès10 ansJeune Rom, Katarina grandit en Roumanieentre les décharges et les caravanes. Elle aune mère aimante, un père musicien et fêtard,et toute une tribu de petits frères coquins avecqui elle organise des concours d’insultes.Danseuse, chanteuse et musi-cienne, à 12 ans, elle est la joiede vivre. Seule, elle apprendémerveillée à lire et écrire. Etquand l’occasion se présented’aller étudier en France,Katarina, lucide et optimiste,saisit sa chance et part, au risque de passerpour une « Gadgi », une étrangère!

FOU DU VENT (R)M. Laffon – Bayard (Je bouquine) 2004Dès 10 ansFou du vent, c’est l’étalon préféré de Julien

Gens du voyage & droits de l’enfant

LITTÉRATURE JEUNESSE

Qu’ils s’appellent Tsiganes, Roms, Manouches, Gitans ou Yéniches, ce sontles « Gens du voyage ». Ils furent longtemps voués à l’itinérance, par tradi-tion ou par nécessité. Bien acceptés jusqu’au XVIe siècle, puis objets de mé-fiance, d’exclusion, de persécutions, ils furent nombreux à périr dans lescamps nazis lors de la guerre 39/45. En France, aujourd’hui, nomades ou sédentaires, ils sont environ 500.000 ci-toyens à part entière. Mais malgré les lois, on leur refuse souvent le terraindécent où établir leur campement, près des infrastructures et des écoles. Onprive ainsi leurs enfants des droits élémentaires tels qu’ils sont définis par laConvention des Droits de l’Enfant.*

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MétierMétier

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Réflexions

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Un seul statut pour le conseiller général et leconseiller régional.©Naja

e processus de réforme des collectivi-tés territoriales a été officiellementlancé le mardi 20 octobre à Saint-

Dizier dans la Haute-Marne, par NicolasSarkozy. Entre cours d’histoire des collectivi-tés locales et propos à la limite de la provoca-tion, « la France du XVIIIe siècle se couvrit demairies comme elle se couvrit d’églises à uneépoque », le chef de l’Etat a justifié la réformepar la hausse des dépenses locales. Elles ontprogressé de plus de 40 Md€ entre 2003 et2007, et par la prétention des collectivités de« créer plus d’emplois publics que l’Etat n’ensupprime », plus 38 000 quand l’Etat en sup-prime 35 000 en ne renouvelant qu’un départà la retraite sur deux.En conséquence on commencera par dégrais-ser le mammouth en créant le statut d’élu ter-ritorial. Ce dernier cumulera les fonctions deconseiller général et régional ce qui réduira demoitié le nombre d’élus concernés, de 6 000 à 3 000.Nécessairement, il faudra revoir la carte descantons: le mode d’élection combinera scrutinmajoritaire uninominal à un tour et propor-tionnelle avec 20% des sièges répartis de cettemanière. Les conseillers territoriaux serontélus pour la première fois en 2014.Autre mesure loin de faire l’unanimité, lamise en cause de la clause de compétence gé-nérale. Elle permet aux collectivités d’interve-nir en dehors de leurs champs de compétencesobligatoires. Elle sera supprimée pour les dé-partements et les régions au motif que les dou-blons entre ces collectivités coûteraient 20Md€ par an de dépense publique. Seulementla commune et l’Etat conserveront la possibi-lité d’agir suivant ce principe.Autre nouveauté, la création de métropolespour les agglomérations de plus de 450 000habitants. Huit collectivités sont concernées,bien que d’autres agglomérations en-dessousde ce seuil puissent prétendre à ce statut. Ellesbénéficieront de compétences élargies à celles

Réforme territorialeAu nom de la dépense publique

du département, voire de la région. D’où cesquestions immédiates: quid du conseil généraldans les départements concernés? Quid descommunes situées hors des métropoles dansces départements?D’autre part, la réforme prévoit l’achèvementde la carte de l’intercommunalité d’ici à 2014.Cet achèvement conduira à la suppression dessyndicats intercommunaux et des pays jugés,dès lors, « inutiles ». Le mode de désignationdes conseillers communautaires sera changé,les listes d’élus municipaux devront mention-ner ceux qui siègeront dans la structure inter-communale. Enfin, dans les communes ru-rales, le seuil de scrutin de liste passera de 3 500 à 500 habitants.Pour terminer, et bien que discutée dans lecadre de la loi de finances, la suppression dela taxe professionnelle viendra bouleverserencore davantage les jeux de pouvoirs et decompétences entre collectivités, réduisantconsidérablement leurs moyens de près de 8Md€ par an.

Jacques Mucchielli

CGT« Le gouvernement, avec lesencouragements du patronat, procède àune entreprise de recentralisation et deconcentration des moyens pour imposeraux collectivités la réduction massivede leurs dépenses et les contraindre àexternaliser leurs missions faute demoyens suffisants ».

Jean-JackQueyrannePrésident PS de la région Rhône-Alpes« On est dans une opération derecentralisation politique, on revientavant 1982. C'est une réforme scélératecontre la décentralisation, le fruit d'unealliance des technocrates de Bercy et dela pensée néo-jacobine profonde qui esten Sarkozy ».

Nicole Borvo Cohen-Seat, Sénatrice PCF « Cette réforme sonne le glas de ladécentralisation: les départements et lesrégions perdent leur autonomie degestion et ne pourront plus répondreaux besoins et attentes de leurspopulations.»

NPA« Il s'agit de forcer les collectivités à semouler strictement dans le cadre despolitiques néolibérales comme celle dela RGPP. C'est l'ensemble de lafonction publique territoriale qui estvisée : les fonctionnaires et le servicepublic voilà l'ennemi de cegouvernement ».

Jean-PierreRaffarinSénateur UMP et ancien 1er ministre« La réforme de la taxe professionnellene peut être votée en l'état. L'actuelleproposition n'est ni claire, ni juste. Leprincipe de réalité nous conduit àpenser qu'il est nécessaire de voterd'abord la réforme des collectivitésterritoriales, puis la réforme de la taxeprofessionnelle »

Leur avis

L

Le président de la République a engagé le 20 octobre la réforme des collectivitésterritoriales. Un train de mesures bouleversantl’organisation des collectivités au nom deréduction de la dépense publique.

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adine Morano se rêverait-elle enministre de l'Education nationale ?Dans le rapport qu’elle avait com-

mandé en mars, la secrétaire d'Etat à la fa-mille propose de « construire une politiquestructurée d’éducation aux médias pourtous ». Bien évidemment, Nadine Moranoaffirme vouloir « d’abord réinvestir les pa-rents d’une mission essentielle, qui est laprotection de leurs enfants ». Mais, au fildes quinze propositions contenues dans lerapport, on comprend qu'il sagit avant toutde promouvoir une éducation des enfantsaux médias mais aussi de réglementer stric-tement l'accès aux nouveaux supportscomme internet. Selon la secrétaire d'état,« aujourd'hui presque 90% des adolescentssurfent tous les jours sur Internet, et 60%des 6-11 ans vont quasiment tous les jourssur leurs ordinateurs ». Ces nouveaux sup-ports sont source de toutes les attentions.« L'exposition aux contenus choquants,pornographiques, la très grande violencede certaines images ont un impact sur lasocialisation et la concentration – notam-ment en milieu scolaire » explique le rap-port. Autant de problématiques que l'on re-trouve présentes également dans les médiastraditionnels. Internet est-il devenu une zone de non droit? Nadine Morano, le pense et suggère ainsi« des outils de blocage, de filtrage descontenus pornographiques, très violents ouillicites, des logiciels de reconnaissanced’âge, de croisement de données… » Ellerelaie également le souhait « d'engage-ments clairs des opérateurs, des héber-geurs, des éditeurs de sites sur l’augmenta-tion de leur niveau de modération ». Elleévoque également la création d'une signalé-tique jeunesse pour les jeux vidéos selon leprincipe du CSA (Conseil supérieur del’audiovisuel).Mais, pour la secrétaire d'Etat, le gros dutravail de sensibilisation est du ressort de

l'école, à travers notamment une « forma-tion obligatoire pour tous les élèves » etplus de cours dédiés aux médias. Le rap-port propose un véritable cursus obliga-toire, à l’école primaire, au collège, aulycée, avec plusieurs dizaines d’heuresd’enseignement. Même la maternelle estcitée avec une découverte des médias etde l’image. Pour cela, le CLEMI, chargéde l’éducation aux médias dans l’en-semble du système éducatif verrait sonrôle réaffirmé. Cependant un bémol, cetengagement ne dépend pas des compé-tences de la secrétaire d'Etat mais du mi-nistre de l'Education nationale. A l'heureactuelle, cette proposition représente doncune réelle gageure quand on sait que cer-

taines missions du CLEMI commed'autres hors la classe, assurées par desmises à disposition, ont été vicitimes dudernier budget. Autre grande proposition, une « JournéeFamille et médias » serait instituée à la suitede la « Semaine de la presse et des médiasdans l’école ». Il est aussi évoqué la créa-tion d'une fondation d'éducation aux mé-dias, « véritable tour de contrôle » selonNadine Morano, et la mise en ligne d'unportail intégrant des outils pour aider pa-rents et enfants à s'y retrouver. Pour finan-cer ces actions, Nadine Morano s'en remet...à des fonds privés. De grands sociétéscomme Orange, le groupe Lagardère et legroupe Bolloré se disent déjà intéressés !

Rapport éducation aux médias des propositions pour l'école

60% des enfants de 6-11 ans vont presque tous les jours sur Internet.©Naja

N

Eduquer aux médias dont Internet est la campagne que Nadine Morano,secrétaire d'Etat à la famille souhaite conduire. L'école est au centre durapport qu'elle vient de présenter.

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e ministère de l'éducation nationalevient de publier une grande enquêteréalisée auprès de 1200 enseignantsde collèges et de lycées. Cette enquê-

te a pour ambition de dresser un tableau desmissions, des conditions de travail, des activi-tés, du temps de travail et de donner un aper-çu du malaise enseignant. Car « le malaise enseignant est bien une réa-lité », c'est ce que pensent 93% des ensei-gnants et ils sont même 67% à se sentir per-sonnellement concernés... Une hausse de 14points depuis 2005. Ils pointent en premierlieu un déficit de reconnaissance profession-nelle avant même les conditions de travail oude rémunération. Les principales difficultésrencontrées dans l'exercice du métier concer-nent la gestion de l'hétérogénéité et la difficul-té à faire travailler individuellement lesélèves, les objectifs difficiles à atteindre, lemanque d'intérêt et de motivation des élèves.3/4 des enseignants estiment que leur chargede travail s'est alourdie. A tel point qu'un quartd'entre eux considèrent que leur situation, enterme de position sociale comme de condi-tions de travail, est moins bonne que celle deleurs parents, ce qui les amène à changer d'af-fectation (15%) et même à envisager de quit-ter l'enseignement en collège ou lycée, pourplus de 25% d'entre eux !Les enseignants attribuent, en partie, les diffi-cultés scolaires de leurs élèves aux problèmesfamiliaux et sociaux rencontrés en dehors deleur établissement scolaire. Mais ils notentaussi l'insuffisance de travail personnel, les la-

Malaise enseignantAu collège et au lycée aussi

cunes scolaires, le désintérêt pour la discipli-ne, la passivité (28%) ou les éléments pertur-bateurs (près de la moitié des enseignants endéclarent dans leur classe).Mais tout ceci est contrebalancé par de nom-breux points positifs. Les enseignants se mon-trent fortement impliqués dans leur métier,« soucieux de leurs élèves et de l'avenir de cesderniers ». Ils sont très attachés à leur rôle deformation des élèves à des méthodes de travailet d'apprentissage, à la transmission des sa-voirs et l'acquisition de compétences. Le tra-vail en équipe est une pratique fréquente (aumoins une fois par mois pour 3/4 d'entre eux)qui permet d'échanger sur les méthodes péda-gogiques. La principale satisfaction demeurele contact avec les élèves et le plaisir à ensei-gner sa discipline et une majorité des ensei-gnants évalue positivement le comportementdes élèves en cours.

Dossier n°194 – octobre 2009 - « Enseigner en collège eten lycée en 2008 » - MEN

Daniel Labaquère

L

Souffrance au travail Les profs aussi ?

L'actualité récente sur la souffrance au travail a des échos dans l'éducation nationale. LaMGEN organise dans certains départements des conférences sur ce sujet qui n'est plustabou. Ainsi sont mieux connues aujourd'hui les différentes formes de souffrance au travailque sont les violences, le stress, le harcèlement, le burn-out*. Dans le cas particulier des en-seignants, on constate qu'« ils ont plus de mal à parler de leurs difficultés professionnellesparce qu'ils sont réputés exercer le plus beau métier du monde ». Pour ne pas continuer àsous-évaluer les situations de souffrance et ne pas rester dans la solitude, il est possible des'adresser aux cellules d'écoute mises en place dans les académies.*burn-out : syndrome d'épuisement professionnel, résultant d'une tension continue pendant une longue pério-de et entraînant fatigue, démotivation, découragement...

Métro, boulot, boboLe travail, c'est la santé ! Aujour-d'hui, la maxime semble avoir faitlong feu. Au delà des situationsdramatiques à France télécom,c'est bien toute la société françai-se et même européenne qui sesent mal dans son métier. Selonun sondage TNS pour l'Agenceeuropéenne pour la sécurité et lasanté au travail publié débutoctobre, une large majorité deFrançais estime que le travailcontribue, au moins dans une cer-taine mesure, à la dégradation deleur santé. En France, 27 % despersonnes interrogées pensent quele travail dégrade « beaucoup » et 52 % « dans une certainemesure » leur santé. A l'inverse,16 % des Français jugent qu'il nela dégrade « pas vraiment », et4 % « pas du tout ». Mais, le phénomène n'est pas cir-conscrit au territoire national. A l'échelle de l'UE, 28 % des per-sonnes interrogées considèrentque le travail dégrade« beaucoup » leur santé et 47 %« dans une certaine mesure ».Christophe Dejours, titulaire de lachaire psychanalyse-santé-travailau Conservatoire national desarts et métiers (CNAM), pointeles transformations liées à l’orga-nisation du travail amenant « unedestructuration des solidaritésentre les salariés ». Pour le psy-chanalyste, auteur d'un récentouvrage Suicide au travail : Quefaire ?, ‘‘ c'est l’évaluation indivi-duelle des performances qui créede la concurrence entre les gens,de la haine même. Celle -ci doitêtre remise en question. Il faut seréinterroger sur ce qu’est le tra-vail collectif, la coopération.Cette dernière passe par l’instau-ration de règles de métier, quiorganisent le « vivreensemble ».’’ Vaste chantier.

Réflexions

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L ’AGENDA

Italie est toujours à l’honneur avec lasuite de l’hommage à Fellini, assurépar la publication d’un double DVD

édité par Carlotta sous la direction de SamStourdzé, commissaire de l’exposition du Jeude Paume à Paris qui dure jusqu’au 17 janvier.Plus de sept heures de documents, cinq films,dont un inédit de Fellini de 1969, Bloc-Noted’un cinéaste, des documentaires sur les tour-nages de Casanova et Amarcord, un film in-édit du cinéaste belge André Delvaux, quitourna en 1961 plus de deux heures d’entre-tien avec le maître de Rimini. Et de nombreuxsuppléments : un régal pour les aficionados(19,99€, édition Prestige 29,99€). Le livre deJean A. Gili, Fellini, le magicien du réel, quenous avions annoncé, est paru chezDécouvertes/Gallimard (128 p., 13,90€) :c’est un trésor d’informations, de commen-taires éclairés, de documents écrits et photo-graphiques précieux. Une magistrale intro-duction à l’œuvre du grand homme. L’autremaître à l’honneur est Rossellini, qui pensaitque la télévision pouvait être un outil artis-tique, et qui le démontra avec ses stupéfiantsfilms historiques, dont Carlotta édite en cof-fret (49,99€) ceux réalisés sur Pascal (inter-prété par un Pierre Arditi débutant), Saint

Augustin, Descartes et Côme de Médicis.Là aussi, des heures catpivantes, des docu-ments inédits et une larme sur ce que la té-lévision pourrait être si elle le voulait, si ellele pouvait… Autre nouveauté, la collectionque lance Armand Colin, d’élégants ou-vrages en format « à l’italienne » (commepar hasard) sur des thèmes inattenduscomme Les Grands pervers ou Leshommes-objets, un volume du spécialiste de

la question,Laurent Aknin,sur Le péplum etun livre réjouis-sant (ou ef-frayant) sur Lesmonstres. Bellesi l lus t ra t ions ,textes intéres-sants, des livresde cinémaagréables à re-garder et à lire.On annonce

dans cette collection, Les femmes d’actionet L’amour fou au cinéma (128 pages,18,50€ chaque volume). Enfin, plus sérieu-se, mais tout aussi intéressante, la sommepubliée par le ministère de la culture et Ladécouverte, Les pratiques culturelles desFrançais à l'ère numérique (288 pages,20€) réalisée en 2008 sous la directiond’Olivier Donnat : tableaux de chiffres, ana-lyses sur la télévision, le théâtre, le cinéma,Internet, la vidéo, les livres, qui ouvrent à depassionnantes réflexions.

René Marx

Les critiques de cinéma de Fenêtres sur Cours sont surwww.laviedesfilms.co

Le grand concert desdroits de l’enfantUn grand concert exceptionnel deDominique Dimey avec Jacques Higelin,Nicole Croisille, Rufus, entourés de nom-breux musiciens et de la maîtrise duconservatoire du 6e arrondissement deParis est organisé par Solidarité laïque etl’association C’est le droit des enfantspour célébrer en chansons et en musiquele 20ème anniversaire de la Convention in-ternationale des droits de l’enfant.Vendredi 20 novembre 2009 à 20h30 au Cirque d’hiver Bouglione

Six heures pour lesdroits des enfants et des familles sanspapiersJusqu’au 15 novembre, RESF affichechaque dimanche sur le parvis deNotre-Dame les photographies de fa-milles et d’enfants maltraités par la po-litique migratoire du gouvernement.Prolongeant cette action à l’occasion du20ème anniversaire de la Convention in-ternationale des droits de l’enfant, leréseau organise 6 heures pour les droitsdes enfants et des familles sans papiers.Dimanche 22 novembre 2009, de 13 heures à 19 heures au Centquatre,104, rue d’Aubervilliers - Paris

Quelles pratiques pédagogiques àl’environnement versun développementdurable ?Le Groupe français d’éducation nou-velle et la Fédération nationale des Civam (Centres d'initiatives pourvaloriser l'agriculture et le milieurural) organisent un séminaire sur les questions d’éducation à l’environnement.Jeudi 10 et vendredi 11 décembre2009 et vendredi 22 janvier 2010http://www.gfen.asso.fr/activites/stagepdf/eedd_depliant.pdf

L’

CINÉMA

Le cinéma édité

udovico Einaudi, pianiste italien à suc-cès, revient avec un nouvel album élé-

gant. Un esprit minimaliste qui laisse dutemps à la rêverie. De très belles variations au-tour de mélodies parfois planantes à la PhilipGlass. Marco Decimo au violoncelle est toutaussi brillant. Yasmin Levy allie la profondeurdu ladino (la musique judéo-espagnole) etl’impétuosité du flamenco. Sentir est unalbum qui coule entre ces deux rives musi-cales. Yasmin s’y plait à passer les gués avecfougue et sensualité.

L

MUSIQUE

Nocturnes

Avec Invierno en Paris, Raùl Barboza noustransporte avec son accordéon au nord-est del’Argentine, berceau du Chamané, héritagedes indiens Guarani. Des allers et retours nos-talgiques pour celui dontAstor Piazzola disait : « Jene sais absolument rien duchamané, j’ai seulemententendu Raùl Barboza lejouer et il faut être néBarboza pour avoir cet incroyable swing ».

Ludovico Einaudi Nightbook Ponderosa/HarmoniaMundi. Yasmin Levy Sentir World village. En concert le 30 no-vembre au Café de la Danse à Paris, le 1er décembre àDijon, le 2 à Strasbourg, le 3 à Saint Dizier, le 5 àCusset. Raùl Barboza Invierno en Paris Zig Zag territoires-Enconcert le 21 novembre à Nancy

Laure Gandebeuf

Page 29: sur. cours - SNUipp.fr · 2014. 11. 22. · SNUipp Fédération Syndicale Unitaire ( )fenêtres ()fsur. coursenêtres sur. cours HEBDOMADAIRE — 19 NOVEMBRE 2009 — N° 334 —

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Tous les élèves ne semblent pas égauxdevant les apprentissages. Pour l'expli-quer, vous pointez notamment ce qui sepasse dans la classe. C'est à dire ?Il apparaît aux observations et analysesque certaines pratiques, certaines misesen scène des savoirs et des activités ris-quent d’être interprétées par les élèvesdans un sens qui en limite, voire em-pêche, leur investissement cognitif. Nousparlons d'inégalités d'apprentissage parceque ces phénomènes concernent juste-ment les élèves qui n’apprennent pas ai-sément, dans la difficulté qu’ils éprou-vent à identifier justement ce qu’il y a àapprendre. Ces pratiques ambiguës gê-nent donc les apprentissages scolaires deces élèves parce qu'elles ne désignent pasles enjeux cognitifs du travail à effectuer,elles invisibilisent leur véritable objet.

Quelles sont ces pratiques qui détour-nent les élèves des objets d'apprentis-sages ?Alors, qu'ils pensent bien faire, les ensei-gnants mettent en place des dispositifsqui supposent des savoirs « déjà là » chezles élèves. Il en est ainsi lorsqu’en mater-nelle, les pratiques présupposent la fami-liarité avec les caractéristiques spatialesde l’univers graphique, celles-ci n’étantpas acquises, les élèves travaillent sur leregistre strictement formel et matériel dela tâche, non sur ce que celle-ci est cen-sée faire acquérir.Il s'agit encore, à d’autres niveaux sco-laires, des situations de travail en classequi s'attachent davantage aux raisonne-ments sur et avec les savoirs et docu-ments, sur leur mise en relation, qu’auxsavoirs eux-mêmes considérés commeévidents et dont l’acquisition reste sou-vent à la charge du seul élève.

Vous pointez également le langage quicircule dans la classe comme une autresource de malentendu...Les échanges langagiers n'ont pas tou-jours les caractéristiques qui permettentles apprentissages. Il en est ainsi lorsqueleur forme et leur contenu situent ceux-ci

dans le domaine des échanges d’avis,d’impressions, d’expériences quand cequi est attendu correspond à l’élaborationcollective d’un objet à apprendre etconstruire. Le problème vient de ce queces échanges au sein de la classe sont da-vantage régulés par des critères de com-munication que par des critères mettantl’accent sur l’objet de savoir et sescontraintes. De plus, ces échanges, sou-vent réalisés dans une langue quotidienneau motif de les faciliter, privent les élèvesde l’acquisition de la langue qui permetd’apprendre, des mots du savoir alorsmême que, pour certains élèves au moins,l’école est le seul lieu où ils peuvent lesacquérir.

Mettez-vous en cause les modes d'ensei-gnement contemporains qui reposentsur la construction des savoirs ?Il ne s’agit pas de nier l’importance del’activité des élèves dans les apprentis-sages, encore faut-il savoir ce que l’ondésigne par « activité », mais de souli-gner l’importance du cadrage des activi-tés, de leur accompagnement cognitif,l’importance encore de ne pas considérerque les activités mises en œuvre sont, demanière évidente, des dispositifs « auto-apprenants », alors qu’ils sont souventterriblement différenciateurs. Si les hypo-thèses théoriques socio-constructivistesdont les vulgates (voire les dérives) sous-tendent nombre de pratiques enseignantesactuelles ont pu apparaître plus progres-sistes que les principes de restitution quileur prévalaient antérieurement, on nepeut ignorer qu’elles sont d’une trèsgrande exigence pour les enseignants etles élèves, s’il s’agit de permettre effecti-vement, à ces derniers, de construire dessavoirs.

Que peuvent donc faire les enseignants ?Une vigilance plus grande aux objets àapprendre serait sans doute nécessaire.Nous ne nous posons pas la question entermes de méthode, bonne ou mauvaisemais en termes de pratiques ordinairesdominantes qui, avec l’objectif d’aiderchacun, de pluraliser les formes possiblesde participation de tous, de motiver lesélèves, ont parfois les effets inverses deceux attendus. Les enseignants doiventêtre vigilants aux obstacles rencontréspar les élèves, aux malentendus dans les-quels ils s’installent. Cette manière depenser le métier au quotidien ne peutqu’aider à réduire les inégalités. Le tra-vail de l’enseignant repose sur le choixjudicieux de ce qu’il apporte et de ce queles élèves construisent. Une formationqui met l’accent sur les pratiques ensei-gnantes et surtout sur ce qu’elles susci-tent chez les élèves en retour serait né-cessaire.

Propos recueillis par Sébastien Sihr

Dépister les obstacles d’apprentissage

Élisabeth Bautier

Professeure à l'Universitéde Paris 8, équipe ESSI-EscolAvec Patrick Rayou, elle vient de publier «les inégalitésd’apprentissage» PUF

Réflexions