Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de...
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OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER
,STRATIFICATIONS SOClt\LES ET
NOUVELL'ES FORMES D' Of~Gi\N~SATIONDE LA PRODUCTiON Pi4YStJ~NE
NiUoges de Kokoumbo et de Kimoukro s/p de tournodi)
Rapport de stage
SOCIOLOGIE O,;;,ciimbro 1976
çeWTR~ DE PETIT BASSAM - SCIENCES HUMAiNES-
'~~"" - .._-----~-'-~~
BP 4293 ABIDJAN CÔTE D'IVOIRE
Achi KOUADIO
Faculte' des. lettre!
et
Sciences Humaines
STRATIFICATIONS SOCIALES ET NOG~ELLES
FORtillS D'ORGANISATIONDE LA PRODUCTION PAYSA~~E
SOMMAIRE
Page
Avant propos
JUSTIFICATION DU CHOIX DE LA REGION ET DU ~~Enill D'ETUDE ••• 1
A
B
CHOIX DE LA REGION ••••••
CHOIX DU THEWill ••••••••••
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1
1
PROBLEHP.. TI QUE CleO~OOOO.OI(10e.oooo •• O(lo.QOOOO.OOOOOCl.00006 •• 2
EN GUISE D'INTRODUCTION
Bref aperçu de l'organisation traditionnellede la production 0 0 0 0 0 Cl 0 il • Cl' • a " 0 0 0 0 1) 0 • 0 0 0 • e 0 Cl 0 0 ••
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* R r. f ., eglme onCler 0 e 0 0 0 • o. 0 0 el co- a 0 e 0 a 0 0 Cl • 0 • e
* Organisation sociale villageoise
* Structure de la production économique
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44
56
ETUDE o. &10 • • 0 0 0 • • 0 0 0 0 • iD .0 •• 0 • • 0 0 0 0 Go " a 0 0 0 0 0 0 Cl • 0 0 0 0 0 0 0 0 0 • 0 0 " Cl e 8
L'INSERTION DANS UNE ECONOMIE mODEPJTE ET NATIONALE •••••• 0
A - SITUATION ECONmnQUE ••••••••••••••••• 0 •••••••••••
9
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caf é-vcaoaoLes produits agricoles
Situation foncièreA1A
2
B - l,ES ELErLENTS D'1.JNE REORGANISATION DE LA
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PHCDUCTION. LES ORGANISI:"ES ET INSTITUTIONS
AGRICOLES 13
IJl~ COUPE NATIONALE DU PH_OGRES ••••••••••••
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LA B.N.D.A.
LA SATMACI
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VIL1l\GEOIS .. 0-.0 ••• 0 0 0 •• 0011 (II" • 0 • 0 0 0 0 0 " • 0 e e 000 .0- • I!J 21
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Conclusion 0 0 • 0 c e 0 0 " D • ID 0 0 Go (1 0 • 0
NOTES l'JETHODOLOGIQUES ••• " ••••
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BIBLIOGlLAPEIE •••••••••• ' ••• o e e 0 0 e ~ 0 • • q 0 0 Q 0 • ~ Go • ~ 0 a 0 .0. •
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AVANT PRoros
Nous remercions tous ceux qui ont bien voulu nousinformer lors de notre pré-enquête à Toumodi p notamment Monsieur
le Sous-Préfet, Monsieur Assamoi de l'Agriculture et Monsieur
le chef forestier.
Nous remercions également Monsieur Akrou Raymond Chef
du village de Kokumbo pour son dévouement pendant tout le tempsqu'a duré note étude sur le terrain.
Nous remercions aussi le personnel de l'ORSTOM de PetitBassam pour son amabilité.
Enfin nos remerciements vont à Monsieur Jacques Richard
qui nous a fourni les premiers éléments de bibliographie, et à
Messieurs Jean-Pierre Chauveau notre encadreur et N'Guessan Pascal
(notre traducteur) qui furent plus que des collaborateurs.
ACHI Kouadio
JUSTIFICATION DU CHOIX DE LA REGION ET DU THERŒ D'ETUDE
A - LE CHOIX DE LA REGION
Ce choix est essentiellement d'ordre bibliographique. Eneffet une part importante de la bibliographie sur la Côte d'Ivoire,
a trait au pays baoulé: Histoire de la mise en place du peuplement,histoire économique, nombreux écrits eth~ologiques et anthropologiques. Et nous ne pouvons mieux tomber puisque notre encadreur tra
vaille sur cette région en particulier sur Kokumbo, l'un de nosdeux villages d'étude.
B - LE CHa IX DU THEME
A travers la bibliographie concernant le Baoulé, nousavons noté que beaucoup portent sur les institutions (religion,mariage, structures Œe parenté) et l'économie traditionnelle. Certains de ces écrits ont été plus loin en traitant des bouleverse
ments issus de l'introduction de la monnaie (occidentale) et del'économie de plantation. C'est justement cette économie de plantation que nous voulons étudier en lui donnant une dimension nouvelle
non plus comme une économie villageoise ou régionale mais en tantque économie moderne, intégrée à l'ensemble national.
Un autre aspect de notre choix est à lier à la politiquegouvernementale de "pr omotion de If économie paysan..ne " par la mise
sur pied d'organismes et d'institutions agricoles(BNDA, CENAPEC,G.V. C. p SATMACI et l t intervention de stimul i économiques permettant
de susciter une certaine émulation (Coupe Nationale du Progrès).
Voilà en gros ce qui nous a amené à choisir le thème de"Stratifications sociales et nou~elles formes d'organisation de la
production paysanne".
2
PROBLEIVlA TIQUE
llStratifications Sociales et Nouvelles formes d'organisation
de la production paysanne ll
Promotion de Iféconomie paysanne <;> Qu'est-cc que celaveut dire ?
C'est l'amélioration des structures de la productionet de la commercialisation
- C'est l'amélioration quantitative et qualitative de .cette production
- C'est aussi la diversification de l'économie paysannepour lui donner un éventail plus important de possibilités de
réussite.
La promotion paysanne n'est pas un vain mot si l'on s'en
tient à toutes ces structures mises sur pieds pour la susciter
(B.N.D.A' 7 G.V.C.)
C'est d'abord et avant tout l'intégration à une économie
moderne et nationale? d'économies familiales, villageoises ••• Mais
quelles sont les dimensions réelles de tous ces procès modernes de
la production paysanne? Quelles sont leurs portées et limites?
Pour nous le problème se pose surtout en termes d'implications
socio-économiques. N' y-a-t-·il pas lieu de chercher à déceler quelles
sont les structures sociales nouvelles qui se sont installées ou
qui so font actuellement ? Il va sans dire que de nouvelles strati
fications sociales s'ébauchent à l'ombre de la réorganisation de
l'agriculture et de son intégration par la prise en tutelle des or
ganismes avicoles et par-a agr-Lco Les , l'!Iais dans quel sens se font
toutes ces stratifications ?
Voilà autant de questions qui se posent et auxquelles
nous ne pouvons pas répondre d'emblée.
Si l'économie (le plantation ost une réalité concrète dans
cette région du Baoulé Sud f ne connait~olle pas des problèmes
drépanouissonlent ? Problèmes de diversification, problèmes de forôt r
problèmes d'organisation?
Le café ou le cacao resteront-ils encore longtemps les
seules cultures industrielles des villages de Kokurnbo et de Ki
moukro en particulier et de la région de Tov~odi en général ? Oui ?
Alors quel serait l'avenir économique quand on sait que l'émigra
tion vers d'autres régions est déjà importante? Non? la diversi
fication suivra? alors dans quel sens ?
Revenant sur la promotion de l'économie paysanne, nous
dirons qU'elle est aussi une manière de susciter la réussite économique des paysans.
Cette réussite économique existe-t-elle déjà ou a-t-ellecommencé ?
Si elle existe~ est-elle une conséquence de l'action des
institutions nommées plus haut et de stimuli appropriés?
La réussite économique d'Lill planteur est-elle nécessaire
ment liée à l'action de ces institutions? L'assistance de ces ins
titutions est-elle l~amorce nécessaire et suffisante de la réussi
te économique? N'y a-t-il pas une base "primaire" sur laquelle
s'édifie ou doit s'édifier l'action des programmes de promotion
paysanne? Si oui, quelle serait cette base fondamentale?
N'y a-t-il pas d'autres facteurs qui jouent dans la réus
site économique du planteur? Les actifs? les résidants? la dis
ponibilité et la facilité d'avoir de la main-d'oeuvre salariale,
une réalité de l'économie de plantation? l'existenco de forêt, le
système foncier en un mot n'y joue-t-il pas?
N'y a-t-il pas d'autres éléments que l'on peut ranger sous
le vocable de besoin en numéraires qui jouent dans le comportement
économique d'ill~ planteur? Nous avons en idée par exemple les fraisde scolarisation, le souci d'un habitat moderne •• _
Voilà autant de questions auxquelles nous essaierons de
répondre à travers l'analyse de variables déjà mentionnées à savoir~
les Institutions agricoles, 10 système foncier, la main d~oeuvre
salariale, les Actifs, les résidents •••
4
• Bref aperçu de l'organis&tion traditionnelle de la production=============================================================
*L90r~anisation sociale... t-) _~
La société sVarticule auteur d'une organisation selon
l'âge le sGxe~ le statut social •.• sur la base de la dépendance et
des alliances multiples. La multidépcmdancc y trouve sa pleine ex~
prossion et se manifeste dans la cour. Pierre EtierLne dira que
l'individu participe de plusieurs allegeanccs à la fois~ relève de
plusieurs groupes sociaux (1).
Le recrutement de l'individu se fait dans la lignée ma
ternelle cependant que la pratique de la captation des descendants
rend compte d'un système cocnatique de parenté dans lequel les dif~~
férents partis de l'alliance matrimoniale rivalisent (2).
La société traditionnelle connaît d'autres formes de re
crutoment par: le mariage "at9mol~1i ct l'achat d'esclaves par
exemple.
Les catégories suivantes montrent mieux la situation so
ciale de l'individu dans l'unité villageoise traditionnelle.
* Selon l'origine sociale 9, en dépendants et "libres ll
Gro~ de~dé~endants
• captifs de guerre
• esclaves achetés
• capturés (pour r-cnç on ) sur les routes commer-c i a.Le s
• Gagés (neveux utérins)
• substituts ou attachés volontaire (en situation de
rupture avec leur milieu d'origine)
grOU]?8_ des libr~
• nobles et descendants de nobles
* Sur une base politique~ on distingue par voie d'importance crois~
sante :
notables
chefs de q~artier ou de cour
chef cIe:; village
nobles
chef de tribus
5
On distingue généralement les terres pour les cultures
vivrières et les p.Lantat i one (de palmiers. café ou cacao) auxquel
les, agnats cognats et utérins ont différen~ent droit dans lalégation.
Il Y a 1.1118 certaine disparité dans 18 droit à la terre(3).
Le terroir v i l Lagc o i e sc délimite E,Tâee à un repère; (col
line? arbre, route •.• ) qui marque la frontière avec diautres vil
lages.
Le fondement du droit à la terre réside dans le fait même
qu'un individu continue à cultiver là où il a déjà fait un champ
(sur les parcelles désignées par son père), là où il a aidé son pè
re à cultiver, où il a aidé sa mère ou cultivé un champ pour sa
soeur.
Aussi les utérins qui viennent recueillir la succession
de leurs matel~îels sont~ils obligÉs de cultiver leur vivrier sur
les terres les plus éloignées du village. Quand il n'y a plus assez
de terre cc sont eux qui en demandent auprès des villaees voisins
(généralement le village de leurs paternels) (4).
Cette position quelque peu inférieure des utérins au ni
veau des terres ~3. vivriers ccpendarrt est compensé par leur droit
sur les plantations de palmiers Co&~ats et Agnats nry ont accès
que par leur autorisation.
Quant aux plantations de café ct de cacao. leur situation
est autres sans doute à cause de leur introduction récente. Pierre
EtieIL."1e (5) nous dit que IIl a dévolution des plantations de café et
de cacao. est llobjet de IlY'atiques très différentes variant sclon
les régions ct en fonction des rapports de forces entre héritiers
utérins et fils du d éf'un t v •
6
*Structure de laproduc~i9n écono~iC;L~~
La cour, lUlité élémentaire socio-économique est la cel~
Iule de production où se manif8ste une soliclarité de résidence; et
de clientèle. CVest au niveau économique que se jouent le plus
clairement les relations de multidépendances. La main dVoeuvre de
l'économie traditionnelle basée sur le comuerce routier ct li ex
traction de l'or se recrute parmi le eroupe de dépendants. Cepen~
dant au niveau de ccs dépendants 9 il nVy a pas une répartition
tranchée des tâches. Ils constituent néanmoins dans leur immense
majorité lIDe force de production considérable.
Au niveau du villageois f la production est soit collec
tive, soit individuelle (6). [ious ne nous étendrons pas sur IVéco~
nomio traditionnelle. Notons seulement que celle de Kokumbo était
basée sur le commerce et l vextraction de l i or~ cette d.ernière acti···
vité étant ~ l'origine m6me de la fondation de cc village (7) et
de celui de Kinoukro d.ont l'économie de plantation est IVobjet de
notre étude.
Dans le cadre des activités agricoles 9 lU1e eertaine dis=
tinction s'impose: dVun côté les champs de vivriers et de IVautre
les plantations de café et de eacao.
Les char~e vivriers
A ee niveau déjà la solidarité de clientèle se manifeste
entre les membros de la fanülle (les hommes et les femmes surtout).
Ainsi après la récolte des ignan1es (culture vivrier dominante dans
Iféconomie traditionnelle) ~ropriété de l'homme, la fen~e (épouse
ou soeur) plante du ceton qui lui revient en totalité. IJvhornme ne
recevra du coton que sous forme de récompense après l'avoir tissé
pour elle. lia f'cmme devient l vinsufrutière du champ de vivrier (8).
Cette phrase de FieTTe Etiellile est bien siuüficative :
"Il est r.8111arquaOle que le pri.no i.pc en fonction duquel
s'organisent les ro latians à l t intérieur du Groupe symbiotique homme o
f ernmc , •• sc conforme à lLl1.C relation de rcar-cn é où le s échanges biens-
services sc font non en fonction de rap~orts persorillels mais en
fonction de cc que possède chacun des partenaires ll (9).
7
~s J21antations :. qaféjcacao
Avec les plantations de café et de cacao, nous sommes
déjà en économie moderne. La main dÇoeuvre ne concerne plus le
simple couple .homme-Tcmmc ou la famille. Le principe de r-écompense
se modifie par ailleurs avec la monnaie et l~introduction de la
main d voeuvre salariale dont l'importance sera accrue avec "1 ç eu·
phor i.emc" de création ct d'extcmsion de plantations.
Tout au début, on utilisait outre la main d'oeuvre étran
gère des dépendants directs. Mais avec le phénomène plantation
l~on utilisera de plus en plus des étrangers.Une des causes de cela
est que des perS01TIîCS possédant des dépendants ne sont plus les
seules concernées par la nouvelle source d'économie : les planta~
tions. Il va sans dire quo la main dVoeuvre étrangère prendra une
bOillle avance sur les autres et conditionnera dans une certaine me
sure l'avenir économique des paysans. Nous abordons ainsi notre
étude. Mais avant il faut ajouter que les vivriers constituent la
base première do IVéconomic do plantation. En effct$ les planta
tions SOlit plantées d'abord en vivriers. Par ailleurs les vivriers
soutierillent les plantations on cc sens qu'ellœpormettent déjà de
nourrir la main d'oeuvre. C'est dire donc qu'il n'y a pas une cou
pure systén~tique entre ChillilpS vivriers et plantations de cafÉ ou
de cacao mais quVils sont on étroite relation.
E T U D E
8
9
LV IN8BHTION DANS lTI'JE ECONm.aE I\!~ODERl\TE ET NATIONALE
A - SITUATION ECONOEIQ~Œ.
A 1 Situation foncière ~. Les forêts
Avec les plantations de café et de cacao, l "a.gr-Lcul. ture
ivoirienne a till2 réalité que l'on ne peut trop ignorer ~ les forêts.
Ce sont les grandes migrations vers les zones de forêt avec le cor-~
tèGe de litiges que cela peut comporter.
Ici~ on essaie sans trop y parvenir de conserver ce qu'onconsidère cow~e un patrimoine ancestral (6), là on essaie d'avoir la
plus grande parcelle quand -ùne forêt vient à être déclassé ~ ail~·
leurs encore on s'installe "clandestinement!' au milieu d'une forêt
classée tout en faisant la sourde oreille aux objections des Gardes
forestiers dont les rapports restent pour la plupart sans suite.
En somrne l~on tente autant que cela se peut Sl de s'accro
cher. :Lt cette situation, la aous-cpr-éfec t ur-e de T01JJnodi la connai t
bien.
Ainsi par exemple sur les 750 hectares déclassés de la
forêt ~u profit de Kimoukro, le chef de ce village, le plus eros
planteur sans doute de la région, voulait 300 ha pour lui seul?
malgré les interventions multiples du chef de l'Agriculture installé
à Toumodi et chargé de faire le partage? il n'a jamais voulu céŒer
un centimètre carré 9 ar&y.ant que cVest lui qui avait fait la demande
de forêt. Cependant selon les informations cénéra1es reçues sur le
terrain 9 il ressort que cette forêt a été déclassée à la demande et
au nom de tout le village dont il est le chef.
(Hous nVavons pas encore reçu de suite et pour cela ne
pouvons avancer lli~e idée de l'issue de ce partage).
De son côté 18 chef forestier de Townodi nous a sicna1é
l'installation de campements pio~~iers dans la forêt classée de
Iiombo qui est ainsi grignotéE:: dans sa majeur partie? en 1976 par ex.
nous dit-il encore, "un campement installé dans la forêt du Rombo
compte une dizaine de familles avec 12 grandes cases".
10
Au sujet des forêts classées du Rombo et de Mambo ~ il Y
a eu plus de cent procès verbaux faits et qui restent sens suite.
De ce fait le rôle des agents forestiers devenus inopé<
rants se réclui t Ci peut de chose ~ assister? impuissants l'Jar la forcé';
des choses~ à 12 dévastation des forêts classées dont ils ont pour
première charge de veiller à la conservation.
11
Nous ne traiterons pas des vivriers ici pour la simple
raison qu'ils nVentrent pas dans notre domaine d06tude : l'6conomie
de plantation. Quoique directement ou ind.irectement ils peuvent y
jouer.
Le café et le cacao restent les s euLe s cultures cllexl::Jloi··
tation les plus répandues dans la région. La politique de diversifi
cation TI ç a pu porter fruit et les ten'~atives à maintes reprises ont
écho'ué , On se demande P[Œ exemple bien pourquoi les pr-ogrammes de
coton niont pu se poursuivre alors que la tradition connait cette
cul turc qui a alimenté le d éve Loppcmerrt d "un certain artisanat :
le tissage.
La délicatesse de IVentretien et le caract~re pénible du
travail def:! champs de coton peuvent être ci tés comme éléments d vex···
plication du peu dVintérêt porté aux plantations de coton. Cepen=
dant on peut noter que, si le co ton est dans la tradition de ces so··~
c i é t és , sa culture nt é ta i t tg:énéralement que le fait des femmes (10) ..
LG8 hornme s ne SV cn o c cupai.orrt presque j ama i a , Les plantations d e riz
font l'objet de ce marne accueil froid.
Les campagnes de sensibilisation n ç ont pas suffi à moti·,
ver les populations. LVinterventioll. c1 vun certain stimulus économique
qui accompae;nerait les campagnes de diversifications culturales ne
serait pas inutile. Ce serait un stimulus qui aiderait les premières
plantations Èè s v installer et ~l, s v étendre et par un effet de "d. ç enC'·
trainement" tout le mond e suivrait. Fous avons en .id ée par exemple
des primes de crpation plus favorables que celles allouées à IVQX~
tension cacaoyère.
Les quelques tentatives dG création de champs de coton ou
de riz ont échoué surtout p2....r-ce que; les populations n ~ étaient pas
motivées. L'on trouvait plutôt mieux (le; faire des plantations d8
café 01)" de cacao déjà encr-és dans les habitudes et qui bénéficient
d i une certaine confiance" Ainsi on n 1 a que le café et le cacao qui
constituent les seules cultur8s dVexploitation répand.uGso
Une de leurs caractéristiques dans la récioYl est que le
café ct le cacao sont rarement plantés par le même planteur. Généra"
Lemcrrt , l! on cul tive li un ou 1; autre ct la pLupar-t des j cune s plan
teurs avec le pror;ra:mme ext ons i on , nt ont quo du cacao. Cvest parmi
1 2
les vieux planteurs qU'on rencontre souve~t des champs de café et
18 encore il f'au t signaler que beaucoup de caféières sont l "ob j e t
de reconversion en cacaoyères avec la fin des prOf~amJlleS de régéné.,.
r'a t i on et 1\ intensification de l'extension cacaoyère. Une des rai·,~
sons de ces r-ec orrver-a.i ons ne 1! oublions pas est la pénurie actuel-
le de forêt. Aussi les vieux qui ne peuvent plus émi~rer dans des
zones forestières préfèrent-ils continuer à planter dans les vieux
champs de café qu'ils reconvertissent.
C'est cette situation du café et du cacao qui se rencon
trent rarement chez le même planteur qui fait qu'on a très ~eu de
candi&ats individuels à la Coupe Nationale du Progrès.- -
On nous a signalé seulement deux candidats individuels
dont l'un Niamien Koffi~ est le chef du village de Kimoukro et qui
a de fortes chances de passer premier de la rée;ion de Toumodi. Ciest
d'ailleurs la première fois qu'on a des candidats individuels dans
la sous-préfecture.
13
B - lES ELEI'~~NTS D Q DUE REOl?GANISATION DE lA PRODUCTION -- LES ORGA-",
NISr.::ES ET ITTS'l"ITUTIO]\TS AGl1rCCLES
La B.N.D.A. (Banque Nationale pour le Développement de l~Ae~riculture~
Lcs prêts B.fIoD.A. sont très peu encrés dans les habitu
des des villages de Ki.rnoukr-o et de KokULÜ10. Df a i Llcur-s disent les
populations de Ki.mcukr-o , "c "e s t quc Lquc chose de nouveau pour nouo ";
Le manque dVinformation ou la sous~information est le motif souvent
évoqué pour expliquer le peu ŒC recours aux prêts de la B.NoD.A.Une certaine partie dos cnquêtés J cénéralemcnt les vie~~ ct les pe~
tits planteurs évoquent l'humiliation qui suivrait les prêts B.N.D.A~
en cas dVincapacité d.e remboursement. Cc sont des raisons plus ou
moins justifiées mais pour' nous un autre élément d QapjJréciation est
la possibilité pour les villaGeois d'emprunter auprès de la caisse
de leur G.V.C. Ce qui donnc un certain poids à lQargument de l'hu·~
miliation (11).
Dans CG même ordre dVidée on peut soulié~cr aussi le fait
que beaucoup de villageois se sont vu refuser les prêts B.N.D.A.
parce que considérés cormne incapables do rembourser ~ Pas de plan~
tations viables ou trop âgés. Dans cc dernier cas on leur demande
"lm e;arant ,ce qui est souvent difficile.
Notons enfin que Cf est en définitive parmi une certaine e8-
tégorie de e;ros J:)lanteurs qu~on a les candidats aux prêts E.N.D.A.
Et là los montants des domandes vont jusqu'à 500 000 francs 0
Nous reparlerons, au paraeraphc concernant la situation
de C:.V.C., clos prêts D.N.D.A. (prêts de Soudure et prôts do Campagne)
14
La SATMACI
Depuis 1971 le prof,Ta~ne de régénérations des vieilles
p.Lantu t i oria a été abandonné et L' on s'occupe maintenant à la
SATLACI dl cx t cns i on cacaoyère.
Le recours ~ l'assistance de la SATVACI revêt plusieurs
niveau et traduit plus ou moins un certain comportement économique
des populations villageoises. Les éléments d'appréhension de ce
comportement et du recours à la SATllACI peuvent être regroupés en
deux points principaux.
a) La disponibilité de forGt
b) Le pouvoir d'entretien de la plantation (ou des plan
tations)
* Age et santé
* main~d10euvre salariale et actifs familiaux
* liquidités
La pénurie de forêt au niveau du terroir villageois est
un élément important qu'i1 faut considérer quant à ce qui est de la
création QC nouvelles plantations et partant de l'assistance SATL.ACr.
Beaucoup des irrégularités observées dans le recours à la SATl.~CI
ont pour raison principale le manque de terres. Mais à notre avis le
manque de forêt sur le terroir villae;eois ne peut agir vraiment
qu'avec l'intervention d r autres élémcnts~·frcins à la création nou
velles. Ces éléments sont en général groupés dans notre partie b
que nous a ppoLons : le IJOUVOlr di entretien.
b) Le :(jouvoir d'entretien de 1a_ 2.1~cntation (Qu des plan~
tations)
Il conditiollile largement le comportement économique du
planteur o t iJaT sui te les créations nouvelles sous le contrôle de
la SATHACI.
15
'* L'Age et la SANTE : Beaucoup de paysans expliquent leurirrégularité à la SATtiliCI ou leur non recours à cette institution
par les motifs d'âge ou de santé.
* Main-d'oeuvre salariale et actifs familiaux
Nul n~iGnore qu'actuellement le recrutement de la main'
d'oeuvre salariale étrangère est l'url des problèmes fondamentaux de
l'économie de plantation. Le contrôle à la source de la main-d'oeu
vre a considérablement diminué le nombre de travailleurs agricoles
malgré l'existence possible d;elltrée "illégale" en Côte d'Ivoire de
travailleurs voltaïques.
A cette diminution quantitative de la main d'oeuvrer il
faut noter sa chereté actuelle et la constitution d'un certain mono
pole plus ou moins organisé par de riches planteurs qui ont la possi
bili.té ainsi de capter et de maintenir alŒ détriments des petits
planteurs~ la majeur partie des travailleurs salariés
Le recours à la SATI!.J."CI sera conditionné en partie par la
disponibilité en main d'oeuvre salariale: la plupart des planteurs
rejettent l'assistance SAT~ACI (la création de champs selon le mo~
dèle cl' entretien de la SA TJi:A CI ) "par-cc que, avouerrb-dLs l'entretien
des champs SATtACI est trop difficile et seul QD planteur ne peut
vraiment y parvenir. Il faut d'autres bras qui l'y aident".On voit
bien là posé le problème de la main dÇoeuvre tant au niveau d.es sa~
lariés étrangers que de l'assistance familiale (les actifs fami
liaux) qui elle aussi s'est considérablement amoindrie avec la sco~
larisation et le travail urbain. L'assistance familiale est dans
beaucoup de familles presque inexistante en tant que force brute de
travail. Le seul recours est la main d'oeuvre étraneère. D'où le
problème de liquidités.
'* les liquidités
Ici nous ne considerons que les liquidités personnelles
du planteur et celles que ~eut lui fournir Q~ parent ou un fils
en tant qu'assistant familial.
I,'importance de ce facteur capital est bien saisie quand
on analyse le type de main di oeuvre s2.1ariale employé par le plan
teur. Parfois même c'est la comparaison avec l'assistance familiale:;
ou le degré d'utilisation des formes traditionnelles de coopération
le 1ilili ou Ngbli et le Ukalè.
16
Le mbli ou ngoli est une forme Cl' entraide que souvent les
gens d~une même caté~orie d'âge pratiquent.
Dans le mbli on ve travailler dans le champ de chaque
membre a tour de rôle.
Le ukalè est une forme d'aide. Le planteur submergé par
son travail, invite des [seDs à venir travailler dans son champ.
(Concassage de cacao ~Jar cxcmp'l e }, Il ne les paie pas mais pcur'vo i e
à leur nourriture de cette jouTI1.ée de travail. Cette aide, il n'est
pas en revanche tenu de la rendre à son tO~ITo
Nous avons restreint moli ct ukalè aux seuls travaux
champêtres. Hais signalons qu'il peuvent intervenir lors d'une cons"
truction de maison et à d'autres niveaux de la vie paysanne.
Revenant aux liquidités disons que les planteurs qui em
ploient beaucoup ou presque exclusivement les actifs familiaux en
plus de leur propre force de travail t sont souvent irréguliers à la
SATLiACI. L'absence de liquidités assez suffisantes leur permettant
d.' entretenir les champs SATL'JACI font que beaucoup continuent à cul·~
tiver traditiormcllement. Lion est tenté de dire que la main d'cou,·
vre salariale conditioTh~e réellement la réussite économique des
planteurs. Il serait alors oon de chercher à rendre cette réussite
moins dépendante de cette variable qui par ailleurs retarde d'une
certaine manière non moins significative la réussite des planteurs 0
En effet la main d'oeuvre salariale absorbe plus de 22 %du revenu
du planteur.
17
( Centre National de Pr-omo t i.on des T::ntre-LJrises Coopéra~,
tives)
Comme son nom l ~ indique c ~ est un organisfcle chargé de met·"
tre sur pied les G.V.C. (groupeElents à vocation coopér-a t i.ve }, de les
or~aniser et de leur donner une certaine impulsion par IVencadrement
de ces agents. Dans la scus-vpr-éf'cc tur-e de I'oumod i l "ac t i on des
agents du CENAPEC reste encore f1 faire peur monter des Cr.V.C. effi-~
caces ct effectifs. La situation du CENAPEC dans la sous-préfecture
est en m~me temps celle des G.V.C. De ce fait nous ne développerons
pas longuement cette partie quoique nous en ayions fait un tire àpart.
L:CS G.V.C. (GrOl.lpements à Vocation Coopérative)
La sous--préfecture cornpt e actuellement pr-è s de 51 groupe-·,
ments non encore officialisés car n'ayant pas encore constitué Qn
d.ossier qui rende leur position légale. Cependant on peut déjà con
sidérer qu'un pas a été fait m~me si ces groupements ne sfoccupent
encore que de la vente des yroduits (café et cacao) et de la réc~~
pération des cOmIùissions. Néanmoins ces groupements auraient plus à
eagner en devenant officiels: cela leur permettrait d'avoir des
prêts au niveau global du Groupement et de faire bénéficier ainsi
tout le monde (tous les planteurs) de l'action BnDA, le G.V.C.
étant le g2Tant pour' tous.
Situ§-_tions ~:parttc1?-lières dans les vi~laEes,de Kokumbo et
de Kinou.kro
A l 'heure actuelle le mouvement coopératif dans ces deux
villages connaît deux situations qu'on pourrait dire opposées et
qui sont bien révélatrices des problèmes que rencontrent nos G.V.C.
t d 1 \' t' -, ~. " ~ te e ac lon encore a !alrc des hgcn s
Kokumbo
Le mouvement coop er-a t Lf a tout d'abord commencé au niveau
des quartiers. Après deux ou trois ans 9 12 ~oupe]TrGnt a été ab8.ncJ.on·-
né à la suite de dilapidations financières et de détournements. Les
ach8teurs ce sont vu. accusés et ont rendu leur démission. Quanè
18
depuis qU2tre ans allrès une r-up t ur-e cl i au moi ns six ans, le mouvement
coopératif a repris, c'est au niveau villageois qU'il sg est situé.
Les {!;rouper:18nts do quartiers ont été complétement aban"G
donnés mais les choses ne marchent pas bien pour- autant. Les clila~
piclations n~ont pas fini et nous avons pour preuve un vieux camion
acheté et devenu inusuel après avoir à plusieurs reprises absorbé
les corM1issions de vente pour frais de réparation et d'entretien.
Kimoukro :
La situation est tout autre et presque oPPoGée. Lion a
débuté avec le {';roupement au niveau de tout le village. A la sui te
de détournements de fonds de la cornrnission par le chef du dit vil-·
lage en même temps président ~ 18 mouvemerrt se ceinde se partageant
les d cux quartiers : Assèkro et Kimoukro.
Cc qu'on sent y c t e s t un malaise de fonctionnement et c1'é-
panou i s sernont des G. V. C. Ici nous avons les cxempLe s de Kokumbo et
de Kimoukro. Mais ailleurs aussi les situations sont presque iden
tiques. 1 e problème de G.V.C. cVest avant tout celui de la gestion
financière et matérielle. Ensuite et cola tous les G.V.C. de Côte
d'Ivoire ne li i{!;.rlorent à un certain moment de leur f'onc t i.onnemerrt ~ la
récupér0tion de récolte court-circuitée par les traditionnels ache~
teurs intermécliaires. Mais cc deuxième problème est iru'lorent en
grande partie à celui de la coction.
L'action d~entrave et de détournement des intermédiaires
n'est vraiment sié.-';llifica-!~ive que dans le cas d'un G.V.C. qui nia
pas de moyens do transport ~our éco111er les produits des paysans
coopératours. Pour plus de~œéci8ions, voilà oorrmerrt se passent les
choses :
La plupart des champs ou des campements sont loin du v i I>
laé!:e. J.Jc G. If. C. il i ayant pas cle véhicule et le planteur ne pouvant
assurer le trEJ.nport ~ ce sont les intermédiaires IJOSf3CSscuro de vé·,
hiculcs qui sloffre lJour l'écoulement. l;t là le cl\ctntage n'ost pas
loine Le planteur se voit obligé de dOlL~er tout ou lln8 partie de sa
~roduction de café ou de cacao à cet intermédiaire.
19
Fuisque le probl~me est celui avant tout de la gestion~
que faudrai t--il faire pour que les G. V. C. trouvent une certainevitalité?
Nous no voyons que trois points sur lesquels il faut par
ticulièrement insister. Ce ne sont sans doute pas les seuls mais
nous pensons qu'avec cela déjèl QD pas .serait fait •
•a) - Un encadr-emen t plus serré du CEl'JAPI;C
.b) Une éducation sur le respect du bien public
• c ) Une initiation élémentaire sur la Gestion finéu:lci~re et maté-,
rielle.
a) Un encadrement 'o Lus serré du C3NA:l?EC- -- - ". - -- .. - ~....~~~=~= ...-=---=~.__.- -_.. -- - .- -
Cet encadrement n'a rien de spécifique et recouvre les
deux points suivan t s . C'est aur-t out une campagne de sensibilisation
comme on en fait sur la mise sur pied du G. V. C. Cet encadrement por-
tera surtout sur la structuration des G.V.C. et sur les rapports en
tre les différents membres do G.V.C. 1 90n mettra par ailleurs l'ac·
cent sur le fait que les coopérants ont plus intérêt [~ éliminer les
intermédiaires du circuit dG vente afin de récupérer de mani~re
effective les comnissions.
Ce serait plutôt que des mccur-e s de sano t i ons discipli
naires ou d~ordre corporel~ une éducation ayant pour fondement
l'attitude tradition...YJel du villageois envers la chose commune. En
effet la tradition a comme un respect sacré du bien public.
Nous pensons à tous ces trésors de CO~ITS ou royaux qui
sont jalousement gardés? à l'Ebu Vlakre aladian qui ne pouvait être
dilapidé au bon vouloir du Festiomlaire qui est sur le trône.
Il ne pouvait être utilisé qU'2 des fins conciliables 2VCC
les besoins de la lignée (ehu). 1e prob12ille est cormnent utilissr
cette attitude traditiolli~olle dans le circuit Économique moderne ou
1 ~ argen t monnaie ~ l ç argent liquid.e es t pLus ou moins désacralisé.
Li éclucation serait surtout LLO f'a i.r-e épouser t.ot.a.Lemcrrt la cause (~~-l1
G.V.C. par J.os gestionnaires. C'est dans la mesure où ils comprcn=
t fOl "' . ~" . 't l bnen qu l. y a un oro.rc superleur? -l epanoulssomcn-c e a onno
marche élu G.V. C. )]0'.'.1' le bien commun do tout le villa{?;e i qu'ils
pouverrt être dévoués ici, 18. bunne gestion de la caisse.
20
c) Une initiatio~_ élé~entaire sur la~stion financière
et matérielle
CVest "Lm t ravadI qui Lnc ombe directement aux agents du
C'~NAPT;C étant donné ou vils sont char-s-é de la mise sur Tüed desJ. ......J ..L~
G. V. C. Cc qui suppose qu' eux-rnême s en a i.ent des notions élémentaires
Ce dernier point est de loin le plus important pour éviter
les gaspillages. Cela encourag8rait par ailleurs plus les villageois
quand ils verront que leur groUI)ement fait des investissements lias
trop louches et bien rentables. Ne l'oublions pas IV Lme des 'plaies
pr-i.nc ipa.Le s de 1 vêtat "maribond." des G. V. C. est le problème de la
caisse et sa gestion. Nous ne saurons trop y insister.
Deux candidats inchviduels seulement pour la sous.".préfec~·
ture de Toumodi y cVest très peu. Le problème ne réside pas dans le
fait qu'il manque de eros planteurs mais bien plutôt clans ce qu'il
n'y a pas diversification des cultures principales au niveau des
planteurs. Les c3mpagnes de sensibilisation pour le coton et le riz
n'ont IJas beaucoup marché. Cependant on peut toujours espérer que
la Coupe Nationale du Progrès jouera un rôle moteur dans cette di~·
versification surtout si l'Lm des c2ndidats individuels prend le
premier prix. Il est fort probable que l'on suive son exemple. Mais
le problème que nous ~osons est que dans le cadre de la Coupe Na
tionale du Progrès, l~on insiste beaucoup plus sur les cas ~es can
didats individuels car il nous semble que l'on se penche plutôt sur
les sous<-préfectures de telle sorte que les produits peuvent au
niveau de la c Lr-conacr-Lp t i on administrstive être diversifiés sans
pour autant 1 ç être au niveau des p.Lant eur-e pris individuellement.
21
c - rROL~CTION SOCIALE ET STATUT l':omml''Œ EI\ mILIEU VILLAGEOIS
Dans cette par t Le nous os sa i.e r-one dG saisir co qui peut
fonder la réussite économique du planteur ou l'entraver.
Nous essaierons (le voir quc'll e s sont 10;,: variables Lour-d.o s
ct celles lée~res susceptibles d'6tre corrigées par los autres.
Nous désignons par variables lourdes~ celles qui condi
tionnent suffisamnlent la réussite économique, les variables léGères
seraient par oppositiol18 celles dont les effets seraient plus ou
moins secondaires et qui peuvent s'effacer (sans doute pas complè~'
tement) devant les variables lourdes.
Ainsi passerons-nous en rovue les variables suivantes :
l'âgo ct la santé; la main d'oeuvre salariale ~ le rap
port actifs/expIai tant ; la disposition cl. 'un capital IJerSonnol
l t accès aux pr-ê t s DFDA et le r-ecour-s à l'assistance SATMACI.
C1 - Ana~~cdes données
• !:~~:Jj~..~!.».~~_~~!?:!~ :Nous avons fait une di.v.i s i.ori d'âge qui est comme suit
moi.ns do 41 ans (1)de 41 à 50 ans (II)
de 51,
60 (III)a ans
ct 60 ans ct lJlus (IV)
Nous constations que généralement les plus de 60 ans ont
des revenus faibles.
1es ola sac s II ct III (41--:5(' et 51-60) sont colles qui
comportent des planteurs de Gros r-cv enue agricoles (do 200 à pl.us
de 700 OCO frcs).
- Vient ensuite la classe (1) (de moins 41 ans).
Comment peut-on expliquer cette d i.spc r-s i.on de l'âge }Jar
rapport au revenu global ac";ricolo ? On pout tcntE:;r une explication
})ar ] 'âge des pLarrt.a t i.ona ct la santé du planteur.
22
A la catégorie d'âge IV (plus de 60 ans) on peut avancer
l'idée qu'il n' y a plus cl' extension nouvelle cles plantations mais
au contraire vieillissernent ct ext i.nc t i.ori , les pay aarie n'ayant plus
la force nécessaire de créer de nouveau..x eharr:ps. De longues maladies
peuvtmt entraîner 10 délaissement partiel ou total des champs ainsi
exposés à être envahis par la brousse.
CVest tout le contraire que l'on peut généralement obser
ver pour les trois autres classes avec une certainc différencc pour
les moins de 41 ans. En effet y cette catégorie comporte beaucoup
d'éléments jeunes ct encore planteurs débutsnts ; certains n~ sont
que de simlJles gestionnaires de plantations de parents âgés ou occu-
pés ailleurs. On note le cas d'un jeune à Kimoukro venu entretenir
les plantations d'un oncle maternel résidant dans un autre village.
Si l'âge et la santé sont des éléments que l'on ne peut
ignorer dans la réussite économiquc p ces deux variables, à notre
avis p semblent agir avec d'autres comme le rapport actif exploi~
tant.
Cn remarque à cc niveau que pour les revenus de plus do
20C OCO frcs on a au moins deux: actifs par exploitant alors qu'aux
revenus inférieurs le rapport so situe autour de url actif par ex-
pLo i t.arrt , Comment donc peut-von expliquer le revenu par le rapport
dus actifs aux exploitants? Ou plus précisément cC~~Gnt le revenu
peut-il être .i.nf'Lucnc é par le nombre d'actifs dont dispose le plan
teur ? Les actifs cn tant que aides familiaux accroissent la forco
du 't ravad.L aj outée 8. celle de la main Cl ~ oeuvre salariale. Leur- pro
ductivité ost bien appr-éc i a t.Le surtout si ce sont des jeunes. Par
ailleurs ~ si leur rapport È" l ~ ensemble des résidents e s t important,
leur influence sur le revenu tend à être beaucoup plus positive. Cc~
pendant 9 n'ayant pas un revenu préalablement fixé, ils peuvent coû~
ter plus ou moins que les salariés.
La main d~oeuvre salariale
Il convient ici de not cr: deux aepcc t.s de la main el i oeuvre
salariale : d'une pa.r-t le chi.f'fr e dcs déTlenses salariales et d' autrc
part les catégories de main d'oeuvre employées par lcs exploitants.
en relation avec leur rovenu agricole total.
Tranches de revenus en Francs CFA
50 100-100 000 100 100-200 000 200 100-500 000 500 100-700 000 Flus de 700 OOC-_. J-~~--~~~-~-------,.-~---....-.......,---~-------,.-----
0-50 000--------r------r-......-~---'---__r-----·~-_+------..........-+_-~----_+~------
ACTIFS fa0iJi~ux 5/3Exploitants
Rev. moyen/exploitant
Moyenne desdépensessalariales par'exploi t an t
33 830
5~ 333
7/5
go 800
15 800
28/18
162 500
44 000
80/36
320 097
72 375
16/72,28
615 857
96 500
90/29
12 799 180
1 604 440
..-------------------_.. _. __._--_...~-I--------------+-------~-------+------~-_+_-.---~--+__---------
125 53020,;76 %
252 06041,7 %
178 06029,45 %
/
34 285'35;,52 %
38 57139,97 %
8 30511,471S
32 97245,55 1~
12 27716,96 %
/
10 00022.7 1;
14 77733 r58 %
/
/
s 00056$96 %
Par exp~oitantJl 8 000% des de~enses 1 h ~
m~-:-~-:-1~-J-·~-------~-------~------~-------~~------d % des CiéPenseSj /~ 1 pour annuels
~ ~par exploitant. ----~._-------~-------~--------~~.------~--------
J'fe des dépenses ,20 000
1
salariales ' 37 9 5 %pour mensuels'~-----------,r-----------+-.------------I---.-------t___-----------'f_____----------t---------
Par exploitant: hG::ri -r IJle c e s a.epenses 'pour contractuels
33310 %
5 80036,7 % 17 214
17 ,8 r~
Par eXPlOitantl.l~o
~% des dépenses L'
salarialespour journaliers
00037,5 %
1 000 4 77710,85 %
3 888 6 5006,7 %
11 4101$18 %
24 .
a) Le~e de main d'oeuvre salariale~.~" "',,~"",,~~~~~~,,-= ....."'-"='
Nous constatons que jusqu i à deux cent mille francs de re
venu annuel agricole les types de salariés employés ne sont pas les
mêrne s que ceux employés aux revenus supérieurs. Jusqu' È.t 20CJ 000
frs , il n'y a pas utilisation d' annueLs 0 On noternême l'absence de
mensuels à la catégorie II (50 à 100 000 frs )0 Or ce sont les deux
types de salariés qui. font le gros du 't r-ava.i L d e p.l.anLa t i.on : en~·
tretien et récolte même. Comparativement leur travail dans les
champs est plus consistant que celui des journaliers et des contrac
tuels qui s'occupent surtout de débroussage, de buttage et d'autres
menus travaux champêtres. Il va sans dire que les exploitants font
souvent cux-onêmo s le travail de l'entretien et de la récolte s'ils
n'emploient pas de métayers. De toutes les façons il n'y a pas re
cours à une part importante de la force de travail salarié~ dansl'utilisation de la rna'i re-d t oeuvr-e ,
L'absence d'annuels principalement et parfois de mensuels
vient du fait qU'il y a un taux fixé plus ou moins variable (5000
frs/mois). Il peu t y avoir une certaine détérioration par la politi
que monopoliste de gros plantel,trs qui de ce fait donnent plus
(55CO à 6000 frs/mois). Il aembLe que la relative chereté des an
11uels et mensuels conditionne l'utilisation de la main-d'oeuvre sa
lariale et l'on préfère alors prendre des contractuels et des j ourv
naliers qu'on ne reut cependant avoir à sa disposition tous les
jours.
- Au--dessus de 2CC CCC frs de revenu agricole 9 l' ernp.Lo i,e
des types de marioeuvr-e s est presque régulier avec seulement une ex·_·
ception à la classe de revenu oompr-Ls entre 500 et 700 000 frs où
l'on note 1.' abaenc e de métayers. La si tua t i or; de ce type de main
d'oeuvre est d'ailleurs un peu particulière aux revenus spérieurs.
Son utilisation tend à baisser au profit du mensuel et de l'an.."'1.uel.
Plusieurs éléments permettent de tenter une explication de sa IJosi·-
tion ~ le syst~me de partage, la possibilité d'avoir recours ~ des
annue Ls et mensuels ~ et parf'o i s l'existence d "un nombre d'actifs
f'anri.Li.aux consistant.
Il faut au préalable remarquer que la remilllération du
métayer procède du partage en delle (abuno) parts égales surtout
quand il s vagi t clee; réooltes de cacao et quelquefois du café dont
la récolte se divise en trois 9 1/3 revenant au manoeuvre et 2/3 au
planteur. 1e partage en trois est l'abu'san. Ce mode de partage en
dcwc nlest pas du tout plaisante pour le planteur. Aussi 9 quand il
a le s moyens évite~·t~,il autant que possi111e l Q utilisation du méta~
yer , en ayant recours aux mensuels et annue l.s , Ce qui lui perme t->
trait de contrôler plus le produit de sa plantation.
1e métayer est moins utilisé par le fait que l'existence
d'actifs familiaux peuvent le remplacer. (1a moyenne est d'au moins
2 actifs par exploitant). La possibilité d'utiliser des actifs fami~
liaux diminue le recours aux lnétayers 0 Il n vest donc pas étonnant
de voir que les sommes allouées à l'emploi des métayers occupent un
pourcentage relativement moindre dans les dépenses salariales chez
les gros planteurs.
Quoique utilisés aussi 9 journaliers et contractuels, com
parativement parlant occupent une position inférieure par rapport
aux annuels et aux mensuels daris les dépenses salariales des gros
exploi t.ant s agricoles. Cependant il ne sont pas nsgli,'S8ables en va
leur absolue des somnes ql~i leurs sont allouées. Leur situation
quelque peu inférieure vient du fait que le planteur IJeut utiliser
des annuels et des mensuels à leur placee
L'utilisation iInportante do la ma.Ln-vd voeuvre paraît ê t r-c
un élément important de la réussite économique en ce sens qu'elle
(la main--d'oeuvre) conditienne encore plus ou moins l'extension
nouvelle des plantations ct l'entretien dos anciens champs. J1.:alhcu
reusument cette EJEJin··(j voeuvre s e rarefie et devient chère rendant
plus difficile la travail du petit planteur qui ne peut faci18L1ent
y avoir accès }Jar sui te du phénomène de captation et de monopolisa
tion de la part des ~ros exploitants.
26
b) Les dépenses salariales
Ici nous SO~TIes encore dans les chiffres dont il faut
considérer les déclarations avec une certaine souplesse. En effet
les chiffres avancés no sont quo approximatifs. Ils donnent un cer-
tain ordre de grandeur et ne doivent être pris comme tels, ar'gcnb
comptant.
On remarque que généralement los dépenses salariales
croissent avec le revenu agricole. Néanmoins nous notons une irré~
gularité à la tranche de revenu 11(50 100 à 100 OOO)où les dépenses
salariales sont plus faibles qu'à la tranche précédante.
Cela peut s'expliquer par IVabsence de mensuels et dian
nuels dans la main d10euvre elnployée par les exploitants de cette
catégorie de revenus. DVailleurs il y a un taux très faible d'uti
lisation de main d'oeuvre salariale même au niveau des contractuels
et des journaliers ce qui est tout le contraire à la 1ère catégo
rie (moins de 50 000 frs/ans) où les dépenses salariales représen
tent environ 157 % du revenu agricole. Cette situation reloverait de
l'emploi importrmt de mensuels et de journaliers (plus de 37 %des
dépenses salariales). Ainsi à la première catégorie de revenu, on
remarque que le solde est négatif après les dépenses salariales (12)
Au-dessus de 100 000 francs p le taux des dépenses sala
riales reprend dans le même sens que les revenus. La moyenne généra
le est autour de 23 %du revenu total agricole.
3n dehors de la chute des dépenses à la catégorie II
(50 100-100 000) l'on constate une progression sensible dans l'uti
lisation de la main d'oeuvre salariale à travers les sommes qui lui
sont allouées.
Cela peut s'expliquer en ce sens que les planteurs plus
aisés ont plus la facilité de payer les manoeuvres ct partant dVon
avoir accès et parfois même de les monopilisor. Ce qui n'est pas
le cas dans les catégories inférieures.
Il Y a cormne un phénomène de retour, un circuit qu'on
dirB,it fermé. En effet la capacité de payer plus de manoeuvres con
ditionne l'utilisation de la lnain-d'oeuvre qui par ~m effet de
retour agit sur la force de travail du planteur et sa réussite éco~
nomique, ne serait-ce que sur le plan des extensions nouvelles et de
IVentretien des champs déjà créés4
• La di~osition de liquidités
Si la main~d'oeuvre est une force de travail et partant
influe sur la reussite économique du vlanteur, cette main d'oeuvre
dans son utilisation est plus ou moins conditionnée par l'argent
comme moyen de remunération. L'argent on le voit est donc un élément
inséparable de cette réussite même. Le moyen financier est à la base
du retour à la SATI!iliCI et de la création de champs selon les prin
cipes de la SATThlliCI. Insecticides, machines, engrais, entretien
suivi. Aussi malgré leur volonté de réussir sur le plan agricole,
les planteurs ne peuvent indéfiniment s'endetter pour faire des
plantations modernes : à côté des dépenses agricoles, il y a les
frais de scolarisation qui sont très lourds de conséquences sur les
budgets des exploitants •
• La BNDA et la SATMACI- . -
Si ces deux organismes sont à la disposition du planteur,
leur dimension et leur portée sont bien limitées. Le Petit planteur
a rarement accès aux prêts BNDA parce qu'il ne pourra pas rembourser.
Quant au recours à IVassistance SATfl~CI, il trouvera que cela est
trop coûteux pour lui au niveau de l'entretien. En fait ceux qui
profitent vraiment de la BNDA et de la SATn~CI, ce sont ceux qui ont
déjà un revenu agricole viable et qui peuvent avoir de la main=
d'oeuvre surtout des mensuels et des annuels. Pour l'influence de
la SATn~CI et des Prêts ENDA, sur la réussite économique, nous di
rons qu'elle semble pl~tôt être une variable secondaire.
La réalité est qu'elle est le signe d'un certain dec;ré de
réussite mais pas la condition nécessaire et suffisante.
D'ailleurs la plupart des planteurs aisés que nous avons
enquêtés TI Vont commenc é leurs champs SATIUI.CI que depuis cinq ou six
ans environ. Ce qui veut dire que leur prospérité ne date pas seule
ment de leur entrée à la SATr~CI mais remonte déjà bien loin.
Un autre fait est que si lQon étudie bien IVappartenance
à la SATtIAGr les peti ts p.Lant.eur-s sont très irréguliers et parfois
même absents.
En effet cette appartenance est sous influence de la po
sition financière du paysan mais aussi de la disponibilité de forêt.
Beaucoup des planteurs irréguliers avancent con~ne explicatioll leinanque de forêt, à côté de la maladie 1 du manque de main-d'oeuvre •••
En conclusion de tout cela$ nous dirons : ces variables
influencent plus ou moins la réussite économique, en relation les
unes avec les autres, ce qui fait que certaines semblent être pll1S
lourdes et d'autres plus lésères ou secondaires s'effaçant presque
devant les premières.
Ainsi l vâge et la santé nous apparaissent comme des va··
riables dont l'influence peut être corrigée du moins détournée par
d'autres comrne la situation financière, la possession de main-·
d'oeuvre abondante (salariés et actifs familiaux) que nous conside
rons cornme des variables lourdes. Quant a\L~ prêts BDDA et à lVassis
tance SATLACI~ leur influence ne vient qu'en deuxième temps. Dans
un premier temps ils sont conditionnés par la situation financière.
C'est bien après qu'ils favorisent la réussi te économique déjà amo'rvc ée ,
En ce qui concerne la situation forestière f c'est ~m autre
aspect de la possibilité financière qui a pour conséquence observa~
ble, la création de plantation extérieure.
29
D - PROïY.10'I'ION ET STATUT MODERNE EN MILIEU VILLAGEOIS
Es~uisse de Stratification Sociale
L'économie de plantation nia pas fini de restructurer la
société villageoise. De ce fait il est difficile de faire lm type
arrgté de stratification sociale. Cependant les statuts villageois
prennent de nouvelles colorations qu'il faut signaler. La distinc
tion sociale n'est plus celle qu'a connu la société précoloniale.
Les esclaves, les captifs, les gagés ••• ont ùisparu pour laisser
place aux seuls manoeuvres agricoles et assistants familiaux com~e
dépendants s'il est correct· de les désigner ainsi.
Le haut statut ntest plus celui du noble de naissance
mais plutôt celui du riche planteur. Le prestige du villageois fait
appel à des éléments nouveaux comme IVhabitat, Itimportance des
récoltes et de la main-d 90euvre agricole dont dispose le planteur.
L'âge et l'expérience de la vie qui fondent l'autorité de
Itaîné par le contrôle des moyens de production voire de la produc
tion elle-même sg effacent devant la fortune acquise par le travail
persorL~€l et la dégradation suivie du contrôle par les vieux des
structures de la production.
Les cons i.d ér'ations généalogiques ont perdu conai.d ér-ab.l.o
ment dans la vie courante de l'économie de production. Elle n'ont
encore prise que dans le domaine religieux ou l'âge social (la con
sidération a!né-cadet) continue à se faire valoir sacrifices~••• ).
Avec la possibilité de convertir eux-mêmes leurs propres
produits par l'avènement de la monnaie et le développement de l'éco
nomie marchande le contrôle de la richesse et des biens de prestibc
échappcrit (13) plus souvent 8 c eux qui jusqu'à un passé encore ré
cent en étaient les détenteurs. La richesse et le prestige et l'au
torité qui en découle ne sont plus l'apanage des aînés en tant que
individus poli tico... religicux cu f'ami.Ll.e s considérées dans l'antério··
rité politique~ religieuse. Ce sont bien plutôt ceux qui travail
lent effectivement qui sont propriétaires de leurs biens. Il n'est
pas étonnant quo CG soit les éléments les plus dynamiques de la
30
société traditionnelle -la classe de dépeildants surtout- qUl ont
le plus réussi dans l'économie de plantation.
La classification sociale du nouveau milieu villageois
en structuration se ferait ainsi sur la base de l'économie de ;Jlan~
tations
la main d'oeuvre étrangère salariale
les jeunes déscolarisés et sans forêt
- les petits planteurs
- les planteurs moyens
les gros exploitants agricoles
a) La main d'oeuvre salariale
Comme dans la société traditionnelle la possession de
nombreux captifs et e sc Laves en tant que force de travail faisait le
prestige d.u noble villageois, de même a~tuellement la main dtoeuvrc
salariale en tant que force de production permet de mesurer les pos
sibilités économiques du paysan. Si l'on peut par abus de langage
les assimiler aux dépendants d'autrefois, les manoeuvres s'en dif
férencient essentiellement par le fait qu'ils peuvent refuser le
travail qu'on leur propose.
b ) Les jeunes déscolarJ:...sés
Ce sont surtout des éléments qui n'ayant pas réussi sur
le plan scolaire sont retournés au village pour tenter de créer
leurs propres planté. tions. I~ais quelle n'est pas leur déception
quand ils s'aperçoivent que la possibilité de réussir au champ co~ne
leurs aînés se trOltVe confronter à des problèmes de diverses nat~
res. Sans forêts (les terroirs villageois n'en ont plus) et sans
argent il leur est difficile de démarrer aussitôt. Ce sont CQX qui
dans un temps non déterminé vont constituer avec la jeunesse non
scolarisée restée au village et les femmes le ~roupe des assistantsfamiliaux, généralement sans revenu fixe, soumis aux humeurs de pa-
rents ou de ceux qu'ils aident.
Ces jeunes, sans foyers personnels sont parfois écartesdans le partage de forêts déclassées. Ils ne pourront travailler que
sur les portions échues à ceux qu'ils aident et là, ce n'est pas tou
jours que le planteur ait ces bonnes intentions de ceder une partie
de sa petite parcelle -surtout quand on sait que les forets sont
devenues des biens rares pour les exploitants agricoles.
31
c) ~es Betits plant~urs
Ce sont ceux que l'on peut nor®16r les cultivateurs. Sou
vent ils continuent ÈL cultiver tradi tioYLnellcment ~ en marge de
l'assistance: SATIJ,-CI et des prêts mmA. Leurs revenus agricoles ~
déjà faibles, sont affectés pour la plupart par des dépenses sala
riales très importantes relativement aux revenus; généralement ils
n r ont pas recours aux annuels. La l'nain d voeuvre se compo s e essen
tiellement de contractuels et de journaliers. Ce sont souvent aussi
des hommes ayant plus de la cinquantaine et dont les plantations
déjà visilles, ne connaissent pas beaucoup d'extensions nouvelles.
Les plus nombreux et aussi difficilement définissables.
C'est la catégorie intermédiaire, à lui-chemin entre les gros exploi
tants agricoles et les cultivateurs.
A côté des cultures modernes selon les principes de la
SAT1~CI beaucoup continuent à créer des champs traditionnels.
Il Y a une certaine irrégularité quant au recours à la
SAT~:IA.CI. Les annuels commencent à être compter au nombres des ma
noeuvres agricoles mais l~appel de journaliers et de contractuels
restent encore important. Les déponses agricoles quoique élevées ne
tournent plus qu'autour de 25 %environ du revenu global.
e) Los gros ~xRloitants a~ricoles
C'est la nouvelle classe dominante qUl comnlence à voir le
jour. L'extension des plantations est déjà quelque chose d'acquis
dans cette classe encore peu nonDJreuse. Elle est en majorité compo
sée de paysan à la pointe du progrès technique. Beaucoup en effet
possèdent plusieurs rcach i.ne s agrico les. Une particularité de cette
classe est qu'/cllc a recours à toutes les différentes sortes de
mai.rr-d t oeuvr-e ct cl' a s s i.s t anc e familiale 1 quoique le ynétayer y prend
de moins en moins de place parmis les manoeuvres.
32
C'est cette classe qui représente le pouvoir agricole et
qui bénéficie généralement de l'assistance de la SATl\flACI et des
prêts do EEllAc
Elle n'hésite pas El créer des champs extérieurs quand une
forêt est déclassée quelque part. Elle constitue le pivot de la
bourgeoisie paysanne et a déjà le sens des affaires (placements en
banque~ investissement dans l'immobilier en ville .•. ).
33
Conclusion
Au terme de notre étude, il se dégage plusieurs observa--tions :
• Des problèmes de forêts qui sc traduisent par l'occupa
tion clandestine des forêts classées ou par la tentative de s~acca
parer de la plus grande parcelle déclas:3ée. Ce sont des situations
qui tout cn traduisant les problèmes actuels de IVexpansion agrico
le, informent en même temps sur le comportement économique et le
dynamisme de nos communautés villageoises qui ne veulent P[;~s être
en reste du développement. Lais ce dynamisme se trouve entravé par
le manque de forêt, d'où le comportcnlent quelque peu indiscipliné
ôe nos paysans qui plus encore, doivent faire face à la rareté de
la mah~ d'oeuvre.
• Cette rareté se traduit à la fois par la chercté de la
main dioeuvre agricole, et par la politique de captation et de mo
nopolisation de la part Œes gros exploitants. Cc qui devient un
handicap sérieux pour la majorité de petits paysans qui ne peuvent
pour ainsi dire~ vraiment siépanouir.
Forêt et main-d 10euvre sont bien deux problèmes auxquels
se hcuItent le développement du mende rural agricole. Ce sont deux
éléments qui cOinmandent de loin la promotion du villaGeois malgré
les institutions et organismes agricoles mis à sa disposition.
• D'ailleurs leur action semble bien limité surtout la
13l'mA dans la mesure où tous les villageois ne peuvon t vraiment es
pérer bénéficier de ses prêts pour créer et moderniser les planta
tions. Il n'y a qu'une minorité d'exploitants agricoles (les gros)
qui ont accès aux prêts de campagne. Dans les deux villages de
Kimoukro et de Kokumbo, lIon nous signale que la BNDA est une réali
té nouvelle? ce qui laisse supposer quVil y a absence ou sous-in
formation en dehors des gros planteurs qui vont placer leur argent
à la banque et là encore !
Quant à la SATfilliCI, son action semble 8tre bien limitée
par la chereté des produits ct par les frais dVentretiens assez
élevés malgré una certaine politique dVaide financière et matériel~
le (cngrais p machine, subventions ••• ).
34
Le G.V.C. pour nous reste l'élément moteur qu'il faut
acti-ver pour donner aux villages une certaine autonomie financière
et matérielle qui leur permettent de se développer en se dotant de
structures socio~culturellesmodernes (maternité, foyers de jelli~cs~
modernisation de l'habitats ••• ).
LVavenir du G.V. C'. laisse dire, quand on considère la si-·
tuation présente, que le CENAPEC a encore beaucoup à faire pour le
sortir de ses divers maux diorganisation et de fonctionnement. Le
développement de leur organisation pourrait permettre de remédier
aux difficultés dues à la raréfaction de la main dioeuvre salariale.
En effet ces GoV.C. peuvent dépasser le cadre de la simple commer
cialisation des produits, qui est le but pri.nc.i.pa.l , pour s q achemi-
ner vers des structures nouvelles de producteurs associés. Ce serait
une forme moderne du travail cOll@unautaire non ignoré de nos socié
tés traditionnelles.
35
NOTES rlijJ~THODOLOGIQUES
• EC}ffiNTILLONNAGE---~._----.;...;;.;:..=~:;:. .-
Il n'y a pas eu d'échantillon arrêté, ce qui est un han~
dicap pour l'interprétation des données surtout concernant les plan
teurs n'appartenant pas à l'assistance SATMACI IJour ce qui est de
leur représentativité. Cependant nous avons enquêté sur la base de
la SAT1illCI en considérant les différentes listes depuis 1973. Mais
nous n'avons pas rigoureusement suivi ces différentes listes ce qui
aurait permis d'arrêter un échantillon valable et représentatif sur
la base d.e la SATI'ilACr.
De plus un autre souci a fait que nous n'avons pas inter~
rogé ~miquement les planteurs appartenant ou ayant appartenu à la
SAT1~CI : il fallait savoir aussi pourquoi les autres n'appartien
nent pas à la SATIMCI et qui sont-ils? Malheureusement faute d'Qn
récensement exhaustif nous doutons un peu que ceux interrogés soient
représentatifs de l~ensemble des planteurs n'appartenant pas à la
SAnJACI.
Applicatiot:l; :
La difficulté principale de l'application a résidé dans
le fait que, au moment où nous passions les questionnaires on était
dans la période de la traite et tout le monde se trouvait au campe
ment. Un problème purement méthodologique est qu'au début nous
avions laissé l'oreanisation aux mains des chefs de village qui
n'arrivaient pas à mettre la main sur les gens ? et quand <générale
ment les Gens venaient, .c f é tai.errt les soirs après lestravÉCux cham-
. pêtr88. Il a fallu ,organiser nous mêmes en' imposant -apr-è s queLque s
jours d'expérience un nombre à chaque chef~de 'quartier puis'·irous
sommes arrivés par la suite à désiB~er selon la liste de la SATlf~CI
et de la Coopérative, qui devrait être interrogé.
36
nous signalions quelque par-t dans notre étude qu °il f'a L«
lait prendre les déolarations ooncernant surtout les somnes dVar
:'Sent avec un certain recul. En effet au début les gens venant en
Groupe assistaient aux questions. Il nous a senililé que les déclara
tions en souffraient plus ou moins. Il nous a fallu -vheur-euaemerrt
que nous nous en SOlnmes vite aperçu~ isoler lOenquêté.
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Notes
(1) cf. Pierre Etiel~~8 : Le fait villa~eois baoulé.La multidércndanc8 est le fait que IVindividu sembleavoir tendaYlce.~" rechercher une certaine liberté ennouant plusieurs relations. Ce qui lui permet d 1échap
per à UJ1G autorité unique dont il sentirait beaucoupplus le poids.
(2) cf. J'ierre Etienne - ,Jean--Fierre ChauveauSoci?té précoloniale baoulé et modèle segmentaire lecas de la région de Kokwnbo.Il s'agit plutôt de l'héritaE,e qui se fait d'oncle maternel à neveu utérin.
(3) Pierre Etienne pa,,,:;e 55. "Le fait villageois baoulé".
(4) et (5) Pierre EtieTIllc idem page 56. Cependant il est à remarquerqu'il n'y a pas une rupture totale entre vivriers ctplantations de café~ de cacao ou de palwiers étant donnéle fait que Généralement ces plantations au départ sontplantées cn vivriers.
(6) Ici, l'on veut considérer les formes de solidarité traditionnellecomme le Il.!Igbli ou le Ukalè qui sont en réalité desinstitutions d'entraide ou d'aide.Le lliZbli est le fait que plusieurs villageois s'cntrai~
dent alors que dans le Ukalè le villageois fait appel àd'autres pour l'aider dans son travail sans qu'il soitpour autc:.nt tenu de rendre ce travail. Il ne leur fourni t que la nourriture le jour du t.r-ava i L, Donc ainsi considéré le procès de la production appara!t plutôt individuel que collectif.
(7) JeanF-Pierre Chauveau : Notes sur l "hi s t.o i r-e du peuplement de larégion ùe Kokmnbo. Vol. IV nO II, 1971
(8) et (9) Pierre Etienne: La diffusion de l'économie monétaire et latransformation des rapports sociaUJc chez les Baoulé(C.1. ). Cepon0_ant il ost à noter que la cellule familiale vue sous l'angle de conjoints. constitue une ill~ité
de t rava.iL, Néanmoins un f'a i 't dans les déclarations denos enquôtés nous mène dans 10 sens de~ rapports declientèle : les :paysans ont to-Lis déclaré qu ç ils donnaientà la fin de chaque t.ra.i te annue Ll.e , une certaine aornmeà leur épouses suivant qu'ils ont fait ou non. une bOlli~e
récolte.
38
(10) C'est après les récoltes Q'ignames que les femn1es plantaient lecoton. La réticence des paysans pour la cul tL,ITe d.ucoton peut être aussi mis au compte d'un certain traumatisme causé par les cultl...ITes forcées d'autrefois.Il y a une question de rentabilité: les villageois letrouveraient moins rentable que le café ou le cacaoalors que son travail est beaucoup plus fatigant.
(11) EL effct 1 la caisse constituée des commissions de vente est Qn
peu considérée par les paysans comme leur bien pr-opr-csinon par extrapolation comme un capital de Il famille Il
dont ils -peuvent avoir recours sans craindre d'êtrehumiliés (~n cas de difficultés de remboursement.
(12) Il Y a ici cas d'un endettement mais pour mieux juger le phénomène, disons que cette classe ne comporte que trois plan~
tours dont cleux sont des jeunes qui débutent ~ qui veu-·lent sans doute hâter leur croissance agricole.
(13) Dans l'économie traditionnelle, les structures de la distributionétaient dominées par les r-appor-ts "Aînés-Cadets ll
• Sinous prenons l vor on remarque que sa production et sa dé·~
tention étaient commandées par ceux qu'on appelle lesaînés ~ les chefs de cour~ de famille, les rois. 1tic,na~
me était contrôlée par le chef de famille qui se chargeait de redistribuer. Mais actuellement la monnaie ctl'économie de plantation permettent aux individus decontrôler 8ux-mêmes leur production et la commercialisation de leurs produits. Ceux quVon appelle les vieux nedétiev~ent plus les moyens de productions qui leur permettaient de contrôler tout 0.e que produisaient lescadets.
39
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