Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de...

43
OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER ,STRATIFICATIONS SOClt\LES ET NOUVELL'ES FORMES D' DE LA PRODUCTiON NiUoges de Kokoumbo et de Kimoukro s/p de tournodi) Rapport de stage SOCIOLOGIE O,;;,ciimbro 1976 DE PETIT BASSAM - SCIENCES HUMAiNES- - .. BP 4293 ABIDJAN CÔTE D'IVOIRE Achi KOUADIO Faculte' des. lettre! et Sciences Humaines

Transcript of Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de...

Page 1: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER

,STRATIFICATIONS SOClt\LES ET

NOUVELL'ES FORMES D' Of~Gi\N~SATIONDE LA PRODUCTiON Pi4YStJ~NE

NiUoges de Kokoumbo et de Kimoukro s/p de tournodi)

Rapport de stage

SOCIOLOGIE O,;;,ciimbro 1976

çeWTR~ DE PETIT BASSAM - SCIENCES HUMAiNES-

'~~"" - .._-----~-'-~~

BP 4293 ABIDJAN CÔTE D'IVOIRE

Achi KOUADIO

Faculte' des. lettre!

et

Sciences Humaines

Page 2: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

STRATIFICATIONS SOCIALES ET NOG~ELLES

FORtillS D'ORGANISATIONDE LA PRODUCTION PAYSA~~E

Page 3: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

SOMMAIRE

Page

Avant propos

JUSTIFICATION DU CHOIX DE LA REGION ET DU ~~Enill D'ETUDE ••• 1

A

B

CHOIX DE LA REGION ••••••

CHOIX DU THEWill ••••••••••

OOdl)QOO

1) 0 0 1) &10 0 •

1

1

PROBLEHP.. TI QUE CleO~OOOO.OI(10e.oooo •• O(lo.QOOOO.OOOOOCl.00006 •• 2

EN GUISE D'INTRODUCTION

Bref aperçu de l'organisation traditionnellede la production 0 0 0 0 0 Cl 0 il • Cl' • a " 0 0 0 0 1) 0 • 0 0 0 • e 0 Cl 0 0 ••

lDooooo.oe •••• "'o

* R r. f ., eglme onCler 0 e 0 0 0 • o. 0 0 el co- a 0 e 0 a 0 0 Cl • 0 • e

* Organisation sociale villageoise

* Structure de la production économique

• li 0 " fi

• • 0 (1 • • • •• •

44

56

ETUDE o. &10 • • 0 0 0 • • 0 0 0 0 • iD .0 •• 0 • • 0 0 0 0 Go " a 0 0 0 0 0 0 Cl • 0 0 0 0 0 0 0 0 0 • 0 0 " Cl e 8

L'INSERTION DANS UNE ECONOMIE mODEPJTE ET NATIONALE •••••• 0

A - SITUATION ECONmnQUE ••••••••••••••••• 0 •••••••••••

9

9

caf é-vcaoaoLes produits agricoles

Situation foncièreA1A

2

B - l,ES ELErLENTS D'1.JNE REORGANISATION DE LA

o 0 • • • 00. • c 0 0 " 0 0 0 Q • 0 Cl 0 0 00. 0 0 0 Cl 0 • 0 0 0 0 • 00.

PHCDUCTION. LES ORGANISI:"ES ET INSTITUTIONS

AGRICOLES 13

IJl~ COUPE NATIONALE DU PH_OGRES ••••••••••••

OOOOOOOOOOOl)OOO.OOOOOO.OOOO.O~O.Ofll••

OO •• " •• OOOOO •• OO ••• olloo •• ecoGo"oo ••• eo

1) • 0 • • 0 0 • • ô 0 0 c • 0 0 0 0 ~ 0 • .00 • 0 0 • 0 0 0 0 0 4 " • • 1314

171720...

• 0 0 Q •000 .00 000 0 0 000 0 0 • • 000 0 • 0 0 0 000LES G. V. C.

L~8 CENAPEC

LA B.N.D.A.

LA SATMACI

C ~ PROTi[OTION SOCIALE :CT STATUT MODERNE EN l':ILIEU

VIL1l\GEOIS .. 0-.0 ••• 0 0 0 •• 0011 (II" • 0 • 0 0 0 0 0 " • 0 e e 000 .0- • I!J 21

C1

- Analyse <les données ••••••••••• 0 • • • • • • • • • • • • 21

D ~ l'ROLJ:TION ET STATUT LüDERNE EN r"aLIED VILIJ.~GEOIS. 29,'.Esquisse de stratificGtion sociale •••••••••••••• 29

Conclusion 0 0 • 0 c e 0 0 " D • ID 0 0 Go (1 0 • 0

NOTES l'JETHODOLOGIQUES ••• " ••••

NO TES •• e •••••••• 0 ••• 0 ••••••

BIBLIOGlLAPEIE •••••••••• ' ••• o e e 0 0 e ~ 0 • • q 0 0 Q 0 • ~ Go • ~ 0 a 0 .0. •

33353739

Page 4: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

AVANT PRoros

Nous remercions tous ceux qui ont bien voulu nousinformer lors de notre pré-enquête à Toumodi p notamment Monsieur

le Sous-Préfet, Monsieur Assamoi de l'Agriculture et Monsieur

le chef forestier.

Nous remercions également Monsieur Akrou Raymond Chef

du village de Kokumbo pour son dévouement pendant tout le tempsqu'a duré note étude sur le terrain.

Nous remercions aussi le personnel de l'ORSTOM de PetitBassam pour son amabilité.

Enfin nos remerciements vont à Monsieur Jacques Richard

qui nous a fourni les premiers éléments de bibliographie, et à

Messieurs Jean-Pierre Chauveau notre encadreur et N'Guessan Pascal

(notre traducteur) qui furent plus que des collaborateurs.

ACHI Kouadio

Page 5: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

JUSTIFICATION DU CHOIX DE LA REGION ET DU THERΠD'ETUDE

A - LE CHOIX DE LA REGION

Ce choix est essentiellement d'ordre bibliographique. Eneffet une part importante de la bibliographie sur la Côte d'Ivoire,

a trait au pays baoulé: Histoire de la mise en place du peuplement,histoire économique, nombreux écrits eth~ologiques et anthropologi­ques. Et nous ne pouvons mieux tomber puisque notre encadreur tra­

vaille sur cette région en particulier sur Kokumbo, l'un de nosdeux villages d'étude.

B - LE CHa IX DU THEME

A travers la bibliographie concernant le Baoulé, nousavons noté que beaucoup portent sur les institutions (religion,mariage, structures Œe parenté) et l'économie traditionnelle. Cer­tains de ces écrits ont été plus loin en traitant des bouleverse­

ments issus de l'introduction de la monnaie (occidentale) et del'économie de plantation. C'est justement cette économie de planta­tion que nous voulons étudier en lui donnant une dimension nouvelle

non plus comme une économie villageoise ou régionale mais en tantque économie moderne, intégrée à l'ensemble national.

Un autre aspect de notre choix est à lier à la politiquegouvernementale de "pr omotion de If économie paysan..ne " par la mise

sur pied d'organismes et d'institutions agricoles(BNDA, CENAPEC,G.V. C. p SATMACI et l t intervention de stimul i économiques permettant

de susciter une certaine émulation (Coupe Nationale du Progrès).

Voilà en gros ce qui nous a amené à choisir le thème de"Stratifications sociales et nou~elles formes d'organisation de la

production paysanne".

Page 6: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

2

PROBLEIVlA TIQUE

llStratifications Sociales et Nouvelles formes d'organisation

de la production paysanne ll

Promotion de Iféconomie paysanne <;> Qu'est-cc que celaveut dire ?

C'est l'amélioration des structures de la productionet de la commercialisation

- C'est l'amélioration quantitative et qualitative de .cette production

- C'est aussi la diversification de l'économie paysannepour lui donner un éventail plus important de possibilités de

réussite.

La promotion paysanne n'est pas un vain mot si l'on s'en

tient à toutes ces structures mises sur pieds pour la susciter

(B.N.D.A' 7 G.V.C.)

C'est d'abord et avant tout l'intégration à une économie

moderne et nationale? d'économies familiales, villageoises ••• Mais

quelles sont les dimensions réelles de tous ces procès modernes de

la production paysanne? Quelles sont leurs portées et limites?

Pour nous le problème se pose surtout en termes d'implications

socio-économiques. N' y-a-t-·il pas lieu de chercher à déceler quelles

sont les structures sociales nouvelles qui se sont installées ou

qui so font actuellement ? Il va sans dire que de nouvelles strati­

fications sociales s'ébauchent à l'ombre de la réorganisation de

l'agriculture et de son intégration par la prise en tutelle des or­

ganismes avicoles et par-a agr-Lco Les , l'!Iais dans quel sens se font

toutes ces stratifications ?

Voilà autant de questions qui se posent et auxquelles

nous ne pouvons pas répondre d'emblée.

Si l'économie (le plantation ost une réalité concrète dans

cette région du Baoulé Sud f ne connait~olle pas des problèmes

drépanouissonlent ? Problèmes de diversification, problèmes de forôt r

problèmes d'organisation?

Page 7: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

Le café ou le cacao resteront-ils encore longtemps les

seules cultures industrielles des villages de Kokurnbo et de Ki­

moukro en particulier et de la région de Tov~odi en général ? Oui ?

Alors quel serait l'avenir économique quand on sait que l'émigra­

tion vers d'autres régions est déjà importante? Non? la diversi­

fication suivra? alors dans quel sens ?

Revenant sur la promotion de l'économie paysanne, nous

dirons qU'elle est aussi une manière de susciter la réussite écono­mique des paysans.

Cette réussite économique existe-t-elle déjà ou a-t-ellecommencé ?

Si elle existe~ est-elle une conséquence de l'action des

institutions nommées plus haut et de stimuli appropriés?

La réussite économique d'Lill planteur est-elle nécessaire­

ment liée à l'action de ces institutions? L'assistance de ces ins­

titutions est-elle l~amorce nécessaire et suffisante de la réussi­

te économique? N'y a-t-il pas une base "primaire" sur laquelle

s'édifie ou doit s'édifier l'action des programmes de promotion

paysanne? Si oui, quelle serait cette base fondamentale?

N'y a-t-il pas d'autres facteurs qui jouent dans la réus­

site économique du planteur? Les actifs? les résidants? la dis­

ponibilité et la facilité d'avoir de la main-d'oeuvre salariale,

une réalité de l'économie de plantation? l'existenco de forêt, le

système foncier en un mot n'y joue-t-il pas?

N'y a-t-il pas d'autres éléments que l'on peut ranger sous

le vocable de besoin en numéraires qui jouent dans le comportement

économique d'ill~ planteur? Nous avons en idée par exemple les fraisde scolarisation, le souci d'un habitat moderne •• _

Voilà autant de questions auxquelles nous essaierons de

répondre à travers l'analyse de variables déjà mentionnées à savoir~

les Institutions agricoles, 10 système foncier, la main d~oeuvre

salariale, les Actifs, les résidents •••

Page 8: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

4

• Bref aperçu de l'organis&tion traditionnelle de la production=============================================================

*L90r~anisation sociale... t-) _~

La société sVarticule auteur d'une organisation selon

l'âge le sGxe~ le statut social •.• sur la base de la dépendance et

des alliances multiples. La multidépcmdancc y trouve sa pleine ex~

prossion et se manifeste dans la cour. Pierre EtierLne dira que

l'individu participe de plusieurs allegeanccs à la fois~ relève de

plusieurs groupes sociaux (1).

Le recrutement de l'individu se fait dans la lignée ma­

ternelle cependant que la pratique de la captation des descendants

rend compte d'un système cocnatique de parenté dans lequel les dif~~

férents partis de l'alliance matrimoniale rivalisent (2).

La société traditionnelle connaît d'autres formes de re­

crutoment par: le mariage "at9mol~1i ct l'achat d'esclaves par

exemple.

Les catégories suivantes montrent mieux la situation so­

ciale de l'individu dans l'unité villageoise traditionnelle.

* Selon l'origine sociale 9, en dépendants et "libres ll

Gro~ de~dé~endants

• captifs de guerre

• esclaves achetés

• capturés (pour r-cnç on ) sur les routes commer-c i a.Le s

• Gagés (neveux utérins)

• substituts ou attachés volontaire (en situation de

rupture avec leur milieu d'origine)

grOU]?8_ des libr~

• nobles et descendants de nobles

* Sur une base politique~ on distingue par voie d'importance crois~

sante :

notables

chefs de q~artier ou de cour

chef cIe:; village

nobles

chef de tribus

Page 9: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

5

On distingue généralement les terres pour les cultures

vivrières et les p.Lantat i one (de palmiers. café ou cacao) auxquel­

les, agnats cognats et utérins ont différen~ent droit dans lalégation.

Il Y a 1.1118 certaine disparité dans 18 droit à la terre(3).

Le terroir v i l Lagc o i e sc délimite E,Tâee à un repère; (col­

line? arbre, route •.• ) qui marque la frontière avec diautres vil­

lages.

Le fondement du droit à la terre réside dans le fait même

qu'un individu continue à cultiver là où il a déjà fait un champ

(sur les parcelles désignées par son père), là où il a aidé son pè ­

re à cultiver, où il a aidé sa mère ou cultivé un champ pour sa

soeur.

Aussi les utérins qui viennent recueillir la succession

de leurs matel~îels sont~ils obligÉs de cultiver leur vivrier sur

les terres les plus éloignées du village. Quand il n'y a plus assez

de terre cc sont eux qui en demandent auprès des villaees voisins

(généralement le village de leurs paternels) (4).

Cette position quelque peu inférieure des utérins au ni­

veau des terres ~3. vivriers ccpendarrt est compensé par leur droit

sur les plantations de palmiers Co&~ats et Agnats nry ont accès

que par leur autorisation.

Quant aux plantations de café ct de cacao. leur situation

est autres sans doute à cause de leur introduction récente. Pierre

EtieIL."1e (5) nous dit que IIl a dévolution des plantations de café et

de cacao. est llobjet de IlY'atiques très différentes variant sclon

les régions ct en fonction des rapports de forces entre héritiers

utérins et fils du d éf'un t v •

Page 10: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

6

*Structure de laproduc~i9n écono~iC;L~~

La cour, lUlité élémentaire socio-économique est la cel~

Iule de production où se manif8ste une soliclarité de résidence; et

de clientèle. CVest au niveau économique que se jouent le plus

clairement les relations de multidépendances. La main dVoeuvre de

l'économie traditionnelle basée sur le comuerce routier ct li ex­

traction de l'or se recrute parmi le eroupe de dépendants. Cepen~

dant au niveau de ccs dépendants 9 il nVy a pas une répartition

tranchée des tâches. Ils constituent néanmoins dans leur immense

majorité lIDe force de production considérable.

Au niveau du villageois f la production est soit collec­

tive, soit individuelle (6). [ious ne nous étendrons pas sur IVéco~

nomio traditionnelle. Notons seulement que celle de Kokumbo était

basée sur le commerce et l vextraction de l i or~ cette d.ernière acti···

vité étant ~ l'origine m6me de la fondation de cc village (7) et

de celui de Kinoukro d.ont l'économie de plantation est IVobjet de

notre étude.

Dans le cadre des activités agricoles 9 lU1e eertaine dis=

tinction s'impose: dVun côté les champs de vivriers et de IVautre

les plantations de café et de eacao.

Les char~e vivriers

A ee niveau déjà la solidarité de clientèle se manifeste

entre les membros de la fanülle (les hommes et les femmes surtout).

Ainsi après la récolte des ignan1es (culture vivrier dominante dans

Iféconomie traditionnelle) ~ropriété de l'homme, la fen~e (épouse

ou soeur) plante du ceton qui lui revient en totalité. IJvhornme ne

recevra du coton que sous forme de récompense après l'avoir tissé

pour elle. lia f'cmme devient l vinsufrutière du champ de vivrier (8).

Cette phrase de FieTTe Etiellile est bien siuüficative :

"Il est r.8111arquaOle que le pri.no i.pc en fonction duquel

s'organisent les ro latians à l t intérieur du Groupe symbiotique homme o­

f ernmc , •• sc conforme à lLl1.C relation de rcar-cn é où le s échanges biens-­

services sc font non en fonction de rap~orts persorillels mais en

fonction de cc que possède chacun des partenaires ll (9).

Page 11: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

7

~s J21antations :. qaféjcacao

Avec les plantations de café et de cacao, nous sommes

déjà en économie moderne. La main dÇoeuvre ne concerne plus le

simple couple .homme-Tcmmc ou la famille. Le principe de r-écompense

se modifie par ailleurs avec la monnaie et l~introduction de la

main d voeuvre salariale dont l'importance sera accrue avec "1 ç eu·­

phor i.emc" de création ct d'extcmsion de plantations.

Tout au début, on utilisait outre la main d'oeuvre étran­

gère des dépendants directs. Mais avec le phénomène plantation

l~on utilisera de plus en plus des étrangers.Une des causes de cela

est que des perS01TIîCS possédant des dépendants ne sont plus les

seules concernées par la nouvelle source d'économie : les planta~

tions. Il va sans dire quo la main dVoeuvre étrangère prendra une

bOillle avance sur les autres et conditionnera dans une certaine me­

sure l'avenir économique des paysans. Nous abordons ainsi notre

étude. Mais avant il faut ajouter que les vivriers constituent la

base première do IVéconomic do plantation. En effct$ les planta­

tions SOlit plantées d'abord en vivriers. Par ailleurs les vivriers

soutierillent les plantations on cc sens qu'ellœpormettent déjà de

nourrir la main d'oeuvre. C'est dire donc qu'il n'y a pas une cou­

pure systén~tique entre ChillilpS vivriers et plantations de cafÉ ou

de cacao mais quVils sont on étroite relation.

Page 12: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

E T U D E

8

Page 13: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

9

LV IN8BHTION DANS lTI'JE ECONm.aE I\!~ODERl\TE ET NATIONALE

A - SITUATION ECONOEIQ~Œ.

A 1 Situation foncière ~. Les forêts

Avec les plantations de café et de cacao, l "a.gr-Lcul. ture

ivoirienne a till2 réalité que l'on ne peut trop ignorer ~ les forêts.

Ce sont les grandes migrations vers les zones de forêt avec le cor-~

tèGe de litiges que cela peut comporter.

Ici~ on essaie sans trop y parvenir de conserver ce qu'onconsidère cow~e un patrimoine ancestral (6), là on essaie d'avoir la

plus grande parcelle quand -ùne forêt vient à être déclassé ~ ail~·

leurs encore on s'installe "clandestinement!' au milieu d'une forêt

classée tout en faisant la sourde oreille aux objections des Gardes

forestiers dont les rapports restent pour la plupart sans suite.

En somrne l~on tente autant que cela se peut Sl de s'accro­

cher. :Lt cette situation, la aous-cpr-éfec t ur-e de T01JJnodi la connai t

bien.

Ainsi par exemple sur les 750 hectares déclassés de la

forêt ~u profit de Kimoukro, le chef de ce village, le plus eros

planteur sans doute de la région, voulait 300 ha pour lui seul?

malgré les interventions multiples du chef de l'Agriculture installé

à Toumodi et chargé de faire le partage? il n'a jamais voulu céŒer

un centimètre carré 9 ar&y.ant que cVest lui qui avait fait la demande

de forêt. Cependant selon les informations cénéra1es reçues sur le

terrain 9 il ressort que cette forêt a été déclassée à la demande et

au nom de tout le village dont il est le chef.

(Hous nVavons pas encore reçu de suite et pour cela ne

pouvons avancer lli~e idée de l'issue de ce partage).

De son côté 18 chef forestier de Townodi nous a sicna1é

l'installation de campements pio~~iers dans la forêt classée de

Iiombo qui est ainsi grignotéE:: dans sa majeur partie? en 1976 par ex.

nous dit-il encore, "un campement installé dans la forêt du Rombo

compte une dizaine de familles avec 12 grandes cases".

Page 14: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

10

Au sujet des forêts classées du Rombo et de Mambo ~ il Y

a eu plus de cent procès verbaux faits et qui restent sens suite.

De ce fait le rôle des agents forestiers devenus inopé<­

rants se réclui t Ci peut de chose ~ assister? impuissants l'Jar la forcé';

des choses~ à 12 dévastation des forêts classées dont ils ont pour

première charge de veiller à la conservation.

Page 15: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

11

Nous ne traiterons pas des vivriers ici pour la simple

raison qu'ils nVentrent pas dans notre domaine d06tude : l'6conomie

de plantation. Quoique directement ou ind.irectement ils peuvent y

jouer.

Le café et le cacao restent les s euLe s cultures cllexl::Jloi··

tation les plus répandues dans la région. La politique de diversifi­

cation TI ç a pu porter fruit et les ten'~atives à maintes reprises ont

écho'ué , On se demande P[Œ exemple bien pourquoi les pr-ogrammes de

coton niont pu se poursuivre alors que la tradition connait cette

cul turc qui a alimenté le d éve Loppcmerrt d "un certain artisanat :

le tissage.

La délicatesse de IVentretien et le caract~re pénible du

travail def:! champs de coton peuvent être ci tés comme éléments d vex···

plication du peu dVintérêt porté aux plantations de coton. Cepen=

dant on peut noter que, si le co ton est dans la tradition de ces so··~

c i é t és , sa culture nt é ta i t tg:énéralement que le fait des femmes (10) ..

LG8 hornme s ne SV cn o c cupai.orrt presque j ama i a , Les plantations d e riz

font l'objet de ce marne accueil froid.

Les campagnes de sensibilisation n ç ont pas suffi à moti·,

ver les populations. LVinterventioll. c1 vun certain stimulus économique

qui accompae;nerait les campagnes de diversifications culturales ne

serait pas inutile. Ce serait un stimulus qui aiderait les premières

plantations Èè s v installer et ~l, s v étendre et par un effet de "d. ç enC'·

trainement" tout le mond e suivrait. Fous avons en .id ée par exemple

des primes de crpation plus favorables que celles allouées à IVQX~

tension cacaoyère.

Les quelques tentatives dG création de champs de coton ou

de riz ont échoué surtout p2....r-ce que; les populations n ~ étaient pas

motivées. L'on trouvait plutôt mieux (le; faire des plantations d8

café 01)" de cacao déjà encr-és dans les habitudes et qui bénéficient

d i une certaine confiance" Ainsi on n 1 a que le café et le cacao qui

constituent les seules cultur8s dVexploitation répand.uGso

Une de leurs caractéristiques dans la récioYl est que le

café ct le cacao sont rarement plantés par le même planteur. Généra"

Lemcrrt , l! on cul tive li un ou 1; autre ct la pLupar-t des j cune s plan­

teurs avec le pror;ra:mme ext ons i on , nt ont quo du cacao. Cvest parmi

Page 16: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

1 2

les vieux planteurs qU'on rencontre souve~t des champs de café et

18 encore il f'au t signaler que beaucoup de caféières sont l "ob j e t

de reconversion en cacaoyères avec la fin des prOf~amJlleS de régéné.,.

r'a t i on et 1\ intensification de l'extension cacaoyère. Une des rai·,~

sons de ces r-ec orrver-a.i ons ne 1! oublions pas est la pénurie actuel-­

le de forêt. Aussi les vieux qui ne peuvent plus émi~rer dans des

zones forestières préfèrent-ils continuer à planter dans les vieux

champs de café qu'ils reconvertissent.

C'est cette situation du café et du cacao qui se rencon­

trent rarement chez le même planteur qui fait qu'on a très ~eu de

candi&ats individuels à la Coupe Nationale du Progrès.- -

On nous a signalé seulement deux candidats individuels

dont l'un Niamien Koffi~ est le chef du village de Kimoukro et qui

a de fortes chances de passer premier de la rée;ion de Toumodi. Ciest

d'ailleurs la première fois qu'on a des candidats individuels dans

la sous-préfecture.

Page 17: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

13

B - lES ELEI'~~NTS D Q DUE REOl?GANISATION DE lA PRODUCTION -- LES ORGA-",

NISr.::ES ET ITTS'l"ITUTIO]\TS AGl1rCCLES

La B.N.D.A. (Banque Nationale pour le Développement de l~Ae~riculture~

Lcs prêts B.fIoD.A. sont très peu encrés dans les habitu­

des des villages de Ki.rnoukr-o et de KokULÜ10. Df a i Llcur-s disent les

populations de Ki.mcukr-o , "c "e s t quc Lquc chose de nouveau pour nouo ";

Le manque dVinformation ou la sous~information est le motif souvent

évoqué pour expliquer le peu ŒC recours aux prêts de la B.NoD.A.Une certaine partie dos cnquêtés J cénéralemcnt les vie~~ ct les pe~

tits planteurs évoquent l'humiliation qui suivrait les prêts B.N.D.A~

en cas dVincapacité d.e remboursement. Cc sont des raisons plus ou

moins justifiées mais pour' nous un autre élément d QapjJréciation est

la possibilité pour les villaGeois d'emprunter auprès de la caisse

de leur G.V.C. Ce qui donnc un certain poids à lQargument de l'hu·~

miliation (11).

Dans CG même ordre dVidée on peut soulié~cr aussi le fait

que beaucoup de villageois se sont vu refuser les prêts B.N.D.A.

parce que considérés cormne incapables do rembourser ~ Pas de plan~

tations viables ou trop âgés. Dans cc dernier cas on leur demande

"lm e;arant ,ce qui est souvent difficile.

Notons enfin que Cf est en définitive parmi une certaine e8-­

tégorie de e;ros J:)lanteurs qu~on a les candidats aux prêts E.N.D.A.

Et là los montants des domandes vont jusqu'à 500 000 francs 0

Nous reparlerons, au paraeraphc concernant la situation

de C:.V.C., clos prêts D.N.D.A. (prêts de Soudure et prôts do Campagne)

Page 18: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

14

La SATMACI

Depuis 1971 le prof,Ta~ne de régénérations des vieilles

p.Lantu t i oria a été abandonné et L' on s'occupe maintenant à la

SATLACI dl cx t cns i on cacaoyère.

Le recours ~ l'assistance de la SATVACI revêt plusieurs

niveau et traduit plus ou moins un certain comportement économique

des populations villageoises. Les éléments d'appréhension de ce

comportement et du recours à la SATllACI peuvent être regroupés en

deux points principaux.

a) La disponibilité de forGt

b) Le pouvoir d'entretien de la plantation (ou des plan­

tations)

* Age et santé

* main~d10euvre salariale et actifs familiaux

* liquidités

La pénurie de forêt au niveau du terroir villageois est

un élément important qu'i1 faut considérer quant à ce qui est de la

création QC nouvelles plantations et partant de l'assistance SATL.ACr.

Beaucoup des irrégularités observées dans le recours à la SATl.~CI

ont pour raison principale le manque de terres. Mais à notre avis le

manque de forêt sur le terroir villae;eois ne peut agir vraiment

qu'avec l'intervention d r autres élémcnts~·frcins à la création nou­

velles. Ces éléments sont en général groupés dans notre partie b

que nous a ppoLons : le IJOUVOlr di entretien.

b) Le :(jouvoir d'entretien de 1a_ 2.1~cntation (Qu des plan~­

tations)

Il conditiollile largement le comportement économique du

planteur o t iJaT sui te les créations nouvelles sous le contrôle de

la SATHACI.

Page 19: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

15

'* L'Age et la SANTE : Beaucoup de paysans expliquent leurirrégularité à la SATtiliCI ou leur non recours à cette institution

par les motifs d'âge ou de santé.

* Main-d'oeuvre salariale et actifs familiaux

Nul n~iGnore qu'actuellement le recrutement de la main'­

d'oeuvre salariale étrangère est l'url des problèmes fondamentaux de

l'économie de plantation. Le contrôle à la source de la main-d'oeu­

vre a considérablement diminué le nombre de travailleurs agricoles

malgré l'existence possible d;elltrée "illégale" en Côte d'Ivoire de

travailleurs voltaïques.

A cette diminution quantitative de la main d'oeuvrer il

faut noter sa chereté actuelle et la constitution d'un certain mono­

pole plus ou moins organisé par de riches planteurs qui ont la possi­

bili.té ainsi de capter et de maintenir alŒ détriments des petits

planteurs~ la majeur partie des travailleurs salariés

Le recours à la SATI!.J."CI sera conditionné en partie par la

disponibilité en main d'oeuvre salariale: la plupart des planteurs

rejettent l'assistance SAT~ACI (la création de champs selon le mo~

dèle cl' entretien de la SA TJi:A CI ) "par-cc que, avouerrb-dLs l'entretien

des champs SATtACI est trop difficile et seul QD planteur ne peut

vraiment y parvenir. Il faut d'autres bras qui l'y aident".On voit

bien là posé le problème de la main dÇoeuvre tant au niveau d.es sa~

lariés étrangers que de l'assistance familiale (les actifs fami­

liaux) qui elle aussi s'est considérablement amoindrie avec la sco~

larisation et le travail urbain. L'assistance familiale est dans

beaucoup de familles presque inexistante en tant que force brute de

travail. Le seul recours est la main d'oeuvre étraneère. D'où le

problème de liquidités.

'* les liquidités

Ici nous ne considerons que les liquidités personnelles

du planteur et celles que ~eut lui fournir Q~ parent ou un fils

en tant qu'assistant familial.

I,'importance de ce facteur capital est bien saisie quand

on analyse le type de main di oeuvre s2.1ariale employé par le plan­

teur. Parfois même c'est la comparaison avec l'assistance familiale:;

ou le degré d'utilisation des formes traditionnelles de coopération

le 1ilili ou Ngbli et le Ukalè.

Page 20: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

16

Le mbli ou ngoli est une forme Cl' entraide que souvent les

gens d~une même caté~orie d'âge pratiquent.

Dans le mbli on ve travailler dans le champ de chaque

membre a tour de rôle.

Le ukalè est une forme d'aide. Le planteur submergé par

son travail, invite des [seDs à venir travailler dans son champ.

(Concassage de cacao ~Jar cxcmp'l e }, Il ne les paie pas mais pcur'vo i e

à leur nourriture de cette jouTI1.ée de travail. Cette aide, il n'est

pas en revanche tenu de la rendre à son tO~ITo

Nous avons restreint moli ct ukalè aux seuls travaux

champêtres. Hais signalons qu'il peuvent intervenir lors d'une cons"

truction de maison et à d'autres niveaux de la vie paysanne.

Revenant aux liquidités disons que les planteurs qui em­

ploient beaucoup ou presque exclusivement les actifs familiaux en

plus de leur propre force de travail t sont souvent irréguliers à la

SATLiACI. L'absence de liquidités assez suffisantes leur permettant

d.' entretenir les champs SATL'JACI font que beaucoup continuent à cul·~

tiver traditiormcllement. Lion est tenté de dire que la main d'cou,·

vre salariale conditioTh~e réellement la réussite économique des

planteurs. Il serait alors oon de chercher à rendre cette réussite

moins dépendante de cette variable qui par ailleurs retarde d'une

certaine manière non moins significative la réussite des planteurs 0

En effet la main d'oeuvre salariale absorbe plus de 22 %du revenu

du planteur.

Page 21: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

17

( Centre National de Pr-omo t i.on des T::ntre-LJrises Coopéra~,

tives)

Comme son nom l ~ indique c ~ est un organisfcle chargé de met·"

tre sur pied les G.V.C. (groupeElents à vocation coopér-a t i.ve }, de les

or~aniser et de leur donner une certaine impulsion par IVencadrement

de ces agents. Dans la scus-vpr-éf'cc tur-e de I'oumod i l "ac t i on des

agents du CENAPEC reste encore f1 faire peur monter des Cr.V.C. effi-~

caces ct effectifs. La situation du CENAPEC dans la sous-préfecture

est en m~me temps celle des G.V.C. De ce fait nous ne développerons

pas longuement cette partie quoique nous en ayions fait un tire àpart.

L:CS G.V.C. (GrOl.lpements à Vocation Coopérative)

La sous--préfecture cornpt e actuellement pr-è s de 51 groupe-·,

ments non encore officialisés car n'ayant pas encore constitué Qn

d.ossier qui rende leur position légale. Cependant on peut déjà con­

sidérer qu'un pas a été fait m~me si ces groupements ne sfoccupent

encore que de la vente des yroduits (café et cacao) et de la réc~~

pération des cOmIùissions. Néanmoins ces groupements auraient plus à

eagner en devenant officiels: cela leur permettrait d'avoir des

prêts au niveau global du Groupement et de faire bénéficier ainsi

tout le monde (tous les planteurs) de l'action BnDA, le G.V.C.

étant le g2Tant pour' tous.

Situ§-_tions ~:parttc1?-lières dans les vi~laEes,de Kokumbo et

de Kinou.kro

A l 'heure actuelle le mouvement coopératif dans ces deux

villages connaît deux situations qu'on pourrait dire opposées et

qui sont bien révélatrices des problèmes que rencontrent nos G.V.C.

t d 1 \' t' -, ~. " ~ te e ac lon encore a !alrc des hgcn s

Kokumbo

Le mouvement coop er-a t Lf a tout d'abord commencé au niveau

des quartiers. Après deux ou trois ans 9 12 ~oupe]TrGnt a été ab8.ncJ.on·-

né à la suite de dilapidations financières et de détournements. Les

ach8teurs ce sont vu. accusés et ont rendu leur démission. Quanè

Page 22: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

18

depuis qU2tre ans allrès une r-up t ur-e cl i au moi ns six ans, le mouvement

coopératif a repris, c'est au niveau villageois qU'il sg est situé.

Les {!;rouper:18nts do quartiers ont été complétement aban"G

donnés mais les choses ne marchent pas bien pour- autant. Les clila~

piclations n~ont pas fini et nous avons pour preuve un vieux camion

acheté et devenu inusuel après avoir à plusieurs reprises absorbé

les corM1issions de vente pour frais de réparation et d'entretien.

Kimoukro :

La situation est tout autre et presque oPPoGée. Lion a

débuté avec le {';roupement au niveau de tout le village. A la sui te

de détournements de fonds de la cornrnission par le chef du dit vil-·

lage en même temps président ~ 18 mouvemerrt se ceinde se partageant

les d cux quartiers : Assèkro et Kimoukro.

Cc qu'on sent y c t e s t un malaise de fonctionnement et c1'é-­

panou i s sernont des G. V. C. Ici nous avons les cxempLe s de Kokumbo et

de Kimoukro. Mais ailleurs aussi les situations sont presque iden­

tiques. 1 e problème de G.V.C. cVest avant tout celui de la gestion

financière et matérielle. Ensuite et cola tous les G.V.C. de Côte

d'Ivoire ne li i{!;.rlorent à un certain moment de leur f'onc t i.onnemerrt ~ la

récupér0tion de récolte court-circuitée par les traditionnels ache~­

teurs intermécliaires. Mais cc deuxième problème est iru'lorent en

grande partie à celui de la coction.

L'action d~entrave et de détournement des intermédiaires

n'est vraiment sié.-';llifica-!~ive que dans le cas d'un G.V.C. qui nia

pas de moyens do transport ~our éco111er les produits des paysans

coopératours. Pour plus de~œéci8ions, voilà oorrmerrt se passent les

choses :

La plupart des champs ou des campements sont loin du v i I>­

laé!:e. J.Jc G. If. C. il i ayant pas cle véhicule et le planteur ne pouvant

assurer le trEJ.nport ~ ce sont les intermédiaires IJOSf3CSscuro de vé·,

hiculcs qui sloffre lJour l'écoulement. l;t là le cl\ctntage n'ost pas

loine Le planteur se voit obligé de dOlL~er tout ou lln8 partie de sa

~roduction de café ou de cacao à cet intermédiaire.

Page 23: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

19

Fuisque le probl~me est celui avant tout de la gestion~

que faudrai t--il faire pour que les G. V. C. trouvent une certainevitalité?

Nous no voyons que trois points sur lesquels il faut par­

ticulièrement insister. Ce ne sont sans doute pas les seuls mais

nous pensons qu'avec cela déjèl QD pas .serait fait •

•a) - Un encadr-emen t plus serré du CEl'JAPI;C

.b) Une éducation sur le respect du bien public

• c ) Une initiation élémentaire sur la Gestion finéu:lci~re et maté-,

rielle.

a) Un encadrement 'o Lus serré du C3NA:l?EC- -- - ". - -- .. - ~....~~~=~= ...-=---=~.__.- -_.. -- - .- -

Cet encadrement n'a rien de spécifique et recouvre les

deux points suivan t s . C'est aur-t out une campagne de sensibilisation

comme on en fait sur la mise sur pied du G. V. C. Cet encadrement por-­

tera surtout sur la structuration des G.V.C. et sur les rapports en­

tre les différents membres do G.V.C. 1 90n mettra par ailleurs l'ac·­

cent sur le fait que les coopérants ont plus intérêt [~ éliminer les

intermédiaires du circuit dG vente afin de récupérer de mani~re

effective les comnissions.

Ce serait plutôt que des mccur-e s de sano t i ons discipli­

naires ou d~ordre corporel~ une éducation ayant pour fondement

l'attitude tradition...YJel du villageois envers la chose commune. En

effet la tradition a comme un respect sacré du bien public.

Nous pensons à tous ces trésors de CO~ITS ou royaux qui

sont jalousement gardés? à l'Ebu Vlakre aladian qui ne pouvait être

dilapidé au bon vouloir du Festiomlaire qui est sur le trône.

Il ne pouvait être utilisé qU'2 des fins conciliables 2VCC

les besoins de la lignée (ehu). 1e prob12ille est cormnent utilissr

cette attitude traditiolli~olle dans le circuit Économique moderne ou

1 ~ argen t monnaie ~ l ç argent liquid.e es t pLus ou moins désacralisé.

Li éclucation serait surtout LLO f'a i.r-e épouser t.ot.a.Lemcrrt la cause (~~-l1

G.V.C. par J.os gestionnaires. C'est dans la mesure où ils comprcn=

t fOl "' . ~" . 't l bnen qu l. y a un oro.rc superleur? -l epanoulssomcn-c e a onno

marche élu G.V. C. )]0'.'.1' le bien commun do tout le villa{?;e i qu'ils

pouverrt être dévoués ici, 18. bunne gestion de la caisse.

Page 24: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

20

c) Une initiatio~_ élé~entaire sur la~stion financière

et matérielle

CVest "Lm t ravadI qui Lnc ombe directement aux agents du

C'~NAPT;C étant donné ou vils sont char-s-é de la mise sur Tüed desJ. ......J ..L~

G. V. C. Cc qui suppose qu' eux-rnême s en a i.ent des notions élémentaires

Ce dernier point est de loin le plus important pour éviter

les gaspillages. Cela encourag8rait par ailleurs plus les villageois

quand ils verront que leur groUI)ement fait des investissements lias

trop louches et bien rentables. Ne l'oublions pas IV Lme des 'plaies

pr-i.nc ipa.Le s de 1 vêtat "maribond." des G. V. C. est le problème de la

caisse et sa gestion. Nous ne saurons trop y insister.

Deux candidats inchviduels seulement pour la sous.".préfec~·

ture de Toumodi y cVest très peu. Le problème ne réside pas dans le

fait qu'il manque de eros planteurs mais bien plutôt clans ce qu'il

n'y a pas diversification des cultures principales au niveau des

planteurs. Les c3mpagnes de sensibilisation pour le coton et le riz

n'ont IJas beaucoup marché. Cependant on peut toujours espérer que

la Coupe Nationale du Progrès jouera un rôle moteur dans cette di~·

versification surtout si l'Lm des c2ndidats individuels prend le

premier prix. Il est fort probable que l'on suive son exemple. Mais

le problème que nous ~osons est que dans le cadre de la Coupe Na­

tionale du Progrès, l~on insiste beaucoup plus sur les cas ~es can­

didats individuels car il nous semble que l'on se penche plutôt sur

les sous<-préfectures de telle sorte que les produits peuvent au

niveau de la c Lr-conacr-Lp t i on administrstive être diversifiés sans

pour autant 1 ç être au niveau des p.Lant eur-e pris individuellement.

Page 25: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

21

c - rROL~CTION SOCIALE ET STATUT l':omml''ΠEI\ mILIEU VILLAGEOIS

Dans cette par t Le nous os sa i.e r-one dG saisir co qui peut

fonder la réussite économique du planteur ou l'entraver.

Nous essaierons (le voir quc'll e s sont 10;,: variables Lour-d.o s

ct celles lée~res susceptibles d'6tre corrigées par los autres.

Nous désignons par variables lourdes~ celles qui condi­

tionnent suffisamnlent la réussite économique, les variables léGères

seraient par oppositiol18 celles dont les effets seraient plus ou

moins secondaires et qui peuvent s'effacer (sans doute pas complè~'

tement) devant les variables lourdes.

Ainsi passerons-nous en rovue les variables suivantes :

l'âgo ct la santé; la main d'oeuvre salariale ~ le rap­

port actifs/expIai tant ; la disposition cl. 'un capital IJerSonnol

l t accès aux pr-ê t s DFDA et le r-ecour-s à l'assistance SATMACI.

C1 - Ana~~cdes données

• !:~~:Jj~..~!.».~~_~~!?:!~ :Nous avons fait une di.v.i s i.ori d'âge qui est comme suit

moi.ns do 41 ans (1)de 41 à 50 ans (II)

de 51,

60 (III)a ans

ct 60 ans ct lJlus (IV)

Nous constations que généralement les plus de 60 ans ont

des revenus faibles.

1es ola sac s II ct III (41--:5(' et 51-60) sont colles qui

comportent des planteurs de Gros r-cv enue agricoles (do 200 à pl.us

de 700 OCO frcs).

- Vient ensuite la classe (1) (de moins 41 ans).

Comment peut-on expliquer cette d i.spc r-s i.on de l'âge }Jar

rapport au revenu global ac";ricolo ? On pout tcntE:;r une explication

})ar ] 'âge des pLarrt.a t i.ona ct la santé du planteur.

Page 26: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

22

A la catégorie d'âge IV (plus de 60 ans) on peut avancer

l'idée qu'il n' y a plus cl' extension nouvelle cles plantations mais

au contraire vieillissernent ct ext i.nc t i.ori , les pay aarie n'ayant plus

la force nécessaire de créer de nouveau..x eharr:ps. De longues maladies

peuvtmt entraîner 10 délaissement partiel ou total des champs ainsi

exposés à être envahis par la brousse.

CVest tout le contraire que l'on peut généralement obser­

ver pour les trois autres classes avec une certainc différencc pour

les moins de 41 ans. En effet y cette catégorie comporte beaucoup

d'éléments jeunes ct encore planteurs débutsnts ; certains n~ sont

que de simlJles gestionnaires de plantations de parents âgés ou occu-­

pés ailleurs. On note le cas d'un jeune à Kimoukro venu entretenir

les plantations d'un oncle maternel résidant dans un autre village.

Si l'âge et la santé sont des éléments que l'on ne peut

ignorer dans la réussite économiquc p ces deux variables, à notre

avis p semblent agir avec d'autres comme le rapport actif exploi~

tant.

Cn remarque à cc niveau que pour les revenus de plus do

20C OCO frcs on a au moins deux: actifs par exploitant alors qu'aux

revenus inférieurs le rapport so situe autour de url actif par ex-

pLo i t.arrt , Comment donc peut-von expliquer le revenu par le rapport

dus actifs aux exploitants? Ou plus précisément cC~~Gnt le revenu

peut-il être .i.nf'Lucnc é par le nombre d'actifs dont dispose le plan­

teur ? Les actifs cn tant que aides familiaux accroissent la forco

du 't ravad.L aj outée 8. celle de la main Cl ~ oeuvre salariale. Leur- pro­

ductivité ost bien appr-éc i a t.Le surtout si ce sont des jeunes. Par

ailleurs ~ si leur rapport È" l ~ ensemble des résidents e s t important,

leur influence sur le revenu tend à être beaucoup plus positive. Cc~

pendant 9 n'ayant pas un revenu préalablement fixé, ils peuvent coû~

ter plus ou moins que les salariés.

La main d~oeuvre salariale

Il convient ici de not cr: deux aepcc t.s de la main el i oeuvre

salariale : d'une pa.r-t le chi.f'fr e dcs déTlenses salariales et d' autrc

part les catégories de main d'oeuvre employées par lcs exploitants.

en relation avec leur rovenu agricole total.

Page 27: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

Tranches de revenus en Francs CFA

50 100-100 000 100 100-200 000 200 100-500 000 500 100-700 000 Flus de 700 OOC-_. J-~~--~~~-~-------,.-~---....-.......,---~-------,.-----

0-50 000--------r------r-......-~---'---__r-----·~-_+------..........-+_-~----_+~------

ACTIFS fa0iJi~ux 5/3Exploitants

Rev. moyen/exploitant

Moyenne desdépensessalariales par'exploi t an t

33 830

5~ 333

7/5

go 800

15 800

28/18

162 500

44 000

80/36

320 097

72 375

16/72,28

615 857

96 500

90/29

12 799 180

1 604 440

..-------------------_.. _. __._--_...~-I--------------+-------~-------+------~-_+_-.---~--+__---------

125 53020,;76 %

252 06041,7 %

178 06029,45 %

/

34 285'35;,52 %

38 57139,97 %

8 30511,471S

32 97245,55 1~

12 27716,96 %

/

10 00022.7 1;

14 77733 r58 %

/

/

s 00056$96 %

Par exp~oitantJl 8 000% des de~enses 1 h ~

m~-:-~-:-1~-J-·~-------~-------~------~-------~~------d % des CiéPenseSj /~ 1 pour annuels

~ ~par exploitant. ----~._-------~-------~--------~~.------~--------

J'fe des dépenses ,20 000

1

salariales ' 37 9 5 %pour mensuels'~-----------,r-----------+-.------------I---.-------t___-----------'f_____----------t---------

Par exploitant: hG::ri -r IJle c e s a.epenses 'pour contrac­tuels

33310 %

5 80036,7 % 17 214

17 ,8 r~

Par eXPlOitantl.l~o

~% des dépenses L'

salarialespour journa­liers

00037,5 %

1 000 4 77710,85 %

3 888 6 5006,7 %

11 4101$18 %

Page 28: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

24 .

a) Le~e de main d'oeuvre salariale~.~" "',,~"",,~~~~~~,,-= ....."'-"='

Nous constatons que jusqu i à deux cent mille francs de re­

venu annuel agricole les types de salariés employés ne sont pas les

mêrne s que ceux employés aux revenus supérieurs. Jusqu' È.t 20CJ 000

frs , il n'y a pas utilisation d' annueLs 0 On noternême l'absence de

mensuels à la catégorie II (50 à 100 000 frs )0 Or ce sont les deux

types de salariés qui. font le gros du 't r-ava.i L d e p.l.anLa t i.on : en~·

tretien et récolte même. Comparativement leur travail dans les

champs est plus consistant que celui des journaliers et des contrac­

tuels qui s'occupent surtout de débroussage, de buttage et d'autres

menus travaux champêtres. Il va sans dire que les exploitants font

souvent cux-onêmo s le travail de l'entretien et de la récolte s'ils

n'emploient pas de métayers. De toutes les façons il n'y a pas re­

cours à une part importante de la force de travail salarié~ dansl'utilisation de la rna'i re-d t oeuvr-e ,

L'absence d'annuels principalement et parfois de mensuels

vient du fait qU'il y a un taux fixé plus ou moins variable (5000

frs/mois). Il peu t y avoir une certaine détérioration par la politi­

que monopoliste de gros plantel,trs qui de ce fait donnent plus

(55CO à 6000 frs/mois). Il aembLe que la relative chereté des an­

11uels et mensuels conditionne l'utilisation de la main-d'oeuvre sa­

lariale et l'on préfère alors prendre des contractuels et des j ourv­

naliers qu'on ne reut cependant avoir à sa disposition tous les

jours.

- Au--dessus de 2CC CCC frs de revenu agricole 9 l' ernp.Lo i,e

des types de marioeuvr-e s est presque régulier avec seulement une ex·_·

ception à la classe de revenu oompr-Ls entre 500 et 700 000 frs où

l'on note 1.' abaenc e de métayers. La si tua t i or; de ce type de main­

d'oeuvre est d'ailleurs un peu particulière aux revenus spérieurs.

Son utilisation tend à baisser au profit du mensuel et de l'an.."'1.uel.

Plusieurs éléments permettent de tenter une explication de sa IJosi·-­

tion ~ le syst~me de partage, la possibilité d'avoir recours ~ des

annue Ls et mensuels ~ et parf'o i s l'existence d "un nombre d'actifs

f'anri.Li.aux consistant.

Page 29: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

Il faut au préalable remarquer que la remilllération du

métayer procède du partage en delle (abuno) parts égales surtout

quand il s vagi t clee; réooltes de cacao et quelquefois du café dont

la récolte se divise en trois 9 1/3 revenant au manoeuvre et 2/3 au

planteur. 1e partage en trois est l'abu'san. Ce mode de partage en

dcwc nlest pas du tout plaisante pour le planteur. Aussi 9 quand il

a le s moyens évite~·t~,il autant que possi111e l Q utilisation du méta~

yer , en ayant recours aux mensuels et annue l.s , Ce qui lui perme t->

trait de contrôler plus le produit de sa plantation.

1e métayer est moins utilisé par le fait que l'existence

d'actifs familiaux peuvent le remplacer. (1a moyenne est d'au moins

2 actifs par exploitant). La possibilité d'utiliser des actifs fami~

liaux diminue le recours aux lnétayers 0 Il n vest donc pas étonnant

de voir que les sommes allouées à l'emploi des métayers occupent un

pourcentage relativement moindre dans les dépenses salariales chez

les gros planteurs.

Quoique utilisés aussi 9 journaliers et contractuels, com­

parativement parlant occupent une position inférieure par rapport

aux annuels et aux mensuels daris les dépenses salariales des gros

exploi t.ant s agricoles. Cependant il ne sont pas nsgli,'S8ables en va­

leur absolue des somnes ql~i leurs sont allouées. Leur situation

quelque peu inférieure vient du fait que le planteur IJeut utiliser

des annuels et des mensuels à leur placee

L'utilisation iInportante do la ma.Ln-vd voeuvre paraît ê t r-c

un élément important de la réussite économique en ce sens qu'elle

(la main--d'oeuvre) conditienne encore plus ou moins l'extension

nouvelle des plantations ct l'entretien dos anciens champs. J1.:alhcu­

reusument cette EJEJin··(j voeuvre s e rarefie et devient chère rendant

plus difficile la travail du petit planteur qui ne peut faci18L1ent

y avoir accès }Jar sui te du phénomène de captation et de monopolisa­

tion de la part des ~ros exploitants.

Page 30: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

26

b) Les dépenses salariales

Ici nous SO~TIes encore dans les chiffres dont il faut

considérer les déclarations avec une certaine souplesse. En effet

les chiffres avancés no sont quo approximatifs. Ils donnent un cer-­

tain ordre de grandeur et ne doivent être pris comme tels, ar'gcnb­

comptant.

On remarque que généralement los dépenses salariales

croissent avec le revenu agricole. Néanmoins nous notons une irré~

gularité à la tranche de revenu 11(50 100 à 100 OOO)où les dépenses

salariales sont plus faibles qu'à la tranche précédante.

Cela peut s'expliquer par IVabsence de mensuels et dian­

nuels dans la main d10euvre elnployée par les exploitants de cette

catégorie de revenus. DVailleurs il y a un taux très faible d'uti­

lisation de main d'oeuvre salariale même au niveau des contractuels

et des journaliers ce qui est tout le contraire à la 1ère catégo­

rie (moins de 50 000 frs/ans) où les dépenses salariales représen­

tent environ 157 % du revenu agricole. Cette situation reloverait de

l'emploi importrmt de mensuels et de journaliers (plus de 37 %des

dépenses salariales). Ainsi à la première catégorie de revenu, on

remarque que le solde est négatif après les dépenses salariales (12)

Au-dessus de 100 000 francs p le taux des dépenses sala­

riales reprend dans le même sens que les revenus. La moyenne généra­

le est autour de 23 %du revenu total agricole.

3n dehors de la chute des dépenses à la catégorie II

(50 100-100 000) l'on constate une progression sensible dans l'uti­

lisation de la main d'oeuvre salariale à travers les sommes qui lui

sont allouées.

Cela peut s'expliquer en ce sens que les planteurs plus

aisés ont plus la facilité de payer les manoeuvres ct partant dVon

avoir accès et parfois même de les monopilisor. Ce qui n'est pas

le cas dans les catégories inférieures.

Page 31: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

Il Y a cormne un phénomène de retour, un circuit qu'on

dirB,it fermé. En effet la capacité de payer plus de manoeuvres con­

ditionne l'utilisation de la lnain-d'oeuvre qui par ~m effet de

retour agit sur la force de travail du planteur et sa réussite éco~­

nomique, ne serait-ce que sur le plan des extensions nouvelles et de

IVentretien des champs déjà créés4

• La di~osition de liquidités

Si la main~d'oeuvre est une force de travail et partant

influe sur la reussite économique du vlanteur, cette main d'oeuvre

dans son utilisation est plus ou moins conditionnée par l'argent

comme moyen de remunération. L'argent on le voit est donc un élément

inséparable de cette réussite même. Le moyen financier est à la base

du retour à la SATI!iliCI et de la création de champs selon les prin­

cipes de la SATThlliCI. Insecticides, machines, engrais, entretien

suivi. Aussi malgré leur volonté de réussir sur le plan agricole,

les planteurs ne peuvent indéfiniment s'endetter pour faire des

plantations modernes : à côté des dépenses agricoles, il y a les

frais de scolarisation qui sont très lourds de conséquences sur les

budgets des exploitants •

• La BNDA et la SATMACI- . -

Si ces deux organismes sont à la disposition du planteur,

leur dimension et leur portée sont bien limitées. Le Petit planteur

a rarement accès aux prêts BNDA parce qu'il ne pourra pas rembourser.

Quant au recours à IVassistance SATfl~CI, il trouvera que cela est

trop coûteux pour lui au niveau de l'entretien. En fait ceux qui

profitent vraiment de la BNDA et de la SATn~CI, ce sont ceux qui ont

déjà un revenu agricole viable et qui peuvent avoir de la main=

d'oeuvre surtout des mensuels et des annuels. Pour l'influence de

la SATn~CI et des Prêts ENDA, sur la réussite économique, nous di­

rons qu'elle semble pl~tôt être une variable secondaire.

La réalité est qu'elle est le signe d'un certain dec;ré de

réussite mais pas la condition nécessaire et suffisante.

D'ailleurs la plupart des planteurs aisés que nous avons

enquêtés TI Vont commenc é leurs champs SATIUI.CI que depuis cinq ou six

ans environ. Ce qui veut dire que leur prospérité ne date pas seule­

ment de leur entrée à la SATr~CI mais remonte déjà bien loin.

Page 32: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

Un autre fait est que si lQon étudie bien IVappartenance

à la SATtIAGr les peti ts p.Lant.eur-s sont très irréguliers et parfois

même absents.

En effet cette appartenance est sous influence de la po­

sition financière du paysan mais aussi de la disponibilité de forêt.

Beaucoup des planteurs irréguliers avancent con~ne explicatioll leinanque de forêt, à côté de la maladie 1 du manque de main-d'oeuvre •••

En conclusion de tout cela$ nous dirons : ces variables

influencent plus ou moins la réussite économique, en relation les

unes avec les autres, ce qui fait que certaines semblent être pll1S

lourdes et d'autres plus lésères ou secondaires s'effaçant presque

devant les premières.

Ainsi l vâge et la santé nous apparaissent comme des va··

riables dont l'influence peut être corrigée du moins détournée par

d'autres comrne la situation financière, la possession de main-·

d'oeuvre abondante (salariés et actifs familiaux) que nous conside­

rons cornme des variables lourdes. Quant a\L~ prêts BDDA et à lVassis­

tance SATLACI~ leur influence ne vient qu'en deuxième temps. Dans

un premier temps ils sont conditionnés par la situation financière.

C'est bien après qu'ils favorisent la réussi te économique déjà amo'rv­c ée ,

En ce qui concerne la situation forestière f c'est ~m autre

aspect de la possibilité financière qui a pour conséquence observa~

ble, la création de plantation extérieure.

Page 33: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

29

D - PROïY.10'I'ION ET STATUT MODERNE EN MILIEU VILLAGEOIS

Es~uisse de Stratification Sociale

L'économie de plantation nia pas fini de restructurer la

société villageoise. De ce fait il est difficile de faire lm type

arrgté de stratification sociale. Cependant les statuts villageois

prennent de nouvelles colorations qu'il faut signaler. La distinc­

tion sociale n'est plus celle qu'a connu la société précoloniale.

Les esclaves, les captifs, les gagés ••• ont ùisparu pour laisser

place aux seuls manoeuvres agricoles et assistants familiaux com~e

dépendants s'il est correct· de les désigner ainsi.

Le haut statut ntest plus celui du noble de naissance

mais plutôt celui du riche planteur. Le prestige du villageois fait

appel à des éléments nouveaux comme IVhabitat, Itimportance des

récoltes et de la main-d 90euvre agricole dont dispose le planteur.

L'âge et l'expérience de la vie qui fondent l'autorité de

Itaîné par le contrôle des moyens de production voire de la produc­

tion elle-même sg effacent devant la fortune acquise par le travail

persorL~€l et la dégradation suivie du contrôle par les vieux des

structures de la production.

Les cons i.d ér'ations généalogiques ont perdu conai.d ér-ab.l.o­

ment dans la vie courante de l'économie de production. Elle n'ont

encore prise que dans le domaine religieux ou l'âge social (la con­

sidération a!né-cadet) continue à se faire valoir sacrifices~••• ).

Avec la possibilité de convertir eux-mêmes leurs propres

produits par l'avènement de la monnaie et le développement de l'éco­

nomie marchande le contrôle de la richesse et des biens de prestibc

échappcrit (13) plus souvent 8 c eux qui jusqu'à un passé encore ré­

cent en étaient les détenteurs. La richesse et le prestige et l'au­

torité qui en découle ne sont plus l'apanage des aînés en tant que

individus poli tico... religicux cu f'ami.Ll.e s considérées dans l'antério··

rité politique~ religieuse. Ce sont bien plutôt ceux qui travail­

lent effectivement qui sont propriétaires de leurs biens. Il n'est

pas étonnant quo CG soit les éléments les plus dynamiques de la

Page 34: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

30

société traditionnelle -la classe de dépeildants surtout- qUl ont

le plus réussi dans l'économie de plantation.

La classification sociale du nouveau milieu villageois

en structuration se ferait ainsi sur la base de l'économie de ;Jlan~

tations

la main d'oeuvre étrangère salariale

les jeunes déscolarisés et sans forêt

- les petits planteurs

- les planteurs moyens

les gros exploitants agricoles

a) La main d'oeuvre salariale

Comme dans la société traditionnelle la possession de

nombreux captifs et e sc Laves en tant que force de travail faisait le

prestige d.u noble villageois, de même a~tuellement la main dtoeuvrc

salariale en tant que force de production permet de mesurer les pos­

sibilités économiques du paysan. Si l'on peut par abus de langage

les assimiler aux dépendants d'autrefois, les manoeuvres s'en dif­

férencient essentiellement par le fait qu'ils peuvent refuser le

travail qu'on leur propose.

b ) Les jeunes déscolarJ:...sés

Ce sont surtout des éléments qui n'ayant pas réussi sur

le plan scolaire sont retournés au village pour tenter de créer

leurs propres planté. tions. I~ais quelle n'est pas leur déception

quand ils s'aperçoivent que la possibilité de réussir au champ co~ne

leurs aînés se trOltVe confronter à des problèmes de diverses nat~­

res. Sans forêts (les terroirs villageois n'en ont plus) et sans

argent il leur est difficile de démarrer aussitôt. Ce sont CQX qui

dans un temps non déterminé vont constituer avec la jeunesse non

scolarisée restée au village et les femmes le ~roupe des assistantsfamiliaux, généralement sans revenu fixe, soumis aux humeurs de pa-­

rents ou de ceux qu'ils aident.

Ces jeunes, sans foyers personnels sont parfois écartesdans le partage de forêts déclassées. Ils ne pourront travailler que

sur les portions échues à ceux qu'ils aident et là, ce n'est pas tou­

jours que le planteur ait ces bonnes intentions de ceder une partie

de sa petite parcelle -surtout quand on sait que les forets sont

devenues des biens rares pour les exploitants agricoles.

Page 35: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

31

c) ~es Betits plant~urs

Ce sont ceux que l'on peut nor®16r les cultivateurs. Sou­

vent ils continuent ÈL cultiver tradi tioYLnellcment ~ en marge de

l'assistance: SATIJ,-CI et des prêts mmA. Leurs revenus agricoles ~

déjà faibles, sont affectés pour la plupart par des dépenses sala­

riales très importantes relativement aux revenus; généralement ils

n r ont pas recours aux annuels. La l'nain d voeuvre se compo s e essen­

tiellement de contractuels et de journaliers. Ce sont souvent aussi

des hommes ayant plus de la cinquantaine et dont les plantations

déjà visilles, ne connaissent pas beaucoup d'extensions nouvelles.

Les plus nombreux et aussi difficilement définissables.

C'est la catégorie intermédiaire, à lui-chemin entre les gros exploi­

tants agricoles et les cultivateurs.

A côté des cultures modernes selon les principes de la

SAT1~CI beaucoup continuent à créer des champs traditionnels.

Il Y a une certaine irrégularité quant au recours à la

SAT~:IA.CI. Les annuels commencent à être compter au nombres des ma­

noeuvres agricoles mais l~appel de journaliers et de contractuels

restent encore important. Les déponses agricoles quoique élevées ne

tournent plus qu'autour de 25 %environ du revenu global.

e) Los gros ~xRloitants a~ricoles

C'est la nouvelle classe dominante qUl comnlence à voir le

jour. L'extension des plantations est déjà quelque chose d'acquis

dans cette classe encore peu nonDJreuse. Elle est en majorité compo­

sée de paysan à la pointe du progrès technique. Beaucoup en effet

possèdent plusieurs rcach i.ne s agrico les. Une particularité de cette

classe est qu'/cllc a recours à toutes les différentes sortes de

mai.rr-d t oeuvr-e ct cl' a s s i.s t anc e familiale 1 quoique le ynétayer y prend

de moins en moins de place parmis les manoeuvres.

Page 36: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

32

C'est cette classe qui représente le pouvoir agricole et

qui bénéficie généralement de l'assistance de la SATl\flACI et des

prêts do EEllAc

Elle n'hésite pas El créer des champs extérieurs quand une

forêt est déclassée quelque part. Elle constitue le pivot de la

bourgeoisie paysanne et a déjà le sens des affaires (placements en

banque~ investissement dans l'immobilier en ville .•. ).

Page 37: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

33

Conclusion

Au terme de notre étude, il se dégage plusieurs observa--tions :

• Des problèmes de forêts qui sc traduisent par l'occupa­

tion clandestine des forêts classées ou par la tentative de s~acca­

parer de la plus grande parcelle déclas:3ée. Ce sont des situations

qui tout cn traduisant les problèmes actuels de IVexpansion agrico­

le, informent en même temps sur le comportement économique et le

dynamisme de nos communautés villageoises qui ne veulent P[;~s être

en reste du développement. Lais ce dynamisme se trouve entravé par

le manque de forêt, d'où le comportcnlent quelque peu indiscipliné

ôe nos paysans qui plus encore, doivent faire face à la rareté de

la mah~ d'oeuvre.

• Cette rareté se traduit à la fois par la chercté de la

main dioeuvre agricole, et par la politique de captation et de mo­

nopolisation de la part Œes gros exploitants. Cc qui devient un

handicap sérieux pour la majorité de petits paysans qui ne peuvent

pour ainsi dire~ vraiment siépanouir.

Forêt et main-d 10euvre sont bien deux problèmes auxquels

se hcuItent le développement du mende rural agricole. Ce sont deux

éléments qui cOinmandent de loin la promotion du villaGeois malgré

les institutions et organismes agricoles mis à sa disposition.

• D'ailleurs leur action semble bien limité surtout la

13l'mA dans la mesure où tous les villageois ne peuvon t vraiment es­

pérer bénéficier de ses prêts pour créer et moderniser les planta­

tions. Il n'y a qu'une minorité d'exploitants agricoles (les gros)

qui ont accès aux prêts de campagne. Dans les deux villages de

Kimoukro et de Kokumbo, lIon nous signale que la BNDA est une réali­

té nouvelle? ce qui laisse supposer quVil y a absence ou sous-in­

formation en dehors des gros planteurs qui vont placer leur argent

à la banque et là encore !

Quant à la SATfilliCI, son action semble 8tre bien limitée

par la chereté des produits ct par les frais dVentretiens assez

élevés malgré una certaine politique dVaide financière et matériel~

le (cngrais p machine, subventions ••• ).

Page 38: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

34

Le G.V.C. pour nous reste l'élément moteur qu'il faut

acti-ver pour donner aux villages une certaine autonomie financière

et matérielle qui leur permettent de se développer en se dotant de

structures socio~culturellesmodernes (maternité, foyers de jelli~cs~

modernisation de l'habitats ••• ).

LVavenir du G.V. C'. laisse dire, quand on considère la si-·

tuation présente, que le CENAPEC a encore beaucoup à faire pour le

sortir de ses divers maux diorganisation et de fonctionnement. Le

développement de leur organisation pourrait permettre de remédier

aux difficultés dues à la raréfaction de la main dioeuvre salariale.

En effet ces GoV.C. peuvent dépasser le cadre de la simple commer­

cialisation des produits, qui est le but pri.nc.i.pa.l , pour s q achemi-­

ner vers des structures nouvelles de producteurs associés. Ce serait

une forme moderne du travail cOll@unautaire non ignoré de nos socié­

tés traditionnelles.

Page 39: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

35

NOTES rlijJ~THODOLOGIQUES

• EC}ffiNTILLONNAGE---~._----.;...;;.;:..=~:;:. .-

Il n'y a pas eu d'échantillon arrêté, ce qui est un han~

dicap pour l'interprétation des données surtout concernant les plan­

teurs n'appartenant pas à l'assistance SATMACI IJour ce qui est de

leur représentativité. Cependant nous avons enquêté sur la base de

la SAT1illCI en considérant les différentes listes depuis 1973. Mais

nous n'avons pas rigoureusement suivi ces différentes listes ce qui

aurait permis d'arrêter un échantillon valable et représentatif sur

la base d.e la SATI'ilACr.

De plus un autre souci a fait que nous n'avons pas inter~

rogé ~miquement les planteurs appartenant ou ayant appartenu à la

SAT1~CI : il fallait savoir aussi pourquoi les autres n'appartien­

nent pas à la SATIMCI et qui sont-ils? Malheureusement faute d'Qn

récensement exhaustif nous doutons un peu que ceux interrogés soient

représentatifs de l~ensemble des planteurs n'appartenant pas à la

SAnJACI.

Applicatiot:l; :

La difficulté principale de l'application a résidé dans

le fait que, au moment où nous passions les questionnaires on était

dans la période de la traite et tout le monde se trouvait au campe­

ment. Un problème purement méthodologique est qu'au début nous

avions laissé l'oreanisation aux mains des chefs de village qui

n'arrivaient pas à mettre la main sur les gens ? et quand <générale­

ment les Gens venaient, .c f é tai.errt les soirs après lestravÉCux cham-

. pêtr88. Il a fallu ,organiser nous mêmes en' imposant -apr-è s queLque s

jours d'expérience un nombre à chaque chef~de 'quartier puis'·irous

sommes arrivés par la suite à désiB~er selon la liste de la SATlf~CI

et de la Coopérative, qui devrait être interrogé.

Page 40: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

36

nous signalions quelque par-t dans notre étude qu °il f'a L«

lait prendre les déolarations ooncernant surtout les somnes dVar­

:'Sent avec un certain recul. En effet au début les gens venant en

Groupe assistaient aux questions. Il nous a senililé que les déclara­

tions en souffraient plus ou moins. Il nous a fallu -vheur-euaemerrt

que nous nous en SOlnmes vite aperçu~ isoler lOenquêté.

Page 41: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

37

Notes

(1) cf. Pierre Etiel~~8 : Le fait villa~eois baoulé.La multidércndanc8 est le fait que IVindividu sembleavoir tendaYlce.~" rechercher une certaine liberté ennouant plusieurs relations. Ce qui lui permet d 1échap­

per à UJ1G autorité unique dont il sentirait beaucoupplus le poids.

(2) cf. J'ierre Etienne - ,Jean--Fierre ChauveauSoci?té précoloniale baoulé et modèle segmentaire lecas de la région de Kokwnbo.Il s'agit plutôt de l'héritaE,e qui se fait d'oncle ma­ternel à neveu utérin.

(3) Pierre Etienne pa,,,:;e 55. "Le fait villageois baoulé".

(4) et (5) Pierre EtieTIllc idem page 56. Cependant il est à remarquerqu'il n'y a pas une rupture totale entre vivriers ctplantations de café~ de cacao ou de palwiers étant donnéle fait que Généralement ces plantations au départ sontplantées cn vivriers.

(6) Ici, l'on veut considérer les formes de solidarité traditionnellecomme le Il.!Igbli ou le Ukalè qui sont en réalité desinstitutions d'entraide ou d'aide.Le lliZbli est le fait que plusieurs villageois s'cntrai~

dent alors que dans le Ukalè le villageois fait appel àd'autres pour l'aider dans son travail sans qu'il soitpour autc:.nt tenu de rendre ce travail. Il ne leur four­ni t que la nourriture le jour du t.r-ava i L, Donc ainsi con­sidéré le procès de la production appara!t plutôt indi­viduel que collectif.

(7) JeanF-Pierre Chauveau : Notes sur l "hi s t.o i r-e du peuplement de larégion ùe Kokmnbo. Vol. IV nO II, 1971

(8) et (9) Pierre Etienne: La diffusion de l'économie monétaire et latransformation des rapports sociaUJc chez les Baoulé(C.1. ). Cepon0_ant il ost à noter que la cellule familia­le vue sous l'angle de conjoints. constitue une ill~ité

de t rava.iL, Néanmoins un f'a i 't dans les déclarations denos enquôtés nous mène dans 10 sens de~ rapports declientèle : les :paysans ont to-Lis déclaré qu ç ils donnaientà la fin de chaque t.ra.i te annue Ll.e , une certaine aornmeà leur épouses suivant qu'ils ont fait ou non. une bOlli~e

récolte.

Page 42: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

38

(10) C'est après les récoltes Q'ignames que les femn1es plantaient lecoton. La réticence des paysans pour la cul tL,ITe d.ucoton peut être aussi mis au compte d'un certain trau­matisme causé par les cultl...ITes forcées d'autrefois.Il y a une question de rentabilité: les villageois letrouveraient moins rentable que le café ou le cacaoalors que son travail est beaucoup plus fatigant.

(11) EL effct 1 la caisse constituée des commissions de vente est Qn

peu considérée par les paysans comme leur bien pr-opr-csinon par extrapolation comme un capital de Il famille Il

dont ils -peuvent avoir recours sans craindre d'êtrehumiliés (~n cas de difficultés de remboursement.

(12) Il Y a ici cas d'un endettement mais pour mieux juger le phénomè­ne, disons que cette classe ne comporte que trois plan~

tours dont cleux sont des jeunes qui débutent ~ qui veu-·­lent sans doute hâter leur croissance agricole.

(13) Dans l'économie traditionnelle, les structures de la distributionétaient dominées par les r-appor-ts "Aînés-Cadets ll

• Sinous prenons l vor on remarque que sa production et sa dé·~

tention étaient commandées par ceux qu'on appelle lesaînés ~ les chefs de cour~ de famille, les rois. 1tic,na~

me était contrôlée par le chef de famille qui se char­geait de redistribuer. Mais actuellement la monnaie ctl'économie de plantation permettent aux individus decontrôler 8ux-mêmes leur production et la commercialisa­tion de leurs produits. Ceux quVon appelle les vieux nedétiev~ent plus les moyens de productions qui leur per­mettaient de contrôler tout 0.e que produisaient lescadets.

Page 43: Stratifications sociales et nouvelles formes d'organisation de ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...OffICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE eUTRE-MER,STRATIFICATIONS

39

Bibliogral)}üe

CHAUVEAU (J •.-J?) 1971 - Note sur- l f histoire du peupl.emen t do 12\ récionde Kokumbo ,CnSTm1, Centre de Pe t i t Ba.asam, Abidjan, 4éJ p.

CE.AlJVEAU (Jo·"T'.) 1972 - No t.o sur la place du Baoulé dans 11ensembleéconomique ouest-africain précolonial. Centre ORSTOUde Petit Bassam, Abidjan, 30 p.

CHAUVEAU (J •.~P.) 1972 -' Les cadres socio---historiques de la productiondans la réc:ion de Ko.kumbo , (rays baoulé : Côte d'Ivoire)Centre CRSTOK de Petit Bassam, Abidjan, 125 p.

ClillUVEAU (J.~Po) 1975 - Société baoulé précoloniale et modèle se0ùen­taire: 10 cas de la rérion de Kokumbo. (Baoulé Sud).Centre ORSTOE de Fetit Bassam. Abidjan, 28 p.

CBAUVEAU (J-.-1'.) ~ lUCEARD (J 0) 1975 .- Orr;anisation s o c i o-e écononrl que{Sban et économie de plantation.Centre ORSTO~ de Petit Bassam, Abidjan, 88 po vol. VIIIna 2 Sciences Humai.ne s , 1975.

DCZON (J .~.r.) 1974-75 ~- lia pr-o b.Léma tique r i.z Lco Le dans la région deGa E,11.0 a 0

Centre DRSTOM de Fetit Bassam, Abidjan, 154 po

RICHARD (J.) - BEFiCIT CA TT IN (Llo) .. CHAUVEAU (J. ·.P.) 1976 .~ Apports etlimites de l'analyse des exploitations a8ricoles enéconomie d.e plantations villageoises. Essai de confron·~·

tation .i.rrt e.r'd i ac i p.l Lna i.r-e , (Pays Gban : Côte c1 i Iva ire) •Centre CHS~['or,1 de Po t i t Bassam, Ab i d jan , 43 po

ETIENNE (J?) 1971 .- Le fait villa(:;cois baoulé.Cormmmication au colloque de ao c i.o Lo g.ie , Abidjan 7--13février 1972.Centre CR8TOD de Petit Bassam~ 7S-XXIV po

ETI3NNE (p 0) 1971 -' La diffusion d e J. v économie monétaire et la trans~­f'o rrna t.Lon ci_es ralJlJorts ao c i.ai..1X chez les Baoulé (Côted'Ivoire).Centre CRSTOE de Petit Bassam, Abidjan, 41 p. dactylo

I~TIRNIŒ Les aspects ostentatoires du ays t èroo économiquebaoulé. (Côte d'Ivoire).(in: Economies e t i:3ociété::i. CaLiers de liLS.}~.A.

T. 2, na 4. Avril 1960, pp. 793-017).

ETIENrŒ (F.) 1971 ~ Les Baoulé f2cc aux rapports de salariat(in : Ca?:icr C:RSTOM~ s érü: Sci. Hum, vol. VIII p na 3,1971. Pll. 235<~242)o