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In ou out: l'Europe a rendez-vousavec l'HistoirePAR LUDOVIC LAMANTARTICLE PUBLI LE JEUDI 23 JUIN 2016

Variation sur le thme de l'Union Jack: le nouveausouvenir en vogue sur Oxford Street, Londres. Reuters

Plus de 46 millions de Britanniques votent ce jeudipour dire sils veulent rester dans lUnion europenne.Un scrutin rvlateur de lextrme fragilit du projeteuropen.

Londres (Royaume-Uni), de notre envoy spcial.-Les soutiens de dernire minute de David BeckhametJ. K. Rowlingen faveur duRemain, le maintien danslUE, convaincront-ils certains indcis ? Plus de 46millions de Britanniques sont appels jeudi aux urnespour prendre une dcision lourde pour leur avenir : ils

doivent choisir sils restent dans lUnion europenneou la quittent. Retour sur les cinq enjeux dun scrutin

hors normes.

Faites une croix ct de votre choix : le bulletin de vote du rfrendum sur l'Europe

1 - David Cameron, le nouvel Harold Wilson ?

Le Royaume-Uni est entr en 1973 dans ce quitait alors la Communaut conomique europenne(la CEE, cre en 1957). Londres avait dj faitcandidature deux reprises par le pass (1961 et1967) mais son adhsion avait t bloque par lesveto du gnral de Gaulle. Ds 1974, le chef dugouvernement travailliste, Harold Wilson, a tent de

rengocier le statut du Royaume-Uni dans lUE, etorganis, dans la foule, un rfrendum. Le maintienlavait emport largement, avec 67 % des voix (et64 % de participation), en particulier grce uneintense campagne des conservateurs emmens parMargaret Thatcher. De ce point de vue, la situationest aujourdhui front renvers : cest le camp desconservateurs, de plus en plus critique de lUE, ettrs divis, qui a organis le rfrendum. Cameron
https://www.theguardian.com/books/2016/jun/20/jk-rowling-eu-referendum-campaignhttp://www.bbc.co.uk/news/uk-politics-eu-referendum-36584685https://www.theguardian.com/books/2016/jun/20/jk-rowling-eu-referendum-campaignhttp://www.bbc.co.uk/news/uk-politics-eu-referendum-36584685http://www.mediapart.fr/node/633935http://www.mediapart.fr/node/633935http://www.mediapart.fr/


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russira-t-il ce jeudi le mme pari que celui de Wilson,quarante-et-un ans plus tt ? Les sondages prdisent

un rsultat beaucoup plus serr. lire sur Mediapart : Ce qui pousse les Grands-

Bretons dcamper . Sur le site du think tankBruegel, sur la campagne de 1974-1975 et lesleons tirer pour celle de 2016. Ou encore cetclairage historique long formatdu Guardian, sur l'europhobie , cette vieille affaire britannique. 2 - Project fear contre project hate

Le meurtre de Jo Cox, une semaine du rfrendum,a eu pour effet dadoucir le ton des dbats dans la

dernire ligne droite. Mais les arguments des deuxcamps (ou en tout cas ceux de leurs reprsentantsles plus mdiatiss) nont pas boug dun iota. Laplateforme pour le Remain met en garde contrelapocalypse conomique qui sannonce en cas deBrexit, sappuyant chaque jour sur de nouvelles tudeset de nouveaux experts travers le monde. Le campduLeave, lui, insiste sur lurgence de reprendre lecontrle sur les frontires du pays, pour bloquerlentre de nouveaux migrants, alors que la Turquie,

mais aussi la Serbie et lAlbanie, sapprtent entrerdans lUE (ce qui est faux).Dans lun des derniers dbats tlviss de lacampagne, mardi soir sur la BBC (voir ci-dessousl'intgralit du dbat), le maire de Londres, letravailliste Sadiq Khan (pour leRemain), sen est pris son prdcesseur, le conservateur Boris Johnson (pourleLeave), coupable ses yeux dalimenter les haines travers le pays (ce quil a dsign comme le projecthate ). Le camp duLeave, lui, accuse rgulirement

les partisans de lUE de jouer sur les peurs et dedramatiser les consquences dun Brexit (ce quilappelle le project fear ). Lors du mme dbat, la trsnergique Ruth Davidson, une conservatrice cossaisefavorable auRemain, a bouscul son collgue Johnson,accusant le camp duLeavedavoir un slogan efficace( take back control ), mais aucun plan crdiblederrire, si le divorce davec lUE se confirme dans lesurnes.

Preuve quil est plutt bon signe que la campagneprenne fin, des rfrences au nazisme ont surgi de tous

les cts. La dernire affiche de la plateforme de NigelFarage (UKIP, pour le Leave), montrant des milliersde rfugis syriens sur les routes dEurope (censsenvahir le Royaume-Uni sous peu), a t compare de la propagande nazie. Avec une emphase quisemble avoir beaucoup plu nombre dobservateurslondoniens, David Cameron a, lui, compar le votede jeudi la dcision quavait prise Winston Churchilldaffronter lAllemagne nazie, parce qu il ne voulait

pas tre seul, il voulait combattre aux cts des

Franais, des Polonais et des autres . Quant auconservateur Michael Gove, ministre de la justice etpartisan du Leave, il a compar mardi les expertsconomiques qui se succdent pour mettre en gardecontre le marasme en cas de Brexit des relais dela propagande nazie, la solde du gouvernement (dont il fait pourtant encore partie) : Dans les annes1930, Albert Einstein avait t dnonc aux autorits

allemandes, parce quon estimait quil avait tort , a-t-il dclar, avant de s'excuser.De son ct, Jeremy Corbyn, le patron du Labour,continue de faire bande part. Partisan du Remain,comme David Cameron, il refuse de faire campagneaux cts du chef de gouvernement. Dans lune de sesrares interventions tlvises, il a expliqu, lundi soirsur Sky, quil ntait pas un amoureux de lEurope, loin de l, mais quil allait voter pour le maintiendans lUE, afin de mieux la rformer de lintrieur(voir l'intgralit de son intervention ci-dessous,

partir de 15'30"). Ce qui a fait dire un chroniqueurdu Times, peu convaincu, quil tait le premier

avoir jou lOde la joieen play-back . lire sur Mediapart, un clairage sur les dbatsconomiques, monopoliss par les partisans du

Remain.
https://www.mediapart.fr/journal/international/190616/le-royaume-uni-sinterroge-sur-les-lecons-tirer-de-la-mort-de-jo-cox?onglet=fullhttps://www.mediapart.fr/journal/international/260516/en-grande-bretagne-les-opposants-au-brexit-monopolisent-le-debat-economiquehttps://www.mediapart.fr/journal/international/260516/en-grande-bretagne-les-opposants-au-brexit-monopolisent-le-debat-economiquehttp://www.thetimes.co.uk/article/corbyn-the-quiet-european-whispers-the-case-to-remain-6qqxdhmxwhttp://www.thetimes.co.uk/article/corbyn-the-quiet-european-whispers-the-case-to-remain-6qqxdhmxwhttp://news.sky.com/video/1714908/in-or-out-corbyn-on-sky-newshttp://news.sky.com/video/1714908/in-or-out-corbyn-on-sky-newshttp://www.independent.co.uk/news/uk/politics/eu-referendum-brexit-live-michael-gove-economy-economic-experts-nazis-apology-a7095536.htmlhttp://www.bbc.co.uk/news/uk-politics-eu-referendum-36570766http://www.theguardian.com/politics/2016/jun/16/nigel-farage-defends-ukip-breaking-point-poster-queue-of-migrantshttps://www.mediapart.fr/journal/international/190616/le-royaume-uni-sinterroge-sur-les-lecons-tirer-de-la-mort-de-jo-cox?onglet=fullhttp://www.theguardian.com/politics/2016/jun/21/brexit-euroscepticism-historyhttps://www.mediapart.fr/journal/international/210616/ce-qui-pousse-les-grands-bretons-decamperhttps://www.mediapart.fr/journal/international/210616/ce-qui-pousse-les-grands-bretons-decamperhttp://www.mediapart.fr/


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3 - Le Royaume-Uni risque-t-il lclatement ?

Nicola Sturgeon James Glossop-Reuters

Aprs la victoire du non au rfrendum surlindpendance de lcosse lautomne 2014, lestensions internes au Royaume-Uni semblaient envoie d'apaisement. Les nationalistes cossais, toujoursmajoritaires dans le nord du pays l'issue des lectionsrgionales de mai 2016, paraissaient mme prts semontrer un peu plus conciliants avec Londres. Maisun Brexit pourrait ractiver les tensions. Sous cet

angle, le pire des scnarios (plausible si lon sen tientaux sondages) est le suivant : une victoire du Brexit,grce une majorit de voix dAnglais, tandis quelcosse, lIrlande du Nord et le pays de Galles, lestrois autres nations du Royaume-Uni, voteraient, eux,pour le maintien dans lUE.Nicola Sturgeon, lindpendantiste la tte delcosse, avait prvenu ds janvier : un Brexitpourrait relancer le dbat sur la tenue dun nouveaurfrendum sur lcosse (mme si cest Londres quidtient les comptences pour le convoquer). AlexSalmond, son prdcesseur, un nationaliste convaincului aussi, a mme expliqu la semaine dernire lescontours du projet de lexcutif cossais, en cas devictoire du Brexit : ngocier Bruxelles un statutad hoc, et tout faire pour maintenir lcosse danslUE Je mattends ce que le parlement cossaisragisse rapidement, partir du mandat que les gens

[en cosse ndlr] lui auront donn dans les urnesjeudi , a affirm Salmond, sans donner beaucoup plusde dtails.

liresur Mediapart, la campagne des nationalistescossais pour le Remain, et les enjeux du vote au

pays de Galles, une terre traditionnelle de la gauche,qui pourrait tre tente par leLeave. 4 - Quel avenir politique pour Cameron, Corbyn

et Farage ?

La une du Times Magazine : Will he stay or will he go?

La question semble passionner beaucoup plus la presseanglo-saxonne que le fait de savoir si Londres vaquitter, ou non, lUE : qui, de David Cameron ou BorisJohnson, va gagner la bataille pour le contrle desTories ? Le ministre des finances George Osborne,partisan zl duRemain, va-t-il prendre la direction duparti conservateur, avec le soutien de Cameron, en casdeRemain? Sans surprise, le chef du gouvernementna cess de rpter quil ntait pas question quildmissionne, quel que soit le rsultat du rfrendum.Mais la pression, en cas de Brexit, risque dtrenorme. La guerre civile qui a divis les Toriesvalaisser des traces. Pour un ditorialiste du Guardian,peu importe le rsultat du scrutin : David Cameron

ne va nulle part .Les spculations vont bon train, galement, surlimpact dun ventuel Brexit sur l'autorit de Corbyn.Accus par beaucoup davoir tran des pieds pourfaire campagne (The Economistle considre commeun saboteur duRemain), il risque dtre point dudoigt par les plus proeuropens au sein de son parti.Mais le Londonien, lu en septembre 2015, en a vudautres. Il a prvenu lundi quil ne porterai[t]pas
http://www.bbc.com/news/uk-politics-35394774https://www.mediapart.fr/journal/international/190914/apres-le-non-en-ecosse-le-royaume-uni-soriente-vers-un-etat-federalhttp://www.bbc.com/news/uk-politics-35394774https://www.mediapart.fr/journal/international/190914/apres-le-non-en-ecosse-le-royaume-uni-soriente-vers-un-etat-federalhttp://www.economist.com/news/leaders/21700391-lacklustre-and-poorly-led-labour-party-letting-down-remain-campaign-jeremy-corbynhttp://www.economist.com/news/leaders/21700391-lacklustre-and-poorly-led-labour-party-letting-down-remain-campaign-jeremy-corbynhttps://www.theguardian.com/commentisfree/2016/apr/24/brexit-remain-david-cameron-loses-referendum-boris-johnsonhttps://www.theguardian.com/commentisfree/2016/apr/24/brexit-remain-david-cameron-loses-referendum-boris-johnsonhttps://www.mediapart.fr/journal/international/200616/au-pays-de-galles-la-colere-des-declasses-alimente-le-brexithttps://www.mediapart.fr/journal/international/200616/au-pays-de-galles-la-colere-des-declasses-alimente-le-brexithttps://www.mediapart.fr/journal/international/130616/brexit-les-independantistes-ecossais-veulent-defendre-l-europehttps://www.mediapart.fr/journal/international/130616/brexit-les-independantistes-ecossais-veulent-defendre-l-europehttp://www.bbc.com/news/uk-politics-35394774https://www.mediapart.fr/journal/international/190914/apres-le-non-en-ecosse-le-royaume-uni-soriente-vers-un-etat-federalhttp://www.mediapart.fr/


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la responsabilit dune victoire du Leave : Quelque soit le rsultat, il faudra faire avec. Et mon agenda

politique restera inchang.

Quant au patron du parti europhobe UKIP NigelFarage, l encore, cest linconnu. Certains dfenseursdun Brexit de gauche jugent quun divorce daveclUE est la meilleure faon den finir avec le UKIP,puisque ce parti aurait alors rempli sa mission l'indpendance du Royaume-Uni , mais aussi perdusa raison dtre. Interrog par Mediapart la semainedernire, un responsable du UKIP au pays de Gallesse montrait beaucoup plus prudent. Nous ne sommes

pas seulement un groupe de pression. Nous sommestrs implants dsormais, et nous avons des ides

sur dautres choses que lEurope : la sant, les

transports Et si le Brexit gagne, il faudra de toute

faon mener les ngociations pour la sortie, et cela va

prendre du temps , prcisait ainsi Sam Gould. lire :Une enqute long format du Guardiansurune nouvelle gnration de conservateurs qui, depuisdix ans, ont entrepris de bousculer la ligne des Toriessur lEurope. Et sur Mediapart : Derrire le Brexit,

les petits calculs de Cameron et Johnson et Lagauche britannique divise sur le Brexit . 5 - Le projet europen menac ?

Le projet europen na pas attendu le 23 juinpour tre menac. La crise migratoire des derniersmois, ou encore la gestion autoritaire de lacrise de leuro depuis 2008, ont contribu sonaffaiblissement. Un Brexit confirmerait lextrmefragilit de la construction europenne, en ces tempsde pousse des partis anti-UE partout sur le continent.

Elle crerait aussi un prcdent : d'autres tatspourraient dcider de s'engouffrer dans la brche. Bruxelles, tout le monde retient son souffle.Comme Mediapartla dj expliqu ici, les dirigeantsdes institutions europennes, qui redoutent toujoursles rfrendums, sont plongs dans un mutismequasi total depuis des semaines. Ils savent, vu leurimpopularit au Royaume-Uni, que n'importe laquellede leurs dclarations peut tre utilise par le camp du

Leave.

Si le Remain passe, cest le dbut dune longuengociation pour finaliser le nouveau statut de la

Grande-Bretagne dans lUE, tel quil a t ngocipar David Cameron au conseil europen de fvrier(lire notre analyse lpoque). En cas de victoire duBrexit, cest le dbut dune ngociation qui sannonceencore plus longue et laborieuse, d'au moins deux trois ans David Cameron s'il ne dmissionnepas dans la foule des rsultats fera jouer larticle50 du trait de Lisbonnequi prvoit la sortie duntat membre de lUE (il nexiste, au passage, aucunedisposition similaire au sein de la zone euro). Puis il

ngociera (avec qui ? comment ?) un nouveau statut,cens rgir les relations entre Londres et Bruxelles (enparticulier pour laccs au march unique europen,qui intresse bien sr les entreprises britanniques).

Sagira-t-il dun accord bilatral sur le modle suisse ?Dune union douanire comme celle entre lUE etAnkara ? Deux autres scnarios tiennent la corde :un statut amnag au sein de lEspace conomiqueeuropen, similaire celui de la Norvge, ou uncalque des relations entre lUE et le Canada, inspir

de laccord de libre-change (le CETA) qui pourraitentrer en vigueur dans les mois venir. Quoi qu'ilen soit, l'incertitude devrait tre maximale dans lespremires semaines suivant un Brexit.

Les unes de journaux londoniens, mardi
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