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L’argent a-t-il une influence positive sur le sport professionnel ? Travail Autonome 2007 - 2008 Benoît Jean-Mairet FCE 314

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L’argent a-t-il une influence positive sur le sport professionnel ?

Travail Autonome 2007 - 2008

Benoît Jean-Mairet

FCE 314

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Table des matières

Introduction ............................................................................................................................... 3 Le sport dans l’actualité ...................................................................................................................... 3 Motivations à choisir ce sujet.............................................................................................................. 3 Enoncé de la problématique ................................................................................................................ 3 Construction du dossier ....................................................................................................................... 4 Recherche d’informations ................................................................................................................... 4 Remarque ............................................................................................................................................ 4

Développement........................................................................................................................... 5 Point de vue des partisans........................................................................................................ 5 Amélioration de la préparation des athlètes (entraînement, suivi médical, …) .................................. 5 Amélioration du matériel .................................................................................................................... 5 Structures de formation pour les jeunes athlètes ................................................................................. 6 Augmentation du niveau de jeu........................................................................................................... 6 Les apports de la médiatisation ........................................................................................................... 7 Point de vue des opposants ...................................................................................................... 8 Le dopage ............................................................................................................................................ 8 La corruption ....................................................................................................................................... 9 Formation des jeunes athlètes, entre dérives et gaspillage .................................................................. 9 Les travers du sport spectacle............................................................................................................ 10 Diminution de l’incertitude liée aux résultats ................................................................................... 11 Petite parenthèse : les ligues fermées ................................................................................................ 12 L’arrêt Bosman et ses conséquences ................................................................................................. 12 Médiatisation inégale ........................................................................................................................ 13 Augmentation du coût du spectacle sportif ....................................................................................... 14

Conclusion ............................................................................................................................... 15 Bibliographie ........................................................................................................................... 16

Annexe I : Questionnaire........................................................................................................ 17 Annexe II : Récapitulatif des résultats de mon sondage ....................................................... 18

Annexe III : Articles de journaux .......................................................................................... 20

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Introduction Le sport dans l’actualité De nos jours, l’actualité sportive occupe une position centrale dans de nombreux journaux ainsi que dans la programmation de nombreuses chaînes de télévision. Elle ne se contente plus d’une simple présentation des principaux résultats sportifs, assortie de quelques commentaires et analyses, mais fait également état des sommes astronomiques investies dans le sport professionnel. Les revenus des meilleurs athlètes mondiaux et les chiffres d’affaires des grands clubs sportifs, gérés comme de grandes entreprises, sont faramineux. Parallèlement à cet avènement du sport-business, l’actualité sportive relate aussi différents scandales occasionnés par la présence de trop d’argent dans ce milieu. Ainsi, de nombreuses affaires de dopages éclaboussent chaque année le Tour de France, la principale épreuve cycliste de l’année. De même, lorsque Andy Murray, un jeune et talentueux tennisman anglais, déclare que : «La corruption existe dans le tennis. C’est très décevant pour les joueurs, mais tout le monde sait que cela est fréquent »1, on ne peut que s’interroger sur la nature de la relation entre argent et sport. L’actualité fait quotidiennement référence à l’influence de l’argent sur le sport professionnel. L’argent en est même devenu l’un des thèmes récurrents. Ce sujet est par conséquent plus que jamais au cœur de l’actualité et suscite de nombreuses polémiques. Motivations à choisir ce sujet Depuis de nombreuses années, j’aime le sport. Que ce soit dans le suivi de l’actualité sportive comme dans le cadre d’une pratique personnelle. En effet, je suis avec enthousiasme l’évolution de nombreuses compétitions nationales et internationales de différents sports : football, basketball, hockey sur glace, tennis et autres. Parallèlement, je pratique de nombreux sports depuis mes plus jeunes années. Malgré cette passion, je reste tout de même sceptique face au système actuel et à ses nombreuses dérives. Je ne peux que dénoncer le visage de certaines compétitions et me demander si tant d’argent dans le sport lui est réellement bénéfique. Ce Travail Autonome est une occasion d’approfondir mes connaissances en la matière. Enoncé de la problématique C’est donc avec enthousiasme que votre serviteur s’est lancé dans l’élaboration du présent dossier. L’objectif de mon Travail Autonome est de répondre à la question suivante : « L’argent a-t-il une influence positive sur le sport professionnel ? » En préambule, je souhaite expliquer la notion de sport professionnel. J’ai choisi de définir cette dernière comme la pratique d’une discipline sportive au plus haut niveau permettant à l’athlète de vivre de cette activité. Mettre de côté l’aspect amateur de la pratique sportive peut sembler restrictif, tant les interactions entre amateurisme et professionnalisme sont intéressantes à étudier, mais c’est probablement dans le milieu du sport professionnel que la relation avec l’argent est la plus significative.

1 Julie Conti, « La corruption existe dans le tennis », in : Le Temps, 10 octobre 2007

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Construction du dossier A la suite de cette introduction, je présenterai deux points de vue différents et opposés face à la problématique de l’argent dans le milieu du sport professionnel. Le premier se fera l’avocat du diable en défendant la nature bénéfique des influences pécuniaires sur ce milieu alors que la seconde présentera les effets néfastes engendrés par les trop importants capitaux investis dans ce même milieu. Ces deux argumentations se succéderont dans l’ordre précité et auront pour objectif de convaincre le lecteur de leur bien-fondé. Ces deux parties ne présentent pas mon propre point de vue. J’en ai bien entendu manipulé le contenu moi-même, mais j’ai essayé de faire le plus possible abstraction de mes opinions. Ce n’est que dans la partie finale de ce dossier, sa conclusion, que j’esquisserai le tableau de mes convictions les plus profondes. Recherche d’informations Dans le cadre de ce Travail Autonome, j’ai choisi de faire un sondage. Ce dernier a pour objectif de déterminer l’avis des gens quant à l’influence de l’argent dans le domaine du sport professionnel. J’ai donc créé un questionnaire que j’ai fait remplir par une cinquantaine de personnes. Je me suis par exemple rendu à la rue de Bourg pour le faire remplir par des gens que je ne connaissais pas. J’ai aussi rendu mon questionnaire accessible via l’Internet, ce qui m’a permis de récolter bon nombre de réponses. L’un des objectifs de ce sondage était de questionner un échantillonnage de personne qui soit représentatif de la population. Je me suis donc efforcé de le faire remplir par des personnes de sexe, d’âge et de milieu social différent. J’ai crée un questionnaire qui soit relativement rapide à remplir, pour ne pas décourager ceux qui hésitent à y répondre. J’ai ensuite regroupé les informations recueillies pour en retirer diverses statistiques, lesquelles étaieront ultérieurement mon argumentation. Ce travail m’a demandé un investissement en temps et en énergie considérable, mais mon dossier aura ainsi une touche plus personnelle. Je ne présenterais pas les résultats de mon sondage dans la présente introduction. J’y ferai par contre allusion par la suite afin de montrer quelle fut la position des personnes interviewées sur divers points de la problématique ici débattue. Le lecteur attentif trouvera, en annexe, mon questionnaire ainsi qu’un récapitulatif des réponses reçues. Remarque Toutes les images de ce dossier sont tirées d’internet. Une grande majorité d’entre elles proviennent du moteur de recherche d’images de Google.

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Développement

Point de vue des partisans La présence d’argent dans le milieu du sport professionnel permet à ce dernier d’en retirer de nombreux avantages. L’amélioration de la préparation et du matériel mis à disposition des athlètes a ainsi contribué à une nette amélioration du niveau de jeu et des performances sportives. Le spectacle offert aux passionnés a ainsi vu sa qualité être améliorée. De plus, les enjeux financier présents dans le milieu du sport professionnel ont contribué à l’établissement d’une véritable économie sportive (ventes de matériel sportif, rentrées publicitaires, création d’emplois, …) dont les bénéficiaires sont nombreux. De manière plus générale, il convient de garder à l’esprit l’idée que sans argent, il n’y aurait tout simplement pas de sport professionnel. Amélioration de la préparation des athlètes (entraînement, suivi médical, …) Le rythme auquel les matches s’enchaînent dans une saison est devenu relativement élevé. Un joueur de NBA (National Basketball Association, championnat de basketball professionnel aux Etats-Unis) peut ainsi disputer plus de cent matchs en moins de neuf mois. Pour être compétitif durant toute une saison, ou simplement pour éviter des blessures à répétition, l’athlète moderne doit bénéficier d’une préparation optimale. Heureusement pour ces derniers, les importants moyens financiers mis à disposition des clubs et fédérations sportives ont permis d’améliorer grandement les méthodes d’entraînement et le suivi médical des athlètes. De nombreuses recherches dans le domaine sportif menées par les milieux scientifiques ont grandement contribué à ces développements. L’encadrement de l’élite sportive a lui aussi connu de grands changements. De nos jours, cet encadrement comprend de nombreux spécialistes et professionnels aptes à préparer et conseiller l’athlète de manière efficace (planification de la carrière de l’athlète, alimentation, soutien psychologique, …) Amélioration du matériel La recherche d’un matériel plus performant est l’une des préoccupations majeures du milieu du sport de haut niveau. Ces avancées technologiques ont un impact certain sur l’augmentation du niveau de jeu et l’amélioration des performances sportives. Parallèlement, la sécurité des athlètes bénéficie elle-aussi de ces développements matériels. Dans une discipline comme le ski alpin, ou la victoire se joue pour quelques centièmes de secondes, avoir un bon matériel est primordial. Un compétiteur mal équipé n’obtiendra pas de bons résultats, aussi talentueux soit-il. Cette discipline a d’ailleurs connu une véritable révolution avec l’apparition des skis « carving », lesquels permettent au skieur de négocier les virages sans déraper. Cela se traduit par un gain de vitesse conséquent. Comme nous le montre le tableau ci-contre, le nombre d’accidents mortels sur les circuits de Formule 1 a très

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nettement chuté depuis le début des années 80. Il y a bien entendu toujours de nombreux accidents en F1, mais les mesures de sécurité ont été nettement améliorées. Les circuits sont mieux équipés, les équipes de secours sont plus efficaces et les voitures sont conçues afin de mieux protéger l’athlète en cas d’accident. En cas de choc frontal, l’avant de la voiture absorbe l’énergie cinétique du choc (énergie liée à la vitesse du véhicule) en se déformant et un caisson de sécurité protège le pilote. Structures de formation pour les jeunes athlètes Obtenir des résultats de premier plan dans les grandes compétitions internationales passe par une longue préparation. Le travail de détection de jeunes talents et leur formation est d’une importance capitale pour la réussite future de ces derniers. En France, l’Insep (Institut national du sport et de l’éducation physique) a été crée en 1945. et a pour objectif d’assurer la formation sportive et scolaire de l’élite française de demain. A ce jour, plusieurs athlètes de renom ont séjourné dans cet institut et bénéficié de ses infrastructures. Tony Parker et Boris Diaw, deux stars françaises du basket NBA aux Etats-Unis, y ont ainsi été formés. La Suisse a également mis en place, dans des proportions moindres, une structure similaire en créant l’OFSPO (Office Fédérale du Sport à Macolin). Dans d’autres sports, la plupart des grands clubs ont mis en place leur propre centre de formation et s’occupent eux-mêmes de la formation scolaire et professionnelle de leurs futurs talents. Mettre en place de tels systèmes de formation est bien entendu coûteux, mais donner l’opportunité aux jeunes talents de bénéficier d’un encadrement de qualité est nécessaire si l’on souhaite leur donner une chance de percer au plus haut niveau. Le système de formation sportif est différent aux Etats-Unis. En effet, ce sont les High School (lycées) et les universités qui forment la relève sportive et les championnats universitaires de basketball, de baseball et de football américain y suscitent d’ailleurs un engouement sans précédent. Après leur cursus universitaire, les plus talentueux seront recrutés par les équipes de la NBA, de la MBL (Major Baseball League) et de la NFL (National Football League), alors que d’autres iront jouer comme professionnels en Europe. Certains étudiants ayant fait partie d’une équipe universitaire ne deviendront pas professionnels et, une fois leur licence universitaire obtenue, occuperont en emploi hors du cadre sportif. Augmentation du niveau de jeu En 1968, Bob Beamo (USA) a battu le record du monde de saut en longueur, l’améliorant de plus de cinquante centimètres. Il a fallu attendre vingt-trois ans pour voir ce record être battu par Mike Powell (USA). Un tel exploit fait néanmoins figure d’exception. Le 100 mètres masculin, discipline phare de l’athlétisme, a par exemple vu son record du monde être amélioré à quatre reprises depuis le temps record de Donovan Bailey (CAN; 9’’84) au JO d’Atlanta en 1996.1 Ainsi, de nnombreux records du monde sont régulièrement améliorés. Si certains résistent longtemps à l’épreuve du temps, la grande majorité d’entre eux sont régulièrement battus. 1 Source : www.wikipedia.org

Tony Parker est un pur produit de l’Insep. En 2007, il a été élu MVP (Most Valuable Player) de la finale du championnat de la NBA.

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Transféré à prix d’or de l’Atletico Madrid à Liverpool l’été dernier, Fernando Torres (à g.) est l’une des principales attractions de la Premiership anglaise.

Outre l’établissement de nouveaux records du monde, la présence d’argent dans le sport tend à augmenter le niveau de jeu de nombreuses compétitions. Avec plus de moyens, les grands clubs peuvent acquérir de meilleurs joueurs et les grands championnats internationaux sont ainsi le théâtre d’affrontements entre des équipes alignant plusieurs joueurs de classe mondiale. De par leur très haut niveau technique et tactique, ce type de match est extrêmement intéressant à suivre. La Premiership anglaise (1ère division du football en Angleterre) en est l’un des meilleurs exemples. De nombreuses stars du ballon rond évoluent maintenant Outre-Manche et les effectifs des équipes phares du championnat font rêver. Chaque week-end, affrontements prestigieux et gestes techniques de grande classe attirent bon nombre de spectateurs ébahis par de telles performances.

Les apports de la médiatisation L’importance des médias pour le sport est énorme. Ce sont ces derniers qui relaient l’information et qui permettent à de nombreuses compétitions d’exister. Certaines grandes compétitions tels le Tour de France, la Ligue des Champions ou encore la Coupe du Monde de ski alpin ont d’ailleurs été créé par des journaux afin d’augmenter leurs ventes. Sans médiatisation, le sport de haut niveau n’existerait tout simplement pas. Les droits de retransmission représentent aujourd’hui une source de recettes prépondérante pour de nombreux clubs et de nombreuses fédérations. Aujourd’hui, ces droits de retransmissions atteignent des sommes incroyables. Canal + est

ainsi « le principal financeur du football français avec des droits télévisuels de 1,8 milliards d’euros payés pour trois années, jusqu’en 2008 ».1 Il y a quelques années, certains prétendaient que cette augmentation de l’offre sportive à la télévision se traduirait par

une diminution des affluences dans les stades. Pourtant, et la situation actuelle le confirme, il n’en est rien. D’après Jean-Luc Bennahmias, un journaliste et homme politique français, « le nombre de retransmissions a été multiplié par dix en une quinzaine d’années, alors que l’affluence globale des stades a augmenté de 30 % ».2

1 Source : www.lemensuel.net/Une-mediatisation-mondialisee-mais.html 2 Bennahmias, Jean-Luc, Rapport sur le sport de haut niveau et l'argent, Conseil économique et social de France, 2002

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Tour de France, 13 juillet 1967 : Tom Simpson, cycliste anglais, décède lors de l’ascension du Mont Ventoux. On apprendra plus tard que la prise d’amphétamines fut l’un des facteurs de son décès.

Point de vue des opposants Le dopage Le dopage semble être devenu l’un des thèmes récurrents de l’actualité sportive depuis une dizaine d’années. Toutefois, cette pratique est très ancienne ; Dans l’Antiquité déjà, des moyens autres que l’entraînement visant à améliorer les performances étaient déjà utilisés. De lourdes sanctions étaient néanmoins déjà prévues, doper ses chevaux pour une course de chars pouvant par exemple entraîner la crucifixion chez les Romains ! Si les premiers cas de dopages dans le sport moderne remontent eux à 1865, cette pratique a connu un accroissement dès la fin des années 1950, avec l'arrivée sur le marché de produits dopants à activité hormonale (hormone de croissance par exemple). Certains sports tels le cyclisme ou l’athlétisme sont plus durement touchés que d’autres par ce fléau, ne serait ce que pour la prépondérance de la condition physique de l’athlète dans ces sports. D’autres sports, dans lesquelles la dimension technique est plus importante, sont ainsi moins durement touchés. Les causes du dopage Dans le sport moderne, la gloire et les trophées ne sont partagés que par les vainqueurs. Les médias et les (télé)spectateurs ne s’intéressent généralement guère aux seconds couteaux. Le sportif de haut niveau cherche à réaliser de grandes performances, et la recherche de la gloire et du succès est l’une des causes du dopage. A cela s’ajoute le fait qu’une carrière sportive est relativement brève et peut même être interrompue prématurément suite à une grave blessure. De plus, une série de mauvais résultats peut, comme pour tout autre travailleur, déboucher sur une rupture de contrat et un licenciement. N’oublions pas qu’un sportif professionnel doit, comme tout le monde, gagner sa vie. Le dopage peut être vu comme un

moyen d’améliorer ses performances dans le cadre de son travail pour mieux gagner sa vie. Pour s’attirer les grâces du public, les organisateurs doivent proposer un spectacle intéressant. Pour ce faire, ils mettent en place des épreuves surhumaines (il suffit de jeter un coup d’œil au parcours d’un Tour de France pour s’en convaincre). Michel Drucker, ancien journaliste sportif, a d’ailleurs souligné ce problème : « Depuis quelque temps on nage en pleine hypocrisie. Qui peut croire qu'on peut grimper quatre cols par jour à l'eau de Vittel, courir 25 étapes en trois semaines sans se « soigner ». Vous croyez qu'un navigateur solitaire affronte le cap Horn ou les 40ièmes Rugissants en buvant du thé ? Tous les journalistes sportifs de ma génération vous le diront : de tout temps, tout le monde en a pris et on l'a toujours su. Le cyclisme est un sport hallucinant de sacrifice, où la douleur est intense. Avec ça, les

coureurs courent dix mois par an. On ne peut pas enchaîner les Classiques belges, Paris-Roubaix, Milan San Remo, un Tour de France, un Tour d'Italie avec un tube de vitamine C ! Dans tous les sports, c'est la même chose. Les sportifs ont pour des millions de sponsoring sur le dos. Les enjeux financiers sont énormes. On leur demande toujours plus de performances ». 1 1 Putanier, Delphine, L’avènement du sport business et ses dérives, Lyon, Université de Lyon, 2000

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A défaut de pouvoir le combattre efficacement, devrions-nous autoriser le dopage ?

Comme son témoignage l’illustre, il devient de plus en plus difficile de rester compétitif et performant tout au long d’une saison sans ne rien « prendre ». Les conséquences du dopage Le premier reproche que l’on peut faire au dopage et qu’il est contraire à l’égalité des chances, notion associée depuis longtemps à l’éthique sportive. Nous pourrions être tentés de penser qu’autoriser le dopage pourrait être une solution, car tous les athlètes seraient ainsi à nouveau sur un pied d’égalité. Cette idée est néanmoins balayée par le fait que les athlètes les plus fortunés auraient toujours un avantage sur les autres car ils pourraient s’attacher les services des meilleurs « experts » en matière de dopage. Mais au-delà de l’équité sportive, la conséquence la plus grave du dopage concerne la santé des intéressés. Comme le souligne M. Jean-Pierre de Mondenard, ancien responsable des contrôles anti-dopage sur le Tour de France : « Pour les coureurs des vingt-cinq dernières années, le risque de décès cardiaque avant quarante-cinq ans est cinq fois supérieur à la moyenne chez les cyclistes professionnels ».1 Le dopage semble être le principal problème du sport moderne. La lutte antidopage a toujours un temps de retard sur les nouveaux produits disponibles sur le marché. Les sportifs qui se font pincer sont généralement les imprudents ou les mal conseillés et il y a beaucoup à parier que beaucoup passent entre les gouttes. La corruption Autre grande dérive qui a beaucoup fait parler d’elle ces deniers temps, la corruption dans le milieu sportif tend à augmenter depuis l’avènement des paris sur internet. Plusieurs grands scandales de corruption ont éclaboussé, entre autres, le tennis, le football et le basketball. Beaucoup d’accusations pèsent actuellement sur certains joueurs de tennis. En particulier sur Nikolaï Davydenko. Petit rappel des faits : lors d’un tournoi mineur en Pologne en août 2007, Nikolaï Davydenko, alors 5ème joueur mondial, affronte un illustre inconnu. Bien qu’il soit largement favori, la plupart des parieurs misent contre lui et son abandon dans le même match paraît dès lors plus que suspect. La NBA est elle aussi durement touchée par un scandale de corruption. En juillet 2007, un arbitre de la ligue a avoué avoir parié sur plusieurs matchs, dont un qu’il a lui-même arbitré. La plupart des affaires de corruption sont liées aux paris sur internet. La corrélation entre argent, paris et corruption est plus qu’évidente, et il semble que ce problème va encore faire parler de lui à l’avenir. Formation des jeunes athlètes, entre dérives et gaspillage Les centres de formation recrutent de jeunes sportifs à un très jeune âge, parfois à 12 ans déjà. Il est vrai qu’une chance de percer au plus haut niveau leur est ainsi donnée, mais il ne faut pas perdre de 1 De Mondenard, Jean-Pierre, « Dopage, l’imposture des performances », Chiron

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Jennifer Capriati, un parcours atypique illustrant la difficulté que connaissent de nombreux jeunes athlètes face aux pressions très importantes qui pèsent sur leurs épaules.

vue que peu d’entre eux deviendront professionnels par la suite. Il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. Dès leur entrée dans un centre de formation, ces jeunes espoirs sont soumis à une charge de travail très importante. Ils doivent concilier entraînements, formation scolaire et professionnelle et compétition. Très souvent, la formation scolaire et professionnelle est mise de côté et négligée par les jeunes sportifs, comme l’illustre la déclaration d’un entraîneur de natation russe : « Si l’école et le sport de compétition ne peuvent être coordonnés, il devra arrêter…l’école ».1 De plus, la reconversion des sportifs d’élite est souvent difficile, peu gagnent assez durant leur carrière pour ne plus avoir à travailler pour gagner leur vie par la suite, et la formation scolaire et professionnelle se doit par conséquent d’être assurée. De même, ces jeunes sont arrachés très jeunes à leur cadre familial et il y a fort à parier que leur développement personnel en pâti. Certains sont parfois recrutés par de grands clubs étrangers et quittent ainsi leurs pays à 15 ans pour partir seul dans un pays dont ils ne parlent souvent pas la langue. Si certains deviennent professionnels, la majorité échoue et va droit vers de grandes et amères déceptions. Bien que ces systèmes de formation visent à mettre en place des conditions favorables pour la réussite de certains espoirs, cela s’accompagne d’effets pervers, cela également pour ceux qui réussissent une grande carrière professionnelle. Pour faciliter la tâche d’un jeune sportif de haut niveau, on lui enlève une grande partie de ses responsabilités, afin qu’il puisse se concentrer sur sa pratique sportive. Comme le souligne Nicole Abar, présidente de l’association Liberté des joueurs, cela peut perturber sa vie personnelle : « il est pris en charge sur tout, on organise tout pour lui, on décide tout pour lui et

(...) quand il arrive à un super niveau de performance dans un sport majeur, il se retrouve parfois subitement à la tête de sommes extrêmement importantes et fait l’objet d’une très forte médiatisation à laquelle il n’est pas préparé et qui perturbe parfois gravement sa vie personnelle ».2 L’exemple de Jennifer Capriati, une joueuse de tennis américaine, est un bon exemple des difficultés que peut connaître une sportive, certes extrêmement talentueuse, lorsqu’il s’agit de gérer la pression et les attentes placées en elle. En 1992, elle gagne la médaille d’or aux JO de Barcelone en battant Steffi Graff, l’une des meilleures joueuses de la planète à l’époque, en finale. Elle n’est alors âgée que de 16 ans ! Pourtant, malgré de son immense talent, elle ne parvient pas à supporter l’énorme pression qui pèse sur ses épaules. En 1993, suite à plusieurs contre performances, elle décide de faire une pause et stoppe sa carrière professionnelle. S’en suit une longue descente en enfer ; elle est arrêtée pour vol à l’étalage en décembre 1993 et pour possession de drogue en mai 1994. Ce n’est que deux ans plus tard qu’elle fait son retour sur le circuit et elle devra attendre jusqu’en 1999 pour enfin gagner un nouveau tournoi. Par la suite, ses succès sportifs seront nombreux et

elle est considérée comme l’une des meilleures joueuses de l’histoire. Les travers du sport spectacle

1 Pöttinger, Peter, Wirtschaftliche und soziale Grundlagen der Professionalisierung im Sport, Wiesbaden : Limpert, 1989 2 Bennahmias, Jean-Luc, Rapport sur le sport de haut niveau et l'argent, Conseil économique et social de France, 2002

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Le public et les médias veulent que le sport soit spectaculaire. Ainsi, la vitesse des skieurs et des voitures de courses est de plus en plus importante, les règles sont modifiées pour accélérer le jeu, les athlètes sont mieux préparés, courent plus vite, sautent plus haut et sont techniquement plus forts qu’avant. Il est vrai que cela contribue dans certains cas à rendre le spectacle plus intéressant, mais cela se fait parfois au détriment de la sécurité des athlètes. Nous avons vu que le nombre d’accidents mortels en F1 a nettement diminué ces dernières années, mais toutes les disciplines ne connaissent pas le même phénomène. Il y a peu de chutes en descente (la discipline du ski alpin où la vitesse est la plus élevée), mais elles sont souvent graves. Le matériel est de plus en plus performant, et cela se traduit par une augmentation de la vitesse à laquelle les skieurs descendent ces pistes vertigineuses. Malheureusement, une chute à plus de 100 km/h peut arriver et ses conséquences ne sont jamais anodines. La recherche du spectacle est une bonne chose, mais elle ne devrait pas faire courir des risques de plus en plus importants aux sportifs. Diminution de l’incertitude liée aux résultats Cette recherche du sport spectacle se traduit également par une augmentation du nombre d’affrontements prestigieux entre grandes équipes. La Ligue de Champions (compétition réunissant les meilleures équipes de chaque championnat européen) en est la parfaite illustration. J’ai parcouru le site www.chiffresdufootball.net.fr pour y relever le nom de toutes les équipes ayant participé à un ¼ de finale de cette compétition au cours de ces cinq dernières années. Le graphique suivant présente de quelle manière sont représentées les nations européennes à ce stade de la compétition. Il en ressort qu’au cours de ces cinq dernières années, les clubs de trois pays s’y sont partagé le ¾ des places disponibles. La situation est comparable dans le championnat national de nombreux pays, où ce sont très souvent les mêmes équipes qui se retrouvent aux premières places. L’argent a pris une telle importance qu’il est impossible pour un petit club de lutter contre un grand. La différence entre les clubs les plus riches et les autres ne fait que s’agrandir. Ces clubs disposent des meilleurs effectifs et des plus gros budgets. Il n’est donc pas étonnant de les voir truster les premières places de leur championnat, engrangeant des primes de victoires plus importantes et percevant des droits de retransmission plus importants que ceux de leurs adversaires. Il y a bien entendu quelques surprises chaque année, mais les meilleurs joueurs de ces clubs, ayant réalisés de grandes performances tout au long de la saison, intéressent alors de plus grands clubs et finissent souvent par rejoindre. Ainsi, les grands club réalisent les gains les plus importants et attirent les meilleurs joueurs. A force de voir toujours les mêmes équipes triompher, l’intérêt de la compétition diminue. On connait d’avance les vainqueurs et une certaine lassitude s’installe ainsi chez le spectateur.

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Drafté en 1984 par les Chicago Bulls, Michael Jordan deviendra, quelques années plus tard, l’un des meilleurs basketteurs de l’histoire

Petite parenthèse : les ligues fermées Le concept de ligue fermée, développé par les américains, peut à cet égard se révéler être intéressant. Dans les 3 grands championnats américains, la NBA, la NHL (National Hockey League) et la NFL, il n’y a pas de système de promotion-relégation comme en Europe, le même « Salary Cap » (plafond salarial qui ne peut être dépassé) est imposé à toutes les équipes de la ligue et la « Draft »1 annuelle permet aux moins bonnes équipes d’engager les meilleurs « rookies »2. Ce système de ligue fermée permet d’avoir une incertitude liée au résultat plus grande que dans les ligues ouvertes en Europe. Le salary cap fait que toutes les équipes ont le même budget pour le salaire de leur effectif et les transferts se font par échange de joueurs, et non en les achetant. En engageant Michael Jordan en 1984, les Chicago Bulls ont mis la main sur l’un des meilleurs joueurs de l’histoire de ce sport et il y a fort à parier que ce club n’aurait pas gagné 6 titres de champions NBA sans lui. Peut-être qu’avec un système plus européen, ce joueur aurait rapidement rejoint un club plus fortuné et ayant plus de chances de gagner un titre. Ce système de ligue fermée permet donc d’avoir un championnat garantissant un constant équilibre des forces, puisque les moins bons clubs peuvent recruter les meilleurs jeunes joueurs. La question de savoir si certains championnats européens doivent prendre la forme d’une ligue fermée peut être posée. Elle a d’ailleurs déjà été étudiée dans le hockey suisse et dans le football européen. Le G14, un syndicat regroupant les clubs les plus fortunés d’Europe ayant été créé en 2000, a menacé de créer une ligue fermée, ouverte uniquement aux plus grands clubs européens. Ce syndicat a été dissout le 14 février 2008 après avoir obtenu des instances dirigeantes du football que les clubs soient indemnisés lorsque leurs joueurs internationaux jouent pour leur pays. Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue que ce type de ligue n’accepte que les clubs très fortunés et que cela ôte toute chance à un autre club, pas assez fortuné pour être accepté dans cette compétition, d’y participer. L’arrêt Bosman et ses conséquences Un joueur du FC Liège, Jean-Marc Bosman, a contribué à l’un des plus grands changements dans le paysage du football européen. En 1995, il était sans contrat avec son club et avait besoin de l’autorisation de ce dernier afin de pouvoir jouer pour un autre club et ainsi gagner sa vie. Malheureusement pour lui, son employeur avait toute autorité pour demander une indemnité de transfert à son futur club et pouvait légalement s’opposer à son départ. Etant sans emploi, le joueur entama une procédure judiciaire et attaqua son club. La décision rendue par la Cour de Justice des Communautés européennes le 15 décembre 1995 a considérablement bouleversé le football européen. Deux points essentiels sont à distinguer parmi le jugement rendu par la Cour. Premièrement, demander le paiement d’une indemnité de transfert (d’un club européen vers

1 Chaque année, tout joueur âgé de 19 à 23 ans peut se déclarer sélectionnable pour la Draft. Au terme de la saison, chaque équipe peut choisir un joueur de cette liste, chacune à son tour et en commençant par les équipes les moins bien classées à la fin de la saison régulière. Ce système permet aux moins bonnes équipes d’acquérir les jeunes joueurs les plus prometteurs. 2 « Débutant », joueur effectuant sa première saison dans la ligue.

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Ce visage, méconnu du grand public, est celui de Mathias Simmen. Ce biathlète suisse est le premier représentant de notre pays à être monté sur un podium de la coupe du monde de biathlon. Il est l’un des nombreux sportifs professionnels qui, sans être sous le feu des projecteurs et gagnant modestement sa vie, n’en démérite pas pour autant.

un autre club européen) pour un joueur européen dont le contrat a expiré est contraire au Traité de Rome. Deuxièmement, la limitation du nombre de joueurs européens dans les championnats européens étaient dès lors illicite. Cela s’apparentait en effet à une discrimination du travailleur au vu de sa nationalité, fait contraire à la législation européenne. L’arrêt Bosman a de nombreuses incidences aujourd’hui. Les clubs de certains pays s’en trouvent désavantagés. Les championnats français et hollandais en sont les exemples frappants. Les meilleurs joueurs de ces pays évoluent presque tous dans de grands clubs étrangers. Les clubs français n’étant pas assez fortunés pour les conserver au pays. D’autres championnats, en Angleterre, en Espagne ou en Italie par exemple, profitent de cet arrêt Bosman. Etant dotés de moyens financiers fort appréciables, ils engagent les meilleurs joueurs français, suisses, hollandais et portugais dans leur effectifs. La différence de moyens financiers entre clubs de différents pays ne fait qu’augmenter la différence de niveaux entre ces clubs. Et ce n’est pas un hasard si les clubs des pays précités dominent les grandes compétitions européennes. Toutefois, il est intéressant de constater qu’au niveau des équipes nationales, les conséquences sont toutes autres. La récente élimination de l’équipe d’Angleterre en vue du championnat d’Europe 2008 en Suisse et la polémique qui a suivi1 en est le parfait exemple. Il semble que les équipes nationales des pays dont les clubs sont lésés en raison de l’arrêt Bosman obtiennent des meilleurs résultats que les pays exploitant leurs meilleurs joueurs. Les meilleurs joueurs français évoluent tous à l’étranger, et les places de titulaires dans le championnat de France sont occupées par de jeunes espoirs français. Il en va de même dans de nombreux pays. La situation est très différente pour les jeunes espoirs anglais ou espagnol. Le championnat anglais regroupe bon nombre de grandes stars du football mondial et prétendre à une place de titulaires en Angleterre est devenu chose difficile pour bon nombre de jeunes britanniques. Ce n’est pas un hasard si les résultats de l’équipe d’Angleterre ne sont pas à la hauteur de celles des équipes phares du championnat. Médiatisation inégale Nous avons vu précédemment que la médiatisation permettait à de nombreux sports d’exister. Cependant, il convient de souligner les inégalités relatives à cette dernière. Si le football et l’athlétisme en Europe, ou le basketball, le hockey sur glace et le football américain aux Etats-Unis bénéficient d’une couverture médiatique et de retombées économiques très importantes, il n’en va pas de même pour de nombreux sports et pour de nombreuses compétitions. De nombreuses manifestations et de nombreux sports ne bénéficient que d’une très faible couverture médiatique et ils doivent fournir des efforts conséquents pour obtenir des financements. De plus, les médias et le public ne s’intéressent qu’aux vainqueurs. Une grande inégalité de traitement s’est installée dans le milieu du sport professionnel. Certains sont sous le feu des projecteurs et bénéficient du système alors qu’une grande majorité vivent dans l’ombre et ont parfois des difficultés à joindre les deux bouts en fin de mois. Pour les athlètes de premier plan, les retombées médiatiques sont importantes et ils en 1 Skills gap, The Economist, samedi 24 novembre 2007

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Source : sondage effectué dans le cadre de mon Travail Autonome.

bénéficient non seulement grâce au contrat qu’ils ont signé avec leurs employeurs, mais aussi grâce à leurs nombreux sponsors. Il ne faut pas oublier que l’image que véhiculent les grands sportifs est extrêmement intéressante du point de vue commercial et que de nombreuses grandes marques l’utilisent pour promouvoir leurs produits. Les autres athlètes, c'est-à-dire la grande majorité, ne bénéficient que d’une faible médiatisation et la plupart gagnent juste de quoi couvrir leurs frais. Augmentation du coût du spectacle sportif L’économie sportive est soumise à la loi de l’offre et de la demande. Le succès du sport est planétaire et la demande est très importante. L’offre, même si elle s’est considérablement étoffée au cours de ces dernières années, ne peut être augmentée de manière exponentielle et illimitée. La demande est plus importante que l’offre et cela se traduit par une augmentation du coût du spectacle sportif. Seuls ceux qui sont prêts à payer le prix demandé pourront assister à la manifestation sportive concernée et cette situation est jugée comme étant exagérée par de nombreuses personnes. N’oublions pas que le sport se

veut populaire est accessible à tous. Pourtant, étant soumis aux lois du marché, il n’est accessible que par ceux qui en ont les moyens. Dans certains cas extrêmes, comme lors de grandes compétitions internationales, il se peut même que le déséquilibre entre l’offre et la demande soit tel que se procurer des billets pour assister à un tel événement relève du miracle. Le championnat d’Europe que le peuple suisse se fera le plaisir d’accueillir chez lui en est le parfait exemple. Je me suis rendu sur le site internet www.euro-2008tickets.com pour me faire une idée du prix demandé pour assister à un match de l’Euro 2008. Ce prix est exorbitant. Il faut en effet débourser au minimum

CHF 450.- pour assister à un match du premier tour et au moins CHF 3000.- si l’on souhaite assister à la finale de cet événement !

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Conclusion

« Me voilà déjà bien avancé en âge, et je suis toujours incertain et mobile

dans le chemin de la vérité. Y a-t-il un point d’appui et où est-il ? »

Maine de Birau, Notes philosophiques et travaux de choix Comme nous l’avons vu précédemment, la présence d’argent engendre de nombreux bénéfices pour le sport professionnel. En outre, comment pourrait-on interdire à des athlètes de vouloir gagner leur vie grâce à leurs dons sportifs. Cela n’aurait pas plus de sens que de vouloir interdire à un peintre ou à un musicien de gagner sa vie grâce à ses dons artistiques. Ce n’est pas tant la présence d’argent dans le domaine de sport qui pose problème, mais plutôt les enjeux financiers qui le gangrènent.

Le sport ne doit pas être soumis au règne de la logique financière pure si l’on ne veut pas assister à la mort de l’esprit sportif et à celle du sport professionnel lui-même. Le problème semble être que la mise en œuvre des changements nécessaires au système se heurte à des fronts d’intérêts hostiles. En effet, les clubs les plus riches, certaines organisations (le CIO par exemple) et les athlètes les mieux payés de leur discipline bénéficient grandement du système de logique financière pure auquel le sport professionnel est soumis. Par ailleurs, les nombreux sponsors ayant choisi d’investir dans l’univers du sport ne sont pas des œuvres de charités et ils entendent retirer des bénéfices importants de leurs investissements, ce qui en soit n’est

pas critiquable. Les perdants du système sont toutefois beaucoup plus nombreux (fédérations nationales, clubs les moins riches, athlètes ne faisant pas partie des meilleurs de leur discipline, …), mais ils n’ont qu’un très faible pouvoir décisionnel. Les puissants du système étant aussi les bénéficiaires, on ne voit pas vraiment comment le sport professionnel pourrait se sortir de l’impasse dans laquelle il se trouve actuellement. Une intervention de l’Etat pourrait tendre à améliorer la situation. Il pourrait par exemple mettre en place certaines mesures visant à assurer une meilleure répartition des bénéfices (par exemple en prélevant une part des recettes des grandes compétitions sportives pour les redistribuer aux acteurs les moins puissants de l’économie sportive). Les lobbys du sport sont toutefois très puissants et ce type de mesure semble quelque peu utopique. La lutte contre le dopage ou la corruption dans le sport doit par contre rester une priorité, et de nombreux progrès semblent être nécessaires à ce niveau, tant la lutte antidopage (par exemple) est à la traîne sur le dopage. Si l’objectif de mon Travail Autonome était de présenter l’influence de l’argent sur le milieu du sport professionnel, trouver la solution à l’impasse dans laquelle se trouve actuellement ce milieu représente l’un des plus grands défis du monde sportif pour ces prochaines années. Une solution devra être trouvée si l’on souhaite que le sport professionnel continue à exister.

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Bibliographie

Ouvrages

• Verneaux, Philippe, L’argent dans le sport, Paris, Flammarion, 2005 • Andreff, Wladimir; Nys, Jean-François, Economie du sport, Paris, PUF Que sais-je ?, 1999 • Putanier, Delphine, L’avènement du sport business et ses dérives, Lyon, Université de Lyon,

2000 • Pöttinger, Peter, Wirtschaftliche und soziale Grundlagen der Professionalisierung im Sport,

Wiesbaden : Limpert, 1989 (en allemand) • Bennahmias, Jean-Luc, Rapport sur le sport de haut niveau et l'argent, Conseil économique et

social de France, 2002 • De Mondenard, Jean-Pierre, « Dopage, l’imposture des performances », Chiron

Articles de journaux

Skills gap, in : The Economist, samedi 24 novembre 2007 (en anglais) AFP, Marion Jones admet s’être dopée, in : Le Temps, octobre 2007 AFP, Dopée à l’EPO dès 16 ans, in : Le Temps, 2 octobre 2007 AFP, Chiffre d’affaire record pour le FC Arsenal, in : Le Temps, 5 octobre 2007 Julie Conti, « La corruption existe dans le tennis », in : Le Temps, 10 octobre 2007

Sites internet

www.wikipedia.org www.chiffresdufootball.net.fr www.olympic.org www.latribune.fr www.lalibre.be www.sport.fr www.lesdessousdusport.fr www.cameroun-info.net www.theguardian.co.uk (en anglais) www.letemps.ch www.sportbusiness.com (en anglais) www.paddockf1.com www.lemensuel.net www.euro-2008tickets.com

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Annexe I : Questionnaire

Le sport business

« Quelle est l’influence de l’argent dans le domaine du sport professionnel ? » Merci de bien vouloir répondre le plus sincèrement possible aux questions suivantes : Sexe :

Age :

Profession :

Veuillez répondre aux affirmations suivantes en cochant la case correspondante : 1 = absolument pas d’accord 3 = partiellement d’accord 2 = pas vraiment d’accord 4 = entièrement d’accord 1 2 3 4 1 Il y a trop d’argent dans le sport professionnel 2 L’argent pourrit le sport 3 Les revenus des athlètes les mieux payés sont trop élevés 4 Tous les sportifs professionnels gagnent bien leurs vies

5 La présence d’argent dans le milieu de sport contribue à le rendre plus intéressant

6 Grace à l’argent, les performances sont de plus en plus élevées 7 Cette augmentation des performances rend le sport plus intéressant 8 Les prix des billets d’entrées au stade sont trop chers 9 Le dopage est un problème important pour le sport professionnel

10 L’argent en est l’une des causes 11 La corruption est un problème important pour le sport professionnel 12 L’argent en est l’une des causes

13 La violence dans et autour des stades est un problème important pour le sport professionnel

14 L’argent en est l’une des causes 15 Tous les sports qui m’intéressent sont suffisamment médiatisés

16 S’abonner à une chaine privée (Canal +, …) m’est nécessaire si je veux pouvoir suivre les compétitions qui m’intéressent

Pour conclure, donnez votre opinion personnelle sur l’influence qu’exerce l’argent sur le sport professionnel (situation actuelle, perspectives d’avenir, changements nécessaires, …)