Sourdine 204

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Édition 204 // mai– juin 2014 1 Revue officielle Édition - numéro 204 mai / juin 2014 SOURDINE Entrevue avec le docteur Pierre Ferron Crédit photo Michel Nadeau

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Édition spéciale pour souligner les trentième anniversaire de la première chirugie de l'implant cochléaire au Canada.

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Édition 204 // mai– juin 2014 1

Revue officielleÉdition - numéro 204

mai / juin 2014

SOURDINE

Entrevue avec le docteur Pierre FerronCrédit photo Michel Nadeau

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La revue «Sourdine» est publiée par l’Association elle-même à l’intention de ses membres et amis. Dans le présent journal, le genre masculin est utilisé sans aucune discrimination et uniquement dans le but d’en alléger le texte. Les auteurs ont l’entière responsabilité de leurs écrits. Sauf avis contraire, les articles peuvent être reproduits sans autorisation à condition d’en indiquer la source. Les commentaires et suggestions sont bienvenus et peuvent être adressés à :

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Comité de rédaction: Daniel Morel - Michel Nadeau - Gilles Lauzon - Gilbert PoitrasÉditeur : Gilles LauzonCorrection / révision : Gilbert Poitras

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Tirage 2500 copies

Dépôt légal - Bibliothèque nationale du Québec, 1994Dépôt légal - Bibliothèque nationale du Canada, 1994#ISBN 2-9804371-0-7

Portes ouvertesVous êtes toujours les bienvenus au local de l'Association, soit pour faire plus ample connaissance, soit pour obtenir de la documentation ou de l'information, et cela, aux heures indiquées sur cette page. En dehors de ces heures, veuillez prendre rendez-vous, nous ferons tout notre possible pour vous accommoder.

Heures d’accueil : de 10 h à 15 h

Lundi Jacques Mainville Mardi Louise Abel Mercredi Claudette Jules - François FleuryJeudi Louise McGilvray Vendredi Monique Boisvert-Guevremont

Support moralNous offrons un support moral aux personnes malentendantes ou ayant un problème auditif.

Nous sommes présents

à l’Institut Raymond-Dewar tous les mardis

de 13h00 à 16h00.

Venez nous rencontrer au 3600 rue Berri,

bureau A-263, MontréalTéléphone : 514 284-2214 poste 3238

À l’accueil :Solange Ouellette ou Louise McGilvray

Conseil d’administration 2013 — 2014

MERCI À NOS COMMANDITAIRES

BONEBRIDGE de MED-EL 3 Caisse Cité-du-Nord de Montréal 11Centre de communication adaptée 47Cochlear Canada Inc. 48Fondation Groupe Forget 5 G. Barbieri, audioprothésiste 11Hydro-Québec 9Institut Raymond-Dewar 7Phonak Canada 21La Fondation des Sourds du Québec 47Linda Rhéaume, audioprothésiste Inc. 13 Mark Lachance, audioprothésistes 6Nidal Chakra, denturologiste 15Ordre des orthophonistes et des audiologistesdu Québec 8Scokayd, production vidéo 9

Jocelyne Légaré-Pauzé,administratrice Michèle Charland, vice-présidente Josette Bourdage, administratriceMonique Guevremont, secrétaire

François Fleury, administrateur Michel Nadeau, président Daniel Morel, trésorier

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SommaireSourdine # 204mai - juin 2014

> Le mot du président 5 > Éditorial 6 > Femme de détermination 8 > Témoignage de Mme Monique Porlier 10 > Quelques dates clés 11 > Témoignage de Véronique Arcouette 12 > Qu’est-ce qu’un implant cochléaire 14 > Le temps 15 > Réinvestir sa vie sociale 16 > Avez-vous entendu ça ? 17 > Pas d’âge pour entendre à nouveau 18 > Agenda 19 > Les sourds de naissance 20 > Les bénéfices de l’implant cochléaire 21 > Énigme 23 > Implant cochléaire en Wi-Fi 24 > L’audiogramme 25 > Le petit miracle qui brise la surdité 26 > Les étapes du processus 27 > Comment ça marche 28 > La réadaptation 28 > L’implant cochléaire chez les enfants 29 > Stratégies de communication avec l’implant 31 > Nouvelles en bref 32 > Chronique littéraire de l’IRD 34 > Les trois vieillards 35 > Ensemble, célébrons 30 ans d’implant 36 > Prix Fondation Desjardins - engagement bénévole 37 > Joyeux anniversaire 38 > Partenaires régionaux 39 > Concert-bénéfice 41 > Entrevue avec le Dr Pierre Ferron 42 > La langue des signes québécoise 45 > Les produits de l’ADSMQ 46

« Souvent, un chirurgien enlève un organe à son patient, moi, je lui donne l’audition.

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Entrevue avecle docteur Pierre Ferron

Je lui permets d’entrer dans notre monde. Ça m’émerveille encore. »

Dr Pierre Ferron

Crédit photo Michel Nadeau

Témoignage de Monique Porlier

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Implant cochléaire en Wi-Fi

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Prix Fondation Desjardins

Crédit photo Michel Nadeau

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Vous tenez entre vos mains un numéro spécial qui vient souligner les 30 ans de la première opération pour l’implant cochléaire au Canada, réalisée par le docteur Pierre Ferron.

Je lève mon chapeau à Daniel Morel qui en a eu l’idée et qui a approché toutes les personnes qui ont rédigé des articles. Je tiens à les remercier pour leur contribution à mieux faire connaître la technologie de l’implant cochléaire auprès de nos lecteurs.

Le 17 février, Solange Ouellette a reçu le Prix Fondation Desjardins - Engagement bénévole. Au nom de tous les membres du conseil d’administration, je félicite Solange qui œuvre au sein de l’ADSMQ depuis plus de 30 ans et la remercie pour le temps et les efforts qu’elle voue à la cause qui nous tient tant à cœur.

Au début de mars, nous avons reçu une lettre du ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec nous informant que l’ADSMQ recevrait une aide financière pour la réalisation du projet que nous avons soumis l’automne dernier dans le cadre du programme Québec ami des aînés (QADA). Au cours des trois prochaines années, en partenariat avec des organismes de personnes aînées et des centres de réadaptation, nous allons, entre autres, présenter des conférences de sensibilisation à la santé auditive.

Au cours de l’hiver, votre association a été visible de diverses façons. Daniel Morel a rencontré les étudiants en orthophonie de l’Université du Québec à Trois-Rivières, Josette Bourdage et Daniel Morel ont tenu kiosque à la Journée étudiante de l’École d’audiologie et Louise McGilvray m’accompagnait pour une formation des chauffeurs d’autobus de la Rive-Sud dans le cadre de l’accessibilité universelle dans les transports en commun.

Nous sommes à la recherche de bénévoles pour l’accueil. Faites-nous signe si vous pouvez disposer d’une journée par semaine pour, entre autres, répondre au téléphone et recevoir les gens à nos bureaux.

Michel Nadeau

Le mot du

président

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Il est assez rare que j’accepte de me livrer publiquement mais, étant donné que nous célébrons cette année le trentième anniversaire de la première chirurgie de l’implant cochléaire au Canada, je me suis dit qu’il serait peut-être opportun de raconter mon expérience avec l’implant.

Dans toute vie, il y a de ces dates qui demeurent mémorables car elles marquent profondément notre existence. Dans mon cas, ce fut le 12 décembre 1978. Ce jour-là, j’ai dû quitter mon travail à cause de terribles maux de tête qui m’agressaient. J’étais loin de me douter que, dès lors, ma vie prendrait tout un tournant.

De retour chez-moi, je ne sais trop pour quelle raison, j’ai laissé mes clés à une amie qui habitait le même building en lui demandant de venir faire un tour occasionnellement car je ne me sentais vraiment pas bien. Mon instinct m’avait bien inspiré car, deux jours plus tard, elle m’a retrouvé inconscient. C’est alors que je fus transporté au St. Mary’s Hospital où les médecins ont diagnostiqué une méningite. Déjà, mon audition était affectée. Je n’entendais presque plus rien. Dès lors, après de multiples injections d’antibiotiques à forte dose, je fus affublé d’une surdité bilatérale profonde sans espoir de guérison à court ou à long terme.

À cette époque, il n’y avait aucune ressource et le spécialiste qui me suivait m’a formellement indiqué qu’il ne pouvait rien y faire. Afin d’écourter une longue histoire, je ne vous raconterai pas en détail tout le cheminement qui a suivi. J’ai appris instinctivement la lecture labiale en anglais avec les gentilles infirmières qui me soignaient. Au début, j’avais souvent recours à l’écriture mais, lorsque j’ai quitté l’hôpital trois semaines plus tard, je pouvais assez bien communiquer. En bref, on m’a alors recommandé un an de repos, mes employeurs, ne pouvant m’attendre, m’ont gentiment congédié en m’offrant une semaine de salaire. N’en pouvant plus de contempler les murs de mon appartement, j’ai décidé, trois mois plus tard, de reprendre ma vie professionnelle en main. J’ai ouvert un commerce qui a prospéré durant les 14 années suivantes et la vie m’a par la suite dirigé vers le bénévolat et l’ADSMQ.

Pour la première fois de ma vie, je me retrouvai en contact avec des malentendants et des devenus sourds. Il faut croire que le destin fait bien les choses car, après tant d’années, j’y œuvre encore et je m’y sens très bien. C’est à cet endroit précis que j’ai appris l’existence d’une chirurgie pouvant permettre aux sourds de réentendre. Je ne me souviens plus des raisons qui ont motivé ma trop longue hésitation avant d’entreprendre les démarches qui me faisaient miroiter une nouvelle existence où le son et la parole me seraient accessibles.

J’ai rencontré le docteur Pierre Ferron qui a procédé à mon évaluation, mais ce fut l’oto-rhino-laryngologiste Richard Bussières qui a procédé à l’opération le 18 février 2004. Ce fut le début d’une belle aventure parsemée d’expériences plus ou moins agréables. Après plus de 25 ans de surdité, mon cerveau avait oublié d’entendre. J’entendais des bruits bizarres que ma mémoire ne pouvait reconnaitre. Il va sans dire que ma réadaptation fut longue et pénible. Malgré tous mes efforts, après un mois en réadaptation, les résultats n’étaient pas reluisants. C’est alors que la gentille intervenante qui s’occupait de moi (je ne la nomme pas car c’est notre secret) m’informe qu’il était impossible d’évaluer les dommages que la méningite avait pu causer à ma cochlée et que, fort probablement, je n’obtiendrais rien de mieux.

Ce fut pour moi le déclic de motivation dont j’avais besoin pour contrer cette terrible affirmation. Je suis de ceux pour qui l’échec est impensable. Dès lors, je mis en marche toute une procédure qui m’enlignerait vers la réussite. En dehors de mes séances à Charlesbourg, je me promenais dans les rues de Québec en recherchant la provenance de tous les bruits que j’entendais. C’est là que j’ai eu des surprises assez étonnantes. J’entendais le croassement d’un corbeau lorsqu’il s’agissait d’un tout petit moineau, le bruit de talons aiguilles plutôt que les sabots d’un cheval, etc. Je m’obligeai également à écouter la télé et à me forcer à comprendre les paroles. Enfin, après trois mois fermes en réadaptation, les résultats s’étaient améliorés, mais je n’étais pas satisfait pour autant.

De retour à Montréal, je continuai mon petit manège durant plusieurs mois. Au fil des jours, au fil des mois, durant les cinq années suivantes, mon audition s’est constamment améliorée. L’implant cochléaire ne redonne pas la même qualité qu’une audition normale, mais j’avoue que, dans mon cas, j’évalue en avoir récupéré 80 % et je trouve que cette amélioration est plus qu’appréciable. Preuve en est que parfois Martine Chapdelaine, mon audiologiste à l’IRD, que je salue et que je remercie pour ses excellents services, doit me rappeler lorsque le temps est venu de la rencontrer pour une évaluation périodique.

L’implant cochléaire n’a pas changé ma vie mais il l’a grandement améliorée !

Gilles LauzonRédacteur en chef

Témoignage

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Femme de déterminationD’entrée de jeu, je remercie l’Association de me donner l’opportunité de vous parler de Marie-Andrée et de l’avoir choisie comme un modèle de détermination. Quelle mère n’est pas fière de son enfant? Marie-Andrée est née le 25 mars 1979 en pleine santé, aucun sens ne lui faisait défaut. C’est à l’âge de trois ans que le malheur a frappé à notre porte. Elle a contracté la méningite aussi simplement que l’on attrape une grippe. C’est juste que le virus se loge à un endroit plutôt qu’à un autre, mais quelle différence dans les conséquences. Les séquelles sont beaucoup plus dévastatrices quand la méningite n’est pas diagnostiquée et traitée rapidement.

Après plusieurs jours de coma, Marie-Andrée est revenue à la vie, oui, je dis bien à la vie, parce que je considère cette étape comme une deuxième naissance, on est allés la chercher loin, bien loin…

Je ne m’éterniserai pas sur cette période sombre, ce n’est pas le but de cet article, mais je veux juste m’y attarder un peu pour souligner le courage qu’elle a eu et la bataille qu’elle a menée pour émerger de cette douloureuse expérience. Les doses massives d’antibiotiques ont complètement détruit les milliers de cellules ciliées à l’intérieur de ses cochlées. Des semaines d’hospitalisation et une batterie de tests plus tard, le verdict est tombé : surdité bilatérale totale. Marie-Andrée a même dû réapprendre à marcher, son équilibre était précaire, mais sa volonté était féroce. Pour la marche et l’équilibre, le temps et sa ténacité ont fait leur œuvre. Pour la surdité, on ne pouvait que s’accrocher à l’espérance de découvertes scientifiques encore inimaginables à l’époque. N’oublions pas, nous étions en 1982, il n’y avait rien pour les grands sourds. Selon les pronostics médicaux, Marie-Andrée devait arrêter de parler, un enfant de trois

ans qui ne s’entend pas va habituellement arrêter d’émettre des sons. C’était bien mal connaître cette jeune demoiselle dynamique et fonceuse. Comme je me plais encore aujourd’hui à la taquiner en lui disant : « Tu étais bien trop une « grosse placoteuse » pour arrêter de parler. »

Selon la première orthophoniste que nous avons côtoyée à l’époque, Marie-Andrée avait acquis déjà un niveau de langage de qualité et un vocabulaire très étendu pour son âge. Ce qui a été très aidant pour la suite de ses apprentissages. Elle avait aussi déjà beaucoup d’habiletés en lecture labiale.

Étant originaires du Lac-St-Jean, nous avons déménagé nos pénates un an après à Québec, question d’avoir accès à plus de services spécialisés. Je n’y connaissais que ma cousine doublée d’une grande amie, Francine Tremblay; elle a été pour moi d’un grand support et l’est encore aujourd’hui. Tout comme l’a été depuis des lunes et l’est encore, mon amie Nicole Boivin. Je voudrais souligner le fait qu’il n’est pas toujours facile pour la fratrie de composer avec un frère ou une sœur ayant un handicap qui exige nécessairement plus d’attention de la part des parents. Je remercie Isabelle et Catherine d’avoir été partie prenante de cette vertigineuse aventure, avec des hauts et des bas, et d’avoir mis l’épaule à la roue, chacune à leur façon. Chapeau les filles!

Une fois installés, nous avons dès lors été confrontés au choix du type de communication que nous allions privilégier. Tout un monde s’ouvrait devant nous, il fallait faire des choix éclairés, mais que connaissions-nous de la surdité? Rien à ce moment-là du moins. Ce n’était pas évident, l’oralisme ou la communication totale? Nous avons opté pour cette dernière en gardant à l’esprit l’importance de conserver ses acquis et de continuer à progresser à l’oral. Nous fonctionnions d’une façon telle que si la première consigne à l’oral n’était pas comprise, on la répétait en gestuel. Il fallait toujours être en équilibre entre ces deux modes de communication afin de maximiser ses échanges autant avec les entendants qu’avec les sourds gestuels ou oralistes.

Elle a participé très tôt au Programme de stimulation précoce avec la merveilleuse Sylvie Tremblay, à l’Institut des sourds de Charlesbourg, comme s’appelait à l’époque l’IRDPQ - Pavillon Dominique-Tremblay. D’ailleurs, si je ne m’abuse, c’est en hommage à son père que l’on a nommé le pavillon. Marie-Andrée a fait ses classes dans une école spécialisée en communication totale avec des enfants sourds gestuels. Je ne crois pas qu’elle s’identifiait vraiment à cette clientèle. Marie-Andrée, dans sa tête, était une entendante. Une entendante sourde totale, oui, mais une entendante quand même, dans sa perception des choses, dans sa mentalité, dans sa manière de penser et de saisir la vie. Je ne crois pas qu’elle y ait été très heureuse, mais ça c’est ma perception de mère, elle vous en parlera elle-même, si le cœur lui en dit.

À la maison, on a travaillé fort pour conserver, en autant que faire se peut, ses acquis langagiers. Elle a appris à décortiquer mécaniquement les sons pour pouvoir les reproduire sans les entendre. Nous avons été soutenus dans ce travail par sa première orthophoniste à Québec, Francine Bergeron, une professionnelle efficace, une amie encore aujourd’hui. Elle a conservé une intelligibilité telle que son entourage comprenait ce qu’elle exprimait oralement. La vigilance était de mise, j’ai été un peu, je l’avoue, son « oreille ». Je me devais de la corriger, mais en même temps il fallait doser. Corriger, oui… encourager, bien davantage. Elle a développé un vocabulaire étonnamment riche, son goût pour la lecture y a grandement contribué. Elle dévorait littéralement tout ce qui lui tombait sous la main.

Par un beau matin du mois de mai 1984, je dois consulter, pour moi personnellement, le docteur Ferron. Un merveilleux hasard a voulu que ce soit le lendemain de la chirurgie ou de la stimulation du premier adulte implanté, Réal Sasseville. C’est comme ça

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que la belle aventure a commencé. J’ai littéralement bombardé le docteur Ferron de questions sur cette nouvelle technologie qu’était l’implant. Et lui, en contrepartie, était curieux de connaître davantage Marie-Andrée. Peut-être serait-elle la candidate idéale pour le premier implant chez un enfant. Mais nous n’en étions pas là. Il fallait attendre les premiers résultats chez les adultes et, bien sûr, la miniaturisation des appareils.

C’est trois ans plus tard que ce merveilleux jour est arrivé, Marie-Andrée avait alors huit ans. Elle répondait aux critères très restreints à l’époque pour être admissible à l’implantation, soit une surdité totale, bilatérale et acquise. Elle avait aussi une personnalité assez forte pour supporter la médiatisation de cette grande première. C’est avec mille et une précautions, comme il le fait encore aujourd’hui d’ailleurs, que le docteur Ferron a procédé à la chirurgie le 25 août 1987. Michel Desgagné, audiologiste, faisait aussi partie de cette belle aventure. On se souviendra toujours de ces deux grands bonhommes, les piliers de l’implant au Canada. Et c’est à Québec que ça se passait! Juste une petite parenthèse pour souligner le fait que le coût des implants n’était pas défrayé par le ministère; quand un proche ou un parent avait quelque habileté que ce soit pour amasser des fonds, c’était apprécié, mais aucunement obligatoire pour recevoir l’implant. C’est ainsi que le père de Marie-Andrée a effectué plusieurs collectes de fonds totalisant quelque 150 000 $, aidé pour ce faire des Chevaliers de Colomb de Beauport pour quelques campagnes et par des collègues de travail durant la Semaine des gens de la Poste.

La stimulation s’est effectuée le 6 octobre 1987 devant une salle bondée de représentants du monde médical, de spécialistes et de quelques membres de la famille. Tous les médias d’information y étaient, radios, télés, journaux, c’était vraiment une grande première. Tous voulaient être témoins de ce moment charnière inoubliable. Quand les premières « manœuvres » de stimulation ont commencé, on aurait pu entendre une mouche voler tellement la salle était attentive à la réaction de Marie-Andrée. Lorsqu’elle a dit : « J’entends! », il y a eu comme une sensation de « soulagement » ressentie par chacune des personnes présentes. On sentait l’excitation et la fébrilité… oui, ça a marché! Enfin, la lumière au bout du tunnel. Après cinq ans de surdité totale, les sons reprenaient du service. Ce fut un des moments les plus touchants qu’il m’ait été donné de vivre.

Je parle, je parle… je suis en train de vous fatiguer, pauvres lecteurs! Mais je ne peux pas vous laisser sans vous avouer que j’ai pour cette enfant un amour incommensurable et une admiration sans bornes.

Gaëtane Boulianne, mère de la première enfant implantéeAdministratrice au sein du C.A. de l’AICQ

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par Gilbert Poitras

Lors du brunch du 2 février 2014, les membres de l’association présents ont pu écouter madame Monique Porlier parler de son expérience d’infirmière et de personne malentendante.

Madame Porlier est née en Gaspésie, deuxième d’une famille de quatre filles. Elle souligne que, du côté de son père, il y avait beaucoup de surdité. Déjà, au début de la vingtaine, on lui disait qu’elle faisait répéter souvent.

Après sa formation d’infirmière et aussi de sage-femme, madame Porlier s’engage comme coopérante pour le CECI. Dans les années 1970, elle fait trois séjours de deux ans en Haïti où elle travaille dans un dispensaire.

Elle y prodigue les soins à une population pauvre, soins très divers qui vont de la vaccination et des accouchements aux pansements et jusqu’à l’extraction de dents. Elle nous rapporte avec amusement quelques aventures, dont les déplacements en véhicule sur des routes boueuses ne sont pas des moindres.

Madame Porlier est opérée à l’oreille droite à l’âge de 33 ans. Elle perd l’oreille gauche à 37 ans. Les premiers acouphènes se manifestent également. C’est à partir de cette période qu’elle commence à porter une prothèse. Après Haïti, madame Porlier travaille un certain temps en Martinique avant de revenir au Canada, où elle donne naissance à son fils. Elle décroche ensuite un emploi comme

infirmière-chef dans un CHSLD. Elle prend sa retraite en 1997 au moment des nombreuses coupures dans les services de santé.

Après avoir vécu à Ville LaSalle, madame Porlier déménage à Ste-Catherine où elle s’achète une maison. Nouvellement retraitée et pour payer sa maison, elle travaille pendant treize ans dans une famille de Candiac où elle supervise les devoirs des enfants et prépare les repas. « C’est devenu comme ma deuxième famille », dit-elle. Elle occupe maintenant ses loisirs en faisant du jardinage, de la peinture et du bénévolat. Elle est membre de l’ADSMQ depuis 1997.

« Ma force, dit madame Porlier, c’est de ne pas avoir peur d’essayer, de me lancer. » À coup sûr, son expérience haïtienne en est la preuve. On sent que c’est avec beaucoup d’émotion et d’amour qu’elle relate les moments forts et les aventures vécus dans la « Perle des Antilles ».

Témoignage de madame monique Porlier

RemerciementsJe désire remercier l’assistance, tellement sympathique à mon propos, de l’intérêt pour ce vécu qui fut le projet de mes 30 ans, avant la progression de ma baisse auditive.

J’encourage fortement d’autres membres de l’ADSMQ à partager leur vécu, sans doute tout aussi riche de courage et de détermination.

Monique Porlier

Crédit photo Michel Nadeau

Crédit photo Michel Nadeau

Crédit photo Michel Nadeau

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QUELQUES DATES CLÉS1957-1985 La préhistoire de l’implant cochléaire

• Premières expérimentations, développement de prototypes en France, aux États-Unis, en Australie et en Autriche.

Amélioration progressive de ces prototypes, jusqu’à rendre possible la mise au point des premiers modèles commerciaux: élimination des connecteurs transcutanés, augmentation du nombre d’électrodes, mise au point de stratégies de commande des électrodes de plus en plus efficaces…

1983 Naissance du Programme québécois pour l’implant cochléaire (à l’HDQ). Dr Pierre Ferron, ORL, en est le fondateur et le directeur. M. Michel Desgagnés, audiologiste, et M. Daniel Blainey, responsable du service biomédical, ont collaboré avec Dr Ferron à l’instauration de ce programme.

1984 (17 mai) Premier implant cochléaire multi-électrodes canadien chez un adulte devenu sourd, M. Réal Sasseville. La chirurgie est réalisée par le Dr Pierre Ferron.

1985-1995 Les débuts des implants cochléaires

• Mise sur le marché de la première génération d’implants cochléaires commerciaux, dont les processeurs sont des boitiers de la taille d’un gros paquet de cigarettes. Leurs logiciels sont régulièrement améliorés, permettant ainsi aux patients de bénéficier de progrès postérieurs à leur implantation.

• Les agences de santé des pays occidentaux autorisent progressivement leur pose chez l’adulte, puis chez l’enfant. Les progrès techniques permettent d’abaisser progressivement le seuil de surdité à partir duquel l’implant cochléaire est préconisé.

1987 (25 août) Premier implant cochléaire multi-électrodes canadien chez une enfant devenue sourde, Marie-Andrée Boivin. Chirurgie aussi réalisée par le Dr Pierre Ferron.

1990 Premier implant cochléaire multi-électrodes québécois chez une enfant avec surdité congénitale.

1991 Le MSSS accordait un montant non récurent pour l’achat d’implants destinés aux enfants. Le financement par le MSSS a augmenté progressivement par la suite.

À partir de 1995…

• Les premiers processeurs miniaturisés de type « contour d’oreille » apparaissent. Ils sont remplacés régulièrement par des modèles plus performants qui restent le plus souvent compatibles avec les implants internes plus anciens, permettant ainsi à leurs porteurs de bénéficier des progrès techniques.

• La technique a vraiment atteint sa maturité : le nombre de personnes implantées s’accroît de plus en plus; de quelques dizaines de milliers dans le monde au milieu des années 1990, on en est aujourd’hui à plusieurs centaines de milliers.

2000 Première mondiale : la plus jeune enfant implantée (à l’âge de 5 mois, devenue sourde à la suite d’une méningite à l’âge de 4 mois, par Dr Pierre Ferron).

2002 Multiplication des publications sur l’implant cochléaire par les membres du Centre d’expertise.

2003 Première implantation bilatérale chez un adulte, réalisée à l’HDQ.

2007 Première implantation bilatérale chez un enfant, réalisée à l’HDQ. Il s’agit d’une enfant, âgée de 8 mois au moment de la chirurgie, devenue sourde à la suite d’une méningite.

2008 (en août) 1000e implantation à l’HDQ.

Sources :

Le Chuchoteur du CHU de Québec, novembre 2013.

Autorisation de reproduction obtenue de Mme Josianne Vignola, agente d'information en communications externes, Direction des communications, CHU de Québec.

Centre d’Information sur la Surdité et l’Implant Cochléaire www.cisic.fr

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TÉMOIGNAGE

VÉRONIQUE ARCOUETTE UNE MALENTENDANTE INCOMPRISE

C’est à l’âge de 30 ans que Véronique Arcouette a décidé d’aller rencontrer un ORL parce que, trop souvent, on lui reprochait de parler fort et de faire répéter.

Quelle ne fut pas la surprise du spécialiste de constater qu’elle avait une perte d’ouïe mais qu’il n’y avait aucun signe physique de cette perte. En raison du jeune âge de Madame Arcouette, le docteur décida d’investiguer davantage et de faire passer un test à résonnance magnétique. Un diagnostic est posé, Madame Arcouette a un dysfonctionnement au niveau des nerfs auditifs et elle est malentendante de naissance.

« Je ne peux pas croire que j’ai passé mes 30 premières années sans aide auditive alors que j’en avais besoin. Ce n’est pas pour rien que je me sentais si différente. Quand j’étais toute petite, j’allais souvent chez le médecin pour faire regarder mes oreilles mais le docteur ne voyait rien,alors il disait que c’était à cause des otites et de trop fréquenter les piscines. »

Quelle surprise de réaliser qu’elle aurait dû être prise en charge plus tôt dans sa vie!

« À partir du moment où j’ai réalisé que je devais porter des appareils, je me suis jurée d’en parler afin d’être certaine qu’il n’y aurait plus de cas comme le mien. »

C’est en 2012 que Madame Arcouette a décidé de s’impliquer auprès de l’organisme travaillant avec des personnes malentendantes et devenues sourdes (ADSMQ). Depuis 2013 elle siège au conseil d’administration à titre de secrétaire trésorière et travaille à sensibiliser la population jeune et vieillissante aux problèmes de surdité pour permettre à d’autres personnes de sortir de l’isolement.

Avec le projet QADA (Québec ami des aînés) et l’ADSMQ, Madame Arcouette a été mandatée pour sillonner le territoire des MRC de L’Assomption et des Moulins afin d’offrir aux aînés, aux milieux sociaux et aux entreprises des conférences de sensibilisation sur la perte auditive et sur l’organisme qu’est l’ADSMQ.

Pour recevoir Madame Arcouette à titre de conférencière, vous pouvez contacter l’ADSMQ au 450-657-8500.

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QU’EST-CE QU’UN IMPLANT COCHLÉAIRE

Considéré comme l’une des plus grandes avancées technologiques du siècle dernier, l’implant cochléaire est le premier dispositif électronique à remplacer un organe sensoriel. Pour ce faire, lors d’une chirurgie d’environ deux heures, un chirurgien ORL insère des électrodes dans l’oreille interne. Plus précisément, dans la cochlée, organe où se trouvent les cellules sensorielles auditives. Ces électrodes remplaceront les cellules auditives défectueuses ou absentes en raison de la perte auditive. Elles enverront l’information auditive au cerveau à la place de ces cellules auditives. La partie interne communique avec une partie externe, via une antenne qui tient sur la tête grâce à un aimant. Cette partie externe comprend un micro-ordinateur et un microphone qui tiennent en place sur l’oreille.

Une fois la chirurgie et la convalescence d’un mois terminées, le patient consulte un audiologiste du Centre d’expertise en implant cochléaire à L’Hôtel-Dieu de Québec qui programmera chacune des électrodes et ajustera le micro-ordinateur de l’implant cochléaire. Une fois la programmation terminée, le patient est suivi en réadaptation par un audiologiste pour une période d’environ trois mois, pour apprendre ou réapprendre à entendre.

L’implant cochléaire ne redonne pas une audition normale. Il est la solution de dernier recours pour les personnes atteintes de surdité de degré sévère à profonde. Il s’agit des surdités où la compréhension de la parole demeure très difficile malgré l’utilisation d’aides auditives conventionnelles bien ajustées.

Le Centre québécois d’expertise en implant cochléaire est composé d’une équipe de trois chirurgiens ORL, des audiologistes, des orthophonistes et d’un psychologue. Les candidats à l’implant sont référés par les différents professionnels de la santé auditive pour être évalués par cette équipe. À ce jour, près de 1800 patients de tout âge ont bénéficié d’un implant cochléaire au Québec et environ 185 chirurgies sont prévues chaque année.

Pour toute information, visitez : www.implantcochleaire.ca ou consultez un audiologiste.

MYTHES ET RÉALITÉS À PROPOS DE L’IMPLANT COCHLÉAIRE

L’implant cochléaire redonne une audition normale :

Faux.

L’utilisation de bonnes habitudes d’écoutes (stratégies de communication) et de la lecture labiale restent primordiales chez les porteurs d’implant cochléaire. L’implant peut être très performant dans les endroits calmes. Cependant, en présence de bruit ambiant, comme au restaurant par exemple, il est beaucoup plus difficile de comprendre la parole sans voir les lèvres de l’interlocuteur. La compréhension de la parole dans le bruit est le principal point faible de l’implant.

Les porteurs d’implant cochléaire perçoivent les voix très aigues et très « robotiques » :

Vrai… et ensuite faux.

Les premières semaines, voire les premiers mois d’utilisation d’un implant cochléaire, sont une période d’adaptation. Les patients se mettent à entendre des sons qu’ils n’ont pas entendus depuis plusieurs années, parfois même des sons jamais entendus. Le volume du son est également perçu comme étant très fort. Donc, évidemment, les sons ambiants et la voix ne paraissent pas naturels au début. Cependant, au fil des semaines et des mois de port, le cerveau s’habitue à ces nouveaux sons et la voix apparaît de plus en plus naturelle. Ce phénomène est possible grâce au processus d’habituation du cerveau, à la réadaptation auditive et aux ajustements fins de la programmation de l’implant.

Tous les porteurs d’implant cochléaire entendent de la même façon et sont aussi performants les uns que les autres :

Faux, très faux.

Le pronostic de l’implant cochléaire est parfois difficile à déterminer et dépend d’une multitude de facteurs, le plus important étant la durée de la surdité. Donc, plus la période de surdité est longue, plus le patient aura de la difficulté à s’habituer aux nouveaux sons qu’il entendra. Concrètement, un individu ayant perdu l’audition subitement et recevant l’implant dans un court délai sera théoriquement plus performant qu’une personne avec une perte auditive importante depuis la naissance et qui n’a jamais porté d’aides auditives. Les autres facteurs principaux sont l’âge, la motivation, la cause de la perte auditive, les facteurs anatomiques (malformations de la cochlée ou du nerf auditif ) et l’état de santé.

La majorité des personnes avec une perte auditive pourraient avoir un implant cochléaire :

Faux.

L’implant cochléaire est la solution de dernier recours. Lors de l’intervention chirurgicale, l’audition restante est habituellement détruite. Comme toute intervention chirurgicale, l’implantation cochléaire comporte des risques, bien que la plupart soient mineurs. Donc, le candidat à l’implant cochléaire doit présenter une surdité de degré sévère à profonde. Concrètement, il s’agit d’une surdité où la perception de la parole est très limitée ou presque impossible sans l’utilisation d’aides auditives. Il n’y a aucun critère d’âge pour un premier implant. Le plus jeune patient au Québec au moment de la chirurgie était âgé d’un peu moins de 5 mois et le plus âgé de 90 ans. Les candidats doivent, entre autres, présenter des attentes réalistes face à l’implant, être motivé, avoir un état de santé tolérant une chirurgie sous anesthésie générale et avoir un langage oral fonctionnel.

Au Québec, les patients n’ont qu’un seul implant cochléaire :

Maintenant faux…

Auparavant, dans le but d’offrir cette technologie au plus grand nombre de patients possible, un seul implant cochléaire était attribué par patient. Depuis l’été 2012, il est maintenant possible pour les porteurs de faire une demande pour l’obtention d’un deuxième implant et ainsi bénéficier de l’audition binaurale (les deux oreilles sont stimulées) et de ses avantages, telles la localisation sonore et une meilleure compréhension de la parole dans le bruit. Les candidats doivent de nouveau être évalués par l’équipe et répondre à certains critères d’admissibilité.

Nicolas Rouleau

Collaboration spéciale

Audiologiste en programmation au Centre québécois d’expertise en implant cochléaire, CHU de Québec

Implanté cochléaire

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Édition 204 // mai– juin 2014 15

Le tempsTant qu’il en est encore temps

Profite de la vie quotidiennement,

Jouis des bons moments du présent,

Oubliant le passé et ignorant l’avenir.

Tant qu’il en est encore temps

Admire les étoiles qui scintillent soir et nuit,

Contemple le soleil, la lune et les astres

Unifiant les continents et les mers.

Tant qu’il en est encore temps

Cueille les fleurs, symbole d’amitié,

Ramasse les fruits, nourriture terrestre,

Écoute les gazouillis des oiseaux,

Messagers d’une terre à l’autre.

Tant qu’il en est encore temps

Goûte les mets frugaux à pleines dents,

Bois les coupes du nectar enivrant,

Que chaque repas soit un festin de partage,

De rires et de sourires autant que de saveurs.

Tant qu’il en est encore temps

Regarde, admire les merveilles humaines

Pour en graver les traces profondes,

Tout le long du sentier de bonheur,

Auquel aspire toute créature.

Tant qu’il en est encore temps

Collectionne les souvenirs du monde artistique,

Ces créateurs créés au service de l’art,

Dans les domaines de la peinture, de la sculpture,

De l’écriture et de l’expression par la danse.

Tant qu’il en est encore temps

Divise les discordes, les malentendus,

Soustrait les échecs, les misères,

Additionne les réussites, les bons coups,

Multiplie les délices liées à la vie.

Tant qu’il en est encore temps

Partage les émotions ressenties avec ceux que tu aimes,

Dis-leur que tu les aimes avant que ton regard se fige,

Échange douceur et tendresse avant que tes gestes se limitent,

Et aussi les douleurs avec ceux qui t’accompagnent.

Tant qu’il en est encore temps

Sens à plein nez les parfums des amis,

Goûte leur présence avec sérénité,

Et durant leur absence, continue

À rêver de toute la place qu’ils prennent en toi.

Tant qu’il en est encore temps

Laisse ton cœur battre aux rythmes d’êtres chers,

Respire doucement corps à corps,

Ajuste ta cadence à cette tête appuyée

Sur ta poitrine offerte comme oreiller.

Tant qu’il en est encore temps

Souris aux âmes sœurs ou conquises,

Confie-leur les paroles révélatrices,

De tes besoins à combler, de tes désirs à réaliser,

Allant jusqu’aux rêves à savourer.

Tant qu’il en est encore temps

Établis des liens avec là-haut,

Et lorsque la toile de ton existence

Sera complètement tissée ici-bas,

Tu pourras l’exposer fièrement en pays connu.

Tant qu’il en est encore temps

Organise ton sentier de vie,

Afin qu’il te mène au port choisi,

La destination qui t’est réservée,

Là où le temps n’est plus.

Tant qu’il en était encore temps

Tu auras assuré ton vécu,

Dans la foi, l’espoir et l’amour,

Avec les gens que tu aimes

Et avec lesquels tu vivras toujours.

Jean-Guy Thibaudeau

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16 • SOURDINE •

Chaque histoire liée à l’implant cochléaire est unique. La façon dont nous réinvestissons notre vie avec l’implant l’est également. Dans cet article, nous souhaitons aborder une dimension qui nous importe tout particulièrement : le vécu social des adultes et aînés implantés.

Nous souhaitons vous faire part d’observations, de réflexions cliniques en regard de cette étape importante (post-RFI) 1 durant laquelle de nouveaux défis se présentent pour plusieurs et où la réadaptation, dans sa dimension sociale, peut être une alliée pour relever certains d’entre eux.

Denise, Paul, Jean et bien d’autres ont vécu une expérience incroyable. C’est l’histoire d’une bonne nouvelle, d’une merveilleuse nouvelle dans leur vie : l’implant cochléaire. Dans le cadre de ma pratique professionnelle comme travailleuse sociale, j’ai entendu des témoignages 2 des plus touchants à l’égard de l’implant. Parfois les gens sont déçus, mais pour plusieurs l’apport de l’implant est indéniable dans leur vie.

Certains parlent d’autonomie retrouvée, d’autres d’un sentiment de sécurité qu’ils avaient perdu depuis fort longtemps et qu’ils ressentent à nouveau, d’autres d’un retour à la vie! Certains parlent de résurrection, les yeux dans l’eau, d’autres d’une nouvelle naissance et d’une reconnaissance infinie à la vie d’avoir pu profiter de l’implant.

« C’est comme si j’ai retrouvé quelque chose d’essentiel que j’avais perdu.»

« Des proches mentionnent : J’ai retrouvé celui que j’aime. »

Nous pouvons aisément, à ce moment-ci, imaginer les bénéfices liés à l’implant. Ce que nous percevons moins parfois, ce sont les défis qui sont à venir. Ici, nous parlerons de ceux qui viennent après la RFI. Ceux qui prennent forme un peu plus tard alors que la vie a repris son cours.

« C’est une réussite totale! Ça me permet d’être plus fonctionnel, j’entends bien, mais il reste du chemin à faire. » 3

« Je sais que je peux maintenant reprendre des activités que j’avais délaissées avant l’implant, mais aurais-je la force de m’exposer à nouveau?»

« J’avais fait le deuil de comprendre au téléphone, ça me vire à l’envers juste à l’idée de réessayer. Est-ce que ça vaut la peine que je réinvestisse tout ça? »

L’expérience de la « malentendance » ne se vit pas sans laisser de traces. La surdité profonde a entraîné des adaptations multiples et des deuils, pour plusieurs, un travail sur soi des plus exigeants pour « accepter les limites liées à la surdité ». Puis, voilà que ce qu’on avait accepté comme limites et pour lequel on avait fait le deuil peut maintenant être réinvesti. Ce n’est pas sans appréhension que l’on s’y aventure.

Certaines personnes mentionnent l’exigence de revisiter des lieux, des activités pour lesquels ils avaient fait «une croix dessus, pour de bon». Mais en même temps, certains reconnaissent aussi avoir l’espoir à nouveau de pouvoir parler au téléphone, reprendre des cours de dessin, faire partie du groupe de lecture de leur bibliothèque. L’ambivalence est au rendez-vous et elle les empêche parfois d’avancer. Certains préfèrent s’en tenir à ce qui est: « Pourquoi vouloir revenir en arrière ». D’autres attendent toujours le bon moment.

Il y a alors peut-être pour vous une autre voie à explorer. Celle qui appelle une autre étape dans votre processus de réadaptation, un autre travail : réinvestir sa vie à la lumière de ses nouvelles capacités auditives et de communication.

Dans le cadre d’une démarche de réadaptation psychosociale 4 , vous aurez un espace pour explorer les possibles et faire des choix qui vous conviennent peut-être davantage afin d’avoir une vie sociale plus satisfaisante.

• Reconsidérer votre vie, à la lumière de vos nouvelles capacités;

• Remettre à jour les possibles, ce que vous pouvez faire;

• Trouver de nouveau la motivation de revisiter les activités délaissées.

Plusieurs recherches 5 6 7 démontrent les bénéfices de l’implant sur la qualité de vie. Pour y arriver, chaque étape du processus de réadaptation de la personne implantée est importante. Adapter sa communication à sa nouvelle réalité avec l’implant, quels que soient ses résultats auditifs, s’avère essentiel. Adapter sa vie sociale à sa nouvelle réalité avec l’implant l’est tout autant. Nous espérons pouvoir vous soutenir dans ce sens et, qui sait, peut-être pouvoir faire ensemble un autre pas dans cette aventure incroyable qu’est : votre vie avec l’implant!

1 Post-RFI = Après la réadaptation fonctionnelle intensive.

2 Entre autres, lors de l’animation de l’activité organisée par l’IRD en collaboration avec l’AICQ (Montréal) pour souligner la Journée nationale de l’implant cochléaire-Mai 2013 où plus de 40 personnes ont participé à l’échange : Ma vie avec l’Implant cochléaire!

3 Ma vie avec l’implant cochléaire, À l’écoute…, L’Association des implantés cochléaires du Québec, volume 19, numéro 3, juin 2013, p.17.

4 Activité de groupe offerte à l’IRD, au programme Ainés, « Ma vie avec l’Implant. »

5 Di Nardo, W. [et al], (2013). The effets of cochlear implantation on quality of life in the elderly. Eur Arch Otorhinolaryngol. Published online : 15 Februray 2013.

6 Chung, J. [et al] (2012). Unilateral Multi-Channel Cochlear Implantation Results in Significant in Quality of Life. Otology &Neurology. 33 : 566-571.

7 Berrettinni, S. [et al], (2011). Systematic review of the literature on the clinical effectiveness of the cochlear implant procedure in adult patients. Acta Otorhinolaryngologica Italica, 31 : 299-310.

RÉINVESTIR SA VIE SOCIALE

Micheline Petit, travailleuse sociale

Programme Aînés de

l’Institut Raymond-Dewar

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Édition 204 // mai– juin 2014 17

• Le Dr Pierre Ferron a été le premier chirurgien au Canada à faire des implants cochléaires, en 1984. Il a implanté quelque 680 patients.

• Au début, le Dr Ferron mettait huit heures pour insérer l’implant. Aujourd’hui, la même intervention prend deux heures.

• La première intervention, celle de l’implantation de M. Réal Sasseville, a été effectuée sous l’œil de l’émission « Science réalité » de Radio-Canada. L’émission a été diffusée en juin 1984. L’émission peut encore être visionnée sur le site des archives de Radio-Canada : http://archives.radio-canada.ca/societe/personnes_handicapees/clips/12403/

• Le Dr Ferron a déjà implanté trois membres d’une même famille : un grand-père, son fils et sa petite-fille. Une autre première.

• Il existe quatre marques d’implant cochléaire :

(française) (australienne) (américaine) (autrichienne)

• Implantation bilatérale : jusqu’à tout récemment, les personnes ne recevaient qu’un implant (implantation unilatérale). Seules certaines catégories de personnes pouvaient avoir accès à une implantation bilatérale, c’est-à-dire aux deux oreilles. Le ministère de la Santé a maintenant accepté de financer l’implantation bilatérale au Québec, les critères ayant été élargis.

• La durée de vie de la partie interne (sous la peau) de l’implant cochléaire est de 25 à 30 ans; celle de la partie externe, de 7 à 10 ans.

• La partie externe, le processeur, coûte environ 8000 $.

• Tous les coûts reliés à l’implantation cochléaire, tant l’appareil lui-même que la chirurgie et la réadaptation, sont en totalité assumés par l’état au Québec… on parle d’une somme de plus de 40 000 $ par implantation.

• Les coûts de réparation, l’entretien et les pièces nécessaires au fonctionnement quotidien du processeur sont payés par le CHU de Québec pour les usagers de l’Est du Québec et l’Institut Raymond-Dewar (IRD) pour les usagers provenant de l’Ouest du Québec.

• Il y a, au Québec, plus de 1600 personnes implantées, en France, plus de 8000; dans le monde, plus de 300 000.

• En France, il existe 28 centres d’implantation cochléaire reconnus, répartis dans les différentes régions.

AVEZ-VOUS ENTENDU CA?

Daniel Morel

Sources :

Centre québécois d’expertise en implant cochléaire: http://www.implantcochleaire.ca/index.html

Centre québécois d’expertise en implant cochléaire (CISIC): http://www.implantcochleaire.ca/index.html

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18 • SOURDINE •

Article rédigé par M. Justin Boucher, rédacteur en chef du mensuel Le Chuchoteur du CHU de Québec. Le texte a été publié dans le numéro de novembre 2013.

Jusqu’au tournant des années 2000, l’implantation cochléaire était principalement destinée aux enfants et aux adultes atteints d’une surdité profonde ou sévère. À l’aube du trentième anniversaire de la première implantation, la clientèle du troisième âge est en nette augmentation. Des patients de 70 à 80 ans recouvrent ainsi l’audition. À ce jour, près de 300 ainés québécois sont devenus porteurs d’un implant. La doyenne avait d’ailleurs 90 ans au moment de l’intervention.

Au Québec, près d’une personne sur deux de plus de 65 ans connaît une perte auditive. Bon nombre ont recours à des appareils. Mais quand l’appareil ne suffit plus à la tâche, ces ainés sont confrontés à la surdité. Une telle dégradation de l’ouïe chez les personnes âgées demeure rare. En fait, les appareils conventionnels restent la solution la plus courante. Mais l’implant cochléaire fait désormais partie des solutions envisageables.

Quand les médecins ont appris à Jacques Chamberland, à la suite d’une évaluation audiologique, médicale et psychosociale exhaustive, qu’il était candidat à l’implant, il s’est senti soulagé. Âgé alors de 78 ans, ses prothèses auditives ne servaient plus à rien. Implanté depuis deux ans, il revit.

« Ça m’a sauvé la vie! Avant que je reçoive l’implant, je n’entendais plus rien. Une chance que j’avais ma femme, sinon j’aurais été pas mal tout seul dans mon coin. J’aurais été obligé d’aller apprendre le langage des signes. Ça n’aurait pas été un cadeau. En fait, ç’aurait été un désastre; à 80 ans, être obligé d’apprendre le langage avec les mains, ça n’aurait pas été évident. Je me considère vraiment chanceux. La technique n’est pas trop publicisée, mais je pense que c’est le seul moyen de redonner une partie de l’audition dans bien des cas. En fait, pour plusieurs en vieillissant, c’est ça ou rien. Et je suis content de l’avoir », explique M. Chamberland.

L’octogénaire, qui garde par ailleurs bon pied, bon œil, admet que cette audition est différente et qu’elle comporte certaines imperfections. Les bruits ambiants, par exemple, lui rendent la vie difficile dans certains contextes. Il entend par ailleurs très peu lorsque les gens sont loin de lui – dans une autre pièce par exemple – ou qu’on ne lui parle pas dans sa « bonne oreille ». Toutes des choses qu’il prend avec détachement.

« Avant de me coucher le soir je dis à ma femme : as-tu quelque chose à me dire avant que je me débranche, plaisante-t-il. Sans cet implant, je serais réellement déconnecté de tout. Quand je me débranche le soir, c’est le silence total pour moi. » Son épouse aussi s’adapte. À la table à dîner, ils ont changé de place pour qu’elle puisse parler à son oreille implantée, la gauche. Dans l’auto, elle se sert d’un petit microphone relié à la partie externe de l’implant pour que ses mots puissent atteindre son oreille gauche.

« On aime bien faire des tours d’auto. Je me sers du micro et on roule des heures en jasant. Il est bon chauffeur, alors on en profite. Sinon, il faut trouver des astuces. On ne se met pas en plein milieu du restaurant, par exemple. Nous essayons de trouver une place le long d’un mur, loin des grandes tablées avec beaucoup de monde », raconte Mme Suzanne Boucher.

Une recherche concluante

L’équipe du Centre québécois d’expertise a voulu documenter davantage les résultats de l’implantation chez les personnes âgées. L’étude a été supervisée par le Dr Mathieu Côté, chirurgien ORL. Les constats qu’en a tirés l’équipe leur indiquent qu’ils sont sur la bonne voie.

« Les résultats de cette étude nous démontrent que les bénéfices pour ces patients sont équivalents à ceux d’une population plus jeune. Évidemment, il faut que le patient soit en bonne forme et que sa condition médicale le permette. Il y a quand même de plus en plus de gens de 80 ans et plus qui sont en très bonne forme, mais qui vivent avec ce handicap. Et quand on a une surdité, on est porté à s’isoler ce qui diminue la qualité de vie. D’ailleurs, notre étude démontre que les personnes âgées implantées présentent une nette amélioration de leur qualité de vie », souligne-t-il.

PAS D’ÂGE POUR ENTENDRE À NOUVEAU

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Les mardisdates à déterminer - session d’automne

PRATIQUESDE LECTURE LABIALE1951, boul. de Maisonneuve Est,bureau 001Animées par Normand Therriende 10 h 30 à 12 h 3010 semaines consécutives

ATELIERS-CAUSERIES DE L’IRD1951, boul. de Maisonneuve Est,bureau 001Les mardis, de 10 h 30 à 12 h 30

Les mardisdates à déterminer - session d’automne

DANSE - SANTÉ1951, boul. de Maisonneuve Est,bureau 001Animée par Pierre Marcouillerde 13 h à 15 hDurée : 10 semaines consécutives

Les jeudisdates à déterminer session - d’automne

ATELIERS DE STRATÉGIES ET DE COMMUNICATION SUR LA SURDITÉCentre St-Louis de Montfort25, rue St-Louis, local 201, LavalResponsable : Normand TherrienDe 19 h à 21 hDurée : 10 semaines consécutives

Samedi le 24 mai à 19 h 30

JOCELYNE CANTARA DESJARDINSinterprète les grands succès de la chanson québécoise.

Salle Pierre-Noël-Léger3600 rue Berri à Montréal

Coût du billet 20 $

Samedi le 31 mai 2014 À 13 h 30

AGA de l’ADSMQ1951, boul. de Maisonneuve Est,bureau 001

Léger goûter offert par l’ADSMQ

Samedi le 6 septembre 2014à 13 h 30

LES RETROUVAILLES

L’occasion idéale de rencontrer les différents animateurs, de vous informer et de vous inscrire aux activités d’automne.

Léger goûter offert par l’ADSMQ

Dimanche le 5 octobre 2014

BRUNCH À 11 HApportez un plat cuisiné par personne1951, boul. de Maisonneuve Est, bureau 001Témoignage de Michèle Charland

Dimanche le 2 novembre 2014

BRUNCH À 11 HApportez un plat cuisiné par personne1951, boul. de Maisonneuve Est, bureau 001Conférence : Les soins palliatifsPar Pierre des Forges

Dimanche le 1erfévrier 2015

BRUNCH À 11 HApportez un plat cuisiné par personne1951, boul. de Maisonneuve Est, bureau 001Conférence : Savoir dire les choses sans blesser l’autre.Par Louise Côté

AGENDA 2014-2015

Vacances estivales

Le local de l’ADSMQ sera fermé du 1er au 30 juillet 2014

Ensemble pour mieux s’entendre !

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20 • SOURDINE •

LES SOURDS DE NAISSANCE PEUVENT-ILS PROFITER D’UN IMPLANT COCHLÉAIRE REÇU

À L’ÂGE ADULTE?Il est bien connu que les enfants recevant un implant en bas âge (opérés en moyenne autour d’un an) et les personnes ayant une surdité progressive ou acquise plus tard dans la vie obtiennent généralement de bons bénéfices avec l’implant.

Toutefois, pour les personnes sourdes de naissance, les bénéfices sont variables et parfois plus limités. Ils entendent moins bien, comprennent moins la parole et leurs bénéfices auditifs sont souvent longs à obtenir. En réadaptation fonctionnelle intensive après l’implantation, plusieurs sont découragés par le « peu » de gain, le rythme lent des progrès et la qualité sonore de l’implant. Plusieurs peuvent être déçus, notamment lorsqu’ils se comparent aux devenus sourds dans la salle d’attente ou lorsqu’ils fréquentent les associations.

Ces résultats plus limités s’expliquent notamment par un phénomène que l’on appelle la plasticité cérébrale. Le système auditif de ces personnes a été stimulé par le son de façon limitée depuis l’enfance. Dans le cas d’une surdité très importante, les appareils auditifs conventionnels ont offert, durant l’enfance et l’adolescence de ces personnes, un gain auditif plutôt limité. Notons que quelques-uns obtiendront tout de même des gains auditifs dans la moyenne, mais d’autres abandonneront leur implant tellement les bénéfices leur paraîtront limités.

Ainsi, il n’est pas du tout certain qu’ils pourront entendre avec suffisamment de clarté pour comprendre la parole avec un implant cochléaire. Comme leurs attentes sont souvent élevées, autant que chez les autres types de candidats, ils risquent fort d’être déçus, du moins dans un premier temps.

Pourtant, des études ont montré que la plupart des sourds congénitaux qui reçoivent un implant à l’adolescence ou à l’âge adulte portent leur implant de manière régulière et se disent satisfaits de l’appareil malgré des bénéfices auditifs limités. Selon nous, la seule mesure de la performance auditive (test à l’ordinateur) ne permet pas de bien cerner l’impact global de l’implant cochléaire dans la vie quotidienne de ces personnes.

Pour mieux comprendre, nous avons entrepris une étude qui nous a permis de revoir plusieurs implantés que nous n’avions pas rencontrés depuis plusieurs années. Une audiologiste, une orthophoniste, un psychologue et une chercheure constituent l’équipe de recherche.

Nous avons voulu savoir :

1) Quel était le niveau de satisfaction et le sentiment d’utilité face à l’implant chez cette clientèle?2) S’il y avait des associations entre le gain auditif et les bénéfices perçus en termes de satisfaction et d’utilité?3) Comment les résultats peuvent-ils « guider » notre pratique clinique auprès de ces usagers?

Vingt et un adultes (12 femmes et 9 hommes) avec une surdité de degré sévère à profond de naissance ou acquise avant l’âge de 3 ans ont participé à notre étude. Ils avaient tous reçus un implant alors qu’ils étaient adultes et le portaient depuis quelques années (entre 1 et 8 ans de port).

Notons que 2 participants portaient leur implant à temps partiel et 2 autres ne le portaient plus du tout faute de bénéfices valables. Tel qu’attendu, la moyenne du groupe en termes de pourcentage de reconnaissance de phrases à l’aide de l’audition seule avec l’implant et sans indices visuels est plus basse que pour les autres personnes implantées.

Les instruments de mesure et la procédure

Pour mesurer les habiletés auditives, c’est-à-dire ce que les personnes comprennent avec leur audition seule, nous avons utilisé un test audiologique multimédia administré par une audiologiste de l’équipe. C’est un test de reconnaissance de phrases: la personne écoute parler des personnes enregistrées sur un ordinateur sans voir les lèvres et ne peut prévoir les sujets abordés. Comme ce test est utilisé depuis assez longtemps par notre Centre d’expertise nous pouvons comparer leurs résultats avec plusieurs autres porteurs d’un implant cochléaire.

Pour évaluer leur sentiment de satisfaction et d’utilité par rapport à leur implant nous avons utilisé un questionnaire passé par un psychologue de l’équipe au cours d’une entrevue individuelle enregistrée sur vidéo. C’est une adaptation en français que nous avons faite d’un questionnaire élaboré aux États-Unis, déjà utilisé en recherche, auquel nous avons ajouté certains éléments. Ce questionnaire fait le tour de différentes situations concrètes de vie où ils ont à utiliser leur audition, par exemple : dans la voiture, dans une pièce pleine de monde, au téléphone, dans un petit groupe d’amis, pour écouter un conférencier, la télévision, etc. Nous leur avons aussi demandé si l’implant change quelque chose et quel est leur niveau de satisfaction dans certaines sphères de la vie : au travail, dans leurs relations familiales et sociales, au niveau de leur estime de soi, leur autonomie et leur qualité de vie.

Résultats

Presque tous les participants se sont dits satisfaits et trouvent leur implant utile dans plusieurs situations de la vie quotidienne, même ceux qui ont obtenu des scores auditifs peu élevés, sauf pour les 2 non-porteurs. Ils disent apprécier entendre les sons environnants. De plus, ils soulignent que leur implant appuie leur lecture labiale, rendant la communication plus facile.

La majorité des personnes rencontrées disent porter régulièrement leur implant et en profiter.

Ces résultats nous ont beaucoup intéressés. Nous avons cherché à comprendre pourquoi, malgré un gain auditif limité chez certains, la grande majorité rapporte un taux élevé de satisfaction et un fort sentiment d’utilité.

Bien sûr, une telle attitude pourrait s’expliquer en partie par le fait qu’ils ont accepté de participer à la recherche; ils ont donc possiblement une position plus positive envers l’implant. Une autre possibilité serait qu’après avoir investi autant d’énergie et d’espoir dans une démarche, il se peut que l’on soit disposé plus favorablement. Mais ces facteurs n’expliquent pas tout.

Les usagers que nous avons rencontrés sont plus satisfaits de leur implant que nous le croyions au départ et le trouvent suffisamment utile pour le porter régulièrement. Ce sont de bonnes nouvelles.

Lire la suite en page 30...

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Édition 204 // mai– juin 2014 21

LES BÉNÉFICES DE L’IMPLANT COCHLÉAIRE ET SES LIMITES

par Jeanne Choquette

La décision de recevoir un implant cochléaire ne se prend pas à la légère et n’arrive pas du jour au lendemain. Voici mon histoire.

Quand j’avais 7 ans, un professeur de mon école primaire s’est rendu compte que j’avais un problème auditif. Un ORL suggéra que je me fasse enlever les amygdales, qui étaient enflées et qui pouvaient bloquer le canal auditif. L’opération ne donna pas les résultats escomptés. Lorsque j’avais 16 ans, je devinais que le téléphone sonnait à la maison uniquement par le regard que mon père me lançait (en voulant dire : va répondre!). En fait, je ne l’entendais pas sonner, du moins pas tout de suite.

Oh là là! le choc en sortant dans la rue! Tous ces bruits, parfois agressants, que je n’avais jamais entendus! Quelques années plus tard, un deuxième appareil s’est ajouté. Hourra! j’entendais en stéréo! Puis, la technologie numérique est arrivée. Enfin, plus besoin d’enlever les appareils en entrant dans un endroit trop bruyant, les micropuces des appareils ajustaient automatiquement le volume.

Durant toutes ces années, sournoisement, à mon insu, les cellules ciliées de ma cochlée, qui transmettent les sons vers le nerf auditif, disparaissaient une à une. Après avoir eu environ 70 % d’audition pendant de nombreuses années, soudain, au début des années 2000, je suis tombée à un peu plus de 40 pour cent. Sur dix mots, j’en reconnaissais quatre. Disons que lorsqu’on est réalisatrice à la télévision, c’est tout un handicap!

Puis j’ai découvert le système Smartlink, de Phonak, un système d’amplification qui transmet le son (d’un interlocuteur ou d’un ordinateur) directement dans les appareils auditifs. Une bien belle invention, qui m’a été très utile, mais qui ne pouvait amplifier que les fréquences que j’entendais encore, c’est-à-dire les basses fréquences. Quand on n’entend plus les hautes fréquences, la voix humaine devient très difficile à déchiffrer. C’est comme du chinois : on entend, mais on ne comprend pas.

L’audiologiste du centre de réhabilitation La ReSource, de Gatineau, m’a alors parlé de l’implant cochléaire. C’était une perspective qui me faisait très peur. D’une part, j’étais convaincue que de toute façon je n’étais pas une bonne candidate, car je croyais qu’il fallait être complètement sourd des deux oreilles pour se qualifier. Mais surtout, j’étais certaine que le son perçu par mon cerveau serait celui d’une voix informatisée, métallique, froide.

J’ai assisté à une conférence donnée par une femme d’Ottawa qui avait mon âge, et qui racontait à quel point l’implant avait changé sa vie et lui avait donné confiance en elle au point de lui faire grimper deux échelons dans la fonction publique! Je me souviens avoir pleuré pendant toute sa conférence, tellement je pouvais m’identifier à son histoire pré-implant.

Je me suis alors dit : va au moins passer les tests. Je peux dire aujourd’hui que c’est la meilleure décision de ma vie!

Après quelques mois d’attente, je passe un test d’audition très détaillé (et épuisant!) en janvier 2010. L’audiologiste me dit que je suis « limite », mais que je suis assez sourde pour recevoir un implant, selon les critères d’admission. Prochaine étape : le test de vertige, pour s’assurer qu’un implant ne viendrait pas compromettre cette fonction importante de notre corps! Disons que ce n’est pas très agréable de recevoir un puissant jet d’air pendant plusieurs minutes dans les oreilles, mais rendue à ce stade-ci, je suis plus déterminée que jamais.

Ensuite c’est le CT-Scan, pour s’assurer que mes oreilles sont en bon état. Un petit examen facile à subir. Puis, la claustrophobe que je suis redoute terriblement ce qui va suivre : l’imagerie à résonnance magnétique (pour s’assurer que la structure des cochlées est correcte). Je passe des semaines à conditionner mon esprit. Vous ai-je dit que je suis déterminée? Le jour arrive, et tout va bien. Je garde les yeux fermés et je contrôle bien mes émotions. Mais ciel que cette machine est bruyante! On m’a donné des écouteurs de protection, je suis sourde,

Mais c’est au début de ma vie professionnelle, en 1981, que la situation devint plus préoccupante. Réalisatrice à la radio de Radio-Canada à Regina, en Saskatchewan, je devais évidemment faire le montage d’entrevues. Mon patron s’est aperçu que je ne coupais pas

bien les inspirations naturelles que les gens prennent juste avant de commencer à parler : je les coupais en plein milieu! Il me suggéra gentiment d’aller passer un test d’audition. Heureusement, la Saskatchewan avait un excellent programme d’aides auditives, et je suis sortie de là avec mon premier appareil analogique.

Le problème est devenu très embarrassant sur le plan professionnel en 2007. Patronne d’une équipe, j’avais pour tâche d’approuver la mise en ondes de reportages dont je ne comprenais pas un seul mot! Si je ne pouvais pas lire sur les lèvres de

mon interlocuteur ou de la personne interviewée, je ne comprenais strictement rien. Heureusement, j’étais entourée d’une bonne équipe

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et le bruit est incroyable! Je plains les entendants qui doivent passer une IRM!

Nous sommes maintenant en août 2010, 8 mois après le début du processus. Je reçois un appel de la clinique d’implants cochléaires de l’hôpital d’Ottawa : ma demande est acceptée (les résidants de l’Outaouais peuvent obtenir une dérogation de la RAMQ), et je peux être implantée le 12 octobre. Ouf ! Quel électrochoc! Je n’ai pas peur, mais je suis curieuse et survoltée. Je veux tout savoir sur les implants. Je passe des soirées complètes à scruter l’internet pour trouver des témoignages de gens qui ont été implantés. Je n’en trouve pas au Québec (ils doivent être mal recensés dans les moteurs de recherche), alors je me rabats sur la France, qui en a plusieurs. Le taux de succès semble très élevé, en fait je ne trouve qu’un seul témoignage négatif.

Vient ensuite le choix de la marque de l’implant. L’audiologiste n’a pas le droit de favoriser une marque plutôt qu’une autre. Je fais mes recherches sur internet et je reçois un bon accueil de la compagnie américaine Advanced Bionics, qui me met en contact avec une femme de Chicago, bi-implantée et… audiologiste! Elle répond à toutes mes questions.

Puis, mon audiologiste me met en contact avec deux de ses patients, un homme et une femme, porteurs d’un implant d’AB, et qui acceptent de me rencontrer pour me parler de leur expérience. Après un premier contact par courriel, je réalise que les deux habitent dans mon quartier! Quelle belle coïncidence!

Puis, le grand jour arrive. Une collègue et amie, Julie Huard, filme le tout pour en faire un éventuel reportage pour notre émission de télévision. Tout se passe bien, et je sors de l’hôpital 24 heures après la chirurgie, avec un pansement qui me donne l’allure de Vincent Van Gogh. La cicatrisation se passe bien, mais les acouphènes, qui font partie de ma vie depuis que j’ai l’âge de 18 ans, sont incroyablement débilitants.

Normalement, mon ORL fait attendre ses patients 5 semaines après la chirurgie, avant que l’audiologiste puisse procéder à l’activation du processeur externe. Mais puisque je cicatrise bien, il prend pitié de moi et permet l’activation 4 semaines après la chirurgie. Il sait que, lorsque mon oreille entendra enfin des sons, les acouphènes diminueront grandement.

12 novembre 2010, le jour J est enfin arrivé. L’audiologiste me demande de porter un bouchon dans l’oreille non implantée (avec

laquelle j’entends encore quelques basses fréquences), pour que le travail se fasse uniquement sur mon oreille implantée. Elle branche les fils à son ordinateur, place le processeur sur mon oreille et m’envoie les premiers sons. Elle prononce des mots en plaçant un carton devant sa bouche pour ne pas que je puisse lire sur ses lèvres.

Des mots? Je n’entends pas des mots! Ce que j’entends n’a aucune ressemblance avec la voix humaine. Après quelques minutes, elle enlève le carton, et je vois qu’elle prononce MER – CRE – DI, et moi j’entends BIP-BIP-BIP! Ouf ! Mon cerveau roule à 150 km/h! Je panique un peu, en me disant que ça va être beaucoup plus long que je ne le croyais. L’audiologiste garde son calme et continue les ajustements. Puis, 45 minutes plus tard, du fin fond de mon cerveau, je commence à percevoir quelque chose qui ressemble à des mots. À la fin de la session, je suis épuisée et, juste avant de partir, je sursaute en entendant le bruit de la fermeture-éclair de la trousse qui contient les pièces de rechange. Je m’amuse à l’ouvrir et la fermer, émerveillée par ce nouveau son!

Et ça va continuer d’émerveillement en émerveillement. Oui c’est vrai, tout le monde sonne comme Donald Duck au début, mais le cerveau, cette merveille, finit par s’ajuster. Après deux mois, les résultats sont spectaculaires. Avant l’implant, je reconnaissais 12 % des mots. Maintenant, sans bruit de fond, je reconnais 94 % des mots! Et en ajoutant du bruit de fond, alors que chez la plupart des gens le taux de reconnaissance tombe de moitié, je reconnais tout de même 83 % des mots!

Et que dire du chant des oiseaux! On m’avait dit : non seulement tu vas entendre le chant des oiseaux, tu vas pouvoir les identifier. Et c’est vrai! Mésanges et cardinaux sont mes nouveaux amis. Le tic-tac de l’horloge, le clignotant dans la voiture, les boutons du micro-ondes quand on le programme, wow! Et le miaulement de mes chats! Quel bonheur!

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Je peux conduire et avoir une conversation complète avec mon passager ou ma passagère sans me retourner constamment pour lire sur ses lèvres. Je peux parler à mes collègues dans les cubicules voisins sans avoir à me lever sans cesse pour les voir de face. Et surtout, avec de bons écouteurs, je peux comprendre presque tous les mots des reportages sur lesquels je dois travailler!

En plus de tout ça, les progrès technologiques sont très rapides et c’est très encourageant. Depuis ma chirurgie, la compagnie Advanced Bionics a lancé un nouveau processeur, le Naìda, et j’ai fait le choix de me le procurer à mes frais. Je suis très techno, alors je peux utiliser à fond les accessoires sans fil qui viennent avec le Naìda, dont le ComPilot, qui fonctionne via Bluetooth, et qui relaie le son de mon téléphone cellulaire, mon iPad, ma télé ou mon ordinateur de bureau directement dans mon processeur. La qualité sonore est phénoménale.

Bien sûr tout n’est pas parfait. C’est vrai que les basses fréquences que j’entends encore de mon oreille non implantée sont très utiles pour rendre l’audition agréable et naturelle. Si j’enlève mon appareil auditif pour n’entendre qu’avec mon processeur, le son est plus distant et métallique. Mais encore là, après quelques minutes, c’est déjà mieux.

J’envisage maintenant un deuxième implant, cette fois avec les électrodes Mid-Scala, qui permettent, semble-t-il, de conserver l’ouïe résiduelle. Mais les résultats ne sont pas garantis, alors je vais attendre encore un peu, ce n’est pas urgent.

Mon histoire fait l’objet d’un documentaire, L’Oreille de Jeanne, diffusé sur RDI en décembre 2012. Plus d’un an plus tard, j’en entends encore parler! Pour tenter d’aider les futurs implantés, j’ai créé un blogue, L’Oreille bionique (qui n’est pas tout à fait à jour par manque de temps, mais l’essentiel s’y trouve). Et depuis Noël, avec l’aide de Chakib Bennani et Marie-Andrée Boivin, nous avons créé un groupe Facebook pour les implantés et ceux qui songent sérieusement à recevoir un implant cochléaire. Un beau groupe où tout le monde s’encourage et s’entraide.

Après tout, l’implant cochléaire a changé nos vies pour le mieux, c’est quelque chose à célébrer!

• Le documentaire l’Oreille de Jeanne (avec sous-titres) : http://www.radio-canada.ca/widgets/mediaconsole/medianet/6530956

• Le blogue : http://oreillebionique.blogspot.ca/

• Le groupe Facebook : https://www.facebook.com/groups/implantcochleaireqc/

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Une bonne nuit de sommeil

Un homme dans un hôtel était incapable de trouver le sommeil. Il se leva, ouvrit les rideaux, retourna au lit et s’endormit facilement. Comment cela se fait-il?

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Indices :

Q. : Était-ce un hôtel normal?

R. : Oui.

Q. : Est-ce que les rideaux servaient à intercepter la lumière?

R. : Oui.

Q. : Est-ce que le bruit ou la lumière l’empêchait de s’endormir?

R. : Non.

Q. : L’homme avait-il quelque chose d’anormal?

R. : Oui.

Q. : Était-ce la nuit?

R. : Oui.

Q. : Y avait-il quelqu’un d’autre?

R. : Non.

Solution en page 30...

Énigme…Daniel Morel

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parAudrey Vaugrente Une équipe du Massachussetts Institute of Technology a mis au point une nouvelle génération d’implants cochléaires qui pourraient fonctionner sans fil.

L’implant cochléaire d’aujourd’hui (National Institute of Health / US Department of Health and Human Services)

Un implant auditif sans fil, qui se recharge avec un téléphone portable.

Ce n’est pas le fruit d’un cerveau d’écrivain de science-fiction mais un prototype actuellement développé par le très sérieux MIT (Massachussetts Institute of Technology). Des chercheurs développent actuellement un implant cochléaire de nouvelle génération : ce dispositif médical qui stimule électriquement le nerf auditif pourrait un jour fonctionner en Wi-Fi. Une première version a été présentée ce 9 février au congrès de l’International Solid-State Circuits.

Les implants cochléaires se substituent aux cils sensoriels. Une électrode est placée à l’arrière de l’oreille afin de capter les sons extérieurs qui sont ensuite traduits en signaux électriques jusqu’au nerf auditif. Récemment récompensé par le prix Lasker, le dispositif n’en est pas moins encombrant. En plus de l’électrode, un transmetteur en forme de disque de 3 cm de diamètre est fixé à l’oreille, et un fil le relie à une source d’énergie qui ressemble à une prothèse auditive.

Un téléphone devient le chargeur

Les chercheurs du MIT ont mis au point une puce peu gourmande en énergie qui envoie les mêmes signaux que l’électrode de l’implant cochléaire. Son point fort : elle fonctionne sans fil et peut être rechargée à distance. Utilisée comme implant cochléaire, elle permettra d’éliminer le transmetteur et la recharge car tout fonctionne sans fil. Autre innovation : elle utilise le « microphone » naturel de l’oreille moyenne au lieu de capter les bruits extérieurs. Dans la plupart des cas, les patients qui ont besoin d’un implant n’ont pas de problème au niveau de l’oreille moyenne.

Concrètement, un tel implant se rechargerait en quelques minutes pour une autonomie allant jusqu’à huit heures. Les chercheurs ont également présenté un prototype de chargeur compatible avec un téléphone portable standard. « L’idée avec ce produit, c’est que vous pouvez utiliser un téléphone, avec un adaptateur, pour recharger votre implant cochléaire, de sorte que vous n’ayez pas à être branché. Vous pouvez aussi imaginer un oreiller intelligent pour recharger pendant la nuit, et le lendemain il fonctionne », anticipe Anantha Chandrakasan, qui a participé à l’élaboration du produit. Pour le moment, le produit n’a été testé que sur quatre patients. Il faudra donc quelques années de recherche supplémentaires pour parvenir à un dispositif viable et fiable.

Source : http://www.pourquoidocteur.fr/Perte-d-audition---vers-des-implants-cochleaires-en-Wi-Fi-5363.html

VERS DES IMPLANTS COCHLÉAIRES EN WI-FI

DÉCIBELLes unités de mesure « bel » et « décibel » servent à déterminer l’intensité du son et ont été inventées par les « Laboratoires Bell » et dénommées ainsi du nom d’Alexander Graham Bell.

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Par Gilbert Poitras

Lors du brunch du 2 mars 2014, monsieur Jonathan Côté, audiologiste à l’Institut Raymond-Dewar depuis neuf ans, a expliqué aux personnes présentes les secrets de l’audiogramme, cet outil qui aide à mieux comprendre l’audition d’une personne. Après avoir mentionné que la perte auditive est une baisse de sensibilité de l’oreille qui empêche de bien entendre et comprendre la parole, et que cette perte comporte différents degrés d’intensité, monsieur Côté présente succinctement les composantes de l’oreille ainsi que les types de surdité, surdité conductive et surdité neurosensorielle.

Les pertes liées à la conduction (surdité conductive) entravent la transmission du son à l’oreille interne et se situent dans l’oreille externe ou moyenne. Elles sont habituellement causées par un blocage de cérumen, un corps étranger, une perforation tympanique, une dislocation ossiculaire, une masse ou un liquide dans l’oreille moyenne. Les pertes neurosensorielles ou de perception sont localisées dans l’oreille interne et représentent 90 % des cas de perte auditive. Ces dernières sont irréversibles. Les pertes liées au vieillissement sont de ce type. Certaines personnes peuvent être atteintes d’une surdité mixte, l’oreille moyenne et l’oreille interne étant toutes deux affectées.

Monsieur Côté indique ensuite de quoi est constitué un audiogramme. Il s’agit d’un graphique comportant deux échelles : l’échelle verticale présente la force du son exprimée en décibels, les sons faibles étant situés dans le haut de l’échelle, les sons forts dans le bas; l’horizontale présente les fréquences (hauteur du son) exprimées en hertz, les sons graves apparaissant à gauche de l’échelle, les sons aigus à droite. L’audiogramme permet de déterminer pour

chaque oreille le degré de perte auditive, laquelle est habituellement qualifiée de légère, modérée, modérément sévère, sévère ou profonde. Il importe aussi de distinguer entre entendre la parole et comprendre celle-ci. L’intensité de

la parole n’est pas un signe de la clarté avec laquelle elle est perçue. Les mots dits ne sont pas toujours les mots entendus par une personne touchée par une perte auditive. Celle-ci peut avoir de la difficulté à distinguer entre « six » et « dix », « cil » et « fil », etc. Monsieur Côté dit aussi quelques mots sur la moyenne des sons purs (MSP), qui est la moyenne des sons perçus autour de la parole, calculée à 500, 1000 et 2000 Hz. Pour l’octroi d’une prothèse, la RAMQ requiert une MSP se situant à 35 dB et plus à la meilleure oreille. Par ailleurs, le seuil de réception de la parole (SRP) est le seuil de validation établi pour s’assurer de la validité de l’examen.

L’audiogramme informe donc à la fois sur le type de surdité, le degré de celle-ci et la capacité de compréhension de la parole. Lorsqu’un autre audiogramme est dressé plus tard, il donne en outre un aperçu de l’évolution de la surdité dans le temps. C’est un outil pour mieux comprendre l’audition d’une personne, mais qui ne révèle pas tout. D’autres informations sont utiles à l’audiologiste pour proposer les solutions les plus adéquates à la personne atteinte. Il peut s’agir de ses expériences passées, de son milieu de vie (paisible ou bruyant), de ses difficultés de santé, etc. Chaque personne est unique et un audiogramme identique ne conduira pas nécessairement aux mêmes recommandations pour deux individus différents.

C’est avec grand intérêt que les personnes présentes ont écouté monsieur Côté. En témoignent les nombreuses questions qui lui ont été posées. Ce dernier a d’ailleurs pris grand soin de parler lentement et toujours de face pour être bien entendu de son auditoire.

L’AUDIOGRAMME

Crédit photo: Michel Nadeau

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LE PETIT MIRACLE QUI BRISE LA SURDITÉ 1600 FOIS

Article rédigé par M. Justin Boucher, rédacteur en chef du mensuel Le Chuchoteur du CHU de Québec. Le texte a été publié dans le numéro de novembre 2013.

Une technologie poussée aux allures bioniques, la passion et le doigté des chirurgiens ORL et la patience des audiologistes. Voilà ce qu’il faut pour opérer le petit miracle de l’audition. Si la technologie de l’implant cochléaire remonte à la fin des années 70, c’est en 1984 au CHU de Québec que la première chirurgie d’implantation a été réalisée au Québec par le Dr Pierre Ferron. Depuis, l’équipe a brisé le mur du son pour plus de 1600 personnes.

L’implant cochléaire n’est pas un appareil auditif ordinaire. Cette technologie miniaturisée, implantée dans l’oreille interne, permet d’entendre à nouveau ou d’entendre pour une toute première fois. Des électrodes stimulent le nerf auditif et c’est ainsi que les sons se rendent au cerveau.

Les implantations sont réalisées à L’Hôtel-Dieu de Québec qui est le seul endroit où se pratique cette chirurgie au Québec. Le Centre québécois d’expertise en implant cochléaire qui réunit les expertises des spécialistes de L’Hôtel-Dieu de Québec et de l’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec forme le regroupement de spécialistes responsable de l’intervention et de la réadaptation.

Quelques mois de programmation et de réadaptation suivent chaque implantation. Pour un enfant né sourd, il faut tout à la fois apprendre à entendre et acquérir la parole. Les résultats varient selon le patient, qu’il soit adulte ou enfant, généralement en fonction de la durée de la surdité préalable.

Si la technologie n’arrive pas à rivaliser avec la finesse de l’oreille humaine, les porteurs d’implants ne retourneraient pas en arrière pour autant. L’implant leur permet l’inclusion. Pour plusieurs, c’est un outil d’intégration au monde.

« C’est drôle à dire, mais nous nous sentons privilégiés comme parents, malgré tout, malgré la surdité de notre fille, insiste Mélissa Hains, maman de la petite Mélody. S’il était possible de lui redonner une audition normale, on le ferait demain matin. Mais dans le contexte, nous sommes privilégiés de pouvoir vivre ça. Nous avons vu la différence, l’évolution. Déjà, avec le langage des signes, Mélody est devenue plus expressive, puis maintenant avec l’audition, elle s’ouvre encore plus. Passer d’une petite fille un peu repliée parce qu’elle n’entend pas à une petite fille qui entend et qui s’émerveille, ça développe assez rapidement notre faculté à l’émerveillement ! C’est un peu surréaliste tout ça. Alors, on ne se fait pas prier pour en parler. Nous expliquons ce qu’est cette technologie à tous ceux qui posent des questions. On aime quand les gens nous posent des questions », poursuit la mère.

Mélody Laverdière a reçu son implant à l’âge de 18 mois, environ 6 mois après le diagnostic. Un choc pour les parents même s’ils se doutaient bien que quelque chose n’allait pas. Depuis, ses progrès impressionnent les médecins, les audiologistes, mais surtout les parents. Sa mère explique qu’elle a prononcé ses premiers mots trois mois après la chirurgie, alors que les attentes normales fixaient cette étape à six mois.

« Ça faisait déjà quelque temps qu’elle faisait du babillage comme les bébés entendants en font. Puis un jour, elle a échappé sa poupée dans la voiture et elle a dit : «Maman». Je me suis retournée, et elle me demandait sa poupée, en signe. C’était le début de la parole. C’était vraiment très bien », insiste la mère.

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La petite, qui vient de recevoir un deuxième implant le 5 novembre afin d’affiner ses facultés auditives, a aussi rapidement intégré les consignes usuelles telles que « viens mettre tes souliers ».

« Elle apprend à entendre. Par exemple, si tu ne lui expliques pas ce qu’est la sonnerie du micro-ondes, elle n’a aucun repère qui lui permette de savoir ce que c’est que ce bip-bip. Elle n’a aucun intérêt non plus, même si elle l’entend. »

L’oto-rhino-laryngologiste Richard Bussières est directeur du Centre québécois d’expertise en implant cochléaire. C’est lui qui a réalisé l’implantation de la petite Mélody. Il est très content des résultats. Il l’est d’ailleurs pour la plupart de ses patients, car l’amélioration de l’audition est souvent au rendez-vous. Si les résultats et le niveau de satisfaction varient, on estime qu’une large part des patients récupèrent ou obtiennent plus ou moins 80 % d’une audition normale après la réadaptation et les ajustements effectués par les audiologistes.

« Quand on a un enfant qui n’entend pas et qui a du mal à parler et puis qu’on réussit à le faire entendre et à développer la parole avec l’implant cochléaire, on se sent privilégié de faire ce travail. C’est beau de voir la réaction des parents quand ils voient que leur enfant entend. C’est très touchant », affirme le Dr Bussières.

Les progrès des enfants vécus à travers les yeux des parents sont aussi un facteur de fierté et de motivation pour tous les membres de l’équipe du Centre d’expertise. Les audiologistes, orthophonistes et autres intervenants sont souvent aux premières loges de ces moments privilégiés. Geneviève Tremblay accompagne les implantés dans leur réadaptation depuis une vingtaine d’années.

« Je me souviens de ce garçon de 8 ou 9 neuf ans qui était devenu sourd. En fin de réadaptation, il était dans mon bureau et faisait des essais téléphoniques avec son père. Il comprenait ce que son père lui disait et pour lui c’était bien, sans être particulièrement extraordinaire. Mais son père pleurait à chaudes larmes dans mon bureau. Il était très ému de voir que son fils le comprenait. Il n’avait jamais parlé au téléphone avec son fils. L’enfant avait perdu l’audition alors qu’il était bébé. Lorsque le papa était à l’extérieur, il devait toujours passer par sa conjointe pour lui transmettre des messages. Il pouvait enfin lui dire qu’il l’aimait ou qu’il lui rapporterait quelque chose sans recourir à un intermédiaire », raconte Mme Tremblay, audiologiste à l’IRDPQ.

LES ÉTAPES DU PROCESSUS

Voici les différentes étapes par lesquelles la personne (et ses parents dans le cas de jeunes enfants) devra passer afin d’obtenir un implant cochléaire :

1. Évaluation à L’Hôtel-Dieu de Québec du Centre hospitalier universitaire de Québec (CHU de Québec)

• Rencontre avec l’audiologiste• Rencontre avec l’ORL

2. Évaluation à l’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec (IRDPQ)

• Rencontre avec l’audiologiste• Rencontre avec le psychologue• Rencontre avec l’orthophoniste (si jugé pertinent)

3. Comité de sélection – Prise de décision (vous recevrez une lettre dans les 2 semaines suivant la réunion)

4. 3 options possibles

Source :

Centre québécois d’expertise en implant cochléairehttp://www.implantcochleaire.ca/etapes.html

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COMMENT ÇA MARCHEArticle rédigé par M. Justin Boucher, rédacteur en chef du mensuel Le Chuchoteur du CHU de Québec. Le texte a été publié dans le numéro de novembre 2013.

L’implant cochléaire est composé d’une partie interne et d’une partie externe. La partie interne est insérée sous la peau derrière l’oreille lors d’une chirurgie qui nécessite une anesthésie générale.

La partie externe est constituée du processeur vocal qui est relié à l’antenne. L’antenne est munie d’un aimant qui permet de la maintenir vis-à-vis la partie interne, afin que le contact puisse s’établir. Le processeur vocal peut être un mini-boîtier ou un contour d’oreille, fonctionnant avec ou sans télécommande.

Dans la plupart des surdités, le nerf auditif a maintenu ses capacités auditives. Ce sont les cellules (appelées cellules ciliées) qui font défaut. Avec l’implant cochléaire, le son entre dans un microphone et passe dans un micro-ordinateur externe qu’on appelle « processeur de traitement de signal ». Le son est alors traité et numérisé.

Cette information numérisée est transmise par l’antenne émettrice à la partie implantée chirurgicalement du système. L’implant transforme l’information sonore en signaux électriques qui sont acheminés le long d’un faisceau d’électrodes inséré dans la minuscule oreille interne, la cochlée.

Les électrodes stimulent le nerf auditif qui envoie l’information sonore au cerveau.

LA RÉADAPTATION

Article rédigé par M. Justin Boucher, rédacteur en chef du mensuel Le Chuchoteur du CHU de Québec. Le texte a été publié dans le numéro de novembre 2013.

Un suivi et un apprentissage sont nécessaires après la pose de l’implant, et le cerveau demande une période d’adaptation pour apprendre à identifier les informations reçues. Chez les adultes, les résultats semblent les plus positifs et les plus rapides chez les patients ayant perdu récemment leur audition, ou ceux ayant eu une audition partielle adéquate. La réadaptation dure deux à trois mois en moyenne pour les adultes. Elle s’échelonne sur quelques années pour les enfants qui auront à travailler à la fois avec des audiologistes et des orthophonistes pour maîtriser le langage.

Un enfant né sourd n’a jamais entendu ses parents lui parler et lui décrire ce qui l’entoure; sa conception du monde repose en grande partie sur sa perception visuelle. Lorsqu’il débute en réadaptation, le jeune enfant qui vient de recevoir un implant doit d’abord apprendre toutes les bases du langage; savoir que chaque chose qu’il voit autour de lui possède un nom, une étiquette. Avant que l’implant ne devienne le véhicule principal d’un tel apprentissage et que l’enfant puisse apprendre simplement en « écoutant », il faut un entraînement, mais aussi un certain temps. Pour ne pas creuser l’écart entre le langage des enfants entendants et celui des enfants déficients auditifs, on utilise au départ le langage signé (en simultané avec la parole). Ainsi l’enfant apprend rapidement de nombreux mots, concepts et connaissances générales sur lesquels il apposera graduellement l’étiquette sonore appropriée. Parallèlement, on amène l’enfant à utiliser sa voix et à percevoir la parole comme porteuse d’un message. Avec le temps et l’expérience des sons, le besoin d’un langage gestuel pour supporter les apprentissages s’estompe et, éventuellement, c’est par le langage oral et de manière naturelle que la majorité des enfants exprimeront leurs idées et leurs besoins.

Consultez : http://www.implantcochleaire.ca/pub_logiciel.html

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L’IMPLANT COCHLÉAIRE CHEZ LES ENFANTS : EN CONSTANTE ÉVOLUTION

Contrairement aux adultes, souvent devenus sourds, la très grande majorité des enfants qui reçoivent un implant cochléaire sont nés avec une surdité. Le jeune enfant qui présente une surdité a besoin d’une intervention précoce, afin d’atténuer, dans la mesure du possible, la cascade de difficultés (développement du langage et des sons de la parole, réussite scolaire, inclusion sociale, et même, perspectives d’emploi) qui peuvent découler de l’incapacité auditive.

Évolution de la clientèle « enfant » au Centre québécois d’expertise

Il arrive encore souvent que le grand public croie que l’implant cochléaire ne s’adresse qu’aux enfants. Or, depuis plusieurs années, il y a beaucoup plus d’adultes que d’enfants qui reçoivent un implant. Actuellement, au Centre québécois d’expertise, le nombre d’enfants se situe autour de 20-25 par an, alors que plus d’une centaine d’adultes reçoivent un implant chaque année.

Toutefois, cela n’a pas toujours été le cas ; entre 1991 et 1998, avec les aléas du financement gouvernemental, seuls 10 enfants par année recevaient un implant. Dans le cas des adultes, ce nombre oscillait entre 3 et 7 (selon les données du programme Implant cochléaire de l’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec en 2004). C’est à partir de 2003, alors que la liste d’attente de chirurgie pour les enfants s’était graduellement résorbée grâce à un nouveau financement gouvernemental, que la proportion annuelle d’enfants et d’adultes recevant un implant s’est inversée. En parallèle, la demande pour les adultes a connu une croissance importante en raison de l’élargissement des critères de sélection sur le plan audiologique (puisque des personnes avec des surdités de degré un peu moindre devenaient des candidats à l’implantation).

C’est à partir de l’année 2001, suivant la tendance internationale vers la baisse de l’âge moyen au moment de l’implantation, que les enfants sourds du Québec ont commencé à être implantés de plus en plus jeunes. D’ailleurs, un sondage réalisé en 2007 auprès des centres d’implantation pédiatrique canadiens confirme que de plus en plus d’enfants reçoivent l’implant avant l’âge d’un an (Fitzpatrick & Brewster, 2008). Avec le dépistage néonatal universel de la surdité qui sera instauré cette année dans les hôpitaux du Québec, on peut prévoir que les familles d’enfants sourds choisiront encore plus tôt l’implant cochléaire. Actuellement, dans les états où l’on pratique le dépistage néonatal universel de la surdité, il est fréquent de voir des enfants de moins de 6 mois recevoir un implant.

L’importance de la réadaptation pour développer le langage du jeune enfant qui reçoit un implant

Tout comme les adultes, les enfants ont besoin d’une intense réadaptation pour apprendre à entendre. Par contre, contrairement aux adultes, qui ont déjà développé leur langage au moment de recevoir l’implant, les enfants sourds de naissance devront aussi apprendre à se servir de leur implant pour acquérir le langage et développer les sons de la parole. C’est un défi très grand qui attend les familles.

Pour l’enfant qui n’a jamais entendu, qui ne sait même pas ce que c’est que le son, tout est à faire. C’est pourquoi les intervenants misent beaucoup sur un développement global du langage, en introduisant souvent quelques signes dans la communication quotidienne. Lorsque l’implant est programmé, les intervenants vont intégrer l’entrée auditive et stimuler le langage oral de manière la plus naturelle possible, sans rien forcer. C’est le parent qui demeure maître des décisions concernant les différents outils qui peuvent être utilisés pour soutenir le développement de la communication : oral seulement, utilisation de signes, Langue Parlée Complétée (LPC). Ces dernières années, nous avons observé que les enfants qui sont implantés très jeunes semblent « migrer » rapidement et de façon harmonieuse vers la communication orale. L’évolution technologique aidant, les enfants utilisent davantage et mieux les indices auditifs offerts par l’implant, ce qui a des impacts palpables sur le développement du vocabulaire et des sons de la parole.

Il faut aussi dire que l’implant suscite beaucoup d’espoir chez les parents. Ceux-ci devront donc se mobiliser dans la réadaptation de leur enfant. Le fait de débuter avec une réadaptation fonctionnelle intensive de quelques mois crée un contexte favorable qui permettra aux parents de constater que leur enfant développe de nouvelles habiletés avec son implant. L’intensité et la fréquence du suivi – plusieurs fois par semaine pendant la période intensive – favorisent aussi l’apparition, chez le parent, d’attitudes qui favorisent le développement du langage oral. L’équipe d’intervenants doit établir une collaboration efficace avec le parent afin de maximiser les bénéfices du programme de réadaptation post-implant.

Crédit photo: Site web du département d’orthophonie de l’UQTR

Louise DuchesneProfesseure au département d’orthophonie de l’Université du Québec à Trois-Rivières

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30 • SOURDINE •

Quelques résultats de recherche sur le langage au Québec

Le développement du langage est un but important de l’implantation cochléaire et fait maintenant partie intégrante de l’évaluation des bénéfices offerts par l’implant, en clinique bien sûr, mais aussi en recherche. Entre 2006 et 2008, une étude a été effectuée auprès de 43 enfants francophones qui avaient reçu un implant cochléaire entre l’âge de 8 et 28 mois. L’étude portait sur le développement du vocabulaire et de la grammaire chez ces enfants. Les résultats obtenus suggèrent que l’implant peut, chez certains enfants, faire en sorte que le niveau de langage atteint soit semblable à – ou se rapproche de – celui des enfants du même âge qui n’ont pas de surdité. Par contre, il semble que l’implant ne suffise pas pour permettre de rattraper à coup sûr le niveau de langage des pairs entendants dans toutes les composantes du langage. Alors que les habiletés de vocabulaire se rapprochent du profil typique, les habiletés à comprendre des phrases élaborées sont plus faibles chez une majorité d’enfants. Il semble que les petits mots comme les pronoms ou les articles, et les terminaisons des verbes dans les phrases, soient particulièrement difficiles à traiter pour les enfants avec implant (Duchesne et al., 2009, 2010).

Ce que l’avenir nous réserve

Des enfants issus du dépistage néonatal et implantés à 4 ou 5 mois, des enfants qui bénéficient de deux implants au lieu d’un seul : voilà où nous en sommes. Il reste encore à voir comment le développement du langage sera facilité si la période de privation sensorielle est raccourcie, et à constater si le fait de porter deux implants, au lieu d’un seul, permet d’accélérer ou d’améliorer le développement du langage.

Références :

Duchesne, L., Sutton, A., & Bergeron, F. (2009). Language Achievement in Children Who Received Cochlear Implants Between 1 and 2 Years of Age: Group Trends and Individual Patterns. Journal of Deaf Studies and Deaf Education, 14(4), 465-485.

Duchesne, L., Sutton, A., & Bergeron, F., & Trudeau, N. (2010). Développement lexical précoce des enfantsporteurs d’un implant cochléaire. Revue canadienne d’orthophonie et d’audiologie (RCOA), 34(2), 132-145.

Fitzpatrick, E., & Brewster, L. (2008). Pediatric cochlear implantation in Canada: Results of a survey. Canadian Journal of Speech-Language Pathology and Audiology, 32(1), 29-35.

ÉPINGLETTE DE L’OREILLE BARRÉE

Ce pictogramme représente le symbole international pour personnes sourdes et malentendantes.

Toute personne intéressée à se procurer une épinglette peut en obtenir une au local de l’ADSMQ :1951, boul. de Maisonneuve est, bureau 001, Montréal

Vous pouvez également obtenir l’épinglette par courrier postal en communiquant par courriel avec Daniel Morel à l’adresse suivante : [email protected].

Des frais de poste s’ajouteront.

Solution énigme de la page 23

L’homme était sourd. Il avait un rendez-vous important tôt le lendemain et avait si peur de se lever en retard qu’il n’arrivait pas à s’endormir. Après avoir ouvert les rideaux, il s’est dit que la lumière du soleil le réveillerait. Cette pensée l’a rassuré, et il s’est endormi facilement.

Les sourds de naisance... suite dela page 20

Dans notre pratique clinique, nous, comme intervenants, pourrons être mieux positionnés lorsque nous recevons les nouveaux candidats en évaluation et nous pourrons être un peu plus optimistes et « supportants » durant la réadaptation fonctionnelle intensive. Nous pourrons leur exprimer que, même s’ils trouvent que c’est lent et décevant dans un premier temps, il y des chances (pas des certitudes) qu’ils soient plus satisfaits à long terme comme plusieurs des participants de notre recherche.

Aller plus loin?

Les résultats de cette recherche continuent de susciter des questions. Pouvons-nous comprendre de manière encore plus précise ce qui explique leur satisfaction et les changements apportés dans la vie quotidienne?

C’est ainsi que nous avons entrepris une phase 2 à notre recherche. Nous avons décidé de revoir une partie de nos participants et de les interroger en profondeur sur ce qu’ils vivent avec leur implant au quotidien, en plus d’ajouter le témoignage d’une personne proche d’eux : conjoint, parent, enfant ou ami.

Nous analysons actuellement les données de nos entrevues et nous espérons comprendre avec plus de profondeur le vécu des personnes sourdes de naissance qui reçoivent un implant à l’âge adulte et ainsi mieux les aider, tout au long de leur cheminement.

Maurice Bhérer, psychologueLouise Duchesne, Ph. D.Suzie Gobeil, orthophonisteIsabelle Millette, audiologiste

Références :

Zwolan, T. A., Kileny, P. R., & Telian, S. A. (1996). Self-report of cochlear implant use and satisfaction by prelingually deafened adults. Ear and Hearing, 17, 198-210.

Bergeron F. (1998). Développement d’une batterie de tests multimédias visant à évaluer les habiletés audiovisuelles de perception de la parole. Canadian Journal of Rehabilitation, 11(4), 182-183.

Millette, I., Gobeil, S., Bhérer, M., Duchesne, L. (2011). Cochlear implants in adults with prelinguistic deafness : do auditory gains match the subjective benefits? Cochlear Implants International, 12, S78-S81.

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Édition 204 // mai– juin 2014 31

Depuis maintenant 30 ans, les malentendants peuvent se tourner vers l’implant cochléaire lorsque les appareils auditifs n’arrivent plus à donner des bénéfices suffisants. En effet, l’implant permet une certaine restauration des capacités auditives, mais il ne redonne pas une audition normale. En général, les porteurs d’implant cochléaire continuent d’avoir de la difficulté à comprendre la parole dans les environnements bruyants, à discuter en groupe, à suivre des réunions ou conférences, etc. C’est pourquoi, comme pour tout malentendant, l’utilisation des stratégies de communication est de mise.

Mais qu’est-ce qu’une stratégie de communication? C’est un outil pour rendre la communication entre deux personnes efficace tout en étant peu coûteuse en énergie. Les stratégies de communication peuvent se diviser en trois groupes en fonction de ce qu’elles influencent (l’environnement, le malentendant et l’interlocuteur). Voici un résumé de ce qui peut être mis en œuvre pour communiquer efficacement avec un implanté cochléaire (ou simplement un malentendant) :

Actions sur l’environnement* Éviter les endroits trop bruyants ou échos tels que certains restaurants, salles de quilles, églises, etc.* Réduire le bruit ambiant lorsque possible (ex : TV, radio, musique, etc.).* Bien éclairer la pièce pour faciliter la lecture labiale.* Éviter le contre-jour (le malentendant est face à son interlocuteur qui est placé dos à une fenêtre). Ce positionnement provoque l’éblouissement du malentendant par la lumière du jour, n’éclaire pas le visage de l’interlocuteur et nuit à la lecture labiale.* Réduire la distance entre les interlocuteurs.

Le malentendant doit* Se placer pour avoir le meilleur accès visuel et auditif à son interlocuteur, tout en s’éloignant des sources de bruits:

* D’entrée de jeu, communiquer ses besoins à son interlocuteur pour arriver à bien suivre la conversation.* Manifester ses incompréhensions et vérifier au besoin sa compréhension.

* Bien utiliser l’implant, l’appareil auditif et toute autre aide de suppléance à l’audition pouvant s’appliquer à la condition d’écoute (ex: programmes bruit, système MF, micro auxiliaire, etc.).

L’interlocuteur doit* Faciliter la lecture labiale :

* Avoir un débit de parole adapté (pas trop rapide).* Parler à un bon volume (ni trop fort, ni trop faible).* S’adapter aux besoins manifestés par le malentendant.* Être sensible aux indices visuels permettant d’identifier les incompréhensions de son interlocuteur et, au besoin, vérifier la compréhension de ce dernier.* En cas d’incompréhension :

Comme vous pouvez le constater, les stratégies de communication demeurent grandement utiles et facilitantes pour les porteurs d’implant cochléaire. De plus, il apparaît que ces stratégies sont globalement similaires à celles qu’utilisent les porteurs d’appareils auditifs. L’implant ne doit donc pas être vu comme une solution unique, mais comme faisant partie d’un coffre à outils dans lequel on retrouve aussi les stratégies de communication, la lecture labiale et les aides de suppléance à l’audition. C’est en utilisant tous leurs outils que les malentendants et leur entourage arriveront à bâtir une communication efficace, sans dépense d’énergie inutile pour chacun.

Stéphanie RouleauAudiologiste de réadaptation au Centre québécoisd’expertise en implant cochléaire, IRDPQ.

Qu’en est-il des stratégies de communication avec l’implant cochléaire?

• s’asseoir face à l’interlocuteur ou le placer du côté de son implant• protéger son implant du bruit en s’assoyant à côté d’un mur, dans une banquette ou autre

• Répéter ce qui a été compris• Poser des questions

• bien articuler, sans exagérer• ne pas cacher sa bouche avec des objets ou les mains• s’assurer d’avoir le visage bien éclairé

• Répéter• Trouver un synonyme• Reformuler en d’autres mots• Donner le sujet ou les mots clés• Utiliser les indices non verbaux (mimiques, gestes naturels, etc.)

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LES TROIS VIEILLARDSUn jour, une femme sort de sa maison et voit trois vieillards avec de longues barbes blanches, assis devant chez elle.Elle ne les reconnait pas. Elle leur dit :« Je ne pense pas que je vous connaisse, mais vous devez avoir faim.S’il vous plait, entrez et je vous donnerai quelque chose à manger. »« Est-ce que l’homme de la maison est là? » ont-ils demandé. « Non, il est sorti », leur répondit-elle.« Alors, nous ne pouvons pas entrer », ont-ils répondu.

En soirée, lorsque son mari arrive à la maison, elle lui dit ce qui s’était passé.« Va leur dire que je suis à la maison et invite-les à entrer! » dit-il à sa femme.

La femme sort et invite les hommes à entrer dans la maison.« Nous n’entrons jamais ensemble dans une maison », ont-ils répondu.« Et pourquoi ? » a-t-elle voulu savoir.

Un des vieillards lui expliqua :« Son nom est RICHESSE », dit-il en indiquant un de ses amis et, en indiquant l’autre : « Lui, ç’est SUCCÈS et je suis AMOUR. »Il a ajouté :« Retourne à la maison et discute avec ton mari pour savoir lequel d’entre nous vous voulez dans votre maison. »

La femme retourne à la maison et dit à son mari ce qui avait été dit.Son mari était ravi.« Comme ç’est agréable ! dit-il. Puisque ç’est le cas, nous allons inviter RICHESSE. »

Sa femme n’était pas d’accord :« Pourquoi n’inviterions nous pas SUCCÈS ? »

Leur belle-fille, qui était dans une autre pièce, entendit leur conversation.Elle sauta sur l’occasion pour faire sa propre suggestion :« Ne serait-il pas mieux d’inviter AMOUR ? La maison sera alors remplie d’amour! »« Tenons compte du conseil de notre belle-fille, dit le mari à sa femme. Sors et propose à AMOUR d’être notre invité. »

La femme sort et demande aux trois vieillards :« Lequel d’entre vous est AMOUR? S’il vous plait, entrez et soyez notre invité. »

AMOUR se lève et commence à marcher vers la maison.Les deux autres se lèvent aussi et le suivent.Étonnée, la dame demande à RICHESSE et SUCCÈS :« J’ai seulement invité AMOUR. Pourquoi venez-vous aussi ? »

Les vieillards lui répondirent ensemble :« Si vous aviez invité RICHESSE ou SUCCÈS, les deux autres d’entre nous seraient restés dehors. Mais puisque vous avez invité AMOUR, partout où il va nous allons avec lui puisque partout où il y a de l’amour, il y a aussi de la richesse et du succès! »

Auteur inconnu.Tiré avec autorisation du site www.frizou.com Envoi de Laurent Roy

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36 • SOURDINE •

Soulignons ensemble le 30e anniversaire de l’implant cochléaire!Rédigé par : le comité organisateur du 3e Colloque québécois sur l’implant cochléaire : 30 ans d’expertise à partager

L’implant cochléaire célèbre son 30e anniversaire et c’est avec plaisir que les membres du Centre québécois d’expertise en implant cochléaire invitent, le 30 mai prochain, les professionnels de la santé et le grand public à une journée consacrée à l’expertise développée à Québec.

3e Colloque québécois sur l’implant cochléaire : 30 ans d’expertise à partager

L’évolution des connaissances et de la technologie se fait à un rythme accéléré et c’est pourquoi cette journée mettra de l’avant les avancées scientifiques et intégrera les connaissances à la fine pointe dans le domaine de l’implant cochléaire.

Les professionnels de la santé sont donc invités au 3e Colloque québécois sur l’implant cochléaire : 30 ans d’expertise à partager. À cette occasion, la conférencière internationale, Dre Diane Lazard, sera sur place. Reconnue pour son expertise en plasticité de l’oreille, Dre Lazard présentera deux conférences. La première portera sur les facteurs prédictifs des performances de l’implantation cochléaire et la seconde sur la plasticité cérébrale. Un état de situation sur l’admissibilité à l’implantation cochléaire sera également présenté.

Les enjeux sont grands et tous les intervenants jouent un rôle important dans les diverses étapes du processus. Le partenariat est la clé du succès et ce colloque se veut un rendez-vous incontournable.

Conférence grand publicLe Moulin à sons : Histoire de l’implant cochléaire

La population est aussi invitée à la célébration! Les personnes intéressées par l’implant cochléaire pourront assister à une conférence qui combinera une présentation multimédia et des témoignages. Venez découvrir les grands pans de l’histoire et entendre les personnes implantées qui ont tracé la voie.

Intéressés par ces activités? Visitez la section Événements du www.chuq.qc.ca pour plus de renseignements.

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Édition 204 // mai– juin 2014 37

NOUVEAUX MEMBRES

NOUS DÉSIRONS SOUHAITER LA BIENVENUE À:

MICHELLE RODRIGUEÉTIENNE WALRAVENSREGROUPEMENT DES SOURDS ET DES MALENTENDANTS DU SAGUENAY-LAC-ST-JEAN

NOUS ESPÉRONS QUE L’ADSMQ VOUS APPORTE TOUT LE SUPPORT QUE VOUS RECHERCHEZ ET QUE VOUS SEREZ EN MESURE DE TROUVER LES RÉPONSES AUXQUELLES VOUS ASPIREZ.

1951, boul. de Maisonneuve Est, bureau 001Montréal, (Québec) H2K 2C9

Nouveau membre

Renouvellement

Membre régulier ou sympathisant: 25 $

International 40 $

Organisme : 35 $ DON: __________ $

Mme Solange Ouellette et M. Denis Bernier, directeur général de la Caisse Desjardins Cité-du-Nord de Montréal.

Pour la seconde année consécutive, votre Caisse Desjardins Cité-du-Nord de Montréal est fière d’annoncer qu’un de ses membres a reçu le Prix Fondation Desjardins – Engagement bénévole.

Cette année, il s’agit de Mme Solange Ouellette, qui œuvre auprès de l’Association des devenus sourds et des malentendants du Québec (ADSMQ). Cet organisme à but non lucratif défend les droits des malentendants et des devenus sourds de la province et facilite leur intégration dans la société.

Rappelons que ce Prix Fondation Desjardins – Engagement bénévole prend la forme d’un certificat hommage, qui a été remis à Mme Ouellette pour souligner son implication sociale et sa générosité, ainsi que d’une somme de 1000 $, qui a été versée à l’ADSMQ.

Toutes nos félicitations vont à Mme Ouellette pour son engagement exceptionnel et son travail inestimable auprès de la communauté !

NDLR

L’ADSMQ est fière de compter, parmi ses nombreux bénévoles, cette femme de cœur qui œuvre en son sein depuis plus de trente ans. Son unique but, venir en aide à ses semblables, lui a valu la gratitude de tous les organismes du milieu de la surdité.

Nous tenons à remercier la Fondation Desjardins de cette belle initiative en reconnaissance de ses grandes qualités, de son implication sociale et de sa générosité. Honneur qu’elle mérite amplement et qu’elle a su accepter en toute simplicité.

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38 • SOURDINE •

2Gaston GirouxJoanne Roche8Francine Marsan-Lapierre9Lise Lavigne12Steve Forget13Lyse JoannetteLilianne Schryburt15Géralda CroteauFrançoise Gareau16Irène Cyr17Jacques BettezSuzanne Bossé19Réjean Chayer20Lucie Larochelle21Miville Bédard22Réjean Brière24Jacques Mainville26Rosa Araos28Micheline Rousseau

1Huard FrançoisJeanne Masse5Lucie Blom Caouette7Florence Bois B. 11Maurice ArsenaultMonique Bourque12Denise Laurier14Jean-Guy DuplessisHenri-Paul Leduc15Micheline Aubé16Jocelyne Hutton19Louisette Hinse21Denis ConstantineauLouis DumouchelJulienne Labbé26Simone-Marie Gagnon27Josette Bourdage28Nathalie Melançon29Paulette GauthierLucille Prévost-Fortin30Françoise Marcouiller

1Cécile Glavina 4Monique Rodrigue5Ginette Bujold-Cyr 6Micheline Bernard 8Monique Guevremont Solange Ouellette 10Léon Bossé 11Gilles Brassard Jeannine Mireault 13Michèle Langlois 16André Fournier Jeannine Lebrun 17Françoise Moreau18Lucille Beaudoin-Lestage Marie-Marthe Gagnon 19Claire Goyer 21Louise Alary 22Danielle Brulé Jacques Labonté 25Lorraine Pothier 27Nancy Vaillancourt 30Dr Maurice ParentLucille Racine 31Pauline Brière-AubryClaire M - Tailfer Claude Vézina

5Mariluz Camacho 6Céline Nantel 10Madeleine BissonJocelyne Légaré-Pauzé 12Monique Vézina 13Thérèse Beauregard 14Marie-ClaireRoy-Morissette16Pierrette ArpinGisèle Limoges18Huguette Houle-Quesnel Johanne Lauzon21Maureen Shea 22Yolande Richard24Gemma Nadeau 26Aline Picard 27Laurette Belle-IsleYves Dion

Sourdine présente ses sincères excuses à ceux et celles dont la date anniversaire n’a pas été inscrite.

Veuillez nous aviser de toute omission afin que nous corrigions la prochaine liste.

mai 2014

Que cette journée de fêtesoit une symphonie de bonheur...

et un arc-en-ciel de voeux réalisés !

juin 2014 août 2014juillet 2014

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Édition 204 // mai– juin 2014 39

Associations régionales de malentendants

AQEPA MONTRÉAL RÉGIONAL

3700, rue Berri, local A-436Montréal, Qc, H2L 4G9

Tél. et ATS : 514-842-3926Téléc.: 514-842-4006

Courriel : [email protected] internet : www.aqepa-mtl.org

A.D.S.M.Q. SECTEUR DU SUD-OUEST

35, rue Grande-Ile, bureau 1 Valleyfield, Qc J6S 3L9

Tél. : 450 377-5941 (Bureau) 450 377-5770 (ATS)Téléc.: 450 377-4293

Courriel : [email protected]

A.D.S.M.Q. SECTEUR DES MRC DE L’ASSOMPTION ET DES MOULINS

Centre à nous — Pavillon Lions50, rue Thouin, bureau 232

Repentigny, Qc J6A 4J4

Tél. : 450 657-8500 (Voix) Courriel : [email protected] internet: www.adsmqam.org

ASSOCIATION DES PERSONNES AVEC PROBLÈMES AUDITIFS DES LAURENTIDES

421 B, boul. Curé-LabelleBlainville, Qc J7C 2H4

Tél. : 450 434-2135 (voix) 450 434-2135 (ATS)Téléc. : 450 434-4120

Courriel : [email protected] internet: www.appal.ca

ASSOCIATION DES PERSONNES AVEC UNE DÉFICIENCE DE L’AUDITION

7260, boul. CloutierQuébec, Qc G1H 3E8

Tél. : 418 623-5080 (Voix et ATS)Téléc.: 418 623-8936

Courriel: [email protected]

ASSOCIATION DES PERSONNES MALENTENDANTES DES BOIS-FRANCS

59, rue Monfette, local 229Victoriaville, Qc G6P 1J8

Tél. : 819 751-3055 (Voix et ATS)Téléc. : 819 751-3055

Courriel : [email protected]

ASSOCIATION DES PERSONNES MALENTENDANTES DE LA MAURICIE

875, boul. des Récollets, bureau 225Trois-Rivières, Qc G8Z 3W6

Tél. : 819 370-3771 Voix et ATSCourriel : [email protected]

ASSOCIATION DES PERSONNES VIVANT AVEC UNE SURDITÉ À LAVAL

387, boul. des Prairies, bureau 211Laval, Qc H7N 2W4

Tél.: 450 967-8717Téléc.: 450 967-8131

Courriel: [email protected]

ASSOCIATION DES IMPLANTÉS

COCHLÉAIRES DU QUÉBEC

5100, des Tournelles, local 130Québec, Qc G2J 1E4

Tél.: 418 623-7417Téléc. : 418 623-7462

Courriel : [email protected] internet: www.cidm.qc.ca/aicq

ASSOCIATION DE L’OUÏE DE L’OUTAOUAIS

115, boul. Sacré-Cœur, bureau 206 Gatineau, Qc J8X 1C5

Tél. : 819 770-9653 - Téléc. : 819 770-1422 Courriel : [email protected]

Page 40: Sourdine 204

40 • SOURDINE •

Associations régionales de malentendantsCENTRE ALPHA-SOURD RIVE-SUD

208, rue Notre-DameSt-Pie, Qc J0H 1W0

Tél.:Téléc. : 450 772-6778Courriel : [email protected]

Site internet : www.//ensemble.rgpaq.qc.caLocal de Longueuil

450, Chemin Chambly, 2e étageLongueuil, Qc J4H 3L7

Tél.: Téléc.: 450 677-1723

ACOUPHÈNES QUÉBEC

6818, rue Saint-Denis, bureau 3,Montréal, Qc H2S 2S2

Tél. : 514 276-7772 Courriel : info@acouphènesquebec.orgSite internet: acouphenesquebec.org

REGROUPEMENT DES SOURDS ET MALENTENDANTS

DU SAGUENAY-LAC ST-JEAN INC.

C.P. 6, Place Centre-VilleJonquière, Qc G7X 7V8

Tél. : 418 343-3230 Voix Téléc.: 418 547-6163Courriel: [email protected]

CENTRE NOTRE-DAME-DE-FATIMA

2464, boul. Perrot Notre-Dame-de-l’Ile-Perrot, Qc J7V 8P4

Tél. : 514 453-7600 Téléc : 514 453-7601 Courriel : [email protected]

COMMUNICAID FOR HEARING IMPAIRED PERSONS

7000, rue Sherbrooke OuestMontréal, Qc H4B 1R3

Tél. : 514 488-5552 - poste 4500Téléc. : 514 489-3477

Courriel : [email protected] Site internet : www.hearhear.org

ASSOCIATION MONTÉRÉGIENNE DE LA SURDITÉ

125, Jacques-Cartier Nord, bureau 11St-Jean-sur-Richelieu, Qc J3B 8L9

tél.: 450 346-6029 (Voix, ATS, Téléc.)Courriel: [email protected]

ASSOCIATION DES SOURDS, MALENTENDANTS, CENTRE-DU-QUÉBEC

140, rue des ForgesDrummondville, Qc J2B 8B2

Tél. : 819 471-4889 (Voix, ATS, Téléc.)Courriel : [email protected]

Site internet: www.asmcqdrummondville.org

ASSOCIATION DES SOURDS DE L’ESTRIE

359, rue King Est, local 100Sherbrooke, Qc J1J 1B3

Tél. : 819 563-1186 (Voix, ATS)Téléc. : 819 563-3476

Courriel : [email protected] internet : www.sourdestrie.com

Ensemble pour mieux s’entendre !

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Édition 204 // mai– juin 2014 41

CONCERT-BÉNÉFICEau profit de

SAMEDI LE 24 MAI 2014

À 19 H 30À LA SALLE PIERRE-NOËL-LÉGER

DE L’INSTITUT RAYMOND-DEWAR,

3600 RUE BERRI, MONTRÉALSherbrooke

avec Jocelyne Cantara Desjardins

PRIX DU BILLET : 20 $ ( Un reçu pour don de charité sera remis sur demande)

RÉSERVATION ADSMQ

1951, boul. de Maisonneuve Est, Montréal Qc H2K 2Z9514-278-9633 — [email protected] — www.adsmq.org

Billets aussi en vente au Centre de communication adaptée — 3600, rue Berri, Mtl - local A 64

Voyage au coeur de la chanson québécoise

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42 • SOURDINE •

S.: Docteur Ferron, qu’est-ce qui vous a motivé à devenir médecin?

P.F.: C’est une bonne histoire! Très tôt dans ma vie, j’ai décidé de devenir médecin. Mes grands-parents demeuraient à Québec et on venait les voir durant le temps des Fêtes. On s’ennuyait un peu après quelques jours, mes trois frères et moi; mon grand frère décide alors d’aller au cinéma et je lui demande d’y aller avec lui malgré le fait que je n’avais pas l’âge requis pour y entrer. Le film s’intitulait : Un grand patron et était joué par l’acteur Pierre Fresnay. Quand je suis sorti du cinéma, je me suis dit: je veux être médecin. Je devais avoir environ une quinzaine d’années et ça ne s’est jamais démenti.

Il y a quelques années, mes enfants m’ont donné à Noël un DVD de ce film que j’ai revu sans avoir été capable de me souvenir de ce qui m’avait fait faire ce choix...

S.: Pourquoi avez-vous décidé de vous spécialiser en ORL?

P.F.: En finissant la médecine, il fallait décider rapidement si on voulait faire de la pratique générale ou se spécialiser. J’ai décidé de me spécialiser pour aller au fond des choses dans le domaine de la chirurgie. J’ai choisi cette spécialité parce qu’elle me permettrait d’être davantage en contact avec le patient. Les nombreuses pathologies dans ce domaine de la médecine représentent beaucoup de possibilités d’accomplissement avec le patient.

S.: Depuis combien d’années pratiquez-vous?

P.F.: Je suis rendu à ma 44e année de pratique. Je compte prendre ma retraite cette année.

S.: Comment votre intérêt pour l’implant cochléaire a-t-il pris naissance?

P.F.: Au tout début de ma carrière à l’Hôtel-Dieu de Québec, on m’a nommé directeur médical du Centre de l’ouïe et de la parole qui s’occupait principalement des pathologies de fentes palatines et de surdité chez les enfants.

Donc, une demi-journée par semaine, j’étais avec des enfants sourds et c’est là que j’ai réalisé l’ampleur de ce handicap chez l’enfant. Bien sûr, les prothèses auditives

pouvaient aider, mais ceux qui étaient profondément sourds n’avaient pas cette possibilité. C’est sûr qu’ils avaient une belle langue (la langue des signes québécoise), quelque chose de très évolué, mais ces enfants, beaux, souriants et intelligents ne faisaient pas leur primaire. Ils étaient donc limités dans les communications jusqu’à la fin de leurs jours. Être un enfant sourd à la naissance, c’est majeur comme handicap.

Ce sont donc ces enfants qui m’ont éveillé et incité à chercher plus loin quand j’ai appris qu’on pouvait mettre un fil dans l’oreille interne et faire entendre les grands sourds. J’ai alors fait le tour des grands centres de recherche. J’ai débuté par Los Angeles, par la suite ce fut Melbourne en Australie où il y avait un centre de recherche important sur l’implant cochléaire. Ensuite je suis allé à Paris où j’ai rencontré le professeur Claude-Henri Chouard, un grand maître, qui avait déjà un appareil. Il m’a permis d’observer ses résultats et j’ai pu acheter et exporter son appareil.

De retour à Québec, j’étais enthousiaste et prêt à opérer mais il n’y avait pas d’argent pour faire cela à l’hôpital. C’est alors qu’un couple d’amis me suggère de créer une fondation pour amasser l’argent nécessaire au démarrage du programme d’implant cochléaire. Francine Carmichael est devenue directrice de cette fondation ce qui nous a permis de bâtir une équipe de professionnels interdisciplinaires à Québec et de financer l’achat des appareils.

ENTREVUE AVEC LE DOCTEUR PIERRE FERRON

Par Michel Nadeau

Le Québec fête cette année le 30e anniversaire de la première opération pour l’implant cochléaire. Sourdine a rencontré pour vous le Dr Pierre Ferron qui est nul autre que le père de l’implant cochléaire.

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S.: Parlez-nous de votre première opération.

P.F.: Elle s’est réalisée en 1984 et c’était une première au Canada. Francine Carmichael a pris contact avec les recherchistes de l’émission Science réalité et, après plusieurs rencontres, il a été convenu que le tournage se ferait avec notre premier patient, avant, pendant et après l’opération.

Je me sentais prêt mais je ne savais pas comment cela allait se passer étant donné que l’appareil était expérimental. Le patient était très enthousiaste et prêt à donner son oreille pour avoir la chance d’entendre à nouveau.

Ce fut une longue opération d’environ huit heures qui a très bien été sur le plan chirurgical; j’étais très fier de moi. Quelques semaines plus tard, toujours devant l’équipe de Science réalité nous procédions à la première stimulation de notre patient. Après une heure d’essais, sans réponse, nous découvrons que l’antenne est défectueuse. Elle fut remplacée, le patient s’est mis à entendre et un grand sourire est apparu sur son visage!

S.: De quelle façon cet événement mémorable sera-t-il souligné?

P.F.: Il y aura une journée spéciale consacrée à l’implant cochléaire le 30 mai prochain à Québec. Je ne suis pas dans l’organisation de cet événement mais je vais y collaborer. Il y aura une première section scientifique le matin qui consistera en des conférences pour les professionnels de l’implant tels qu’audiologistes, orthophonistes, psychologues, ingénieurs, ORL, etc. Puis dans l’après-midi, ce sera la fête pour les implantés avec d’autres présentations.

S.: Quelles ont été les grandes étapes du développement de la technologie de l’implant depuis 1984?

P.F.: La progression a été énorme depuis 30 ans! Le premier implant était un dinosaure. Je me demande comment on faisait pour porter cela pendant huit heures. Aujourd’hui ce n’est pas plus gros qu’un appareil auditif. Il y a donc eu une miniaturisation extraordinaire au fil des ans. La performance de l’appareil s’est aussi considérablement améliorée même si on ne peut pas insérer plus de 22 électrodes. On est limité par le petit endroit dans lequel on pénètre qui est situé en périphérie de la cochlée.

La durée de l’opération est passée de huit heures à moins de deux heures. Le niveau de réussite, quant à lui, a toujours été très élevé dès le début. S.: Combien d’opérations faisiez-vous au début?

P.F.: On n’en a fait qu’une la première année. Nous n’avions pas d’argent pour en faire d’autres. Il fallait aussi attendre les résultats avant de pouvoir continuer. Puis nous sommes passés à 3-4 et à 10-12 par année. On ne

pensait même pas pouvoir atteindre le seuil de 24 alors qu’aujourd’hui l’équipe réalise 180 opérations par année et il n’y a pas d’attente!

S.: Combien de chirurgiens avez-vous formés pour prendre votre relève?

P.F.: Trois. Il s’agit des docteurs Richard Bussières, Mathieu Côté et Daniel Philippon.

S.: Qui peut-on opérer pour l’implant?

P.F.: C’est une bonne question.

Le critère de base, c’est d’être atteint d’une importante surdité (profonde) ne pouvant être aidée par un appareil auditif.

Ensuite il faut s’assurer que la personne est en santé pour être capable de subir une chirurgie sous anesthésie générale suivie d’une réadaptation.

L’état psychologique et mental du patient est aussi important. La personne doit être motivée et persévérante.

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S.: Est-ce que l’âge du patient influe sur la réussite de l’opération?

P.F.: Oui chez les enfants, non chez les adultes. Chez les enfants, il faut opérer le plus tôt possible avant que la plasticité du cerveau se referme à l’audition.

Chez les adultes, une étude scientifique auprès de 30 octogénaires implantés a démontré que l’implant a amélioré leur qualité de vie de façon importante.

La question de l’âge m’a amené à m’interroger s’il y avait une limite d’âge pour opérer quelqu’un. J’ai donc consulté le comité d’éthique qui nous a informés que nous n’étions pas limités par l’âge.

S.: Pourquoi cette opération n’est effectuée qu’à Québec?

P.F.: Parce qu’il y a 30 ans, lorsque nous avons commencé, peu de gens ont cru en nous. Nous avons alors formé une équipe interdisciplinaire composée principalement d’ORL, d’audiologistes, d’orthophonistes et de psychologues. L’équipe actuelle est composée de 28 professionnels et a acquis une renommée internationale. Dans les congrès internationaux sur l’implant cochléaire, l’équipe du Centre québécois en implant cochléaire est toujours très présente. Nous avons créé un réseau d’excellence tant au CHU de Québec qu’à l’IRDPQ. Cette équipe répond à la demande des grands sourds du Québec tant sur le plan chirurgical que de la recherche.

Voilà maintenant 30 ans que l’on forme une équipe interdisciplinaire ultra-spécialisée qui travaille à plein temps, qui doit se tenir constamment à la fine pointe de la technologie.

Cette équipe porte actuellement le nom de: Centre québécois d’expertise en implant cochléaire CHU de Québec, IRDPQ et faculté de médecine. Ces trois institutions travaillent ensemble depuis le début et c’est reconnu par le gouvernement comme un centre d’excellence sur le plan mondial.

S.: Des chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology) et la faculté de médecine de l’université Harvard viennent de mettre au point une nouvelle puce qui pourrait amener l’élimination complète de l’appareillage externe. Pouvez-vous nous en parler davantage?

P.F.: Mis au point est un grand mot car on n’est pas rendu à la recherche chez l’humain.

Il y a eu un essai il y a six ans en Australie, mais il y a encore des problèmes à résoudre. Le MIT a réalisé son travail en se servant de l’énergie produite par la vibration des osselets lors d’une stimulation sonore.

Le problème avec l’implant complètement implanté est double: le micro et la pile rechargeable. Ça prend beaucoup d’énergie pour faire fonctionner tout cela. La pile peut dégager une certaine toxicité. On essaie de produire de l’électricité par le mouvement des osselets. C’est compliqué, mais il y a un avenir incroyable!

S.: Comment voyez-vous l’avenir pour les personnes devenues sourdes et malentendantes?

P.F.: Depuis que l’implant est là, l’avenir est prometteur pour les personnes devenues sourdes et malentendantes qui ont une surdité profonde, qui ne peut être aidée par des prothèses auditives. Ce n’est plus vrai qu’il n’y a rien à faire. Il y a quelque chose à faire. L’implant va continuer de se perfectionner et il n’y a pas de limite d’âge pour le recevoir.

C’est donc un avenir beaucoup plus positif que l’on peut envisager pour ces personnes!

Sourdine remercie le Dr Ferron pour cette entrevue et lui souhaite une belle retraite bien méritée.

P.F.: C’est moi qui vous remercie pour le beau travail que vous faites.

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MAI

Mouvement : Il s’agit de faire un « m » et un « i » et d’oraliser le mot « mai ».

En ASL et LSF, le signe est différent.

ÉTÉ

Mouvement : L’index est devant le front et se replie vers la main en s’éloignant du front.

En ASL, le signe est pareil et en LSF, bien que le signe soit placé devant le front, il se fait de façon différente.

PLUIE

Mouvement : Les deux mains, paume vers le bas, descendent de la tête aux épaules. Ce mouvement doit être répété deux fois, de façon consécutive.

En ASL et en LSF, le signe est pareil bien qu’en LSF le mouvement descendant des mains se fasse sur le côté du corps.

Mai - juin - été - pluie - implant cochléaire - alphabetVoici les signes pour les deux mois, la saison et le climat qui caractérise ce moment de l’année.

Je vous offre aussi une image représentant l’alphabet LSQ. Vous pourrez ainsi pratiquer votre dextérité manuelle en épelant les prénoms de votre famille ou les noms dont vous ne connaissez pas encore les signes.

Pour faire le lien avec le thème de cette parution, je vous partage aussi le signe pour l’implant cochléaire. Il faut se rappeler que lorsqu’on débranche la prothèse, pour une activité comme la baignade par exemple, nous n’entendons plus… il est alors pertinent de pouvoir communiquer avec les signes et les gestes naturels.

Bon été! Linda Sawyer

Mouvement : Le majeur placé juste en bas de l’épaule gauche, tourne un tour complet vers l’extérieur du corps .

Pour les gauchers, ce sera l’autre épaule et le mouvement contraire .

En ASL et LSF, le signe est différent.

JUIN

IMPLANT COCHLÉAIRE Mouvement : L’index et le majeur sont légèrement repliés et les doigts viennent toucher la tête juste au-dessus de l’oreille.

En ASL et en LSF, le signe se fait derrière la tête sur la nuque. La configuration des doigts est pareille en ASL et, en LSF, le pouce se joint aux deux autres doigts pour faire le signe.

Alphabet LSQ - image Google

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