Souci écologique et art contemporain dans le programme des Nouveaux Commanditaires.

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SOUCI ÉCOLOGIQUE ET ART CONTEMPORAIN DANS LE PROGRAMME DES NOUVEAUX COMMANDITAIRES.

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Travail de philosophie esthétique sur le thème des Nouveaux Commanditaires. Cours donné par Katrin Solhdju à l'ERG, année 2010-2011.

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SOUCI ÉCOLOGIQUE ET ART CONTEMPORAIN

DANS LE PROGRAMME DES NOUVEAUX COMMANDITAIRES.

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Non, l'art n'est pas un jeu frivole, un vain prestige,Mirage qui s'éteint sans laisser de vestige,

Un rêve de couleurs, de formes et d'accents,Qui, muets pour l'esprit, ne s'adressent qu'aux sens.

Il est plus haut le but où sa grande aile aspire ;Car l'âme est son domaine et le cœur son empire.

Sans captiver l'oreille et les yeux seulement,Il faut que l'art aussi soit un enseignement.

André Van Hasselt, Le but de l'art

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Table des matières

1.Introduction.......................................................................................................................................4

2.Écologie et art contemporain............................................................................................................5

3.Haie utopique et fondée....................................................................................................................61.Le projet........................................................................................................................................62.Écologie et Nouveaux commanditaires........................................................................................8

4.Conclusion.........................................................................................................................................9

5.Bibliographie et sources..................................................................................................................10

6.Annexes...........................................................................................................................................111. Frank Henner sees no hope for humans....................................................................................112. Stephen Hawking's warning : Abandon Earth or face exctinction.............................................133. Photographies de Gerco de Ruijter lors du projet Haie utopique et fondée.............................154. Entretien avec Françoise Sinoir, co-commanditaire du projet Haie utopique et fondée..........16

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1. Introduction

Art et écologie sont-ils liés, et de quelle manière ? Quel est dès lors le rôle que se doivent de jouer

des programmes tel que celui des Nouveaux Commanditaires ?

Pour répondre à ces questions, nous allons tout d'abord nous interroger sur la place de l'écologie

dans l'art contemporain, afin de déterminer quelle part de responsabilité il peut avoir, mais

également quel peut-être son potentiel dans ce domaine.

Ensuite, nous nous intéresserons à un des projets développés par le programme de la Fondation

de France, intitulé Haie utopique et fondée.

Après avoir analysé son aspect formel, nous nous attarderons sur son contenu théorique et

idéologique. Celui-ci servira alors de base à une réflexion plus générale sur la conscience

écologique que les Nouveaux Commanditaires pourraient ou devraient développer dans leurs

projets, et ce à différents niveaux.

Nous espérons pouvoir, au terme de cette analyse, émettre une opinion appuyée et avisée sur le

rôle de l'art dans l'art contemporain, et particulièrement au sein des Nouveaux Commanditaires.

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2.Écologie et art contemporain

Nombreux sont les avis sur le dessein de l'art. Certaines personnes considèrent qu'il est son propre but et

que c'est ce qui lui accorde son statut particulier. D'autres soutiennent que la pratique artistique existe pour

élever l'homme, le faire évoluer dans sa sphère personnelle et sociale. C'est cette dernière opinion que

nous allons nous appliquer à défendre et à expliquer dans les pages suivantes.

En effet, dans une société qui perd ses valeurs et s'en cherche de nouvelles dans la consommation à

outrance, il nous semble contre tout éthique de continuer à encourager des pratiques nombrilistes et futiles

qui éloignent toujours plus l'homme de ses réelles priorités. À ce propos, Suzi Gablik expliquait qu'il fallait

repenser notre idée de l'expression artistique en des termes qui intégreraient une conscience écologique et

sociale, et briseraient les carcans de cette culture « dés-enchantée » dans laquelle nous vivons depuis si

longtemps1. Gablik proposait alors un changement du rôle de l'artiste qui passerait d'individu auto-dirigé,

cherchant à tout prix la réussite et le succès, à quelqu'un qui serait plutôt comme un éveilleur culturel, un

écopsychologue. (...) Ces artistes sont les chamanes modernes qui préparent le changement de conscience

tellement nécessaire aujourd'hui : la transformation d'un mode de pensée mécaniste et « rationnel » en ce

que l'on pourrait appeler un sens de la participation mystique à la vie2.

Ce repositionnement de l'artiste nous semble, à l'heure actuelle, indispensable. Si, comme nous le croyons,

le spectateur a toujours trouvé en l'art réponses et inspirations, il est nécessaires que celles qu'il trouve

dans l'art contemporain soit d'ordre écologique. L'objectif n'est pas de suivre une mode verte, ou d'en créer

une nouvelle, comme celle à laquelle nous assistons pour le moment, mais bien d'abolir toutes les modes et

de retrouver le contact avec nos opinions personnelles, nos instincts naturels.

Car il est indubitable que la situation est grave. Sans pour autant tomber dans un alarmisme exacerbé, nous

sommes en droit de nous inquiéter du futur de l'humanité quand certains scientifiques annoncent son

extinction prochaine3 et que d'autres estiment que sa survie nécessitera un changement de planète 4. Dès

lors, comment pourrions-nous encore reléguer le souci écologique au dernier rang de nos priorités ? Il doit

à tout prix devenir la priorité ultime pour tout un chacun, et encore plus pour les artistes. Ceux-ci doivent

réaliser l'impact que leur travail peut avoir sur une grande partie de l'humanité, et ne négliger à aucun prix

cette opportunité d'éveiller les consciences, par le crédit et l'attention que leur confère leur statut.

En conséquence, il est naturel que tout élan artistique dirigé vers l'humanité soit empreint d'un souci

écologique. C'est ce que nous allons expliquer dans le prochain chapitre, sur base du programme des

Nouveaux Commanditaires et de l'un de ses projets en particulier.

1 Citation provenant du livre Le réenchantement de l'art de Suzi Gablik, rapportée par François Mazure dans Ecologie et Spiritualité, p39.

2 Idem3 Voir l'article du journal The Australian : Frank henner sees no hope for humans, voir Annexe n°14 Voir Stephen Hawking's Warning: Abandon Earth or face extinction, voir Annexe n°2

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3.Haie utopique et fondée

1. Le projet

Le projet Haie utopique et fondée, réalisé entre 2001 et 2003, s'est déroulé en Vaucluse, au domaine

agricole de la Grande Bastide, appartenant à Françoise Sinoir, artiste plasticienne, et Pierre Follet,

agriculteur et ingénieur. Ceux-ci ont commencé dès 1997 à accueillir des artistes en résidence dans leur

ferme, afin de promouvoir une pratique artistique qui retrouve ses liens avec l'agriculture, et tout

simplement avec la nature. Ces différentes mobilisations d'artistes ont progressivement donné

naissance au concept de ferme artistique. Très vite s'est développée l'envie de voir s'inscrire des actions

artistiques pérennes au sein de cette ferme artistique, et c'est ainsi qu'a été créé le projet Haie utopique

et fondée, en partenariat avec le programme des Nouveaux Commanditaires.

Le projet initial était de réinstaurer une haie agricole dans le domaine, afin que l'équilibre écologique

entre les champs et les vergers soit conservé. Cette haie deviendrait également avec le temps une

importante source d'informations et d'inspiration pour les agriculteurs, les scientifiques, les

ornithologues, mais aussi les artistes. En parallèle, une haie virtuelle devait être créée au moyen d'un

logiciel de croissance des plantes, ce qui permettrait un double suivi de cette haie, en théorique et en

pratique. Pour clôturer le projet, le photographe hollandais Gerco De Ruijter effectuerait une ou

plusieurs résidences à la ferme pour poser son regard sur cette expérience agricole, humaine et

artistique.

À l'exception de la haie virtuelle qui n'a pas vu le jour, le projet s'est déroulé comme prévu. La haie a été

plantée par des étudiants d'un lycée agricole et Gerco de Ruijter a effectué deux résidences à la ferme

de la Grande Bastide, durant lesquelles il a produit des photographie aériennes5 en employant la

singulière technique de la kite aerial photography6.

5 Voir annexe n°36 La kite aerial photography est une technique de prise de vue photographique pendant laquelle l'appareil photo est

accroché à un cerf-volant et déclenché à distance par le photographe, produisant des images incertaines et aléatoires.

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Le choix du projet Haie utopique et fondée comme base de ce travail n'est pas anodin. En effet, il met

en dialogue l'art et la terre, qui nous semblent deux éléments essentiels au bon développement de

l'homme. Pierre Rabhi a d'ailleurs dit : L'humus est l'élément clé autour duquel naît la vie. C'est à la fois

la fin et le début. Il a tellement de valeur qu'étymologiquement, humus, humanité, humilité, humidité,

tout provient de là7. En conséquence, reconnecter l'homme avec la terre, c'est lui rendre accès à ses

propres origines.

Interrogée sur ce que devrait être le rôle du programme des Nouveaux Commanditaires, Françoise

Sinoir a répondu : Ce qui doit être encouragé c’est le travail conjoint des gens, tous les gens, avec des

artistes, donner la possibilité que l’art gagne sur l’argent, que l’art gagne sur la spéculation, mais aussi

que l’art soit gagné par l’écologie, la sobriété, par le désir de partage et de respect des écosystèmes

dans lesquels les hommes ne sont que des éléments, vivants certes, mais pas plus vivants que les

animaux, les arbres ou les oiseaux !8

Il nous semble donc que ce genre de projet doit être largement encouragé pour les raisons déjà

expliquées. Car de cette fusion entre l'art et le naturel naît une entité hybride qui, au lieu de replier

l'homme sur son nombril, le fait s'ouvrir au monde qui l'entoure et à sa beauté.

7 Citation de Pierre Rabhi dans Solutions locales pour un désordre global de Coline Serreau, p57.8 Nous vous invitons à lire l'intégralité de l''entretien avec Françoise Sinoir, Annexe n°4.

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2. Écologie et Nouveaux commanditaires

À la base de la réflexion sous-jacente à ce travail, il y a les différents reportages réalisés par les

Nouveaux Commanditaires sur des projets réalisés depuis le début de leur création. Lors de leur

visionnage, un constat s'imposait : Nulle part il n'était fait mention d'un quelconque souci écologique.

Une telle absence ne serait pas si étonnante si le programme des Nouveaux Commanditaires n'était pas

tourné aussi franchement vers l'homme, vers la société et son rapport à l'art. Car, comme cela a été

développé plus haut, il devient indispensable de penser l'humanité par rapport à son impact écologique

et son pouvoir de préservation et, mieux encore, d'enrichissement de son environnement naturel.

Dès lors, bien qu'il serait impossible et illogique de ne participer qu'à des projets à but écologique, les

médiateurs et artistes ne devraient-ils cependant pas se soucier de l'impact environnemental de leurs

créations ? Et de ce fait sensibiliser directement les commanditaires à ces questions essentielles, afin

qu'ils puissent à leur tour les transmettre et les appliquer dans leurs actions quotidiennes ?

Nous regrettons l'apparent manque de réflexion à ce sujet, dans les projets qui ont été développés dans

les reportages. Les matériaux proviennent-ils des environs du chantier ou sont-ils importés depuis

l'autre bout du monde ? Les ambiances lumineuses sont-elles produites par des lampes économiques,

moins gourmandes en ressources énergétiques ? Les pierres choisies pour leur éclat ou leur couleur

proviennent-elles de carrières où des ouvriers sont exploités pour un salaire de misère ?

Toutes ces questions peuvent paraître futiles, ennuyeuses ou inadaptées, et pourtant elles se révèlent

absolument nécessaires à partir du moment où ce programme artistique se veut être un engagement,

un renouement entre l'art et le social. Afin d'être cohérente, la démarche artistique doit considérer

l'humanité dans son ensemble et non uniquement à l'échelle minuscule d'un village ou d'un quartier,

même si ceux-ci peuvent être le support de l'action première.

Car, sous le couvert de l'art, beaucoup de choses ne sont pas remises en question. Un artiste va

prétexter qu'un certain matériau est absolument nécessaire pour l'intégrité de son oeuvre, et personne

ne va s'y opposer. Or, comme le dit Christopher Castle, rédacteur en chef de l'Ecopsychology

Newsletter : les artistes sont pris dans des cercles vicieux de compétition, d'égoïsme monumental et de

recherches aussi cyniques que triviales9.

Il nous semble donc qu'il est du devoir de programmes tels que celui des Nouveaux Commanditaires

d'instaurer un nouveau rapport à l'art, non seulement dans son approche sociale et humaine, mais

également dans son potentiel d'objecteur de conscience, notamment écologique.

9 Citation rapportée par François Mazure dans Ecologie et Spiritualité, p40.

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4.Conclusion

Au terme de ce travail, nous nous retrouvons à nous poser une question légèrement différente de

celle qui nous animait dans nos premières pages : Comment l'art pourrait-il aujourd'hui être

déconnecté du souci écologique ?

De fait, nous avons tout d'abord expliqué pour quelles raisons nous estimons indispensables que

l'art contemporain s'approprie et fasse sienne la sensibilisation à but écologique. Dans le monde

contemporain, une telle attitude relève en effet à la fois de l'altruisme et de l'égocentrisme,

tellement nous sommes directement liés au devenir de notre environnement naturel. Nous en

avons conclu qu'il était du devoir de l'artiste de se positionner dans ce but afin de pouvoir

apporter une participation active et efficace au changement de conscience nécessaire.

Par l'exposition du projet Haie utopique et fondée, nous avons ensuite expliqué ce que pouvait être

concrètement l'art écologique, et comment celui-ci pouvait imprégner une démarche humaine

plus globale qu'une oeuvre matérielle, de sorte que la démarche elle-même devienne art.

Enfin, nous avons pu, sur base de ce que nous avions développé jusque là, énoncer certains

principes qui nous semblent mériter un intérêt dans le cadre du développement futur du

programme des Nouveaux Commanditaires, afin de renforcer son implication sociale et humaine.

Car, nous l'avons vu, l'homme est intimement lié à son écosystème et une reconnexion de l'art

avec l'homme doit absolument passer par un réinvestissement personnel et intelligent de son

milieu de vie naturel.

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5.Bibliographie et sources

COLLECTIF, Écologie et spiritualité, Albin Michel, Paris, 2006.

SERREAU, C., Solutions locales pour un désordre global, Actes Sud, Arles, 2010.

Entretien écrit avec Françoise Sinoir, 2011, voir annexe n°3

www.newpatrons.eu

www.gercoderuijter.nl

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6.Annexes

1. Frank Henner sees no hope for humans

Frank Fenner doesn't engage in the skirmishes of the climate wars. To him, the evidence of global warming is in. Our fate is sealed.We're going to become extinct," the eminent scientist says. "Whatever we do now is too late."Fenner is an authority on extinction. The emeritus professor in microbiology at the Australian National University played a leading role in sending one species into oblivion: the variola virus that causes smallpox.And his work on the myxoma virus suppressed wild rabbit populations on farming land in southeastern Australia in the early 1950s.He made the comments in an interview at his home in a leafy Canberra suburb. Now 95, he rarely gives interviews. But until recently he went into work each day at the ANU's John Curtin School of Medical Research, of which he was director from 1967 to 1973.Decades after his official retirement from the Centre for Resource and Environmental Studies, which he set up in 1973, he continued a routine established when he was running world-class facilities while conducting research.He'd get to work at 6.30am to spend a couple of hours writing textbooks before the rest of the staff arrived.Fenner, a fellow of the Australian Academy of Science and of the Royal Society, has received many awards and honours. He has published hundreds of scientific papers and written or co-written 22 books.He retrieves some of the books from his library. One of them, on smallpox, has physical as well as intellectual gravitas: it weighs 3.5kg. Another, on myxomatosis, was reprinted by Cambridge University Press last year, 44 years after the first edition came out.Fenner is chuffed, but disappointed that he could not update it with research confirming wild rabbits have developed resistance to the biological control agent. The study showed that myxo now had a much lower kill rate in the wild than in laboratory rabbits that had never been exposed to the virus."The [wild] rabbits themselves had mutated," Fenner says."It was an evolutionary change in the rabbits."His deep understanding of evolution has never diminished his fascination with observing it in the field. That understanding was shaped by studies of every scale, from the molecular level to the ecosystem and planetary levels.

Fenner originally wanted to become a geologist but, on the advice of his father, studied medicine instead, graduating from the University of Adelaide in 1938.He spent his spare time studying skulls with prehistorian Norman Tindale.Soon after graduating, he joined the Royal Australian Army Medical Corps, serving in Egypt and Papua New Guinea. He is credited in part with Australia's victory in New Guinea because of his work to control malaria among the troops."That quite changed my interest from looking at skulls to microbiology and virology," he says. But his later research in virology, focusing on pox viruses, took him also into epidemiology and population dynamics, and he would soon zoom out to view species, including our own, in their ecological context.

His biological perspective is also geological.He wrote his first papers on the environment in the early 1970s, when human impact was emerging as a big problem. He says the Earth has entered the Anthropocene. Although it is not an official epoch on thegeological timescale, the Anthropocene is entering scientific terminology. It spans the time since industrialisation, when our species started to rival ice ages and comet impacts in driving the climateon a planetary scale.Fenner says the real trouble is the population explosion and "unbridled consumption". The number of

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Homo sapiens is projected to exceed 6.9 billion this year, according to the UN. With delays in firm action on cutting greenhouse gas emissions, Fenner is pessimistic."We'll undergo the same fate as the people on Easter Island," he says. "Climate change is just at the very beginning. But we're seeing remarkable changes in the weather already."The Aborigines showed that without science and the production of carbon dioxide and global warming, they could survive for 40,000 or 50,000 years. But the world can't. The human species is likely to go the same way as many of the species that we've seen disappear."Homo sapiens will become extinct, perhaps within 100 years," he says. "A lot of other animals will, too. It's an irreversible situation. I think it's too late. I try not to express that because people are trying to do something, but they keep putting it off."Mitigation would slow things down a bit, but there are too many people here already."It's an opinion shared by some scientists but drowned out by the row between climate change sceptics and believers.

Fenner's colleague and long-time friend Stephen Boyden, a retired professor at the ANU, says there is deep pessimism among some ecologists, but others are more optimistic "Frank may be right, but some of us still harbour the hope that there will come about an awarenessof the situation and, as a result, the revolutionary changes necessary to achieve ecological sustainability," says Boyden, an immunologist who turned to human ecology later in his career."That's where Frank and I differ. We're both aware of the seriousness of the situation, but I don't accept that it's necessarily too late. While there's a glimmer of hope, it's worth working to solve the problem. We have the scientific knowledge to do it but we don't have the political will."

Fenner will open the Healthy Climate, Planet and People symposium at the Australian Academy of Science next week, as part of the AAS Fenner conference series, which is designed to bridge the gap between environmental science and policy.In 1980, Fenner had the honour of announcing the global eradication of smallpox to the UN's World Health Assembly. The disease is the only one to have been eradicated.Thirty years after that occasion, his outlook is vastly different as he contemplates the chaos of a species on the brink of mass extinction."As the population keeps growing to seven, eight or nine billion, there will be a lot more wars over food," he says. "The grandchildren of today's generations will face a much more difficult world."

Source :http://www.theaustralian.com.au/higher-education/frank-fenner-sees-no-hope-forhumans/story-e6frgcjx-1225880091722

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2. Stephen Hawking's warning : Abandon Earth or face exctinction

Let's face it: The planet is heating up, Earth's population is expanding at an exponential rate, and the the natural resources vital to our survival are running out faster than we can replace them with sustainable alternatives. Even if the human race manages not to push itself to the brink of nuclear extinction, it is still a foregone conclusion that our aging sun will expand and swallow the Earth in roughly 7.6 billion years.

So, according to famed theoretical physicist Stephen Hawking, it's time to free ourselves from Mother Earth. "I believe that the long-term future of the human race must be in space," Hawking tells Big Think. "It will be difficult enough to avoid disaster on planet Earth in the next hundred years, let alone the next thousand, or million. The human race shouldn't have all its eggs in one basket, or on one planet. Let's hope we can avoid dropping the basket until we have spread the load."

Hawking says he is an optimist, but his outlook for the future of man's existence is fairly bleak. In the recent past, humankind's survival has been nothing short of "a question of touch and go" he says, citing the Cuban Missile Crisis in 1963 as just one example of how man has narrowly escaped extinction. According to the Federation of American Scientiststhere are still about 22,600 stockpiled nuclear weapons scattered around the planet, 7,770 of which are still operational. In light of the inability of nuclear states to commit to a global nuclear non-proliferation treaty, the threat of a nuclear holocaust has not subsided.

In fact, "the frequency of such occasions is likely to increase in the future," says Hawking, "We shall need great care and judgment to negotiate them all successfully."

Even if humans manage to avoid a nuclear stand-off over the next thousand years, our fate on this planet is still pretty much certain. University of Sussex astrophysicist Dr. Robert Smith says eventually the aging Sun will accelerate global warming to a point where all of Earth's water will simply evaporate.

"Life on Earth will have disappeared long before 7.6 billion years," says Smith, "Scientists have shown that the Sun's slow expansion will cause the temperature at the surface of the Earth to rise. Oceans will evaporate, and the atmosphere will become laden with water vapor, which (like carbon dioxide) is a very effective greenhouse gas. Eventually, the oceans will boil dry and the water vapor will escape into space. In a billion years from now the Earth will be a very hot, dry and uninhabitable ball."

Finally, between the next thousand years or so that Hawking says it will take man to make the planet uninhabitable and the billion years it will take for the sun to turn our planet into an arid wasteland, there is always the chance that a nearby supernova, an asteroid, or aquick and painless black hole could do us in.

TakeawayOne way or another, the life on Earth will likely become uninhabitable for mankind in the future. We need to start seriously thinking about how we will free ourselves from the constraints of this dying planet.

Why We Should Reject This IdeaDespite what Hawking describes as humankind's "selfish and aggressive instinct," there may be some biological impediments to finding another planet to inhabit.

"The nearest star [to Earth] is Proxima Centauri which is 4.2 light years away," saysUniversity of Michigan astrophysicist Katherine Freese, "That means that, if you were traveling at the speed of light the whole time, it would take 4.2 years to get there."

Unfortunately, at the moment we can only travel at about ten thousandth of light speed, which means if

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man were to use chemical fuel rockets similar to the those used during the Apollo mission to the moon, the journey would take about 50,000 years. Without the use of a science-fiction-like warp drive or cryogenic freezing technology, no human would live long enough to survive the journey. In addition, "the radiation you would encounter alone would kill you, even if you could get a rocket to go anywhere near that fast," says Freese.

On the upside, if man ever develops the technology to travel at the speed of light while remaining shielded from cosmic radiation, he could effectively travel into the future. "A five year trip at light speed could push an astronaut forward by 1000 earth years," says Freese, "If he wanted to see if any humans were still around by then."

Source : http://bigthink.com/ideas/21570

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3. Photographies de Gerco de Ruijter lors du projet Haie utopique et fondée

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4. Entretien avec Françoise Sinoir, co-commanditaire du projet Haie utopique et fondée

- Quelle est selon vous l'importance de l'art dans la société dans laquelle nous vivons aujourd'hui ? Plus spécifiquement, pensez-vous que l'art puisse être un moyen de sensibilisation environnementale et, dès lors, permettre un changement des consciences dans le but de favoriser un mode d'existence et de consommation plus respectueux de la vie ?

L’art est une expression de la vie plus forte que la vie, plus durable, une intention au-delà de la vie ! Quand la vie est menacée, quand la vie est trop difficile, l’art devient une survie, un signe auquel on peut s’accrocher pour ne pas mourir, une forme que l’on entrevoit comme un espoir. Je pense en écrivant cela à la poésie, à la photo, au dessin, à la grue en origami d’Hiroshima (j’ai eu la chance de me rendre Japon, en particulier à Hiroshima, en 2009, et ce voyage prend aujourd’hui un sens inouï), aux œuvres magnifiques et/ou délicates que j’ai croisées au cours de mon existence : installations, textes, peintures, musiques…. Dans une société menacée comme la notre, menacée par l’empreinte irrespectueuse de l’homme, menacée par la puissance de l’argent, par l’avidité du pouvoir, par la consommation individuelle autant que de masse, l’art est évidemment un moyen de sensibilisation environnementale, mais d’abord par l’exigence. De nombreux artistes ont compris depuis quelques décennies qu’un travail dans des milieux ou contextes « non clos », des espaces non urbains ou non destinés « à priori » à l’art (atelier, feuille ou tableau, galerie…) pouvaient être investis et révélés par leur recherche et leurs œuvres. Ils ont aussi compris qu’ils pouvaient faire partie intégrante de leurs œuvres, déplaçant leur rapport à leur environnement. Certains ont donc ouvert la voie d’un nouveau mode d’existence. Mais ce n’est pas si nouveau, sans doute….

- Pouvez-vous m'expliquer le concept de ferme artistique ? Quels en sont les fondements idéologiques ?

La ferme artistique n’a pas de fondement idéologique, c’est un concept qui est né avec mon installation dans une ferme; comment l’art et l’agriculture peuvent-ils se rejoindre autrement que de l’art à la ferme, de l’art dans une ferme ? C’est un concept qui est né d’un désir de réaliser un projet agricole (partagé) avec l’exigence (on y revient) de l’art. Exigence pour la production, pour la commercialisation des produits, dans les interstices de la production, dans l’équilibre entre espaces cultivés et le « Tiers paysage » (Gilles Clément). Ce concept est peut être un équivalent agricole du « Jardin en mouvement » de Gilles Clément, qui a été ma référence de départ. Je me souviens d’une participation à une rencontre à laquelle j’ai participé, intitulée « Les agriculteurs, jardiniers de la terre ? » au Muséum d’histoire naturelle à Paris, il y a plus de dix ans, Gilles Clément était là, je lui ai remis un petit message! Le fondement a été élaboré au sein d’une association ( Zone Inondable ), mise actuellement en sommeil, très importante aux débuts, et qui a permis de travailler en équipe, avec en particulier un enseignant chercheur de l’Ecole d’Art d’Aix en Provence, Pierre Paliard, spécialisé dans le land art et ses prolongements (en particulier l’émergence d’un art écologique) et qui a soutenu une thèse portant sur l’imaginaire de la ruralité dans l’art contemporain en Europe.

- Quelles sont les applications concrètes de ce concept dans une ferme contemporaine ?

Les applications concrètes passent par l’épreuve du temps, l’épreuve de l’art, et l’épreuve de l’agriculture. Notre ferme éprouve le concept….Par son mode de production, par sa commercialisation, par son bâti, par de l’accueil, par des expériences et de la recherche technique, par le lien avec des artistes.

- Comment en êtes-vous venus à faire appel au programme des Nouveaux Commanditaires ? (Comment avec-vous connu ce programme, qu'est-ce qui vous a intéressé, en quoi cela faisait-il écho à vos propres ambitions ?)

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Ce programme a été découvert (à l’époque j’ai été très curieuse des moyens que je pouvais trouver pour faire vivre ce concept, je ne me souviens plus exactement comment s’est arrivé) lorsque, grâce à Marie Lansac, (plasticienne venue en résidence en 2000 sur la ferme dans la cadre d’une « semaine essentielle »), nous avons commencé à penser, avec les acteurs de l’association, à des actions artistiques pérennes. Marie Lansac a proposé une action artistique ambitieuse et qui était complètement en cohérence (et qui l’est toujours !) avec la ferme, son site et son activité de production. - Comment s'est déroulé ce projet ? (les différentes étapes, les difficultés, sur combien de temps cela s'est-il déroulé, quels ont été vos rapports avec le(s) médiateur(s), les artistes, ...)

Le projet a été long et difficile, parce qu’à l’époque (2001-2003), notre exploitation agricole (je n’aime pas le terme, mais je l’emploie ici de façon délibérée) était en grande difficulté financière; des erreurs, des mauvaise appréciations du travail, des moyens, des ressources, avaient été faites par mon compagnon, qui avait – je le dis maintenant avec le recul- été mal accompagné dans son projet d’installation agricole. Le contexte était différent (autour de l’agriculture biologique et de la perception sociétale des enjeux sur l’environnement) et mon projet de ferme artistique venait se cogner à des « réalités » extrêmes : un travail insensé, des responsabilités familiales importantes, des problèmes d’argent terribles….. Je tentais alors de faire « bonne figure », avec un certain courage, mais je pense que les acteurs du projet n’ont pas vraiment mesuré la situation….je me suis sentie parfois dans la détresse et la solitude…car je ne me sentais pas à la hauteur du projet, j’étais fragilisée par des montagnes de difficultés ! Avec le recul je dirais que malgré cela, il y a eu des réussites, même le projet n’a pas complètement abouti, faute de financements et peut être de méthode ou de confiance de ma part et de celle des partenaires. Une part important du projet a été abandonnée, celle de réaliser une haie virtuelle, à partir d’un logiciel de croissance des plantes, et de suivre les évolutions en parallèle, de la haie virtuelle et de la haie réelle. Je le regrette, comme je regrette le fait de ne pas être restée en contact avec Marie Lansac et le Bureau des Compétences et Désirs sur cette évolution de la haie…mais votre travail va peut-être produire l’occasion….Tous les acteurs que Marie Lansac avaient mobilisés ont pris cependant part à la réalisation du projet, la haie a été plantée par des jeunes d’un lycée agricole (je vous envoie une photo de cette HUF qui devient très belle, cela me parait plus intéressant qu’une photo de moi-même et de mon compagnon !)Les deux résidences du photographe Gerco de Ruitjer ont été très importantes, pour moi la notion de résidence signifie vraiment quelque chose dans l’aventure « Ferme Artistique ». J’ai trouvé très important sa venue deux fois, à deux saisons différentes, je l’ai beaucoup apprécié en tant que personne, et en tant qu’artiste.

Le concret de la plantation, les aspects techniques, l’arrosage, l’entretien…m’ont concerné et me concernent encore, et là, vraiment, je regrette que personne n’en prenne nouvelle….mais c’est peut être à relancer….par un nouveau projet !

- Avec le recul, que vous a apporté cette expérience ? En quoi a-t-elle apporté une nouvelle dimension à votre projet personnel ?

Ce que cette expérience m’a apporté c’est une conscience de l’importance de « bien se situer » dans un projet, je crois que je n’étais pas à la juste place… j’y ai gagné à la fois en humilité et en confiance, je suis maintenant dans l’idée que le temps place les gens, et qu’il y a ceux qui se situent -ou qui sont situés- pas si facilement (c’est mon cas !)…… Je ne suis ni vraiment agricultrice (même si j’ai un statut dans le monde agricole), ni vraiment artiste (même si l’art est ce qui me fait vivre dans ma plus profonde intimité), ni….Ma vie est faite d’une mosaïque de désirs, de moments, de positions personnelles et professionnelles et ce projet a été très important, il a produit une sorte de délivrance…J’ai une possibilité de poursuivre une route à peu près apaisée et déterminée dans une époque plutôt violente, dans sa prétention inacceptable à tout dominer, ordonner, classifier…. Je suis le papillon du l’entomologiste collectionneur que celui-ci dépose au bas de la boîte, dans un coin, parce qu’il n’entre pas dans la logique de la récolte. La haie est magnifique en toutes saisons, elle croit, évolue, je remercie tous ceux qui ont participé et permis qu’elle existe. Chacun dans

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la ferme s’attache à la préserver, l’entretenir ; elle garde donc tout son sens, sa valeur utopique et fondée ! - Quelle devrait être selon vous la position du programme des Nouveaux Commanditaires quant aux projets à buts environnementaux ? Devraient-ils être plus encouragés que d'autres ?

Comment définir un projet -artistique- « à but environnemental » ??? Ce qui doit être encouragé c’est le travail conjoint des gens, tous les gens, avec des artistes, donner la possibilité que l’art gagne sur l’argent, que l’art gagne sur la spéculation, mais aussi que l’art soit gagné par l’écologie, la sobriété, par le désir de partage et de respect des écosystèmes dans lesquels les hommes ne sont que des éléments, vivants certes, mais pas plus vivants que les animaux, les arbres ou les oiseaux !

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Marie Bourgonjon ERG 2010-2011