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n°11 - Octobre 2018 Intersyndicale des praticiens hospitaliers Editorial : « Ma Santé 2022 » : un bon diagnostic… suivi d’un abandon de soin pour l’hôpital ! ................................................2 Le début d’une nouvelle ère ......................................................3 Médiation : un décret d’ici la fin de l’année ? L’interview d’Edouard Couty ....................................................5 Etudes médicales : vers le retour du népotisme ?- ................6 La revue de presse de la rédac’ - Réforme des études médicales : que va devenir l’internat ? ..........................................................8 Vous avez dit démocratie ? ........................................................10 Elections professionnelles : l’important c’est de participer ... et de gagner ! ..........................................................................11 Petites Annonces ........................................................................12 AU SOMMAIRE Soigner l’hôpital en urgence ! …en attendant 2022

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n°11 - Octobre 2018

Intersyndicale des praticiens hospitaliers

Editorial : « Ma Santé 2022 » : un bon diagnostic… suivi d’unabandon de soin pour l’hôpital ! ................................................2Le début d’une nouvelle ère ......................................................3Médiation : un décret d’ici la fin de l’année ?L’interview d’Edouard Couty ....................................................5Etudes médicales : vers le retour du népotisme ?- ................6

La revue de presse de la rédac’ - Réforme des études médicales :que va devenir l’internat ? ..........................................................8Vous avez dit démocratie ? ........................................................10Elections professionnelles : l’important c’est de participer... et de gagner ! ..........................................................................11Petites Annonces ........................................................................12

AU SOMMAIRE

Soigner l’hôpital enurgence !…en attendant 2022

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« Ma Santé 2022 » : un bon diagnostic… suivi d’un abandon de soin pour l’Hôpital !

Le 18 septembre dernier, le président dela République dévoilait le plan attendu ettant repoussé, censé révolutionner le sys-tème de santé de notre pays. Cette pré-sentation a commencé par un mensongeclassique : « le système de santé françaiscoûte cher et est à la troisième place mon-diale » alors que son coût est désormaisdans la moyenne des pays développés etqu’il connaît une des croissances les plusfaibles de l’OCDE ! Un mensonge suivi deplusieurs omissions : sur les niches socialesqui privent la Sécurité Sociale de plus de50 milliards d’euros par an (selon la Courdes Comptes), sur les séquences d’essoragesuccessives depuis l’arrivée au pouvoird’Emannuel Macron, sur les postes vacantsà l’Hôpital, sur le coût des solutions de rem-placement complètement absurdes (à base

d’intérim payé deux à six fois plus cher quele temps de travail des PH).

Le diagnostic livré ensuite était plutôt juste,et même émouvant, énonçant la souffrancedes soignants, l’absence de reconnaissance,le désarroi des patients face aux désertsde médecine libérale et aux urgences com-plètement embolisées, sur la volonté desjeunes médecins de pouvoir exercer à lafois à l’hôpital et en ville, et sur la nécessitéd’un rééquilibrage de la gouvernance à l’hô-pital (maintes fois promis, et jamais mis enœuvre…).

Les mesures annoncées furent égalementplaisantes à entendre, laissant néanmoinscertains auditeurs perplexes, quant à leurfinancement : l Fin du numerus clausus : - Pour cesser ce double mouvement

absurde qui consiste à recaler de bril-lants étudiants français au motif qu’ilsn’ont obtenu « que » 13,9 de moyenne,quand la barre était à 14/20.

- Pour remplir très partiellement les posteshospitaliers vacants et essayer de réha-biliter les déserts médicaux, sans avoirà faire venir des wagons de médecinsétrangers qui manquent cruellement àleur pays d’origine et qui n’ont pas béné-ficié d’une formation à la hauteur de cequi est prodigué en France.

l Des assistants médicaux libéraux, pourlibérer du temps médical et déléguer lesgestes simples et certaines parties del’interrogatoire à de « super-aides-soi-gnants » formés en un an : l’idée est de

permettre à un médecin généraliste decouvrir une plus grande population pourlutter contre les déserts médicaux àmoyen médical constant, en attendant15 ans pour observer les effets de lasuppression du numerus clausus.

l L’accentuation du virage ambulatoire,alors que tout ce qui pouvait être faitfacilement l’a déjà été.

l Une « meilleure reconnaissance du tra-vail » des soignants, ce qui implique decesser de les matraquer financièrementcomme depuis huit ans tous bordsconfondus.

l Une réouverture des hôpitaux de proxi-mité grâce à une cohorte de 4000 méde-cins généralistes d’exercice mixte, réser-vés à trois services de proximité :médecine polyvalente, SSR polyvalentet gériatrie aiguë.

l La création de Communautés Profes -sionnelles Territoriales de Santé (un millierde mailles de 20 000 à 100 000 habitantspour couvrir l’ensemble de la France),associant tous les professionnels desanté (pas seulement médicaux) avecun dossier partagé, et en relation étroiteavec l’hôpital.

l Le développement du dossier patientnumérique et de la télémédecine.

Quant à l’annonce du financement, celanous a laissé perplexe : une réévaluationde l’ONDAM ridicule, pour le faire passer

RENAUD PÉQUIGNOT, PRÉSIDENT D’AVENIR HOSPITALIER

ISSN : 2417-3258

DIRECTEUR DE PUBLICATION : CHRISTIANE MURA

RÉDACTEUR EN CHEF : RENAUD PÉQUIGNOTCOORDONATEUR DE LA RÉDACTION :RICHARD TORRIELLIRÉDACTEUR :SAVERIA SARGENTINICOMITÉ DE RÉDACTION :FRANÇOIS BRAUN, RAPHAËL BRIOT, ANNE DAVID-BREARD, MICHEL DRU, JEAN GARRIC, LAURENTHEYER, PASCALE LE PORS-LEMOINE, RENAUDPEQUIGNOT, NICOLE SMOLSKIEDITEUR : [email protected] ANNONCES : K. TABTAB - [email protected]ÉDIT PHOTO : FOTOLIAIMPRESSION : IMPRIMATUR

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Une réforme malmenée coûte de l’argentet ne résout rien !

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de 2,3 à 2,5 %, soit à peine 400 millionsqui ne couvriront même pas la hausse del’inflation ! Chacune des mesures citéescoûtera plusieurs milliards d’euros et per-mettra d’économiser encore plus, seulementplus tard. Cependant, la mise de départdoit être à la hauteur, sinon aucune de cesévolutions souhaitables ne se fera correc-tement. Une réforme mal menée coûte del’argent et ne résout rien.

Le coup de grâce survint quelques joursplus tard, avec l’annonce d’une diminutiondes dépenses de santé de 3,8 milliardsd’euros pour 2019, comme si les 50 milliardsde niches n’étaient jamais suffisantes ! Ceprocédé est habituel de la part de ce gou-vernement : on se rappelle tous de la trèsempathique sortie de la ministre de la Santéet des Solidarité, Agnès Buzyn, sur le per-sonnel hospitalier qui n’en pouvait plus etqu’il fallait cesser d’accabler, suivie quelquesjours plus tard de l’annonce par la mêmeMinistre de la suppression de 1,2 milliardsd’euros sur la masse salariale des hôpitaux,correspondant à la suppression de 30 000postes. On se souvient également de l’an-nonce en grande pompe du lancement dela STSS par le Premier ministre ÉdouardPhilippe, immédiatement suivie de l’annonced’une nouvelle baisse des tarifs.

Cette façon de traiter l’ensemble des pro-fessionnels de santé, en combinant desannonces justes qui suscitent de l’espoir,puis des mesures réelles totalementinjustes, ne pourra pas durer encore trèslongtemps sans que s’exprime de plus enplus bruyamment la réalité de la vie auquotidien dans les hôpitaux, pour les PHcomme pour les soignants.

Le gouvernement doit tenir ses promesseset accorder à la Santé tout le soin qu’exigentles Français de manière continue danstoutes les enquêtes d’opinion comme dansles conversations entendues par les pro-fessionnels de santé à leur contact.�

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Le début d’une nouvelle ère

Première exaltante pour AH et CPH : enfinle Conseil supérieur des personnels médi-caux (CSPM) rétablit le Droit constitu-tionnel de chaque profession d’agentspublics à bénéficier d’une instance oùporter la parole syndicale avant le votedes textes concernant notre profession !Bien sûr, il ne s’agitlà que du CSPMprovisoire nommépar la Ministre, nedevant pas durerplus d’un an avantla mise en place duCSPM voulu par leConseil d’État, quilui sera issu d’élec-tions. La ténacitéd’AH et de la CPHau sein d’APH aura porté ses fruits. Larédaction tenait à vous raconter lesdébuts du CSPM, ce qui s’est dit durantcette réunion, les réactions des partici-pants et la position d’APH…

Une entrée en matièrepiquante !La séance du 27 septembre 2018 com-mence par un tour de table et se poursuitpar l’introduction du président (DominiqueDeroubaix, directeur d’hôpital fraîchementretraité des HCL), rappelant le long che-min avant de parvenir à la tenue de cetteinstance. Enfin, la DGOS via MadameCécile Courrèges, expose son mode defonctionnement, et rappelle l’ordre dujour : l ‘exposé des motions préliminaires,puis le vote du règlement intérieur.

Le tour de table des réactions par inter-syndicale est sans grande surprise : laCMH rappelle qu’elle était contre la créa-tion du CSPM « qui nous rabaisse au

rang de simples aides-soignants », leSNAM renchérit en expliquant que leCSPM ne sert à rien, et l’INPH reste surle même ton en expliquant que les com-missions spécialisées ne servent à rien.

Après ce grand moment d’aigreur réac-tionnaire, JacquesTrévidic pour la CPHexprime son bon-heur de pouvo i renfin admirer cetteconcrét isat ion denos efforts pour êtreentendus de manièreob l iga to i re avanttoute promulgationde texte.

Votre « serviteur » surenchérit pour AHen citant notamment l’exemple des dis-cussions sur la CSG qui ont abouti àappliquer le même schéma que les fonc-tionnaires aux PH alors que les conditionsde départ étaient différentes, sans jamaisque nous soyons consultés !

Du temps syndical…Dans le collège des employeurs, lesconférences et la FHF affirment avecforce que ce CSPM est indispensablepour que tout le monde soit autour de latable.

Emmanuel Loeb, représentant l’INSCCAdevenu « Jeunes Médecins » embrayeavec une question pratique sur le fait queles CCA n’ont pas de droit à du tempsde représentation syndicale et viennentdonc siéger grâce à des arrangements «occultes » ou en posant des jours decongé ! Voilà une excellente transitionvers une des premières questions qu’ilfaudra résoudre : celle des moyens syn-

RENAUD PÉQUIGNOT - PRÉSIDENT D’AH

Désormais, aucun textemodifiant notre statut nepourra plus être votésans que nous ayonsdonné notre avis.

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dicaux. Pour l’instant, vos représentantsn’ont pas de locaux, pas de moyens autresque vos cotisations, et un temps syndicalridicule (5 ETP pour 45 000 PH soit unratio 60 fois moindre que les autres pro-fessions !).

Après ce tour de table, la DGOS rappelleque les commissions servent à travaillerles textes pour que les séances plénièresdu CSPM ne servent qu’à les entériner.Un brin provocatrice, elle rappelle éga-lement que si certains élus ne veulentpas siéger, ils n’y sont pas obligés...

Et de l’ordre despriorités !Commence ensuite l’ordre du jour à pro-prement dit : le fameux « Examen du texteRèglement intérieur ». On aurait pu ima-giner une simple formalité, si ce n’avaitété la combativité des autres intersyndi-cales, faisant feu de tout bois (en com-mençant par un esclandre sur la positiondes chaises par collège dans la salle !).D’entrée de jeu, CMH, SNAM et INPH

veulent supprimer l’article autorisant laprésence des suppléants. Le représentantde la CPH pour le troisième collège (celuides contractuels) rétorque que c’est dansle décret. La DGOS règle donc la ques-tion : on garde les suppléants (sans par-ticipation aux débats ni aux votes, commeprécisé dans le décret).

AH et CPH insistent pour que les votesdu CSPM soient impérativement présen-tés par collège et pas groupés. En effet,les trois collèges sont de même taillealors qu’ils représentent trois corps élec-toraux forts différents par la taille, le col-lège HU représentant huit fois moins depraticiens. Amendement accepté par l’en-semble des collèges !

La CPH demande la création d’un espacecollaboratif hébergé sur un site accessibleà tous les membres. La DGOS répondque ça existe dans certains CSFP maisque c’est encore peu efficace. Il y a encoredu travail pour obtenir la démocratienumérique !Le règlement intérieur avec les amende-ments APH est voté à l’unanimité des col-lèges (AH-CPH-JM votent pour, abstentiondes autres, en dehors d’un dissident HUde l’INPH qui a voté pour le bon sensmalgré les protestations de sa prési-dente !).

Fin de séance Que penser de cette première ? Une cer-taine fierté d’avoir rétabli les PH dans ledroit, et la sensation que les choses vontavancer malgré les conservatismes et lesvolontés de blocage d’en face. En effet,l’intersyndicale « Jeunes Médecins » adécidé au lendemain de cette premièreséance de faire campagne avec APH !C’est donc une grande alliance progres-siste, et résolument tournée vers l’avenirde notre profession, qui briguera vos suf-frages dans un an pour la première élec-tion du CSPM qui nous représentera tousface au Gouvernement et au Parlement.Le CSPM sera clairement un outil d’am-

plification de la représentation syndicale.Depuis trop d’années, les gouvernementssuccessifs ont régulièrement montré dumépris pour les piliers de l’Hôpital quenous sommes. Désormais, aucun textemodifiant notre statut ne pourra plus êtrevoté sans que nous ayons donné notreavis. Nous aurons le droit d’amender lestextes officiellement, et plus par un jeu

d’influences auprès des bureaux duMinistère. La vraie démocratie est là, leschantiers sont immenses pour rendre ànouveau attractif notre statut, garant denotre indépendance et donc des meilleurssoins à la population. AH, CPH et JeunesMédecins espèrent obtenir un large votede confiance afin d’obtenir le meilleurpour tous les mandants, qu’ils soient PH,HU ou contractuels.

À bientôt pour les prochaines séancesconsacrées aux textes en attente depuisplus d’un an…�

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L’intersyndicale« Jeunes Médecins » adécidé au lendemain decette première séancede faire campagne avecAPH.

LE CSCM estdésormais le lieumajeur du dialoguesocial entre les pouvoirspublics, lesreprésentants deshôpitaux publics etl’ensemble dupersonnel médicalhospitalier à travers leurreprésentationsyndicale.

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Nommé en janvier 2017 par l’ancienne minis-tre de la Santé, Marisol Touraine, et confirméà son poste par Agnès Buzyn, M. Couty apour mission « la mise en place de conci-liations locales et de médiations au niveaurégional et national ». Nous l’avons ren-contré au ministère de la Santé afin d’ensavoir plus sur ces mesures « médiatrices »bientôt concrétisées par un décret.

Avenir Hospitalier : Connaissez vous ladate de sortie de ce fameux décret ? etqu’en est-il du positionnement avec lesmédiations intra-hospitalières existantes ?Edouard Couty : Je ne connais pas la dateexacte mais la publication de ce décret serapour la fin d’année ou tout début 2019.S’agissant du positionnement de la médiation,il faut faire une distinction importante entre laconciliation et la médiation. En interne dansles établissements et pour les médecins autravers des CRP, on cherche à régler les diffi-cultés par de la conciliation. Le conciliateurécoute les personnes concernées, peut donnerdes conseils en essayant de trouver des solu-tions aux problèmes posés par les deux partieset les accompagner par la suite. Il s’efforce derésoudre des difficultés. Le médiateur au niveaurégional ou national est indépendant et neutre,il garantit aux parties la confidentialité sur lecontenu de leurs échanges.

Avenir Hospitalier : Justement, commentfonctionne ce nouveau système de média-tion ? Et quel est le rôle exact du média-teur ?Edouard Couty : Ce décret va créer la fonctionde médiation, préciser son organisation et sonfonctionnement. Il faut d’abord préciser que lemédiateur doit veiller à ce que les principesde la médiation soient respectés. Il ne peutpas être nommé par le directeur de l’hôpitalou de l’ARS, ce principe d’indépendance estfondamental. Le médiateur ne conseille pasles parties, il ne va pas rechercher des solutionsmais créer les conditions de la discussion, il

veille au principe de neutralité. De plus, lemédiateur doit garantir une totale confidentialitéaux deux parties. Enfin, le médiateur n’a pasà prendre parti, quelque soit le problème. Cen’est pas un juge. Il est là pour essayer derapprocher les gens et les faire se parler pourqu’ils trouvent eux-mêmes une solution.

Avenir Hospitalier : Alors comment définirle périmètre de l’action médiatrice ? Lalimite entre les deux (conciliation/médiation)est assez ténue...Edouard Couty : C’est vrai. Selon le cas traité,on peut être amené à avoir la casquette deconciliateur ou de médiateur. Lorsque tous lesacteurs s’engagent dans un processus, il fautque tous sachent dans quel cadre on agit. Lapratique de la médiation nécessite une formationpréalable! D’ailleurs les médiateurs seront tousformés et certifiés. Il faut d’abord tenter uneaction locale interne aux établissements puis

CRP le cas échéant et donc distinguer le niveaulocal et le niveau régional ou national. Nouspréparons une charte de la médiation, qui abor-dera tous ces points ainsi que les questionsd’éthique et de pratique de la médiation.

Avenir Hospitalier : Un fonctionnementrégional a partir des CRP ne serait-il pas lameilleure garantie de clarté ? N’existe-t-ilpas un véritable risque de confusion entreles enquêtes IGAS via les ARS , et l’authen-tique médiation ?Edouard Couty : Le défi, l’enjeu majeur c’estd’installer un service nouveau pour l’hôpital. Ily a des médiateurs dans l’armée, dans la police,l’éducation nationale, la SNCF ou Air France.

L’l’hôpital public n’en bénéficie pas encore.Nous avons un effort pédagogique immenseà faire pour expliquer ce que c’est et surtoutce que ça n’est pas ! La médiation, ce n’estpas l’IGAS, ce n’est pas la cour des comptes,ce n’est pas un juge d’instruction .La médiationne se traduit pas par de l’ingérence dans lagestion de l’état.Le but de ce service est d’apaiser les tensionsau maximum et de remettre en avant les valeursde l’hôpital public. Lorsque la conciliation localen’aboutit pas, la médiation, si elle est acceptéepar les parties concernées, tente de créer poureux les conditions de résolution de leur conflit.

Avenir Hospitalier : C’est donc tout un travailsous jacent par rapport à la souffrance autravail ? Vous comptez sur l’effet « rico-chet » ? Edouard Couty : Tous ces différents conflitspersonnels ou professionnels génèrent de lasouffrance pour ceux qui sont dans le conflitmais aussi pour les autres. Lorsque deux méde-cins sont en conflit, c’est tout le service quisouffre et tout cela retentit sur la qualité dessoins. La médiation est un outil qui sert à régler horscontentieux, par la voie amiable, des conflitsmais c’est aussi un outil pour améliorer lesconditions de travail de ceux qui vivent dansun climat conflictuel.

Avenir Hospitalier : Y a-t il un plan de com-munication pour tous les potentiels « béné-ficiaires » afin de les informer de la possi-bilité de demander une médiation ? Edouard Couty : Lorsque le décret sera publié,un plan de communication sera effectivementmis en place. J’ai l’intention et j’espère quej’arriverai à la concrétiser, une fois que lesmédiateurs seront nommés, de faire le tourdes régions pour rencontrer les syndicats, lesCME, les établissements, les ARS pour leurexpliquer de quoi il s’agit et surtout ce que cen’est pas. C’est une démarche pédagogiquepour essayer de lever les inquiétudes, les inter-rogations ou les ambiguïtés. �

Médiation : un décret d’ici la fin de l’année ?L’interview d’Edouard Couty

SAVERIA SARGENTINI, JOURNALISTE

Il y a des médiateursdans l’armée, dans lapolice, l’éducationnationale. L’hôpitalpublic doit en bénéficier.

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Les annonces faites à l'occasion du plan« Ma Santé 2022 » prévoient un boule-versement des études médicales, tantpour l'entrée dans le cursus de formationque pour le choix des spécialités. Quellessont les failles de la PACES et des ECN ?Par quoi les remplacer ? Qu'attendre oucraindre d'autres modalités pédagogiquesou docimologiques ?

Le discours et laméthode La Première Année Commune aux Étudesde Santé (PACES) et son fameux numerusclausus font trembler d'effroi les étudiantset leurs parents. Ce concours très sélectifest parfois comparé à un « hachoir péda-gogique ». Bien des fantasmes y sontprojetés et il a été le sujet direct ou indi-rect, de plusieurs films : « Fatima » (dePhilippe Faucon, César du meilleur filmen 2015) et le tout récent « PremièreAnnée » (de Thomas Lilti). La « suppres-sion du Numerus Clausus » est appeléede toute part avec ferveur comme si leterme lui-même contenait le pouvoirocculte et l'effroi des messes en latin !Environ 60 000 étudiants s'inscriventchaque année en PACES. En fin d'année,environ 8 500 étudiants sont admis enmédecine (13 %), 4 000 en pharmacie,1 500 en maïeutique et 800 en odontolo-gie. Quelques facultés proposent desorientations vers des études de kinési-thérapie ou d'ergothérapie à l'issue de laPACES. Néanmoins, les trois-quarts deces étudiants n'obtiennent pas de placedans les filières santé et sont « recalés »même s'ils ont des notes au-dessus dela moyenne. Les facultés mettent en placede nombreuses équivalences vers desfilières universitaires (licences de biologievoire un retour en classes préparatoires)pour « limiter la casse » et trouver desorientations à ces milliers d'étudiants,

très souvent brillants, n'ayant pas pu inté-grer une filière santé.Le Gouvernement annonce une suppres-sion de cette sélection abrupte en pre-mière année, envisageant un étalementet une diversification de la sélectionjusqu'en licence (3ème année d'université)avec des modalités plurielles d'intégrationpar exemple via des cursus de scienceshumaines. Don’t act. Reste à expliciterla méthode et les moyens !

Sélection inévitable ! Que les futurs bacheliers et leurs incon-ditionnels soutiens parentaux ne se ber-cent pas trop d'illusions. Même en des-serrant un peu les cordons de l'entrée enmédecine, la sélection se fera. Nos 8 500carabins sont déjà deux fois plus nom-breux qu'il y a vingt ans sur les bancs dela fac. La population Française, même sielle a un peu vieilli, n'a pas doublé entre-temps. Combien de médecins la sociétépeut-elle « s'offrir » ? Quelque-soit laréponse il y aura forcément un couperet.Le métier de médecin attire, par son statutsocial et par la garantie d'un train de vieencore confortable. Prêter le sermentd'Hippocrate consacre le médecin danssa fonction « sacrée ». Cette confiancede la société envers le dépositaire dusavoir médical ne doit pas être galvaudée.À moins de paupériser gravement les car-rières médicales (comme ça a pu être lecas pour les enseignants ou certainesfilières d'ingénieurs) il y aura toujours dumonde au portillon. Cette sélection doit-elle rester anonyme, républicaine et unpeu âpre ou bien doit-elle se diluer dansles méandres de diverses formations uni-versitaires ? Comment seront établis lesquotas des différentes filières ? Quellesseront les stratégies d'orientations desfuturs candidats ? Comment garantir àchacun des chances égales d'accès àcette formation d'excellence que reste la

formation médicale ? Une sélection « aufil de l'eau », sur plusieurs années defac, risque de favoriser les classes lesplus aisées. La reproduction des élites(via la captation de l'information) pren-dra-t-elle le pas sur le bachotage mérito-cratique républicain ?

Et l’internat ? Le plan « Ma Santé 2022 » promet ausside revoir, en fin d'étude, les modalitésde ventilation des futurs médecins entreles différentes spécialités et annonce lasuppress ion de l 'Examen ClassantNational (ECN).Aujourd'hui l'ECN permet, en fonction deleur choix et de leurs résultats, une répar-tition nationale de l'ensemble des 8500étudiants par ville et par spécialité. Lafiliarisation complète par spécialité permetde contrôler les flux de formation en fonc-tion des besoins de santé. Avant 2017cette filiarisation était incomplète. Lesinternes choisissaient l'une des onzefilières plus ou moins spécialisées au seindesquelles ils naviguaient parmi la cin-quantaine de DES proposés en fonction

de leurs aspirations et des maquettes destage possibles selon leur classement.La mobilité nationale issue de l'ECN aaussi rebattu les cartes de l'endogamiemédicale et favorisé la circulation dessavoirs. L'ECN, serait remplacé par uneévaluation tenant mieux compte des apti-tudes et des compétences cliniques etrelationnelles des étudiants ainsi que deleur projet professionnel.

Études médicales : vers un retour du népotisme ?RAPHAËL BRIOT

Le risque est grand queles étudiants soient ànouveau soumis à desappréciations partiales !

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Le programme des études de médecineassure aujourd’hui une formation de qua-lité dans toutes les spécialités, permettantd'acquérir un large champ de connais-sances et de culture médicale. On peutcraindre, en fléchant dès le 2ème cycle laformation sur une spécialité particulière,d'alléger tellement les programmes quela qualité de l’enseignement en pâtisseet que l'on ne forme in fine que des« sous-médecins ».

Craintes et évolution Ces craintes ne sont en rien liées à unenostalgie passéiste. La pédagogie évolue.Le cours magistral délivré devant unamphi déserté cède le pas sur des tech-niques de pédagogie active. Les ensei-gnements sont de plus en plus souventdémultipliés en ateliers d'apprentissagepar problèmes et le rôle du prof évolue.De la diffusion d'un savoir descendant,il devient un tuteur qui facilite et guideles apprentissages. Les UFR de méde-cine tendent à coller l'enseignement auxterrains de stage plutôt qu'aux annéesdu second cycle (enseignements intégréspar pôles de stages). Il est de plus en

plus fait appel aux techniques desimulation : acteurs, mannequins,jeux vidéos … La docimologie(modalités d'évaluations en péda-gogie) évolue aussi. L'outil infor-matique n'est pas qu'une machineà corriger rapidement des QCM.L'ordinateur permet de proposer àl'étudiant des scénarii évolutifs avecde l'iconographie, de la vidéo. Lesquestions posées dans un dossierprogressif obligent l'étudiant à faire deschoix diagnostiques ou thérapeutiques,sans retour en arrière (comme dans lavraie vie !) puis de remettre l'étudiant surla bonne piste quelques questions plusloin (sans qu'il puisse effacer la bourdefaite à la question précédente). Tout ceciétait impossible avant l'outil informatique.

Le retour dumandarinat ? La mise en place des ECN informatisées(ECNi), ne date que de 2016. Ce passageaux ECNi a nécessité un gros investis-sement pédagogique (matériel et humain)dans l’ensemble des UFR de médecine.Certes le système est loin d'être parfait,notamment les conditions d'accueil desétudiants en stage. Néanmoins, cetteinterruption prématurée des ECNi sansréelle évaluation du dispositif interrogesur les raisons profondes de cette volontéde réforme. En dehors d'une vision natio-nale, on se demande quel pourrait êtrele cadre d’un dispositif au sein duquelles postes proposés pour le 3e cycleseront définis en lien direct avec lesbesoins du système de santé et les capa-cités de formation tel qu'énoncés dansle plan « Ma santé 2022 ». Reviendrait-on à des classements par régions commeil y a 15 ans ? Il a fallu des années pour

que l’oral soit supprimé du concours del’internat (1968) et qu’il n’y ait qu’uneseule modalité d’accès aux différentesspécialités (suppression des CES en1984, suppression des DESC en 2017).Cet te suppression des ECN sonnecomme un retour du mandarinat. Lerisque est grand que les étudiants soientà nouveau soumis à des appréciationspartiales ; que le népotisme favorise lescopinages et certains étudiants « fils etfilles de … », au détriment d'étudiantsissus de milieux défavorisés ou simple-ment « non médicaux » voire « non hos-pitalo-universitaires ».

Un progrès flou Au final les réformes pédagogiquesannoncées, associées notamment à lasuppression du concours de PH, ne don-nent pas une vision d'ensemble apaiséeet bienvei l lante contrairement à cequ'elles voudraient laisser croire. Il enressort une impression de flou exemptd'un projet clair au-delà du détricotage,énoncé comme un progrès en tant quetel, de la structure républicaine des cursusmédicaux.�

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L’interruptionprématurée des ECNi,sans réelle évaluationdu dispositif interrogesur les raisonsprofondes de cettevolonté de réforme.

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La revue de presse de la rédac’ - Réforme des études médicales :que va devenir l’internat ?

Agnès Buzyn, ministre de la Santé, etsa collègue Frédérique Vidal, ministrede l 'Enseignement supérieur, ontdévoilé en juillet dernier la réforme dutroisième cycle des études de méde-cine, à l'occasion de l'ouverture desJournées d'été de l'ANEMF. Au pro-gramme : examen national en fin de5ème année, 6ème année consacrée austage professionnalisant, évaluationdes compétences cliniques, note mini-male de 10/20 pour l’internat ... Larédaction vous propose de découvrirce qui s’est dit, écrit, twitté sur le sujet

La petite révolution La réforme a été actée le 5 juillet 2018,sur Twitter notamment : « Au Congrès de l '@ANEMF avec@VidalFrederique. Les #ECN , trop dis-criminantes et inadaptées, seront rem-placées par une évaluation plus centréesur la pratique, les parcours des étudiantset la validation des acquis fondamentaux.#ECN » Retrouvez le tweet d’Agnès Buzynci-dessous :https://twitter.com/agnesbuzyn/status/1014870358409793536

La disparit ion du QCM évoquée parMadame Vidal , a été applaudie parl’ANEMF et la Corporation Nantaise desétudiants en Médecine : « Mme @VidalFrederique : « Quelle per-tinence y a t-il à sélectionner des étudiantssur leur capacité d’apprentissage par

cœur et à cocher des QCM » La #PACEScomme les #ECN sont responsables d’uneperte de sens dans les études de méde-cine. #JEA2018 #BE2018 » Retrouvez letweet de la Corporation Nantaise des étu-diants en médecine ici : https://twitter.com/CNEMedecine/status/1014860158135042048

« Désormais, un examen centré sur lesacquis sera organisé en fin de 5èmeannée. Le classement des étudiants tien-dra compte des connaissances et descompétences, ainsi que du parcours, etles éléments pourront être pondérés dif-féremment pour les différentes spéciali-tés », a annoncé le Ministère. Plus d’explications sur le site du ministèredes Solidarités et de la Santé : https://soli-darites-sante.gouv.fr/actualites/actualites-du-ministere/article/reforme-de-la-forma-tion-des-professionnels-de-sante-entree-des-etudiants

Enthousiastes... oupas ? Les syndicats « étudiants » : ANEMF,ISNI, ISNAR etc étaient et sont toujourstrès enthousiastes quant à cette réforme,ils ont relayé l’information sur les réseauxsociaux et sur leurs sites respectifs. Maisc’est surtout l’ANEMF qui a été partenairede cette réforme.Pourtant, et les commentaires sur les dif-fé ren ts réseaux soc iaux (Twi t te r,Facebook) en témoignent, de nombreuxétudiants sont inquiets voire réfractairesà cette réforme « très positive » sur lepapier, pour reprendre l’un d’entre eux :« Sur le papier c'est très beau, une belleavancée. Cette 6ème année professionna-lisante est une très bonne chose pour lesfuturs internes. Maintenant ça soulèvepas mal de questions et on a très peu deréponses.

- C'est bien beau de dire : on stoppe lesECN et on met un examen théorique en5eme année qu'on va appeler ECN 2.0 ?Le programme sera t'il le même ce quiéquivaut à apprendre plus de 10000 pagesen seulement deux ans sans période derévisions ?- Comment prendre en compte le parcoursde chaque étudiant alors que dans beau-coup de facs le choix des stages dépendd'un tirage au sort, du classement théo-rique ou d'une entente entre groupe d'étu-diants ?- Comment évaluer le relationnel d'un étu-diant ? Le relationnel ça s'apprend pasdans les livres donc évaluer une vertuesubjective par des examinateurs et despatients différents sur un examen uniquesemble un peu complexe à mettre enplace non ?- Les D4 de 2021 ne pourront donc pasredoubler leur année ?Le projet est beau et ambitieux, mainte-nant il reste seulement un an pour répon-dre à vraiment bcp de questions sur lamise en place et surtout le respect del'égalité et du mérite de chaque étudiant. »QUENTIN PANGOT

Malgré tout, les représentants de l’ANEMFpromettent de rester vigilants quant auxpossibles « copinages », « pistons » et «spécialisations précoces » qui pourraientdécouler de cette réforme. À voir sur leurs i te : h t tps : / /www.anemf .o rg /b log /2018/07/19/reforme-du-deuxieme-cycle-cest-parti/

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SAVERIA SARGENTINI, JOURNALISTE

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Après l’annonce de la réforme, le prési-dent de l’ISNI, Jean-Baptiste Bonnetconfiait au journal Le Monde : « Le scé-nario qu’il reste à écrire est très importantet compliqué ». Pour lui, l’ensemble destentatives pour faire évoluer cet examens’est heurté aux inquiétudes et aux dés-accords pour trouver un mode d’évalua-tion juste et égalitaire entre les candidats.Retrouvez l’article ici :https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/07/05/etudes-de-sante-fin-des-epreuves-classantes-nationales-pour-les-futurs-medecins_5326636_4401467.html

Quid du fiasco des ECNi 2017 ! En effet,les 8,450 candidates et candidats ont dûpasser l’épreuve une seconde fois, celle-ci ayant dû être annulée puisqu’elle s’ap-parentait étrangement à celle de l’annéeprécédente. Les « jeunes » resteront-ilsplus sur leur garde cette fois- ci ?

« C’est un moment important dans lalongue, belle et parfois triste histoire desétudes médicales en France (...) » Ainsidébutait un article très riche publié parle site Slate.fr, intitulé : « Les études demédecine vont enfin devenir efficaces »Retrouvez le lien ci dessous : http://www.slate.fr/story/164420/etudes-medecine-debut-fin-absurdites-epreuves-classantes-nationales-efficacite

Le doyen de la réforme L’une des figures phares de cette réformeest l’ancien président de la Conférencedes doyens de médecine de France, et

doyen de la fac de Créteil le professeurJean-Luc Dubois-Randé. Il avait lancéen plein Congrès de l’Ordre des médecinsen 2017, que les ECN étaient la pirechose qui « puisse exister ». Cliquez surle lien ci-dessous pour découvrir sonengagement et son parcours : https://www.lemonde.fr/campus/article/2017/11/16/etudes-de-medecine-vers-la-fin-des-epreuves-classantes-nationales_5215757_4401467.html �

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En août 2016, le professeur André Grimaldi donnait une interview dans le journal What’s up doc ? , à propos des études médicales au coursde laquelle il parlait de son expérience. La rédaction a tenu à intégrer ce témoignage résumé dans ce numéro ! Bonne lecture !

« J’ai passé l’internat des hôpitaux de Paris en février 1968. C’était encore le monde des mandarins : étaient d’abord reçus les fils de mandarins, puisceux qui avaient un patron au jury. Protester contre cela aurait signifié se faire bannir par les maîtres, mais aussi par les collègues. Au fond, c’était un véri-table rite initiatique. D’où l’attachement de ceux qui l’ont passé.On pouvait concourir dans trois régions, et si on était collé on pouvait se présenter jusqu’à quatre fois. En 1968, pour la dernière fois, il y eut un oral :deux questions de cinq minutes précises chacune, dans un grand amphi de Necker, devant un jury de patrons qui manifestaient leur indifférence ou leurmépris.Il s’agissait d’un numéro d’artiste, d’une gymnastique de communication qui fait que la plupart des internes des hôpitaux étaient alors habitués à s’expri-mer de façon synthétique et claire, à gérer le stress… Mais cela n’avait rien à voir avec l’esprit critique, la compétence, la relation au malade ou le raison-nement médical. On était transformés en singes savants. Chaque région, avec ses propres mandarins locaux, faisait en sorte que ses questionsfavorisent les gens du cru. Mais surtout, dès qu’on était externe, on était dans une école. Il fallait laisser une bonne image de soi. Ainsi, vos patrons,voyant la liste des membres de votre jury, pouvaient dire « je connais untel et untel, je lui envoie un mot ». Cela se jouait au nombre de mots de soutienque vous aviez.

Aujourd’hui, les jeunes médecins ne se rendent pas compte, mais on était à l’armée. On ne pouvait pas parler à un chef de clinique quand on était ex-terne. Je me rappelle d’un chef de clinique de chirurgie qui m’avait dit : « Désormais, Monsieur l’externe, quand vous voudrez m’adresser la parole, vouspasserez par l’intermédiaire de votre interne. » Le gars avait 32 ans. Il faut savoir qu’avant 1968, un mandarin de Cochin avait envoyé un chef de cliniqueau piquet… et le chef de clinique y était allé ! À l’époque, on ne choisissait sa spécialité qu’en dernière année d’internat. Aujourd’hui, je constate que cer-tains internes de diabétologie ne sont pas spécialistes du diabète, mais de la glycémie. S’il y a une microalbuminurie, ils appellent le néphrologue. Notreculture médicale était plus large mais aussi moins profonde. Nous étions tous plus ou moins internistes. »

D’après le témoignage d’André Grimaldi, dans le journal « What’s up doc ? » datant du 3 août 2016

Mieux avant ? Pas vraiment !

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Vous avez dit démocratie ?

C’est l’histoire d’une « petite maternité »dont le sort a été déterminé par un humo-riste et une instance footbalistique. C’estl’histoire d’une incohérence sanitaire, d’undéfaut de démocratie à l’heure des remisesen questions et des réformes mais pourtantet malgré tout, la démocratie sanitaire a unsens et doit être défendue.

L’exemple Breton Ce qui s’est passé en Bretagne est une atteinteinquiétante, grave et caricaturale à la démocratiesanitaire. Après instruction très objective de la situationde la périnatalité dans le secteur 7 de Bretagneet audition en CSOS (Commission Spécialiséede l’Organisation des Soins), des directeurset présidents de CME des centres hospitaliersconcernés au sein d’un même GHT (St-Brieuc,Guingamp), il a été voté le 17 mai à l’unanimitémoins 3 abstentions le non renouvellement duplateau technique d’accouchement de la mater-nité de Guingamp. Cet avis a été pris de façon responsable etavec gravité au regard de l’équilibre nécessairede sécurité/proximité en périnatalité, ainsi quede l’inacceptable recours massifs à l’intérimmédical.Le Directeur général de l’ARS de Bretagne asuivi ce vote et signifié en juin la décision dene plus autoriser les accouchements à l’hôpitalde Guingamp à compter de février 2019 .Cettedécision - conformément au solide dossier pré-senté - était assortie de toutes les précautionsde maintien d’une offre de proximité (suivi enconsultation gynécologique et obstétrical, écho-graphies, accès à l’IVG, et aussi développementde chirurgie ambulatoire préservant ainsi lesemplois).

Petites maternités et célébrités Comme systématiquement dans ces situationsde fermeture de « petite maternité », la pressea très favorablement relayé la levée de bouclierdes politiques, au détriment des argumentsde soins et de sécurité, très clairs dans le fonddu dossier. Argument de poids : Jean-Marie

Bigard s’est exprimé contre cette fermeture,proposant d’organiser un spectacle de soutien. Plus grave, car la santé des femmes est enjeu, le président de la Fédération Françaisede Football et ancien maire de Guingamp, MrLe Graët a remercié « le président Macron,qui a tenu son engagement et donné le feuvert » - sic au maintien de la maternité - « lorsde la finale de la coupe du monde en Russie ». Effectivement, le 19 juillet (4 jours après le jour

de gloire !), suite à l’intervention de l’Elysée,le maintien de la maternité a été annoncé .La CRSA de Bretagne a interrogé - sansréponse explicite à ce jour – la ministre de laSanté sur les arguments sanitaires qui condui-sent au maintien de la maternité de Guingamp. « Ne pas donner de réponse reviendrait à undéni de démocratie » (site ARS de de Bretagnereprésentant de la CRSA , et commentant defaçon générale l’hypothèse d’une décisioncontraire à l’un de ses avis).La conférence des présidents de CME deBretagne a, par son communiqué du 9 juillet,jugé « indispensable d’informer la populationet les élus des enjeux réels, de ne pas laisserle champ médiatique à un club de footballaussi prestigieux soit-il, ou à un humoristecélèbre, lorsqu’il s’agit de parler sécurité dessoins ».

Justice et bon sens Cet exemple précis et caricatural souligne deuxproblèmes de fond : - D’une part celui d’une presse qui souventprivilégie la polémique à l’étude réelle du fonddu dossier, contenant pourtant tous les élé-

ments nécessaires à l’appréciation de la qua-lité, sécurité des soins et des organisations. Chaque cas est particulier. Il est hors de ques-tion de stigmatiser des équipes de soinsdévouées, à l’inverse, il est invraisemblablede défendre systématiquement les « petitesmaternités » sans tenir compte des évolutionssociologiques, démographiques, mais aussid’aménagements du territoire faisant évoluerles temps d’accès. - Le second élément est celui de la responsa-bilité politique : lorsqu’on rêve de démocratiesanitaire, on rêve précisément d’une instructionjuste, large, entendant tous les points de vue,prenant en compte toutes les évolutions, d’unvote responsable des commissions sanitaires,puis d’un avis politique plus que légitime,mais qui ne saurait rester absolument opaque.

Vigilance , toujours ! Les praticiens hospitaliers via leurs intersyn-dicales sont représentés en CRSA. Notre rôleen veillant sur la démocratie sanitaire, est ausside dénoncer les pseudo-services rendus à lapopulation – aux électeurs – conduisant à s’op-poser à toutes restructurations, y compris quantà l’évidence, la sécurité des soins est en jeu.Il est coupable, comme cela s’est déjà produit,de ne prendre les décisions qu’après la sur-venue d’accidents prévisibles.À terme, il est coupable et illusoire de dépenseren intérim des sommes folles, tout en déplorantle manque de moyens, dans les EHPAD enparticulier.À l’heure où une nouvelle politique de santéest définie, où la ministre de la Santé confirmele maintien des hôpitaux de proximité toutcomme la nécessité de restructurations d’ac-tivités redondantes au sein des GHT, il estimportant de dire si la démocratie sanitaire aun sens, ou si elle n’est qu’un alibi enfermé àdouble tour dans des salles de réunion où lesélus – dont vos représentants syndicaux – per-dent leur temps.La réponse est attendue par tous avec beau-coup d’attention : la santé des femmes et desenfants est en jeu, pas un jeu. Footue politique ! �

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PASCALE LE PORS - VICE-PRÉSIDENTE D’AH

Disons clairement si ladémocratie sanitaire aun sens ou si elle n’estqu’un alibi enfermé àdouble tour dans dessalles de réunion

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La participation aux élections est essen-tielle, d’une part pour montrer que noussommes bien décidés à tenir notre destinen main et d’autre part pour dire haut etfort : « il est hors de question de serésoudre à soigner des malades tout ensupportant les restrictions aveugles etmortifères dont le seul sens est l’accrois-sement des inégalités ». APH s’engageà continuer sur la voie empruntée depuissa création pour l’amélioration du statutet des conditions de travail des Praticienshospitaliers comme des contractuels.

En quoi la répartition des voix est-elleimportante ? Elle montrera un choix clair entre deuxvisions fondamentalement différentes faceaux pouvoirs publics. Une vision faite d’ac-commodations entre gens autorisés cher-chant leurs entrées au cabinet de la Ministre,ou la nôtre, portée par des élus lors desélections dans les différentes instances, àl’issue d’un choix clair. À notre sens, seulecette légitimité permettra de peser face auxdécideurs pour faire bouger les lignes dansle bon sens pour l’ensemble des praticiens.

Durant le quinquennat précédent, nousavions pu observer une stratégie gouver-nementale dont le seul but était de tenirsans rien faire bouger. Le nouveau gouver-nement semble vouloir soustraire un maxi-mum de moyens de la Sécurité Sociale touten envoyant des signaux verbaux rassurants

aux soignants pour espérer qu’ils ne bougentpas. Le secteur public est particulièrementmaltraité !

Des combats remportés... La ténacité d’APH a permis d’obtenirquelques avancées dont la somme restenéanmoins insuffisante face à la perte dueau blocage des salaires. Parmi ces avan-cées, la prime d’entrée dans la carrière hos-pitalière pour les spécialités ou les zonesles plus en tension, la prime d’exercice ter-ritorial pour les praticiens exerçant sur plu-sieurs sites d’un GHT, la revalorisation dela prime d’exclusivité de service public aprèsquinze ans d’exercice, la fin de la rémuné-ration différenciée en temps de travail addi-tionnel de nuit (moins payé que le TTA dejour!) et la création d’une troisième plagede fin de journée, même si le texte présentaitdes imprécisions dont nous nous méfions.Enfin, nous avons exigé et obtenu un rééqui-librage des pouvoirs entre les praticiens etles administrations, à commencer par lesattributions des CME ! Il reste à les mettreen pratique au niveau local, car lorsque lesPCME sont faibles face aux directeurs, lesavancées législatives n’ont aucun poids !

... et des combats à menerNous sommes conscients de la difficulté dela tâche qui nous attend pour les quatreans à venir ! Récupérer notre pouvoir d’achatet le pouvoir décisionnaire à l’hôpital seraun gros chantier. Pour rappel, en 1984, unPH au premier échelon gagnait 4,2 SMIC,aujourd’hui c’est 2,8 SMIC...

L’intérim est un véritable gouffre pour l’hô-pital, en le ruinant au détriment des PH quilui sont fidèles et des patients traités commedes marchandises. Les administrations ontrécupéré le pouvoir décisionnaire depuisl’apparition de la tarification à l’activité. Leshôpitaux ont été transformés en machinesà cash déficitaires, les usagers sont bruta-

lisés et les soignants en grande souffrance.Nous dénoncerons inlassablement ce fiasco,d’autant plus qu’APH a des propositionsprécises. Leur but ? Un rééquilibrage de lagouvernance, via la CME et une représen-tation syndicale locale dans chaque GHTpour faire appliquer les textes favorablesaux praticiens hospitaliers et réclamer unmeilleur financement de l’Hôpital public.Seule une représentation syndicale forte,décomplexée et aux idées très claires pourdéfendre les services publics pourra obtenirque les PH, l’Hôpital et la Santé en généralretrouvent l’attention qu’ils méritent, commel’indiquent avec une grande constance toutesles enquêtes d’opinion.

Vous avez pu compter sur nous, nous comp-tons sur vous pour voter massivement ! �

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Elections professionnelles : l’important c’est de participer... et degagner !

RENAUD PÉQUIGNOT, PRÉSIDENT D’AVENIR HOSPITALIER

Lorsque les PCME sontfaibles face auxdirecteurs, lesavancées législativesn’ont aucun poids !

Les élections professionnelles auront lieu aupremier semestre 2019. Les PH, les HU, et – c’est nouveau – lescontractuels (PA, PHC, CCA), vont élire leursreprésentants à la Commission Nationale Sta-tutaire (CSN) au Conseil de Discipline (CD) et-enfin !- au Conseil Supérieur des ProfessionsMédciales (CSPM). Lors de ces élections, Avenir Hospitalier (AH)sera allié à la Confédération des PraticiensHospitaliers (CPH) au sein d’une grande inter-syndicale : Action Praticiens Hôpital (APH). Ce regroupement se fait au nom de la clarté,puisque les deux intersyndicales partagentl’ensemble de leurs positions sur tous les su-jets syndicaux et, au nom de l’efficacité, pourproposer un rassemblement suffisamment fortpour être attractif et continuer la clarification dupaysage syndical.Les premiers à nous rejoindre pour les élec-tions sont les Jeunes Médecins, syndicat fondéà partir de l’INSCCA, du SNJAR et du SJBM,trois syndicats de jeunes médecins qui parta-gent globalement les valeurs défendues parAPH. Le vote sera électronique, selon des modalitésqui restent à préciser, nous vous en dirons plusdès que le CNG et le Ministère auront tranché !

À suivre !

L’info en plus

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