Soi-même comme un autre, entretien avec Ricœur (Jarczyk) 1991

download Soi-même comme un autre, entretien avec Ricœur (Jarczyk) 1991

of 14

Transcript of Soi-même comme un autre, entretien avec Ricœur (Jarczyk) 1991

  • 8/10/2019 Soi-mme comme un autre, entretien avec Ricur (Jarczyk) 1991

    1/14

    Soi-mme comme un autreAuthor(s): Paul Ricur and Gwendoline JarczykSource: Rue Descartes, No. 1/2, Des Grecs (Avril 1991), pp. 225-237Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/40978284 .Accessed: 06/11/2014 04:39

    Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

    .JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

    .

    Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Rue Descartes.

    http://www.jstor.org

    This content downloaded from 19 3.55.96.119 on Thu, 6 Nov 20 14 04:39:36 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/action/showPublisher?publisherCode=pufhttp://www.jstor.org/stable/40978284?origin=JSTOR-pdfhttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/stable/40978284?origin=JSTOR-pdfhttp://www.jstor.org/action/showPublisher?publisherCode=puf
  • 8/10/2019 Soi-mme comme un autre, entretien avec Ricur (Jarczyk) 1991

    2/14

    Un ntretienvec aulRicurSoi-mmeommen autre

    (Proposrecueillispar GwendolineJarczyk)

    GwendolineJARCZYK.- Votre dernier uvrage, u titre vocateur eSoi-mmeomme nautre, pporteunecontributionmportante votrerecherche e toujours.Commenty rencontrez-vouse sujet ?PaulRICUR.- Je erencontreousuntitre uiatchoisi desseindistinct u Moi.Dans les discussionshilosophiques,l estgnralementfait apologieu l'attaquedelaphilosophieusujet.Commesi,ncessai-rement, lle taitunegologie, une thorie u Moi .J'ai doncchoisiuntermemoinsmarqu arcesquerelles,t peut-tre lusdisponibleourcetteraison Soi.Il comportedeuxparticularitsrammaticales jecommencear : toutd'abord,Soinefigure asdans a listedespro-nomspersonnels;e n'estni Je,ni tu,ni il,ni elle,maisbienle rflchi e tous cespronoms personnels. e rflchi c'est l madeuximebservationu niveau de lagrammaire seremarqueurtouten liaison vec es infinitifs. 'est--dire,insiqueGuillaume'avaitnotautrefois,'infinitifxprimeeverbe enpuissance, avant u'ilsoitdploydans estemps erbaux. n effet, uandnousdisons seconnatre,secomprendre,s'estimer oi-mme,e se est erflchi u verbequipourra tredistribuur toutes es personnes. 'est donccecaractre erflchi istribuableur tous les pronomspersonnels, compris ur lespronoms non-personnels,ommeonet chacun,quim'aretenu.Prenez a formule u droit chacun"son" d...Lesem'asembltre insiun terme xtrmement ort uiavaitpeut-trechapp desque-relles hilosophiquesentres ur eprimat e lapremire ersonne. uis-quele sepeuttre e rflchi e la troisime ersonne, e comprendsparfaitementesphrasesuivantesII"se"souvenait,elle "se"disait elle-mme.oursortir e lagrammairet en arriver ladiscussionhi-losophique,equim'aparuremarquableans eterme soi etsoi-mme(olemme renforceesoi),c'estqu'ilesttoujoursndirect si, par

    This content downloaded from 19 3.55.96.119 on Thu, 6 Nov 20 14 04:39:36 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 8/10/2019 Soi-mme comme un autre, entretien avec Ricur (Jarczyk) 1991

    3/14

    226 PAULRICUR

    exemple,edislesoucidesoi- Tun desderniers eaux itres eMichelFoucault onvoitqueleSoiest e rflchit ecomplment'un infi-nitif ous-entendusesoucier.Voilquiestdans alignedemon herm-neutique,elon aquelleln'y apasdeconnaissanceesoiimmdiate, aisonseconnat travers,ommeel'ai ditbiendesfois, es ignes,esoeuvres,des textes ue l'on a compris t aims. l s'agitdonc de cecaractrendi-rect e l'atteinte e soi: travers'action jemeconnaisomme'agentdemonaction , traversmesrcits jeme connais oitcommeenarra-teur oit comme epersonnageesrcits ueje fais ur moi-mme,ueles utres ont urmoi-mme, et esuis ussi'objet u leterme esappr-ciationsmorales, ans 'estime, ans erespect. uand edis,parexemple,estimede soi,je ne dispasestimede moi,maise pense l'estimeduSoienquiconqueetquandeparledurespect esoi, evised'abordautrui,maisgalementmoi-mme.t donc etoi et emoi aussi ontenquelquesorteenveloppsansce Soirflchi.

    Je eviens votre uestion. 'ai vitprcismentevocabulaireusujet,parce u'il a tmarquhistoriquementar apremire ersonne,eegocogitodeDescartes,e IchdenkedeKant,puis eJetout-puissant,entouscastout-constituant,e Husserl.C'estdoncpourm'loignerecette radition dalisteue j'ai choisicettednomination.

    G.J. - Que reprochez-vouscette radition le Jeestapprhend lapremire ersonneP. R. - Lefait u'ellea pu provoquerune ractionaine,quiestcelle,par xemple,e Levinas isantNon,il faut ommencerar 'autre, arcequelaprsuppositionecette lternative,'estquec'est "Moi"quicom-mandee jeudans unephilosophieu sujet la seulealternativest alors

    l'alternativeorte ueLevinas poussej'aicrit uelquepart ue sarh-torique taitunerhtoriquee 'hyperbole)usqu'faire u Moil'otagedeTautre, a substitutionjedoismemettre laplacede...),prcismentparce uelaphilosophiemorale eLevinasestunephilosophie lesujetc'est Moi.Encesens,'aila mmeibleque ui seulement,omme'essaiede ibreraquestion u Soide cet mprialismeuJe, esensmoinsfortement a ncessit e lui donnerune seulealternative, savoirdecommencerar a secondepersonne. erencontreeproblmemoiaussi,bien ntendu,mais ous 'gide,i epuisdire, elaquestion lusgnrale

    duSoi.Si vousmepermettez neautre gitimationecetteprfrence,e mesuisheurt, onpasdansdesdiscussionsvec aphilosophielassiqueuro-penne Descartes,antet d'autres mais vec aphilosophienalyti-queanglo-saxonne,unproblmeuiestextrmementiscut ans adite

    This content downloaded from 19 3.55.96.119 on Thu, 6 Nov 20 14 04:39:36 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 8/10/2019 Soi-mme comme un autre, entretien avec Ricur (Jarczyk) 1991

    4/14

    Soi-mmeommeun autre 227

    philosophieorsqu'elleen vientauxquestionsdu sujet-

    depuisWitt-genstein,nparticulier, c'est aquestiondel'identit. u'est-cequifaitl'identit 'unSoi?Je uisfrapp ar lefait ue,sous es mots identi-queouidentit, nousmettons euxsignificationsout faitdiffren-tes selonla premire, 'identique, 'est ce qui ne change pas c'estl'immuable.l s'estfait ne sortedefusion vec esphilosophiesu sujetenJepremire ersonne)t de 'identiqueen mmutabilit),omme 'ily avait nsubstratuinebougeait asderrireeschangements.'estcettecollusionustementntre 'identitmmuable t apremireersonneoute-

    puissanteue 'aiessayebriser n donnant nautre ens identique,quiest ette orte 'identit uenous connaissonsar afidlit laparoledonne ici,identique ne veutpasdirequejenechange as,maisque,malgrmeschangements,e me maintiens ansuneobligation. 'identi-queestdonc eipse latin lutt ueleidem , le dem tant e non-changeant,andisueleipsec'esttoutcequi rpond laquestion Quisuis-jeNonpasquesuis-je,maisquisuis-je.uandon entredanslaquestionqui,onentre ansun ensemble eproblmesui justementchappent lasorted'identificationbjectivepoursuivieans aphiloso-

    phieanalytiqueousle titre e l'identit ersonnelle.G. J. - Telleest doncla raisonqui a dterminenouvelouvrage...P. R,- C'est une rechercheuivient rs ard t lafin ansdoutedemontravail hilosophiqueparce ue 'aivoulurglermes omptes onpasaveclesautres,mais vecmoi-mme,'est--direvectousceuxquej'ai croisspendantrente u quarantennes etravail, t quiontreprsentesvaria-tions normes ur ette uestion usujet.DepuisepersonnalismeeMou-nier t de GabrielMarceln un certain ens, 'existentialismeeSartre,a

    phnomnologieeMerleau-Ponty,'hermneutique,tpuisagrande agueinverse ustructuralismeonlimine esujet, n vammeusqu'l'ide delamalfaisanceel'humanisme...c'estdonc face cesrenversementsue eme uisdemandQuel capai-jeenu traversout ela Etsi,d'unepart,jen'ai amaisd l'antihumanisme,t qued'autre art e n'aijamaisfaitl'apologieducogitocartsien,e me suis dit Maisalors, uelest monpoint 'ancrageMonpoint 'ancrage,hbien, lafin e maqute, epenseletrouver ans eproblmee 1'psit, lielaquestionuqui,de lapersonneuisedemandeuielle st mais vec outesesressources'unephi-

    losophieu

    angage quelst e

    sujet arlant,d'une

    hilosophiee 'action- quelest 'agentdesactions, d'unephilosophieurcit quelest enarrateurulepersonnageurcit ,d'unephilosophiemorale qu'est-cequ'untre esponsable,uquelesactions euventtre mputesc'estdonclerassemblementesdiffrentsomainesuej'aitraverssu coursde ma

    This content downloaded from 19 3.55.96.119 on Thu, 6 Nov 20 14 04:39:36 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 8/10/2019 Soi-mme comme un autre, entretien avec Ricur (Jarczyk) 1991

    5/14

    228 PAULRICUR

    carrire philosophieulangage, hilosophieel'action, hilosophieurcit, t maintenanthilosophiemorale t politique quej'ai essaydedisposerutourde cette uestionQuisuis-je.

    G.J. - Alorsquesouvent rvaut neapprochentuitive our la saisiedu Soi,vousprivilgiezsolumente ctrflchissant,e parcours.P. R. - Et doncle dtour.

    G. J. - Un dtour nreux.

    P. R,-

    C'estunephilosophie our aquellee mdiat este seulche-mindel'immdiat. 'estcequilarend nreuse prcismentarcequele court-circuite laconnaissancee soiimmdiatest nterdit, enousrestent isponiblesuelesgrands tours traversustementesexpres-sionsdu Soi,ou dusujet,un terme uej'ai toujours vitsoigneuse-ment, causede sacharge hilosophique.'essaieeretrouvereproblmedusujet traverseproblmeuSoi,mais anstenir ouracquise'his-toire ntrieure, ui avaittellementmis 'accent ur e Je.

    Mes travauxur e rcit je le disenpassant m'avaient jmis ur

    lapiste car cequim'avait rapp,'estbienquelaplupart es rcits ontentroisimeersonne. ue cesoit 'pope,uecesoitunegrande artiedu roman.Latroisimeersonne,e n'estpascommeon l'a dit souvent,le a,c'est le il,elle: et le il,ellesont despersonnesussifortes ommepersonnesuelapremiret a secondeersonne. 'estdonccette ttention la troisime ersonne arrativeui m'a missur a pistequ'il pouvaity avoirunephilosophieusujet uinesoitpasunephiloso-phiede lapremire ersonne. uisqueunegrande artiede notre ittra-ture on sait ombien e rcit ient eplacedanses ittratures ondiales,

    durant es millnaires esten troisime ersonne.G.J. Vousavezvoqualonguemdiationuimne uSoi.Endsen-combrante sujetde lapremire ersonne, ousle restituez sadimen-sionvritable.Mais commentituez-vouse Soi,ceSoi-mme,parrapport 1' utre, et autrequesoi-mme?P. R.- Comme etitre e montravail'indique,enevoispasentre Soiet 'autre nebrche, nedissymtrie, aisunerciprocit.ar, pourquel'autre oit un autrehumain, l faut ueje puisseprsumer u'il ou elle

    sedsigneoi-mmeautrement it, acapacitflchissantest mpliquedans 'autrepour qu'ilsoitautre.Doncenun sens, l estun autre Soimais,pourtreautreaussi, l faut u'il soitautrequemoi.

    C'estdonccet quilibreue 'essaieetenir ans'ided'altrit,ue 'autreestvritablement,omme e dit si fortementu longde saphilosophie

    This content downloaded from 19 3.55.96.119 on Thu, 6 Nov 20 14 04:39:36 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 8/10/2019 Soi-mme comme un autre, entretien avec Ricur (Jarczyk) 1991

    6/14

    Soi-mmeomme n autre 229

    Levinas l, e suissondbiteur , celuiquim'veille mapropre es-ponsabilit.'admetsarfaitementvec uiqu'ily a une sorted'antrioritde l'injonction rononcepar l'autre l'garddemoi-mme,ui dter-minemaresponsabilit.'est levocabulaire e Levinas.Maisecroisquesi l'on ne rtablit aslarciprocitans arelation, n fait ort ussi lanotiond'autre.Eneffet, i l'autren'estpascommemoiquelqu'unquiestcapablede direje,s'il n'est doncpassujetrflchissant,l sera unautre...maispasun autrecommemoi,un autrehumain.Jepensequec'est cequirestedevraidans efameuxmpratif antien traite 'huma-

    nitdans apropre ersonnet dans elled'autrui,amaiseulementommeunmoyen,maistoujours ussicommeunefin nsoi. Cequiesttrs nt-ressantansa formulationeKant, 'est u'ildit 'humanit ans aproprepersonnet danscelled'autrui. l y a doncunlment ecoordination,sil'onpeutdire, ui conjointmaproprepersonnet celled'autrui c'estl'humanit,e quej'appellee Soien dfinitive,aqualithumaine,efait epouvoir econsidrer omme'auteur esespropres ctes, ommetant apable'actionsntentionnelles,'initiativesuichangentellementle coursdeschoses,ommepouvante situer ansunrcit e vie,comme

    tant la fois e narrateur t e personnagee saproprehistoire. 'estcela

    l'humanit,onpasausens xtensife 'ensembleeshommes,mais ntensifde laqualithumaine cequifait u'unhomme stun homme.J'aidonclicettenotiond'humanit lacapaciteflexiveondamentalee sedsi-gner oi-mme ommeceluiquiparle, omme eluiqui agit, omme eluiquiraconte, seraconte, t comme eluiquisesentresponsablet quilesconsquencese sesactespeuvent tre mputs.

    G.J. Laphilosophieurait-elleartie ieavec a maniree vivre Plus

    prcisment,es choix

    qu'opreun

    philosopheans avie

    privetpubli-quedoivent-ilstre n cohrence vecapense nversement,'exprience

    est-elleusceptiblee dterminer ne recherchehilosophiqueP. R. - Jene voudrais astomber ansunpige u'unemauvaiseompr-hensiondela questionmetendrait, ui serait quelleest a liaisonentrelavieet 'uvreD'abord,orsqu'il 'agit 'autresuteurs,'ailesplusgrandsdoutesur ette aondefaire e acritiqueittraire, ais ussidel'analysephilosophique.ecroisqueles uvres arlent 'elles-mmes,t ce quifaitlaforce 'une uvre 'estqu'ellesurvit son auteur. t donc,d'unecer-taine

    faon,'auteura t commeeffac

    arson uvre.

    Jevoudrais rendre aquestiondans un autre ens larflexionmoraledoit-elle ester ur e plandesprincipesu doit-elleonduireusqu'descasdeconscienceela viequotidienneIci emesens rs mpliqu.C'estld'ailleursne desdernireshasesdemontravail unerflexionur es

    This content downloaded from 19 3.55.96.119 on Thu, 6 Nov 20 14 04:39:36 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 8/10/2019 Soi-mme comme un autre, entretien avec Ricur (Jarczyk) 1991

    7/14

    230 PAULRICUR

    conflits edevoirs t es situations il y a tension ntre e que j'appellela norme t a sollicitudelanorme,argle niverselle,uidira en aucuncasil nefautmentir, n aucun as l ne faut uer, tc. et a sollicitudeuiest le sensde la singularitessituations,espersonnes;ntre es deuxil peuty avoir conflit. e sont desproblmesue nousrencontrons,nparticuliernbiothique,epuiseluiamaissolu e lavrit ueau mou-rant, e problmedel'euthanasie,t ceuxrelatifs onplus la viefinis-santemais la viecommenantequelest e statut el'embryon, u ftushumain Est-il nechosedontonpeut edbarrasseruunepersonneue

    l'onpeutrespecterusenskantien u mot Entre esdeux, uel genre 'treest-ce C'estalorsqueseposentdescas de conscience.our entrer ansce trsdifficilet prilleuxujet est-ce u'auxdiffrentseuilset degrsquetraverseavie, ux diffrentstades 'uneontologieudveloppement,correspondentussidesdegrs erespect, eprotection Ici, e croisquela morale, 'est--dire'ensemblees normes t des devoirs, esinterdic-tions ussiquenous considronsommevalables,ait ppel unesagessepratique.A cemoment-lrvaut n certain etourdeKant Aristote,jeveux direde la morale bstraite u devoir cequeAristote ppelaita

    phronesis.Les Latins'avaient raduit ar prudence,mais e mot aperdudesaforce.C'estpourquoi'emploieevocabledesagesseprati-que. Cettesagesse uinousconduit dcouvrirue,sous a couchedesdevoirs,elamoraleu sensde 'ensembleesdevoirs,ly aquelquechosedeplusprimitif uiest e souhait 'unevieaccomplievecetpour es utres,dans des nstitutionsustes. 'insisteur es trois omposantesecettefor-mulequeje croistrsriche le dsirde cequeProust ppelait la vraievie,lorsqu'ilparlait u bonheur ue ce seraitde pouvoir tteindre lavraie ie avant e mourir l'lment 'altrit uiest mmdiatementsso-

    cice souhaitd'unevieaccomplievecetpour esautreset 'ajoutetoutde suite dansun cadre nstitutionnel,ansdes nstitutionsustes . C'estcet ensemble ui forme e quej'appelleYthique.

    Pourrevenir mon pointdedpart,asagesseratique arcourt eche-min nverse n faisant emonteresnormes cequiestplusprofondu'elles,ce dsir rofond uinousoriente ers naccomplissement,ersunhori-zon deplnitude,mais vec etpour es autres t, encoreunefois, ansunecitdont epourrais ire ueles nstitutionsont ustes. ajustice ait er-tainement artie e ce dsir 'accomplissementout utant uelarcipro-

    cit avec es autres. 'insisteraisncore ur e fait ue l'autre, e n'estpasseulementeluiduface face,adeuximeersonne ourfaire ref,maisc'est ussi echacun dessans-visages,uisontmesvis--visans ecadredesinstitutions ans esquellese suispartie renante. e chacun n'estpasunecatgorienfrieure,e n'estpasle on,au sensdel'anonyme,

    This content downloaded from 19 3.55.96.119 on Thu, 6 Nov 20 14 04:39:36 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 8/10/2019 Soi-mme comme un autre, entretien avec Ricur (Jarczyk) 1991

    8/14

    Soi-mmeomme n autre 231

    maisc'est e distributif. oilquime ramne u dbutde notre ntretienpourredire ombien eSoicouvrede dimensionsossibles, ersonnel-les, mpersonnelles,ommee chacunquiest entre e il et le on.

    G.J. - L'exprienceuphilosophest-elle enseorienter arecherche,ou bien a recherche hilosophiqueeut-elletredconnectee l'exp-rienceP. R.- Jepencherais lutt, n dpitde la filiation uel'onme reconnatassez souventu personnalisme,u ctde ladconnection.eveux dire

    lapense hilosophiqueommenceoujoursarune certaine upture vecles videncesuotidiennes.n certain lment e reculest a dfinitionmmede a rflexion. e rois uecettemise distance l'gard es vne-ments e saproprevie,des bonheurst desmalheurs,ait artiedel'actedephilosopher. en'ai moi-mme ucune de delafaondont desexp-riences e vie commeaguerre,apaternit,'amiti,a vieprofessionnelleaussi,dansune institution ommel'universit ue j'ai aime defaonincroyable endant uarante nnes, nt affect a recherche. l me sem-blequej'ait d'une certaine aonplussensible mesrencontres e lec-

    ture qu' mes rencontres ersonnelles.Car j'ai vcu d'une manirerelativementsoleet trs eu publique,t 'environnemente ma biblio-thque t desbibliothques uej'ai frquentes 'ont donndes vis--viscouchsdans des ivres robablementnfinimentlusnombreuxueceuxdela viequotidienne.n cesens, e penseavoirtplusmarquparmeslectures ue par mesexpriences.aisqui peutfaire a balance?

    G.J. - Ds lorsqu'ils'agit 'unecertaineecture, epourrait-onaspar-ler d'exprience?P. R. -

    Oui,alors

    , el'accepteout fait.C'est,audemeurant,ne desthses e mathoriede lalecture, elleprcismentue par la lectureevisenfiction 'innombrablesies.Cellequifait artie usside ma thoriedudtour, esmultiplestours ont nous sommes artis out l'heure,cesdtours e faisant ussi travers es vies maginaires.me nosconcep-tionsmoralesesplus bstraitesont outenuesardesrcits uinousrepr-sentent es viesquitmoignente cesidaux.Je penseen ce momentquelqu'unqui en cela a tun peu mon matre ardif, abert...

    Pour revenir votre uestion, 'estparledtourdecesautres encon-trs ur e mode

    narratif,oit

    historiqueoitfictif soit es deux lafois

    ,que emultiplien quelqueorte anue detmoins, ue nfinimentlusvaste uelecercledespersonnesencontres, comprises amis espluschers t lesparents esplus prcieux.

    This content downloaded from 19 3.55.96.119 on Thu, 6 Nov 20 14 04:39:36 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 8/10/2019 Soi-mme comme un autre, entretien avec Ricur (Jarczyk) 1991

    9/14

    232 PAULRICCEUR

    G.J.-

    J'ai esentimentuevous restituez lalecture,u livre, adensitqu'ilsportent n vrit,e livre yant tcrit ouvent prsdesdtoursmultiplescerespect u livre erait n quelquesorte e respect 'une vie.P. R.- C'est aussi erespectes ecteurs. 'est unetraditionrs nciennequidit C'estle lecteur ui fait esensdulivre, ar a signification'unlivre 'est 'histoire etoutes es ectures.elivre randit vec on ecteur.IIseproduit oncunecroissanceesignification,ivousvoulez,desuvres,grce l'accumulation esectures,t donc des nterprtationst desrin-terprtationsuiontredonn ie auxuvres t eur ont donnunesorte

    d'histoire osthume.G.J. - Ya-t-il ne communicationossiblet souhaitable ntre es diff-rentes hilosophies,ubien esphilosophiesont-elles oues uncertainisolement e juxtapositionP. R. - Cettequestionmetroublebeaucoupet me plongedans aper-plexit.Alorsquecertains, la suitedeHeideggert d'autres,nsistenturl'unit e amtaphysique,ommeitoutesesphilosophiesarlaient'uneseulevoix, 'ai toujours tfrapp ar amultiplicitrrductibleesphi-

    losophies.De cepointdevue-l,esuisdu ct deGueroult, uiavait tmonmatre n histoireesphilosophies,t aussideGouhier l'un et 'autreonteu le sentimentrs if uechaquephilosophiestunesingularitpi-rituelle, t doncqu'uneuvre ommeY thique, arexemple,stunesin-gularit ans e champdespenses.Et il nes'agitpasl de lasingularitdespenseurs,maisbiendecelledesuvres. orsquee lisSpinoza,esuisparhypothse pinozisteoutaulongdema lecture c'est--direuejeleprendsomme nepropositionesens ue 'accepte.ly a une sorte 'accep-tabilit uiprcdeaquestion evrit. e uspendsaquestion vraiou

    fauxpourentrer anscequel'on pourrait ppeler a questiondu sens.Aprscela,c'estauphilosopheui fait ne uvredetrouver onproprechemin, hemin ait 'emprunts, erejets, e mconnaissances,'injusti-ces,mais ussidedettes. 'insisteeaucoupur ette otion edette payer,mais l'garddecranciersui restentmultiplest irrductiblesesunsauxautres. l faudrait tre eibnizien,'hted'unentendementivin, ourvoircommentoutes espensesiniesorment ne seule vrit. 'est unproblme uevous retrouvezhezHegel est-il ossiblequ'unparcourstotal 'englobeMes doutesont rs rands cetgard. anscettemesure

    mme,esuis embarrassarceproblme elamultiplicit.ne compa-raison ourrait ous ider ci,celleavecesuvressthtiques.r chaqueuvre stabsolumentingulire,arcequ'elleest a rsolution 'un pro-blmeingulier.haquephilosophepprhendea situationuiest asienneen fonction 'un ensembleelativementimit eparamtres, ais uifor-

    This content downloaded from 19 3.55.96.119 on Thu, 6 Nov 20 14 04:39:36 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 8/10/2019 Soi-mme comme un autre, entretien avec Ricur (Jarczyk) 1991

    10/14

  • 8/10/2019 Soi-mme comme un autre, entretien avec Ricur (Jarczyk) 1991

    11/14

    234 PAULRICUR

    par 'effondremente ceprojetde Lumiresui nousamnent chercherdesformes clates epensequeTonappellerapostmodernes.n adonc au moinsdeuxconcepts e rfrenceour la modernit. r je memfie 'un concept uimeparat essortir unephilosophiee l'histoire.Alorsqu'onnousdit quelaphilosophiee l'histoire st morte, 'est-cepaslfinalementnemanire e sesituer ansuncertain chmahistori-que?J'aiuneraisonupplmentairee nepasmesentirmpliquanscettequerelle-l,ellequime fait roire ue.eprsent stopaquepourceuxquile vivent.Nous nesavonspasdansqueltempsnousvivons.C'estaprscoup- unvieux hmehglien , quandunepoqueestclose, uel'onpeutcaractriserette poque.Leprsent, ousne savonspass'il estuntempsdetraverse,n temps ecommencement,n temps eclture, t, biendesgards,l peuttre es trois.Laquestion elamodernitmesembledonctre ne mpasse.e 'aidit orsd'unediscussionuej'aieue proposdeHabermas tde sonthique ommunicationnelle.ui plusest 'ycrent esanimositsntreAllemandstFranaisuin'ontpas pourcause amauvaiseualitde lapense u lamchanceteshommes,maisqui tiennent l'quivoquede la questionpose.

    G.J. Commentntendez-vous'affirmationuiveut ueHeideggerignela fin de la philosophieP. R. - Pour trequitable l'garddeHeidegger,outes esformulesngativesont 'envers 'unprojet u'ila d'abord ppelOntologie,t qu'ila appelensuite ense. uandilparledelafindelaphilosophie,l parled'unefaon epenser ui luiparat voir tdominepour esModernespar aquestion usujet, rcisment,t, pour esAnciens, ar aquestiondelasubstance. equifinalementst trshglien. ette condamnation

    prononcepar Heidegger,ueje trouved'ailleursrrogante, rsupposequecesmodesdepense dePlatonHegeletNietzsche ontpuisleurs essources.r lafaondeposer eproblme hilosophique,ommej'aiessayde lesuggrerout l'heure, onsistant chercheresquestionsderrireesrponses,eutfaire pparatre eszonesenfouies onexplo-res dans desphilosophiesu pass,et peutparconsquenteur donnerun secondsouffle.Aprstout, c'est ce qui s'est constamment ass.CommentPlaton a-Mlurvcu A traversesinnombrablesoplatonis-mes,depuisPlotin usqu'audbutde laRenaissancetalienne,t encore

    chez espotesmtaphysiquesnglais. onclesressourcesnpuisablesesphilosophiesupassnterdisentu'onprononce neclture leur gard.C'estlcequimeparat ntolrablehezHeidegger. 'aiemployemotarrogance je ne le retire as.

    This content downloaded from 19 3.55.96.119 on Thu, 6 Nov 20 14 04:39:36 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 8/10/2019 Soi-mme comme un autre, entretien avec Ricur (Jarczyk) 1991

    12/14

    Soi-mmeomme nautre 235

    G. J.-

    Comment, hilosophe,n est-il enu cettepositionP. R, - Vhybris 'estpasrserve un seulphilosophe.Peut-trest-ceune maladieprofessionnelle...l est bien peude grandsphilosophesuin'aientpas pensqu'ilsrecommenaientout zro.Quandnousauronsunpeuplusderecul, ous serons eut-tre oinstonnsparcequej'aiappel'arroganceeHeidegger.Maisc^estpeut-tree revers u gnie.Personnellement,esuis rs dmiratif 'tre t Temps,t bienmoins ami-lierdecequel'onappelleesecondHeidegger.a mdiocrite 'hommeet sescompromissionsolitiquese retirent ien la grandeure 'uvre.

    C'estunenigme u'une ertainemdiocritccompagnenegenialithi-losophique.a questionevientmoins mbarrassantes ors ue 'on dis-tinguees uvrest eshommes. aruneuvre sapropre roblmatiqueinterne t ses propres ponses sespropres uestions.

    G,J. - L'uvreurait oncsapropre orce nterne uiassuranton dve-loppementP. R. - Dansle casHeidegger,l y a unenigmeuniqueensongenre,leproblme yant t rparHeideggerui-mmeinterprtantans on

    Discoursdu Rectorat uncertain ombre ethses 'tre t Tempsansle sensprcismentunazisme.Or siHeideggertaitmort n 1930,per-sonnene sedemanderait aintenanti Seinund Zeittaituneuvre azieoupas.C'est,onpeutdire,Heideggeriterprteelui-mmeuiarcritdans ces termes-leinundZeit.Quant nous,nousavons, monsens, faire eux choses l'gardde Seinund Zeit d'unepart,mettre ntire-ment ntre arenthses'usageu'enafait eideggerour onpropre rojetthico-politico-universitaired'autre art, treplusattentifs des acunes, des silencesui ont faitplace desparolesquiappartiennentu cycle

    meurtrier. e uisfrapp ar 'absenceomplteerfrenceumondeuifet udo-chrtien.eideggeronnatParmnide,maisil ignoreMose etJrmie.l y a l une sortede silenceystmatiqueui, vuaprs oup,avaleurd'exclusion.

    G.J. - Larecherche 'unephilosophieommecelledeHeideggert lesconvictionsu'on lui connatparaissentrs ies.P. R. - IIs'estcruporteur 'unemissionderforme n profondeurel'Universit,ansun sensquipassait ar es canaux dunazisme.ertains

    ont avancque,aprs out, laton vait ommis es erreurs emblables ns'embarquantvecDion dansl'affaire e Sicile...Seulement,escampsd'exterminationont necatastropheour 'Europe t emonde,lors ue,pour 'histoiremondiale,es aventurese Platon en Sicilenepsent ien ct de lafondation e l'Acadmie.On nepeut pasprtendrerieuse-

    This content downloaded from 19 3.55.96.119 on Thu, 6 Nov 20 14 04:39:36 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 8/10/2019 Soi-mme comme un autre, entretien avec Ricur (Jarczyk) 1991

    13/14

    236 PAULRICUR

    ment ue rengagementeHeideggern faveur unazismeoit aussipeusignificatifuelestentatives alheureusest finalementssezridicules ePlaton ouantun rle dans apolitiqueocalede sontemps...

    Certains iographesoulignentectanti-establishmentdeHeideg-ger, epaysande laFort-Noirebarquantansuneuniversitu'ilvoitoccupepardegrands ourgeoisontbeaucoupontdesJuifs. avolontdervolutionnercemondedanse sensdequelquehosedeplusprimi-tif, eplusradical, n a fait a proie,on peutdire,dematres hanteursdelapense.Cesurquoiil importe es'interroger,'est sur es zonesde

    moindre sistanceanscette randeuvre u'estSeinund Zeit trspr-cisment'affaiblissementu ugementmoral t politiquei lagrandeurde 'entreprisentologique.l ya l une sorte eneutralisatione amoraleparunprojet ntologiquerandioseuin'estpourtant assansdimensionthique ainsi arsolution n facede lamort, hme nsoi fort especta-ble, aisseen mmetemps ansdfense l'garddel'opration e priseenotagede lapensephilosophiquear une politiquemeurtrire.

    G. J. - Quepensez-vouse la dcouverteardive ui en a tfaite n

    FranceP. R.- Lelivre eFariasmesemblevoir tuneoprationntifranaise.C'estunouvrage uia t cibl.Enfait, l fallait rapper, traverses hei-deggeriensranais,acorporationhilosophiquedire Vous, esphilo-sophes, ous tesdesaveuglesceluiquevousconsidrezomme eplusgrand 'entre ous,voilquiil est. Ce devait tre a drision nralede toute a professionhilosophique...l convient oncde nepasse laisserentraner ans cettepolmique.

    G, J. - Laphilosophieurait-elleujourd'huiunetchespcifiqueP. R. - Nous sommes ansunepriodedegrande ragmentationt,pourlesraisons uejedisais out l'heure, 'opacitde notre ropreprsent.Nousne savons equi compte t cequinecompte as,qu'est-ce uia dupoidset qu'est-ce uin'en a pas.

    Jevoudrais anmoinsnsisterur rois hosesd'unepart, ur eplandulangage,uiest uandmme'undes spects ominante a rflexionhilo-sophiquea tche stdeprserveramultiplicitesusagesu angage,epuislesmathmatiquesusqu'lamystiquedeuximement,t cela contreune

    certainegmoniee aphilosophieulangage,neautre che stderat-tacherette hilosophiela conditionumaine'tresgissantst ouffrants,etdonc la dimensionratiqueentroisimeieuenfin, l faut ccentuerledveloppemente aphilosophiemorale tpolitique,uiestpeut-trendespoints aiblese larflexionhilosophiqueontemporaine.

    This content downloaded from 19 3.55.96.119 on Thu, 6 Nov 20 14 04:39:36 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 8/10/2019 Soi-mme comme un autre, entretien avec Ricur (Jarczyk) 1991

    14/14

    Soi-mmeommeun autre 237

    Cestrois chesmpliquentn dialoguevec essciences umainesor-respondantes.r ce dont ouffre aphilosophiectuellement,'est d'treune nterrogationur lle-mme,ur a propre ossibilit,t d'avoirperdulevis--visvec essciencese l'homme.Enparlant elangage,l faut treaucourant e lalinguistique,el'tatdela linguistiquesi on veutparlerde athorie e 'action,l mporte 'tre u courant es ciencesucompor-tement, e laphilosophie ognitive,e la psychanalysesi l'on s'occupedephilosophiemorale t politique,l faut 'informer e ce quefont esjuristes,espolitologues,t ne pasparler ans e vide ommei esphiloso-

    phesneparlaient u'auxphilosophes.G. J. - Un vis--visvecl'art aussi.P. R. - -A cetgard, 'estun regret uej'ai,proposdemontravail urTempstRcit,de nepasavoirt assez-attentifu lyrisme. epenseauxdistinctionsue faisaientGoetheet Schillerdans leursconversations,lorsqu'ilsnsistaientur estroisgenres ue sont 'pique,e dramatiqueet le lyrique.D'une certaineaon,'ai rejoint 'piqueet le dramatiquesousenarratif. ansdoutequej'atteinselyrique ar e biais del'exgse

    biblique,ar exemple esPsaumes, serecroisentaplainte,alouange,lalamentation...l y a certainementoutunaspect.dearflexionhiloso-phiquequimnedu ctdu souffrir u'il importe e nepasocculter arl'agir.C'est lqueje rencontreeslimites e monpropre ravail, e mapropre initude.