SOCIOLOGIE : « Stratification, inégalité et mobilité...

41
1 SOCIOLOGIE : « Stratification, inégalité et mobilité sociales » Ce dossier de documents aborde les points suivants du programme de terminale : 1/ Justice sociale et inégalités (regards croisés) 1. Comment les pouvoirs publics peuvent-ils contribuer à la justice sociale ? Egalité, discrimination, assurance/assistance, services collectifs, fiscalité, prestations et cotisations sociales, redistribution, protection sociale -Quels sont les fondements des politiques de lutte contre les inégalités (justice sociale)? - distinguer les 3 formes d’égalité (droits, situations, chances) - comment différencier égalité et équité ? -les moyens des pouvoirs publics : fiscalité, redistribution, revenus de transfert, services collectifs… - Les débats autour de l’action de l’Etat (Etat-providence) 2/ Classes, stratification et mobilité sociales 1 . comment analyser la structure sociale ? Inégalités économiques, inégalités sociales. Classes sociales, groupes de statut, catégories socio-professionnelles -Montrer que les inégalités sont multiformes et quelles sont cumulatives - courbe de Lorenz et coefficient de Gini : outils de mesures et de comparaisons internationales - L’évolution des inégalités est liée à des facteurs multiples : lesquels ? -présentation des théories des classes sociales (Marx, Weber) et de leurs prolongements contemporains. - quelles est la pertinence actuelle des classes sociales ? - La multiplicité des critères de différenciation sociale (âge, sexe, CSP, style de vie) contribue-t-elle à brouiller les frontières de classes ? 2. Comment rendre compte de la mobilité sociale ? Mobilité intergénérationnelle / intragénérationnelle, mobilité observée, fluidité sociale, déclassement, capital culturel, paradoxe d’Anderson -Définir la mobilité sociale - comment mesurer la mobilité sociale (table de mobilité : intérêt et limite ?) - différence entre mobilité observée et mobilité relative (fluidité sociale) ? -existence de flux de mobilité verticale (ascendant et descendant) et horizontale. - les déterminants de la mobilité et de la reproduction sociale. (socialisation, école, famille, capital culturel, capital social)

Transcript of SOCIOLOGIE : « Stratification, inégalité et mobilité...

1

SOCIOLOGIE :

« Stratification, inégalité et mobilité sociales » Ce dossier de documents aborde les points suivants du programme de

terminale : 1/ Justice sociale et inégalités (regards croisés)

1. Comment les pouvoirs publics peuvent-ils contribuer à la justice sociale ?

Egalité, discrimination, assurance/assistance, services collectifs, fiscalité, prestations et

cotisations sociales, redistribution, protection sociale

-Quels sont les fondements des politiques de lutte contre les inégalités (justice sociale)?

- distinguer les 3 formes d’égalité (droits, situations, chances)

- comment différencier égalité et équité ?

-les moyens des pouvoirs publics : fiscalité, redistribution, revenus de transfert, services collectifs…

- Les débats autour de l’action de l’Etat (Etat-providence)

2/ Classes, stratification et mobilité sociales

1 . comment analyser la structure

sociale ?

Inégalités économiques, inégalités sociales.

Classes sociales, groupes de statut, catégories socio-professionnelles

-Montrer que les inégalités sont multiformes et quelles sont cumulatives

- courbe de Lorenz et coefficient de Gini : outils de mesures et de comparaisons internationales

- L’évolution des inégalités est liée à des facteurs multiples : lesquels ?

-présentation des théories des classes sociales (Marx, Weber) et de leurs

prolongements contemporains.

- quelles est la pertinence actuelle des classes sociales ?

- La multiplicité des critères de différenciation sociale (âge, sexe, CSP,

style de vie) contribue-t-elle à brouiller les frontières de classes ?

2. Comment rendre compte de la

mobilité sociale ?

Mobilité intergénérationnelle / intragénérationnelle, mobilité observée, fluidité sociale, déclassement, capital

culturel, paradoxe d’Anderson

-Définir la mobilité sociale

- comment mesurer la mobilité sociale (table de mobilité : intérêt et limite ?)

- différence entre mobilité observée et mobilité relative (fluidité sociale) ?

-existence de flux de mobilité verticale (ascendant et descendant) et horizontale.

- les déterminants de la mobilité et de la reproduction sociale. (socialisation, école, famille, capital culturel, capital social)

Dossier Terminale ES- Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron- Stratification, inégalité et mobilité sociales/ Vincent Levrault

2

Dossier de documents « stratification, inégalités et mobilité sociales »

Plan du cours et définitions à connaître pour les révisions du baccalauréat :

Chapitre I/ Justice sociale et inégalités ……………………………………..(p.3)

Justice sociale: ensemble des principes qui régissent la définition et la répartition équitable des droits et devoir des membres de la société., équité= égalité, inégalité juste car proportionnée caractérisée par la justice distributive (selon Aristote, elle consiste à donner à chacun selon son dû, selon sa situation particulière, son mérite, sa valeur, égalité proportionnelle) Société démocratique: articulation entre égalité de droits, des chances de situations Chapitre II/ La dynamique de la stratification sociale………………………….(p.11) Inégalités: distribution non uniforme des biens matériels ou symboliques socialement valorisés par les membres de la société . (C-H. Cuin); suppose l’existence de ressources socialement prisées et inégalement répartis. PCS: profession et catégories socio-professionnelles 1954: création du code des CSP; 1982: nomenclature des PCS (corrigé en 2003), elle comprend 6 groupes socio-professionnelles d’actifs : (agriculteurs ; artisans commerçants chefs d’entreprise ; cadres et professions intellectuelles supérieures ; professions intermédiaires ; employés ; ouvriers ); L’objectif est de classer l’ensemble de la population en un nombre restreint de catégories présentant chacune une certaine homogénéité sociale. Les critères de classement sont: le statut (salarié, indépendant), la profession individuelle, la qualification, la position hiérarchique, la taille de l’entreprise, le secteur d’activité, et le caractère public/privé de l‘entreprise….

Chapitre III/ Les enjeux et déterminants de la mobilité sociale ……………(p.30) Égalité/inégalité des chances: conception de l’équité qui ne ferait apparaître que « des inégalités justes », c’est-à-dire ne reflétant que des différences de mérite, ou des inégalités profitables qu’aux plus démunis….mesure de discrimination positive Mobilité sociale: changement des positions sociales au cours de la vie active d’un individu ou entre générations, concept popularisé par Sorokin en 1927. Reproduction: tendance du système à se perpétuer à se « reproduire » dans le temps, maintien de la structure sociale d’une génération à l’autre., concept développé par Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron en 1979.

Dossier Terminale ES- Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron- Stratification, inégalité et mobilité sociales/ Vincent Levrault

3

Chapitre I/Justice sociale et inégalités

1. Société démocratique et société aristocratique.

1.1 Qu’est-ce que l’idéal démocratique ?

qu’est-ce qui différencie les inégalités des « sociétés aristocratiques » des inégalités des « sociétés démocratiques » ?

Activité 1 : répondez aux questions suivantes portant sur les documents 1 et 2 (les réponses à ces questions et le contenu des documents sont à retenir dans le cours) :

1) Qu’est-ce qui distinguent les « sociétés aristocratiques » des « sociétés démocratiques » ?

2) Expliquer la phrase en gras.

3) D’après le document 1, quelles sont les différentes dimensions de l’égalité ?

4) Quelles sont les trois significations distinctes que prend le terme « égalité » d’après le document 2 ?

Document 1 : Egalité des droits, égalisation des conditions.

Selon Tocqueville, la démocratie ne se caractérise pas uniquement par un régime politique garantissant les libertés. Elle traduit aussi un état social marqué par l’égalité, égalité qui se comprend comme « un état d’esprit autant qu’un état de fait ».

L’état démocratique se manifeste par l’égalité des droits et l’égalisation des conditions. Dans le domaine politique, l’égalité des droits signifie principalement le passage d’une société monarchique dans laquelle les individus sont considérés comme sujets inégalement dotés en privilèges, à la société démocratique où ils deviennent des citoyens et où « tous regardent la loi comme leur ouvrage ».

Quant à l’égalisation des conditions, [elle] signifie que les individus se sentent égaux. Alors que dans les sociétés aristocratiques, chacun est destiné à rester dans sa position sociale pendant toute son existence, dans les sociétés démocratiques la mobilité sociale transforme les relations entre les hommes. Car, si des inégalités réelles subsistent, l’opinion publique crée entre tous les hommes une « égalité imaginaire » qui repose sur le fait que les positions respectives de chacun peuvent s’inverser à tout moment.

J. Etienne, Dictionnaire de sociologie, Hatier, 2004.

Document 2 : égalité, de quoi parle-t-on ?

Le mot « égalité » a donc trois significations distinctes :

Il existe, en premier lieu, une égalité devant la loi. Cela signifie que les mêmes droits et les mêmes contraintes juridiques s’imposent à tous. Dans l’Ancien Régime cette égalité n’était pas assurée puisque nobles et roturiers ne relevaient pas des mêmes tribunaux, et que les premiers étaient dispensés du paiement de l’impôt.

En un second sens, le mot égalité renvoie à l’égalité des chances. La société comportant des positions sociales hiérarchisées, tous les individus doivent disposer de chances égales d’accéder aux différentes positions. L’idée d’égalité des chances signifie que l’on doit compenser les inégalités initiales.

Dans un troisième sens enfin, l’égalité peut signifier égalité des situations, par exemple une égalité des revenus. Cette égalité apparaît plutôt comme une perspective, le débat porte, en général, sur le caractère excessif de l’égalité des situations. L’objectif est alors de réduire l’inégalité des

Dossier Terminale ES- Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron- Stratification, inégalité et mobilité sociales/ Vincent Levrault

4

revenus et non de la supprimer. (source : A.Beitone et Alii, Aide mémoire, Sirey, 2006)

1.2 La tension entre l’égalité des droits et l’égalité des situations .

Activité 2 : répondez aux questions suivantes portant sur les documents 3 et 4 et 5 (les réponses à ces questions et le contenu des documents sont à retenir dans le cours) :

1/Quelle inégalité Marx condamnait au cours du 19ème siècle ?

2/Qu’appelle-t-on la fiscalité progressive ? 3/Calculer le montant de l'impôt à s'acquitter pour un revenu de 84 000 euros par an. Et également le taux moyen d'imposition. (doc4) 4/Donnez la signification de la donnée « 38 ». (doc5) 5/Expliquer en quoi il y a un lien entre l’origine sociale et la réussite scolaire(doc5)

Document 3: fiscalité et réduction des inégalités. La tension entre l’égalité civile et politique des citoyens et les inégalités sociales des individus a toujours fait l’objet de nombreuses critiques. Le décalage qui existe entre l’égalité proclamée et les inégalités sociales de fait -particulièrement sensible lors de la révolution industrielle- a souvent été dénoncé notamment par les penseurs sociaux du 19ème siècle. La prise en compte de ces analyses constitue l’un des éléments moteurs de la réduction de ces inégalités. En effet, avec la mise en place [de la fiscalité progressive] et de l’Etat-providence, on a pu observer un amoindrissement réel des disparités économiques et sociales.

E. Keslassy, Démocratie et égalité, Bréal, 2003.

Document 4 : Impôt sur le revenu

Dossier Terminale ES- Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron- Stratification, inégalité et mobilité sociales/ Vincent Levrault

5

Document 5

Activité 3: Réflexion/ Expliquez pourquoi pour Tocqueville, l'idéal démocratique, qui se caractérise par une marche vers l'égalité ne risque pas de créer des tensions avec l'exercice de la liberté: 1/Quelles tensions peuvent exister entre l'égalité et la liberté? 2/ approfondissez : rechercher des informations sur cet auteur: Alexis De Tocqueville Document 6:

Libéral et démocrate avant l’heure, Tocqueville s’intéresse à l’évolution de la société française. La démocratie étant inexorable, celui qui est à la fois sociologue, philosophe et penseur politique met en garde contre le despotisme égalitaire.

Dans les années 1830, un jeune aristocrate normand, Alexis de Tocqueville, fait parler de lui. Après un séjour aux États-Unis où il est parti étudier le système pénitentiaire avec son ami Gustave de Beaumont, il rédige un ouvrage au succès immédiat: De la démocratie en Amérique . Alors que la France n’est toujours pas parvenue à se doter d’un régime stable et que la monarchie anglaise perd de son attrait, son livre, dans la lignée de la pensée classique, relance les recherches en théorie politique. Tocqueville est parti d’un constat: l’inexorable égalisation des conditions qu’il a vu se développer en Europe appelle selon lui une plus grande liberté politique. La démocratie doit donc remplacer la monarchie. Mais un problème demeure: l’égalité des conditions est-elle compatible avec l’exercice de la liberté?

source: scienceshumaines.com

Dossier Terminale ES- Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron- Stratification, inégalité et mobilité sociales/ Vincent Levrault

6

2.Justice sociale et efficacité économique. La tension entre l’égalité de droit et l’égalité de fait renvoie, dans l’analyse économique, à la question de la redistribution et de ses effets sur la croissance économique. En d’autres termes, on peut se demander si l’existence d’un système de redistribution des revenus favorise la croissance économique ?

2.1Quels critères de justice ?

Activité 4:répondez aux questions suivantes sur les documents 7 et 8 afin de déterminer les critères de justice

1) Dans quelle condition particulière les individus seraient amenés à choisir les critères de justice énoncés par J. Rawls (approfondissez en effectuant des recherches personnelles sur cet auteur américain très important pour penser la notion de justice)?

2) A quelles conditions une inégalité peut être considérée comme juste ?

3) Pourquoi F. Hayek récuse la possibilité d’une redistribution des revenus étendue ?

1°/ Le libéralisme égalitaire de J.Rawls

Document 7 : La justice comme équité.

J.Rawls raisonne en termes de contrat social : il faut imaginer une situation « originelle » fictive, où chacun, d’un point de vue impartial, donnerait son accord pour un certain type de société. Pour que cela soit possible, il faut que personne ne puisse savoir quelle dotation, favorable ou défavorable, lui sera donnée.

Alors, selon Rawls, la société choisie (la société « juste ») obéira à deux principes unanimement choisis :

-chacun doit jouir du maximum de liberté compatible avec la liberté de tous. Autrement dit la liberté ne se négocie pas ;

- les inégalités sociales et économiques doivent être organisées de manière à ce que : 1) elles soient attachées à des positions économiques et sociales ouvertes à tous (égalités des chances) ; 2) les inégalités ainsi tolérées soient à l’avantage des plus défavorisés (principe de différence).

2° Le libéralisme intégral de F. Hayek.

Document 8: La justice sociale est un mirage.

[Selon F. Hayek], le marché un processus d’apprentissage et de communication autant sinon plus qu’un moyen d’échange. Chaque fois qu’un producteur ne parvient pas à écouler sa production, c’est qu’il n’a pas su interpréter correctement la demande et les désirs des autres. Il est contraint de réorienter ses activités (il a reçu un « signal négatif ») et doit améliorer son produit ou le changer, ou encore abandonner. [Le marché] ne récompense pas nécessairement le mérite, mais parfois la chance, et qui garantit que ce sont bien les besoins des autres qui ont été pris en compte.

[Dans ce cadre], rechercher la justice est en fait aussi injustifié que le serait la décision prise par un arbitre de football, à la fin d’un match de rajouter deux buts à une équipe parce qu’elle est méritante. D’ailleurs le marché ne peut récompenser le mérite, il sanctionne simplement l’aptitude à satisfaire les besoins d’autrui.

B. Gazier, Le nouveau manuel de sciences économiques et sociales, 2004.

Dossier Terminale ES- Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron- Stratification, inégalité et mobilité sociales/ Vincent Levrault

7

Conclusion : définition de « justice sociale » : ensemble de critères (au regard desquels telle ou telle situation sera considérée comme juste.

II. Dossier élève TES: La réduction des inégalités est-elle économiquement efficace ?

(effectuer un résumé de cette partie en une page) 2.1 La redistribution des revenus modifient les incitations des agents. 2.1.1 Les effets de l’impôt progressif. La dimension potentiellement désincitative de la fiscalité est souvent analysée à partir de l’exemple de l’imposition sur le revenu. Le taux marginal constitue le principal déterminant du caractère incitatif de cet impôt. Prenons l’exemple de deux individus A et B dont le revenu annuel imposable est respectivement de 25000 et de 30000 euros. L’individu A est soumis un taux marginal de 14% pour la partie de ses revenus qui est supérieure à 11 721 alors que l’individu B est soumis à un taux marginal de 30%. L’incitation de travailler une heure supplémentaire est donc plus importante chez l’individu A. En rendant le travail de moins en moins « payant » la progressivité de l’impôt sur le revenu constitue a priori un obstacle puissant à l’augmentation de l’offre de travail. Cette analyse mérite cependant d’être nuancée. Des taux marginaux d’imposition élevés ont certes un effet de substitution : chaque heure travaillée rapporte moins, ce qui pousse les individus préférer le loisir au travail (cf. arbitrage entre travail et loisir chez les néoclassiques). Cependant, l’augmentation du taux moyen d’imposition a par ailleurs un effet revenu : l’impôt progressif constitue une perte de revenu pour les individus, ils vont donc travailler plus pour la compenser. Ces deux effets étant de sens opposé, l’impact de l’impôt progressif sur l’offre de travail est théoriquement ambigu. Les études empiriques suggèrent néanmoins que ces effets ont tendance à se compenser, en particulier pour les revenus moyens, si bien que la taxation a effet relativement faible sur l’offre de travail. En revanche l’imposition des revenus a un fort impact sur le choix de participer ou non au marché du travail. 2.1.2 Les effets des revenus de transfert sous condition de ressources. Les politiques publiques de soutien aux bas revenus sont une composante essentielle du système redistributif. En 2007, un peu plus de 8 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté, fixé à 60% du niveau de vie médian (750 euros/mois) et 3.3 millions de personnes étaient allocataires de minima sociaux. Jusqu’à la fin des années 1990, l’aide au bas revenus était assurée principalement sous la forme sous la forme de transferts alloués sous condition de ressources. Cependant, parce que ces dispositifs ont tendance à décourager à la reprise d’emploi, ils ont été progressivement remplacés par des systèmes potentiellement plus efficaces. L’exemple emblématique de la politique de soutien aux bas revenus en France est le revenu minimum d’insertion (RMI) qui fut créé en 1988 avant d’être remplacé par le revenu de solidarité active (RSA) en 2009. Le RMI était versé aux personnes sans revenus ou ayant des ressources inférieures à un plafond fixé par décret. Le principal défaut du RMI est qu’il fait supporter aux bénéficiaires de ces transferts des taux marginaux d’imposition très élevés. Pour comprendre ce phénomène, considérons une allocation mensuelle de 500 euros versée aux personnes ne disposant d’aucune source de revenu. Supposons qu’un individu percevant l’allocation se voit proposer un temps partiel en échange d’une rémunération de 500 euros par mois. En acceptant, cet emploi, cette personne perdrait la totalité de son allocation, si bien qu’elle se verrait taxer au taux marginal de 100%. Les bénéficiaires de cette allocation n’ont donc aucun intérêt à reprendre un emploi précaire qui leurs rapporterait pas le moindre euro supplémentaire. Ce type de système tend à enfermer les allocataires dans des trappes à inactivité. Les défauts des transferts sous condition de ressources sont relativement bien connus des pouvoirs publics et motivé l’adoption de réformes visant à réduire les taux marginaux d’imposition des bas

Dossier Terminale ES- Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron- Stratification, inégalité et mobilité sociales/ Vincent Levrault

8

revenus. L’une d’elles le RSA s’inspire du principe de l’impôt négatif. Ce dernier consiste à transformer les transferts sous conditions de ressources en des transferts qui diminuent d’un montant inférieur à un euro chaque fois que le revenu d’activité augmente d’un euro. Le RSA est un exemple de ce type de dispositif. En donnant la possibilité de conserver une partie des transferts sociaux à mesure que le revenu augmente, ce système réduit le taux marginal d’imposition, et augmente les incitations à travailler pour accroître ses revenus d’activité. 2.2 La redistribution peut être favorable à la croissance. 2.2.1 La redistribution permet d’accroître la demande macroéconomique. Dans le chapitre 24 de la Théorie générale (1936), Keynes soulignait que la redistribution des revenus était de nature à favoriser la croissance économique. Dans la mesure où la propension à épargner augmente avec le revenu, les ménages aisés ont une propension marginale à consommer plus faible. Une manière d’accroître la demande macroéconomique serait de redistribuer les revenus en faveur des ménages modestes qui ont une propension marginale à consommer plus forte que les ménages aisés. Cela signifie que la part du revenu supplémentaire qui serait consacrée à la consommation est plus importante pour les ménages aisés. Cette redistribution des revenus permettrait d’augmenter la consommation des ménages, par suite la demande macroéconomique et donc le PIB. D’un point de vue macroéconomique, la baisse des salaires dans le partage de la VA déclenche une redistribution entre les ménages qui ont forte propension à consommer vers des ménages qui ont une plus faible propension à consommer. Les raisons de cette différence de propension à consommer ont été particulièrement étudiées par M. Kalecki et N. Kaldor. Si les propensions à consommer entre ménages diffèrent, cela signifie que la propension à consommer globale dépend de la répartition des revenus : un creusement des inégalités réduit la propension à consommer, c'est-à-dire la part de du revenu global consacrée à la consommation. La réduction de la consommation déprime la demande macroéconomique et le revenu global. Au niveau global, cette baisse de la part des salaires a généré une déficience chronique de la demande macroéconomique, et une croissance molle comme le souligne J-P. Fitoussi. La crise de 2007 trouve son origine dans ce contexte macroéconomique particulier (demande macroéconomique atone) qui a poussé les ménages américains à s’endetter dans des conditions trop favorable. La crise s’explique donc par un surplus d’épargne générée par des exigences de rendements du capital très élevés (de l’ordre de 15%) 2.2.2 La redistribution permet d’accroître l’investissement en « capital humain ». Il y a constitution de « capital humain » (G. Becker) chaque fois qu’un individu acquiert des connaissances ou savoir-faire permettant d’améliorer son efficacité productive. Le capital humain est stock qui peut s’accroître grâce à des investissements dans les domaines de l’éducation et de la santé. Dans cette perspective toutes les mesures qui visent à réduire les inégalités éducatives et de santés sont de nature à accroître l’efficacité économique du facteur travail. Certains travaux reprenant des propositions du capital humain avancent que certaines imperfections du marché du capital introduisent des discriminations entre les individus en matière d’investissement en capital humain. Dans la mesure où les coûts de financement de ces investissements sont d’autant plus faibles qu’ils sont réalisés par une large part par autofinancement, les individus les mieux dotés en capital vont investir systématiquement plus que ceux qui en sont démunis. La conséquence macroéconomique de cette situation est un sous-investissement éducatif qui se traduit par le fait que la collectivité aurait intérêt à ce que les moins favorisés investissent davantage. Une réduction des inégalités serait donc favorable à la croissance économique. III. Comment ont évolué les inégalités économiques dans le long terme ? 3.1 La réduction des inégalités : une loi économique ? L’analyse économique va être marquée par l’émergence au cours du 20ème siècle d’approches résolument optimistes, à l’image de celle de S. Kuznets qui estime qu’après une période de

Dossier Terminale ES- Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron- Stratification, inégalité et mobilité sociales/ Vincent Levrault

9

creusement des inégalités lors de la phase de démarrage du développement, celles-ci doivent se stabiliser puis se réduire tendanciellement selon une quasi-loi historique. Cette loi semble être confirmée par l’évolution de la répartition des revenus et du patrimoine. document sur l’évolution des revenus T. Piketty. 3.1.1 La fin des rentiers Si l’on examine l’évolution des inégalités de revenu et de patrimoine sur l’ensemble du 20ème, la transformation la plus importante concerne la fin des rentiers. A la veille de la Première Guerre mondiale, le sommet de la hiérarchie des revenus était dominé par des revenus de patrimoine extrêmement concentrés, et leur poids dans l’économie nationale était considérable. Ce groupe social a beaucoup perdu de sa superbe au cours du 20ème siècle. En France, la part des 1% des revenus les plus élevés est passée de 20% du revenu total en 1900 à 7-8% en 2000. Surtout le nombre de personnes disposant de revenus de patrimoine suffisamment important pour pouvoir se permettre d’en vivre a fortement diminué. Concrètement, cela signifie que si aujourd’hui vous rencontrez par hasard quelqu’un qui dispose de 8000 euros de revenu mensuel, il y a toutes les chances que ce soit un cadre supérieur tirant l’essentiel de ces ressources de son salaire. Si vous aviez pu mener cette expérience il y un siècle, le résultat aurait été exactement inverse : avec un revenu équivalent, vous auriez sans doute eu à faire à un détenteur de patrimoine vivant de ses rentes. Pour simplifier, on peut dire que nous sommes passés d’une « société de rentiers » à une « société de cadres ». Cette transformation n’est pas due à la disparition des revenus de patrimoine. En réalité, au niveau macroéconomique, les revenus du capital représentent la même part du revenu national aujourd’hui qu’il y a un siècle. La fin des rentiers s’explique par le fait que les patrimoines sont devenus nettement moins concentrés que par le passé. Les 1% des successions les plus importantes représentaient au début du 20ème siècle plus de 50% du patrimoine total, contre moins de 20% aujourd’hui. 3.1.2 L’explication : le choc des guerres et de l’impôt progressif Comment rendre compte de la fin des rentiers ? La fin des rentiers s’explique pour l’essentiel par les chocs profonds subis par les détenteurs de patrimoines au cours des années 1914-1945 : destructions physiques du capital lors des deux guerres, faillites d’entreprises lors de la crise des années 1930, élagage des patrimoines par l’inflation. Et, si les rentiers ne se sont pas complètement remis de ces chocs, en dépit du fait que les patrimoines et les revenus se sont parfaitement reconstitués au niveau macroéconomique, l’explication la plus vraisemblable est sans aucun doute l’arrivée de la fiscalité progressive. Il n’existait pas d’impôt sur le revenu avant 1914, et le taux de l’impôt sur les successions n’était que de 1% sur tout le 19ème siècle. Il s’agissait donc de conditions idéales pour accumuler des fortunes considérables. Après la Première Guerre mondiale, les taux de l’impôt sur le revenu et de l’impôt sur les successions atteignent des niveaux extrêmement élevés pour les contribuables les plus fortunés, et il devient très difficile de reconstituer et des transmettre des patrimoines aussi élevés que par le passé, si bien que la concentration des fortunes ne peut retrouver son niveau d’avant 1914. 3.2 Le retour des inégalités de revenus. Depuis 30 ans, on assiste à un retour des inégalités de revenus dans les pays anglo-saxons et en moindre mesure les pays européens. Les études de C. Landais sur la période 1998-2006 confirment cette nouvelle tendance en France. 3.2.1 Le creusement des inégalités de revenus. Document C. Landais Les études de T. Piketty et C. Landais révèle un fort accroissement des inégalités de revenus entre 1998 et 2005, du fait d’une augmentation très forte des revenus des foyers les plus riches tandis que les revenus moyens et médians croissent très modestement sur la période. Cette explosion des hauts revenus est essentiellement concentrée au niveau des foyers du dernier centile (les 1% les plus riches) qui voient leur part dans les revenus totaux considérablement augmenter entre 1998 et 2005.

Dossier Terminale ES- Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron- Stratification, inégalité et mobilité sociales/ Vincent Levrault

10

En particulier, les 0.01% des foyers les plus riches ont vu leur revenu réel croître de 42.6%, contre 4.6% pour les 90% les moins riches. La forte croissance des revenus de patrimoine (très forte augmentation des dividendes) est en partie responsable de cette évolution. Cependant, et c’est un fait nouveau, la rapide augmentation des inégalités de salaires a également participé à cette augmentation des inégalités de revenus. Entre 1967 et 1984, les inégalités de salaires régressent, le rapport interdécile (D9/D1) passe de 4.1 à 3.1. Depuis 1984, la dispersion cesse de se réduire, elle s’accroît même légèrement (D9/D1 = 3.2). Ce phénomène n’est pas propre à la France puisqu’aux Etats-Unis le rapport D9/D1 est passé de 3.5 en 1982 à 4.3 en 1995. Ces données témoignent que le processus de réduction des inégalités de salaires est interrompu.

- Complément:Le partage de la valeur ajoutée : évolution et enjeux I. Le partage de la valeur ajoutée et ses enjeux.

Document 1 : Comment se répartit la valeur ajoutée. ? Une fois retirés les impôts sur la production (taxe professionnelle), la valeur ajoutée est partagée entre les salaires et les cotisations sociales (la rémunération du travail) et l’excédent brut d’exploitation (la rémunération du capital ou profit). Cet excédent, soumis à l’impôt sur les bénéfices des sociétés, sert à financer les investissements et à rémunérer les apporteurs de capitaux (prêteurs et propriétaires).

A. Parienty, « le partage de la valeur ajoutée », Alternatives économiques, 2003. Document 2: Les enjeux du partage de la valeur ajoutée. Il n’existe pas de loi économique précise déterminant un partage idéal de la valeur ajoutée. Tout au plus peut-on imaginer qu’un partage du revenu trop favorable aux détenteurs du capital risque d’entraîner la faiblesse de la consommation, car les salaires sont davantage consommés que les profits. À l’inverse, un partage trop favorable au travail pénalise l’investissement car les propriétaires du capital manquent de moyens financiers et d’incitations à investir. Le partage du revenu doit donc rester stable. Le partage se maintient autour de deux tiers pour le travail et un tiers pour le capital.

Alternatives Économiques Novembre 2003.

- Bibliographie: - A. Beitone, Aide mémoire économie, Sirey. - T. Piketty, Economie des inégalités, Repères. - C. Landais, « Les hauts revenus en France (1998-2006) : une explosion des inégalités ? »,

PSE. - A. Bozio, Economie des politiques publiques, Repères.

Dossier Terminale ES- Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron- Stratification, inégalité et mobilité sociales/ Vincent Levrault

11

Chapitre.II: La dynamique de la stratification sociale Avant d’aborder l’évolution des inégalités et de la structure sociale, nous allons nous interroger sur les manières d’étudier la structure sociale.

1. Comment analyser la structure sociale ? Deux oppositions fondamentales structurent le débat sur la stratification sociale :

1) la distinction entre Inégalité/différence ; 2) la distinction entre classe/stratification.

1.1 Inégalités ou différences. Activité1: répondez aux questions suivantes portant sur les documents 1 et 2: 1/Quelle distinction faites-vous entre une « inégalité » et « une différence » ? 2/ Comment peut-on définir une inégalité ? 3/ Qu’est-ce qui distingue une « différence » d’une « inégalité » ? 4/ Quel est le but des approches « discontinuiste » et « continuiste » ? 5/ Quelles sont les limites de ces approches ? Document 1 : Inégalités, de quoi parle-t-on ? Si chacun était identique aux autres, il ne pourrait exister d’inégalités. Inversement, les différences entre individus (concernant le sexe, leur âge…) ne sont pas nécessairement des inégalités. Pour qu’il y ait des inégalités, il faut qu’il existe des ressources rares, socialement prisées, permettant ainsi de repérer une échelle hiérarchique. Inversement, il pourrait exister des formes de différenciation sans hiérarchisation, comme ce pourrait être le cas a priori des différences sociales et culturelles liées à l’appartenance ethnique ou religieuse. Evidemment, a posteriori, les situations sont bien plus complexes : certaines de ces différences sont en effet détournées au long de processus sociaux pour imposer des hiérarchies entre tels ou tels groupes (les rapports sociaux de genre). Le risque d’une vision hiérarchique serait de renforcer l’idée d’inégalités univoques, comme le risque de l’approche différentialiste est de passer à côté d’inégalités habilement dissimulées.

L. Chauvel, Les transformations de la société française, Repère, 2007. 1.2 Classes sociales ou stratification sociale. Document 2 : Classes ou strates ?

Une seconde distinction majeure oppose les lectures qualitatives (ou approche discontinue) de la stratification sociale vue comme constituée de groupes différents ou de catégories séparées par des frontières, et les lectures quantitatives (ou approche continue) fondées sur l’idée qu’il existe des échelles de mesure. Les premières approches sont plus pertinentes notamment lorsque l’on s’intéresse à la profession et à l’activité économique des individus. Dès lors, les approches en termes de classes

Dossier Terminale ES- Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron- Stratification, inégalité et mobilité sociales/ Vincent Levrault

12

sociales comme celles en termes de catégories socioprofessionnelles relèvent de cette vision où l’enjeu est le repérage des frontières entre groupes distincts, voire des fractures lorsque les oppositions s’exacerbent. Les secondes approches, continuistes, sont plus pertinentes lorsque l’on s’intéresse à la quantité des ressources rares ou socialement prisées dont disposent les individus pour améliorer leurs conditions d’existence, et lorsqu’il existe des gradations infinies entre les positions extrêmes.

Le danger général des approches qualitatives est de surévaluer souvent l’étanchéité des frontières et d’ignorer de nombreuses nuances ; inversement, les approches quantitatives peuvent souvent nier des frontières sociales auxquelles les acteurs sociaux sont effectivement confrontés et surévaluer l’unité du corps social.

L. Chauvel, Les transformations de la société française, Repère, 2007. 1.3 Les grandes grilles de lectures de la structure sociale. Activité 2: répondez aux questions portant sur les documents 3 et 4:

1) Quels sont les critères retenus pour définir les classes sociales ? 2) Qu’est-ce qui caractérise les rapports sociaux selon K. Marx ? 3) Quelles sont les trois types de hiérarchisations retenues par M. Weber ? 4) En quoi cette approche constitue une critique de l’approche marxiste des classes

sociales ? 1° L’approche marxiste. Document 3 : L’approche marxiste des classes sociales. Du côté marxiste, les classes sociales sont des collectifs structurés par une position spécifique dans le système économique, définies notamment en travers la propriété des moyens de production, marqués par un conflit central. Mais au-delà de ces « conditions de classe », il existe une « conscience de classe », une conscience sociale de leur être collectif, de leur intérêt, de leur dynamique, qui permet le passage de la « classe en soi » à la « classe pour soi ». Prévaut donc l’idée qu’il existe des rapports sociaux, c'est-à-dire des conflits structurant le jeu des oppositions dans le monde social, l’inégalité n’étant pas le fait d’une société amorphe, mais de luttes sociales explicités ou implicites permanentes.

L. Chauvel, Les transformations de la société française, Repère, 2007. 2° L’approche wébérienne. Document 4 : l’approche wébérienne des classes sociales. Dans son ouvrage Economie et Société, M. Weber distingue trois types de hiérarchisation :

- Une classe regroupe l’ensemble des individus qui occupent une même position économique, une même « situation de marché ». Plus précisément, on peut déterminer des « situations de classe » qui différencient les groupes sociaux en fonction de leurs « chances » de se procurer des biens et des services. Il est possible de distinguer deux grands types de regroupement : les « classes de possession » qui hiérarchisent les individus selon leur possibilité d’édifier une fortune ou de constituer un capital (des rentiers aux pauvres) ; les « classes de production » qui se définissent par la mise en œuvre des moyens de production (des entrepreneurs industriels aux ouvriers).

Dossier Terminale ES- Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron- Stratification, inégalité et mobilité sociales/ Vincent Levrault

13

- Des liens de nature extra-économique associent les individus et les intègrent socialement. Cette dimension correspond à la « condition statutaire », fondé sur le prestige, ou encore «l’honneur social ». Le prestige peut être défini comme le privilège positif ou négatif de considération sociale, revendiqué de façon efficace » ; ce privilège est fondé sur le style de vie et le type d’instruction formelle ou encore le prestige de la naissance ou le prestige de la profession. La distribution inégale du prestige est la base d’une hiérarchie spécifique de celle qui prévaut dans l’ordre économique ; elle génère la constitution de groupes de statuts. A la différence des classes, ces groupes sont toujours des communautés, c'est-à-dire des groupes conscients de leurs intérêts communs, les liens interpersonnels sont forts et la tendance à l’endogamie les renforce.

- Les partis sont des organisations dans lesquelles les individus se regroupent pour le contrôle de l’Etat. Historiquement, les partis sont liés aux groupes de statut car ils supposent des communautés déjà constituées même si les organisations partisanes s’en détachent. A la différence de deux autres formes de classifications sociales, les partis débouchent sur l’action collective, au moins celle qui vise à la conquête du pouvoir.

P. Bonnewitz, Classes sociales et inégalités, Bréal, 2004.

Conclusion : la définition de L. Chauvel permet de faire la synthèse entre les approches wéberiennes et marxistes: Pour sortir des apories de ces deux courants, il est possible d’élaborer une définition susceptible de donner lieu à un ensemble de critères tangibles :

- Hiérarchiquement positionnés et dotés dans le système productif ; - Marqué par une forte identité de classe, qui pourrait avoir trois modalités distinctes :

o l’identité temporelle, c'est-à-dire la permanence de la catégorie, l’imperméabilité à la mobilité intra et intergénérationnelle, l’absence de porosité aux échanges matrimoniaux avec les autres catégories (homogamie) ;

o l’identité culturelle, c'est-à-dire le partage de références symboliques spécifiques, de mode de vie et de façons de faire permettant une interconnaissance ;

o l’identité collective, à savoir une capacité à agir collectivement, de façon conflictuelle, dans la sphère politique.

Dossier Terminale ES- Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron- Stratification, inégalité et mobilité sociales/ Vincent Levrault

14

2. L’évolution des inégalités : pouvons-nous parler d’une moyennisation de la société française ?

Sujet type de dissertation au baccalauréat: voici le plan que l'on propose d'utiliser (Vous rédigerez une synthèse respectant ce plan et réutilisant les réponses aux questions posées sur les documents: (activités 3 à 7) : Problématique: Peut-on parler d'une moyennisation de la société française?

1. Le recul des inégalités : vers une société moyennisée ?

1) Comment ont évolué les inégalités de revenu ?

2) Qu’en est-il des inégalités de patrimoine ?

3) Assiste-t-on à une homogénéisation des modes de vie ?

2. Transformation des inégalités : vers une société polarisée ?

- 1) N’existe-t-il que des inégalités de revenu et de patrimoine ?

2) Les inégalités sont-elles liées entre elles ?

- 3) Le retour d’une société bipolarisée ?

1. Recul des inégalités : vers une société moyennisée ? Rappel: les différents types d’égalités: - égalité des droits - égalité des situations (à mesurer cela grâce à des indicateurs) - égalité des chances. (mobilité sociale.) Ici, on va axer la réflexion sur les inégalités de situation.

1) Comment ont évolué les inégalités de revenu ? Qu’est-ce qu’un revenu ? Revenu disponible = montant dont dispose un ménage pour consommer et épargner. Il se compose des revenus primaires (reçus en contrepartie d’une participation à la production : travail, capital) auxquels on ajoute les revenus sociaux (prestations sociales : alloc fam, chômage, RSA) (Attention, revenu différent de salaire : le salaire est une composante du revenu.) Il existe aussi des revenus du capital (intérêt pour obligation ou dividendes pour action). Activité 3: 1/ Répondez aux 4 questions apparaissant sur le document 5 issu d'un manuel de SES de Terminale 2/ Faites une phrase avec les chiffres aux deux extrémités de la courbe sur le doc 6. Qu’en conclure (commentez le graphique) ?A quoi cette baisse peut-elle être due ?

Dossier Terminale ES- Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron- Stratification, inégalité et mobilité sociales/ Vincent Levrault

15

Document 5: issu d'un manuel de SES de Terminale

2) Qu’en est-il des inégalités de patrimoine ? Patrimoine = ensemble des avoirs financiers (épargne, valeurs mobilières : actions) et non financiers (logements, terrain) diminué des dettes détenus par les agents économiques. (avoirs financiers+ non financiers) - dette Le patrimoine est un stock (ensemble de biens possédés). A l’inverse, le revenu est un flux càd qu’il est mouvant. Ce flux va permettre d’alimenter le stock de patrimoine (avec le revenu du travail ou du capital, on va pouvoir se procurer du patrimoine). On va pouvoir étudier les inégalités de patrimoine en s’intéressant aux successions.

Dossier Terminale ES- Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron- Stratification, inégalité et mobilité sociales/ Vincent Levrault

16

Document 6 Une illustration des inégalités de patrimoine

T. Piketty, Les hauts revenus en France au XX° siècle, Grasset, 2001

-exercice: Croissance et inégalité (cf. Kuznets) : tracer la courbe illustrant la relation mise en avant par Kuznets entre croissance et inégalité sur le graphique ci-dessous: Plus la croissance augmente, plus les inégalités se creusent dans un premier temps (car il y a accumulation du capital, la croissance ne profite qu’à un petit nombre) puis plus elles se réduisent par la suite (car redistribution, création d’emploi, etc.)

- action de l’Etat : grâce à l’impôt et la redistribution (à voir plus tard dans l’année)

- On note ainsi une réduction des inégalités économiques (revenu et patrimoine). Quels autres éléments peuvent laisser penser à l’émergence d’une classe moyenne ? La tendance à l’égalisation des modes de vie.

Dossier Terminale ES- Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron- Stratification, inégalité et mobilité sociales/ Vincent Levrault

17

3) Assiste-t-on à une homogénéisation des modes de vie ? DOCUMENT 7 doc 19 p. 152 Magnard

Activité 4: répondez aux questions suivantes portant sur le document 7: a/ Comment a évolué le taux d’équipement global des ménages ? b/ Que peut-on en conclure en lien avec ce qui a été vu précédemment ? c/ Peut-on en conclure à une moyennisation?

Dossier Terminale ES- Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron- Stratification, inégalité et mobilité sociales/ Vincent Levrault

18

Activité 5: répondez aux questions figurant dans le document 8 Document 8:

Moyennisation = processus de croissance des classes moyennes. Les classes moyennes sont composées de catégories salariées occupant des fonctions d’encadrement ou de postes à responsabilités. Cet accroissement des classes moyennes contribue à atténuer les écarts entre les différents groupes sociaux. Processus théorisé par H. Mendras. => baisse des inégalités + rapprochement des conditions de vie + sentiment d’appartenance à la classe moyenne laisse à penser que la société française est moyennisée. Cependant, le constat est-il aussi idyllique ?

Dossier Terminale ES- Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron- Stratification, inégalité et mobilité sociales/ Vincent Levrault

19

2. Transformation des inégalités : vers une société polarisée ?

1. N’existe-t-il que des inégalités de revenu et de patrimoine ?

Activité 5 bis: recherchez des données pour illustrer les autres inégalités évoquées ci-dessous: On a vu que le constat de la société moyennisée s’appuie sur le développement d’une classe moyenne salariée, stable qui a les mêmes habitudes de consommation. Cependant, en faisant référence à un chapitre de cours de terminale ES sur l’emploi, on peut parler d'une précarisation de l'emploi depuis les années 80, avec le développement de l'insécurité de l’emploi, du chômage, surtout pour les moins qualifiés : 14% d’emplois précaires + majorité des emplois créés. Il existe également des inégalités de santé: obésité plus importante chez les plus pauvres, et inversement, les plus riches sont en meilleure santé. Les cadres vivent en moyenne 8 ans de plus que les ouvriers. Si cela a toujours été le cas, on constate un creusement des inégalités devant la mort. (bâtiment : accidents de travail + alcool. En parallèle, moins de risque physiques dans les bureaux (même si stress)) Les inégalités concernent aussi les générations (la galère des jeunes), les territoires ou encore les sexes. On constate que ces inégalités sont multiples, mais aussi, elles se cumulent.

2. Les inégalités sont-elles liées entre elles ?

Activité 6: 1) Quelle est l’idée principale de ce document ? 2) Par quels moyens l’Etat pourrait-il rompre ce cercle vicieux ? 3) Peut-on dire, à votre avis, que le phénomène est inverse càd que si le handicap produit

le handicap, le privilège appelle le privilège ? Document 9: Doc 16 p. 148 Hatier

Dossier Terminale ES- Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron- Stratification, inégalité et mobilité sociales/ Vincent Levrault

20

Morbidité = ensemble de causes qui peuvent produire de la maladie

De plus, et surtout, on remarque un accroissement des inégalités depuis 80s plus en plus de riches (accroissement très fort des rémunérations des hauts dirigeants) et de pauvres (cf crise 80s mais aussi lien avec maintenant : augmentation de la fréquentation des restos du cœur, secours populaire ont bcp de travail).

3. Le retour d’une société bipolarisée ? Activité 7: Répondez aux questions figurant sur le document suivant: Document 10: Doc 23 p. 153 Hachette

Dossier Terminale ES- Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron- Stratification, inégalité et mobilité sociales/ Vincent Levrault

21

Conclusion:

- Aux vues des éléments précédents, nous serions en mesure de nous demander si la société n’est pas en train de se polariser, donc si le processus de moyennisation ne vole pas en éclat depuis les années 80. C’est un élément important qui est d’autant plus d’actualité actuellement avec la crise : certains conservent leurs emplois ; d’autres, les plus fragiles (moins diplômes, contrats de courte durée) voient leur situation empirer : chômage, RSA.

- La théorie de la polarisation remet en cause la vision optimiste qui était dominante après guerre. La situation des enfants ne sera pas forcément plus favorable que celle des parents (le déclassement) , c’est un fait nouveau vecteur d’angoisse pour les générations qui arrivent sur le marché du travail .

Polarisation = mouvement d’accentuation des inégalités sociales, qui tend à remettre en cause le processus de moyennisation.

Dossier Terminale ES - Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron-

Stratification, inégalité et mobilité sociales / Vincent Levrault 22

3/ Fin ou retour des classes sociales? Ce sujet est un sujet type de baccalauréat de dissertation, nous utiliserons le plan suivant pour répondre à cette problématique:

1/ Pourquoi la fin des classes sociales?

A/ moyennisation et remise en cause des classes sociales B/ fin des cultures de classe et montée de l'individualisme C/ fin des clivages traditionnels, de nouveaux clivages: hors-classes

2/ les classes sociales: quelle pertinence aujourd' hui? A/ une moyennisation improbable B/ une classe sociale toujours présente :……………… C/ des "classes en pointillé" dans l’espace social

Conclusion

Rappel : Pour Louis Chauvel on peut parler de classes sociales pour des groupes hiérarchiquement positionnés et dotés dans le système productif. et marqués par une for te identité de classe ayant trois modalités: - identité temporelle (reproduction des positions dans le temps) - identité culturelle (références symboliques communes) - identité collective (capacité à agir collectivement) 1/ Pourquoi la fin des classes sociales?

document 1: déclin des classes sociales? En l’espace de vingt ans, les classes sociales ont enregistré un net recul à la fois dans les sciences sociales, dans les discours politiques et, de façon plus difficilement mesurable, dans les représentations communes. À s’en tenir à la production sociologique, on peut opposer nettement les années 60-70, jusqu’au début des années 80, et les deux décennies suivantes. Au cours des premières, les classes et les rapports de classe constituaient sinon un objet en soi, du moins un horizon privilégié. De nombreuses enquêtes portaient sur le groupe ouvrier et les luttes sociales, sur l’évolution de la condition ouvrière en termes de niveau de vie, et d’orientation culturelle. Parallèlement, des analyses pionnières étaient consacrées aux couches moyennes salariées et les revues sociologiques débattaient de la place des classes moyennes dans la structure sociale. Les classes supérieures et leurs mutations étaient également l’objet de travaux importants. Passé le milieu des années 80, le changement de décor est brutal. L’objet classes semble s’être évanoui. Les quelques textes consacrés aux classes sociales tournent autour de leur effritement, de leur effacement ou de leur fin que ce soit pour illustrer cette thèse, pour la relativiser ou pour la récuser. Ces thématiques sont associées tour à tour avec celles de la moyennisation, de l’individualisation des trajectoires, de l’exclusion. Parallèlement les centres d’intérêt se déplacent : à la sociologie du travail, qui mettait l’accent sur les groupes ouvriers et employés, se substitue une sociologie des professions (médecins, architectes) ou de groupes professionnels délimités (enseignants, infirmières, ingénieurs) ; plutôt que les clivages de classes, on prend pour objets les rapports de genre, les clivages d’âge et tout ce qui a trait à l’immigration.(...). article Cahier français(n°314) : groupes sociaux ou classes sociales? Serge Bosc lien vers l'article entier: http://www.ladocumentationfrancaise.fr/revues-collections/cahiers-francais/articles/314-bosc.pdf

Q1: à partir de ce document écrivez un paragraphe (plusieurs phrases aya nt une certaine cohérence entre elles,) (environ 5 lignes) faisant figurer les réponses a ux questions suivantes: - quel constat Serge Bosc effectue-t-il sur les vingt dernière s années? - quel domaine en particulier, Serge Bosc, observe-t-il, pour éva luer ce phénomène? - quelles sont les thématiques "prisées" des chercheurs en scie nces sociales ces dernières années?

Dossier Terminale ES - Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron-

Stratification, inégalité et mobilité sociales / Vincent Levrault 23

A/ processus de moyennisation et vision cosmographique de la société

document 2: Une vision cosmographique de la société..... Henri Mendras, dans La Seconde Révolution française (Gallimard, 1994), décrit le formidable processus de « moyennisation » qu'a connu la société française de 1965 à 1984, faisant éclater les classes sociales traditionnelles. Car, au début du xxe siècle, la société française est composée de quatre groupes sociaux : les paysans, la bourgeoisie, le prolétariat et les classes moyennes. Chacun possède ses caractéristiques propres, sa culture, ses modes de vie. (...) Les Trente Glorieuses vont faire éclater ces groupes aux revenus et aux styles de vie si différents.(...) A une perception marxiste de la société en termes de classes sociales opposées, H. Mendras propose de lui préférer une « vision cosmographique ». source: Sciences humaines, Inégalités. Des classes sociales aux constellations, Pascal Paradis article en entier sur le site du magazine sciences humaines: http://www.scienceshumaines.com/-0ainegalites-des-classes-sociales-aux-constellations-0a_fr_12396.html

document 3: une représentation de la stratification sociale : la toupie de Mendras Répondez aux questions portant sur les documents 2 et 3 Q1/ Au sujet de la stratification sociale, quelle vision Henri Mendras propose-t-il d'avoir à la place de la vision marxiste? (rappeler ce qu'est la vision marxiste) Q2/ Quelle est la composition de la constellation populaire? et la constellation centrale? Quelle proportion de la population ces 2 constellations recouvrent-elles? Q3/ Pourquoi Henri Mendras préfère-t-il une vision cosmographique à une vision en terme de classe sociale?

Dossier Terminale ES - Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron-

Stratification, inégalité et mobilité sociales / Vincent Levrault 24

B/ fin des cultures de classe et montée de l'individualisme

Document 4: mutations culturelles et individualisme Au début du XXème siècle, la société apparaissait fortement hierarchisée selon H.Mendras. Elle était composée de quatre grands groupes sociaux ayant chacun ses caractéristiques particulères: les paysans, la bourgeoisie, le prolétariat et les classes moyennes. Ce portrait schématique ne correspond plus en rien au visage de la France d'aujourd'hui. Les paysans ont disparu, la bourgeoisie a perdu ses attributs qui se sont répandus dans les autres classes; la culture populaire est morte; la classe moyenne n'est plus constituée en majorité de boutiquiers, d'artisans et d'employés mais de cadres. Une révolution sociale complète, composante de la "seconde révolution française,1965-1984", s'est opérée au cours du siècle. Dès lors disparaissent ces "univers de civilisation qui englobaient toute la vie, toute la personnalité et toutes les ambitions de leurs membres". Aux sous-cultures de classes se substituent désormais des choix individuels. L'individualisme est une valeur centrale des sociétés modernes. Elle se développe parallèlement au déclin relatif des référents identitaires traditionnels. En faite l'individualisme présente deux facettes: la première l'associe à un certain "égoïsme" au sens où ego l'emporte sur l'alter; la seconde, au contraire, tend vers un nouvel universalisme de tolérance où la liberté individuelle est liée à la reconnaissance de la liberté de l'autre, jamais ego sans alter. (...) L'essor de l'individualisme assure l'émergence d'un nouveau système de valeurs que l'on peut résumer sous l'expression "libéralisme culturel". Il se caractérise par un ensemble de valeurs anti-autoritaires centrées sur la liberté et l'épanouissement individuel. (...) Les enquêtes menées dans le cadre des études de sociologie politique atteste un déclin régulier du sentiment d'appartenance à une classe sociale depuis le milieu des années 70.(...) Cette évolution remet en cause le positionnement politique traditionnel des groupes sociaux sur l'axe droite-gauche. (...)Ainsi, selon, Pascal Perrineau, "aux schémas classiques de lutte entre deux classes et de pyramide sociale univoque se sont substitués des clivages pluriels traversant toute la hiérarchie sociale". source: classes sociales et Inégalités P.Bonnewitz.(p54). Document 5 : déclin de la classe ouvrière Trois raisons peuvent expliquer [la fin de la classe ouvrière]. La première, c’est que le groupe ouvrier est devenu quasi-invisible dans l’espace public, du fait de l’effondrement du parti communiste, de la perte des croyances collectives en un avenir meilleur, du travail symbolique de disqualification des dirigeants ouvriers dans le champ médiatique ; De ce fait, les classes populaires arrimées autour de ce groupe central des ouvriers, sont de moins en moins représentées socialement dans le champ politique. Leur participation au vote diminuant, elles sont de plus en plus pensées, par les partis de gauche, comme une simple force d’appoint ; L’effritement de la représentation syndicale dans le privé, le repli des syndicats sur des bastions dans le secteur public et parapublic, la bureaucratisation croissante de leur fonctionnement ont aussi joué un grand rôle. La deuxième raison, c’est que si l’appartenance communiste s’est effondrée, d’autres luttes ont pris le relais du combat ouvrier, mais sans forcément avoir un lien direct avec le monde du travail. Ce sont des luttes des « sans » : sans-logement, sans-papiers, sans-emploi ou autres, qui débordent largement l’univers ouvriers. Enfin troisième point : l’accent mis sur la coupure entre exclus et inclus. Elle a contribué à minimiser l’aggravation des écarts sociaux lors des « vingt piteuses », les années 1975-1995. Cette vision binaire de la société d’in et d’out, qui incite à penser tous les in comme des privilégiés, occulte des phénomènes sociaux aussi important que l’enrichissement des riches et la déstabilisation des stables. Source : Stephane Beaud ; « Portrait social de la France » Alternative économiques, hors série n°49, 2001 Questions sur le document 4 et5: Q1/ comment se définit une "culture de classe" dans ce document?

Dossier Terminale ES - Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron-

Stratification, inégalité et mobilité sociales / Vincent Levrault 25

Q2/ quelles sont les deux facettes de l'individualisme? Q3/ à quel évènement historique peut-on rattacher l'avènement de l'individualisme dans les sociétés modernes? Q4/ en quoi l'individualisme remet-il en cause les classes sociales? Q5/ quelles raisons sont mises en avant pour expliquer le déclin apparent de la classe ouvrière ?

C / de nouveaux clivages: hors-classes

Document 6: genre et travail Les inégalités entre homme et femme face au travail tendent à diminuer du fait d’une prise de conscience depuis les années 1970 (...) cependant de fortes disparités existent: - 40% des femmes ayant un emploi ont un emploi à temps partiel, contre moins de 6% des hommes.

- écart de salaire homme/femme : Les femmes ont des rémunérations en moyenne inférieures de 30% de celles des hommes. On considère que près de 75% de ces différences sont justifiées par le fait que les femmes n’occupent pas les mêmes postes que les hommes (le reste relève donc de discrimination). (...)

- différence dans les postes occupées et le prestige qui y est rattachée: les femmes occupent en moyenne des postes moins qualifiés que ceux des hommes on parle de déqualification [- 0% de femmes patronnes dans les 100 premières entreprises françaises- 4% de femmes aux postes de direction dans les 200 entreprises françaises les plus importantes- parmi les travailleurs payés au SMIC (« SMICards« ): 66% sont des femmes.- au sein d’un même secteur: les postes les plus qualifiés sont occupés par les hommes: - Exemple: dans l’éducation: 80% des instituteurs sont des femmes, elles représentent près de 60% dans l’enseignement secondaire et en ce qui concerne l’enseignement supérieur , le taux de féminisation diminue selon le prestige du grade: les femmes représentent 30% des maîtres de conférence et 19% des professeurs d’université ] Il semble que les femmes malgré un rattrapage important de leur taux d’activité ces dernières années peinent à atteindre les positions les plus enviées sur le marché du travail tant en terme de rémunérations que de prestige. Enfin, à l’heure où elles rentrent de manière massive sur le marché du travail les femmes doivent ainsi assumer encore la plus grande partie des tâches domestiques, celles qui sont non rémunérés notamment, ce qui peut déjà apparaître comme un frein quant à leur progression sur le marché du travail. source: texte inspiré de donnée de l'INSEE (2007).

Document 7. Conflit ethnique? Cependant, même si ce n'est pas sa vocation, chacun peut observer que la télévision est constituée par les acteurs eux-mêmes en arène et en scène de représentation de la nation, à l'exemple du mouvement des droits civiques des Noirs américains, prolongeant dans les représentations médiatiques leurs luttes pour la reconnaissance dans le champ politique (Gray, 2004). En France même, la télévision a été transformée en champ de bataille de l'identité nationale et en arène de conflits de définition concernant ce qui est rendu visible et ce qui est laissé invisible (Brekhus, 2005). Là où on ne voyait qu'une équipe nationale de football, on rend soudain visible la diversité "positive" d'une équipe "Black Blanc Beur", avant que ne soit rendue visible l'étrangeté (supposée) à la nation d'une équipe devenue "Black Black Black". Symétriquement, là où on ne voyait que des représentants du peuple français dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale, on rend soudain visible une assemblée nationale "White White White" (mais aussi "male, male, male" en dépit de la loi sur la parité), sortant ainsi de l'invisibilité les mécanismes puissants de discriminations ethnoraciales (et sexistes) directes et indirectes en vigueur au sein du système politique français. Eric Macé CADIS (EHESS – CNRS) Université de la Sorbonne Nouvelle – Paris 3

Dossier Terminale ES - Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron-

Stratification, inégalité et mobilité sociales / Vincent Levrault 26

répondez aux questions suivantes portant sur les documents 6 et 7: Q1/ Quel courant "politique" a participé à la prise de conscience sur les inégalités entre les hommes et les femmes dans les années 60? Q2/ Quelle proportion des femmes ayant un emploi ont un emploi à temps partiel? pour les hommes? Q3/ à quel type de conflit fait référence le document 7? Citez une association en France, qui a pour vocation de lutter contre ce type de discrimination. Q4/ En quoi, ces clivages remettraient-ils en cause les cli vages de classe sociale?

2/ les classes sociales: quelle pertinence aujourd'hui? A/ une moyennisation improbable

Document 1: Une moyennisation a relativisé Concernant l’atténuation des disparités socioéconomiques, on observe sans conteste une diminution des écarts de revenus (revenus d’activité et revenus disponibles) à partir de la fin des années 60. Elle a permis aux couches populaires les moins défavorisées de se rapprocher du standing matériel des catégories moyennes les plus proches. Ce phénomène doit être cependant doublement relativisé. Les observateurs s’accordent pour pointer sinon une remontée, du moins une stabilisation des inégalités depuis le milieu des années 80. Ce retournement ne se limite pas aux effets de « la fragilisation des relations d’emploi » (selon l’expression d’Éric Maurin).Plusieurs indicateurs convergent pour montrer le maintien, voire le creusement des écarts entre les catégories supposées appartenir à l’« arc moyen » de la structure sociale(grosso modo des ouvriers et des employés qualifiés aux cadres). En outre, comme on le sait, les écarts de patrimoine restent très élevés et aucune moyennisation n’est perceptible en la matière. Ils rejaillissent sur les successions et les dotations, lesquelles jouent un rôle décisif dans les comportements d’investissement. Les limites très évidentes de la moyennisation « monétaire » tout comme la pérennité de « systèmes de préférences distincts » se reflètent dans les structures des dépenses des ménages selon la catégorie sociale. Louis Chauvel (2001), en utilisant l’enquête Budget des ménages de 1995, met en évidence l’importance considérable des différences de coefficients budgétaires entre ménages cadres et ménages ouvriers en matière de « services élaborés » (en particulier les dépenses week-end et services domestiques). Ce type de mesure ne conforte guère l’hypothèse d’une homogénéisation des modes de vie. Question sur le document 1 : Q1/ quelles sont les deux arguments qui amènent à relativiser le phénom ène de moyennisation ? B/ Une classe sociale encore d’actualité : …………………….. Document 2 : vidéo : (extrait) voyage dans les ghettos des gothas_ documentaire France3 Document 3 : La bourgeoisie, une classe mobilisée? Le grand bourgeois est le maillon d'une lignée, ou, mieux, la maille d'un filet, pris entre la solidarité des générations et celles des contemporains. l'importance de la famille dans le dispositif demeure primordiale. Elle conditionne les modalités de la transmission et donc la de la reproduction. Mais les héritages d'importance sont exigeants: il faut des héritiers aptes à les recevoir. Relayé par un système scolaire ad hoc, le milieu familial joue un rôle de premier plan dans leur formation. On comprend la vigilence à l'égard des alliances et de la preservation de la structure familiale. Divorces, concubinage, familles monoparentales, sont à éviter à tout prix, et la grande bourgeoisie doit se tenir à l'écart du processus de désagrégation de la cellule familiale. Si les mariages paraissent moins arrangés qu'autrefois ils restent une pièce maîtresse dans la pérennité de la lignée. les rallyes constituent une

Dossier Terminale ES - Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron-

Stratification, inégalité et mobilité sociales / Vincent Levrault 27

instance particulièrement efficace en permettant une socialisation des adolescents selon les normes du groupe. Les futurs héritiers y apprennent à reconnaître d'instinct leurs semblables, en tant que partenaires possibles pour leur vie affective, sexuelle et surtout matrimoniale. si la conscience du collectif fait partie des apprentissages de base dans les hautes sphères, le progrès des individualismes sape les solidarités anciennes dans les milieux populaires et les engagements militants dans les classes moyennes. Alors que se délient les sentiments de classe dans la société, la grande bourgeoisie reste consciente de ses intérêts et soucieuse de sa cohésion. source "la dernière classe sociale sur la piste des nantis", Pinçon; Pinçon-Charlot Le Monde Diplomat ique, septembre 2001

C/ des "classes en pointillé" laissant un avenir ouvert à leur

recomposition

-Document 4: espace des positions sociales et espace des styles de vie en France (cf. ci-dessous) -Document 5 : espace social et classes L'objectif majeur de la science sociale n'est pas de construire des classes. Le problème du classement, que connaît toute science, ne se pose de manière aussi dramatique aux sciences du monde social que parce qu'il s'agit d'un problème politique, qui surgit, en pratique, dans la logique de la lutte politique, toutes les fois que l'on veut construire des groupes réels, par une action de mobilisation dont le paradigme est l'ambition marxiste de construire le prolétariat comme force historique ("prolétaires de tous les pays, unissez-vous"). Marx, savant et homme d'action, a donné de fausses solutions théoriques - comme l'affirmation de l'existence réelles de classes - à un vrai problème pratique : la nécessité, pour toute action politique, de revendiquer la capacité réelle ou supposée, en tout cas crédible, d'exprimer les intérêts d'un groupe; de manifester - c'est une des fonctions majeures des manifestations - l'existence de ce groupe, et la force sociale actuelle ou potentielle qu'il est capable d'apporter à ceux qui l'expriment et, par là, le constituent comme groupe. Ainsi parler d'espace social, c'est résoudre, en le faisant disparaître, le problème de l'existence et de la non-existence des classes, qui divise, depuis l'origine les sociologues: on peut nier l'existence des classes, sans nier l'essentiel de ce que les défenseurs de la notion entendent affirmer à travers elle, à savoir la différenciation sociale, qui peut être génératrice d'antagonismes individuels et, parfois, d'affrontements collectifs entre les agents situés en des positions différentes dans l'espace social. La science sociale doit construire non des classes, mais des espaces sociaux à l'intérieur desquels peuvent être découpées des classes, mais qui n'existent que sur le papier. Elle doit en chaque cas construire et découvrir (...) le principe de différenciation qui permet de ré-engendrer théoriquement l'espace social empiriquement observé. (...) Principe qui n'est autre que la structure de la distribution des formes de pouvoir ou des espèces de capital qui sont efficientes dans l'univers social considéré - et qui varient donc selon les lieux et les moments. (...) Les classes sociales n'existent pas (...). Ce qui existe, c'est un espace social, un espace de différences, dans lequel les classes existent en quelque sorte à l'état virtuel, en pointillé, non comme un donné, mais quelque chose qu'il s'agit de faire. Pierre Bourdieu, "espace social et champ du pouvoir " in Raisons pratiques 1994

Questions sur les documents 4 et 5: Q1/ Dans quel sens l'auteur utilise-t-il les expressions soulignées? Q2/ Qu'est-ce qui caractérise un espace social?

Dossier Terminale ES - Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron-

Stratification, inégalité et mobilité sociales / Vincent Levrault 28

Dossier Terminale ES - Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron-

Stratification, inégalité et mobilité sociales / Vincent Levrault 29

Conclusion

Document 6 : La spirale des classes sociales Dès lors, il faut concevoir que les aspects objectifs des inégalités et subjectifs des identités de classe sont deux dimensions complémentaires et distinctes. On peut représenter horizontalement l’intensité des inégalités et verticalement celle des identités. Plus une société se trouve à droite, plus elle correspond à une structure inégalitaire, et plus elle est en haut, plus elle correspond à une forte identité collective des classes sociales. (…) Nous avons ainsi quatre types repérables. En haut à droite, des inégalités fortes sont mobilisées par une conscience de classe marquée : on est en présence d’un système de classes « en soi et pour soi » (situation 1). En haut à gauche, les inégalités sont affaiblies, mais la conscience de classe reste forte (…), cette situation suit des revendications sociales abouties (situation 2) ; En bas à droite, c’est la situation inverse, où les inégalités importantes existent, sans que la conscience de ces classes apparaisse (situation 4) ; il s’agit typiquement d’une situation d’aliénation du prolétariat. En bas à gauche, il s’agit plutôt de la situation d’une société sans classe : sans inégalité ni identité (situation 3).(…) Il est possible de partir du cas de la France préindustrielle de 1830, marquée par des inégalités économiques très fortes, mais où l’identité du prolétariat est loin d’être constituée. La suite du siècle fut bien la montée en puissance de cette identité ouvrière et l’entrée dans le jeu politique du marxisme. A partir des « trentes glorieuses » (…) les inégalités ont été fortement régulées, sans que la conscience de classe ne soit dissoute pour autant. En définitive, il faut attendre le ralentissement économique des années 1970 et 1980 pour voir s’atténuer la conscience de classe, alors que les inégalités ont cessé de diminuer. C’est là que s’éloigne le rêve d’une société sans classes (…). La reconstitution d’inégalités plus fortes est alors en route. (…)La suite de l’histoire est donc très ouverte. Louis Chauvel, « La dynamique de la stratification sociale » in Sciences économiques et sociales, Nouveau Manuel, La découverte. Q1/ construisez un graphique permettant de représenter sur un même pla n l’intensité des inégalités et l’intensité de la conscience de classe (identité). Q2/ placez sur le schéma les 4 types repérables décrits dans le texte. Q3/ Représentez à partir du cas de la France les différentes étapes historiques de ce que Louis Chauvel appelle la « spirale des classes sociales ».

Dossier Terminale ES - Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron-

Stratification, inégalité et mobilité sociales / Vincent Levrault 30

Chapitre III: Enjeux et déterminants de la mobilité sociale Dans ce chapitre, nous aborderons successivement :

1) les enjeux de la mobilité sociale ; 2) 2) l’évolution de la mobilité sociale ; 3) 3) les déterminants de la mobilité sociale.

I. Les enjeux de la mobilité sociale. Dans cette première partie nous allons nous interroger sur le lien entre « mobilité sociale » et « société démocratique ». Nous tenterons de répondre à trois questions :

- Dans un premier temps quelle est le rôle et l’enjeu de la mobilité sociale dans les sociétés démocratiques ?

- Dans un second temps, quelle est l’instance qui est sensé permettre aux sociétés démocratiques de renouveler les positions sociales d’une génération à l’autre ?

- Enfin, cette instance (…….) contribue-t-elle à la mobilité sociale ou la reproduction sociale ?

- Mobilité sociale : passage d’un individu ou d’un groupe d’individu d’un groupe social à un autre (Sorokin) 1.1 Mobilité sociale et société démocratique. qu’est-ce qui permet de rendre acceptable (légitime) les inégalités de situation dans les sociétés démocratiques ? Document 1 : mobilité sociale et inégalités.

L’abolition des privilèges hérités liés à l’appartenance à un ordre dans la société d’Ancien Régime et l’affirmation d’une d’égalité formelle entre les citoyens témoignent de l’inscription dans les faits des idéaux démocratiques de la Révolution Française de 1789. Mais la conception tocquevilienne de la démocratie ne peut s’accommoder de la seule égalité formelle sur le plan politique : l’égalisation des conditions impulsée par la « passion de l’égalité » implique la possibilité, pour chaque individu, d’accéder à un statut social supérieur. Il s’agit aussi de démocratiser l’accès aux positions les plus enviables et donc d’affirmer l’égalité des chances. Une égalité des chances totale signifierait une absence de tout obstacle à la mobilité sociale. A une logique héréditaire d’attribution des positions doit se substituer une logique méritocratique. Pour autant, il ne s’agit pas de remettre en cause les inégalités de statut en tant que telles. En effet, l’égalité des chances permet de légitimer le maintien d’inégalités sociales et économiques. Il ne faut donc pas confondre la question de la mobilité sociale et celles des inégalités : une société ayant

Dossier Terminale ES - Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron-

Stratification, inégalité et mobilité sociales / Vincent Levrault 31

une forte mobilité sociale peut s’accommoder d’importantes inégalités sociales. Cependant, si l’existence d’inégalités fortes s’accompagne d’une forte reproduction du statut social, l’injustice est redoublée et illégitime en vertu des principes de méritocratie. La question de la mobilité sociale renvoie ainsi à celle de la justice sociale.

P. Bonnewitz, Classes sociales et inégalités, Bréal, 2004.

1) Selon A. de Tocqueville, qu’est-ce qui caractérise les sociétés démocratiques ? 2) Une plus grande égalité des chances permet-elle de réduire les inégalités de situation ?

1.2 Ecole et mobilité sociale. Quelle est l’instance qui est sensée permettre le renouvellement des positions sociales d’une génération à l’autre ? L’école assure-t-elle ce rôle ? Document 2 : Ecole et mobilité sociale. En France, depuis Jules Ferry, l'école a été considérée comme le principal moyen de s'élever dans l'échelle sociale. Pourtant, dans les années 60, des sociologues comme Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron ont mis en évidence son rôle avant tout reproducteur de la stratification sociale (La Reproduction, 1970). Depuis lors, on a assisté à une augmentation massive de la scolarisation, dans l'enseignement secondaire puis supérieur. Le niveau scolaire de la population n'a cessé d'augmenter depuis trente ans. Dans une étude récente, les sociologues Christian Baudelot et Roger Establet analysent les transformations de la société française en comparant le statut des individus qui avaient 30 ans en 1968 aux trentenaires de 1998. Alors que les premiers étaient en majorité sortis sans aucun diplôme du système éducatif, 43 % des seconds sont bacheliers. Et le taux actuel d'une classe d'âge accédant au baccalauréat avoisine les 70 %. Peut-on dire pour autant que la société est devenue plus égalitaire ? Plusieurs facteurs viennent contredire cette affirmation. M. Fournier, « la mobilité sociale », Sciences Humaines,

1) Selon P. Bourdieu et J-C Passeron, pourquoi l’école est-elle avant tout un reproducteur de la stratification sociale ?

2) La massification de l’enseignement a-t-elle rendu la société française plus égalitaire ? Habitus : ensemble de pratiques et de goûts hérités de son milieu d’origine au cours du processus de socialisation .Conclusion :D'une part, on a assisté à une relative dévaluation des diplômes. Avec les difficultés économiques survenues depuis les années 70 et l'augmentation du chômage (de 1 % en 1968, il est passé à 12 % en 1998 pour les hommes de 30 ans, et à 14 % pour les femmes du même âge), les diplômés, plus nombreux, n'ont plus la garantie d'un statut social comparable à celui qui leur était offert dans une période de croissance économique forte. Le niveau a monté, affirment C. Baudelot et R. Establet, mais l'emploi n'a pas suivi, il faut toujours plus de diplômes pour moins de résultats. D'autre part, l'étude des parcours scolaires, depuis les années 80, montre que la démocratisation du système scolaire est loin d'être uniforme : « Les sections les plus prestigieuses et qui offrent les meilleures professions renforcent leur caractère élitiste ; inversement, les sections les plus dévalorisées renforcent leur caractère populaire » Il existe des inégalités générationnelles (cf. Le destin des générations, L. Chauvel). En effet, à diplôme égal, leur rendement n’est pas le même d’une génération à l’autre. Cela signifie qu’il existe, au-delà de l’école, d’autres facteurs de mobilité sociale.

Dossier Terminale ES - Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron-

Stratification, inégalité et mobilité sociales / Vincent Levrault 32

II. La société française est-elle mobile ?

Plan:

(sujet type baccalauréat: Dans quelle mesure la société française est -elle mobile?)

1. Quelle mobilité sociale ?

A. La mobilité sociale a-t-elle augmenté ?

B. Quel type de mobilité s’est accru ?

2. La persistance d’une viscosité sociale ?

A. Les tables de mobilité, un outil pertinent ?

B. Une mobilité à relativiser ?

- On constate un autorecrutement des PCS

- Les trajectoires sont relativement courtes

Dossier Terminale ES - Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron-

Stratification, inégalité et mobilité sociales / Vincent Levrault 33

1. La société française est-elle mobile ?

Savoir définir la mobilité sociale

Savoir distinguer mobilité inter et intra générationnelle.

Qu’est-ce que la mobilité sociale ? (notion à maîtriser)

Mobilité sociale = passage d’un individu ou d’un groupe d’individu d’un groupe social à un autre (Sorokin)

Il existe plusieurs types de mobilité :

• horizontale (on change de métier mais mm statut, on reste dans la même PCS : un prof qui devient cadre dans une entreprise privée,…).

• verticale, celle-ci peut être :

• ascendante, on monte dans la hiérarchie sociale (un ouvrier devient PI ou cadre) • et descendante (inverse)

De même ; il existe une mobilité intra et intergénérationnelle.

Que cela veut-il dire ?

Intra : mobilité au cours d’une vie pour un individu ou groupe donné. Ex : un employé de bureau qui va connaitre une évolution dans son entreprise et devenir cadre.

Inter : changement de statut de la génération des enfants par rapport à la génération des parents. Ex : un ouvrier qui verra son fils devenir profession libérale.

• La mobilité intergénérationelle est la plus étudiée par les sociologues, son étude va nous permettre de savoir si l’égalité des chances est un fait dans notre société.Si la société est parfaitement mobile càd s’il n’y a pas de reproduction sociale (telle qu’un fils d’ouvrier va devenir ouvrier ou un fils de cadre devenir cadre).

Un outil est mis au service du sociologue qui va utiliser les PCS pour étudier la mobilité : les tables de mobilité.

1. Quelle mobilité sociale ?

Afin d’étudier la mobilité sociale, on s’appuiera sur les comparaisons entre professions des hommes et de leur père. Les professions sont regroupées en PCS et ces comparaisons sont synthétisées sous forme de tableau : les tables de mobilité.

Dossier Terminale ES - Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron-

Stratification, inégalité et mobilité sociales / Vincent Levrault 34

A. La mobilité sociale a-t-elle augmenté ?

1. En vous intéressant aux destinées, comparez les diagonales des tables de mobilité de 1977 et de 2003. Qu’en déduisez-vous ? (Rédigez une analyse détaillée)

Dossier Terminale ES - Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron-

Stratification, inégalité et mobilité sociales / Vincent Levrault 35

Dossier Terminale ES - Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron-

Stratification, inégalité et mobilité sociales / Vincent Levrault 36

B. Quel type de mobilité s’est accru ?

Distinguer et définir mobilité nette et structurelle

Etre capable d’expliquer que c’est notamment grâce à la mobilité structurelle que la mobilité sociale a augmenté

consignes: rédigez les réponses aux questions portant sur ce document

Dossier Terminale ES - Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron-

Stratification, inégalité et mobilité sociales / Vincent Levrault 37

à retenir:

Mobilité totale = mobilité nette + mobilité structurelle

• mobilité nette (ou fluidité sociale) = mobilité totale – mobilité structurelle. Elle permet de mesurer la mobilité indépendamment des changements structurels.

Mobilité structurelle = mobilité sociale entrainée par l’évolution des structures sociales

C’est la mobilité nette (ou fluidité sociale) qui permet de voir si la société démocratique dans laquelle nous vivons est réellement méritocratique. Les changements de positions liées aux évolutions de la structure sociale ne présument en rien d’une société dans laquelle les places les plus valorisées sont accessibles à tous, quel que soit le milieu d’origine.

En majorité, la mobilité sociale est due à la mobilité structurelle. Donc, l’évolution de la structure des emplois qui explique en partie la mobilité des individus. Ce constat ne relativise-t-il pas l’idée d’une société fluide ? Car si la mobilité est expliquée en partie par l’évolution des structures de la société, la capacité des individus à gravir l'échelle sociale n’est-elle pas ainsi réduite ?

Dossier Terminale ES - Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron-

Stratification, inégalité et mobilité sociales / Vincent Levrault 38

2. La persistance d’une viscosité sociale ?

- A. Une mobilité à relativiser ?

Être capable de donner les éléments montrant que la mobilité sociale est limitée :

• les trajectoires de mobilité sont courtes • les PCS s’autorecrutent

On constate que la mobilité sociale, si elle existe bel et bien, doit être relativisée : les PCS s’autorecrutent, càd qu’en majorité, les individus qui appartiennent à une PCS ont leur père qui appartient à la même mais aussi que les trajectoires de mobilité ne sont pas très grandes.

On constate un auto-recrutement des PCS

Dossier Terminale ES - Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron-

Stratification, inégalité et mobilité sociales / Vincent Levrault 39

- Des trajectoires relativement courtes

consignes: répondez à ces deux questions portant sur le document issu d'un manuel (document 13)

1/Expliquez le titre du document.

2/Comment Boudon explique-t-il la prédominance des trajectoires courtes ?

• on a vu que les tables de mobilité sont un précieux outil pour rendre compte de la mobilité sociale. Elles nous expliquent que la mobilité s’est accrue mais que c’est principalement une mobilité due à l’évolution des structures de la société, que les PCS, s’aurtorecrutent majoritairement et que les trajectoires de mobilité sont courtes.

Il convient pour clore notre réflexion de réfléchir sur la construction de ces tables de mobilité : sont-elles exemptes de toute critique ?

Dossier Terminale ES - Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron-

Stratification, inégalité et mobilité sociales / Vincent Levrault 40

B . Les tables de mobilité, un outil pertinent ?

Etre capable de donner les limites des tables de mobilité : hommes de 40 ans ou +

Synthèse : critique tables

Ce qu’on a vu :

• pas de femmes, • pas d’individus de moins de 40 ans, or ce sont eux qui on le plus de difficulté sur le marché du

travail

Choix de la nomenclature : plus elle est détaillée, plus il y a mobilité

Il existe d’autres manières d’appréhender la hiérarchie sociale : sexe, âge, appartenance ethnique : tables fondées sur PCS ne sont donc qu’un moyen de considérer la hiérarchie sociale (une clé parmi d’autre pour appréhender la structure sociale).

Dossier Terminale ES - Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron-

Stratification, inégalité et mobilité sociales / Vincent Levrault 41

Conclusion :

Les tables de mobilité sont un précieux outil pour rendre compte de la mobilité sociale. Elles permettent notamment de constater que la mobilité a bien augmenté sur le LT. Cette augmentation est notamment due à des variables structurelles. On sait aussi que les trajectoires sont courtes et les PCS s’autorecrutent en majorité.

Si ces constats ne sont pas contestables, il reste à prendre en compte que les tables de mobilité sont un outil construit et donc perfectible.