Sobriété et efficacité...

30
27 novembre 2013 UTBM 1 L’annonce de ce colloque disait : c’est aussi La première étape de la transition énergétique » Première étape, car le consensus progresse sur une utilisation plus rationnelle de l’énergie Alors que qu’un tel consensus n’existe pas sur la production de l’énergie, qui sera la seconde étape, sur laquelle je vous invite à réfléchir. Sobriété et efficacité énergétique

Transcript of Sobriété et efficacité...

27 novembre 2013 UTBM 1

L’annonce de ce colloque disait : c’est aussi La première étape de la transition énergétique »

• Première étape, car le consensus progresse sur une utilisation plus rationnelle de l’énergie

• Alors que qu’un tel consensus n’existe pas sur laproduction de l’énergie, qui sera la seconde étape, sur laquelle je vous invite à réfléchir.

Sobriété et efficacité énergétique

27 novembre 2013 UTBM 2

La doxa* et l’expertise seront-elles conciliables?

*La doxa est l'ensemble des opinions généralement admises par le grand public , formant une sorte de pensée commune, pouvant différer de la vérité scientifique.

27 novembre 2013 UTBM 3

Cette doxa, pour la production d’énergie, repose sur 3 piliers

1. Séduction des énergies renouvelables

2. Difficulté à remplacer les énergies fossiles, malgré leur nuisance sur le climat

3. Réserve vis-à-vis de l’énergie nucléaire plutôt perçue par ses risques que par ses avantages

27 novembre 2013 UTBM 4

Premier piler

1. Les énergies renouvelables sont séduisantes.

Ce qui appelle la question 1:

Q1. Ces énergies renouvelables permettront- elles une production électrique massive, économique et écologique ?

• La réponse est, hélas, NON

27 novembre 2013 UTBM 5

Deuxième pilier

2. Nous nous résignons à utiliser les énergies fo ssiles tant qu’il le sera possible, malgré leur incidence sur l e climat.

Ce qui appelle la question 2

Q2. S’il n’est pas possible de réduire fortement l’ usage des énergies fossiles à court terme, sera-t- il possible de les «verdir» un peu pour limiter les l’effets sur le c limat?

• La réponse est SEULEMENT UN PEU

27 novembre 2013 UTBM 6

Troisième pilier3. Une méfiance du nucléaire dont les risques sont

jugés incomparables avec d’autres énergies.

Ce qui appelle la question 3:

Q3. Comment se comparent objectivement les risques de l’énergie nucléaire avec ceux des autres sources d’énergie ? Sont-ils surévalués par un émotionnel entretenu?

La réponse est OUI

27 novembre 2013 UTBM 7

Q1. La séduction des EnR?

- Leurs sources (soleil, vent, fleuves, biomasse) nous sont familières dans la nature,

- Contrairement aux fossiles dont le stock géologique est limité, les EnR sont durables puisque renouvelables,

- Le soleil et le vent étant présents partout, offrant une certaine sécurité d'approvisionnement,

- De plus, elles ont une apparence de gratuité car il n’y a pas de combustible à payer.

- Comment ne pas être favorable aux EnR ? Il faut les développer au maximum.

27 novembre 2013 UTBM 8

Mais au maximum de quoi?1. Au maximum de capacité, quel que soit leur coût?

• Leur capacité? on ne peut en tirer plus que leur flux naturel, car on puise dans un flux, pas dans un stock.

• Leur Coût? L'idée que l'énergie du vent et du soleil sont gratuites est fausse, les combustibles fossiles sont également gratuits tant qu’ils restent sous terre. C’est l'accès aux ressources qui exige des investissements, et l’accès aux énergies du vent et du soleil coûte plus cher parce que ce sont des énergies très diluées (de faible densité surfacique ou volumique).

27 novembre 2013 UTBM 9

Ordre de grandeur des coûts

- 8 c€/kWh pour l’éolien terrestre, -- 15 à 25+ pour l’éolien en mer - 30 à 50 pour le solaire photovoltaïque,

à comparer à - 6 à 8 pour le thermique fossile - 4 pour le nucléaire du parc français existant, - 6 à 7 pour EPR hors tête de série.

Les EnR ont donc besoin d’être subventionnées

27 novembre 2013 UTBM 10

2. Au maximum de l’acceptation par le réseau ?L’intermittence de ces énergies devient un vrai pro blème

Intermittence de la production éolienne en France s ur 1 an

27 novembre 2013 UTBM 11

Conséquences contradictoires de l’intermittence

1. Par vent faible , on doit faire appel à des centrales à gaz en réserve, augmentant le coût de l’énergie et émettant du CO2.

2. Par vent fort , la surproduction prioritairement acceptée par le réseau casse le prix du marché, sapant la rentabilité de ces mêmes centrales à gaz nécessaires par vent faible.

- C’est pourquoi certaines compagnies possédant des centrales à gaz devenues non rentables demandent actuellement leur rachat par les gouvernements responsables de la priorité accordée aux EnR intermittentes.

3. Nécessité de renforcer très fortement les capaci tés de transport THT pour accroître les échanges interzones.

27 novembre 2013 UTBM 12

L’idéal serait de stocker l’énergie électrique de pour compenser les intermittences, mais…

• Les STEP (efficacité énergétique ~70%) sont limitées par le potentiel de sites possibles.

• Aucun autre moyen de stockage acceptable aux plans économique et écologique n’est sérieusement en vue.Beaucoup d’espoirs déçus sur le stockage par hydrogène ou méthane(efficacité ~ 30 à 35%).

• L’alternative au stockage par la multiplication des réseaux à THT ne se justifie pas car le foisonnement des productions est très limité .

27 novembre 2013 UTBM 13

Q2. Pourra-t-on réduire ou « verdir » la consommation des énergies fossiles

2.1 Réduction par remplacement à la consommation

• Relativement facile dans le bâtiment où beaucoup

d’autres solutions de chauffage existent.

• Plus difficile dans les transports (biocarburants, voitures

électriques, hybrides ou à hydrogène).

C’était une partie de l’objet de ce colloque

27 novembre 2013 UTBM 14

• 2.2 « Verdir» les fossiles à la production ?

• Au présent: • Par remplacement du charbon par le gaz : échec actuel en

Allemagne, importation de charbon américain très bon marché • Par augmentation du rendement par cycles combinés à gaz,

dont on vient de voir que la rentabilité s’effondre par la priorité d’accès accordée à l’éolien et au solaire PV.

• Au futur: captage et stockage du CO2, projet à long terme et d’aboutissement incertain (coût, perte de rendement global, prix trop bas du CO2 sur le marché, incertitude sur les risques environnementaux)

27 novembre 2013 UTBM 15

Q3. Que penser de l’énergie nucléaireet de son image dominée par le risque ?

• Toutes les autres sources d'énergie présentent aussi des risques, mais nous y sommes habitués et ils ne font plus la une des médias.

• Il est donc nécessaire de comparer ces divers risques sur la base des faits.

27 novembre 2013 UTBM 16

L’étude"Extern'E" de la Commission européenne

On y lit que :

• le charbon est de loin la source d'énergie porteuse du risque le plus élevé pour la santé publique,

• suivi du pétrole, • puis du gaz, • et du nucléaire en dernier . • L‘Agence internationale de l'énergie et l’OCDE

confirment ce classement.• Les Académies des sciences et de médecine

françaises confirment aussi ce classement

27 novembre 2013 UTBM 17

Le charbon

• Selon l’OCDE, de 1970 à 2000, 41 000 personnes sont décédées dans les mines de charbon dans le monde.

• Cependant, la mortalité la plus importante est celle due aux maladies liées à l'usage du charbon:

• 500 000 décès prématurés chaque année. • Pour l’UE des 27, environ 30 000 morts prématurées par an*.

• Atteintes à l'environnement : Exploitations à ciel ouvert de la lignite en Allemagne 1500 km2 actuels, 10 000 km2 menacés dans l’avenir*. Plus de 100.000 personnes ont été déplacées et leurs habitations détruites*

*Les dangers du charbon" Bernard Durand novembre 2011 (www.sauvonsleclimat.org)

27 novembre 2013 UTBM 18

- Pétrole et gaz : marées noires, explosions de gaz, particules fines de la combustion de tous les fossiles et au bois, et n’oublions pas le risque géopolitique de l’usage des richesses nouvelles des pays pétroliers et gaziers.

- Les énergies renouvelables ne sont pas en reste- Hydraulique Hydraulique Hydraulique Hydraulique : rupture du barrage de Bianqiao (Chine 1975

30000 tués), rupture d'une turbine dans la plus grande centrale hydro-électrique russe de Saïano-Chuchenskaya (70 morts en 2009)… etc

- Hors énergie : - la catastrophe chimique de Bhopal (1984, milliers de morts)

n'a pas condamné l'industrie chimique. - Les avions qui tombent de temps en temps, n’ont pas

condamné l’industrie aéronautique.

27 novembre 2013 UTBM 19

Le nucléaire a connu trois accidents majeurs

- Three Mile Island (USA 1979), aucune victime

- Tchernobyl (1986), accumulation de fautes humaines sur un réacteur refusé en occident (sans confinement et instable), moins de 100 morts* à ce jour.

- Fukushima (2011) 20.000 morts par le tsunami Aucun décès à ce jour par radioactivité. Les conséquences pour la population ont été limitées par le gestion de crise mise en place.

- * données détaillées à disposition

27 novembre 2013 UTBM 20

Fukushima : la destruction de la centrale aurait pu être évitée par :

• Un mur anti-tsunami plus haut pour éviter la submersion et une implantation plus haute des diesels de secours.

• Une meilleure prise en compte des enseignements de TMI, en ce qui concerne le risque hydrogène (recombineurs qui auraient évité les explosions d'hydrogène), filtres à sablecaptant la très grande majorité des émissions radioactives, ce qui aurait permis de réduire considérablement la surface touchée par les retombées radioactives et rétablir beaucoup plus rapidement le retour des populations.

• Tous ces retours d’expérience de TMI étaient déjà implantés sur les réacteurs français d’EDF, alors qu’ils ne l’étaient pas chez ceux de TEPCO.

27 novembre 2013 UTBM 21

.

Aucune des grandes sources d'énergie n'a fait moins de morts que le nucléaire, à

production égale au cours du dernier demi-siècle.

27 novembre 2013 UTBM 22

En résumé, l’énergie nucléaire:

• Est la moins coûteuse , à l'exception de l'hydraulique. • n'émet pas de CO2• contribue à assurer notre indépendance énergétique . • fournit une électricité indépendante des circonstances

climatiques courantes, facilitant la gestion des ré seaux .• Est une énergie concen trée, consommant très peu de

terrain pour une puissance donnée , • Possède le plus grand potentiel de développement vers

de nouvelles filières (Génération IV…), porteuses d’augmentation de rendement et de facilité de gesti on des déchets .

• Est, parmi les grandes sources d’énergie, celle qui a jusqu’alors causé le moins de morts.

27 novembre 2013 UTBM 23

Dernières nouvelles de Londres2 réacteurs EPR sont prévus à Hinkley point2 autres à la centrale de Sizewell

Déclaration du Labour's Shadow Energy Secretary (opposition)

• "Nuclear power has a vital role to play as part of a more sustainable, balanced and low -carbon future energy mix, to make us less reliant on volatile fossil fuel pri ces, increase our energy security, and keep prices down for families.

•"The UK must learn the lessons from the development of new nuclear power stations in France so we can deli ver new nuclear projects in this country on time and on budget."

27 novembre 2013 UTBM 24

Dans une démocratie, les décisions sur les questions importantes se prennent en tenant compte de la perceptionqu'a le public de ces

questions, donc de cette doxa.

Le public doit donc bien s’informer sur les trois questions que nous venons

d’examiner pour leur donner une une réponse rationnelle et

faire évoluer cette doxa

27 novembre 2013 UTBM 25

Merci pour votre attention

27 novembre 2013 UTBM 26

27 novembre 2013 UTBM 27

Les chiffres Tchernobyl- Sur les 237 premiers intervenants ayant subi des doses d'irradiation

massives, 28 ayant reçu de 4 à 16 Sv sont morts dans les premières semaines, 19 autres au cours de l'année 1986, une quinzaine depuis.

- Sur environ 7000 cancers de la thyroïde développés de 1986 à 2011 chez des enfants, par absorption de lait contaminé, environ 15 décès recensés (guérison de plus de 99% des cas)

Les 530000 "liquidateurs" ont reçu une dose moyenne de 117 mSv au cours du nettoyage du site. L'application de la relation linéaire sans seuil entre dose et effet, qui est la règle la plus pessimiste, conduit à envisager un surplus de cancers futurs de l'ordre de 4000 au-delà des 100 000 cancers statistiquement attendus sur la même population de 530 000 personnes non irradiées, soit + 4%. En 2011, l’UNSCEAR a refusé d’utiliser cette loi, et ne note ni chez les liquidateurs, ni chez les 640 000 habitants des zones contaminées à plus de 37 000 Bq/m² déposés sur le sol, aucune augmentation avérée du nombre des cancers (à l’exception des cancers thyroïdiens chez les enfants déjà cités).

Sources : Science et pseudo-sciences n° 298 – articles Masse et Aurengo

27 novembre 2013 UTBM 28

27 novembre 2013 UTBM 29

Pour un progrès raisonné, choisi et partagé** Devise de l’Académie des technologies

Avant de décider une « transition » de nos moyens de production électrique, la

doxa actuelle doit s’enrichir d’une connaissance plus exacte des faits et

se libérer des préjugés par une information objective.

27 novembre 2013 UTBM 30