So Foot Sep 2015

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   F    R    A    N    C    E    M     É    T    R    O    P    O    L    I    T    A    I    N    E    4  ,    5    0           /    D    O    M     7  ,    2    0           /    B    E    L      L    U    X      E    S    P      G    R     È    C    E      P    O    R    6  ,    2    0           /    U    K    4    £    /    S    U    I    S    S    E    9    C    H    F    /    A    L    L      I    T    A    L    7  ,    9    0           /    M    A    R    O    C     5    0    M    A    D    /    T    U    N    9    T    N    D CARLES PUYOL   MANUEL PELLEGRINI   HENRIKH MKHITARYAN   PAOLO SORRENTINO  N°129 – SEPTEMBRE 2015 Qui a tué Albert Ebossé? enquête en Algérie, un an après sa mort LE TURFU DE L ’OM Michy Batshuayi “J’adore Bob l’éponge” EURO 2016 comment l’Islande tape l’incruste GAZON MAUDIT le football turc à la sauce LGBT Morgan Schneiderlin rencontre avec le tacleur fou de Manchester United LES  50  QUI VONT RETOURNER 2016 Joueurs, femmes, dirigeants, taulards, revenants, détraqués, mascottes et ce gros dur de Poutine.

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ARLES PUYOL  MANUELPELLEGRINI  HENRIKHMKHITARYAN  PAOLOSORRENTI

 N°129 – SEPTEMBRE 2015

Qui a tuAlbert Ebossé

enquête en Algérun an après sa mo

LE TURFU DE L’O

MichBatshua

“J’adore Bl’épong

EURO 20comme

l’Islandtape l’incrus

GAZON MAUD

le football tuà la sauce LG

Morga

Schneiderlirencontre avle tacleur fou

Manchester Unit

LES 50 QUI VONTRETOURNER 2016Joueurs, femmes, dirigeants, taulards, revenandétraqués, mascottes et ce gros dur de Poutine

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édito

Ouvrez les vannes. Cet été, Cristiano Ronaldo s’est achetéun appartement dans la Trump Tower de New York pour 17

millions d’euros, Karim Benzema a flirté avec Rihanna et s’est offertun ballon serti de diamants à 226 000 euros, Neymar a investi dans un

 jet privé à 10 millions d’euros, Raheem Sterling a rejoint Manchester Citypour 68 millions et Otamendi pour 42, ce qui justifie presque les 46 déboursés

par Liverpool pour accueillir Benteke et les 17 mis sur le coin du billard par AstonVilla pour recruter Jordan Ayew, Angel Di Maria est devenu le deuxième joueurle plus cher de l’histoire de la ligue 1 pour 63 bâtons, la clause libératoire d’AntoineGriezmann est passée à 80 millions, le Standard réclame 5 millions d’euros d’impayésà l’OM dans le cadre du transfert de Michy Batshuayi, ce qui aiderait le club belge àpayer son amende de 10 000 euros parce qu’un de ses supporters a lancé une pièce de20 centimes sur la pelouse, l’OGC Nice a fixé le prix de son attaquant Alassane Pléa à40 millions d’euros, Thiago Motta a renégocié son salaire de 530 000 à 800 000 eurospar mois, Balotelli a pris des douches de champagne pour son vingt-cinquièmeanniversaire, Gignac a signé au Mexique pour 4 millions par an, un adolescentdanois a dépensé des milliers d’euros pour ressembler à CR7… À partir de là, ça

vaut bien le coup de goûter le sandwich au salami accompagné de mozzarellaet courgettes frites sur leur lit de myrtilles marinées intitulé “The Pirlo”

et vendu 11,75 dollars –ou 7,75 pour le demi-format– par la chaîneaméricaine de restauration No 7 Sub depuis mi-août. Sauf si on

n’aime pas les courgettes frites sur leur lit de myrtillesmarinées, ça va de soi. nPM

CECI N’EST QU’UN

OURSSO FOOT, mensuel, édité par SO PRESS,S.A.S. au capital de 604 Euros.

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sommaire

Avant-match12 Des abscisses désordonnées: les entraîneurs à moustache,

plus ils ont de poils plus leur palmarès est étoffé?12 Bouzard, tout en passes courtes.14 Rapido. Hérita Ilunga & Khalid Boutaïb.14 Cadavre exquis. Cédric Cambon, défenseur du Havre, prend la plume.16 Mais qu’est-ce qu’ils footent? Éric Dewilder, de la porte des Bleus

au standard d’un hôtel 3 étoiles.18 Tennis-ballon: Aline, le seul groupe de pop-rock marseillais.18 Charts: les joueurs qui ont fait le beau temps cet été.20 Infiltré: au bord du terrain pour un match entre le Sahara occidental

et une équipe espérantophone. Qui finit en eau de boudin…22 Infiltré: en Chine, pour la coupe du monde des robots-footballeurs,

entre des chicken wings et des espions iraniens.24 Jour après jour: deux mois de foot, de fraise de dentiste 

et de choucroute alsacienne.

Entretiens28 Morgan Schneiderlin. Après s’être frotté aux ambiances boueuses et tendues

des sous-divisions anglaises avec Southampton, l’Alsacien compte biens’installer durablement au milieu de Manchester United et de l’équipede France. Rencontre avec un mec qui a pris de l’épaisseur en perdantdu poids.

64 Michy Batshuayi. Avec le départ de Gignac pour le Mexique, Michy, 21 ans,devient l’attaquant titulaire de l’Olympique de Marseille sauce Michel.Un défi qui ne fait pas peur au joueur, qui s’est forgé un petit caractère dans

les parcs de la banlieue bruxelloise…

Enquête56 L’affaire Ebossé. Il y a un an, Albert Ebossé, attaquant camerounais

de la JS Kabylie, mourait dans le stade de foot de son club, des suitesd’un traumatisme crânien. L’arme du crime: une pierre lancée par ses propressupporters. C’est en tout cas la version présentée par les autorités algériennes.Problème: ce n’est pas la seule. Et peut-être la moins proche de la vérité.Enquête sur place, à Tizi-Ouzou.

COUVERTURE

34 La puissante liste de 2016.Joueurs, dirigeants, crises, promus, bonbons, fils de,femmes de, mères de, entraîneurs, investisseurs, danseurs,championnats, mascottes, technologies, sosies, politiques,traîtres: voici les 50 meilleures raisons de suivre le foot jusqu’à la fin de l’Euro 2016.

38  Gary Medel. Le Chilien, élevé dans les quartierschauds et vainqueur de la Copa America cet été, remplace

petit à petit Esteban Cambiasso dans le cœur des fans del’Inter.

44  Gaël Kakuta. Il a suscité de gros espoirs avantde se perdre entre les prêts. Mais après une belle saisonen Liga l’année dernière avec le Rayo Vallecano, le Nordiste,passé au FC Séville cet été, semble enfin prêt à fermerdes bouches.

50  John Guidetti. C’est le nouvel entertainer  du football européen. Révélé grâce à ses célébrations folleset médiatisé pour son goût de la provocation, l’attaquantsuédois pourrait surtout faire du bien au Celta Vigo. Sur leterrain.

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Reportages78 Islande in the sun. Longtemps synonyme de trois points faciles

pour l’adversaire, l’Islande s’est réveillée brusquement ces dernières années,à la faveur d’un programme de développement, d’infrastructures et de formationambitieux. Au point de faire figure d’équipe à battre à quelques moisde l’Euro…

84 Gazon maudit. Pas facile de jouer au football dans un pays où certainsconsidèrent l’homosexualité comme un problème voire, pire, commeune maladie mentale. C’est pourtant le défi relevé par le Sportif Lezbon,équipe montée par des membres de la communauté lesbienne, gay, biet transsexuelle de Turquie…

Entretiens28 Morgan Schneiderlin. Après s’être frotté aux ambiances boueuses

et tendues des sous-divisions anglaises avec Southampton, l’Alsaciencompte bien s’installer durablement au milieu de Manchester Unitedet de l’équipe de France. Rencontre avec un mec qui a pris de l’épaisseuren perdant du poids.

64 Michy Batshuayi. Avec le départ de Gignac pour le Mexique, Michy, 21 ans,devient l’attaquant titulaire de l’Olympique de Marseille sauce Michel. Un défiqui ne fait pas peur au joueur, qui s’est forgé un petit caractère dans les parcsde la banlieue bruxelloise…

Cahier International72 Lu, Vu, Détendu.74 Carles Puyol. Parti un an avant le triplete du FC Barcelone, Puyol

se bat toujours avec un genou récalcitrant qui repousse ses perspectivesde reconversion.

75 Manuel Pellegrini. Prolongé à la surprise générale, l’entraîneur chiliende Manchester City a décidé de se refaire une image, tout en punchlines et “moi je”.

76 Henrikh Mkhitaryan. L’Arménien le plus célèbre d’Allemagne a grandi

en France, connu la guerre contre l’Azerbaïdjan et bataille aujourd’huiau Borussia Dortmund.

Culture foot90 Paolo Sorrentino. Le Napoli, le réalisateur italien oscarisé l’a dans la peau, etdans la poche, avec sa coque iPhone aux couleurs de son club. Alors parfois oui, il yfait référence dans ses films. Intervista.

Décrassage92 Chic type. Roberto Lopez est le tatoueur en vogue chez les footballeurs.

Parmi ses clients, Neymar, Martin Palermo et… Messi.95 Ils voient du foot partout… même dans une chanson d’Alain Souchon.95 Loto Foot: Jade Lebœuf, fille de Frank, mannequin et douceur estivale.96 Histoire vraie. C’est l’histoire d’un match, entre Grecs et Turcs,

commencé en 1930, poursuivi en 2014, et toujours pas terminé…98 Pierre la Police sait des choses que vous ne savez pas.98 Les infos non vérifiées à propos de… Thomas Müller.

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index

 ??

p.12

ALLARDYCE n.f. Recette àbase de lard glacé.

p.40

AUGUSTIN, empereurromain, petit-neveu de César,connus sous le nom d’Octave,puis d’Octavien, il forma,avec Antoine et Lépide, untriumvirat en 43 av. J.-C.

p.12

BONIEK n.m. Beau-fils dufrère ou de la sœur ou (paralliance) du beau-frère ou dela belle-sœur.

p.46

BOULLEAU adj. et n.m. Groset court.

p.14

BOUTAÏB n.f. Trait d’esprit,propos plaisant.

p.14

CAMBON, homme politiquefrançais, prénommé Joseph,qui institua le Grand Livre dela dette publique, par lequel leNouveau Régime mesurait lesdettes de l’Ancien.

p.16

DEWILDER n.m.pl. Deuxvilles d’air (par opposition auxvilles d’eau).

p.52

DYBALA adj. Se dit d’unmets déposé sur une

table de 800 m ou 1500 mde long.

p.56

EBOSSÉ n.m. Écossaissur un chameau.

p.78

GUDJOHNSEN n.f. Guide norvégienne, trèsadroite.

p.50

GUIDETTI n.m. Guidedans l’Himalaya.

p.12

HIDDINK n.m. Individu

dont on peine àcomprendre les proposet dont on doute de lavraie nature. Hein?  Maisqu’est-ce hiddink? 

p.44

KAKUTA adj. Qui a debelles fesses.Syn. Callipyge.

p.42

KYRIL n.f. Ensemble des pétalesd’une fleur.

p.12

LUHUKAY n.f. Signature précédée dela mention: “Lu et approuvé” .

p.38

MEDEL n.m. Mouvement desentreprises de Limoges.

p.64

MICHY n.m. Eau minérale de Michy.

p.76

MKHITARYAN n.m. Poèmearménien qui évoque le petit chemind’un amour qui ne mène nulle part.

p.54

MÜLLER n.m. Événement quiaffecte péniblement quelqu’un.“Ma naissance fut le premier desmüller” (Rousseau).

p.92

PALERMO n.f. Partie d’unehélice qui agit sur l’air ou sur lemot.

p.75

PELLEGRINI n.m. Individu qui enterreses compagnes à Grigny après les avoirassommées à coups de pelle.

p.74

PUYOL n.m. Jeu de patiente composéd’éléments à assembler pour reconstituerune image.

p.43RABIOT 1. n.m. fam.Supplément, surplus.2. Petit mammifèrerongeur d’obédiencebiologique.

p.40

RAKITIC adj. Malingre,chétif.

p.46

SALAH n.f. Mets fait defeuilles d’herbes potagèrescrues, assaisonnées d’huile,de vinaigre et de sel. Salahd’endives.

p.28

SCHNEIDERLINinterj. Onomatopéeévoquant un tintement.

p.12

SCHUSTER n.m. Choumesurant 1 mètre cube.

p.78

SIGTHORSSON n.m. QuatreGthorsson + 2.

p.36

TAGLIAGLIOLI interj. Onomatopéeévoquant un tintement.

p.41

TIELEMANS n.m. Pilote de ligne.

p.43

TUCHEL n.m. Jeu de

devinettes ( “tu brûles,tu chauffes, tu refroidis,tuchel”  ).

p.38

WALLACE n.f. Danseà trois temps, où chaquecouple tourne surlui-même tout évitantMarsellus.SIM TRIQUETTE

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Enfoncé dans sa tunique rouge et jaune,Réginald Becque a les yeux dans le vague, l’airhagard. D’une main peu assurée, le capitainede Calais tient une hanse de la coupe deFrance, dans un Stade de France comble.Pourtant, le capitaine de ces amateurs venusdu Nord n’est pas le nouveau détenteur dutrophée. S’il peut le toucher, c’est à l’initiativede Mickaël Landreau, vainqueur de la finaleavec son FC Nantes quelques minutesauparavant: “Il est venu me voir à la fin dumatch et il m’a demandé si je voulais monteravec lui dans la tribune. Il pensait que celaserait sympa par rapport à notre parcours.Ça a donné cette magnifique photo.” Une photodevenue symbole de l’aventure calaisienne de

l’an 2000, faite de retournements de situationsdantesques et cruellement achevée sur l’auteld’un penalty litigieux. À l’époque, JacquesChirac résume le match à sa façon dans levestiaire: “Il y a deux vainqueurs ce soir. Celuide la Coupe, et celui des cœurs.” 

Le vent, Bollaert et Manu VasseurSi le pensionnaire de CFA s’est installé dansles poitrines des amateurs de football, il ledoit avant tout à son abnégation tout au longde son ascension. Dès les trente-deuxièmes,face à Lille (D2), le portier Cédric Schille etles siens sont menés au score et risquent lasortie. Mais le gardien profite des élémentspour faire tourner la roue: “Il y avait eu du vent

de fou! Je dégageais des six mètres, la ballearrivait à peine aux trente mètres… Sur notreégalisation, Hogard centre, Wimbée est lobé.Quand on y repense…”  Charme de la coupeou chance de l’instant, Calais parvient à rallierla séance de tirs au but: “Sur les pénaltys, levent allait dans le sens des tireurs. Les ballesarrivaient à 100 km/h!”  Une transversalelilloise plus tard, Calais passe son premierobstacle de taille et lance sa chevauchéefolle. Langon-Castet balayé (3-0), Cannes metpresque fin à l’aventure calaisienne. “On va en prolongation, on prend un but à la 118e. Toutle monde dans la tribune pensait que c’étaitterminé. Le président de Cannes a mêmeappelé chez eux pour dire ’c’est bon, on est

qualifiés!’, se souvient Réginald Becque. Et puison a un dernier corner, que je joue rapidementavec Manu Vasseur. Il centre et on a unHogard qui se jette et égalise à la toute fin de prolongation.”  Bénis ou solidaires, toujours est-il que les Calaisiens s’extirpent d’une nouvelleséance de tirs au but pour inscrire leur nomdans le livre d’or de la compétition.

Dernière équipe amateur des quarts de finale,

les hommes de Ladislas Lozano affrontentalors leur premier club de l’élite. Strasbourgs’avance à Bollaert, le stade du RC Lens devenule nouvel antre des partenaires de Schille: “Il y avait 20 000 personnes, on était peut-êtreun peu tétanisés. Et au bout de six minutes,on prend un but. Mais c’est ce qu’il pouvaitarriver de pire à Strasbourg. Car ça nous aréveillés. On en marque deux avant la mi-tempset on boucle l’affaire en seconde.”  Souventmenée, jamais vaincue, l’équipe de Calaisfascine. Alors que le tirage au sort désigne lechampion de France en titre, Bordeaux, commeprochain adversaire, personne n’imagine leparcours se prolonger au-delà de cette demi-finale de prestige. Mais Calais n’est pas à un

retournement près, comme le décrit Becque:“On a tenu le 0-0 pendant quatre-vingt-dixminutes, ce qui était déjà un exploit. Ensuite,il y a prolongation et on ne sait pas trop ce qu’ilse passe. Le premier but de Cédric Jandau,c’est une frappe extraordinaire. Bordeauxrevient et on se dit qu’on va être mangés toutcru. Et puis finalement, on enfonce le clouavec deux buts bien amenés, bien construits.C’est surnaturel.” 

Paris Match et ColomboSurnaturel. Le mot est également appropriépour l’emballement médiatique qui entourele capitaine et son effectif. À l’approche dela finale contre Nantes, caméras et micros

s’amassent autour de la sensation de l’année.Les yeux du photogénique Réginald Becqueen crépitent encore: “Il y a l’ouverture d’uneboutique du club, on est invités sur tous les plateaux télé, il y a un reportage dans ParisMatch sur quatre ou cinq pages. On a tous eunotre photo avec notre épouse. Enfin, ceux quiétaient en couple…”  Cédric Schille poursuit:“Nous on en profitait, parce qu’on savaitque ça ne se reproduirait plus. Même s’ils sesont un peu incrustés dans nos vies!”  Maisl’attention des médias a une échéance: cellede la finale contre Nantes. 1-1 à la 90e minute,les Calaisiens s’avancent vers une nouvelleprolongation, gage de succès lors du parcours.Mais un certain Claude Colombo, arbitre de

son état et mauvais inspecteur de fautes, vacommettre l’irréparable. Dans les dernièresminutes, Alain Caveglia s’écroule sur unléger contact dans la surface, le sifflet retentit.Antoine Sibierski n’a plus qu’à transformeret valider la victoire nantaise. 2-1, le rêveest terminé: “À la fin, on est presque tous enlarmes car on est passés vraiment près. En plus, on a ce sentiment d’injustice…”  expliqueBecque avant que Schille n’enfonce le clou:“Quand on regarde les images, Colombo ne peut pas se dire qu’il y a penalty s’il est honnêteavec lui-même. Ça gâche un peu tout, mais pour les gens, on reste les vainqueurs.”  PourJacques Chirac aussi. – PAR RAPHAËL GAFTARNIK /

PHOTO: ICONSPORT

Les dessous des épopées en coupe de France avec Volkswagen - Épisode 5

Le grand pasde Calais Pour célébrer l’entrée dans un nouveau millénaire, la coupe de France réserve en l’an 2000une surprise de taille: Calais, club de CFA, s’invite en finale avant de tomber de justesse faceà Nantes. Un exploit fait de matchs à l’arrachée, d’un coup de sifflet et de Jacques Chirac.

“À la fin, on est presque tousen larmes car on est passés

vraiment près. En plus, on ace sentiment d’injustice…”Réginald Becque

Jérôme Dutitre (Calais).

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et découvrez sur volkswagen-fff.fr comment Volkswagen soutient le football.

ON COMMENCE PAR REMPLIR UNE VOITURE,

ON FINIT PAR REMPLIR UN STADE.

La passion est un sport collect if.

  Volkswagen Group France - s.a. - R.C.S. Soissons B 602 025 538

Crédit : cabinet d’architecture WILMOTTE & ASSOCIES. S.A.

7/17/2019 So Foot Sep 2015

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DES ABSCISSES DÉSORDONNÉES

LES ENTRAÎNEURS MOUSTACHUSS’il faut deux points pour tracer une droite, il faut deux axes pour établir un rapport qualité/prix.

Ce mois-ci, il s’agit, entre un axe des abscisses moustache fine / grosse stache et un axe des ordonnéesgros/maigre palmarès, de classer les entraîneurs à moustache. PAR SIMON CAPELLI-WELTER / PHOTOS: PANORAMIC, ICONSPORT ET DR

BOUZARD MICHEL PRÉSIDENT !!!

12 SO FOOT  _ AVANT-MATCH

Clarke Gable

Champion du monde

Champion de rien

José Bové

Gérard Gili

Xabier Azkargorta

Manuel Preciado

Rabah Saadane

Christoph Daum

Luis Felipe Scolari

Bernd Schüster

Angel Cappa

Guy Lacombe

EmilanoMondonico

Ricardo La Volpe

VicenteDel Bosque

Pablo Mastroeni

Luciano Spalletti

Sam Allardyce

Frank Rijkaard Artur Jorge

Renzo Ulivieri

Rudi Völler

Zbigniew Boniek 

Denis Troch

Candidat à la présidence de la Fifa, Michel Platini aura à faire face à unterrible adversaire: le Sud-Coréen Chung Mong-Joon qui promet, lui aussi,de mettre fin à tout un système opaque…

Guus Hiddink 

Jos Luhukay

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14 SO FOOT  _ AVANT-MATCH

BOUZARD SUR LE VIEUX-PORT

RAPIDO

HÉRITA ILUNGA Stade Rennais - Une fille

Ça sert à quoi d’aller en boîte de nuit avec deslunettes de soleil? À regarder les gens sans sefaire griller.

Pourquoi le centre n’arrive jamais à gagner lesélections? Difficile de voter pour quelqu’un qui

ne sait pas faire de choix.

Combien d’années faut-il pour oublier ses coursde maths? Commence déjàpar les comprendre et lesretenir.

Si la femme est l’avenir del’homme, qui est le futur

de la femme? Le chirurgienesthétique.

Que penser des mecs qui conduisent avec le coudeà la fenêtre? Qu’ils n’ont sans doute pas la clim,les pauvres.

Connais-tu des gens qui utilisent encore despeignes? Je ne sais pas comment le prendre,vu que je fais partie de la communauté deschauves…

Nietzsche a dit que Dieu était mort. Ok mais où,quand et comment? La vérité, c’est que Nietzschen’avait pas toute sa tête ce jour-là.

As-tu déjà regardé le générique de fin jusqu’aubout? Celui du Club Dorothée. À la fin, il y avait

le nom des abonnés le jour de leur anniversaire!Pourquoi les chevaux du tiercé ont-ils des noms àla con? Tout simplement parce qu’ils sont donnéspar des cons.

Tu fantasmes sur quel métier? Avocat, pourpouvoir porter des talons avec la robe!

Quel est l’héritage de Charles Pasqua? Son accent,bien sûr.uPROPOS RECUEI LLIS PAR FLORIAN CADU / PH OTO:

ICONSPORT

RAPIDO

KHALID BOUTAÏBGazélec d’Ajaccio – Boute-en-train

Si des siamois tirent un penalty, qui choisit lecôté? Ils se mettent d’accord et font le tir del’aigle.

Ça a quel goût, le dégoût? Un goût d’ail.

Quel est l’animal le plus con du monde? L’abeille.Cette mongolienne, elle te pique et elle meurtdirect.

Tu as eu des places pour l’Euro 2016? Non, j’aiperdu à la loterie. Comme tout le monde, enfait.

Que mijotent les punks à chiens? Ils dressentleurs clebs pour dominer le monde.

C’est quoi le contraire d’un franc-maçon? Unmytho-charpentier.

La Bretagne, ça vous gagne.Et la Corse? C’est la force.

La misère est moins pénibleau soleil. Même au Qatar enété? Non, non. Crever dechaud et voir les autres serégaler à côté, c’est dur.

Donne-nous une bonne raison de regarderVivement dimanche. Je n’arrive même pas à meconvaincre moi-même…

Ça fait quoi de ses journées, un délinquantmonégasque, pour passer le temps? Ça dragueles cougars pour se faire de l’argent de poche.

Qu’est-ce qu’on peut abandonner sur l’autorouteplutôt qu’un chien? Si je dis “ma femme”, elle vame taper! (Rires.) Donc je vais dire la feuille depréparation d’avant-saison.

Un conseil vestimentaire pour relooker AngelaMerkel? Vu qu’on dirait un homme, il faudraitqu’elle s’habille plus moulant.tPROPOS RECUEILLIS

PAR AYMERIC LE GALL / PHOTO: ICONSPORT

14  _ AVAN T-MATCH

PISCINE (ODE À STÉPHANEGUIVARC’H)

Petit poème en une-deuxavec Cédric Cambon, défenseur du Havre.

So Foot: C’est une oasisrectangle et bleueCédric Cambon: Où l’on peut

se sentir heureuxSF: Entourée d’un troupeau d’aoûtiens

CC: Qui ont laisséleurs serviettes de bain

SF: Parfum de monoï mêlé au chloreCC: Qui fait une peau multicolore

SF: Mais dans les flots une bataille navaleCC: Peut rendre ce moment

loin d’être idéalSF: Un gamin encore parti en trombe

CC: S’amuse à faire des bombesSF: Ce nageur de papillon

d’eau douce

CC: Dérange et éclabousseSF: Quand je vois cette guêpequi se noie

CC: Je jubile car ce ne sera paspour moi.

bPROPOS RECUEILLIS PAR ADRIEN RODRIGUEZ ARES /

PHOTO: ICONSPORT

CADAVRE EXQUIS

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REPRISE DEHAUTE VOLÉE

LIGUE 12 GRANDES AFFICHES EN DIRECT ET EN EXCLUSIVITÉ

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7/17/2019 So Foot Sep 2015

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Au commencement, il n’y avait rien. Ou pasgrand-chose: deux palmiers défraîchis, unepiscine vide à l’abandon et une bâtisse dequinze chambres à la décoration déprimée. Neufans après avoir repris La Fiancée du Pirate, unhôtel situé à Villefranche-sur-Mer, sur la Côted’Azur, Éric Dewilder, l’ancien milieu de terrain,mesure le chemin parcouru. “On l’a rachetéavec ma femme, en 2006, à une vieille dame quine s’en occupait plus. Il était pourri, il y avaittout à refaire. En plus, il n’avait pas d’étoile carelle ne voulait pas mettre de téléphone dans leschambres.”  Quelques coups de pinceaux plustard, l’établissement affiche fièrement troisétoiles sur sa devanture. Ainsi qu’un flatteur “8,7sur Booking, l’un des mieux notés du coin, et unedeuxième place de la régionsur TripAdvisor”. Signe quela clientèle, à 70 % étrangère,est conquise. Un succèscritique et commercial qui luifait oublier cette armoire àtrophée désespérément vide,et le change de son statut de

chat noir du foot français. Bloqué aux portes del’équipe de France –“J’ai été olympique, et deuxfois réserviste. À l’époque, ils présélectionnaient

 23 joueurs et ils n’en gardaient que 16” –,Dewilder se retrouve souvent dans le bon club…au mauvais moment. En 1984-85, il pige pourl’OM, l’année où le club remonte en D1 et finit17e. Il quitte le Sud pendant l’été pour Lens etne connaît pas les débuts de l’ère Tapie, quireprend les Phocéens au milieu de la saisonsuivante. Une malchance qui le poursuitlorsqu’il quitte Lens juste avant l’arrivée deGervais Martel pour rejoindre Tigana etCantona à Bordeaux, en 1988-89: “Tous les clubsfrançais me voulaient. J’ai choisi Bordeauxcar ça faisait huit ans de suite qu’ils étaient

européens. Et l’année oùmoi j’y suis, on finit onzième.C’est quand même pas dema faute!”  Pas plus quel’élimination, la même année,en huitièmes de coupe del’UEFA, face au Napoli deMaradona: “Thouvenel s’était

choppé à l’aller avec Crippa qui était un sanguin.Donc dans le couloir, en Italie, ils s’en mettentune. Et puis sur le premier tacle, Thouvenelmet coup de coude. Rouge, j’ai dû jouer milieudéfensif et arrière droit en même temps pendantquatre-vingt-cinq minutes.”  Passé derrière lestandard de son hôtel après avoir raccrochéen 1997, obtenu un diplôme de journaliste,été consultant pour Canal+, tenté l’expérienced’entraîneur (Rouen, Poissy) et bossé dans lacommunication, celui qui est passé par neufclubs français a gardé son tempérament de joueur: “J’étais relayeur, un mix entre Sauzée etToulalan. Un peu de Luis Fernandez aussi, pourles coups. J’ai marqué 30 buts, quand même, et

 je ne me laissais pas marcher sur les pieds. C’est pareil avec les clients. L’autre jour, un mec medit  ‘je suis déçu, la mer est loin’. Je lui réponds: ‘Si vous aviez bien lu notre site, vous auriez vuqu’on n’a pas les pieds dans l’eau, on est sur lamoyenne corniche!’ Si c’est blanc c’est blanc,si c’est noir c’est noir.”  Aujourd’hui, Éric et safemme sont prêts à laisser la main: “ Ça fait dixans. On a triplé le chiffre d’affaires, on va faireune belle plus-value puis acheter une affaire un

 peu plus classe.”  Vu ce qu’il se passe chaque foisque Dewilder met les voiles, c’est sans douteune très bonne nouvelle pour le futur repreneur.

RPAR RAPHAËL GAFTARNIK / PHOTO: ICONSPORT

BOUZARD RENOUVELLEMENT DE LICENCE

MAIS QU’EST-CE QU’ILS FOOTENT?

ÉRIC DEWILDER 

16  _ AVANT-MATCH

French Touch.

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CHARTS

 AU TOP DU HIP-HOP

1. Aritz Aduriz (Athletic Bilbao)Quatre buts contre le Barça, une supercouped’Espagne et la fin d’une disette de 31 anspour Bilbao. Et dire que son coéquipierSan José a voulu lui piquer la vedetteen marquant du milieu de terrain.

2. Emir Spahic (Hambourg SV)Débarqué de Leverkusen pour avoir frappéun stadier, le Bosnien œuvre désormaisauprès de ses coéquipiers de Hambourg:“Ferme ta gueule, sinon je t’en mets une.Vous feriez mieux d’écarter vos chattesde mon chemin.” 

3. Angel Di Maria (Paris Saint-Germain)Laurent Blanc voulait la belle rousse,De Bruyne, il s’est rabattu sur sa copinemoche. Mais paraît que c’est la beauté

intérieure qui compte. Et là, Di Maria ades arguments à faire valoir.

4. André-Pierre Gignac (Tigres UANL)Une finale de Copa Libertadores au

Monumental, un statut de star et déjàquelques buts au compteur. Et sinon,l’OM, ça va?

5. Giovani dos Santos (Los AngelesGalaxy)Ex-futur Ballon d’or du Barça, le Mexicaina quitté Villarreal pour la Californie.À seulement 26 ans, il est le plus jeunepréretraité de l’histoire du football.Juste devant Giovinco.

6. Sergio Agüero (Manchester City)Pour son premier match, le Kun a ridiculiséMourinho. La question se pose: et si l’anciengendre de Maradona était en fait le nouveauRomario?

7. Rivaldo (Mogi Mirim)24 ans, 14 clubs, 74 sélections avec le

Brésil, une coupe du monde et un Ballond’or. Rivaldo raccroche, malheureusement.À 43 ans. Au revoir, l’artiste.

8. Martin Hansen (ADO La Haye)

Marquer d’une talonnade acrobatique, c’estexceptionnel. Le faire à la 90e pour égaliserface au PSV quand on est gardien de but,c’est extraordinaire. Ali Ahamada peutrentrer chez lui.

9. Bafétimbi Gomis (Swansea City)Deux buts en deux matchs, une superentente avec André Ayew et aucun malaisevagal à signaler cet été. Tout va bien pourBafé. Pour l’instant.

10. Dirk Kuyt (Feyenoord Rotterdam)Après trois saisons au Fenerbahçe, il faitpleurer ses enfants en leur annonçantqu’il revient au pays: faut vraiment avoirFeyenoord dans la peau pour se réjouird’aller à Rotterdam.

Pour rembourser sa dette, la Grèce ne devrait-elle pas commencer par rendre son trophée del’Euro 2004? Elle devrait surtout continuer àne rien rembourser. Ou alors uniquement auxPortugais!

“Et j’ai crié, crié: ‘Aline!’, pour qu’elle revienne” …De position de hors-jeu? Non, simplement pourque Christophe, Dugarry évidemment, soigneson jeu de tête.

Les Réunionnais ont retrouvé un morceau d’ailedu MH370. Cool. Mais qu’en est-il du destinatairedu centre de David Ginola en 1993? Aucunenouvelle: les courants au Parc des Princessemblent moins porteurs que ceux de l’océanIndien.

Gignac a rejoint les Tigres de Monterrey. C’estpour fuir les bagarres de gitans sur internet ou le

succès de Kendji Girac? J’ai bien peur que ce soitpour l’oseille. Ou alors, c’est uniquement pour segaver de tacos.

Vous dites “Je bois et puis je danse”. C’est vraique le Brésil c’était mieux avec Ronaldinho etAdriano, non? Bordel, oui. Et boire et danser sousun soleil accablant autour d’un bon barbecue,c’est moins chiant que d’écouter la causerie deDunga. Avec ces deux gus, on pourrait rajouter“et puis je baise” …

La défense à trois de Marcelo Bielsa faisaitbeaucoup parler d’elle. Et vous, vous prenez quipour un plan à trois? Au moins Margarita, sonancienne patronne.

Lorient persiste à jouer sur son synthétique.Prochaine étape: un Vocodeur pour le speaker?Ouais, et l’éclairage à LED pour les projecteurs

du Moustoir.

Cet été encore, les filles ont postédes photos de leurs cuisses à laplage sur les réseaux sociaux.

Faut quel appareil pour prendrecelles de Martin Djetou? En modepanoramique, ça doit passer, mêmeavec un smartphone pourri, non?

Donc Benteke, ça vaut 46 millions,Sterling 68 et Jordan Ayew entre 14et 17. C’est donc vrai que pour centbriques, t’as plus rien? Faut bosser

sur du troc: je te prends ton Grenier boiteuxcontre ton Ben Arfa flamboyant. Il est bon, ceBenteke?

Benjamin Stambouli le Marseillais qui signeà Paris. Lassana Diarra le Parisien qui signe àMarseille. Nabil Fekir le Lyonnais va-t-il finir àSaint-Étienne? Hum, non, Aulas est gourmandet Romeyer est près de ses sous, bichette!Dommage, il aurait pu épauler habilementNolan Roux.

Lionel Messi aurait pris 3,5 millions d’euros pourun court séjour au Gabon. Scandale: il aurait pudemander bien plus, vous ne pensez pas? Aubon vieux temps de papa Bongo, il aurait palpébien plus c’est évident. Mais si ça peut lui éviterd’aller faire un match à la con à Djakarta contreune sélection des meilleurs joueurs indonésiens,il a bien fait de tendre la main.

Il paraît que Jon Snow n’est pas vraiment mort àla fin de la saison 5 de Game of Thrones. Du coup,le retour de Drogba à l’OM, c’est toujours dansles tuyaux? Oui mais gavé de poutine (un platquébécois, à base de frites et fromage, ndlr)!

Le dessin animé Vice Versa est un succès critique

qui remplit les salles de cinéma. Quel est le joueurque vous avez un peu honte d’aimer? Un rouquinsans tatouage, ou alors peu apparent: JonathanBrison. iPROPOS RECUEILLIS PAR PIER RE MATURANA / PHOTO:

PAUL ROUSTEAU

À écouter: La Vie Electrique, Aline, Pias.

En concert à la Cigale (Paris, 18 e) le 8 octobre avec H-Burnset Pharaon de Winter.

TENNIS-BALLON

 ALINEMarseille et son Olympique. Marseille et sa scène rap. Marseille et

son… (unique) groupe de pop rock, Aline, fondé par Romain Guerret,Arnaud Pilard, Romain Leiris, Jeremy Monteiro et Vincent Pedretti.Une fine équipe qui préfère attaquer à cinq que défendre à trois.N’en déplaise à Bielsa.

“Gignac est parti auMexique uniquement

pour se gaver de tacos”

18  _ AVANT-MATCH

Adurizde bon cœur.

Cinq mecs et pas de trace d’Aline…

7/17/2019 So Foot Sep 2015

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 – PAR CHARLES LAFON / PHOTOS: DR ET ADIDAS

CommeÖzil, vous

voyez desopportunités là

où les autres voient desimpasses.

Comme Oscar, vous êtes un peutrop bien sous tout rapport, ladéfinition même du gendre idéal.Un peu trop même, non?

Comme James Rodriguez: ça ne sert à rien dediscuter avec vous, vous avez toujours raison.

La meilleure défense,c’est l’attaqueen force.Une maximeadoptéepar GarethBale, et vousdonc.

PUBLIRÉDACTIONNEL – L’ARBRE AVEC DES “OUI” ET DES “NON”

QUELLE PAIRE DE CRAMPONSÊTES-VOUS?

Footballeur du dimanche, du samedi après-midi ou une fois l’an, qu’importe, la nécessité d’être bien équipé

ne se dément jamais. Parce que si l’habit ne fait pas le moine, on peut toujours espérer que la chaussurefasse le joueur. Non?

Il n’y a pas de mal à êtreun joueur de canapé.

Comme LuisSuarez, vouavez faim dsuccès, etne se dressur votrechemin.

Au lycée. Votre première relationavec Caroline était tumultueuse,celle avec Anne-Laure prometteuse.Mais ce mardi 3 septembre 2002,au moment où son nom a été appeléet qu’elle a rejoint les rangs de laseconde jaune, vous avez su queSarah était la bonne.

Aux JMJ. Vous avez eu letemps de goûter tous lesplaisirs du monde, mais

cette grande immaculée quetous s’arrachaient n’avaitd’yeux que pour vous.

Vous faites dans le challenge: changerde chaîne le plus rapidement possible,

ou tester la portée en s’éloignant deplus en plus. En tout cas, c’est du sacrématos que cette multifonction.

Elle ne marche plusvraiment à forced’être mâchonnée.

Qu’importe, le cycleWestern de Ciné+Classic vous convientparfaitement.

Pas la peine de nous agitervotre bonheur devant le nez.D’ailleurs, vous vous êtesrencontrés comment?

Vous êtes intarissable sur le sujetVous, vous regardez Arte, Discovevoire National Geographic ChanneMais quel est votre rapportà la zappette?

Comme ArjenRobben, vous

n’avez besoinde personne.

Tellement prévisibleque vous en devenez imprévisible.

Elle est parfaite pour moi,merci.

Tout le monde vous voyait enchaînerdemande-soupe à l’oignon-monospace?Vous êtes parti avec la stagiaire.Audacieux.

Docteur Livingstone je présume?

Vous aimez le monoski et lesolitaire. Si on ne s’aimait pastellement soi-même, on seraittoujours tout seul.

Vous êtes prévoyant. Mais attention à la routine.Sentimentalement, qu’est-ce que vous pouveznous dire?

Tel Bob Morane, vous êtesun aventurier. Au fait, plutôt Livingstoneou Jean-Louis Étienne?

Vous vous êtes laissé séduire par unevente flash d’Air France. Le mail était dansvotre boîte le jeudi 13 août à 17 heures.

Le lendemain à la même heure, vous étiezétendu sur le sable fin de Barcelone.

Du lundi 6 au dimanche 26 juillet,réservé depuis septembre dernier:l’assurance de choisir le meilleur.

Aucune chance que cette bicoque corseavec accès privé à la plage ne vouséchappe. Surtout à ce prix-là.

Vous n’avez pas osé demanderde congés cette année. Aprèstout, ça ne fait jamais que trois

ans que vous êtes dans cetteboîte, et vous sentez bien queça arrange tout le monde.

Ah, déjà la rentrée. À la machine à café,on vous vante la qualité du campingLes Roquilles de Palavas-les-Flots. 3,5 étoilessur TripAdvisor. Et vous, plutôt juilletisteou aoûtien?

CAMP DES ACE CAMP DES X

7/17/2019 So Foot Sep 2015

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“Bonan matêon al vi!”  martèle la sexagénaireplantée à l’entrée du Stadium Lille Métropoleen ce vendredi après-midi. “En gros, ça veutdire ‘Bon match!’ en espéranto” , explique-t-elle,radieuse et les mains pleines de prospectusvantant les mérites de la langue conçue en1887 par l’ophtalmo polonais Ludwik LejzerZamenhof. Une noble invention parlée“par deux à vingt millions de personnes danscent vingt pays différents” , afin de faciliter lacommunication entre les peuples de languesdifférentes. Il est 18 heures passées et, pouravoir le plaisir de goûter à la soupe de langues,il faut prendre un petit chemin, en l’occurrencecelui qui mène au terrain annexe, derrière legrand stade.

Une Premier League espérantoDans la tribune, près de trois cents spectateurs,espérantophones pour la plupart, sont venusassister au deuxième match de l’équipe de lalangue à la grammaire “vraiment très simple”  

selon l’un d’eux. Une rencontre organisée parla ville de Lille et la NF-Board, la ligue deséquipes non reconnues par la Fifa, à l’occasiondu 100e Congrès mondial d’espéranto. Micro enmain, le speaker local fait la présentation d’unetour de Babel représentée par des footballeursamateurs népalais, argentins, espagnols,allemands et même est-timorais. Unis parl’espéranto, et désunis par l’autre langueuniverselle –le football–, leur échauffementlaisse rapidement transparaître le fait qu’ils nese sont entraînés qu’une seule fois ensemble,la semaine précédant le match. Le début deLa Espero, l’hymne espéranto, met fin à laséance de stretching. Fiers de leurs maillotsverts flanqués d’une étoile verte, symbole de

l’espéranto, certains joueurs le chantent lesyeux fermés et la main sur le cœur. Commeles pros. Après un bref discours en faveurde l’indépendance du Sahara occidental,l’adversaire du jour, dont l’équipe est composéeen majorité de jeunes des Yvelines qui n’ont jamais vu leur pays, le coup d’envoi est donné.“Le premier match a eu lieu l’an dernier àBuenos Aires, et le score a été très mauvais pournous… Je préfère ne pas m’en rappeler , rigoleBruno, l’un des organisateurs. Le but, c’est defaire le lien entre les cultures. Le foot permetd’avoir un peu plus de visibilité. Il y a des intérêtséconomiques, militaires et politiques derrièretoutes les langues. C’est le cas, par exemple, avecl’anglais, le chinois, le français. Mais pas avec

l’espéranto.”  L’objectif d’ici cinquante ans? UnePremier League espérantophone. “C’est le défi.Il faut avoir des ambitions assez élevées” , assureBruno. Il s’agirait déjà d’avoir une défense: leSahara occidental vient de marquer un nouveaubut. 4-0, fin de la première mi-temps.L’occasion pour Dida Salem, le coordinateur desassociations sahraouis en France, de plaider lacause du Sahara occidental, ancienne colonieespagnole du nord-ouest de l’Afrique, territoirenon autonome selon l’ONU, et contrôléaujourd’hui à 80% par le Maroc et à 20% parle mouvement Front Polisario. “Notre peupleest opprimé par le Maroc et, sans le soutien del’Algérie, il aurait été anéanti” , assure celui quin’est visiblement pas venu pour causer quede football. Quoique. “L’un de mes meilleurssouvenirs de foot, c’est l’Algérie-Allemagne dela coupe du monde 1982. La veille du match,

Rummenigge avait fait le malin en conférence de presse en disant qu’ils allaient battre l’Algérie.Finalement, ça ne s’est pas passé comme ill’avait prédit” , s’émerveille Dida, le doigt levévers le ciel et le visage barré d’un large sourire.

“Des gros cons qui viennent tout gâcher” 

La mi-temps s’éternise. Un joueur de l’équipe duSahara revient des vestiaires à toute blinde, l’airpaniqué. “Il est où le président de la NF-Board?C’est quoi ce bordel?”  Ce bordel, c’est FlorentCosta qui le gère. Cravate de cow-boy texanautour du cou, le dirigeant encaisse de manièrediplomatique la furia du jeune footballeurvenu le houspiller: “Il y a eu des vols dans lesvestiaires, tout l’argent, tous les passeports ettous les billets d’avion ont disparu” , vocifèrela victime. L’heure n’est plus au folklore, àla fête ou au rassemblement. Étrangement,d’un coup, plus personne ne parle espéranto.“C’est sûrement du sabotage contre la causeespérantiste ou contre le Sahara occidental.Mais qui peut bien en vouloir aux Espérantos?”lâche le fondateur de la NF-Board, Jean-Luc Kit,un brin complotiste. La deuxième mi-temps estfinalement annulée à cause de ce fait divers. Augrand dam de Laëtitia, l’organisatrice argentinede la rencontre, assise dans l’herbe, le regarddans le vague: “On fait ça pour rapprocher les

 peuples avec plein de bonnes intentions, onfait ça pour la paix, pour s’embrasser les unsles autres et il y a des gros cons qui viennenttout gâcher!”  Jean-Luc vient la réconforter, à samanière: “Je soupçonne une complicité entrele gardien du stade et les voleurs. On lui a posé

quelques questions et il tremblait, je trouveça très louche.”  Il est 21 heures. Affublé d’unechemise à l’effigie de la CAN 2010, Jean Rosso,un spectateur angolais, range son drapeauespéranto et ses espoirs d’un monde meilleur. “Il

 y a encore du boulot” , lâche-t-il, déçu, avant dequitter le stade. Au loin, les sirènes de la Policenationale retentissent déjà. Les forces de l’ordreont été prévenues pour recueillir les premièresplaintes et témoignages. En espéranto? YPAR

ARTHUR CER F, À VILLENEUVE-D’ASCQ / PHOTO: AC

20  _ AVAN T-MATCH

INFILTRÉ

45 MINUTES

DE BONHEUR Le 31 juillet dernier, à Villeneuve-d’Ascq, une équipe de joueursespérantophones affrontait onze gamins représentant le Saharaoccidental, pour “rapprocher les peuples”. Problème: les bonssentiments n’ont finalement duré qu’une mi-temps…

“C’est sûrement dusabotage contre la causeespérantiste ou contre leSahara occidental. Maisqui peut bien en vouloiraux Espérantos?” 

Jean-Luc Kit, fondateur de la fédérationdes équipes non reconnues par la Fifa

Le voleur se cache peut-être sur cette photo…

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Les cages sont grandes ouvertes, le gardien estau sol. La balle est là, à trente centimètres. Il n’aplus qu’à la pousser au fond. Mais non. Le robotn° 3 est obsédé par le poteau gauche, qu’il cogneà l’infini. “Oh le con! Il se remet à confondrela balle et les poteaux. Je croyais qu’on avaitcorrigé ça. Merde!”  Olivier Ly, entraîneur del’équipe de France, gesticule sur le bord duterrain, mais reste impuissant. Les robots sontautonomes. Une fois le match débuté, cesmachines, avec une webcam en guise de tête,ne sont reliées à aucun ordinateur. Ils agissentseuls, grâce à l’intelligence artificielle. Un termeexcessif, vue leur performance. Si la Frances’impose 2-0 contre la Corée du Sud, c’est auterme d’un match de poule ennuyeux à mourir:aucune passe, deux buts chanceux et des bugs àrépétition. Le n° 2 n’a cessé de se vautrer le nezdans le gazon et le n° 4 a confondu adversaireset coéquipiers pendant toute la rencontre. “Ilsont des bugs, ça leur arrive souvent, éclaire

Olivier Ly, à la ville maître de conférence enmathématiques à l’université de Bordeaux. Leur vision du terrain est partielle, brouillée.Ils analysent le jeu grâce à des calculateursembarqués et, parfois, ils s’emmêlent les

 pinceaux. Les robots sont bien moins intelligentsqu’on le croit.” Pourtant, en 2050, ils affronterontdes humains. Et l’emporteront.

“Je pige rien au soccer”C’est l’intime conviction des organisateurs dela RoboCup, la coupe du monde de footballannuelle des robots. En ce mois de juillet,l’événement, qui accueille 47 équipes, setient à Hefei, une petite ville chinoise dedeux millions d’habitants, enfouie sous unecouche de pollution grisâtre, et dont le seulrestaurant valable semble être le KFC en facedu centre d’expositions, à en juger par lesmontagnes de buckets amassées autour desterrains. “En 1997, un ordinateur a battu lechampion du monde d’échecs Garry Kasparov.On souhaite faire pareil en 2050 avec lefootball. Regardez l’aviation, on est passédu deltaplane au franchissement du mur duson en moins de cinquante ans. En robotique,

ça va aller encore plus vite.”  Jacky Baltes,professeur d’informatique au Canada, dirige lecomité d’organisation de la RoboCup depuisla première édition, en 1997. Pour parvenir àson objectif, Jacky et ses collègues ajoutentdes difficultés tous les ans. Les ballons orange

fluo de la dernière édition ont par exempleété remplacés par des balles en cuir blanc,plus difficiles à percevoir pour des yeuxartificiels. “À chaque édition, on se rapprochedes conditions réelles de jeu. À l’avenir, on vaallonger la taille du terrain. Vous verrez, lesrobots seront de plus en plus rapides!”, assure-t-il. Pour l’instant, ils plafonnent à moinsde deux kilomètres/heure et les règles sontrudimentaires. “À la RoboCup, on ne compte pasles hors-jeu. C’est cool, parce que moi, je pige rienau soccer. Je sais juste qu’il faut mettre la balleau fond des filets”, synthétise David Freelan, un jeune informaticien, dents jaunes et cheveuxbouclés, aux manettes de l’équipe américaine.

Vendanges, queue-de-cheval et DGSIDerrière une apparente bonhomie, la RoboCupest une affaire sérieuse. Ces dernières années,les robots sont de plus en plus sophistiqués. Deplus en plus chers aussi: jusqu’à 250 000 euros,alors qu’ils ne savent rien faire d’autre que de jouer au foot. Du moins, pour l’instant. “Il va yavoir de multiples usages possibles. Les robots

vont bientôt être installés un peu partout: dansles maisons de retraite, dans les vignes pourfaire les vendanges…”, anticipe Ludovic Haufer,un ingénieur français. Son visage s’assombritquand il évoque un autre débouché possible:l’industrie militaire. “Si aujourd’hui, nos robotsarrivent à jouer au foot, demain ils serontcapables d’utiliser des armes et tirer à ballesréelles.”  Si seules des universités sont autoriséesà concourir, la paranoïa rôde autour des terrains.Certaines équipes, comme l’Iran, sont accuséesd’espionnage. “Vous trouvez qu’ils ont des têtesd’étudiants? Regarde, ils ont tous au minimum

 35 ans…”, persifle un jeune Letton, en pointantdu doigt la délégation venue de Téhéran. Unerumeur veut que des membres des services

secrets se cachent parmi les joueurs. “Le footballn’est qu’un prétexte. Derrière, les enjeux sonténormes, même chez nous. La DGSI (Directiongénérale de la sécurité intérieure, ndlr) vientrégulièrement se renseigner sur nos travaux” ,glisse Olivier Ly, en tirant sur sa cigaretteélectronique. Le coach a du temps devant lui:la France, comme l’Iran, ne fait pas partie desfinalistes de l’édition 2015. En robot-foot, l’Asieprend sa revanche, et les Japonais l’emportentsur les Chinois. Deux étudiants victorieux, ensandalettes à scratch, remballent leurs robotsdans des grosses malles noires. L’un des deuxs’arrête et demande: “Au fait, il y a combien de

 joueurs dans une vraie équipe de foot?”  IPAR

PIERRE-PHILIPPE BERSON, EN CHINE / PHOTO: PPB

“En 1997, un ordinateura battu le champion

du monde d’échecs GarryKasparov. On souhaitefaire pareil en 2050 avecle football”

22  _ AVAN T-MATCH

INFILTRÉ

GEEK AND RUSHChaque année, la RoboCup rassemble les meilleurs robots footballeurs

de la planète. Un événement qui se joue à coups d’algorithmes, devantles services secrets iraniens et entre des montagnes de buckets  KFC.

Moitié homme, moitié robot.

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24 SO FOOT  _ AVANT-MATCH

 JOUR APRÈS JOUR UN ÉTÉ DE FOOT ET D’AMOUR AVEC MARCELO BIELSA ET LE ZBOUB DE LENNY KRAVITZ

Mardi 21 juillet. Ivre, le consul général du Sénégal àMarseille est arrêté par la police en train de frotter sonsexe contre un compteur France Télécom. Bête de sexetoujours, Karim Benzema. Après son idylle médiatiqueavec Rihanna, le Français fait encore le buzz, un peumalgré lui, quand la sulfureuse Analicia Chaves, exd’Axel Witsel et “modèle” pour les clips de Flo Rida etBooba, dévoile sur son compte Instagram des photosintimes d’eux deux. Après le cochon, le porc: leséleveurs en colère bloquent les routes de France pourprotester contre le prix trop bas de la viande.

Jeudi 23 juillet. “Je suis encore vivant.”  Une journalistenantaise reçoit une lettre signée Xavier Dupont deLigonnès comprenant ces quatre mots fatidiqueset une photo de lui jamais divulguée dans la presse.Également disparu des écrans radars depuis sondépart pour l’autre bout du monde, Gignac marquepour les Tigres et qualifie son équipe pour la finalede la Libertadores. Sinon, la Nasa annonce avoirdécouvert une jumelle de la Terre à mille quatre centsannées-lumière et répondant au doux nom de Kepler-452b. Une bonne planque pour XDDL?

Vendredi 24 juillet. La guerre est déclarée entre NoëlLe Graët et Frédéric Thiriez: le comité exécutifde la FFF invalide le nouveau principe des deuxmontées/descentes entre la ligue 1 et la ligue 2.Pendant ce temps, un Français gagne la rondelettesomme de 40 millions à l’Euromillions. Ce Françaisn’est visiblement pas Vincent Labrune. Après avoirorganisé une grande braderie au début de l’été, l’OMenregistre deux arrivées sans sortir le chéquier:Lassana Diarra, libre, et Javier Manquillo, prêté parl’Atletico.

Samedi 25 juillet. Le Tour sous son plus beau jour:Pinot gagne en haut de l’Alpe-d’Huez tandis queFroome parvient à garder son maillot jaune malgré

l’attaque de Quintana. Cyclisme et stupéfiants, deuxsujets sans rapport. Pourtant, au même moment,la police met la main sur six tonnes de cannabisdans une villa aux abords de Marseille, une saisierecord. À Reims, une pauvre femme est tabasséepar quatre jeunes nanas qui n’avaient pas appréciéqu’elle bronze en maillot de bain dans un parc.L’Olympique Lyonnais s’est également fait dérouiller,mais par Arsenal. Les Gones perdent 6-0 et Greniersur blessure. À part ça, la France tombe dans legroupe des Pays-Bas et de la Suède pour les phaseséliminatoires du mondial en Russie. Pas un cadeau.

Mardi 28 juillet. La loi de la jungle: la justice donneraison à Jean-Marie Le Pen contre sa fille dansl’histoire du congrès extraordinaire destiné à exclure

le vieux borgne du parti. Le roi lion, Cecil, patriarchede la réserve de Hwange, au Zimbabwe, est tué à l’arcpar Walter Palmer, un dentiste américain qui devientimmédiatement l’homme le plus détesté du monde.Enfin sur Twitter, quoi. Pour finir, Snoop Dogg –ouplutôt Snoop Lion, vu les circonstances– est interpelléen Italie avec plus de 360 000 euros cachés dans destaies d’oreillers. Un fait divers qui tombe le même jour que la signature de Didier Drogba à l’Impact deMontréal.

Mercredi 29 juillet. Un enfant américain de 8 ans, ZionHarvey, devient le plus jeune greffé des deux mainsdu monde. Une prouesse dont les membres du staffmédical de l’OM vont devoir s’inspirer: Abou Diabyet ses 42 blessures sur les neuf dernières annéessignent officiellement à l’Olympique de Marseille.Autre annonce officielle, mais moins surprenante:Michel Platini, garant des traditions du foot et d’unevision romantique du jeu, annonce sa candidature àla présidence de la Fifa. Ah tiens, c’est le début des79es Fêtes de Bayonne sinon.

Dimanche 2 août. Selon un sondage réalisé par l’Ifop,69% des Français interrogés estiment que Zlatan estsurcoté. Autre tête de Turc, Yann M’Vila, toujours trèsen forme, aurait totalement détruit son appartementmoscovite, pour protester contre un systèmed’amendes contre les joueurs étrangers proche del’extorsion de fonds, avant de quitter le Dynamo pourrejoindre Sunderland. Cristiano Ronaldo s’y connaîtaussi en biens immobiliers: il vient d’offrir une îlegrecque en cadeau de mariage à son agent JorgeMendes. Qui va sans doute réussir à la revendre troisfois plus cher.

Lundi 3 août. Chacun occupe son été comme il lepeut. Alors qu’en Gironde deux hommes battent lerecord du monde de lancer de tong avec une marque

à 39,56 mètres, près de cinq millions de personnesse ruent sur Spotify afin de se caler le dernier sondes One Direction dans le casque. Résultat: Drag MeDown devient la chanson la plus écoutée de l’histoirede la plateforme en une journée. Down, comme laBourse d’Athènes, qui plonge de 22% pendant que lestouristes se la coulent douce. Pour être optimistes, leslocaux devraient peut-être faire comme ce Britanniquequi a décidé de se concentrer sur le jour d’après, ensimulant mille saisons de Football Manager. Bonnenouvelle: la France comptera vingt-deux coupes dumonde en 3015. On s’occupe comme on peut, hein.

Mardi 4 août. Chez Lexus, en revanche, ça bosse sévère.Ce mardi, le constructeur japonais dévoile la premièrevidéo de son hoverboard. Kezako, un hoverboard?

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“Jouer contreBordeaux, c’estcomme jouercontre le Barça”Vladimir Weiss, entraîneurdu Kairat Almaty

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Concrètement, il s’agit du skateboard de Marty McFlydans Retour vers le futur, et ça, ça fait rêver. S’ils n’ontpas encore les chaussures qui se lacent toutes seules,les joueurs de l’AS Monaco ont cassé les dents auxYoung Boys de Berne (4-0) à l’occasion du troisièmetour préliminaire retour de la ligue des champions.

Plus compliqué, le passage de ce Stéphanois chez ledentiste qui s’est terminé à l’hôpital après que celui-cia avalé la fraise de son médecin. À moins que ça nesoit le melon de Max-Alain Gradel, qui quitte enfin lesVerts pour Bournemouth, promu en Premier League,après avoir craché sur ses dirigeants sur les réseauxsociaux. C’est moins classe que Lenny Kravitz, dontles parties intimes ont involontairement fait coucou àla foule lors d’un concert en Suède.

Jeudi 6 août. Gratter, c’est ce qu’ont fait les chercheursde l’université de Hong Kong qui ont présenté lapremière mappemonde de la répartition mondialedes fourmis après quatre années de travail. Sinon,un Algérien a poursuivi sa femme en justice aprèssa nuit de noces. L’homme, qui se dit en “souffrance

psychologique” après l’avoir vue sans maquillage pourla première fois, lui réclame désormais vingt milledollars de dommages et intérêts. Pas de quoi se payerAngel Di Maria, enfin arrivé au Paris Saint-Germainpour 63 millions d’euros, mais suffisant pour s’offrirune choucroute alsacienne, menacée par la canicule

selon les agriculteurs. Si elle est en train d’avoir lapeau d’un plat traditionnel, la chaleur a définitivementeu raison du club d’Arles-Avignon, qui doit mettre laclé sous la porte.

Samedi 8 août. Le résultat de l’étude américaine del’université Drexel, à Philadelphie, est sans appel: lescouples s’envoyant des textos auraient des relationsplus satisfaisantes que les autres. Rien ne va pluspar contre entre José Mourinho et Eva Carneiro. LeSpecial One n’a pas goûté que son docteur rentre surle terrain, contre son avis, pour soigner Eden Hazard.À Marseille, l’OM est battu par Caen (0-1) au soir dela première journée de ligue 1. Dans la foulée, MarceloBielsa annonce sa démission à Vincent Labrune par lebiais d’une lettre et se tire de Marseille presque sans

“Pa besoind’inventer desviolons je suis etresterai kelkun

de vrai vousserez toujoursdans mon cœur”Yohan Mollo,sur Instagram

Quand, rageux, tu abandonnes la partie de Monopoly contre tes petits cousins.

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dire au revoir aux joueurs. Comme quoi, le sexto, c’estau moins bon pour la communication.

Lundi 10 août. Selon une étude de la Nasa, l’universest en train de mourir à petit feu. Plus incertain,l’avenir de Yoann Gourcuff, qui a été annoncé à peuprès partout en France depuis la fin de son contrat àl’Olympique Lyonnais. Partout, sauf à Locquirec, clubde district du Finistère, où l’on propose au meneurde jeu international un contrat difficile à refuser:quatre packs de bière par mois, un sandwich au pâtépar match joué et un open bar au bistrot du coin encas de victoire. L’intéressé ne s’est pas encore décidé,mais Islam Slimani, lui, ne foutra clairement jamaisles pieds dans ce petit club. Arrosé de champagne par

son coéquipier Marcelo Boeck après la victoire duSporting en supercoupe du Portugal, l’Algérien, qui neboit pas d’alcool, a pété un plomb avant de se prendreune douche à l’eau minérale. Comme Mariah Carey.

Mercredi 12 août. À Montpellier, ça sera Champomypour Lucie, 9 ans, qui vient de faire gagner 19 764,60 €à son père en ayant rempli une grille de Loto Foot auhasard. Sinon, les astronautes de la Station spatialeinternationale ont mangé une salade qui a été cultivéedans l’espace. C’est autre chose que le nouveau maillotaux motifs jambon du Deportivo Guijuelo, un club detroisième division espagnole. Pas sûr qu’Islam Slimanil’aurait porté, celui-là.

Vendredi 14 août. Alors qu’à Montréal, Stanislas

Wawrinka et Nick Kyrgios ont failli en venir auxmains après que le second a déclaré en plein match  “Kokkinakis a baisé ta copine mec, désolé de te le dire” ,en Chine, un cobra naît avec deux têtes qui veulents’entretuer. Sans lien de cause à effet, José Mourinhoa demandé à Eva Carneiro de ne pas être sur le bancde touche à l’occasion du prochain match des Blues. Ettant pis si Hazard se blesse vraiment.

Lundi 17 août. La sérieuse BBC dévoile que la CIA aretrouvé des cassettes audio d’Enrico Macias dans lesaffaires personnelles d’Oussama Ben Laden. EnricoMacias se dit “surpris”  et “choqué” . Ah bon? YohanMollo, qui n’a pas les mêmes talents de parolier,annonce son départ de Saint-Étienne sur son compteInstagram: “Pa besoin d’inventer des violons je suis et

resterai kelkun de vrai vous serez toujours dans moncœur”, explique-t-il. Une minute de silence pour tousles correcteurs d’orthographe du monde, merci.

Mercredi 19 août. Au pays de la malbouffe, un hôpitalde l’Ohio parvient enfin à se débarrasser d’unMcDonald’s qui squattait ses couloirs depuis vingtans. Autre nouvelle rassurante, l’OM, orphelin depuisle départ surprise de Bielsa, a trouvé un entraîneur:José Miguel Gonzalez Martin del Campo, dit Michel.Pour compenser, Tsipras démissionne et annonce desélections législatives anticipées.

Jeudi 20 août. Le foot peut rendre fou. Interviewépar L’Équipe, Marc Roger, ancien agent de Claude

Makelele, révèle qu’il a lui-même caillassé la voiturede son client pour accélérer auprès de Vigo sontransfert vers le Real Madrid. Plus déterminé encore,Alessandro Colombini, jeune Italien de 19 ans,fait deux mille cinq cents kilomètres pour filer àDerry City, en Irlande, rencontrer Patrick McEleney,illustre inconnu mais meilleur buteur de sa partiede Football Manager. Entre rêve et réalité toujours,Vladimir Weiss, entraîneur slovaque du Kairat Almaty,adversaire de Bordeaux en barrages d’Europa League,déclare que “jouer contre Bordeaux, c’est comme jouercontre le Barça” . C’est flatteur pour Wahbi Khazri.Moins pour Andres Iniesta.

Vendredi 21 août. On peut porter un maillot de footballà la ville et être un demi-dieu. C’est ce qu’ont prouvé

Spencer Stone et Alek Skarlatos en étant les deuxhéros de ladite “attaque du Thalys”, avec pour lepremier une liquette du Barça sur les épaules, et pourle second un maillot du Bayern Munich. Ces deuxmilitaires américains ont neutralisé un individu quise préparait à commettre une tuerie dans un trainreliant Amsterdam à Paris. Mais parce que l’on peutaussi porter le maillot de l’équipe B du Real Madridet manquer de respect à son club, le FinlandaisEero Markkanen est revenu de vacances avec dix-huit kilos en plus. Et si l’intéressé aime saucer sesplats, la Maison Blanche n’a guère goûté à sonmanque de sérieux. Markkanen devrait retournerà l’AIK Stockholm. L’autre Eero du jour. ,PAR SWANN

BORSELLINO ET PABLO GARCIA-FONS / PHOTOS: PANORAMIC ET IC ONSPORT

À Montpellier,Lucie, 9 ans,fait gagner19 764,60 € à sonpère après avoirrempli une grillede Loto Foot…au hasard

Le club bretonde Locquirecpropose uncontrat en or àYoann Gourcuff:quatre packs debière par mois,un sandwich aupâté par matchet un open-bar

au bistrot en casde victoire

26  _ AVAN T-MATCH

Mollo, mollo. Luiz David.“I’m not a gynecologist.

But I’ll take a look…” 

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Depuis quand est-ce que tu paries? Ça commenceà faire un petit moment maintenant. Je croisque ça va faire deux ans déjà. Avant ce groscombo, ça faisait quand même un mois que jen’avais plus parié vu qu’il n’y avait plus tropde matchs! Mais en temps normal, je parietoutes les semaines.

Il te vient d’où ce surnom? “La Badure”, ça vientdu petit nom que me donne mes amis. À labase, mon surnom c’est “Bada” mais tout lemonde a commencé à m’appeler “La Badure”.Du coup c’est resté…

Quand as-tu eu l’idée de tenter de réaliser unMortal Combo? La première fois que j’ai

vu ça, c’était sur Facebook. La page deWinamax publie régulièrement des photos de#MortalCombo , c’est-à-dire des combos quiont particulièrement bien marché pour lesparieurs. Sur le fil d’actualités, j’ai vu plein degros paris comme ça et je me suis dit: “Allez, j’y vais!” 

Tu t’étais renseigné sur les équipes ou ce n’étaitque du feeling? Non, je ne m’étais même pasrenseigné. J’avais tout fait par rapport auxcotes. D’habitude, quand je parie sur ce que je connais, je fais des plus petits gains. Là,au moins, je ne connaissais pas trop mais ily avait de belles cotes, donc de beaux gainspotentiels!

Tu regrettes de ne pas avoir misé plus? Il faut voirle côté positif: j’ai déjà eu un gros coup dechance cette fois alors je m’en contente. C’estdéjà bien!

Bien évidemment, en tant que grand amateurde football, tu connais sur le bout des doigts leséquipes sur lesquelles tu as parié… Bien sûrque je les connais! (Rires) Pour vous dire lavérité, c’était un énorme coup de chance. Jeconnais quelques équipes de nom mais après,le niveau des championnats, les joueurs qui y jouent et tout ça, je ne connais pas par cœurdu tout, mais alors pas du tout!

T’as misé sur l’Astra Giurgiu parce que tu savais quec’était une équipe solide qui avait fait tomber Lyon,pas vrai? Ouais, il devait y avoir un peu de ça…

Et tu connais bien entendu les classements del’AIK Stockholm et d’Elfsborg dans le championnatsuédois, hein? Ah, ça va être un peu compliqué.Je ne suis même pas sûr de pouvoir donner lenom d’un joueur de ces clubs! ( Rires )

T’as fait quoi avec tes 2 000 euros? J’aurais pufaire un tour d’Europe des clubs qui m’ont faitgagner pour les remercier! En réalité, j’ai toutmis de côté. Comme je suis à la recherche d’unemploi, ça m’arrange bien. En tout cas, ça m’abien donné envie d’aller voir des matchs enBulgarie, en Moldavie ou en Finlande ce pari,et de visiter un peu ces pays.

Puisque tous les matchs se jouaient entre 17h et20h, tu es resté scotché devant ton écran poursuivre les résultats? Non! J’ai appris que j’avaisgagné un peu plus tard. En fait, ce pari-là, jel’avais fait sur le portable d’un ami. Vers 20h, je lui ai redemandé son téléphone et j’ai vuque tout était passé. J’étais vachement surpris

quand même. J’ai regardé tous les résultatstrois fois avant d’être bien sûr et certain quetout était bon.

Quels conseils tu donnerais aux gens qui veulent slancer dans le pari sportif ? Moi par exemple, jeparie sur des matchs nuls quand je ne connaipas les équipes sur lesquelles je mise. Puisaprès, j’évite de prendre trop de risques. Jemise sur les équipes favorites. Un peu parrapport aux cotes et un peu au feeling, unsavant mélange!

Tu as parié à nouveau depuis? Oui, bien sûr.Mais je n’ai pas eu la même chance. Aucunpari n’a vraiment marché depuis. Après, avecla reprise des championnats, ça va repartir!Je vais pouvoir miser sur des équipes et deschampionnats que je connais mieux. Mais çane va pas m’empêcher de parier sur des petiteéquipes. Dans un petit moment, je vais pariersur la NBA aussi, que je suis attentivement.

Avant celui-ci, c’était quoi ton plus beau pari? Unefois, j’avais gagné 250 euros d’un coup, avecune petite mise de départ, c’était déjà pas maUne fois aussi, j’avais joué au Prophète, surWinamax. J’avais fini premier et empoché500 euros!

Tu as un club porte-bonheur? Je n’ai pas declub “bonne étoile” qui me fait gagnerrégulièrement. En revanche, je suis unsupporter lyonnais. Mais comme beaucoup dparieurs, j’évite de miser sur l’équipe que jesupporte. La saison dernière, ils m’ont plantéquelques fois, alors maintenant, j’arrête demiser sur Lyon. – PROPOS RECUEILLIS PAR GABRIEL CNUDDE

Le coin des parieurs

“Un savant

mélange de coteset de feeling” Joli coup! Jérémy Chavanel a remporté près de 2 000 euros en pariant deux euros, surWinamax, le 26 juillet dernier. Avec une mise de départ de deux euros et une connaissancepas si pointue que ça des championnats moldave et roumain, La Badure, son pseudo,reconnaît avoir eu un sacré coup de chance. Parce qu’il en faut toujours un peu, finalement

“Contre le PSG, ça s’est joué à pas grand-chose.

On a eu des occasions,mais on tape le poteau etEdel fait son match ”Sébastien Vaugeois, attaquant de Quevilly

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28  _ EN TR ETI EN

Alors qu’il n’a que cinq matchs pros et dix-huit printemps et demiau compteur, Morgan Schneiderlin quitte son Alsace natale pour les

bas-fonds du football anglais, ses terrains boueux et son kick and rush . Là oùbeaucoup se brûlent les ailes, lui gravit les échelons à son rythme et signe finalementcet été, à 25 ans, dans l’un des plus grands clubs d’Angleterre, Manchester United.Avec les Bleus et l’Euro 2016 dans le viseur. Face-à-face avec un joueur qui a su

enfiler les vissés au bon moment. Propos recueillis par Marc Hervez, à Manchester / Photos: Imago/

Panoramic, IconSport et Panoramic

“Le travail del’ombre est mieux

vu en Angleterre”

 C Après sept ans à Southampton, tu rejoinsManchester United cet été. Comment vois-tu le changement de dimension? On levoit dans les joueurs avec lesquels ons’entraîne, le coach, la pression, le centre

d’entraînement qui a été refait récemment, lesinfrastructures fantastiques… C’est la grande classe,

il y a tout. Mais je l’ai surtout senti en tournée, quand j’ai vu toute cette ferveur. Après ma signature, je suisdirectement parti aux USA. J’ai vu l’ambiance qu’il yavait autour du club, quand on a joué le Barça ou lePSG, ça hurlait pour nous. 80% du stade supportaitManchester United. Avec Southampton, on allait enAutriche ou en Hollande, mais il n’y a jamais eu detournée de ce type.

Tu as signé à Manchester juste après BastianSchweinsteiger, dans un effectif où il y a une grosseconcurrence au milieu de terrain… Quand un tel clubs’intéresse à toi, tu t’y attends. Je connaissais les joueurs qu’il y avait à mon poste, mais bon. J’avaiscette envie de connaître autre chose et de testermes limites. Je souhaitais aller dans une grande

équipe, ça ne m’a pas fait peur le moins du monde. Jevoulais faire ce grand saut. Je jugeais important deparler avec le coach, Louis van Gaal, avant de fairemon choix de club. On s’est appelés quand j’étais envacances. Ça a duré une bonne demi-heure et on n’aparlé que de foot. Les questions plus personnellessont venues plus tard, lorsque nous nous sommes

rencontrés. Il m’a expliqué son projet, ses ambitions,et qu’il pensait que mon style de jeu conviendraitbien à l’équipe. Il voulait aussi savoir si j’étais prêtmentalement à faire ce pas, car il y a beaucoupd’attente, et si j’avais le caractère. Bref, il m’a donnéconfiance, sans me garantir une place de titulaireassurée, bien évidemment.

Van Gaal est ton deuxième coach néerlandais en deuxans après Ronald Koeman. Est-ce que tu remarquesdes similitudes entre eux? Les deux veulent que leuréquipe joue au ballon, c’est une marque de fabrique.Ça reste deux coachs qui ont connu Barcelone, quece soit en tant que joueur ou sur le banc. Donc ilsveulent que l’on construise à partir de derrière. Après,dans leur gestion, ils sont différents: Koeman est plus

“Louis van Gaalest toujoursderrière les joueursà l’entraînement.Il veut toujoursla perfection.Van Gaal abeaucoup dechoses à dire, alorsque Koeman parleun peu moins”

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Morgan Freeman

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30  _ E NTR ETI EN

dans la gestion tranquille, alors que Van Gaal est plusstrict. Et il insiste beaucoup sur la tactique. Il y avaitaussi un peu de tactique à Southampton, mais moinsqu’ici. Louis van Gaal est toujours derrière les joueurs àl’entraînement. Il veut toujours la perfection. Van Gaala beaucoup de choses à dire, alors que Ronald parle unpeu moins.

Qu’est-ce qu’il te demande, à toi, précisément? On te voitmoins porter le danger qu’auparavant… Je dois protégerma défense, j’ai un rôle de piston avec Carrick, qui est

un grand joueur avec le ballon, qui sait orienter le jeu.Après, on a quatre grands joueurs devant nous, doncon est plutôt là en soutien, à les alimenter, et à eux defaire parler leur magie. Amener ce petit apport offensif,c’est important, mais pour l’instant, on sait qu’onn’est pas à 100%. Avec le temps, je vais me remettre àfrapper de loin. Mais le plus important pour nous, c’estde garder notre but inviolé, comme ça, il suffit d’enmarquer un pour décrocher les trois points.

Et en équipe de France? En 2014, Didier Deschamps teconvoque et tu participes au mondial 2014 dans la foulée.Il y a une grosse concurrence au milieu. Quelles sont tesambitions alors que l’Euro est dans moins d’un an? À labase, c’était clair, j’étais arrivé en équipe de France entant que réserviste avant la coupe du monde. Je devais

pallier en cas de blessure. Les entraînements collectifsavec le groupe se sont très bien passés, je suis rentréchez moi et j’ai été rappelé. À partir de ce moment, jesuis arrivé dans un groupe soudé qui s’entendait bien.J’ai envie de commencer tous les matchs, commetous les joueurs qui sont en équipe de France. Tout lemonde veut être titulaire, et ce n’est pas différent pourmoi. Mais ça passera par de bonnes performances.

Tu as signé ton premier contrat pro avec Strasbourg à16 ans, c’est extrêmement jeune. As-tu pris le melonsur le coup? Non, je suis toujours resté quelqu’un desimple. J’ai une famille et des amis autour qui m’onttoujours dit: “Le jour où tu prends le melon, on t’en metune.”  J’ai toujours été bien entouré, et c’est une chance.J’aurais peut-être pu le prendre, même si il n’y a pas

vraiment de raison de prendre la grosse tête à 16 ans,parce qu’on n’a encore rien fait. Quand j’ai signé cepremier contrat pro, mon objectif était de signer ledeuxième. Quand j’ai signé le deuxième, mon objectifétait d’aller dans un plus grand club, et ainsi de suite.Je me suis toujours fixé des objectifs progressivement, je me suis toujours remis en question. C’est ce qui m’apermis de garder la tête froide.

Tu as porté le numéro 100 lors du match amical célébrantle centenaire du RC Strasbourg. Il paraît que tu n’en aspas gardé un grand souvenir. Je suis quelqu’un d’assezdiscret, je n’aime pas être mis en pleine lumière.Porter le numéro 100 pour le match du centenaire duRacing, c’était un peu trop pour moi. La veille, je mesuis entraîné avec le groupe pro, j’avais 16-17 ans, onm’a dit: “Demain, il y a un match pour le centenairecontre Marseille, rends-toi aux vestiaires à 17 heures.”  Je suis arrivé, j’ai vu le numéro 100 avec mon nom,on a commencé à me chambrer: “Oh le pistonné” …Ils voulaient me faire plaisir, mais pour moi, ça n’a pasété un souvenir extraordinaire. Je n’ai jamais réussià savoir qui avait décidé ça, ni pourquoi c’est moiqu’on a choisi.

Tu viens de Zellwiller. Comment on s’occupe quandon a 15 ans et qu’on vit dans un village de sept centshabitants? C’est dur, j’avoue. On fait comme partout,on joue au foot. Mon père était gardien, mais moi, j’aitoujours voulu avoir la balle dans les pieds. Il faisaitle gardien de but dans le jardin, et je tirais. Autrefois,Zellwiller était à une demi-heure de Strasbourg, il n’yavait pas l’autoroute, maintenant ça se fait en vingtminutes. Je suis parti très tôt, vers 12-13 ans, pour aller

à Strasbourg. Je vivais à la maison, puis mes parentsou mon grand-père ou le père d’un pote m’emmenaientà Strasbourg pour les entraînements et l’école, ce quifait que je devais me lever très tôt, tous les matins à5 heures. Au bout de quatre mois, j’étais très fatigué.Avec mes parents, on a finalement pris la décisionde me laisser à l’internat là-bas. Puis après, j’ai intégréle centre de formation.

T’as été témoin de la chute du Racing Club de Strasbourg.Ça représente beaucoup en Alsace? En Alsace, tout lemonde supporte le RC Strasbourg. J’en ai été supporterquand j’étais jeune, et je le suis toujours d’ailleurs, je suis leurs résultats, je regarde certains matchs.C’est le club qui m’a lancé, quand même. C’est gros, leRacing. Quand tu fais plus de vingt mille personnes au

stade pour des matchs de National… Ça ne se voit paspartout. Les éducateurs du centre de formation ont faitun job parfait, ils nous ont toujours offert les meilleuresdispositions, que ce soit sur le sportif, l’éducation oula scolarité, afin de permettre aux joueurs d’atteindrele plus haut niveau. Mais c’est plus haut que ça a étémal géré. Il y a un président (Jafar Hilali, ndlr), qui afait tomber le club. Et voilà. Parfois, il faut tomber pourpouvoir remonter.

Il paraît que tu avais le maillot de Dunga. Quand on estjeune, on met des maillots d’attaquants ou de milieuxoffensifs… Mon numéro fétiche, c’est le 8, et à l’époque,le Brésil faisait rêver. Je voulais ce maillot quand j’étaispetit. Et le 8, c’était Dunga, donc je me suis mis à lesuivre. Mais c’était juste parce qu’il avait le numéro 8,

“J’ai une famille etdes amis autourqui m’ont toujoursdit: ‘Le jour où tuprends le melon, ont’en met une’ ”

La ficheMORGANSCHNEIDERLIN Né le 8 novembre 1989À Zellwiller1,84 m, 75 kg

Milieu de terrain

Clubs: Strasbourg (2006-2008),Southampton (2008-2015),Manchester United (depuis 2015)

International français9 sélections

Le don de Morgan.

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pas parce que j’avais un attrait particulier pour lesmilieux défensifs.

Comment atterris-tu à Southampton, à 19 ans? C’estquand même un saut dans l ’inconnu… J’avais passé unesaison blanche ou presque: j’avais fait cinq matchsde ligue 1, dont deux en tant que titulaire. Peut-être était-ce de l’impatience? J’avais envie de jouer, j’avais faim de ballon. À la fin de la saison, j’auraisd’ailleurs pu aller dans des clubs plus huppés. Puis,mon agent m’appelle un jour: “Est-ce que tu connaisSouthampton?”  Je connaissais de nom, je croyaisqu’ils étaient en Premier League, mais non. Ils avaient

un beau projet, la réputation de faire confiance aux jeunes et l’envie de remonter. J’avais envie de jouer.Strasbourg m’a donné l’autorisation de visiter lesinstallations, le coach m’a dit qu’il comptait me faire jouer, et voilà. À partir du moment où j’ai vu le terrainet le stade, pour un club de deuxième division, c’étaitdéjà fou. J’avais ce besoin de progresser physiquement,et l’Angleterre restait le championnat où je rêvais de jouer, donc je n’ai pas hésité longtemps. L’insouciancede la jeunesse m’a fait sauter le pas. Avec le recul, je medis que c’est venu au bon moment parce que ça faisaitdeux ou trois ans qu’on se posait cette question tous lesétés avec mon entourage. Mon agent m’appelait: “Telclub est intéressé.”  Je me disais: “Je ne suis pas prêt, jesuis encore trop jeune.”  Et puis je me suis lancé. Bon, lerêve, c’était la Premier League, pas le Championship.

À la fin de ta première saison, vous descendez entroisième division. T’as regretté ton choix, sur le moment?Je me suis posé beaucoup de questions quand onest descendus, je ne vais pas le cacher. Qu’est-ceque je vais devenir? Est-ce que je vais tomber dansl’anonymat? J’aurais pu partir, mais le club s’est faitracheter, et j’avais aussi cette envie de prouver quece n’était pas une erreur, notamment pour ceux quipensaient que j’étais allé là-bas pour l’argent. Je suisparti pour jouer au foot, et donc j’ai voulu montrer que j’avais fait le bon choix.

Tu connaissais Matt Le Tissier? Avant d’arriver à

Southampton, pour être honnête, non. Quand ils sesont intéressés à moi, j’ai regardé sur Internet, et j’aivu son nom. J’ai regardé ses vidéos. Ouch! Il étaitcostaud. Il n’avait pas de tablettes de chocolat, maisc’est une légende à Southampton, c’est incroyable.Les fans nous en parlaient beaucoup. Dans le stade,il y a une loge à son nom. Il venait de temps en tempsnous voir à l’entraînement. Il a refusé des clubs commeManchester United pour rester à Southampton.Beaucoup de gens m’ont demandé de faire la mêmechose que lui. Bon, je ne les ai pas écoutés! (Rires.)

À l’été 2014, tu n’as pas obtenu de bon de sortie alors quetu voulais partir. Tu t’es fâché, mais tu as quand même faitun gros début de saison, avec trois buts en huit matchs.J’ai toujours respecté Southampton. C’est le club qui

“À 18-19 ans, je nemangeais que despâtes le soir. Avan je ne mangeais pasle matin, etbeaucoup le midiet le soir. Jepensais bien faire,mais en réalité je grossissais”

À Southampton.

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“Je n’étudie pasmon pourcentagede passes réussies:je peux faire 100%de bonnes passesqui ne serventà rien”

32  _ EN TR ETI EN

m’a permis de me montrer en Premier League, et c’estgrâce à lui que j’ai progressé. Je n’allais pas me cacherpour autant, tout le monde savait que j’allais partir aubout d’un moment. Puis, quand le club m’a dit “Pascette année” , j’ai eu une discussion avec les dirigeants.Mais je me devais de faire mon boulot, pour le clubet mes coéquipiers, vu ce que je leur devais. J’avaistouché à l’équipe de France, et comme j’avais l’objectifd’y revenir, il fallait que je me remette au boulot etque je livre de belles performances. J’ai pris la paroledevant le groupe, je leur ai dit: “Voilà ce qui s’est

 passé” , et au final, personne ne m’a tenu rigueur de cetépisode. Les gens me comprenaient, tout en sachantque j’allais continuer à me battre pour le club.

À la fin de la saison, tu as été élu meilleur tacleur dePremier League. Comment as-tu pris goût aux duels?On m’a toujours dit que techniquement il n’y avaitpas de problème, mais à Strasbourg, par exemple, jen’avais pas cette agressivité. J’avais l’anticipation mais je finissais les matchs avec le short trop propre. On

me faisait remarquer que je n’allais pas assez au duel.Un milieu défensif ne doit pas que bien relancer ouressortir avec le ballon dans les pieds. Il fallait que j’enrécupère davantage, c’est Jean-Marc Furlan qui mel’a beaucoup répété. Et le tacle est devenu une arme.Ce n’est pas mon but de faire le maximum de tacles parmatch, mais c’est un bon moyen de récupérer le ballon.C’est venu comme ça, je n’ai jamais fait de sessionsspécifiques de tacles à l’entraînement. Et puis c’estun beau geste. À Southampton, il y avait un ancien,Paul Wotton, un hargneux qui n’a jamais joué plus hautqu’en deuxième division, qui ne faisait pas des chosesexceptionnelles avec le ballon, mais à l’entraînement,il me mettait des boîtes. J’avais du mal à supporter, je m’emportais un peu trop facilement à l’époque.Sauf que les Anglais adorent ces joueurs-là. Beaucoup

de men of the match sont des milieux de terrain. C’estbeau, ça montre que le public ne reste pas fixé que surun but. Le milieu, c’est un peu le moteur d’une équipe,et les supporters anglais le voient plus. Le travail del’ombre est mieux vu.

Tu surveilles tes statistiques? À une époque, je comptaisle nombre de ballons que je perdais. Résultat, je perdaisun ballon et ça me travaillait, alors je faisais la passela plus courte possible après. Aujourd’hui, j’ai changé.Mais je n’étudie pas mon pourcentage de passesréussies, si c’est la question. Je peux faire 100% debonnes passes qui ne servent à rien.

Vous êtes beaucoup de Southampton à être devenus

titulaire en Premier League aujourd’hui (Lallana et Clyneà Liverpool, Shaw à Manchester United…). Vous deviezvous balader à l’époque en Championship, non? Pas tantque ça. Bon, il y avait une génération dorée quandmême. On a progressé en Championship, on gardaitles éléments et on gagnait de l’expérience petit à petit.C’est un gros centre de formation, Southampton. LukeShaw, c’est un phénomène physique, il est tout de suitepassé dans le grand bain à 18 ans. Il y a évidemmentdes clichés quand on parle de troisième divisionanglaise, mais j’ai aussi vu des équipes qui jouaientvraiment au foot. Et j’en ai vu qui mettaient desparpaings, aussi! Je me souviens d’un match pendantla période de Noël, à Dagenham & Redbridge, terrainimpossible, que de la boue partout. Le coach est venuchez moi avant le match: “Morgan, je ne peux pas tefaire jouer.”  J’avais envie de jouer ce match, j’avais joué les trois d’avant, c’était le quatrième match desfêtes, je me sentais bien. Donc je suis étonné. “T’es un

 joueur qui aime avoir le ballon dans les pieds, mais là,tu ne vas pas toucher le ballon avec les pieds.”  J’étaistriste sur le coup. Mais une fois sur le banc, je me suisdit: “Ouf, merci.”  Les milieux n’ont pas touché le ballondu match! Le terrain était tellement mauvais que lesdéfenseurs, même quand ils avaient le temps, c’étaitboum, devant. C’était impossible de faire une passe.Mais au fond, ça m’a un peu touché dans mon orgueil, je me suis demandé: “Pourquoi moi je ne pourrais pas jouer ce genre de match?”  Et je me suis rendu compteque je n’étais pas assez costaud. Donc j’ai travaillé surce point-là.

En perdant du poids, notamment. Oui. Quand je suisarrivé en Angleterre, j’ai vu qu’avec le ballon, ça allait,

mais à la soixantième minute, j’étais carbo! À 18-19 ans, je vivais seul, et faire à manger, c’était difficile. Je nemangeais que des pâtes le soir. Avant, je ne mangeaispas le matin, et beaucoup le midi et le soir. Je pensaisbien faire, mais en réalité je grossissais. C’est un coachadjoint de l’époque, Dean Wilkins, qui m’a convaincu:“Écoute Morgan, t’es l’un des joueurs les plus talentueuxque j’ai vus, mais ce serait pour moi un gâchis total si jene te disais pas ça: il faut que tu fasses plus de muscuet que tu perdes du poids, ou alors tu vas passer à côtéde ta carrière.”  J’étais prêt à faire les efforts, mais je ne savais pas comment. Donc il m’a présenté unepersonne qui travaillait dans une entreprise spécialisée,et pendant six mois, je me suis fait livrer ma nourritureau club: petit déjeuner, déjeuner et dîner. Un truc perso,que j’ai payé de ma poche. C’était super cher, en plus.

Mais je ne regrette pas: aujourd’hui, ma masse grasseest incomparable.•

 PAR MH

“J’avais envie de prouver que ce

n’était pas une erreur, notammentpour ceux qui pensaient que j’étaisallé à Southampton pour l’argent”

Morgan de toi.

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namax propose les meilleures cotes selon l’étude Odoxa réalisée sur 5 419 matchs (football, tennis, rugby et basketball) du 01/01/2015 au 21/06/2015, no1 pour 55 % des cotes rele

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34  _ CO UVER TU RE – TOP 50

Le PSG va-t-il passer les quarts de la ligue des champions? Aston Villa va-t-ilintégrer la ligue 1? Manchester United va-t-il survivre à Louis van Gaal?

Les équipes de Milan vont-elles arrêter leurs conneries? Les Chinois sentent-ils le foot? La Belgique va-t-elle faire plouf à l’Euro 2016? Frédéric Thiriezet Noël Le Graët vont-ils réveillonner ensemble? Cristiano Ronaldo va-t-ildépasser les cent buts en une saison? L’exercice 2015-16 s’annonce excitant

comme pas deux. Surtout si on ne quitte pasdes yeux ces cinquante joueurs, entraîneurs,présidents, mascottes, tendances, parents,fils de, meufs de, nouvelles technologies,traîtres et revenants qui entendent bien mettrele souk ces dix prochains mois… Par la rédaction /

Photos: VI/Iconsport, Panoramic, IconSport et DR

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John Guidetti imite Balotelli.

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36  _ TOP 50

49DJIBRIL

CISSÉTout le monde n’a pas l’opportunitéde pouvoir marcher dans les pas etla fiche Wikipédia de David Ginola.Ainsi, Djibril Cissé sera candidatdans l’émission Danse avec lesstars, pour le plus grand bonheur deTwitter. Naturellement, les espritssectaires rappelleront à celui qui

aime taquiner les platines quedanser est le déshonneur des DJs.Et danser avec une broche dans la jambe droite et plus de ménisqueau genou gauche?Fait d’armes 2015-16: qualifié pourles demi-finales, Djibril exécuteson célèbre double-salto, pour leplus grand plaisir de Jean-MarcGénéreux. Malheureusement, il ratesa réception: fracture tibia-péroné.Note artistique, 9. Note technique, 0.NKM

48CÉLIA

JAUNATCélia Jaunat est née le 27 mai 2015.Alors que Grzegorz Krychowiakcélèbre, ému, le premier trophéede sa carrière, une Europa Leagueglanée avec le FC Séville, lemonde s’attarde sur la personnequi l’accompagne. Une jolie brunede 22 ans, de 1,68 m mais aux jambes infinies. La Bordelaise,qui a rencontré Grzeg quand ilétait au centre de formation de

Bordeaux, voit sa popularité suivrela même courbe que la carrière de#maperfection, comme elle l’appellesur Twitter. D’ailleurs, elle a biencompris l’intérêt des réseaux sociauxpour se faire un nom, et nourritassidument son profil Instagram enselfies, shootings professionnelset vidéos dans sa piscine façonUrsula Andress. Curieusement, labelle se demande encore pourquoion lui demande plus de photosque d’autographes dans les ruesd’Andalousie.Fait d’armes 2015-16: après quelquespiges pour SFC TV, la chaîne télé

du club, Célia est recrutée parTelecinco, pour remplacer cetteringarde de Sara Carbonero. ME

47LE GAZÉLEC

AJACCIOQuatre montées en cinq ans,des mecs qui étaient amateursil y a peu, Christophe “Poussin”Meslin en attaque avec GrégoryPujol, Bréchet et Ducourtiouxen défense, des vaches prèsdu centre d’entraînement, unarrière hipster qui s’appelleRodéric et rêve d’être chauffeurpoids lourd, un stade restaurémignon tout plein, un président

grande gueule qui se nommeFanfan Tagliaglioli, des hommesd’affaires du cru et ChristopheEttori, le directeur sportif quipose sur le net avec des lunettesde pubard et un improbablemanteau de fourrure. Besoind’une autre raison de suivre leGaz’ cette saison?Fait d’armes 2015-16: ChristopheEttori fait venir Nicolas Anelkaau mercato hivernal. “J’ail’impression que je suis mieuxcompris en Corse qu’en France” ,déclare l’attaquant pour sapremière conférence de presse.

Le pire, c’est qu’il a sans douteraison. RC

50LES

RANGERSDepuis 2012 et la relégation desRangers, la Scottish Premiership,privée de Old Firm, a le goût d’unebière sans bulle. Sauf que cetteannée pourrait être la bonne.Après quatre saisons dans lepurgatoire, les Gers retrouverontvraisemblablement l’élite en 2016-17… après avoir raté la montée l’andernier en finale des barrages.Pour ne plus louper le coche,le nouveau board a recruté enconséquence, se servant à Wigan,Heart of Midlothian et mêmeManchester United. Surtout, unnouvel entraîneur, Mark Warburton,

a été nommé. “C’est l’un des coachesanglais les plus prometteurs, assureDon, supporter depuis cinquanteans. Son équipe est tournée versl’attaque. C’est plaisant à regarder.”  Jusqu’ici, les trois premiers matchsse sont soldés par trois victoiressur des scores de tennis et Ibrox estplein à craquer. Pendant ce temps,le Celtic se prépare à son cinquièmetitre consécutif.Fait d’armes 2015-16: le club vaencore perdre en barrages etdeviendra progressivement unhonnête club de deuxième division.Faudra s’y faire. AC

Oh, la belle belette!

Sandwich Jaunat.

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45LA

CHINEQuand les Japonais d’IndexCorporation reprennent Grenobleen 2004, ils se donnent pourobjectif la ligue des championsd’ici 2015. Raté: le GF38 végèteen CFA et les Nippons ont quittél’Isère avec du goudron et desplumes. Les Chinois de Ledus,société spécialisée dans leséclairages à base de LED, ontfait eux profil bas au moment deracheter à PSA le FC Sochaux-Montbéliard. Son président, LiWing Sang, parle de remonter enligue 1 et assure vouloir “garderla culture du club et continuerson histoire” . Il n’empêche quel’événement est historique : le clubdoubiste devient le premier en

Europe entièrement contrôlé parun groupe chinois. Et le footballfrançais de se rêver à courtiserd’autres investisseurs venus del’Empire du Milieu. D’ailleurs,Alain Perrin, sélectionneur del’équipe nationale depuis 2014,a été désigné ambassadeurpour attirer le public chinois enFrance lors du prochain Euro.“Le président Xi Jinping est unamoureux du football, c’est un fan”, assure le technicien. Manque plusque les boîtes de Ferrero Rocher.Fait d’armes 2015-16: en février2016, Christophe Maillol,l’éphémère repreneur du Havre,assure disposer des fondsnécessaires pour racheter l’OM.“J’ai un accord de principe d’unedes dix plus grosses entrepriseschinoises, j’attends juste un faxde confirmation pour verser les120 millions d’euros à MargaritaLouis-Dreyfus. C’est une questionde jours.”  Le temps de négocier letransfert d’Adriano. AP

46LE

FBISans le FBI, Sepp Blatter iraitau bout de son cinquièmemandat de président de laFifa. Malheureusement pourle Suisse, les Américains necomptent pas cesser de fouiller

les comptes en banque et autresrécépissés Western Unionde tous les dirigeants de laConcacaf, tout en ne perdant pasespoir de retourner quelquesrepentis désireux de voir leursgosses grandir. Et dire qu’ils necomprennent même pas la règledu hors-jeu…Fait d’armes 2015-16: le FBIfinit par obtenir l’extraditionde Nicolas Sarkozy pour avoirun éclairage sur l’attribution dela coupe du monde au Qatar.Dans la foulée, Carla Bruni crieau scandale sur le plateau deVivement Dimanche et BrunoLe Maire gagne 30 pointsdans les sondages. Il est là, lecandidat naturel de la droite auxprésidentielles de 2017. NKM

43LA

MLSGerrard, Kaka, Pirlo, Lampard, Raul,Villa, Drogba, Giovinco, Giovani,Jay-Z, Tom Cruise, Beyoncé,Beckham, des stades qui accueillent40 000 personnes en moyenne, destracés de foot US sur les fields desoccer, un derby de New York, desdéfenses en papier mâché et aucunerelégation. Ceux qui vont au cinémapour voir Transformers, Avengers et X-Men vont être ravis. Ceux quipréfèrent la lenteur, la dramaturgieet les plans-séquences d’un bonMichael Haneke, un peu moins.Fait d’armes 2015-16: à l’intersaisonhivernale, largué en championnatet éliminé de la C1, les dirigeantsémiratis de Manchester City font lagueule. Aux grands maux les grandsremèdes, ils virent Pellegrini etrapatrient de leur club new-yorkaisLampard (encore), Pirlo et Villa.Invité à s’indigner de ce départmassif pour la MLS, Didier Drogbaévoque une “tabernacle disgrâce” . RD

44MEZUT

ÖZILParaît qu’il est devenu nul. Pourtant,Joachim Löw l’a aligné tout au longde la coupe du monde, et Guardiolaa fait le forcing pour le récupérer auBayern. Peu importe, la nonchalancedu meneur pousse encore certainsspécialistes à affirmer qu’Arsenalévolue à 10 quand il est sur le terrain.À dire vrai, Özil est tout simplementdevenu le nouveau joueur le plusclivant du foot mondial, devantJavier Pastore. Pour certains, c’estun génie. Pour d’autres, une arnaqueaux yeux globuleux. Verdict à la finde la saison.Fait d’armes 2015-16: à force de faireles gros yeux à Olivier Giroud quivendange ses offrandes, ils finissentpar réellement sortir de ses orbites.L’Allemand termine la saison avecun œil de verre. Ce qui reste moinshandicapant que les jambes enmousse de son avant-centre. RC

“Fous ta cagoule, ouais,

fous ta cagoule.” 

West Coast.Boule et Bill.

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38  _ TOP 50

41GARY

MEDEL CHIEN MÉCHANTIl mord, il ronge, il tacle, il harcèle, il triture,il épuise… Sans surprise, il n’existe aucune vidéodes plus beaux gestes de Gary Medel sur la toile.Pourtant, avec l’Inter Milan, le héros national chiliena ringardisé le rôle de milieu défensif. Portrait d’unfou qui ne se lasse plus de mettre l’Amérique duSud, l’Italie et bientôt toute l’Europe à ses pieds.

 . Il fait partie de ces gens qui ne secontentent pas de dire qu’ils n’oublientpas d’où ils viennent. Malgré sesmillions et son train de vie de nouveau

riche, Gary Medel ne loupe jamais une occasionde revenir se ressourcer dans le coupe-gorge oùil a survécu jusqu’à son adolescence. Alors queses coéquipiers de sélection s’envolent pour lefarniente de la République dominicaine pour fêterune Copa America remportée à domicile au débutde l’été, le milieu de terrain du Chili préfère resterà l’ombre du seuil de pauvreté de Palmilla de

Conchali, où vivent toujours ses parents. Sur place,Medel distribue des autographes aux enfants,des embrassades à ses ex-voisins et quelquestapes dans le dos à ses potes, avant de chausserdes runnings pour taquiner la balle sur le terrainen ciment où il a effectué ses premiers pas. Sesvoisins, ravis d’affronter l’enfant du pays, n’en sontpas sortis indemnes pour autant. “Il a joué commecontre l’Argentine: si le ballon passait, l’hommene passait pas” , se souvient avec douleur l’un dessparring-partners du quartier. La veille, en finalede Copa America, Medel avait pris autant deplaisir à museler Messi, et l’attaque argentine, à luiseul. Pas un mince exploit pour un homme taillécomme une statue de l’île de Pâques. Malgré sonphysique de carreleur et sa tête de taulard, Medel

s’est pourtant imposé partout: en Amérique duSud comme en Europe. Chez les prolos et chez lesaristos. De Boca à Séville en passant par Cardiff etl’Inter Milan, Medel a toujours fait face à n’importequi. Et surtout, à n’importe quoi.

“Il mordait les mollets” 

Plus que son talent balle au pied, c’est son goûtdu combat et du sacrifice qui a permis à Medelde devenir la coqueluche du public et de sesentraîneurs. Pas étonnant donc qu’il ait été le joueur de champ de l’Inter le plus utilisé la saisondernière par Mancini, et qu’il devrait encore l’êtrecette année. Pas étonnant non plus que son nomapparaisse en bonne place dans le hall of fame des

socios du FC Séville. “Au Sanchez Pizjuan, c’étaitl’idole. C’est un joueur pour le public, il l’a très viteconquis par son activité et son côté bagarreur.Il ne donnait jamais un ballon pour perdu. Samanière de jouer reflétait un peu le caractèrechaud des Andalous” , se rappelle Julien Escudé,son partenaire dans le sud de l’Espagne. Véritablestakhanoviste, celui qui rabote les chevillesde ses adversaires se fait très vite un surnom:“le Pitbull”. “Il ne lâchait jamais rien, s’extasieencore Escudé. Comme il est petit et qu’il a uncentre de gravité très bas, il était toujours dans les

 jambes des joueurs, à leur mordre les mollets. À la80e minute, quand on était tous carbonisés, il étaitencore là, à se battre en un contre un sur les côtés.Il s’accrochait, restait au duel sur quinze, vingtmètres et ressortait avec le ballon.” Et souvent avecquelques cartons rouges. Il faut dire que le Chilienest plutôt de ceux qui restent quand ça se disperse.Cette faculté à être dans l’œil du cyclone remontedu temps où Mario Lepe était son entraîneur àl’Universidad Catolica. Pour son baptême du feuchez les pros, Medel a la lourde tâche de contenirMarcelo Salas… Excité par l’odeur du sang, le jeunerookie met en boîte l’attaquant de l’Universidadde Chile, avant de se faire expulser. “La veilledu match, un journaliste lui avait demandé s’ilétait impressionné de marquer Salas. Gary avait

répondu que s’il devait mettre des coups pourl’arrêter, il n’hésiterait pas. C’est ce qui s’est passé:il a été expulsé après une très grosse faute surlui” , se souvient, hilare, Lepe. Depuis ces débutsen fanfare, la liste des victimes tombées sous lescoups de Medel s’est évidemment allongée.

Le ingue sur la tempe

Pour comprendre d’où vient l’agressivité del’international chilien, c’est à la Palmilla deConchali qu’il faut se rendre. C’est ici, dansce quartier de maisons basses et d’impassesmalfamées, où l’on se balade le flingue à laceinture, où les narcos ont pignon sur rue, queMedel tourne, plus jeune, le dos à une carrière de

42CARPI

FCEn validant son billet pour laSerie A dès avril dernier, leCarpi FC passe de la cinquièmedivision italienne à l’élite en sixans. Pour tenter de survivre, lesbanlieusards de Modène ont enrôléquelques tricards chez les grossesécuries, comme Marrone et Bianco

(Juventus), Bubnjic (Udinese) ouMatos et Lazzari (Fiorentina). Ils ontégalement fait quelques achats plusexotiques comme Wallace, prêtépar Chelsea, le Polonais Wilczekou le Suisse Fedele. Pour que le feelgood movie soit crédible, l’équipepourra toujours compter sur Poli etDi Gaudio –membres de l’épopéedepuis 2010–, ainsi que sur sonbuteur nigérian, Jerry Mbakogu,auteur de 27 buts lors des deuxdernières saisons. Mais la vraie bellehistoire, c’est celle de l’entraîneur,Fabrizio Castori, arrivé sur le bancde Carpi en juin 2014, après avoir

annulé sa venue au MetalurgDonetsk au moment où la guerreéclatait en Ukraine. Finalement,les gars de Carpi n’ont qu’un seulproblème: l’impossibilité d’unenouvelle montée en fin de saison.Fait d’armes 2015-16: alors que leconte de fée se termine par unerelégation, Hervé Vilard porteplainte contre les 48 médias quititrent “Carpi, c’est fini.”  ME

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dealer qui lui tend les bras. “Sur le pas de sa porte, il y avait des trafiquants de drogue. Quandil dit qu’il aurait pu être narco s’il n’y avait paseu le football, il ne déconne pas” , soupire Mario

Lepe. C’est avec la sélection chilienne des moinsde 21 ans que l’entraîneur José Sulantay penseavoir compris le mode de fonctionnement deMedel: “La Palmilla, c’est le genre d’endroit oùtu ne peux pas tendre la joue. Il y a appris àattaquer avant d’être attaqué, à réagir pour ne

 pas paraître faible.” Parfois au risque de sa vie.Avec le Sabino Aguad, le club de son quartier,Medel connaît en effet les joies du pistolet surla tempe. Plutôt que de supplier celui qui n’apas goûté un tacle trop appuyé de lui laisser lavie sauve, le Pitbull, qui n’est alors que lycéen,l’exhorte plutôt à appuyer sur la gâchette: “Vas-ytire, connard!”  Une anecdote qui résume à elleseule l’état d’esprit du défenseur nerazzurri. Etqui explique son intégration difficile dans les

équipes de jeunes de la Catolica. À l’époque,celui qui s’enquille deux heures de bus encompagnie des femmes de ménage et desemployés de banques pour rejoindre le centre

d’entraînement du club effraie ses formateursavec son air d’enfant sauvage. “Il parlait très peu, il mordait quasiment. Il émettait des sons plus que des mots” , confirme Alfonso Garces,l’homme qui l’a découvert. Si le joueur enchaîneles expulsions comme les bons matchs, soncomportement de bad boy fait débat. En 2007,Medel, fraîchement titulaire à la Catolica,participe à une baston à la sortie d’une boîtede nuit de Santiago: “J’étais à deux doigts de levirer de l’équipe. On a eu une discussion musclée,et j’ai finalement estimé qu’il avait droit à uneseconde chance, qu’il a su saisir” , rembobineSulantay. Bien lui en a pris, puisque Medel estl’une des stars de la coupe du monde des moinsde 20 ans, qu’il termine avec le bronze autour

du cou. Deux ans plus tard, alors qu’il organiseune fête chez lui, une jeune fille de 18 ans meurten tombant du balcon de son appartement.Le joueur est interrogé par la police avantd’être innocenté. Sa réputation sulfureuse etson talent trop à l’étroit pour le championnatchilien le poussent à rebondir en Argentine, àBoca Juniors, où il devient vite une idole de laBombonera. Comment? En signant un doublécontre River… avant de se faire expulser pourune altercation avec Marcelo Gallardo.

“On va saluer les gens,enculés!” Mais Gary Medel construit véritablementsa légende en sélection. Notamment lors duhuitième de finale du mondial brésilien. Malgréune déchirure musculaire, le Pitbull est alignéd’entrée et annihile Neymar et Fred, avant desortir sur civière en prolongations, les larmesaux yeux. Malgré l’élimination des siens, il ravità Vidal et Sanchez le rôle d’idole nationale. Lesgraffeurs chiliens le dessinent chevauchantun dinosaure sur un mur de Santiago,

les internautes inventent les Gary Medelfacts, et des plaisantins rebaptisent l’écolemilitaire nationale en “école Gary Medel”. Sapopularité atteint son climax lors d’un matchnul décevant face au Mexique en phase depoules de la dernière Copa America. Alorsque ses coéquipiers s’apprêtent à rentrer dansles vestiaires, Medel leur aboie: “On va saluerles gens, enculés!”  La vidéo devient virale etn’échappe pas à la présidente Michelle Bacheletqui, en délicatesse avec sa cote de popularité, nemanque pas de réaliser un selfie avec le joueur.Si Medel fascine autant ses compatriotes, c’estavant tout parce qu’il est le reflet fantasmé del’identité chilienne, selon Sulantay: “Quandles conquistadors espagnols sont arrivés ici,

ils sont tombés sur la tribu des Mapuche, quiétaient imprenables. Ils n’ont jamais réussi àles vaincre. Ce sont nos ancêtres, et cela a créédes caractéristiques que les Chiliens adorent:être forts, durs, imprenables, lutteurs. Medel estcomme ça, il a toujours eu ce courage, ce côté duau mal qui plaît à tout le monde ici.” Parce quemême les pitbulls ont besoin d’affection.Fait d’armes 2015-16: Medel pète un câble lorsdu derby milanais en déchirant le maillot deJérémy Ménez avec ses dents. Sorti par Manciniavant la fin du match, il se réfugie dans leparking du stade où il se calme en démontantdes pneus. Puis en les mangeant. Des imagesinsoutenables.

•PAR ARTHUR JEANNE, À SANTIAGO

DU CHILI / PH OTOS: ICONSPORT

“Sur le pas de sa porte, il y avaitdes trafiquants de drogue. Quandil dit qu’il aurait pu être narco s’in’y avait pas eu le football, il nedéconne pas” Mario Lepe, son coach à

l’Universidad Catolica

Presque!

Gary the Dog.

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37IVAN

RAKITICIvan Rakitic a des airs deFrodon Sacquet, du Seigneurdes Anneaux, mais en blond.Si, si. Il a parcouru avec sonanneau les monts helvètes, les

usines de Gelsenkirchen, lesdéserts andalous et les plagescatalanes, et personne ne l’a jamais empêché de briller.Homme du match de la finaled’Europa League en 2014 avec

le FC Séville, le Croate s’estfacilement incrusté dans l’équipetype de l’édition 2015 de laligue des champions avec leFC Barcelone. En toute logique,le milieu polyvalent devrait ànouveau remporter une couped’Europe différente en 2016. Cequi complique dangereusementles plans de Didier Deschamps.Fait d’armes 2015-16: Ivan leTerrible remporte un nouveautriplé avec le Barça et emmènela Croatie en finale de l’Euro enfinissant meilleur buteur de lacompétition. Évidemment, c’estLionel Messi qui finit ballond’or. MK

40  _ TOP 50

40ANDRÉ-PIERRE

GIGNACEt si, en s’engageant chez les Tigresde la Universidad Autonoma deNuevo Leon, basés à Monterrey,André-Pierre Gignac avait fait lemeilleur choix de carrière du 21e siècle? Comment ça? Un contratentre 4 et 5 millions d’euros par ansur trois saisons, plus une quatrième

en option, des stades pleins, desambiances de malades, des équipescompétitives, loin du Qatar, de l’Indeou de la Chine et un beau numéro 10sur le dos. Peu importe donc s’il doitvivre reclus, la troisième plus grandeville du Mexique étant réputée pourla qualité de ses kidnappings et sonnombre croissant d’homicides…Fait d’armes 2015-16: Gignacdécouvre les burritos. Mais dansla ville qui a abrité Manuel Uribe,l’homme le plus gros du monde avecun poids homologué par le Guinness des records de 597 kg, personne nelui en tient rigueur. ME

39LE FOOTBALL

RUSSES’il y avait des interrogationsautour de l’intérêt pour laRussie d’organiser la coupe

du monde 2018, il n’y avaitaucun doute sur le fait qu’ellese déroulerait sans encombre.Sauf que depuis, la guerre enUkraine est venue crisper un peuplus des relations déjà tenduesavec l’“Axe du Bien”. Résultat:des sanctions économiquesqui tombent, des échangesmarchands ralentis, le roublequi s’écroule et les membres ducomité d’organisation du mondialqui desserrent la cravate ets’épongent le front avec. Cet été,le budget a été revu à la baissede 500 millions d’euros. Certains

nouveaux stades, comme celuide Saint-Pétersbourg, ont prisun retard considérable. Dans lafoulée, le sélectionneur nationalFabio Capello a été limogé pourliquider son salaire annuel à septchiffres et la nouvelle saison duchampionnat a démarré sansrecrue stars. Valbuena parti,le Dynamo Moscou a réduitla voilure, comme auparavantla comète Anzhi Makhatchkala.

Le pire? Tout le monde s’en fout.D’après un récent sondage, 73 %des Russes interrogés se disentindifférents au football. Unpourcentage en hausse de quinzepoints en un an. Ce qui veut biendire qu’il faut garder un œil surMoscou…Fait d’armes 2015-16: l’équipenationale est reprise en main parPoutine en personne, qui décidede confier les clés de l’attaqueà Robert Lewandowski pourpréparer le mondial à domicile.Comment ça la Pologne est unpays indépendant? RD

18 ans, et déjà du lourd: deux fois meilleur buteur parisien de la liguede la jeunesse de l’UEFA, l’équivalent de la C1 pour les moins de19 ans, et un titre de “Titi d’or” en 2014, récompensant le plus grandespoir du PSG. Cette année, l’homme aux trois prénoms doit se faireun nom. Si ça se passe bien, JKA pourrait même devenir le symboled’un centre de formation enfin au niveau, avec de jeunes joueurscapables de concurrencer les blockbusters de l’équipe première.Pas à la portée du premier Bahebeck venu, en somme.Fait d’armes 2015-16: JKA empile les pions jusqu’à dépasser Cavanidans la hiérarchie des attaquants. Deschamps l’intègre dans songroupe pour l’Euro alors qu’il ne compte aucune sélection. Bingo:il craque mentalement et rate son tir au but en huitièmes contrela Macédoine. Merci pour ce moment. AC

38JEAN-KÉVIN

AUGUSTIN

Ivan le pas terrible.

Tai, chi et chuan.

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36YOURI

TIELEMANSLe dernier prodige du football belge a 19ans, joue milieu de terrain à Anderlecht,mais se fait déjà appeler “Monsieur”par son président, Roger VandenStock. Cette saison, il atteindra avecson club formateur les 100 matchs depremière division, tout en conduite deballe menton relevé. Contrairement àCharly Musonda Junior ou Januzaj, –lesautres pépites du centre de formationbruxellois–, qui ont rejoint la PremierLeague avant leur majorité, le joueur

d’origine congolaise a préféré une placede titulaire en Jupiler League plutôt quede faire banquette dans un grand clubanglais. Déjà comparé à Witsel ou àLampard, l’intéressé rêve pourtant d’êtrele nouveau Zizou. Qui n’en rêve pas enmême temps ?Fait d’armes 2015-16: entré à la 87e minute du huitième de finale de l’EuroBelgique-Angleterre, Tielemans jouerapidement un coup franc avec Fellainiet marque le but décisif. De quoi fairepéter une durite à Rodrigo Beenkens,commentateur phare de la RTBF: “Letourin a déjà un goût de waterzooi!” MG

35WEST

HAMPendant quatre ans, il a affirmévouloir “mourir avec ses idées” .Résultat, Sam Allardyce apris la porte. Dave Sullivan etDavid Gold, les propriétairespornographes de West Ham,ont donc tenté le pari SlavenBilic, histoire d’enflammer ladernière année du club à UptonPark, avant un déménagementau stade olympique de Londres.Le clap sur une époque, le débutd’une autre? Payet a donné leton en débarquant pour cinq anset 15 millions d’euros. Le reste?Un putain de porridge! Qualifiéen Europa League grâce à sapremière place au classementdu fair-play en Premier League,West Ham a giclé dès letroisième tour préliminairecontre un club roumain,avec trois cartons rouges aucompteur, avant de lancer sasaison en cartonnant Arsenal àl’Emirates. Ça n’a ni queue, ni

tête, et c’est tant mieux.Fait d’armes 2015-16: DimitriPayet n’a pas oublié. Il avaitonze ans lorsque “c’est arrivé”.Alors lorsqu’à la 60e minute d’unmatch sans relief de sa part, leRéunionnais est remplacé parSlaven Bilic, il lui assène unegolden sur le chemin du banc.  “Je t’ai vengé, Laurent Blanc!”, litla caméra sur ses lèvres. MB

33LUIS

CAMPOSFin juillet 2015, Luis Campospose sa démission. Le conseillerspécial du vice-présidentde l’AS Monaco veut être leseul à décider en matière detransferts, et ce n’est plus lecas. Le président Rybolovlevrefuse le départ de celuiqui a permis d’encaisser lestransferts de James ou Falcaoen n’affaiblissant pas l’équipeavec des joueurs pourtantmoins ronflants. Et le convaincfinalement de rester. “C’esttout bénéf pour le club. Luis est

responsable de tout ce qui arriveaujourd’hui, lâche Jean-MarcGoiran, agent monégasque. Ilcommunique énormément avecles joueurs, il connaît tout, ettout le monde.”  Vrai, l’hommea des amis très bien placés:José Mourinho d’abord, maissurtout le boss des agents,Jorge Mendes. La légendevoudrait également qu’il s’aided’un logiciel haut de gamme etparticulièrement rare, en plusde son carnet d’adresses. Et si lavraie star de Monaco, c’était lui?Fait d’armes 2015-16: Campos

débarque au PSG au débutde l’hiver, fait venir CristianoRonaldo dans la foulée et permetau club de gagner la ligue deschampions. Même si le Portugaisne peut pas la jouer. C’est fort. AC

34 THIERRY

HENRYLa première saison du nouveau –etonéreux– consultant Sky Sports aconnu des débuts laborieux. Jusqu’àcette déclaration, en forme de tacle, àdestination d’un Olivier Giroud, qui

ne serait pas à la hauteur de ce qu’onattend de lui à Arsenal. Une bastos,gratos, qui a renvoyé Titi Henryen une des journaux. “Pour moi,tout ce qui a été dit sur le fait queThierry était trop lisse a sûrement

 joué dans le fait qu’il balance cettedéclaration” , estime Éric Di Meco,également reconverti consultant.Mais pas question de s’offusquer:“Je n’ai pas compris tout le tapageque ça a causé. Un consultant, s’il estlà pour faire de la langue de bois, çane sert à rien. Si à chaque fois que tudis quelque chose t’as peur de vexerquelqu’un, tu ne t’en sors plus. Après,

il y a une certaine manière de dire leschoses.”  Et apparemment, l’ancienGunner a opté pour la manière crue:les joueurs de Premier League sontprévenus, Titi n’a rien perdu de soninstinct de tueur.Fait d’armes 2015-16: séduit parles prestations décomplexées deHenry et les audiences qui décollentcomme le Boeing Dreamliner,Sky Sports prolonge son sniper.Et lui associe un ancien joueur deBirmingham, champion du monde98 également: Christophe Dugarry.Histoire de ne vraiment épargnerpersonne. GM

Youri, dans la lumière.

Louis III.

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42  _ TOP 50

29PABLO

OSVALDOAprès deux années à la Roma où ilne s’est pas embêté avec son ego,la discipline et son poing dans lagueule d’Erik Lamela, il a passé lesdeux suivantes à fuir la vie active.Depuis 2013, l’international italien

a enchaîné Southampton, la Juve,l’Inter et Boca Juniors. Le club deses rêves, paraît-il. Où il laisse unetrace loin d’être mémorable: onzematches, trois buts, zéro mandale,et une clope en terrasse. En août,Porto ramasse l’éternel redoublantde 29 ans, pour zéro euro. C’estsans doute la seule bonne affairedu club portugais –la 13e équipesur le CV d’Osvaldo– dans latransaction. Quoique, les Dragoes semblent avoir réellement la foien leur nouvel élément. Sinon,pourquoi l’auraient-ils laisséprendre le numéro 10?

Fait d’armes 2015-16: en unweek-end à Paris, Pablo crée lasensation people de l’année enserrant Vanessa Paradis. Quivoit en lui le sosie de JohnnyDepp, bien sûr. Non sélectionnéavec l’Italie pour l’Euro, Osvaldoannonce sa fin de carrière et s’exiledans son Argentine natale, avecVaness’ sous le bras. Direction laPatagonie, “comme Florent Pagny” .RB

32KYRIL

LOUIS-DREYFUSEt si le véritable homme fortde l’Olympique de Marseillen’était pas majeur? Principalopposant au projet de ventedu club par sa maman, KyrilLouis-Dreyfus, dix-sept ans,suit de très près les affairesdu club phocéen. De trop près,

même au goût de certains, dont Jean-Michel Aulas, quidéclarait en juin dernier au micro de RMC: “J’ai monté

ma première affaire à 19 ans et je n’étais pas encoremajeur. À l’époque je ne m’occupais pas des affairesde mon papa ou de ma maman.”  Dès que l’occasion seprésente –tout le temps–, il donne en effet son avis surà peu près tout ce qui touche au club. Quitte à aller troploin, comme lorsqu’il annonce les arrivées de Diaby etRoncaglia prématurément, avant d’effacer son tweet.Ou à créer la confusion, comme lors de cet entretienaccordé par Skype à France Football, en septembre2014, lors duquel il avait fait l’éloge de Vincent Labrune.À l’époque, MLD avait parlé de “malentendu” . Jamaisfacile d’engueuler un adolescent.Fait d’armes 2015-16: Margarita Louis-Dreyfus trouveenfin un repreneur pour (se débarrasser de) l’OM: Kyril,qui en fêtant sa majorité, touche l’héritage laissé par sonpère. ME

30JORGE

JESUSBruno de Carvalho,président du SportingClube de Portugal, est unhomme en guerre: contreles arbitres, la ligue, lafédération, les journalistes,Benfica, Porto, JorgeMendes et tous ceux quise liguent pour empêcherson club de gagner ce titrede champion national

qui le fuit depuis 2002.Pour mener bataille, il luifallait un général. Alors ila débauché celui du campd’en face, Jorge Jesus duBenfica, contre un salairerecord de six millions paran. Restait à justifier ce quiressemble à une trahison:Carvalho a ainsi exhuméune photo de Jesus, jeune,avec un maillot du SCP,faisant écho à l’amourinconditionnel de son pèremalade pour les Lions.Évidemment, il a racontécomment il a annoncé labonne nouvelle à ce derniersur son lit d’hôpital. Car oui,Judas aussi a un père.Fait d’armes 2015-16: leSporting laisse échapperle titre à la dernièreminute après un penaltylitigieux. Jorge Jesus tented’étrangler l’arbitre avecune écharpe du club ettermine en garde à vue.Malgré les traces nettesde strangulations, Brunode Carvalho dénonce uncomplot et porte l’affairedevant la Cour européennedes droits de l’homme. AP

31LE

BESIKTASAvec Senol Günes, –l’hommequi a hissé la Turquie sur lepodium du mondial 2002–,et deux recrues taille XXL,Mario Gomez et RicardoQuaresma, le Besiktascompte bien récupérer letitre confisqué depuis 2011par les deux autres ténorsstambouliotes. Mais le plusbel atout des Aigles Noirs,c’est la Vodafone Arena etses 42 000 places construites

sur les ruines du BJK InonuStadium. De quoi faire frémirde plaisirs les fans du clubqui avaient battu le record dumonde de décibels dans unstade, en 2013, avec 141 dB. Etce n’était pas à l’occasion d’unconcert de Tarkan.Fait d’armes 2015-16:Quaresma qualifie le Besiktaspour la finale d’EuropaLeague. Dans l’euphorie,il monte jusqu’à la loge deDenis Balbir et l’embrasse surla bouche. Meilleure audiencede l’année pour W9. FL

David Hasselhoff.

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26LA JUSTICE

ALLEMANDEAprès des années de clémence envers le monde du football, la justiceallemande ne se laisse plus intimider. Depuis quelques mois, dirigeants, joueurs et supporters découvrent les palais de justice du pays. La preuveavec les 540 000 euros d’amende réclamés à Marco Reus pour conduitesans permis. Mais les juges savent aussi faire preuve d’humour. En aoûtdernier, la cour de Munich a préconisé à des supporters de Munich1860, accusés d’avoir agressé un fan du Bayern, d’acheter des maillotsdu Rekordmeister pour voir leur peine réduite. Une punition qui a dûfaire sourire Uli Hoeness, le symbole de cette justice qui n’a peur depersonne et dont la libération, après deux ans derrière les barreaux, estprévue pour fin janvier 2016. D’ailleurs, son programme de réinsertionsemble déjà établi, entre une reprise en main musclée du Bayern, unlimogeage de Pep Guardiola, le recrutement de Jürgen Klopp et un jubilé pour la retraite de Franck Ribéry. Sans oublier d’avoir une pensée

quotidienne pour ses geôliers qui

l’ont aidé à retrouver la ligne.Fait d’armes 2015-16: en mai,l’enquête autour du dopagecollectif pratiqué à Stuttgartet Fribourg à la fin des années70 crée un nouveau scandale juridique. Joachim Löw, qui a joué pour les deux clubs, estenvoyé au trou juste avant l’Euro.L’Allemagne gagne quand mêmele tournoi, en autogestion. SS

28THOMAS

TUCHEL“J’ai exigé qu’on mange auminimum vingt minutes tousensemble.”  À l’image de cetterègle qu’il imposait à Mayence,le nouveau coach de Dortmund,Thomas Tuchel, n’est pas unrigolo. La presse allemande lecompare volontiers à l’acteurKlaus Kinski: un type maniaque,froid et fanatique, qui aime toutcontrôler. Loin du sourire touten dentier de Jürgen Klopp etde ses excentricités, en somme.

Mais pourquoi serait-il aussiméchant? Peut-être parce qu’iln’a pas pu continuer sa carrièrede footballeur pro à Ulm, soncorps l’ayant lâché à 24 ans.Ce qui lui a permis d’étudieret de peaufiner ses méthodesd’entraînement. Comme, parexemple, ce terrain en losangecensé habituer les joueurs au jeu en diagonale. De Mayence,il est reparti avec un bilan de1,45 point par match. Pas mal.Mais avec le Borussia, il faudrasurtout aller chercher des titres.Parce que l’immense carrièrede Klaus Kinski l’a quelquesfois conduit à l’affiche de sacrésnavets…Fait d’armes 2015-16: lors dumatch retour contre le Bayern,Tuchel surprend Guardiolaavec un système en 1-2-3-4 etAubameyang dans les buts.Munich finit champion, maisavec seulement 19 pointsd’avance. CT

27LA FAMILLE

RABIOTSi Laurent Blanc parvient à fairerégner tant bien que mal une paixtoute relative dans son vestiaire, il aun peu plus de mal à gérer la vraieperturbatrice du groupe: la mamand’Adrien Rabiot. Déjà remontée endébut de saison dernière, lorsqu’elleavait fait le forcing pour que sonfils rejoigne l’AS Roma, entraînantsa non-inscription sur la liste pourla ligue des champions, VéroniqueRabiot a remis ça cet été. Estimantque son fils mérite un meilleurtraitement, elle a de nouveaudemandé son transfert. Et peu luiimporte qu’il ait déjà prolongéson contrat jusqu’en 2019 ou qu’ilbénéficie, dans les faits, d’un tempsde jeu croissant avec les championsde France. Pourquoi? Pour négocierà la hausse? Pour prouver son amourmaternel? Pour déménager? Pourenquiquiner son monde? Elle seulele sait. En attendant, Véronique acoché une date dans son calendrierpour refaire surface: l’ouverture dumercato hivernal.Fait d’armes 2015-16: Véronique etAdrien participent à une nouvelletéléréalité lancée par beIN Sports,“Qui veut embaucher mon fils?”  ME

25EDEN

HAZARD14 buts, 10 passes décisives et un titre de meilleur joueur de PremierLeague. Clairement, Eden Hazard sort de sa plus grosse saison en clubdepuis son départ de Lille. Pourtant, il semble réserver ses performances àson équipe de Chelsea plutôt qu’à sa sélection. Pour inverser la courbe, lesélectionneur belge l’a nommé vice-capitaine. Responsabiliser pour mieuxrégner: Wilmots joue sa dernière cartouche pour faire de son poulain lechouchou définitif du public. Pour cela, Eden devra marquer –plus queKevin de Bruyne– et gagner –avec Kevin de Bruyne– l’Euro 2016. Dans lecas contraire, il restera un sous Luc Nilis.Fait d’armes 2015-16: après une saison brillante, Hazard arrive en pleineconfiance à l’Euro. Problème: la division entre Flandres et Wallonie atteintun point de non-retour, menant à sa scission quelques jours avant le débutdu championnat d’Europe. L’équipe flamande étant jugée meilleure surle papier, avec Courtois, De Bruyne, Dembele et Lukaku, c’est elle qui estenvoyée en France. Une décision qui pousse Eden Hazard à prendre saretraite internationale, à 24 ans. MG

Le Tuche.

Telle mère...

…telle fille.

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44  _ TOP 50

D C’est la destination phare des joueurs françaisà la relance et des anciens de ligue 1 depuisquelques saisons: le FC Séville, son bouillantstade Sanchez Pizjuan et ses épopées enEuropa League. Entre autres, Kevin Gameiro,

Benoît Trémoulinas ou Adil Rami se sont installés enAndalousie, pour redonner du crédit à leur carrière etse faire un palmarès. Gaël Kakuta, accueilli le 18 juinpar la star des recruteurs, Ramon Monchi, à l’aéroportSan Pablo, n’échappe pas à cette réalité. Après une

tripotée de secondes chances, en Angleterre, à Dijon,aux Pays-Bas ou à la Lazio, le club sévillan ressemblefortement à une dernière opportunité pour le natif deLille. Sauf que cette fois, il y a tout lieu de penser qu’ilpeut enfin s’imposer. Et confirmer, enfin, tout le bienque le monde du football pense de lui depuis plus dedix ans. Notamment parce qu’il sort d’une belle saisonen Liga avec le Rayo Vallecano (35 matchs, 7 passesdécisives, 5 buts). En Espagne, où il arrive à l’été 2014,Kakuta découvre un championnat taillé pour sesqualités, et un mentor, Paco Jémez, coach du club de labanlieue madrilène: “Kakuta, c’est un autre niveau quele Rayo. Il a un talent naturel et, en plus, il a compris qu’il

 pouvait donner plus. Il est jeune, et en lui en demandantbeaucoup, il pourra décrocher des choses importantes .”  À seulement 24 ans, le joueur serait donc devenu un

homme nouveau. “Paco Jémez a réussi à faire sortirtoute la rage qui était en moi, que j’avais emmagasinéedepuis mon arrivée à Chelsea, assure Gaël Kakuta. Aveclui, j’ai découvert le plaisir de travailler non-stop, de medépasser à chaque entraînement, de faire du rab’ sous40 degrés au soleil… Paco, c’est un tournant dans macarrière.”  Il était temps, car la carrière du joueur queles médias anglais surnommaient le “Black Zidane”avait largement dévié de sa trajectoire. “Déjà à 13 ans, jevoyais qu’il était plus fort, trop fort. Même les adversairesétaient contents de le voir jouer. C’était énorme. Je n’ai

 jamais vu quelque chose de comparable, ni avant, niaprès, se souvient Joachim Marx, directeur du centre deformation du RC Lens, à Liévin, qui voit débarquer legamin à 9 piges. C’était un garçon aimable et poli, avecune super mentalité, il n’a eu aucune difficulté pour se

faire des copains. Ils étaient tous impressionnés. Tout lecentre s’arrêtait pour le voir travailler.”  À 15 ans, Kakuta joue même les matchs de Gambardella et marque desbuts du milieu de terrain. Un précoce, dont la carrièredécolle aussi vite que les longues échappées tout endribbles dont les compilations régalent encore YouTube.

“Tu n’es pas un homme” 

La suite, c’est un transfert à Chelsea, en 2007, à 16 ans,

malgré une bataille juridique qui coûte près de deuxans d’interdiction de recrutement aux Blues (sanctionannulée par le Tribunal arbitral du sport), les élogesde Carlo Ancelotti –“C’est le joueur le plus fort que j’aientraîné à cet âge”– ou de Michael Ballack –“Kakuta estla vraie star de l’équipe” – et une première titularisationconvaincante face à l’Apoel Nicosie en 2009. Mais lamarche est trop haute, la concurrence trop forte et lesattentes omniprésentes. “Ce ne sont pas les complimentsqui m’ont desservi, c’est mon impatience, reprend-il. Certaines personnes ont interprété ça comme del’arrogance, ça ne leur plaisait pas qu’un jeune de 18 anssoit sur le devant de la scène. Mais ce choix d’aller àChelsea, je le referais sans hésiter.”  Et peu importe sil’expérience chez les Blues tourne court. À partir de 2011,il bourlingue de prêt en prêt à travers l’Europe. En moins

de quatre ans, il écume cinq clubs. À chaque fois, uneétiquette de fainéant ou d’ingérable diva le suit. Lors desa seule expérience professionnelle en France, à Dijon,après des passages sans éclat à Fulham et Bolton, ildisparaît des radars au bout d’une quinzaine de matchs:“Je me suis retrouvé en plein milieu d’un règlement decomptes entre différentes personnes: d’un côté PatriceCarteron et de l’autre des membres du bureau. C’étaitfacile de dire que j’avais un caractère de starlette plutôtque de pointer du doigt les vrais problèmes .”  Il quitte uneseconde fois l’Hexagone, et prend la direction du VitesseArnhem, puis de la Lazio. Autant d’expériences plusou moins ratées dont il jure “ne garder que le positif” . Comme aux Pays-Bas, où il rencontre un entraîneur,Fred Rutten, qui ne le ménage pas. Avant un match faceau Feyenoord, Gaël Kakuta déclare forfait. Rutten range

24 

GAËL

KAKUTA,ENFIN?

Parti trop tôt pour certains, au mauvais endroit pour d’autres, Gaël Kakutan’a jamais confirmé l’immense talent qu’on lui prête depuis tout jeune.Au FC Séville, le Lillois de naissance s’offre peut-être un nouveau départ.Pas pour devenir le “Black Zidane”, mais au moins pour ne pas suivre les tracesde Mourad Meghni.

ses pince t te s :  “ T

 u 

 n ’ e s  p

 a  s   u  n

    h o  m

  m  e .     ”

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   U  n e   p a

 s  s e 

 d    ’ a  r m

 e s  q  u i  m

a rq  ue le milieu offensif: “Ça m’a piqué au vif, il a su toucher la corde sensible. Alole lendemain, je suis arrivé vers lui et je lui ai dit qu’il pouvait compter surmoi.” 

Coup de blues et famille adoptive

À Séville, l’éternel espoir retrouve non seulement un club ambitieux,mais surtout son meilleur ami, Timothée Kolodziejczak. Leur rencontreremonte à leurs années de formation lensoises. Plus qu’un pote, Kolodevient quasiment un frère, au sens propre, pour Kakuta. À l’époque, lespensionnaires du centre restent à l’internat et attendent le week-end pourrejoindre leur famille. Seulement, Gaël rentre très rarement chez lui. “Samère habitait à Lille, et elle avait quatre autres enfants. Elle travaillait àl’hôpital comme aide-soignante. Du coup, il ne rentrait pas chez lui le week-end, il allait chez les copains” , raconte Joachim Marx. “Il venait chez moi

quasiment tous le temps, rembobine Kolodziejczak. Sa mère l’élevait seuleelle bossait énormément. Alors mes parents, pour lui faciliter la tâche,

lui ont proposé que Gaël vienne chez nous. Il est devenu comme unquatrième fils pour mon père. Il l’a vu grandir, que ce soit chez moi o

sur le terrain tous les week-ends.”  Une vie de famille compliquée qdonne fatalement quelques coups de blues à l’adolescent. “Son

copain Anthony Ihou venait tout le temps me trouver pour medire qu’il était triste, que Gaël pensait arrêter le football mêmese souvient Marx. “Disons que j’avais souvent tendance à être

dans mon monde… J’ai mes périodes. Parfois je déconnaisavec tout le monde, et d’autres fois j’aimais être tout seul.

Il a sans doute pris ma solitude pour de la tristesse” ,nuance aujourd’hui Kakuta. Cette saison, tout est

réuni pour que le champion d’Europe des moinsde 19 en 2010 –tournoi dont il est élu meilleur joueur– efface définitivement sa mine triste et se

remette à sourire. “Ici, il y a des espaces, il seretrouve souvent en un contre un. Et surtout,

on lui demande beaucoup d’efforts. Çalui permet de progresser sur le plan

 physique, ce qui était son défaut avanDésormais, il arrive à les répéter et

c’est ce qui a fait la différence pourqu’il décolle enfin” , analyse TimothéKolodziejczak. La perspective d’uncome-back à Dijon ou Bolton devraaussi l’aider à saisir cette dernièrechance…

Fait d’armes 2015-16: le24 janvier, 21e journée de Liga,Kakuta marque contre l’Atletico,

club sponsorisé par l’Azerbaïdjan.Le produit du centre de formation

du RC Lens soulève son maillot etlaisse entrevoir un tee-shirt avec la tête de

Mammadov barrée et une mention “Je suis Gervais Martel” .•

PAR ROBI

DELORME ET GABRIEL CNUDDE / PHOTO: VI/ICONSPORT

“Ce ne sont pas les compliments qui

m’ont desservi, c’est mon impatience.Certaines personnes ont interprété çacomme de l’arrogance, ça ne leur plaisaitpas qu’un jeune de 18 ans soit sur ledevant de la scène à Chelsea” 

Gaël Kakuta

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21LAURE

BOULLEAUBelle, internationale, hyperactive sur lesréseaux sociaux –173 000 followers surTwitter–, un petit chien, des reprises de Tétéà la guitare… Laure Boulleau, l’arrière gauchedu PSG, a tout ce qu’il faut pour entretenir laflamme du foot féminin allumée à l’occasiondu mondial 2015. Loin de la discrétion de

Marinette Pichonet des cochonneriesd’Hope Solo, elleséduit un publicélargi. À 28 ans, ellea encore quelquesbelles années devantelle. Au moins deux,en tout cas.

Fait d’armes 2015-16: à l’occasion d’un matchmixte de charité, Laure Boulleau montrebien plus dans son couloir que Lucas Dignedans toute sa carrière. Dans la foulée, les joueuses intègrent les effectifs masculins prosde ligue 1. Et l’OL gagne enfin la ligue deschampions. UB

22MOHAMED

SALAHPlus que la recrue estivale EdinDzeko, celui qui nourrit les espoirsde l’AS Rome, éternel deuxième,se nomme Mohamed Salah. Sonassociation avec l’ancien deManchester City, Totti et Pjanic

devrait permettre d’inverser le sort.Un pari sexy pour un investissementde 20 millions d’euros, soit 8de moins que celui réalisé pourarracher Juan Iturbe à la JuventusTurin l’an passé. À la différence queSalah, lui, ne va pas que tout droit.Fait d’armes 2015-16: Salah inscrit15 buts, et délivre autant de passesdécisives. L’AS Rome bat deux foisla Juventus, explose la Lazio dansle derby, terrasse les deux clubs deMilan. Mais finit quand même vice-championne. VP

23LE DUO

DIARRA/DIABYC’est ce qu’on appelle un coup. Un coup de poker,avec deux joueurs qui n’ont pas joué depuis un bail.Et un coup de com’ pour Vincent Labrune, qui aravivé la flamme chez les supporters. Résultat: unecampagne de réabonnements particulièrementefficace, et 64 000 personnes pour la présentation,à l’occasion du trophée RLD, de la paire de milieux

de terrain la plus alléchante de l’année 2010. Lass’ etAbou tiennent donc le sort de leur président entreleurs pieds. Car ce n’est pas vraiment un pari sansrisque: Diarra s’est engagé quatre ans, et Diabytouche un fixe mensuel de 150 000 euros. Autantdire que les détracteurs de Labrune y feront souventréférence s’ils ne sont pas sur les feuilles de match.Fait d’armes 2015-16: de retour pour OM-Nice, Diabyest de nouveau indisponible pour un moment. Pasà cause d’une blessure, mais d’une suspension: il aenfin réussi à mettre une droite à Ben Arfa. Ça ledémangeait depuis Clairefontaine. RC

20SUPER

VICTOR“Super Victor ne correspond pas à la France actuelle” , juge

l’historien du sport Yvan Gastaut. En clair: cette mascotte estaussi affreuse que gênante. Surtout elle annonce quelquechose de potentiellement plus dangereux. À savoir le retourdes analyses sociologiques à la con sur la France black-blanc-beur qui gagne, ou pire sur la France black-blanc-beur quiperd. Le retour des joues maquillées. Le retour des écransgéants et des “putain, fais rentrer Lacazette!” . Le retour desrécupérations politiques. Le retour des correspondants sur lesChamps-Élysées. Le retour d’un tube de l’été piqué à une équipe derugby. Bref, le retour de tout ce que les Bleus avaient engendré de pireentre 1998 et 2000. Tant qu’à faire, pourquoi ne pas être allé au bout deschoses en ressortant ce bon vieux Footix?Fait d’armes 2015-16: neuf mois après l’Euro, le prénom le plusattribué aux nouveaux nés mâles est Victor. Mais les bobos jurentpourtant leurs grands dieux que ça n’a rien à voir avec la victoire desBleus au championnat d’Europe… CT

Les bébés de Labrune.

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17BASTIAN

SCHWEINSTEIGERAprès Dietmar Hamann à Liverpool, Michael Ballack à Chelsea ou l’Anglo-Canadien Owen Hargreaves, déjà, à Manchester United, la PremierLeague s’entiche d’un nouveau monstre de l’entrejeu bavarois: Bastian

Schweinsteiger. Loin d’être un saut dans l’inconnu, le premier allemandd’Old Trafford retrouve celui qui l’arepositionné en relayeur au débutde sa carrière, Louis van Gaal. SiBeckenbauer considère que c’est un“transfert courageux à son âge” , lemilieu de 31 ans a tout à gagner dansun club qui a permis à Giggs, Vander Sar ou Ferguson d’exercer leursfonctions jusqu’à des âges canoniquesReste à s’adapter rapidement. Ce quine devrait pas poser de problème: il ya trois cents ans, un prince d’Hanovreaccédait au trône d’Angleterre sans enconnaître la langue. Au duc de Bavièrede faire de même.

Fait d’armes 2015-16: sa compagneAna Ivanovic gagne Wimbledon. CT

18LA GOAL-LINE

TECHNOLOGYUne dizaine de caméras et un dispositif à troismillions d’euros, entièrement financé par laLFP: la goal-line technology est le nouveau joujou de la L1. Nettement plus utile, paraît-il, que la mousse à raser pour placer le mur

sur les coups francs. Un cadeau accueilli, entout cas, avec beaucoup d’enthousiasme par le syndicat des arbitresfrançais. Ils n’auront ainsi plus besoin de se justifier de leur cécité.En revanche, cette technologie va porter un méchant coup à ladramaturgie du championnat. Tant pis pour ceux qui considèrentque l’erreur fait partie du foot. Adieu les polémiques, les plaintes desentraîneurs en conférence de presse et les soupçons de corruptionqui font le sel des lundi matin autour de la machine à café. Leprogrès, au prix de l’ennui. Le début de la fin?Fait d’armes 2015-16: le 20 septembre, l’OM reçoit l’OL. LucasOcampos pousse un ballon quelques millimètres derrière la ligned’Anthony Lopes pour un remake du but refusé la saison passée,provoquant un immense bug dans la matrice de la Goal-linetechnology. La vidéo-assistance ne se prononce pas sur la validitéou non du but. Pour s’en sortir, Clément Turpin siffle finalement unhors-jeu. Inexistant. LM

19JOAN

LAPORTALes coulisses du Barça sont loinde ressembler à un collectif bienhuilé. Depuis 2003, les luttespour la présidence entre JoanLaporta, Sandro Rosell et JosepMaria Bartomeu font rage. Rosellavait succédé à Laporta avant delaisser sa place à Bartomeu, quivient d’être réélu face à… Laporta.L’avocat devenu homme politiquene va sûrement pas digérer sonéchec comme ça. Grand habituédes médias, il ira déverser desbrouettes de mauvaise foi sur tousles plateaux possibles à la moindre

contre-performance. Et s’il le faut,il reprendra les méthodes queRosell avait utilisées contre lui il ya quelques années: livre à chargeet motion de censure pour un ouipour un non. Ira-t-il jusqu’à alerterle fisc pour les irrégularités d’untransfert? En tout cas, il est plusdangereux pour le FC Barceloneque Florentino Pérez.Fait d’armes 2015-16: il propose àBartomeu de régler leur différendentre hommes sur une aired’autoroute. Où il envoie son sosie,le rugbyman Marc Lièvremont, fairele boulot à sa place. RC

The Dude.

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13RAFA

BENITEZNaples, à la mi-mai 2015. Signore Benitez déguste un fabuleuxbaba au limoncello en calculantles statistiques d’Higuain surpenalty. Quand il reçoit un SMSde Florentino Pérez. “Rafa, tu esdésormais le nouvel entraîneur duReal Madrid. Ta mission consistera àfaire mieux que Pellegrini, Mourinhoet Ancelotti réunis. Tu devras gagner

 plus que la Liga, la coupe du roi, laligue des champions, la supercouped’Espagne, la supercoupe d’Europeet le mondial des clubs. Et tu devrasfaire aimer le Real Madrid par toutMadrid, toute la Castille, l’Espagne,

le reste du monde et la Catalogne.Par ailleurs, ton équipe jouera en4-3-3, aura plus de possession que leBarça, marquera plus de buts que leBarça et fera plus parler d’elle que leBarça. Voilà le onze titulaire de tonéquipe pour l’intégralité de la saison:Cristiano, Bale, Benzema, James,Modric, Kroos, Marcelo, Ramos, Pepe,

Danilo, Navas. Tu auras un bonus encas de victoire en finale de C1 contrele Barça après avoir été mené 3-0à la mi-temps. En cas de défaite oude victoire normale, la mission seraannulée. Nous sommes très heureuxde pouvoir compter sur un stratègede ton envergure. Bienvenido.” Fait d’armes 2015-16: passionnéd’informatique, l’entraîneur espagnolconvainc Cristiano Ronaldo qu’ilest vraiment un cyborg, et lui faitposer une troisième jambe fabriquéeà l’aide d’une imprimante 3D. Lepremier joueur transhumaniste estné. MK

Depuis des années, le Special One et le “Spécialiste de l’échec” ontpris l’habitude de se chamailler en deuxième partie de saison. Cettefois, pas de round d’observation, le Portugais et l’Alsacien sontpartis pied au plancher. Avec une passe d’armes lors de la victoiredes Gunners sur Chelsea dans le Community Shield. Le Mou avaitalors évité la pogne de son congénère, estimant “ne pas être obligéde serrer la main à n’importe qui” . La dernière fois qu’ils s’étaientcroisés, lors d’un match de Premier League, tonton Arsène avait tentéd’étrangler le coach des Blues avec sa cravate. Quelque part, il y a du

mieux.Fait d’armes 2015-16: vu les prix des droits télés de la Premier League,les chaînes Sky et BT décident de se faire un peu de beurre surla rivalité des deux hommes. Le 25 décembre, elles organisent etdiffusent un Boxing Day entre Mourinho et Wenger. Boxing, au senslittéral du terme. FC

14LA GUERRE

WENGER/MOURINHO

15YANN

M’VILAPère à 18 ans, révélation de ligue1 à 19, international à 20, cible descadors de Premier League à 21, lemilieu de terrain amoche sa carrièreà 22: il sort en quarts de l’Euro2012 sans serrer la main de sonremplaçant. Fin de son aventure enbleu. De retour avec les Espoirs, ilembrigade quatre coéquipiers pourfaire Le Havre-Paris en taxi trois jours avant un match capital, créantune sacrée polémique, avant des’enfuir au Rubin Kazan, quelquesmois plus tard. Alors qu’il se dirigevers une mort à petit feu, il revient

sur le devant de la scène. Cet été, ilaurait ainsi saccagé un appartementmis à disposition par son dernierclub, le Dynamo Moscou, qu’ilaccuse de racket. Avant de seréfugier à Sunderland, donc, où il estparti sur de belles bases: un rougedès son premier match pour uncoup de tête asséné à un adversaire.Quelques semaines après avoirsoufflé ses 25 bougies…Fait d’armes 2015-16: il est arrêtéaux portiques de sécurité du stadeGoodison Park, le jour d’Everton-Sunderland. Motif: il trimballe unUzi dans son sac à dos Vuitton. RC

Jordan Ayew,le vilain.

François Hollande.

Combat de coqs.

16ASTON

VILLATraverser la Manche,l’aboutissement d’une carrièrepour de nombreux joueursfrançais. Avant, c’était pourrejoindre Arsenal (Vieira, Petit,Anelka, Pirès, Henry…). Puisil y a eu la hype Newcastle(Cabaye, Yanga-Mbiwa,

Debuchy, Sissoko, Ben Arfa…).Dorénavant, la destinationpréférée des agents tricolores,c’est Aston Villa. Un voyageà Birmingham, la deuxièmeplus grande ville du pays, etc’est l’assurance d’entendre soncompte en banque crier “Ka-ching” . Les présidents de Nice(Jordan Amavi), Nantes (JordanVeretout) et Lorient (JordanAyew) s’en frottent encore lesmains. Jean-Michel Aulas feraitpeut-être bien de sonder leterrain avec Jordan Ferri.Fait d’armes 2015-16: en

décembre, tout l’effectif lensoistente de rejoindre Birminghamà la nage et en stop, faute depouvoir se payer un billetd’avion. Manuel Valls arrête toutce beau monde à Calais, et lesexpulse en Azerbaïdjan. RC

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12LE COMPTE TWITTER

DE JEAN-MICHEL

AULAS“La Brune conforme à ss relations troubles , il veut de la notoriétéet embrasse M G le journaliste du parisien: bizarre p 1 Pt de

l’OM?”  Comme le prouve ce message d’avril dernier, le nouveaumeilleur ami de Jean-Michel Aulas, c’est son smartphone… qui lelui rend bien: chaque tweet génère pour ainsi dire une polémique.Avec ses 226 000 followers, soit plus qu’une majorité de ses joueurs, Aulas demeure la star de l’OL. Bien plus que Lacazette,Fékir ou Tolisso… “Il est sur le devant de la scène et il adore ça. Ilaime cette médiatisation, car il sait que c’est le meilleur moyen

 pour que l’on parle de son club. Contrairement à ce qu’on peut penser, il ne dérape pas, il sait exactement ce qu’il fait, à savoirservir de paratonnerre pour son équipe” , analyse Jérémie Bréchet,défenseur lyonnais entre 1998 et 2003. Même si bien souvent,c’est lui qui déclenche l’orage…Fait d’armes 2015-16: peu importe l’élimination au premier tourde la ligue des champions et la 4e place en L1 de l’OL, Aulas aréussi sa saison: juste avant le passage en 2016, il devance KimKardashian au nombre de followers. #historique. GM

11ANTOINE

GRIEZMANNPlus soignée, moins débraillée, la crête d’AntoineGriezmann annonce une mue tout en sobriété. LeFrançais n’a plus besoin de faire dans le clinquantpour exister. Avec son statut de troisième meilleurbuteur de Liga, le natif de Mâcon a rivalisé avec CR7et Lionel Messi. Une plus-value arithmétique qu’il doitbeaucoup à son recentrage sur le pré et à un déchetmoindre face aux cages. Stakhanoviste du pressing –lafameuse touche Simeone–, il combine tout ce que laformation hexagonale n’offre plus. Mieux, son récentretour sur l’aile, à la faveur d’un effectif largementremanié pendant la présaison, n’a en rien diminuéson rendement. Une polyvalence qui offre autant desolutions que de dilemmes à Didier Deschamps. SiGriezmann réalise une nouvelle saison de haut vol, ilsera compliqué de lui faire débuter l’Euro sur le banc.N’en déplaise à Olivier Giroud ou Alexandre Lacazette.Seule incertitude, il annonçait en février dernier “aimeressayer les nouvelles coupes de cheveux” . S’il pouvaitattendre août prochain…Fait d’armes 2015-16: lassé qu’on ne lui parle quesa tignasse noire à la racine, blonde aux pointes,Griezmann se fait la boule à zéro à la mi-saison avantun match contre Getafe lors duquel il est transparent.La flamme s’est éteinte. Fallait lire les aventures deSamson… RD

10FRANÇOIS

HOLLANDEEn matière de foot comme en amour,

le président de la république a sespériodes. Le club de sa vie s’appelle leFC Rouen (aujourd’hui perdu en DH),mais il a aussi flirté avec l’AS Monaco,cette “école du beau jeu” , et concède unbéguin pour le FC Nantes. Le 26 marsdernier, François Hollande affichaitdonc logiquement sa préférence pourle Red Star lors d’un huitième de coupede France contre Sainté. Et Hollandede rappeler qu’il se rendait “au stadeBauer”  dans sa jeunesse. Depuis, le clubfrancilien s’est exilé à Beauvais au milieudes avions Ryanair. Hollande regardelui vers Saint-Denis et la finale de l’Euro,le 10 juillet. S’il a soumis sa candidature

pour la prochaine présidentielle à unebaisse significative du chômage, lesocialiste espère le même coup de maindes Bleus que celui reçu par JacquesChirac en 1998. Un conseil: mémoriserles noms de Morgan Schneiderlin ouGeoffrey Kondogbia.Fait d’armes 2015-16: Mediapart révèleque le scooter du chef de l’État a étévolé à Créteil. Mais que faisait-il dansle Val-de-Marne? Le site affirme que leprésident s’était rendu par ses propresmoyens au stade Duvauchelle pourassister au derby entre les Créteil-Lusitanos et le Paris FC. Match nul 0-0 etpelouse très humide. AP

Rafa Benitez.

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 / 14 octobre 2014, Halmstad. Suède-France, barrage retour qualificatifpour l’Euro U21. Vainqueurs 2-0 àl’aller, les Bleus sont malmenés, 3-0.

En fin de match, Kurzawa réduit le score, pensequalifier sa sélection et chambre ses adversairesen mimant une visière avec sa main sur le front.Mauvaise idée. Quelques secondes plus tard,Oscar Lewicki porte le score à 4-1 et élimineles Bleuets. Un homme se fait remarquer illico:

John Guidetti, qui provoque Kurzawa en imitantson geste sous ses yeux. Quatre jours plus tard,Guidetti inscrit le premier but du Celtic face àRoss County, et réitère. Le fameux comique derépétition: “Il n’y a rien de méchant, j’ai retrouvéKurzawa lors du France-Suède au Vélodrome,et on n’a fait que blaguer à ce propos.” Avantle défenseur monégasque, un autre Français,Jérémy Hélan, a goûté le côté chambreur duSuédois. C’était du temps où ils portaient tous

les deux le maillot des espoirs de ManchesterCity. “Avant de le vanner, il faut vraiment être sûrde son coup, sinon il t’assassine. À City, certainslui reprochaient son manque de respect, maisc’est un vrai tendre. John, c’est un acteur: il aime

 provoquer des émotions chez les autres, parcequ’il est lui-même très émotif. C’est pour ça qu’ilinvente des choses nouvelles, comme toutesces célébrations de buts bizarres qu’il répétait

 parfois à la fin des entraînements” , souritcelui qui assistait aux remakes des publicitésd’équipementiers que le grand blond tournaitavec son Caméscope.

Zlatan et le tatouagede l’AfriqueEn attendant de devenir l’égérie d’une grandemarque, l’attaquant fait tout pour qu’on leremarque. Son credo: la provoc. En mars 2015, lafédé écossaise porte plainte contre lui pour avoirentonné un chant composé par les supportersdu Celtic à sa gloire: “Oh John Guidetti, il metla balle dans les filets, c’est un super-Suédoiset les huns sont morts, ils marchent dans le

 paradis de Guidetti.”  Le hic? Le terme huns estconsidéré comme une insulte antiprotestantepar les ennemis des Rangers… Le bougre n’aimerien de plus que de surfer sur les rivalitésfootballistiques. La preuve encore à l’occasion

9GUIDETTI

JOHN QUI RITRéduit à un rôle d’amuseur et de provocateur après sa folie contrel’équipe de France espoirs, l’attaquant suédois John Guidetti a rejointle Celta Vigo avec la ferme intention de montrer qu’il est aussi efficace

sur le terrain qu’en interview. Focus sur un joueur chaud, venu d’unpays froid.

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de l’Euro espoirs 2015, lors duquel les Suédoisbattent le Danemark. En fin de match, Guidettise vidange à la télé suédoise: “Il est temps pourles Danois de rentrer à la maison! Qu’ils arrêtentde dire qu’il est facile de jouer contre nous alorsqu’ils perdent 4 à 1. C’est embarrassant. Noussommes le meilleur pays nordique. Nous étionstotalement supérieurs et nous avons gagné:C’est la pire équipe que nous ayons rencontréedans cet Euro!”  Il est comme ça, John. Franc ducollier, impulsif, entier. Et mauvais perdant. “Desfois, je joue avec ma copine pour m’amuser, et jecommence à mettre des tacles, je deviens tropsérieux et on s’engueule…” , regrette l’intéressé.À part ça, le natif de Stockholm est loin d’être

méchant. Loin d’être le nouveau Zlatan, aussi.“C’est le meilleur footballeur que la Suède aeu et probablement qu’elle aura jamais. Moi

 j’essaie juste d’être moi-même” ,  jure Guidetti.En vrai, il rêverait de lui reprendre le flambeaud’enfant terrible du football suédois. “John estun bosseur qui rêve en grand, assure Hélan. ÀCity, il citait souvent Zlatan. Je ne sais pas s’ill’égalera un jour, mais je sais qu’il y aspire.”  Pourl’heure, il partage surtout avec son glorieuxaîné un métissage de cultures original. Sesracines italiennes et brésiliennes se retrouventdans son nom de famille, mais sa peau clairedissimule une autre facette de sa vie. Il a en effetdéménagé deux fois au Kenya, à 3 puis 10 ans,pour y suivre un père enseignant. “Quand

on est arrivés à l’aéroport de Nairobi, j’étaisdégoûté , rembobine l’attaquant du Celta Vigo.Je m’attendais à voir des lions dès mon arrivée.Du coup, j’étais déçu et j’ai dit à mes parentsque je voulais rentrer.” Malgré cette premièredésillusion, le Suédois prend vite ses marques etintègre les Impala BrommBoys, puis le MathareUnited, avant de poursuivre sa formation auLigi Ndogo, une académie jouxtant l’écoleinternationale suédoise de Nairobi, où il côtoiedes riches, des mômes des bidonvilles, desEuropéens, des enfants d’expatriés africainset Morris Onyango: “Il était très discipliné.

 Au début, il voulait jouer gardien de but, mais

 je le faisais jouer en défense, se rappelle sonentraîneur au Ligi Ndogo. Il était tellementbon devant qu’on a fini par le positionner enattaquant.”  Finalement, l’aventure kényane luilaisse une trace indélébile, comme ce tatouagede l’Afrique sur le bras gauche. “Ses papierssont suédois, mais en réalité c’est un Africain ,synthétise Hélan. C’est une expérience qui a

 profondément marqué sa personnalité.”  Au pointd’avoir donné au Johnny Clegg suédois desidées de reconversion. “Avec ma fondation, jefais construire des écoles en Afrique pour queles joueurs reçoivent une éducation en plus dufootball. À la fin de ma carrière, je veux vivre lamoitié du temps là-bas, travailler sur quelquechose qui me plaît vraiment, et aider mon

 prochain. Pour moi, il y a une vraie différenceentre être un bon footballeur et une bonne personne. Si tu es un type sympa, tu es un typesympa. Si tu es un trou du cul, tu es un trou ducul.” Parce que derrière l’agitateur et le fanfaronse cache un gaillard qui revient de loin.

Des eurs pour les sceptiques

En 2012, Guidetti sort de la meilleure saisonde sa carrière: prêté au Feyenoord Rotterdam,il devient l’idole du De Kuip à coups de tripléscontre l’Ajax, le Vitesse et Twente. Mais touts’écroule lorsque ses amis lui organisent unefête surprise pour ses 20 ans. Ce soir-là, Johnse sent mal. Le dîner n’est pas passé. Lorsqu’il

retrouve le chemin de l’entraînement dix joursaprès avoir été alité pour une intoxicationalimentaire, sa jambe droite ne répond plus.Le diagnostic des médecins est terrible: sesanticorps se sont retournés contre son systèmenerveux. Paralysé de la jambe, beaucoup luiprédisent alors la fin de sa carrière. Un calvairede deux ans que Guidetti encaisse avec lesourire: “Lorsque j’ai commencé à recourir,beaucoup de gens me disaient: ‘John, tu ne jouespas pendant dix-huit mois et tu arrives toujourscontent, toujours en train de sourire, toujoursen train de chanter, qu’est-ce qui ne va pas?’Je leur répondais: ‘Écoutez, ça fait vraimentcliché, mais j’ai vécu en Afrique, j’ai vu des gensqui n’avaient pas de nourriture, pas de lit pourdormir, ils luttent chaque jour… Ici, j’ai des gensqui m’aiment, un lit, de quoi me nourrir chaque jour.’” Remis sur pied, Guidetti se réinvente ducôté du Celtic où City le prête pour se refaire lacerise. Il signe son retour avec quinze buts, unchampionnat d’Écosse et une coupe de la ligue.Dans la foulée, il porte sa sélection jusqu’auzénith du championnat d’Europe des moins de

21 ans. Et le revenant n’en finit plus de faire desplans sur la comète: “Quand j’avais 15 ans, onm’a demandé quel était mon plus grand rêve. EnSuède, si vous dites que vous voulez devenir lemeilleur joueur du monde, vous êtes arrogant,

 prétentieux. Je n’ai jamais dit que j’allais être lemeilleur, ni Lionel Messi. Mais si je peux rêver…”Ça tombe bien, cette saison, le Suédois du CeltaVigo aura l’occasion de confronter sa folie desgrandeurs à l’Argentin du FC Barcelone. “Çava me prendre un peu de temps pour m’adapterà la manière dont ils jouent, mais tout le mondem’aide. La Liga est le meilleur championnat dumonde. Pour moi, c’est une étape amusante etintéressante.”  Un peu comme ce projet fou qu’ilcompte lancer avec ses potes: “C’est un magasin

qui va s’appeler Flowers for Doubters (‘Desfleurs pour les sceptiques’, ndlr). On va envoyerdes fleurs à tous ceux qui ont douté de moi et quiquelque part, m’ont motivé encore plus. Les fleursseront une manière de leur dire merci .”  Fait d’armes 2015-16: Pour fêter son doublécontre La Corogne, Guidetti déguste laspécialité locale: le poulpe à la galicienne. Uneintoxication alimentaire plus tard, sa jambegauche ne répond plus. Le Suédois retourneau Kenya et passe ses nerfs sur le plus vieiléléphant du pays. Au grand dam de la WWF.

• TOUS PROPOS RECUEILLIS PAR HADRI EN MATHOUX, À VIGO /

PHOTOS: ICONSPORT

“Des fois, je joue avecma copine pour m’amuser,et je commence à mettredes tacles, je deviens tropsérieux et on s’engueule…”John Guidetti

L’arroseur arrosé.

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52  _ TOP 50

6PAULO

DYBALALe gaucher argentin de Laguna Larga a une trajectoire similaire àcelle de Javier Pastore. Attaquant en seconde division argentine,Dybala est arraché en 2012 à son pays d’origine par le fantasqueprésident de Palerme, Zamparini. Deux saisons plus tard,dont une en Serie B, le bonbon rose s’est habitué à son nouvelenvironnement et a changé ses habitudes. Fini “la viande, lesfritures et le Coca” , bonjour le nutritionniste et les entraînementsà la dure. Grâce à sa technique impeccable et ses nouveauxabdos, le joueur de 21 ans s’est fait un nom en Italie. Et unevaleur: 40 millions d’euros, soit le montant déboursé par la Juvepour l’enrôler. Sa mission: faire oublier Pirlo, Vidal et Tévez, quiont emmené le club en finale de ligue des champions. Avant derejoindre le Paris Saint-Germain?Fait d’armes 2015-16: le 17 avril, Dybala offre le titre à la Juventus,en marquant face à son ancien club. Un but qui met fin auxespoirs de maintien de Palerme. Une relégation que ne digèrepas Zamparini: “Dybala? Le plus mauvais coup de toute ma vie.” LM

8AYMERIC

LAPORTE“Un arrière-grand-père, une arrière-grand-mère. Enfin, je ne sais

 pas. Mais apparemment, j’ai bien des origines basques…”  En gros,Aymeric Laporte a bien le droit d’évoluer pour l’Athletic Bilbao. À21 ans, le natif d’Agen embraye déjà sa quatrième saison en Liga,comme titulaire indiscutable dans l’esprit d’Ernesto Valverde.Si sa cote a dégonflé en fin de saison dernière, la faute à desperformances en dents de scie, notammentavec les Espoirs, sa marge de progressionreste énorme. Pendant qu’Eliaquim Mangalatraîne comme un boulet son costume dedéfenseur le plus cher du monde, queMamadou Sakho s’interroge à être transférédu banc de touche de Liverpool, queRaphaël Varane lustre celui du Real et queLaurent Koscielny reste imprévisible, lui

fait l’unanimité en Espagne. Solide, mâture,technique, le gaucher pourrait vite intégrerles Bleus de Deschamps. À moins qu’il neprivilégie la sélection basque.Fait d’armes 2015-16: bien dans sesbaskets basques, Aymeric Laporte se met,l’hiver approchant, à porter le béret et unfoulard rouge autour du cou. Puis déclareouvertement, lors d’une conférence de presse,soutenir le mouvement indépendantiste.Et joint la parole aux actes en refusantdorénavant toute demande d’interview autrequ’en basque, même en équipe de France. Uncombat qui finit par payer puisqu’il est élupar un panel de lecteurs de La Républiquedes Pyrénées, meilleur joueur basque français

de toute l’histoire, devant Bixente Lizarazu etPantxi Sirieix. FL

7MICHEL

PLATINIMichel a longtemps hésité. Lasaison 2016-17 sera pourtantsûrement bien pire que ce qu’ilcraignait. Si son statut, sa statureet son entregent lui valentun évident rôle de favori, son

parcours ressemble de plus enplus à celui de Jeb Bush dansles primaires républicaines.Trop modéré, trop “l’héritier” del’ancienne Fifa, trop sûr de lui…Sa voix sera sûrement moinsentendue que celle de sesopposants qui pourront toujourssortir la carte “sincère” du vraichangement, d’autant plus qu’ilsn’auront pas à l’appliquer. Zicoou le prince Ali devraient s’endonner à cœur joie, alors quele Coréen Chung Moon-joon adéjà dégainé. Le succès annoncéde Michel s’avérera aux yeux

du reste du monde, forcément,entaché. Si avant, à Zurich, onpouvait s’en foutre, désormais ona des sponsors à écouter (un peuplus) et l’opinion publique (desspectateurs) à rassurer. Et l’exn° 10 n’a pas encore rencontréPoutine…Fait d’armes 2015-16: pourprouver sa (bonne) foi dans lefoot, Platini retire la coupe dumonde au Qatar qui rapatrietous ses investissements.Conséquence directe: AdrienRabiot accepte un transfert auGazélec Ajaccio. NKM

Dybala et ça (r)emballe.

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5KARIM

BENZEMADeux chemins s’ouvrent devant Karim Benzema. Àgauche, il y a Michel Platini et l’année 1984. Championd’Italie, meilleur buteur du championnat, vainqueurde la coupe des coupes avec la Juventus, ballon d’oret champion d’Europe avec les Bleus. À droite, il y a

Zinédine Zidane et l’an 2000. Perte du Scudetto à ladernière journée dans des conditions dramatiques,humiliation en huitièmes de finale de coupe UEFA parle Celta Vigo, élimination face à son rival –la Lazio– encoupe d’Italie, deuxième place au ballon d’or pour deuxcartons rouges contre La Corogne et Hambourg, maisun titre de champion d’Europe avec les Bleus. Donc, sil’ancien Lyonnais ne soulève pas l’Euro, le 10 juillet, auStade de France, il ne lui restera qu’une solution: exigerson transfert à la Juve.Fait d’armes 2015-16: à l’approche de l’Euro, la pressionpopulaire se fait trop forte. À l’annonce de sa sélection,K-Benz simule une gastro, et fuit pour s’installer à LosAngeles en colocation avec Rihanna. MK

3ANGEL

DI MARIAUn vice-champion du mondeargentin, gaucher et natifde Rosario qui débarque àParis: à quelques centimètres

près, les supporters du PSGauraient sans doute réalisé lecasse du siècle. En attendant,ils devront se contenter d’un joueur à la relance, après unesaison flinguée à ManchesterUnited, en la personne d’AngelDi Maria… recruté 63 millionsd’euros, ce qui en fait le joueur leplus cher en transferts cumulés,devant Zlatan Ibrahimovic ouJames. L’ailier, reconverti milieurelayeur par Carlo Ancelotti auReal Madrid, a pour missiond’apporter vitesse, techniqueet folie sur une aile gauche

où Lavezzi n’a jamais donnésatisfaction. “J’aurais pu allerailleurs mais j’ai vraiment enviede gagner une deuxième liguedes champions personnelle avecle PSG” , a déclaré l’Argentin lorsde son arrivée dans la capitale.Ça tombe bien, les Qataris, pourleur cinquième année à la tête duclub, échangeraient volontierstous leurs hexagoals et coupesde la ligue contre les hanchesde la C1. Dans le cas contraire,ils rêveront encore plus grandet iront chercher une autre star.Un buteur portugais qui ne

s’appelle pas Pedro Miguel et qua sa préférence pour le couloirgauche, par exemple…Fait d’armes 2015-16: le PSGélimine Manchester United enquarts de la C1. En transe, lebuteur Angel Di Maria se dirigevers le banc de MU, sort unesardine de son short, la suspendau-dessus de la tête de VanGaal et lui demande d’ouvrir labouche. Scandale. Le début de ceque le monde du foot appelleraplus tard “l’affaire Pélican”. BS

4 HATEM

BEN ARFADu joueur de foot à cinq qui se reconnaît dans ses facilitésballe au pied, à sir Alex Ferguson, qui a un jour penséà lui pour succéder à Cristiano Ronaldo à ManchesterUnited, Ben Arfa a toujours surpris son monde. Tricardchez les Bleus, tricard à Newcastle, Ben Arfa semblait

être définitivement tricard en France avec son retouravorté avec l’OGC Nice lors du dernier mercato d’hiver.Les foules s’étaient déplacées pour son retour en L1, maisla LFP avait annulé son contrat, au motif qu’il avait déjà joué pour deux équipes dans la saison. Ben Arfa crie alorsà l’injustice, promettant de retrouver un autre challenge.Bon, il s’est finalement ravisé et gavé de sucreries avantde signer à Nice cet été. Son retour lui ressemble, marquépar les moqueries sur son petit bidon et déjà de grandesenvolées toutes en dribbles chaloupés. La magie seraitdonc toujours là.Fait d’armes 2015-16: il gagne à lui seul un des matchs àdomicile contre Paris, Lyon ou Marseille. Et fait perdre lesdeux autres. RC

Bebeto et Di Maria.

Shine bright like a Diamond.

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1THOMAS

MÜLLERUn sur deux, et c’est tout. Louis van Gaal avait unplan: ramener Bastian Schweinsteiger et ThomasMüller auprès de lui à Manchester United. Si lesBavarois ont laissé partir le premier, c’est parcequ’ils ont trouvé aussi bien, voire mieux. Un joueurmoins gourmand, moins blessé, moins vieux: ArturoVidal. Mais sur le cas Müller, ils ont opposé une finde non-recevoir. Même à 85 millions. Même à 100.“Müller n’est pas à vendre, a expliqué Karl-HeinzRummenigge, directeur exécutif du club. Tout lemonde connaît notre vieil ami Louis van Gaal. Il esttrès têtu sur ce genre de choses. Peut-être pense-t-il qu’il y a un prix qui pourrait commencer à faireréfléchir le Bayern, mais ce prix n’existe pas. Il n’existe

 personne, ni ici ni ailleurs, qui puisse m’expliquer pourquoi nous devrions vendre Thomas Müller.”  Peut-être que le coach hollandais pensait toucher unecorde sensible en se rappelant au bon souvenir decelui dont il a fait un titulaire indiscutable du Bayernen 2009? Depuis, tout a changé. Müller a dansé surla Bundesliga, la Champions League, l’Oktoberfest.Et avec 10 buts en deux coupes du monde, à tout juste 26 ans, il est bien parti pour détrôner MiroslavKlose, meilleur buteur de la compétition. Surtout, ilne joue pas comme les autres. Ni ailier, ni meneur,

ni deuxième ni premier attaquant. Mais un peu toutça à la fois. Ce qui ne peut que plaire à Guardiola.Thomas se considère comme un “Raumdeuter” . Çaveut dire “interprétateur d’espace”, en VF. Et c’estlui-même qui a inventé la formule, à partir du mot“Traumdeuter”, “interprétateur de rêves”. Parcequ’évidemment, à l’heure des chaussures fluorescenteset de la starification à outrance, Müller fait figured’anachronisme. Quand il marque, il se contentede serrer le poing et de crier très fort. De fait, saprésence dans les plus gros transferts de l’histoireaurait été incongrue. Il n’a pas les courses de Bale, lesstatistiques de Cristiano Ronaldo ou la grinta de LuisSuarez. Il a autre chose: il sait regarder là où personnene regarde, et voir ce que les autres n’avaient pasimaginé. Un bien rare qui vaut certainement bien plusque 85 millions d’euros. Ou même 100, donc.Fait d’armes 2015-16: passionné de barbecue, ThomasMüller est sacré champion du monde de la discipline, juste avant l’Euro 2016, avec sa côte d’agneau marinéeau romarin et à l’orange, accompagnée de pommessautées. Il signe, dans la foulée, une prolongation chezWeber, dont il est déjà l’égérie, assortie d’une bellerevalorisation. Ce qui fait de lui l’ambassadeur demarque de barbecue le mieux payé au monde. CL

2MANCHESTER

CITYIl y a la BBC au Real Madrid, MSN àBarcelone et, donc, la SAS –commeles bouquins d’espionnage grivois–à Manchester City: Silva, Agüeroet Sterling. Sterling qui, malgré

sa dernière saison pourrie avecLiverpool, est devenu le joueuranglais le plus cher de l’histoire, 69millions d’euros. Bref, City n’a plusde temps à perdre. Depuis l’arrivéedu fonds d’investissement d’AbuDhabi au club en 2008, les geysersde sterling n’ont ramené que deuxchampionnats, une Cup et uneLeague Cup. Pire, en Europe, c’estle néant. Lors des deux dernièressaisons, les Citizens ont vécu deuxéliminations en huitièmes de finale.À chaque fois désintégrés par leBarça. En clair, c’est une annéecharnière en forme de fin de cycle

qui attend Nasri, Kompany, Yayaet leur coach Manuel Pellegrini,prolongé malgré la saison blanche.Objectif: fermer des bouches, dontcelle de José Mourinho, endiguer leretour de Manchester United et faireune moisson de trophées, comme lefaux jumeau du PSG. En cas d’échec,Pep Guardiola serait attendu dans lesas pour une mission SOS…Fait d’armes 2015-16: premier desa poule en ligue des champions,City tombe sur l’Olympiakos enhuitièmes. En quarts, les Citizenstirent le Barça… La saison prochaine,peut-être? BS

Sterling, Kolarov et l’ex-gendre.

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C H A M P I O N

M E N T E U RH É R O S

T R I C H E U R

BEN FOSTER CHRIS O’DOWD GUILLAUME CANET

UN FILM DE STEPHEN FREARS

PAR LE RÉALISATEUR DE

“THE QUEEN” ET “PHILOMENA”

« FASCINANT »PREMIÈRE

LANCE ARMSTRONG N’A JAMAIS RIEN CACHÉSAUF LA VÉRITÉ

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56  _ E NQ UÊTE

MAISQUIA TUÉ ALBERTEBOSSÉ?

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On a longtemps cruqu’il avait étémortellement frappépar une pierre lancée

de la main de sespropres supporters àl’issue d’une défaite.C’est du moins laversion officielle quidomine depuis plusd’un an en Algérie.D’autres voixaffirment que le

Camerounais de laJS Kabylie, AlbertEbossé, aurait plutôtété brutalementassassiné dans letunnel qui mène auxvestiaires du stade du1er-Novembre-1954,sous les yeux dedizaines de témoinsaphones. Pourquoi?Comment? Enquêtesur place, à Tizi-Ouzou. Par Christophe

Gleizes, à Tizi-Ouzou

(Algérie) / Photos: CG et DR.

Kamel Yesli, ami et coéquipier d’Albert,dans le couloir de la mort.

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58  _ E NQ UÊTE

+ Cerné par les montagnes du Djurdjura, Tizi-Ouzous’éveille dans une ronronnante cacophonie en cettematinée d’août. Entre deux coups de klaxons, les

chauffeurs de taxis hésitent à remonter leur vitreface aux effluves des pots d’échappement. Dansles artères asséchées et poussiéreuses du centre-

ville, les commerçants s’affairent et se disputent le moindrecarré d’ombre. Plus loin, devant la Cité des 145-Logements, latempérature monte encore d’un cran. Malgré l’heure avancée, lesiège social de la Jeunesse sportive de Kabylie est fermé. Devantla lourde porte noire en acier, une centaine de supporters scandedes slogans agressifs, au lendemain d’une nouvelle défaite contreConstantine. “Je suis plutôt déçu par l’affluence, on va mettre çasur le compte des vacances” , s’excuseMouloud Iboud, le joueur le plus capéde l’histoire de la JSK, en regardant lafoule rétrécie derrière lui. Peu importe,l’essentiel est de marquer le coup:“Le club est pris en otage depuis trop

longtemps et nous voulons que cela cesseimmédiatement. Nous sommes devenusla risée du championnat algérien. Notreseule revendication est le départ du

 président Hannachi qui est en train dedétruire le club. Le pouvoir de décisionlui appartient entièrement. Personne ne

 peut déplacer une chaise du bureau sans le consulter, alors qu’ilest de la pire incompétence.”  Référence locale, Mouloud Iboud estle président du comité de sauvegarde de la JSK. Pour protester,il organise sans relâche depuis plusieurs mois de nombreux sit-in et manifestations pacifiques. Ces dernières années, la JSK n’aen effet pas été épargnée par les soucis extrasportifs, à base dechangements d’entraîneurs répétés, de démissions à la chaîne

et autres polémiques en tout genre. Avec en point d’orgue cette journée tragique du 23 août 2014, lors de laquelle Albert Ebossé,l’avant-centre du club, a perdu la vie à cause d’un jet de pierre,

lancée par ses propres supporters. Officiellement.

Malaisie, CRS et défibrillateursÀ l’époque, l’attaquant camerounais de 24 ans enfile les butssous le maillot jaune et vert de la JSK. Venu de Malaisie, il s’estrapidement adapté au championnat algérien, au point d’endevenir la coqueluche. “Il était connu et apprécié dans toutel’Algérie, confirme Kamel Yesli, son ancien coéquipier et meilleurami. Même quand on allait jouer dans le sud du pays, en plein

désert, les gens criaient son nom.”  C’estl’entraîneur Azzedine Aït Djoudi quil’a fait venir en Algérie: “Il est arrivéavec beaucoup d’ambitions, mêmes’il avait quelques appréhensionsau départ. Il était très content que je

le repère et il m’a promis d’être à lahauteur.”  Chose promise, chose due:Albert Ebossé termine meilleur buteurdu championnat avec 17 buts et permetà la JSK d’accrocher la seconde placedu championnat ainsi qu’une place enfinale de la coupe d’Algérie. C’est donc

plein d’espoirs que le chouchou du public entame sa secondeannée au club, avec notamment ce match à domicile contre l’USMAlger, lors de la deuxième journée de championnat. Un choc trèsattendu entre les deux clubs les plus titrés du pays. L’ambianceest électrique, les débats équilibrés. Les visiteurs ouvrent le score,mais les locaux répliquent sur penalty. Blessé, Kamel Yesli observela rencontre en tribunes: “Juste avant le match, Albert m’avait

“C’est la loi de l’omerta.Ce n’est pas difficile à

comprendre: si quelqu’unparle, il est mort”Ferhat Mehenni, leader du mouvementd’autonomie pour la Kabylie

Tizi-Ouzou.

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 promis qu’il allait marquer. Alorsce tir au but, évidemment, il s’enest chargé. Je m’en rappelleencore, il est venu au poteau decorner faire sa danse habituelleavec les supporters.”  Un bonheurde courte durée puisque YoucefBelaïli donne finalement lavictoire à l’USMA, à cinqminutes de la fin. Le début dudrame.Au coup de sifflet final, précédépar son capitaine Ali Rial,Ebossé regagne en marchant letunnel qui mène aux vestiaires.“C’était chaud, les supportersmécontents ont commencé à

 jeter des pierres grosses commemon poing, se rappelle HugoBroos, l’ancien entraîneur belgede la JSK, qui a vécu la tragédieaux premières loges. Je suisarrivé trente secondes après car

 je venais de l’autre côté du terrain. Quand je suis arrivé près dutunnel, j’ai vu Albert couché sur le sol, à l’entrée. On m’a dit qu’ilavait été touché par un projectile.”  Protégé par les policiers quiforment un périmètre de sécurité, le joueur semble inconscient.“J’ai essayé d’aller le voir mais les CRS m’ont obligé à me dirigerdirectement au vestiaire. Ils ne voulaient pas qu’on l’approche, cequi m’a semblé normal sur le coup quand quelqu’un est inanimé.Une demi-heure après environ, on aappris dans les vestiaires qu’Albert avaitété transporté d’urgence à l’hôpital.”  Dans les tribunes, le bouche-à-oreille faitson œuvre. Situé à quelques encablures

du stade du 1er

-Novembre-1954, le CHUde Tizi-Ouzou voit débarquer une fouleimmense, dans l’anarchie la plus totale.“Comme il n’y avait pas de sécurité àl’entrée, les supporters ont commencé àse ruer dans le hall, tout le monde était

 paniqué. Les gens pleuraient, priaient pour qu’Albert se remette, se souvientKamel Yesli, qui a appris la nouvelleen arrivant aux vestiaires, avant de seprécipiter au chevet du blessé. J’ai vu ledocteur entrer dans le bloc et j’ai profitédu fait que la porte battante ne soit pasencore fermée pour me faufiler derrièrelui. À ce moment précis, j’ai vu Albert, satête pendait et ses bras ne répondaient

 plus. Le médecin du club m’a vu etm’a tout de suite poussé dehors. Ils m’ont expliqué qu’ils étaientsur le point d’utiliser les défibrillateurs. Je ne pouvais rien faire,

 Alors j’ai attendu, comme tout le monde.”  Quarante-cinq minutesaprès, à 21 h 30, la porte s’ouvre à nouveau. Épuisé, le docteursort, s’effondre contre le mur et commence à pleurer. “C’est à cemoment que j’ai compris ce qui était arrivé”,  murmure Kamel,les larmes aux yeux. Pendant ce temps, le reste des troupes quiattend dans le vestiaire du stade s’inquiète. Le téléphone sonne,un dirigeant décroche. Silence. “Ebossé est mort.”  Plongée dansl’horreur. “J’étais comme hors du monde. Les joueurs, les assistantset les dirigeants ont commencé à crier , se souvient Hugo Broos,encore traumatisé. Plus jamais je ne voudrais vivre un tel moment.” 

“Ebossé a étéfroidement

assassiné”Le lendemain matin,l’Algérie se réveillesous le choc. “On atué Ebossé”  titrent lesquotidiens sportifs LeButeur et Compétition,en publiant une photode la victime surfond noir. Entre deuxdiatribes indignées,les politiques blâmentla sauvagerie dessupporters et lemanque de sécuritédes enceintes. “C’estune catastrophe pourle football national”, commente Mahfoud

Kerbadj, le président de la ligue. En signe de deuil, la fédérationalgérienne de football suspend le championnat pendant quinze jours. Cependant, au milieu des débats enflammés, une vidéofait irruption. Filmée involontairement par un cameraman, puismise en ligne sur YouTube, la scène grossie à la loupe se passedans le coin gauche en haut de l’écran. On y voit le joueur entrersous le tunnel sain et sauf, protégé par un cordon policier. “Les

autorités n’avaient vraiment pas prévuça, explique le journaliste AmnayAit Ifilkou, de la SIWEL, l’agencekabyle d’information, attablé dans unrestaurant du centre-ville. S’il n’y avait

 pas eu cette vidéo, leur plan aurait parfaitement fonctionné.”  Mais la vidéoexiste, et fait des milliers de vues sur lesréseaux sociaux. Du coup, la thèse duprojectile prend du plomb dans l’aile.Sous pression, le président Hannachicommence à cafouiller face auxcaméras: “À la vue de ces images, je ne

 pense pas qu’Albert soit décédé à caused’une pierre. C’est possible qu’il ait glissésur une flaque d’eau ou quelque chosecomme ça. Nous continuons à chercherce qui s’est passé.”  Avant de privilégierla thèse d’une crise cardiaque,corroborée par le médecin du club et ledirecteur de l’hôpital: “Pendant le match,

 Albert a fourni beaucoup d’efforts. Aumoment où il allait quitter le terrain, il a eu un malaise.”  Maisc’est trop tard. Face à ces déclarations contradictoires, les doutesaffluent. “Après la mort d’Ebossé, j’ai entendu quatre ou cinqversions différentes, ironise Hugo Broos. Je comprends que justeaprès le drame il puisse y avoir des incertitudes quant à la causedu décès, mais là c’était très bizarre, on changeait d’explication àchaque fois.”  Finalement, la justice algérienne tranche dans le tas.Le 25 août, suite à l’autopsie pratiquée à l’hôpital militaire d’Alger,on apprend de la bouche du procureur que le joueur est décédédes suites d’un “traumatisme causé par un objet contondant ettranchant, provoquant une hémorragie interne” . Le 7 septembre,le ministre des sports algérien, Mohamed Tahmi, précise dans lapresse que le joueur a été tué par “un jet d’ardoise tranchante” ,

“J’ai vu le docteur entrerdans le bloc et j’ai profité

du fait que la portebattante ne soit pasencore fermée pour mefaufiler derrière lui.À ce moment précis,

 j’ai vu Albert, sa têtependait et ses brasne répondaient plus”Kamel Yesli,coéquipier d’Ebossé à la JSK

Albert Ebossé.

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60  _ E NQ UÊTE

trouvée sur un chantier avoisinant: “Des travaux étaient en cours près du stade et il y avait beaucoup de gravats, de pierres etd’objets contondants à disposition sur le chantier.”  Dans la foulée,la JSK est lourdement sanctionnée: le stade du 1er-Novembre-1954est fermé jusqu’à nouvel ordre et le club doit se délocaliser, en plusde jouer ses matchs à huis clos. Accusés d’avoir “couvert le paysde honte” , les supporters kabyles sont interdits de déplacement.Tributaire d’une lourde amende, la JSK est en outre exclue de laligue des champions africaine, pour laquelle elle s’est qualifiée.Les semaines passent, et en dépit des soupçons, l’affaire setasse. Pourtant, contre toute attente, un homme va relancer ledébat. Son nom: André Mouné, médecin en chef de l’hôpital deDouala, au Cameroun. À la demande de la famille du joueur, quine croit pas en la version avancée parles autorités algériennes, il a procédéà une seconde autopsie sur le corpsrapatrié. Et son verdict, présenté le 13décembre 2014 devant un parterre de journalistes, est sans appel. S’appuyantsur les clichés insoutenables de ladépouille, qui défilent lentement surson vidéoprojecteur, le docteur Mounél’assure: “Ebossé a été froidementassassiné.”  Au cours de l’examen, ila constaté “une série de cinq lésionsassez patentes qui ne corroborent pas lathèse avancée dans un premier temps” .Disponible sur internet, le compte-rendu de la contre-expertise tient surquinze pages et se conclut de la manièresuivante: “M. Albert Ebossé Bojongoest décédé des suites d’une agressionbrutale avec polytraumatisme crânien.Nous rappelons pour cela, sur le crâne,une embarrure de la calotte, la fracture

des os de la base, ainsi que la fracturedes vertèbres cervicales. Sur l’épaulegauche, une luxation et une fracturemarquée de la clavicule.”  En outre,en examinant le cadavre, il remarque l’absence d’un bout d’osclaviculaire. “Selon moi, c’est le signe qu’on a voulu masquer uneblessure au niveau de la cage thoracique. Probablement un coupde couteau.”  Tollé général. “Après cela, on a cru que le procureurde Tizi-Ouzou se manifesterait, regrette Jean-Jacques Bertrand,l’avocat de la famille Ebossé, qui se bat maintenant depuis plusd’un an sans recevoir la moindre réponse des autorités judiciaires. Mais il n’en a rien été.”  

Clef de bras et services de renseignementMais que s’est-t-il donc passé dans le tunnel? “Il y a forcément

des témoins, pose Farid Beziouen, un ancien joueur de la JSK. Jeconnais l’endroit, il y a toujours plein de CRS et de policiers, desdélégués du club ou des journalistes qui sont là, c’est impossiblequ’ils n’aient rien vu.”  Beaucoup de gens connaîtraient la vérité,mais préfèreraient la garder pour eux. “C’est la loi de l’omerta,explique Ferhat Mehenni, le leader du mouvement d’autonomiepour la Kabylie, attablé dans un café de Montreuil, car réfugiépolitique en France. Ce n’est pas difficile à comprendre: siquelqu’un parle, il est mort.”  Ce serait le cas notamment d’AliRial, le capitaine du club, “qui a forcément vu quelque chose” .Interrogé à de nombreuses reprises, le joueur est devenu maîtredans l’ellipse: “Ebossé était derrière moi. Subitement, à l’entrée dutunnel, je l’ai entendu crier. Je me suis retourné et je l’ai vu tomber

 par terre. Je crois qu’il est tombé sur la barre de la bâche.”  Ok.

Dans un excès de zèle, le capitaine précise qu’il n’a vu ni pierreni sang. Le docteur André Mouné n’a rien vu non plus, maisl’autopsie qu’il a pu pratiquer sur le corps de la victime lui permetde tirer d’autres conclusions: “D’après examen des blessures, lescénario vraisemblable est qu’Albert Ebossé a été immobilisé deforce. On lui a pris le bras gauche vers l’arrière et, en voulant sedégager, son épaule s’est déboîtée. Il a dû se débattre et a reçuun coup sur la calotte crânienne. Cela a fait vaciller les os de labase du crâne, d’où la présence de liquide céphalo-rachidien.”  Pour compléter les dires du docteur, il faut se référer à la vidéoYouTube. “D’après l’étude des gestes et des mouvements, on

 peut au moins dire qu’on sent des policiers mal intentionnés” ,avance Jean-Jacques Bertrand. Concrètement, le drame se joue

en dix secondes à peine. Sur la vidéo,on distingue les policiers se prévenirentre eux de l’arrivée d’Ebossé. Aupremier plan, trois d’entre eux s’écartent,boucliers levés, pour céder le passageà l’attaquant. Puis ils se regroupentrapidement, encerclant le joueur,bloquant toute opportunité visuelle.C’est à ce moment-là que se joueraittoute la tragédie et que les images,forcément, sont plus incertaines. Dansson dos, un policier semble retenirEbossé par le bras. Un autre lève samatraque sans que l’on puisse pourautant le voir asséner un quelconquecoup, qui, le cas échéant, aurait étédonné hors cadre. Un objet tranchant estensuite jeté hors du tunnel. Pour finir,on aperçoit une forme jaune s’écroulersur le sol, au milieu de la cohue. Dansla foulée, plusieurs joueurs s’avancent,penchés, pour regarder une personne à

terre. Aucun d’entre eux ne le sait encoremais le drame est déjà joué. Et le joueurdéjà condamné .Un an après, la scène du crime est

inchangée. Le fameux tunnel, recouvert d’une bâche jaunâtreen plastique, est toujours là. Au-delà de la piste d’athlétisme, les joueurs de la Jeunesse sportive de Kabylie s’entraînent dans ladésorganisation la plus totale. La veille, le manager Karim Doudanea démissionné, tout comme l’entraîneur des gardiens. C’est doncl’autoritaire Mourad Karouf (évincé depuis, au lendemain de sapremière défaite) qui tente de motiver ses troupes, sous le regardinquisiteur de policiers en faction, matraques à la ceinture. Entredeux exercices, un homme appelle discrètement à l’écart. “Viens,on parle à côté.”  Ce dernier fait partie du club. Entré dans letunnel, il lâche quelques regards anxieux, avant de murmurer:“Fais attention, ici, personne ne dira la vérité. Voilà, c’est ici qu’il a

été lynché, sur cette dalle.”  Il mime une tête pliée sur le côté: “Les policiers lui ont brisé la nuque.”  Oussama est un témoin précieuxcar il a vécu le drame de l’intérieur du club. Il sait ce qu’il s’estpassé dans le tunnel, “quelqu’un qui a tout vu lui a raconté” . Plustard, alors qu’il conduit sur les routes bosselées de la campagnekabyle, il partage ce qu’il sait: “Le soir du drame, quinze minutesavant que le match ne se termine, un 4x4 noir s’est garé aux abordsdu stade. Il y avait trois personnes dedans, habillées en civil.Sûrement des agents de la DRS  (service de renseignement algérien,ndlr) car ils avaient une allure militaire. Ils étaient mats de peau,grands de tailles, plutôt costauds. Ils sont entrés dans le stade enmontrant leurs cartes. Dans le tunnel, ils ont commencé à donnerdes ordres aux policiers.”  S’il n’a de preuve que la bonne foi de soninformateur, il peut en revanche témoigner personnellement de

“D’après examen desblessures, le scénario

vraisemblable estqu’Albert Ebossé a étéimmobilisé de force. Onlui a pris le bras gauchevers l’arrière et, envoulant se dégager, sonépaule s’est déboîtée. Il adû se débattre et a reçuun coup sur la calottecrânienne” 

Docteur André Mouné,

médecin en chef de l’hôpital de Douala

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ce qui est arrivé après le drame: “Une personne du club, dont je ne

 peux pas dire le nom, m’a appelé depuis la morgue pour me direqu’Ebossé était mort. Il m’a expliqué qu’on ne savait pas si c’étaitun arrêt cardiaque ou un projectile. Il m’a dit d’attendre, car ilsallaient discuter entre eux pour savoir quelle version ils allaientdonner aux médias.”  Lui, sur le coup, s’interroge, puisqu’il a vu deses propres yeux le joueur entrer dans le tunnel, pour ne plus jamaisréapparaître. La suite des évènementsachève de le convaincre. “Quatre

 jours après, j’étais en train de déjeunerquand la BRI (Brigade de Recherche etd’Intervention, ndlr) est venue me voirchez moi, pour me convoquer à 16 heuresau commissariat. Je leur ai demandési c’était pour l’affaire Ebossé, ils m’ontdit oui. Je suis arrivé dans une salle, il

 y avait à peu près dix policiers. Ils ont

commencé à me poser toutes sortes dequestions sur l’affaire. L’interrogatoire aduré une heure et demie. À un moment,

 je leur ai dit que je ne croyais pas auxcailloux téléguidés, ils ont rigolé. Ils m’ontdemandé si j’étais prêt à témoigner que

 j’avais vu le joueur se faire toucher parun projectile. Ils m’ont dit qu’ils avaientbesoin de mon aide, pour conclure cette affaire. J’ai dit que je nevoulais pas mentir. Ils m’ont regardé, ont dressé le PV et m’ontsignifié qu’ils m’appelleraient. Et que si j’avais besoin de quoi quece soit, ils étaient là.”  Une fois dehors, Oussama se précipite chezquelques supporters qu’il connaît et dont la police lui a montréles clichés… sans qu’il ne laisse rien paraître. “Sur les photos, on les

voyait en train de lancer des pierres depuis la tribune. Je leur ai dit

de changer de coupe de cheveux et de se barrer d’ici.”  

“Si je parle, des têtes vont tomber”Pour Oussama, pas de doute, l’affaire Ebossé dépasse lesimple cadre du foot et de ses tribunes. Il estime qu’il y a eu

préméditation, ce qu’ont toujours niéles autorités. Une notion importantepuisqu’elle distingue le meurtre del’assassinat. Lounès a 20 ans. Il estmembre des Ultras Amazigh, le groupedu virage. Il était là le soir du match.Depuis, une question le taraude.“D’habitude, le tunnel rétractable esttoujours déplié jusqu’à la pelouse, pour

 justement éviter que les joueurs puissent

être blessés par des projectiles. Or, ce jour-là, il était replié.”  Plus troublantencore, la tribune située juste au-dessusdu tunnel, fermée depuis un an pour lesmêmes raisons, est cette fois ouverteau public. Exceptionnellement. “Je ne

 peux pas croire à une telle coïncidence,explique Lounès, d’un regard dépité.

Tout a été arrangé pour nous faire porter le chapeau. Les genslançaient des pierres oui, mais sur les joueurs de l’autre club. Detoute façon, jamais nous n’aurions pu viser Albert Ebossé, nousl’aimions tous, c’était notre joueur préféré.”  Dans ses nuits sanssommeil, Kamel Yesli a eu le temps de rejouer la scène dans satête, encore et encore. Et de noter une incohérence: “D’habitude

“Après la mort d’Ebossé, j’ai entendu quatre oucinq versions différentes.Je comprends que justeaprès le drame il puisse

y avoir des incertitudes,mais là c’était trèsbizarre”Hugo Broos, coach de la JSKau moment du drame

Rachid Kana, actionnaire de la JSK.

Ilyès Izri, l’ancien gardien de la JSK.

Lounis, le kiné.

Pèlerinage.

“Hannachi dégage.”

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à la fin du match, on peut descendre tout de suite de la tribuneofficielle pour aller sur la pelouse, comme le fait le président àchaque fois. Mais cette fois, la police nous en a empêchés. Ils ontdit qu’on devait attendre que tous les joueurs soient rentrés auvestiaire pour libérer la tribune.”  Ce n’est pas tout. Interrogé surl’affaire Ebossé par le journal Compétition en janvier 2015, leprésident Mohand Chérif Hannachi a contre toute attente laissééchapper des paroles lourdes de sens: “Je ne voulais pas parlerdernièrement, car si je parle, des têtes vont tomber. Ceux quiont injustement sanctionné la JSK doivent lever la sanction, carnotre club a été victime dans ce qui s’est passé.”  Quelles têtes?Impossible à savoir. Lorsqu’on lui pose la question, le présidentraccroche au nez. “On a fait ce qu’on a fait”  seront ses seulesparoles.S’il ne répondra probablement jamais, une autre question mérite

réponse. Celle du mobile du crime.Pourquoi Albert Ebossé serait-il mort?Pourquoi lui? Depuis un an, les bruitsles plus fous ont couru sur son compteà Tizi-Ouzou. Des rumeurs de liaisonsavec la femme du président Hannachi, oudes murmures étouffés sur sa conditiond’agent secret. Tous les gens qui l’ontconnu font en tout cas état d’un jeunehomme sans histoires, plein de bonté.“Le genre de gars à demander au taxi des’arrêter quand il voyait un mendiant dansla rue. Il sortait et lui donnait un billetde 200 dinars” , se souvient Kamel Yesli,qui habitait dans le même immeublequ’Albert, sur le même palier. Bientôt

rejoint par son pote Farid Beziouen,l’ancien membre du trio, qui joue maintenant à Avranches: “On passait beaucoup de temps tous les trois, à dîner chez l’un ou chezl’autre. Souvent, je l’accompagnais à la banque pour qu’il envoie del’argent à sa famille restée au pays, où il construisait une maison.En Algérie, il travaillait pour les siens, il était en mission.”  Dans lavie privée du joueur, père d’une petite fille d’un an, rien ne sembleindiquer une quelconque inimitié. Du moins n’en a-t-il fait partà personne, famille et amis compris. Son père, André Bodjongo,confirme d’une voix enrouée: “Albert, personne ne le connaissaitcomme moi-même. Il me disait tout ce qu’il vivait en Algérie et ilne m’a jamais dit qu’il se sentait mal. Au contraire, il adorait sanouvelle vie.”  Pourtant, les mots de Saïd Ferguène, qui partageaitsa chambre la veille du match, semblent nuancer le tableau: “Le

soir de vendredi, c’est-à-dire après 21 heures quand nous sommesarrivés à l’hôtel, il me paraissait quelque peu anxieux. Je mesuis dit que c’était peut-être à cause de l’importance du matchdu lendemain. On a parlé un peu et on a vite éteint la lumière

 pour dormir.”  Au milieu des questions, un détail trouble FerhatMehenni: le fait que le joueur ait été assassiné en plein stade. Unélément décisif. “Au départ, j’ai soupçonné un crime passionnel enme disant qu’Ebossé serait sorti avec une fille et qu’il y aurait euquelqu’un de jaloux. Mais dans ce cas, on aurait pu le tuer alorsqu’il rentrait chez lui ou qu’il sortait de chez sa maîtresse, commec’est arrivé à un de mes amis. Or, non seulement la manière dontil a été tué est atroce, mais elle n’est pas sans risques. C’est mêmefou quand on y pense: cela s’est fait sous les yeux d’une quinzainede personnes! Pour moi, cela ne colle pas avec une vengeance

 personnelle quelconque, qui aurait pu se faire discrètement. Non,

s’il est mort dans le tunnel, c’est parcequ’il devait mourir dans le stade.”  Pasn’importe lequel. Celui de la Jeunessesportive de Kabylie. Bien plus qu’unsimple club de football.

Ramadan, Barça et HouariBoumédièneSituée dans le nord du pays, àune centaine de kilomètres à l’estd’Alger, la Kabylie est une terre demontagnes densément peuplée,foyer des populations de culture etde tradition berbère. Par opposition

au reste du pays, soumis à l’influencearabo-musulmane, les Kabyles ont leur propre langue, l’amazigh,et un esprit frondeur. “Depuis des décennies, l’État tente de nousislamiser à marche forcée en finançant des mosquées à tourde bras. Mais elles ne changent pas notre mode de vie, entameAmnay Ait Ifilkou, en dégustant une bière. Nous sommes unerégion laïque, plus cultivée, plus instruite, moins facilementmanipulable. Nous ne sommes pas des arabes, nous sommes desberbères.”  Nostalgique de sa région natale, qu’il a quittée suite àses engagements autonomistes, Ferhat Mehenni confirme: “LesKabyles sont très attachés à leurs valeurs ancestrales. C’est un

 peuple qui a un rapport à la religion très particulier en ce sens quemême si on est majoritairement musulmans, nous revendiquonsle droit de ne pas faire ramadan, de manger du porc, de boire de

“D’habitude à la findu match, on peutdescendre tout de suitede la tribune officiellepour aller sur la pelouse.Mais cette fois, la policenous en a empêchés” 

Kamel Yesli,meilleur ami d’Ebossé à la JSK

62  _ EN QUÊTE

Le lieu du drame.

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l’alcool. Nous vivons beaucoup pluscomme des occidentaux que commedes orientaux.”  Dans une société aussiverrouillée que l’Algérie, la libertéaffichée des Kabyles dérange. Pour laprotéger, ces derniers, qui s’estimentaujourd’hui victimes d’une “nouvelle forme de colonisation” ,n’hésitent jamais à se défendre violemment. Comme lors de laguerre d’indépendance contre la France, où la région a fourni leplus grand nombre de “ martyrs” , à en juger par les dizaines destatues qui ornent la ville de Tizi-Ouzou. Depuis, les émeutes etles manifestations n’ont pas cessé. Il y a eu le printemps berbère,en avril 1980, réprimé dans le sang, dont le point de départ estl’annulation d’une conférence sur la poésie ancienne kabyle,et plus récemment, en 2001, les manifestations du Printempsnoir, qui ont causé la mort de 123 personnes dans de violentsaffrontements provoqués par la mort d’un lycéen dans unegendarmerie. “Depuis toujours, l’État nous persécute” , synthétiseAmnay Ait Ifilkou, en dénonçant le “sabotage économique, ladésinformation et la manipulation médiatique”  dont la régionserait victime.Or, aujourd’hui, le symbole ultime de la cause identitaire kabyle,c’est la JSK. Actionnaire minoritaire duclub, à hauteur de 3 %, Rachid Kana estbien placé pour en parler: “La JSK est le

 porte-flambeau de notre région. Puisquele reste de la société est très contrôlé,le stade est un moyen pour nous derevendiquer notre identité berbère. Un

 peu comme les Catalans avec le Barça.Tous les slogans que nous chantons sontautant de messages politiques que nousenvoyons à l’État.”  Le plus bel exemplede cette utilisation politique remonteà 1977, lors de la finale de la coupe

nationale face au NA Hussein Dey, un club algérois. Présent dansles gradins, le sanglant dictateur Houari Boumédiène entend desmilliers de supporters kabyles chanter avec leurs tripes: “Qui sontceux-là? Ce sont les berbères.”  Ancien gardien du club, Ilyès Izri ena “encore la chair de poule” . Depuis ce temps, la JSK est devenuele club le plus titré d’Algérie. Depuis sa montée en premièredivision, en 1969, il n’a jamais connu la relégation, contrairementà toutes les autres équipes du pays. Mais l’ultime pied de neztient en trois lettres. Les initiales du club. Autour d’un thé, Ilyèsexplique: “Quand le club a été créé en 1946, nous avons choisile nom de JSK, qui veut officiellement dire Jeunesse sportive deKabylie. À l’époque, on ne pouvait pas parler, c’était la dictature.Mais en réalité, ce sigle veut simplement dire ‘je suis kabyle’.”  Amnay Ait Ifilkou de résumer: “Abattre la JSK, quelque part, c’estabattre la Kabylie.” 

“Justice ne sera jamais rendue”Pour arriver à leurs fins, les plus hautes sphères de l’État ont placéun des leurs à la tête du club en 1993: Mohand Chérif Hannachi,ancien joueur du club. Et le maintiennent contre vents et marées.Une manifestation de plus de 20 000 personnes dans les rues deTizi-Ouzou, en mai dernier, n’a pas réussi à le déloger… “Il existeentre Hannachi et Bouteflika des liens d’allégeance reconnus” ,décrypte Ferhat Mehenni, avant d’ajouter: “Hannachi œuvre pourle dépérissement de la JSK, c’est sa mission secrète. Après lui, ledéluge. Il est ici pour tuer le club à petit feu et le pouvoir le protège

 jusqu’à ce qu’il y parvienne.”  Suite à la mort d’Ebossé, la saisondernière, le club a failli être rétrogradé, ne se sauvant que lors de latoute dernière journée. “Il y a eu un travail dans les coulisses pour

ne pas qu’on soit relégués, sinon la villeaurait explosé”, balance l’actionnaireRachid Kana, qui confirme en partieles accusations de Ferhat Mehenni:“À voir son bilan, on pourrait soupçonnerHannachi d’incompétence. Mais pour

moi, c’est indéniable, il y a une volonté systématique et délibéréede nuire au club.”  Parmi ses faits d’armes les plus marquants,l’ancien défenseur devenu milliardaire a fait sponsoriser le maillotde la JSK par Echourrouk, un journal ouvertement antikabyle,en plus de nommer Bouteflika président d’honneur de la JSK.“Une véritable provocation”, grince Ilyès Izri, qui complète un peudésabusé: “Il y a deux ans, on a terminé vice-champion d’Algérieet finaliste de la coupe. On peut parler d’un bilan positif vu lecontexte et l’effectif. Néanmoins, Hannachi a limogé tout le stafftechnique et plus de quinze joueurs. Et alors qu’il est milliardaire,il n’a rien construit pour la JSK. Le club n’a même pas de bureaudigne de ce nom ni de centre de formation alors qu’on a des espoirs

 pétris de qualités. Il n’y a qu’à voir : Zidane, Benzema et Brahimiviennent de Kabylie. Sans raison, Hannachi détruit l’équipe chaqueété pour instaurer un état d’instabilité chronique. Avec un succèsindéniable.”  Si depuis la mort de l’idole camerounaise, la JSK

n’est plus qu’un tas de ruines, son degréd’implication dans l’affaire Ebossé restecependant à prouver. “C’est en tantque président de la JSK qu’Hannachi afait fortune. Il possède désormais sur leboulevard Stiti un énorme immeuble debureaux, qui regroupe des entreprisescomme Natixis, Peugeot, Ooredoo,alors qu’il n’a aucun talent et n’a jamaistravaillé. Tout ce qu’il a aujourd’hui, ille doit à Bouteflika. Alors, si l’État luidemande de coopérer, il coopère” , croiten tout cas savoir Oussama, dans un

dernier accès de rage.Avant de s’éclipser dans le café, Ferhat Mehenni, lui, prévient:“Justice ne sera jamais rendue pour Ebossé en Algérie de manièreautonome. Il appartient au gouvernement camerounais et àla CAF de prendre leurs responsabilités et de faire pression

 pour que l’enquête aboutisse.”  De sources concordantes, cettedernière suit actuellement son cours, sous la pression de lachancellerie camerounaise. “Pour éviter l’incident diplomatique,la justice algérienne est donc obligée de mettre un minimum derespectabilité dans son enquête, pour donner quelques gagesde sérieux”, explique Amnay Ait Ifilkou. En mai dernier, deuxpoliciers auraient même été entendus dans le plus grand secretpar le juge d’instruction de Tizi-Ouzou. L’information, révéléediscrètement par une jeune recrue du tribunal, n’a cependant paspu être confirmée, et aucun journaliste local n’a pour l’instantosé en dire un mot. “Des instructions fermes ont été données à

l’ensemble du personnel administratif et aux services de sécuritéde garder secret cette arrestation”, atteste le journaliste kabyle,avant de préciser qu’un civil aurait aussi été entendu. De quoiespérer? Peut-être. En attendant, au Cameroun, la petite filled’Albert Ebossé s’apprête à rentrer à l’école. Un an après la mortdu footballeur, sa famille continue d’observer le deuil, comme leveut la tradition africaine. À Paris, Jean-Jacques Bertrand prépareune grande conférence de presse en octobre,avec le médecinlégiste et le père du joueur, et compte prochainement déposerplainte à la Fifa. À Tizi-Ouzou, Kamel Yesli vient de rempiler pourdeux saisons à la JSK, au milieu des messes basses et des non-dits. Quant au mystérieux lanceur de pierres, lui, il court toujoursdans la nature.

•TOUS PROPOS RECUEILLIS PAR CG, SAUF MENTIONS. CE RTAINS

NOMS ONT ÉTÉ CHANGÉS POUR ASSURER L’ANONYMAT

“C’est même fou quandon y pense: cela s’est faitsous les yeux d’unequinzaine de personnes!”Ferhat Mehenni, leader du mouvementd’autonomie pour la Kabylie

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64  _ EN TR ETI EN

Les fleurs du mal au ventre.

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Si l’Olympique de Marseille a laissé filer André-Pierre Gignac auMexique, c’est parce qu’il a recruté, à l’été 2014, un espoir belge,

technique et décisif avec ce qu’il faut de nonchalance. Quelques entréesfracassantes et une dizaine de buts plus tard, Michy Batshuayi, formé dans les parcsde la banlieue bruxelloise, est désormais l’avant-centre titulaire des Phocéens.Ce qui ne l’empêche pas de saigner ses après-midi entre sa Playstation, le Jet-Skiet… Bob l’éponge. Après tout, “Batsman” n’a que 21 ans. Propos recueillis par Swann Borsellino

et Pierre Maturana, à Marseille / Photos: Renaud Bouchez, à l’hôtel Pullman, IconSport, Panoramic et Imago/Panoramic

 e Tu as un profil atypique en ligue 1: tu es undes derniers avants-centres dribbleurs duchampionnat. Ça te vient d’où ce goût du crochet,des petits espaces et du jeu avec la semelle? Çavient de la rue quand on était petits. Je suis né

à Jette, en banlieue de Bruxelles, j’ai grandi à Evere etMolenbeek. En Belgique, il y a beaucoup de joueurs qui jouent au futsal aujourd’hui. Nous, on n’avait pas ça. Auquartier, on n’avait pas d’ordinateur, pas de Playstation,notre moyen de s’amuser, c’était le ballon. On essayaitde se dribbler entre nous, et voilà. On jouait dans larue, mais surtout dans les parcs. Chaque équipe avaitsa petite réputation, tu gagnais un parc, tu te faisaisconnaître et t’allais dans un autre parc…

Le plus connu, c’est le Parc des Éléphants… Oui, àBerchem (Berchem-Saint-Agathe est une communede la région bruxelloise, ndlr ). C’était vraiment chaud,il y avait des petits et des grands, et souvent unpeu de castagne. Il n’y avait pas d’arbitre, rien, ça seterminait en bagarre! Parfois tu te faisais menacer,si tu laissais passer un but quand t’étais gardien ou situ ne marquais pas. Tu te faisais gifler!

Vous faisiez des équipes, donc, comme dans Street

Dancers? Il y avait des équipes super fortes, des plusgrands… C’était le premier à deux, si tu perdais, tupouvais passer toute la journée, ou plusieurs heures,sur le côté avant de rejouer un match. Donc tu tedonnes à fond pour ne pas perdre. Je jouais souventavec et contre des plus grands, c’est comme ça que

t’évolues le plus. De nombreux joueurs sont passéspar là: Julien Vercauteren de Nice, Junior Malanda(décédé en janvier 2015, ndlr), et d’autres qui évoluenten Belgique…

C’est la meilleure école pour apprendre le foot? Moi,mon fils, je le mettrai seulement à 15 ans dans un club.Avant, il faut qu’il joue dans la rue. À Anderlecht, j’ai assisté à des matchs de jeunes, avec le coach quiperdait et qui s’acharnait sur les enfants. Il leur criaitdessus parce qu’il ne voulait pas perdre, commeun supporter. Alors que les enfants sont là pours’amuser. Parfois, les entraîneurs oublient que c’estun amusement.

C’est toujours un amusement pour toi, maintenantque c’est ton métier? Je fais la part des choses. Il y aquelque chose en jeu…

Du coup, ça influe sur ta façon de jouer? Dans un parc,tu peux tenter des crochets, mais avec les enjeux du footprofessionnel, il faut savoir quand faire la passe et éviterle crochet de trop… Ça, c’est l’expérience. Quand tu essur le terrain, tu regardes à gauche, à droite, tu voisqu’il n’y a qu’un défenseur, c’est là que tu peux dribbler.Alors que si tu vois un coéquipier mieux placé que toi,et qu’il y a deux défenseurs, faut lui passer. C’est pourça qu’il faut lever la tête et analyser la situation danslaquelle tu es pour prendre la bonne décision. Mais je ne suis pas dans une position où je suis obligé dedribbler, je suis aussi souvent dos au but.

“La Liga ne m’attirpas, avec sesmatchs à 23 heuresTu passes ta journée à l’hôtelà attendre, tu dors,tu manges, tu dorstu manges…C’est chiant: à la fit’as juste grossi!”

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66  _ E NTR ETI EN

Tu penses à quoi dans le couloir avant de rentrer sur le

terrain? Je regarde mes adversaires directs, les deuxdéfenseurs. Je regarde s’ils sont joyeux ou énervés.Avant, dans la journée, je regarde des vidéos, les appelsqu’ils n’aiment pas, les courses dans le dos, leurs pointsfaibles, leurs points forts…

Avec le départ d’André-Pierre Gignac, tu es devenul’avant-centre titulaire de l’OM. À seulement 21 ans, tu tesens prêt? Je sens surtout que l’équipe est bien. Je suisvenu à Marseille pour ça, pour être dans un grand club,une bonne équipe, avec un grand stade et des supersupporters. Avoir beaucoup de pression, c’est la vie dufootballeur. C’est ce qu’on cherche, nous, les jeunes.

Tu as un objectif personnel pour cette année? Je nesuis pas le genre de mec à se dire: “Cette année, j’enmets vingt.”  Je suis le genre de mec à se dire: “Cetteannée, je mets beaucoup de goals et je fais gagnerl’équipe.”  Je ne suis pas très chiffres, mon record, c’étaitvingt et un, et ce n’était pas au Parc des Éléphants…Faut surtout que je m’améliore sur mes frappes deloin, je suis nul. Je dois encore travailler ça et bossermon jeu de tête. Je dois progresser, je suis dégueulasseà ce niveau-là. Je me le dis, on me le dit.

Le recrutement de l’OM est marqué par les départs(Ayew, Imbula, Payet, Gignac, Morel), mais surtout parles arrivées d’Abou Diaby et Lassana Diarra… C’estbien de les voir arriver pour remplacer les joueurspartis. Ce sont des joueurs que l’on n’a pas besoin deprésenter, des internationaux confirmés. Pour nous,les jeunes, c’est important. Abou se prépare très bien.Les kinés ont l’air confiants. À 100%, il peut faire

énormément de bien au reste de l’équipe.

Tu penses quoi du niveau de la L1? Pour le moment,c’est le meilleur championnat dans lequel j’ai joué!On joue le titre, mais il ne faut sous-estimer personne.La saison dernière, on avait un super collectif. Le butrefusé contre Lyon a changé beaucoup de choses, onaurait pu tenir tête au PSG au lieu de connaître unechute de régime. D’ailleurs, même contre Paris, je n’aipas été très impressionné. À part par Maxwell: mêmes’il joue en défense, il pourrait jouer 10, il sait toutfaire, il est à l’aise dans toutes les situations.

Tu dégages des airs nonchalants sur le terrain avectes facilités techniques, ta façon de contrôler leballon avec la semelle, de lever la tête, parfois…

On me le dit souvent. C’est faux, ce sont justedes airs! C’est de la concentration.

Marcelo Bielsa te prenait à part pour te donnerdes consignes et suivre ton évolution? Il me

parlait seulement avant les matchs, quand il nousprenait un par un dans son bureau. S’il m’avait ditd’aller aux buts, j’y serais allé!

Tu es bon aux buts? C’est Alessandrini notre quatrièmegardien! Même s’il est petit, il est fort aux buts.

Comment as-tu accueilli la démission de Marcelo Bielsa,après votre défaite face à Caen? Il paraît que tu étaisénervé en sortant des vestiaires… J’étais très surpris,mais absolument pas énervé à la sortie du stade.

Je suis simplement parti rapidement parce que j’allaisrejoindre ma famille qui était venue nombreuse auVélodrome.

Pour remplacer Marcelo Bielsa, l’OM a choisi l’EspagnolMichel. Tu le connais? Je sais qu’il s’agit d’un anciengrand joueur du Real Madrid, et qu’il a fait de bonneschoses en ligue des champions contre Manchester,notamment, de mémoire. Pour le reste, je vais ledécouvrir à la Commanderie (Rires)! J’espère quetout va bien se passer, qu’on gagnera nos matchs enaffichant un style offensif et conquérant, à l’imagedu club. En tout cas, on est déterminés à faire tout cequ’il faut pour réaliser une énorme saison.

Qu’attendent les entraîneurs de ta part? Que je fassevivre un enfer aux deux centraux. Chaque joueur a sesadversaires à tenir en face. Moi, c’est les deux derniersdéfenseurs. Je suis le premier défenseur de l’équipe.Je dois faire les efforts qu’on me demande, défendreet me sacrifier. Ce qui est un peu dommage parceque, du coup, je peux manquer d’efficacité en phaseoffensive, mais c’est pour le bien de l’équipe.

L’année dernière, Gignac était dans l’axe, mais travaillaitbeaucoup côté gauche. Où te sens-tu le mieux? Moi?N’importe où! À gauche, à droite, au centre… Je suisun joueur qui décroche, même si je n’ai jamais penséà jouer numéro 10. Mon poste, c’est 9, parce que j’ail’amour du but. Ça vient du papa, ça! Il me conseilledepuis que je suis tout petit. Il était attaquant enAfrique et devait venir jouer en Europe. Ça ne s’est pasfait à cause d’un problème au genou. Du coup, ce sontses fils qui mettent des buts et c’est lui qui les célèbre!

(Rires.)

Parce que ton petit frère, Aaron, 18 ans, joue à Anderlecht.Tu as déclaré que c’était un excellent footballeur…Je regarde la plupart de ses matchs. En ce moment,il ne joue pas beaucoup, il rentre pour des bouts dematchs parce que Anderlecht a acheté deux attaquants.Ça va être dur, mais je lui ai dit que c’est un peu commemoi: à mes débuts, il y avait cinq attaquants devantmoi. Le combat est difficile, mais une fois que t’asgagné ce combat-là, tu ressors plus fort. Il est rapide,il a le sens du but et beaucoup de qualités. Il ferait unbon attaquant de l’OM! (Rires.)

Il paraît que tu détestes marquer des buts moches.Tous les buts n’ont pas la même valeur? Un but, c’est

un but… Mais c’est sûr que t’es plus fier de toi si tu faisun crochet puis que tu mets la balle en lucarne quesi tu tires, que c’est détourné par deux joueurs et queça trompe le gardien. Tout le monde aime marquerdes buts… C’est comme sur la Playstation!

Lemina, Cabella, Mendy, Ocampos, toi… Il y a beaucoupde jeunes très joueurs à l’OM. Est-ce que ça ne va pasjouer des tours à cette équipe? On sait ce qu’il fautfaire. J’ai confiance en mes coéquipiers. Je sais quesi je dribble trop et que je perds la balle, ils vontm’engueuler, mais ils vont tout faire pour récupérerla balle. Et moi pareil, si un joueur perd le ballon surun dribble, je vais lui crier dessus, mais je vais l’aiderà le récupérer.

“Pour moi, tous les

bons joueurspeuvent s’entendre.Hazard et DeBruyne vont vitetous les deux,rapides, ils voientbien le jeu, ils ontles deux pieds, çadevrait être facilepour eux”

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La satisfaction. L’enthousiasme. La contemplation.

Le dégoût. Le réveil. Le charme.

La tranquilité. Le mépris. La joie.

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68  _ E NTR ETI EN

Le dernier attaquant belge de l’OM s’appelle Jürgen

Cavens, mais le meilleur buteur belge s’appelle Daniel VanBuyten. Tu les a consultés avant de venir à l’OM? Non…On m’a beaucoup parlé de Van Buyten positivementici. Il a laissé une bonne image. Je l’avais vu l’annéedernière, il était là, au bord du terrain pour un match,on s’est salués, il est super sympa. Quant à Cavens, j’ai déjà entendu son nom mais je ne devais pas êtrené! Si? En tout cas, je dois tout faire pour que les fanscontinuent à m’apprécier, des bons matchs et marquerdes goals.

Ta relation avec Gignac était particulière, vous étiezassez complices. On se souvient qu’il t ’a longuementparlé dans l’oreille pour son dernier match au Vélodrome.On regrette, on aurait voulu jouer un peu plus à deux.On reste en très bons termes. C’était plus un ami qu’unconcurrent. Il m’a appris beaucoup de choses. Il m’adonné beaucoup d’indications sur les défenseurs deligue 1, sur ce qu’ils aimaient ou pas. Quand je rentrais,ça m’aidait. J’ai beaucoup appris de ses courses et deson travail défensif. C’est ce que je retiens de lui.

Tu comprends son choix d’aller jouer au Mexique? Je trouve que c’est du gâchis, il pouvait encore jouerà haut niveau. Mais je ne sous-estime pas le niveaulà-bas, il paraît que c’est fort, je dis juste qu’il auraitencore pu rendre des services en Europe.

D’autant que tout le monde adorait Gignac en ville,à Marseille… Quand je marche en ville, je vois plein de jeunes qui portent l’équipement complet de Marseille,qui crient quand ils voient les joueurs. C’est une villequi adore le foot. Liège, c’était identique, mais c’étaitbeaucoup plus petit par rapport à ici.

Les fans ont parfois du mal à orthographier ton nom…Certains ratent même leur flocage. Ils n’ont qu’à mettre“Bats”. Ou “Batsman”! (Rires.)

La saison dernière, on a également vu que tu étais unas de la communication, notamment sur les réseauxsociaux. C’est naturel ou tu le fais parce que ça fait partiedu métier? Quand une personne te parle, bah tu doisrépondre! Ce n’est pas très gentil de pas répondre. Il y abeaucoup d’enfants qui sont là, ça leur fait plaisir. Petit, j’aimais être à leur place. Quand j’avais 13 ans, au centrede formation d’Anderlecht, je terminais vite les courset je courais voir les entraînements des pros. C’étaitmagnifique, j’avais les yeux qui brillaient.

Tu as eu quelques problèmes de comportement au centrede formation d’Anderlecht… J’avais beaucoup d’énergie,comme beaucoup de jeunes. J’étais dissipé, mais aufinal, ça m’a permis de devenir excellent en jardinage!

Développe… (Rires.) J’étais souvent sanctionné, et ilsne savaient plus quoi inventer comme punitions. Ilsme faisaient ramasser les ballons, les chasubles, maisça me faisait rien… Donc ils ont essayé de trouver plusdur en me demandant de donner un coup de mainau jardinier. Je déblayais la grande allée qui mène aucentre d’entraînement avec un aspirateur à feuilles, et je me souviens même avoir planté quelques fleurs…

Sur Twitter, tu as fait le buzz avec tes petits protège-tibias fétiches que tu portes depuis que tu as 12 ans.

Ce n’est pas un peu léger face à Moustapha Bayal Sall,David Luiz ou Renato Civelli? Je n’ai pas peur, j’ai reçu

beaucoup de coups, mais je touche du bois (il tape fortsur la table, ndlr)… Je récupère beaucoup, je m’étire àla maison. Beaucoup de jeunes ne le font pas, c’est monpapa qui m’a conseillé de faire ça.

La saison passée, quand tu ne jouais pas, barré parGignac, tes proches te disaient quoi? Ils me disaientque je n’étais plus au Standard mais dans un plusgrand club, que je savais ce qui m’attendait, qu’il fallaitcontinuer à travailler.

Tu évoques souvent ton enfance au quartier. C’étaitcomment? Comme dans tous les quartiers, avec desgens qui tiennent les murs. C’est partout pareil. Je suissouvent en contact avec eux. J’y retourne tous les étés,pour les voir, taper un foot… Je n’ai pas beaucoup de

nouvelles personnes dans ma vie. Ce sont toujours lesmêmes gens, les mêmes noms, les mêmes têtes. C’estplus sain. Ce sont des gens qui me rentrent dedansquand je fais n’importe quoi. Je n’aime pas trop quandon me chouchoute.

Ça te manque, le quartier? Parfois, ça me manque. Monrêve, c’était de devenir joueur pro, peu importaient lessacrifices. Il y a des fois où mes potes jouaient tardau foot, en bas du quartier, et moi je devais dormir tôtparce que j’avais match le lendemain. C’est ça, la vie,les sacrifices qu’il faut faire pour réussir.

C’était quoi, une journée type du petit Michy? J’allais auparc toute la journée. Je prenais le ballon le matin, jevoyais mes amis, on se rassemblait au parc, on jouait

“À mes débuts,il y avait cinqattaquants devantmoi. Le combat estdifficile, mais unefois que t’as gagnéce combat-là, turessors plus fort”

Le Prince de Bel-Air.

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toute la journée, on débriefait les matchs, on charriaitceux qui prenaient des petits ponts et on allait tousmanger à la friterie, au “snack”, ensemble, puis onrentrait dormir.

Tu n’étais pas né quand le Belge Raymond Goethalsa gagné la ligue des champions. Qu’est-ce que tuconnaissais de l’OM avant de venir? Je me rappelle d’unmaillot bleu ciel, magnifique! C’est un club à part. Je

n’y croyais pas quand ils m’ont appelé. En plus, c’estBielsa qui me voulait. L’OM est le club préféré de toutle monde en Belgique, tous les jeunes du quartier, mesamis, aiment l’OM. Puis l’OM a une super réputationen Afrique, tout le monde les kiffe là-bas, il n’y a pasd’équivalent en France.

Comment as-tu choisi entre le Congo et la Belgique?Je n’ai pas choisi. Pour moi, j’ai grandi en Belgique.J’ai fait tout mon apprentissage en Belgique, j’ai jouédans toutes les catégories jeunes. J’ai été appelé enEspoirs, et pour moi, c’était naturel de continuer surcette voie. Il suffit de me connaître deux minutes pourcomprendre ça. Mais je n’oublie pas mes racines, jereprésente aussi le Congo.

Pour revenir à la Belgique, tu avais été exclu des Espoirsavant un match contre Chypre en 2013… Erreur de jeunesse, c’est du passé.

Tu es encore jeune. Mais plus mature! J’ai progressé surça l’année dernière.

L’objectif avec la Belgique, c’est l’Euro 2016. Cettesélection revient de très loin, quand on pense au bordel

que c’était il y a quelques années et que l’équipe étaitdans les bas-fonds du classement Fifa. On a unegénération en or pour le moment. Je n’imaginais pas lapart de responsabilité du sélectionneur Marc Wilmotslà-dedans. Mais il m’a parlé, il m’a expliqué ce qu’ilvoulait faire, ses ambitions dans le jeu. Les gens ne s’enrendent pas compte, mais il faut le féliciter de son trèsbeau travail. C’est plus une famille qu’une équipe defoot. À la coupe du monde, ça se voyait qu’ils rigolaientbien en dehors, et qu’ils savaient être sérieux pendantles matchs. Même le coach, il met des vannes, faitrigoler la galerie, mais le jour du match, il ne rigoleplus. Ce qui est sûr, c’est que la Belgique va faire malà l’Euro: soit ils vont le gagner, soit ils vont perdre enfinale! (Rires.)

“Au parc,à Berchem,c’était vraiment

chaud, il y avaitsouvent un peude castagne.Il n’y avait pasd’arbitre, rien,ça se terminaiten bagarre!Parfois tu te faisaismenacer ou gifler!

La fiche

MICHY BATSHUAYI Né le 2 octobre 1993À Jette (Bruxelles, Belgique)1,85 m, 78 kg

Attaquant

Clubs: Standard de Liège (2011-2014), Olympique de Marseille(depuis 2014)

International belge1 sélection, 1 but

Gravity.

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70  _ EN TR ETI EN

Quelles sont les ambitions de Wilmots, au juste? Il faiten sorte que le groupe s’entende bien en dehors duterrain. C’est le premier truc: l’entente. Faut que çaparle, que ça rigole, et là, il n’y aura aucun problèmesur le terrain. Tous ont des énormes qualités.

Tu as marqué pour ta première sélection, en mars 2015contre Chypre. Mais la concurrence est rude à ton poste:Benteke, Lukaku, Origi… Comment tu vas te démarquerpour faire partie du groupe à l’Euro? Je ne sais jamaisrépondre à ça… Du coup, je vous la repose. Je peuxapporter quoi à la Belgique?

Tu parais plus technique que les autres attaquants qu’ona cités. Tu pourrais peut-être être plus complémentaireavec Eden Hazard ou Kevin De Bruyne, notamment.Mais ils sont tous hyper techniques, en fait! RomeluLukaku, par exemple, il est puissant. Les gens sefocalisent donc sur son physique, mais il est très douétechniquement aussi.

De Bruyne et Hazard peuvent s ’entendre? Pour moi, tousles bons joueurs peuvent s’entendre. Ils vont vite tousles deux, rapides, ils voient bien le jeu, ils ont

les deux pieds, ça devrait être facilepour eux. Tous ces joueurs sont de lamême génération, on a les mêmesdélires, on regarde les mêmeschoses.

Même Bob l’éponge? Il paraît quetu as demandé au service decommunication de l’OM où étaitla salle de ciné la plus proche lejour même de la sortie du film…

Bob l’éponge, sérieusement?Oui! Je regardais ça le matin,le soir. C’est un dessin animéque j’adore, comme DragonBall ou Olive et Tom, et monpersonnage préféré, Mark

Landers. Mais là, c’est nul, j’ai tout regardé, il n’ya pas de nouvelle saison de Bob l’éponge, pas denouveaux épisodes… J’ai le sac à dos, il est très beau,ce n’est pas juste pour faire le malin!

Le meilleur, c’est Patrick, l’étoile de mer, non? Quoi?Il est trop nul, lui. Il est trop con. C’est le plus nuldu dessin animé.

Tu vas voir quoi d’autre, au cinéma? Des comédies.

Pas de films qui font peur, parce qu’après j’ai du mal àdormir. Et je suis obligé de me mettre un dessin animé!À Liège, j’étais tout seul… J’aime bien être seul, maispas dormir seul!

Tes idoles s’appellent Thierry Henry et Ronaldo. Deuxgros ego. Ronaldo était trop trop fort. Thierry Henryavait son style à lui. Ronaldo était dans la meilleureéquipe, le Real Madrid. Et Henry était trop fort pourArsenal sur la fin. Ronaldo aurait pu faire plus mal sansses blessures. En revanche, mon petit frère ne jure quepar Messi. Il regarde plein de vidéos de lui. Mais je luidis de ne pas le faire. C’est le problème des jeunes: ilsne regardent que ces joueurs-là. Après, ils vont essayerde faire pareil que Messi et se faire tacler…

Il y a des joueurs actuellement qui t’impressionnent?Messi, c’est un génie. J’aime beaucoup Robbenet Ribéry. J’aime bien nettoyer le petit filet commeRobben.

Pas de défenseurs, genre Vincent Kompany? C’est trèsagressif ça, comme joueur, faut bien dormir avantde jouer contre ce genre de mecs! (Rires.) D’ailleurs,Kompany est fan de l’OM. Il venait ici pour voir lesentraînements quand il était petit. Quand je dis queles Belges aiment l’OM…

Tu aurais pu le rejoindre en Premier League: des rumeurst’envoyaient en Angleterre cet été… Ouais, c’est vrai,mais je n’ai jamais pensé à partir. L’Angleterre attiretout le monde. Même leurs publicités sont meilleuresque toutes les autres. C’est n’importe quoi les scoreslà-bas, il peut y avoir des surprises. Et des goalsmagnifiques. Après, physiquement, c’est plus dur, maisc’est comme ça que tu deviens plus fort.

Et la Liga, ça ne te botte pas? Ça ne m’attire pastrop, les matchs à 23 heures et tout ça… Quand tute réveilles, t’as envie de vite jouer. En Belgique,tu joues à 18 heures, c’est parfait, ici c’est 20 heures,mais 23 heures… T’es trop pressé, tu passes ta journéeà l’hôtel à attendre, tu dors, tu manges, tu dors,tu manges… C’est chiant: à la fin, t’as juste grossi!

Tu avais un plan B autre que le football si ça n’avait pasmarché? (Il réfléchit…) Donner des conseils aux profspour des meilleures punitions? (Rires.) Il n’y avait quele foot. La première fois que j’ai joué, j’étais tout petit…Ma première licence, je l’ai prise à Evere, un bon club.À l’école, mes professeurs me conseillaient de jouer

au foot, alors ils se sont renseignés, en ont parlé à mesparents.

Tu étais bon dans d’autres sports? J’étais bon dans tousles sports d’équipe, où il y a du mouvement. Je regardebeaucoup de foot, quasiment que ça, tout le temps:que ce soit la Premier League, ou même de la ligue 2avec mon père. C’est une encyclopédie du foot, il peutregarder des matchs au Brésil et tout ça.

Fin juillet, un type a posté un selfie avec un mec qui teressemblait à peine, en pensant que c’était toi… Je leconnais, en plus, le mec! C’est un ami de Belgique. Sonfrère m’a appelé: “S’il te plaît, Michy, enlève la photo,mon frère est en vacances avec sa fille en Turquie, il ne

 peut plus sortir de sa chambre.”  Alors que moi, j’étais

ici à l’entraînement, et eux à la plage! J’ai dû demanderau mec d’enlever son tweet parce que ça cartonnaitet que tout le monde était devant la porte de celui quiétait censé me ressembler.

Tout ça parce qu’il avait des petites tresses, en gros.Oui! D’ailleurs, je n’aime pas couper mes cheveux.Au Standard, j’avais une coupe de merde (des longuestresses collées au crâne, ndlr). Disons que je mecherchais… 

•PAR SB ET PM

“Je n’ai pasbeaucoup denouvellespersonnes dans mavie. Ce sont

toujours les mêmesgens, les mêmesnoms, les mêmestêtes. C’est plussain. Ce sont desgens qui merentrent dedansquand je faisn’importe quoi”

“Je ne suis pas legenre de mec à se

dire: ‘Cette année,j’en mets vingt.’Je suis le genrede mec à se dire:‘Cette année,je mets beaucoupde goals et je faisgagner l’équipe’ ”

 M i c h y  e n  bo n n e

  Ko m pa n y.

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Cahier International  

CHILI

PELLEGRINIGÉNIE INCOMPRIS?

ESPAGNE

PUYOLRECALÉ AUCONTRÔLETECHNIQUE

ALLEMAGNE

MKHITARYANPAPIER D’ARMÉNIE

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72  _ CAH IE R IN TE RN ATIO NAL

 Lu, vu, détendu 

D La ligne blanche. Présentatrice téléreconnue, candidate à l’élection de MissMonde 2015 pour la Colombie et foot-balleuse professionnelle à Las Divas,à Medellin, Juliana Lopez Sarrazolapossède une autre particularité: un léger

penchant pour la cocaïne. En transit à l’aéroportde Canton Baiyun, en Chine, la jeune femme s’estfait pincer par la douane, après que cette dernièreeut retrouvé un sachet de poudre blanche dissi-mulé sous le clavier de son ordinateur portable.Elle patiente désormais derrière les barreaux, en

attendant son procès qui pourrait aboutir au pireà la peine de mort, au mieux à la prison à perpé-tuité. Juliana aurait peut-être dû regarder MidnightExpress plutôt que le bout de son nez.

Ashley, fais-moi peur. Ashley Cole et les femmes:une saga aussi frénétique qu’excessive. La nouvellevictime du latéral se nomme Carla Howe, uneplaymate britannique. L’intrigue, naturellement,se noue dans une boîte de nuit. Une soirée donc,où l’ancien joueur de Chelsea se serait montréentreprenant. Presque vicieux, selon le récit livrépar la WAG au tabloïd Daily Star . “Il essayait des’approcher de mon visage, explique-t-elle. Je sentais

que quelque chose de mal allait m’arriver. J’ai pris peur, alors je l’ai frappé trois fois dans la mâchoire. Ill’a mérité. Il croit pouvoir traiter les femmes commede la merde.” Folie de l’histoire, en 2011, AshleyCole avait couché avec Melissa Howe… la sœur jumelle de Carla. Avant de ne jamais la rappeler,comme tout bon clubber qui se respecte.

Bonjour Tristesse. Rafael van der Vaart et SabiaBoulharouz, c’est officiellement terminé. Aprèsdeux ans et demi de relation. La brune, qui avaitd’ailleurs chipé l’Oranje à son ex-meilleure amieSylvie Meis, a annoncé la nouvelle au magazineallemand OK!. Problème: le couple attend unenfant. Et pour l’ex de Khalid Boulahrouz, larguéepar Rafael au téléphone, la pilule est difficile à

avaler. “Si je n’avais pas trois enfants merveilleux quiont besoin de moi et si je n’étais pas enceinte, je ne sais pas si je serais encore là. Ce dernier mois et demi, jeme suis déjà dit, au volant: ‘Si je ne prends pas levirage et que je continue tout droit, peut-être que je ne souffrirais plus.’” Glauque.

Miss Nazi. Son sacre n’aura pas duré longtemps.Élue Miss Russian Premier League au mois de juillet dernier, Olga Kuzkova a été déchue deson titre après soixante-douze heures seulement.La raison? La représentante du CSKA Moscoua posté sur les réseaux sociaux des messagesracistes ainsi que des photos la montrant en trainde faire des saluts nazis ou de poser devant descroix celtiques, ou encore des tags du nombre 88,(code pour ‘Heil Hitler’, le H étant la huitièmelettre de l’alphabet). Et c’est Sergey Cheban, vice-président de la Premier League russe, qui, citépar le journal russe Sport-Express, s’est exprimé à

ce sujet: “Nous ne tolérons pas les manifestations de fascisme, de nationalisme et de racisme. Il est regret-table que cela soit arrivé. ” Si seulement Endemoln’avait pas viré Geneviève de Fontenay…

Coup double. À défaut d’être indiscutable dans lemilieu de Manchester United, Marouane Fellainipeut se targuer de ne jamais être mis sur la touche

dans un autre sport. De chambre, celui-ci. À encroire Terry, son ex et prétendante de la quatrièmesaison de l’émission Qui veut épouser mon fils? ,le grand Belge serait un spécialiste chevronnéde la chose. “Marouane est doué au lit. C’est clai-rement mon meilleur coup!”, avoue la ravissante jeune femme dans le quotidien belge Sudinfo.Des confidences qui n’ont pas tardé à faire réagirGaëlle Garcia Diaz, l’actuelle compagne du DiableRouge. Loin de s’offusquer, elle abonde et recon-naît que Fellaini “peut faire plus que simplementbien jouer au football.” Il peut effectivement biencirer le banc de touche.

Pas si Courtois. En voilà un qui cache bien son jeu. Derrière ses airs de garçon sans histoire,Thibaut Courtois serait un sacré coquin. Selon

Emily Vanhoutte, une jeune Belge de 20 ans quis’épanche dans la presse flamande, le portier deChelsea aurait longtemps mené une double vie.“J’ai été présentée comme son ex-maîtresse, unebimbo blonde que Thibaut Courtois avait choisi pourson physique! Mais ce n’est pas vrai du tout! Je n’au-rais jamais commencé une relation avec un hommequi est déjà avec une autre fille, jamais. J’ai aussi ététrompée. (…) Je n’étais pas sa maîtresse. Je ne savais pas qu’il avait une autre copine et qu’il menait unedouble vie.” L’autre fille, c’est Marta Dominguez,une Espagnole de 23 piges, récemment devenuemaman du premier enfant du couple. Depuis, la jeune Emily aurait décidé d’arrêter de fréquen-ter des footballeurs. Comme s’il n’y avait pas desalauds ailleurs.

Rafael Van der Vaartet Sabia Boulharouz.

Olga Kuzkova.

Carla Howe.

Marouane Fellaini.

Juliana López Sarrazola.

7/17/2019 So Foot Sep 2015

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Sauce maison. Cet été, Arturo Vidal a rejoint leBayern Munich contre une jolie enveloppe de37 millions d’euros envoyée à la Juventus. Untransfert que son père a suivi… depuis sa prisonchilienne. Erasmo Vidal venait effectivement de

se faire arrêter après avoir été contrôlé avec unearme blanche et un sachet rempli de cocaïne. Etce, malgré sa défense exceptionnelle. Face auxpoliciers, ce dernier avait décidé de jouer franc jeu. “J’étais invité à un barbecue”, s’est ainsi justifiéle père du footballeur chilien. À chacun sa recettede marinade.

Air ball. À l’occasion d’une tournée américainedu Real Madrid, Shaquille O’Neal a rencon-tré Cristiano Ronaldo. Le géant de NBA en aprofité pour poster une photo en compagnie duPortugais sur sa page Facebook. Seul bémol, leShaq l’a assorti du hashtag “Manchester United”,

croyant sereinement que CR7 évoluait toujourschez les Red Devils. Donc, soit l’ex-basketteur vitdans un abri anti-atomique depuis 2009, soit lesoccer  lui passe par-dessus la jambe. Si Ronaldoavait un peu d’amour-propre, et beaucoup decourage, il taguerait Kobe Bryant pour riposter.

Who let the dog out? Peu aimé de ses adversaires,Diego Costa n’en reste pas moins un être humain,doté d’un cœur. Courant juillet, le buteur deChelsea sortait son autobiographie, Diego Costa,l’art de la guerre. Un bouquin dans lequel Paulo Assunçao, son ex-coéquipier à l’Atlético, relatele jour où ce dernier a tué son chien. “Diego aemmené son yorkshire terrier à Madrid, mais un jour, en se garant, il l’a écrasé sans le vouloir. Il a

reculé sans se rendre compte quele chien était derrière la voiture.Il était dévasté, totalementdéprimé durant un mois. Quand je lui ai demandé ce qui n’allait pas, il m’a dit: ‘Je ne peux pasle croire, j’ai tué mon chien.Il est sorti de la maison pourme saluer et je ne l’ai pas vu, je lui ai roulé dessus.’” Petitesatisfaction: il n’a pris aucuncarton jaune.

La guerre des Sergio. SergioRomero et Sergio Agüerosont coéquipiers en sélection.

Et c’est tout. Les deux hommes ne pourraientpas se sentir en dehors des terrains. La raison?Une femme, celle de Romero, Eliana Guercio,“accusée” d’avoir eu une aventure avec le Kun en2006… Soit deux ans avant son mariage avec le

gardien de but. L’épouse s’insurge: “C’est faux, il nes’est jamais rien passé avec Agüero. Ça fait presquedix ans que cette rumeur court et ça fait presque dixans que je n’ai de cesse de la démentir. Ils inventent unsoap opera.” De son côté, Romero est allé jusqu’àse justifier sur les plateaux télé: “Agüero et moisommes amis depuis dix ans. Vous imaginez?” Ben,pas trop, justement.

Bada Bumbum. Cristiano Ronaldo a trompé IrinaShayk, (au moins) une fois. Avec Andressa Urach.Cette Brésilienne, sacrée Miss Bumbum dans sonpays grâce à un postérieur gonflé, a rencontréle joueur du Real en 2013. Elle a partagé l’his-toire dans une autobiographie publiée le 25 aoûtdernier. Et c’est le Daily Mail qui en a dévoilé les

passages les plus fous. Après s’être procuré sonnuméro de téléphone par l’intermédiaire d’amis,le dernier ballon d’or lui aurait donné rendez-vous dans un hôtel de Madrid. Elle raconte lasuite: “J’étais dans l’ascenseur privé de la suite et moncœur s’est arrêté quand la porte s’est ouverte. Nous

avons rapidement discuté de ce qui allait se passer.Ensuite, nous avons eu une relation sexuelle trèsintense.” Mais la situation se gâte au moment où ladame demande une photo à Cristiano, qui prendla fuite. Sans un mot. En guise de vengeance,elle décide donc de balancer toute l’histoire, etrecevra un message salé de la part de CR7: “Tu n’es

qu’une pute. Je vais t’envoyer des gens. Tu vas voirde quoi je suis capable.” Ah, l’amour… - Par Eddy

Serres, Maxime Nadjarian, Pierre Maturana et Gad Messika

/ Photos: IconSport et DR

“J’étais dans l’ascenseur privé dela suite et mon cœur s’est arrêtéquand la porte s’est ouverte. Nousavons rapidement discuté de cequi allait se passer. Ensuite, nousavons eu une relation sexuelletrès intense.” 

Miss Bum-Bum,à propos de Criastiano Ronaldo

Cahier International  

Diego Costa.

Eliana Guercio.

Andressa Urach.

Shaquille O’Neal avec CR7.

Arturo Vidal.

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74  _ CAH IE R IN TE RN ATIO NAL

 j Voilà un an que tu es à la retraite,comment le vis-tu? Le football memanque énormément. La transitionn’est pas du tout facile. Si au moins jepouvais faire un peu de sport, ce serait

plus supportable, mais là je suis passé de 100 à 0.C’est très dur. L’été dernier, juste descendre desescaliers, c’était une vraie torture.

Ton genou est à ce point dans un sale état? Ça vamieux. Je viens de passer de nouveaux examens

et c’est encourageant. Je peux faire un peu d’exer-cice mais sans forcer. Le football ou le tennis mesont interdits. Je n’ai pas non plus le droit decourir trop longtemps.

C’est donc utopique d’imaginer un retour sur lesterrains? Je mentirais si je disais que l’idée ne metraverse pas la tête mais si je reviens, ce ne serapas pour souffrir. Rien n’est impossible mais pourle moment, je pense au présent.

Tu as déjà 37 ans… La carrosserie est en bonétat et la tête aussi, le problème, c’est que j’ai unpneu crevé.

Tu regrettes d’avoir sans cesse joué avec les

limites de ton physique? La seule chose que jeregrette, c’est de ne pas m’être fait opérer plus tôt.Si je l’avais fait, je serais sûrement encore foot-balleur. C’est de ma faute. La décision, c’est moiqui l’ai prise. J’ai pensé aux besoins de l’équipeet quand j’ai vu que je ne pouvais plus apporter, j’ai décidé de me faire opérer parce que ce genouavait déjà été pas mal maltraité.

Tu te souviens du jour où tu as décidé d’arrê-ter ta carrière? Je voulais jouer jusqu’à 40 ans,et j’ai même pensé à continuer sans être payé.Mais physiquement, je ne pouvais plus. Je nesuis pas du genre à jeter la serviette, mais aprèsma dernière opération, quand mon genou acommencé à secréter du liquide, j’ai compris que

 je ne pouvais plus être compétitif. Tata Martinovoulait m’aligner mais je lui disais: “Choisis-en unautre, ils sont meilleurs que moi.” 

Tu sais ce que tu veux faire après? Directeursportif? Entraîneur? Agent? Tout fait plutôtenvie mais je dois me former. J’ai fait la forma-tion pour devenir directeur sportif et maintenant je m’attaque à celle d’entraîneur. Je vais peut-être me découvrir une vocation à laquelle je necroyais pas!

Ta reconversion en tant qu’adjoint de Zubizarreta(alors directeur sportif du club, ndlr)  n’a pasduré longtemps. À quel moment as-tu comprisque ça ne fonctionnait pas? Lors de monpremier jour au bureau, je me suis senti bizarreet quand au mois de novembre, je ne me sentaispas bien, j’ai dit au président que je voulais partir.En décembre, je l’ai annoncé à Zubi et après, il

s’est passé ce qu’il s’est passé (suite à une défaite face à la Real Sociedad et à une campagne de recru-tement jugée catastrophique, Zubizarreta est limogédébut 2015).

Finalement, vous partez le même jour… C’estune erreur de la part du club. Tout était prêt demon côté pour l’annoncer le 2 janvier, alors queça avait déjà été repoussé plusieurs fois. Moi jen’avais aucun souci à donner les raisons de mondépart, mais le club m’a dit que ça ne pouvait

pas être la première nouvelle de l’année. Je leur aidemandé s’ils comptaient virer Zubi et ils m’ontdit que non.

Pourtant ils l’ont fait.  Je n’ai pas aimé. Encoremoins la façon dont ils l’ont fait. C’était inimagi-nable que je l’apprenne via les réseaux sociaux. Je me suis senti très mal.

Après la défaite face à la Sociedad, tu te disaisque la saison était terminée? Non. Bon, de làà dire que le club allait faire le triplé… Maisl’équipe était bien. La saison qui arrive sera sur lamême dynamique. Il y a une très grosse équipe.

Se souviendra-t-on de ce Barça comme celui de

Lionel Messi? Oui. Il est tellement au-dessus detous les joueurs que j’ai pu voir. C’est un extra-terrestre. Il est encore plus fort aujourd’hui qu’ily a quatre ans parce qu’il lit mieux le jeu. Il estimparable.

Même toi tu n’as jamais réussi à l’arrêter?  Jeme souviens avoir essayé lors d’une petite oppo-sition à l’entraînement, un contre un. Je me suisdit: “Bon, on va voir si j’en suis capable”, et ça aété l’humiliation. Pep m’a dit: “Carles, ne me leblesse pas.” Je lui ai répondu: “Si tu ne veux pasqu’il arrive quoi que ce soit, arrête l’entraînement.”  J’ai tout essayé, il m’a dribblé à chaque fois. Il va àune vitesse qui nous dépasse. – Traduction : Frédéric

Losada / Photo: IconSports

Par Joan Josep PallàsPour La Vanguardia – ESPAGNE

“La carrosserie esten bon état,mais j’ai un pneu crevé” 

 À une saison près, Carles Puyol partait comme son pote Xavi, sur un triplé

et sous les honneurs. Au lieu de ça, le légendaire défenseur du Barça a raté sareconversion et continue de souffrir le martyre, la faute à un genou en charpie.

“À l’entraînement, en un contreun, je me suis dit: ‘On va voir si je peux arrêter Messi’, et ça a étél’humiliation”

Chien d’eau.

7/17/2019 So Foot Sep 2015

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Cahier International  

 K Qu’est ce qui a manqué à ManchesterCity pour réaliser une meilleure saison?De l’ambition et de la rigueur. Peut-êtreque les succès de la saison précédente ontcréé un relâchement. Je suis le premier

responsable parce que je dirige ce groupe.Ce n’est pas une excuse mais je ne vois paspourquoi nous aurions dû être les favoris alorsque Chelsea, Liverpool, Arsenal et United ont pudépenser autant qu’ils voulaient sur le marchédes transferts (City avait été pénalisé par le fair- play financier, ndlr). Le moment où tu as le plusbesoin de te renforcer, c’est juste après avoir été

champion…

De quoi a besoin City pour s’améliorer sur lascène européenne? On a besoin d’améliorerl’effectif. Pas juste pour gagner des titres, maispour aller plus haut. Face au Barça, c’était criant(1-3 sur les deux matches en huitièmes). Il y aencore un énorme écart entre nous et les grandsclubs d’Europe. On fait en sorte de la raccourcir,sur le terrain et dans les bureaux. Pour la saisonà venir, je veux gagner avec un jeu attractif parcequ’il y a manière et manière de gagner.

Considérez-vous être au sommet de votrecarrière? Je suis heureux de ce que j’ai accompliparce que j’ai progressé étape par étape, au Chili,

en Équateur, en Argentine, et puis quand je suisparti à Villarreal, le contrat qu’on me proposaitreprésentait la moitié de ce qu’on m’offrait auMexique. Mais j’ai toujours eu l’ambition detriompher en Europe.

Vous avez déclaré que les sélectionneursdevaient être de la même nationalité que lasélection qu’ils dirigent. Pourquoi? Ça devraitmême être un règlement de la Fifa. Puisquec’est le cas pour les joueurs, pourquoi ça ne leserait pas pour les sélectionneurs? Les sélectionsreflètent la réalité de chaque nation. C’estpour cette raison que tous les membres d’unesélection, des joueurs au staff doivent être dela même nationalité. Moi, par exemple, ça me

ferait une peine immense de devoir diriger unesélection contre le Chili.

Vous vous sentez suffisamment reconnu auChili? Oui, énormément. Surtout depuis monpassage au Real Madrid. J’ai gagné huit ou neuftitres dans ma carrière, j’ai changé la façondont on entraîne en Argentine ou en Espagne. J’ai changé la manière de jouer, en utilisant desmilieux relayeurs plutôt que des milieux fixes.D’ailleurs la sélection espagnole s’est mise à jouerde cette façon juste après.

Il se dit que la Roja   vous a repris d’autrestrouvailles tactiques. C’est vrai? Oui. Villarreal jouait d’une façon absolument différente de

toutes les équipes de Liga. En Espagne, on plaçaitdes attaquants sur les cotés pour qu’ils fassent desallers-retours. Moi, j’ai positionné des milieuxmobiles qui produisent des espaces. C’était unsystème destiné à utiliser les espaces créés parle mouvement des joueurs, et que j’ai lancé en Argentine. Résultat: San Lorenzo (que Pellegrini aentraîné lors de la saison 2001-02) est l’équipe quia le plus gagné de l’histoire, en marquant le plusde buts et en étant admirée de tous (il a obtenule plus grands nombres de points de l’histoire duchampionnat argentin, 47, et le plus grand nombrede victoires consécutives, 13).

Ça vous fait plaisir qu’on vous reconnaissepour ces succès? Ce que j’ai fait à Villarreal,c’est bien plus fort qu’un titre de champion: jesuis arrivé là-bas et j’ai réussi ce que personnen’avait réussi et que personne ne réussira plus jamais. À Malaga, j’ai réussi ce que personnen’avait réussi. À San Lorenzo, j’ai réussi ce quepersonne n’avait réussi. Je vais au Real Madrid et je réalise la meilleure campagne de son histoireen championnat jusqu’alors mais je ne gagnepas de titre (96 points sur 114 possible, 2e au finalà 3 points du Barça). J’ai réalisé des choses quepersonne n’avait faites avant moi. Est-ce dû auhasard?

Vous obtenez un record avec le Real, mais vousêtes face au meilleur Barça de l’histoire. Face àDortmund, avec Malaga, vous encaissez un butnon valable. Face à Arsenal, en demi-finalesretour de ligue des champions avec Villarreal,Riquelme manque son penalty. Vous croyez à lamalchance? Tout dépend comment on se place.Moi j’aurais adoré arriver en demi-finales deligue des champions avec Malaga, que Riquelmemarque ce penalty et être champion avec le RealMadrid. Mais j’ai aussi adoré obtenir neuf titres ettravailler dix ans en Europe, pour moi ça vaut lamême chose. J’essaie de rationaliser alors non, jene crois pas en la malchance mais en la constancequi, bien souvent, n’est pas valorisée. – Traduction:

Frédéric Losada / Photo: IconSport

Par Felipe Vial et Alejandro CisternasPour El Mercurio – CHILI

“J’ai réalisé des chosesque personne n’avait faitesavant moi”Loué pour sa discrétion sur et hors des terrains, le coach chiliende Manchester City, Manuel Pellegrini, a décidé de casser son image.

Et de verser dans l’ego-trip.

“J’ai changé la façon dont onentraîne en Argentine ou enEspagne”

Manu le Malin.

7/17/2019 So Foot Sep 2015

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76  _ CAH IE R I NTE RN ATIO NAL

 A Tu es probablement l’Arménien leplus célèbre en Allemagne, avecSystem of a Down…  Je connais trèsbien le groupe, mais je ne les ai jamaisrencontrés. Ils sont très populaires chez

moi. Personnellement, je préfère leurs chansonsles plus calmes. Sinon, c’est un peu trop fort pourmoi. Le hard rock, ce n’est pas trop mon style. Jepréfère le R’n’B, la pop et le rap.

Tu as grandi en France, mais quand ton père,qui était aussi footballeur professionnel,est tombé gravement malade, ta famille estretournée en Arménie. Quels souvenirs gardes-

tu de cette période?  J’avais 7 ans. On est passéspar des moments très durs, pas seulement àcause de la mort de mon père. La guerre étaitloin d’être finie. On avait à peine de l’eau, etseulement deux heures d’électricité par jour.On n’avait pas non plus de lumière comme onpouvait en avoir en France. C’était des tempsdifficiles pour tout le pays.

À quel point tu te rendais compte de la situationà ton âge? Le fait que les conditions de vie étaientsoudainement différentes, évidemment, m’afrappé d’emblée. Néanmoins, je ne comprenaispas tout. C’était probablement une bonne chose.Les enfants sont devenus considérablement plusinsouciants à propos du travail. En grandissant,

 j’a i réa lisé ce qu’éta ien t les circonstancescourantes de l’époque, et ça m’a rendu fier, dansle sens où nous n’avons pas laissé cela nousatteindre.

Comment as-tu découvert le football européen?C’était plus facile qu’on peut le croire: les cinqgrands championnats étaient tous diffusés.Seulement quelques matchs, mais c’étaitsuffisant. Je m’asseyais tous les jours devant latélé (rires). Mon entraîneur chez les jeunes meprévenait souvent quand il y avait un matchintéressant l’après-midi. Le lendemain, onl’analysait à l’entraînement et on parlait dece qu’on avait remarqué. J’ai toujours essayéd’observer autant que possible.

Il existe une photo de toi jeune avec tonéquipe sur laquelle vous portez des maillots deDortmund… Très peu d’équipes arméniennespouvaient fournir maillots et shorts à leurs

 joueurs. Souvent , les parents réunissaient del’argent et le confiaient à l’entraîneur, qui achetaitdes jeux en gros. C’est ainsi qu’au fil des années,beaucoup de maillots sont arrivés par paquets:le BVB donc, mais aussi les équipes nationalesd’Allemagne et des Pays-Bas. Quand cette photoa été prise, nous avons gagné le tournoi, qui estorganisé chaque année en l’honneur de mon pèreà Erevan.

Selon ta mère, le documentaire Les Yeux dans

les Bleus   t’a beaucoup influencé. Pendantlongtemps, j’ai regardé cette cassette en boucle.Ma mère ne comprenait pas!  (Rires.) J’adoraisZinédine Zidane. J’étais aussi très heureuxque le pays dans lequel j’avais en partie grandi

remporte le titre mondial. Grâce à cette vidéo, j’ai beaucoup appris sur le métier de footballeurprofessionnel.

C’est-à-dire? Pas seulement les choses qui sontimportantes sur le terrain. Le comportementdes joueurs en dehors du terrain a aussi étémontré sous bien des facettes. Comment ilsse préparaient pour un match, s’ils rentraientdirectement aux vestiaires ou s’ils allaient vers

les supporters, comment ils prenaientleurs repas ensemble. Tout cela m’a

laissé une grande impression deprofessionnalisme et de modestie.

En arrivant au BVB, est-ce que l’importantmontant de ton transfert (27,5 millions d’euros)était dur à porter? C’était trop de pression pourmoi. Tout le monde ne parlait que du montantque j’avais coûté. J’ai porté beaucoup d’attentionà ce qui était écrit sur moi dans la presse. C’estpour cela que j’ai été aussi touché, même siça s’est calmé depuis. Je ne regarde plus les journaux! (Rires.) Je me sens libéré et je peux àprésent plus aider l’équipe que par le passé.

Beaucoup ont vu en toi le successeur de MarioGötze. Est-ce que cela aurait été plus facile pourtoi si tu étais arrivé dans d’autres circonstances?Non. Je ne suis pas un Mario Götze de rechange.

C’est presque impossible de nous comparer entant que joueurs, ca ne rime à rien. Ce n’est paspossible de prendre un type de joueur afin decompenser la perte d’un autre type de joueur.

Tu as véritablement retrouvé ton niveau en finde saison dernière, et tu as fait une très bonnepréparation. Qu’est-ce qui a changé? Le plusgrand changement, c’est que j’ai changé en tantque personne et j’ai fini par accepter que lefootball n’est pas une science exacte. Cela peutd’ailleurs s’appliquer à la vie en général: il estimpossible de ne pas faire d’erreurs. On doitréaliser qu’on n’est pas imperméable aux erreurs,et que seul le fait de les gérer permet d’avancer. –

Traduction: Charles Alf Lafon / Photo: IconSport

Par Jochen TittmarPour Spox – ALLEMAGNE

“Il est impossible dene pas faire d’erreurs”Révélé au Chakhtar Donetsk, Henrikh Mkhitaryan a eu du mal à s’imposer aumilieu du Borussia Dortmund, où il débarque à l’été 2013. Mais il en fallait bienplus pour effrayer un homme qui a grandi pendant la guerre du Haut-Karabaghentre son pays, l’Arménie, et l’Azerbaïdjan…

“On avait à peine de l’eauet seulement deux heuresd’électricité par jour”

“Je me présente,je m’appelle Henrikh.”

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78  _ R EP OR TAGE

Longtemps, l’Islande n’a pas existé sur la carte du football, tout justeréduite à un rôle de faire-valoir lors des phases de qualifications aux

grands tournois internationaux. Pourtant, les Strákarnir okkar, emmenés par laprometteuse génération 1989-90 et un visionnaire suédois, pourraient bien êtrel’équipe surprise de l’Euro 2016. Une sélection qui opère sa mue depuis quinze ans,

mène discrètement sa révolution dans les gymnases et les terrains couverts du pays,et peut remercier le krach financier de 2008… Par Arthur Jeanne et Alexandre Doskov,

à Reykjavik et Vestmannaeyjar / Photos: Heiða Helgadóttir, Imago/Panoramic, AJ et Panoramic

La Islande 

Bonita 

La Islande 

Bonita 

 B 

Douze degrés, un petit vent mais un soleil franc. La météoest exceptionnelle en ce mois de juillet à Reykjavik. Unété d’autant plus agréable sous ces latitudes que, pourla première fois de l’histoire, l’Islande est sur le point de

se qualifier pour une compétition internationale, l’Euro2016. Une prouesse rendue possible par un sans-faute dans l’antredu stade Laugardalsvöllur, qui abrite par ailleurs les bureauxde la Fédération au deuxième étage. Ici, tous les visiteurs –lesHollandais, les Tchèques et les Turcs– se sont cassé les dents.Mieux, les Strákarnir okkar pointent désormais au 24e rang duclassement Fifa. Devant les autres pays nordiques. Une nouveautédans un pays qui ne comptait jusque-là que sur Björk, ses auteurspoliciers, ses paysages lunaires et son volcan Eyjafjallajökullpour faire l’actualité. “Nous sommes une île de 300 000 habitants,la taille d’une petit ville française et nous sommes qualifiés pourl’Euro de hand, de basket et presque qualifiés pour l’Euro 2016 defootball. Quand on y réfléchit, c’est fou!”, s’esclaffe Vidir Sigurdsson,rédacteur en chef des sports de Morgunbladid, attablé au CaféParis, une institution branchée du centre-ville. D’autant plus fouque, pendant des décennies, le football islandais ne se contente

que de minces exploits dans de longues séries de défaites. Et d’unkick-and-rush appliqué par des joueurs au physique de pêcheursde baleines. “Quand on a joué contre la France, ici en 1998 (1-1, aumois de septembre, juste après le titre de champion du monde,

ndlr) , on avait cinq défenseurs centraux derrière, et trois garsdevant sur qui on balançait. Le milieu était presque inexistant. Onn’avait personne capable de garder le ballon, s’amuse HermannHreidarsson, ancien capitaine de la sélection. Avant, l’équipenationale, c’était les six ou sept mecs qui jouaient à l’étranger,assurés d’être titulaires, et trois ou quatre autres du championnatlocal qui s’estimaient heureux d’avoir été choisis!  Ce n’était pasassez pour affronter les grosses équipes européennes et faire desmatchs corrects.”  Arnór Gudjohnsen, pionnier du foot islandaispassé par Bordeaux au début des années 90, père et agent d’EidurGudjohnsen, précise: “Aujourd’hui, ils sont peut-être vingt à

 pouvoir jouer à l’étranger et être dans le onze de départ.” Et lesquinze mille places (un vingtième de la population du pays) duLaugardalsvöllur de se vendre désormais en quelques minutes,quelle que soit l’équipe en face…

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Alcoolisme, tabagismeet “nouveaux vikings”Alors, comment un pays perdu

au nord de l’océan Atlantique,condamné à essayer de perdresur le plus petit score possible,a-t-il pu produire une centainede footballeurs professionnelset devenir une terre hostile pourles équipes adverses en à peinecinq ans? Une question qui agacepresque Heimir Hallgrimsson, co-sélectionneur national: “Pourquoi le football islandais connaît unsuccès soudain? On nous le demande tout le temps. Si la réponseétait simple, je la donnerais!”  Pourtant, les éléments de réponsesexistent. Oskar Thor Armansson, en charge des sports dans unministère qui regroupe sans discrimination la culture, la jeunesse,la science et l’éducation, remonte le temps et revient aux originesde la transformation:

 “Dans les années 90, la consommation

d’alcool et le tabagisme chez les jeunes étaient un problème. Le ministère a alors commandé des étudesqui ont montré que l’inscription dans un club de sport,quand elle était bien organisée, permettait de réduire

l’alcoolisme chez les mineurs. Les politiques ont prisle sujet en main, en premier lieu les municipalités.”  Quand les villes prennent le relais, au début desannées 2000, l’Islande est en plein boom économique.Outre les businessmen islandais, alors surnommés“les nouveaux vikings” , qui investissent massivementau Danemark et en Angleterre, où ils s’offrent WestHam et Stoke City, les retombées profitent aussiau niveau local, comme l’explique Siggi Eyjolfsson,

responsable du développement et directeur technique national dufoot islandais de 2002 à 2014: “À partir de 2002, les municipalitésont commencé à construire des terrains couverts, avec l’argentdes impôts locaux. Les gens étaient d’accords pour que leurssous soient utilisés à ça, car ils voulaient que leurs enfantss’entraînent.” Si l’Islande ne dispose alors que d’un seul terrain enintérieur, treize ans plus tard, le pays en compte onze, auxquels

“Avant, l’équipenationale c’était les sixou sept mecs qui

 jouaient à l’étranger,assurés d’être titulaires.Et trois ou quatre autresdu championnat local quis’estimaient heureuxd’avoir été choisis!” 

Hermann Hreidarsson, ancien capitainede la sélection

Terrain de l’IBV, sur les îles Vestmann.

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s’ajoutent une vingtaine de synthétiques extérieurs et cent trenteminiterrains aux quatre coins de l’île. Un changement significatifet déterminant pour l’évolution du football, dans un pays oùle championnat ne se dispute que de mi-mai à fin septembre,conditions météo obligent. “Avant, les gens jouaient aubasket et au hand l’hiver et le foot

était un sport d’été. L’herbe,ici, d’octobre à fin avril, çan’est même pas la peined’y penser! Entre le vent,la pluie, la neige et le gel,impossible! Maintenantça n’est plus le cas. Avecles indoor halls , ou mêmeles terrains synthétiquesextérieurs, on peuts’entraîner au foottoute l’année”, martèleHallgrimsson.

En banlieue de la capitale, leclub de première division de Breidablik Kopavogur

possède une halle gigantesque où l’odeur du gazon synthétiquetout juste posé saute immédiatement aux narines. De bellespelouses artificielles qui en font l ’un des meilleurs centres deformation d’Islande –Gylfi Sigurdsson, le milieu de Swansea, estnotamment passé par là– et permettentaux adolescents de s’entraîner après lescours jusqu’à cinq fois par semaine. Lereste du temps, ils disputent des matchs.Et ont même l’occasion de partir dèsleurs quatorze ans à l’étranger pourdes tournois, appuie Dadi Rafnsson,responsable de la formation: “Ils sontallés en Angleterre jouer contre Chelsea,ou West Ham, et ils se sont rendu compte

qu’ils étaient aussi bons qu’eux etqu’ils pouvaient les battre.”  Une prisede conscience importante, même si lecomplexe d’infériorité n’a jamais faitpartie de la mentalité islandaise. “Ona conscience d’être une petite nationmais on a tendance à l’oublier. Je diraisque c’est de la mégalomanie mélangéeà un complexe d’infériorité, mais c’esttrès marrant d’être islandais. Il se

 passe toujours quelque chose. Si ça n’est pas le krach financierou l’éruption d’un volcan, c’est la météo ou le dernier tsunamitouristique. L’Islande n’est jamais calme”, explique l’écrivainHallgrimur Helgason, auteur de 101 Reykjavik. “Les Islandais ontbeaucoup de confiance, ils ont une personnalité forte, sont trèssûrs d’eux. D’ailleurs quand ils partent à l’étranger, beaucoup

deviennent capitaine de leur équipe, c’est très intéressant. Quandtu vis dans un petit pays, tout le monde a la sensation d’êtrequelqu’un d’important, d’avoir un rôle à jouer. Chacun pensequ’il est plus important qu’il ne l’est réellement”, poursuit DadiRafnsson.

Pêche au haddock et David James“Petit pays”, par sa population certes, mais pas par sa superficie.L’Islande est plus grande que le Portugal par exemple, ou leLuxembourg et les Pays-Bas réunis. Et si les Islandais sont répartisaux deux tiers entre Reykjavik et ses alentours, le reste se dessineentre glaciers, champs de lave et troupeaux de moutons. De vastesétendues sauvages et un combat permanent contre les élémentsqui forgent aussi cette fameuse âme islandaise, selon HeimirHallgrimson: “L’Islandais aime croire qu’il est plus dur au mal

que les autres, qu’il a quelque chose de spécial qui le rend plusfort. La première raison à cela et c’est un fait, c’est la météo. Il peutfaire beau comme aujourd’hui, et dix minutes plus tard, il peut yavoir une tempête, de la pluie, de la neige. Il faut faire avec. C’estdur d’être ici parfois, surtout quand tu vis hors de Reykjavik, lesconditions météo bloquent pas mal de choses.”  Parfois même leséquipes de foot. Comme celle d’IBV, institution présente au plushaut niveau national en football féminin et masculin, plusieursfois championne d’Islande et à deux heures de route plus uneheure de ferry et de houle de Reykjavik. Loin de l’effervescencedes bars de la rue Laugavegur, le club se situe sur l’île volcaniquede Vestmannaeyjar. 4 200 habitants, qui vivent majoritairementde la pêche au cabillaud et à l’aiglefin, peuplent ce gros morceaude caillou encadré par des falaises gigantesques où se nichent desmacareux, oiseaux dont les peluches sont très appréciées par lestouristes et que les îliens “chassent au filet, en grimpant à crande falaise” , renseigne Hreidarsson, qui fut élevé au grand air desîles Westmann. Un endroit qui a vu naître d’autres gloires du foot,comme Asgeir Sigurvinsson, passé par le Bayern dans les années80, considéré comme le meilleur joueur de l’histoire du pays, ouHeimir Hallgrimsson, le sélectionneur actuel, qui a toujours soncabinet de dentiste dans le village. Et qui a connu David James.En 2013, la formation d’IBV l’accueille dans son stade coincé entred’immenses falaises. Pendant une vingtaine de matchs, le gardienanglais se confronte à une nature capricieuse et exigeante. “Mère

nature est très dure ici pendant l’hiver.Pour aller sur terre et disputer des matchsà Reykjavik, on en a pour trois heures deferry. Quand la mer est déchaînée, onne peut pas prendre le bateau. En avion,ce n’est pas la peine, c’est plus cher devoler d’ici à Reykjavik que de Reykjavikà Londres. Si tu fais tous ces efforts pour

 jouer, ça te crée une mentalité spéciale” ,loue Ingi Sigurdsson, champion d’Islande

en 98 avec l’IBV. Un état d’esprit auquell’ancien portier des Three Lions a tout desuite adhéré. “Il a tout fait comme un local, se souvient Hallgrimsson. L’IBV est un

 petit club familial où les joueurs mettentla main à la pâte, installent les panneaux

 publicitaires. David ne rechignait pas,avant les matchs, il venait un marteau à lamain pour clouer les panneaux Coca-Colaau bord du terrain! Il a même déchargé

des caisses de poissons pour aider les pêcheurs.”  Le sport commeciment de la communauté.Les joueurs, les installations et la mentalité sont là. Il fautmaintenant des hommes pour exploiter le tout. En 2002, SiggiEyjolfsson, ancien international, diplômé en psychologie du sportde l’université de Caroline du Nord, prend les rênes de la direction

technique nationale. Sa mission: former des coachs. Il décide,avec l’appui de la fédération, de conditionner l’embauche d’unentraîneur à l’obtention de ses diplômes. Heimir Hallgrimssonentre dans le détail: “Tous les clubs doivent avoir des coachs quiont au moins la licence UEFA B, et sinon la licence A. Quand tucommences à coacher, peu importe que tu entraînes des gamins,tu dois avoir la licence B, c’est obligatoire.”  Aussi bien dans unvillage perdu des fjords de l’Ouest qu’à Reykjavik, le pays se doted’éducateurs performants. “Le coach de ma fille de six ans a lalicence A de l’UEFA. La fédération est très stricte là-dessus! C’estimpossible que ce soit le papa ou la maman qui entraîne. Tousles coachs sont diplômés et payés, même dans les villages de 500habitants”, abonde Iris Robertsdottir, présidente de l’IBV. Depuis,Eyjolfsson a quitté son poste et officie comme adjoint à Lillestrom,en Norvège. Ce qui ne l’empêche pas de vanter le modèle islandaislors de conférences qu’il donne: “En Islande, il y a environ 700

“Il se passe toujoursquelque chose. Si çan’est pas le krachfinancier ou l’éruptiond’un volcan, c’est la

météo ou le derniertsunami touristique.L’Islande n’est jamaiscalme” 

Hallgrimur Helgason, écrivain

80  _ R EP ORTAGE

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“Les Islandais sont très

sûrs d’eux. Quand tu visdans un petit pays, toutle monde a la sensationd’avoir un rôle à jouer.Chacun pense qu’il estplus important qu’il nel’est réellement” 

Dadi Rafnsson, responsablede la formation du club de BreidablikKopavogur

Khaleesi.

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82  _ R EP OR TAGE

coachs diplômés, dans 90 clubs. Plus de 200 ont la licence A etle reste la licence B.”  Puis, patatra, la crise surgit en 2008. 

Un gardien de but réalisateur de clipsDurement frappé, le pays, grisé par l’embellie économiquedes années 2000, revient à une réalité

plus compliquée. “La crisea été très dure car il y avaiténormément d’incertitudes, personne ne savait ce qui

allait se passer. Pendantau moins deux ans, lesgens ont perdu leur travail,l’immobilier était horsde prix”, affirme DadiRafnsson. En filigrane,l’Islande aurait surtoutété victime de son excèsde confiance. “La crisebancaire illustre notre

mentalité conquérante à l’excès. En 2003, onn’avait aucune banque parmi les 800 plus importantes dumonde, et en 2008, deux dans les 100 plus grosses du monde.Les quatre plus grosses banquesont fait faillite, tout le systèmebancaire s’est effondré et tout ledépartement où je bossais a étésupprimé. Et les gens ont dû trouverautre chose, monter un business,trouver un refuge dans le sport”, analyse rétrospectivement Dadi. Quis’en est bien sorti: “Les choses sesont améliorées pour moi, je gagnecorrectement ma vie, qui est bien

 plus fun que la banque dans laquelle je travaillais. Dans un petit pays,chacun a un filet de sécurité, et lesgens ont souvent deux rôles à jouer.Un avocat peut aussi être écrivain.Un taxi peut être batteur dans ungroupe qui fait des tournées enEurope. D’ailleurs, le gardien de butde la sélection est aussi réalisateur de clips et de pubs.”  Alors que le pays s’effondre, que des foules se rassemblentpour manifester à coups de casserole devant le parlement,certains voient donc dans la crise une aubaine, l’occasionde se remettre en question. Une introspection bénéfiquepour le foot islandais. Depuis son bureau ministériel, OskarThor Armansson l’admet à demi-mots: “À cause de la crisefinancière, le gâteau est devenu plus petit. C’est devenu plus

difficile pour les clubs d’avoir des sponsors, mais la crise n’a paseu d’effet sur le développement du sport car en période de crise,il faut trouver de nouvelles ressources, en faire encore plus.”  Breidablik, le club de Dadi Rafnsson, illustre parfaitementce système D: “En 2006, on avait pas mal de footballeursétrangers, les seuls professionnels du club, et on a fini dansle ventre mou du classement. En 2008, ils sont tous partis caron n’avait plus les moyens de les payer, et on a dû faire jouerdes gamins formés au club. Certains avaient 16 ans et on a étéchampions! Aujourd’hui, neuf sont devenus pros en Europe.”  Bingo!

Le beauf de Suarez et l’air de Yellow Submarine Parallèlement, au sortir de la crise, la génération doréedu football islandais, celle élevée sur les terrains qui ont

bourgeonné depuis le début du siècle, émerge. En 2011,l’Islande se hisse en phase finale de l’Euro des moins de 21ans après avoir cogné l’Allemagne, 4-1, en qualifications. Cettecuvée 1989-90 est celle de Gylfi Sigurdsson, du néo-NantaisKolbeinn Sigthorsson, d’Aron Gunnarsson, ou encore deBirkir Bjarnason. Partout, l’Islandais devient tendance: “Cesdernières années, nous avons trouvé notre amour-propre,spécialement la jeune génération. Le monde est leur scène.Of Monsters and Men sont numéro un sur iTunes, des jeunesmusiciens obtiennent des BAFTA (récompense britannique)et des Golden Globes, les réalisateurs sont primés à Cannes,et les écrivains publiés un peu partout dans le monde. Nosfootballeurs se sont mis au diapason” , théorise Helgason. LesIslandais exportent aujourd’hui des milieux et des ailiers, alorsqu’il y a encore quinze ans, le pays formait principalement desdéfenseurs. Des hommes adaptés aux joutes aériennes de laPremier League, une passion islandaise. Et ce, dès les années60. Vidir Sigurdsson se souvient: “Quand j’étais jeune, la télénationale diffusait un match de football anglais par semaine.Mais avec une semaine de retard! C’est comme ça que tousles Islandais sont devenus fous du foot anglais, avant d’êtrefan d’une équipe islandaise, chacun soutient une équipe dePremier League. Moi je suis devenu supporter de Derby Countyà l’adolescence!” Pas un hasard, dès lors, si le KR, le plus grand

club du pays, joue en noir et blanc: en1899, ses fondateurs étaient déjà fansde Newcastle.Dans la tribune désuète du KR-völlur,on déguste des hot-dogs en reprenantun chant incompréhensible sur l’airde Yellow Submarine. L’influencebritannique, toujours. Le jeu long estde rigueur, et les tacles de GonzaloBalbi, le beau-frère de Luis Suarez,sont longuement applaudis. La copie

conforme d’une équipe de divisioninférieure anglaise. Pourtant, face auKR qu’il affronte ce jour-là, le Breidablikde Dadi Rafnsson propose un 4-3-3 plusléché. Un jeu d’inspiration batave, auxantipodes du jeu direct de l’institutionde Reykjavik. Une guerre des styles quiaccouche d’une souris, 0-0, mais qui

symbolise la mue du football national et le changement deprofil dans les joueurs vendus à l’export. “En sélection, on a unetradition de long ball , mais c’était historiquement à cause desqualités naturelles de nos joueurs. Désormais, ils sont plus fortstechniquement, plus rapides et plus vifs. On peut s’appuyer sur

 plusieurs systèmes de jeu” , synthétise Hallgrimson. “Pendantun moment, tout le monde voulait s’inspirer de l’Espagne, maisquel sens ça aurait pour l’Islande de jouer comme ça? Le foot,

c’est aussi des identités de jeu propre. Notre jeu est toujoursassez direct mais en revanche on sait conserver le ballon”, nuance Toddi Örlygsson.

“Ici, tout le monde connaît un international” L’homme du consensus tactique s’appelle Lars Lagerbäck. “Ila fait un travail formidable. Il a organisé l’équipe, il sait faire

 jouer les outsiders et comment faire déjouer l’adversaire. Ilsait faire jouer les petites nations comme il avait fait avec laSuède, qui reste un petit pays à l’échelle du foot européen!” ,explique son “adjoint” Hallgrimson, qui devrait prendre sasuccession après l’Euro. Quand le Suédois arrive en 2011, illance immédiatement les promesses Johann Gudmundsson,Aron Gunnarsson, Kolbeinn Sigthorsson mais surtout GylfiSigurdsson. “Ils ont joué ensemble avec les Espoirs donc ils se

“Le coach de ma fillede six ans a la licence Ade l’UEFA. La fédérationest très stricte, c’estimpossible que ce soitle papa ou la maman

qui entraîne, mêmedans les villagesde 500 habitants” 

Iris Robertsdottir, présidente de l’IBV

 La  c lé du su c cès.

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connaissent très bien, à la fois sur et en dehors des terrains.Mais ils ont également acquis une bonne expérience sur lascène internationale en jeunes, ce qui est très bénéfique. Tousces joueurs ont rejoint de bons clubs et jouent régulièrement, cequi est très important pour moi” , détaille le technicien. Il met enplace un 4-4-2, teinté d’efficacité et depragmatisme, et profite de la qualitépremière des Islandais, ce peuplequi vit loin de tout, près des volcans:l’adaptabilité. “Nous sommes uneéquipe très bien organisée et tout lemonde travaille très dur pour l’équipe.Cela, c’est la base. Gylfi Sigurdsson est

un joueur de classe mondiale, mais sivous comparez avec les Pays-Bas oula France, nous n’avons pas autant detalents individuels ni de joueurs dumême calibre qu’eux. Lorsque vousrencontrez une équipe aussi forte queles Pays-Bas, il faut s’adapter. J’avaisdemandé à l’un de nos attaquants deredescendre en phase défensive, afinde gêner la relance de leur milieu.C’est quelque chose que vous n’êtes pas obligés de faire lorsquevous affrontez des équipes plus faibles.”Si, en 2014, l’Islande est passée tout près de se qualifier pour lemondial brésilien, Lagerbäck tient peut-être enfin son exploitavec une probable qualification pour le prochain championnatd’Europe, avec pour le moment cinq victoires en six matchs.

Mais la fédération voit plus loin et souhaite s’inscrire dansune logique de développement durable. Avec peu de matière,certes, mais beaucoup d’idées. Ainsi, contraints par un vivierrestreint –par la force des choses– de joueurs, les centres deformations ne pratiquent quasiment pas d’écrémage. Ce qui

permet l’éclosion parfois tardive decertains. “La mentalité, c’est de ne

 jamais virer quelqu’un avant ses 19ans, il y aura toujours une équipe

 pour lui, assure Dadi Rafnsson.L’exemple, c’est Finnbogason, quivient de signer à l’Olympiakos et aété meilleur buteur du championnat

néerlandais. Jusqu’à 19 ans, il étaiten équipe B ici à Breidablik.”  De plus,la pression populaire est quasimentinexistante, au même titre que lestatut de star. Ainsi, il n’est pas rarede croiser Eidur Gudjohnsen sebalader librement ou boire des verresen centre-ville lorsqu’il revient aupays, sans être sollicité pour un selfieou un autographe. Dadi Rafnsson,

encore: “Ici tout le monde connaît personnellement un joueurde l’équipe nationale. Ou en tout cas, tout le monde connaîtquelqu’un qui connaît quelqu’un. Tout le monde a un oncle ouun cousin qui a joué au foot à haut niveau.” Un petit pays, quoi.

• PAR AJ ET AD. PROPOS DE LARS LAGERBÄCK RECUEILLIS PAR PAUL PIQUARD

“Avant les matchs, DavidJames venait un marteauà la main pour clouer lespanneaux Coca-Cola au

bord du terrain! Il amême déchargé descaisses de poisson pouraider les pêcheurs” 

Heimir Hallgrimsson, natif du villageoù David James a posé ses valises

“T’en fais pas pour le score final...” 

Aron Gunnarsson et sa barbe de hipster.

Lars Lagerbäck, le sélectionneur.

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84  _ RE PO RTAG E

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Au pays du kebab comme ailleurs, le footballest –malheureusement– une histoire d’hommes.

Depuis un an, le Sportif Lezbon, l’équipe de la communautéLGBT née à l’ombre des événements de la place Taksim,

tente pourtant de casser les nombreux préjugés.Sur et en dehors du gazon maudit.

Par Antonin Weber, à Ankara / Photos: Antonin Weber

FORTES

COMME DESTURQUES

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86  _ R EP OR TAGE

v La nuit est sur le point de tomber etla lumière blafarde des projecteursremplace progressivement celledu jour sur le city stade de Dikmen

Hali Saha, en banlieue d’Ankara. Derrière lesgrilles qui séparent les tribunes du terrainsynthétique, des types oublient, dans la sueuret les frappes hasardeuses, leur journéede boulot. Après une heure de footballbalbutiant, la barre transversale finit parservir de défouloir à ceux qui s’attardent surle playground. Leurs camarades sortis plustôt du terrain préfèrent entrechoquer leurs

bières et enchaîner les cigarettes pour unetroisième mi-temps improvisée, entrecoupéed’éclats de rire caverneux. L’ambiance està la testostérone joyeuse. Selin et Melahat,membres et dirigeantes de l’équipe LGBT –lesbiennes, gays, bisexuels et trans’– du SportifLezbon, n’y prêtent aucune attention. Ellespréfèrent se préparer consciencieusementà affronter leurs adversaires du jour, YilBostan Korkuluklari (“l’épouvantail du jardin

partagé”, en français), en même temps queles préjugés et le regard des autres avec desmaillots floqués du message “I love womanorgasm” . De quoi faire grincer quelquesdents dans une Turquie où l’homosexualitéest encore pointée du doigt à défaut d’êtrevéritablement tolérée.

Place Taksim, Syriza et ErdoganMalgré le fait qu’aucun texte de loi ne protègeles membres LGBT turcs, le Sportif Lezbona décidé d’investir le champ du football avec

une majorité de joueuses homosexuellesdans ses rangs. Le rasta moustachu Sevgi etsa compagne Gülçen, un couple hétéro à laville, complètent un effectif dans lequel onretrouve également Asli, la petite amie blondede Selin, et Demhat, l’amie transsexuelle deMelahat. Membre de Pink Life, la principaleassociation transsexuelle du pays, Demhatpartage sa vie entre l’université et quelquespasses qui lui permettent de la payer. Un

double jeu dans le civil qu’elle transposeégalement sur le synthétique: “Sur le terrain, je profite de qui je suis, de mon apparence et dema féminité pour jouer un jeu psychologiqueet perturber l’adversaire. C’est grisant.”  C’estavec ce bagage technico-tactique particulierque le Sportif Lezbon intègre la saisondernière la Özgür Lig, “ligue des libertés”en VF, une nouvelle compétition amateurqui regroupe une douzaine d’escouadescomposées d’associations de tous bords et degroupes politiques militant pour les droitsdes homosexuels. Outre leur militantisme en

crampons, Selin et ses camarades ne cachentpas non plus leur sympathie pour le HalklarinDemokratik Partisi, le Parti démocratiquedes peuples, dirigé par Selahattin Demirtas,un opposant d’Erdogan. Affilié aux Grecsde Syriza, le HDP a su séduire les minoritéset prendre ses distances avec le PKK, labranche armée kurde, afin de se présenter auxdernières élections comme le parti de toutesles Turquie. Et notamment, bien sûr, celle dela communauté LGBT. “Il y a des meurtres etbeaucoup de violence verbale envers nous. EnFrance, l’homophobie est interdite par la loi,vous pouvez porter plainte… Pas en Turquie.

“Sur le terrain, je profitede qui je suis, de monapparence et de maféminité pour jouer un jeupsychologique etperturber l’adversaire.C’est grisant” 

Demhat, transsexuelle

Sevgi et Gülçen,la seule doublette hétéro du Sportif Lezbon.

Gay Pride de 2015 à Istanbul.

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 Avec le HDP, ça peut changer” , espère Selin.

À l’instar de Podemos en Espagne ou de Syrizaen Grèce, la montée en puissance du HDPsur l’échiquier politique turc a commencéen 2013, avec la révolte de Gezi, le remaketurc des Indignés. À l’époque, les groupes desupporters des principales équipes du pays –Galatasaray, Besiktas et Fenerbahçe– jouent unrôle primordial dans la reconquête symboliquede la place Taksim, où les manifestants semassent pour protester contre la politique dugouvernement et sa police. Selon Melahat,ce printemps arabe à la sauce byzantine aégalement permis aux minorités de tous bordsde s’allier contre le conservatisme d’Erdogan.“Cela faisait vingt ans que les LGBT étaientactives en Turquie, mais depuis le mouvement

de Gezi, nous avons été capables de toucherles autres minorités puisque nous nous sommesbattus ensemble contre l’autorité” , expliquela gardienne du Sportif Lezbon. Du désir dechangement et de ce lien nouveau et inespéréavec les groupes de supporters sont néesdes ligues de football transversales ouvertesà tous, sans distinction de sexe, de religion,d’appartenance ethnique ou politique. La KarsiLig (“ligue opposée”), a ainsi été la première àvoir le jour à Istanbul et à réunir les acteurs deGezi autour du football. L’année suivante, cettenouvelle société civile créait la Özgür Lig.Autrement dit une bénédiction pour tous lesmembres du Sportif Lezbon.

“Lesbiennes, allez de l’avant: léchez

le paillasson” Ancienne footballeuse professionnelle dans laGenç Bayanlar Ligi, le championnat fémininlocal, Selin a tout plaqué lorsque l’entraîneurde son ex-club a chassé une joueuse qu’il

soupçonnait d’être lesbienne. “Le coach

n’arrêtait pas de nous surveiller. On étaitconstamment contrôlées” , révèle, dégoûtée,celle qui a désormais troqué son amertumepour le plaisir de jouer sous les couleurs duSportif Lezbon. “Marquer des buts sous lesencouragements des supporters qui crient

Melahat, militante LGBT,dans les vestiaires.

Kiss Kiss.

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88  _ R EP OR TAGE

“À l’école et à l’université,on ne parle pas desexualité, et encore moinsd’homosexualité. Un demes professeurs a un jour

déclaré que c’était unemaladie mentale” 

Melahat, joueuse du Sportif Lezbon

Selin, avec un gros manche de  baglama.

118 sans 218.

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‘Lesbian, forward, lick the carpet’ (‘Lesbiennes,allez de l’avant: léchez le paillasson’, ndlr) ,c’est réellement montrer qui je suis, c’est-à-dire une footballeuse et une lesbienne. Je mesens libre quand je joue au foot: je porte un

maillot qui me libère de l’image de la femmequ’on veut que je sois. Désormais, je vis et j’affiche mon homosexualité sur le terrain,c’est une vraie prise de pouvoir.”  Pour elle

comme pour ses camarades, le terrain defoot apparaît désormais comme un lieu decontestation, de visibilité mais aussi –etparadoxalement– comme un espace de liberté,dans un pays où le football se conjugue

pourtant au masculin et où l’homosexualitéest encore parfois assimilée à une maladiementale. Melahat en a fait l’amère expérience.“À l’école et à l’université, on ne parle pas de

sexualité, et encore moins d’homosexualité.Un de mes professeurs a un jour déclaré quec’était une maladie mentale. Comment, alorsque personne ne parle de sexualité, voulez-vous construire la vôtre et mettre des mots

sur les changements qui s’opèrent en vous?”  s’interroge l’une des rares du Sportif Lezbon avoir fait son coming out auprès de sa famille

Drapeau arc-en-ciel, danses kurdeset pitbullsLe lendemain du match, les membres de laÖzgür Lig se sont donné rendez-vous au parcSegmenler, pour fêter la fin de la saison maisaussi l’ouverture d’un troisième championnatIzmir. Pour l’occasion, Selin a sorti sa baglaminstrument à cordes grec semblable à uneguitare. Très vite, les chants des supportersse mêlent aux chansons militantes alors que

des halay, danses kurdes, sont lancées sousun drapeau LGBT accroché à la branched’un arbre. Problème: la fête est rapidementgâchée par des hommes venus s’indignerde l’occupation de l’espace public par deshomosexuel(le)s. La situation dégénère. L’undes agresseurs ordonne même à son pitbulld’attaquer “ces pédés” . Heureusement, lechien ne réagit pas. Malheureusement, lapolice non plus. Résultat, pour beaucoup, lafête se termine à l’hôpital. Selin a juste eu letemps de ranger son instrument. Mais comptbien, malgré les intimidations, ressortir lescrampons très vite, pour la saison prochaine.

•TOUS PROPOS RECUEILLIS PAR AW

Melahat et Demhat, son amietranssexuelle. Cette dernièreannonce: “Je termine un client

et j’arrive dans trois minutes

 pour la photo. C’est un rapide!”

Attaque homophobe contre l’un desmembres de la Özgür Lig à Anakra.

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 r Quand vous avez remporté l’oscardu meilleur film étranger, vous avezcité Maradona parmi vos sourcesd’inspiration. De quelle façon vous a-t-

il inspiré? Môme, j’étais passionné de foot.J’avais 14 ans quand il a signé au Napoli.L’adolescence est une période où l’on est, dumoins en apparence, insouciant. En vérité, c’estun âge où la douleur est très présente. Le faitqu’une pareille légende arrive dans ma ville m’aaidé à vivre mon adolescence de façon moinsdouloureuse que les autres jeunes. Maradonam’a permis de vivre dans l’insouciance. Quand je suis devenu plus grand, je me suis consacréau cinéma parce que c’était pour moi une formeélevée de spectacle. Et je me suis rendu compte

que l’un de ceux qui m’avaient amené à l’idée defréquenter ce monde du spectacle permanentétait Maradona. Parce que, quand Maradonatransforme le sport en quelque chose de sibeau, de si important, le football devient unspectacle total. Certaines émotions, sensations,que j’ai éprouvées en voyant ce petit hommecourir au milieu du terrain m’ont aidé à forgerles émotions et les sensations que j’ai ensuiteessayé de transmettre dans mes films. Mêmesi je raconte autre chose, les émotions sont lesmêmes. C’est en ça que Maradona a été unesource d’inspiration.

Vous vous rappelez ce que vous faisiez le jouroù il a signé? C’est mon plus beau souvenir lié

au foot. C’était l’été de mes 14 ans donc, j’étaisen Angleterre, en vacances. J’appelais chezmoi une fois tous les trois jours. Un jour, monpère me dit que le Napoli a acheté Maradona.Là, il marque une pause –c’était quelqu’und’assez distant– et il me dit: “J’ai déjà acheté lesabonnements pour la saison prochaine.” 

Dans votre nouveau film, Youth, il y a un fauxMaradona. Un peu triste, un peu émouvant, gros.Il représente quoi au juste? Le film s’interrogesur la façon dont les gens envisagent leur futur.Sur ce à quoi il ressemblera. Et pour cela, tudois inévitablement partir du passé. À ce titre,la figure de Maradona m’aidait beaucoup, parcequ’il n’a pas eu un passé commun. La plupart

des êtres humains ont un passé beau, cru,douloureux… Lui est l’un des rares à avoir eu unpassé légendaire. Il est très difficile de se poserla question de ton futur quand ta légende estderrière toi. Et puis, Maradona incarne aussides thèmes qui me tiennent à cœur. Derrièrechaque coin de vulgarité se cachent le sublimeet la grâce. Maradona, il lui faut une secondeet une chose ronde, sphérique, pour que lavulgarité se transforme tout de suite en quelquechose de sublime. Ce que j’ai voulu faire, c’étaitun hommage à tout ça. Un hommage à unhomme qui, quoi qu’il fasse, même s’il se rendantipathique et que ses émissions télé peuventêtre condamnables, ne pourra jamais se défairede la grâce.

Votre Maradona a un immense tatouage deMarx dans le dos. Son vrai tatouage du Che nesuffisait pas? Parfois, dans les films, on faitaussi des choses simplement parce qu’on lestrouve drôles, sans raisonnement derrière. Et jetrouvais ça tout simplement amusant.

Il vous a rendu hommage sur sa page Facebook.Ça m’a rempli de bonheur. Il m’a même envoyéson maillot dédicacé. Les ultras du Napoli m’ontaussi rendu hommage après mon oscar (desultras avaient déployé une immense banderole

 proclamant “Honneur à ceux qui au sommet dela célébrité n’oublient pas leur appartenanceet leur identité. Merci P. Sorrentino” , ndlr).Cette banderole m’avait touché. Beaucoup

touché. Énormément touché. C’est avec elle

90 SO FOOT  _ C ULTU RE FOOT

“Le foot est l’une

des meilleures façonsde passer le temps”

Natif de Naples, le réalisateur Paolo Sorrentino est tombé dans la marmite du San Paoloquand il était petit. Au point de passer sa jeunesse à idolâtrer Maradona depuis les tribunes

de la Curva B. Si la passion s’est estompée depuis, l’oscar du meilleur film étranger 2014–pour La Grande Bellezza– ne loupe aucun match, posté devant sa télévision. Et a troqué

l’écharpe pour une coque d’iPhone aux couleurs du SSC.Propos recueillis par Lucas Duvernet-Coppola / Photos: DR et IconSport

“La banderole des ultrasaprès mon oscar m’avait

 beaucoup touché.C’était comme uneinvitation à m’asseoirà une table autour delaquelle je ne pensais

 jamais avoir ma place”

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que j’ai compris qu’il s’était passé quelque

chose d’important. Je ne pensais pas qu’ilsme connaissaient. Et avoir un hommage de lapart de ceux qui ont marqué ta jeunesse, quiont été ta jeunesse, ça m’a semblé quelquechose d’énorme. C’était comme une invitationà m’asseoir à une table autour de laquelle jene pensais jamais avoir ma place, ni être lebienvenu.

Vous alliez au stade quand vous étiez jeune?Toujours. D’abord en curva, la B, puis après enquart de virage. J’allais avec les ultras quand j’étais très jeune, mais je me méfiais un peu.Je venais d’un milieu petit-bourgeois, j’avais14, 15 ans, et ces figures si charismatiques mefaisaient un peu peur. Les ultras sont très sûrs

d’eux et de ce qu’ils sont en train de faire aumoment où ils le font. Ils font ce qu’ils ont àfaire. Un garçon de 15 ans, fils de banquier,n’est pas très à l’aise à cet endroit, mais il estcomplètement fasciné par ce qu’il voit. Donc j’avais un pied dedans et un pied dehors.

Et maintenant? Maintenant, je regarde beaucoupà la télé, et parfois je vais au stade, je suis amiavec le président De Laurentiis. Je regarde latélé avec mon fils, qui est plus passionné quemoi, pour être honnête. Je reste tranquilledevant l’écran, mais je suis très émotif. Très, trèsémotif. Je me comporte comme un supporterlambda. Au fond, je considère le foot commel’une des meilleures façons de passer le temps.

Le football m’amuse, m’hypnotise, me détend.

Qu’il s’agisse d’une rencontre de ligue deschampions ou de Serie C, aucune importance.Je peux tout regarder avec le même intérêt. Jene sais pas pourquoi.

Ce Napoli vous plaît? Mon joueur actuelpréféré est Hamsik, et Higuain m’est trèssympathique, parce qu’il est humain, émouvant.Il me rappelle, en beaucoup plus fort bien sûr,un attaquant qui a joué au Napoli il y a trèslongtemps et qui s’appelle Braglia. Il étaitcapable de marquer des buts impossibles, etquand il se retrouvait juste devant les cages, ilratait. Pour en revenir à Hamsik, il me rappelleun joueur que je ne cite jamais mais qui estpour moi une sorte de divinité: Salvatore Bagni.

Quand je jouais au foot, j’étais milieu de terrain,comme lui. Bon, c’était quand j’étais capablede courir. Puis j’ai commencé à fumer, alors j’ai joué attaquant de pointe. Avec des résultats trèsmodestes, il faut le dire.

Vous ne jouez plus maintenant? De temps à autreavec mon fils, mais je suis devenu trop grandpour faire les choses que je faisais quand j’étais jeune.

Et à part Bagni et Maradona, vous avez d’autreshéros? Zico, Zidane, Bergkamp…

C’est quoi le critère pour faire partie de voshéros? On parle de ces quelques footballeurs

qui évoluent dans un Olympe. La plupart dutemps, ils font ce que font tous les joueurs.Et à un moment, d’un coup, ils sont capablesde donner vie au surnaturel. C’est ça quim’émeut profondément, c’est comme ça quedes joueurs deviennent mes héros. C’est commeun magicien qui tous les jours fait des toursavec des chats, et d’un coup, il fait disparaîtreun éléphant. Ces footballeurs touchent desmondes auxquels nous n’avons pas accès, donton ignore même la façon d’y accéder. C’est ça,l’émotion.

Dans vos films, il y a souvent des références aufootball. Par exemple, dans la scène d’ouverturede La Grande Bellezza, qui représente lesyndrome de Stendhal, au bout de trentesecondes, on voit une femme qui lit le Corriere

dello Sport et un article “Allarme per Totti” (“Alerte

 pour Totti”, ndlr). Vous vouliez dire quoi? Il fallaitétablir le plus vite possible que le film allaittraiter de la romanité, et de Rome. Et Totti en

est un symbole. Le début d’un film, pour moi,est une forme de présentation. Tu dois dire dequoi ton film va parler, de quoi il va s’agir. Doncdans cette scène d’ouverture, je présente Rome,à travers ses monuments, ses personnages, sessymboles. Donc, Totti.

Vous aviez déjà parlé d’un capitaine de la Roma,puisque dans L’Uomo in più, l’un des personnagesest très inspiré de la vie d’Agostino Di Bartolomei (libero romain et romaniste, formé à l’AS Roma,

vainqueur du scudetto 1983 qui s’est suicidé le

30 mai 1994, dix ans jour pour jour après la finale

de coupe des champions perdue par la Roma

contre Liverpool, ndlr). Pourquoi Di Bartolomei?L’histoire d’Agostino Di Bartolomei m’a

beaucoup touché. J’étais plus jeune, c’était ily a plus de quinze ans. J’étais donc forcémentplus naïf. Quand on est jeune, on a tendance àassocier le sport à une sorte d’îlot de bonheuroù le Bien, le Juste, et le Beau règnent partout etoujours. Avec Di Bartolomei, j’ai découvert quece n’était pas le cas. Et découvrir que ce n’estpas le cas a été bouleversant. Un homme quifait un métier disons normal, et qui se suicide,c’est dans l’ordre des choses. D’une certainemanière, le fait qu’un footballeur se suicide mesemblait exceptionnel. J’ai eu envie de racontercette phase du footballeur où la vie cesse d’êtrefacile et cesse d’être un jeu. 

•PAR LDC

À voir: Youth, de Paolo Sorrentino, en salle le 9 septembre.

“Le fait que Maradonaarrive dans ma villem’a aidé à vivre monadolescence de façonmoins douloureuse.

Il m’a permis de vivredans l’insouciance”

Le Pibe de Paolo.

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CHIC TYPE

L’AIGUILLE DU MESSIRoberto Lopez est le tatoueur préféré des joueurs argentins et compteparmi sa clientèle des types comme Palermo, Messi et Neymar.Rencontre avec le mec qui transforme des enfants en hommes avecun peu d’encre.

Depuis le début de sa carrière, Lionel Messi asigné des milliers d’autographes. Celui qu’il aaccordé il y a quelques mois à Roberto Lopezest pourtant unique. Et moche. Il s’agit eneffet d’un minuscule “10” tatoué sur le poignetdroit de son compatriote. “Il y a quelquesmois, j’avais tatoué Martin Palermo et, à la finde la séance, ce dernier m’avait demandé s’il

 pouvait essayer mon aiguille sur mon poignetdroit , explique le cobaye. Quand j’ai raconté àLionel que c’était l’attaquant qui m’avait tatouéle ‘9’ sur le poignet gauche, il m’a dit que luiaussi voulait tester. J’étais vraiment flatté etévidemment je n’ai pas pu refuser.” 

La Sagrada Familia et WhatsApp

À l’instar de “la Pulga”, Roberto Lopez n’aaucun diplôme de tatoueur. En 2000, alorsqu’il est en vacances dans son Tucumannatal, un ami lui fait découvrir les plaisirs

du griffonnage sur l’épiderme. De retour àBuenos Aires, il décide d’acheter du matérield’occasion, histoire de se faire la main sur sesamis et des membres de sa famille. Malgréquelques ratés, Lopez finit par ouvrir une petiteéchoppe dans le quartier de Caballito.Son manque d’expérience est pallié pardes prix défiant toute concurrence.Le business plan fonctionne, Lopezparfait sa formation sur le tas etdevient, en l’espace de quelquesannées, l’un des tatoueurs les plusréputés du pays. Depuis 2012, celuiqui officie désormais à Mar del Platase tape tous les week-ends les quatrecents kilomètres qui relie son QG au Denim

Demon Tattoo, un salon situé en plein cœur deBuenos Aires. C’est ici, dans la rue Florida, qu’ilfait la rencontre, en décembre 2014, de JuanCruz Leguizamon, gardien du Central Cordoba,une équipe de cinquième division argentine etami d’enfance de Lionel Messi. “Il est venu mevoir pour me dire que Leo voulait se faire destatouages, se souvient Lopez. Je n’en croyais

 pas mes oreilles. Mes jambes ont failli flanchersous le coup de l’émotion.” 

Quelques jours plus tard, le tatoueur reçoitun message via WhatsApp du quadrupleBallon d’or. “Toute la préparation s’est faite

 par téléphone. C’est un très bon client. Ilsavait ce qu’il voulait et ce qu’il ne voulait pas.

Il m’a notamment demandé que je lui fassedes tatouages qui se voient de loin. J’ai doncopté pour la technique du ‘réalisme pur’ pourles dessins qu’il voulait que je reproduise surson corps.”  Lionel Messi, qui a alors déjà unnuméro 10, des ailes, le nom et les mains deson fils Thiago, un ballon et une épée dont lapoignée représente le visage de sa mère sur sapeau, veut cette fois-ci faire dans le tatouageplein de symbolisme. “Les vitraux qu’il a surle coude sont ceux de la Sagrada Familia, lesymbole de sa ville, Barcelone. La montre qu’ila sur le bras représente le temps qui passe; lafleur de lotus pousse dans les endroits les plusinattendus, comme son talent. Le bourgeonest une référence à son fils, et il y a aussi unemention à sa ville natale, Rosario, qui estreprésentée géographiquement par un rosaire” ,explique sérieusement Lopez, qui s’est déplacédeux fois à Barcelone pour couvrir d’encre lebras droit de son client.

“Des grimaces de douleur” 

La dernière fois qu’il s’est rendu en Catalogne,Messi l’attendait chez lui avec trois

nouveaux clients: ses deux

frères et Neymar. “Leo m’a demandé si j’avaisle temps de leur faire quelques tatouages.J’ai évidemment répondu oui. J’ai fait deuxtatouages à Neymar: ‘family forever’ sur sonflanc et ‘Sh…’ sur son index (pour chut…, ndlr).C’était fou d’avoir les deux joueurs dans lamême salle. Ils n’arrêtaient pas de se vannerentre eux: ça les faisait marrer de voir leursgrimaces de douleur quand je posais l’aiguillesur eux” , se souvient Lopez. Grâce à Messi,Roberto compte désormais exclusivementdes joueurs de football parmi sa clientèle.Le dernier à être passé sous ses mains n’est

autre que Fernando Cavenaghi. Pour autant, letatoueur rêve d’un voyage à Paris pour venirs’occuper de l’épiderme de Di Maria, Lavezzi etPastore. Et compléter sa collection de numérossur le poignet avec le 11, le 22 et le 27. zPAR

NAHUEL GALLOTTA, À BUE NOS AIRES/ PHOTOS: DR ET ICONSPORT

92  _ DÉC RASSAG E

“Messi est un très bonclient. Il savait ce qu’ilvoulait et ce qu’il nevoulait pas. Il m’anotamment demandéque je lui fasse destatouages qui se voientde loin” Roberto Lopez, tatoueur

“Encrez, c’est tout vert.”

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LOTO FOOT

 JADE LEBŒUF En maillot de bain sur un rocher, au bord d’unepiscine ou en train de siroter un smoothie après un jogging, Jade Lebœuf, fille de Frank, a illuminé l’étéde ses selfies  sur les réseaux sociaux. Tout rouledonc pour le mannequin de 24 ans, qui sembleépargnée par la spondylarthrite ankylosante et peutéchanger quelques balles sans soucis.

Tony Parker vs Sarah Jessica ParkerLui, au moins, il n’a pas encore fait de publicité pour Kinder Bueno…

Yves Saint Laurent vs Le fleuve Saint-LaurentLe fleuve Saint-Laurent… mais joué par Pierre Niney!

Han Solo vs Hope SoloComment ne pas aimer Star Wars? En plus, mon chienressemble réellement à un Ewok!

“Winter is coming” vs “Vamos a la playa”

Je peux écouter Vamos a la playa en regardantGame of Thrones sur une plage de Los Angeles!

Kate Moss vs Cara DelevingnePourtant, je rêverais d’avoir les sourcils de Cara…

Isabelle Carré vs Jim Carrey

Même si Isabelle Carré est aussi… “SPLENDIIIIIDE” !

50 Shades of Grey vs 50 CentC’est trop cucul 50 Shades of Grey, et j’assume le jeu de mots!

Charal vs Sébastien ChabalJe crois que mon père a déjà fait de la pub pour la viandede bœuf... Alors Chabal!

Saint-Barthélemy vs Saint-Quentin-en-YvelinesEau turquoise, paysages paradisiaques, détente…Dans le top 5 de mes destinations préférées!

Frank Lebœuf vs Shia LaBeoufVous voulez me faire déshériter ou quoi?  wPROPOS RECUEI LLIS PAR LHADI

MESSAOUDEN / PH OTO: MICHAEL ANAYA

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IL VOIT DU FOOT PARTOUT…

MÊME DANS UN COUPLETD’ALAIN SOUCHON

Du foot, il y en a tout le temps. Partout. À la télé. Dans les journaux. À la radio. Sur Internet.

Tellement qu’on finit par en voir là où il n’y en a pas. En apparence, tout du moins.Documentaire de Franck Cuvelier

Le Mondemerveilleux

du GPSDans le désordre.

J’attends quelqu’un,Alain Souchon

Même au cinéma,pourquoi tu pars

au milieu?Le syndrome du goal volant.

Le Seigneur des porcheries,Tristan Egolf 

Les semellesde ses chaussuresétaient toujours

encroûtées de plusieurs

épaisseurs delitière de pouleL’une des caractéristiques

du joueur emprunté.

Bande dessinéede Frantz Duchazeau

La Main heureuseMaradona, Henry, etc.

Espèce découverte par laprestigieuse université Syracuse

Le poisson-ballonbâtisseur

(Torquigeneralbomaculosus)

du JaponUn nouveau numéro 10

à l’ancienne.

La Grande Librairie,Michel Serres, France 5

L’écart àl’équilibre lancele mouvement

La définition du jeu en déviation.Porté par le théorème defluctuation-dissipation.

O’Malley’s Bar,Nick Cave and The Bad Seeds

Aaaaaaaaah OneAaaaaaaah TwoAaaaaah Three

Aaaah FourLe Big Four.

– PAR STÉPHANE MOROT

Elle, c’est Lebœuf.

Le Gorille, Georges Brassens

C’est à travers de larges grilles, que les femelles du canton,contemplaient un puissant gorille, sans souci du qu’en-dira-t-on;

Avec impudeur, ces commères lorgnaient même un endroit précis que,rigoureusement, ma mère m’a défendu de nommer ici

Terrain (de) WAG.

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Un bateau blanc, bleu et gris s’approche descôtes de l’île de Chios, à l’est de la mer Égée.Il pleut, mais à bord, tout le monde est heureux.Cirés sur les épaules, les joueurs de KarsiyakaSK, l’équipe de la ville d’Izmir en Turquie,demeurent enthousiastes. Pour cause, ilsviennent disputer un “match de l’amitié”  faceaux amateurs grecs du FC Lailapas. Dans leursillon, 1500 supporters, tous armés de maillotset d’écharpes rouges et vertes, les couleursdu club, et de drapeaux turcs et grecs, ont faitle déplacement. En ce mois de mai 2014, toutce petit monde est venu assister à un moment

historique: la fin d’un match dont le coupd’envoi avait été donné… quatre-vingt-quatreans auparavant.

Atatürk, le Fener et le PanaL’histoire de la Grèce et de la Turquie est,depuis des siècles, intimement liée. Suite à laprise de Constantinople en 1453 par les troupesottomanes, la Grèce passe sous dominationturque, et ce jusqu’à la guerre d’indépendancegrecque au début des années 1830. L’île deChios, située à 8 kilomètres des côtes turques,est d’ailleurs le théâtre d’un massacre, enavril 1822, au cours duquel l’empire Ottomanextermine près de 25 000 Grecs et en capture45 000 autres. Au cours du XX

e siècle, de

nombreuses guerres débouchent en 1913 à lasignature du traité de Sèvres, qui oblige l’empireOttoman à céder à la Grèce de nombreuxterritoires, dont l’Anatolie et les îles de la merÉgée (dont Chios). Mais les nationalistes turcs,peu enclins à ce traité, reprennent les armes,et déclenchent la guerre gréco-turque (1919-22,45 000 morts). “Cette guerre a été ponctuée

 par la ‘Grande Catastrophe’, qui provoquerad’importants bouleversements politiques enGrèce, explique Yannis Makridakis, historienet écrivain grec. Cela aboutira finalement à lachute de la monarchie et l’instauration de larépublique en 1924.”  Ainsi qu’à la signature dutraité de Lausanne, en juillet 1923, qui restitueà la Turquie ses territoires perdus trois ans plus

tôt… à l’exception des îles de la mer Égée, quirestent grecques.

C’est dans ce contexte géopolitique tenduque le premier ministre grec fraîchementélu, Elefthérios Venizélos, tente un premierrapprochement. En août 1928, il fait part auprésident du Conseil turc, Ismet Pasha, deson “vif désir de contribuer à un règlementde rapports entre les deux pays” . Deux ansplus tard, Venizélos se rend à Ankara pourrencontrer le président de la République deTurquie, Kemal Atatürk, et signer la convention

d’Ankara, pierre fondatrice des nouvellesrelations amicales entre les deux nations. Etcomme le football est rassembleur, il est décidéd’organiser des matchs amicaux entre deséquipes turques et grecques: Fenerbahçe/Aris,Altay/Panathinaïkos et un certain Lailapas/Karsiyaka, le 7 décembre 1930. Un matchsymbolique qui oppose le club de l’île de Chiosà une équipe bâtie en 1912 par des Jeunes-Turcsd’Izmir, alors que, jusque-là, tous les clubs dela ville avaient été fondés par les minoritésgrecques, arméniennes et britanniques. “Selonles journaux de l’époque, la ville de Chios étaitremplie pour l’occasion de drapeaux grecs etturcs, raconte Makridakis. Un dîner officiel amême été offert aux hôtes turcs.”  Une rencontre

pour célébrer la paix qui ne va durer que troisminutes.

Une nouvelle interruptionLailapas mène déjà 1-0, quand un orage s’abatsur Chios. L’arbitre interrompt la rencontreaprès seulement trois minutes de jeu, etrenvoie tout le monde à la maison. Makridakis,encore: “Les deux équipes étaient d’accord

 pour reprendre le match quelques jours plustard, mais pour des raisons inconnues, ce n’est

 jamais arrivé, et cet événement a été oubliéavec les années.”  Plus personne n’entend parlerde ce match amical jusqu’en 2005, lorsqueYannis Makridakis en découvre l’existence lorsde ses recherches dans le cadre de son livre

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UNE HISTOIRE VRAIE

LE MATCHLE PLUS LONG

En 1930, un match amical organisé entre les Grecs de Lailapas et lesTurcs de Karsiyaka est interrompu au bout de quelques minutes. Il nereprendra qu’en 2014.

“Les deux équipes étaientd’accord pour reprendrele match quelques jours

plus tard, mais pour desraisons inconnues, cen’est jamais arrivé, et cetévénement a été oubliéavec les années”Y. Makridakis

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10 516 jours, histoire de Chios moderne, 1912-1940. Il souhaite en informer le club de Lailapas.Problème: celui-ci a disparu en 1980 à cause deproblèmes financiers. “Pendant vingt-neuf ans,le club a cessé d’exister, jusqu’à ce que cinq potes

décident de le refonder en 2009 , atteste MichalisKottakis, actuel président d’honneur du club.Monsieur Makridakis est venu les voir pour leurraconter l’histoire de ce match interrompu en1930. Cela a rendu tout le monde très fier, maisça n’est pas allé plus loin. Quand je suis arrivéau club en 2012 en tant qu’entraîneur, j’ai été misau courant de cette histoire. Des gens m’ont dit: ‘Imagine ce que ce serait de terminer ce match.’ Je leur ai répondu: ‘Pourquoi vous imaginezseulement? Ce match peut avoir lieu. Il doitavoir lieu.’”

Kottakis contacte le club de Karsiyaka, et serend à Izmir en février 2014: “Leur président adit oui tout de suite, ce qui nous a surpris parce

que Karsiyaka est un club professionnel de D2,alors que nous sommes une équipe amateur decinquième division.”  La date est fixée: le matchreprendra le 10 mai 2014, à Chios, 30 470 joursaprès son interruption. Kottakis renchérit: “Le

club de Karsiyaka a informé tous les médiasturcs. Cela a été un vrai moment d’histoire pourles relations entre la Grèce et la Turquie.”  Le jour du match, l’île de Chios est en fête. Malgréle crachin, ils sont des centaines à accueillir lebateau transportant les joueurs de Karsiyaka.“Sur la côté ouest de la Turquie, beaucoupde gens ont des racines grecques: ce sont lesenfants ou les petits-enfants des populationséchangées entre les deux pays, qui ont grandien écoutant les histoires de leurs ancêtres

 provenant des Balkans et des îles grecques. C’estaussi pour cela que le match a provoqué autantd’émotions”  , atteste Ilkay Yildiz, réalisateur dudocumentaire 87 Minutes, qui retrace l’histoiredu match. Dans un stade Fafalio de Kos bondé,

la rencontre reprend. À la 4e minute, donc.Le premier but est inscrit par Yusuf Simsek,actuel entraîneur d’Antalyaspor. Lailapaségalise par Hüseyin Mutlu Akpinar, maire dudistrict de Karsikaya à Izmir, qui porte alors le

maillot des adversaires pour la bonne cause.À la 65e minute, le score est de 5-5, lorsque lessupporters grecs et turcs envahissent le terrain.Pacifiquement. “Nous interrompons à nouveaule match car nous aimerions inviter Lailapas àIzmir pour le terminer”, explique Okan Kimaci,président de l’association des supporters deKarsiyaka KS. “L’histoire ne se termine jamais.Même si la suite du match a lieu dans quatre-vingt-quatre ans, ce sera toujours aussi beau”, lâche Makridakis. A priori, il ne faudra pasattendre 2098: la fin du match est prévue pour2016, à Izmir.z PAR ÉRIC MAGGIORI, AVEC ALEXANDROS

KOTTIS ET CEYHUN KAPLAN. PROPOS DE YANNIS MAKRIDAKIS

RECUEILLIS PAR EM, DE MICHALIS KOTTAKIS ET ILKAY YILDIZ PAR

AK, ET D’OKAN KIMACI ISSUS DU R EPORTAGE 87 MINUTES 

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PIERRE LA POLICE

Thomas Müller presse toujoursle citron de manière à en faire un jus.

Thomas Müller commencetoujours par (le) début.

Thomas Müller a toujoursconsidéré les années à venir.

Thomas Müller jette toujours, à

l’heure de la tarte, les morceaux defruits par la fenêtre.

Thomas Müller justifie toujoursle raisonnement qui conduit aupuits du fou.

Thomas Müller s’avance toujourscalmement en disant de ne pass’affoler.

Thomas Müller renonce toujoursaux concours de bûcherons.

Thomas Müller reste toujoursplanté à côté de la boîte auxlettres au cas où.

Thomas Müller ne connaîttoujours pas l’objet de son étude,ce qui ne veut pas dire qu’ilcherche quelque chose.

Thomas Müller a toujours eu lavocation de l’instant.

Thomas Müller se sent toujoursun peu seul pendant que sescondisciples tournoient.

Thomas Müller pense toujours àla chouette de Minerve quand lescous cassent la nuit.

Thomas Müller rit toujours quandil nettoie la berge.

Thomas Müller prend toujoursdeux chariots au supermarché.

Thomas Müller ne comprendtoujours pas sa ligne de conduite.

Thomas Müller prépare toujoursun petit déjeuner à base de bacon,ce qui angoisse généralement toutle monde.

Thomas Müller débat toujours decertains aspects de sa mâchoire.

Thomas Müller sait toujours quela situation se dégrade avantqu’elle ne touche à son terme.

Thomas Müller se lève toujoursau son de la cloche.

Thomas Müller se fait toujours

bousculer.Thomas Müller titube toujours nusous la véranda.

Thomas Müller coupe toujoursles cordes de la balançoire surlaquelle il pourrait tanguer.

Thomas Müller pense toujoursque la salade niçoise est  lerécipient et la famille de l’aiglonest  honnie.

Thomas Müller s’écarte toujourssur son passage.

Thomas Müller a toujours huitcadenas à disposition.

Thomas Müller a toujours étéconsidéré comme un grandabatteur de bois.

Thomas Müller a toujours secouéle bas de l’échelle.

Thomas Müller finit toujours ledîner par une courte discussionsur les chausse-pieds.

Thomas Müller est toujours entrain de perdre la boule.

Thomas Müller trouve toujoursqu’il est plus à ménager sous lescombles.

Thomas Müller parvient toujoursà contrôler le système digestif deses partenaires sans pour autantl’expliquer.

Thomas Müller trouve toujoursle temps long surtout lorsqu’ilest coincé dans un conduit deventilation.

STÉPHANE MOROT

LES INFOS QUE L’ON N’A TOUJOURS PAS VÉRIFIÉES A PROPOS DE…

THOMAS MÜLLER 

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