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www.simorg.fr actualités 4/2012 S I M i n t e r n a t i o n a l e Le cœur de Dieu pour les nomades

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e journal d'informations informe sur le travail de la mission dans le monde entier, Il présente des besoins spécifiques, Il donne des nouvelles, Il offre des possibilités de service à l'étranger, et Il oriente dans la prière pour les collaborateurs à l'étranger.

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actualités 4/2012 S I M i n t e r n a t i o n a l e

Le cœur de Dieu pour les nomades

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2 33RéconciliationÉditorial

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Impressum

Ce journal trimestriel paraît en allemand, anglais, français et italien. Tarifs de l’abonnement annuel:CHF 10.–; " 6.–ISSN 1962-3895Rédaction : Waltraud et Günter Kunz Graphisme/Layout : FRANK.COMMUNICATION. Singen (D)www.frank-com.deProduction :Jordi SA .le spécialiste média. Belpwww.jordibelp.chLa SIM est membre de l’ et de laLa SIM est membre de l’ et de la

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Le cœur de Dieu pour les nomades

À quoi se limite votre concept «!d’Église!»!? Je me demande parfois si notre idée d’Église est trop étroite et trop exiguë. Bien que nous professons que l’Église corresponde à des gens, nous pensons trop souvent aux «!édifi ces!», aux églises avec un «!é!» minuscule, quand nous en parlons. Toutefois, pour de nombreux croyants de ce monde, l’édifi ce de l’église est une affaire improvisée – le bâtiment n’est certainement pas la première chose qui leur vient en tête quand ils pensent à leur Église.

À quoi ressemble donc l’Église pour les nomades!? Est-il possible que des nomades appartiennent à une Église! ? Dans ce

numéro, Malcolm Hunter, consultant vétéran de la SIM pour les ministères nomades, décrit un ministère de défi s parmi les peuples qui s’expriment ainsi! : «! Quand vous pourrez mettre votre Église sur le dos de mon chameau, je commencerai à penser que votre christianisme est bon pour nous!». Pour eux, il est évident que l’Église appartient aux gens sédentaires.

C’est une aventure palpitante d’avoir le privilège de présenter à ces gens Jésus, qui disait que le lieu de l’adoration importait fort peu. Quelle joie de pouvoir leur montrer les paroles de Jésus dans l’Évangile!: «!Voici le temps vient où les vrais adorateurs adoreront le Père en Esprit et en vérité, car ce sont de tels adorateurs que Dieu cherche!» (Jean 4:23). Quelle émotion de pouvoir expliquer à ces nomades que «!l’Église!» pourrait se déplacer avec eux où qu’ils aillent parce qu’ils seraient eux-mêmes l’Église, dans le travail, dans la prière et dans l’adoration, ensemble, jour après jour, tout comme les premiers chrétiens l’avaient vécu. Dans les faits, une «!Église!» nomade peut potentiellement former une communauté bien plus réelle que ce que nous vivons, parce que ses membres nomades se voient chaque jour et non une ou deux fois par semaine.

Malcolm Hunter fait remarquer que les nomades sont parmi les gens les plus marginalisés de ce monde. Ils sont perdus, non à cause de leur choix, mais à cause du nôtre. Il y a un grand besoin de travailleurs supplémentaires qui se lèvent pour relever le défi des peuples nomades et leur dire qu’ils n’ont pas besoin d’une église pour être l’Église.

Faire la paix au Nigéria

par Suzanne Green, Rédactrice internationale

Si, en 2007, Dieu nous avait dit!: «!Toby et Aly-cia, je veux que vous me suiviez sur le front d’une bataille spirituelle, dans une ville où mon ennemi divise les gens au moyen de la peur, des incompréhensions et de la haine!», nous aurions probablement imité Jonas et serions partis dans la direction opposée!!

Cependant nous sommes là, cinq ans plus tard, accomplissant exactement cela. Nous sommes enthousiasmés d’annoncer que nous avons ouvert le BRICC (Building Reconciliation in City Center = Construire la Réconciliation dans le centre de la ville). Nous avons une salle de réunion à deux pas de la mosquée centrale de Jos et un bureau tout près de la salle de réunion.

Le voisinage est mixte, avec des musulmans qui vivent dans une direction et des chrétiens dans l’autre. Toby est associé à un Nigérien pour faire fonctionner ce centre social dont l’objectif est de faciliter la réconciliation au moyen de la construc-tion de relations humaines. Nous sommes stimulés par l’intérêt des habitants pour cette aventure et par le soutien fourni par les dirigeants musulmans et chrétiens des environs, et même par l’imam en chef de Jos.

Notre but, avec le BRICC, est de travailler avec les gens en leur donnant un espace et des ressources pour réaliser des projets qui aident leurs commu-nautés. Nous nous démenons pour donner des cours particuliers de mathématiques, de langue an-glaise, d’informatique et de construction de la paix à des enfants de l’école primaire et secondaire.

Il y a peu de temps, une femme d’Irlande du Nord s’est jointe à nous pour aider les femmes des alen-tours, pour faciliter leur programme de formation et améliorer leur qualité de vie. Nous sommes en pour-parler avec des professionnels de la santé pour lancer un programme d’éducation médicale. Pour chaque initiative, notre désir est de réunir musulmans et chrétiens. Alors qu’ils commencent à se connaître mutuellement, la confi ance et l’esprit communautaire qui se sont perdus dans les combats et la tourmente seront ranimés.

par Alycia Abts à Jos

Veuillez prier régulièrement pour ce travail de ré-conciliation. Dieu est à l’œuvre dans notre ville. Intercédez pour nous qui travaillons au BRICC. Nous sommes entrés dans un combat spirituel et sommes conscients d’être la cible d’attaques re-nouvelées déclenchées par notre volonté de suivre Dieu. Priez aussi pour le bâtiment, le voisinage, les volontaires, les ressources financières pour les tra-vaux en cours, pour nos couples et familles. De tout cœur, merci de lutter avec nous.

Deborah Gill, une missionnaire SIM de Nouvelle-Zélande, a collaboré, au BRICC, à la restauration du groupe social par le moyen d’un cours de guéri-son des traumatismes appelé «!Arbre de Vie!». Ses ateliers encouragent les gens à changer l’histoire de leur vie initialement centrée sur les luttes, les tourmentes, les traumatismes et le désespoir, pour l’orienter vers l’espérance et une vision du futur. Chaque participant dessine un arbre qui montre les gens importants pour lui, les événements passés et présents, ses talents et capacités ainsi que ses rêves pour un avenir meilleur.

Ensuite, les participants ont l’occasion de partager leur histoire avec les autres membres du groupe. L’expression de ces choses enfouies apporte la guérison des individus et crée des liens très forts au sein du groupe. Deborah n’a pas seulement con-duit de tels ateliers au BRICC, mais elle a aussi pu former une poignée d’habitants, qui résident dans le quartier, à poursuivre ce travail.

Qu’est-ce que le public pense du BRICC! ? Une personne qui a participé au premier atelier de l’Arbre de Vie a déclaré!: «!Au BRICC, des gens de diverses ethnies et religions, se sont réunis dans un effort pour construire la paix dans notre ville de Jos. Nous voulons tous vivre en paix!! Nous aimons notre ville, nos familles, nos jeunes gens et il nous incombe de leur montrer un meilleur chemin de vie. Notre quartier est un des rares lieux, à Jos, où les gens se tolèrent encore assez pour coexister. Tou-tefois, les nerfs sont à fleur de peau. Le simple fait de nous rencontrer est un acte de bravoure et une preuve de notre détermination à faire changer les choses. Le BRICC et M. Toby nous aident à trouver notre place au sein du groupe social.

Les ateliers de l’Arbre de Vie

Nous espérons pouvoir attirer plus de promoteurs de paix. Nous nous sommes engagés à faire no-tre possible pour promouvoir la paix à Jos. Nous espérons que nos idées encouragent d’autres per-sonnes à se joindre à cet effort, dans notre propre quartier et ailleurs dans le monde!».

Nous nous démenons pour donner des cours particuliers de maths, d’anglais, d’informatique et de construction de la paix à des enfants de l’école primaire et secondaire.

Dieu est à l’œuvre dans notre ville. Priez pour nous qui travaillons au BRICC.

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Les hommes et les femmes que Dieu appelle au ministère parmi les nomades doivent avoir été créés et formés pour ce travail hautement spéci-alisé dans un mode de vie inhabituel. Ce sont des gens qui ont appris à faire confi ance à Dieu, non seulement pour leur protection et pour leurs be-soins journaliers, mais aussi pour qu’Il les comble dans un environnement vraiment diffi cile.

Pourquoi se préoccuper des nomades ?par Malcolm Hunter

4 5Nomades Nomades

Les nomades sont cette fraction de l’humanité qui occupe encore un tiers des terres émergées du globe que les gens sé-dentaires ne peuvent ou ne veulent pas ex-ploiter. Comment Dieu les considère-t-Il!?

Pour Dieu, communiquer avec les nomades n’est pas un problème. Le premier peuple qu’Il avait choisi pour être sien avait été appelé hors d’une ville pour devenir nomade. Une partie du projet de Dieu pour les nations consiste à offrir une oc-casion aux nomades d’entendre parler du salut au moyen de son Fils Jésus-Christ.

Les nomades font partie des gens les plus mar-ginalisés et négligés, autant spirituellement que physiquement. Le sens de la solidarité humaine devrait nous pousser à les aider. La compassion de Dieu nous force à tout faire pour leur donner l’occasion de connaÎtre son amour pour eux.

Ils ont été et continueront à être les der-niers et les moins considérés dans les efforts d’évangélisation, parce qu’ils vivent loin, dans des lieux où les missionnaires sédentaires ne

gens sédentaires, non pour les nomades comme nous!» ou! : «!Quand vous pourrez mettre votre église sur le dos de mon chameau, je commen-cerai à croire que votre christianisme est bon pour nous! ». Cependant il y a des hommes et des femmes qui ont obéi à l’ordre de Dieu!: aller à la rencontre des quelque 150 groupes nomades de la planète pour leur apporter l’Évangile. Mon épouse Jean (NdT! : prénom féminin en anglais) et moi-même nous sommes rendus en Éthiopie, comme missionnaires de la SIM, en 1963 déjà. En tant qu’ingénieur et infi rmière, nous y avons reçu de nombreuses tâches dans des stations missionnaires d’Éthiopie et d’Érythrée, y compris la construction et l’enseignement dans des écoles, des cliniques et des hôpitaux.

Dans nos nombreux déplacements, nous avons rencontré des groupes de gens différents qui ne cultivaient pratiquement rien et vivaient unique-ment de leurs troupeaux. Ces gens entraient sou-vent en confl it soit avec les sédentaires – quand les troupeaux envahissaient leurs cultures, soit avec d’autres nomades qui revendiquaient des droits sur les pâturages et les sources d’eau. Nous nous sommes rendu compte que person-ne n’essayait d’aider ces bergers nomades, ni sur le plan spirituel ni sur le plan médical. L’attitude générale était faite de crainte et de mépris. Par exemple on redoutait les peuplades Guji car leurs guerriers collectaient des trophées virils pour im-pressionner leurs femmes et montrer leur capaci-té de tuer. Pour eux il n’était pas question de se rendre dans une église! ; toutefois, certains sont entrés dans une clinique de campagne où Jean opérait en brousse.

Premiers efforts de rencontreAprès 10 ans de construction et d’enseignement, j’ai commencé à m’intéresser aux autres tri-bus nomades de bergers qui vivent au sud de

l’Éthiopie. Il y avait quatre ou cinq groupes ethniques différents, rien que dans la vallée de l’Omo. Chacun manifestait de l’hostilité à l’égard de ses voisins et de tout autre intrus. J’ai décidé d’inviter des évangélistes locaux, travaillant dans les Églises naissantes sur les hauts plateaux, à m’accompagner dans les régions inférieures pour essayer de comprendre où et comment vivaient ces gens belliqueux.

Puisqu’il n’y avait pas de route, nous avons dû nous frayer un chemin avec des mulets pour leur rendre visite. Nous avons aménagé une pi-ste d’atterrissage de fortune pour pouvoir ap-porter une première aide au développement, à savoir des soins médicaux, de l’eau potable et de la nourriture. Nous avons édifi é une hutte de paille sur le bord de la piste pour permettre aux infi rmiers, médecins et vétérinaires venus par avion d’y résider quelques jours. La prédication de l’Évangile était la priorité numéro un!; ensuite venait l’aide médicale comme support mensu-el. Au cours des premières années, nous avons perdu quelques évangélistes, alors qu’un jeune chef de tribu éprouvait le besoin de démontrer sa bravoure en tuant quelqu’un d’une autre tribu.

Ainsi a commencé notre voyage dans l’évangélisation des tribus nomades. Nous avons continué ce travail au Soudan, en Afrique de l’ouest et au nord du Kenya. En 1995, la SIM m’a

confi é la tâche de consultant pour les ministères parmi les nomades.

Désenclaver les peuplades nomades.Il y a environ 20 ans, Jean et moi-même avons con-tribué à établir le réseau des peuplades nomades (NPN = Nomadic People Network)! ; il s’agit d’un répertoire de quelque 50 hommes et femmes en-gagés dans un ministère auprès des nomades. Ceux qui constituent ce réseau sont des personnes et des familles provenant de nombreux pays et dénomina-tions. Tous partagent les problèmes et les fardeaux associés à ce travail, à savoir!:

l’environnement hostile des nomades et comprendre leurs points de vue!?

partager l’Évangile de Jésus-Christ!?

les nomades!? PRIEZ

» Que Dieu appelle plus de missionnaires à travailler parmi les nomades, ses «!brebis perdues!».

» Vous pouvez verser une offrande au réseau des peuplades nomades (NPN) par la SIM.

DONNEZ

ALLEZ

» Visitez le site (en anglais) www.nomadicpeoples.net

peuvent pas vivre. S’ils sont perdus, ce n’est pas à cause de leur choix, mais à cause du nôtre.

Il est vrai que les territoires laissés aux nomades se sont fortement rétrécis!; toutefois, il convient de considérer qu’il existe encore bien 200 milli-ons de survivants pleins de ressources et de fl e-xibilité. Les peuples nomades sont très attachés au mode de vie qu’ils ont hérité de leurs aïeux!: leur indépendance et surtout leurs animaux. Les troupeaux sont leur richesse, non les terres. Leur conception du territoire est communautaire. Parce qu’ils n’ont pas d’actes notariés, ils sont

fréquemment contraints d’abandonner les es-paces où leurs troupeaux broutent, ou leurs ter-ritoires de chasse.

«!Quand vous pourrez mettre votre église sur le dos de mon chameau …!»Dans leur grande majorité les nomades n’ont jamais eu l’occasion de découvrir combien le message chrétien pourrait leur être utile. S’ils ont vu une église, c’était dans un bâtiment. Ils affi rment! : «! Cette religion est faite pour les

NPN cherche à se différencier en attirant l’attention des Églises chrétiennes et des sociétés mission-naires sur le défi représenté par l’évangélisation des peuples nomades et en faisant connaître ce segment bien réel de l’humanité.

Il semble qu’il n’existe aucune autre organisati-on pour la formation au ministère parmi les no-mades. NPN tente de réunir ses membres tous les trois ans pour permettre à tous de bénéfi cier de l’expérience des autres. Quatre-vingts personnes ont participé au rassemblement de 2012, qui s’est tenu en mars, dans le nord du Kenya, organisé par un de nos membres travaillant parmi les tribus co-lorées Samburu. Afi n de rendre le voyage plus réel et plus attractif pour les nouveaux candidats, les participants s’y sont rendus en deux jours à bord de camions-safaris.

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Pedro n’avait que 16 ans et n’etait plus admis à l’école. Il se débattait pour trouver du boulot, en dépit de son jeune âge et de son manque de formation. À cause de son passé peu reluisant!: participation à la vie d’un gang, problèmes scolaires, tatouages, alcool, fumée et occasionnellement drogues, les membres de sa famille lui avaient tourné le dos. Il vivait seul et n’avait pas le droit de rendre visite à ses grands-parents ou à sa petite sœur.

Voilà le Pedro que j’ai rencontré, la première fois, en novembre 2011. Il venait à El Sendero chaque jour pour nous aider pendant le repas de midi. Ainsi obtenait-il quelque chose à manger. Chaque jour il arrivait, prêt à laver la vaisselle, l’essuyer ou servir la nourriture! ; il était disposé à faire tout ce que nous lui demandions. Après l’heure de pointe du repas de midi, presque chaque jour, Pedro s’asseyait avec David Ludeña (l’administrateur du centre El Sendero) pour lire la Bible.

Un lieu pour les marginaux Rêves brisés

Pedro est un adolescent tourmenté

par Annie Cudmore

El Sendero est un lieu où les jeunes gens peuvent se réunir et se réjouir ensemble.

Il avait grandi en allant à l’Église, mais s’était éloigné de tout ce qu’il y avait appris. Cependant David l’y avait ramené avec patience en répondant (ou essayant de répondre) à toutes les questions de Pedro. Alors que Pedro affichait stabilité et bonne humeur, quelque chose le faisait profondément souffrir et il s’en ouvrait grâce à une relation personnelle. Il était réellement désolé pour tout ce qu’il avait fait et ne savait pas comment se réconcilier avec lui-même.

Pendant quelques mois Pedro a disparu de la circulation – il avait finalement trouvé une place de travail. Pour lui, c’était une aubaine, mais cela signifiait qu’il ne venait plus au centre El Sendero. J’ai intensément prié pour lui durant ces mois et il a refait surface en avril. Il était à nouveau triste et plus pitoyable que jamais. Je me suis assise à côté de lui pour lui demander de ses nouvelles. Il avait eu un accident de travail, la veille, et son bras était très enflé. Il vivait à nouveau seul après avoir rompu avec sa petite amie. Une cousine avec qui il avait une bonne relation venait de faire une fausse couche. Il en avait assez de la vie!! Nous avons lu la Bible ensemble, et il a réalisé combien Dieu ne laisse tomber personne, ne nous oublie pas et est disposé à nous pardonner quand nous Lui en faisons la demande. Quand Pedro est parti, j’ai prié que Dieu travaille dans son cœur et qu’il revienne rapidement à El Sendero.

Trois jours plus tard, il est revenu avec un grand sourire sur son visage. Il m’a serrée dans ses bras et m’a annoncé qu’il déménageait chez sa mère le jour même. Il lui avait parlé et elle avait pardonné ses offenses. Il était tout content de retrouver sa petite sœur et de pouvoir aller rendre visite à ses grands-parents, comme par le passé.

Combien j’étais contente d’entendre ces bonnes nouvelles et de voir que Pedro semblait bien plus heureux, à nouveau! ! Je prie que Dieu continue à travailler dans sa vie et que Pedro persiste à changer en prenant les bonnes décisions. Je prie aussi qu’il puisse connaître, aimer et servir le Seigneur Jésus.

En Asie méridionale, une résidence de soins est la première étape pour les filles qui ont été soustraites à l’esclavage des maisons de prostitution. Les membres de son personnel les aident à commencer un processus de gué-rison et les assistent dans les démarches médi-cales et administratives. Ils collaborent avec les organisations locales de protection légale, le comité de bien-être des enfants et d’autres structures, pour permettre aux jeunes filles de trouver la meilleure situation possible, à long terme. Leur projet est de devenir un lieu où celles qui ont été secourues puissent expé-rimenter l’amour rédempteur et la puissance de Dieu. Mais comment ces filles en sont-elles arrivées là!? Quelles étaient leurs rêves!?

«!Fuyons d’ici ensemble!!!» s’exclamait le jeune homme. Il avait environ 28 ans, elle en avait 14. Elle était la fille d’un ouvrier travaillant dans les plantations de thé, dans le nord-est de l’Inde. «!Ici, il n’y a pas de futur pour toi!» disait-il. «!Nous pouvons nous rendre dans la grande ville et trouver un travail. Après trois mois nous nous marierons et pourrons jouir d’une belle vie ensemble!!!» …

Il l’a conduite dans notre ville et l’a vendue à une femme qui cherchait une domestique. La jeune fille était con-trainte de travailler de 6 à 22 heures, sans salaire. Elle était souvent battue. Un jour, craignant pour sa vie, elle s’est enfuie. La police l’a découverte à la gare de la ville et l’a conduite aux services sociaux qui nous l’ont envo-yée. Le nom de l’homme qui l’a vendue est Raj Kumar, ce qui signifie «!Prince!». Elle est encore persuadée qu’il est son «!Prince Charmant!», convaincue qu’il l’aime à la folie et qu’il projette de l’épouser.

Attention au Prince Charmant

par Adam Hess

«! Aujourd’hui est un jour férié hindou propice! » a déclaré un autre jeune homme à une autre fille. «!Allons au temple et marions-nous!». Il avait la trentaine et elle seulement 15 ans. Il l’a alors emmenée avec lui au temple et lui a appliqué du sindoor (pigment vermillon) sur le front. Il s’agit d’un trait rouge vertical qu’arborent de nombreuses femmes hindoues et qui indique qu’elles sont mariées. Dans son ignorance, elle n’a pas compris que le mariage n’était pas légal – il n’y avait pas de témoins, pas de documents administratifs et pas de prêtre pour célébrer le mariage. Par ailleurs, elle ignorait que son nouveau «!mari!» était déjà marié.

Il avait loué une chambre dans un hôtel minable argu-ant que son salaire quotidien ne lui permettait pas de payer tous les frais et l’avait convaincue de se prostituer pour se procurer de l’argent. Jusqu’au jour où elle a été secourue par la police et conduite dans notre centre, elle n’avait jamais vu la couleur de l’argent de sa prostitution. Le nom de l’homme!? – Raj Kumar!: le «!Prince Charmant!»!!

Exploitées «!Pourquoi tous ces trafiquants de filles se font-ils appeler Raj!?!», se demandait l’employé des services sociaux. «!Il semble qu’ils utilisent tous le même nom pour compliquer la tâche de la police qui tente de les retrouver!». Pire, pourquoi tant d’adolescentes capitulent-elles devant les élucubrations de chaque Raj!?

Certaines filles sont maltraitées par leurs propres parents et ne rêvent que de s’enfuir!; ainsi le «!Prince Charmant!» leur en donne-t-il l’occasion. D’autres ont déjà été violées et saccagées – le taux de violences sexuelles, en Inde, atteint 53% pour les deux sexes!- elles sont désespérées et aspirent à trouver l’amour quelque part. Certaines semblent être ensorcelées par un rêve romantique d’adolescentes! ; elles ne savent rien des vautours aux aguets qui cherchent à faire d’elles leur proie.

Les filles qui proviennent de familles nombreuses, avec cinq enfants ou plus, et dont les parents luttent dur pour joindre les deux bouts sont aussi très exposées. Un père a ainsi livré sa fille à un «!Prince Charmant!» qui lui avait promis qu’il lui trouverait un bon travail dans la ville. Alléché par l’idée d’avoir une bouche de moins à nourrir et la promesse de recevoir de l’argent de la part de sa fille, il n’a pas même pensé qu’il mettait sa fille dans la difficulté. Elle s’est trouvée parmi les «!plus heureuses!» et a fini comme servante, non comme prostituée. Toutefois elle a été méchamment battue par la famille instruite qui la «!possédait!» et s’est enfuie.

La SIM a lancé El Sendero (le Sentier) il y a sept ans à Loja, en Équateur. Au cours des ans, ce café-bar a permis d’atteindre de nombreux jeunes de Loja et d’en former certains comme disciples de Jésus. Résultant de l’amitié née au café-bar, sept groupes d’étude biblique ont été formés et continuent l’œuvre. Ce ministère a pour objectif de répondre aux quatre besoins principaux des jeunes gens de Loja!:

Besoins économiques!: Fournir de la nourriture à un prix abordableBesoins sociaux!: Proposer un lieu sans drogues, sans fumée et sans alcool où les

jeunes peuvent se rencontrer et se réjouirBesoins émotionnels!: Construire de vraies relations d’amitié et offrir un service de

relation d’aideBesoins spirituels!: Donner aux visiteurs l’occasion de connaitre Christ et édifier ceux

qui se sont convertis

De nombreuses fi lles semblent être ensorcelées par un rêve romantique d’adolescentes!; elles ne savent rien des vautours aux aguets qui cherchent à faire d’elles leur proie.

Mais il m’aime vraimentQuand les filles arrivent chez nous, nous découvrons souvent qu’il est très difficile de rompre la relation émoti-onnelle qui les lie au «!Prince Charmant!». Nos éducateurs organisent une série de discussions de groupe avec pour thèmes l’amour, le mariage et la romance, les violences sexuelles et les systèmes de trafic d’êtres humains, dans le but d’ouvrir les yeux des filles sur la réalité de ce que sont leurs exploiteurs. Dans certains cas nous avons vu un éclair de lucidité et certaines filles s’engager! : «!Je ferai attention, la prochaine fois!». Mais pour beaucoup, l’illusion continue et elles croient dur comme fer que Raj Kumar les aime.

Veuillez vous associer à notre prière et demander à Dieu qu’Il ouvre leurs yeux et qu’elles voient Celui qui les aime réellement. Priez que les filles fassent les bons choix qui conduisent à la vie par opposition aux chemins de l’exploitation et des violences sexuelles aux mains de quelque «!Prince Charmant!».

Le personnel et les fi lles au centre de soins célèbrent une fête locale ensemble en créant des dessins avec des pétales et des bougies, par terre. Cette célébration réconforte les fi lles qui se rappellent l‘avoir vécue avec leur famille.

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8 «SIM actualités» 4/2012 www.simorg.frMissionnaires de chez nous

Fati – une fille perdue ?

du don d'un champ en geste de solidarité de la part de Boubacar, le plus riche propriétaire du village. Ému de reconnaissance, Adama lui offre à son tour ce qu'il a de plus précieux, sa fille Fati, comme épouse. Fati est âgée de 13 ans.

Quelques mois plus tard, Fati se retrouve amaigrie, malade, terrifiée à l'idée de devoir passer chaque nuit dans la hutte de son mari. Sans savoir vraiment de quoi il s'agit, elle se rend compte que des transformations ont lieu dans son ventre. Seule et souffrante, Fati ne voit qu'une issue!: la fuite. Après s'être courageusement enfuie du village, Fati échoue à la gare routière de «!la ville!».

Myriam et Stéphane Gigandet ont été engagés comme missionnaires de la SIM à Ouagadougou (Burkina Faso) de 2006 à 2008. Leur travail s'est déroulé parmi les filles de la rue.Entretemps, Myriam a travaillé comme secrétaire-comptable dans une maison d'édition chrétienne, et Stéphane est éducateur spécialisé de profession.Ils s'apprêtent aujourd'hui à s’engager à long terme parmi les filles de la rue!!Stéphane et Myriam envisagent, dans leur projet, un accueil qui propose, aux filles désireuses de s'engager dans un processus de transition, un moyen de concilier activité génératrice de revenu et prise en charge de l'éducation de leurs enfants.L'accueil, articulé en cycles, se concentre premièrement sur une intégration dans un milieu sécurisant, en donnant la priorité au travail du lien parental et à la prise de conscience de l'image que Dieu a de chacune. Deuxièmement une phase de mobi-lisation des compétences d'ordre scolaire. La troisième étape se concentrera sur le choix pratique d'organisation d'activités à développer, par la suite, comme moyen de revenus. La dernière partie consiste en un accompagnement lors de la période post-accueil. Le tout encadré par un principe de participation aux responsabilités de garde des enfants.

Accompagnement des fi lles de la rue

Le soir, quand on l'a déposée à la gare routière, apeurée, épuisée, elle s'est couchée «! vers les autres!», par terre. Et là, une voix de femme s'est faite entendre!: «!Eh toi, tu n›es pas d'ici, tu es nouvelle!! Il ne faut pas rester ici, c'est dangereux, suis-moi!!!» Quand Fati s'est réveillée le lendemain, elle était dans une cour où se trouvaient d'autres femmes, il y avait des enfants, du riz, elle était tellement soulagée.

Gare routière de Ouagadougou

Après deux ou trois jours, la femme l'interpella à nouveau!: «!Eh toi, tu dors, tu manges, tu te reposes!: il faut aller travailler!!!» Fati répliqua!: «!Mais, c'est que… je ne sais pas travailler…!». La femme dit! : «!Ah bon!! Ton ventre ne devient-il pas rond!? Il est où le père!? Tu sais faire ce que nous faisons toutes!! Ce soir, suis-moi. Je t'emmènerai voir Karim. Mais ne viens pas dans cette tenue!! Choisis-toi un pull et un pagne dans le coffre, là-bas, tu me rembourseras quand tu auras reçu de l'argent!! Si tu travailles bien, ça peut rapporter jusqu'à 1'000.- francs (CFA) en une nuit!! C'est 200.- francs la rencontre. Ne garde jamais l’argent sur toi!! C'est trop-trop dangereux!! Il faut donner l'argent à Karim. C'est lui qui nous paie à la fin de la semaine!».

Fati, 13 ans, enceinte, prostituée.

(200.- Francs CFA = 0.30 EUR.)

Village africaine

Plus d’infos sur www.gigandet.info