SidneyBechet: LETEMPSDESSÉRIESTV duswingdanssonsalon · 2018. 6. 4. · d’aventures du voyage de...

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Le Temps Samedi Culturel Samedi 20 décembre 2014 Sons et Lumières 31 JAZZ Jimmy Greene Beautiful Life (Mack Avenue/Musikvertrieb) VVVVV Commencer, en milieu de dis- que, par la version chavirée d’un «Where is Love» en duo avec Kenny Barron, et ne surtout pas résister à cette douce lévitation qui nous rapproche des étoiles, au nombre desquelles on n’a ja- mais pensé jusqu’ici inclure Jimmy Greene. C’était une erreur, ce que montre ce CD certes enre- gistré dans des circonstances par- ticulières (en hommage boule- versant à la fille du saxophoniste, tuée à l’âge de 6 ans lors d’une fu- sillade scolaire) qui ne se substi- tuent jamais à l’intérêt musical du projet. Sur une assise rythmi- que irrésistible de souplesse (Christian McBride-Lewis Nash) viennent se greffer, selon les be- soins, une voix, une guitare, un ensemble symphonique, tous en étonnante symbiose avec un Greene oscillant entre, excusez du peu, Stan Getz et Joe Lovano. Michel Barbey OPÉRA Richard Strauss Ses Héroïnes (DVD OpusArte/Musikvertrieb) VVVVV Avant que ne se termine l’an- née du cent cinquantième anni- versaire de Richard Strauss, regar- dons ensemble cet hommage en forme de portraits de ses héroï- nes. Son attachement à la femme se décline d’abord en amour pour son épouse Pauline, sale caractère mais relation fidèle sur plus d’un demi-siècle. Et puis il y a Salomé, Elektra, la Maréchale, l’Impéra- trice et la Teinturière, qui toutes témoignent de son art de traduire leurs personnalités diverses en sublime musique. Des documents d’époque, des extraits de specta- cles, ainsi que des interviews de quelques interprètes célèbres font parler sa vie et son œuvre. Défilent ainsi Brigitte Fassbaen- der, Renée Fleming, Gwyneth Jo- nes, Christa Ludwig, commentant à tour de rôle ces visages multi- ples. Pierre Michot COFFRET DVD Plongée historique (livret de 216 pages) et sonore (4 CD) dans le parcours suisse du clarinettiste-sopraniste (1949-1958) Sidney Bechet en Suisse/ in Switzerland United Music Foundation VVVVV D isons-le d’emblée. Ce coffret est un véritable bijou sonore qui n’aurait jamais vu la lumière du jour si la United Music Foundation, une fonda- tion suisse à but non lucratif, ne s’était éprise des syncopes et du vibrato du clarinettiste et saxo- phoniste soprano Sidney Be- chet. Sans intérêt commercial suffisant pour une maison de disques, sans intérêt non plus, semble-t-il, pour la Radio suisse romande (pourtant proprié- taire en ses caves d’enregistre- ments du musicien créole), l’ex- humation et la publication des concerts du jazzman, lors de ses nombreux passages en Suisse durant une décennie, relève du miracle de Noël. Mais aussi de l’orfèvrerie quant à la qualité de la restauration de kilomètres de Sidney Bechet: du swing dans son salon Des enregistrements inédits ont été exhumés et restaurés. Au-delà des notes, c’est un pan de la vie musicale et iconographique du musicien créole en Suisse qui est révélé bandes magnétiques éreintées par le temps et de 78 tours meurtris par les grésillements. Le grain est conservé, les prises n’ont pas été dénaturées. Les quatre CD du coffret cou- vrent la période 1949-1958. On y retrouve évidemment le dé- sormais légendaire concert du Victoria Hall du 14 mai 1949, où Sidney Bechet délivra la ver- sion la plus achevée de «Sum- mertime» parmi les 28 autres versions qu’a laissées le sopra- niste entre 1939 et 1954. L’oc- casion pour les cinq cents mal- chanceux n’ayant pas eu accès à une salle pleine à craquer ce jour-là (1800 spectateurs) de remonter dans le temps et de tordre le coup au destin. D’autres enregistrements plus confidentiels (Sion, cinéma Ar- lequin, 1958) voire surpre- nants (concert privé donné dans un salon d’un particulier en Vieille-Ville genevoise en 1954) méritent assurément l’écoute. Figurent également sur les disques plusieurs inter- views de l’enfant de La Nouvel- le-Orléans accordés à Radio Lausanne et Radio Genève en- tre 1951 et 1954, qui attestent de l’admiration que portent la Suisse et l’Europe à la star quin- quagénaire. Au-delà des notes, l’attracti- vité du coffret réside indénia- blement dans le livret de 216 pages qui l’accompagne et qui retrace les premiers pas de Sidney Bechet en Suisse dès 1919. Cette année-là, Ernest An- sermet remarquera sa présence au sein du Southern Syncopa- ted Orchestra: «Il y a […] un ex- traordinaire virtuose clarinet- tiste qui est, paraît-il, le premier de sa race à avoir composé sur la clarinette des blues d’une forme achevée.» Aux côtés du texte bilingue français-anglais se côtoient des dizaines de photographies de l’artiste, pour la plupart elles aussi inédites. Elles lèvent le voile, parfois, sur l’intimité de celui qui appartient – avec King Oliver, Jelly Roll Morton et Louis Armstrong – à la famille qui a inventé et popularisé le jazz. Lui-même plus féru d’ap- pareils photo que des photo- graphies elles-mêmes, Sidney Bechet se voit immortalisé de- vant la rade de Genève ou la gare de Cornavin. A une table en fonte du célèbre Café Remor ou pendant des vacances au Domaine de la Vigne Rouge à Bellevue. une cigarette n’est jamais loin. Pas plus que ne l’est le verre de rouge. Préfacé par le fils de l’artiste et son manager, appuyé par les deux biographes officiels du musicien, ce patrimoine vient de recevoir le Prix Memoriav de la Commission suisse pour l’Unesco pour la meilleure ini- tiative suisse de sauvegarde et de mise en valeur. Edition numérotée. 179 francs. www.unitedmusic.ch Par Olivier Francey LE TEMPS DES SÉRIES TV Histoire vraie et fausse Par Nicolas Dufour C’est peu dire, l’accueil a été sec. Marco Polo, la nouvelle, et dodue, production de Netflix, a reçu une volée de bois vert. Passons la compa- raison maintes fois faite, et à mon sens plutôt inepte, avec Game of Thrones, Variety a été plus avisé en parlant d’un parallélisme avec Shogun, la série d’après James Clavell de 1980. Pour l’essentiel, les avis ont porté sur la longueur du feuilleton, sa lenteur, voire son insupportable étire- ment. Dans l’espace francophone, le site québécois Voir.ca décroche la palme de l’assassinat en parlant d’un «navet à 90 millions» de dollars. Dans nombre de critiques, on lit ce que l’on pouvait pressentir à la vue des premiers épisodes: une frustration, légitime, face à la promesse d’aventures du voyage de Marco Polo. Alors que l’odyssée est exécutée par une ellipse de quelques minutes. Je continue de penser que ce choix illustre une certaine audace, en axant le feuilleton sur les intrigues de cour – sur ce point-là, le défi est à peu près relevé. On peut être frappé par la faible quantité de lectures historiques de la série. L’exercice presque obligé, l’analyse de la crédibilité du propos, a été éludé par les spectateurs et les analystes. Parce qu’il semble évidem- ment inutile? Sans doute. Même si l’on ne connaît rien à l’Asie du XIIIe siècle, on pressent les invraisemblances répétées, à commencer par les leçons de kung-fu façon quasi-Matrix. Parfois, on gagne à dire l’évidence. Alors que fleurissent les fictions TV à teneur historique, leur division en deux catégories distinctes devient de plus en plus manifeste. Celles qui s’attachent à créer une véracité du contexte, surtout, et de l’intrigue. Quitte à prendre des risques. Ce fut la Rome de John Milius, William J. MacDonald et Bruno Heller, ou l’actuelle Vikings de Michael Hirst. On y trouve de nombreuses libertés et distorsions. Mais de tels feuilletons se jettent un défi, et provoquent leurs spectateurs, en bousculant les représentations venues du cinéma, en attaquant les clichés. En face, des fictions axées pour l’essentiel sur leur trame, dans lesquelles l’environnement sert de para- vent exotique. Ainsi de Marco Polo. Cette division n’est pas nouvelle, mais avec leur poids de production et leur diffusion massive, les séries la renforcent aussi sûrement que Marco Polo fait contraste sous les your- tes mongoles. LES NOURRITURES ÉLECTRONIQUES Un peu de l’Universalis Par Nicolas Dufour On l’apprenait fin novembre, l’Encyclopaedia Universalis se trouve en redressement judiciaire. Nombreux ont estimé que c’est de la faute à Wikipédia. Peut-être, mais les choix stratégiques des responsables de l’encyclopédie et de sa maison mère, Britannica, n’ont pas aidé. Toujours bloquée sur une édition DVD annuelle d’un autre âge, et un site web payant peu sophistiqué, l’Universalis a raté plu- sieurs virages, surtout celui des tablettes. Ne pas développer une adaptation idoine pour les petits écrans a condamné l’entreprise à rester à un moment de son déploiement, alors que le produit, c’est-à-dire ses textes, demeure souvent une référence. Ceux qui lui sont toujours attachés disposent d’un succédané sous forme d’ebooks. L’année passée, l’Universalis a entrepris la publication de plusieurs dictionnaires pour Kindle – aussi lisi- bles, donc, sur d’autres supports avec l’application d’Amazon. Composé d’articles de l’encyclopédie, l’éventail va du dictionnaire de philosophie à une histoire du cinéma, en passant par d’intéressants glossaires d’«idées et notions», en sciences humaines, littérature et théâtre ou arts. Un volume dédié aux idées, en général, permet quelques enrichissantes balades. Le format du livre électronique a sa rigueur, il ne bénéficie pas de l’interactivité que permettrait une application pleinement pensée pour le support. Mais c’est un moyen de garder, sur écran portable, quelques bribes de la vénérable institution, si vraiment elle devait disparaître. Dictionnaires Universalis. Pour Kindle, sur Amazon. De 2 à 10 euros CLASSIQUE Felix Mendelssohn Lieder ohne Worte (harmonia mundi/h. m.–Musicora) VVVVV Il y a des disques qui respirent une sorte de calme, comme celui de Javier Perianes consacré à Mendels- sohn. Le pianiste espagnol (servi par une magnifique prise de son!) PUBLICITÉ joue une sélection de Romances sans paroles qu’il ponctue d’autres pièces comme le Rondo capriccioso. Ce piano n’est absolument pas voyant. Javier Perianes se distingue dans l’art de la suggestion, dans la mise à nu des lignes mélodiques souples et déliées. Il peaufine les sonorités (ouatées et translucides), creuse les nuances, travaille les textures, des- sine des arrière-plans subtils. Le Pré- lude et Fugue Op. 35 N° 1 est très beau dans son geste coulé. Les Va- riations sérieuses, nimbées d’une lu- mière diaphane, s’épanouissent tout doucement jusqu’à un climax fébrile aux emportements d’autant plus inattendus. Julian Sykes ANDRÉ ROBILLARD DU 28 NOVEMBRE 2014 AU 19 AVRIL 2015 COLLECTION DE L’ART BRUT LAUSANNE WWW.ARTBRUT.CH trop humain artistes des 20 e et 21 e siècles devant la souffrance 7 mai 2014 4 janvier 2015 Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Av. de la Paix 17, Genève Derniers jours Victoria Hall Genève Jeudi 29 jan. 2015 20h30 AllBlues & Prestige Artists présentent: LOCATION : Ticketcorner – www.ticketcorner.com Tél. 0900 800 800 (CHF 1.19/min) • Fnac – www.fnac.ch La Poste, Manor, CFF • GENÈVE: Globus, Centre Balexert, La Praille MEHLDAU The Art of Solo Piano Brad

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  • Le TempsSamedi CulturelSamedi 20 décembre 2014 SonsetLumières 31

    JAZZJimmy GreeneBeautiful Life(Mack Avenue/Musikvertrieb)VVVVV

    Commencer, en milieu de dis-que, par la version chavirée d’un«Where is Love» en duo avecKenny Barron, et ne surtout pasrésister à cette douce lévitationqui nous rapproche des étoiles,au nombre desquelles on n’a ja-mais pensé jusqu’ici inclureJimmy Greene. C’était une erreur,ce que montre ce CD certes enre-gistré dans des circonstances par-ticulières (en hommage boule-versant à la fille du saxophoniste,tuée à l’âge de 6 ans lors d’une fu-sillade scolaire) qui ne se substi-tuent jamais à l’intérêt musicaldu projet. Sur une assise rythmi-que irrésistible de souplesse(Christian McBride-Lewis Nash)viennent se greffer, selon les be-soins, une voix, une guitare, unensemble symphonique, tous enétonnante symbiose avec unGreene oscillant entre, excusezdu peu, Stan Getz et Joe Lovano.Michel Barbey

    OPÉRARichard StraussSes Héroïnes(DVD OpusArte/Musikvertrieb)VVVVV

    Avant que ne se termine l’an-née du cent cinquantième anni-versaire de Richard Strauss, regar-dons ensemble cet hommage enforme de portraits de ses héroï-nes. Son attachement à la femmese décline d’abord en amour pourson épouse Pauline, sale caractèremais relation fidèle sur plus d’undemi-siècle. Et puis il y a Salomé,Elektra, la Maréchale, l’Impéra-trice et la Teinturière, qui toutestémoignent de son art de traduireleurs personnalités diverses ensublime musique. Des documentsd’époque, des extraits de specta-cles, ainsi que des interviews dequelques interprètes célèbresfont parler sa vie et son œuvre.Défilent ainsi Brigitte Fassbaen-der, Renée Fleming, Gwyneth Jo-nes, Christa Ludwig, commentantà tour de rôle ces visages multi-ples. Pierre Michot

    COFFRET DVDPlongée historique (livret de216 pages) et sonore (4 CD)dans le parcours suisse duclarinettiste-sopraniste(1949-1958)Sidney Bechet en Suisse/in SwitzerlandUnited Music FoundationVVVVV

    Disons-le d’emblée. Cecoffret est un véritablebijou sonore quin’aurait jamais vu lalumière du jour si la UnitedMusic Foundation, une fonda-tion suisse à but non lucratif, nes’était éprise des syncopes et duvibrato du clarinettiste et saxo-phoniste soprano Sidney Be-chet. Sans intérêt commercialsuffisant pour une maison dedisques, sans intérêt non plus,semble-t-il, pour la Radio suisse romande (pourtant proprié-taire en ses caves d’enregistre-ments du musicien créole), l’ex-humation et la publication desconcerts du jazzman, lors de sesnombreux passages en Suissedurant une décennie, relève dumiracle de Noël. Mais aussi del’orfèvrerie quant à la qualité dela restauration de kilomètres de

    SidneyBechet:duswingdanssonsalonDes enregistrements inédits ont été exhumés et restaurés.Au-delà des notes, c’est un pan de la vie musicale eticonographique du musicien créole en Suisse qui est révélé

    bandes magnétiques éreintéespar le temps et de 78 toursmeurtris par les grésillements.Le grain est conservé, les prisesn’ont pas été dénaturées.

    Les quatre CD du coffret cou-vrent la période 1949-1958. Ony retrouve évidemment le dé-sormais légendaire concert duVictoria Hall du 14 mai 1949,où Sidney Bechet délivra la ver-sion la plus achevée de «Sum-mertime» parmi les 28 autresversions qu’a laissées le sopra-niste entre 1939 et 1954. L’oc-casion pour les cinq cents mal-chanceux n’ayant pas eu accès àune salle pleine à craquer cejour-là (1800 spectateurs) deremonter dans le temps et detordre le coup au destin.D’autres enregistrements plusconfidentiels (Sion, cinéma Ar-lequin, 1958) voire surpre-nants (concert privé donnédans un salon d’un particulieren Vieille-Ville genevoise en1954) méritent assurémentl’écoute. Figurent égalementsur les disques plusieurs inter-views de l’enfant de La Nouvel-le-Orléans accordés à RadioLausanne et Radio Genève en-tre 1951 et 1954, qui attestentde l’admiration que portent laSuisse et l’Europe à la star quin-quagénaire.

    Au-delà des notes, l’attracti-vité du coffret réside indénia-blement dans le livret de216 pages qui l’accompagne etqui retrace les premiers pas deSidney Bechet en Suisse dès

    1919. Cette année-là, Ernest An-sermet remarquera sa présenceau sein du Southern Syncopa-ted Orchestra: «Il y a […] un ex-traordinaire virtuose clarinet-tiste qui est, paraît-il, le premierde sa race à avoir composé surla clarinette des blues d’uneforme achevée.»

    Aux côtés du texte bilinguefrançais-anglais se côtoient desdizaines de photographies del’artiste, pour la plupart ellesaussi inédites. Elles lèvent levoile, parfois, sur l’intimité decelui qui appartient – avec KingOliver, Jelly Roll Morton etLouis Armstrong – à la famillequi a inventé et popularisé lejazz. Lui-même plus féru d’ap-pareils photo que des photo-graphies elles-mêmes, SidneyBechet se voit immortalisé de-vant la rade de Genève ou lagare de Cornavin. A une tableen fonte du célèbre Café Remorou pendant des vacances auDomaine de la Vigne Rouge àBellevue. Là où une cigaretten’est jamais loin. Pas plus quene l’est le verre de rouge.

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    Edition numérotée. 179 francs.www.unitedmusic.ch

    Par Olivier Francey

    LE TEMPS DES SÉRIES TV

    Histoire vraie et faussePar Nicolas Dufour

    C’est peu dire, l’accueil a été sec. Marco Polo, la nouvelle, et dodue,production de Netflix, a reçu une volée de bois vert. Passons la compa-raison maintes fois faite, et à mon sens plutôt inepte, avec Game ofThrones, Variety a été plus avisé en parlant d’un parallélisme avec Shogun,la série d’après James Clavell de 1980. Pour l’essentiel, les avis ont portésur la longueur du feuilleton, sa lenteur, voire son insupportable étire-ment. Dans l’espace francophone, le site québécois Voir.ca décroche lapalme de l’assassinat en parlant d’un «navet à 90 millions» de dollars.Dans nombre de critiques, on lit ce que l’on pouvait pressentir à la vuedes premiers épisodes: une frustration, légitime, face à la promessed’aventures du voyage de Marco Polo. Alors que l’odyssée est exécutéepar une ellipse de quelques minutes. Je continue de penser que ce choixillustre une certaine audace, en axant le feuilleton sur les intrigues decour – sur ce point-là, le défi est à peu près relevé.

    On peut être frappé par la faible quantité de lectures historiques de lasérie. L’exercice presque obligé, l’analyse de la crédibilité du propos, aété éludé par les spectateurs et les analystes. Parce qu’il semble évidem-ment inutile? Sans doute. Même si l’on ne connaît rien à l’Asie duXIIIe siècle, on pressent les invraisemblances répétées, à commencer parles leçons de kung-fu façon quasi-Matrix.

    Parfois, on gagne à dire l’évidence. Alors que fleurissent les fictionsTV à teneur historique, leur division en deux catégories distinctesdevient de plus en plus manifeste. Celles qui s’attachent à créer unevéracité du contexte, surtout, et de l’intrigue. Quitte à prendre desrisques. Ce fut la Rome de John Milius, William J. MacDonald et BrunoHeller, ou l’actuelle Vikings de Michael Hirst. On y trouve de nombreuseslibertés et distorsions. Mais de tels feuilletons se jettent un défi, etprovoquent leurs spectateurs, en bousculant les représentations venuesdu cinéma, en attaquant les clichés. En face, des fictions axées pourl’essentiel sur leur trame, dans lesquelles l’environnement sert de para-vent exotique. Ainsi de Marco Polo. Cette division n’est pas nouvelle, maisavec leur poids de production et leur diffusion massive, les séries larenforcent aussi sûrement que Marco Polo fait contraste sous les your-tes mongoles.

    LES NOURRITURES ÉLECTRONIQUES

    Un peu de l’UniversalisPar Nicolas Dufour

    On l’apprenait fin novembre, l’Encyclopaedia Universalis se trouveen redressement judiciaire. Nombreux ont estimé que c’est de la faute àWikipédia. Peut-être, mais les choix stratégiques des responsables de

    l’encyclopédie et de sa maison mère, Britannica,n’ont pas aidé. Toujours bloquée sur une éditionDVD annuelle d’un autre âge, et un site webpayant peu sophistiqué, l’Universalis a raté plu-sieurs virages, surtout celui des tablettes.

    Ne pas développer une adaptation idoinepour les petits écrans a condamné l’entreprise àrester à un moment de son déploiement, alorsque le produit, c’est-à-dire ses textes, demeuresouvent une référence.

    Ceux qui lui sont toujours attachés disposentd’un succédané sous forme d’ebooks. L’annéepassée, l’Universalis a entrepris la publication deplusieurs dictionnaires pour Kindle – aussi lisi-

    bles, donc, sur d’autres supports avec l’application d’Amazon. Composéd’articles de l’encyclopédie, l’éventail va du dictionnaire de philosophieà une histoire du cinéma, en passant par d’intéressants glossairesd’«idées et notions», en sciences humaines, littérature et théâtre ou arts.Un volume dédié aux idées, en général, permet quelques enrichissantesbalades. Le format du livre électronique a sa rigueur, il ne bénéficie pasde l’interactivité que permettrait une application pleinement penséepour le support. Mais c’est un moyen de garder, sur écran portable,quelques bribes de la vénérable institution, si vraiment elle devaitdisparaître.

    Dictionnaires Universalis. Pour Kindle, sur Amazon. De 2 à 10 euros

    CLASSIQUEFelix MendelssohnLieder ohne Worte(harmonia mundi/h. m.–Musicora)VVVVV

    Il y a des disques qui respirentune sorte de calme, comme celui deJavier Perianes consacré à Mendels-sohn. Le pianiste espagnol (servipar une magnifique prise de son!)

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    joue une sélection de Romances sansparoles qu’il ponctue d’autres piècescomme le Rondo capriccioso. Cepiano n’est absolument pas voyant.Javier Perianes se distingue dansl’art de la suggestion, dans la mise ànu des lignes mélodiques soupleset déliées. Il peaufine les sonorités(ouatées et translucides), creuse lesnuances, travaille les textures, des-sine des arrière-plans subtils. Le Pré-lude et Fugue Op. 35 N° 1 est trèsbeau dans son geste coulé. Les Va-riations sérieuses, nimbées d’une lu-mière diaphane, s’épanouissenttout doucement jusqu’à un climaxfébrile aux emportements d’autantplus inattendus. Julian Sykes

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    trop humainartistes des 20e et 21e siècles devant la souffrance

    7 mai 2014 – 4 janvier 2015

    Musée international de la Croix-Rougeet du Croissant-Rouge

    Av. de la Paix 17, Genève

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