SécuritéS ? - Revue Causes communes n°18

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Félicien Mazzola La sécurité, thématique omniprésente de l’automne politique électoral, est toujours abordée de açon réductrice. Cantonnée au problème de la délinquance, on nit par oublier l’essentiel : c’est la pauvreté, les inégalités, les conits armés et les catastrophes naturelles qui créent l’insécurité. Epidémie saisonnière Depuis novembre et les élections cantonales, quelques mois ont passé et il aut croire que la crise de sécurite aigue est passée. Il semblerait que les dealers aient disparu des Pâquis, que la petite délinquance se soit évaporée avec l’arrivée d’une nouvelle chee à la tête du département de la police. Peut-être ... Ou peut-être que le problème n’est pas là où on l’imagine de prime abord. Ce numéro de Causes communes est consacré à cette thématique particulièrement complex e. Quels sont les acteurs qui créent le sentiment de sécu- rité ? Au-delà de la montée de la pauvreté provoquée par la crise nancière, il aut rappeler que la sécurité a été de tout temps essentielle au développement des sociétés humaines : sécurité du logement, du travail, sécurité sociale, système de santé perormant, sécurité militaire, assurances sociales, protection des travailleurs, des travailleuses, protection de l’enance… Les socialistes, en déendant la redistribution des richesses et le respect des droits humains réalisent une politique ondée sur la sécurité pour toutes et tous. Une sécurité basée sur des conditions de vie dignes pour tous les êtres humains, quelle que soit leur prove- nance et leur milieu socio-économiq ue. N’est-ce pas la meilleure sécurité possible ? Multiples acettes Dans ce numéro nous abordon s les multiples acettes de l’insécurité : les questions du droit à l’alimentation ou de la politique écologique sont aussi centrales que celles des politiques sociales et de santé ou de la protection du travail. Les socialistes, engagés sur le terrain, constatent chaque jour les dégâts engendrés par la crise nancière, par une économie basée sur les uctuations boursières particulièrement désécurisantes ou encore par des politiques culpabilisantes envers les sans emploi. La question du rôle de la police, et en particulier la présence nécessaire d’une véritable police de proximité, démantelée par les politiques de droite, est également au cœur de nos préoccupations. Pour en parler, nous avons rencontré un policier de proession, socialiste de conviction, qui illustre bien le quotidien de la police, qui doit autant viser à prévenir qu’à punir. Enn, pour illustrer cette thématique complexe, nous avons eu la chance de pouvoir travailler avec le photo- graphe Eric Roset, connu pour son travail autour des migrants - roms entre autres. Il nous propose un regard transversal et décalé, avec un brin d’ironie permettant de prendre le recul nécessaire. T raiter la cause, pas (seulement) les conséquences De ces diérents éclairages ressort une position socialiste : il s’agit de traiter les causes de ce qui se prolonge avec de réelles conséquences catastrophiques. Ces causes ne sont pas inéluctables, mais résultent de choix politiques aits en toute conscience par les partis de droite et d’extrême-droi te, dans le seul but d’assurer et d’accroître le pouvoir et la richesse des plus nantis de ce canton et des actionnaires de la planète. Les solutions existent Pour contrer cela, et pour tous ceux et toutes celles qui sourent d’insécurité ou de pressions diverses, des solutions existent. Certaines sont présentées dans ce numéro, d’autres - nombreuses - sont encore à promouvoir et à préciser. Mettons-nous donc au travail, dès maintenant ! CA US ES COMMUNES bimestriel des Socialistes Ville de Genève    d     é    p     ô    t      v    e    n    t    e     C    H    F    1  .   février - mars 2010 n° 18 Dossier Sécurités ? Editorial L’arbre qui cache la forêt p. 3 p. 10 p. 12 p. 11 Cause toujours / Brèves  Actualités municipales Dossier : Sécurités ? Grand Angle : Regard sur Haïti / Ce tim Comme une cause : l’Association Partage Portrait : Virginie Studemann-Wathier p.2 p.3 p.4-9 p.10 p.11 p.12 Points forts

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Félicien Mazzola

La sécurité, thématique omniprésente de l’automnepolitique électoral, est toujours abordée de açonréductrice. Cantonnée au problème de la délinquance,

on nit par oublier l’essentiel : c’est la pauvreté, lesinégalités, les conits armés et les catastrophes naturellesqui créent l’insécurité.

Epidémie saisonnièreDepuis novembre et les élections cantonales, quelquesmois ont passé et il aut croire que la crise de sécurite aigue est passée. Il semblerait que les dealers aientdisparu des Pâquis, que la petite délinquance se soitévaporée avec l’arrivée d’une nouvelle chee à la tête dudépartement de la police. Peut-être ...

Ou peut-être que le problème n’est pas là où on l’imaginede prime abord. Ce numéro de Causes communes estconsacré à cette thématique particulièrement complexe.Quels sont les acteurs qui créent le sentiment de sécu-

rité ? Au-delà de la montée de la pauvreté provoquéepar la crise nancière, il aut rappeler que la sécuritéa été de tout temps essentielle au développement dessociétés humaines : sécurité du logement, du travail,sécurité sociale, système de santé perormant, sécuritémilitaire, assurances sociales, protection des travailleurs,des travailleuses, protection de l’enance…

Les socialistes, en déendant la redistribution desrichesses et le respect des droits humains réalisent unepolitique ondée sur la sécurité pour toutes et tous.Une sécurité basée sur des conditions de vie dignespour tous les êtres humains, quelle que soit leur prove-nance et leur milieu socio-économique. N’est-ce pas lameilleure sécurité possible ?

Multiples acettesDans ce numéro nous abordons les multiples acettes de

l’insécurité : les questions du droit à l’alimentation oude la politique écologique sont aussi centrales que cellesdes politiques sociales et de santé ou de la protection dutravail. Les socialistes, engagés sur le terrain, constatentchaque jour les dégâts engendrés par la crise nancière,par une économie basée sur les uctuations boursièresparticulièrement désécurisantes ou encore par despolitiques culpabilisantes envers les sans emploi.

La question du rôle de la police, et en particulier laprésence nécessaire d’une véritable police de proximité,démantelée par les politiques de droite, est égalementau cœur de nos préoccupations. Pour en parler, nousavons rencontré un policier de proession, socialiste deconviction, qui illustre bien le quotidien de la police,qui doit autant viser à prévenir qu’à punir.

Enn, pour illustrer cette thématique complexe, nousavons eu la chance de pouvoir travailler avec le photo-graphe Eric Roset, connu pour son travail autour desmigrants - roms entre autres. Il nous propose un regardtransversal et décalé, avec un brin d’ironie permettantde prendre le recul nécessaire.

Traiter la cause, pas (seulement) les conséquencesDe ces diérents éclairages ressort une position socialiste :il s’agit de traiter les causes de ce qui se prolonge avec

de réelles conséquences catastrophiques.

Ces causes ne sont pas inéluctables, mais résultent dechoix politiques aits en toute conscience par les partisde droite et d’extrême-droite, dans le seul but d’assureret d’accroître le pouvoir et la richesse des plus nantis dece canton et des actionnaires de la planète.

Les solutions existentPour contrer cela, et pour tous ceux et toutes cellesqui sourent d’insécurité ou de pressions diverses, dessolutions existent. Certaines sont présentées dansce numéro, d’autres - nombreuses - sont encore àpromouvoir et à préciser. Mettons-nous donc autravail, dès maintenant !

CAUS ES COMMUNES 

bimestriel des Socialistes Ville de Genève   d    é   p    ô   t  -   v   e   n   t   e

    C   H   F

   1 .  -

février - mars 2010

n° 18

Dossier

Sécurités ?

Editorial

L’arbre qui cache la forêt

p. 3

p. 10p. 12

p. 11

Cause toujours / Brèves

 Actualités municipales

Dossier : Sécurités ?

Grand Angle : Regard sur Haïti / Cetim

Comme une cause : l’Association Partage

Portrait : Virginie Studemann-Wathier

p.2

p.3

p.4-9

p.10

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p.12

Points forts

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3Les Socialistes Ville de Genève  ACTUALITÉS MUNICIPALES

Christian Lopez-Quirland,Conseiller municipal

Une victoire et une première, tant à Genève qu’en Suisse.Le mécanisme d’indexation proposépar le Parti socialiste repose sur l’aug-mentation cumulée au coût de la viesur ces 5 dernières années, soit 3.09%,ceci simplement an de maintenir lepouvoir d’achat des associations à

un niveau équivalent. Celles-ci doi-vent en eet aire ace à des dépensesqui augmentent sans cesse, avec l’in-ation, tandis que, situation ort in-

 juste, les subventions reçues restaientau même niveau.

Le tissu associati:un rôle primordial à GenèveCela ait plusieurs années que les so-cialistes prônent et se battent pourque le principe de l’indexation soitadopté aussi bien au niveau cantonalque communal. En eet, les organi-sations du monde associati jouent unrôle central dans la cohésion sociale,dans la construction du vivre ensem-ble et contribuent sans aucun doute àla qualité de vie.

Baisse constanteDepuis de nombreuses années, le mon-de associati tire la sonnette d’alarmeet demande à ce que les montants al-loués puissent être renégociés. Cettedemande est légitime étant donnéque le coût de la vie augmente et queles charges xes prennent l’ascenseur

(électricité, loyers, notamment). Sansune adaptation régulière, les associa-tions voient par conséquent leur pou-voir d’achat diminuer d’année en an-née, pénalisant ainsi leur mission.

Des besoins bien réelsDans ces conditions, on ne peut pasaccepter le principe d’une subventionsans accepter qu’un jour ou l’autre onpuisse indexer le montant alloué. Sitel devait être le cas, nous nous trou-verions dans un système de subven-tion caritati . En tant que socialistes,au contraire, nous sommes d’avis quelorsqu’une subvention est octroyée,c’est parce qu’il existe un réel besoin,une nécessité, voire une urgence. Lesprestations et services accomplis par lemonde associati sont complémentai-res à l’action des pouvoirs publics. Dès

lors, il s’agit de reconnaître les moyensdont ces acteurs de terrain ont be-soin pour réaliser leur travail dans lesmeilleures conditions.

Reconnaissance du travail accompliet égalité de traitementIl est exclu pour les socialistes d’avoirdes associations de première et dedeuxième classe. Celles pour qui l’in-dexation est de l’ordre de l’évidence ettoutes les autres, la grande majorité,qui devraient se débrouiller commeelles le peuvent pour boucler les nsde mois.

L’indexation proposée par les socia-listes en Ville n’est que justice et re-présente une avancée certaine vers lareconnaissance et l’égalité de traite-ment.

Indexation des subventionsBudget 2010

Sandrine SalernoConseillèreadministrative

En 2010, la Ville de Genève et ses employé-e-s devraient disposer d’un nouveau statut du person-nel : moderne, social, transparent et plus juste. Le projet est sous toit.Il a été transmis aux conseillers et conseillères muncipales qui doi-

vent encore l’approuver et mettre un point nal à ce travail de Si-syphe.

Le projet a pris du temps. Beaucoupde temps même. Le Statut actuel-lement en vigueur date de 1926, lesderniers changements d’importancede 1986 et le début des travaux surla reonte de 1997…. Entre décembre2007 et juin 2009, quarante séancesse sont déroulées. Au cours de cesdernières, l’ensemble du Statut, arti-cle par article, a été discuté, débattu,

revu et nalement approuvé par tousles partenaires.

5 objectis Au début de la négociation, le Conseiladministrati s’est xé cinq objectis :

· la modernisation du Statut du point de vue des droits du personnel et de sa gestion

· le progrès social · le dynamisme des rapports de 

travail, dans la garantie des droits du personnel 

· la lisibilité par une simplication de la réglementation

· l’équilibre de la réorme 

Revalorisation des petits salairesLe résultat est à la hauteur desespérances. La reonte du Statut

est d’abord une réorme sociale etprogressiste. Avec à la clé, une reva-lorisation du salaire des premièresclasses de traitement et l’intégrationdes actuelles augmentations extra-ordinaires dans une grille salarialeunique. Le nouveau Statut vise aussià rendre la onction publique de laVille plus attractive en proposant unemeilleure rémunération des employéset employées en début de carrière.

Un eort particulier a été consentipour les amilles. Une allocationmensuelle supplémentaire de centrancs a été accordée et, outre uneamélioration du congé maternité, uncongé paternité de quatre semainesa été introduit. Le principe d’égalitéentre hommes et emmes au seinde l’administration municipale est

dénitivement ancré dans le Statut.Par ailleurs, le nouveau Statut proposebeaucoup plus de clarté : une grille etun règlement d’application uniquespermettent une meilleure lisibilité desdroits et devoirs de chaque employé-eet de l’employeur.

Une réponse cohérente et solide aux problématiques actuellesout en consacrant la liberté syndicaleet le rôle des organisations représen-tatives du personnel, le texte avorisela mobilité des collaborateurs etcollaboratrices en améliorant laormation continue. Les procéduresde licenciement ont été clariées.

  Après la période d’essai, le licencie-ment ne pourra être prononcé quepour un moti objectivement ondé .En outre, une nouvelle procédure deplainte a été introduite en cas d’at-teinte à la personnalité (mobbing,harcèlement sexuel). Cela permettra

évidemment aux victimes potentiellesd’être mieux protégées.

Transparence, partenariat socialet égalitéCe nouveau statut constitue uneavancée sociale indéniable. Les prin-cipes qui nous sont chers ont été in-troduits : transparence, partenariatsocial et égalité. Celui-ci era del’administration municipale uneadministration exemplaire dansses rapports avec ses employés etemployées ! Il était temps !

Un nouveau statutpour le personnel

Ville de Genève

Lors du vote du budget 2010 de la Ville de Genève, les Socialistes ont ait voter, grâce aux soutiens des membres de l’Alternative, une indexation au coût de la vie pour l’ensemble des subventions aux associations sociales, sportives et culturelles.

© Eric Roset

L’engagement ne

nuit pas à la santé www.ps-geneve.ch/adhesion

[email protected] |022 338 20 78 |

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Grégoire Carasso,Conseiller municipal

Président PS Villede Genève

Une denrée vitaleL’une d’elle, tellement élémentaire, est lasécurité alimentaire. Qui peut remettreen question que sans une quantité suf-sante d’eau et d’aliments, la vie n’est paspossible ? Le quartier le plus violent du

monde laisse à n’importe qui un espoirde survie plus long que la privation d’eauet de nourriture. Pourtant, l’insécuritéalimentaire gagne à nouveau du terrain.

  Jusqu’à récemment, l’Organisation desNations unies pour l’alimentation etl’agriculture (FAO) pouvait aire valoirune situation en progression : entre lan des années 1970 et le milieu des an-nées 1990, le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde avait légè-rement diminué (878 à 825 millions)

tandis que la croissance démographiquebattait des records. Le pourcentage despersonnes sous-alimentées dans les paysen voie de développement passait de 33%en 1969, à 16% en 2006.

La déroute du système de marchédéréguléMais la spéculation sur les prix agricoleset la crise nancière ont radicalementinversé ces tendances : en 2009, plus d’un

milliard d’êtres humains sourent desous-alimentation. Ces chires, pas plusque les images – émeutes ou migration –de la aim, ne semblent pouvoir aire aceà une indiérence croissante.

La Déclaration universelle des droits del’homme, le Pacte international sur lesdroits économiques, sociaux et culturelsou les objectis du millénaire pour ledéveloppement n’y eront rien tant quele système commercial international engénéral – et celui des denrées alimentairesen particulier – continuera à reposer surune logique économique de quantité etde prix.

Le meurtre d’un enant toutesles 5 secondesLa planète produit sufsammentd’aliments pour nourrir 12 milliardsd’habitant-e-s. Avec une populationmondiale de 6 milliards, comment peut-on déendre un marché agricole qui

provoque la mort d’un enant demoins de dix ans toutes les 5 secondes ?

  Autant de meurtres comme le précise Jean Ziegler, rapporteur spécial de l’ONUdu droit à l’alimentation.

Pour une véritable politique agricolede proximitéEn Suisse, l’UDC déend depuis toujoursd’un côté ce marché international qui dé-truit les petits producteurs à l’étranger, et

de l’autre un soutien nancier aux petitsagriculteurs suisses. Et pour masquer ceparadoxe, ce parti ajoute comme onctionidéologique la souveraineté alimentaire,bien comprise comme une conditiond’une politique de réduit national.

Pour les Socialistes, le sens du soutien àune agriculture de proximité ne reposepas sur le critère national, mais sur lelocal et le global. Sur le local pour l’emploi,les liens, la qualité de vie et l’environne-ment ; et sur le global pour que ces sou-tiens ne détruisent pas ailleurs d’autresréalités locales. Un bateau qui transported’un bout à l’autre du monde des ton-

nes de blé génère une pollution et uneconcurrence insoutenable pour la régionoù il déversera ses tonnes d’aliments. Laréalité de ces coûts environnementauxet sociaux n’est jamais intégrée dans les

 jolis modèles économiques sur les échan-ges internationaux. La planète et les êtreshumains en paient le prix chaque jour.

DOSSIER

 

Isabelle Brunier,Historienne,Conseillère municipale

Genève, ville ouverte  Au Moyen Age, et jusqu’aux années1530, Genève, comme toutes les citésd’Europe, s’abritait derrière une hauteet mince muraille ponctuée de tours

rondes ou carrées, et percée de portes quipouvaient être ermées la nuit ou en casde danger particulier. Ces accès étaientnombreux puisqu’on en comptait huitsur la rive gauche et trois pour le bourgde Saint-Gervais. De plus, à l’extérieur deces portes, le long des voies principales,des aubourgs s’étaient progressivement

constitués, souvent à proximité d’unétablissement religieux comme le couventde Palais, celui de Saint-Victor ou encorel’église paroissiale de Saint-Léger. Surla rive droite, en revanche, Saint-Jean-hors-les murs restait isolé.

La cité-orteresseDès 1530 cependant, six ans donc avantl’adoption ofcielle de la Réorme, lesautorités prirent la décision de renor-

cer les déenses de la ville en choisissantune méthode radicale : la destructiontotale des aubourgs extérieurs. Ceci envue de dégager l’espace sufsant pourla construction d’une vaste enceintebastionnée, elle-même précédée d’unezone non aedicandi destinée à contrôlerl’approche d’éventuels ennemis. Ce

programme de démolition, qui suscita uneorte opposition, ut néanmoins réaliséen dix ans et les anciens quartiers se v irent

graduellement remplacés par des bastions,ces éléments polygonaux avancés, reliésentre eux par des courtines, muraillesbasses et épaisses renorcées de rempartsde terre. Ce nouveau type de ortication,inventé en Italie, devait résister aux atta-ques d’une artillerie à boulets de er, lancéspar des canons toujours plus puissants.

Commencé dans les années 1530, lechantier dura, en plusieurs étapes, jusqu’auxannées 1750 environ, engloutissantdurablement des sommes gigantesques,les orces des artisans et l’énergie deshabitant-e-s astreint-e-s aux corvéespour aider à la construction. Et ceci

sans compter les énormes quantités dematériaux (pierres, chaux et sable pour lemortier, terre) qu’il allait trouver, trans-porter, assembler. Hommes, emmes,enfants, surtout issus des classes laborieusespuisque les riches pouvaient compenserleur travail en argent, se succédèrent pources rudes tâches, qui, rémunérées, assu-raient pourtant également leur existence.Des besognes d’utilité publique en somme. De nombreux experts urent consultés,rançais d’abord, hollandais ensuite, don-nant des avis parois contradictoires surce que devaient être les solutions les plusefcaces.

Une seule et unique attaqueDes rumeurs entretenaient constammentl’angoisse de l’attaque de la part des ducs

de Savoie successis, avec touteois despériodes plus calmes et moins suspicieuses. Quel que soit le climat psychologique,

les paysans savoyards apportaient leursdenrées quotidiennement au marché,et les propriétaires genevois montaientpasser l’été dans leurs maisons de cam-pagne... L’unique tentative, on le sait, seconcrétisa par la ameuse Escalade dontl’échec ut immédiatement qualié de miraculeuse délivrance renorçant ainsil’image de la cité élue de Dieu ! Le pro-gramme de ortication se poursuivitcependant jusqu’au milieu du XVIIIe

siècle avant d’être nalement interrompuau nom, entre autres, des impératisbudgétaires... Il allut encore un sièclepour que James Fazy et les radicaux réus-sissent à convaincre leurs concitoyens de

démolir cette énorme ceinture pour dés-enclaver la ville, la développer et l’ouvrirphysiquement au monde !

L’obsession sécuritaireGenève (XVIe-XIXe siècles)

A quand une sécurité élémentaire

Sécurité alimentaire

Isabelle Brunier nous éclaire sur les processus de sécurités architecturaux et la nécessité de déendre Genève contre un extérieur menaçant depuis 

le XVIe. La sécurité peut prendre diverses ormes : longtemps, pour notre ville, elle a été synonyme d’une enceinte paraite, mettant les biens et les 

 personnes à l’abri d’attaques surprises ou de sièges.

Balayer d’un revers de la main les préoccupations des habitant-e-s dans le domaine de la sécurité n’est certainement pas une voie à suivre.Focaliser le message socialiste sur cette seule thématique non plus, car nos réponses - police de proximité, lutte contre les inégalités, qualité de vie et création de perspectives sociales - s’inscrivent dans un projet de société qui intègre toutes les acettes de la sécurité.

© Eric Roset

DR

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5Les Socialistes Ville de Genève DOSSIER

Manuel Tornare,Conseiller administratif

Il y a deux aspects qui inuencent demanière directe le niveau de sécurité,la prévention et la répression. J’évoquedans cet article le premier, la prévention,qui est au centre de l’action du dépar-tement que j’ai la responsabilité dediriger, celui de la cohésion sociale, dela jeunesse et des sports de la Ville de

Genève.

Nous ournissons de nombreuses presta-tions de qualité à la population, des plus jeunes aux plus âgés. Pour commencerpar les plus jeunes, une politique activede la petite enance a été pratiquée

depuis plus de 10 ans ; la demande deplaces en espaces de vie enantine estaujourd’hui satisaite à 62% contre 31%seulement en 1999. Cette politiquepermet à de nombreuses emmes de re-trouver le monde de l’emploi pendantque les enants apprennent à vivre ensociété et s’intègrent dans des groupesmulticulturels.Puis l’enant grandit et d’autresprestations lui sont oertes, lesrestaurants scolaires, les ludothèques, lesactivités développées par les maisonset espaces de quartier, les colonies, les

écoles de sports, etc.

Les seniors ne sont pas en reste avecdes lieux tels que la Cité seniors ou lesclubs d’aînés, de nombreux cours et unepléthore d’activités qui leur sontproposés.

  Au niveau sporti, la Ville de Genè-ve développe une politique sportivesur l’ensemble du territoire cantonal.Genève compte plus de 75 associations,plus de 800 clubs et près de 115’000sportis licenciés, sans compter lesmilliers d’adeptes qui pratiquent lesport, de manière individuelle et plussouple, sans être afliés à un club. Cettepolitique permet l’intégration par lesport de milliers de jeunes, de seniors,d’étrangers, de personnes en situationde handicap.

Pour les personnes plus ragiles, il existedes aides individuelles, des prestationscomplémentaires pour lesquelles jecontinue à me battre. Nous développonsun soutien aux jeunes en rupture.Nous gérons des logements d’urgenceainsi que des clubs sociaux où les plus

démunis peuvent se nourrir au chaud etêtre aidés. On peut encore mentionnerles nombreuses maniestations organi-sées tout au long de l’année : la ête desvoisins, le estival livre et petite enance,la soirée citoyenne, la ête du sport, leestival arbres et lumières, etc…

outes ces actions et prestations deproximité en aveur de l’ensemble dela population genevoise permettentde avoriser la cohésion sociale et derenorcer le lien social dans les quartiers.La prévention est le premier pilier qui

permet de lutter contre l’insécurité. Orcomme chacun le sait, moins il y a de co-hésion sociale, plus l’insécurité grandit.Investir aujourd’hui dans une politi-que de cohésion sociale, c’est diminuerle coût de la politique sécuritairede demain.

Diminuer les coûts de la politique sécuritaire de demainInvestir dans une politique de cohésion sociale

Christian Lopez Quirland,Conseiller municipal

Trop souvent réduite aux personnes,la notion de sécurité est mal-menée par la droite qui cristallise àt ravers elle bon nombre des craintes  de nos concitoyen-ne-s. Or, bienque l’intégrité individuelle soit unélément important de la sécurité,  pour nous, socialistes, la sécurité doit être comprise dans sa globa-lité avec ses dimensions sociale,économique, sanitaire, écologique.

La « sécurité écologique » un enjeude sociétéFonte des glaciers, destruction de laorêt tropicale, pollution des mers…qui n’en a pas entendu parler ? Réali-tés tragiques considérées bien souventcomme trop lointaines, à tel pointqu’elles nissent par en être abstraitespour beaucoup.

Pourtant, la sécurité écologique, ànotre échelle, celle de la Ville ou denotre région, englobe des domainestrès concrets comme la pollution de

l’air, l’utilisation excessive de l’eau,le tri des déchets domestiques, legaspillage des matières premièresou l’isolation des immeubles an degarantir une meilleure utilisationénergétique.

L’écologie est partout,elle nous concerne tous et toutes

 Au cours de ces dernières années, laprise de conscience citoyenne sur cesquestions s’est ortement renorcéeet des eorts considérables ont été

menés, aussi bien par les individus quepar les collectivités publiques. Pourtant,à l’heure de l’échec de Copenhague,d’une destruction plus accélérée denos ressources naturelles, de l’incapa-cité à attendre un changement radicalqui puisse inverser cette situation,la question est de savoir si l’écologieest un droit à part entière, au mêmetitre que le droit social ou économique.

  A cette question, la réponse estindiscutablement OUI.

Des paroles aux actesPour passer à l’action, il est nécessaire

d’élaborer une politique sur la basede trois piliers. Le premier, celui del’inormation an d’inuer sur lescomportements. A ce titre, la Villedoit renorcer sa capacité à commu-niquer sur tous les aspects : tri des

déchets, utilisation de la voiture,notamment. Le deuxième pilierqui avorise la sécurité écologiqueest le développement des nouvellestechnologies, plus propres, plusrespectueuses de l’environnement. Surcette question, nous devons renorcernos investissements an d’adapter, parexemple, nos bâtiments aux critèresd’économies d’énergie. Enn, et nousne pourrons pas y échapper, la sécuritéécologique nécessite une dose de coer-cition, notamment par des règlementset des lois qui précisent les droits etdevoirs de chacun. Ce troisième pilierde la politique est le plus difcile àmettre sur pied et celui qui comporte

le plus de réticences étant donné qu’ilest impopulaire. Pourtant, nous seronsobligés de rééchir à cette question sinous souhaitons rester cohérents.

D’ores et déjà, les socialistes sesont impliqués à bien des niveaux.

Souvenez-vous de la proposition pourl’introduction d’un péage urbainan d’atténuer les eets de la voitureet ainsi aire baisser les taux de pol-lutions néastes pour la santé de nosconcitoyens ! Rappelez-vous de laMotion visant à interdire les bouteillesen PE lors des événements organisésou subventionnés par la Ville. Il s’agitd’aller encore plus loin, de construiresur ce qui a déjà été accompli et des’investir toujours plus dans cettequestion de société.

 Agir aujourd’huiNe pas agir aujourd’hui c’est mettreen danger la vie des utures géné-

rations. C’est pourquoi pour nous,socialistes, l’écologie est une dimen-sion essentielle de notre action. Maisne nous trompons pas, il n’y aura pasde sécurité écologique sans une ortesécurité sociale et économique.

Droits et devoirs pourl’écologie

Vers une sécurité écologique

Lorsqu’on évoque le thème de l’insécurité, on pense en premier aux agressions, aux incivilités, aux dealers, aux vols à l’astuce, etc. mais on oublie souvent que l’insécurité c’est aussi une situation de chômage, un problème de logement, une mauvaise intégration sociale. Combattre l’insécurité est un travail quotidien qui demande les orces de chacune et chacun et le développement de politiques publiques volontaristes.

© Eric Roset

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CAUS ES COMMUNES 

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Propos recueillis par Sylvain Thévoz

Tu es policier depuis 13 ans et asadhéré au Parti Socialiste, pourquoi ?Luc Brodi : J’ai 35 ans et trois enants. J’aiadhéré au Parti Socialiste en juin 2009.Lorsque des policiers de droite ont pris laparole comme représentant la proession.

 Je me suis demandé alors ce qui m’empê-chait de aire part de mes convictions. J’aiparticipé, avant d’être policier, à plusieursmaniestations et j’ai été surpris de voir lecôté très oppressant et militaire de cettepolice qui était pourtant censée déendreles droits civiques des citoyens. Cela a étéun déclencheur pour mon engagement.

Quelles sont les actions pour lesquellestu es le plus mobilisé, au quotidien ?L.B. : Outre l’aspect police pure (amendes,répression), il y a tout un côté de notretravail qui est relationnel. On ait beau-coup de travail de médiation pour desconits de voisinage, mais aussi pourdes violences amiliales récurrentes, desproblèmes de drogue ou d’alcool. En

ait, une grande part de notre travail estun travail de prévention. On intervientd’ailleurs de plus en plus pour sauver lesgens d’eux-mêmes. Mais le grand dé dela police de demain c’est de aire le lienavec les services sociaux. Il y a de plus enplus de personnes à domicile qui chutent

une ois, deux ois, six ois, sans que lescollègues qui ont le tournus 24 heures separlent entre eux. On va relever la dame,mais sans donner l’inormation à unservice social qui pourra prendre le relaiset assurer le suivi. La police arrive dansl’urgence et une ois que le problèmeest réglé, elle va ailleurs. On n’est quequarante-deux pour tout le cantonla nuit, et du coup on ne peut pas sepermettre de passer trop de temps avecune personne non plus.

Quelle est ton analyse del’insécurité sur les dernières années ?L.B. : Il y a deux choses, la perception del’insécurité par les gens (parce que c’estmal éclairé, parce que certaines personnes

ont du deal, des jeunes traînent le soir,etc.) et le manque réel de sécurité. Il autcréer des liens entre les habitant-e-s et les

 jeunes, mettre en place des dynamiquesan que les uns aillent vers les autres. Cen’est pas parce que des jeunes traînentle soir que ce sont des délinquants. Ily a donc une perception de l’insécuritéqui est liée à des préjugés ou des peurs.Statistiquement, par exemple, il n’y a pasplus de risques de se aire agresser à Cité

 Jonction qu’à Cologny ou à Champel !

Quelles seraient tes solutions pouraire ace aux insécurités ?L.B. : Les genevois se sont désappropriés

leurs quartiers. Avant, ils animaient leursrues. Aujourd’hui, il ne s’y passe plusrien, ils ne ont plus qu’y passer. Grâceaux êtes des voisins et d’autres mani-estations ça a un peu changé, mais lesgens sont beaucoup plus isolés. Avant,quand les gens partaient en vacances, ils

aisaient signe à leur voisin de jeter uncoup d’œil à leur appartement. Mainte-nant, ils ont peur de le aire ! La qualitédu lien social s’est appauvrie et cela aitmonter le sentiment d’insécurité. Quandon ne connaît pas les gens qui viventautour de soi, orcément on se sent seul.

Les rues sont vides dis-tu, elles sontaussi surveillées par des caméras. N’y a-t-il pas un eet pervers du sécuri-tarisme qui crée paradoxalement del’insécurité ?L.B. : Oui, et il aut lire cela en regardd’un véritable projet de société. Est-ceque les gens veulent deux mille policiersen plus ? Est-ce qu’ils veulent vraimentun ic à tous les coins de rue ? Qu’est-

ce qui onde vraiment la sécurité d’unemanière durable ? Si l’on ne mène pas unevraie politique d’intégration et d’explica-tion, les gens vont tout mettre dans lemême pot et sur le dos des étrangers. Laprésence d’un îlotier rassure les gens, carils ont en ace d’eux quelqu’un qui a dutemps, un nom. C’est une personne deréérence avec un numéro de téléphone.

La sécurité n’est donc pas unequestion de répression ?L.B. : Pas seulement, en eet. Au contrairemême, c’est de la présence, du dialogue.La solution viendra des citoyens et deleur capacité à se parler, à créer du lien.

Il aut à mon avis éviter à tout prix deglisser vers l’intolérance ou l’indiérenceradicale.

La version longue de cet entretien est vis ible sur http://www.ps-geneve.ch

 

Alberto Velasco,Constituant

Une droite manipulatriceSouvenez-vous, lors des élections présidentiellesen France, la droite brandissait la ques-tion sécuritaire au point de mettre en scènel’incendie de la caravane d’une vieillepersonne vivant humblement dans celle-ci.Les pleurs de cette personne avaient ému laFrance entière et la gauche perdit les élec-

tions. L’enquête démontra par la suite que lecoup avait été monté. Et par qui, je vous ledonne dans le mille ! Cette petite digressionillustre le ait que la question sécuritaire atoujours été le ond de commerce de la droite

pour dévier l’attention de ceux qui sourentdu manque de logement, de la vie chère et duchômage. Eectuant des coupes dans les bud-gets an de réduire l’Etat à sa portion congrueet l’empêcher de réaliser les tâches républicai-nes qui créent la sécurité sociale et civile, lespolitiques de droite abriquent de l’insécurité.

Des économies de bouts de chandellesEn eet, cela ait bien longtemps que lagauche à Genève a dénoncé, à maintesreprises, le manque de moyens et de structuresde la police. Car c’est dans la période cor-respondant à la législature 1993 à 1997, oùM. Ramseyer était Conseiller d’Etat en char-

ge de la police, que les postes de police dequartiers urent supprimés ! Rappelez-vous,

à cette époque, les quartiers de St-Jean, Eaux-Vives, Champel avaient tous leurs postes depolice qui étaient insérés dans la vie sociale

des quartiers et que la population appréciaitpour la sécurité républicaine que ceux-ci im-primaient. C’est dans ce même contexte, enappliquant des recettes libérales, que le groupe

de la police chargé de sévir en matière de res-pect de l’environnement ut aussi supprimé.

Une sécurité au rabaisQuelles étaient ces recettes libérales ? Lesmilieux d’Halte aux décits, de droite, avaientsoumis au vote du peuple une initiativedemandant un audit des dépenses et de lagestion de l’Etat. Le résultat de l’audit utla recommandation d’appliquer les recettesdites NPM (New Public Management), dontles recettes consistent, en résumé, à airemaigrir l’Etat en réorganisant ses tâches ande réduire ses dépenses. En ce qui concerne lapolice, ce urent les ermetures des postes dequartiers et de villages, la concentration desgendarmes sur deux ou trois sites cantonaux.

Cerise sur le gâteau, an d’augmenter la sécu-rité, les horaires des postes urent modiés !En eet, à partir de ce moment les postesn’ouvraient que pendant une certaine plagehoraire et la nuit ils étaient, et sont toujours,ermés ! Quel sentiment de sécurité peut avoirle citoyen quant il voit un poste de police er-mé ? Eh bien, il doit se dire : pourvu que l’onm’agresse pendant les heures d’ouvertures !

Dans ce registre, quelle ne ut ma surprise,l’année passée, visitant en tant que député leposte de police d’Onex avec la commission

du Grand Conseil des visiteurs des lieux dedétention, de voir un écriteau sur la porte :Poste de police ermé entre 12h et 14h. A lademande des députés concernant les raisons

qui avaient conduit à un tel afchage, onnous répondit que c’était la conséquence dumanque d’eectis.

ConclusionsSi la droite est tellement éprise de l’espritsécuritaire, pourquoi a-t-elle, lors des vo-tes budgétaires, continuellement limité lesdépenses de l’Etat, et concrètement coupé surle budget de onctionnement ?Pourquoi, pendant la législature 2001-2004,une motion déposée par la gauche et qui de-mandait l’arrêt des ermetures des postes depolice dans les divers endroits du canton et laréouverture des postes de police de quartiersut rejetée ?Pourquoi, à chaque ois que nous sommes

intervenus en commission des nances ande doter la police de moyens en personnel etpour augmenter les postes de quartiers, onnous a toujours rétorqué qu’il allait ration-naliser la police dans ces tâches ?Oui, chers citoyens et citoyennes, ceux-là même qui crient à l’insécurité l’ontcréée en déconstruisant l’Etat par les cou-pes budgétaires et les baisses successivesd’impôts. D’abord on met le eu, ensuiteon crie au eu et à la n on se cherche unpyromane... st-ce véritablement cela, unepolitique augmentant la sécurité ?

Sécurité au rabais

Protégeons la police des pyromanesLes attaques de la droite contre la police et le laisser aire de leurs 

 politiques qui prétendent augmenter la sécurité ont ait et continuent de aire exactement le contraire. Ces politiques contribuent à créer 

l’insécurité.

Prévenir avant de punir

Pour une police sociale de proximité

Luc Broch est policier et socialiste. Il jette un regard d’expert sur les questions d’insécurités et ait la distinction entre le sentiment d’insécurité et l’insécurité réelle. Il lie le problème de l’insécurité au manque de liensocial, à la précarité et à l’isolement.

© Eric Roset

DOSSIER

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7Les Socialistes Ville de Genève DOSSIER

 

Laurence Fehlmann Rielle,Secrétaire générale de laFEGPA, ancienne Députée

Dr Jean-Charles Rielle,Médecin responsabledu CIPRET,Conseiller national

Dans le domaine des drogues légalestelles que l’alcool et le tabac, la santépublique a été conrontée à un véritabledéni qui s’explique d’une part par la

orte intégration de l’alcool et du tabacdans notre quotidien et d’autre part parla puissance des lobbies économiques. Mettre en avant les risques,sans culpabiliserDepuis bientôt deux décennies, nosassociations avec d’autres partenaires,se sont eorcés de sensibiliser la po-pulation en mettant en évidence lesrisques reconnus scientiquement enévitant toute culpabilisation. Mais desinormations purement rationnel-les ne peuvent sufre ace au plaisir

et à la détente que procure l’usagede ces produits. C’est pourquoi, nousavons eu recours à l’émotion comme lacampagne Bébé non umeur lancéedans les crèches, il y a quelques années.  An de trouver de nouveaux ambas-sadeurs et de nouvelles ambassadricesde la prévention, nous avons soutenuun grand nombre de maniestationssportives et culturelles, ainsi que desclubs et des sporti et sportives et celadepuis une quinzaine d’années. Nousavons ainsi développé le marketingsocial et le sponsoring éthique.

Des résultats tangiblesCe travail de ond a été payant. Il apermis de contribuer à modier lesreprésentations du public ace à laprévention, naguère perçue commerébarbative et donneuse de leçons, et àéveiller un sens critique à propos de cessubstances. Cette politique de proximi-té a permis notamment de aire passerdes inormations capitales au sujet dela umée passive. Le plébiscite (prochedes 80%, à deux reprises) de la loi pourl’interdiction de umer dans les lieuxpublics et ermés en constitue un signe

tangible. De même, la loi interdisant devendre de l’alcool pendant la nuit a éga-lement été conrmée par le peuple en2005. Il est évident que les débats surle plan international ont inuencé lesopinions publiques s’agissant du tabacet que la consommation inquiétante deboissons alcooliques observée chez lesadolescent-e-s en Europe occidentale aobligé les milieux politiques et les pro-essionnel-e-s entourant les jeunes à agir.

Travailler en partenariat, chacunprenant ses responsabilités  A la dîme de l’alcool s’est associé le

onds tabac permettant de nancer desprojets de prévention dans les cantonset les communes. Le plan national al-cool commence aussi à déployer seseets. Néanmoins, sans relais au niveaulocal, ces initiatives resteront lettresmortes. Il est donc essentiel de pour-

suivre les eorts an que les communess’approprient la prévention avec le sou-tien des proessionnels, en encourageantles bonnes pratiques. Les préoccupationssont souvent les mêmes : gestion de laconsommation d’alcool sur l’espace pu-blic, gestion des grandes maniestations,etc. Les réponses doivent être trouvéesen édérant les partenaires concernés,non seulement les travailleurs sociauxet éducateurs avec le soutien des auto-rités mais aussi les commerçants quidoivent prendre leurs responsabilités.

Une action cohérente et de proximité

La prévention peut être efcace si l’onassocie actions de proximité, où chaqueacteur peut trouver sa place, et cohérencedes messages. Une politique de santépublique peut ainsi participer d’un sen-timent de sécurité en dosant de manière judicieuse prévention et contrôle.

Un travail de proximité !Sécurité, prévention et promotion de la santé

Liliane Maury Pasquier,Conseillère aux Etats

Sécurité rime avec santé, ce n’est pas unhasard : la sécurité est indispensable à la santé, et le système de santé doit   onctionner de manière sûre pour 

toutes et tous. Démonstration.

La sécurité sociale, c’est la santéL’existence d’un solide système de sécuritésociale est nécessaire à la santé de la sociétédans son ensemble. Selon la Constitu-tion édérale, la orce de la communauté se mesure au bien-être du plus aible de ses membres . D’où la nécessité pour nous,socialistes, de lutter an de préserver lesacquis en matière de retraite, d’assurancechômage et d’AI. Si la santé des individusqui composent la société dépend de tousces éléments, elle est plus particulière-ment liée au système de santé : nous y reviendrons.

La sécurité, c’est la santéMais avant, voyons en quoi la sécurité est es-sentielle à la santé. A contrario, l’insécuritéporte atteinte à la santé, raison pour laquelleles socialistes s’engagent pour plus de sécuritédans la rue, et contre la violence domestique. 

De notre point de vue, la sécurité autravail et ses conséquences sur la santé destravailleuses et travailleurs sont cruciales.Le travail, c’est la santé, dit-on, mais lespolluants menacent certains corps demétiers, de l’amiante dans le bâtiment àla umée passive dans la restauration. A Genève, une étude de Gubéran et Usell’a montré : douze ois plus de personnesse retrouvent invalides parmi les ouvrierssemi-qualiés et non-qualiés que dans

les proessions libérales et scientiques.La sécurité au travail n’est donc pas lamême pour tout le monde et contre cesinégalités nous, socialistes, devons nousbattre !De manière plus générale, l’insécuritéressentie au travail sous orme de stress,largement dû à l’obsession de productivitéde l’économie néolibérale mondialiséeet à la précarisation des conditions de tra-vail, est acteur de morbidité, comme l’aprouvé une étude du SECO.

La sécurité de la santéLe système de santé lui-même doit êtresûr, dans le sens où chacun-e doit pou-

voir accéder aux soins, au bon endroit etau bon moment. Or, ce principe est loind’être acquis. Nombreuses sont les tenta-tives de la droite de rayer certaines presta-tions de l’assurance de base et d’en exclure,de ait, celles et ceux qui n’ont pas lesmoyens de payer. émoin, l’initiative

populaire récemment lancée contre laprise en charge obligatoire de l’avor-tement, qui pose le vrai risque d’une

médecine à deux vitesses. En 2008,l’article constitutionnel amorçant uneprivatisation de la santé a heureusement

été mis en échec par le peuple, notam-ment grâce à l’engagement des socialistes.Nous nous battons aussi pour que lesprimes-maladie nançant l’accès auxsoins soient proportionnelles au revenu,comme le demandait l’initiative populairepour la caisse unique.

La santé pour toutes et tousLes socialistes s’engagent pour que toutes lespersonnes en situation de grande précaritépuissent accéder aux soins, qu’elles soientafliées ou non à une assurance-maladie.

Un dé particulier pour Genève réside dansl’accès aux soins des sans-papiers, an quene se reproduisent pas des cas comme celuide ce bébé hospitalisé en 2005, qui a rôléla mort et gardé de graves séquelles parceque sa mère, sans statut légal, avait tardéà le aire soigner de peur d’être expulsée.

 Améliorer la qualité des soinsEn plus de l’accès aux soins, la qualité deceux-ci est, bien sûr, gage de sécurité. Elle

exige d’améliorer les conditions de travaildu personnel hospitalier et la ormationdes proessionnel-le-s de la santé. Carla quantité d’ore médicale, en soi, negarantit pas la sécurité de la santé :pensez à la pléthore de conseils médicaux etde médicaments disponibles sur internet.Pas acile, ni très sûr de aire le tri entrebons et mauvais remèdes !

On le voit, la sécurité est un élément cléde la santé. Sécurité sociale pour pareraux coups durs de l’existence. Sécuritédans la rue, à la maison et au travail pourgarder son intégrité et la pleine maîtrisede sa vie. Sécurité de la santé, pour que

chacun et chacune accède à des soins dequalité. Solidarité, humanité, équité :tout l’engagement socialiste se concen-tre dans cette conception du coupleinséparable sécurité-santé !

Un couple inséparableSécurité et santé

La FEGPA (prévention de l’alcoolisme) et le CIPRET (prévention du tabagisme) interviennent dans leurs domaines respectis en se ondant sur le  principe que l’on doit sensibiliser la population aux risques liés à la consommation et agir sur le cadre de vie de nos concitoyen-ne-s.

© Eric Roset

8/8/2019 SécuritéS ? - Revue Causes communes n°18

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CAUS ES COMMUNES 

8

Ninian Hubert vanBlyenburgh,

Anthropologue

Des émotions évaluativesLes émotions sont les garantes de notre

survie et donnent du sens à notre existence.Elles sont aussi par nature évaluatives,c’est-à-dire qu’elles sont associées à desexpériences vécues dont le souvenir estconservé dans notre mémoire. On sesouvient d’autant mieux d’un événementque l’émotion qui lui est associée étaitorte. Notre vie est aite d’une accumulation

d’expériences émotives positives et néga-tives. Ces émotions sont utiles et nécessai-res. Elles donnent du goût à l’existence.Nous orientons avant tout notre existenceen onction de nos émotions et non pas enonction de la raison. Qu’on se le dise !

La sourance au travailout serait pour le mieux dans le meilleurdes mondes si nous pouvions être heureuxsur commande et uir quand c’est nécessai-re. Mais la réalité n’est pas aussi arrangeante.

 Alors qu’un danger occasionnel provoqueun stress qui aûte nos capacités de uite,l’individu acculé vit dans un état de stresspermanent. Si cette situation perdure - sila uite est impossible - l’organisme subit

des dégâts qui se traduisent par des arrêtscardiaques, des déaillances immunitaires,des dépressions nerveuses ou des accidentscérébraux. Et où trouve-t-on les situationsles plus difciles à uir? Dans la amille et,surtout, au travail ! Des spécialistes estimentque le harcèlement moral sur le lieux detravail occasionne pas moins de 20% de nosdépenses de santé ! C’est dans les milieux oùnous passons le plus de temps que la peuroccasionne le plus de dégâts. La vague desuicide chez France élécom en constitueun exemple particulièrement dramatique.

Peur d’avoir peur? Alors que les plus grandes peurs sont dues ànotre entourage immédiat, on réussit à nousaire croire que le danger vient d’ailleurs.Les étrangers, les rontaliers, la sécurité, lechangement climatique, les catastrophesnaturelles, les OGM sont de grands pour-voyeurs de peurs. Pourtant, la probabi-lité qu’un de ces risques nous atteigne dansnotre santé est proche de zéro. Alors

pourquoi ces risques nous ont-ils peur ?oujours à cause de la nature évaluative denos émotions. De la même manière quenous associons des émotions à des situationsréelles, nous associons aussi des émotions àdes situations qui sont seulement évoquées.Il suft de suggérer la peur, pour qu’elle soitvraiment ressentie. Comme au cinéma. La

nature évaluative de nos émotions ait denous des êtres acilement manipulables.La propagande joue là-dessus. Les nazisl’avaient bien compris. Les partis populis-tes recourent à la même technique. Seul unsens critique particulièrement bien aûtépermet de résister à la propagande. Mais onne possède pas spontanément cette qualité.Elle se cultive. A voir le lavage de cerveaupratiqué aujourd’hui par certains médias,nous n’en prenons pas vraiment le chemin.

 Vers une communication efcaceNotre problème à nous les socialistes, c’estque nous avons à aire passer un messagecritique qui demande un eort. Alorsqu’une communication efcace passe parles canaux de l’émotion ! C’est la quadraturedu cercle. Le dé que nous avons à relever,c’est de communiquer efcacement desvaleurs et des idées sans (pouvoir) recouriraux techniques de la propagande. Il y a làun véritable dé, qu’il est urgent de releversi nous voulons continuer à être entendus

dans la cacophonie cynique et démagogiqueactuelle. André Malraux écrivait L’huma-nisme, ce n’est pas dire : Ce que j’ai ait,aucun animal ne l’aurait ait , c’est dire : Nous avons reusé ce que voulait en nous labête, et nous voulons retrouver l’homme par-tout où nous avons trouvé ce qui l’écrase.

 

Nicole Valiquer,Conseillère municipale

 Améliorer les conditions de travailL’exposition à toutes sortes de nuisances,l’organisation du travail, la communi-cation, les horaires (horaires exibles,travail posté, de nuit, sur appel), le modede rétribution (à l’heure, au mérite), lesdiscriminations liées au sexe et au statutde séjour, la sécurité de l’emploi, l’âge,

etc. soit l’ensemble des conditions detravail ont des eets sur l’état de santé destravailleurs et travailleuses. L’améliorationdes conditions de travail est un axeessentiel puisque selon plusieurs enquêtes

européennes récentes, les problèmes desanté liés au travail occasionnent beaucoupplus de sourances et d’absences - doncengendrent des coûts plus importants -que les accidents et les maladies proes-sionnels traditionnellement reconnusau sens du droit des assurances. Selonune étude du SECO (Secrétariat d'Etatà l'Economie) sur les coûts du stress enSuisse, on estime à un minimum de 310millions de rancs les coûts des atteintesà la santé mentale et à un minimum de620 millions de rancs ceux des maladiescardio-vasculaires engendrées par le stress

au travail.

Sourances au travailSelon une enquête de la Fondation euro-péenne pour l’amélioration des condi-

tions de vie au travail, à laquelle la Suisse aparticipé pour la première ois en 2005,sous la orme de 1040 entretiens, si 91%des actis sont satisaits de leurs condi-

tions de travail, il n’en demeure pas moinsque 31% afrment que leur travail porteatteinte à leur santé et 19% déclarent avoirété absents pour des raisons de santé aucours des 12 mois précédents. Le nombremoyen de jours d’absence pour desraisons de santé liées au travail (accidentsou maladie) est de 4 par travailleur et paran, ce qui représente plus de 15 millions de

 journées de travail perdues. Les problèmesde santé le plus souvent signalés sont lesmaux de dos (18%), le stress (17%) et lesdouleurs musculaires aux épaules, au couet aux membres (13%). Les expositionsaux risques physiques (bruits, vibrations,produits dangereux ou polluants) et une

mauvaise conception des postes de travaildemeurent également très importantes(42% des travailleurs sont exposés à desmouvements répétitis, 22% à des bruitsintenses, 35% ont des positions de travaildouloureuses ou pénibles).

Lutter pas à pasIl n’y a donc pas de petit combat !Chaque petite victoire pour l’améliorationdes conditions de travail de l’ensembledes travailleurs et travailleuses contribueà l’amélioration de l’état de santé de lapopulation et à son bien-être général.C’est dans ce contexte que se situentles actions spéciques d’Unia durant

2010 sur la problématique de la sécuritéau travail.C’est dans cette perspective qu’il aut,aux côtés des organisations syndicales,s’engager résolument:

• contre les graves conséquences du travailde nuit et du dimanche et contre la loi

visant à modier les heures d'ouverture des magasins.

• contre les discriminations injustiablesen matière de sécurité sociale et dire non à

l’âge de la retraite des emmes à 65 ans età la baisse des rentes du 2ème pilier. Faut-il rappeler que les salaires des emmesdemeurent inérieurs de plus de 20% àceux des hommes et que leurs perspectivesproessionnelles sont moindres ? Près de50% des emmes âgées ont pour uniquerevenu l’AVS, alors que cette proportions’élève à 15,3% chez les hommes. Lesemmes sont donc doublement victimes.

• pour l’interdiction des licenciementsantisyndicaux et le rétablissement dansleurs droits des délégué-e-s syndicaux, enadaptant le dispositi légal aux Conven-tions de l’OIT en matière de protection

des délégué-e-s syndicaux.

Réinventer le travailComme le souligne Christophe Dejours,proesseur titulaire de la chaire de psy-chanalyse-Santé-Travail au ConservatoireNational des Arts et Métiers: «Ce qui est nouveau donc, c’est qu’un système qui pro-duit et aggrave constamment soufrances,injustices et inégalités, puisse aire admettre ces dernières pour bonnes et justes. Ce qui est nouveau, c’est la banalisation des conduites injustes qui en constituent la trame. (…)Le travail, dans la mesure où il implique lacoopération volontaire des gens, convoque aussi ceux qui travaillent à investir la

construction de règles qui ne jouent pas unrôle seulement vis-à-vis du travail, mais du vivre-ensemble. Car travailler, c’est nonseulement se livrer à une activité, c’est aussi établir des relations avec autrui» .

Toutes et tous, réinventons ensemble leplaisir !

La sécurité au travail

Conditions de travail de qualité et protection de la liberté syndicaleL’ensemble des conditions de travail ont des eets sur l’état de santé des travailleurs et travailleuses. Nicole Valiquer rappelle ici que la sécurité au travail passe par des conditions de travail de qualité et la garantie des 

libertés syndicales.

Un peu de peur ça va, tropbonjour les dégâts !

Les raisons de l’émotion

Essayez d’imaginer une personne qui ne ressentirait ni la aim, ni lasoi. Une personne qui serait totalement insensible à la douleur et aux agressions, qui ne mesurerait pas le danger ou qui n’éprouverait aucune 

  joie ou peine dans ses relations aux autres. Cette personne serait dépourvue d’émotions, elle n’aurait que peu de chances de survivre dans ce monde...

© Eric Roset

DOSSIER

8/8/2019 SécuritéS ? - Revue Causes communes n°18

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9Les Socialistes Ville de Genève DOSSIER

 

Nicolas Roguet

Une Genève plurielleBien plus que toutes les autres partiesprenantes à la vie de la société, lesminorités, quelles que soient leursappartenances ethniques, sexuelles oureligieuses sont régulièrement victimesde discriminations, d'abus en tout genreet parois même de violences portant

atteintes à ce droit ondamental qu'estla sécurité.Le Parti Socialiste Ville de Genève,par l’action de ses deux magistrats etdes conseiller-ère-s du conseil muni-cipal, a tenu ses engagement de 2007

pour une Genève orte en raison de ladiversité de sa population, et contreles discriminations qui sont autantd'obstacles à l'amélioration de la qualitéde vie des genevois comme à l'intégra-tion de ses minorités. Avec les socialistes,une Genève solidaire, multiculturelle,soucieuse d'égalité, respectueuse de sonenvironnement a commencé réellementà se développer. Faut-il se contenter dece bilan somme toute assez positi ?

Les droits des minoritésLa réponse est double: les socialistes

peuvent s'en éliciter, mais doiventcependant viser plus haut. Cetteascension vers un idéal que porte chacund'entre nous se era notamment par desprises de positions ortes en aveur desminorités, qui sont parties intégrantes

des dynamiques de la ville. Garantirles droits les plus élémentaires, tels queceux à la vie et aux libertés personnelles,les libertés d’opinions et d’inormationsainsi que l'égalité, doit être un com-bat placé au cœur de l'action du PartiSocialiste. Garantir les droits des mino-rités et lutter contre les discriminationsdont elles sont victimes est, au-delà dudevoir, un engagement ondamentalpour tout socialiste attaché aux acquissociaux et à la bonne marche des aairesde la cité.

Une responsabilité socialistePour que Genève devienne une villeexemplaire, il est ondamental destimuler l'ouverture vers l'autre etl'instauration d'un dialogue entre tousles genevois. Les assises contre l'ho-

mo-phobie, soutenues par la Ville deGenève, la création d'un poste de déléguéà l'égalité et à la diversité le démontre.Le Parti Socialiste se doit d'empêcherle retour à l'état de nature et soute-nir le contrat social en protégeant sesminorités, que ce soit en proposant desaméliorations des dispositis légaux desanctions des violations portant atteintesaux droits des personnes, en proposantla création d'un poste d'ombudsmann/ombudswoman ou encore par voiepolitique, en prenant la parole pourdénoncer les abus et afrmer haut et

ort un soutien clair aux minorités. Quimieux que les socialistes sont à mêmede relever le dé ? La gauche n’a sansdoute pas le monopole du cœur, maiselle a tous les outils et la légitimité pourle aire triompher.

Genève, capitale des droits humains ?Entendre les minorités

Dialogai s'engage depuis 1982   pour la santé, la qualité de vie des hommes gays de Genève et ladéense de leurs droits. Sise aucœur des Pâquis, l’associationse veut une passerelle entre lacommunauté gay et la société.Causes Communes a souhaité orir un espace à Guillaume Mandicourt, 

 pour présenter l'association.

Dialogai propose aux gays des espacesde convivialité et de loisirs. En mai2009, elle inaugure son Caé OFF,un espace culturel et communau-taire libre, un lieu de rencontre et departage, ouvert sur la ville, et quipropose des activités ludiques et socia-lisantes comme des ateliers théâtre oudanse, des soirées jeux, des concerts,une bibliothèque, des conérences.Ce lieu se veut l’écrin de l’expressionartistique et culturelle de la scène gaiede Genève et un havre pour les gays.Un endroit de discussion et de lien,d’ouverture au monde et à soi.

Rôle historiqueUnique antenne homosexuelle del'Aide suisse contre le sida, Dialogai

  joue historiquement un rôle de

premier plan pour la prévention duVIH et des autres inections sexuel-lement transmissibles (IS), particu-lièrement à destination des hommesayant du sexe avec les hommes. En2000, Dialogai a lancé le Projet santégaie en collaboration avec l'Universitéde Zürich, avec à la clé deux grandesenquêtes sur la santé des hommes gaysde Genève. Checkpoint et Blues-outsont deux projets nés dans ce cadre.

Dialogai-Checkpoint est une structuremédicalisée qui ore un conseil adapté aux problématiques de santé des

hommes qui ont des rapports sexuelsavec des hommes, qu’ils s’identientcomme gays ou pas. Une équipede proessionnels et de volontairespropose des tests VIH à résultat rapide,des diagnostics pour les MS, desconseils de prévention, dans un cadrenon-jugeant et condentiel.

Limiter les risquesLes enquêtes du projet Santé gaie ontmontré que les gays de Genève ontd’autres problématiques de santé quele VIH/sida. Ils sourent notammentdeux ois plus de dépression que la

population générale et ont 5 à 7 oisplus de risques de tenter un suicide.Le projet Blues-out, réalisé en colla-boration avec Lestime, associationdes lesbiennes de Genève, est né dece constat. Site Web d’inormationet d’orientation, liste de médecins et

de services gay and lesbian riendly,questionnaire d’autodiagnostic, serviceonline de question/réponse personna-

lisée, ligne d’écoute, Blues-out est unprogramme complet qui ambitionned’inormer les gays et les lesbiennessur les problèmes de santé mentalepour lesquels ils sont particulièrementà risque et de les aider à trouver laprise en charge la plus adaptée.

Lutte contre l'homophobieDialogai participe également à lalutte contre l’homophobie. Elleassiste les gays victimes de discrimi-nations et travaille à une meilleureacceptation de l’homosexualité par legrand public. Elle éduque les acteurs

de la santé ou du social aux difcultésrencontrées par les homosexuels. Elleexige des autorités la protection dueà chaque citoyen et œuvre pour quesoit explicitement inscrite dans la loila protection de toute discriminationliée à l’homosexualité.

Engagement collecti Parce que ce combat n’a de sens ques’il est collecti, Dialogai milite au sein

la Fédération Genevoise des Associa-tions LGB aux côtés des associationsLestime, Tink Out et 360. Pointd’orgue de cette collaboration, la miseen place, en septembre 2009, despremières Assises contre l’homo-phobie à Genève où plus de six centspersonnes du milieu associati, de larecherche, de l’éducation, des autoritéspolitiques ont travaillé sur les moyensde combattre plus efcacementl’homophobie et d’apprendre à mieuxvivre la diversité.

Une passerelle entreles communautés

Droits des homosexuel-le-s

Genève, capitale des droits humains ! Quelle jolie maxime de carte postale. La présence du siège du Haut Commissariat aux droits de l'Homme sur le territoire genevois n'est cependant pas garante du respect de ceux-ci. Il sut de se pencher quelques minutes sur les quotidiens romands pour le constater: arrestations musclées, attaques ciblées sur les étrangers, votations anti-minarets, l'Eldorado suisse semble bien entamé. Etat des lieux du

respect des minorités.

© Eric Roset

Dialogai Association homosexuelle et Antenne de l’Aide suisse contre le sidaNavigation 11-13,Pâquis, Genève

022 906 40 40www.dialogai.org 

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CAUS ES COMMUNES 

10GRAND ANGLE

Félicien Mazzola

Le CETIM (Centre Europe-Tiers  Monde) publie deux ouvrages an de 

réféchir sur les contenus de l’aide audéveloppement.

Ces deux ouvrages portent donc un regardcritique sur l’ aide et se rejoignent sur leconstat qu’elle est ort mal nommée. Ilsproposent entre autres des solutions pour

sortir du cercle vicieux que peut être l’aideau développement, ux paralysants du nordvers le sud, prolongeant la dépendance etrendant l’émancipation impossible.

Désintéressée ? Ecace, neutre, dés-intéressée ? » est unouvrage collecti placésous la direction de

  Julie Duchatel etFlorian Rochat. Ils’agit d’une réponseà un article de Jean-Michel Severino,directeur de l’Agence

rançaise de développement. Celui-ci, loin

des discours réactionnaires ou nationalistesopposés à toute aide au développement,développe la position libérale tradition-nelle d’un développement économiquegagnant-gagnant pour le sud et le nord.

  A l’opposé, le CEIM déconstruit toutd’abord ce discours puis propose despistes pour laconstruction d’unepolitique de coopéra-tion et de solidarité,intégrant les dié-rents axes d’un déve-loppement véritable(économique, social,environnemental).

Sortir de la dépendance En nir avec la dépendance à l’aide ,second ouvrage, est la traduction ran-çaise d’un livre de Yash andon. Celui-cidéveloppe une position plus militante, maisnon moins argumentée et construite avecrigueur. Largement illustré de situationsconcrètes, Yash andon développe danscelui-ci les arguments en aveur d’une sortiede la dépendance à l’aide du nord, tout enen décortiquant les processus et structures,trop souvent obscurcies de bons sentiments.L’ouvrage se termine par un cheminementen sept étapes nécessaires pour appliquercette sortie de l’aide et l’esquisse d’unpossible utur au développement.

 

Roger Michel,

Dr Agroéconomiste

et géographe aménagiste,

Conseiller municipal

 Avant même le séisme, la vie dans la capitaley était devenue presque impossible, tant ladensité de la population était orte. Conçuepour accueillir environ 250 000 à 300 000habitants, elle en comptait plus de 2 millionsinégalement répartis sur un territoire exiguavec extension permanente de nouveaux bi-donvilles et autres zones d’habitations nonappropriées à son écosystème. Comme ceprocessus qui modie en permanence laconguration de la capitale n’était pas prêtde s’arrêter, des voix se sont élevées de toutesparts pour demander de le reiner oumême de déplacer la capitale dans un siteplus approprié.

 Après la catastrophe Au lendemain du séisme, les mêmes questionscontinuent de se poser, mais de manièrebeaucoup plus émotionnelle cette ois. Le bi-

lan des destructions massives en vies humai-nes et en biens, la nécessité du retour d’unepartie de la population dans les campagnesdans une perspective de reconstruction de lacapitale pèse très lourd dans le débat.

Un mouvement récurrentEn règle générale et selon nos observations,l’abandon de cette capitale par certains de seshabitants qui sont tous des migrants n’est pasun acte courant, mais récurrent en périodede crises ou de grands bouleversements. En1993, par exemple, la mise d’Haïti sous unembargo international avait ait uir plus

de 500.000 habitants de la capitale vers leszones rurales. Actuellement, avant même laprésentation d’une esquisse de projet de re-construction de Port-au-Prince, on signaledéjà une orte marée humaine sur les routesdu retour dans les campagnes et les villes deprovinces non touchées par le séisme.

Reconstruire pour mieux vivrePour les urbanistes, ce départ est une aubaine.Il pourrait permettre de reconstruire lacapitale dans de meilleures conditions desalubrité, car la multiplication des bidon

villes l’a rendue insalubre. Avec ses rues jon-chées d’ordures et d’immondices de toutessortes, des canalisations inexistantes pourl’évacuation des eaux usées, des problèmes

d’insécurité croissants, de pollutions de l’air,des conditions de déplacements pénibles,d’encombrements des trottoirs par des petitscommerces ambulants, Port-au-Prince avaitatteint son agonie juste avant le séisme et onpeut souscrire à la nécessité de sa reconstruc-tion selon un plan d’urbanisme bien déni.

Manque d'inrastructures élémentairesD’autres questions continuent de se poser.Elles portent tout d’abord sur l’accueil desnouveaux réugiés dans les villages. Mêmesi leur retour est volontaire, compte tenude la pauvreté en milieu rural à travers toutle territoire, ils vont constituer une chargeénorme pour les personnes qui vont lesaccueillir et aussi pour l’environnement déjà

en voie de dégradation accélérée. En ait, leszones rurales haïtiennes sont dépourvues detoutes commodités. Elles sont dépourvuesdes inrastructures les plus élémentaires etleurs habitants sont constamment en proieà l’exode pour assurer leur survie. Dans untel contexte, au cas où ce retour n’est pasbien accompagné, tant du point de vue del’encadrement social que nancier et écono-mique, on verra se reproduire une très ortemigration vers la capitale, dès l’annonce desa reconstruction.

Mettre en place un véritable plande développementLes personnes qui se précipitent pourquitter Port-au-Prince d’une manière spon-

tanée an de se retrancher dans les campagnesconnaissent bien les conditions de vie danscelles-ci. Il aut comprendre que ce retourest temporaire et que seul un programmede développement national, un planMarshall , en quelque sorte, peut êtreun moti pour l’éviter. Ce plan devraalors englober l’ensemble du territoirenational et redonner au monde rural saraison d’existence. En matière de stratégiede reconversion de la société haïtienne,ce plan est indispensable. Il pourrait, surune période de 30 ans, donner une di-mension acceptable à chaque entité géo-graphique d’Haïti dont la plus grandepartie reste marginalisée. Un remodelagede ce territoire qui compte 562 entités

géographiques érigées en communes doitêtre envisagé pour qu’un projet de recons-truction de la capitale d’Haïti réussisse.Cela concerne également presque toutesles villes de provinces conrontées aux

mêmes difcultés que la capitale enmatière d’urbanisme.

Réunir toutes les orces, toutes

les compétencesL’implication de la diaspora haïtienne dansla mise en œuvre de ce plan est capitale. Ellelui permettrait aussi de renouer avec Haïtisur de nouvelles bases. Une grande partie del’élite intellectuelle, les médecins, les cadresproessionnels engagés dans sa construc-tion l’ont quitté et depuis cette période lepays vit sans véritable repère socioécono-mique pour continuer son développement.L’exode, débuté dans les années soixante,et qui continue encore aujourd’hui, risqueencore d’être amplié à la suite de ce séisme,et de marquer sérieusement l’avenir du pays.

Stimuler une croissance endogène  Jusqu’à présent, la contribution de la

diaspora se résume à des transerts d’argenttrès importants mais qui n’entrent pas dans lapromotion économique du pays, et serventuniquement de soutiens à la consommationdes produits importés principalement del’étranger (USA, République Dominicaine,Canada, Chine, etc.) Devenu moribond, lesystème éducati ne parvient pas à assurer larelève des cadres partis à l’étranger. Dans lesvilles, les enseignements primaire, secondaireet supérieur sont perpétuellement en crisepar manque de structure et de personnelqualié. En eet, tous les secteurs de la viepublique et privée sont encore rappés parcette crise. Même les Fermes écoles instal-lées dès les années 30 dans certaines zonesrurales et les cadres techniques qui super-

visaient la production des denrées ontdisparu des campagnes.

La diaspora haïtienne doit être conscientede cette situation pour, dès aujourd’hui, serendre utile à la reconstruction du pays. Elledevra, pour cela, combiner son eort avecles haïtiens de l’intérieur en vue de mieuxréorienter le développement économiqueet social du pays, rééquilibrer son systèmepolitique, valoriser sa culture et lui donnerune bonne base juridique pour la protectiondes personnes et des biens, assurer son ave-nir écologique gravement menacé par desrisques de nouvelles catastrophes naturelles.

 Ainsi les pays riches, « amis d’Haïti » quipréconisent de mettre en œuvre ce « plan

Marshall» doivent tenir compte du rôlemoteur que doivent jouer tant la diasporaque les Haïtiens de l’intérieur dans sa miseen œuvre pour une reconstruction durableet réussie de ce pays.

Présent et futur d’Haïti

Séisme en Haïti : remodeler l’espaceLa destruction de Port-au-Prince et d’Haïti par le séisme du 12 janvier 

  2010 a soulevé d’innombrables questions. Roger Michel porte unregard d’expert et de citoyen touché par la catastrophe sur les possibilités 

et les dicultés d’une reconstruction en proondeur et à long terme d’unnouvel Haïti.

Porter les regards plus loinAide au développement

© Eric Roset

8/8/2019 SécuritéS ? - Revue Causes communes n°18

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11Les Socialistes Ville de Genève COMME UNE CAUSE

Propos recueillis parSylvain Thévoz

 Vincent Gall, vous êtes l’un desondateurs et le président actuel de

l’association Partage . Pouvez-vous nousdire comment onctionne Partage ?Vincent Gall : La base de Partage , c’estd’être une banque alimentaire. En 2005,quand on a inventé Partage , c’était uneréponse à un constat de développementde la précarisation. Il y avait quotidien-nement 1300 personnes qui étaientnourries gratuitement pour des raisonssociales à Genève (en plus de celles donts’occupait l’Hospice Général). Simulta-nément, il y avait des surstocks alimen-taires qui étaient jetés tous les jours.Qu’est-ce qui manquait pour amenerla nourriture aux gens qui en avaient

besoin ? Il allait convaincre les servicesqui s’occupaient des chômeurs en n dedroit, les entreprises alimentaires et lesassociations de jouer le jeu, et trouverun véhicule pour aller chercher la nour-riture. Comme l’on touchait à des den-rées alimentaires, il allait une structureproessionnelle pour qu’il n’y ait pas derisques. On a donc créé une associationavec un onctionnement d’entreprise.Le résultat en 2009 : une récupérationde plus de 1000 tonnes de nourriture.

 Aujourd’hui, toutes les associations (56)qui viennent à Partage en sont statutai-rement membres, tout comme les en-

treprises alimentaires que l’on ait payerpour nous donner la nourriture, les ser-vices sociaux, et les services publics avecqui l’on est partenaires.

Quel est le principe de base de Partage ?V.G. : Très simple; il est de aire partici-per les entreprises à la redistribution deleurs surstocks pour nourrir des gens endifcultés et d’employer des gens sansemplois pour cela. Relevons qu’aucunedes entreprises approchées n’a reuséd’intégrer Partage. 

D’où viennent les fnancements ?

V.G. : Partage a un budget de plus de3 millions pour 2010. Notre objecti,pour 2011 : un budget de 4 millions.Nous sommes une entreprise avec uneréalité sociale. L’ensemble de la nourri-ture que l’on a distribué en 2008 repré-

sentait, en valeur, plus de 5 millions derancs. Si l’on n’était pas là, des ondspublics auraient dû payer une grandepartie de ces 5 millions. Nous devonsdonc gagner de l’argent pour tourner.Comment ? Les associations viennentse servir directement et gratuitementà Partage , sau pour celles qui n’ontpas de véhicules et qui souhaitent êtrelivrées. L’objecti de Partage n’est pasde diviser la misère ou de partager unpetit gâteau mais d’augmenter le gâteau.Les entreprises nous paient pour venir

ramasser leurs déchets, et tout ce quin’est pas consommable, nous le leuracturons. En conséquence, ils trientmieux leurs déchets.

 Vous avez un exemple précis d’unde ces « petits » contrats ?V.G. : Oui. Dans le vieux Carouge, il y atoujours eu des problèmes de ramassagedes déchets en lien avec la topographie.Nous avons donc proposé à la ville unmandat pour ramasser les déchets des58 restaurants du vieux Carouge. Toutce que l’on ramassait d’avarié allait à lapoubelle et ce qui était consommable

terminait dans nos rigos pour nir lesoir même dans plusieurs associations.  Avec nos triporteurs, nous pouvionsaller dans les lieux où les camions pas-saient mal. Quand la ville a vu que nousaisions du bon travail, ils nous ontproposé le ramassage du carton et desordures. Résultat ? La ville est plus pro-pre. Avec trois triporteurs électriques etautant de personnes qui pédalent, onramasse plus qu’un camion de la voirieavec trois hommes dedans ! Et ce n’estpas un boulot marginal, on ait les pou-belles du vieux Carouge !

Mais on va être obligé de grandir. Soiton stagne et l’on maintient les person-nes dans le statut des Emplois De Solida-rité (EDS), soit on croît an de salarierdes gens et les sortir de la précarité. A nos yeux, le retour à l’emploi des pluspauvres passe par une croissance de nosactivités.

Il y aurait donc un eet tremplin pourles gens qui travaillent à Partage ?V.G. : De toute açon, ils doivent partir,c’est l’objecti. Ces gens ont des EDS, ilsont donc quatre ans de chômage derrièreeux. Un tiers ont la capacité de retrou-

ver du travail pour autant qu’ils puis-sent reprendre un rythme. Pour l’autretiers, ce sera plus difcile. Quant autiers restant, ils ne retrouveront pas detravail. Ce n’est pas très politiquementcorrect de dire cela, mais c’est la réalité.

Notre eort porte donc sur ceux quiont des chances de retrouver du travail.Nous avons développé les prestations deservice que nous rendons aux com-munes, aux entreprises, et cela nouspermet de nancer les parties de salairesque l’Etat ne paie pas.

 Ainsi on peut dire à nos employés : c’estvotre travail qui paie votre salaire, vousn’êtes pas des assistés. Humainement,c’est très important. En cela, on estnovateurs.

Partage , c’est donc beaucoup plusque la distribution de denréesalimentaires ?V.G. : Oui, c’est un projet global. Lechoix institutionnel de Partage  est dedire : toutes nos activités doivent déga-ger des marges an que le côté banquealimentaire marche bien. Suivant nosstatuts : Partage soutient les personnesles plus en difcultés. On soutient donc

directement les associations qui lessoutiennent ; et puis on embauche deschômeurs en n de droits. Partage estaussi une entreprise d’insertion proes-sionnelle et nous serons bons dans cetteinsertion si l’entreprise onctionne. Jen'accepte pas le discours de certains quidisent que Genève a les moyens de payer1500 personnes à ne rien aire. Genèvea les moyens de payer 1500 personnespour aire quelque chose qu’aucuneentreprise ne era parce que ce n’est pas

sufsamment rentable ! Pour nous, il n’y a pas de travail occupationnel ni de auxboulots. S’il y a peu de tournus dansnotre équipe, c’est que les gens y trouvent leur compte.

Face aux multiples ragilités et à la dureté du monde du travail, ne man-que-t-il pas aujourd’hui de niches, desespaces d’emplois qui ne relèvent paspurement et simplement de l’ordre dumarché où les niveaux de concurrencessont très élevés ?V.G. : Pour nous, il n’y a pas de niches.

 A  Partage , nous créons des emploisdont le coût n’est pas rentable pour uneentreprise privée, car ils ne dégagent pasde marges bénéciaires. Les plus gros-ses critiques à notre système viennent

de l’extrême gauche et de l’entreprise.Les uns par opposition « bête », et lesautres parce que, à leurs yeux, on aitdu dumping de boulot avec des ondspublics. Mais un travail de communi-cation qui a été ait, et cela va mieux.Partage c’est un principe de réalité ortet une philosophie qui prend en compteles contraintes de la société telle qu’elleest. Les développements possibles sontimmenses, il s’agit de aire preuve de

créativité. Nous avons pour objecti d’être un service associati privé du can-ton. La dépendance est là, alors autantla revendiquer, car elle n’empêche pasnotre autonomie. Nous souhaitonsdonc être dépendants de tout le monde,de nos autorités, des entreprises alimen-taires et des associations qui ont besoinde nous. Le potentiel d’emplois dansle recyclage des déchets et des alimentspour de petites entreprises est immense.

DR

Partage (Partenariat alimentaire Genevois) est une association qui existe depuis 2005. Partant du constat de l’augmentation de la précarité dans les villes et voyant simultanément des stocks de nourriture détruits quotidiennement, l’association s’est créée sur le principe simple de transport du surplus à celles et ceux qui en avaient besoin. Le champ d’application de ce principe gagnant-gagnant à plusieurs niveaux paraît 

aujourd’hui sans limites en utilisant des marchés que les entreprises privées ne trouvent pas assez rentables.

Partage : la sécurité alimentaire pour tousLutte contre les précarités sociales

PARTAGE Avenue du Cardinal-Mermillod 131227 Carouge GEél +41.22.301.11.78Fax [email protected]://www.partage.ch/ 

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CAUS ES COMMUNES 

12

Propos recueillis parVirginie Keller

Où as-tu passé ton enance ?VSW : Je suis née à Paris en 1968, j’ai grandien banlieue parisienne puis à Paris. Mamaman était inrmière et mon papatravaillait comme indépendant dans ledomaine de l’électro-mécanique.

Comment est né ton intérêt pourla politique ?VSW : Nous parlions politique à lamaison, cela aisait partie des sujets avorisdu dimanche midi. Nous votions en amille,

nous lisions la presse, ma sœur plus âgéede 9 ans m’emmenait dans les lieux où ondébattait. J’ai eu très vite le goût du débat !Et puis, il y a l’Histoire...  À l’âge de 13 ans j’ai vécu l’élection deMitterrand et l’euphorie collective place dela Bastille sans comprendre vraiment ce quise passait mais il y avait une énergie incroya-ble, le partage, l’émotion et l’espoir d’unvrai changement.

Ce goût pour la politique s’estexprimé pendant tes études ?VSW : En 1986, quand je suis entrée à la acil y avait les grèves contre les lois Devaquetet son projet de privatisation de l’Université.  J’ai réquenté les amphis et découvert lessyndicats étudiants, j’ai vécu mes premièresmaniestations. La conscience politique seconstruit aussi à travers les études, l’histoire,le droit, l’économie, la sociologie.

Tu as ait quelles ormations ?VSW :  J’ai ait une licence d’administrationéconomique et sociale puis une maîtrise ensciences politiques et un 3e cycle en com-munication, politique et animation locales.  J’avais un stage à aire, j’ai choisi l’échellelocale, une municipalité.

Pourquoi l’échelle locale ?VSW :  J’ai travaillé sur les questions liées àla citoyenneté et la démocratie locale. Lesrapports entre le pouvoir politique et leshabitant-e-s sont passionnants. Il allaitvraiment inventer une nouvelle manièrede communiquer, sortir de la logiquepublicitaire, construire le participa-ti. J’ai ait mon stage de trois mois aucabinet du Maire de Vitrolles, un socia-liste, il y avait une orte menace du FrontNational. Deux ans plus tard, Megret agagné les élections et la gauche a perducette mairie. J’ai aussi milité contre le FN.

 Après ton diplôme, tu as ait quoi ?VSW :   J’ai été embauchée par une sociétéd’études, de sondages et d’analyses dediscours. On travaillait essentiellementpour les pouvoirs publics et les collectivitéslocales. Durant cinq ans j’ai eu l’occa-sion de collaborer avec des municipalitéssocialistes. Comment es-tu arrivée à Genève ?VSW : L’amour ! J’ai rencontré moncompagnon, un genevois, il avait un

enant à Genève donc j’ai pris la décision dedéménager. Je suis arrivée en 1999. J’arriveaux Pâquis et en attendant mon permis detravail, je tombe enceinte…. Très vite, j’airessenti le besoin de m’ancrer dans monquartier.

Quel est ton engagement danston quartier ?VSW :   Associati ! Je me suis engagée aucomité du jardin d’enant de ma lle. J’aiété secrétaire aux Créateliers, une associa-tion et un lieu d’expression, membre ducomité de la Maison de quartier des Pâquis. Aujourd’hui, je suis membre de comité del’association de parents d’élèves. Je participeà la coordination des associations desPâquis, je représente aussi l’associationpour tout ce qui est sécurité piétonne etaménagement. A travers mes activitésassociatives, je suis tout le temps en lien avecles problématiques municipales.

Quand as-tu rejoint la section Ville du parti socialiste ?VSW : Je vivais mal le ait de ne pas pouvoirvoter, de ne pas être une citoyenne à partentière. J’ai demandé ma naturalisation et

quand j’ai eu le droit de vote, en 2006, jeme suis engagée au parti socialiste.

Tu t’engages très rapidement et ortementdans la section de la Ville de Genève, tu

 vas au Comité puis au Bureau, tu assumesune année de vice-présidence, tu deviensprésidente du groupe égalité en 2008,tu aimes l’engagement politique ?VSW : Oui, c’est ce que j’aime aire dans lavie. La politique a toutes les qualités, c’est àla ois théorique et concret, cela concerne

l’échelle mondiale, nationale, locale, la viedu quartier, cela touche tous les aspectsde la vie humaine, c’est être ensemble etconstruire collectivement !

Tu es également impliquée pour l’égalitéentre les emmes et les hommes, c’est quoiêtre éministe chez les socialistes ?VSW : Ce n’est pas être contre les hommes,ce n’est pas que pour promouvoir lesemmes… l’égalité ait avancer toute lasociété, les emmes et les hommes. Nousdevons continuer à motiver les candidaturesdes emmes, à les accompagner et enrichirle débat sur la parité et les quotas. Nousdevons aborder les thématiques de ond,intervenir sur les questions d’actualitécomme le démantèlement des Etudes genre àl’Université et surtout, lutter contre lesattaques telles que l’initiative contre leremboursement de l’IVG lancée par uncomité inter parti composé notammentd’évangélistes et d’UDC. Rien n’est acquispour les droits des emmes.

Mais il y a des victoires quand même !VSW : Oui, heureusement, on va êterle 50e anniversaire du droit de vote des

emmes à Genève le 6 mars prochain ! LaVille et le Canton organisent un événementpour êter cet anniversaire « 50 ans déjà ? 50ans seulement ? »

Le parti socialiste traverse-t-il une crise ?VSW :  Je ne crois pas à l’idée d’une crise duparti, c’est le monde entier qui est en crise !L’économie a changé, l’ultra-libéralisme apris le dessus, il aut en prendre acte. Nousdevons réafrmer nos valeurs : la justicesociale, la répartition des richesses, le rôle del’Etat, de la société civile, du monde associati.Le parti doit donc être très clair sur ses po-sitions et s’en tenir là. Par exemple, lors dudébat sur la baisse d’impôt, le bouclier scal

pour les très grosses ortunes aurait dû êtredénoncé de manière orte pour réafrmernos priorités.

Il manque peut-être une cohérence interne,les socialistes sont parois divisé-e-s ?VSW : Le grand écart entre les positionsne simplie pas la vie… cette diversitéd’opinions est une de nos orces et unede nos aiblesses. Mais il y a un momentoù il aut trancher, sinon cela donne unemosaïque, qui est certes très démocratique,mais pas très claire politiquement.. Tousles partis ont leurs incohérences : les Vertsont venir les Hedge Funds et parlent dedécroissance… Ils votent des baissesd’impôts alors que l’Etat devrait investirdans la mobilité douce, l’écologie et lesénergies renouvelables !

 Alors comment se positionner ?VSW : Nous ne devons pas nous contenterde gérer les crises et les eets pervers de l’éco-nomie libérale. Qui a dit « cessons de changer le pansement, pensons le changement » ? Se dis-tancer d’une logique dite pragmatique maisqui masque une logique libérale et proposerde véritables changements. La loi Long-champ sur le chômage était inacceptable, ànous, aujourd’hui, de aire des propositions.Sur le territoire de la Ville, il est urgent depréserver la mixité sociale dans les quartiers,Genève ne doit pas devenir une ville pourles privilégiés. La clé, c’est le logement.

On sent ton attachement à la ville.VSW : Genève, c’est la diversité culturelle,les langues et les modes de vie du mondeentier, elle est très urbaine mais proche dela nature. On a une ore culturelle trèsimportante, un territoire exigu qui donne cesentiment de proximité particulier. A nousde nous engager pour qu’elle reste vivanteet ouverte.

Pour beaucoup de socialistes l’engagement au niveau local est essentiel. Améliorer les conditions de vie dans les quartiers, développer les solidarités et renorcer les liens sociaux sont au centre de la politique de la ville. Virginie Studemann Wathier est ortement impliquée dans sonquartier et au parti socialiste. Rencontre.

Militer pour une politique au cœur des quartiersEntretien Virginie Studemann Wathier

DR

PORTRAIT

Le 6 mars 1 960, les élec teurs 

de no tre can ton oc tro ya ien t le d

ro i t de  vo te e t d ’é l ig i b i l i t

é 

au x  femmes. Pour célé brer ce t ann iversa ire, le dépar temen t de la sécur

 i té, de la pol ice e t de 

l’en v ironnemen t du Can ton de Genè ve (DSPE ) e

 t le dépar temen t des  finances e t du logemen t

de la  V ille de Genè ve on t le pla is ir de  vous  in

 v iter le :

 s a m e d i  6  m a r s  2 0 1 0

 à  1 6 h 0 0 a u  P a l a i s  E y n a r d

 4  r u e  d e  l a  C r o i x - R o u g e

 1 2 0 4  G e n è v e

Spec tacles e t per formances

 5 0  A N S  D É J À  ?  5 0  A N S  S E U L E M E N T  ?  P R O G R A M M

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16 h 0 0  Ou ver ture des 

por tes e t per formance «  De

  l ’au tre cô té de  l ’ i so lo ir 

»

16 h 3 0  B ie n ve nue e t a l

 locu t io n s o f f ic ie l le s de M

esdames : 

 Sa ndr i ne  Sa ler no, c onseillèr e administ r at iv e de la V ille de Genèv e

  I sa be l  Roc ha t, c onseillèr e d’Et at 

  M ic he l i ne Ca l m y- Re y, c onseillèr e f édér ale

1 7 h 0 0  «De quo i  se p la

 ig ne n t  le s  fe m me s ge ne v

o i se s? »  - 1ère représen ta t io

18 h 0 0   Verre de  l’am i t

 ié e t per formance «  De  l ’a

u tre cô té de  l ’ i so lo ir »

1 9 h 0 0  «De quo i  se p la ig ne n t  le

 s  fe m me s ge ne vo i se s? » 

- 2ème représen ta t io

2 0 h 0 0  C lô ture

 Réser v at ion indispensable pour  la pr emièr e ou la deux ième r epr ésent at ion à egalit e@et at .ge.c h