SDV 28/Novembre 2012 - Pasteur Lille · souffrant de certaines maladies chroniques comme...

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ie de Signes journal santé édité par l’institut pasteur de lille 32 Novembre 2013 V Notre dossier : Diabète : freiner l’explosion ça bouge dans l’assiette Le chocolat, tout blanc ou tout noir ? Kid campus Du microscope de Pasteur aux plateformes modernes Fondation reconnue d’utilité publique

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journal santé édité par

l’institut pasteur de lille

N° 32Novembre2013 V

Notre dossier :Diabète : freiner l’explosion

ça bouge dans l’assietteLe chocolat, tout blanc ou tout noir ?

Kid campusDu microscope de Pasteuraux plateformes modernes

Fondation reconnue d’utilité publique

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Signes de vie

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sommaIre

Edité par l’Institut Pasteur de Lille - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Eric Diers RESPONSABLE DE LA POLITIQUE RÉDACTIONNELLE : Marie-José HermantRÉDACTRICE : Emmanuelle DeleplaceCONCEPTION GRAPHIQUE : Carole LeclercqCRÉDIT PHOTOS : ©Creative soul-Fotolia.com p1, ©Photothèque Institut Pasteur de Lille,©Meliha.Gojak-Fotolia.com p6, ©StefanieB-Fotolia.com p7,

COMMISSION PARITAIRE : en cours - ISSN : 1288-2690 - PÉRIODICITÉ : trimestriel sur abonnementIMPRESSION : db PRINT - 53, rue de la Lys - 59431 Halluin cedex

Improbables rapprochementsQu’est-ce qui rapproche un médecin passionné par la vie et l’histoire de sespairs, une professionnelle des médias quiconsacre depuis quelques années sonénergie à la communication de l’InstitutPasteur de Lille, un photographe et un éditeur ? Un livre bien sûr mais quellivre ? « La passion d’épauler » est un OVNI littéraire, un beau livre non identifié.

Je l’avoue quand le projet m’a été pré-senté, je me suis dit qu’à l’Institut Pasteurde Lille on n’avait pas peur d’innover maisqu’il fallait quand même être un peubarré pour faire entrer en résonance la vieet l’œuvre d’Albert Calmette avec lesboites de Christophe Bonduelle (les petitspois), les linéaires des Mulliez père et fils(Auchan), les plaidoiries d’Eric DupondMoretti, les polars de Franck Thilliez, les chansons de Line Renaud ou encore le jeu d’acteur de Jacques Bonnaffé.

Quel lien pouvaient donc avoir tous cespersonnages ? Un Nord chevillé au corpscomme la marque indélébile du BCG et une envie non feinte d’apporter leursoutien à l’Institut Pasteur de Lille. Et ilfaut bien reconnaitre qu’entre le fantômed’Albert Calmette et ces acteurs bien réelsde la vie économique, sociale ou cultu-relle de 2013, la mayonnaise a pris.

Dans « La passion d’épauler », Albert Calmette, qui parle à la première personne sous la plume du Pr PhilippeScherpereel, montre toute sa puissancede travail et la force de son engagementqui résonne toujours dans notre actua-lité. Comme autant de petites pierres surson chemin, la plume de Marie-José Hermant et l’œil du photographe Sam Bellet esquissent des portraits tout ennuance des acteurs de la vie d’aujourd’hui.« 90 personnalités se retrouvent ainsi côteà côte dans un même livre et partagentdes itinéraires étonnamment compara-bles » explique Marie-José Hermant, pilote de cet ouvrage à nul autre pareil.

Offrir « La passion d’épauler », c’est offrirle travail et la réussite d’une région enpartage, un travail et une réussite quirayonnent du local à l’international. Maisce travail, loin des discours pompeux, estraconté ici dans l’intimité du quotidien,des joies et des peines… de la vie toutsimplement.

Offrir « La passion d’épauler », c’est aussisoutenir la recherche puisque l’ensembledes bénéfices de ce livre sera destiné auxrecherches en santé menées à l’InstitutPasteur de Lille. Alors quand on peut joindre l’utile à l’agréable, pourquoi s’enpriver !

L’actu au microscope

3 La passion d’épauler,sortie du livre-événement

En bref

4 Découverte de 11nouveaux facteurs desusceptibilité génétiqueà la maladie d’Alzheimer

5 Contre la grippe, je faisle vaccin

4 Devenez volontairespour des études ennutrition

5 5 à 7 : les conférences de décembre à mars

5 Test en ligne : buvez-vous assez ?

Ça bougedans l’assiette

6 Le chocolat, tout blancou tout noir ?

Dossier

8 Diabète : freinerl’explosionDepuis quelques annéesle diabète ne cessed’exploser partout dans le monde. Mieux lecomprendre pour mieuxle soigner, c’est une despriorités de l’InstitutPasteur de Lille

Itinéraired’un chercheur

16 Philippe Froguel : trublion génétique

Kid campusLa science expliquée aux enfants

18 Du microscope de Pasteuraux plateformes modernes

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L’actu au microscope

Gérard Mulliez et Jef Aérosol, Line Renaud et maitre Dupond-Moretti, Chantal Ladesou et Christophe Bonduelle… que de rencontres improbables pourtant rassemblées autour des valeurs qui ont construit l’institut Pasteur de Lille.

« On aurait pu se contenter de raconter l’histoire d’Albert Calmetteou de recueillir quelques témoignages de gens connus prêts à s’engager auprès de notre institut mais on a voulu montrer qu’ilpouvait y avoir un lien entre l’itinéraire de notre illustre premier directeur et de tous ces personnages qui construisent l’histoire

économique, sociale et culturelle et scientifique de notre région. Et ça fonctionné au-delà de nos espérances. Les personnalités ont répondu très vite. Elles ont accepté de se livrer et cepatchwork entre notre passé et leur présent raconte une histoire qui nous concerne tous »

explique Marie-José Hermant, auteur de l’ouvrage et responsable communication de l’institut.« Cet ouvrage sera aussi la première histoire d’Albert Calmette écrite pour le grand public et qui entreen résonance avec l’histoire de la région » précise l’éditeur Michel Marcq.Pas totalement chronologique, le livre s’articule autour de six chapitres écrits sous forme auto-biographique par Philippe Scherpereel, Professeur à la faculté de médecine de Lille et médecinmédiateur du Centre hospitalier régional. Il s’est pris d’une profonde admiration pour Albert Calmette dont il fait revivre l’épopée de l’intérieur.Les portraits et témoignages de quatre-vingt-dix personnalités, dont une trentaine de chercheurs, viennent ponctuer l’ensemble. Chacun livre une part de son jardin secret ou de sonhistoire personnelle. Des témoignages exceptionnels de sensibilité. Et une très jolie façon devenir épauler l’Institut Pasteur de Lille. « Epaule », petit clin d’œil autour du lieu d’injection desvaccins… Des épaules saisies avec pudeur, avec justesse, avec générosité dans l’objectif de l’artiste photographe Sam Bellet. n

« La passion d’épauler », éditions du Quesne, 30€. L’ensemble des bénéfices de la vente de ce livreest destiné au financement de la recherche. En vente en librairie ou sur internet www.pasteur-lille.fr/calmette

Pour fêter les 150 ans de la naissance d’Albert Calmette, l’Institut Pasteur de Lille sort un beau livreoriginal qui mêle la vie et l’œuvre d’Albert Calmette aux témoignages de personnalités embléma-tiques de la région en 2013. Des personnalités qui se retrouvent dans la vision, l’humanisme, lesréussites ou parfois les échecs de ce premier directeur.

la passiond’épauler,sortie du livre événement

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En bref

La plus grande étude internatio-nale jamais réalisée sur la maladied’Alzheimer, dans le cadre duconsortium international I-GAP(pour International genomics ofAlzheimer project) vient d’identi-fier onze nouvelles régions dugénome impliquées dans la survenue de cette maladie neu-rodégénérative. Etude pilotéedepuis l’Institut Pasteur de Lille.

L’ I-GAP est en effet coordonné parl’Unité de recherche « Santé publiqueet épidémiologie moléculaire desmaladies liées au vieillissement »(Inserm-Université Lille Nord deFrance-Institut Pasteur de Lille labexDistalz) dirigée par le Pr PhilippeAmouyel. Ces résultats, détaillésdans un article paru dans la revueNature Genetics datée du 27 octobre2013, ont été obtenus grâce à uneffort de collaboration mondialunique des meilleurs chercheurs dudomaine.En trois ans, ce consortium a décou-vert plus de gènes qu’au cours des20 dernières années. La découverte

de ces 11 nouveaux gènes confirmele rôle de la voie amyloïde et de la protéine Tau, l’implication du système immunitaire et permetd’ouvrir de nouvelles pistes dans lacompréhension de la survenue de lamaladie d’Alzheimer, une étapeessentielle pour la découverte denouveaux traitements. Par ailleurs,cette analyse du génome a permisde mieux cerner le profil génétiquedes patients qui présentent unrisque de développer une maladied’Alzheimer. Les chercheurs ontencore identifié 13 nouveaux gènesqui sont en cours de validation. n

Découverte de 11 nouveaux facteurs de susceptibilité génétique à la maladie d’alzheimer

Recherche

NutrInvest, le centre d’études cliniques de l’Institut Pasteur deLille recrute des volontaires pourses études cliniques en nutrition.

• Vous souhaitez perdre du poids,vous avez entre 30 et 60 ans etvous avez un IMC (poids en kg/tailleen m²) compris entre 27 et 35 kg/m².Vous n’avez, par ailleurs, pas de problème de cholestérol ou de gly-cémie, venez participer à une étudepour tester l’efficacité d’une tech-nique de réflexothérapie infrarougeet/ou d’un accompagnement diété-tique. La réflexothérapie infrarougeutilise un faisceau infrarouge pour

stimuler différentes zones réflexesdu corps. Cette stimulation, indo-lore, permettrait de diminuer lesgrignotages et de retrouver lasatiété. Les sujets de l’étude serontsuivis pendant 18 mois. Les frais dedéplacements seront remboursés.

• Vous êtes un homme âgé de 65 à70 ans en bonne santé, venez parti-ciper à une étude pour tester l’effetd'une boisson lactée sur le tauxd'acides aminés dans le sang. Sivous correspondez aux critères d’in-clusion, vous participerez à cetteétude d’une durée de 3 à 7semaines comprenant 4 visites : une

visite de sélection d’une duréed’une heure puis trois visites de suiviespacées de 1 à 2 semaines dont ladurée est d’environ 7 heures. Aucours des visites de suivi vous serezamené à consommer un petit-déjeuner, puis un déjeuner et uneboisson lactée. Un cathéter veineuxvous sera posé. A partir de ce cathé-ter veineux, 7 prélèvements san-guins seront effectués. La participa-tion est rémunérée (500 €). n

Plus d’informations sur www.pasteur-lille.frrubrique actualités. Contact par mail [email protected] ou par téléphone 03 20 87 72 30

Devenez volontaires pour des études en nutrition

Etudes cliniques

Pour soutenir la recherche médicale

faites un don à l’Institut Pasteur

de Lillewww.pasteur-lille.fr

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Depuis plusieurs années, les vaccinations et en particulier celle contre lagrippe connaissent une désaffection. Pourtant, le vaccin est sans dangeret la maladie peut être meurtrière.

Depuis trois ans le taux devaccination chez les sujets « àrisque » a baissé de 10% pourse stabiliser à 50%. « C’estdommageable car le vaccincontre la grippe est un vaccininactivé, sans adjuvant, effi-cace et très bien toléré, alorsque la grippe reste une mala-die grave, voire mortelle »précise le docteur EmmanuelDutoit, responsable du ser-vice de vaccination del’Institut Pasteur de Lille.

Même si l’hiver 2012-2013 n’a pas été très meurtrier, l’Institut de veille sanitaire(InVS) a recensé 818 cas graves de grippe admis en services de réanimation.Parmi ces malades, 153 sont décédés dont deux femmes enceintes sans aucunantécédent dans le Nord-Pas-de-Calais.Cette vaccination est pourtant remboursée à 100% pour plus de 10 millionsde personnes en France jugées « à risque » : personnes âgées de 65 ans et plus,femmes enceintes, personnes présentant une obésité sévère, personnes souffrant de certaines maladies chroniques comme l’asthme ou la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), le diabète, l’insuffisancecardiaque… auxquels s’ajoutent cette année les personnes atteintes d’unehépatopathie chronique. Pour les autres, le vaccin ne coûte que 6,14€.Et en se protégeant, on protège ses proches. « C'est un vaccin altruiste, précise le Dr Dutoit car le virus se transmet lorsque l'on parle, que l'on tousse ouque l'on éternue. Il voyage également par les mains : sa durée de vie sur un télé-phone ou un clavier d'ordinateur est de 24 h.» n

contre la grippe, je me fais vaccinner

Santé Conférences

buvez-vous assez ?

Test en ligne

Pour le savoir, faites le test pro-posé par le Centre d'informationsur l'eau. Un Français sur trois boitmoins de 1 litre d'eau par jour. D'oùl'utilité de l’application gratuite poursmartphones (iPhone et Android), «Mon bilan hydratation» qui per-

met de connaître ses besoins et d'es-timer son apport hydrique quotidien.Cette application est la version « mobile » et géolocalisée, du testqui peut également être effectuésur le site : www.cieau.com/bilan-hydratation.

Ces tests ont été mis au point et seront exploités, pour une ana-lyse globale de la consommation hydrique des Français, par le servicede nutrition de l’Institut Pasteur deLille. n

5 à 7 :collection hiver2013-2014Un mardi par mois, l’Institut Pasteurde Lille organise une conférencesanté à destination du grand public.

• 100e conférence-événement spécialemardi 10 décembre 2013 à 18 h àLille Grand Palais : AVC, le tempscompte par les Pr Philippe Amouyel etDidier Leys, Dr Etienne Allart et HenriDe Riemaecker (France AVC)

• mardi 28 janvier 2014 à 17 h : les moteurs de l’innovation théra-peutique, de la science à l’industrie,par le Dr Benoît Déprez

• mardi 18 février 2014 à 17 h : canceret système immunitaire par le DrNadira Delhem

• mardi 11 mars 2014 à 17 h : l'image-rie biomédicale dans tous ses étatspar le Dr Frank Lafont et le Pr DanielUglo

Ces conférences sont gratuites mais l’inscrip-tion préalable est obligatoire sur le siteinternet www.pasteur-lille.fr/5a7 ou partéléphone au 03 20 87 77 91.

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Pour parler de bonnes choses,parlons de choses quifâchent : les calories. Le

chocolat est un aliment trèscalorique : selon les recettes à peuprès 550 kilocalories pour 100grammes de chocolat blanc et dechocolat au lait, et un peu moinspour le chocolat noir.

Un aliment richeCe n’est pas le chocolat qui faitgrossir. C’est le fait de trop mangerpar rapport à ce qu’on dépense. Lechocolat dans l’alimentation desFrançais représente 2 à 3 % desgraisses. Les études SU.VI.MAX ontd’ailleurs montré que les grosconsommateurs de chocolat et deconfiseries n’étaient pas forcémentplus en surpoids que les autres. En effet, les gens en surpoidssurveillent leur consommation dechocolat. Le chocolat est toutefoisun très bon candidat pour fairegrossir. Il est très dense en calories. Il est également très bon, avec une

texture agréable. Il est trèsstimulant, donne envie d’êtremangé. Ce qu’il faut savoir c’est leconsommer avec modération.

Du magnésiumLe chocolat est une très bonnesource de magnésium, mais parrapport aux calories, le chou-fleur,les brocolis, les choux de Bruxellessont beaucoup plus riches enmagnésium que le chocolat, et cepour seulement 100 calories. Pourcouvrir nos apports quotidiens demagnésium (350 milligrammes) enne misant que sur le chocolat, ilfaudrait en consommer 300 gram-mes par jour, soit l’équivalent de 1 500 kilocalories !

Un effet sur la santécardiovasculaireLe chocolat est riche en poly-phénols qui ont un intéressantpouvoir antioxydant. Les maladiescardio-vasculaires sont favorisées

par des altérations des lipides dusang, notamment du cholestérolLDL, et quand celui-ci s’oxyde, ildevient dangereux. Les polyphé-nols permettent de lutter contrel’oxydation du LDL, au même titreque les autres antioxydants quesont la vitamine E, la vitamine C, lescaroténoïdes, le sélénium et le zinc. Les polyphénols ont égalementd’autres effets sur des moléculesimpliquées dans l’agrégation desplaquettes, c’est-à-dire la capacité àformer des caillots dans le sang. Lechocolat améliorerait la sensibilité à

Ça bouge dans l’assiette

Signes de vie

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Allégés, fausse bonne idée

Les chocolats allégés contiennentmoins de glucides, mais plus de lipides.On gagne environ une cinquantaine dekilocalories pour 100 grammes. Surdeux carrés de chocolat (10 grammes),on ne gagne donc que 5 calories parrapport à un chocolat normal. Et augoût ils sont moins bons, alors autantpréférer le vrai à l’ersatz !

le chocolat, tout blanc ou tout noir ?En nutrition aucun aliment n’est tout bon ou tout mauvais, tout blanc ou tout noir. Pourtant, le chocolat symbole de tous les fantasmes alimentaires et nutritionnels, marie le paradoxe avec talent. Ce n’est vraiment pas un aliment comme les autrescar, non seulement, il est bon et fait frémir, mais il serait aussi bon pour la santé ! Les explications du Dr Jean-Michel Lecerf, Chef du service nutrition de l’Institut Pasteur de Lille.

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l’insuline : il n’est en effet jamais àl’origine d’un index glycémiqueélevé. Une consommation exces-sive de chocolat ne va pas toutefoisdiminuer les maladies cardio-vasculaires car elle augmentel’obésité qui est un facteur de risquetrès important.

De bonnes graissesLe chocolat contient évidemmentdes lipides. On y trouve environ 60 % d’acides gras saturés, enparticulier l’acide stéarique. C’est un acide gras un peu spécial, quin’augmente pas le cholestérol. Lechocolat contient également 35 %d’acide oléique qu’on trouve dansl’huile d’olive, et une faible quantitéd’acide gras polyinsaturé. Voilàpourquoi le chocolat n’est pashypercholestérolémiant : il faitmonter le bon cholestérol (HDL)mais pas le mauvais (LDL).

Un bénéfice pourles femmesenceintesLe chocolat aurait un effet protec-teur contre l’éclampsie qui est unemaladie très grave survenant pen-dant la grossesse : les artères duplacenta se rétrécissent, ce qui peutentraîner le décès du bébé et de lamaman. Une étude récente a relevéles taux de théobromine, quicaractérise le chocolat, dans lesérum du cordon ombilical. Lesmamans qui avaient les taux lesplus élevés de théobromine, et quiavaient donc mangé le plus dechocolat pendant leur grossesse,développaient beaucoup moinsd’éclampsie. Cette étude confirmeque la théobromine a un effetvasodilatateur vraiment puissant.

Le chocolat est-ilune drogue ? Le chocolat, depuis très longtemps,est considéré comme antidépres-seur. Des études cliniques ontattesté de ses effets sur l’humeurdes sujets observés. Le chocolat regorge de moléculespsychoactives. On y retrouve, entreautres : la sérotonine, la tyramine, laphényléthylamine. La sérotonineest antidépresseur. La tyramine estune forme d’amphétamine. Laphényléthylamine est un stimulantdes amphétamines. Il y a égalementdes méthylxanthines : théobro-mine, caféine, et théophylline quisont des stimulants psychiques etdes cannabinoïdes comme l’anan-damide, qui est dérivé d’un acidegras et qui a des impacts trèsconnus sur l’humeur, en se liantavec des récepteurs de l’humeurqu’on appelle « les récepteurs auxcannabinoïdes ». Enfin, on y retrouve le magnésium,et son effet antistress, ainsi que dugras et du sucre, qui ont un effetréconfortant.Toutefois, aucun effet spécifique deces molécules psychoactives n’a étéscientifiquement prouvé. On saitpar exemple que les amines sontassez rapidement métabolisées etqu’elles peuvent disparaître très

rapidement après ingestion. Latyramine est encore plus présentedans le camembert et le magné-sium dans le chou fleur mais peu de gens les utilisent commeantidépresseur !Le chocolat n’en demeure pasmoins un bon aliment. Il est aussitrès bon, et c’est peut-être simple-ment son goût qui plait. Le corps esttruffé de récepteurs pour le gras etpour le sucré, et ces goûts nous fontbeaucoup de bien. Mais, parler d’addiction c’est excessif.D’ailleurs, chez les gros consom-mateurs de chocolat, on n’a notam-ment pas trouvé de symptômes desevrage, qui est un critère impor-tant permettant de déterminer siun aliment est une drogue. Nondécidemment le chocolat n’est niblanc, ni noir ! n

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La consommation dechocolat dans le monde 392 000 tonnes de chocolat ont étéconsommées par les Français en 2012soit environ 7 kg par personne. Les plus grands consommateurs dechocolat au monde sont les Suisses, les Autrichiens, les Norvégiens, lesBelges et les anglo-saxons.

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Dossier

Diabète : freiner l’explosion

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O n connaît le diabètedepuis l’Antiquité, il a étédécrit notamment par

Aristote et Avicenne, et les méde-cins se sont rapidement renducompte que c’était une maladiequ’on n’appelait pas encore géné-tique mais déjà familiale. Diabétologue, généticien, prési-dent du conseil scientifique de laSociété Francophone du Diabète etdirecteur de l’unité CNRS « Géno-mique et maladies métaboliques »à l’Institut Pasteur de Lille, le Pr Philippe Froguel est aujourd’hui enFrance un des meilleurs spécialistesde la question. Pour lui pas d’ambi-guïté, « 60 % du risque de diabète estd’origine génétique. Notre patri-moine génétique n’a guère évolué cesdernières années, en revanche notreenvironnement, nos modes de vie ontchangé. Prenons l’exemple de laChine, sous Mao quand l’alimenta-

tion était peu abondante et la voiturequasi-inexistante le diabète n’existaitpresque pas. Aujourd’hui près de 12%des Chinois adultes sont diabétiqueset à Shanghai ils sont plus de 15%.Mais à environnement égal, l’in-fluence de la génétique est aussicapitale. Ainsi à l’île de la Réunion oùtout le monde a le même mode devie, trop sédentaire, et mange globa-lement une nourriture trop riche,l’incidence du diabète est de 5% chezles Européens, 10% chez les Créoles et15% chez les Indiens. »La génétique a aidé les chercheursà mieux comprendre les méca-nismes en jeu. « Mais, reconnaîtPhilippe Froguel, quand on adémarré, il y a une vingtaine d’an-nées, on pensait que des mutationsfréquentes des gènes pouvaientexpliquer des maladies fréquentes.Depuis, nous avons identifié unesoixantaine de gènes souvent impli-

qués dans l’apparition du diabètemais ceux-ci n’augmentent chacunque de 10 à 15% le risque de déve-lopper un diabète. »Pour les diabètes d’origine mono-génétique (5% des cas) les testsADN pourraient être salvateurs. « Ilspermettront d’établir un diagnosticgénétique beaucoup plus facilementdans les années à venir car les dys-fonctionnements à l’origine de cestypes de diabète sont bien identifiéset on peut facilement trouver parmiles nombreuses thérapies existantes

Elévation anormale du taux de glucose dans le sang, lediabète est une maladie connue depuis l’Antiquité. Maisdepuis quelques années, il ne cesse d’exploser partout dansle monde. En cause, les changements de mode de vie : unealimentation riche et abondante et une activité physique endéclin qui font croître le surpoids, l’obésité et en corollaire…le diabète. Véritable épidémie silencieuse et pourtant trèsmeurtrière. A travers le monde, il tue plus que le sida et lepaludisme réunis ! Le diabète de type 2 est encore tropsouvent considéré comme le lot commun et quasi-inéluctable de l’avancée en âge. Pour tenter d’enrayerl’épidémie, à l’Institut Pasteur de Lille, les médecins agissentsur tous les fronts depuis la compréhension de la maladieau cœur des gènes et des cellules jusqu’à l’information et la prévention, en passant par la mise au point demédicaments. Visite chez les démineurs.

Avec la prise de poids, l’insu-line, sécrétée par le pancréaspour faire baisser le taux desucre dans le sang, est plussollicitée et finit par s’épuiser.Le surpoids multiplie par dixet l’obésité par cinq le risquede développer un diabète.

Pour soutenir la recherche médicalefaites un don à l’Institut Pasteur de Lillewww.pasteur-lille.fr

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Dossier (suite)

la plus efficace (voir le témoignageci-contre), mais dans 95% des cas,la génétique ne permet pas de soi-gner c’est pourquoi nous orientonsnos recherches maintenant vers l’épi-génétique. »

L'épigénétique observe les modifi-cations dans le fonctionnement desgènes qui ne sont pas liées à desmutations de l’ADN. Ce sont desmodifications qui apparaissentprincipalement pendant la périodefœtale. L'épigénétique, c’est l’adap-tation à court terme du matérielgénétique à son environnement.Elle régule l'activité des gènes enfacilitant ou en réprimant leurexpression. Elle est fondamentalecar elle permet une lecture diffé-rente d'un même code génétique.Elle explique, par exemple, les différences existant chez des vraisjumeaux.C’est l’épigénétique qui expliquecomment, en une génération, alorsque les gènes n’ont pas été mo-difiés, des maladies comme le diabète ou l’obésité ont pu litté-ralement exploser dans certaines

populations. Pour réaliser cesétudes, les chercheurs passent pardes modélisations dans des cellulessouches, à l’image des recherchesdéjà menées avec succès dans cer-tains cancers. L’équipe de PhilippeFroguel va cultiver des cellulessouches issues de cellules pancréa-tiques et du tissus graisseux depatients diabétiques et y tester desmédicaments afin de trouver destraitements plus personnalisés àchacun.

Vers de nouveauxmédicamentsDans le même bâtiment, à troisétages de Philippe Froguel, leséquipes du pharmacologue BartStaels ont démontré que des pro-téines contenues dans le noyau descellules et impliquées dans la trans-cription des gènes, les « récepteursnucléaires », étaient déficientes chezles diabétiques. Elles testent mainte-nant des molécules pharmacolo-giques susceptibles de réguler l'ex-pression des gènes mis en causedans le diabète de type 2 et les

Glucose, insuline, glycémie, hémoglobine glyquéeLe glucose apporte l'énergie aux différents tissus de l'organisme. Si le taux de glucose dans le sang restestable même après un repas ou après un effort physique, c'est qu'il existe un système régulateur complexedans lequel l'insuline joue un rôle primordial puisque c’est elle qui assure l’entrée et/ou l’utilisation duglucose par les cellules.La glycémie est le taux de sucre dans le sang. Quand l’organisme fonctionne normalement ce taux resterelativement stable autour de 1g/litre. Selon les critères de l'OMS (Organisation mondiale de la Santé), lediabète s’installe quand la glycémie à jeun est supérieure ou égale, à au moins deux reprises, à 1,26 g/l. L'hémoglobine glyquée est le meilleur indice de surveillance du diabète et de l'efficacité destraitements anti-diabétiques. Il se mesure tous les trois à quatre mois. Il permet d’estimer la glycémiemoyenne des 2 mois précédents et indique le risque de complications à long terme.

Autosurveillance de glycémie. Un geste quotidien pour les diabétiques insulino-dépendants

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Depuis 5 ans, Bertrand et sa famille ont décidéd’apporter leur concours à l’étude du diabète enrejoignant la cohorte des « 200 familles contre lediabète » de Philippe Froguel. Bien lui en a pris car les

découvertes des chercheurs onttransformé le quotidien de sa filleainée.

«D ans ma famille, on est diabétiquede générations en générations.Mon arrière-grand-père, mon

grand-père et ma mère en ont souffert. Moi-même je le suis depuis l’âge de 13 ans. »

Grand et élancé, un diabète qui sedéclenche à l’adolescence et sur lequel les

médications les plus courantes ont peu d’effet… lemoins qu’on puisse dire c’est que Bertrand n’a pas le profil type dudiabétique. « J’étais un mystère, y compris pour mon endocrinologue, maismême si les médicaments ne me stabilisaient pas totalement, je vivaisnormalement. »

Quand, à l’âge de 16 ans, sa fille ainée se retrouve du jour au lendemainavec un diabète à 2,5g, obligée de se piquer deux fois par jour, Bertrandpense que ce mystère pourrait bien intéresser la science. « On m’avaitdéjà proposé de participer à la cohorte mais je n’avais pas donné suite. Làje me suis dit que si le travail effectué sur notre sang et notre ADN permettaitd’éviter un jour à d’autres enfants la même galère que ma fille, il fallait lefaire. »

Et quelle ne fut pas la surprise de Bertrand quand les chercheursl’appelèrent, dans le courant de l’été 2012 pour lui apprendre qu’ilsavaient identifié son diabète, le Mody 13, une forme de diabète dontseulement cinq exemplaires sont actuellement recensés dans le monde.Et surtout, que ses mécanismes d’action étaient connus et qu’un vieuxmédicament risquait d’être plus efficace pour cette forme de diabèteque toutes les thérapies testées jusqu’à présent. « Nous sommes des miraculés. Depuis que j’ai changé de médicament, j’aiun taux d’hémoglobine glyquée qui correspond à un non diabétique et jeme sens en meilleure forme. Pour ma fille, c’est encore plus spectaculaire.Elle vivait un calvaire avec l’insuline qui agissait mal. En moins d’un moiselle a retrouvé une vie normale. »« Il y a quelques semaines, l’Institut Pasteur de Lille nous a rappelés pournous demander si on acceptait de participer à une nouvelle étude autourde la fabrication de cellules souches, nous avons accepté immédiatement.C’est bien le minimum qu’on pouvait faire ! »

bertrand D.

« Nous sommes desmiraculés »

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maladies cardiovasculaires qui endécoulent. «Nous avons notamment identifié lerôle crucial du récepteur nucléairedénommé PPARα dans le métabo-lisme du glucose et nous avonsidentifié de nouvelles cibles thérapeu-tiques dont certaines sontactuellement en phase de testclinque», explique Bart Staels. D’ailleurs la société lilloise Genfit,dont il est un des fondateurs, déve-loppe un nouveau médicamentjouant sur ce type de récepteursdans l’une des complications dudiabète, la NASH (Non-AlcoholicS-teato-Hepatitis), une affectionhépatique qui peut conduire à lacirrhose. Il n’existe, à ce jour, aucuntraitement de la NASH. A travers lemonde, plusieurs candidats médi-caments sont actuellement àl’étude. Le médicament mis aupoint par Genfit sur la base desdécouvertes réalisées à l’InstitutPasteur de Lille semble être une desmolécules les plus prometteuses.L'efficacité de cette dernière estactuellement testée sur un petitnombre de patients en Europe etaux Etats-Unis.« Notre laboratoire s'intéresse au lienentre acides biliaires et diabète ainsiqu’aux macrophages, des cellulesimmunitaires impliquées dans lamaladie ; là encore, certains récep-teurs nucléaires semblent avoir unrôle important », ajoute le Pr Staels.

Ce n’est donc pas un hasard si Philippe Froguel et Bart Staels se sont associés au professeur François Pattou du CHRU de Lille,spécialiste mondial de la thérapiecellulaire chez les patients diabé-tiques (greffe d’îlots de Langerhans,les cellules secrétant l’insuline) pourmonter le laboratoire d’excellenceE.g.i.d., acronyme d’European geno-

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Dossier (suite)

mic Institute for diabetes. Créé en2009 et labellisé laboratoire d’excel-lence en 2011, E.g.i.d. est lapremière fédération de laboratoiresde recherche spécifiquementdédiée au diabète en France. Seséquipes sont complémentairespuisque en schématisant on peutdire que l’unité de Philippe Froguelidentifie les causes, celle de BartStaels conçoit des molécules pour le traitement et celle de François Pattou est en charge desessais cliniques. E.g.i.d. rassembleaujourd’hui plus de 150 chercheursmais « vise les 250 en 2020 » indiquele Pr Froguel qui en assure la direc-tion. Ce super laboratoire a pour

ambition de « monter une filière glo-bale dédiée au diabète qui associeenseignement, recherche fonda-mentale et essais thérapeutiquespour fabriquer les médicaments dedemain ». Le Nord-Pas-de-Calais,qui concentre le plus de diabé-tiques en France, offre évidemmentun terrain particulièrement fertileaux recherches. n

Le diabète en chiffresEn France, on compte au-jourd’hui plus de 3 millions depersonnes diabétiques (dont92% de diabétiques de type 2),soit près de 5 % de la popula-tion. Ce chiffre a augmenté de90 % en 10 ans entre 1999 et2009. Selon les projections, sirien ne change, un Français surdix sera touché par le diabèted’ici 10 ans. Cette augmenta-tion sera pour moitié liée auvieillissement de la populationet pour moitié liée à l’augmen-tation de l’obésité.Le diabète est, depuis 2010, lapremière des affections delongue durée remboursées à100% par l’assurance maladie,devant le cancer. Son coûtmoyen pour l’assurance mala-die est de 6000€/an/personneet son coût total s’élevait en2011 à 17,7 milliards d’euros(soit 10 % des dépenses de l’as-surance maladie) auxquelss’ajoutent 5 milliards d’euros defrais indirects.

L’explosion du diabète estmondiale

Près de 11,6% de la populationadulte en Chine est diabétique. Aux Etats-Unis, où un tiers desadultes est obèse, le diabèteprend également des alluresd’épidémie avec 8,3% de la po-pulation atteinte.De même pour les très richespays producteurs de pétrole duGolfe persique (Arabie saouditeet Emirats arabes) où l'inci-dence varie de 13 à 19%.Dans la plupart des paysd’Afrique 3 à 5% de la popula-tion est diabétique.

L’Organisation mondiale de la Santé prévoit qu’en 2030,le diabète sera la septième

cause de décès dans le monde.

Une maladie, plusieursformesLe diabète de type 1 a pour origine une sécrétion insuffisanted'insuline par le pancréas, ce dernier détruisant peu à peu les cellulesbêta où les îlots de Langerhans synthétisent l’insuline. Ce diabète semanifeste généralement dès l’enfance ou l’adolescence. Le corps nefabriquant plus du tout d’insuline, l’unique traitement actuellementdisponible reste l’apport régulier d’insuline associé à unealimentation équilibrée.

Dans le diabète de type 2, c’est la glycémie qui ne réagit plus àl'insuline sécrétée par le pancréas. Le glucose est alors mal utilisé parles cellules, expliquant l’élévation de la glycémie au-dessus desvaleurs normales. Ce diabète se manifeste généralement après l’âgede 40 ans mais on commence à voir apparaître dans des populationsobèses des cas d’adolescents et de jeunes adultes. Plusieurs typesde traitements peuvent être proposés en complément d’unealimentation équilibrée.

Il existe aussi d’autres formes plus rares de diabète comme lediabète gestationnel (diabète temporaire qui survient chez 6% desfemmes enceintes) ou le diabète MODY (Maturity Onset DiabetesOf the Young), un diabète lié à la mutation d’un gène quireprésenterait 2 à 5 % des diabètes non insulino-dépendants.

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L’alimentation, un rôle essentiel

dans la préventionet le traitementTrois questions au docteur Jean-Michel Lecerf, responsable du service de nutrition de l’Institut Pasteur de Lille

Une alimentation équilibrée réduit-elle les risques dedévelopper un diabète ? toutes les mesures qui diminuent le risque cardio-vasculaire ont uneffet sur l’apparition du diabète.en premier lieu le contrôle du poids : le surpoids multiplie par dix lerisque de développer un diabète. Dans les années 2000 une étude finlandaise a montré, qu’il étaitpossible de réduire de moitié le risque de développer un diabète, pour des hommes quiprésentaient une glycémie à jeun élevée, dès lors qu’ils se soumettaient pendant deux ans à unrégime alimentaire amaigrissant et à des activités physiques. toute perte de poids même modéréea un effet bénéfique. De plus, il faut citer les aliments protecteurs : les fruits, les légumes, les fibres, les produits laitiers, lesacides gras omégas 3 qu’on peut trouver dans les poissons notamment.

Peut-on soigner son diabète uniquement par l’alimentation ? alimentation et traitements médicamenteux ne s’opposent pas. Ils se complètent. Des mesuresdiététiques peuvent permettre de contenir un diabète qui débute mais le diabète étant unemaladie évolutive au bout d’un certain temps la diététique seule ne pourra plus suffire. enrevanche, la diététique est indispensable, elle permet au traitement d’être plus efficace et réduitles risques associés.

Les conseils alimentaires aux diabétiques ont-ils évolué ces dernières années ? oui. Il y a quelques années on modérait fortement les sucres, c’est toujours le cas, mais aussi lesgraisses. or on s’est rendu compte que si leur corps ne disposait pas de suffisamment de graissealors leur foie produisait de la mauvaise graisse. Je recommande maintenant aux diabétiquesd’utiliser, avec modération de « bonnes huiles » : colza, noix, olive, beurre ou margarine riche enomégas 3.côté sucres, si les édulcorants sont un bon outil pour permettre aux patients de continuer àbénéficier sans risque du goût sucré, le fructose « industriel » est à déconseiller car si, consomméen petite quantité il améliore la glycémie des personnes non diabétiques, il aurait tendance àproduire l’effet inverse chez les diabétiques. les produits sucrés au fructose apportent quasimentautant de calories que les produits sucrés au saccharose. Il y a peu de bénéfice calorique à lesconsommer. De plus, une consommation importante de fructose entraîne une augmentation destriglycérides (forme de graisses circulant dans le sang) et développe ainsi le risque cardiovasculaire.

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Depuis maintenant plus dedeux ans, le Centre de préven-tion et d’éducation pour lasanté propose un cycle d’édu-cation thérapeutique aux pa-tients diabétiques, à l’issue dubilan de santé et en lien avecle médecin traitant.

Lentille, légume ou féculent ?Pas trop de gras ça veut direquoi ? Une portion de légu-

mes c’est une assiette ou une cuillère à soupe ? Qu’est-ce qu’onentend par 30 minutes d’activitéphysique ? Quelle est l’influence del’activité physique sur le sucre dans

le sang ? Ces questions prennentune importance capitale quandl’équilibre alimentaire et l’activitéphysique ont une influence directesur l’état de santé. « C’est particuliè-rement vrai pour une maladiecomme le diabète, explique le DrGwenaëlle Floc’h. L’hygiène de vieest au moins aussi importante que le traitement médicamenteux, mais il est difficile pour un médecin gé-néraliste d’apporter toutes lesconnaissances et d’aborder toutes les questions lors d’une consul-tation.»S’il existe quelques lieux spéci-fiques, comme la Maison du dia-bète à Marcq-en-Barœul, la plupart

des malades manquent souventd’informations pour être capablesde devenir acteurs de leur maladie.C’est pourquoi le CETAF (Centretechnique d'appui et de formationdes centres d’examens de santé) a mis au point un programmed’éducation thérapeutique pour lesconsultants diabétiques (type 2),actuellement proposé dans unecinquantaine de centres en France.A travers cinq ateliers d’une demi-journée chacun, Gwenaëlle Floc’h,Catherine Leys (médecins), Christelle

Dossier (suite)

centre de prévention etd’éducation pour la santé

Des ateliers pour lesconsultants diabétiques

Les facteurs de risqueIls sont désormais bien connus.Il s’agit des antécédents fami-liaux ; de la coexistence d’hyper-tension artérielle, de surpoids,notamment au niveau de laceinture abdominale, ou d’obé-sité, d’excès de cholestérol aux-quels s’ajoutent le tabagisme, lasédentarité et la consommationexcessive d’alcool.

Chez les femmes, avoir eu dudiabète durant sa grossesse,ou avoir eu un « gros bébé »,avec un poids de naissance su-périeur à 4 kilos est un facteurde risque supplémentaire.

Sur la droite, Christelle Carpentier,diététicienne et Eric Guiot, éducateur médico-sportif

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martine a.

« Formidable, j’apprends plein dechoses »Martine A. a 62 ans, elle est diabétique depuis 15 ans et a participé aux ateliers diabète en octobre et novembre 2013

« C’était il y a une quinzaine d’années. J’avais pris 50 kg en un an. J’étais montée jusqu’à120 kg. J’étais stressée par mon boulot, je travaillais dans une brasserie. Alors je suis alléevoir mon médecin pour essayer de comprendre les causes de cette obésité. On a fait unebatterie d’examens qui ont révélé un diabète. »Et comme avec quelques médicaments, le diabète, à la différence de l’obésité, estsouvent bien contrôlé, alors la tentation est grande d’en rester là.« Mon médecin m’a proposé un traitement efficace et donné quelques conseils diété-tiques, que je suivais quand je pouvais car là où je travaillais je ne faisais pas le menuet ça ne dérangeait pas le chef de servir au personnel des frites deux fois par jour. D’ail-leurs, je suis en retraite depuis un an et j’ai perdu 20 kg et par conséquent mon diabètes’est amélioré. »« Je suis venue faire un bilan de santé à l’institut Pasteur de Lille et on m’a proposé de

participer aux ateliers. C’est formidable, j’apprends plein de choses que je vais pouvoir mettre en pratique rapidement.Je regrette de ne pas avoir eu l’opportunité de participer à ce genre de formation avant. »

Carpentier, Stéphanie Maccioni(diététiciennes) et Eric Guiot (édu-cateur médico-sportif ) proposent àune dizaine de participants d’ap-prendre à mieux connaître et mieuxgérer leur maladie à travers l’ali-mentation, l’activité physique et letraitement.

Gustave 74 ans, diabétique depuisdeux ans, est ravi d’avoir participé.« C’est très intéressant, instructif, j’espère après que j’arriverai à mettretous ces bons conseils en pratique. » « Ca donne des pistes, poursuit sonvoisin Claude, 62 ans, diabétiquedepuis une quinzaine d’années. Jevais réduire certaines portions,avoue cet amateur de camembertpour qui morceau rimait avec ½ fromage. Je crois aussi que je vaisfaire un peu plus d’activités phy-siques : marcher, prendre les esca-liers, faire du vélo. » A ses côtés,Casimir, le marathonien, 66 ans et diabétique depuis 11 ans, s’est surtout focalisé sur l’alimentation.« Je vais essayer de changer cer-taines habitudes alimentaires. Ce

n’est pas forcément facile. J’ai aumoins retenu un truc simple, c’est que je peux manger des légumes àvolonté. »Les patients se fixent des objectifssimples à atteindre et sont revus à6 mois et 1 an des ateliers pour fairele point. « On a vu des gens perdre10 kilos en six mois et certains êtrecapables de se passer de médica-ments, mais reconnaissent Gwe-naëlle et Christelle, ces situationsrestent exceptionnelles. Globalementla plupart des participants ont amélioré leur glycémie et se sententmieux même si les résultats ne sontpas tous spectaculaires, les partici-pants apprécient d’avoir trouvé desclés pour être plus acteurs de leur propre santé. » n

Le développement du diabètede type 2 peut passer ina-perçu pendant longtemps : il s’écoule en moyenne 5 à 10ans entre l’apparition des pre-mières hyperglycémies et lediagnostic du diabète. On estime à 700 000, le nom-bre de diabétiques qui s’igno-rent en France.

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Itinéraired’un chercheur

L a médecine, une vocation ?« Non pas vraiment avouevolontiers Philippe Froguel. Je

voulais être ingénieur puis j’ai étémalade pendant ma première annéede prépa et je me suis rendu compteque j’aurais du mal à réussir leconcours de polytechnique et jen’avais pas envie d’autre chose. » Si lamédecine n’était pas une vocation,l’ambition a toujours été un moteurpour Philippe Froguel qui n’aimerien tant que d’être le premier. « Monpère m’a suggéré de faire médecine. Ilfaut dire que pour un tailleur juif, il y a deux voies royales d’ascensionsociale : la médecine ou le droit. Je suismédecin, ma deuxième fille est avo-cate, le contrat est rempli. »Philippe Froguel sera donc médecin.A priori hospitalier, « J’étais trèsengagé politiquement à gauche. Bienque je me sois fait virer des Jeunessescommunistes pour insubordination(déjà !), avec mes convictions poli-tiques, je ne pouvais pas imaginer unexercice libéral. » Mais les rencontresavec le diabétologue Roger Assan etle prix Nobel de médecine Jean

Dausset en décideront autrement.Ce sera donc le laboratoire plutôtque le lit des patients. « Interne enendocrinologie, je n’étais pas d’accordavec mes supérieurs qui considéraientle diabète comme un vice et unemaladie psychologique, moi j’étaisintimement convaincu qu’il y avait descauses génétiques. »

Faire appel àl’intelligence desmaladesAlors il n’hésite pas un instant quandJean Dausset, premier Français àvouloir cartographier le génomehumain lui propose de créer un labo-ratoire d'étude génétique des dia-bètes dans son Centre d’études surle polymorphisme humain (CEPH).« J’avais un copain qui travaillait à larégie publicitaire de la RATP. J’ai eul’idée de collecter directement par voied’affichage dans le métro des famillesde diabétiques. » Ce seront les 200,puis les 800 familles contre le diabète.

Faire appel sans intermédiaire à l’intelligence et l’engagement desfamilles des malades, c’était une pre-mière mondiale, qui, depuis, a faitécole. Ces familles lui permettrontde découvrir en 1992 et 1995 les pre-miers gènes du diabète de type 2.« Pour monter le projet, j’avais besoind’acheter du matériel informatique,je me suis tourné vers la Caisse natio-nale de prévoyance pour demanderune aide de 40 000 francs. Au derniermoment je me suis dit que 40 000 Fça n’était pas grand chose pour une organisation comme celle làalors j’ai rajouté un zéro et obtenu400 000 F. » Géniale intuition car ni

Eminent spécialiste de la génétique du diabète et de l’obésité,Philippe Froguel laisse rarement indifférent. Génial, bourreaude travail, fonceur, provocateur, mégalo, ingérable… dans lepetit monde de la recherche en santé, chacun a une opinionbien tranchée sur le personnage. Mais sa nature impétueuseest aussi à l’origine des plus grandes découvertes sur la géné-tique du diabète et de l’obésité.

Pour soutenir la recherche médicalesur la génétique dudiabète et l’obésité

faites un don à l’Institut Pasteur

de Lillewww.pasteur-lille.frphilippe Froguel

trublion génétique

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l’Institut national de la recherchemédicale, ni la société françaised’endocrinologie ne voudront finan-cer cette recherche. « A l’époque jen’étais qu’un simple chef de cliniqueen diabétologie. Ils me considéraientcomme un dangereux mégalo. »

Recherchesd’utilité publiqueEt ça continue ! « En y réfléchissantbien, mes découvertes les plus impor-tantes, celles qui ont été publiéesdans les revues les plus prestigieuses,n’ont pas été financées par des créditspublics », poursuit le Pr Froguel quiestime que l’innovation n’est pasassez soutenue et la recherchefrançaise trop recroquevillée surses vieilles gloires. Et ce qu’il pensePhilippe Froguel le dit, l’écrit,quitte à se créer de solides inimi-tiés. « En vieillissant j’ai renoncé àchanger le monde, mais si je peuxfaire bouger les lignes là ou j’estimeavoir une expertise alors je n’hésitepas à utiliser ma notoriété. »Sa première « croisade» l’opposera,en 1994 à son patron au CEPH,

Daniel Cohen prêt à offrir à lasociété de génomique américaineMillénium l’accès exclusif à sesbanques de données ADN enéchange de financements. Phi-lippe Frogel réussit à faire capoterl’accord qui aurait « bradé les outilsde la recherche française » mais seretrouve placardisé.Pas très longtemps puisque le Cen-tre national de la recherchescientifique (CNRS) et l’Institut Pas-teur de Lille lui ouvrent leursportes en 1995. Il crée, à Lille, unenouvelle unité de recherche cen-trée sur la « génétique des maladiesmultifactorielles ». En 2000, devantle refus du gouvernement françaisde le nommer professeur d’unechaire de biochimie de la nutrition,Philippe Froguel part à Londrescréer un Centre Génomique, puisun département de médecinegénomique dans la capitale britan-nique, en tant que Professeur del’Université de Londres. « J’étais prêt à emmener mon labora-toire mais le directeur de l’institut,André Capron, m’a convaincu de res-ter et je ne l’ai pas regretté ». Abonnéà l’Eurostar, Philippe Froguel

partage son temps entre ses deuxlaboratoires de chaque côté de laManche, s’installe un temps enAngleterre avant de revenir poserses valises il y a trois ans dans lequartier populaire de Wazemmes.

Vers la médecinepersonnaliséePhilippe Froguel et ses équipes ontidentifié de nombreux gènes responsables du diabète et del’obésité. « J’ai travaillé sur l’obésitéparce que 80% des obèses sont dia-bétiques et je pensais que la géné-tique de l’obésité ferait avancer celledu diabète mais finalement la géné-tique a décrit d’autres processus. »« Ce qu’on sait de la génétiqueaujourd’hui nous permet de mieuxcomprendre les maladies et d’envisa-ger une médecine personnalisée.Mais pour le bien portant la géné-tique ne prédit rien, prévient le Pr Froguel. Pour connaitre son aveniren santé, séquencer son génome,comme peuvent vous le proposer certaines sociétés sur internet, c’estaussi fiable que de lire son horo-scope. » « En revanche, adapter le traitementen fonction des caractéristiquesgénétiques du patient ça marche ».Pour preuve, il cite le cas d’unejeune fille pour laquelle son équipea identifié une mutation du gèneimpliqué dans le transport dupotassium. Un mécanisme surlequel agit, en particulier, unevieille classe de médicaments, lessulfamides. « Elle n’arrivait pas àréguler son diabète avec l’insuline.Depuis qu’elle est passée aux sulfa-mides, sa vie a été transformée »savoure avec émotion ce râleurhumaniste qui n’a jamais oubliéque derrière le laboratoire il y a despatients qui souffrent. n

Préparation de l'échantillon d'ADN avant séquençage

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Kid campus

Du microscope de pasteuraux plateformes modernes

Mis au point au XVIe siècle, le microscope a connu une véritablerévolution technologique depuis 30 ans. Les scientifiquesutilisent des plateformes qui permettent d’observer désormaisà l’échelle nano. Celle de l’Institut Pasteur de Lille est l’une desplus importantes d’Europe en biologie santé. Bienvenue dans lemonde de l’infiniment petit.

A l’origineL’utilisation du microscope simple(constitué d’une seule lentille deverre à la manière d’une simpleloupe) en histoire naturelle remonteau XIVe siècle. L’invention du micro-scope tel qu’on l’entend classique-ment (composé de deux groupes delentilles) remonte quant à elle à la findu XVIe siècle sans qu’on sache exac-tement à qui attribuer la paternitéde cette invention : au mathémati-cien et astronome Galilée ou à unopticien hollandais du nom de HansJanssen. C’est un autre Hollandais,Antoni Van Leeuwenhoek, qui amé-liorera la technique et en fera unoutil privilégié de l’observation

biologique avec une optique per-mettant de grossir 200 fois. Il fut ainsil’un des premiers à décrire des bac-téries et les protozoaires, à détecterles globules du sang et à observerles fibres nerveuses et les cellules del’épiderme.

Du XIXe siècle à lamicroscopie d’aujourd’huiLe XIXe siècle va être un grand mo-ment de découverte microscopique.C’est à cette époque et grâce au mi-croscope que les savants décou-vrent la reproduction cellulaire, lerôle du noyau ou encore la divisioncellulaire. Les « microscopistes »,dont l’un des pionniers est sansconteste Louis Pasteur, découvrentles agents pathogènes et mettentainsi au point le dépistage des mala-dies et les cultures à la base des vaccins : la rage pour Pasteur, la tuberculose pour Koch et Calmetteou bien encore la peste pour Yersin. En 2013, les chercheurs travaillentavec de « super-microscopes » ausein de plateformes d’imagerie cellulaire qui permettent de voir cequi se passe au cœur des cellules etdes gènes.

La microscopiephotonique à superrésolutionLes microscopes photoniques sontles descendants des premiers micro-scopes mais la technologie dite desuper-résolution permet de visuali-

ser des objets à une résolution sousle micromètre, passant alors àl’échelle nanométrique (1 milliard defois plus petit que le mètre). Le prin-cipe du microscope de super-résolu-tion est basé sur l’observation d’uneseule molécule isolée à la fois, qu’ilest alors possible de localiser préci-sément au centre de la tache de lumière reçue. Ces microscopes desuper-résolution sont optimisés

Microscope à super résolution

Microscopeoriginal deLouis Pasteur

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pour l’observation très précise destructures à l’intérieur des cellules.Les chercheurs travaillent avec descellules ou tissus vivants et suiventle comportement de protéines ren-dues fluorescentes.

La cytométrie en fluxLa cytométrie en flux est une tech-nique qui permet de faire défiler desparticules ou cellules à grande vi-tesse dans le faisceau d'un laser afinde les compter et de les caractériseren fonction de leur fluorescence. Ellepermet, elle aussi, de travailler surdes cellules vivantes et d’observer àl’échelle de 200 nanomètres. Lesnouveaux appareils permettent defaire aussi de l’imagerie fine des cel-lules qui sont analysées à la vitessede 2000 cellules par secondes.

La microscopieélectronique Le microscope électronique à trans-mission ressemble à un microscopegéant. Le microscope électroniqueutilise les électrons pour observer leséchantillons. Son pouvoir de résolu-tion est de l'ordre du nanomètre. Ilpermet d'observer les organismestrès petits, de voir ce qui se passe aucœur des cellules, à l’intérieur des

bactéries et les virus, ainsi que l'ADN,des protéines et mêmes des nano-particules. Ici on peut zoomerjusqu’à 600 000 fois et observerjusqu’aux membranes des cellules etaux filaments des protéines ou en-core visionner le trajet des nanopar-ticules dans les cellules. Maisattention, les observations sous cetype de microscope demandent unegrande préparation. Il ne suffit pasde déposer une cellule sous l’op-tique pour en découvrir sa structureinterne : il faut bien préparer l’échan-tillon en le découpant avec des dia-mants en couches ultrafines afin dele poser sur des grilles d’une taille detrois millimètres maximum.

La microcopie à forceatomique Elle permet d’étudier la topologied’une structure biologique à l’échelledu nanomètre. Cette technique uti-lise une fine pointe pour « sonder »en surface des échantillons vivantstels que les cellules et les bactériesqui sont ainsi conservées dans unmilieu liquide. Elle permet d’étudier,à l’échelle du nanomètre, les pro-priétés mécaniques de la cellule :son élasticité, la viscosité des mem-branes biologiques… de faire desmesures de force, d’étudier, parexemple, la force d’interaction entreune molécule sur la pointe et son ré-cepteur à la surface de la cellule.

Le criblage à hautcontenuLe criblage à haut-débit permet detester le potentiel thérapeutiqued’un grand nombre de molécules enun minimum de temps ou d’évaluerl’impact de l’expression d’un gènedans une fonction cellulaire (divisioncellulaire, synthèse de protéines etrécepteurs). Les tests sont automati-sés, le bras du robot étant plus ra-pide et plus fiable que celui del’homme, il manipule les plaques où

sont ensemencées les cellules et unsystème d’enregistrement qui neressemble plus du tout à un micro-scope « classique », analyse les cel-lules de chaque puits de façonautomatisée. À ce haut-débit, désor-mais « classique » en imagerie cellu-laire de pointe, les chercheurs del’Institut Pasteur de Lille ont associéun système d’analyse à hautcontenu permettant d’étudier simul-tanément plusieurs paramètres(morphologie cellulaire, distributionde protéines marqués en fluores-cence, structure des composants dela cellule) à très haute résolution.Cette technique est particulière-ment pertinente pour découvrir denouvelles molécules thérapeu-tiques. n

le saviez-vous ?

Les nanotechnologies sont nées dans lesannées 1980 grâce au développement dumicroscope à force atomique qui permetd'observer et de déplacer les atomes et lesmolécules à l'unité. Mais la fabrication denanomatériaux est bien plus ancienne. Les

Romains du IVe siècle savaient déjàincorporer des nanoparticules d’or dans desobjets dont le plus connu est la coupe deLycurgue. Cette coupe en verre est verte maissi on l’éclaire de l’intérieur, alors elle apparaîtrouge en raison des propriétés optiques deces nanoparticules dans le verre !

Microscopeélectronique

Microscope à force atomique

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retrouvez toute la vie d’albert calmette, mais aussi lestémoignages de 90 acteurs du monde sportif, culturel,

économique et scientifique régional qui ont accepté demettre en avant leur épaule, lieu d’injection des vaccins, sous le

regard sensible du photographe sam bellet.plus que leurs épaules, comme autant de clins d’œil à l’histoire

de la vaccination, de calmette, du bcG et de notre fondation, ces 90 personnalités y dévoilent ce qui les rapproche des valeurs

et de l’engagement du personnage hors du commun qu’était albertcalmette.

“La passion d’épauler”

un livre événement pour l’année Calmette

calmette, Une vIe aU servIce Des hommesInstItUt pasteUr De lIlle

Bénéfices reversés au profit de la recherchemenée à l’Institut Pasteur de Lille

• photos d’épaule • récits de générosité

• témoignages

Fondation reconnue d’utilité publique

www.pasteur-lille.fr/calmette

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“La passion d’épauler”Marie-José Hermant, Philippe Scherpereel,Sam Bellet Editions Du Quesne - 152 pages - 30 €

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