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TOUS UNIS CONTRE L ' IMPERIALISME ! NUMÉRO 12 - FÉVRIER 2013 RIAL O ÉDIT 14H PLACE SAINT GERMAIN DES PRÉS Un slogan de plus en plus dur à crier et encore plus à réaliser. Il faut pour cela qu’il y ait un « ensemble » et c’est loin d’être encore le cas. Après trente ans de déculturation et d’acculturation volontaire, de dénigrement systématique de ce que nous sommes en tant que Français, après des litanies de films comme Dupont Lajoie et R.A.S, après la négation de notre culture , de notre pensée et la révision complète de notre histoire il est difficile pour un honnête homme de se rattacher à ce que notre école même dénigre et salie. Pire, notre propre pays instaure des « zones étrangères » où les immigrés sont majoritaires, où ni assimilation, ni intégration ne sont possibles où même le « Français de souche » comme on est obligé de l’appeler maintenant, est minoritaire, perdu, désorienté, déraciné sur son propre sol. Il ne reste plus qu’à encenser le soi-disant courage et la virilité d’une religion importée pour que nos fils, à qui l’on a désappris méthodiquement ce qu’ils sont, comme on détricote un pull, oublient jusqu’à leurs âmes et sombrent dans la honte et l’opprobre nationale. C’est le cas de ce renégat de Gilles Leguen alias Abdoul Jelil, petit breton transformé en terroriste salafiste qui menace son pays du fin-fond du Sahara. Voilà messieurs les gouvernants et les « bien-mal pensants » ce que votre politique délirante et machiavélique a porté comme fruit, des fils qui attaquent leurs mères ! Vous avez fait naître une génération qui renie tout ce quelle est, sa religion, sa culture, son histoire, sa famille et jusqu’à son nom ! Et tout cela pour quel résultat : la haine la plus viscérale contre soi-même ; en effet, ce pauvre Gilles-Abdoul en réalité se déteste et le prouve en déclarant la guerre à son pays, à sa mère patrie. Vous espériez que ces « hommes nouveaux » sans histoire, sans racine seraient plus flexibles, plus mobiles, plus dociles et se réfugieraient dans la consommation pour « avoir » à défaut d’être, et bien vous vous êtes trompés. L’homme a soif de vérité, cherche toujours sa vérité ses racines et s’il ne les reconnait plus, il les invente, il devient fou. Votre politique, messieurs les gouvernants, a bâti des rejetons dégénérés et déracinés en un mot dangereux. Mais face à cela, se lève dans toute la France, et dans le monde, des hommes au caractère bien trempé, imperméables à vos délires, qui ont toujours l’esprit de « l’homme ancien », de l’homme vrai, de l’homme de toujours. C’est lui qui se reconnaît en peuple et en nation depuis que le monde est monde, c’est lui encore qui écrit les codes qui régissent nos lois, bâtit nos cathédrales et nos cités, c’est lui toujours qui est prêt à se battre pour défendre ce que ses parents lui ont légué et pour avoir l’honneur de l’offrir à ses enfants. Cet homme là est le garant de toute civilisation et il existe encore. Pour l’instant, il attend, il connait trop la force de sa colère lorsqu’elle se déchaîne. C’est lui qui marchera, avec nous le 2 février à Paris « Contre tous les impérialismes ». TOUS ENSEMBLE ! AVEC NOUS CE MOIS - CI : MANIFESTATION SAMEDI 2 FÉVRIER À PARIS PIERO SAN GIORGIO JEAN PAUL GOUREVITCH NICOLAS TANDLER PIERRE HILLARD INTERVIEW CROISÉE AVEC SERGE AYOUB COMBIEN COÛTE L’IMMIGRATION ? LE PEN, UNE HISTOIRE FRANÇAISE LES ÉTATS-UNIS AU BORD DE LA FALAISE

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TOUS UNIS CONTRE L'IMPERIALISME !

NUMÉRO 12 - FÉVRIER 2013

RIALOÉDIT

1 4 H P L A C E S A I N T G E R M A I N D E S P R É S

Un slogan de plus en plus dur à crier et encore plus à réaliser. Il faut pour cela qu’il y ait un « ensemble » et c’est loin d’être encore le cas. Après trente ans de déculturation et d’acculturation volontaire, de dénigrement systématique de ce que nous sommes en tant que Français, après des litanies de films comme Dupont Lajoie et R.A.S, après la négation de notre culture , de notre pensée et la révision complète de notre histoire il est difficile pour un honnête homme de se rattacher à ce que notre école même dénigre et salie. Pire, notre propre pays instaure des « zones étrangères » où les immigrés sont majoritaires, où ni assimilation, ni intégration ne sont possibles où même le « Français de souche » comme on est obligé de l’appeler maintenant, est minoritaire, perdu, désorienté, déraciné sur son propre sol. Il ne reste plus qu’à encenser le soi-disant courage et la virilité d’une religion importée pour que nos fils, à qui l’on a désappris méthodiquement ce qu’ils sont, comme on détricote un pull, oublient jusqu’à leurs âmes et sombrent dans la honte et l’opprobre nationale. C’est le cas de ce renégat de Gilles Leguen alias Abdoul Jelil, petit breton transformé en terroriste salafiste qui menace son pays du fin-fond du Sahara. Voilà messieurs les gouvernants et les « bien-mal pensants » ce que votre politique délirante et machiavélique a porté comme fruit, des fils qui attaquent leurs mères ! Vous avez fait naître une génération qui renie tout ce quelle est, sa

religion, sa culture, son histoire, sa famille et jusqu’à son nom ! Et tout cela pour quel résultat : la haine la plus viscérale contre soi-même ; en effet, ce pauvre Gilles-Abdoul en réalité se déteste et le prouve en déclarant la guerre à son pays, à sa mère patrie. Vous espériez que ces « hommes nouveaux » sans histoire, sans racine seraient plus flexibles, plus mobiles, plus dociles et se réfugieraient dans la consommation pour « avoir » à défaut d’être, et bien vous vous êtes trompés. L’homme a soif de vérité, cherche toujours sa vérité ses racines et s’il ne les reconnait plus, il les invente, il devient fou. Votre politique, messieurs les gouvernants, a bâti des rejetons dégénérés et déracinés en un mot dangereux. Mais face à cela, se lève dans toute la France, et dans le monde, des hommes au caractère bien trempé, imperméables à vos délires, qui ont toujours l’esprit de « l’homme ancien », de l’homme vrai, de l’homme de toujours. C’est lui qui se reconnaît en peuple et en nation depuis que le monde est monde, c’est lui encore qui écrit les codes qui régissent nos lois, bâtit nos cathédrales et nos cités, c’est lui toujours qui est prêt à se battre pour défendre ce que ses parents lui ont légué et pour avoir l’honneur de l’offrir à ses enfants. Cet homme là est le garant de toute civilisation et il existe encore. Pour l’instant, il attend, il connait trop la force de sa colère lorsqu’elle se déchaîne. C’est lui qui marchera, avec nous le 2 février à Paris « Contre tous les impérialismes ».

TOUS ENSEMBLE !

AVEC NOUS CE MO IS - CI :

M A N I F E S T A T I O N S A M E D I 2 F É V R I E R À P A R I S

PIERO SAN GIORGIO

JEAN PAUL GOUREVITCH

N I C O L A S TA N D L E R

P I E R R E H I L L A R D

INTERVIEW CROISÉE AVEC SERGE AYOUB

COMBIEN COÛTE L’IMMIGRATION ?

LE PEN, UNE HISTOIRE FRANÇAISE

LES ÉTATS-UNIS AU BORD DE LA FALAISE

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Bonjour, dans chacun de vos livres la BAD, Base Autonome Durable, est un concept clé. Pouvez-vous définir ce qu’est une BAD ?

Piero San Giorgio : Une Base Autonome Durable est un lieu de sécurité et d’autonomie dans la durée. Sécurité (physique, etc...) et autonomie (alimentaire, économique, etc...) sont deux éléments qui feront de plus en plus défaut dans nos sociétés modernes et l’homme adulte qui prévoir l’avenir devrait de plus en plus se pencher sur les préparatifs nécessaires à les préserver.

Serge Ayoub : Lorsque nous avons théorisé le concept de Base Autonome Durable, notre idée était à tiroirs, en premier lieu réunir, c’est-à-dire permettre aux Français de se retrouver dans un lieu réel, concret, humain et non virtuel et anonyme comme nous l’impose de plus en plus l’évolution de la société. Dans un deuxième temps, la BAD a pour vocation de les faire agir de concert pour créer une contre-économie de résistance au système, cette économie ne devant pas seulement être une économie « contre » ce système mais également « tout contre ». Cela consiste à se servir au maximum du système pour soutenir son propre effort de dissidence.

Mais celle-ci ne peut se satisfaire d’une seule réponse économique et doit servir de point de ralliement politique à tous ceux qui refusent ce système. Ceci fait l’organisation nationale de ces BAD permet un maillage du territoire. Mais surtout, la BAD a un objectif révolutionnaire sur deux fronts : le premier en créant une nouvelle souveraineté basée sur la solidarité des communautés, le second de financer la grève générale soutenable qui est l’aboutissement politique et révolutionnaire de la BAD. Comment avez-vous découvert ce concept ? A-t-il été le point de départ de votre réflexion ?

Piero San Giorgio : J’ai découvert ce concept à la lecture du livre « G5G » de S.Ayoub, M.Drac et M.Thibaud, alors que j’étais déjà très loin dans ma démarche. C’est surtout lorsque j’ai réfléchi à comment structurer ma réflexion et mes solutions pour écrire mon livre « Survivre à l’effondrement économique », que j’ai repris, avec l’aimable autorisation des auteurs, le concept de la BAD.

Serge Ayoub : Le concept est, pour moi, issu de l’analyse de Georges Sorel sur les principes révolutionnaires de la

PIERO SAN G IORGIOP.1 ÉDITORIAL TOUS ENSEMBLE ! Serge Ayoub

P.2 INTEVIEW CROISÉE Piero San Giorgio et Serge Ayoub

P.5 SYRIE : FEUE LA POLITIQUE ARABE DE LA FRANCE Daniel Besson

P.6 LES ÉTATS-UNIS AU BORD DE LA FALAISE Pierre Hillard

P.7 ÉBULITION AU PAYS DES GLACES Georges Feltin-Tracol

P.8 COMBIEN COÛTE L’IMMIGRATION ? Jean-Paul Gourévitch

P.9 MR. GRIBOUILLE, PREMIER MINISTRE Benefactor

P.10 VALSE DES PANTINS ET BAL DES FAUX-CULS DANS LE CINÉMA FRANÇAIS L’Abbé Mickey

P.11 PANTOUFLAGE POLITIQUE À LA CFDT JC Rivière

P.12 LES SDF DE NOS JOURS... Anthonin Lamoureux

P.13 LE PEN : HISTOIRE DE DEUX GÉNÉRATIONS Nicolas Tandler

P.14 LA MISE À MORT Rubempré

P.15 EXÉGÈSE D’UNE EXÉGÈSE Louis Lenoble

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Salut Public : 10 rue Primatice - 75013 ParisDirecteur de la publication : Serge Ayoub

Imprimeur : Imprimerie FANLAC 18, rue du Président Wilson - 24000 Perigueux

Éditeur : WCH 115, rue du Fbg du Temple 75010 Paris

N°CPPAP: 0417 G 91322

L’ équipe de rédaction tient à remercier les auteurs suivants:

Philippe Landeux - Piero San GiorgioJC Rivière - Anthonin Lamoureux

Daniel Besson - Pierre HillardGeorges Feltin-Tracol - Benefactor

Jean-Paul Gourévitch - Louis LenobleL’Abbé Mickey - Nicolas Tandler

Rubempré

Contactez la rédaction : [email protected]

www.salutpublic.com

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INTERVIEW CROISÉE

SERGE AYOUB

B.A.D « Bases Autonomes Durables » : Serge Ayoub et Piero San Giorgio ont tous deux publié des ouvrages sur ce phénomène. À travers cette interview croisée, Salut Public dévoile deux points de vue complémentaires et poutant très différents.

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grève générale adaptés à notre temps et surtout du constat que pour qu’une grève soit « tenable » il lui faut une véritable assise populaire et financière. C’est ensuite le fruit de la réflexion des trois auteurs à partir du constat de l’effondrement politique de la Nation, qui anticipe l’effondrement économique. Surtout nous avions la volonté d’y apporter des solutions concrètes, réalistes et réalisables, loin des délires sans conséquence de l’extrême gauche et des TAZ (Temporary Autonomy Zone) d’Hakim Bey. A contrario de ce dernier, seul, à notre point de vue, le caractère « durable » de la révolte et de son organisation est révolutionnaire, sans cela, elle n’est qu’un dérivatif « bobo » qui ne sert in fine que le système qu’il combat. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre qu’une fois passé « l’espace temporaire de liberté » on retourne à l’esclavage quotidien plus en forme, plus performant, comme lorsqu’on revient de vacances… de plus par définition le temporaire ne dure pas et donc une révolution temporaire n’est pas une révolution.

Aujourd’hui on assiste non seulement à un engouement autour de Survivre à l’effondrement économique, mais à l’essor des « prepers » cherchant à développer leur propre BAD. Pour en avoir certainement rencontré quelques uns, diriez-vous qu’ils ont bien saisi le concept ? Seriez-vous optimistes sur leurs chances de survie en cas d’effondrement ?

Piero San Giorgio : Oui, il y a un phénomène sociétal qui démarre. Je crois que mon livre est sans doute tombé au bon moment, mais que la cause fondamentale est la de plus en plus très spectaculaire faillite de nos « élites » et de nos gouvernements à préserver durablement la prospérité construite au cours des trente glorieuses (et plus à long terme depuis des siècles). Il n’y a plus personne à la barre – ou alors il n’y a pas la lumière à tous les étages chez ceux prétendument à la barre ! Cela se voit de plus en plus ! Depuis la sortie de mon premier livre, j’ai pu rencontrer ou correspondre avec des centaines d’individus, de familles ou de groupes qui se préparent. Le niveau, l’avancement et l’ambition varient énormément et, de

plus en plus, ils tiennent compte d’une préparation plus « équilibrée » dans ce que je décris dans mes livres comme les « sept points fondamentaux » de la BAD : eau, nourriture, hygiène et santé, énergie, connaissance, défense et lien social. Si je suis optimiste ? Infiniment plus que pour ceux – riches ou pauvres – qui ne se préparent pas du tout !

Serge Ayoub : Cet engouement peut paraitre parfois un peu « bobo » de droite et s’enfoncer dans un « survivalisme » de peur, de repli sans but que de perdurer un peu plus après l’effondrement annoncé comme une apocalypse, mais quoi qu’il en soit, mieux vaut être mal préparé au pire, que pas du tout… Quand je dis mal, il faut le comprendre d’une manière politique et révolutionnaire. En effet, le repli sur soi du « survivalisme » ne mène à rien : une fois que vous avez sécurisé un lieu et fait un stock de lentilles conséquent que vous reste-t-il à faire ? Certains diraient de cultiver son jardin… et d’élaborer une petite économie de survie basée sur l’échange. Ce n’est pas admissible parce qu’il n’y a pas d’avenir à cela mais au mieux une régression. Je m’explique, la conception du survivaliste est de survivre, c’est-à-dire de durer malgré tout. Cela peut paraitre de bons sens, mais si l’on réfléchit un peu plus, s’il n’y a pas une solution politique à cette crise majeure elle n’aura pas de fin et arrivera ce qui doit arriver, l’inévitable fin du stock de lentilles ou pire l’attaque par d’autres groupes qui cherchent des lentilles… j’oserais ce paradoxe que la finalité du survivalisme c’est la mort. Au mieux retournerions-nous à un « post moyen-âge », ce qui n’a un intérêt que très limité. L’intelligence est de marier ces communautés à un réseau structuré, politique et à un objectif, la reconstruction d’une nation sur les ruines de la précédente. Cela ne peut donc se concevoir que par une abition politique forte. Un des aspects fondamental de la constitution d’une BAD est évidemment la sécurisation de celle-ci. En la matière, quels sont les éléments que vous jugez les plus cruciaux et les plus urgents à mettre en œuvre en cas d’effondrement économique et social ?

Piero San Giorgio : Tout d’abord, de comprendre que la défense commence dans sa tête… comprendre et assimiler mentalement et charnellement que se défendre, défendre sa famille, défendre les siens est autant un droit naturel qu’un devoir moral. Après, s’organiser seul, en famille ou – mieux – en groupe, peut prendre de nombreuses formes, liées à l’environnement urbain, géographique, climatique et légal ! Le plus crucial et le plus urgent c’est de constituer un « clan », un noyau de personnes sûres – probablement d’abord sa propre famille, des amis proches, des compagnons de combat politique… - pour s’organiser, mutualiser certains achats et formations, et varier les compétences. Après, le lien avec l’environnement proche (voisins, etc...) sera important pour établir des moyens de surveillance, de renseignement, d’alarme, etc... Tout cela peut être très subtil et très « humain » et, en cas de crise grave et de disparition de l’apparat sécuritaire d’état, passer à un niveau supérieur. Dans tous les cas, restez dans le cadre de la loi, notamment lorsque vous considérez des outils comme les armes à feu, etc...

Serge Ayoub : La première des sécurités est d’envisager une réponse à l’effondrement

Survivre à l’éffondrement économique

G5G - aux Éditions du Pont d’Arcole

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TOUS UNIS CONTRE L’IMPÉRIALISME !GRANDE MANIFESTATION UNITAIRE À PARIS

LE SAMEDI 2 FÉVRIERÀ 14H PLACE SAINT GERMAIN DES PRÉS

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de ce système économique et politique. En fait c’est l’organisation de la BAD dans le projet révolutionnaire plus vaste qui est le nôtre. Sans cela la BAD sombrerait dans les errements survivalistes, sans autre but que d’attendre, ou un miracle, ou plus sûrement à terme, la mort. Concrètement il faut allier plusieurs facteurs sécuritaires :

- l’édification d’un réseau national organisé avec un objectif politique clair, une organisation de type horizontal, autonome, ce qui permettrait de survivre à la disparition de la tête, et de fait, permettre l’émergence de cent têtes.- Un maillage national assez serré pour que les BAD ne soient pas trop éloignées les unes des autres, pour qu’elles ne soient pas à l’abandon et qu’elles puissent se secourir le cas échéant.- Le regroupement en structure plus large de plusieurs BAD situées sur le même secteur puis en régions est nécessaire.- La sécurisation des lieux propres à la BAD enfin, doit se concevoir de deux façons, l’une passive, l’autre active. La première se concentre sur l’infrastructure du site : barriérages, murs, protections, portes et accès, entrées-leurres, panic-room, réserves en vivres, sécurité incendie, issue de secours et véhicules pour s’extraire. L’autre plus active, s’organise autour des hommes et des armes. Ces armes doivent évidemment être légales et efficaces… Il s’agira des armes de poing ainsi que des armes auditives et visuelles. De toute façon j’expliquerai cela de façon exhaustive dans mon prochain essai à paraitre sur la BAD.

Quel peut-être l’intérêt de constituer une BAD si le scénario d’effondrement brutal ne se réalise pas ?

Piero San Giorgio : De recréer une économie solidaire et locale, le plus possible en dehors du système

économique classique, de plus en plus, il faut le dire, sous la mainmise de la haute finance et de la dématérialisation. Cela permettra de préserver un mode de vie véritablement humain et – je crois – seul capable de permettre une vie – pour nous, pour nos enfants – véritablement en phase avec les aspirations naturelles de l’Homme.

Serge Ayoub : Qu’il s’effondre comme un château de carte ou non, il est évident pour toute personne sensée que notre système ne convient plus, que nous ne sommes pas heureux et que cela ira quoi qu’il arrive de mal en pis. Le but ultime est de recréer une nation sur les ruines de la nôtre grâce à l’organisation nationale de la communauté issue des BAD dans une perspective révolutionnaire définie dans la doctrine du Solidarisme. Diriez-vous que la BAD est simplement un outil provisoire de survie ou peut-elle servir de foyer politique/économique/social à une reconstruction de la société ?

Piero San Giorgio : Pour moi, la BAD, n’a jamais été un outil provisoire. C’est d’ailleurs dans le « D » de « Durable » ! La force du concept c’est qu’une BAD peut être à l’échelle d’un individu, d’une famille, d’un village ou d’un quartier et à terme, pourquoi pas, une nation toute entière. La BAD a – par définition, et par essence – vocation à servir de foyer politique, économique et social pour solidifier et reconstruire une société. Ce projet est fondamentalement métapolitique. C’est bien pour cela que je m’efforce à promouvoir cette idée, surtout dans mon pays, la Suisse, où l’idée de BAD – finalement mise en pratique entre 1940 et 1945 - reste vive dans la mémoire collective !

Serge Ayoub : C’est un foyer politique, économique et social qui permet la survie pendant la période de crise, mais c’est aussi une arme qui autorise d’envisager une solution révolutionnaire à cette crise. Cette révolution remettra l’homme à sa place dans la nouvelle société et l’économie sera de nouveau à son service. La solidarité en sera le ciment et la base. Cette révolution sera solidariste ( lire dans ce sens la doctrine du solidarisme aux Éditions Pont d’Arcole et disponible sur le site de troisiemevoie.fr ). Quelque chose à ajouter ?

Piero San Giorgio : Oui, que votre pays, la France, traverse, me semble-t-il, une des périodes les plus sombres de son histoire. D’un point de vue strict de souveraineté, la France n’existe plus. C’est le moment où les vrais patriotes, les Hommes et les Femmes qui aiment leur nation, leur peuple, leur famille, doivent bien réfléchir à ce que nous réserve l’avenir et donc aux préparatifs nécessaires pour l’affronter et en transformer - inverser - l’inéluctabilité, pour recréer le monde qui permettra à votre pays de renaître. Une fois cette réflexion faite, il faudra passer à l’action.

Serge Ayoub : La BAD est un concept complexe et offensif, ce n’est en aucun cas une simple base communautaire de repli. Dans ce cadre les deux livres qu’a rédigé San Giorgio sont importants et complémentaires du livre à venir que nous ne tarderons pas à publier.

« G5G » et « Doctrine du Solidarime » disponibles :Le Local - 92 rue de Javel - 75015 Paris, sur le site troisièmevoie.fr et chez Librad: www.librad.com

« Survivre à l’éffondrement économique » disponible sur le site piero.com

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Le refus de l’ingérence

C’est aussi une trahison historique de la « poli-tique arabe de la France » créée par Napo-léon III et relancée par le Général de Gaulle, un refus de la grandeur pour s’aligner sur les États-Unis en tant que « brillant second » .

Il existe plusieurs entrées pour essayer de trou-ver le début de ce que l’on nomme « la poli-tique arabe de la France ». La politique Orien-tale de l’empereur Napoléon III est cependant la première qui soit empreinte d’une vision géopolitique : ancrer la rive septentrionale chrétienne de la Méditerranée - le « lac Fran-çais » - à la rive méridionale musulmane, pro-jeter la puissance de la France en direction de la mer Rouge et du golfe Persique. Napoléon III avait un grand projet en tête : un royaume arabe s’étendant d’Alger à Bagdad, sous la protection de la France et où Français et indi-gènes auraient des droits égaux.

L’autre grande réalisation de l’empereur fut d’avoir créé un corps de diplomates et une administration comprenant des lettrés, des universitaires et des commerçants spécialistes de ce « monde arabe » alors essentiellement encore sous domination Ottomane. La poli-tique étrangère n’est plus alors le simple fait du Prince, et donc soumise à des vicissitudes, mais devient une politique d’État garantissant à long terme le respect des principes. Vient ensuite le temps de la colonisation, celui des mandats Français au Levant après la Pre-mière Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale et la décolonisation.

La IVème République est hantée par le souve-nir de la collaboration et les chefs politiques

Israéliens useront et abuseront alors de notre auto-flagellation morale .Le 3 octobre 1957, la France et Israël signent un accord bilatéral qui prévoit la construction conjointe de la cen-trale de Dimona. Dans le nucléaire militaire la France fournit à Israël une unité de séparation de plutonium et les Israéliens auront accès aux données techniques du programme nu-cléaire militaire Français.

Cette collaboration fut facilitée par Guy Mol-let, secrétaire général de la SFIO et Président du Conseil de février 1956 à juin 1957. Guy Mollet est complètement fasciné par le jeune État Israélien et son « modèle socialiste ». Il en-tretient des relations privilégiées avec Shimon Pérès alors directeur général du Ministère de la Défense Israélien et les socialistes Français porteront ainsi devant l’histoire la responsabi-lité terrible d’avoir bouleversé l’équilibre stra-tégique au Proche-Orient en donnant à Israël la capacité de construire l’arme nucléaire.

Cette admiration des socialistes français pour Israël se double d’une haine rabique des chefs politiques arabes développant une idéologie nationaliste et laïque comme l’égyptien Nas-ser qui sont assimilés à Hitler dans leurs discours. Le paroxysme de cette haine décuplée par la guerre d’Algérie se manifeste dans l’inter-vention militaire de 1956 lors de « l’Affaire de Suez ».

Une fois l’hypothèque de la guerre d’Algérie levée le général de Gaulle lance au début des années 60 une politique de rapproche-ment avec le tiers-monde dont la « politique arabe » fut un des axes majeurs. Cette poli-tique présentait la France comme la puis-sance de référence d’une « troisième voie » entre le communisme soviétique et l’impéria-lisme américain. Cette politique arabe c’est aussi la défense des intérêts économiques et géopolitiques de la France par l’ouverture des marchés aux productions des entreprises Fran-çaises et la sécurisation de nos approvision-nements en hydrocarbures et leur indépen-dance vis-à-vis des multinationales pétrolières américaines. Il s’agissait de tenir notre rang à l’étranger, ce que l’on appelait la « grandeur », pour défendre notre indépendance natio-nale qui passait désormais par notre indépen-dance économique.

La politique étrangère de De Gaulle s’articule aussi autour d’une idée directrice, celle de l’in-dépendance nationale et donc du refus de l’ingérence. Cette attitude est jugée suspecte par Washington habitué à organiser des coups d’état de l’Amérique du Sud jusqu’à l’Iran de Mossadegh. Mais ce qui assurera le respect des nations arabes pour la France ce sera la fin du soutien aveugle de la France au visées expansionnistes israéliennes et ceci à la veille de la « guerre des 6 jours » en 1967.

C’est sur ce capital que prospéreront, avec quelques vicissitudes, les relations entre la

une sinistre pantalonade

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Le fait que des barbouzes Françaises opèrent en Turquie, en Jordanie et prêtent assistance aux Djihadistes les plus radicaux contre le gouvernement légitime Syrien est le résultat d’un processus lié à la réintégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN acté le 4 avril 2009 au sommet de l’Alliance par Nicolas Sarkozy. Cet atlantisme enragé de « l’Américain à passeport Français » est partagé par les chefs socialistes actuels, en particulier par François Hollande et Laurent Fabius, et rejoint le soutient compulsif de la SFIO à Israël, à l’OTAN et aux États-Unis au cours des années 50.

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s y r i e :

feue la politique arabe de la france

Construire l’arme nucléaire

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Daniel Besson

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France et les pays arabes durant prés de 40 années. Les « arabisants » du Quai d’Orsa continueront aussi de modérer les décisions en matière de politique étrangère que la consti-tution place pourtant à la discrétion du chef de l’État.

L’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir marque la rupture avec cette histoire. Son alignement sur la politique étrangère des États-Unis et en particulier la réintégration de la France au sein de l’OTAN est en complète contradiction avec les bases mêmes de la « politique arabe ». Les intérêts de la France n’existent plus en tant que tels mais uniquement associés et subor-donnés à ceux de l’impérialisme américain qui s’appuie sur le bras armé de l’OTAN. C’est en s’associant aux projets américains de remo-delage du Proche-Orient et du golfe Persique connus sous le nom de « Great Middle-East »

que la France peut espérer récolter quelques miettes du pillage comme le poisson-pilote recueille les débris du repas du requin .

Cette rupture passe par une attaque contre le dernier réduit des partisans d’une politique indépendante et arabophile : le Quai d’Orsay. La caricature de cette politique de destruction furent les « Sarko boys » à l’image de l’ambas-sadeur de France en « Tunisie libérée » (et isla-misée) Boris Boillon.

L’arrivée des socialistes au pouvoir en France en mai 2012 n’a rien changé fondamentale-ment à cette entreprise d’alignement sur les États-Unis et de renoncement à notre gran-deur à l’international. Ceux-ci, nous l’avons déjà lu sur Salut Public, sont le « bras gauche de l’atlantisme » en France. S’il y a bien une continuité entre Sarkozy et Hollande, c’est

l’alignement sur le projet américain de recom-position du Proche-Orient et du golfe Persique qui passe par des changements de régime et qui s’oppose directement au respect gaullien de l’indépendance nationale et au devoir de non-ingérence. Il se manifeste ainsi par le maintien à son poste de l’ambassadeur de France au Conseil de Sécurité de l’ONU, le bel-liciste Gérard Araud. De la même manière, et quelques soient les récupérations ou exégèses qui aient pu être faits de ses propos, il n’en reste pas moins que le 1er secrétaire du PS François Hollande a bien dénoncé le 30 novembre 2005 l’existence de cette « politique arabe » lors d’un discours au CRIF ainsi que l’existence se-lon lui d’une « idéologie déséquilibrée » (parce que pro-arabe) au Quai d’Orsay !

Après d’âpres discussions jusqu’à la date fatidique du 31 décembre 2012, le Congrès des Etats-Unis a adopté par 257 Oui contre 167 Non un accord permettant d’augmenter les impôts et de taxer les plus riches. Le président Obama semble avoir gagné. Cependant, en y regardant de plus près, on se rend compte que c’est une victoire à la Pyrrhus. En effet, même si 650 milliards de dollars supplémentaires doivent être engrangés sur 10 ans grâce à l’apport des classes sociales les plus aisées, le fond du problème n’est absolument pas réglé. Le creusement du déficit budgétaire américain est colossal. Les baisses d’impôts accordées dix ans auparavant par le Président Bush ainsi que les guerres multiples menées à l’extérieur ont conduit les Etats-Unis dans une situation désespérée. Les Républicains ont lâché du lest face aux démocrates en leur accordant deux mois de répit. Deux choses n’ont pas été réglées au soir du 31 décembre et reportées d’ici à fin février/début mars : la réduction des dépenses et le relèvement de la dette.

Dans le premier cas, il s’agit de sabrer dans les dépenses militaires, chose dont les Républicains ne veulent pas entendre parler. Le budget du Pentagone engloutit plusieurs centaines de milliards de dollars. Une réduction drastique conduirait à une déstabilisation des forces militaires américaines engagées aux quatre coins du monde. Ayant été obligé de passer sous les fourches caudines démocrates, le parti républicain tient à faire payer très cher à ce parti l’accord du 31 décembre. Après avoir lâché prise en partie à la veille du nouvel an, c’est désormais au parti du président de montrer qu’il est prêt à faire des sacrifices en acceptant des réductions de dépenses à hauteur de 110 milliards de dollars. L’autre épée de Damoclès concerne le relèvement du plafond légal de la dette américaine. Celle-ci ne peut se faire qu’avec l’accord du Congrès. Cette

prérogative remonte à 1917, époque où le déficit américain était de… 11,5 millions de dollars. Relevé dix fois depuis 2001, le plafond de la dette était limité à 16 394 milliards de dollars pour l’année 2012. Depuis le début de l’année 2013, le chiffre a été dépassé comme l’indique l’implacable horloge affichant les déficits en tout genre (Usdebtclock). Les États-Unis peuvent vivre encore deux mais en utilisant des expédients. Cependant, si le marchandage en cours entre les deux partis n’aboutit pas, à la date du 1er mars 2013, des coupes automatiques s’abattront sur l’État fédéral. Un gel automatique des crédits de l’État fédéral s’ensuivra avec, en cascade, une série de secteurs touchés par des réductions drastiques : les dépenses militaires et les dépenses sociales (éducation, logement…). Le tout aboutira à la perte de centaines de milliers d’emplois. Les États-Unis sont donc sur un fil. Cependant, avant même cette possible sanction, les agences de notation peuvent aggraver la situation. Mécontentes de l’accord bancal du 31 décembre 2012, celles-ci pourraient faire payer aux Etats-Unis leurs atermoiements. Déjà, au cours de l’été 2011, l’incapacité des deux formations politiques à s’entendre sur la réduction des déficits avait conduit l’agence de notation Standard and Poor’s à dégrader la note de la dette souveraine. Rien n’interdit une redite.

Peu importe l’évolution de la situation et les rivalités sourdes entre les politiques américains, un élément doit être conservé à l’esprit : la volonté de créer un bloc Nord-américain unifié politique, économique et militaire. Cette ambition officiellement lancée en 2005 devait théoriquement voir le jour en 2010. Bien entendu, cette date se doit d’être vue comme un indicateur – une période de temps retenue – et non comme une date figée. Ce projet médité depuis longtemps ne peut voir le jour qu’à partir du moment où l’on allume une mèche conduisant au chaos économique et social. L’endettement colossal minant les forces vives américaines est un excellent moyen pour dynamiter les structures politico-économiques des Etats-Unis permettant une bascule vers une étape supérieure. Rien n’interdit que d’autres éléments s’ajoutent pour amplifier le feu purificateur (un attentat terroriste gravissime par exemple). Cette création d’une entité nord-américaine est la condition préalable à l’instauration d’un bloc euro-atlantique que des textes officiels prévoient, pour certains, au milieu de l’année 2014, d’autres pour 2015. Même si la chose voit le jour un peu plus tard, nous sommes plus très éloignés de profonds bouleversements dignes de la formule Ordo ab chao.

les états-unis

au bord de la falaise

Quelques miettes du pillage...

Un gel des crédits de l’État fédéral

Le chaos économique et social

Pierre Hillard

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INTERNATIONAL / INTERNATIONAL / INTERNATIONAL / INTERNATIONAL / INTERNATIONAL / INTERNATIONAL/ INTERNATIONAL

Cette île de 103 000 km2 située au nord de l’Atlantique près du Cercle Arctique, au milieu hostile, polaire et volcanique, compte environ 330 000 habitants, principalement concentrés dans la capitale, Reykjavik. Les Islandais sont les descendants des colons vikings arrivés au Haut Moyen Âge si bien qu’à part une minorité polonaise de travail (3 %), la population présente la particularité d’être toute apparentée au septième degré.

Territoire danois jusqu’en 1944, l’Islande indépendante, si elle ne dispose d’aucune force armée, participe dès l’origine à l’O.T.A.N. La vie politique s’articula longtemps autour de l’entente entre le Parti de l’Indépendance, conservateur, et le Parti du Progrès, libéral et atlantiste.Au cours des décennies 1990 et 2000, l’Islande devint l’un des États de la planète à bénéficier d’une croissance économique élevée. Le gouvernement de droite, hostile à toute adhésion à l’U.E., rêvait d’en faire un « Hong Kong de l’Atlantique Nord » et encourageait le crédit. Harcelés par des conseillers financiers, les ménages islandais s’engageaient dans des emprunts colossaux du gaspillage consumériste. Or, dès 2006, se manifestèrent les premiers signaux d’une surchauffe économique et d’un éclatement imminent de la bulle spéculative. Quand vint la crise de 2008, l’Islande se retrouva avec un surendettement faramineux. Les trois principales banques durent être nationalisées en urgence tandis que le P.I.B. s’effondrait de 10 % et que la couronne islandaise perdit 50 % de sa valeur face à l’euro. La faillite de milliers d’épargnants déclencha alors une « révolution des casseroles ». La capitale connut des manifestations contre le gouvernement, les banques et les institutions qui dégénérèrent parfois en émeutes, fait exceptionnel pour une société réputée consensuelle…En 2009, le Premier ministre, Geir Haarde, demanda un prêt financier au F.M.I. En vain ! Il se tourna ensuite vers Moscou qui allait

lui accorder trois millions de livres sterling quand la transaction fût interrompue sous la pression énergique conjuguée de l’O.T.A.N., de Londres et de Washington, inquiets de voir l’« ours » russe s’implanter sur un point névralgique de l’Atlantique-Nord.En février 2009, Haarde démissionne. Le nouveau Premier ministre est une femme, Johanna Sigurdardottir, présidente de l’Alliance, qui conduit un gouvernement minoritaire soutenu par le Mouvement des Verts et de Gauche (M.V.G.). Lancée en 1998 et affiliée à l’Internationale socialiste, l’Alliance regroupe le Parti social-démocrate, l’Alliance du peuple, le Réveil de la nation et la Liste des femmes. Quant au M.V.G., adhérent à la Gauche verte nordique, qui se définit comme socialiste, écologiste, féministe et pacifiste, il apparaît en 1999. Il ne cache pas son hostilité à l’O.T.A.N. et à l’U.E.

La « révolution des casseroles » a bouleversé les mentalités politiques. Haarde et des responsables financiers ont été arrêtés, inculpés et jugés au printemps 2012 par la Haute-Cour de justice d’Islande pour « grande négligence et violation des lois sur la responsabilité ministérielle ». Reconnus coupables, ils échappent néanmoins à toute condamnation pénale !

Mais l’attention du monde se focalisa sur le net rejet des Islandais envers les accords de remboursement de la dette bancaire (trois milliards de dollars !). N’ayant pas oublié que le Premier ministre britannique, Gordon Brown, fit inscrire leur île parmi les États terroristes afin de s’emparer des avoirs des filiales britanniques de la banque islandaise Landsbanki avant sa nationalisation, les citoyens islandais rejetèrent à deux reprises par voie référendaire les modalités pratiques conclues avec Londres et Amsterdam. L’initiative revenait au président de la République Grimsson qui y apposa son veto, ce qui entraînait automatiquement un référendum. Le 6 mars 2010, le non obtint 93 % (pour un taux de participation de 63 %). Le nouvel accord ne convint toujours pas au président qui s’y opposa encore, d’où la consultation du 9 avril 2011 (58,9 % de non et 70 % de participation).

Dans le même temps, Sigurdardottir favorisa une révolution sociétale et politique d’ampleur. Cette lesbienne a légalisé en 2010 l’homoconjugalité et proposé la révision de la constitution de manière originale. Mille citoyens ont été tirés au sort dont six cents qui acceptèrent de se porter candidats. Les vingt-cinq heureux élus ont formé une « Commission constituante » qui a utilisé les réseaux d’Internet : Facebook, Twitter et You Tube. Résultat, 12 % des Islandais ont donné leur point de vue au débat constitutionnel.

La nouvelle constitution a été adoptée le 20 octobre 2012 par 66,3 % des votants, mais ce référendum n’était que consultatif. Pour que le texte soit entériné, l’Althing (le Parlement) doit l’approuver deux fois dont la seconde après des législatives. Or la droite bloque tout scrutin…

L’exaspération contre la classe politique continue. En juin 2010, Reykjavik a élu son nouveau maire, Jon Gnarr, acteur et humoriste de son état qui se revendique indépendant, apolitique et très critique envers le Système. Le « populisme » atteint même maintenant les rives glacées de l’océan boréal…

La crise économique dévaste la Grèce, ruine l’Italie, asphyxie l’Espagne, ravage le Portugal, menace la France… Marchés financiers et agences de notation occidentales démontrent l’impuissance du pouvoir politique. Il existe pourtant aux marges du continent un peuple qui a su se faire respecter des banquiers : l’Islande.

Révolution des casseroles

Rejet du remboursement de la dette bancaire

Une nouvelle constitution

ÉBULITION AUPAYS DES GLACES

Georges Feltin-Tracol

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Dans les débats sur le coût de l’immigration qui se déroulent actuellement entre experts (Xavier Chojnicki, Lionel Ragot, Yves Laulan, Gérard Pince...) et qui sont relayés par la grande presse (L’Express, les Inrocks, Le Monde...) la question de la méthodologie est primordiale.

Quelle base de données prendre, les immigrés ou leurs descendants, les immigrés légaux ou également ceux qui sont en situation irrégulière ? Comment calculer le nombre des uns et des autres ?Le rapport dépenses/recettes est-il le seul à porter à la connaissance du public ou faut-il tenir compte de la rentabilité des investissements consentis en faveur de l’immigration ?

Appartient-il à des experts non politiques de proposer des mesures destinées à réduire ce qui apparaît à la très grande majorité d’entre eux comme un déficit structurel ?

Sur tous ces points la monographie que nous venons de produire pour Contribuables Associés « L’immigration en France : dépenses, recettes, investissements, rentabilité » qui résume les travaux entrepris depuis une vingtaine d’années résume clairement notre position. La population étudiéeLe public concerné est celui des immigrés présents sur l’ensemble du sol national, Outremer compris, qu’ils aient acquis ou non la nationalité française, et de leurs descendants directs nés en France ou à l’étranger qui doivent être comptés comme population étrangère s’ils sont nés de deux parents immigrés et pour la moitié

s’il s’agit d’un couple mixte. On notera qu’on ne peut totalement se référer aux statistiques officielles qui ne décomptent que ceux qui ont voulu ou pu se faire recenser. Les experts de l’INSEE estiment que la marge d’erreur se situe entre 1,5 et 3%. Dans le même esprit il est impossible de négliger les immigrés en situation irrégulière même si leur nombre est difficile à appréhender avec certitude. Nous disposons de plusieurs indicateurs : nombre de demandes d’asile enregistrées, de déboutés, de placements en rétention, d’arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière non exécutés, d’utilisateurs de l’AME, qui permettent entre des estimations qui vont de 200.000 à 1,5 million de parvenir à une fourchette qui se situe entre 350.000 et 750.000 en métropole. L’analyse des coûts et des investissementsL’ensemble des dépenses et des recettes doit être appréhendé. Les dépenses doivent prendre notamment en compte la part des coûts de structure, sécuritaires, des coûts sociétaux et fiscaux (contrefaçon, fraudes, prostitution...) sociaux ou éducatifs (coûts de l’accueil des 284.659 étudiants étrangers accueillis dans l’année 2010-2011) imputables à la population étudiée. Les recettes, outre les contributions sociales et fiscales des immigrés au budget de l’Etat concernent aussi les frais d’entrée sur le territoire, les amendes infligées aux entreprises qui emploient des immigrés sans titre de séjour ou aux organisations et aux particuliers pratiquant la fraude à l’identité. Le déficit que nous avons constaté de 8,760 Milliard d’euros dont 3,209 milliards d’euros imputables à la seule immigration irrégulière est calé sur les données précédentes. Sur les investissements et leur rentabilité, deux paramètres différents sont à considérer : ceux destinés à réduire les flux migratoires, ce qui est un des objectifs poursuivis par l’aide publique au développement, ont clairement un effet contraire à celui qui était attendu puisque le nombre des entrées légales d’immigrés et ce que l’on sait des entrées illégales ne diminue pas bien au contraire. Ce ne sont pas les plus pauvres qui émigrent mais ceux qui disposent d’un capital financier pour payer leur passage et le début de leur séjour, d’un capital intellectuel pour vendre leurs compétences et d’un capital relationnel pour trouver dans la diaspora établie sur place des soutiens pour se procurer un logement, du travail, des papiers et faire partie d’un réseau actif. Les aides au développement et les transferts de fonds en augmentent le nombre.

Il est plus difficile de mesurer l’impact des politiques d’intégration en faveur des immigrés et de leurs descendants (formation et éducation, aide au logement, discrimination positive, financement des associations œuvrant en faveur des immigrés qui a certes un impact en matière de productivité et de contribution positive des immigrés au PIB de l’économie nationale mais qui ne peut être évalué que sur une longue période). Au total sur 8,652 milliards d’investissements consentis, la rentabilité est nulle pour les 3,277 milliards d’euros dépensés directement ou indirectement pour la régulation des flux migratoires et difficilement mesurable pour les 5,375 milliards d’euros consacrés à la politique d’intégration. Il apparait toutefois que les actifs immigrés rapportent à l’État plus qu’ils ne coûtent alors que les immigrés coûtent plus qu’il en rapportent. Les hypothèses de réduction des déficitsDe notre point de vue, il n’appartient pas à des experts d’indiquer quelles sont les mesures à prendre en priorité pour réduire le déficit de l’immigration ni même s’il est opportun de les prendre car ceci relève de la décision des citoyens et de ceux qu’ils ont choisis pour les représenter. En revanche il n’est pas interdit d’établir des simulations pour déterminer quelles seraient celles dont l’impact serait le plus immédiatement efficace. Nous en avons listé cinq :

C O M B I E N C O Û T E L ' I M M I G R AT I O N ?

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Jean-Paul Gourévitch est l’un des rares experts à avoir le courage d’analyser les coûts de l’immigration en s’affranchissant de tout parti-pris idéologique. Si ces recommandations pour réduire ces coûts s’éloignent du point de vue de la rédaction de Salut Public, son approche a le mérite de fournir des éléments de contre-argumentation à l’immigrationisme ambiant.

La population étudiée

L’analyse des coûts et des investissements

Les hypothèses de réduction des déficits

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De la TVA sociale aux plus-values d’entreprises, de la tranche marginale de l’impôt sur le revenu à la fiscalité des successions, en passant par l’effort non quantifié demandé aux banques et aux compagnies pétrolières, monsieur Gribouille n’aura pas ménagé sa peine pour bien mériter son surnom. Démonstration.

Durant l’été 2012, Jean-Marc Ayrault confirmait crânement devant l’Assemblée les orientations politiques et fiscales fixées par François Hollande et ce, en dépit d’une révision à la baisse des prévisions de croissance économique, soit 0,3% de croissance cette année et près de 1,2% l’an prochain, contre 0,7% et 1,7% escomptés jusqu’alors.

L’objectif affiché consiste à ramener le déficit public à 4,5% du PIB fin 2012 tout en donnant une couleur rosacée aux mesures prises dans cette perspective. Pourtant, dès l’automne, les atermoiements, correctifs et revirements souligneront avec cruauté l’impréparation et l’amateurisme du gouvernement de l’ancien maire de Nantes.Ainsi, François Hollande avait fait de l’égale taxation des revenus du travail et du capital, le grand principe de sa réforme

fiscale. Pourtant, avant même que le débat parlementaire ne féconde ce marqueur de politique économique, le gouvernement renoncera soudainement à cet engagement majeur, rétablissant le taux forfaitaire de 19% pour ceux qui ont détenu 10% du capital d’une entreprise pendant au moins cinq ans.

Face à la levée de boucliers des entrepreneurs français, le va-de-la-gueulisme socialiste s’est piteusement mué en retraite ordonnée. La raison de cette débandade ? Simple, évidente, connue : taxer les revenus du capital diminue les incitations à l’épargne et à l’investissement, ce qui réduit la formation brute de capital fixe et par conséquent la croissance.

La prise en compte tardive du coût indirect d’une telle mesure ajoutait une nouvelle perle au collier de ridicule porté avec une belle dignité par monsieur Gribouille.

Pratiquement dans le même temps, en octobre, monsieur Gribouille en personne montait au créneau pour endosser la responsabilité de l’annonce prématurée de l’adoption du projet de loi sur le logement social, porté par la ministre de l’Égalité des territoires et du Logement Cécile Duflot, et prévoyant la cession à bas prix, voire gratuite, de terrains publics, ainsi que le relèvement du taux minimal d’habitat social dans les communes.

Fait inédit dans l’histoire de la cinquième république, un premier ministre se dispense de l’imprimatur du Conseil constitutionnel et annonce l’adoption d’une loi non adoptée, au mépris de la Constitution.

Bravo, monsieur Gribouille, pour ce geste très technique, comme disent les commentateurs sportifs, la France, et plus particulièrement le peuple politique de droite, vous remercient, les occasions de rire sont assez rares ces temps derniers.

MR. GRIBOUILLEPREMIER MINISTRE !

Benefactor

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. la réduction d’un point de différentiel de chômage de la population immigrée par rapport à la population nationale. la réduction d’un point du différentiel de revenu de la population immigrée par rapport à la population nationale. l’accueil chaque année de 100.000 immigrés actifs, occupés et célibataires. la régularisation annuelle de 30.000 immigrés actifs et occupés . la diminution annuelle de 20% du stock des immigrés en situation irrégulière (hors régularisation). Aucune de ces mesures à elle seule n’est susceptible de réduire totalement le déficit dû à l’immigration même si la troisième apparait comme la plus efficace. Mais il ne faut pas se dissimuler que ces immigrés auront un jour des enfants ce qui créera à nouveau des coûts. En revanche la combinaison de toutes ces hypothèses serait de nature à le diminuer sensiblement.

Enfin on n’oubliera pas que l’immigration ne peut pas seulement s’analyser en termes comptables. Comme nous l’avons dit dès l’introduction de la monographie, « les migrations ne sont pas seulement l’arithmétique des entrées et des sorties, l’équation entre les dépenses et les recettes, ou la cartographie parfois chaotique des parcours. Chaque migrant porte en lui l’espoir d’une vie meilleure pour lui et sa famille. Une politique nationale et plus encore multinationale suppose la prise en compte de l’ensemble des dimensions des flux migratoires ».

Jean-Paul Gourévitch

Consultant international sur l’Afrique et les migations

Si l’on devait qualifier la politique économique conduite depuis l’origine par notre premier ministre, je pense que « Gribouille » formerait à n’en point douter l’épithète le plus complet, le plus englobant, le plus performatif.

Un joli collier de ridicule...

Une belle occasion de rire !

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Déconnexion des réalités sociales

DANS

LE CIN

ÉMA F

RANÇ

AIS VALSE DES PANTINS ET BAL DES FAUX-CULS

Libre-échangisme mondialisé

L’Abbé Mickey

10

Finalement, tout sera parti de l’affaire Depardieu. Il aura suffi que notre Obélix national se transforme en refuznik fiscal de Mordovie pour que la vague d’indignation déferle, et que sans rire, toute l’intelligentsia du PS en appelle au patriotisme, terme jusque là assimilé à une forme suspecte de crypto-fascisme.

Il faut admettre que notre « valseuse » a fait fort : expatriation à 3 Km de la frontière, tribune dans le JDD, embrassade avec un Poutine un tantinet taquin, passeport russe et permis de conduire belge. Comme dirait Dieudonné, ça sent la quenelle de 150, mais après un quadruple pontage coronarien, n’importe qui envisagerait les droits de successions de ses multiples enfants légitimes (ou naturels) comme une échéance pas si éloignée que ça.

Que Depardieu clame sa citoyenneté du monde alors qu’il incarne de façon caricaturale l’enracinement rabelaisien n’est pas le moindre des paradoxes, et il est vrai que dans le cinéma français, terre d’inconscience politique et de conformisme sociétal, ils ne manquent pas. Énumérons.

Ce qui choque avant tout c’est bien sûr les sommes astronomiques encaissées par la caste cinématographique qui ne se reconnaît aucune patrie (trop

ringard), et qui en terme idéologique, offre une diversité à peu près équivalente à celle d’une école de journalisme, où l’unanimisme gauchiste atteint des scores nord-coréens.

Plus choquant, les salaires les plus faramineux profitent à des expatriés bien-pensants, les Dany Boon et Omar Sy ont en effet rapidement pris pied à Los Angeles, après avoir accumulé en France un magot financé à la base par de l’argent public, celui du CNC, des régions, ou des chaînes françaises qui en vertu de leur cahier des charges ou même de la loi ont l’obligation d’investir dans les productions françaises. Certes dans le cas des Ch’tis ou des Intouchables le succès était avant tout public, loi du marché direz vous, mais si on y regarde de plus près, ces deux arbres cachent une forêt de subventions et de privilèges trop longs à énumérer donnant naissance à une quantité de films irregardables, et d’ailleurs irregardés.

C’est Maraval, le président de Wild Bunch, qui a craché le morceau le premier : « les acteurs français sont trop payés ». Et pas seulement les acteurs ajoute-t-il en prenant pour exemple le réalisateur Philippe Lioret, qui ramasse 250 000 par film. « À raison d’un film tous les trois ans, ça équivaut à un salaire brut de 5500 € par mois » se défend l’intéressé, rien de choquant, donc... Sauf que Lioret oublie d’évoquer les droits d’auteurs qui suivent, et surtout un autre privilège du cinéma français, l’assurance chômage

des fameux intermittents qui lui permet d’accumuler des allocations indexées sur un salaire consistent pendant ses longues périodes « d’inspiration ». Rappelons que le régime des intermittents du spectacle représente à lui seul un tiers du déficit de l’UNEDIC, pris en charge, lui aussi, par l’ensemble des salariés et contribuables français…

Enfin le cinéma français n’est pas soumis aux règles de l’OMC, mais protégé par l’exception culturelle, autre régime d’exception qui le met à l’abri de la concurrence féroce des productions étrangères, notamment américaines. C’est cette « sortie » des règles de l’OMC qui permet le système des subventions publiques et privées sur un critère national, normalement interdites par les règles sacro-saintes du libre-échangisme mondialisé de la commission européenne. En vérité, tout cela ressemble fort à un système de préférence nationale déguisé chère à un certain Jean-Marie, système qui ne choque pas le moins du monde nos belles âmes du cinéma que l’on retrouve régulièrement en première ligne des manifestations de sans-papiers, clamant leur attachement à l’ouverture sur le monde et leur haine des frontières.

Notre ami Philippe Lioret justement, qui y sera allé lui aussi de son sermon sans-papiériste avec le médiocre Welcome (y’en a d’autres…), se piquera même de quelques leçons d’histoires en assimilant dans ses interviews la situation des clandestins de Calais à celle des juifs sous le régime de Vichy. De telles crétineries sont légion dans le cinéma français, la jouissance des privilèges et l’abus de protections dominantes aboutissant très naturellement à une totale déconnexion des réalités sociales ou historiques. On aurait pu répondre à ce brave Lioret, que non content d’incarner lui et sa profession la pierre angulaire du programme du Front National (que ce dernier souhaite simplement étendre aux classes populaires précarisées), il profite d’un système de subvention et de protection nationale mis en place par l’ancêtre du CNC, le COIC, Comité d’organisation de l’industrie cinématographique, première institution de défense du cinéma français fondée par… le gouvernement de Vichy.Un magot accumulé en France

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Ceux qui avaient encore un doute sur les liens très forts qui lient le parti socialiste et la CFDT peuvent être rassurés : ce n’est pas demain que l’on verra l’émergence d’un syndicalisme libre et indépendant au service exclusif des travailleurs.

François Chérèque, ex-secrétaire général de la CFDT, ainsi que deux de ses plus proches collaborateurs auront retrouvé un travail très rapidement. Ce dernier sera chargé d’évaluer les politiques sociales en tant qu’expert à l’inspection générale des affaires sociales. Être juge et partie, pourquoi pas, il ne reste plus qu’à décortiquer ce qu’auront été les propositions socialistes en matière sociale et quelles actions le parti socialiste aura soutenu pour s’apercevoir sans difficulté de la collaboration très étroite entretenue par le PS et la CFDT. Comme cela ne lui donne pas assez de travail, F. Chérèque prend aussi la direction du groupe de réflexion Terra Nova. Il sera ainsi au cœur du système, ce qui est très prometteur. La double appartenance aux deux organisations étant une habitude prise par beaucoup de militants et de certains dirigeants, à l’instar de ce qu’auront été les liens indéfectibles entre le PCF et la CGT.

Cette collusion remonte quasiment à la rénovation du parti socialiste lors du congrès d’Epinay en 1972, la CFDT abandonnant peu à peu l’idée d’auto-gestion pour se transformer de plus en un syndicat réformiste, participant ainsi à l’élaboration du contenu social de la politique envisagée par le PS en cas de retour au pouvoir. L’étiolement progressif de l’unité affichée lors de la mise en place du programme commun de gouvernement dans les années

soixante-dix, entre la gauche réformiste représentée par le PS et le MRG et le PCF de l’autre part, avait permis à la CFDT de prendre un second souffle. La concurrence entre la CFDT et l’autre syndicat réformiste de l’époque FO a tourné à l’avantage de la CFDT. Cela a obligé FO à durcir le ton et au fil du temps, la CFDT seule a repris ce rôle de syndicat réformiste lui donnant ainsi une participation de droit au pouvoir dés lors que le PS revient aux affaires. La lutte d’influence qui oppose la CFDT et la CGT exclu de fait les autres syndicats du jeu. Il n’y a qu’à rappeler le soutien massif de certains syndicats dont la CFDT et la CGT au retour de la gauche au pouvoir. La CFDT aura même beau jeu de critiquer la CGT pour n’avoir pas respecté la soit disant neutralité syndicale, une hypocrisie supplémentaire comme si cela ne s’était pas vu.

Dans la longue tradition de « recasage » des dirigeants de la CFDT, on peut citer le cas du propre père de F. Chérèque, syndicaliste de haut niveau et devenu un temps secrétaire d’état dans un gouvernement sous la présidence de François Mitterrand, ce qui n’avait pas été du goût d’un certain nombre d’adhérents qui avaient quitté l’organisation. Cette fois ci en plus de F. Chérèque, Laurence Laigo, ancienne secrétaire nationale de la CFDT devient conseillère au bureau de Najat Vallaud-Belkacem et Jacky Bontems, ex-numéro 2 du syndicat et conseiller social de François Hollande, devient, lui, membre du commissariat général à la stratégie et à la prospective.

De tels liens mettent en lumière le rôle pervers des syndicats de gauche dans notre pays. Caution sociale de la gauche d’opposition, ils deviennent ni plus ni moins l’alibi servile de la politique libérale du PS dès lors qu’il revient aux affaires. La sociale démocratie en place dans le nord de l’Europe autorise de tels liens entre politiques et syndicalistes, mais là-bas les organisations syndicales sont autrement plus importantes en terme de poids et d’effectifs. La pratique du dialogue social permanent ne crée pas comme ici des situations ingérables où des responsables de haut niveau sont alternativement au service les uns des autres.

Ce rapport dominant dominé est caractéristique de notre vie sociale. À lui seul, le rapport de force ne suffit plus en raison du mélange des genres, mélange qui a été et sera toujours contreproductif. François Chérèque aurait été bien inspiré de se pencher sur ce sujet, et ce n’est sûrement pas à « Terra nova » qu’il le fera.

Il semble que la CFDT ait trouvé une bonne solution, et depuis fort longtemps, pour recaser ces vieux chevaux de retour que sont ses dirigeants quand ils ont fini leur mandat. Quand le vent n’est pas favorable il vont parfois dans le privé, mais là le reclassement est d’autant plus facile que la gauche socialiste est actuellement au pouvoir.

À L A C F D T. . .PANTOUFLAGE POLITIQUE

JC Rivière

Un rapport dominant-dominé

Un rôle de syndicat réformiste

Un reclassement de choix

SOCIAL/ SOCIAL/ SOCIAL/ SOCIAL/ SOCIAL/ SOCIAL/ SOCIAL/ SOCIAL/ SOCIAL/ SOCIAL/ SOCIAL/ SOCIALÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE

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Les Français sont appelés à donner plus ou à partager avec les plus démunis. Les restos du cœur nous rappellent leur existence ainsi que l’augmentation (+12% cette année) des pauvres à chaque hiver. Le gouvernement socialiste en profite pour envoyer sa ministre écolo prêcher le bétonnage massif pour endiguer le flot de mal logés.

Tout cela se fait au nom des Sans domiciles fixe avec des images de clodos dormant dans la rue. Mais qu’en est-il exactement ? Je suis travailleur social affecté dans un établissement francilien dédié aux SDF.

Voici ce que je vois et ce que je sais :Le vrai SDF est un marginal qui refuse les normes de la société. Son parcours fait qu’il refuse toute contrainte et préfère être à la rue plutôt que de travailler ou rendre des comptes (loyer, factures, règles de collectivité etc). Cela peut choquer mais ces gens ont fait un choix. Il existe tout ce qu’il faut en structures sociales pour sortir une personne de la rue, dès lors qu’elle le veut vraiment.

Au final, il y a peu de vrais SDF et cela ne retire en rien les conditions sanitaires et sociales dramatiques dans lesquelles vivent et meurent un grand nombre. La figure de proue des SDF avait été Augustin Legrand avec les « enfants de Don Qui Chotte ». Leur mouvement avait permis la création de la loi DALO imposant à l’État de loger tout le monde. Drôle de loi que de vouloir loger des gens qui refusent d’être logés !

J’avais déjà rappelé les propos de Mallaury Nataf, l’actrice déchue, qui avait côtoyé les établissements d’hébergement qui avaient poussé comme des champignons suite à cette loi : la majorité des bénéficiaires provenait de l’étranger. Pour ma part, je vois 30 % de demandeurs d’asile (très organisés) et 20% de clandestins (asile refusé). Pour le reste, 30 % d’étrangers régularisés sans projet, en attente d’une prise en charge et 20% de Français en difficultés. Mais sur ces 20%, une moitié de français de souche

et l’autre provenant de l’immigration. Mais au final, même pas un dixième de vrais SDF (français ou étrangers).

L’hébergement d’urgence a pour vocation de recueillir les « SDF » et de les orienter vers des structures plus stables. Les premiers à partir sont les demandeurs d’asile enregistrés à la préfecture (3 mois d’attente entre le dépôt du dossier et l’enregistrement) ils vont dans des centres d’accueil pour demandeur d’asile dont les places ont augmenté de 50%. Le taux de relogement en sortie de ces CADA avoisine les 100%.

Est-il nécessaire de rappeler que la nourriture fournie dans l’hébergement d’urgence est halal : pas de porc et uniquement de la viande provenant des abattoirs 100 % halal de la région parisienne. Les demandeurs d’asile et les clandestins (50% des hébergés) ont droit à l’aide médicale d’État gratuite ou à la CMU complète. Ils ont accès à des centres de soins où, lorsqu’un Français attend 8 mois pour rencontrer un spécialiste, des rendez-vous sont donnés entre deux semaines et un mois. A contrario, un SDF qui n’a plus ses papiers (vol, perte ou destruction par l’humidité), il faudra qu’un travailleur social monte un dossier de prise en charge en cas d’urgence médicale.

Au final, je vois des Français minoritaires dans leur propre pays et qui passent après des clandestins ou des demandeurs d’asile pour le logement ou les soins et dont l’alimentation est calée sur une religion exogène. On lit sur leur visage une soumission à ce système et ils ont compris qu’ils devaient accepter ce fonctionnement. Un jour, un jeune Français est venu me voir en pleurant : il avait suivi des relations du centre à Barbès pour essayer de se faire de l’argent. Il a compris qu’en tant que marginal, sa vie ne valait rien dans ce quartier et il a eu peur, très peur.

Qu’en sera-t-il dans vingt ans pour nous ?

SOCIAL/ SOCIAL/ SOCIAL/ SOCIAL/ SOCIAL/ SOCIAL/ SOCIAL/ SOCIAL/ SOCIAL/ SOCIAL/ SOCIAL/ SOCIAL

LE PAYS

DU D

ROIT

Les fêtes de Noël et du nouvel an viennent de se terminer. Cette période est propice à la compassion, que ce soit au regard du froid ou de ce moment de retrouvailles en famille.

Anthonin Lamoureux

Où sont les vrais SDF ?

Une nourriture 100% halal...

Soumission à ce système

L E S S D F D E N O S J O U R Sd e s a u t r e s . . .

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Le Pen, c’est deux générations. Près d’une moitié du siècle précédent, le début du nouveau millénaire. Peu nombreux sont les survivants des combats nationalistes de la IVème République, et même les participants aux remous de 1968 voient leurs rangs s’éclaircir, ou en tout cas la mémoire en devenir floue. Parmi les erreurs que relevait Camille Galic, il en est plusieurs qui affectent cette période. Mais juger un livre sur des confusions de dates ou de prénoms fait manquer l’essentiel du contenu. En l’occurrence, cette biographie, rédigée avec la participation du principal intéressé, s’avère-t-elle utile et objective ?

Relevons d’emblée l’effort des deux auteurs, Pierre Péan et Philippe Cohen, de retracer avec le moins de trous possibles une si longue carrière. Leur texte approche de l’exhaustivité, de ce point de vue. Soulignons

aussi qu’ils font preuve d’une certaine objectivité à propos de plusieurs polémiques qui marquèrent la vie du tribun. L’intéressé, tout en le reconnaissant, n’a pas moins réagi aux appréciations fournies quant à son comportement personnel, en particulier son attitude face à l’argent. À ce sujet, on peut se poser la question de savoir si qui que ce soit ne sortirait pas sali de l’examen minutieux de sa vie privée. Il n’y a pas de grand homme pour son valet de chambre : ce mot fameux s’applique à tout dirigeant, et il suffirait de penser aux derniers chefs de l’État pour imaginer leur sort avec une telle méthode.

Ce qui peut et doit nous intéresser, c’est de savoir si Jean-Marie Le Pen laissera un bilan d’échec, ou non. Les auteurs concluent de la sorte. Un coup d’œil au-delà des frontières nous présente une autre réalité. Qui a obtenu de tels scores électoraux, une telle audience, sur des décennies, dans un autre pays occidental ? Personne. On objectera que le peuple français a trouvé en lui des réflexes de survie, et que n’importe qui eût pu l’incarner. Le survol du parcours de Le Pen, d’une part, des événements majeurs en France de 1955 à 2012, sans parler de la sociologie, et de la pression permanente en faveur du mondialisme, excluent a priori qu’un autre dirigeant national fusse parvenu à une telle audience.

Ici, il convient de préciser ce que P. Péan et P. Cohen ont noté, à savoir que le menhir de La Trinité a toujours agi dans le cadre strict du système démocratique, à savoir les joutes électorales. L’école de pensée nationaliste (nationaliste, et non pas nationale, les deux termes ne possèdent pas une signification identique) a toujours considéré que « l’électoralisme, tare du

régime, en est également la sauvegarde ». De fait, les élections sécrètent en particulier des divisions profondes de personnes, qui laissent toujours des blessures profondes. Jouer le jeu électoral exclusivement, toute l’histoire des mouvements nationalistes en France l’atteste, aboutit pour ce camp à la défaite finale. Plus d’un siècle en atteste. L’échec enregistré par les auteurs d’une « histoire française » ne procède donc pas, si l’on retient la critique nationaliste du système, d’un homme, mais des institutions. Le Pen n’a jamais dissimulé à ses proches, qu’il ne croyait qu’à cette voie de prise du pouvoir. Lors du drame de l’Algérie française, il s’est d’ailleurs comporté selon cette conception, se refusant à tout acte sortant la légalité du régime gaulliste d’alors.

Alors, tout effort des nationalistes français et européens afin de changer l’évolution actuelle serait inutile, si l’on accepte cette esquisse d’analyse ? A nouveau, il nous faut regarder ailleurs. On ne manque de pays où des camps, au demeurant de tendances diverses, ont su alterner les tactiques, passant de l’opposition extra-parlementaire au jeu électoral, avec un succès certain. Ainsi, il convient de ne jamais oublier que « la rue appartient à celui qui y descend », et que pour se faire entendre, la nécessité de sommes d’argent fabuleuses n’est pas obligatoire. De nombreux moyens se trouvent à la disposition des audacieux, et les puissants en place devraient violer leur propre légalité afin de les empêcher de s’en servir. Ce genre de riposte recèle des dangers pour ses utilisateurs, comme maintes situations du passé européen l’ont montré.

Revenons à « l’histoire française ». Le but de ces auteurs ne résidait pas dans l’évocation de soixante années de vie nationale. On ne saurait donc le leur reprocher. Néanmoins, une description plus poussée des événements subis par la nation au cours de la période manque de toute évidence. Les contemporains survivants les ont en partie oubliés, la nouvelle génération les ignorent, ou ne les a appris que tronqués, voire falsifiés. Il y a là pour les cerveaux hardis matière à réflexion et à action. L’exposé des faits dans leur réalité démasque les omissions et les mensonges historiques sur lesquels les usurpations présentes trônent.

P. Cohen – P. Péan « Le Pen, une histoire française » Robert Laffont 542 pages 23 €.

L E P E N ,

L’HISTOIRE DE DEUX GÉNÉRATIONSComme le fait remarquer Camille Galic dans une critique de l’ouvrage « Le Pen, une histoire française », bien peu de ceux qui en ont fait une recension se sont donné la peine d’en lire les 540 pages. On croit connaître le personnage politique qui a traversé deux républiques. Et l’on s’aperçoit que l’on a raté tel ou tel épisode, en dépit de la passion que l’on éprouve pour la vie publique de son pays.

Un bilan d’échec ?

La rue appartient à celui qui y descend

Des évènements falsifiés...

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Nicolas Tandler

L E S S D F D E N O S J O U R S

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MIS

E

L A

À M O R T . . .

Les démocraties ne tolèrent jamais longtemps la domination d’un seul sur le nombre. Depuis son origine, le sport cycliste a toujours été un univers mafieux gangréné par le dopage et les combines. Le vice y côtoyait la vertu. Jusqu’en 1931, Henri Desgrange, le créateur du Tour de France, remboursait les coureurs de leur frais de « stupéfiants ». La tricherie était autant admise que le panache et le dépassement de soi. Vaincre, c’est écraser l’autre. La com-pétition est en soi criminogène. Tous les moyens sont bons pour être le meilleur et imposer sa loi au reste du peloton. Le langage populaire a célébré ses héros en les couvrant de superlatifs qui ont fait de Rik Van Looy un « Empereur d’Herentals », sa ville na-tale, de Gino Bartali un « homme de fer », de Jacques Anque-til un « patron du cyclisme » ou d’Eddy Merckx, le « Roi Eddy ».

Monarque ou dictateur, despote ou tyran, le champion déjoue le pacte d’égalité sociale en affirmant la « restauration » d’une hié-rarchie implacable fondée sur des valeurs naturelles. Il y a un chef, des vassaux, un peuple de petits coureurs inféodés au bon vouloir du maître. De nouvelles générations renversent l’ordre établi par des coups de force et des putschs, jamais par la voie d’un référen-dum ou d’une élection, toujours par la violence et le combat. Si l’on veut appliquer la règle au sens strict, après avoir retiré ses sept victoires dans le Tour à Lance Armstrong, c’est tout le palmarès de la « Grande Boucle » qui doit être gommé. Les grands cham-pions du passé ne se sont jamais cachés d’avoir employé tous les recours au dopage pour conserver leur trône.

Que s’est-il donc passé ? Avant la chute de la maison Armstrong, il y a eu l’exécution de Marco Pantani, le grimpeur prodige, qui montait au ciel plus vite que les autres avec la légèreté du songe. Le grimpeur est cet être spirituel et monacal qui atteint le som-met dans une solitude élective. Avec la mise à mort de ces deux champions incarnant l’un la force, l’autre la spiritualité, ce sont les fondements même de toute société humaine qui ont été détruit. Notre monde moderne est allergique à toute démonstration de supériorité, à tout ce qui élève, à l’expression exhibée de la viri-lité. Il nous faut donc des champions « normaux », des champions à l’eau minérale, des champions ordinaires, c’est à dire plus de champion du tout ! Le vainqueur est désormais un suspect, les vaincus sont encouragés à protester contre leur dominateur.

Nous ne voulons plus de héros, de légendes, de mythes fonda-teurs. Nous ne voulons plus de guerriers, de combattants, plus d’hommes prêts à ruiner leur santé ou abréger leur existence pour une conquête. Le peloton doit se regrouper, interdit de s’échap-per, de la ligne de départ à la ligne d’arrivée, c’est une procession publicitaire, un défilé nihiliste, l’image d’un peuple pédalant au même rythme, dévitalisé et soumis au règles anémiées des mar-chands du temple. Mais sans un champion qui avance, c’est le peuple qui recule…

Ils ont eu la peau de Lance Armstrong. Ce n’est pas simplement un champion que l’on a disqualifié mais l’idée même de la supériorité.

Rubempré

Des champions « normaux »...

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L’ESPÉRANCE DE L’ENNUI...Il est de nos jours de plus en plus difficile de mourir. Nous n’en finissons plus de vivre. La science ne cesse de différer l’heure de notre mort. Avec les progrès de la médecine, nous ne pouvons plus faire durablement confiance aux maladies et aux épidémies. La paix en Europe ne nous arrange pas. Oui, vraiment, la mort n’est plus un phénomène naturel. Bientôt, c’est terrible, nous ne mourrons plus. Dans un entretien au « Journal du Dimanche », le philosophe Michel Serres se félicite pourtant que notre espérance de vie ait triplé depuis sa naissance. La disparition programmée de la mort nous laisse au contraire inconsolable. Il s’agit pour nous du triomphe funeste du concept Maurassien « d’antinature ». L’ordre naturel est désavoué quand « au bas » de notre destin ne figure plus la signature ultime : la fin dernière. La promotion publicitaire de notre vie terrestre au détriment de toute aventure spirituelle a bien été ce cheval de Troie de ce système qui a substitué à la cité céleste la cité de consommation. Nous vivions pour

gagner le salut de notre âme, nous ne vivons plus que pour vivre. Vivre pour vivre, voilà leur espérance de l’ennui ! Il ne peut plus rien nous arriver d’autre que d’attendre une mort qui ne viendra plus. La « démocratie » est la fin de l’Histoire dit-on. Alors devons-nous à ce point nous résigner ? A nous résigner à faire nôtres les paroles de la chanson « Fidèle » de Charles Trenet : « debout sur la passerelle à regarder tel ou tel monde qui disparaît » ? Certainement pas ! Nous sommes au contraire dans les « faubourgs » d’une situation prérévolutionnaire définie par José Antonio Primo de Rivera : un peuple affadi, dévitalisé, enclin au renoncement de son identité, paradoxalement ce « désespoir de la multitude », cette masse molle et mal pétrie, est la condition essentielle du sursaut viril, qu’il prenne la forme du coup d’état ou d’une « contre-révolution spontanée ». Le temps de l’action est bientôt venu, celui où nous retrouverons suivant la belle formule de Primo de Rivera : « l’attraction de la terre où nous sommes nés »…

RUBEMPRÉ

Une procession publicitaire...

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L’Exégèse des Lieux Communs

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Le livre paraîtra au Mercure de France, et ne côtoiera pas le succès commer-cial (comme aucun des 36 autres livres de Bloy publiés de son vivant, d’ailleurs), ce qui inspira à l’auteur cette remarque aussi savoureuse que désabusée, consi-gnée dans son Journal en date du 24 août 1902: « Valette (fondateur et directeur du Mercure de France, ndlr) m’apprend qu’il en est de l’Exégèse comme de mes autres livres. Mille acheteurs en un an, clientèle très sûre, très fidèle, mais ne s’accroissant pas. L’éditeur, ne perdant ni ne gagnant rien avec moi, me publie pour le décor. Je suis un objet de luxe, un bibelot ».

Quelques années plus tard, poussé par la femme de son ami Pierre Termier, le cé-lèbre géologue, il récidivera et offrira une deuxième (et dernière) cuvée de Lieux Communs à ses lecteurs. Celle-ci paraîtra chez le même éditeur en 1912. Depuis lors, toutes les rééditions synthétisent les deux séries.

Des dires même de l’auteur, outre le fait d’avoir été le livre lui ayant donné le plus de mal, c’est sans conteste le plus original de tous. Il est vrai que sur la forme (des généralités sont une par une soumises à des commentaires sarcastiques, allant de quelques lignes à plusieurs pages), l’exer-cice est plutôt novateur pour l’époque...* Si certaines des 181 formules cruellement décortiquées par le bouquin sont, on ne s’en étonnera guère, devenues quelque peu surannées, et connaissent désormais

les affres de l’oubli et de la désuétude (Rien n’est absolu, La Médecine est un sacerdoce, Qui n’entend qu’une cloche n’entend qu’un son, Que faisiez-vous en 1870 ?), beaucoup d’autres – l’immense majorité – ont en revanche passé haut la main l’épreuve du temps, et sont toujours prêtes à jaillir de la bouche du moindre quidam (Chercher Midi à quatorze heures, Il n’y a que la vérité qui blesse, L’argent ne fait pas le bonheur, Une fois n’est pas coutume, On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs, L’appétit vient en man-geant, etc.). Mais Bloy ne se cantonne pas aux dictons. Il s’attaque également à des sujets bien plus vastes, ou plutôt à la conception erronée due aux préjugés et aux mensonges modernistes dont souf-fraient déjà de son temps – et souffrent aujourd’hui plus que jamais – lesdits su-jets dans l’opinion publique. Tout y passe ou presque: Dieu, la Nature, la Raison, le Hasard, mais également des époques et des événements comme le Moyen Âge ou l’Inquisition. Ah, et on se pisse littérale-ment dessus en lisant le fantastique pas-sage sur la Saint-Barthélemy dont l’auteur revoit – à son grand désarroi – fortement les chiffres à la baisse, estimant que ce qui aurait pu être l’un des moment les plus agréables de l’histoire de France ne fut en réalité que l’ombre d’un carnage, se plaignant même de « la dérisoire vitu-pération des imbéciles pour l’atrocité, malheureusement imaginaire, d’un vieux Fait-Paris qui eût pu être un si grand acte, mais qui, par l’effet d’un concert inouï de maladresses, n’a été, hélas ! rien de plus qu’une espèce d’effusion sentimentale ».

L’ennemi déclaré de l’écrivain, et ce dès la préface, est loin d’être un nouveau gibier: c’est même tout le contraire... Il ne le connaît que trop bien, a dénoncé toute sa vie ses multiples méfaits, et s’est évertué à en devenir le plus implacable bourreau: il s’agît bien évidemment du Bourgeois. Du Bourgeois avec un grand B (et des petites couilles), de ceux que Bloy se plaisait à traiter de cochons, tout en s’excusant auprès de ces braves bêtes de cette comparaison si peu flatteuse... pour elles.**

Car, si pour reprendre l’expression consa-crée, tout est bon dans le cochon (et pour le coup, ce n’est pas un lieu com-mun, mais un délicieux état de fait), en revanche, tout est dégueulasse chez le Bourgeois. Rien à garder, tout à foutre à la benne, en prenant bien soin d’éviter de passer par la case recyclage...

Voici la définition bloyenne du Bourgeois: « Le vrai Bourgeois, c’est-à-dire, dans un sens moderne et aussi général que pos-sible, l’homme qui ne fait aucun usage de la faculté de penser et qui vit ou paraît vivre sans avoir été sollicité, un seul jour, par le besoin de comprendre quoi que ce soit, l’authentique et indiscutable Bourgeois est nécessairement borné dans son langage à un très-petit nombre de formules. Le répertoire des locutions patrimoniales qui lui suffisent est extrêmement exigu et ne va guère au-delà de quelques centaines. Ah ! si on était assez béni pour lui ravir cet humble trésor, un paradisiaque silence tom-berait aussitôt sur notre globe consolé ».

Léon Bloy à 51 ans, lorsqu’en 1897, il entame la rédaction de son ‘’Exégèse’’ avant de la stopper net au bout d’un mois – jour pour jour – de travail ayant abouti à 26 pages... Il faudra attendre 1901 pour que le Mendiant Ingrat remette la plume à l’étrier (ou le pied à l’encrier, c’est selon), et se décide à poursuivre l’écriture de ce recueil qui aurait bien pu rester mort-né... Dieu merci, ce ne fut pas le cas, et Bloy achèvera, ou plutôt accouchera de l’ouvrage (tout au moins de sa première série, mais ça il ne le sait pas encore) 9 mois plus tard, toujours jour pour jour...

XÉGÈSEE D ’ U N E E X É G È S E . . .

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Le bourgeois nécessairement borné...

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Ces cons ne peuvent même pas se tar-guer de mal penser, puisqu’ils ne pen-sent pas du tout. On comprend mieux pourquoi c’est, en l’occurrence, sous ce prisme bien précis que le Pèlerin de l’Absolu décida de trucider l’infâme prêt-à-penser bourgeois, celui-ci annihilant in fine toute Pensée, bonne ou mauvaise... Mais force est de constater que ledit prêt-à-penser s’occupe prioritairement de la bonne, bien qu’il soit, je vous l’accorde, désormais assez malvenu de parler de bonne et de mauvaise pensée, ou plus simplement de ‘’Bien et de Mal’’, tant, à notre époque, l’inversion ontologique est grande. Certes, elle l’était déjà au XIXe siècle (ce « stupide XIXe siècle » plus tard vilipendé avec force dans le célèbre ou-vrage d’un autre illustre Léon, dont Bloy et son Exégèse auront incontestable-ment été les inspirateurs), mais nous en sommes aujourd’hui parvenus à un point qui dépasse l’entendement... Et ce n’est certainement pas Charles Maurras, grand pote du ‘’deuxième Léon’’, qui m’aurait contredit.

L’Empire du Bien, si justement théorisé par Philippe Muray*** entre deux Gitanes, puis, plus tard, entre deux cigarillos (et désormais, entre deux planches), n’est même pas ce qu’il devrait être (l’Empire du Mal, pour ceux qui suivent). Il n’est même pas, ou, à vrai dire, même plus, le funeste doppelgänger prenant la place

de son double positif et se faisant passer pour lui. Non, L’Empire Du Bien n’est pas l’Empire du Mal. L’Empire du Bien n’est plus que le résidu perpétuel de son propre néant. L’Empire du Bien est l’Empire du Rien. Mais trêve d’atermoiements, les amis, et revenons à nos moutons, de Pa-nurge ou pas.

Il faut lire L’Exégèse des Lieux Communs. Ou plutôt, il faut lire tout Bloy, mais en priorité L’Exégèse des Lieux Communs, car si le Bourgeois n’a rien d’autre à nous offrir que son insigne médiocrité, son sublime contempteur, lui, porté par sa prose incandescente, nous octroie un chef-d’œuvre de drôlerie et de bon sens, un manuel de survie contre la connerie, bref: le coup de pompe dans le cul que notre époque de merde semble réclamer désespérément.

* Certes, Flaubert commença à rédiger son Dictionnaire des Idées Reçues dès 1850, dictionnaire par ailleurs condamné à demeurer à jamais inachevé, mais sa parution se fera de manière posthume, en 1913. Non, le seul véritable autre exemple contemporain qui me vienne à l’esprit se trouve Outre-Atlantique: le remar-

quable Dictionnaire du Diable d’Ambrose Bierce, dont la rédaction s’échelonnera sur un quart de siècle (1881-1906), et qui sera publié de façon parcellaire dans la presse, avant de paraître pour la première fois en volume en 1906, puis en 1911 dans sa version définitive. La première traduc-tion française s’effectuera quant à elle bien plus tard, en 1955.Deux choses me semblent suffisamment amusantes pour être relevées. Premiè-rement, le fait que L’Exégèse des Lieux Communs, Le Dictionnaire du Diable, et Le Dictionnaire des Idées Reçues, trois ouvrages similaires d’un point de vue conceptuel, soient respectivement pa-rus, en édition définitive pour les deux premiers, et tout court pour le troisième, chacun à un an d’intervalle (1911, 1912, 1913), à la veille de la Grande Guerre.

Ensuite, et c’est encore plus piquant, que chacun de ces ouvrages ait explicite-ment, pour ne pas dire nommément, la ‘’pensée’’ bourgeoise en ligne de mire...

** Voir le génial épilogue de Léon Bloy devant les Cochons.

*** Philippe Muray, dont l’œuvre majeure a pour victime, je vous le donne dans le mille, ce foutu XIXe siècle ! (Le XIXe siècle à travers les âges, Gallimard)

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Empire du bien, empire du rien...

Louis Lenoble

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