Salinisation Eaux Souterraines

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  • 1. Matre de Recherches lInstitut National des Recherches en Gnie Rural Eaux et Forts (INRGREF).Rue Hdi Karray, B.P. 10- 2080 Ariana Tunisie, courriel. : [email protected]. Directeur au Commissariat rgional au dveloppement agricole de Nabeul.3. Chef de division au Commissariat rgional au dveloppement agricole de Nabeul.

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    GnralitsLa Tunisie est un pays aride semi-aride sur les

    trois quarts de son territoire et se caractrise par la rare-t de ses ressources en eau et par une variabilit accentuedu climat dans lespace et dans le temps. Il reoit en moyen-ne des prcipitations annuelles de 36 milliards de m3 alorsque le potentiel en eau est de 4,6 milliards de m3 :2,7 milliards de m3/an (58%) pour les eaux de surface et1,9 milliards de m3/an (42%) pour les nappes.

    Les nappes aquifres constituent ainsi une partimportante des ressources en eau du pays,dont peu prsun tiers proviennent des nappes phratiques : les res-sources en eaux souterraines sont estimes 2 100 millionsde m3 par an,rparties en 700 millions de m3 provenant des212 nappes phratiques et 1 400 millions de m3 provenantde 267 nappes profondes, dont 650 millions de mtrescubes sont non renouvelables (Khanfir et al., 1998).

    La pninsule du Cap Bon, rgion littorale de la Tuni-sie du nord-est, se caractrise par des traits physiquestypiquement mditerranens. Dune superficie totale de2 830 km2, elle se prsente comme une rgion de plaines,de bas plateaux et de collines, domine par des reliefsmontagneux.

    Elle correspond principalement une structureanticlinale connue sous le nom danticlinal de Jbel Abder-rahman. La srie stratigraphique est essentiellement dgemio-pliocne et se prsente comme une succession debancs marneux et grseux ou sableux.

    Le rservoir des six nappes du Cap Bon (Gromba-lia, Cte orientale, Takelsa, Tazoghrane, El Houaria, Ham-mamet-Nabeul) est constitu par des sdiments du Qua-ternaire, reposant par endroits sur des formationsdtritiques du Pliocne. Ces nappes sont activementsollicites pour lirrigation et, depuis quelques annes,elles sont surexploites. Par exemple, daprs le bilan 2000des ressources en eau des nappes phratiques du gouvernorat de Nabeul, les ressources renouvelables desaquifres phratiques sont estimes 181 Mm3/an etleur exploitation 249 Mm3/an (CRDA, 2004).

    La nappe phratique de la Cte orientale stend surla bande ctire des terrains quaternaires et pliocnessableux. Le rseau hydrographique constitue une sourcedalimentation de la nappe. Cependant, celle-ci est trsaffecte par une surexploitation au nord o se produitune invasion marine : la surface pizomtrique est inf-rieure au zro de la mer (cotes -4/-5) jusqu 5 km lin-trieur des terres et la salinit de leau est comprise entre5 et 8 g/l. La stratgie de recharge est de freiner lavancedu biseau sal (Gaaloul, 2008a).

    Exprience de recharge des nappesphratiques du Cap Bon

    Les premiers essais de recharge artificielle mensen Tunisie ont t effectus en 1970, dans le but dali-menter la nappe de Mateur partir dun puits de surface(Ennabli, 1980). Depuis cette date, les expriences se sontmultiplies dans plusieurs rgions : nappes de Teboulba,de Mornag, de Grombalia, de Kairouan, etc. (DGRE, 2003).

    En ce qui concerne les aquifres du Cap Bon, lespremires exprimentations de recharge artificielle ont tentames entre 1975 et 1978 sur la nappe de Grombalia, partir des eaux de la retenue du barrage Bzik,par le biaisde bassins dinfiltration et de puits dinjection. Elles ontpermis de vrifier la faisabilit de lopration et de dfinirles conditions pratiques de ralisation.

    Lexprience tunisienne de recharge artificielle partir deaux uses traites a t mene en 1985 au droitde la nappe de loued Souhil, au nord-ouest de Nabeul. Une fraction des rejets de la station de lagglomration est refoule vers un rservoir de 4 000 m3situe lamont dun primtre irrigu dagrumes. En

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    Salinisation des eaux souterraines de la nappe phratique de la Cte orientale au nord-est de la TunisieNoureddine Gaaloul1, Moncef Rekaya2, Fayal Jlassi3.

    Figure 1. Localisation du Cap Bon (nord-est de la Tunisie) et limites desnappes phratiques.

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    dehors des priodes dirrigation, cette potentialit a tmobilise pour un stockage saisonnier dans la nappephratique.

    travers cette exprience, on visait la fois reconstituer une certaine proportion des rserves de lanappe,fortement sollicite,et amliorer la qualit micro-biologique des eaux uses traites par recours leffetauto-purateur de la zone non sature. Les rsultats obte-nus sont trs satisfaisants : remonte des niveaux pizo-mtriques,amlioration de la qualit physico-chimique deseaux. La recharge de nappe par bassin, avec des eauxuses aprs un traitement secondaire, seffectue sans nuisances sur lenvironnement immdiat.

    Soulignons que la qualit de leffluent utilis pourla recharge, notamment sa teneur en matires en suspension, a une incidence directe sur le fonctionne-ment, linfiltration deffluent insuffisamment purs pou-vant entraner labandon pur et simple du systme derecharge (Rekaya, et al. 1988).

    Caractristiques de la nappe de laCte orientale

    La nappe de la Cte orientale, situe au nord-est dupays, stend sur une superficie denviron 475 km2 et unelongueur denviron 45 km. Le climat semi-aride de la rgionse caractrise par une pluviomtrie moyenne annuellecomprise entre 400 et 500 mm. Lt est chaud et sec,lhiver froid et humide. Lvaporation mensuelle est impor-tante (autour de 1 300 mm/an), alors que lhumidit mensuelle se situe entre 68 et 76 %.

    Les activits agricoles dominent (cultures marachres,viticulture, arboriculture, craliculture et levage) mais largion hberge aussi des industries agroalimentaires,textiles,laitires et papetires.Ces activits demandent desquantits importantes deau,fournies essentiellement par lanappe quaternaire et les eaux dirrigation du canal Medjer-da - Cap Bon, qui relie les rgions pluvieuses du nord de la Tunisie au cap. Ces eaux ont une salinit moyenne de 1 g/l,pouvant atteindre 3 g/l pendant la priode dtiage.

    Laquifre se trouve dans des formations plio-quaternaires recouvrant le Miocne et locne moyen,comme le montre le flanc est du Jebel Abderrahmane pendage sud-est. La phase de serrage atlasique a provo-qu des structures plicatives, ainsi que des grands acci-dents dextres, les plis NE-SW se dformant jusqu aboutir une structure oriente E-W (Ben Ayed, 1986).

    Le rseau hydrographique, pente gnralementfaible, constitue une source dalimentation de la nappe

    ctire. Sa ressource totale est de lordre de 73 Mm3/an,pour une superficie totale des bassins versants de 863 km2.Une partie de leur apport est mobilise par 2 grands barrages, 15 barrages collinaires et 11 lacs collinaires.

    Le systme aquifre met en scne trois units litho-logiques : le synclinal de la Dakhla, le Pliocne molassiqueou sableux et les formations quaternaires. Le rservoir estconstitu par les dpts quaternaires, dont lpaisseur nedpasse pas une centaine de mtres, et les sables du Pliocne sous-jacents, lensemble reposant sur les marnesdu Miocne (Rekaya, 1986 ; Paniconi et al., 2001).

    Il y a deux nappes superposes : la nappe phra-tique des dpts plio-quaternaires et la nappe profondeloge dans les formations miocnes.

    Linfiltration directe de la pluie (475 mm/an) alimenteles affleurements quaternaires et bnficie indirectementau Pliocne, puisquil ny a pas dcran impermable entreles deux formations ; inversement, un apport peut se produire du Pliocne vers le Quaternaire (Ennabli, 1980).

    Lalimentation des aquifres se fait aussi par lesimportantes sries grseuses infrieures de lOligo-Miocne et partir des nombreuses barres de grs peupaisses des sries moyennes et terminales en disposi-tion prisynclinale. Les sondages profonds ont montr unsubstratum marneux dge miocne avec une eau sau-mtre de 3 4 g/l pour les derniers horizons (Rekaya, 1989).

    La transmissivit des formations quaternaires,calcule sur deux pizomtres situs proximit de lacte, est gale 2,8.10-4 et 4,4.10-4 m2/s. La transmissivitde lensemble Quaternaire- Pliocne mesure sur un forage est gale 9.10-3 m2/s (Zghibi, 2007).

    Le systme aquifre est exploit par 9 239 puits de sur-face, dont 6 069 sont quips de pompes. Si les ressourcestotales sont estimes 50 Mm3/an, lexploitation a dpas-s 54 Mm3/an, ce qui aboutit un taux de prlvement de108%. Le taux de renouvellement des rserves hydriquesest de 0,01. Le dficit de 4 Mm3 traduit la surexploitationintensive de la rserve rgulatrice annuelle,ce qui se marquepar la baisse continue du niveau pizomtrique et lintrusiondu biseau sal le long de la cte (Chattouti, 2006).

    volution pizomtrique de la nappe de la Cte orientale

    Nous considrerons dabord quatre situations pizomtriques : celles de 1963, 1970, 1988 et 1996 (Fig. 2).

    La pizomtrie de 1963 (Daniel et al., 1963) a permisdidentifier le sens dcoulement naturel de la nappe, quise fait du nord-ouest vers le sud-est en direction de la

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    mer. Certains oueds drainent la nappe alors que dautreslalimentent. Lisopize zro ne se place lintrieur ducontinent quau nord de Korba, dlimitant un cne dedpression localis mais qui marque le dmarrage duneexploitation intensive.

    La pizomtrie de 1970 (Ennabli, 1980), a montrque la courbe isopize zro dlimite alors deux cnes,situs environ 4 5 km de la mer. Laggravation de la situationpizomtrique, souligne par la progression de lisopizezro et laccentuation de la dpression de la surface de lanappe, est lie la ralisation de nouveaux puits, lapprofondissement des puits existants et laugmentationdes volumes pomps suite llectrification des pompes.

    La pizomtrie de 1988 (Rekaya, 1989) a permisdenregistrer une nouvelle avance des valeurs ngativesvers louest, malgr la contribution des primtres irri-gus lattnuation de lexploitation et la sauvegarde dela nappe. Cette situation critique est due essentiellement la sollicitation continue de laquifre et lirrgularit desprcipitations.

    La pizomtrie de 1996 (Jemai,1998) montre que lesdpressions observes ne font que saccrotre avec le temps.En effet, la recharge naturelle narrive pas couvrir lextrac-tion et lisopize zro dlimite la quasi-totalit de la zoneagricole qui stend entre les oueds Bouleddine et Lebna.Lapparition de lisopize zro en bordure de la mer peut sex-pliquer par linfiltration au droit du cordon dunaire littoral.

    Au total, lhistorique pizomtrique 1963-1996montre une disparition totale de lalimentation de la seb-kha par la nappe, situation prvalant dans toute la ban-de ctire intressant les lagunes du Cap-Bon. La dpres-sion atteint 5 mtres entre Tefelloune et Diarr El Hojjaj.

    Des complments sont apports par les tats pizomtriques de 2002, 2004, 2006 et 2008 (Fig. 3).

    Ltat pizomtrique de 2002 a montr que lisopizezro occupe une dpression importante dans la rgiondEl Mida - Tefelloune, ainsi quau nord de Korba, le niveaupizomtrique pouvant atteindre - 5 m sous le niveauzro de la mer.

    Ltat pizomtrique de 2004 souligne que dans largion de El Mida-Tafelloune, le niveau pizomtriqueatteint jusqu -15 m sous le niveau de la mer.Au nord de Kor-ba, lisopize zro dlimite une zone importante o la pro-fondeur de la nappe peut atteindre - 5 m le long de la cte.

    Ltat pizomtrique de 2006 confirme la baissede niveau pizomtrique, accompagne dune augmen-tation alarmante de la salinit. Lisopize zro dlimitealors deux zones :une zone entre Korba et le sud de MenzelTemime avec un niveau pizomtrique entre 0 et - 15 m et unezone situe louest de la nappe, vers la rgion de Soma,avec une pizomtrie positive pouvant atteindre 25 m.

    Ltat pizomtrique de 2008, enfin, marque la

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    Figure 2. Cartes pizomtriques de la nappe de Korba des annes 1963, 1970,1988 et 1996.

    Figure 3. volution de la pizomtrie de la nappe phratique de laquifreplio-quaternaire pour les annes 2002, 2004, 2006 et 2008.

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    poursuite de lvolution vers un abaissement de niveau pi-zomtrique et une augmentation de la salinit. Cettediminution du niveau est plus lie la ralisation de nou-veaux puits et lapprofondissement des puits existantsqu laugmentation des volumes pomps suite llec-trification de plusieurs puits.

    volution de la salinit de la nappede la Cte orientale

    La figure 4 prsente les cartes de salinit pour lesannes 1963, 1996, 2005 et 2008. La carte de 1963 (Danielet al.,1963) montre que les eaux de la zone qui longe la cteont des concentrations en sels relativement faibles, nedpassant pas 2 g/l, ce qui sexplique par la prsence ducordon dunaire du Tyrrhnien, qui favorise linfiltrationdes eaux de pluie. Cependant, les eaux de la partie amontde la nappe accusent des teneurs en sels plus importantes,de lordre de 5 g/l : cette forte salinit peut tre expliquepar la nature lithologique des formations gologiquesformant le piedmont du Jebel Abderrahmane, o affleu-re en effet le Miocne marin.

    La carte de 1998 (Khlaifi, 1999), montre que lesvaleurs de salinit deviennent suprieures 7g/l. LOuedChiba dune part, les dunes thyrrniennes dautre part,jouent toujours un rle important dans la recharge de la

    nappe. Le nord-est de loued Chiba est caractris par unesalinit trs dtriore alors quau sud-est elle est seule-ment lgrement augmente. Cette situation est due laprsence des dunes thyrrniennes et lexistence dunbarrage gologique qui limite lintrusion des eaux marines.Dans cette dernire situation, laugmentation des teneursen sels ne dpend que de la nature de la roche rservoir.

    La carte de 2005 montre une lgre augmentationde la salinit entre les oueds Chiba et Lebna, ainsi quauniveau de Korba et Tefelloune. Cette stabilit locale sex-plique par le dmarrage de la recharge artificielle au niveaudes sites de Diar El Hojjej, Lebna Village, Lebna barrage etBouledine.

    Avec la carte de 2008 on peut identifier 5 zonesde salinit, de la moins concentre (2 4 g/l de sel) dansle nord de laquifre ctier la plus concentre (22 g/l desel) au nord de Korba.

    En conclusion,laugmentation de la salinit expliquele nombre lev des puits de surface abandonns.

    Lexploitation excessive, dpassant gnralement lepouvoir rgulateur de laquifre, entrane une dgradationcontinue de la qualit des eaux cause par les activits anthro-piques, industrielles ou agronomiques.Cette augmentationde la salinit influe essentiellement sur le rendement descultures par la destruction de la structure du sol.

    La faible salinit en bordure de la mer a son origi-ne probable dans la prsence des dunes, qui favorisentlinfiltration des eaux de pluie et/ou des crues des oueds.Dans la partie ouest (amont) de la nappe, la retombe duJebel Abderrahmane, les salinits leves sont plutt lies la nature lithologique des formations du Miocne marin.

    Suivi de la salinit en profondeurDes campagnes de mesures de la salinit diff-

    rentes profondeurs ont t effectues dans les pizo-mtres Lebna 1, Tafelloune 1 et Tafelloune 2 (Fig. 5) :

    Lbna 1 : la salinit passe de 1,34 g/l 18 m 1,63-1,65 g/l 40 m de profondeur ; Tafelloune 1 : la salinit volue de 10 g/l 15 m jusqu 29,48 g/l 45 m ; Tafelloune 2 : la salinit passe de 3,86 g/l 15 m jusqu 9,17 g/l 40 m.

    La salinit est donc plus importante en profon-deur quen surface ce qui confirme lintrusion marineobserve le long de la nappe ctire du Cap-Bon.

    Linterprtation des rsultats danalyse chimiquepar la mthode de Piper montre en outre que la plupartdes chantillons deau de la zone ctire sont chlorurs

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    62 Figure 4. volution de la salinit de la nappe phratique plio-quaternairede la Cte orientale.

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    sodiques, ce qui est cohrent avec lhypothse de la salinisation de laquifre par intrusion marine.

    Deux campagnes de sondages lectriques rali-ses en 1993 et en 1995 par les services de la Directiongnrale des ressources en eaux ont confirm lvolutiondes biseaux sals dans la bande ctire. Dans la rgionintressant la lagune de Korba et Diar EL Hajjaj, les sondagesraliss en 1993 montrent des rsistivits apparentes com-prises entre 20 et 40 ohm.m, confirmant quil sagit de lazone la plus touche par lintrusion marine. Les profilsgophysiques raliss en 1995 montrent une gnralisa-tion de cette intrusion.

    Origine de la salinit de laquifreplio-quaternaire de la Cte orientale

    Linterprtation des rsultats de ltude de la pizomtrie et de la salinit de la nappe de laquifre plio-quaternaire de la Cte orientale permet de dgagerles conclusions suivantes :

    les dpressions pizomtriques observes au niveau deDiar El Hajjaj et au sud - sud-est de Tafelloune se sont accen-tues avec le temps sous leffet de la surexploitation ;ces zones se caractrisent par de fortes valeurs en salinit et en chlorures ;lexistence de poches ctires,caractrises par des hau-teurs pizomtriques positives et par des salinits et desteneurs en chlorures assez faibles, mettent en videncele rle de linfiltration au niveau des dunes tyrrhnienneset de la remonte locale du toit du substratum imper-mable ;lintrusion marine, conscutive la surexploitation deseaux souterraines des nappes ctires est dmontre ;lintense vaporation des eaux dirrigation concentreen sels les eaux infiltres sous les cultures : la rutilisa-tion multiple des eaux de la nappe pour lirrigation

    augmente en effet continuellement la salinit, puisquela mme eau charge est extraite, concentre dans lazone racinaire par vapotranspiration et percole denouveau vers la nappe. Le retour de ces eaux induit lachute du rendement des cultures marachres,principalespcialisation de la rgion, et leur substitution par descultures plus tolrantes la salinit comme le tabac ;la nature marine des roches du rservoir miocne dupimont du Djebel Abderrahmane constitue galementune des sources principales de la salinit des eaux sou-terraines ;les pollutions anthropiques proviennent de sourcesmultiples : rejets des eaux industrielles non raccords aurseau dassainissement, eaux uses traites issues desstations dpuration, eaux uses urbaines non traites,utilisation intensive des engrais chimiques dans lesprimtres irrigus.

    ConclusionsLes conditions climatiques et pdologiques de la

    nappe de la Cte orientale sont lorigine dune exploi-tation intensive des eaux souterraines aux fins dirrigation.Ceci pose le problme de la protection de la nappe contrelinvasion saline et la contamination des eaux douces :tant directement ouvert sur la mer, son exutoire princi-pal, laquifre ctier est dautant plus expos quil estdprim pizomtriquement.

    Ds les annes 70, la nappe de la Cte orientale aconnu un dsquilibre entre la recharge et lexploitation,les prlvements ayant dpass le taux de renouvelle-ment des rserves. La surexploitation de la nappe sestsolde par des dpressions pizomtriques qui se sontaccentues et largies au fil du temps, ce qui a engendrlinversion du gradient hydraulique et lenvahissementlocal de la frange ctire par les eaux marines.

    Cependant, lintrusion marine nest pas luniqueorigine de salinisation des eaux souterraines. La naturelithologique de la roche rservoir, le retour des eaux dir-rigation et lactivit anthropique en gnral sont aussi lorigine de dgts qualitatifs spectaculaires. Pour pallierces consquences trs prjudiciables, les gestionnaires dela ressource en eau ont mis en uvre la technique de larecharge artificielle, soit par des eaux propres, soit pardes eaux uses traites, une pratique qui a contribu lastabilisation des tats quantitatif et qualitatif de la nap-pe de la Cte orientale.

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    Figure 5. Suivi de la salinit en profondeur des pizomtres Lebna1, Tafel-loune1 et Tafelloune2.

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  • Les phnomnes de turbidit et les primtres de protection satellitesen Haute-NormandiePhilippe de la Qurire.

    1. Voir paragraphe page 71.

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    RfrencesBen Hamza CH., Lotfi B, Mahmoud M., 2001 : Conservationdes zones humides littorales et des cosystmes ctiers du Cap Bon. tude hydraulique des lagunes de Maamoura,Tazarka et Korba du littoral est du Cap Bon. Rapport de Diagnostic des sites, 90p.Ben Ayed., 1986 : volution tectonique de lavant pays de la chane alpine de Tunisie du dbut de Msozoque lActuel.Thse de 3me cycle, Univ. Paris-Sud Orsay, 327p.Chattouti F., 2006 : tude des fluctuations pizomtriquesdes nappes phratiques et profondes de la plaine ctire dela Cte orientale du Cap Bon (nord-est de la Tunisie). Mmoi-re de Mastre. FSB et lINRGREF, 124 p.Commissariat rgional au dveloppement agricole (CRDA),2004 : Rapport sur les ressources en eaux de la rgion du CapBon, 35 p.Daniel J.-M., Chabot M., 1963 : Amnagement de loued Chiba.Rgularisation des apports par les ressources souterraines.tude hydrogologique de la rgion de Korba. Rapport IRH112, SCET Tunisie.Direction gnrale des ressources en eaux (DGRE), 2003 :Annuaire de la recharge artificielle.Ennabli M., 1980 : tude hydrogologique des aquifres nord-est de la Tunisie par une gestion intgre des ressources en eau.Thse de doctorat dtat, universit de Nice, 400 p.Gaaloul N., El Heni M., Mechergui M., 2007 : Modlisationnumrique des coulements des eaux souterraines et de trans-port de solut : cas de la nappe phratique de Grombalia.Colloque international sur leau et lenvironnement, 77-85.Gaaloul N., Paul G.-M., Fotis P., 2008a : Apport des modles la gestion intgre des ressources en eaux souterraines,lexemple du modle du Cap Bon. Les Annales de lINRGREFn10, 125-136.

    Gaaloul, N., 2008b : Gestion intgre des ressources en eauxsouterraines : cas de la plaine du Cap Bon. La Houille Blanche.Revue Internationale de lEau n5, 2008.Jemai S., 1998 : volution de la nappe de Korba. tude hydro-gochimique et modlisation numrique. Diplme dtudesapprofondies, INAT Tunis, 180 p.Khanfir R., Louati M. H, El Echi M. I., Marzouk A., Frigui H.L etAlouini A., 1998 : Stratgie du secteur de leau en Tunisie, long terme, 2030.Khlaifi I., 1999 : Contribution ltude de lintrusion marine parun modle de transport tridimensionnel : interfaage avecdes systmes dinformations gographiques. Mmoire de findtude de cycle de spcialisation INAT, 153 p.Paniconi C., Khlaifi I., Lecca G., Giacomelli A. et Tarhouni J., 2001 :Modelling and analysis of seawater intrusion in the coastalaquifer of eastern Cap-Bon, Tunisia. Transp. Porous Media 43(1), 3-28.Rekaya M., 1989 : Le contexte hydrogologique de la nappeaquifre de la Cte orientale du Cap Bon (Tunisie) et les pro-blmes causs par la surexploitation. DGRE, Tunis, 48 p.Rekaya M., Plata Bedmar A., 1988 :The Tunisian experience inground water artificial recharge by treated wastewater.Proceedings of the International Symposium sponsored bythe Irrigation and Drainage Division of the American Societyof Civil Engineers and the Los Angeles Section of ASCE held atAnaheim, California from August 23-27, 1988. Ed. ASCE, 612-627.Zghibi A., 2007 : tude de lvolution de ltat de laquifreplio-quaternaire de la Cte orientale du Cap Bon : tude hydrodynamique et modlisation numrique. Mmoire deMastre en gestion des ressources en eaux souterraines.INAT-INRGREF, 106 p.

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    Lobjectif de ces primtres est de protger, aumoins partiellement, les captages deau souterraine utiliss pour lalimentation en eau des populations, contreles phnomnes de turbidit. Il sagit de rduire limpactde lengouffrement des eaux ruisseles sur la qualit deleau exploite par ces ouvrages.

    Nature de la turbiditLa turbidit est le contraire de la limpidit, carac-

    tre organoleptique que doit respecter leau potable ; elleest due aux matires en suspension dcantables ou non,que vhicule leau. Ces matires sont accompagnes par

    un cortge de substances, en particulier des parasitescomme le cryptosporidium, les ufs dhelminthes, etc.

    Le laboratoire de gologie de Rouen identifie lesparticules sur un certain nombre douvrages de captagesdeau produisant des eaux turbides et les quelques don-nes prsentes dans cette note sont issues dune pr-sentation de travaux aimablement fournis par MathieuFournier sur les karsts des Varras1 et du Bbec. Ce derniersystme hydrogologique comprend la perte dun ruis-seau circulant dans un talweg la surface dun plateaucrayeux, une source mergeant au pied de la falaise, etun forage ralis dans la valle de la Seine (exploitant une

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