SAINT HERMELAND OU ERBLAND, ABB -...

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  • SAINT HERMELAND OU ERBLAND, ABB

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    Ft le 25 mars

    Le saint abb1 dont nous allons raconter la vie tait d'une illustre famille. Il naquit au diocse de Noyon. Il fit paratre, ds son enfance, ce qu'il serait un jour en effet, surmontant ds lors, par l'ardeur de sa dvotion, toutes les dlicatesses de la chair, il se rendit si admirable parmi ses compagnons d'cole, que chacun le regardait comme un modle de vertu et de saintet. Les desseins de son cur, en ce jeune ge, taient de suivre Jsus Christ en son abjection, dans sa pauvret et dans le mpris de toutes les vaines grandeurs de la terre mais ses parents, s'opposant ses pieuses rsolutions, et voulant l'avancer dans le monde, l'envoyrent la cour, o il ne fut pas longtemps sans faire clater ses belles qualits; il gagna si bien les bonnes grces de Clotaire III, que le roi le fit son grand chanson, afin de l'approcher plus prs de sa personne. Erbland accepta cette charge contre son gr parce qu'il craignait qu'elle ne l'engaget si avant dans le monde, qu'il ne lui ft pas ais de s'en retirer quand il voudrait, comme c'tait son dessein. En effet, ses parents et ses amis le voyant en grand crdit auprs du roi, lui persuadrent d'accepter la main de la fille d'un des premiers seigneurs de la cour, qui se tiendrait fort honor de son alliance. Ils le pressrent mme si fort, que, vaincu par leurs importunits, il consentit aux fianailles mais, pendant, qu'on attendait avec impatience le jour marqu pour les noces, il conut plus que jamais la rsolution de renoncer absolument toutes les choses de la terre, afin de suivre, pauvre et nu, Jsus Christ au Calvaire. Il dcouvrit en secret son dessein au roi, le suppliant trs-humblement, de ne le point empcher, et de lui permettre de se retirer des embarras du monde, en quelque monastre pour y servir Dieu, et le prier le reste de ses jours pour la prosprit de ses Etats. Le roi, qui et bien souhait de conserver auprs de sa personne un serviteur si fidle, fit paratre d'abord une grande rpugnance l'excution de ce dessein mais voyant sa persvrance, et craignant d'offenser Dieu s'il empchait le sacrifice qu'Erbland voulait faire, il lui permit de se retirer. Voyant donc l'accomplissement de ses dsirs, il prend cong du roi et de la cour avec beaucoup plus de plaisir qu'il n'y tait entr et, du mme pas, il s'en va en l'abbaye de Fontenelle, en Normandie, o le vnrable Lambert tenait alors la place de suprieur. Il lui demande le saint habit de religion il le reoit, fait son noviciat, et, au bout de l'anne, il prononce ses vux, selon la coutume de l'Ordre, au grand contentement de tous les religieux, mais principalement du saint abb, qui rendait des actions de grces infinies Dieu, de lui avoir envoy pour disciple un homme qu'il pouvait dj respecter comme son matre. Pour comprendre en peu de mots toutes ses perfections, son histoire porte que sa charit tait fervente, sa foi et son obissance admirables, son esprance ferme, son oraison continuelle, sa patience invincible il tait discret dans ses abstinences, constant dans ses veilles, exact en toutes les observances rgulires en un mot, il tait si parfaitement orn de toutes les vertus, qu'il paraissait comme un astre entre tous ses confrres. L'abb Lambert le fit ordonner prtre par l'archevque saint Ouen. Erbland s'acquitta si dignement de ce saint ministre, qu'offrant tous les jours l'autel le divin Sacrifice, il se rendait lui-mme une hostie vivante par ses macrations continuelles. En ce mme temps, saint Pascaire, vque de Nantes, en Bretagne, dsirant peupler son diocse de saints religieux, afin de confirmer, par leur saintet et par les bons exemples de leur vie, les vrits que lui-mme prchait de vive voix aux chrtiens, envoya supplier le vnrable Lambert de lui donner douze de ses religieux, promettant de leur faire btir un monastre dans le lieu qui serait jug le plus propre en tout son diocse. Le saint Abb n'y consentit qu'aprs avoir obtenu que ce lieu serait exempt de la juridiction piscopale, et qu'on obtiendrait pour cela des lettres patentes et le privilge du roi, afin que ces religieux ne reussent aucun trouble quand ils y seraient une fois tablis. Cet article tant arrt, Lambert jeta les yeux sur saint Erbland, pour le faire chef de cette nouvelle maison; il lui demanda

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    1 On t'appel encore Erblow, Erblain, Herbland; en latin : Ermen-londus et Hermenlandus. Il est appel saint Erblon, saint Arbland, saint Erbland ou Herblein dans les diocses de Nantes et de Rennes; saint Herband dans ceux de Trguier, de Saint-Pol de Lon et de Quimper; saint Herbland et Herblein dans ceux de Paris et de Rouen.

  • nanmoins son consentement avant de l'y engager. Mais le saint religieux, bien fond en la vertu d'obissance, donna une rponse qu'il faudrait crire en caractres d'or : Mon Pre, ne cherchez pas ici, je vous supplie, ma volont, que j'ai absolument abandonne votre bon plaisir; j'irai partout o vous m'enverrez, d'aussi bon cur que si Dieu mme me commandait de sa propre bouche d'y aller. Erbland partit donc de Fontenelle avec la bndiction de son abb, en la compagnie de douze religieux et, poursuivant son voyage, il se rendit en peu de jours Nantes, en l'glise cathdrale des bienheureux aptres saint Pierre et saint Paul, o le saint vque Pascaire le reut, lui et les siens, avec la mme affection qu'il et reu des anges du paradis, s'estimant trs-heureux de possder de si saints personnages dans son diocse. Erbland lui ritra la mme proposition qu'avait faite son abb, touchant l'exemption du monastre de la juridiction de l'Ordinaire. L'vque le lui accorda et lui donna aussi le choix de la place qu'il jugerait la plus commode pour l'y construire. Notre Saint choisit une le (qu'il appela Antrum, retraite, qu'on nomma depuis l'le d'Aindre, d'une lieue et demie d'tendue ou environ, qui tait l'embouchure de la Loire, dans l'Ocan, et habite seulement par des bergers et par d'autres gens qui gardent des troupeaux; il jugeait ce lieu d'autant plus propre la vie religieuse, que les sculiers n'en pouvaient approcher facilement qu' la faveur des bateaux, quand la mer tait haute. Auprs de cette le il en vit une autre, de mme forme, mais plus petite, qu'il appela Antricinum, ou petit antre on la nomme aujourd'hui Aindrette. Il s'y trouvait une trs-petite glise, avec un oratoire ddi Saint-Martin. Erbland fit donc btir dans l'le d'Aindre son monastre avec deux belles glises, que l'vque saint Pascaire consacra ensuite, l'une sous le nom du Prince des Aptres, et l'autre sous celui de saint Paul, son cooprateur en la prdication de l'Evangile. Il tint aussi sa parole pour l'exemption et le roi Childebert III la ratifia, prenant l'abbaye et toutes ses dpendances sous sa protection royale; il en envoya des lettres patentes au bienheureux Erbland. Il sortit bientt de cette nouvelle maison une si bonne odeur de saintet, que plusieurs personnes, touches du dsir d'une vie plus parfaite, mprisrent les dlices et les grandeurs du sicle pour embrasser la bassesse et le mpris de la Croix sous l'habit monastique. Les parents y offraient leurs enfants, afin d'y apprendre les lments de la vertu, et mme les belles-lettres chacun bnissait le Pre cleste d'avoir suscit ces saints religieux pour bannir de la province l'ignorance des maximes de l'Evangile. On ne saurait exprimer quels furent le soin et la vigilance du saint Abb pour se bien acquitter de sa charge; il s'y comportait avec tant de zle et de prudence, qu'il ne ngligeait ni le temporel ni le spirituel de ses frres, leur donnant tout le temps de la journe pour les porter la perfection, et ne se rservant pour lui que la nuit, qu'il passait tout entire, aprs un lger repos, dans les louanges de Dieu et dans la contemplation des choses clestes et, pour se dfaire de l'affluence des sculiers qui, sous prtexte d'apporter des aumnes au couvent, lui rendaient de trop frquentes visites, il se retirait souvent, particulirement durant le Carme, dans l'le d'Aindrette, avec quelques-uns de ses frres, s'y employait plus qu' l'ordinaire au recueillement d'esprit et la mortification du corps, par le moyen des abstinences et des autres austrits il se prparait s'offrir lui-mme comme une hostie vivante au Pre ternel, au saint jour de Pques. Pendant ces retraites, il arriva un jour que, comme il se promenait avec ses religieux sur le bord de la Loire, l'un d'eux vint parler d'un poisson appel lamproie, qu'il avait vu chez l'vque de Nantes. Le saint homme lui dit : Pensez-vous que Dieu ne vous en puisse donner ici un semblable ? Pendant qu'il disait cela, une lamproie s'lana du fleuve et vint se jeter sur le sable; l'homme de Dieu la fit prendre et partager en trois, et, s'en rservant un des morceaux, il envoya les deux autres son monastre quoique ce ft fort peu de chose, par une admirable multiplication, il y en eut pour toute la communaut des frres, qui tait trs-grande. Ce n'est pas la seule action miraculeuse que Dieu ait faite par son moyen : il ralluma un jour, par le signe de la croix, la lampe d'un de ses religieux, qu'un vent imptueux avait teinte, et, depuis, le vent n'eut plus le pouvoir de la souffler, jusqu' ce que ce religieux ft arriv au lieu o elle le devait conduire. Une autrefois, le comte de Nantes et de Rennes, nomm Agathe, qui doutait de sa saintet et le voulait prouver, l'tant venu voir, le Saint multiplia, par sa bndiction, un peu de vin qu'il lui avait fait prsenter dans un verre, et l'obligea, par ce miracle, se jeter ses pieds, lui demander pardon de son soupon, et se rendre docile des instructions trs salutaires qu'il lui donna pour son salut. Dans un voyage qu'il fit Coutances, en Normandie, un riche habitant de cette ville, nomm Laun, qui l'avait reu dans sa maison, quoiqu'il n'et qu'environ une pinte de vin, ne laissa pas d'en faire servir grand nombre de personnes qui taient accourues pour le voir, et mme quantit de pauvres et de passants, qui environnrent son logis pour le mme sujet cependant le vin ne manqua point, et, aprs le repas, il s'entrouva dans le vaisseau plus

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  • qu'il n'y en avait auparavant ce qui fit dire dans le pays qu'on ne pouvait rien donner ce grand serviteur de Dieu qu'on n'en ret, ds cette vie, une trs-ample rcompense. Que si l'on ne perdait rien en lui donnant, on ne gagnait rien aussi lui prendre ce qui tait de son monastre; tmoin ce villageois qui, lui ayant drob des ufs, fut contraint de les rendre, lorsqu'aprs avoir march toute la nuit, il se trouva le matin, avec ses animaux, la porte de l'abbaye. Tmoin aussi cet autre qui, ayant coup une partie de la houssa du cheval d'Erbland, fut saisi d'un si grand feu dans tout le corps, que, se sentant brler tout vif, il fut oblig d'implorer son secours avec des cris qui faisaient assez paratre l'excs de sa douleur. Dieu lui donna aussi l'esprit de prophtie pour connatre les choses absentes et les plus secrtes penses. Comme il faisait un jour ses prires en l'glise de Saint-Pierre, il vit l'me de saint Mauronce, premier abb de Saint-Florent-le-Vieux, distant de dix lieues; elle tait conduite au ciel par les anges; il en donna avis ses religieux, qui reconnurent ensuite la vrit de la rvlation, par le rapport de sa date avec le dcs de ce saint personnage. Il vit aussi prendre la mme route l'me d'un de ses disciples, qu'il avait envoy en Aquitaine pour y gouverner un autre monastre, dont il avait pareillement la direction, et qui tait loign du sien au moins de quarante lieues et comme quelques jeunes frres pensaient en eux-mmes que leur Abb, dj vieux, se pouvait bien tromper en cela, lui, par la mme lumire qui lui avait fait voir cette me s'en aller au ciel, dcouvrit leurs secrtes penses et les reprit svrement de leur peu de loi. Toutes ces faveurs du ciel taient autant de puissants motifs pour le saint Abb de redoubler ses ferveurs et de marcher plus grands pas dans le chemin de la perfection. Comme il y travaillait avec toute l'ardeur possible, il eut rvlation que son heure tait proche. Pour s'y disposer, il se dmit de lui-mme de la charge de suprieur, donnant pouvoir aux religieux d'en lire un autre en sa place et, prenant quatre de ses enfants avec lui, il se retira en un petit ermitage de saint Lger, martyr, qu'il avait fait btir hors les portes de son monastre, du ct de l'Orient, afin d'y passer le reste de ses jours dans une plus parfaite union avec Dieu. Les religieux, se voyant privs de leur Pre, lurent Adalfrde pour lui succder mais celui-ci, s'enorgueillissant de ce nouvel honneur, commena s'approprier les biens du monastre et maltraiter ses frres. Saint Erbland en tant averti, lui manda de se corriger, s'il ne voulait prouver bientt les effets de la colre d'un Dieu vengeur, mais Adalfrde, faisant peu de cas de ces avertissements, le Saint dit ses religieux dsols, qui lui en faisaient des plaintes : Mes frres, ne dites mot; un peu de patience, et vous le verrez bientt punir de ses crimes. A trois jours de l, l'indigne abb se vit frapp la nuit comme d'un coup de bton, par le serviteur de Dieu, et aussitt, se sentant dvore d'un cruel feu dans les entrailles, il perdit tout ensemble la vie et l'abbaye, ds la premire anne qu'il la possdait. Aprs la mort d'Adalfrde, tous les religieux supplirent leur saint Pre de leur nommer lui-mme un suprieur qui ft selon le cur de Dieu et le sien; il le fit en leur donnant un religieux appel Donat, qu'il avait lui-mme lev, ds sa jeunesse, dans la vertu et dans les bonnes murs. Peu de temps aprs, voyant approcher l'heure o il devait recevoir la rcompense de ses travaux, il en donna avis ses frres, et les exhorta tous, avec beaucoup de ferveur, persvrer constamment en leur vocation, puis il leur donna sa dernire bndiction et, tant muni des divins sacrements de l'Eglise, il exhala son me bienheureuse entre les mains de son divin Crateur, sans aucune apparence de douleur, comme si son corps, qui avait toujours t si libre de tous les mouvements contraires la chastet, et t exempt de souffrir l'agonie de la mort.

    RELIQUES DE SAINT HERBLAND

    Il fut inhum en l'glise de Saint-Paul, auprs de l'oratoire de saint Vandrille, premier abb de Fontenelle. Dieu a fait plusieurs miracles son tombeau, par ses mrites et son intercession. Quelques annes aprs il apparut un bon religieux, appel Sadrevert, lui commandant de dire l'abb qu'il fit transporter son corps en l'glise de Saint-Pierre ce qui ne se fit point sans merveilles. La plus grande partie de ses reliques furent transportes, en 869, pour viter la profanation des Normands, an monastre de Beaulieu, en Touraine, et ensuite au chteau de Loches. L'glise paroissiale de Saint-Hermaland, Rouen, l'glise collgiale de Saint-Mainboeuf, d'Angers, la paroisse de Cagneux, dans le diocse de Paris, vnraient autrefois

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  • une partie du corps de ce saint Abb. L'glise de Nantes fait la fte de ce Saint le 28 novembre, jour de quelque translation. Paris, on en fait mmoire le 18 octobre. Le monastre d'Aindre fut dtruit par les Normands. Il y a maintenant dans l'ile d'Aindrette une clbre fonderie de canons. Voici, sur les reliques de saint Hermeland, re que je trouve dans une notice faite sur mon glise, il y a six mois, par un vicaire de Loches, M. l'abb Bardet : Ces reliques furent donnes, vers l'an 965, par le comte d'Anjou, Geoffrey Griseganelle, l'glise Notre-Dame de Loches, qu'il venait de faire construire ses frais. Elles y restrent l'objet de la vnration publique, et malgr les rvolutions, elles y taient encore en 1848, poque laquelle M. Nogret, cur de Saint-Ours, et aujourd'hui vque de Saint-Claude, en cda, avec l'autorisation de l'archevque de Tours, la plus grande partie la ville de Nantes. Nous n'avons plus la paroisse qu'un tibia.

    tir de : Les Petits Bollandistes; Vies des saints tome 3

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    2010-09-03T15:59:49+0200archimandrite Cassien