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Cet ouvrage est paru à l’origine aux Editions Larousse en 2000 ; sa numérisation a été réalisée avec le soutien du CNL. Cette édition numérique a été spécialement recomposée par les Editions Larousse dans le cadre d’une collaboration avec la BnF pour la bibliothèque numérique Gallica.

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  • Cet ouvrage est paru lorigine aux Editions Larousse en 2000 ;

    sa numrisation a t ralise avec le soutien du CNL.

    Cette dition numrique a t spcialement recompose par

    les Editions Larousse dans le cadre dune collaboration avec la

    BnF pour la bibliothque numrique Gallica.

  • *Titre : *Dictionnaire de l'conomie / sous la dir. de Pierre Bezbakh etSophie Gherardi ; prf. de Jean-Marie Colombani

    *diteur : *Larousse (Paris)

    *diteur : *"Le Monde" (Paris)

    *Date d'dition : *2000

    *Contributeur : *Bezbakh, Pierre. Directeur de publication

    *Contributeur : *Gherardi, Sophie. Directeur de publication

    *Sujet : *conomie politique -- Dictionnaires

    *Sujet : *Gographie conomique -- Dictionnaires

    *Type : *monographie imprime

    *Langue : * Franais

    *Format : *638 p. : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 24 cm

    *Format : *application/pdf

    *Droits : *domaine public

    *Identifiant : * ark:/12148/bpt6k1200505f

    *Identifiant : *ISBN 2035051428

    *Source : *Larousse, 2012-129492

    *Relation : * http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb37195138j

    *Provenance : *bnf.fr

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    Cet ouvrage est paru lorigine aux Editions Larousse en 2000 ;

    sa numrisation a t ralise avec le soutien du CNL.

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    RESPONSABLE DITORIAL

  • Jules Chancel

    DITION

    Dulce Gamonal

    CONCEPTION DE LA MAQUETTE

    Jean-Yves Grall

    MAQUETTE DE COUVERTURE

    ID Volume

    RALISATION DE LA MISE EN PAGE

    MCP

    SUIVI DE LA MISE EN PAGE

    Guy Calka

    DOCUMENTATION

    Nadine Sol

    RALISATION DES GRAPHIQUES

    Atelier Gilles Alkan

    RECHERCHE ICONOGRAPHIQUE

    Natalie Saint-Martin

    LECTURE-CORRECTION

    Service de lecture-correction Larousse-Bordas

    FABRICATION

    Nicolas Perrier

    Larousse/HER 2000

    Toute reproduction ou reprsentation intgrale ou partielle, par quelqueprocd que ce soit,de la nomenclature et/ou du texte contenus dans le prsent ouvrage etqui sont la proprit

    de lditeur, est strictement interdite.downloadModeText.vue.download 5 sur 646

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    Prface

    En dcidant de vous proposer un Dictionnaire de lconomie et ensadressant pour

  • cela lditeur de rfrence en matire de dictionnaires, Larousse, leMonde a vouluentrer dans le nouveau sicle en accordant lconomie la place qui estla sienne, lapremire. Qui ne voit en effet quaujourdhui, et pour quelques solidesannes devant nous,on ne peut tre vraiment et compltement inform quen ayant une aussibonne matriseque possible des principales donnes conomiques.

    Bien sr lconomie nest pas tout et ne saurait elle seule rendrecompte de la vie de nossocits. Et il lui arrive de se tromper. Dj, dans les annes 1960,nous avions vcu un vritableengouement pour une conomie technicienne et technocratique. Ctait lapriode o sins-tallait la prospective et les tudes de futurologie, dans la fouledune planification qui tait lamode partout : lEst, avec la planification du type sovitique quisexportait vers les pays dits en voie de dveloppement , nouvellement indpendants ; lOuest,avec les grands groupesindustriels amricains qui se dotaient de stratgies long terme ; enFrance, avec le rle minentjou par le Commissariat au Plan et la planification la franaise .Il fallait alors tre capablede faire une place de plus en plus grande lcomometrie, et lestudiants taient pris de sefamiliariser avec le fameux modle fifi le modlephyisico-financier de lconomie fran-aise. Nous approchions de mai 1968 et de lapoge des Trente Glorieusesqui ont caractris lapriode de reconstruction de lEurope aprs leffroyable chaos de laSeconde Guerre mondiale.

    Et cest la mme poque que le Club de Rome, qui tait la vie delconomie mondiale cequest devenu aujourdhui le fameux forum de Davos, prdisait que lacroissance toucherait sa fin. Vint ensuite le choc ptrolier de 1973 et les annes de crisequi sen suivirent pen-dant le dernier quart de sicle, avec le retour dun chmage massif dansles pays dvelopps.La rflexion prit un tour pessimiste, les conomistes cherchrent nousfamiliariser avec leconcept de stagflation , ce mlange dinflation et de stagnation quiallait de pair avec le stop and go , cest--dire cette alternance de politique de relanceet de politique restrictivequi gouvernait la conduite de nos conomies. Mais on voit dj que pluson avanait, plus lebesoin devenait impratif de matriser les concepts et recettes diversqui chaque jour davantagestructuraient les dbats de nos socits.

    Cette situation de crise suscita une remise en cause radicale delconomie politique, tellequelle fonctionnait partir du milieu des annes 1970, et bienvidemment la recherche deremdes globaux. On chercha de nouveaux systmes. Autour de deux types

  • de critiques quiprirent naissance et se dvelopprent ensuite : lune, antiproductivisteet qui devait nourrirlessentiel de la critique environnementaliste de lconomie, pourconduire aujourdhui lidedun autre dveloppement ; lautre, directement arme par une cole depense forme luniversit de Chicago, contre le consensus keynsien qui avait permisles annes de prospritdes Trente Glorieuses.

    Ce fut alors la grande vogue de lultralibralisme et du montarisme quiculminrent avec laprsidence de Ronald Reagan aux tats-Unis de 1980 1988 et avec lesonze annes du rgnede Margaret Thatcher en Grande-Bretagne.downloadModeText.vue.download 6 sur 646

    DICTIONNAIRE DE LCONOMIE

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    La priode qui souvre est diffrente : elle est domine par la sortiede la crise et donc leretour de la croissance un peu partout dans le monde et parlengouement pour la nou-velle conomie , autour de la rvolution technologique qui sinstalleet qui bouleverse, aveclInternet, lunivers de la communication. Loptimisme est donc deretour avec lide que lco-nomie mondiale a renou avec un cycle long de croissance. En mme tempsque continuent desaffirmer les critiques plus radicales, concentres autour deproccupations dordre cologique,lies notamment aux thses scientifiques du rchauffement de la plante,lui-mme induit parla production de gaz carbonique, et dautre part articules autourdanalyses qui prdisent unprochain krach boursier plantaire. Les conomistes hsitent donc, moins quils ne fassent lasynthse entre un optimisme de long terme et un pessimisme de courtterme, illustrant leurmanire le trouble des esprits caractristique de la priode que nousvivons, qui est celle duneformidable mutation.

    Comme au tournant du sicle prcdent, nous traversons le passage dunsystme de produc-tion un autre : nous connaissions les donnes fondamentales dessocits industrielles, nousne faisons quentrevoir les caractristiques des socits decommunication qui sbauchent. Demme allons-nous dun quilibre gopolitique un autre : celui de laguerre froide avait sespoints de repre, sa rgle du jeu, la dissuasion nuclaire ; celui quisbauche nous est encoreparfaitement inconnu, mme sil est domin par la surpuissanceamricaine. Cest donc par dfi-nition une poque o celles et ceux qui veulent tre acteurs plus que

  • spectateurs de leur destinont besoin de points de repre pour tenter de mieux dcrypter uneralit devenue infinimentplus complexe et plus difficile saisir quelle ne le fut jamais danslhistoire.

    Apporter un outil de connaissance, proposer des grilles dinterprtationpossible, tel est lobjec-tif que le Monde a poursuivi avec Larousse en mettant sur pied cettecollaboration destine mieux vous informer sur lconomie. Sachant quil y faut desconnaissances techniques, unebonne capacit obtenir et interprter des informations ce en quoilapport dun quotidiencomme le Monde est irremplaable , conscients aussi que lconomie estsouvent une affairede point de vue et parfois plus souvent quon ne le croit deconvictions idologiques, nousnous sommes efforcs de vous prsenter un ouvrage exhaustif.

    Cest donc lconomie dans toutes ses dimensions que nous vous proposons: historique, natio-nale, internationale, du point de vue des institutions, des entreprises,de la thorie, de la pratique,le tout illustr, reli des analyses de conjoncture, expliqu par desstatistiques et mis en pers-pective. Pour y parvenir, et constituer les 750 entres et 31 dossiersquoffre ce dictionnaire,nous avons mobilis une quipe pluridisciplinaire de journalistes duMonde et de professeursdconomie des universits franaises. Cette quipe de 41 auteurs vousoffre une prsentationvivante et accessible qui vous permettra dtre mieux en prise sur laralit de notre poque etdonc davantage citoyenne et citoyen.

    Jean-Marie ColombanidownloadModeText.vue.download 7 sur 646

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    Mode demploi

    Le Dictionnaire de lconomie se compose decinq parties :

    questions gnrales

    le dictionnaire

    lconomie pratique

    les statistiques

    lindex

    Les questions gnrales constituent unesorte dintroduction louvrage en proposantune rflexion rapide sur les grands thmes de

  • lconomie contemporaine : poids de la tech-nologie, rle des marchs, rle de ltat, mon-dialisation, etc. Le lecteur peut y trouver le fillui permettant de sorienter dans sa consulta-tion de louvrage.

    Le dictionnaire lui-mme est composdentres et de dossiers. Les entres sontconstitues dune courte dfinition, dun dve-loppement, ventuellement dencadrs sur telou tel point particulier, et, en fin dentre, derenvois dautres entres proches du thmeconsult. Les mots suivis dun astrisque (*)font eux-mmes lobjet dune entre. Cer-tains mots, sigles ou noms propres figurenten gras. Ils sont destins attirer lattention

    du lecteur et sont indexs comme les entreset dossiers en fin douvrage. Les dossiers, quelon retrouve leur place alphabtique, sontconsacrs des notions juges particulire-ment importantes dans la vie conomiquecontemporaine ; ils sont traits davantage lafaon de grands articles de presse, en insistantsouvent sur lvolution historique comme surlactualit du thme. Les schmas visualisentou compltent les dveloppements crits.Ils permettent de mettre en perspective leschiffres et les volutions sur le temps.

    Lconomie pratique concerne la viequotidienne sous langle conomique : crdit,contrat de travail, salaire, fiscalit, pargne,chmage, retraite et succession. Elle rap-pelle les formalits et les termes usuels desdomaines concerns ; elle complte les dve-loppements plus historiques ou thoriques dudictionnaire.

    Les statistiques, issues de la base de don-nes Larousse, fournissent les chiffres et indi-cations essentielles sur les 192 pays du monde.

    Enfin, lindex permet de retrouver, leurspages dapparition, toutes les entres de lou-vrage ainsi que les noms et notions utiles maisne faisant pas lobjet dune entre particulire.downloadModeText.vue.download 8 sur 646

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    Collaborateurs

    (Les biographies des auteurs sont suivies des initiales

    avec lesquelles les notices et dossiers sont signs.)

    Pierre Bezbakh, matre de confrences

  • luniversit Paris IX-Dauphine, auteur de

    Inflation et dsinflation, coll. Repres , La

    Dcouverte, 1995, et de Histoire de France

    des origines nos jours (2 vol.), Larousse,

    1997. (P. B.)

    Sophie Gherardi, journaliste au Monde et

    au Monde des dbats. (S. G.)

    Wladimir Andreef, professeur de sciences

    conomiques luniversit Paris I-Pan-

    thon-Sorbonne, auteur de la Crise des co-

    nomie socialistes, Presses universitaires de

    Grenoble, 1996, des Multinationales globales,

    coll. Repres , La Dcouverte, 1996, et

    de lconomie du sport, coll. Que sais-je ? ,

    PUF, 1997. (W. A.)

    Marie-Florence Bennes, sinologue. (M.-

    F. B.)

    Philippe Bernard, journaliste au Monde, s-

    quence Socit, auteur de lImmigration, les

    enjeux de lintgration, Marabout/Le Monde

    ditions, 1998. (P. Ber.)

    Jean-Michel Bezat, journaliste au Monde,

    squence Socit. (J.-M. B.)

    Bernard Chavance, professeur de sciences

    conomiques luniversit Paris VII-Denis

    Diderot, auteur de Marx et le capitalisme

    (dir. douvrage), Nathan, 1996, et de Capita-

    lisme et socialisme en perspective, La Dcou-

    verte, 1999. (B. C.)

    Lucas Delattre, journaliste au Monde, s-

  • quence International. (L. D.)

    Jean-Claude Drouin, professeur de

    sciences conomiques lInstitut suprieur

    dlectronique de Paris, auteur des Grands

    Auteurs de la science conomique, coll. Ma-jor , PUF, 1996, des Grandes Notions delconomie, coll. Major , PUF, 1997 et deTous conomistes. Guide dintroduction lco-nomie, coll. Major , PUF, 1999. (J.-C. D.)

    Najat El Mekkaoui-De Freitas, matre de

    confrences luniversit Paris IX-Dauphine,

    auteur de Fonds de pension et marchs finan-

    ciers, LHarmattan, 1999, et coresponsable

    de Fonds de pension. Aspects conomiques et

    financiers, Economica, 2000. (N. E.-M.)

    Franois Etner, professeur de sciences co-

    nomiques luniversit Paris IX-Dauphine,

    auteur de Histoire de la pense conomique,

    Economica, 2000, de Microconomie, 2e d.,

    PUF, 1999, et de Histoire du calcul cono-

    mique en France, Economica, 1987. (F. E.)

    Alain Faujas, journaliste au Monde, suppl-

    ment conomie, auteur de Trigano, laven-

    ture du Club, Flammarion, 1994. (A. F.)

    Sophie Fay, journaliste au Monde, squence

    Entreprises. (S. F.)

    Jean-Marc Fontaine, matre de confrences

    lInstitut dtude du dveloppement co-

    nomique et social (IEDES) de luniversit

    Paris I-Panthon-Sorbonne, auteur de M-

    canismes et politiques de dveloppement. Du

    Big-Push lajustement structurel, ditions

  • Cujas, 1995, et de Restoring Demand in the

    World Economy (en collaboration avec Jo-

    seph Halevi), Edward Elgar, Londres, 1998.

    (J.-M. F.)

    Pascal Galinier, journaliste au Monde, s-

    quence Finances et marchs. (P. G.)downloadModeText.vue.download 9 sur 646

    DICTIONNAIRE DE LCONOMIE

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    Dominique Gallois, journaliste au Monde,

    squence Entreprises, auteur de la Bourse,

    Marabout/Le Monde ditions, 1995. (D. G.)

    Franois Grosrichard, journaliste au

    Monde, squence Socit. (F. G.)

    Bernard Guillochon, professeur de

    sciences conomiques luniversit Paris

    IX-Dauphine, auteur de conomie interna-

    tionale, Dunod, 1998. (B. G.)

    Guy Herzlich, journaliste au Monde des d-

    bats, auteur de la Population mondiale, Mara-

    bout/Le Monde ditions, 1995. (G. H.)

    Erik Izraelewicz, rdacteur en chef des

    chos, auteur de Ce monde qui nous attend,

    Grasset, 1997, et du Capitalisme zinzin,

    Grasset, 1999. (E. I.)

    Annie Kahn, journaliste au Monde, suppl-

    ment conomie. (A. K.)

    Herv Kempf, journaliste au Monde, s-

    quence International, auteur de lconomie

    lpreuve de lcologie, Hatier, 1994, et de

  • la Rvolution biolithique, Albin Michel, 1998.

    (H. K.)

    Mario Lanzarotti, matre de confrences

    luniversit Paris I-Panthon-Sorbonne, au-

    teur de la Core du Sud. Une sortie du sous-

    dveloppement, PUF, 1992. (M. L.)

    Bruno Lautier, professeur de sociologie

    lInstitut dtude du dveloppement co-

    nomique et social (IEDES), universit Paris

    I-Panthon Sorbonne, auteur de lconomie

    informelle dans le tiers-monde, coll. Re-

    pres , La Dcouverte, 1994, et, avec Ro-

    bert Cabanes, de Profils dentreprises au Sud,

    Karthala, 1996. (B. L.)

    Anne Lavigne, professeur dconomie

    luniversit dOrlans, auteur en collabora-

    tion avec Jean-Paul Pollin de la Thorie de la

    monnaie, La Dcouverte, 1997. (A. L.)

    Franoise Lazare, journaliste au Monde,

    squence Aujourdhui. (F. L.)

    Alain Lebaube, journaliste au Monde, di-

    torialiste, auteur de lEmploi en miettes, Ha-

    chette ducation, 1987, et de Travail, toujours

    moins, Marabout/Le Monde ditions, 1997.

    (A. Le.)

    Edwin Le Heron, matre de confrences

    lInstitut dtudes politiques de Bordeaux,

    coauteur de Histoire de la pense et de

    lanalyse conomiques, Cujas, 1994. (E. L. H.)

    Pierre Lvy, matre de confrences luni-

  • versit Paris IX-Dauphine (P. L.)

    Virginie Malingre, journaliste au Monde,

    squence France. (V. M.)

    Jean-Michel Normand, journaliste au

    Monde, squence Aujourdhui. (J.-M. N.)

    Marc Raffinot, matre de confrences

    luniversit Paris IX-Dauphine, auteur de les

    Dettes des tiers-mondes, coll. Repres , La

    Dcouverte, 1993, et de Dette et pauvret

    (codirection douvrage avec Jean-Yves Mos-

    seron), Economica, 1998. (M. R.)

    Alain Rallet, professeur de sciences co-

    nomiques luniversit de Bourgogne et

    luniversit Paris IX-Dauphine, auteur de

    conomie industrielle et conomie spatiale,

    Economica, 1995, et de Technologies de lin-

    formation et de la communication et perfor-

    mances conomiques, ditions du Commis-

    sariat gnral du Plan, 1999. (A. R.)

    Jacques Richard, professeur de sciences de

    gestion luniversit Paris IX-Dauphine, au-

    teur de Comptabilit et pratiques comptables,

    Dalloz, 1996, de Comptabilit gnrale, une

    optique internationale (en collaboration avec

    C. Collette), Dunod, 1996, et dAnalyse fi-

    nancire et gestion des groupes (en collabo-

    ration), Economica, 2000. (J. R.)

    Anne-Marie Rocco, journaliste au Monde,

    squence Entreprises, auteur de lIncroyable

    Histoire de George Soros, Assouline, 1999.

  • (A.-M. R.)

    Jean-Marc Siron, professeur de sciencesconomiques luniversit Paris IX-Dau-downloadModeText.vue.download 10 sur 646

    DICTIONNAIRE DE LCONOMIE

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    phine, auteur de lconomie mondiale, coll. Cursus , Armand Colin (2 tomes, 1993et 1994), de Matriser le libre-change (avecG. Lafay), coll. Poche , Economica, 1994,et de la Rgionalisation de lconomie mon-diale, Col. Repres , La Dcouverte,2000. (J.-M. S.)

    Michel Sollogoub, professeur de sciences

    conomiques luniversit Paris I-Pan-

    thon-Sorbonne. (M. S.)

    Philippe Steiner, matre de confrences luniversit Paris IX-Dauphine, auteur de

    Essai sur les rationalisations de la penseconomique (1750-1850), PUF, 1998, de la Science nouvelle de lconomie politique,PUF, 1998, et de la Sociologie conomique, LaDcouverte, 1999. (P. S.)

    Pascal Ughetto, chercheur lIRIS (CNRS-

    Paris IX-Dauphine). (P. U.)

    Franoise Vaysse, journaliste au Moniteur

    des travaux publics et du btiment. (F. V.)

    Alain Vernholes, ancien journaliste au

    Monde, chroniqueur la Croix. (A. V.)downloadModeText.vue.download 11 sur 646

    QUESTIONS GNRALESdownloadModeText.vue.download 12 sur 646

    DICTIONNAIRE DE LCONOMIE

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    La technologie,cratrice oudvoreusedemplois ?

  • La question de savoir si la technologiecre ou supprime globalement des em-plois semble ne jamais devoir tre tran-che. Difficile en effet destimer ce que seraitle monde (et celui du travail en particulier)si lutilisation des technologies ne stait pasdveloppe comme elle la fait ces derniresdcennies. Il est vident que certains gainsde productivit nauraient pas vu le jour danslindustrie et les services ; les robots seraientmoins utiliss dans les chanes de fabricationautomobile, au profit de la main-doeuvrehumaine, et on continuerait daller retirer delargent en sadressant un employ duneagence bancaire plutt quen introduisant sacarte de crdit dans un distributeur automa-tique de billets.

    Mais, paralllement, le cot de certains biensnaurait pas pu dcrotre aussi vite ; il en estainsi en particulier des ordinateurs. Lautoma-tisation de leur fabrication et surtout de celledes circuits intgrs toujours plus puissantsqui en sont le coeur ont mis ce produit laporte des mnages. Ce nouveau march at crateur demplois directs mais aussi indi-rects.

    Comme lanalyse Marc Giget, fondateur de lasocit de conseil Euroconsult et titulaire dela chaire conomie et innovation au Conser-vatoire national des arts et mtiers, si la pro-duction de puces lectroniques na cr que30 000 emplois aux tats-Unis de 1993 1998, elle a en revanche engendr une aug-mentation de la production dordinateurs lorigine de 70 000 crations demplois, etsurtout un dveloppement exponentiel deldition de logiciels qui a suscit prs de600 000 nouveaux emplois. Car la program-mation est un secteur ncessitant une fortemain-doeuvre. Linformatique et les tlcom-

    munications ont aussi permis le dveloppe-ment de nouveaux mdias (CD-ROM, sitesInternet, chanes de tlvision cbles, parsatellite, etc.) ; 170 000 nouveaux emploisont ainsi t crs dans les mdias durantla mme priode aux tats-Unis. Car, mmesil ne faut parfois quun seul journaliste pourproduire une mission sur Internet, la multi-plication des chanes a eu un effet globale-ment positif.

    Autre exemple : celui des centres dappelstlphoniques. Ce nouveau service a entranla cration de 1 million demplois en Europe,selon la socit dtudes Dataquest.

  • Globalement, le dveloppement spectacu-laire des technologies de linformation etde la communication, depuis le dbut desannes 1980, a contribu positivement lacroissance, affirment dsormais la plupart desconomistes.

    Un phnomne difficile estimer : sagit-ilde simples mouvements conjoncturels ou deprofondes mutations de la socit ?

    Quelques conomistes de renom, commeRobert Solow, taient trs sceptiques quant la productivit de tels investissements auniveau macroconomique. On voit les ordi-nateurs partout sauf dans les statistiques deproduc-tivit , avait ainsi crit ce laurat duprix Nobel dans le New York Times en juil-let 1987. Cette divergence de vues sembletre arrive son terme, et la contributionpositive des technologies la croissance, fairedsormais lunanimit, que ce soit au niveaudes entreprises, des secteurs dactivit ou despays. Daniel Sichel, un pilier du clan des scep-tiques, publie dans le numro davril 1999 deBusiness Economics un article qui marque unrevirement. Sous le titre laconique Ordinateurset croissance cono- mique : une mise jour, il re-connat, chiffres et quations lappui, quauxtats-Unis la contribution des ordinateurs lacroissance ne fait dsormais plus de doute. Ilmet deux hypothses expliquant cette appa-rition tardive dans les statistiques. La premireest celle formule au dbut de la dcenniepar un autre conomiste amricain, Paul Da-downloadModeText.vue.download 13 sur 646

    DICTIONNAIRE DE LCONOMIE

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    vid : un certain laps de temps est ncessairepour transformer une nouvelle technologieen produits et services rellement productifs.Na-t-il pas fallu plusieurs dizaines dannespour que linvention de llectricit soit mise profit dans lindustrie ? Des technologiesradicalement nouvelles se diffusent graduelle-ment, parce quil faut un certain temps pourque les entreprises apprennent se servirefficacement de ces nouvelles ressources. La seconde hypothse, plus conjoncturelle,est lie la concomitance de deux phno-mnes : dune part, lacclration de la baissedes prix des ordinateurs et, dautre part, lacroissance conomique globale.

    Des effets contrasts et ingaux : la nouvelle conomie est dabord

  • celle des pays riches

    Le prsident des tats-Unis Bill Clinton navaitpas attendu ces explications thoriques pourpromouvoir avec vigueur les autoroutes delinformation . Mais ces nouvelles constata-tions ne pourront que renforcer limpulsiondonne en France par Lionel Jospin pouracclrer lentre de la France dans la so-cit de linformation . Car si, comme lex-plique Marc Giget, pendant les Trente Glo-rieuses, la croissance ntait pas ou peu lie la technologie , il nen est plus de mmeaujourdhui, quand lessentiel des besoins debase des consommateurs sont satisfaits. Lacroissance doit se trouver ailleurs, dans loffrede nouveaux biens et services.

    Pour linstant, les technologies de linforma-tion (ordinateurs, tlphones portables etservices informatiques et de tlcommuni-cations, essentiellement) ne contribuent enFrance que pour environ 15 % la croissancedu produit intrieur brut (PIB). La France nesttoutefois pas tout fait en queue du peloton.Dans son ouvrage Technologie, productivit etcration demplois, lOCDE estime que, globa-lement, les industries de haute technologie,dans le secteur manufacturier comme dansles services, ont t directement lorigine

    dun quart un tiers de la croissance totalede la production des entreprises entre 1980et 1995. Pour les pays du G7, leur contribu-tion a t la plus leve au Japon, puis auCanada, en Allemagne, au Royaume-Uni etaux tats-Unis ; lItalie arrivant en dernireposition

    Or, qui dit croissance du PIB, dit aussi effetfavorable sur lemploi. La bonne sant co-nomique que connaissent les tats-Unis encette fin de XXe sicle, avec un trs faible tauxde chmage, serait en grande partie due lutilisation gnralise des nouvelles techno-logies, qui ont rellement amlior la com-ptitivit des entreprises amricaines, et nonpas aux seuls emplois McDo comme onla longtemps dit.

    Si le solde est positif, toutes les catgoriesdemplois ne sont pas loges la mmeenseigne. Dans son rapport cit prcdem-ment, lOCDE analyse statistiquement cephnomne. Linnovation technologique pro-voque des rductions de salaires et demploispour les travailleurs non qualifis, et susciteen revanche des augmentations de salaires etdes crations demplois pour les travailleursdu savoir . Les volutions varient aussi selon

  • les secteurs, avec une volution positive desemplois dans les services utilisateurs de tech-nologie en particulier.

    A. K.! Information, technologie

    Ltat peut-ilencore contrlerlconomienationale ?

    Lpoque semble dsormais rvolue oles responsables politiques prenaienttoutes les dcisions en matire co-nomique (dans le cas des pays socialistes conomies planifies), ou intervenaientdownloadModeText.vue.download 14 sur 646

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    rgulirement dans la vie conomique tra-vers leur politique budgtaire, montaire ouindustrielle (comme en France durant lesTrente Glorieuses). Cette remise en cause dudirigisme conomique sexplique par la mon-dialisation, qui rend plus difficile laction desautorits conomiques, et par la victoire desides librales, accusant ltat dtre respon-sable des difficults conomiques du dernierquart de sicle.

    Si certains aspects de cette volution pa-raissent irrversibles, les moyens daction destats sont pourtant loin davoir disparu.

    La chute du modle sovitiquecomme la critique librale du tropdtat ou les traits dintgrationconomique rgionale impliquent laremise en cause du dirigisme

    La forme la plus acheve de contrle duneconomie nationale fut celle que connutlUnion sovitique partir des annes 1930,priode durant laquelle Staline choisit decollectiviser lensemble des terres et desentreprises industrielles et commerciales,et dimposer autoritairement les dcisionsdu bureau central de la planification (Gos-plan). La France, de son ct, adopta aprs laSeconde Guerre mondiale une planificationindicative sans contrainte ni sanction, fixantdes objectifs souhaitables aux secteurs privet public, que ltat aidait raliser grce ses propres investissements, aux moyens definancement fournis par les tablissements

  • bancaires quil contrlait et limportancedes flux de revenus transitant par ses caisses.Mais lchec du modle sovitique eutpour effet de discrditer linterventionnismetatique et de renforcer les arguments deceux qui, dans les pays occidentaux, criti-quaient le trop dtat . En France, lagauche elle-mme, arrive au pouvoir, aprsavoir tendu la sphre publique en 1981-1982, choisit daccepter les contraintes dumarch, poursuivit les privatisations inities

    par la droite et accepta les dispositions lib-rales des traits europens (visant rduireles dpenses publiques, priver les tats dupouvoir de battre monnaie, et leur interdi-sant de perturber le jeu de la concurrence).Ces dcisions sexpliquent par des raisonsidologiques, mais aussi parce que les diff-rentes conomies sont devenues de plus enplus interdpendantes : une relance dans unpays (comme en France en 1981) peut bn-ficier surtout ses voisins, et des dcisionspubliques contraignantes risquent de provo-quer une fuite des capitaux et un effon-dre-ment de la monnaie du pays.

    Ces choix libraux sont le rsultat dunelongue volution : la signature du trait deRome, en 1957, avait constitu la premiregrande tape en amenant six pays euro-pens supprimer entre eux leurs barriresdouanires ; ils furent rejoints par neuf autrespays, qui tablirent aussi la libre circulationdes hommes et des capitaux, et dcidrentde crer une monnaie unique chappant aupouvoir des tats.

    En dehors de lEurope, lvolution va dansle mme sens. Les accords de libre-changeamricains (ALENA au nord, Mercosur ausud), lASEAN en Asie, la cration de lOr-ganisation mondiale du commerce, visant diminuer les tarifs douaniers, les quotas limportation, et limiter les distorsions la libre concurrence, rduisent les moyensdont disposent les tats pour contrler leurpropre conomie.

    De plus, les nouvelles techniques de com-munication permettent de transfrer en uninstant des sommes considrables dun pays lautre en dehors de tout contrle tatique.

    Mais le contrle de ltat na pasdisparu, mme sil change progressi-vement de nature et dchelle

    Cependant, si le contrle tatique est plus li-mit, il subsiste et ne peut disparatre quavec

  • ltat lui-mme.downloadModeText.vue.download 15 sur 646

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    En effet, lexistence de ltat implique celledun ensemble dinstitutions (administrations,ministres, services publics...), dont le poidsconomique, mme rduit, compte dans lefonction-nement de lconomie globale. Dansun pays comme les tats-Unis o ltat seveut peu interventionniste, le total des pr-lvements obligatoires (servant financer lebudget de ltat et les prestations sociales)reprsentait prs de 30 % du PIB en 1996. Deplus, la Banque fdrale amricaine, indpen-dante du pouvoir politique, lui doit cependantdes comptes, car il est prcis dans ses statutsquelle doit assurer la croissance conomiquedu pays.

    Dans les pays de lUnion europenne, lecontrle conomique des tats nationauxpeut sexercer encore de plusieurs faons : ilsrestent matres du poids de leur fiscalit, de lastructure de leurs dpenses publiques, de leurlgislation sociale et de leur droit du travail (laFrance na pas hsit sengager seule dans larduction du temps de travail...) ; dans le casde risques graves pour lconomie nationaleou la sant publique, les tats prennent desdcisions unilatrales de sauvegarde (commedans le cas de la vache folle ou du pou-let la dioxine ).

    Sil se produit un transfert de comptence destats nationaux vers des institutions commu-nautaires, et que se constitue un pouvoir cen-tral europen, celui-ci exercera un contrlesur lconomie europenne, travers lhar-monisation impose des politiques fiscale, so-ciale, colo-gique..., du droit des socits, desdroits de succession... Un tel pouvoir peutmme, sil en a la volont, reprendre en mainla politique montaire en imposant ses vues la Banque centrale europenne, mener unepolitique conomique active pour relancerla croissance ou rduire les ingalits rgio-nales au sein de lEurope, ou encore pourinterdire limportation en Europe de produitsjugs dangereux (aliments transgniques) oufabriqus dans des conditions inacceptables(travail des enfants en Asie).

    Le refus de divers pays europens daccep-ter lAMI (Accord multilatral sur les inves-tissements), qui aurait interdit aux tats de

  • contrler certains mouvements de capitauxinternationaux, montre que les tats nen-tendent pas se priver de toutes leurs armes.

    P. B.! tat, libralisme conomique, politique conomique,politique montaire

    Une croissanceforte est-elleencore possible ?

    Les taux de croissance relativementfaibles (de lordre de 2 3 % par an)que lon observe dans la plupart desgrands pays industriels depuis le milieu desannes 1970 laissent penser que la crois-sance forte caractrisant la priode desTrente Glorieuses appartient dsormais aupass. Mais les rythmes trs diffrents de lacroissance depuis les origines de la rvolutionindustrielle montrent que cette opinion peuttre trompeuse.

    Comment apprcier la croissance ?

    La croissance peut tre dfinie et mesurepar les variations du produit intrieur brutdun pays, cest--dire de lensemble des bienset services marchands et non marchandsproduits durant une priode donne. Mais lanotion de croissance forte na pas de baseobjective, car il nexiste aucun taux habituelou ordinaire de croissance.

    Lhistoire du capitalisme industriel est en effetmarque par une succession de priodesayant des taux de croissance trs diffrents.Au XIXe sicle, ce taux a t de lordre de2 % par an en moyenne, avec des phasesde croissance encore plus lente (annes1830-1850, 1870-1890), mais aussi avec desphases de croissance plus forte (1850-1870,downloadModeText.vue.download 16 sur 646

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    1895-1914), les unes et les autres tant mar-ques par des petits cycles dexpansion etde rcession. Durant lentre-deux-guerressopposent trois priodes trs diffrentes :forte croissance durant les annes 1920, crisede 1929 1933-1935, suivie dune difficilereprise. Aprs la Seconde Guerre mondiale,la priode dite des Trente Glorieuses (1945-1974), marque par des taux de croissance forts de 5 % par an (et mme plus levs

  • en Allemagne et au Japon), laissa la place partir de 1975 une priode de croissancedeux fois plus faible, accompagne dannesde rcession. On peut donc penser que desphases de croissance forte et faible se succ-deront nouveau dans lavenir.

    Dautre part, la croissance dpend de ceque lon retient dans la dfinition du produitnational : celle-ci comprend une composantenon marchande correspondant la valeur desservices rendus par les administrations (du-cation, dfense, police, justice...). Mais cettedfinition ne comprend pas le secteur agri-cole traditionnel, tourn vers la satisfactionde besoins locaux, ni le secteur dit informel,o des habitants sorganisent pour survivreen dehors des circuits marchands, ni encoreles activits non rmunres effectues do-micile (entretien de la maison, ducation desenfants, travail de recherche sur ordinateur...).Un pays o ces activits prennent de lam-pleur par rapport son secteur marchandvoit donc son taux de croissance se rduire.La comparaison entre taux de croissancedconomies structurellement trs diffrentesest donc dune pertinence limite.

    Pourquoi une croissance faibledepuis 1975 ?

    Ce ralentissement de la croissance a plu-sieurs causes, toujours prsentes, qui rendentimprobable le retour rapide dune croissanceforte.

    La concurrence accrue entre vieux et nouveaux pays industriels, la recherchede devises procures par les exportations

    pour payer la facture ptrolire, sest bruta-lement tendue aprs les fortes hausses desprix de lnergie de 1974 1979, et lench-rissement du dollar (servant payer le p-trole) entre 1980 et 1985. Ces contraintesnouvelles ont rduit la part du march mon-dial contrl auparavant par les pays riches,et donc le rythme de leurs ventes et de leurcroissance.

    La baisse de la rentabilit des investisse-ments (lie cette contraction des dbou-chs, mais aussi la hausse des cots salariauxet des frais financiers) a dissuad les entre-prises daccrotre leur capacit de production,ce qui a donc rduit les investissements et letaux de croissance.

    Les nouvelles politiques conomiques misesen oeuvre par les gouvernements ne visaient

  • plus stimuler lactivit et la croissance pourtendre vers le plein-emploi, mais au contraire ralentir laugmentation de la demande int-rieure pour lutter la fois contre linflationet le dficit du commerce extrieur. Elles ontprinci- palement consist rduire la haussedes salaires et de la masse montaire, puis diminuer le dficit du budget de ltat.

    La nouvelle stratgie des entreprisesconsiste rechercher surtout le profit finan-cier et absorber les concurrents, et moins,comme lpoque du fordisme, viser leprofit industriel provenant de laugmentationdu volume de la production.

    Pourquoi une croissance fortereste-t-elle possible ?

    Une reprise de la croissance un taux pluslev que celui du dernier quart de siclereste possible pour deux types de raisonsapparemment opposes.

    Dune part, les tats-Unis ont retrouv du-rant les annes 1990 un taux de croissancerelativement fort, de lordre de 4 % 5 % en1997 et 1998 (soit prs du double de plus quecelui de la zone euro) ; cela provient, semble-t-il, de la baisse des prlvements publics,downloadModeText.vue.download 17 sur 646

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    du rtablissement du profit des entreprises,de lmergence de nouveaux produits et denouvelles activits (comme linformatique).Si les pays europens sengageaient dans lamme voie, ils pourraient leur tour retrou-ver le chemin dune croissance plus forte.

    Mais si la croissance et le plein-emploi nese rtablissent pas spontanment en Europe,comme le redoutent les adversaires du lib-ralisme conomique, les tats membres delUEM seront amens prendre des dispo-sitions visant relancer lactivit.Ils pourrontsappuyer sur la nouvelle Banque centraleeuropenne pour financer de grands pro-grammes dinvestissement (infrastructuresroutires, ferroviaires et portuaires, conqutede lespace, protection de lenvironnement)sans redouter les effets pervers que pro-voquaient auparavant des relances isoles(comme ce fut le cas en France en 1981-1982).

  • Une Europe ainsi relance pourrait tre unpuissant facteur dacclration de la crois-sance mondiale.

    P. B.! Cycle conomique, expansion, Trente Glorieuses

    Peut-on baisserles impts ?

    La France est lune des nations dve-loppes o la charge fiscale est la plusimportante. Le taux de prlvementsobligatoires, qui runit les divers impts, lestaxes et les cotisations sociales, a reprsentplus de 45 % du PIB en 1999. Cest presquela moiti du revenu national des Franaisqui transite par le budget de ltat. Certes,les prlvements obligatoires sont plus le-vs dans certains pays comme la Belgiqueou les pays de lEurope du Nord (Sude,Danemark, Norvge), mais nous sommesloin devant les tats-Unis, lAllemagne, lEs-pagne ou la Grande-Bretagne. Adam Smith,le pre de lconomie librale et de lcono-

    mie politique, crivait dans la Recherche sur lanature et les causes de la richesse des nations, en1776, quune imposition trop leve pouvaitentraver lindustrie du peuple et le dtour-ner de sadonner certaines branches decommerce ou de travail. Des contributionsfiscales dmesures peuvent briser la dyna-mique conomique, la croissance, lemploiet la consommation. En un mot, limpt peutdevenir anticonomique.

    Une tendance de fond contre linter-vention de ltat initie dans lesannes 1980 par les dirigeants amri-cains et britanniques

    La fin des annes 1970 est marque par lav-nement de lconomie de loffre, une coleamricaine dinfluence nolibrale qui remeten cause lintervention de ltat et les effetspervers de la pression fiscale. Les travaux desconomistes de loffre, tel Arthur Laffer,influenceront les politiques de baisse de lafiscalit adoptes, au dbut des annes 1980,aux tats-Unis sous les mandats de RonaldReagan et en Grande-Bretagne lors delinstallation de Margaret Thatcher au 10Downing Street. La France, quant elle, estreste lcart de la vague librale et de lacontestation fiscale. Bien que la plupart deshommes politiques, quils soient de droite oude gauche, promettent de rduire le poids dela fiscalit qui pse sur les Franais, les prl-vements obligatoires ne diminuent pas.

  • Certes, il est tout fait possible de rduirela fiscalit directe et indirecte et le poids descotisations sociales qui frappent les salariset les entreprises. Seulement, la baisse desprlvements se rpercuterait inluctable-ment sur le niveau des dpenses publiqueset des dpenses sociales. Or, ces dpensesapparaissent incompressibles dans la mesureo il semble impensable de revenir sur les ac-quis sociaux dont bnficient les Franais.Peut-on raisonnablement rduire certainesdpenses publiques et rintroduire danslespace du march certains biens, certainsdownloadModeText.vue.download 18 sur 646

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    services jusqu prsent dlivrs gratuitementaux mnages ? Rien nest moins vident carles mentalits franaises ce que les sociolo-gues appellent les reprsentations col- lec-tives semblent en contradiction avec lesvertus dun libralisme la franaise qui restedailleurs inventer.

    Une rsistance trs forte la remiseen cause des acquis sociaux et unedifficult thoriser une relle priseen charge de la protection sociale parle secteur priv

    Un grand nombre de dpenses publiquesne peuvent tre rduites tant la collectivitnationale les considre comme un d. Cest lemcanisme de leffet de cliquet. Ainsi en est-ildes dpenses dducation, des dpenses lies la protection sociale comme lassurance-maladie ou les politiques daide la famille.Lducation nationale est le premier budgetde ltat et lenseignement public est gratuitde la maternelle jusquau troisime cycle uni-versitaire. Les parents dlves accepteraient-ils de payer la totalit des frais de scolarit deleurs enfants ? Peut-on rduire les transfertssociaux destins aux familles sans gnrer desprotestations indignes ? Les familles sont lorigine dimportants groupes de pressionpouvant, par limpact quelles ont sur lopi-nion, faire reculer tout projet qui pourraitrestreindre les aides accordes aux famillesnombreuses. Quel leader politique ou quelparti politique pourraient se mettre dosles familles, cellule de base de la socit fran-aise ? Est-il possible de rduire les indemnitsde chmage sans accrotre la fracture socialeentre ceux qui ont un emploi et ceux qui nen

  • ont plus ? Peut-on diminuer le nombre defonctionnaires quand on sait que ces derniersbnficient dune totale scurit demploi lie leur statut ? Par ailleurs, les personnels de lafonction publique ont des syndicats puissants.Quel gouvernement se risquerait un brasde fer avec les syndicats de fonction- naires ?Sans compter que la fonction publique est un

    excellent dbouch pour les jeunes diplms,qui, sans elle, risqueraient de ne pas trouverdemploi dans le secteur priv

    Non seulement les dpenses publiques et lesdpenses de sant ne peuvent baisser, maison assiste une croissance de la demande detransferts sociaux et de biens collectifs. Onpeut remarquer une sorte de cercle vicieuxo lexistence de services publics dj exis-tants entrane de nouvelles demandes debiens publics. La volont gouvernementalede mener 80 % dune gnration au niveaudu baccalaurat amne invitablement lacration de nouvelles installations scolaires etuniversitaires, la nomination de nouveauxenseignants. Linsuffisance des infrastructuresdenseignement en matriels et en effectifspdagogiques conduit les lves et les tu-diants rclamer louverture de nouvellesclasses et la nomination de professeurs. Com-ment sortir de ce cercle vicieux sans dga-ger de nouveaux crdits ? Paralllement, lesdifficults entranes par lextension du ch-mage, lmergence dune nouvelle pauvret,les problmes des banlieues ou linscuritdans les transports en commun gnrent desrevendications de la population lendroitdes dcideurs. On assiste alors une aug-mentation de la prise en charge tatique et,par consquent, de nouvelles dpenses desadministrations publiques. Comment peut-onalors penser rduire les impts ?

    Les autorits politiques ne peuvent, dansun systme dmocratique, faire abstractiondes desiderata des citoyens-lecteurs souspeine de perdre leur mandat lectif. Commele montrent les conomistes amricains delcole du public choice, tels James Bucha-nan et Gordon Tullock, les hommes politiquescherchent surtout tre lus ou rlus ; ilspromettent de faon contradictoire la foisde diminuer les impts et de rpondre auxbesoins sans cesse croissants des citoyens. Enoutre, la classe politique ne peut exister sanssoutiens et les groupes qui acceptent de cau-tionner tel ou tel groupement politique sat-tendent bnficier, en retour, de la mannedownloadModeText.vue.download 19 sur 646

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    publique. Le vrai problme est moins la baissedes impts que la rduction des dpensespubliques et de lintervention de ltat. Il sagitl dune question essentiellement politique.

    J.-C. D.! Bien collectif, (J.) Buchanan, PIB, (G.) Tullock

    Les ingalitsvont-ellessaggraver ?

    La forte croissance conomique ren-contre durant les Trente Glorieuses apermis de rduire les ingalits dans lespays industrialiss. La mise en place du sys-tme fordiste fond sur la production et laconsommation de masse, linstitutionnalisa-tion de ltat providence au lendemain de laSeconde Guerre mondiale, la ralisation duplein-emploi, la volont politique de rduireles carts entre les individus et les groupessemblaient autoriser lavnement dune so-cit qui, progressivement, ajoutait la dmo-cratie conomique la dmocratie politique.La rcession du milieu des annes 1970 allaitse traduire par un renversement de ten-dance, avec la baisse du taux de croissance etlaugmentation de linflation et du chmage.Vingt-cinq ans aprs le premier choc ptro-lier, on constate une aggravation des ingali-ts dans les pays occidentaux. Aux tats-Unis,premire puissance conomique mondiale,les carts de revenus actuellement observssont les plus importants depuis 1945. Au basde la hirarchie des revenus, les 10 % dAm-ricains les moins favoriss ont un revenuinfrieur celui qui tait le leur en 1977. linverse, les 10 % les plus favoriss ont vuleurs revenus exploser de 115 % depuis lamme date. Les tats-Unis sont aussi le paysoccidental o la pauvret est la plus rpan-due. Cette recrudescence des ingalits dansles pays riches va-t-elle saggraver ? Il sem-blerait que le laisser-faire de lconomie

    de march, associ lvolution du progrstechnique, dans une perspective de mondiali-sation des conomies, exacerbe les ingalitsentre les individus.

    Leffondrement du systme commu-niste comme lvolution rcente dusystme capitaliste accentuent unetendance favorable au creusement

  • des hirarchies

    Il revient Jean-Jacques Rousseau, dansson Discours sur lorigine et les fondements delingalit parmi les hommes (1755), davoirmontr que les ingalits sont largementimputables au jeu des marchs. Cependant,Rousseau souligne que lautorit publique sedoit de lutter contre les ingalits de faon maintenir le contrat social . Or, les deuxdernires dcennies du sicle prcdent au-ront t marques, contrairement aux TrenteGlorieuses, par un retour lconomie ditede march comme mode de rgulation delactivit conomique et, en mme temps,par un effacement du rle de ltat. Amor-ce, dabord aux tats-Unis puis en Grande-Bretagne, dans les annes 1980, la solutionlibrale a tendu son emprise sur lconomiemondiale dans un cortge de privatisationset de drglementations de toutes sortes. Ladisparition du systme communiste, la transi-tion des pays de lEurope de lEst, louverturede la Chine, lapparition des pays mergentsaccroissent la prpondrance, sans alternativepossible, de lconomie mondiale de marchUne autre origine de laccroissement des in-galits repose sur le progrs technique. Ce-lui-ci, sous les diverses formes de linnovationtelles que Schumpeter les dcrit, transformesans cesse de lintrieur les structures dusystme capitaliste, apprhend comme unsystme conomique par nature en dsqui-libre. Cette rvolution permanente dtruitsans cesse les structures existantes, notam-ment le systme des emplois. Certainesactivits nouvelles naissent, mais dautres, lesplus anciennes, disparaissent. Le progrs tech-downloadModeText.vue.download 20 sur 646

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    nique exclurait le travail faiblement qualifi etvaloriserait les comptences professionnellessous forme de salaires levs. Il sagit dunelogique de march : ce qui est rare est cher,ce qui est abondant, bon march, et ce qui estdevenu inutile na plus de prix. De cette faon,un grand nombre de laisss-pour-comptedu progrs tombent dans la prcarit. Il nesemble pas ncessaire daller chercher plusloin les origines de lexclusion sociale.

    Lassociation du progrs technique au proces-sus de la mondialisation accentue les ingali-ts. Une nouvelle division internationale dutravail sest tablie en fonction des dotations

  • en capital humain dont sont pourvues les dif-frentes nations. La main-doeuvre peu qua-lifie des pays riches subit de plein fouet laconcurrence des travailleurs des pays bassalaires. Invitablement, les rmunrations deces catgories de travailleurs ne peuvent quediminuer et, dans la mesure o il existe unsalaire minimum comme le SMIC en France,les activits de main-doeuvre font lobjetde stratgies de dlocalisation dans les paysmergents.

    La remise en cause du rle redistri-butif de ltat pose la question dusystme de protection sociale quesouhaitent les populations

    Paralllement, on assiste une remise encause des mcanismes lorigine de ltatprovidence. La protection sociale a tconue pour pouvoir fonctionner en p-riode de plein-emploi, dans la mesure oson financement repose sur des cotisationsperues sur les revenus dactivit. En effet, lesecond rapport Beveridge, Full Employmentin a Free Society (1944), insiste sur la nces-sit du plein-emploi, indispensable pour queltat providence puisse exister. La croissancedu chmage remet en question lexistencemme de celui-ci. Ltat semble paralys face des transformations sur lesquelles il ne peutavoir de prise directe. Le systme denseigne-ment, ce fief apparemment imprenable de

    la mritocratie rpublicaine, se heurte auxdures conditions des marchs de lemploi etdes stratgies des entreprises entranes dansla mondialisation des conomies. La russitescolaire, professionnelle et sociale reposesur un cumul de ressources, dont lobtentionnest pas la porte de tout le monde. Lh-ritage reprend ses droits comme au tempsde lAncien Rgime, ainsi que le dmontrele sociologue Pierre Bourdieu. Bien quelenseignement soit le mme pour tous, larentabilit de la scolarisation sera relative auxressources familiales en capital conomique,en capital culturel et en capital social. Le jeudes relations diverses et varies constituelune des cls de vote de la russite. Lcole,en dpit de la bonne volont des enseignants,non seulement ne rduit pas les ingalitsmais les accrot en faisant abstraction desconditions objectives de la scolarisation.

    Les effets pervers du progrs technique, laconjonction de leffacement de ltat et dela prminence dune conomie mondiale demarch ne peuvent quaggraver les ingalits.Il semble nanmoins souhaitable que les tats,

  • dans le cadre de processus dintgrationconomique comme lUnion europenne,puissent dicter des rgles qui garantissentau plus grand nombre des conditions satisfai-santes dexistence.

    J.-C. D.! Capital humain, croissance, dlocalisation, tat

    providence, innovation, march (conomie de), (J. A.)

    Schumpeter

    Leuro, unconcurrentpour le dollar ?

    La nouvelle monnaie europenne va- t-elle supplanter le dollar dans le rledancre du systme montaire interna-tional, ou donner naissance, avec le dollar, unsystme bicphale nouveau ? En janvier 2000,downloadModeText.vue.download 21 sur 646

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    aprs un an dexistence, leuro avait russi sonimplantation dans le paysage montaire maisstait rod de prs de 20 % par rapportau dollar, les deux monnaies tant dsormais parit : 1 euro = 1 dollar. Le match ne faitque commencer.

    Aprs la Premire Guerre mondiale, le dollarsest progressivement impos comme devisede rfrence dans le systme montaire in-ternational (SMI). Aujourdhui, lintroductiondune nouvelle monnaie, leuro, dans la quasi-totalit de lUnion europenne, cre un nou-vel ensemble montaire (lEuroland-11) aumoins aussi important, par sa taille, que celuides tats-Unis.

    Autant il parat peu vraisemblable que lonrevienne aujourdhui un systme organiscomme ltait celui de ltalon-or, autant lasuprmatie du dollar, dj dclinante depuisquelques annes, pourrait maintenant ses-tomper un peu plus vite.

    Qutait le dollar au sommet de sa gloire ? Versla fin des annes 1950, il tait pratiquement laseule monnaie au monde tre convertible enor prix fixe (35 dollars lonce). Il avait servi derfrence pour le paiement des rparations deguerre, la reconstruction de lEurope dans lecadre du plan Marshall, etc. Il tait utilis dans

  • le monde entier pour rgler de nombreusestransactions, comme celles de ptrole. Il ser-vait aussi de base pour les rserves officiellesde change de nombreuses banques centrales.On le disait frquemment as good as gold ,cest--dire aussi fiable que le mtal prcieux.Pour le grand public, enfin, il tait symbole derichesse et de russite. LEurope, elle, tait ap-pauvrie, dsunie par la guerre, divise en deuxpar les rgimes communistes.

    Mais le continent senrichissait au fil desans, lEurope sunifiait et peaufinait son rvedunification montaire, exprim pour la pre-mire fois dans le rapport Werner, en 1969,concrtis avec le lancement de leuro, en1999. Aujourdhui, les tats-Unis reprsen-teraient 23 % de la production conomiquemondiale, lEuroland-11, 16 %, et le Japon, 8 %seulement.

    En 1971, avec la dvaluation de fait

    du dollar, la devise amricaine rem-place lor comme talon international

    Entre-temps, le systme de changes fixes, ditde Bretton Woods, a disparu (inconvertibi-lit du dollar par rapport lor en 1971, etnaissance de fait de taux de change flexibles).Ayant besoin dune ancre montaire quileur serve de rfrence, beaucoup de mon-naies se sont rattaches au dollar de faoninformelle, surtout en Asie. Mais plusieursautres devises ont choisi de se rapprocher dumark, symbole de stabilit en Europe. lex-trme, certains pays ont choisi le directoiremontaire ( currency board en anglais),organisation montaire bilatrale contrai-gnante, qui permet lmission de monnaie la condition de possder la somme vouluedans les rserves officielles. Le peso argentinsest soud au dollar, la marka bosniaque, lamonnaie allemande.

    De nombreux conomistes ont reproch auxtats-Unis de pratiquer le benign neglect ,une indiffrence bienveillante vis--vis de leurtaux de change extrieur. Indiffrence, parexemple, au fait que, en priode de hausse dudollar, les tee-shirts exports par la Thalandedevenaient trop chers sur les marchs mon-diaux (puisque le baht tait li au dollar), etsurtout que les achats de ptrole, payablesen dollars, devenaient soudain prohibitifs.Les tats-Unis se soucient dautant moins dutaux de change du dollar que leur cono-mie est longtemps reste trs peu ouvertesur le reste du monde (leurs changes avecltranger reprsentent environ 10 % de leur

  • produit intrieur brut, contre plus de 20 %en France).

    Leuro confort par les changesintrazone

    Encore jeune, leuro ne souffre pas encore deces critiques. Mais il est dj concevable quelEurope aussi fera du benign neglect, puisquedownloadModeText.vue.download 22 sur 646

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    la fraction des changes intrieurs lUE esttrs grande (plus de 60 % des transactionsinternationales dun pays comme la Francesont ralises avec des pays de lUE).

    La mauvaise monnaie chasse labonne. Lexpression, utilise pour la pre-mire fois au XVIe sicle par le financier bri-tannique sir Thomas Gresham, est encoredactualit. La loi de Gresham stipule que,lorsque deux monnaies circulent parallle-ment, les utilisateurs ont tendance utilisercelle dont la valeur leur parat moindre, et conserver labri chez eux la plus prcieuse.Lexprience du bimtallisme or-argent adailleurs montr que, au bout dun certainnombre dannes, cest lor qui sest imposcomme talon montaire, pas largent.

    Aujourdhui, le dollar nest plus convertible enor ; il est coteux pour le monde en dvelop-pement et peu stable pour le monde indus-triel. Il reprsentait nanmoins fin 1997 prsde 60 % des rserves de change mondiales(et moins de 30 % des changes commer-ciaux), contre 20 % pour les pays de la zoneeuro.

    Il est certain quil faudra de nombreusesannes pour que leuro simpose ailleurs quesur les marchs financiers, cest--dire dansles transactions internationales ou les r-serves des banques centrales. Les tats-Unisrevendiquent toujours un rle prpondrantdans le systme montaire international. LEu-roland a encore du mal parler dune seulevoix.

    Le problme nest pas tant que leuro dtrnele dollar mais que, puisque le monde paratstre orient vers un systme qui rappellele bimtallisme dantan, ce systme soit suf-fisamment stable pour permettre tous deprosprer. Y parviendra-t-on sans la construc-

  • tion formelle, et officielle, dun nouveau SMI ?

    F. L.! Dollar, euro, Union europenne, SMI

    Le libre-change,jusquo ?

    Depuis la Seconde Guerre mondiale, lelibre-change sest dvelopp entreles pays industriels. Dans les annes1990, les pays en dveloppement et les ex-pays socialistes ont rejoint ce mouvementen adhrant lOMC. Le commerce mondialaugmente environ deux fois plus vite que lesPNB nationaux. Ce mouvement est-il appel se poursuivre au mme rythme ?

    Si la grande libralisation des changes estincontestable, le processus est encore loindtre achev

    En effet, plusieurs secteurs restent sou-mis des protections fortes. Il nest pas rareque les droits de douane sur certains pro-duits agricoles (produits laitiers, crales)dpassent 300 %. La libralisation du secteurtextile est lente. Il na jamais t question desoumettre lindustrie darmement aux lois dulibre-change.

    Si laccord de Marrakech (1994) a sou-mis les services aux rgles du jeu de lOMC(GATT, jusquen 1995) et si certains dentreeux (tlcommunications, services financiers)ont fait lobjet daccords, beaucoup restentencore ferms la concurrence internatio-nale.

    La protection peut utiliser des instrumentsnon tarifaires (tracasseries administratives,procdures antidumping, normes restrictives,restrictions quantitatives, etc.).

    Les ngociations commerciales multilatralesorganises par lOMC ont pour objet de r-duire ces diffrents obstacles au commerce.Mais ne risquent-elles pas de se heurter unseuil incompressible de protection ? Le libre-change intgral est-il une utopie qui a peude chances de se raliser dans une perspec-tive humaine ?

    Au nom dune ouverture de leur co-nomie au monde ambiant, les tatsdownloadModeText.vue.download 23 sur 646

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    peuvent-ils renoncer aux ressourcesdouanires et remettre en cause leursystme fiscal ?

    Les avantages conomiques du libre-changesont connus : meilleure allocation des res-sources, accs aux meilleures techniques,stimulation dune croissance conomique tire par les exportations. Mais ces gainsexigent aussi une forme de flexibilit pourfavoriser ladaptation des conomies. Dansles annes 1980-1990, certaines fonctions duprotectionnisme ont t ngliges. En effet,les droits de douane ont longtemps repr-sent la principale ressource fiscale des tats,comme cest encore le cas dans certainspays en dveloppement. Ouvrir lcono-mie au commerce extrieur revient alors abandonner des ressources qui devront trecompenses par des recettes fiscales basessur la production et les revenus internes. Cepassage une fiscalit mo- derne exigela mise en place dune administration fiscalefiable, contrle par un tat lgitime et cr-dible. Dans les annes 1990, une des causesfondamentales des difficults de la Russie at son incapacit collecter les impts.

    La crise asiatique de 1997 a rappel que ladgradation de la balance commerciale peutconduire les investisseurs retirer leurs capi-taux dun pays et amplifier la crise finan-cire. Un pays peut alors tre tent dleverses barrires protectionnistes pour redresserses comptes extrieurs. Dun point de vuemacroconomique, laugmentation des droitsde douane (ventuellement restitus pour subventionner les exportations) a lesmmes effets sur le commerce extrieur quela dvaluation de la monnaie. Lattachementde certains pays en dveloppement un tauxde change fixe pourrait donc les conduire rhabiliter les tarifs douaniers comme instru-ment dajustement macroconomique. En1999, lArgentine a ainsi relev ses barriresdouanires pour attnuer les effets de la d-valuation du peso brsilien.

    La poursuite du libre-change se heurte ga-lement un certain nombre de difficultstechniques. LOMC, qui ne vise que lactiondes tats, peut-elle avoir une action sur lescomportements anticoncurrentiels des en-treprises pri- ves ? Pour le gouvernementdes tats-Unis, porte-parole de Kodak lOMC, la politique commerciale de Fuji vautbien une politique protectionniste qui seraitendosse par le gouvernement japonais.

  • Comment distinguer, en effet, les obstaclesmis volontairement en place par les tatspour entraver la concurrence internationaledes obstacles naturels , relatifs aux gots,aux comportements, la langue Au Japon,la baisse des tarifs douaniers sur les impor-tations de riz thalandais na pas dtourn leconsommateur du riz japonais auquel il estattach depuis des sicles.

    Une rticence croissante des opinionspubliques : la dfense des emploislocaux sajoute celle dune forme dor-ganisation des socits nationales

    Mais la limite sans doute la plus importanteau libre-change est dordre politique. Lopi-nion publique reste trs rserve vis--vis dela mondialisation. Elle ne laccepte que si elleest convaincue de sa relle rciprocit. Ellepeut se rsigner importer plus conditionque ses entreprises nationales puissent ex-porter davantage. Cette conception agressivedu libre-change conduit chacun limiter sespropositions douverture. Il sagit de conser-ver du grain moudre dans la perspec-tive des futures ngociations. Comment unpays qui aurait tout ouvert pourrait-il obtenirlouverture des autres ? Lopinion publiquereste dautant plus attentive que la librali-sation des changes atteint aujourdhui sonnoyau dur : celui des secteurs traditionnels,comme lagriculture, ou celui des barriresnon tarifaires, comme les normes sanitaires. Ilne sagit plus uniquement de sauvegarder lesemplois dans les secteurs concurrencs parles importations ou de prserver les secteursdownloadModeText.vue.download 24 sur 646

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    stratgiques, mais galement de dfendrela souverainet nationale en matire derglementation (sociale, environnementale,sanitaire), de consommation de biens alimen-taires (boeuf aux hormones, OGM) ou cultu-rels. La mobilisation des ONG a ainsi contri-bu au rejet de lAMI, qui visait tendre lesrgles du libre-change aux investissements,ou lchec de la confrence organise parlOMC Seattle, la fin de 1999.

    J.-M. S.! Libre-change, mondialisation, OMC

    Le modleanglo-saxon va-

  • t-il simposerpartout ?

    Lide quil existe un modle anglo-saxon dorganisation conomique datetout au plus dune vingtaine dannes.Elle a t thorise par Michel Albert dansCapitalisme contre capitalisme (1991). Celui-civoyait aux prises deux systmes : dun ct, lecapitalisme rhnan, typique de lAllemagne etdu Japon, alliant des banques fortes solidairesde grands groupes industriels, une protectionsociale gnreuse appuye sur une cogestionpatronat-syndicats, et un tat rgu- lateur ;de lautre, le capitalisme anglo-saxon, propre la Grande-Bretagne et aux tats-Unis, odomine la figure de lactionnaire plutt quecelles du producteur ou du salari syndiqu,o le financement de lconomie se fait parles marchs, o ltat se tient en retrait, o lessalaris sont peu protgs et o la loi du pro-fit maximal encourage une gestion courtterme.

    Il convient sans doute de parler de modle no-amricain plutt que de modleanglo-saxon pour dsigner ce capitalisme mo-derne de march. En effet, les conomies despays anglo-saxons nont pendant longtemps

    pas eu grand-chose en commun avant deconverger comme toutes les autres dans lapriode rcente. Il y a un quart de sicle, laGrande-Bretagne tait une conomie indus-trielle vieillissante, dote dun secteur publictrs important et gouverne sur de longuespriodes par les travaillistes, manation dunedes plus puissantes organisations syndicalesdu monde, le Trade Union Congress. Lestats-Unis taient une conomie en dclinrelatif, afflige dune productivit basse, en-serre dans une foule de rglementationsmme si ltat y jouait un rle moindre quenEurope dans le domaine civil (mais il ne fautpas oublier lnorme secteur de la dfense),et greve de dficits colossaux sur le planbudgtaire et commercial. Le Canada taitun tat providence caractris, riche de sesmatires premires et des usines de sous-traitance pour son grand voisin. LAustralieet la Nouvelle-Zlande, pays peu peupls,copiaient lorganisation travailliste fortementrglemente langlaise ; leurs secteurs pro-ductifs taient encore trs lis aux expor-tations de matires premires agricoles ouminires.

    En somme, tous ces pays anglo-saxons avaienten commun une langue, des pans dhistoire etune culture imprgne des valeurs du pro-

  • testantisme. Mais, sur le plan conomique, ilsne pouvaient gure reprsenter un modlecommun.

    Une remise en cause du rle deltat : une affaire politique autantquconomique

    Le point de dpart de ce quon a ensuiteappel le modle anglo-saxon est poli-tique : cest llection en 1979, en Grande-Bretagne, dun Premier ministre conservateur,la premire femme de lhistoire ce poste,Margaret Thatcher. Lanne suivante, auxtats-Unis, un ancien acteur dHollywooddevenu gouverneur rpublicain de Califor-nie, Ronald Reagan, est lu prsident. Et,pour la premire fois depuis longtemps, undownloadModeText.vue.download 25 sur 646

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    discours commun se fait entendre de partet dautre de lAtlantique : muscl et agressifchez la Dame de fer, charmeur et persuasifchez Ronald Reagan, il dit en substance queltat doit se retirer de la sphre conomiqueet laisser agir les forces du march. Moinsdimpts, moins de fonctionnaires, moins desubventions, moins de rglements, moins debarrires lentre des professions et desmarchs. Ce libralisme dur (Margaret That-cher mate la grve des mineurs anglais, etRonald Reagan, celle des contrleurs ariensamricains) a induit un changement trs pro-fond des mentalits, non seulement dans lespays concerns, mais dans le monde entier.

    Au cours de la dcennie 1980, le modleanglo-saxon se cherche encore. La Grande-Bretagne donne le signal des grandes priva-tisations dentreprises publiques. La privati-sation devient la nouvelle norme de bonnegestion, prconise dans les pays endettsdu tiers-monde comme dans les pays indus-triels avancs (Allemagne, France ou Italie) :non seulement elle facilite le rquilibragedes budgets, mais elle fait entrer partoutles rgles du mana- gement priv. Les tats-Unis contribuent dune autre manire auchangement : ils relvent trs fortement lestaux dintrt, dcrtent la lutte outrancecontre linflation et drglementent les acti-vits financires. La financiarisation est enmarche. Au moyen des effets de levier (on peut disposer de capitaux importantspour une mise de dpart faible), des for-

  • tunes colossales se crent en Bourse. Lapresse financire anglo-saxonne lue partoutdans le monde (Financial Times, Wall StreetJournal, The Economist, Business Week) donnele la : tout ce qui va dans le sens du libra-lisme est applaudi, toutes les rsistances nationales ou tatiques sont critiques. Lesrestructurations industrielles svres acc-lrent le passage une conomie de plus enplus tertiarise, fonde sur la communicationet le divertissement, mais aussi sur la santet lducation. Linformatique grand publicprend son essor. La dcennie 1990, aprs

    leffondrement de l antimodle sovi-tique, va dmultiplier toutes ces tendances.

    Les modles sont tributairesde la conjoncture et de lopiniondes lecteurs

    En 1999, dans le Capitalisme zinzin, rikIzraelewicz revient sur la comparaison deMichel Albert. Pour lui, aucun doute, dans laconfrontation entre lconomie du marchroi et lconomie sociale de march, cest lapremire qui la emport : Les pays du capi-talisme anglo-saxon affichent, sur la derniredcennie, des performances conomiquessuprieures celles que peuvent mettre enavant les peuples du monde rhnan. En dpitdes crises et des krachs, les tats-Unis ontconsidrablement accru leurs richesses etleur capacit en gnrer de nouvelles. Ilsont produit, investi et cr des emplois entrs grand nombre. Au contraire, lAllemagneet le Japon nont pu trouver en leur sein lesmoyens dun nouveau dynamisme. Ils ont qua-siment stagn sur lensemble de la priode. Quant la France, elle a suivi sans le clamertrop fort les recettes prescrites par ses amiset nanmoins adversaires anglo-saxons :privatisations massives, financement par lesmarchs, insertion dans lconomie mon-diale. un dtail prs : elle na pas constitude rserves de capitaux et ses entreprisesphares ont t en grande partie rachetes enBourse par les fonds de pension anglo-saxons(ou japonais) qui imposent leur propre stylede management, plus transparent mais plusexigeant en termes de rentabilit du capital.Alors, le modle anglo-saxon va-t-il sim-poser partout ? Lexprience montre que lesmodles susent vite. Celui-l, actuellement leplus efficace et fort du soutien politique deslecteurs, est la merci, comme bien dautres,dun retournement de conjoncture ou dunchangement dre politique. Ce qui est cer-tain, cest que la mondialisation commercialeet technologique bouscule les habitudes dans

  • tous les pays, y compris les pays anglo-saxons.downloadModeText.vue.download 26 sur 646

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    Au cours de la premire vritable manifesta-tion dopposition mondiale, Seattle, lors dela confrence de lOrganisation mondiale ducommerce (OMC) la fin de lanne 1999,les Amricains ntaient pas les derniers manifester...

    S. G.! Bourse, fonds de pension, libralisme conomique,

    mondialisation, thatchrisme

    Peut-on contrlerles marchs ?

    Les marchs de largent ont connu aucours des vingt dernires annes du XXesicle un dveloppement inou. Chaquejour par exemple, ce sont, sur les marchsdes changes, quelque 1 500 milliards de dol-lars, cest--dire lquivalent de la productionannuelle franaise, qui changent de mains.Cette explosion des marchs financiers par-tout dans le monde a contribu accrotreleur influence sur lensemble de la vie cono-mique des nations ; elle a aussi dbouch surune multiplication des accidents de parcours.Compte tenu de leur poids considrable etde leur fonctionnement trs incertain, lopi-nion publique mais aussi un nombre croissantde professionnels se demandent sil ne seraitpas possible, voire souhaitable, de contrler,dune manire ou dune autre, ces marchsfous.

    Face aux guichets, ceux de ltat ou ceux desbanques, les marchs lont emport. Ils sontdevenus, en ce dbut du XXIe sicle, le modede financement dominant dans la trs grandemajorit des pays. Les technologies de linfor-mation ont aid leur dveloppement. Lemarch, que ce soit celui des devises (le mar-ch des changes), celui de la monnaie (le mar-ch montaire) ou celui des titres (la Bourse),est dsormais accessible en permanence tous et un cot trs faible. Il fonctionne encontinu, 24 heures sur 24. Quil soit NewYork, Paris ou Hongkong, lpargnant peut

    ainsi, partir de son cran, midi ou minuit,aller faire ses courses sur nimporte quelle place financire de la plante et y acheter,

  • selon ses besoins, des devises, des obligationsou des actions.

    Par nature, les marchs sont impr-visibles et fonds sur des ractionscollectives parfois irrationnelles

    Tous les marchs de capitaux, nationauxou internationaux, ont ainsi enregistr unevritable explosion de leur activit : chaqueanne, de nouveaux records ont t battusaussi bien pour la valeur totale des actifschangs que pour le nombre et le mon-tant des transactions ralises. Plus volu-mineux, ces marchs de largent sont aussiplus influents... et plus dangereux. Ils font etdfont la vie des nations et des entreprises.Ils orientent les capitaux, quils charrient versceux qui acceptent de rpondre leurs cri-tres ils favorisent les tats, les socits etles individus qui assurent le meilleur rapportentre scurit et rentabilit et qui le fontdans la plus grande transparence. Ds quunemprunteur trahit quil menace de ne pasrespecter les engagements quil a pris , lesmarchs sen mfient et sen dfient. Biendes hommes poli- tiques, mais aussi certainschefs dentreprise dnoncent volontiers leurdictature.

    Devenus puissants, ces marchs sont aussiimprvisibles. Ils gnrent des comporte-ments moutonniers on parle du panur-gisme des marchs et du mimtisme qui anime leurs oprateurs. Leur fonctionne-ment favorise constamment lclosion puislexplosion de bulles spculatives. Les inter-venants sur ces marchs senthousiasmentun jour, tous ensemble, pour une devise, untat ou une entreprise. Le lendemain, uneinformation les doit et, tous ensemble, ilsdsertent la star, provoquant des variationsde cours spectaculaires qui ne sont pas tou-jours rationnelles.downloadModeText.vue.download 27 sur 646

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    La crainte du risque systmique, cest--dire dune crise locale qui se diffusesur lensemble de la plante

    De fait, les mini-krachs se sont multiplis aucours des dernires annes du sicle. Ils ontaffect certains pays : crises montaires duMexique en 1994-1995, de Thalande en 1997,de Russie et du Brsil en 1998. Ils ont touch

  • des institutions financires puissantes lavnrable banque daffaires anglaise Baringsa d se vendre en 1997, le fonds spculatifamricain LTCM a fait lobjet dune oprationde sauvetage dramatique en 1998, etc. Ils ontbranl des places financires importantes :les krachs boursiers de New York de 1987et 1998 ont laiss des traces. La puissanceet linstabilit des marchs conduisent ainsi sinterroger sur les risques quils font dsor-mais encourir lensemble de lconomie. Unkrach ne finira-t-il pas par conduire, un jourou lautre, une rcession semblable cellequi avait suivi, dans les annes 1930, leffon-drement de Wall Street en 1929 ? Le spectrede la crise de 1929 ressurgit rgulirement.Peut-on alors contrler les marchs finan-ciers ? Dores et dj, un certain nombrede rgles de prudence (des rgles pruden-tielles, disent les professionnels) simposentaux intervenants. Elles sont dfinies par desautorits de march nationales ou inter-nationales. Ce sont gnralement elles aussiqui veillent leur respect. La Banque desrglements internationaux (BRI), la banquedes banques centrales, oblige par exemple lestablissements de crdit qui oprent sur lesmarchs internationaux respecter un cer-tain nombre de ratios. Le Fonds montaireinternational (FMI) veille, pour sa part, labonne gestion des tats emprunteurs.

    Ces gendarmes, dans leur diversit, ont russijusqu prsent viter que ces accidents fi-nanciers ponctuels ne conduisent une criseconomique gnrale. Leur grande crainte esten ralit le risque systmique , cest--dire une crise trs localise au dpart quidiffuserait, comme dans un jeu de dominos,

    ses effets sur lensemble du systme finan-cier mondial et, au-del, affecterait lcono-mie dite relle (par opposition lconomiefinancire) celle des usines, des ateliers etdes bureaux. Cette menace alimente, depuisle milieu des annes 1990, un vaste dbat surla ncessit de crer une nouvelle architec-ture financire mondiale , selon lexpressionlance par le prsident amricain Bill Clinton.Abord avec rgularit au sein du G7, legroupe des sept pays les plus industrialiss,ce dbat navait gure progress la fin desannes 1990. Soutenue par certaines organi-sations non gouvernementales (ONG), lidede glisser un peu de sable dans les rouages du march et dy introduire, comme le pro-posait lconomiste amricain James Tobindans les annes 1970, une taxe, mme trsfaible, sur toutes les transactions, y rencontrepeu dchos ; celle de contrler les mar-

  • chs, pas davantage. Au dbut du XXIe sicle,les grands argentiers de la plante semblaientse satisfaire dun renforcement des moyensde surveillance la disposition des grandesorganisations internationales existantes.

    . I.! Mondialisation, SMI

    Peut-on sortirdu sous-dveloppement ?

    Sortir du sous-dveloppement est, apriori, une rude tche. Les pays dutiers-monde sont, par dfinition, despays dont le systme conomique, social etpolitique ne correspond pas la logique dudveloppement capitaliste industriel. Le d-velop- pement est donc ncessairement unerupture avec un ordre existant. Or, le plus fr-quemment, ces pays ont t faonns par unsystme colonial qui leur a lgu de profondsds- quilibres : dsquilibre dmographiquepar lintroduction dinnovations sanitairesdownloadModeText.vue.download 28 sur 646

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    entranant la diminution de la mortalit, sanspolitiques daccompagnement de contrlede la natalit ; antagonismes ethniques ousociaux sous-jacents aux affrontements poli-tiques ; spcialisation dans les productionsprimaires dfavorises par lvolution destermes de lchange et faiblesse des capaci-ts techniques locales ; sous-ducation gn-ralise et absence de cadres techniques etadministratifs, etc. Si lon ajoute ce tableaulexistence de relations internationales ds-quilibres, on conoit que le problme ait puprter certain pessimisme.

    Lexprience du monde industrialis :au-del des diffrences historiqueset culturelles, les leons du passpeuvent servir

    Toutefois, si lon carte la Grande-Bretagne premier ple dmergence du capita-lisme industriel , tous les pays aujourdhuidvelopps ont accus un moment ou un autre un retard qui les faisait apparatrecomme sous-dve- loppes . Ce fut lecas de la France par rapport lAngleterrepuis, dans un deuxime temps, celui de payscomme lAllemagne et le Japon. Or, ces pays,

  • parfois qualifis de capitalismes tardifs ,ont russi depuis des rattrapages incontes-tables, dont lanalyse permet de dessinerles premiers linaments dune stratgie dedveloppement. Centralisation, impulsion deltat, dveloppement des secteurs inter-mdiaires et de lindustrie lourde, relationquasi osmotique entre le systme bancaireet lindustrie par prise de participation di-recte, protectionnisme, politique industrielleactive sont autant de traits qui ont permis ces pays de profiter des avantages de leurretard . Ainsi, par exemple, le fait de devoircrer des secteurs industriels ex nihilo offraitla possibilit de btir des usines sans avoir supporter lamortissement de structuresobsoltes, ou encore dimiter les techniquesinventes ailleurs. Le retard offrait donc desoccasions de rattrapage, mais supposait des

    architectures institutionnelles particulires.Les expriences de russite les plus frap-pantes, comme celles de Tawan ou de la Co-re du Sud, reproduisent certaines des ca-ractristiques majeures des rattrapages des premiers capitalismes tardifs : banques definancement long terme, initiative de ltat,concentration industrielle, mise en oeuvre depolitiques volontaristes de science et tech-nologie, etc.

    De ltat prdateur ltat dyna-miseur : une administration fortepeut mettre en valeur des atoutsjusqualors insuffisamment exploits

    Existe-t-il alors un modle ou une strat-gie qui assure la sortie du sous-dveloppe-ment ? Est-il transposable lensemble despays du tiers-monde ? Notons dabord que,si le potentiel de rattrapage existe toujours,il est frein par de nombreux facteurs. Ledsquilibre dmographique au Sud alour-dit linvestissement ncessaire au dcollage ;la forte diminution des cots de transportprive ces pays de la protection naturelledont les capitalismes tardifs avaient bn-fici ; lacquisition des techniques avancesest plus malaise : la technologie se ngo-cie chrement, et son transfert requiert unniveau de formation lev. Notons ensuitequaucun modle ne produit de rsultatsautomatiques. Les pays qui se sont dvelop-ps runissaient un certain nombre de pr-alables infrastructurels agriculture moder-nise, distribution des revenus relativementgalitaire, transition dmographique acheve et politiques identit nationale affirme,vision claire de lavenir et cohrence des po-litiques de long terme, particulirement dans

  • les domaines industriel et ducatif. Cest direqu ct de l tat des choses (ingalitsen Amrique latine, archasme agricole enAfrique), la nature de ltat a t ici dter-minante. Les tats coren et tawanais ontsu imposer au secteur industriel une disci-pline qui la oblig, frquemment contre sondownloadModeText.vue.download 29 sur 646

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    intrt court terme, se lancer dans desoprations lourdes, risques, coteuses et rentabilit lointaine, comme, par exemple, lasidrurgie en Core. linverse, dans dautrespays, ltat a souvent jou le jeu dintrtscorporatistes court terme, tel point quel tat prdateur est devenu un de ces lan-cinants poncifs contemporains. Pour rsumerles choses dune phrase, on dira que linter-vention de ltat a t et reste totalementessentielle, mais que, dvoye, elle a pu, etpeut encore, causer des catastrophes.

    La troisime chose noter est que lesmodles qui avaient donn de bons rsul-tats dans les annes 1950 1970 on alongtemps parl, par exemple, du miracleivoirien ont t remis en cause par lesmutations intervenues lchelle mondiale :monte de la dette du tiers-monde et ralen-tissement de la croissance mondiale dans lesannes 1970 et 1980. Un monde plus com-ptitif, o les cours des matires premiresseffondrent et o le financement internatio-nal se tarit, requiert une plus grande adapta-bilit quun monde o le commerce crot r-gulirement danne en anne, o les coursdes produits de base se maintiennent peuprs et o laide publique finance une bonnepart des dficits.

    Existe-t-il un modle asiatique ?

    Les modles fondateurs ont donc n-cessit une srieuse mise jour et tous lespays nont pas su prendre le tournant. Orcest lpoque o se sont gnralises lespolitiques d ajuste- ment structurel donttout le monde saccorde aujourdhui direquelles ont souvent exerc des effets dce-vants. Au sortir de la dcennie perdue pourle dveloppement 1980-1990, le foss sestdonc creus entre les diffrents continents.Seul le groupe asiatique semble se dtacher.Do lide quil existerait un mo- dle asia-tique de dveloppement, ax sur lexporta-

  • tion de produits manufacturs et louverture linvestissement international, avec un tat

    intervenant moins mais accompagnant lesinitiatives du secteur priv. Ce modle, quia inspir de nombreux pays, constitue-t-il unnouveau modle de dveloppement ?

    Il faut dabord sassurer quil est durable. Lescrises financires qui ont maill la dcen-nie (crise mexicaine en 1994, crise asiatiqueen 1997, crise brsilienne en 1999) incitent la prudence : nous navons pas connu dedflagration financire mondiale, mais noussommes passs prs du dsastre. La gestiondes tensions financires oblige les gouverne-ments une gymnastique prilleuse laquelleils ont, pour lheure, survcu, mais les dsqui-libres, et les dangers, persistent. Il faut ensuitereconnatre que ce modle nest applicableque dans un nombre finalement assez res-treint de pays. Hormis les pays classs comme mergents une vingtaine dans le tiers-monde , ils sont nombreux, notamment enAfrique, ne pouvoir compter ni sur linves-tissement priv international ni sur lexporta-tion massive de produits manufacturs. Uneautre voie reste donc dcouvrir.

    J.-M. F. et M. L.! Afrique, Amrique latine, Chine, Core du Sud, Inde,take-off, tiers-monde

    Faut-il annuler ladette dutiers-monde ?

    Des voix de plus en plus nombreusesrclament tant dans le monde endveloppement que dans les paysriches une annulation pure et simple dela dette du tiers-monde. Celle-ci atteint au-jour- dhui 2 000 milliards de dollars environet le poids du remboursement empchede nombreux pays dinvestir dans laveniren amliorant lducation, la sant et lesconditions de vie de leurs citoyens. Maisune annulation globale de la dette manque-rait son but si les comportements des paysbnficiaires ne changent pas corruption,downloadModeText.vue.download 30 sur 646

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    gaspillages, dpenses militaires excessives etsurtout si les pays riches napportent pas plusde capitaux frais.

  • Le tiers-monde est de plus en plus disparatemais, globalement, la pauvret gagne du ter-rain. Pour quun vritable dveloppement co-nomique dmarre enfin, faut-il que les paysriches sengagent annuler compltementla dette extrieure des pays lourdement en-detts ? Au changement de sicle, beaucoupmilitent pour lannulation, y compris le prsi-dent amricain Bill Clinton, qui sest dclarprt annuler la dette de certains tats enversles tats-Unis, afin que les remboursementscessent d engloutir les ressources nces-saires pour rpondre aux besoins les plus fon-damentaux : une eau propre, un abri, la santet lducation . Un pays comme le Mozam-bique consacre 3 % de ses dpenses budg-taires la sant, et 33 % au remboursementde la dette...

    Dautres rtorquent gnralement que lannu-lation des 2 000 milliards de dollars de dettedu tiers-monde ne garantirait en rien lenclen-chement dun processus de dveloppementvertueux. Surtout sans apport dargent frais.Une annulation totale parat aujourdhui justi-fie pour plusieurs raisons :

    1. La question de la dette est lordre du jourdepuis prs de dix-huit ans et lcart entremonde dvelopp et monde en dveloppe-ment ne cesse de se creuser.

    2. Les crises financires du monde mergentse propagent aujourdhui trs vite et menacentle monde entier.

    3. La prosprit du monde industriel rendlannulation moins coteuse.

    La question du remboursement estautant lie au poids de la dette qulamlioration de la gestion des co-nomies concernes

    La crise de la dette a clat en aot 1982,lorsque le Mexique a fait brutalement partde son incapacit assurer les rembour-

    sements de sa dette extrieure. Les tauxdintrt mondiaux venaient de sorienternettement la hausse. Les uns aprs lesautres, de nombreux pays du monde endveloppement se sont dclars dans lamme situation que le Mexique.

    Prs de vingt ans plus tard, plusieurs pays,parmi les plus pauvres du monde, en Afriquesurtout, doivent toujours consacrer ladette des sommes bien plus considrables

  • que celles alloues la sant ou lduca-tion de leur population. Ils ne font souventquemprunter de nouveau afin dtre enmesure de rembourser les emprunts prc-dents. Dans la mesure o, aujourdhui, ni lesbanques des pays industriels ni leurs gou-vernements ne voient leur solvabilit d-pendre de la dette du tiers-monde, dans lamesure aussi o les gestions conomiquesdes tats endetts se sont nettement assai-nies, le monde industriel devrait pouvoirannuler la dette assez facilement.

    La crise de la dette concerne quatre cat-go- ries dacteurs : les pays dbiteurs, lour-dement endetts, les pays cranciers, quiont prt une partie des fonds (la dette pu-blique), les banques crancires de ces pays,qui ont suivi leurs gouvernements, et les ins-titutions financires internationales, qui ontaccompagn (parfois initi) le mouvement.

    Dun laxisme intress une poli-tique de rchelonnement

    Dans les annes 1970, les tats cranciersoccidentaux avaient confiance dans undveloppement rapide du tiers-monde. Ilsse montraient aussi gnreux envers leursanciennes colonies. Les banques cran-cires avaient trouv dans le tiers-mondedes clients trs rmunrateurs, grce auxtaux dintrt nominaux levs pratiqus lpoque, souvent par de jeunes banquiersnayant jamais mis les pieds en Afrique ni enAmrique latine. Les institutions internatio-nales surveillaient surtout lindustrialisationdownloadModeText.vue.download 31 sur 646

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    des pays, leurs recettes dexportations, etne sinquitaient pas encore du rembourse-ment des dettes.

    partir du moment o le Mexique a dcla-r son incapacit rembourser, en 1982, lacrise de la dette a perdur. Au dpar t, lideque tout crdit doit tre rembours taitdominante mais, au fil des annes, toutes lescatgories de cranciers ont consenti desremises de dette.

    En 1985 pour la premire fois, le plan Baker,du nom du secrtaire au Trsor amricainJames Baker, conoit quun ramnagementdes crances est ncessaire. Mais il faut at-

  • tendre le secrtaire amricain suivant, Ni-cholas Brady, pour que se mette en placeun vritable plan, dans lequel les anciennescrances sont transformes en de nouvellesobligations, ngociables sur les marchs, etdont la valeur est moindre.

    Ce programme commence fonctionner,surtout pour les tats les plus prometteurs,qui voient la valeur de leurs titres sur lesmarchs augmenter nettement. Cest biensr le cas des nations de lAsie du Sud-Est oude certains pays latino-amricains, commele Mexique ou le Chili. Les plus pauvres,en revanche, ne parviennent toujours pas enclencher un processus de dveloppe-ment. Loin daccumuler des exportations,ils se contentent dessayer de nourrir leurspopulations. Souvent, les chefs dtat pour-suivent leurs dpenses somptuaires, que cesoit en Cte dIvoire ou au Zare. Au fil desans, la question de la dette est traite prin-cipalemen