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“S’abstraire”, c’est d’abord un projet d’absolu. L’horizon, l’hiver, le dénuement, soit un mélange d’abstraction de géométrie variable, et d’aventure totale. L’outil Mon chat est né grec, athénien, aveugle. Depuis tout petit, je l’entraîne, le stimule, le drive. Bref, j’entretiens la machine, comme je le fais pour ma machine corps. Toute la technique combinée de cette chaîne de muscles, cette auréole de moustache si longues et ces grands oreilles doivent avoir un usage. Ou alors l’usage a crée cet outil. Il fallait vérifier cela sur le terrain. Le contexte Il fallait une zone neutre, de test, un vide de verticales, de parois, de sons, d’odeurs, qu’on se ressente plus que l’espace. Pour aller le plus loin possible, sans distraction. Son museau est aspiré par le moindre appel d’air d’une fenêtre, d’une porte, de l’espace inconnu. Il a soif d’horizon, l’appel du large, c’est un aventurier. Depuis longtemps, je cherche ma famille artistique, il sera mon compagnon de route, à la vie à la mort. La distance Une distance est toujours relative. Distance de focale, distance d’appel, distance de sécurité, distance affective, distance de la laisse, mise à distance. Il n’y avait pas la place pour un troisième point ou personnage ou repère dans l’espace de la page vide. Mais ma verticalité induisait ce repère de hauteur, pour créer un triangle rectangle. Nous partions à la découverte de la 3ème dimension, de la profondeur, comme les héros de Flatland d’Edwin Abbott Abbott. La mesure Un chat sédentaire, aveugle, comme unité de mesure de profondeur d’un espace absolu. Concrètement, nous avons erré, sorte d’étoile de mer aux multiples branches tordues. Pragmatiquement, la première version de la vidéo a été diffusée en exposition pour 1000 euros; le jour du vernissage, mon chat était à la clinique pour des calculs rénaux, puis une échographie suivie d’une opération, puis une embolie pulmonaire suivie de la découverte d’une malformation cardiaque, soit 1500 euros de soins et chirurgie. Soit 10 années à vivre, grand maximum. Sacré Tyrésias. Constat 2014, l’animal a 6 ans. Il collabore encore sur quelques projets -je lui ai adjoint un ro- bot-aspirateur comme compagnon de jeu horizontal d’espace clos-. Il faut bien qu’il rapporte des croquettes au foyer. S’ABSTRAIRE L’ animal, comme outil de travail et de mesure. Colloque QUE LA BÊTE MEURE ! L’animal et l’art contemporain / INHA / 11 et 12 juin 2012

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“S’abstraire”, c’est d’abord un projet d’absolu.L’horizon, l’hiver, le dénuement, soit un mélange d’abstraction de géométrie variable, et d’aventure totale.

L’outilMon chat est né grec, athénien, aveugle.Depuis tout petit, je l’entraîne, le stimule, le drive. Bref, j’entretiens la machine, comme je le fais pour ma machine corps. Toute la technique combinée de cette chaîne de muscles, cette auréole de moustache si longues et ces grands oreilles doivent avoir un usage. Ou alors l’usage a crée cet outil. Il fallait vérifier cela sur le terrain.

Le contexteIl fallait une zone neutre, de test, un vide de verticales, de parois, de sons, d’odeurs, qu’on se ressente plus que l’espace. Pour aller le plus loin possible, sans distraction.Son museau est aspiré par le moindre appel d’air d’une fenêtre, d’une porte, de l’espace inconnu. Il a soif d’horizon, l’appel du large, c’est un aventurier. Depuis longtemps, je cherche ma famille artistique, il sera mon compagnon de route, à la vie à la mort.

La distanceUne distance est toujours relative. Distance de focale, distance d’appel, distance de sécurité, distance affective, distance de la laisse, mise à distance. Il n’y avait pas la place pour un troisième point ou personnage ou repère dans l’espace de la page vide. Mais ma verticalité induisait ce repère de hauteur, pour créer un triangle rectangle. Nous partions à la découverte de la 3ème dimension, de la profondeur, comme les héros de Flatland d’Edwin Abbott Abbott.

La mesureUn chat sédentaire, aveugle, comme unité de mesure de profondeur d’un espace absolu.Concrètement, nous avons erré, sorte d’étoile de mer aux multiples branches tordues.Pragmatiquement, la première version de la vidéo a été diffusée en exposition pour 1000 euros; le jour du vernissage, mon chat était à la clinique pour des calculs rénaux, puis une échographie suivie d’une opération, puis une embolie pulmonaire suivie de la découverte d’une malformation cardiaque, soit 1500 euros de soins et chirurgie. Soit 10 années à vivre, grand maximum. Sacré Tyrésias.

Constat2014, l’animal a 6 ans. Il collabore encore sur quelques projets -je lui ai adjoint un ro-bot-aspirateur comme compagnon de jeu horizontal d’espace clos-.Il faut bien qu’il rapporte des croquettes au foyer.

S’ABSTRAIRE L’ animal, comme outil de travail et de mesure.

Colloque QUE LA BÊTE MEURE ! L’animal et l’art contemporain / INHA / 11 et 12 juin 2012

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Une terre, à l’arrêt. Le vent, sans barrière. Deux formes en mouvement. Un lien, ou une distance.La juste mesure.

Pendant trois jours, j’ai suivi et filmé mon chat, aveugle de naissance.

Durée : 26 minutes Autoproduction

S’ABSTRAIREPROJET À GÉOMÉTRIE VARIABLE 2012

performance /vidéo

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Si l’animal n’est pas mon thème de travail de prédilection, son image ico-nique, voire surtout ses paramètres induits, sont régulièrement convoqués dans mes travaux.L’animal impose de facto l’enjeu du territoire (se nourrir, se reproduire). De ce point vital, découle ses caractéristiques comportementalistes (système de défense, marquage, combat, chasse). Pratiquant un art de terrain, j’ex-périmente l’arpentage, la marche, et l’accomplissement physique lors de mes actions en contexte.

J’ai ainsi convoqué l’Animal dans les actions suivantes :- «L’affranchissement aventurier - test 4 extended version» par le biais de la relation de voisinage de l’ours polaire et du morse. Le combat à mort de ce binôme, mis en image dans le film «la planète blanche» a servi de point de départ et de trame à ce projet d’exploration virtuelle polaire (nous étions enfermés dans deux chambres voisines d’un motel québécois pendant 3 jours et nuits), avec leur réconciliation comme mission à atteindre.- «Géographies variables», avec le carcajoux (Wolverine ou glouton), qui est un animal nord-américain très territorial, très mystérieux, et très aggressif. Le projet de recherche étant une série de tests et modes exploratoires en binôme d’un territoire sauvage canadien, l’exploitation symbolique de cet animal et ses caractéristiques comportementales, nous parraissaient très à-propos.- «Natural Vasarely», avec mon chat -himself- qui servit une nouvelle fois d’arpenteur (équipé d’une caméra et d’un GPS) lors de sa visite de la Fon-dation Vasarely à Aix-en-Provence. L’espace muséal est formé d’hexagones collés les uns aux autres, sous forme de rhizôme, et abritant des oeuvres murales gigantesques et partant haut vers le dôme, obligeant le visiteur à marcher la tête levée vers les cieux. Le chat aveugle fut l’outil de test par-fait pour une visite spatiale et sonore de cette cathédrale optique.

En sus des performances, j’ai exploité l’image animale dans l’installation interactive «Onk ! Onk !», avec l’icône de l’otarie de cirque, comme symbole de ce que représente à mes yeux une exposition dont le seul dénominateur commun est la technologie (numérique) et donc le «spectaculaire».

PRÉSENCES ANIMALES

Cartographie GPS et vidéo de la visite muséale de mon chat à la Fondation Vasarely

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ONK ! ONK ! est une installation dont la réalité augmentée de ses courbes sensuelles et poilues, joue avec l’espace volumique du Hall de la Gaité Lyrique.

Muni de tablettes, le public est invité à contempler une forme virtuelle à l’oeil nu posée sur un ballon de baudruche de 2m au sol et empli d’air, soit de l’invisible sur du vent. Démonstration par l’action d’une des facettes des exposi-tions dont le dénominateur commun est « l’art numérique», donc technique, donc spectaculaire.

Production : Parizon@dream Développement technique : Augment

ONK ! ONK !DÉMONSTRATION PAR LE VIDE 2013

Application réalité augmentée

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Diptyque de l’échec 1

Natural Vasarely 1

Optical crossing

Above the top

Invité à la Fondation Vasarely pour participer à l’exposition collective Nature(s), j’ai décidé de résider dans la Fondation, en tant qu’habitant de ce lieu tout à la fois muséal et de recherche. J’ai ainsi erré, écouté, regardé, arpenté, vécu au rythme de cet espace et surtout pris conscience du lieu à l’aide de mes propres outils de mesure : caméras, perche en bois, sauts, roches, GPS, et chat aveugle. Le résultat est une série de vidéos, pardois contemplative, parfois active, performative, narrative, mais sans dialogue si ce n’est visuel.

Cohabiter dans la demeure artistique de Victor Vasarely, c’est se faire imposer un poids visuel, mais aussi des dimensions, une masse de métal, telle une cathédrale dotée d’une char-pente, qui craque parce que le bois travaille encore. Ce lieu pourrait être un mausolée, mais par les défauts inhérents aux matériaux employés à l’époque (bois, métal) et à ses dimen-sions (les oeuvres font 8m de haut), il est impossible de tout continuellement restaurer.

Alors le temps fait son oeuvre, la nature reprend ses droits.C’est tout à la fois ces observations qui m’ont nourri, autant que la tentative de dialogue et de cohabitation de ma part, en tant qu’artsite plasticien invité, dans ce qui est le sanctuaire artistique et plastique aux traces créatives aux antipodes des miennes. C’est un combat à mener, et cette exposition est le compte rendu du premier round : celui de l’observation. Viendra dans un prochain temps le second round, celui de l’attaque.

Durée : 6 vidéos, entre 2min.30 et 5 min. et une performance Production : Nature(s) et la Fondation Vasarely

NATURAL VASARELYMODES EXPLORATOIRES 2012

Diptyque de l’échec 2

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Visuels extraits du «Live» sur Justin.tv

Après avoir lu tous les récits d’aventures po-laires arctiques et antarctiques, de Sir Ernst Shackleton en passant par Paul-Emile Victor, Laurence de la Ferrière ou encore Mike Horn, après avoir vu Nanouk, La marche de l’empe-reur, la Planète Bleue et avoir pleuré avec la mort de l’ours blanc blessé par un morse dans la planète blanche, Donald Abad et Thierry Marceau décident à leur tour de partir pour les Pôles.

Pour l’exposition-évènement LOSER organisé par Folie/Culture, les deux aventuriers s’en-fermeront chacun dans une chambre du Motel Canadien de Québec. Ils vivront trois jours entiers, reclus, bloqués dans leur igloo par le blizzard, attendant l’éclaircie pour sortir.

L’affranchissement aventurier - Test 4 / Extended version

C’est le récit vidéo, en live et en continu d’une aventure fantasmée et d’un ennui bien réel. Si loin des Pôles, si proches mais séparés par un mur, équipés par leur sponsor North Face malgré l’été indien québécois, nos deux aven-turiers espèrent survivre à l’aventure afin de conter leur exploit. Mensonges, omissions, stratégies de tour-nage, de masquage, de détournement, tous les moyens sont bons mais parfois plus com-plexes à mettre en oeuvre que de simplement raconter la vérité pour l’exposition LOSER.Et si l’enjeu n’était finalement que sentimental : à savoir réconcilier à jamais cet ours polaire et ce morse ?

Collaboration : Thierry MarceauProduction : Folie/Culture

(PERFORMANCE EN COURS : 1-3 OCTOBRE 2009 À QUÉBEC)

performance /vidéo

2009

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Le projet de recherche de Géographies Va-riables «Carcajoux» est une collaboration d’un mois entre Donald Abad et Mathieu Tardif durant leur résidence d’un mois à l’espace d’art Séquence, situé dans la ville de Chicoutimi, au Québec. Les deux artistes, qui ne s’étaient jamais rencontrés ou parlés auparavant, ont déci-dé d’explorer les environs de la région, sous forme d’expériences filmées. Celles-ci mettent en scène les artistes eux-mêmes dans des tentatives de dialogues réels, associés à des technologies de commu-nications nomades. Le GPS, les réseaux 3G, le streaming live et d’autres plate-formes de diffusion de données ont été utilisés en qua-si permanence. Tout a été réalisé, acquis et diffusé en direct sur Internet. Les images ré-cupérées sont celles, brutes et compressées, qu’ont pu voir les observateurs du «monde entier» qui étaient connectés.

Géographies Variables

Ils pouvaient parfois voir des actions (dessins GPS sur un lac, plantation d’un arbre dans un territoire vierge, envoi d’une chenille équipé de GPS et de vidéo, traçage GPS d’une ton-deuse à gazon opposée à un vélo, marches parallèles le long d’une rivière, etc...) comme des non-actions (préparatifs aux actions, déplacements, achat de matériels dans des boutiques, rencontres avec divers interve-nants surprises, débriefing,...). Le résultat à voir est celui d’un weblog résu-mant les paramètres des tests, mais leurs conclusions ne se révèlent réelement qu’au cours des conférences données par les deux artistes, à savoir un portrait croisé , tel un docu-fiction indirect, d’eux-mêmes et de leur relation à l’Autre et aux autres. Collaboration : Mathieu TardifProduction : Programme Géographies Variables

PROJET DE RECHERCHE : CARCAJOUX 2010

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Expositions personnelles

2006Entre deux NoGoodWindow Galery, Paris

2003InsideVilla de Bank galery, Enschede, Pays-Bas

Expositions collectives - sélection

2013Nature V2, Chateau de Lizière, Épaux-BézuFestival Gamerz, Aix-en-Provence Parizone@dream, Gaité Lyrique, Paris Parkinprogress#7, Mons, Belgique

2012 Parizone@dream, Gaité Lyrique, Paris Air, ECM de Reims Nature(s), Fondation Vasarely, Aix-en-Provence Sports factory, Quinzaine de l’Entorse, Lille leurs lumières, Abbaye de Saint-Riquier

2011 LÄNDER, Polysémie du paysage, EBA de Rennes Festival Nouveaux Cinémas, Montréal, Canada Festival Hors Pistes, Centre Pompidou La Briqueterie, St-Brieuc

2010 M:ST 5, Calgary, Canada «Et vous, où partez-vous ?». La graineterie, Houilles Les Bouillants#2, région Bretagne 2009 Les Bouillants#1, Station VasteMonde, St-Brieuc Loser, Folie/Culture, Québec, Canada ZooArt, Cuneo, It 2008 Dis-Locate, Yokohama, Jp

Éducation

2002 Post diplôme (MA) Atelier de Recherches Interactives, ENSAD, Paris [professeurs: Jean-Louis Boissier, Jean-François Depelsenaire] 2001 Diplôme (BA) - [mention]Département multimédiaEcole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris (1997-2002)

Conférences et interventions - sélection 2011table ronde LÄNDER, Ecole des Beaux Arts de Rennes 2010 Galerie Séquence, Chicoutimi, Qc La Graineterie, Houilles 2008 Espace croisé, Beauvais Université Paris-8, Saint-Denis Séminaire Collider, La Générale, Paris

2007AIT, Tokyo, JpDorkbotokyo, Tokyo, Jp Arcus Studio, Moriya, Jp

Résidences artistiques - sélection

2013 Domaine de Lizières, Château-Thierry (2 mois) Cycle exposition Nature(s) 2012Fondation Vasarely (2 mois) Cycle exposition Nature(s) 2010Chicoutimi, Québec (1 mois)Programme Géographies Variables

2009 Saint-Brieuc, France (1 mois) Station VasteMonde 2007Moriya, Japon (4 mois) Arcus Studio / Arcus Project

2003Enschede, Pays-Bas (6 mois) Mobility Art Program/ Pépinières Européennes pour Jeunes Artistes

Donald Abad Né en 1978 à Paris, France / Vit et travaille à Paris, France 3, rue du Buisson Saint-Louis / 75010 Paris +336 65 03 73 18 / [email protected] N° Siret : 450 313 515 000 14 N° MDA : A75 5801www.donaldabad.com