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L’ACTION FRANÇAISE « Tout ce qui est national est nôtre » Négociations Négociations à l'OMC à l'OMC : Les pa Les pa ys émer ys émerg ents ents s'émancipent s'émancipent PAGE 2 COMMERCE COMMERCE HIST HIST OIRE ET GÉOGRAPHIE : OIRE ET GÉOGRAPHIE : MEN MENACE SUR LE NIVEA CE SUR LE NIVEAU DES L U DES LYCÉENS CÉENS p. 4 3:HIKLKJ=XUXUUU:?c@h@s@e@k; M 01093 - 2784 - F: 3,00 E Proposition Proposition de loi de loi féministe féministe : La parité La parité dans les entr dans les entre prises prises PAGE 5 SOCIÉTÉ SOCIÉTÉ Manifest Manifest ations contre ations contre la République islamique la République islamique : Ver er s le tour s le tour nant nant en Ir en Ir an an PAGE 10 ÉTRANGER ÉTRANGER 3 s N° 2784 63 e année Du 17 décembre 2009 au 6 janvier 2010 Paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois www.actionfrancaise.net 2 0 0 0 O n ne parle presque plus que « des fêtes », comme le déplore Anne Bernet en page 12 de ce numéro. Il sem- blerait que les plumes et les bouches laïcisées soient deve- nues incapables de dire ce beau nom de « Noël ». Que sont alors ces "fêtes" qui n'ont de raison d'être qu'en elles- mêmes ? Encore heureux quand elles restent quand même une fête de famille, mais cela même s'efface... dès lors qu'il y manque une dimension... Que sont ces "fêtes" où le douzième coup de minuit dans la nuit du 24 au 25 décembre ira se perdre dans le vacarme de bacchanales réveillonnesques, tandis que TF1 ignorera pour la deuxième année consécutive la messe de minuit « pour des rai- sons de logique de programma- tion » (sic)? Que sont ces "fêtes" insen- sibles au mystère de ce petit en- fant posé dans le froid sur la paille "entre le bœuf et l'âne gris" et qui est Dieu venu sur terre montrer aux hommes le chemin du Ciel ? Plus que jamais capétien et Très-Chrétien S.A.R le prince Jean de France, duc de Ven- dôme, ose employer, sans se sou- cier des médias devenus fous, les mots qui parlent au cœur des Français. Dans le dernier bulle- tin de Secours de France 1 - cette belle œuvre qui vient en aide aux oubliés de l'Histoire, aux ex- clus du matériellement et égoïs- tement correct, aux harkis, aux anciens défenseurs de l'Algérie française, aux victimes de vio- lences civiles, etc, le Prince clame la vérité : Le baptême de la France « Noël, on le sait, est une fête française. Je veux dire par là que, de toutes les fêtes chré- tiennes, Noël est chez nous, de- puis les plus lointaines origines, la fête la plus célébrée. C'est la nuit de Noël que Clovis et trois mille de ses guerriers sont bap- tisés, par saint Remi, au bap- tistère de Reims. C'est aux cris de "Noël ! Noël !" que Jeanne d'Arc entre à Orléans, le 8 mai 1429. En France, le peuple et le roi, quand ils sont heureux, chantent Noël. » Nous ne saurions ajouter à ces belles paroles que nos vœux ar- dents de Joyeux Noël à la France, « grande oubliée de notre temps » dit encore le Prince, à la famille de France et, bien sûr, à tous nos lecteurs et amis. MICHEL FROMENTOUX 1 www.secoursdefrance.com 25 DÉCEMBRE « Noël ! Noël ! » Que sont ces "fêtes" où le douzième coup de minuit ira se perdre dans le vacarme de bacchanales réveillonnesques ? HOMMAGE À LA VACHE « Ce pelé ce galeux » : La Fontaine déplorait que l'on s'en prît ainsi à un brave bau- det. Aujourd'hui Christine Clerc, sur le site de Ma- rianne2, doit défendre... la vache ! Cela parce qu'« une agence internationale aurait évalué les dégâts causés par les malheureuses ruminantes à 3 % du méthane rejeté par les activités humaines et 65 % des émissions d'hemioxyde azotée, ou l'inverse. Chaque vache produirait 2,6 tonnes de CO2 par an. Sachant qu’un Français mange en moyenne 12 kilos de viande bovine par an, multipliez par X et divisez par Y et vous aurez le total - soit l'équivalent, pour chaque carnivore, de 370 kilomètres effectués en voiture à 10 litres d’essence aux 100... » Comme Christine Clerc, nous défendrons la vache. Déjà il y a quelques années l'Europe l'accusait d'être folle obli- geant nombre de paysans à abattre leur troupeau ! Com- ment a-t-on vécu des millé- naires sans se plaindre de la compagnie de cette bonne bête certes pas très raffinée, mais qui, dans son regard bo- nace et impavide sur nos agi- tations si souvent stériles, contient peut-être plus de philosophie que n'en possè- dent les savants à la mode.... C'est en taureau que Zeus se mua jadis pour séduire la princesse Europe, qui donna son nom à notre continent. L'enfant Jésus fut réchauffé dans la crèche par un âne (encore un pauvre baudet !) et un bœuf. Si l'haleine de celui-ci était polluante, c'est vingt siècles de notre histoire qui se trouvent ainsi pol- lués... Et pourtant il y a tou- jours des hommes, et qui mangent, et qui pensent; et qui prient.... Le piège de l'identité nationale p p . . 3 et 16 3 et 16

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L’ACTION FRANÇAISE« To u t c e q u i e s t n a t i o n a l e s t n ô t r e »

Négociat ions Négociat ions

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Les paLes pays émerys émerggentsentss'émancipents'émancipent

PA G E 2

nn C O M M E R C EC O M M E R C E

HISTHISTOIRE ET GÉOGRAPHIE :OIRE ET GÉOGRAPHIE : MENMENAACE SUR LE NIVEACE SUR LE NIVEAU DES LU DES LYYCÉENS CÉENS pp.. 44

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nn É T R A N G E RÉ T R A N G E R

3 s y N° 2784 y 63e année y Du 17 décembre 2009 au 6 janvier 2010 y Paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois y www.actionfrancaise.net

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On ne parle presque plusque « des fêtes », commele déplore Anne Bernet en

page 12 de ce numéro. Il sem-blerait que les plumes et lesbouches laïcisées soient deve-nues incapables de dire ce beaunom de « Noël ».

Que sont alors ces "fêtes" quin'ont de raison d'être qu'en elles-mêmes ? Encore heureux quandelles restent quand même unefête de famille, mais cela mêmes'efface... dès lors qu'il y manqueune dimension...

Que sont ces "fêtes" où ledouzième coup de minuit dansla nuit du 24 au 25 décembre irase perdre dans le vacarme de

bacchanales réveillonnesques,tandis que TF1 ignorera pour ladeuxième année consécutive lamesse de minuit « pour des rai-sons de logique de programma-tion » (sic) ?

Que sont ces "fêtes" insen-sibles au mystère de ce petit en-fant posé dans le froid sur lapaille "entre le bœuf et l'âne gris"et qui est Dieu venu sur terremontrer aux hommes le chemindu Ciel ?

Plus que jamais capétien etTrès-Chrétien S.A.R le princeJean de France, duc de Ven-dôme, ose employer, sans se sou-cier des médias devenus fous, lesmots qui parlent au cœur des

Français. Dans le dernier bulle-tin de Secours de France 1 - cettebelle œuvre qui vient en aideaux oubliés de l'Histoire, aux ex-clus du matériellement et égoïs-tement correct, aux harkis, auxanciens défenseurs de l'Algériefrançaise, aux victimes de vio-lences civiles, etc, le Princeclame la vérité :

Le baptêmede la France

« Noël, on le sait, est unefête française. Je veux dire parlà que, de toutes les fêtes chré-tiennes, Noël est chez nous, de-puis les plus lointaines origines,

la fête la plus célébrée. C'est lanuit de Noël que Clovis et troismille de ses guerriers sont bap-tisés, par saint Remi, au bap-tistère de Reims. C'est aux crisde "Noël ! Noël !" que Jeanned'Arc entre à Orléans, le 8 mai1429. En France, le peuple et leroi, quand ils sont heureux,chantent Noël. »

Nous ne saurions ajouter à cesbelles paroles que nos vœux ar-dents de Joyeux Noël à la France,« grande oubliée de notretemps » dit encore le Prince, àla famille de France et, bien sûr,à tous nos lecteurs et amis.

MICHEL FROMENTOUX

1 www.secoursdefrance.com

o 25 DÉCEMBRE

« Noël ! Noël ! »Que sont ces "fêtes" où le douzième coup de minuit ira se perdre dans le vacarme de bacchanales réveillonnesques ?

HOMMAGE À LA VACHE« Ce pelé ce galeux » : LaFontaine déplorait que l'ons'en prît ainsi à un brave bau-det. Aujourd'hui ChristineClerc, sur le site de Ma-rianne2, doit défendre... lavache ! Cela parce qu'« uneagence internationale auraitévalué les dégâts causés parles malheureuses ruminantesà 3 % du méthane rejeté parles activités humaines et 65 %des émissions d'hemioxydeazotée, ou l'inverse. Chaquevache produirait 2,6 tonnesde CO2 par an. Sachant qu’unFrançais mange en moyenne12 kilos de viande bovine paran, multipliez par X et divisezpar Y et vous aurez le total -soit l'équivalent, pour chaquecarnivore, de 370 kilomètreseffectués en voiture à 10litres d’essence aux 100... »Comme Christine Clerc, nousdéfendrons la vache. Déjà il ya quelques années l'Europel'accusait d'être folle obli-geant nombre de paysans àabattre leur troupeau ! Com-ment a-t-on vécu des millé-naires sans se plaindre de lacompagnie de cette bonnebête certes pas très raffinée,mais qui, dans son regard bo-nace et impavide sur nos agi-tations si souvent stériles,contient peut-être plus dephilosophie que n'en possè-dent les savants à la mode....C'est en taureau que Zeus semua jadis pour séduire laprincesse Europe, qui donnason nom à notre continent.L'enfant Jésus fut réchauffédans la crèche par un âne(encore un pauvre baudet !)et un bœuf. Si l'haleine decelui-ci était polluante, c'estvingt siècles de notre histoirequi se trouvent ainsi pol-lués... Et pourtant il y a tou-jours des hommes, et quimangent, et qui pensent; etqui prient.... n

Le piège de l'identité nationale

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Selon le directeur général del'OMC, les pourparlers ont permisjusqu'à présent de dégager unconsensus sur 80 % des questionsabordées depuis huit ans, les 20 %en suspens étant subordonnés àla volonté politique des paysmembres. Le problème est queces 20 % restants constituent unnoyau dur, alors que toute déci-sion à l'OMC ne peut être obte-nue que par consensus.

Les blocages

Or, à mesure que le tempspasse, surgissent de nouveaux obs-tacles. Quand fut lancé le cyclede Doha, peu après les attentatsdu 11 septembre 2001, les États-Unis et l'Union européenne pré-tendaient lutter contre la pau-vreté, et ce faisant contre le ter-rorisme, par le truchement ducommerce. C'était dans l'air dutemps. Aujourd'hui, cette candeurn'est plus guère de mise. La crois-sance économique des pays ditsémergents (Chine, Inde, Brésil no-

tamment) a contraint les puis-sances industrialisées à se mon-trer plus soucieuses de leurspropres intérêts. Ainsi, le repré-sentant américain au commerceRon Kirk a demandé aux paysémergents d'être « plus coopéra-tifs », car, a-t-il dit en rappelantdes chiffres du Fonds monétaireinternational, 58 % de la crois-sance mondiale proviendra en2014 de la Chine, de l'Inde, duBrésil, de l'Argentine, de l'Afriquedu Sud et des économies d'Asiedu Sud-Est.

Si les États-Unis exigent uneplus grande ouverture des mar-chés des pays émergents aux pro-duits industriels, les pays en dé-veloppement réclament des ré-ductions importantes des sub-ventions à l'agriculture des paysriches. Certaines propositions ac-tuellement sur la table à l'OMCauraient pour effet, si elles étaientretenues, de réduire encore le re-venu déjà faible des paysans fran-çais. L'Union européenne affirmequ'elle ne fera plus de concessions

dans le domaine agricole, alorsque les pays du Sud maintiennentleurs revendications. Ce ne sontpas là les seuls blocages. Les né-gociations sur les services ou surl'environnement, par exemple,semblent également piétiner. Ilsera par conséquent bien difficilede conclure le cycle de Doha dansles prochains mois, et la questionse pose d'une révision à la baissedes objectifs initiaux.

Tout n'est cependant pas figé,loin s'en faut, dans cet universmarchand. Signe supplémentaired'une émancipation qui ne datepas d'hier, vingt-deux pays émer-gents ou en développement ontdécidé unilatéralement d'aller del'avant, en signant à Genève unaccord Sud-Sud destiné à libéra-liser leurs échanges, sans lesgrandes puissances. Ils entendentréduire dès la fin 2010 leurs droitsde douane d'au moins 20 % sur70 % de la totalité des produitsqu'ils échangent. Ces réductionspourraient théoriquement géné-rer huit milliards de dollars decommerce en plus chaque année.Par la même occasion, l'Inde etle Brésil ont annoncé qu'ils ren-draient leur marché libre dedouane aux exportations des paysles moins développés. Pour au-tant, les pays émergents ou endéveloppement refusent le prin-cipe d'une OMC à deux vitesses,comme l'idée – byzantine - en aété émise par quelques experts.Pendant ce temps, la Suisse et laChine ont signé une déclarationcommune en vue de conclure unaccord de libre-échange.

Et voiciles Black Blocks

Ces ententes partielles ou ré-gionales ne compensent pas l'im-pression d'atonie qui se dégage decette septième session ministé-rielle. Pour l'animation, il fallaitsortir du Centre William-Rappart,siège de l'OMC : dans les rues pas-santes de Genève, quelque deuxcents casseurs des Black Blocks sesont une nouvelle fois défoulés enbrisant des vitrines de magasinset en incendiant des véhicules.C'est quasiment devenu un rituelen marge des grandes réunions àcaractère économique et com-mercial. Il n'y a pas de mondiali-sation heureuse.

GUY C. MENUSIER

z ÉCONOMIE & MÉDIAS

z 2 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2784 – du 17 décembre 2009 au 6 janvier 2010

Directeur de 1965 à 2007 : Pierre Pujo (?)

Directeur de la publication : M.G. PujoDirecteur éditorial : Gérard BedelRédacteur en chef : Michel FromentouxRédacteur graphiste : Grégoire Dubost

Politique française : Guillaume Chatizel, Jean-Philippe Chauvin, Antoine Goursky, Stéphane PiolencSociété :Stéphane Blanchonnet, Jean-Pierre Dickès, Michel FromentouxEurope :Charles-Henri Brignac, Grégoire Dubost, Guy C. MenusierMonde : Philippe Maine, Pascal NariHistoire :Michel Fromentoux, Yves Lenormand, René PillorgetCulture : Anne Bernet, Monique Beaumont, Charles-Henri Brignac, Alain WaelkensChroniques : Jean-Baptiste MorvanCombat des idées :Gérard Baudin, Stéphane Blanchonnet

Abonnements, publicité, promotion : Monique Lainé

10 rue Croix-des-Petit10 rue Croix-des-Petits-Champs-Champs s 75001 Paris75001 Paris

Tél. : 01 40 39 92 06 - Fax : 01 40 26 31 63

wwwwww.actionfrancaise.net.actionfrancaise.netredaction@[email protected]

[email protected] 1166-3286

Instrument diabolique de lamondialisation pour les uns, in-dispensable garde-fou contre

les excès du marché pour lesautres, l'Organisation mondiale ducommerce (OMC) suscite par in-tervalles des controverses aussiacerbes que le sujet peut êtrearide. Alors que, depuis huit ans,les pays membres ne parviennentpas à s'entendre sur l'ampleur etla nature d'une nouvelle libérali-sation des échanges.

Interminable

On l'a encore constaté au dé-but du mois à Genève, siège del'organisation, où se sont réunis153 ministres du Commerce cen-sés donner une impulsion à l'in-terminable cycle de Doha, du nomde la capitale du Qatar où fut lan-cée en 2001 cette ambitieuse sé-rie de négociations commerciales.Au bout de trois jours de palabres,les ministres se sont séparés enpromettant de conclure les né-gociations en 2010, sans toutefoisprendre des engagements con-crets. Malgré les avertissementsappuyés du directeur général del'OMC, Pascal Lamy, selon lequel« le temps presse ». « Les diri-geants politiques sont pratique-ment unanimes à assurer qu'ilsveulent conclure en 2010, mais ilne suffit pas de le réaffirmer, asouligné Pascal Lamy. Ce qu'il fautmaintenant, c'est agir, agir de ma-nière concrète et pratique pouréliminer les dernières diver-gences. »

o OMC

Les émergents s'émancipentL'OMC se heurte à de nouveaux obstacles : les négociations piétinentsur l'agriculture, les services, l'environnement. Parallèlement, les paysémergents créent des zones régionales de libre échange...

» ÉLYSÉE 2.0

Twitter s'impose comme unmédia incontournable. Le pré-sident de la République y aouvert un compte pour faireécho aux négociations dusommet de Copenhague. Ren-dez-vous à cette adresse :twitter.com/elyseecop15

» CONCURRENCE

Le gouvernement prend lesparents par la main : le se-crétariat d'État en charge del'Économie numérique vientde mettre en ligne un site In-ternet censé les aider à choi-sir les jeux vidéo de leurs en-fants. « Bizarrement », re-marque Manuel Raynaud,« Jeuxvideoinfoparents.fr esttrès redondant avec un autreportail cette fois-ci déve-loppé, il y a déjà plusieursmois, sous l'autorité du secré-tariat d'État à la Famille. »(Écrans, 04/12/2009)

» DIVERSITÉ

Depuis le 10 décembre, desnoms de domaines ".eu" peu-vent être enregistrés en utili-sant n'importe quels carac-tères des vingt-trois languesofficielles de l'Union euro-péenne. Les efforts de laCommission censés préserverla diversité linguistique sur laToile semblent toutefois in-égaux. Selon Jean Quatremer,correspondant de Libération àBruxelles, son site Internetserait « un tas de boue [...]où toute l'information utileest en anglais » (Coulisses deBruxelles, 07/12/2009).

» REVIREMENT

L'Espagne, qui présidera leConseil de l'Union européenneà partir du 1er janvier, auraitsouhaité organiser une ré-union informelle des ministresdes Affaires étrangères desVingt-Sept à l'abri des pres-sions médiatiques. Elle y au-rait finalement renoncé, toutcomme la France en 2000...(Coulisses de Bruxelles,11/12/2009)

LE LIVRE À L'HEURENUMÉRIQUELe livre électroniqueacquiert une noto-riété inédite : enpleine fièvre consu-mériste, la Fnac luiconsacre, par exemple, unepage de son catalogue de Noël.Dans ce contexte, le Premierministre a confié à Christine Al-banel une mission concernantl'adaptation du secteur de l'édi-tion à l'économie numérique. L'ancien ministre de la Culture,qui avait défendu le projet deloi censé endiguer le "piratage"des œuvres musicales et ciné-matographiques, devra discuteravec les éditeurs afin « que les

téléchargements illégaux delivres soient repérés et fassentl'objet du même traitement par l'Hadopi ». Un traitementdont l'impact est pourtant mé-connu, sa mise en œuvren'étant pas entamée... Mme Albanel s'attachera égale-ment à développer l'offre lé-gale. À titre d'exemple, L'Har-mattan propose des ouvrages auformat PDF pour un prix infé-rieur de 30 % à celui de l'équi-valent papier, mais qui sont af-fublés d'une protection contreles copies illégales très contrai-gnante. L'ensemble des éditeursrenonceront vraisemblablementà ces verrous numériques ; nousles appelons en outre à propo-ser des offres couplées papier

et numérique, qui répondraientau besoin des lecteurs itiné-rants attachés néanmoins au"plaisir de l'objet".Aux yeux de François Fillon, « ilapparaît primordial que les in-terrogations que suscitent dansnotre pays les propositionsfaites aux bibliothèques pu-bliques par des entreprisescomme Google puissent êtrepartagées par nos partenaireseuropéens » – allusion à la nu-mérisation massive des fondsdocumentaires entreprise par legéant de l'internet. Aussi Chris-tine Albanel devra-t-elle menerune « action de sensibilisationauprès de la Commission euro-péenne et des ministres euro-péens en charge de la Culture

et des droits d'auteur » ; à ceteffet, elle pourra « s'appuyersur le réseau diplomatique etla représentation permanentede la France à Bruxelles ».La France aurait-elle déclaré laguerre à Google ? Sans attendreles conclusions d'une autre mis-sion confiée à Marc Teissier, quiétaient attendues pour le 15 dé-cembre, le président de la Ré-publique a proclamé qu'il n'était« pas question de nous laisserdéposséder de notre patrimoineau bénéfice d'un grand opéra-teur, aussi sympathique soit-il,aussi important soit-il, aussiaméricain soit-il ». En tout cas,Christine Albanel devra rendresa copie en avril 2010.

G.D.

153 pays sont membres

de l'Organisation mondiale du Commerce

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POLITIQUE z

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2784 – du 17 décembre 2009 au 6 janvier 2010 3 z

z NOTRE SOUSCRIPTION POUR L'AF

Lancé par le gouvernement,nécessaire pour les partis dela majorité, dangereux aux

yeux de l'opposition de gauche,le débat sur "l'identité nationale"bat son plein. Quand un gouver-nement lance un grand débat àquelques mois d'élections impor-tantes, il a, évidemment, une ar-rière-pensée électoraliste. Je vou-drais apporter quelques élémentsde clarification dans un débat oùrègne la confusion mentale.

Qu'est-cequ'une nation ?

Je commencerai par récuserl'expression "identité nationale"car il convient d'abord, pour pen-ser, d'utiliser des mots appropriésà la question. Les bons Françaisont compris qu'on leur demandaitde s'exprimer sur leur apparte-nance à la nation française, ilssont entrés dans le jeu du gou-vernement qui veut passer pourpatriote le temps d'une électionavant de continuer son œuvre dedissolution de la France dans l'Eu-rope et dans la mondialisation.L'identité est la reconnaissanced'un individu par lui-même ou parles autres. Ressentez-vous la né-cessité de vous rassurer sur votreappartenance à la nation fran-çaise ? Avez-vous le besoin d'êtrereconnus comme Français par vosvoisins ou par les passants ? Je nele pense pas. Le débat sur l'iden-tité nationale ne s'adresse réel-lement qu'à ceux qui ne se sen-tent pas naturellement françaiset la participation de ceux qui lesont sert à un amalgame subver-sif. Nous allons nous élever au-dessus de ce débat avant d'en ana-lyser le poison.

« Ce qui distingue les nations,ce n'est ni la race, ni la langue.Les hommes sentent dans leurcœur qu'ils sont un même peuplelorsqu'ils ont une communautéd'idées, d'intérêts, d'affections,de souvenirs et d'espérances. Voilàce qui fait la patrie. Voilà pour-quoi les hommes veulent marcherensemble, ensemble travailler,ensemble combattre, vivre etmourir les uns pour les autres. Lapatrie, c'est ce qu'on aime. Il sepeut que l'Alsace soit allemandepar la race et le langage ; maispar la nationalité et le sentimentde la patrie elle est française. »

Ainsi s'exprimait Fustel de Cou-langes dans L'Alsace est-elle al-lemande ou française ? Citons en-core Ernest Renan : « Une nationest une âme, un principe spiri-

tuel... Une nation est donc unegrande solidarité, constituée parle sentiment des sacrifices qu'ona faits et de ceux qu'on est dis-posé à faire encore. Elle supposeun passé ; elle se résume pour-tant dans le présent par un faittangible : le consentement, le dé-sir clairement exprimé de conti-nuer la vie commune. » (Qu'est-ce qu'une nation ?)

Empire

Caractères ethniques ? géo-graphie ? langue ? religion ? com-munautés d'intérêts ? Tous ces in-grédients peuvent entrer dans lacomposition d'une nation commela France. Pris séparément outous ensemble ils ne suffisent pasà la constituer s'il ne s'ajoute unpassé commun. Si une volonté devivre ensemble existe ainsi qu'unpouvoir politique fédérateur maisque les éléments constitutifs dela société restent disparates, nousavons affaire à un empire et nonà une nation comme la nôtre. Cefut le cas de l'Empire romain quieut des empereurs africains ousyriens dans le cadre de la gran-deur d'une Rome protectrice et

civilisatrice, c'est le cas des États-Unis d'Amérique, empire sans em-pereur formé par l'immigrationdans le Nouveau Monde, fédéréautour d'une manière américainede vivre et de penser dans desstructures économiques et poli-tiques libérales. Mais la France,elle, s'est formée à côté de l'Em-pire romain germanique autourde sa dynastie ; le roi sacré àReims était « empereur dans sonpays ». Telle est notre spécifi-cité. C'est pourquoi le commu-nautarisme n'entre pas dans nostraditions.

« Une certaine idéede la France »

Les républicains, suivant l'ex-pression volontariste et jacobinede De Gaulle, écartent la réalitéhistorique et charnelle du paysmais affirment « une certaineidée de la France ». « L'identitéde la France, a dit Martine Aubryà Rennes le 3 décembre, ce n'estpas la droite, ce n'est pas lagauche, c'est bien plus, c'est la République ». Sa républiquelouche à gauche : elle n'y voit quela Commune, la Résistance, l'an-

ticolonialisme, le féminisme...Elle dénonce les « parts d'ombre »dans l'histoire de France. « Notrehistoire a connu l'esclavage, lacolonisation, l'ordre moral, le re-noncement de 1940, la Collabo-ration. Se souvenir de ces tachesnoires après avoir parlé de sesmoments flamboyants, c'est êtrecapable de mieux préparer l'ave-nir. » "Taches noires", "momentsflamboyants", quel manichéismeprimaire ! Et la justice de saintLouis qui faisait accourir toutel'Europe, et les croisades, et lesrois qui arrondissent le pré carré,et les Missions étrangères ? Dansles taches d'ombre certainementdont on n'émerge qu'en exhibantau bout d'une pique la tête dugouverneur de la Bastille. Mme Au-bry résume d'une formule son idéede la France : « La France est unpays qui s'apprend plus qu'il nes'hérite. »

Le nationalismefrançais

Quant à Éric Besson, il déclareau New York Times : « Les franco-français, cela n'existe pas. Il n'ya pas de Français de souche, iln'y a pas de race. » Répondons-lui avec Bainville : « Le peuplefrançais est un composé. C'estmieux qu'une race. C'est une na-tion. » (Histoire de France) Pasde Français de souche ? Le gou-vernement et l'administration necessent d'appâter le bourgeois etle touriste avec le patrimoine !Dans patrimoine, il y a père, doncancêtres, donc souche.

Quand nos ancêtres sont fran-çais depuis des générations, quandnous avons des tombes dans lescimetières militaires des guerresles plus reculées, M. Besson nousdénie le droit d'être des Françaisde souche. Parle-t-il françaiscomme nous ? Bien plus, dans l'ac-cueil des habitants de nos an-ciennes colonies, la République asu montrer de scandaleuses op-tions discriminatoires : elle consi-déra les enfants de harkis commedes parias, tandis que les enfants

de fellaghas étaient des fils pro-digues reçus à bras ouverts. Cen'est une "tache noire" ni pourMme Aubry ni pour M. Besson quimène le même combat que lechef socialiste.

« La patrie est une associa-tion, sur le même sol, des vivantsavec les morts et ceux qui naî-tront » (Joseph de Maistre). Notrenationalisme français ne s'affirmeni de droite ni de gauche, notrenationalisme français n'est niagressif ni exclusif, il veut pro-téger et aider à s'épanouir l'âmedu pays qui n'est pas la Franced'une idéologie mais comme le ditJoachim du Bellay en concentrantdans un vers magnifique et im-mortel l'essence de notre civili-sation : « France, mère des arts,des armes et des lois ».

Le jeu des mondialistes

Le nom exact du ministèred'Eric Besson, créé en mai 2007,nous montrera la manœuvre dugouvernement : ministère de l'Im-migration, de l'Intégration, del'Identité nationale et du Déve-loppement solidaire (aide au dé-veloppement en liaison avec lesAffaires étrangères). Il s'agit defaire passer en force une Francequi ne ressemblerait plus à cequ'elle fut. Plus d'une centaine deparlementaires de la majorité ontcosigné une proposition de loipour « faire respecter les sym-boles républicains lors des célé-brations de mariage » dans les lo-caux des mairies, ce qui prouveque l'intégration "laïque et répu-blicaine" ne marche pas. Si de-main la France est communau-taire, elle aura une identité maisson âme se sera envolée. Tra-vaillons pour que la France de de-main soit la suite de la France his-torique.

GÉRARD BEDEL

o DÉBAT

Le piège de l'identité nationaleLe débat sur l'"identité nationale" impose des clarifications. Ernest Renan et Fustel de Coulanges sont convoqués pour répondre à Martine Aubry et ÉricBesson. Des politiciens méprisant l'histoire, fourvoyés par le volontarisme.

LISTE N° 17

Virements réguliers : Jean-Mi-chel de Love, 7,62 ; Raymond Sul-tra, 17,78 ; Mme Bellegarde, 20 ;Mme Marie-Magdeleine Godefroy,22,87 ; Mme Marie-Christiane Le-clercq-Bourin, 30 ; Mme Tatiana dePrittwitz, 45,73.

Vente de livres de Maurras, Dau-det, Bainville, 956 ; en l'honneur dela naissance du prince Gaston, ano-nyme Bouorgogne, 60.

Jacques Lamonerie, 100 ; MmeHuguette Fouquet, 30 ; Mme Ca-pet-Sellenet, 50 ; anonyme, 100 ;

Mme Corine Schoch, 150 ; anonyme,100 ; Mlle Odile Lopez, 5 ; Jean-Pierre Lopez, 5.

Total de cette liste : 1 701,00 sListes précédentes : 13 892,06 s

Total : 15 593,06 s

* Merci d'établir vos chèques àl'ordre de Mme Geneviève Castel-luccio et de les lui retourner à cetteadresse : L'Action Française 2000,10 rue Croix-des-Petits-Champs,75001 Paris.

n « Comment vous aider ? »nous demande un lecteur à laretraite modeste. En fait, vouspouvez nous aider de façonstrès diverses.Par exemple, la souscription areçu cette semaine l'apportd'une vente de livres reliés desmaîtres de l'Action française,que nous a légués une très an-

cienne abonnée. Vous pouvezaussi verser à la souscriptionun gain réalisé sur une bro-cante. Si vous êtes abonné,vous pouvez envoyer votreAF 2000 à un sympathisant.Vous pouvez aussi mettre decôté vos pièces jaunes et nousen envoyer le montant pério-diquement. Vous pouvez en-

core offrir comme cadeau deNoël un abonnement d'essai àL'AF 2000.Que sais-je ? Nous vous seronstoujours reconnaissants de tousvos efforts pour aider le jour-nal. Merci d'avance et joyeuxNoël aux amis d'AF !

MARIELLE PUJO

Pensez aux étrennes du journal

Caractères ethniques ? géographie ? langue ?

Ces ingrédients ne suffisent pas à constituer la nation

s'il ne s'ajoute un passé commun.

Fustel de Coulanges

L'Alsace est-elle allemande

ou française ?

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z ASPECTS DE LA FRANCE

z 4 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2784 – du 17 décembre 2009 au 6 janvier 2010

Nous avons parlé dans le nu-méro précédent de laplainte des professeurs

d'histoire et de géographie dontla discipline doit disparaître desprogrammes de terminale scien-tifique. C'est aujourd'hui toute laréforme de Luc Chatel qui faitl'objet de critiques. Elle avait étéprésentée en novembre au Saloneuropéen de l'Éducation à Parismais n'avait pas beaucoup retenul'attention. Il est vrai que s'il fal-lait étudier de près tous les pro-jets de réforme de la rue de Gre-nelle, annoncés, présentés, mo-difiés, retirés, on n'en finirait pas.Mais le ministre, qui a reçu le sou-tien du président, semble cettefois décidé à imposer son texte.

Le projetdu ministère

Depuis la présentation de laréforme devant le Conseil supé-rieur de l'Éducation, huit syndi-cats d'enseignants ont demandéle retrait du projet, dénonçantles diminutions d'horaires de cer-taines disciplines et l'autonomieaccrue des établissements, tan-dis que différentes manifestationsde lycéens avaient lieu à Paris etdans plusieurs grandes villes.

Commençons par exposer leprojet ministériel, nous le com-menterons ensuite. Tous les élèvesauront deux heures « d'accompa-gnement » par semaine, soutienpour les plus faibles, approfon-dissement pour les meilleurs, pourtous acquisition de méthodes detravail. Ces heures seront prisessur les diverses disciplines et lelycée aura toute liberté de lesutiliser à sa guise.

À l'inscription en seconde,l'élève choisira deux « enseigne-ments d'exploration », dont aumoins un parmi les matières sui-vantes : sciences économiques etsociales ou économie appliquéeet gestion. Ces enseignementspermettront aux élèves de réflé-chir à leur orientation qui sera« réversible ». En première, en

effet, des « enseignements com-muns » représentant 60 % de l'em-ploi du temps réuniront les élèvesde différentes séries, ce qui fa-cilitera les changements de fi-lière. Les élèves souhaitant chan-ger de section à la fin du semestreou de l'année pourront suivre des« stages-passerelles » pendant lesvacances. L'histoire et la géogra-phie ne figurent plus qu'en optionen terminale scientifique, maiscette discipline se trouve renfor-cée en première où elle fera l'ob-jet d'une épreuve. Ainsi, la ter-minale S pourra être plus scien-tifique et la terminale L pluslittéraire.

L'état d'esprit

On parlait déjà, il y a six ousept ans, de mettre l'épreuved'histoire en première, avec lefrançais. Admirons la continuitéde l'esprit de réforme ! Oui, il ya continuité, mais dans l'erreur,et cela depuis plus d'un siècle derépublique. La réforme actuellese situe dans la droite ligne de ladestruction de notre enseigne-ment secondaire et on ne com-prend pas pourquoi les syndicats

qui ont appelé de leurs vœux latransformation du collège enécole primaire protestent contrecelle du lycée en collège ! Nousnous trouvons dans un systèmedestructeur de toute culture parceque culture signifie élite et pen-sée autonome. Que notre pays ait besoin de mathématiciens, de physiciens, de chimistes,d'économistes, de conseillers ju-ridiques, qui serait assez sot pourle nier ? Mais que, au sortir de l'enfance, on commence à spécialiser la jeunesse pour for-mer des techniciens, même su-périeurs, non.

La réforme de Luc Chatel estmarquée de toutes les tares quiont peu à peu dégradé notre en-seignement depuis la réforme de1902, depuis l'irruption de la dé-mocratie dans l'Université : le vo-lontarisme égalitaire avec l'in-troduction au lycée d'un tronccommun de matières, comme aucollège car l'unification ne peuts'accomplir que par le bas ; le pé-dagogisme, ou l'enseignement duvide qui met élève et professeurdans la situation d'un conflit dia-lectique calqué sur la lutte desclasses du marxisme 1 ; l'utilita-

risme, au sens vulgaire du motqui mise sur une spécialisation ou-trancière qui étouffe le dévelop-pement harmonieux des facultés.Le baccalauréat sanctionnait septannées de formation générale etpermettait d'entrer à l'Universitédont il représentait le premiergrade ; donné à tous, il ouvre àtous les portes du supérieur quise dégrade à vue d'œil : l'ensei-gnement en licence fait aujour-d'hui penser au secondaire, de-main au primaire si nous conti-nuons sur cette voie. Et lesuniversités étrangères se moquentde l'enseignement français.

Égalitarisme

« Nous autres professeurs,nous devons travailler à faire deshommes du temps présent, deshommes de demain même, et lesmeilleurs hommes que nous pour-rons. Nous ne le pouvons sans leurfaire connaître les idées direc-trices et vitales de la sociétécontemporaine, dont nous vivons,dont ils vivront, en attendantqu'ils les détruisent en les trans-formant. » Ainsi s'exprimait Gus-tave Lanson 2 dans un article in-titulé L'étude des auteurs fran-çais 3. Il écrivait aussi : « Je nepuis concevoir un enseignementqui ne soit pas nettement utili-taire. » Il ajoutait même, appe-lant de ses vœux des programmesqui fassent table rase du passé :« C'est une absurdité de n'em-ployer qu'une littérature monar-chique et chrétienne à l'éduca-tion d'une démocratie qui n'ad-met point de religion d'État. »

Tout était dit dès la IIIe Répu-blique et les différentes réformes,contradictoires en apparence,convergent vers le même but :former l'homme démocratique quicroit penser librement et qui n'estque l'esclave de préjugés qui fontde lui un rouage d'une société demasse, plus proche de la termi-tière que de la Cité.

GÉRARD BEDEL

1 Voir le livre subversif de PhilippeMérieu : Frankenstein pédagogue ;ESF, 1996.2 Gustave Lanson (1857-1934). Pro-fesseur de Lettres, historien de la lit-térature, conférencier à l'École nor-male supérieure dont il fut directeurde 1919 à 1927. Son Histoire de la lit-térature française (Hachette, 1894),fit longtemps autorité.3 Revue universitaire, 1894, T. I.

o LYCÉE

Menaces sur le niveauLes syndicats dénoncent les diminutions d'horaires et l'autonomie accruedes établissements. Au-delà, ils devraient fustiger le volontarisme égalitaire,le pédagogisme et l'utilitarisme inspirant la nouvelle réforme du lycée.

LA 6e MARCHEPOUR LA VIE

RDV LE 17 JANVIER 2010 |Le 17 octobre dernier, plusd'un million d'Espagnols mani-festaient contre le projet dugouvernement Zapatero de li-béraliser l'avortement. LesFrançais oseraient-ils désor-mais se montrer moins ar-dents dans la défense de lavie, eux qui subissent déjà leseffets d'une ample légalisa-tion du crime pré-natal ?Le 17 janvier prochain,trente-cinq ans après la pro-mulgation de la sinistre loiVeil, le collectif En marchepour la vie appelle à une mo-bilisation sans précédent àParis pour la sixième Marchepour la vie, soutenue partreize associations et de nom-breuses personnalités dontplus de quinze évêques, quipartira à 14 h 30 de la placede la République.À cette occasion, Pierre-Oli-vier Arduin, directeur de lacommission bioéthique dudiocèse de Fréjus-Toulon, etCécile Edel, présidente deChoisir la Vie, se fondant,dans Valeurs Actuelles du3 décembre, sur un rapportdu député UMP Hervé Mari-ton, ont proposé de remettrela question de l'avortementen débat.Trois éléments justifient leurdemande : « le fait que leschiffres de l'avortement res-tent très importants - plus de210 000 avortements annuelsen France, soit un pour cinqgrossesses, 40 % des Fran-çaises en subiront un dansleur vie et l'IVG est devenu le"meilleur moyen" de finaliserun projet contraceptif ; lamise en évidence du syndromepost-avortement qui a faitl'objet de publications médi-cales dans diverses revues ;l'émergence de revendicationsde clause de conscience de lapart de médecins ».Et les auteurs de l'articled'ajouter qu'il faut « ne plusnous satisfaire d'un statu quo,ou pis, d'une fuite en avantqui jouerait sur un hypothé-tique sens de l'histoire, unquelconque progrès moral ouun acquis sociétalirréversible ».Il est temps en effet quenotre France rompe avec laculture de mort et s'ouvre àl'accueil de la vie.

* Collectif En marche pour la vie,6 square du Trocadéro, 75016 Pa-ris ; tél. 06 72 01 53 31; site In-ternet : enmarchepourlavie.info.

VIOLENCES À MAYOTTE Qui donc a intérêt à faire échouer le pro-cessus de départementalisation de l'île deMayotte si obstinément désireuse de resterfrançaise ? Les dernièresnouvelles ne manquent pasde nous inquiéter.Déjà, nous apprend le sitede L'Actualité Mahoraise 1,le 12 novembre dernier, desmanifestants avaient paralysé Petite Terrepour protester contre le doublement duprix de la barge qui relie les deux îles prin-cipales de Mayotte. Le conseil général avaitaccepté de négocier, mais, sans attendre,des manifestants ont la semaine dernièrebloqué le port et paralysé ainsi l'activité del'île. Les forces de l'ordre ont dû intervenir

contre des personnes encagoulées et mu-nies de pierres. Bilan : treize blessés dontun gendarme grièvement atteint. D'autrescommunes de Petite Terre ont égalementsubi des assauts de bandes de délinquants.Le préfet Hubert Derache déplore dans uncommuniqué que des passants ont été vio-lentés « au seul motif qu'ils étaient d'ori-gine européenne » et il ajoute : « Cesexactions sont regardés avec consternationdepuis la métropole. Elles ternissentl'image de Mayotte qui s'est engagée avectant d'enthousiasme dans le processus dedépartementalisation. Le préfet deMayotte appelle donc la population aucalme et à la raison et invite ceux qui setrouvent encore dans les rues à l'arrêt deviolences inutiles et inqualifiables. »Le caractère raciste de ces manifestations

est inédit à Mayotte. Nul doute que les fi-celles sont tirées par les dirigeants deGrande Comore qui, dit-on, prépareraientune marche vers Mayotte pour le mi-jan-vier. Paris ne saurait laisser bafouer ainsi lasouveraineté de la France. Nicolas Sarkozyest en principe attendu aux Comores etplus particulièrement à Mayotte le 18 jan-vier. Le président comorien semble vouloirfaire monter la pression pour peser sur lesdiscussions avec le président français qu'ilaccuse de l'avoir trahi en organisant le ré-férendum sur la départementalisation...M. Sarkozy devra tenir bon et imposer lerespect de ce petit morceau de France enplein océan Indien

M.F.

1 www.malango-actualite.com/article/mayotte

L'histoire et la géographie ne figureront plus qu'en option

en terminale scientifique

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ASPECTS DE LA FRANCE z

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2784 – du 17 décembre 2009 au 6 janvier 2010 5 z

» STUPIDE

Député socialiste de Meurthe-et-Moselle, Christian Eckert ainterrogé le ministre du Bud-get sur son cumul de fonc-tions : le grand argentier del'État est en même tempstrésorier de l'UMP... « Les9 millions d'euros collectéspar le trésorier de l'UMP sontle meilleur placement dumonde : ils rapportent les13 milliards d'euros du bou-clier fiscal, les 20 milliardsde réductions d'impôts sur lescessions des filiales, j'enpasse et des meilleures ! »estime Christian Eckert. Ré-ponse d'Éric Woerth : se po-ser la question du mélangedes genres est « stupide ».Circulez, y'a rien à voir !

» DROGUE

Au Conseil de Paris, le députéPS Jean-Marie Le Guen aproposé la création de« salles de consommation dedrogue » afin que les toxico-manes puissent se droguerdans « un environnement sé-curisé ». Dans une société quitraite les patrons de "voyous"et transforme les automobi-listes en "délinquants rou-tiers", il n'est finalement pasanormal de se soucier de lasécurité des toxicomanes.

» FROID

On connaît la difficulté desgouvernements successifs àrésoudre la question com-plexe de l'accueil des SDF pargrand froid. Le nouveau se-crétaire d'État au Logement,Benoist Apparu a affirmé quele dispositif d'urgence était« totalement au point ». Ilfaut dire que le jeune secré-taire d'État aux dents longuess'y connaît en matière de lo-gement : il a bénéficié d'unHLM de la ville de Paris, ycompris à l'époque où il étaitdéputé de la Marne...

» CAMARADE

En région Centre, les oppo-sants à Hervé Novelli, secré-taire d'État au Commerce etcandidat aux régionales, l'at-taquent sur son passé demembre d'Occident et duFront national, exhumant uncourrier des lecteurs qu'il asigné en 1973 dans FaireFront. Il protestait contre uneguerre entre pro et anti-LePen qui avait conduit le lea-der du FN à faire saisir lejournal Faire Front. « Je necrois pas que l'AF, autrefois,aimait beaucoup les Croix defeu. Mais je ne crois pasqu'elle faisait saisir leur jour-nal » écrivait il y a trente-sixans celui qui est devenu se-crétaire d'État. Avouons quece témoignage un peu daténous rend ce ministre vague-ment sympathique. CamaradeHervé, notre bulletin d'abon-nement se trouve en page 8 !

GUILLAUME CHATIZEL

Les conseils d'administrationdes cinq cents premières en-treprises françaises compte-

raient 8 % de femmes. Situationinacceptable aux yeux des élitesféministes. Le mois dernier, le mi-nistre du Travail Xavier Darcoss'était autorisé à « poser la ques-tion des quotas ». Dans la foulée,une proposition de loi a été dé-posée à l'Assemblée nationale le3 décembre afin d'instituer encinq ans la composition à paritédes conseils d'administration dessociétés cotées. Les entreprisesrécalcitrantes s'exposeraient à desdifficultés administratives, maisnon à des sanctions financières –à moins qu'un amendement soitadopté en ce sens.

Récidives

En 2006, déjà, le Parlementavait exigé que la proportion dereprésentants de chaque sexe nedépasse pas 80 %. Il s'était heurtéà l'opposition du Conseil consti-tutionnel, selon lequel on « nesaurait [...] faire prévaloir laconsidération du sexe sur celledes capacités et de l'utilité com-mune ». Mais la Constitution a de-puis été révisée, stipulant désor-mais que « la loi favorise l'égalaccès des femmes et des hommes[...] aux responsabilités profes-sionnelles et sociales ».

Tandis que la crainte d'unenouvelle censure semble écartée,« un consensus se dégage au-jourd'hui sur la nécessité d'agirde façon contraignante », observeMarie-Jo Zimmermann, le prési-dent de la délégation de l'As-semblée nationale aux Droits desfemmes. En mars dernier, avecseize autres députés, elle avaitproposé, en vain, de fixer des quo-tas à 40 %. Quelques mois plustard, plus d'une centaine de col-

lègues lui apportent leur soutien.Parmi les signataires figurentJean-François Copé, le présidentdu groupe UMP à l'Assemblée,mais aussi Hervé Gaymard, quel'on imaginait plus réactionnaire.

« Sensibiliser »

« La loi ne peut tout ré-soudre », reconnaissent les au-teurs de cette proposition, « maiselle peut induire un changementdans les mentalités et les pra-tiques. [...] On peut espérer quedes conseils d'administrationexemplaires insuffleront une nou-velle sensibilité face aux ques-tions d'égalité salariale ou d'ac-cès à la formation et que notremodèle social et culturel per-mettra aux femmes de mieuxconcilier leur vie personnelle et leur vie professionnelle. »Mme Zimmermann affirme « la né-cessité d'une action volontariste ».Elle ne croit pas si bien dire : aux

antipodes de l'empirisme, sa dé-marche vise, au fond, à réorgani-ser la cité non pas selon ses exi-gences intrinsèques – en tirant desconséquences sociales de la dif-férence des sexes –, mais au re-gard d'une idéologie.

Dans cette perspective, lapriorité sera donnée à la luttecontre les "stéréotypes". Un"groupe d'experts" de la Commis-sion européenne présente lespistes à suivre : « La plupart despays ayant les plus longues tra-ditions en matière de politiquesde déségrégation [sic] – Dane-mark, Allemagne, Finlande, Is-lande et Pays-Bas – montrent lavolonté d'affronter la ségrégationà un stade précoce de la vie eninvestissant dans des "événementsmotivationnels" ou dans des pro-grammes éducatifs conçus pourencourager de façon positive leschoix "atypiques" parmi les jeunesfilles et garçons, et de promou-voir de nouveaux modèles à imi-

ter. [...] Un bon exemple est ce-lui des campagnes d'informationparallèles intitulées Girls' Day(journée des filles) et New Path-ways for boys (nouveaux parcourspour les garçons) en Allemagne. »

Ces velléités idéologiques separent d'un alibi économique dontles outrances tempèrent la crédi-bilité : « dans un scénario opti-mal » échafaudé par la Commis-sion européenne, « le comblementde l'écart des taux d'emploi pour-rait entraîner une hausse du PIBde 15 % à 45 % en Europe » ; riende moins ! Quant à Xavier Darcos,il se montre alarmiste : « LaFrance ne peut se permettre devoir son potentiel féminin quit-ter le pays, parce que nous n'au-rons pas agi. »

Équilibre

Selon le ministre, « il est clairque notre société, pour sonpropre développement et propreéquilibre, doit parvenir à faireaboutir positivement ce sujet ».Tel n'est pas l'avis d'Éric Zemmour,accusé de « justifier l'injusti-fiable » dans un documentairesorti en salles le 25 novembre. Lepolémiste, qui juge sa pensée ca-ricaturée, a exigé par huissier l'ar-rêt d'exploitation du film. Fusti-geant « une époque de mixité to-talitaire, castratrice », il observeque « les mères célibataires n'ontjamais été aussi nombreuses ; ja-mais aussi pauvres » et craint, àterme, « des tsunamis politiqueset sociaux » provoqués par lestransformations familiales. Il rap-pelle en outre l'originalité de latradition française : « François Ier

fut le premier roi d'Occident quiaccepta les femmes à sa cour.L'amour courtois fut inventé dansle Sud-Ouest de la France. Les sa-lons du XVIIIe siècle, tenus pardes femmes, furent une exclusi-vité française. » En plein débatsur l'identité nationale, il étaitopportun de souligner « cet équi-libre subtil entre virilité domi-nante et féminité influente » in-venté par la France 1.

GRÉGOIRE DUBOST

1 Éric Zemmour : Le Premier Sexe ;J'ai lu, 122 p., 4,80 euros.

o FÉMINISME

Le retour de la paritéL'instauration de la "parité" dans les conseils d'administration est un vieuxserpent de mer. Forte d'un soutien inédit, une nouvelle proposition de loiplébiscitant les quotas a été déposée à l'Assemblée nationale.

LES CAPRICESDE RACHIDAL'on savait déjà que le Parle-ment européen n'était pas unmilieu vraimentépanouissant... Rachida Dati, an-cien garde desSceaux, s'était faitprier pour aller ysiéger, mais elle avait quandmême cédé à Nicolas Sarkozylequel avait besoin de la perledes produits de la "diversité"pour figurer en tête de liste auxélections européennes.Voilà qu'au bout de six mois,elle explose. Alors qu'elle parti-cipait à une émission de M6 ellea répondu à l'appel d'une amiesur son portable, oubliant queson micro était encore branché.Tout le monde sait donc aujour-d'hui ce qu'elle a dit : « Je n'en

peux plus, je n'en peux plus !Je pense qu'il va y avoir undrame avant que je finisse monmandat, là. Je suis obligée derester là, de faire la maligne,parce qu'il y a juste un peu depresse. [...] Si tu veux, quandtu es à Strasbourg, on voit si tuvotes ou pas. Sinon, ça veutdire que tu n'es pas là. »La dame en colère se rend-ellecompte qu'elle pose ici la ques-tion de la raison d'être du Par-lement européen ? À quoi serten effet ce lieu où l'on ne vientvoter que parce qu'il faut êtrevu ? Nous comprenons queMme le maire du 7e arrondisse-ment ait d'autres ambitionsque de rester enfermée dans ce"machin". Le bruit ne court-ilpas déjà qu'elle vise à emporterla mairie de Paris aux pro-chaines municipales ?

M.F.

LA CHAMBRE HAUTECAFOUILLEOn croyait les sénateurs sérieuxet attentifs, leur "train" étaitdonné en exemple de modéra-tion, voire deronronnement..Ce qui s'estpassé ce lundi14 décembre aupalais duLuxembourg estassez peu banal. La séance,traitant du projet de loi sur leredécoupage des circonscrip-tions électorales, traînant unpeu en longueur, plusieurs élusde l'Union centriste en eurentassez et partirent, sans doutese reposer, laissant à l'un d'euxdont le nom reste secret le soinde voter pour tout le groupe.Manque de chance, ce sénateur,fatigué lui aussi, s'est trompé

de bouton, donnant ainsi unepetite majorité de "oui" (167contre 156 "non") à un amende-ment communiste supprimantl'article unique dudit projet !Ce résultat annoncé contretoute attente a évidemmentprovoqué un grand chahut. Pen-sez donc : il s'agissait du décou-page électoral, ce point sur le-quel les élus sont le plus chatouilleux !Le gouvernement est dans ungrand embarras et voudrait quel'on revote, la gauche crie aupassage en force, demandantmême que le projet repasse de-vant les députés. À l'heure oùnous écrivons, on se sait com-ment se conclura l'incidentdans cette affaire où tout lemonde est pressé, la nouvellecarte électorale devant servirdès 2012 !

M.F.

La parité pourrait être imposée en cinq ans dans les instances

de "gouvernance" des entreprises.

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z ASPECTS DU MONDE

z 6 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2784 – du 17 décembre 2009 au 6 janvier 2010

La plupart des Italiens ren-contrés se disent hostiles auCavaliere. Lors de notre ré-

cent séjour à Rome nous avonsassisté à une manifestation im-pressionnante. Des centaines demilliers de personnes ont emplila place la plus vaste de Rome,la piazza San Giovanni. Parmi lestrès nombreuses personnalités quiont pris la parole, nous avons en-tendu Dario Fo, le célèbre dra-maturge prix Nobel de littérature.Un temps fort fut la harangue pas-sionnée du frère de Paolo Borsel-lino, magistrat assassiné par lamafia comme le fut le juge Gio-vanni Falcone. Évoquant ce sou-venir tragique, il appela à la « re-sistanza », à la résistance.

Manifestation

Ce rassemblement coïncidaitavec la mise en cause de SilvioBerlusconi par un mafieux repenti,Gaspare Spatuzza. Mais le prési-dent du Conseil a allumé uncontre-feu en annonçant l'arres-tation des numéros deux et troisde la Cosa Nostra. Depuis 2008,plus de trois mille mafieux ontété arrêtés. Aucun homme poli-tique italien n'avait jusqu'ici portédes coups aussi sérieux à la ma-fia. Toutes les interprétations ontcours. Le Cavaliere s'est-il servide la mafia pour arriver au pou-voir pour s'en séparer ensuite ?La plus grande circonspection estde mise.

Un ambassadeur nous a dit sonembarras : « J'ignore quoi écrireet rapporter au Département. IIse passe des choses, mais sur quoidébouchent-elles ? Exception faitedes régionales dans quelquesmois, il n'y a pas d'échéance élec-torale importante. Le gouverne-ment n'est pas sérieusement me-nacé et la politique extérieuren'est pas susceptible d'évoluer.Dans ce pays la diplomatie ro-maine est un moyen de réalisertoujours plus d'affaires. Dans lagrande tradition de Gênes et deVenise. » Notre interlocuteurconcluait dans un sourire : « Lesacteurs sont bons. Tout est jeu

avec des manœuvres très subtileset une stratégie d'une grande fi-nesse. Nous sommes au théâtre,installés dans nos loges goûtantle spectacle, mais que dire à nosDépartements ? »

Le jeu des partis

Pourtant la position de Ber-lusconi se fragilise. Il y a les scan-dales de la vie privée ; on doutequ'ils soient appréciés au Vati-can... Il y a le bras de fer engagéavec Carlo de Benedetti avec le-quel le groupe de Berlusconi avait,il y a des années, conclu une tran-saction frauduleuse grâce à l'achatd'un juge. Silvio Berlusconi a étécondamné en appel à verser750 millions d'euros. C'est consi-dérable même pour un hommedont la fortune est évaluée àquatre ou cinq milliards d'euros.Il ne reste plus qu'un recours, lacassation.

Berlusconi exerce une main-mise sur la majorité des médias,en particulier la télévision. Seulle groupe Murdoch, dans une cer-taine mesure, tient tête et ré-siste. Mais en Italie, dans l'en-semble, la Justice est indépen-dante, y compris le ministèrepublic, d'où les difficultés du Ca-valiere. Ce ne sont pas les seules.

La gauche parvient à réunirdes foules mais au parlement ellea été mise – au moins provisoire-ment – échec et mat. La menacevient d'ailleurs. Elle se situe aucœur même du Pôle des libertés.Silvio Berlusconi a du mal à conci-lier les points de vue. La Ligue duNord a engrangé des succès auxdernières élections. N'oublions pasque l'unité italienne ne date quede 1870. L'Italie compte cinq ré-gions autonomes : le Frioul et laVénétie julienne ; le Val d'Aoste ;la Sicile ; la Sardaigne ; le Tren-tin et le Haut Adige. UmbertoBossi et sa Ligue du Nord s'inscri-vent, avec détermination, dansles perspectives régionalistes eu-ropéennes.

Autre all ié incommode : Gianfranco Fini et son Allianzanationale (Alliance nationale).L'homme, intelligent, bon orateur,ambitieux, est passé au fil des ansdu fascisme à un "sarkozysme" ita-lien. Ces derniers temps, il s'af-fiche même quelque peu "liber-taire". Même si son parti semontre moins audacieux que lui,il en reste le maître. Il pousseBerlusconi vers la sortie et fait fi-gure de successeur potentiel. Àla différence du président duConseil, Fini n'est pas un entre-preneur, un homme d'affaires.

Mais il sait se ménager des ap-puis. Il vient de constituer uncentre d'étude dans lequel se re-trouvent Montezemolo, le patronde Fiat et Casini qui dirige le der-nier noyau de la démocratie chré-tienne disparue avec l'arrivée aupouvoir du Cavaliere.

Et l'Église ? Elle est prudente.Un haut dignitaire confiait il y apeu que l'Église « n'entendait plussoutenir un parti politique, maisdes catholiques où qu'ils se si-tuent, à droite comme à gauche ».Elle gagne ainsi en influence.Échaudée par la corruption et lesscandales qui ont émaillé la dé-mocratie-chrétienne, elle entenddiversifier ses alliances. Mais elle-même est parcourue de courantsdivers. « Il y a beaucoup de de-meures dans la maison du Père. »L'entente y et souvent mise à mal.Personne ne conteste la qualitéde théologien de Benoît XVI, maissa quête d'unification ou de ré-unification de l'Église suscite desremous. Les "modernistes" s'em-parent de l'affaire Williamson pours'émouvoir du rapprochementavec ceux qualifiés d'"intégristes".En Grande-Bretagne les tempssont-ils venus d'un retour versRome ? L'anglicanisme est pro-fondément divisé.

Benoît XVI et les orthodoxes

Benoît XVI tend également lamain aux orthodoxes. Nous avonsassisté à la basilique de Sainte-Marie majeure, brillant de tousses ors, à la visite du patriarchede l'Église orthodoxe d'Albanie,Mgr Anastasio. Il était accueilli parle cardinal Bernard Francis Lawde Boston. L'image valait tableau.La haute silhouette du prélat amé-ricain, la calotte écarlate bordantdes cheveux de neige, et le pa-triarche, encapuchonné, tout denoir vêtu, la barbe blanche enéventail. Nous eûmes droit àquelques paroles très aimablesavant que les lumières s'éteignentet que la basilique retrouve lesombres des quêtes difficiles etdes voies hasardeuses.

Reste que le dimanche, à midi,sur la place Saint-Pierre, les fi-dèles sont toujours aussi nom-breux et fervents lorsque, tout enhaut des colonnades, se discerne,plus qu'on ne la voit, la silhouettede Benoît XVI. Rome est toujoursdans Rome et le pape dans la pa-trie spirituelle qu'il partage avecles hommes.

CHARLES-HENRI BRIGNAC

o ITALIE

Ciel d'orage pour BerlusconiLes Italiens sont hostiles à Silvio Berlusconi, mais votent pour lui. C'est le paradoxe observé par Charles-Henri Brignac, de retour de Rome. Aperçu des difficultés rencontrées par le Cavaliere.

A400ML'Airbus A400M a effectué sonpremier vol le 11 décembre. Leslivraisons devraient débuter fin2012, avec un retard de troisans. Assailli par la Chambre desCommunes, Kevin O'Donoghue, lechef du département Matériel del'armée britannique, en a tiréquelque leçons : « Si vous avezsept ou huit partenaires, ils ontchacun leurs vues. [...] Le pro-gramme A400M a pris un an deretard au début juste parce quecela a pris un an au gouverne-ment allemand pour signer le

MOU ! (Memorandum of unders-tanding) [...] Ma préférence vadonc à une production à deux,en bilatéral, que d'autres peu-vent rejoindre ensuite. » Désqu'il sera en service, cependant,l'appareil sera « inestimable »selon lui. C'est un Britanniquequi le dit ! (Bruxelles 2,13/12/2009) Cet avion de trans-port militaire bénéficiera d'unepolyvalence inédite. Aussi EADSpourrait-il miser sur l'exportationpour tempérer l'envolée descoûts, dont il négocie le partageavec les États. La France a com-mandé cinquante appareils. n

» AGRESSION

Au moment de mettre souspresse, nous apprenonsl'agression dont a été victimeSilvio Berlusconi. À l'issued'une réunion publique il aété blessé au visage par undéséquilibré. La condamna-tion de cet acte a été una-nime. Il reflète, même s'ils'agit d'un dément, le climatdélétère et parfois survoltéde la vie politique italienneactuellement.

» FRONT AGRICOLE

À l'initiative de Bruno Le-maire, les ministres de l'Agri-culture de vingt-deux payseuropéens se sont réunis à Pa-ris le 10 décembre. Ils ontlancé un appel défendant« une approche équilibréeentre le jeu du marché et lapréservation de nos choix col-lectifs en faveur d'une ali-mentation sûre et de qualité,de l'environnement et desterritoires ». « Cela passe parune régulation européennequi permette d'affronter lessituations de crise et de vola-tilité extrême des marchés.Cela passe aussi par le déve-loppement de l'innovation etla promotion de relationsloyales entre les partenairesdes filières. » Les ministressouhaitent également « ga-rantir que les produits impor-tés en Europe respectent bientoutes nos normes ». Unetelle rencontre, convoquée enmarge des institutions del'Union européenne, est ex-ceptionnelle.

» LJUBLJANA

L'Agence de coopération desrégulateurs de l'énergie s'ins-tallera finalement à Ljubl-jana. La capitale slovèneétait en concurrence avecBratislava et Bucarest pour enaccueillir le siège, tandis quele Parlement européen plébis-citait Bruxelles. Jusqu'à pré-sent, dix-sept États membresde l'UE hébergeaient une ouplusieurs agences de régula-tion. La France accueille l'Of-fice communautaire des varié-tés végétales (Angers) etl'Agence ferroviaire euro-péenne (Lille et Valen-ciennes).

DÉPUTÉS

Avec l'entrée en vigueur dutraité de Lisbonne, la France sevoit attribuer deux sièges sup-plémentaires au Parlement euro-péen. Le gouvernement espagnola proposé une modification destraités permettant de revoir la

composition de l'assemblée sansattendre les élections de 2014,comme en avait décidé leConseil européen fin 2008. Celasuppose une ratification... Dansl'immédiat, des observateurs se-ront envoyés à Strasbourg etBruxelles. Privés de droit devote, ils bénéficieront néanmoinsdes prébendes.

LA FIN DU MYSTÈRE

Dans le cas de la France, lesheureux élus pourraient mêmeles cumuler. Jusqu'au 30 no-vembre, on ignorait suivant

quelles modalités ils seraientchoisis. Finalement, il est apparuau Premier ministre « que laseule solution acceptable [...]était la désignation de deux ob-servateurs parmi nos députés ».Aussi le président de l'Assembléenationale a-t-il été prié de « re-tenir des modalités permettantla désignation d'observateurs ap-partenant l'un à un groupe de lamajorité, l'autre à un groupe del'opposition ». Forts de leur succès aux élections euro-péennes, les candidats d'Europe-Écologie espéraient pourtant ra-fler la mise. n

Silvio Berlusconi est fragilisé au sein de sa propre coalition.

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Négociations et marchan-dages vont bon train à Co-penhague, mais ce sommet

sur le climat va-t-il vraiment chan-ger la donne et permettre de vé-ritables avancées sur la questionenvironnementale ? Rien n'estmoins sûr. Certes, ce sommetn'aura pas été totalement vain carsa médiatisation, forte surtout enEurope, aura sans doute aidé àune certaine prise de consciencedes dangers d'une consommationeffrénée et "illimitée" des pro-duits de la terre, sous toutes leursformes.

Hypocrisies

Mais, dans la pratique, les ha-bitudes consuméristes et "consu-matrices", terme qui conviendraitbien à la situation de nos socié-tés énergivores, sont loin d'avoircédé la place à la sobriété rai-sonnable que semble commanderaujourd'hui l'état des ressourcesde la planète. Sobriété qui n'estpas privation mais meilleure uti-lisation : est-il normal que 40 %de l'alimentation disponible auxÉtats-Unis soit jetée ou détruite,et cela au moment où plus d'unmilliard de personnes souffrentde sous-alimentation dans lemonde ? 1

Par ailleurs, ce sommet aurarévélé quelques hypocrisies etquelques manœuvres qui montrentque certains, dans une logique decourt terme, ne cherchent qu'àdéplacer, sans le résoudre, le pro-blème des pollutions climatiques.Lorsque les pays de l'Union euro-péenne s'engagent à diminuer de30 % leurs émissions de gaz à ef-fet de serre, ils oublient de

prendre en compte les entrepriseseuropéennes implantées (déloca-lisées le plus souvent, pour vendreà bas coûts leurs produits en Eu-rope...) dans les pays du Sud ;tout en priant la Chine et l'Inde(entre autres) de diminuer, nonplus leurs rejets de produits pol-luants dans l'atmosphère (ils s'yrefusent pour des raisons liées àleur propre développement), maisleur "intensité carbone", c'est-à-dire de diminuer le taux de car-bone rejeté par unité produite.

Ce qu'en diraitMaurras

Cela n'est évidemment pas suf-fisant pour garantir l'avenir maisles pays de l'UE, comme les États-Unis d'ailleurs, veulent ainsi conti-

nuer à pouvoir consommer sanspayer plus maintenant, en lais-sant donc aux générations sui-vantes le soin d'affronter les dif-ficultés environnementales et cli-matiques...

On touche ici à la logique dela société de consommation, àcette spirale infernale du "con-sommer pour produire" qui oubliede prendre en compte les limitesde la nature et qui risque de me-ner, un jour, à l'effondrement dra-matique des sociétés humaines ouà leur confrontation brutale, avantmême des catastrophes clima-tiques dont on ne sait pas grand-chose malgré les projections apo-calyptiques de certains, qui jouentà se faire peur sans chercher àfaire jouer, d'abord, leur intelli-gence et leur raison.

Il n'est pas inutile de revenirà ces propos écrits au siècle der-nier par Charles Maurras et qui méritent d'être, aujourd'huicomme demain, entendus : « Non,la nature, non, le jeu spontanédes forces naturelles ne suffisentpas à établir l'équilibre écono-mique. Mais prenons garde ; ceslois, auxquelles il serait fou devouer une confiance aveugle etmystique, il serait encore plus folde les négliger. Cultivons, tour-mentons, forçons même l'ampleet bizarre sein de la vieille na-ture, ajoutons à ses forces nosforces et notre sagesse, notre pré-voyance et notre intérêt, dou-blons-les partout de nous-mêmes.Mais sachons que nous ne com-manderons aux choses qu'à lacondition de leur obéir. Moisson-ner en hiver, vendanger au prin-temps, voilà l'impossible. Avantde moissonner et de vendanger,connaissons le temps naturel desvendanges et des moissons. Et, sinous voulons influer en l'amélio-rant sur l'ordre économique,connaissons-le. Par-dessus tout,appliquons-nous bien à n'en mé-connaître aucun fait essentiel.Nous payerions comme toujoursces oublis et ces ignorances ouplutôt notre peuple payerait notregrande erreur. »

Respecter une règle simple

Ce que Maurras évoquait pourl'économie est aussi valable pourl'environnement et doit nous rap-peler qu' « on ne commande à lanature qu'en lui obéissant », règlesimple que les États devraientinscrire en tête de toute décla-ration finale de ce sommet deCopenhague s'ils en étaient véri-tablement conscients... Et, si lepire n'est jamais certain, il semblebien que nous soyons encore loindu meilleur...

JEAN-PHILIPPE CHAUVIN

1 Chiffre tiré de l'enquête scienti-fique publiée dans la revue états-unienne PLOS One de novembre 2009.

o COPENHAGUE

Les lois de la nature La médiatisation du sommet de Copenhague suscitera peut-être une prisede conscience tempérant les méfaits d'une consommation effrénée. Mais aucune révolution ne s'annonce à l'issue des négociations.

On touche à la spirale infernale du "consommer pour produire"

qui néglige les limites de la nature.

CONSEIL EUROPÉEN

La coordination économique etla participation au sommet deCopenhague ont accaparé l'at-tention des chefs d'État ou degouvernement des vingt-septpays de l'Union européenne, ré-unis à Bruxelles les 10 et 11 dé-cembre. Ce sommet était lepremier depuis l'entrée en vi-gueur du traité de Lisbonne.Aussi les participants étaient-ilsmoins nombreux qu'à l'accoutu-mée. Dorénavant, en effet, se-lon les textes officiels, « leConseil européen est composédes chefs d'État ou de gouver-nement des États membres,ainsi que de son président et du

président de la Commission ».Première nouveauté : « Le HautReprésentant de l'Union pourles Affaires étrangères et la Po-litique de sécurité participe àses travaux ». Par ailleurs,« lorsque l'ordre du jourl'exige, les membres du Conseileuropéen peuvent déciderd'être assistés chacun par unministre ». Autrement dit, saufexception, les ministres des Af-faires étrangères n'y sont plusconviés. Soucieuse, peut-être,de ménager la susceptibilité dupatron du FDP, Angela Merkelsouhaiterait organiser chaqueannée un sommet en leur pré-sence. « Les relations avec lesautres pays de l'Union ne sontplus considérées comme des af-faires étrangères », commenteCarl Bildt, le chef de la diplo-matie suédoise (Coulisses deBruxelles, 10/12/2009). Sansdoute le sont-elles de moins enmoins, bien qu'une certaine am-biguïté demeure.

G.D.

PRÉSIDENCEESPAGNOLESi le traité de Lisbonne institueune "présidence stable" duConseil européen, il maintientla présidence semestrielle duConseil des ministres. Aussi l'Es-pagne succédera-t-elle à laSuède le 1er janvier.Madrid s'attachera à relancerl'économie, supervisant l'adop-tion d'une stratégie pour les dixans à venir. Au cours des négo-ciations, la France pourrait te-nir un discours aux accents pro-tectionnistes : « alors que lesplans de relance sont totale-ment ouverts aux entreprisesétrangères, nos entreprises eu-ropéennes se heurtent au murde certains marchés publicsétrangers », déplore Pierre Lel-louche, le secrétaire d'État encharge des Affaires européennes(Euractiv, 07/12/2009).Entres autres priorités revendi-quées par l'Espagne, citons lalutte contre les violence faites

aux femmes (préoccupation légi-time, mais dont on se demandesi elle est pertinente au niveaueuropéen), la mise en place duService européen pour l'Actionextérieure et la mutualisationhypothétique de certaines res-sources consulaires, la formali-sation des réunions des mi-nistres de la Défense (réclaméepar le ministre Hervé Morin).D'ores et déjà, les Espagnolssont accusés de bafouer "l'espritde Lisbonne". Ils devraient pré-sider la réunion informelle desministres des Affaires étran-gères organisée à Cordoue, re-fusant de céder leur fauteuil auHaut Représentant. Par ailleurs,le Premier ministre José LuisRodriguez Zapatero entend sié-ger aux côtés du président duConseil européen lors des som-mets internationaux des six pro-chains mois. Des rencontressont programmées avec lesÉtats-Unis, le Canada, les paysméditerranéens, le Maroc, lesdirigeants latino-américains... n

BENOÎT XVI,LE PAPE "ÉCOLO" ?On entend parfois parler deBenoît XVI comme du « papevert ». Mgr Celestino Migliore,chef de la mission du Saint-Siège au sommet de Copen-hague, trouve l'expression ex-trêmement réductrice, car« le changement climatiques'insère dans le contexte plusample de la sauvegarde de laCréation » a-t-il déclaré à Radio Vatican le 8 dé-cembre dernier.« La protection de l'environ-nement aujourd'hui, a-t-ilajouté, reste toujours un de-voir moral : sauvegarder lacréation de Dieu. Mais enmême temps, elle devientaussi un devoir de justice en-vers les plus vulnérables auxcalamités naturelles, même siles calamités provoquées parl'homme sont limitées. Puis ily a une responsabilité com-mune et différenciée, un de-voir de solidarité au seind'une même génération etentre les générations. »À Copenhague, il est vrai, l'É-glise catholique est seule as-sez libre de tout souci deconsumérisme ou d'hédo-nisme. Ses priorités, pourMgr Celestino Migliore, sontcentrées sur la personne hu-maine « afin que des mesureslégislatives et techniquess'inspirent d'une solide cul-ture du respect et de la pro-motion de l'environnement ».D'où cette sage conclusion :« Pour préserver la nature, iln'est pas suffisant d'interve-nir au moyen d'incitations oude mesures économiques dis-suasives, une éducation ap-propriée n'y suffit pas nonplus. [...] Le point détermi-nant est la tenue morale dela société dans son ensemble.Si le droit à la vie et à lamort naturelle n'est pas res-pecté, si la conception, lagestation et la naissance del'homme sont rendues artifi-cielles, si des embryons hu-mains sont sacrifiés pour larecherche, la consciencecommune finit par perdre leconcept d'écologie humaineet, avec lui, celui d'écologieenvironnementale. Exiger desnouvelles générations le res-pect du milieu naturel de-vient une contradiction,quand l'éducation et les loisne les aident pas à se respec-ter elles-mêmes. »Que servirait-il en effet deprotéger la vie sur terre sic'était pour empêcher quecette vie soit transmise ? Ilfaut louer l'Église de venirrappeler que la qualité de lavie ne doit pas faire oublierle sens de la vie.

M.F.

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Les Américains n'ont pas en-core démarré leur ultimecampagne en Afghanistan

que déjà ils parlent de retrait.Curieux paradoxe et, pour cer-tains, faute psychologique ma-jeure. Lorsqu'on cherche à briserla résistance d'un ennemi aussicoriace que les Taliban, on évitede lui préciser le moment qui mar-quera la fin de la partie. Simplebon sens. Ainsi, les Américains re-connaissent que le temps leur estcompté. C'est un aveu de fai-blesse. En face, les fous d'Allahont l'éternité devant eux. C'estun atout décisif. Pour leur révo-lution, l'essentiel est que le versoit dans le fruit, ou plutôt, l'is-lamisme dans les esprits. Il l'estdepuis près de vingt ans. Restentles derniers combats d'un bras defer aux allures d'épilogue.

Un double défi

Un bras de fer programmé, fi-nancé par le président BarackObama après huit ans d'escar-mouches chaotiques et déce-vantes. Le 1er décembre – rete-nons cette date – le chef de laMaison Blanche a lancé 30 000 sol-dats de plus dans la bagarre etdécidé que celle-ci serait termi-née en juillet 2011. Le volumedes renforts et le calendrier derepli ne sont pas nés de cogita-tions militaires mais de calculspoliticiens. C'est leur tare origi-nelle. Celle-ci figurera en bonneplace comme explication si cetteaventure se termine mal.

Il aurait fallu 50 000 soldatsaméricains supplémentaires augénéral Stanley McChrystal, pa-tron du corps expéditionnaire al-lié. Tous les experts sont d'accordlà-dessus. D'autant que le défi àrelever est double. Il s'agit d'abordd'entailler puis d'anéantir les cinqsanctuaires – deux dans le Sud ettrois dans l'Est – que les Talibanont édifié depuis des lustres parla persuasion et la terreur. Il s'agitensuite d'étendre sur tout le paysle maillage classique d'une guerrecontre-révolutionnaire, aveccomme caractéristique cette dif-ficile approche psychologique desproblèmes paysans sans laquelleil n'est pas de victoire possible.

Gagner la guerre, c'est gagnerl'Afghan : un homme dur, intrai-table, et par nature rebelle. Dansces vallées sans fond, la force deconviction s'avère plus décisiveque la puissance de feu. Or, cepatient travail exige une présenceconstante, un dialogue débou-chant sur une complicité. Il exigedes hommes... Le général Mc-Chrystal ne les a pas. Il devra qua-driller plus chichement les pro-vinces, différer des opérations.Tout cela parce qu'au Congrès, lesténors démocrates et une grossemajorité de leurs spadassins sesont élevés avec véhémencecontre tout renfort en Afghanis-tan. Obama lâché par ses proprestroupes. Il prit peur : pour lesélections législatives de 2010 etpour la présidentielle de 2012.

D'où un recul. Fournir à Mc-Chrystal tous les régiments qu'ildemandait était politiquementimpossible, mais lui refuser lamoindre augmentation de ses ef-

fectifs était militairement suici-daire. Résultat : une cote maltaillée, un festival de demi-me-sures. Obama s'est engagé dansune sorte de troisième voie my-thique alors que dans le creusetafghan, la loi qui s'impose est celledu tout ou rien : on ferraille detoutes ses forces jusqu'au bout,ou on range immédiatement sesarmes avant de plier bagage. Lemoyen terme n'existe que dansl'imagination des planificateurs enchambre.

Karzaï, le Volponede Kaboul

Ce sont eux, sans doute, quiont soufflé à Obama l'aberrationde juillet 2011. Avec deux argu-ments : à terme, la fronde duCongrès pourrait devenir inquié-tante ; et deux Américains surtrois souhaitent la fin des hosti-lités. Dans le bureau ovale, laconclusion pratique fut vite ti-rée : puisque l'impatience etmême l'exaspération dominent,on va établir un calendrier. Et tantpis si le général McChrystal n'aque dix-huit mois pour remplir samission. Bien sûr, l'intéressé s'es-time maintenant satisfait. Aucours des auditions au Congrès lasemaine dernière, ce quinquagé-naire filiforme et d'un calme olym-pien affirma même qu'on lui avaitdonné « tous les moyens pour re-lever le défi ». Tous les moyens,vraiment ?

Ces étranges propos contras-tent singulièrement avec cer-taines analyses beaucoup plus cri-tiques – c'est un euphémisme -

que le même général a formuléesen privé. Risquons une explica-tion : McChrystal est un "troisétoiles". La quatrième lui est sansdoute promise dès qu'il sortira decette fournaise. On lui demandesimplement d'adopter jusque-làune docilité confiante. En langagemilitaro-administratif, on lui or-donne : "pas de vagues".

Cependant, qu'il le veuille ounon, Obama devra en essuyer, desvagues. Elles viendront des Tali-ban, dont on attend une re-structuration du dispositif avecun front nord qui a toutes leschances de se rallumer. Elles vien-dront des alliés de l'OTAN, quipromettent parfois et donnentrarement – on les comprend - lestroupes réclamées par la MaisonBlanche. Ces vagues viendrontenfin d'un personnage hors ducommun et qui a tout à fait saplace dans cette tragédie orien-tale : Hamid Karzaï, le présidentde l'Afghanistan. Imaginez un vé-nitien de la haute époque – unesorte de Volpone – gardé par desjanissaires, enturbanné, fuyant,corrompu, fourbe et prêt à toutpour parvenir à ses fins. Son coupde maître fut sa réélection enaoût dernier. Des complices bour-rèrent les urnes de bulletins à sonnom. Scandale ! Obama voulut sedébarrasser de l'imposteur. Douceillusion. C'était oublier qu'il estindispensable.

Donc, un second mandat decinq ans pour le Volpone de Ka-boul. Et, pour Washington, uneerreur comme au Vietnam. À Saï-gon, de 1963 à 1975, les Améri-cains ont usé et abusé d'une di-

zaine de présidents sans autresappuis qu'une nuée de courtisans.Karzaï leur ressemble parce qu'ilest sorti du même système : unhomme soutenu par des clientsmais lâché par le peuple. Or, legénéral McChrystal, pour sa guerrepsychologique, a un cruel besoind'une amélioration de l'image pré-sidentielle. Karzaï symbolise l'au-torité, le pouvoir, la légitimité.Et même si l'image confine au gro-tesque, Karzaï, c'est le contraired'Omar, le chef des Taliban. Surles épaules étroites de ce ma-nœuvrier de bazar reposent doncde terribles responsabilités.

On compte sur Karzaï pourfouetter la campagne d'éradica-tion des plants de pavot donnantl'opium puis l'héroïne, extirper dugouvernement et de l'administra-tion la gangrène de la corruptionparalysant toute initiative, per-mettre à l'aide internationale deparvenir sans entrave à ses des-tinataires, susciter dans tout lepays un élan patriotique pour rem-plir les casernes. C'est beaucouppour un homme plus apte à s'ac-crocher à ses fonctions qu'à lesexercer. La corruption apparaîtcomme un mal dévorant capabled'anéantir tout progrès militaire.Quant aux soldats afghans, il enfaudrait 250.000. Pour l'instant,seule une poignée d'entre eux estopérationnelle.

Deux pays et deux guerres

Peu réjouissant, le tableau quele général McChrystal a sous lesyeux au moment où les premiersrenforts vont arriver : une arméeincomplète, un ennemi insaisis-sable, un président imprévisibleet un peuple à conquérir. Si onconstate un mieux, il n'aura pasvolé sa quatrième étoile. D'autantque la guerre ne se limite pas àl'Afghanistan. Il y a aussi le Pa-kistan. Drôle de pays, sans unité,flanqué de zones tribales qui au-raient dû appartenir à son voisin.En 1947, les cartographes anglaisen ont décidé autrement. Dom-mage. Dommage surtout pour lesAméricains, qui ne peuvent pour-suivre leur ennemi au-delà desfrontières alors que celui-ci peuts'y réfugier au milieu de ses cou-sins de la même ethnie. Deux payset donc deux types de guerres :le fantassin en Afghanistan, l'aviontéléguidé au Pakistan – l'ances-trale et la futuriste. Mais finale-ment, c'est l'ancestrale qui déci-dera de tout.

De notre correspondant

aux Etats-Unis

PHILIPPE MAINE

o ÉTATS-UNIS

Obama perd pied dans le bourbier afghanAu moment où les premiers renforts vont arriver en Afghanistan, le général McChrystal a sous les yeuxun tableau peu réjouissant : une armée incomplète, un ennemi insaisissable, un président imprévisibleet un peuple à conquérir. L'annonce d'un retrait en 2011 n'est pas une bonne nouvelle.

TARIF DES ABONNEMENTS(paraît les 1er et 3e jeudis de chaque mois)

1. Premier abonnementFrance (un an) . . . . . . . . . . . . . . . 76 s

2. Premier abonnementÉtranger (un an) . . . . . . . . . . . . . . 85 s

3. Abonnement ordinaire (un an) . 125 s4. Abonnement de six mois . . . . . . . 70 s

5. Abonnement de soutien(un an). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150 s

6. Étudiants, ecclésiastiques,chômeurs (un an) . . . . . . . . . . . . . 65 s

7. Outre-mer (un an). . . . . . . . . . . . 135 s8. Étranger (un an) . . . . . . . . . . . . . 150 s

BULLETIN D’ABONNEMENTNom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Tél. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Courriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Bulletin à retourner avec un chèque à lordre de la PRIEP à :L’Action Française 2000, 10 rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 PARIS

CCP Paris 1 248 85 A

Barack Obama a dû compter avec la pression des élus démocrates

avant de rendre ses arbitrages.

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L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2784 – du 17 décembre 2009 au 6 janvier 2010 9 z

Les manifestations du 7 dé-cembre contre le régime is-lamiste à Téhéran et dans

plusieurs grandes villes du payspourraient marquer un tournantdécisif dans le mouvement dupeuple iranien pour la liberté etla dignité.

Féroce répression

Depuis le mois de juin et lescrutin présidentiel encore plustruqué qu'auparavant, les mani-festations étaient souvent diri-gées contre M. Ahmadinéjad, pré-sident de la République islamique,et les manifestants se réclamaientdes leaders qualifiés de réforma-teurs par la presse occidentale,en fait des caciques du régimeproposant des retouches de fa-çade aux institutions du pays. De-puis lors, la répression a été d'uneexceptionnelle férocité. Des mil-liers d'arrestations ont été opé-rées, plusieurs dizaines de mortssont à déplorer. Les condamna-tions à des peines lourdes, pourle simple fait d'avoir manifesté,commencent à tomber. Sans, bienentendu, la moindre réaction dela part des professionnels desdroits de l'homme à géométrie variable en Occident. En vain. Le régime croyait avoir vaincu le peuple. La répression a radi-calisé le mouvement et galvanisél'opinion.

Plusieurs faits ont marqué lesmanifestations du 7 décembre. Lapresse et les médias audiovisuelsles ont, volontairement ou non,passées sous silence, ou presque.La jeunesse arborait des drapeauxiraniens sans l'emblème de la Ré-publique islamique, un dessin in-dien en hommage à Rouhollah Kho-meyni et à son pays d'origine. Unerupture manifeste. C'est pour l'Iranqu'on manifestait. Et rien d'autre.Il y a quelques mois, on manifes-tait contre Ahmadinéjad. Plus tard

les slogans étaient dirigés contreAli Khamenei, le "guide de la Ré-volution", "crime" pouvant pour-tant entraîner la peine capitale.

La jeunesse iraniennen'a plus peur

Les leaders "réformateurs", lescrutin truqué, le président malélu et le "guide" sont désormaisdépassés. Ce 7 décembre, su-prême "blasphème", ce sont lesportraits de l'"imam" Khomeyni quiont été déchirés et brûlés par lajeunesse. C'est purement et sim-plement la fin du régime qu'onréclame. Pourquoi fait-on sem-blant de l'ignorer ou l'occulter àParis, à Londres et à Washington ?Nouveau signe du double jeu etde l'hypocrisie si souvent dénon-cés dans ce journal.

Pour la première fois, depuisplus de trente ans, de très nom-breuses jeunes étudiantes ont oséenlever le "foulard islamique",considéré par elles et à justetitre, comme signe de honte etde discrimination, et ce devantles caméras de la police et des"portables" d'autres manifestants

qui en transmettaient les imagespratiquement en direct. La pri-son, la torture, la mort ne fontplus peur. La jeunesse iranienneveut le changement, un pays li-béré, un État de droit et une so-ciété sécularisée. Où sont les par-tisans de la laïcité, de la libertéet de la non-discrimination pourles soutenir ?

Les dissensions parmi les diri-geants du régime étaient visiblesdepuis quelques semaines. Ellessont désormais publiques. Ils s'in-sultent, s'entre-déchirent. Pire,ou mieux encore, au lendemaindu 7 décembre, les chefs desforces armées régulières, à ne pasconfondre avec les gardiens de laRévolution, ont pris leurs dis-tances avec la politique du ré-gime, conseillé la modération, ledialogue avec la jeunesse, à quiil faudrait « distribuer des fleurset non donner des coups » amême dit ouvertement l'un d'eux.Signes qui ne trompent pas.

Est-ce le commencement dela fin du régime islamiste ? Peut-être pas, mais très probablementle point de départ d'un processusirréversible. La répression va sans

doute s'intensifier. Des miliciensvont certainement manifesterdans les rues et seront montréspar les télévisions du monde en-tier. Le jour où non des dizainesde milliers d'Iraniens, mais desmillions manifesteront contre lerégime, ce dernier devra se ré-soudre à céder d'une manière oud'une autre. Ou alors il devra faireprocéder à des massacres, à fairetirer les chars et l'aviation contrele peuple. Ce n'est pas sûr qu'iltrouvera des troupes sûres,mêmes parmi les gardiens de larévolution, ces SS du régime, pourcette besogne. Même s'il en trouvecela sera sa fin, ou le véritablecommencement de sa fin.

Nucléaire

Actuellement en Occident, onfeint officiellement de s'inquié-ter des progrès de fabricationd'armes nucléaires par le régimede Téhéran. On parle des sanc-tions, tout en sachant qu'on neles appliquera pas, on évoquemême des mesures militaires,faute grave qui ne ferait que raf-fermir le régime, et donc taireles manifestations populaires. Enrevanche, une évolution signifi-cative, ou un véritable change-ment du régime conduiront in-évitablement à l'abandon du pro-jet de fabrication des armes dedestruction massive auquel les Ira-niens sont eux-mêmes opposés.Mais aussi à la fin des ingérencessubversives du régime de Téhé-ran en Irak, en Afghanistan, auLiban, en Palestine, en Somalieet ailleurs.

L'essor de l'islamisme radicala débuté à Neauphle-le Château.Il menace les pays musulmans etle monde civilisé. Il pourrait, etdevrait, prendre fin en Iran. Laboucle sera ainsi bouclée. Le sa-lut de l'Iran viendra de l'Iran, dela jeunesse iranienne, de ceux etcelles qui réclament pacifique-ment et dignement la liberté etla dignité. Osez, chers amis fran-çais, les soutenir, comme l'AF l'atoujours fait. Et les dirigeantsfrançais, les dirigeants occiden-taux devraient enfin se résoudreà choisir entre le peuple iranienet ses oppresseurs.

HOUCHANG NAHAVANDI

Ancien recteur

de l'université de Téhéran

o ISLAMISME

Iran, le tournantLes manifestations du 7 décembre pourraient marquer un tournant décisifen Iran. Tandis que des jeunes filles retiraient leur foulard, des étudiantsbrûlaient des portraits de Khomeyni : le régime est directement contesté.

LE CHILIVINGT ANS APRÈS

Vingt ans après la fin de la prési-dence du général Pinochet, quiavait lui-même organisé le scru-tin mettant fin à son mandat, etaprès des décennies d'une propa-gande haineuse contre cethomme et son bilan, voilà que ladroite chilienne a toutes leschances de revenir au pouvoir enChili. Qui l'eût cru ?Dimanche dernier, Sebastian Pi-

nera, candidat de la droite, estarrivé en tête du premier tourde l'élection présidentielle avec44 % des voix contre 30 % pour,son principal rival Edouardo Freicandidat de la coalition centre-gauche. L'écart entre les deuxlaisse peu de chance à cet an-cien président, et fils d'ancienprésident, de l'emporter sur Pi-nera le 17 janvier prochain. Auxélections législatives et sénato-riales, la droite est égalementen tête, y compris le petit-filsdu général dans un scrutin sym-bolique.

LA GAUCHE VAINCUE

Le général Pinochet, son œuvreet son bilan, appartiennent déjàà l'Histoire. La gauche a été

vaincue car, d'un côté, elle agouverné le pays en continuantpratiquement sa politique écono-mique et en utilisant ses acquis,et, de l'autre, elle l'a critiquéd'une manière souvent injuste.Ainsi, malgré la popularité duprésident sortant, et non rééli-gible, Michèle Bachelet,Edouardo Frei et son équipe,soutenus par Bachelet, n'avaientd'autre message pour les Chiliensque les mettre en garde contre« le retour de Pinochet » !Certes, autour de Pinera, setrouvent plusieurs des collabora-teurs et proches du général, tou-jours respecté et aimé d'unegrande partie des Chiliens, maisaussi des centristes et même lesénateur Fernando Flores qui futministre du Travail de... Salvador

Allende. L'objectif du futur chefde l'État, soixante ans, prospèrehomme d'affaires, est de menerune politique de réconciliationnationale tout en redressant unesituation économique dégradéepar la crise mondiale et surtoutpar les prodigalités démago-giques de Michèle Bachelet.Dans un mois on saura le choixfinal des Chiliens, ainsi que lacomposition définitive du parle-ment. La victoire de la "droitehumaniste" et "décomplexée"reste très probable. Il est égale-ment probable qu'à son habi-tude, au Chili comme ailleurs, lagauche fera tout pour contesteret mettre en difficulté la poli-tique issue d'un "choix démocra-tique du peuple".

P.N.

» SONDAGE

82 % des Français seraienthostiles à l'envoi de renfortsmilitaires en Afghanistan, se-lon un sondage IFOP pour SudOuest. Le 30 novembre, leprésident de la Républiqueest revenu implicitement surl'embuscade d'Uzbine et laplainte déposée par certainesfamilles des victimes :« Chaque chef, chaque soldatpeut se trouver un jourconfronté au risque du feu,aux dangers d'une opérationaux circonstances difficiles ouimpossibles à prévoir. [...]Nous ne pouvons pas oublierla singularité de l'engagementmilitaire : engager sa vie aurisque de la perdre. Leurmort n'est pas un banal acci-dent. Les faits d'armes nesont pas des faits divers. Res-pecter l'engagement de nossoldats, c'est respecter lechoix qu'ils ont fait d'affron-ter le péril au risque de leurvie. [..] À ceux qui sont mortsen opération, à leurs frèresd'armes encore engagés sur leterrain en notre nom [...], jedis ma reconnaissance etcelle des Français. Votre dé-vouement doit fortifier enchaque Français l'amour et leservice de la France. »

» SERBIE

Le Quai d'Orsay s'est félicitéle 8 décembre de l'entrée envigueur d'un "accord intéri-maire" liant la Serbie avecl'Union européenne. Celui-ciprévoit l'établissement d'unezone de libre échange d'icicinq ans, la libre circulationdes travailleurs, l'alignementsur la législation communau-taire... Cet accord « n'est passeulement un instrumenttechnique », commente le sé-nateur Monique Papon. « Ilest le premier élément de lapolitique de l'Union euro-péenne à l'égard des Balkansoccidentaux en vue de leurintégration européenne. Unaccord de stabilisation etd'association constitue l'étapepréalable à la reconnaissancedu statut de candidat à l'adhésion. »

» RWANDA

L'empire britannique reprendson expansion ! Le Rwandaest devenu le 54e Étatmembre du Commonwealth.Sa candidature a été accep-tée le 29 novembre. « Cetteadhésion peut paraître éton-nante », commente Jean-Do-minique Merchet, « dans lamesure où le Rwanda n'a ja-mais été une colonie britan-nique. Après avoir été unecolonie allemande, puisbelge, il est passé dans "l'or-bite" française jusqu'en 1994.Un autre pays africain, situéhors du champ britanniquetraditionnel, avait rejoint leCommonwealth en 1995 : leMozambique, ancienne colo-nie portugaise. » (Secret Dé-fense, 10/12/2009)

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Cette année-là, la quator-zième de son règne, Phi-lippe III, dit le Hardi, trente-

neuf ans, s'appliquait à étendrele territoire capétien. Il avait dûsuccéder en 1270 à son père lesaint roi Louis dans des circons-tances dramatiques (voir le der-nier numéro de L'AF 2000) ; il luiavait fallu conclure la paix avecle roi de Tunis (qui promit de pro-téger les chrétiens), puis organi-ser le retour en France. Quel si-nistre convoi autour de la dé-pouille du roi défunt et du jeuneJean-Tristan ! En cours de routeétaient aussi décédés le frère duroi défunt Alphonse, comte de Poi-tiers, puis l'épouse de celui-ci,Jeanne, héritière du comté deToulouse. Puis aussi la propreépouse du nouveau roi, Isabelled'Aragon !

Héritages

Dès son sacre à Reims en août1271 Philippe s'était montré pieuxet conscient de ses devoirs. Tousadmiraient sa haute taille, son allure imposante, son visageagréable. Gouverner un royaumeque son père laissait en paix aprèsy avoir fait briller une si belle lu-mière surnaturelle était, bien sûr,une lourde responsabilité. Parfai-tement imprégné des traditionschevaleresques, très tôt dégagéde la tutelle de la reine mère Mar-guerite de Provence (qui allaitvivre jusqu'en 1295), Philippe, re-marié en 1275 avec Marie de Bra-bant, avait aussitôt entrepris devisiter ses domaines et d'affermirpartout l'influence capétienne.

Il venait de recueillir la suc-cession du comté de Toulouse, quicomprenait aussi le Poitou et unepartie de l'Auvergne et que

Louis VIII son grand-père avaitdéjà préparé à entrer dans l'allé-geance à la couronne. Philippes'efforça toujours d'apaiser lesrestes de cicatrices en respectantsoigneusement les us et coutumesdes terres languedociennes siéprises d'élégance et de "gai sa-voir". Tous les vassaux ne l'en-tendaient pas de cette oreille etil avait fallu batailler avec le roid'Aragon qui soutenait les re-belles. Il avait fallu aussi négo-cier avec le roi d'AngleterreÉdouard 1er Plantagenêt qui ré-clamait l'Agenais et le Sud de laSaintonge en échange de son hom-mage en tant que vassal du roi deFrance pour ce qui lui restait duduché d'Aquitaine. Philippe avaitaussi recueilli de son frère Pierremort sans enfant le Perche et lecomté d'Alençon, puis acquis parachat les comtés de Chartres etde Nemours.

Par ailleurs Philippe avait ac-cueilli en 1274 le pape Grégoire Xlors de l'important concile de Lyonoù l'union entre les Églises d'Oc-cident et d'Orient fut très près dese réaliser (le grand saint Thomasd'Aquin était mort en s'y rendant).La même année Philippe avait of-fert au pape le Comtat Venaissin,pays d'Avignon.

Vers le Midi

Son désir d'arrondir le domainede ses pères le poussait en cetteannée 1284 à s'intéresser auxterres situées au bord du Rhôneà l'extrême est du Languedoc, et dépendant nominalement duSaint-Empire germanique. Déjàdepuis des générations, comte deToulouse ou empereur, les évêquesde Viviers restaient farouchementjaloux de leur indépendance. SousLouis VIII, l'évêque Bernon avait

traité avec Simon de Montfortpour arracher les mines de Lar-gentière aux convoitises du comtede Toulouse, mais l'arrogance épis-copale agaçait le roi voyant encette terre ardente du Vivaraisune porte utile vers le midi pro-vençal... Déjà les seigneurs deTournon et d'Aubenas rendaienthommage au roi quand se pré-senta l'occasion de forcer la mainen douceur aux évêques de Vi-viers. Falcon, abbé du monastèrecistercien de Mazan, dans la mon-tagne vivaroise, se plaignait devoir ses biens dans la grange deBerg pillés par les habitants desenvirons. Philippe accorda auxmoines sa protection. Ainsi futfondée par un accord de paréageentre le père abbé et le roi la bas-tide de Villeneuve-de-Berg, dansle Vivarais méridional.

Un exemple

L'événement en lui-même n'estpas de très grande portée. Maisnous avons choisi de le signalercomme exemple de l'astuce, dela souplesse, de la patience et del'empirisme organisateur de nosrois capétiens faisant la France.Le Vivarais n'allait en fait être ré-uni à la couronne que sous lerègne du fils de Philippe, Phi-lippe IV le Bel, en 1306, après quecelui-ci eut créé (1291) une courroyale de justice à Boucieu-le-Roidans le nord du pays et quandl'évêque Aldebert de Peyre, aprèsd'âpres discussions, eut consentià se soumettre à la juridiction duparlement de Paris. Vingt et unans après, l'accord de 1284 por-tait ses fruits...

Philippe III devait décéder le5 octobre 1285 à Perpignan, at-teint du paludisme au retour d'uneexpédition malheureuse contrePierre III, roi d'Aragon, lequel avaittrois ans plus tôt massacré (lescélèbres Vêpres siciliennes) lesFrançais venus au secours deCharles 1er d'Anjou, roi de Sicile,dernier frère encore vivant desaint Louis. Ainsi s'achevait dansla douleur le règne du Hardi, tropsouvent ignoré des historiens.

MICHEL FROMENTOUX

z HISTOIRE

z 10 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2784 – du 17 décembre 2009 au 6 janvier 2010

o CETTE ANNÉE-LÀ

1284 : Le royaume s'agrandit Philippe III le Hardi, le successeur de saint Louis, s'applique à étendrele territoire capétien. Il force la main en douceur aux évêques de Viviers,illustrant l'astuce, la souplesse et la patience de sa dynastie.

MYSTIFICATIONOFFICIELLE

AFFAIRE GUY MÔQUET | On sait quenotre président veut faire lire dans lesécoles tous les ans la lettre de Guy Mô-quet à ses parents, car ce jeune hommelui semble avoir été l'incarnation de la"résistance". Or, il fut celle de la colla-boration des communistes avec les nazis,comme le montrent Jean-Marc Berlièreet Franck Liaigre 1.Dès le début de la guerre, le PCF appela« clairement au sabotage de la produc-tion du matériel de guerre ». Ses mili-tants usèrent de tous les moyens « pour

multiplier les sabotages dans "ce prin-temps de la trahison" encore mal connufaute d'une étude scientifique exhaus-tive ». Prosper Môquet, père du jeuneGuy, député de la Seine, suivit lesordres venus de l'Est. Il fut arrêté avecvingt-neuf de ses collègues communistespar le gouvernement Daladier etcondamné à cinq ans de prison et à cinqans de privation des droits civiques etpolitiques.Encouragé par la faiblesse d'un gouver-nement qui avait déclaré la guerre avecla volonté de ne pas la faire, Guy Mô-quet suivit les traces de son père. Adhé-rent des Jeunesses communistes, il dis-tribue des tracts prétendant que les Al-lemands n'étaient pas responsables de laguerre. Il fut arrêté par la police de Vi-chy le 13 octobre 1940 avec un autrepetit nazillon, René Pignard. Après quela police eût retenu des preuves contreeux, ils furent déférés à la Justice. La5e chambre du tribunal correctionnel deParis, compte tenu de son jeune âge,considèra qu'il avait agi sans discerne-ment. En conséquence, il fut acquitté,

mais non libéré. Il fut conduit au dépôtpuis à la Santé, puis interné administra-tivement à Clairvaux puis à Chateau-briant où la vie était douce jusqu'aujour où quatre dirigeants communistes,tous membres du Comité central décidè-rent de s'évader. La surveillance futalors renforcée.

REPRÉSAILLES

En Zone nord, de telles mesures étaientdifficiles à appliquer car les Allemandsrefusaient qu'on touche à leurs alliés.Entre le 14 juin et le 15 juillet 1940« des centaines de communistes incar-cérés par la IIIe République [furent] li-bérés des geôles françaises par les auto-rités d'occupation ». Mais après l'inva-sion de l'URSS le 21 juin 1941, lescommunistes se découvrirent la fibrepatriotique. Ils organisèrent des atten-tats dont les Français, communistescompris, « ne [percevaient] pasl'utilité » en raison des représailles san-glantes qu'ils provoquaient. C'est ainsique le 20 octobre 1941 Gilbert Brustlein

assassina le Feldkommandant Hotz àNantes, tandis que d'autres terroristestuaient un conseiller d'administrationmilitaire à Bordeaux. Hitler exigea l'exé-cution de cent à cent cinquante otages.L'assassin de Hotz ayant été décritcomme jeune, les occupants se donnè-rent le droit d'exécuter des adolescentsmême mineurs. Âgé de dix-sept ans,Guy Moquet fut pris parmi les otages. Legouvernement de Vichy octroya toute-fois cent dix mille francs aux famillesdes fusillés et obtint la libération d'unfils d'otage prisonnier dans un stalag. Félicitons donc les auteurs de ce livre,de s'être attaqués aux mensonges offi-ciels qui entourent l'affaire Guy Moquet.Regrettons seulement qu'ils n'aient pasrappelé que l'un des premiers à avoir dé-noncé cette supercherie fut Roger Ho-leindre dans son livre Trahisons sur com-mandes.

YVES LENORMAND

1 Jean-Marc Berlière & Franck Liaigre : L'Af-faire Guy Môquet – Enquête sur une mystifica-tion officielle ; Larousse, 160 pages, 12 euros.

Sacre de Philippe III

TOCQUEVILLEPARMI LES SIENSPour son dîner-débat de cemercredi 9 décembre, lecercle Alexis de Tocqueville,que dirige notre ami DidierBéoutis, recevait le philo-sophe Pierre Gouirand, venuparler de celui qui réunit en ce lieu sous son égide tant d'amis de la liberté d'expression. Il a retracé avec une vivesympathie la vie d'Alexis deTocqueville (1805-1859), cegentilhomme normand, nédans une famille légitimiste,devenu magistrat sous la Mo-narchie de Juillet, puis voya-geur outre-Atlantique, puisdès son retour écrivain, histo-rien et même homme poli-tique dont les espoirs se fracassèrent lors du coup d'État bonapartiste du 2 décembre 1851.Une discussion animée et dehaut niveau a suivi la confé-rence. La foi de Tocquevilleen l'avenir de la démocratiene lui a-t-elle pas donnéquelques illusions sur les pos-sibilités de ce régime d'échap-per à son évolution fatalevers l'égalitarisrme, voire ladictature de l'opinion ? Cemême optimisme sur la li-berté ne lui a-t-il pas cachéla vérité sur les mécanismesnécessaires de la monarchied'Ancien Régime ?M. Gouirand, en admirateurfort lucide de l'auteur deLa Démocratie en Amériqueet de L'Ancien Régime et laRévolution, lui-même auteurde Tocqueville, une certainevision de la démocratie(L'Harmattan), a répondu avecbeaucoup de gentillesse et derectitude doctrinale, aux di-verses questions d'un publicfort attentif, où l'on recon-naissait des amis d'Actionfrançaise, dont notre rédac-teur-en-chef. n

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CULTURE z

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2784 – du 17 décembre 2009 au 6 janvier 2010 11 z

Par principe, je ne parle pasd'art contemporain, escro-querie consacrée par les mi-

nistres de la Culture, pompe àfric, machine de guerre destinéeà éradiquer toute idée de beautéet pervertir le sens esthétique.Les médias le glorifient suffisam-ment. Comme ils ignorent Phi-lippe Lejeune, le plus grandpeintre français de notre époque.À ma connaissance, aucun ouvraged'importance ne lui a été consa-cré au long d'une carrière de bien-tôt soixante-dix ans.

Peinture et démocratie

Oubli et injustice partielle-ment réparés avec la publicationd'une monographie présentantl'artiste à travers les témoignagesde ses proches, de critiques ca-pables de reconnaître son im-mense talent, et surtout un en-tretien au cours duquel PhilippeLejeune fait preuve de son éru-dition extraordinaire, son humourà froid, sa lucidité et sa franchisedévastatrices qui expliquent enpartie l'ostracisme dont il de-meure victime ; ses opinions sont,vous l'aurez compris, détestables :« Depuis qu'il y a une république,le choix républicain a toujoursmis à côté avec une constance ex-traordinaire. [...] Comment fonc-tionne l'opinion républicaine ? Surle vote et non seulement sur levote mais sur la majorité. [...]N'a de valeur esthétique que lechoix du Roi. [...] L'art est lecontraire de la démocratie ; c'estl'aristocratie même, le peintrecherche à être le meilleur. » Com-ment voulez-vous réussir avec desidées pareilles ? En plus Lejeune,quoique remarquable portraitiste,a consacré sa vie à la peinture re-ligieuse... Cause implaidable !C'est pourquoi il faut découvrir lepeintre, et l'œuvre dont la splen-deur, la première fois que j'entraidans son atelier, me laissa sansvoix, et subjuguée.

Qualifiée de Neuvième Art, labande dessinée mérite souvent cetitre, en raison des authentiquesqualités de certains dessinateurs,du talent de nombreux scéna-ristes. Cependant, cette recon-naissance publique tient sansdoute à d'autres facteurs etd'abord au caractère ouvertementgauchiste du genre. Au lendemainde la Seconde Guerre mondiale,à travers des publications pour lajeunesse, ancêtres du célèbre Pif,d'obédience communiste, puis,après 68, grâce à des ouvragespour adultes, un nombre croissantd'albums et d'illustrés véhiculè-rent l'idéologie révolutionnaire,dans les mœurs et la société, ainsique sa vision de l'histoire. Uneœuvre de propagande n'est pasd'obligation inintéressante ou dé-pourvue de qualités esthétiques ;encore faut-il savoir à quoi s'entenir, ce qui est rarement le cas.

Histoire de la BD

Thierry Groensteen, ancien di-recteur du musée de la Bande des-sinée d'Angoulême, propose deuxouvrages parallèles : un Petit Ca-talogue du musée, évoquant su-per héros, femmes, aventure, co-mique, zoomorphie, satire ; etune étude de fond, La Bande des-sinée, son histoire et ses maîtres,qui, des origines, en Suisse vers1830, à nos jours, met en évi-dence grands courants, évolution,rôle de la presse enfantine, modesgraphiques et influence des au-teurs essentiels, accompagnéed'une chronologie complète et deforce illustrations. Le livre est axésur l'Europe et l'Amérique, lais-sant de côté les mangas asia-tiques. Il ne prétend pas à l'ex-haustivité, les planches repro-duites sont parfois indéchiffrables,mais il représente l'effort le pluscomplet réalisé sur le sujet.

Restons dans la propagandeavec Les Photographes de Ma-gnum sur le front de la SecondeGuerre mondiale. Fondée par Ro-bert Capa dans les années qua-rante afin de soustraire les pho-tographes aux diktats des patronsde presse et de la censure,l'agence Magnum couvrit tout leconflit et les suivants et s'illustrapar la publication de clichés pas-sés à la postérité. Rémy Des-quenes en a sélectionné deuxcents, pris sur tous les fronts, cer-tains très connus, d'autres moins.Ils font la part large aux souf-frances des civils, sont souventretouchés afin d'accentuer leurcaractère tragique, et témoignentdes intentions et des sentimentsde l'homme derrière l'objectif plu-tôt que de la réalité des faits.

Effarante beautéde la nature

Ses intentions, DominiqueMansion, peintre et botaniste, neles cache pas : rendre à noscontemporains la capacité d'ad-mirer la diversité de la nature jus-qu'en ses plus humbles ou plus tri-viaux détails. Apprendre à regar-der pour apprendre à aimer etrespecter l'environnement. Pas de discours militant, mais desplanches d'une étonnante véra-cité montrant des cerneaux denoix, des glands, la germination,des pommes, des poires, le pro-cessus de pourrissement d'un fruit,des graines, des plumes, descailloux, des insectes, des co-quillages, des cerises, des baiesd'églantier, le cycle immuable dela vie, de la mort et de la résur-rection. C'est d'une simplicitédésarmante, d'une beauté effa-rante teintée de morbidesse. Na-ture comme paradis est un livrepour citadins désireux de voir :don essentiel.

L'Histoire de la baie du MontSaint-Michel et de son abbaye, deJean-Claude Lefeuvre et Jean-Pierre Mouton, est un essai sanségal puisqu'il réunit les points devue d'un scientifique et d'un his-torien et cerne le passé, le pré-sent et l'avenir de ce site uniqueau monde. La lente formation del'espace naturel, les peuplementssuccessifs, les apparitions de l'Ar-change à l'évêque Aubert quiéleva, ou releva, un monastèresur le mont Tombe, la montée deseaux, leur régression, l'histoireglorieuse et agitée du monastère,son sauvetage in extremis alorsque sa destruction s'imposait auxesprits éclairés, Hugo en tête, satransformation de lieu de pèleri-nage en site touristique, l'écono-mie de la baie, les marais, les ma-rées, les éleveurs de moutons depré salé et les conchyliculteurs,la faune sauvage diverse et me-nacée, les programmes de sauve-garde, les réussites et les échecs,les espoirs et les craintes se ren-contrent au fil des pages. Ce textede qualité, solidement informé,très complet, est soutenu, ce quiest rare, par une iconographiedense, spectaculaire, intelligente,des graphiques et des cartes. In-dispensable.

Côtes bretonnes

Si vous préférez les images autexte, vous aimerez Côtes sau-vages de Bretagne de ChristopheCourteau, une promenade spec-taculaire entre Cancale et Gué-rande, ponctuée d'incursions dansles îles, à Rouzic, Ouessant, Bré-hat, en suivant le rivage mais uni-quement là où la présence hu-maine ne l'a pas défiguré. Debeaux paysages, des oiseaux demer, des phoques, des plantes lit-torales, et la mer, toujours, entous ses états, sous tous les ciels,

tantôt déchaînée, tantôt d'un bleude rêve sur des plages évocatricesde pays plus lointains. Rien à lireou presque, mais de belles, detrès belles images.

Capri

Il y a longtemps que Capri, en-vahie de touristes, a perdu l'es-sentiel de son charme, exceptépour la poignée de riches privilé-giés possesseurs de villas nichéessur les hauteurs, là où la plèbemonte peu. Patrick Howlett-Mar-tin le sait et propose de l'île unevisite d'un autre genre. À l'originedestiné à des plongeurs avertissusceptibles d'entreprendre letour de l'île par la mer, et de dé-couvrir les mystères de ses antresmarins, dont la célèbre Grotta Az-zura n'est même pas la plus re-marquable, le guide s'est mué en une découverte inattenduepuisque, des grottes et descriques, il est possible, au prixd'efforts assez intenses, de mon-ter là où les autres ne vont ja-mais, de découvrir des chapelles,des oratoires et des maisons derêve, à l'instar de l'étrange de-meure ocre de Malaparte dessi-nant sur la roche la faucille et lemarteau... Vous croisez Ulysse etles Sirènes, les néréides, l'empe-reur Tibère, des poètes roman-tiques inconsolés et des esthètesdécadents. Preuve que l'on peutêtre apnéiste et cultivé. Capri enmer, magnifiquement illustré,reste toutefois un livre pour unpublic de sportifs, amateurs depalmes, de tuba, de spéléologieet d'escalade, la plupart des iti-néraires étant réservés à des gensexpérimentés conscients du dan-ger de ces randonnées.

ANNE BERNET

* Collectif : Philippe Lejeune ; éd.Charles Moreau, 160 p., 32 euros.* Thierry Groensteen : Le Petit Cata-logue du Musée de la bande dessinée ;Skira Flammarion, 120 p., 18 euros.La Bande dessinée, son histoire et sesmaîtres ; Skira Flammarion, 420 p.,49 euros.* Rémy Desquesnes : Les photographesde Magnum sur le front de la SecondeGuerre mondiale ; éd. Ouest-France ;190 p., 30 euros.* Dominique Mansion : Nature commeparadis ; éd. Ouest-France, 140 p.,30 euros.*Jean-Claude Lefeuvre et Jean-PierreMouton : L'Histoire de la Baie du montSaint-Michel et de son abbaye ; Ouest-France, 290 p., 39 euros.* Christophe Courteau : Côtes sau-vages de Bretagne ; Ouest-France,140 p., 30 euros.* Patrick Howlett-Martin : Capri enmer ; Skira, 175 p., 38 euros.

o LIVRES

Cadeaux tous azimutsVoici, au milieu de l'afflux des beaux livres de fin d'année, une sélectioncouvrant le plus de domaines possible, afin que chacun trouve à satisfaire ses goûts.

L'ESPRIT DES LIEUXNeuf demeures de prestige :hôtels particuliers, châteaux,maisons de campagne, appar-tements parisiens appartenantà des familles anciennes oufortunées. Des mobiliers d'ex-ception, une décoration raffi-née. Un certain art de vivre"à la française". Cet albumouvre les portes de propriétésprivées inaccessibles, dont,exception faite des biensd'Yves Saint-Laurent dispersésaprès son décès, les trésorsrestent inconnus du public.Pour le plaisir de montrer debelles choses, mais aussi pourinspirer d'autres intérieurs,d'autres arrangements. Àcondition d'en avoir lesmoyens, ou beaucoup de ta-lent pour l'illusion.

A.B.

* Christiane de Nicolay-Mazery et

Christina Vervitsioti-Missofe : L'Es-

prit des lieux ; Flammarion, 250 p.,

68 euros.

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L'on ne dit plus « JoyeuxNoël ! » mais « Bonnesfêtes ! » ; trouver une Nati-

vité en carte de vœux devient im-possible, certains hystériques me-nacent de poursuites judiciairesle commerçant qui fait entendreen musique de fond Il est né, ledivin enfant. Tout cela au nom dupolitiquement correct, de la laï-cité, du respect de "l'autre", le-quel, en général, n'aurait pasl'idée, si on ne la lui suggérait,de vous reprocher de célébrer vos fêtes religieuses. L'éditionn'échappe pas au phénomène. Sielle ne laisserait pour rien aumonde passer le 25 décembre sansle marquer, en raison du chiffred'affaires, elle travaille à le rendrele plus neutre possible sur le planspirituel.

Retour en Vendée

Je ne reprocherai rien de sem-blable aux Neuf histoires de Noëlque cosignent Gérard Bedel, Mir-cea Goga et Reynald Secher. Cha-cun des auteurs s'est plié à unexercice qui n'est nullement fa-cile et peut vite sombrer dans leconvenu. Chacun à sa manière,selon sa sensibilité, ses réfé-rences, a donné trois contes com-plémentaires illustrant un aspectparticulier de la fête. Reynald Se-cher revient à la Guerre de Ven-dée et à ses drames, mettant enscène une jeune mère dont lenouveau-né a disparu, un com-battant revenu de Galerne pourtrouver son village ravagé, unprêtre réfractaire qui, un soir deNoël, s'avise de racheter l'âmed'un Bleu en mauvaise posture.Mircea Goga vous parlera de Sté-phane, petit garçon qui n'émetpoint de vœux égoïstes, de sorte

que les anges l'entendent et quele sapin devient son meilleur ami ;il vous parlera aussi, et vous ver-rez la logique de l'affaire, du la-pin de Pâques.

Trésors cachés

Gérard Bedel conte les mal-heurs de Mireille et de Vincent,avec des épilogues que Mistraln'avait point retenus mais qui nele trahissent pas ; il suit un qua-trième roi mage un peu tropconfiant en sa science qui en ou-blie de regarder l'étoile, ainsi quel'aubergiste de Bethléem, Nico-las, pas mauvais homme sansdoute, mais... C'est à Gérard Be-

del que l'on doit aussi MerveilleuxNoëls du Moyen Âge, une adap-tation intelligente, destinée auxgrands et aux petits, de contestraditionnels des diverses pro-vinces. S'y croisent des bœufs quiparlent devant la crèche, et quin'annoncent pas toujours aux hu-mains ce qu'ils aimeraient en-tendre, un pauvre homme et unbon roi gourmand amateur depoires, des trésors cachés qui serévèlent, uniquement aux cœurspurs, le temps de sonner les douzecoups de minuit, et le danger detravailler pendant la Sainte Nuit.Il serait dommage de tout vousdire de ces légendes exquises, quiméritent, si vous pensez à

éteindre le téléviseur avant devous rendre à la messe de minuit,de peupler votre veillée mieuxque les pitreries des chaînes, dé-finitivement étrangères au mys-tère de cette nuit.

Enfant perdu

Conscient de cette déperdi-tion de la foi, Roger Bichelberger,chantre des dévotions mariales,a poussé le conte jusqu'au bout.Nous sommes en 2070. Plus per-sonne ne se soucie de Dieu, l'hu-manité se vautre dans un maté-rialisme devenu invincible. Pour-tant, dans un village de Lorraine,la population se souvient vague-ment d'un autre temps, de tradi-tions consolantes. Aussi, lorsqueles services sociaux décident dereprendre un orphelin à son pèreadoptif, sous prétexte du veuvagerécent de celui-ci, quelques-unssuggèrent d'en appeler à celui quidescendait jadis le 25 décembredans la crèche. Tous se mobilisentpour relever l'église, retrouver lessantons, se rappeler une antienne,une prière... De quoi, peut-être,obtenir un miracle. Noëls pour unenfant perdu est un joli roman,d'un optimisme mitigé. Il n'est pas certain qu'il vous remonterale moral.

Secrets

L'auteur de romans policiersAnne Perry sacrifie, commechaque année, à la tradition an-glo-saxonne du crime sous le sa-pin. Bien entendu, il ne faut pastrop de sang, beaucoup de tenue,une moralité. Le pasteur Corderemplace le temps des vacancesd'hiver le desservant d'une paroisserurale. Tout irait bien si Mrs Corde,jeune femme fouineuse, ne trou-vait bizarre que le vacancier soitparti sans bagages. Et si elle nefinissait par découvrir le cadavredu pauvre homme. La paroissebien tranquille cache d'inavouablessecrets ! Cela se laisse lire avecagrément, et vous convainc del'utilité du célibat sacerdotal.

Sébastien Carletti et VincentDubost vous invitent à la nostal-gie en vous remettant sous

z CULTURE

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PLAISANCE ET FAMILIARITÉLa fin de l'automne est aussi le temps desvendanges de l'esprit, des cueillettes mé-lancoliques sous un ciel incertain. Cetteambiance-là est pour moi propice aux er-rances, aux promenades à la mode an-cienne dans la campagne du langage fran-çais : parcours jamais terminé, curiositépour les sentiers entrevu... La vieille expression "à bâtons rompus"évoque plaisamment pour moi les éton-nantes surprises du chercheur de mots etde sens, toujours en quête de brevetillustre de Promeneur en France. Les vo-cables tristes ou plaisants, dansants ou fu-gitifs, sont des papillons attardés dans lasaison, ou bien des nymphes rêveuses dontles noms ressurgissent des bosquets de lamythologie.Ainsi en est-il de "plaisance" et de "familia-rité", qui sont venus soudain à ma ren-contre. Il me semble qu'ils désignent deuxvertus de l'âme unies par une solidariténoble et secrète. "Plaisance" évoque plutôtune harmonie de chant d'oiseau, tandis que

"familiarité" fait songer à une réunion cam-pagnarde, ou à une réjouissance festive detoute une parenté réunie autour du foyer.L'un et l'autre témoignent d'une référencefidèle à l'éternelle joie française."Familiarité" s'inscrit dans la mémoire de lamaison d'enfance, des cérémonies sim-plettes, de retrouvailles ayant toujours plusou moins un air de cousinage. Le mot mefait me souvenir de Madame Jourdain sou-haitant un gendre auquel elle puisse dire :« Asseyez-vous, et dînez avec nous ». Ouencore du roi Henri IV en aimable querelleavec un notable parisien, en désaccordavec lui sur un projet d'urbanisme de laville ; il le félicite de la vivacité de son es-prit et l'invite à souper pour poursuivre di-gnement la controverse..."Plaisance" est un château du temps clas-sique dans la campagne française. Leshôtes y retrouvent la musique tendre, unpeu langoureuse, des danses d'autrefois. Lemot désigne aussi des villes ou desvillages : Plaisance ou Plaisir... On ressentà l'entendre le souvenir d'une chanson en-fantine ou galante, mais aussi le rappeld'un éternel devoir : donner ou rendre à la

France ce climat un peu trop solennelle-ment désigné par le terme de "sympathie"."Plaisance" pour nous se doit d'avoir lanuance de "familiarité", mais estompécomme un tableau évocateur d'une aubeencore parée d'une brume légère, ou d'uncrépuscule à l'or atténué. "Plaisance" et "fa-miliarité" se réfèrent à un climat mental oùles désaccords seraient amoindris par l'ac-coutumance chrétienne à l'indulgence, aupardon, à l'acceptation, sans réticences nirancunes, du monde comme il va, au longdes journées accordées à une permanenteamitié française. Sans doute trouvons-nous toujours néces-saire que la familiarité conserve le don se-cret d'une critique légère, d'un désaccordéventuel restant semblable à l'épine d'unrosier. Et nous ne saurions approuver que laquête de la "plaisance" nous impose un op-timisme sans réticence, et en somme peupropice à l'effort de perfection renouveléeque la conscience de France nous impose.France, royaume, éternel, exigence aimée,plaisance et familiarité tout à la fois.

JEAN-BAPTISTE MORVAN

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o LIVRES

Fêter Noël, mais lequel ?Les livres savent peupler la veillée de Noël bien mieux que moult programmestélévisés. En témoignent ces quelques ouvrages : contes merveilleux, romanpolicier ou invitation à plonger dans la nostalgie de l'enfance...

Au temps despremiers chrétiensVoici enfin paru le troisièmevolet de la série Le Signe del'Ichtus dans laquelle AnneBernet, spécialiste de laRome antique comme si elle yavait vécu, emmène les lec-teurs de douze ans, et mêmebien plus âgés, à la décou-verte de la Ville impérialedans les années qui suivirentles persécutions de Néron etoù il ne faisait toujours pasbon être chrétien..On se souvient, dans le pre-mier tome, Les Enfants du Pa-latin, de l'amitié née sous lesigne de l'Ichtus, c'est-à-diredu Christ (on disait alorsChristos), entre le jeune es-clave égyptien Alexamenos etle jeune Titus, fils de Cle-mens et de Domitilla, cousinssecrètement chrétiens del'empereur Domitien qui, lui,était farouchement antichré-tien. De Rome avec ses mi-sères cachées que les chré-tiens, par un courage hors ducommun, essayaient de soula-ger, à Pompéi croulant sousl'éruption terrifiante du Vé-suve, Alexamenos traversaitles pires péripéties jusqu'à cequ'il fût sauvé des flammes eninvoquant désespérément« Christos ».Le second tome, Titus Cle-mens, en mille rebondisse-ments et un crapuleux guet-apens, montre l'enchevêtre-ment des destins des deuxjeunes gens, dès lorsqu'Alexamenos fut sur la tracede sa mère disparue dans desconditions étranges.Mais le soupçonneux empe-reur et ses hommes de mainne parvinrent jamais à ébran-ler la foi de ses cousins Cle-mens, et le troisième tome,Les Prisonniers des îlesmontre ceux-ci sublimes faceau martyre, tandis que Titus,retrouvait dans les pires tra-gédies celle qu'il aimait etque l'on avait tenté d'utiliserpour le confondre. L'espé-rance chrétienne a le derniermot, les héros ayant été deceux « dont la foi et le sangdevaient finalement dresserla Croix sur le monde ».Trois petits livres magnifiquesdans le fond et dans la forme,fort bien Illustrés par XavierChristin. Anne Bernet ne lais-sera insensible aucun lecteurquel que soit son âge. On ararement si bien plongé aucœur du drame du mondepaïen s'enfonçant dans la dé-cadence alors que le sang desmartyrs semait déjà secrète-ment la civilisation chré-tienne. À méditer dans la dé-bâcle du monde actuel..

MICHEL FROMENTOUX

* Anne Bernet : Sous le signe del'Ichtus ; Les Enfants du Palatin,Titus Clemens. Les Prisonniers desîles. Chaque tome : 12 euros ; lestrois ensemble : 29 euros. ÉditionsClovis, BP 125, 92154 Suresnes cedex ; www.clovis-diffusion.com

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les yeux les catalogues deNoël de votre enfance, ceux quevous épluchiez en décembre, afind'expédier vos parents exténuésse battre dans les grands maga-sins contre les géniteurs d'autresrejetons qui osaient réclamer lamême poupée ou le même garageque vous, celui, précisément, dontil ne restait qu'un exemplaire.Jouets 70-80 réveillera d'innom-brables souvenirs chez tous ceuxqui ont plus de trente ans et moinsde cinquante, et quelques pince-ments au cœur. Exemplaire re-cherche du temps perdu !

Des animauxdrôles et touchants

Bradley Trevor Greive publiede petits albums de photos ani-malières décalées, dont il placeles acteurs dans des situations duquotidien humain, toujours dansle but de les dédramatiser et d'ap-prendre à les surmonter. C'est engénéral drôle et touchant. C'esttous les jours Noël vous rappelleque la fête ne se borne pas à bâ-frer et dépenser de l'argent. Ex-cellent départ. Retrouver l'espritde la fête, et le conserver au longde l'année est un bon programme.Reste à savoir quel est l'esprit enquestion... Noël saurait-il existeren dehors du message angéliqueaux bergers : « Voici que je vousannonce une grande nouvelle !Un Enfant vous est né dans la citéde David. »

ANNE BERNET

* Gérard Bedel, Mircea Goga, ReynaldSecher : Neuf histoires de Noël ; ViaRomana, 116 p., 14 euros.* Gérard Bedel : Merveilleux Noëls duMoyen Âge ; Via Romana, 100 p.,14 euros.* Roger Bichelberger : Noëls pour unenfant perdu ; Albin Michel, 230 p.,16 euros.*Anne Perry : Le Secret de Noël ; 10-18, 190 p., 10 euros (édition carton-née sous jaquette).* Sébastien Carletti et Vincent Du-bost : Jouets 70-80 ; Hors Collection.144 p., 25 euros.*Bradley Trevor Greive : C'est tous lesjours Noël ; Hors Collection, 115 p.,10 euros.

Le nouveau livre de SimoneBertière, comme précédem-ment son Mazarin 1, allie

l'exactitude de l'information et le charme du style. Mme Bertièrey raconte comment le jeuneAlexandre Dumas, avec pour toutbagage sa qualité de fils d'un gé-néral fort courageux, un talent àpremière vue unique et une belleécriture, devint surnumérairedans l'un des bureaux du duc d'Or-léans. Et comment, encouragépar ce prince, il devint un dra-maturge de renom, avec unHenri III et sa Cour et avec An-tony. Puis après le succès desMystères de Paris d'Eugène Sue,il résolut de tenter sa chance avecle roman et y réussit. Seul, toutd'abord, puis avec la collabora-tion d'Auguste Maquet. Et enfincomment, à partir de quatre pe-tits volumes empruntés à la bi-bliothèque de Marseille – Les Mé-moires de M. d'Artagnan, parusen 1700, du romancier Courtilzde Sandras – il eut l'idée génialed'écrire Les Trois Mousquetaires 2.

Mémorialistes

« Comme ils sont quatre, letitre sera absurde, ce qui prometau roman le plus grand succès »,dit-il au directeur du Siècle, oùils parurent en feuilleton et firentmonter en flèche les ventes de cejournal. « Il parvint à accomplirl'inimaginable. Il souscrit plus decontrats qu'aucun écrivain nor-malement constitué n'envisage-rait d'honorer. Et il les honore ! »Il plonge dans l'histoire, essen-tiellement dans les mémorialistes.« La principale qualité de Dumasqui avait assuré sa supériorité authéâtre, est cette aptitude à dis-cerner les points essentiels... » ;

« infidèle à la lettre, il ne trahitpas l'esprit du temps ». Avec lesMousquetaires, il fait vivre seslecteurs dans « cet univers idéaloù l'on méprisait l'arrivisme etl'hypocrisie, où l'on respectait laparole donnée, où l'on risquait savie joyeusement pour la défensedu point d'honneur, ou pour leservice du roi, où l'amitié étaitsacrée... »

Ces personnages de Dumaspère ont acquis le « statut de per-sonnages réels ». Le terme mêmede "mousquetaires" qui, sans lui,

serait sorti de l'usage, désigne denos jours (dans le vocabulairecommun) des équipes gagnantes,qu'il s'agisse de tennismen ou deréussites commerciales. Le tourdu monde des Mousquetaires esttriomphal et leurs aventures ontété reprises, et le sont encoredans toutes les langues et sur tousles écrans.

Non seulement on ne s'ennuiejamais avec Dumas père, mais ilest aussi certaines pages de luiqui conduisent à des réflexionstrès sérieuses. Ainsi, dans Vingt

ans après, il place « dans labouche d'Athos » ce que Mme Ber-tière définit comme « la plusbelle définition qu'on puisse don-ner à la monarchie ». Dumas ra-conte qu'Athos a emmené son filsRaoul dans la nécropole royale deSaint-Denis pour lui remettre so-lennellement son épée.

Servir un principe invisible

« Il y a deux choses enferméesau palais du Louvre [lui dit-il] :le roi qui meurt et la royauté quine meurt pas. [...] Raoul, sachezdistinguer toujours le roi de laroyauté ; le roi n'est qu'unhomme, la royauté c'est l'espritde Dieu. Quand vous serez dansle doute de savoir qui vous de-vez servir, abandonnez l'appa-rence matérielle pour le principeinvisible, car le principe invisibleest tout. Seulement, Dieu a voulurendre ce principe palpable enl'incarnant dans un homme... »

« J'adorerai Dieu, Monsieur »dit Raoul. « Je respecterai laroyauté et tâcherai, si je meurs,que ce soit pour la royauté oupour Dieu. Vous ai-je bien com-pris ? » Athos sourit : « Vous êtesune noble nature, dit-il, voicivotre épée. » 3

RENÉ PILLORGET

1 Mazarin, le maître du jeu ; éd. deFallois, 2007.2 Simone Bertière : Dumas et lesmousquetaires - Histoire d'un chefd'œuvre ; éd. de Fallois, 2009.3 Vingt ans après, Chapitre XXIV.

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L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2784 – du 17 décembre 2009 au 6 janvier 2010 13 z

UNE VIE DE SAINT PIE V

UN LIVRE À OFFRIR | Le saint papePie V (1504-1572) est surtout connucomme le pape de la messe, car il a co-difié en 1570 un retour aux traditions lesplus anciennes de l'Église pour mettre findéfinitivement (« à perpétuité ») à uneliturgie chaotique, tout en respectant lesrites observés depuis au moins deuxsiècles par certains ordres religieux. Cen'est là qu'un des hauts faits accomplispar ce grand pontife, comme le rappellele ravissant livre imagé que publient leséditions Clovis dans la collection Che-

mins de lumière, destinée à la jeunessemais instructive pour tous les âges.Michel Ghislieri, pauvre gardien de trou-peaux à Bosco en Lombardie, suivit àdouze ans deux frères prêcheurs et putainsi réaliser son rêve d'entrer au ser-vice de Dieu. Accueilli dans l'ordre do-minicain, manifestant une grande piétémariale et un zèle débordant, il allaitdevenir tour à tour professeur de théo-logie, inquisiteur, commissaire généraldu Saint-Office, évêque, puis cardinal. Ileut à s'opposer vivement au pape Pie IV,un Médicis trop soucieux de favoriserses neveux. Mais Pie IV mourut dans l'hi-ver 1565, et Michel, sur le point dequitter Rome, fut élu par le conclave etdevint Pie V. Ce pontificat n'allait durer que six ans,mais quelle prodigieuse activité dans unsiècle si difficile pour l'Église et pourl'Europe ! Il manifesta aussitôt un grandsouci de charité et de salubrité morale,favorisa à Rome l'éducation des enfants,exhorta les prêtres et les évêques à lapiété, fit édifier des séminaires en appli-cation des décisions du concile de Trente

qui venait de se terminer, publia le caté-chisme universel, véritable réplique àcelui de Luther, restaura la messe et lamusique religieuse, remit à l'honneurl'enseignement de saint Thomas d'Aquin.Il fallut à Pie V manifester aussi degrands talents de diplomate face à lareine Elizabeth 1ère d'Angleterre qu'il dutexcommunier, à l'empereur Maximilien II,à Guillaume de Nassau, prince d'Orange,au roi Sigismond-Auguste de Pologne, àla régente Catherine de Médicis qui, enFrance, au plus fort des guerres de reli-gion, louvoyait dangereusement entrecatholiques et protestants...

LÉPANTE

Pour ce pape au naturel sanguin et te-nace, opposé à toutes violences inutilesou déloyales et qui condamnait sévère-ment l'esclavage, le grand souci restait lamenace islamique. Face aux Turcs, lesHongrois s'étaient déjà vaillamment dé-fendus en 1566, mais dès 1570, les ambi-tions conquérantes de l'empire Ottomans'étendirent à la Méditerranée entière.

La situation semblait désespérée. Pie Vréussit non sans mal à créer une grandeligue chrétienne que commanda DonJuan d'Autriche, demi-frère du roi d'Es-pagne Philippe II, tandis qu'il appelaittoute l'Église à s'unir aux combattantspar la prière du rosaire et par le jeûne.C'est alors le récit épique de la victoirede Lépante, la plus grande bataille na-vale que connut la Méditerranée (7 oc-tobre 1571) qui permit pour des sièclesla paix sur la mer latine. On ne sauraittrop féliciter ici pour cette impression-nante évocation tant l'auteur de l'ou-vrage Guy Lehideux que l'illustrateur Da-niel Lordey.Pie V, le grand pape réformateur qui amarqué l'Église catholique à jamais,s'éteignit peu après, le 1er mai 1572, etfut canonisé en 1712 par Clément XI. Ilavait par l'appui du rosaire réussi l'hu-mainement impossible. Sa leçon restetrès actuelle.

M.F.

* Saint Pie V ; éd. Clovis, 38 pages grand for-mat, 7,50 euros.

o ALEXANDRE DUMAS

Histoire d'un chef-d'œuvreOn ne s'ennuie jamais avec Alexandre Dumas. Comment eut-il l'idée génialed'écrire Les Trois Mousquetaires ? Simone Bertière le raconte avec l'exactitude de l'information et le charme du style.

« Comme ils sont quatre, le titre sera absurde, ce qui promet

au roman le plus grand succès. »

Pari gagné !

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z COMBAT DES IDÉES

z 14 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2784 – du 17 décembre 2009 au 6 janvier 2010

Décernez-moi le Prix Nobelde la Paix est le second vo-lume de Pour la défense na-

tionale, publié aux Éditions duCapitole en 1931 1. Maurras rap-pelle qu'un certain nombre dejournalistes avaient proposé sonnom pour l'attribution du Prix No-bel. Il sait bien qu'il n'obtiendrapas ce prix bien qu'il soit lemeilleur défenseur d'une paix vé-ritable, non d'une paix de papier :« Le bien qui m'est dû tomberadans la casquette ou la barrettedu premier boutefeu qui passe ;mais la folie du siècle et de ceuxqui le mènent n'en sera que plustragiquement expiée. »

Des conflits éternels

La première partie, Avant1914, part de la constatation dufait de la guerre : « Les loups nese mangent pas entre eux, parceque les loups trouvent dans lafaune environnante de quoi sa-tisfaire abondamment leurs plusâpres besoins : le loup, qui a desagneaux sous la dent, n'a quefaire de la chair des autresloups. » Mais l'homme, animal in-dustrieux, ne consomme que desproduits de l'industrie humaineet au fur et à mesure que la ci-vilisation se complique s'accrois-sent « les chances de conflitsentre les possesseurs de tant derichesses ». Aristote dit que lesvilles naquirent de l'amitié, « ami-tié de quelques-uns, mais contrequelques autres » ajoute Maur-ras car, comme le rappelle la sa-gesse des nations, « qui terre a,guerre a ».

Les brigandages, les barbariesdiverses représentent des formesde guerre tempérées par l'insti-tution sociale qui canalise les ins-tincts belliqueux en les tournantcontre le dehors : « Quand cesbarbaries naturelles auront toutà fait disparu au sein de chaquecollectivité, quand il n'y aura plusbesoin de tribunaux correction-nels ou de cours d'assises, je se-rai tout prêt à admettre que laguerre va disparaître faute deguerriers et que la nature del'homme s'est définitivementadoucie. Il n'en est rien, je crois...On se battra donc d'homme àhomme et, tant qu'il y aura desnations, de nation à nation. Si,par un hasard ou par un autre,les nations disparaissaient, leursluttes cesseraient sans doute,

mais aussi la police à l'intérieurde chacune d'elles – ce qui feraitla plus obscure des mêlées dansla plus sanglante des barbaries. »

Arrêtons-nous. Ce texte datede 1904 et il annonce les réalitésde notre époque non par quelquedon de prophétie mais par un donsupérieur d'analyse, par un en-chaînement génial d'inductions etde déductions à partir d'évidencespremières, ces "Principes" chersà Maurras. Ne sommes-nous pasen présence des violences qui agi-tent notre monde, violences ou-vertes dans certains pays, terro-risme et insécurité dans d'autresalors que n'existe, juridiquement,aucune guerre ? Alors que les na-tions se trouvent affaiblies pardes institutions qui prétendent lesdominer et le sentiment national

dégradé ou aboli ? La suite dulivre ne fera que développer, pardes exemples tirés de l'histoire etpar des analyses politiques d'avantet après la Grande Guerre, lesanalyses lumineuses de ce pre-mier chapitre.

Conseilleurs et payeurs

Dans la seconde partie, consa-crée à l'après-guerre, Maurraspressent le retour du fléau dansdes conditions pires qu'en 1914.Les hommes politiques de la dé-mocratie n'ont rien compris, leurpacifisme ne leur permet de ti-rer du sanglant conflit que desconclusions ineptes dont le stu-pide pacte Briand-Kellogg offre laplus belle illustration : la guerres'y trouve condamnée et les Étatssignataires renoncent à son em-ploi ! Le secrétaire d'État améri-cain Frank Billings Kellogg obtintle Prix Nobel de la Paix en 1929 ;Briand l'avait obtenu en 1926 avecStresemann qui avait roulé le pa-cifiste et préparé la revanche al-lemande. Maurras avait écrit danssa préface en faisant allusion àces récompenses : « Les mauvaisconseilleurs auront été payés, ilsne seront pas les payeurs. » Lespayeurs seront, iniquité démo-cratique, des hommes comme lui,condamnés pour avoir vu juste,prévenu vainement les respon-sables, et être restés auprès desFrançais, avoir souffert avec euxtandis que les coupables se re-faisaient une vertu en prêchantla guerre civile dans des microsétrangers.

GÉRARD BAUDIN

1 Nous avons publié ici (voir L'AF 2000du 3 septembre) une étude portantsur le premier volume, Sur la cendrede nos foyers. Ce livre traite de laquestion de la présence durabled'étrangers en France, du statut qu'ilconvient de leur accorder, de leuréventuelle assimilation, du dangerqu'ils peuvent représenter dans ledésordre démocratique, questionsd'une brûlante actualité !

o LIVRE POLITIQUE

Le réalisme, garantie de paix« Décernez-moi le Prix Nobel de la Paix », lança Charles Maurras en 1931.Tandis que d'autres décrétaient naïvement la guerre "hors la loi", le maîtrede l'AF défendait une paix véritable, et non une paix de papier.

COMMENT PARLERAUX MUSULMANS ?

En ces temps où la présence de l'islamsur notre terre chrétienne engendre desdifficultés de tous ordres, la parole nepourrait-elle pas revenir, plus encorequ'aux politiciens, aux missionnaires ?Le livre que vient de publier le RP Jean-Jacques Marziac, sous le titre À toi monfrère qui es né dans l'islam, n'est pasune dissertation de plus sur la "coexis-tence" ou sur le "dialogue" des deux reli-gions. Il s'adresse chez son interlocuteurmusulman à ce qu'il a de plus haut : sonintelligence et son cœur, lui rappelantqu'il doit, comme tout homme ici-bas,

ces nobles facultés à l'unique Créateurqui nous a tous faits « à son image et àsa ressemblance ». Le musulman esttenu de chercher et d'aimer la vérité.En pédagogue attentionné, l'ancien pré-dicateur de Côte-d'Ivoire dont nousconnaissons le regard enflammé, si droitet si pénétrant, sait qu'il ne suffit pasd'aimer la vérité pour l'admettre. Il in-vite alors son frère à fuir les tentationsque ne cesse de multiplier sur sa route« celui qui veut nuire aux hommes », ledémon, maître du mensonge et séduc-teur. Pour cela il faut savoir s'arracheraux sirènes médiatiques et à l'esprit delaïcisme qui met sur le même plantoutes les religions (et même le refus detoute religion) – ce laïcisme issu de laRévolution de 1789 qui a éliminé Dieudes États et des écoles.C'est avec beaucoup de délicatesse, parde courts chapitres qui portent loin, quele père Marziac s'élève ensuite à desconsidérations théologiques, présentantcelles-ci dans un langage souvent imagé.Se fondant sur les faits, il n'a pas de malà montrer que les dix commandementsde Dieu ont civilisé les individus, les fa-milles et les nations, parce que la loi sisage qu'ils expriment est inscrite dans la

nature de l'homme. Au sujet de l'islam,il montre que cette religion qui se ditnouvellement révélée contient en fait denombreuses traditions d'origine judéo-chrétienne (avec des noms nouveaux...).Il insiste aussi sur la différence entrel'islam qui signifie "soumission" et lechristianisme qui rend les hommes res-ponsables de leurs actes. Le musulmanagit « par devoir » plus souvent qu'« enconscience ». Cela, dirons-nous, ne vapas sans conséquences psychologiques etsociologiques très actuelles...

CHARITÉ ET LIBERTÉ

Puis le père fait entrer son ami dans lacontemplation de la Révélation, puisdans le mystère du Christ. On ne sauraitdonner ici le reflet de la profondeur detels propos appuyés sur les grandes pro-phéties de l'Ancien Testament puis surles Évangiles, pour en arriver à la preuvescientifiquement irréfutable du sacrificedu Christ donnée par le linceul de Turin.Mais comme la foi ne saurait s'enracinerdans une âme qui ne se met pas d'elle-même dans certaines dispositions mo-rales, le père Marziac ne manque pas dedire que la prière, notamment à la

sainte Vierge respectée par les musul-mans, est à la base de tout effort spiri-tuel, comme de chaque page de celivre. Et de conseiller vivement les Exer-cices de saint Ignace !Nulle part l'homme de Dieu ne dit qu'ilva convertir son frère musulman. C'est lapersonne qui se convertit, librement,aucune force humaine ne pouvant l'yobliger, mais on doit charitablement lamettre sur la voie de la grâce. Ce livrenous semble ce que l'on peut écrire deplus respectueux pour la dignité des mu-sulmans. Ceux-ci s'étonnent et souventsouffrent de voir chez nous, héritiersd'une grande histoire chrétienne, si peude fierté, si peu de volonté de nousmontrer fidèles, si peu d'empressementà faire partager à de nouveaux arrivantsles trésors de notre civilisation...Lire cet ouvrage, puis l'offrir à des amisou des voisins musulmans est assurémentun bon moyen de ne pas voir sous peusurgir partout des minarets...

MICHEL FROMENTOUX

* RP Jean-Jacques Marziac : À toi mon frère quies né dans l'islam ; éditions ACCR, Treihou,82300 Caussade ; 152 pages, 11 euros franco.

Gustav Stresemann, Austen Chamberlain et Aristide Briand en 1925.

Le Français et l'Allemand reçurent le Prix Nobel de la Paix

l'année suivante.

DU CÔTÉ DES LIBRAIRIESL'actualité éditoriale a étémarquée depuis la rentréepar quelques parutionsconcernant l'Action françaiseou le royalisme. Le Royalisme en France - Unétat des lieux analyse les ré-ponses apportées par 1 737personnes interrogées sur In-ternet entre février et juin2009 (éditions SYLM – "Supportyour local monarch" –, 116 p.,19,95 euros). Xavier Cheneseau proposequant à lui une nouvelle his-toire des Camelots du Roi(éditions Agnus, 12,50 euros). Enfin, Jean-François Nadeaupublie au Canada une biogra-phie de Robert Rumilly :l'homme de Duplessis (édi-tions Lux, 416 p.). Ce Québe-cois d'origine française (1897-1983) fut particulièrement in-fluencé par l'AF. « À compterde 1928, il s'engage dans uneactivité intellectuelle fréné-tique qui a marqué sontemps. On lui doit pas moinsde quatre-vingt-onze livres,dont l'Histoire de la provincede Québec en quarante-et-unvolumes, sans compter lesbrochures et les conférences.Écrivain hors du commun, Ru-milly se démarque aussi parson rôle de rassembleur infa-tigable des intellectuels dedroite de son époque. Pas-sionné par la vie politique, ilorganise des rapprochementsentre des personnages mar-quants, tels Maurice Duples-sis, Camillien Houde, HenriBourassa, René Chaloult, etmême Conrad Black. Sonénergie est surtout consacréeau service de l'Union natio-nale de Duplessis. » n

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L'AF EN MOUVEMENT z

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2784 – du 17 décembre 2009 au 6 janvier 2010 15 z

Ventes

à la criée

Vous souhaitez vous consacrer àune activité utile ? Vous aimez leplein air ? Venez vendre le jour-nal ! Où que vous soyez, n'hési-tez pas à rejoindre nos équipes.Pour Sainte-Odile et Sainte-Germaine, prendre contact avec Philippe Castelluccio au

06 35 50 50 68 ; pour Maubert-Mutualité et le Quartier latin,écrire à Frédéric Wincler, [email protected] ; pour lesautres ventes partout en France,appelez Jean-Baptiste de l'Aviathau 06 81 55 36 78.

Le prince Jean

à Lyon

Le 24 novembre, Lyon avait l'hon-neur de recevoir Monseigneur leDauphin. Le comité d'organisa-tion, présidé par Roméo Brosseau,réunissait des représentants dedifférents mouvements, dontnotre président de section, Sté-phane Blanchonnet. À 12 h 30, le prince Jean était ac-cueilli pour un déjeuner par leprestigieux Cercle de l'Union, quiregroupe depuis 1917 tout ce quela ville compte de personnalitéset de décideurs économiques. À 15h 30, il répondait aux questionsde Jean-Christophe Galeazzi dansles studios de RCF-Radio Fourvière,une antenne particulièrement po-pulaire à Lyon. Enfin, après s'êtreentretenu à 20 h 15 avec les re-présentants de la presse écrite,l'héritier de nos rois prononçait,

dans la salle de l'Embarcadère,une conférence sur son livre, UnPrince français, devant près detrois cents personnes, qui purentensuite faire dédicacer leur exem-plaire de l'ouvrage. Jamais depuis la visite de Mon-seigneur le comte de Paris, chefde la Maison royale de France, en

février 2001, l'idée royale n'avaittrouvé un tel écho dans la capi-tale des Gaules. n AF Lyon

La section de Lyon vous convied'ores et déjà a sa galette des roisle vendredi 15 janvier 2010, en présence de Stéphane Blanchonnet et Olivier Perceval. Marche

aux flambeauxHommage à Louis XVI le dimanche 17 janvier

Rendez-vous devant l'église de la Madeleine à Paris

(métro Madeleine)

LOUIS XVI

Dans notre prochain numéro,nous annoncerons les messesqui seront célébrées le21 janvier à Paris et en pro-vince pour le repos de l'âmedu roi Louis XVI. Avertissez-nous avant le 4 janvier (der-nier délai) de celles dont vousavez connaissance dans votrerégion. (Tél. : 01 40 39 92 06)

INFORMATION

Accueil du Centre Saint-Paul,12 rue Saint-Joseph, Paris 2e –grand choix de livres d'occa-sion en sciences religieuses,histoire, littérature : dumardi au samedi de 12 heuresà 19 heures ; le dimanche de10 heures à 13 h 30 et de17 heures à 20 heures. Uneremise sera accordée à toutlecteur de L'AF 2000.

Nouvelles

du Groupe

d'Action royaliste

Banquet camelot le dimanche 20 décembre.Renseignements et inscription :[email protected]

Le numéro 10 de L'ASC est paru.Pour le télécharger gratuite-ment la revue du royalisme so-cial : www.actionroyaliste.com

À À VENDREVENDRELiLivrvres res reliés de Maureliés de Maurrrasas,,Daudet,Daudet, BainBainville ;ville ; éditionséditionsoriginales broriginales brocochéeshées..Demandez la liste au journal,10 rue Croix-des-petits-Champs,Paris 1er ; tél. : 01 40 39 92 06.

Banquet des amis de l'Action française

Samedi 16 janvier 2010 à 12 heures

Au restaurant Le Père Louis, 38 rue Monsieur le Prince, Paris 6e

Réservation obligatoire (nombre de places limité)

Participation : 35 euros par personne... ou plus si voussouhaitez nous aider ; étudiants et chômeurs : 25 euros.

Chèques à l'ordre du CRAF, à adresser à Giovanni Castelluccio,CRAF, 10 rue Croix-des-petits-Champs, 75001 PARIS.

Renseignements : 06 81 55 36 78.

CRAFCRAFCentre royaliste d'Action française

10 rue Croix-des-Petits-Champs

75001 PARIS

[email protected]

Président : Olivier Perceval

Secrétaire général :

Romain Hellouin

Trésorier : Giovanni Castelluccio

Secrétaire administrative :

Marie-Suzanne de Benque d'Agut

Responsable opérationnel :

François Bel-Ker

Communication externe :

Jean de Chenon

Communication interne :

Philippe Castelluccio,

François Lamy

Coordination provinces :

Philippe Castelluccio

Militantisme :

Jean-Baptiste de l'Aviath

Formation :

Olivier Perceval, Gérard Bedel,

Erwan Bloüet, Marc Savina

Un cercle dans

les Hauts-de-Seine

Mardi 1er décembre, une dizainede militants et sympathisants d'Ac-tion française se sont retrouvésdans une ambiance chaleureusepour fonder un cercle d'étudesdans les Hauts-de-Seine, autourdes villes d'Asnières-sur-Seine, Co-lombes, Courbevoie et de Leval-lois-Perret. Cela afin d'approfon-

dir l'engagement militant et destructurer les idées politiques desparticipants. Le prochain ras-semblement est programmé le15 décembre à 19 h 30. Vous êtesroyaliste, nationaliste ou tout sim-plement patriote et de bonne vo-lonté ? N'attendez plus pour nousrejoindre et donner un sens à votremilitantisme ! n

Pour toute informations : [email protected]

L'Action française

reprend la rue

Vendredi 4 décembre, les mili-tants d'Action française sont des-cendus sur le pavé parisien pourdénoncer le débat pipé, organisépar la République, sur l'identiténationale. Afin de réveiller laconscience des Français (qui sem-blent pour certains sous sédatif),les militants royalistes ont mis enplace un barrage filtrant sur lecarrefour de l'Odéon, en plein decœur de Paris. Chaque automo-biliste s'est vu remettre un tractavant de pouvoir poursuivre sonchemin. La milice républicaine ne fut paslongue à réagir. Il pourrait êtredangereux d'affirmer que l'iden-tité de la France n'est pas syno-nyme de liberté, d'égalité, et defraternité... Aussi, c'est avec vio-lence que les policiers sont in-tervenus pour stopper cette ac-tion. C'était sans compter sur l'es-prit de cohésion des militants. Ila suffi de moins d'une minute pour

dégager les militants que la po-lice tentait de soustraire augroupe. Et c'est avec cœur quetous ont chanté à pleins poumonsÉtudiants et Camelots. L'ordre de dispersion fut ensuitedonné. Tous ont alors rejoint leslocaux d'AF, par petits groupes.Une bière fraîche et méritée lesattendait pour récompenser cetteaction menée avec panache !Gonflés à bloc, les militants ontfini la soirée par un collagemonstre dans Paris. n

Collages

toulousains

Le collage du mois de décembrea bien eu lieu sur le terrain tou-lousain. Nous avons même orga-nisé deux collages en un, le cam-pus Paul Sabatier (la faculté desSciences) et le quartier du Mirail

ayant été couverts par deuxéquipes. Paul Sabatier n'étant quepeu politisé, cela n'a posé aucunproblème. Au Mirail, plusieurs mi-litants ont arraché des affichesaux couleurs d'adversaires poli-tiques, signant leurs actions d'unbel autocollant à fleur de lys.N'hésitez pas à venir étoffer noséquipes ! n

NotrNotre joure journal vnal vous intérous intéresse ?esse ?Pour lui permettre de vivre,

abonnez-vous, faites des abonnés !Bulletin d'abonnement en page 8.

Page 16: s e année Le piège de l'identité ... · L’ACTION FRANÇAISE « Tout ce qui est national est nôtre » Négociations à l'OMC : Les pays émergents s'émancipent PAGE 2 COMMERCE

Édité par PRIEP S.A. au capital de 59 880 euros – 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Imprimerie RPN – 93150 Le Blanc-MesnilNuméro de commission paritaire 0410I86761 – Directeur de la publication : M.-G. Pujo

z COMBAT DES IDÉES

L'actuel « grand débat surl'identité nationale » voulupar Nicolas Sarkozy est pour

nous l'occasion de reprendre etd'approfondir la conception maur-rassienne de la nation et de la na-tionalité. Ce thème est au centrede notre pensée nationaliste etl'originalité de nos réponses en lamatière est de nature à attirer ànous un certain nombre de pa-triotes qui s'égarent dans des voiespérilleuses et dans des définitionsfausses. Nous commencerons parpasser au crible de la critique lesdeux plus courantes de ces mau-vaises formules de la nation, quesont la nation-race et la nation-contrat, pour examiner ensuite lavaleur de la formule maurras-sienne.

Ni race, ni contrat

Le point de vue racialiste estbien sûr le fait d'une certaine ex-trême droite qui, de Gobineau auxnationalistes révolutionnaires d'au-jourd'hui, finit par rejeter laFrance pour lui préférer les iden-tités régionales, une prétenduenation européenne, l'Occident ouencore la race blanche. Mais il nefaut pas oublier qu'il s'agit aussid'une conception républicaine quiprend corps à travers le mythe de« nos ancêtres les Gaulois », cheraux manuels scolaires de la IIIe Ré-publique et à travers celui des« frontières naturelles », cher àDanton. Dans le cas de ces deuxmythes républicains, il n'est plusquestion de renier la France maisde lui conférer une sorte d'iden-tité immuable qui ne devrait plusrien ni à l'action unificatrice desrois capétiens, ni à l'action civili-satrice du christianisme. C'est undéni d'histoire en quelque sorte.

Il n'est pas difficile de mon-trer que ces théories naturalistessont absurdes : d'abord, il n'existenulle part de race parfaitementhomogène, ensuite la Gaule n'estpas la France (n'oublions pas quepour les Romains, l'Italie du nordformait la Gaule cisalpine !) etl'apport gaulois sur le terrain dela langue et de la civilisation estmineur, enfin les frontières sontdes conséquences de l'histoire etnon des causes (si le Rhin est unefrontière, le Rhône ou la Loire au-raient très bien pu en êtred'autres !). Comme l'écrit Maur-ras dans Anthinéa : « Aucune ori-gine n'est belle, la beauté est auterme des choses. » Autrementdit, il ne faut pas figer la formulede la nation dans ses prémissesgéographiques ou ethniques maisconsidérer comment ces donnéesinitiales ont servi de supports auxévénements historiques ultérieursqui aboutirent à la France.

Le point de vue contractua-liste se présente à nous commel'extrême opposé du point de vueracialiste. Ses partisans se recru-tent surtout parmi les républicains

les moins attachés à la Francecharnelle, celle de l'histoire et dela géographie, et parmi les droits-de-l'hommistes en tous genres.Pour Rousseau, qui en est le père,il faut à tout prix fonder la citésur l'adhésion volontaire de sesmembres. Tout autre forme de so-ciété, dont l'existence, la formeet les institutions seraient héri-tées de l'histoire, est condamnéecomme irrationnelle et, surtout,comme pourvoyeuse d'injustice.

Totalitarisme

Ce contractualisme sembleavoir la préférence de MM. Sar-kozy et Besson si l'on se fie auxdocuments qui figurent sur le sitedu "grand débat" (l'identité na-tionale serait tout entière expri-mée par la Déclaration des droitsde l'homme, par les textes consti-tutionnels de la Ve République etpar un choix d'œuvres littéraires).Elle présente sans doute à leursyeux l'avantage de permettre uneassimilation rapide des massesd'immigrés qui deviendraient Fran-çais simplement en manifestantleur adhésion à quelques principesmoraux et juridiques issus de laphilosophie des Lumières.

Comme la théorie racialiste,le contractualisme ne résiste pasà la critique. Déjà Renan dans sacélèbre conférence Qu'est-cequ'une nation ? percevait la dif-ficulté de faire reposer l'édificesocial sur la chose la plus fragileet la plus inconstante qui soit :la volonté individuelle. Déjà, il

reconnaissait, plus ou moins entreles lignes, que si la conscienced'appartenir à une communauténationale existait chez les Fran-çais c'était le fruit de l'histoire et notamment de l'histoire d'avant1789 plus que du fameux « plé-biscite permanent » dont les modalités d'organisation m'ontpersonnellement toujours laissésongeur...

Outre son artificialité et safragilité, il faut considérer unautre défaut de la position con-tractualiste : ses potentialités to-talitaires. Les disciples les plusconséquents de Rousseau auXXe siècle s'appellent Lénine, Mus-solini et Hitler, dans la mesure oùils ont bien compris que si l'onvoulait faire passer le Contrat so-cial du mythe à la réalité, il fal-lait entretenir une tension per-manente dans la société et exi-ger des citoyens qu'ils aban-donnassent, non plus seulementen théorie mais aussi en pratique,leur autonomie individuelle pourfusionner dans l'État.

La matière et la forme

À tous égards, la positionmaurrassienne apparaît dans cedébat comme le "juste milieu"aristotélicien, c'est-à-dire, selonune expression plus heureuse,comme le "milieu juste" entre cesdeux extrêmes que sont le racia-lisme et le contractualisme. Maur-ras écrit dans Kiel et Tanger :« Les organes de large unifica-

tion, les créateurs de grandes na-tionalités, ce ne sont pas les per-sonnes, leur troupeau immensede petites volontés autonomes.Celles-ci bornent leur champ àl'intérêt particulier de chacuned'elles et à celui, tout limitrophe,de la famille qui est le "prolon-gement" de soi. C'est tout ce quel'on peut demander au citoyen li-brement consulté. En histoire,tout le surcroît vient d'une raced'êtres bien différente, il vientde la petite poignée des chefs :fondateurs, directeurs, organisa-teurs. » Par là, il remet l'Histoire,– la grande exclue des deux autresconceptions –, dans le jeu. Il ré-tablit les droits des véritables au-teurs de la nationalité française :les rois capétiens et les fortes per-sonnalités qui les ont servis. Il af-firme encore dans L'Action Fran-çaise du 23 juillet 1916 : « Il estvrai que la nationalité n'est pasun phénomène de race. Il ne s'en-suit pas qu'elle soit le résultatartificiel d'un acte de volontécontractante. Sans doute, et avecune certaine liberté, nous adhé-rons à notre race, à notre natio-nalité, à notre nation, mais onadhère comme on consent. » Ici,il renvoie dos à dos le racialismeet le contractualisme tout en pré-cisant la place qu'il concède à lavolonté individuelle, celle duconsentement.

L'aristotélisme de Maurras estd'ailleurs plus profond qu'on ne ledit habituellement. L'expressiondu présent débat dans les termesde la métaphysique d'Aristote de-

vrait permettre de le montrer ai-sément. On sait que pour le Sta-girite, tous les êtres sont consti-tués de matière et de forme,c'est-à-dire, d'un élément informeet qui pourrait être potentielle-ment beaucoup de choses et d'unélément formel qui rattache l'êtreà son essence, qui lui confère unevie propre conformément à unenature particulière.

Sous cet éclairage philoso-phique, on peut dire que laconception de la nation-race pré-tend se passer de forme. Elle neprend en considération que la ma-tière. Comme dans la philosophiede Parménide, elle nous dit quele changement est une illusion,qu'une chose est ce qu'elle est,qu'elle est pour toujours fixéedans son immutabilité. La concep-tion de la nation-contrat, à l'in-verse, prétend, elle, se passer dela matière. Au diable les Gaulois,les Romains et les Francs, audiable l'histoire de la formationde la France, le christianisme,etc. Pour être Français, il suffi-rait de le vouloir, d'en exprimerle désir et de se plier à quelquesformalités administratives et sym-boliques. C'est le changement per-manent. C'est même très exacte-ment le changement sans sujetdu changement ! Pour qu'unechose change, reçoive une nou-velle forme, encore faut-il qu'ellepréexiste à ce changement !

L'impossible débat

La conception maurrassienne,pour sa part, prend en compte àla fois la matière et la forme. Elleconsidère que pour que le chan-gement (ou l'évolution) soit pos-sible, il faut qu'il existe un sujet,un support à ce changement, unematière donc. C'est pour cetteraison que nous ne méprisons pas« la terre et les morts » pour re-prendre la formule de Barrès. Celadit, notre conception admet éga-lement que cette matière ne peutexister sans la forme, sans l'idéede la France, sans cet élémentdynamique né de l'Histoire et quirend possible, par exemple, l'in-tégration (prudente et limitée !)de nouveaux peuples ou de nou-veaux territoires.

La raison pour laquelleMM. Sarkozy et Besson font au-jourd'hui fausse route est la sui-vante : ils ont conscience d'unecrise de la matière-France, liéeprincipalement aux changementsquantitatifs sans précédent quenotre peuple a subis en quelquesdécennies (immigration massive,extra-européenne extrêmementdifficile à intégrer) mais ils n'ontaucune conscience d'une crise plusprofonde de la nation-forme,c'est-à-dire de l'idée de la France.Pis, ils participent à l'aggravationde ce problème en excluant deleur débat l'histoire, la géogra-phie et la religion pour tout ré-duire à l'idéologie des Lumièreset à la forme républicaine de gou-vernement. Le principal obstacleaujourd'hui à toute réflexion sé-rieuse sur l'identité nationale...c'est la République !

STÉPHANE BLANCHONNET

* Article paru le 10 décembre sur leblogue de l'auteur : www.a-rebours.fr

o DÉBAT

L'identité nationale selon MaurrasEntre les deux extrêmes que sont le racialisme et le contractualisme, la position maurrassienne apparaîtcomme le "juste milieu" aristotélicien. Elle souligne le poids de l'histoire et rétablit les droits des véritables auteurs de la nationalité française, en particulier les rois capétiens.