RÉSUMÉ SUCCINCT DE L HISTOIRE DE LA · PDF filerésumé succInct de...

26

Transcript of RÉSUMÉ SUCCINCT DE L HISTOIRE DE LA · PDF filerésumé succInct de...

RÉSUMÉ SUCCINCT DE L’HISTOIRE DE LA CATALOGNE

25résumé succInct de l’HIstoIre de la cataloGne

PrésentationLorsque les hommes de la Renaissance Catalane, en plein XIXème siècle, se sont donné pour objec-tif de revitaliser l’identité catalane mise à mal par tant d’années de centralisme anti-catalan, un de leurs objectifs prioritaires fut de faire re-vivre le passé de la Catalogne. Ainsi, les études historiques ont-elles occupé une place particu-lière dans la vie culturelle et politique. Il s’agissait alors de briser le silence dont les gouvernements espagnols, depuis 1714, avaient recouvert, tant au niveau éducatif qu’au niveau culturel, la culture catalane et avec elle, l’histoire de notre pays.

Du point de vue de l’oubli et de la répression, quelque chose de plus grave encore que ce qui s’était produit après la défaite de 1714, restait en-core à venir. En effet, à partir de 1939, le régime franquiste se montra encore plus cruel envers la Catalogne. Il ne s’agissait plus seulement de faire silence autour de l’histoire, la langue et la culture catalanes, mais bien d’installer une persécution systématique et sans limites. Certes, les choses ont changé avec l’avènement de la démocratie et de l’autonomie en 1978 et 1980. Elles ont chan-gé, oui, mais pas assez. Les lacunes se sont per-pétuées et la méconnaissance de l’histoire cata-lane sévit encore dans de larges secteurs du pays. Alors qu’il paraissait acquis que sous l’égide du ministère de l’Education des différents gouver-nements de la Generalitat depuis 1980, l’histoire catalane allait retrouver définitivement la place qui est la sienne, une vague anti-catalane cen-traliste, venue de Madrid a envahi les manuels pédagogiques catalans. Tout ce qui contribue à

pallier cette méconnaissance que les différents plans éducatifs ont échoué à enrayer, et à résis-ter à cette nouvelle agression, est bienvenu. De ce point de vue, la synthèse de l’histoire de la Cata-logne qu’a réalisée Joan Amorós s’avère très posi-tive. Elle ne s’adresse pas aux spécialistes mais, et c’est bien plus important, à tous les citoyens de Catalogne et du monde entier qui veulent savoir d’où nous venons, découvrir que la Catalogne a été pendant des siècles un pays indépendant, que nous avons eu des institutions gouvernementales propres, un droit différent de celui de nos voisins, des Corts qui édictaient les lois en vigueur dans le pays et que tout cela a été perdu à cause d’une guerre dont les vainqueurs ont annihilé la struc-ture d’état que possédait la Catalogne et mis fin à l’indépendance du pays. Du fait que depuis 1714 jamais personne n’a autorisé le peuple catalan à exprimer s’il souhaitait ou non un retour à la si-tuation politique d’avant la défaite, il est parfaite-ment légitime de dire que la Catalogne est encore un pays occupé.

Trois cents ans après cette défaite, malgré les avancées réalisées, la lutte pour notre survie na-tionale n’est pas terminée. Elle exige un engage-ment optimal de la part de tous ceux qui aspirent à faire de la Catalogne un pays normal parmi tous les pays du monde. Cette année 2014, pour-rait bien, en ce sens, marquer un tournant décisif pour notre histoire nationale. Cela dépend des Catalans et seulement des Catalans.

Jaume soBrequés i CalliCó

Professeur émérite d’Histoire catalane de l’Université Autonome de Barcelone

26APPORTS CATALANS UNIVERSELS

Introduction Le propos de ce résumé succinct est de faciliter la connaissance de l’histoire de la Catalogne en mettant en évidence ses axes les plus essentiels, afin que les contributions qui constituent ce livre puissent être mises en contexte.

De fait, notre histoire est une suite d’avancées, de régressions et de redressements. C’est grâce aux avancées et aux redressements que notre peuple a réalisé des apports significatifs pour l’humanité et a pu subsister jusqu’à nos jours.

Au fil du temps, nous pouvons identifier les étapes suivantes : les prolégomènes qui vont de la préhis-toire à l’invasion musulmane, puis la genèse et la structuration de l’identité collective, des débuts de la reconquête jusqu’à Pierre le Catholique. Alors survient la première régression avec la bataille de Muret et l’avortement de l’état occitano-catalan en gestation, suivie du premier redressement qui voit la conquête de Majorque et de Valence et l’expansion méditerranéenne. Nous arrivons en-suite à la deuxième régression, une longue période qui englobe les désastres de la dernière épidémie de peste noire, la guerre des Faucheurs (avec l’annexion par la France du Roussillon et d’une partie de la Cerdagne) et la guerre de Succession d’Espagne (avec la perte des libertés nationales).En toute logique, nous entrons alors dans le deu-xième redressement avec le temps prometteur de la Renaissance catalane (Renaixença) au XIXème siècle, bientôt anéanti par la troisième régression qui embrasse toute l’époque franquiste avec la persécution la plus dure jamais subie par notre peuple et sa culture. Nous voilà donc au dernier quart du XXème siècle et aux premières années du XXIème siècle, donc au troisième redressement, qui va de la restauration progressive des institutions de gouvernement autonome à nos jours.

A partir de là, c’est nous qui faisons l’histoire.

Effectivement, nous nous trouvons à un moment clé : la consolidation de l’Union Européenne et un respect croissant des droits individuels et collec-tifs semblent constituer un environnement plus favorable.

Dans notre aire géographique se dessine un arc de développement économique qui englobe toute la

Méditerranée nord-occidentale. Au sein de cet arc la Catalogne et l’espace occitano-catalan sont appelés à prendre de plus en plus d’importance.

Initier avec le nouveau millénaire, un troisième redressement qui soit aussi une avancée défini-tive et effacer pour toujours l’ensemble des reculs antérieurs est aujourd’hui à notre portée.

Il dépend de nous et des efforts que nous y consa-crerons que ce rêve se réalise.

Avec ce résumé, nous voulons rendre hommage à notre grand historien Ferran Soldevila. Nous espérons que sa lecture nous aidera, en tant que Catalans, à réfléchir et à décider de faire de cette troisième avancée une réalité. Et permettra aux citoyens du monde entier de comprendre plus facilement les aspirations de notre peuple.

La colonisation grecque Les Grecs s’établissent en différents points de notre côte entre le VIIIème et le VIème siècle avant Jé-sus-Christ. Plus particulièrement à Rhode (Roses) et Emporion (Empúries). Leur influence sur la culture ibérique fut déterminante.

Les IbèresLa culture ibère se manifeste (à son apogée) entre le milieu du Vème siècle et le IIIème siècle avant Jé-sus-Christ.

Elle se caractérise par une intensification de la vie urbaine, l’usage du fer comme métal de base, la fabrication de la céramique, l’adoption d’un sys-tème d’écriture particulier, des créations pictu-rales ou sculpturales remarquables, l’apparition d’une économie monétaire et de l’incinération des morts. La civilisation ibère s’étendait sur toute la côte méditerranéenne, de Murcie au del-ta du Rhône.

Aspect important de notre géographie, qui a d’ailleurs exercé une influence prépondérante sur notre histoire, les Pyrénées orientales n’ont ja-mais été une frontière. Les cols des Albères, le col de la Perche, celui de la Quillane et d’autres sont faciles à traverser toute l’année. Cela a permis qu’au fil du temps, une même civilisation occupe les deux versants des Pyrénées.

27résumé succInct de l’HIstoIre de la cataloGne

L’invasion carthaginoiseDans leur lutte contre Rome lors des guerres pu-niques, les Carthaginois envahirent les terres des Ibères à la fin du IIIème siècle avant Jésus-Christ. Le général carthaginois Hannibal soumit une grande partie des tribus ibères après avoir atta-qué et détruit Sagonte (219 av J-C).

Après leur débarquement à Empúries (218 av J-C) les Romains les chassèrent définitivement de tout le territoire.

lida entre le Ier et le IIIème siècle de notre ère. Au commencement, il y eut des persécutions et des martyrs mais l’Empire romain finit par accepter la nouvelle religion.

La hiérarchie ecclésiastique imita alors l’organi-sation de l’Empire et divisa la chrétienté en pa-

La romanisationDe la fin du IIIème à la fin du IIème siècle, les Romains dominèrent l’ensemble des terres englobant les pays qui sont encore aujourd’hui de langue cata-lane et occitane.

Ils nous ont légué la langue, le droit, l’agricultu-re, l’élevage, l’industrie (en particulier le tissage du lin) et le commerce. Ils nous sont apporté leur art (un reflet de l’art grec) et lancé de grands tra-vaux publics : amphithéâtres, théâtres, cirques, thermes, ponts, aqueducs et autres édifices.

Ils ont construit de grandes voies de communi-cation comme la Via Augusta et la Via Domitia et ont fondé ou refondé des villes et des cités (par-mi lesquelles Tàrraco, l’actuelle Tarragone, Bar-celone et Valence) donnant à la vie urbaine une grande expansion.

La christianisationLes religions indigènes ont disparu sous l’in-fluence du culte des dieux et des empereurs romains, mais plus tard, ces cultes romains dis-parurent à leur tour devant l’implantation crois-sante du christianisme. Le style de vie chrétien prit rapidement racine sur nos terres et se conso-

roisses, évêchés et archevêchés, dont la plupart se sont maintenus jusqu’à nos jours.

La domination wisigotheLes Wisigoths étaient les plus civilisés des bar-bares germaniques qui envahirent l’Empire ro-main. Au début du Vème siècle ils ont occupé une grande partie de l’actuelle Occitanie et également de la péninsule Ibérique.

La capitale initiale était Toulouse, mais aprés en avoir été chassés par les francs, ils la transfèrent à Narbonne, puis à Barcelone et pour finir à Tolèdo.

Une partie des terres actuellement de langue ca-talane et la Septimanie furent le théâtre de nom-breuses révoltes et tentatives destinées à former un royaume distinct de la monarchie de Tolède.

L’invasion et domination musulmanes Les musulmans envahirent la péninsule Ibérique et la Gaule méridionale au début du VIIIème siècle. En Occitanie et dans la Vieille1 Catalogne, l’occu-pation fut de courte durée mais elle fut capitale dans la mesure où elle favorisa, lors de la Recon-quête, l’apparition d’états chrétiens indépendants.

Très vite, l’Occitanie et la Vieille Catalogne firent partie de l’empire carolingien ce qui les différen-cie totalement du reste des royaumes chrétiens hispaniques.

Extension de l’Empire romain

CELTES IBER

S

BASCONS

TARTESSIS HEMEROSKOPEION

RHODEEMPORION

MASSALIA

28APPORTS CATALANS UNIVERSELS

Les terres catalanes furent cependant un point focal de transmission des avancées de la culture arabe vers le reste de l’Europe.

La reconquêteBeaucoup d’habitants de la Vieille Catalogne, fui-rent l’invasion musulmane en s’établissant sur des territoires encore libres ou en Occitanie d’où leurs descendants revinrent dès que fut amorcée la reconquête franque.

Il faut souligner que la reconquête des terres oc-citanes et catalanes est une reconquête franque alors qu’ailleurs dans la péninsule Ibérique il s’agit d’une reconquête wisigothe.

tel en 732. Narbonne fut reprise en 759, Gérone en 785 et Barcelone en 801. Les territoires reconquis furent érigés en comtés et repeuplés par des po-pulations venues d’Occitanie; c’est la raison pour laquelle tant de noms de lieu sont semblables de part et d’autre des Pyrénées.

Nos terres bénéficièrent directement de l’orga-nisation administrative sociale et ecclésiastique, mais aussi de la renaissance culturelle mise en place par Charlemagne. Cette appartenance à l’Empire carolingien détermina un plein dévelop-pement du système féodal en Catalogne à la dif-férence des autres terres ibériques.

Les comtés catalans, Guifred le Velu

Les premiers comtés catalans furent le Roussillon, la Cerdagne, Empúries, Urgell, Osona, Gérone et Barcelone. Les deux Pallars et la Ribagorça appar-tenaient aux comtes de Toulouse.

Guifred le Velu (870-897), lié à la maison comtale de Carcassonne, comte de Barcelone, de Besalú, de Cerdagne, de Gérone et d’Urgell (nommé par le roi franc Charles le Chauve) repeupla tout le centre de la Catalogne. Il fonda la glorieuse mai-son de Barcelone qui finit par régner sur l’en-semble des pays de langue catalane, une grande partie de l’Occitanie, l’Aragon et également les îles de Sicile et de Sardaigne.

La légende lui attribue l’origine de notre drapeau.

Il fonda les monastères de Santa Maria de Ripoll et de Sant Joan de les Abadesses.

L’Empire carolingien au début du IXème siècleLa domination wisigothe

La reconquête franque contribua à resserrer les liens entre la Catalogne et le reste des terres occi-tanes et nous arrima pleinement au noyau euro-péen. Elle commença à Poitiers avec Charles Mar-

La conquête musulmane et la reconquête franque.

Barcelona

Aquisgrà

ROYAUME TOLEDO

549-71

0

ROYAUME

TOULOUSE

395-51

0

Conquête musulmaneReconquête franque

Saragossa714

Toledo711

Tarifa711

Poitiers732

Lyon732-743

Toulouse721-767 Nimes

725-752

Narbona 720-759

Girona 718-785

Barcelona 716-801

29résumé succInct de l’HIstoIre de la cataloGne

L’abbé Oliba et l’institution de la Paix et Trêve de Dieu, Raimond Bérenger Ier et les Usatges

En 1027, Oliba, évêque de Vic et abbé de Cuxa et de Ripoll, instaura à partir de Toulouges la Paix et Trêve de Dieu pour mettre fin aux incessantes luttes féodales du Moyen-Âge. Cette institution s’étendit par la suite à l’ensemble de l’Europe féodale.

Une fois le lien avec les Francs bien distendu par nos comtes, Raimond Bérenger (1035-1076) et son épouse Almodis (fille des comtes de la Marche du Limousin), aidés d’un collège de ma-gistrats et de juristes, promulguèrent les Usatges, le premier code civil féodal connu. Ce code re-pose sur une conception négociée des relations de pouvoir, et limite le champ de manœuvre du comte par les coutumes et les droits du pays. Il s’agit en fait de notre première charte constitu-tionnelle (cent soixante ans avant la Carta Mag- na des Anglais).

Raimond Bérenger Ier étendit ses terres vers la Ca-talogne occidentale et incorpora à la maison de Barcelone les comtés de Carcassonne et du Razès, ainsi que diverses terres et châteaux des comtés de Toulouse et de Foix, de la Narbonnaise, du Comminges et du Sabarthès.

Vers 1058 apparaît la Cançó de Santa Fe dans une langue qui mêle languedocien et catalan. Au siècle suivant, quelques fragments du Forum ludi-cum et des Homélies d’Organyà furent à leur tour écrits en catalan.

Raimond Bérenger III et l’union avec la Provence

Raimond Bérenger III renforça l’expansion de la maison de Barcelone dans les terres jumelles d’Occitanie. Avec son mariage en 1112 avec Douce de Provence, il ajouta ce beau pays méditerra-néen à ses possessions.

Il mena à bien la restauration de Tarragone en 1118 et effectua des expéditions vers les Baléares et vers Valence, même si dans ce cas précis, ses conquêtes furent éphémères.

Raimond Bérenger IV et l’union avec l’Aragon

Pour se défendre des visées expansionnistes des rois de Castille, l’Aragon se rapprocha de la Catalogne.

Le mariage arrangé de Pétronille, fille de Ramir le Moine, avec Raimond Bérenger IV eut lieu en 1137.

Ni la Catalogne ni l’Aragon ne souhaitèrent s’im-miscer dans les affaires de l’état voisin et surent maintenir — dans un respect mutuel absolu — leurs propres institutions sous un seul et même monarque.

Raimond Bérenger IV termina la reconquête de la Catalogne, délivrant Tortosa (1148), Lleida, Fra-ga et Mesquines (1149), Miravet (1152), Prades et Ciurana (1153) de la férule sarrasine.

L’expansion de la maison de Barcelone sur les terres occitanes

A l’époque d’Alphonse Ier (1162-1196), outre la Pro-vence, les comtés ou vicomtés de Carcassonne, du Razés, du Lauragais, du Béarn, de Bigorre, de Millau, du Gévaudan, du Carladés, de Montpel-lier, de Foix et d’autres encore, étaient liés à Mai-son de Barcelone.

Toutes ces terres et le reste des terres occitanes entretenaient des liens étroits avec la Catalogne, confortés par la langue et la culture. La poésie des troubadours fleurissait de chaque côté des Pyré-nées tandis que, sur chaque versant naissait l’art roman.

Pierre le Catholique et la bataille de Muret

En ce temps-là l’hérésie albigeoise ou cathare avait embrasé le Languedoc. Une grande croi-sade fut prêchée, qui masquait en réalité l’appétit de conquête de la France. La plupart des croisés étaient français et placés sous le commandement de Simon de Montfort.

Pierre Ier tenta de stopper cette croisade par tous les moyens diplomatiques dont il disposait. Voyant que ses efforts demeuraient inutiles, il prit les armes pour venir en aide aux comtes de

30APPORTS CATALANS UNIVERSELS

Toulouse, de Foix et de Comminges qui lui avaient prêté allégeance.

Près de Muret, en septembre 1213, eut lieu une grande bataille au cours de laquelle notre roi fut tué. Sa mort mit fin à l’état occitano-catalan en devenir.

Jacques Ier et la conquête de Majorque et de ValenceJacques Ier le Conquérant naquit à Montpellier. Il connut une enfance difficile du fait de la mort prématurée de son père. Son éducation fut confiée aux Templiers. Lorsqu’il eut tout juste 20 ans, en 1228, se tint à Barcelone une assemblée qui décida de tenter la conquête de Majorque. Le 31 décembre 1229, la ville de Majorque fut conquise, puis presque aussitôt tout le reste de l’île. Ibiza fut prise en 1235 et Minorque, soumise à Jacques 1er dès 1231, fut définitivement conquise en 1287 durant le règne d’Alphonse II.

Jacques Ier entama alors la conquête du Pays Va-lencien en 1232. Les Musulmans de la cité de Va-lence se rendirent le 28 septembre 1238 et le roi y fit une entrée triomphale le 9 octobre.

Jacques Ier conquit Murcie en 1266 mais dut la livrer à son gendre Alphonse le Sage, roi de Castille.

En 1258, Jacques Ier signa avec Louis IX, roi de France, le Traité de Corbeil par lequel il renonçait à ses droits sur les terres occitanes. En échange, les Français renonçaient à leurs droits théoriques sur la Catalogne, des droits remontant aux Carolingiens.

Pierre II le GrandUne fois la grande œuvre de reconquête menée par Jacques Ier, nos comtes-rois se lancèrent dans la grande aventure méditerranéenne.

Pierre II le Grand (1276-1285) vint en aide aux Sici-liens qui s’étaient révoltés contre Charles d’Anjou et ses Français, envahisseurs de l’île. Le soulève-ment, connu sous le nom de Vêpres Siciliennes, éclata en 1282. Les Siciliens offrirent alors la cou-ronne à Pierre le Grand, et ce dernier, avec ses ar-mées, libéra l’île de la férule française.

Charles d’Anjou le défia personnellement à Bor-deaux mais avec l’intention de lui tendre un piège. Malgré tout, Pierre II se rendit à Bordeaux sous un déguisement et y laissa des preuves de son passage.

Plus tard, les Français envahirent la Catalogne mais subirent une déroute tant en mer (devant l’amiral Roger de Lluria lors de la bataille des îles Formigues, de petites îles situées près de Pa-lamós) que sur terre (à la bataille du col de Panis-sars, près du Perthus), et durent rentrer chez eux, emportant leur roi mourant.

Aux émissaires français qui réclamaient une trêve, Roger de Lluria apporta une réponse restée célèbre : « Aucun vaisseau ne prendra la mer s’il n’arbore les couleurs de Pierre II, aucun poisson ne nagera s’il ne porte sur la queue l’écu portant les quatre barres de mon noble seigneur, le roi de Catalogne, d’Aragon, de Valence et de Sicile ».

C’est à l’époque de Pierre II le Grand, que prirent forme les attributions concrètes des Corts Cata-lanes (1283), qui de fait, furent le premier parle-ment européen.

L’expansion méditerranéenneLe traité d’Anagni, signé sous l’impulsion du pape Boniface VIII qui souhaitait mettre fin aux luttes entre les Catalans et les Angevins en Méditerra-née, donna à Jacques II le Juste (1291-1327) le pou-voir sur la Sardaigne et la Corse mais restitua la Sicile aux Anjou.

Les Siciliens cependant, n’acceptèrent pas les termes de ce traité et choisirent pour roi Frédéric, frère de Jacques II, qui était alors le gouverneur de l’île. Aidés par les Almogavares (des merce-

Territoires sous le gouvernement de la maison de Barceloneau debut du XIIIème siècle.

31résumé succInct de l’HIstoIre de la cataloGne

naires qui combattaient sous les couleurs de la maison de Barcelone), ils vainquirent les Ange-vins. Leur victoire fut scellée par la paix de Cal-tabellota (1302).

Ainsi, la maison de Barcelone continuait-elle de régner en Sicile et l’île regagna le giron de la cou-ronne Catalano-aragonaise sous le règne de Mar-tin l’Humain.

Après ces exploits, les Almogavares qui avaient combattu aux côtés de Frédéric II de Sicile, vinrent en aide à l’empereur de Constantinople en guerre avec les Turcs. Sous le commandement de Roger de Flor ils remportèrent des batailles décisives.

Malgré leurs faits d’armes, les Almogavares sus-citaient la jalousie des Grecs qui constituèrent un puissant parti contre eux, puis assassinèrent Ro-ger de Flor et beaucoup de ses hommes lors d’un banquet.

Les Catalans, dirigés par Bérenger d’Entença et Bernard de Rocafort se regroupèrent à Gallipoli et commencèrent une guerre terrible contre l’em-pire grec connue sous le nom de « vengeance catalane ». Cette guerre permit la conquête des duchés d’Athènes (1311) et de Néopatrie (1318) qui appartinrent à la maison de Barcelone respective-ment jusqu’en 1388 pour le premier et 1390 pour le second.

En 1323, à la fin du règne de Jacques II, son fils Al-phonse III (qui lui succéda en 1327 sous le nom d’Alphonse III le Débonnaire) prit la tête d’une grande expédition et conquit l’île de Sardaigne. Dès lors, elle fit également partie de la couronne Catalano-aragonaise.

La floraison des arts, des lettres et des sciencesTandis que la Catalogne et les pays de langue ca-talane élaboraient leurs institutions nationales, la culture se développait en parallèle dans toutes les branches des connaissances humaines et occu-pait une place prépondérante dans la civilisation médiévale.

Les institutions

En ce qui concerne les institutions, le phénomène le plus important pour les différents pays de la confédération Catalano-aragonaise fut l’instaura-tion des Corts qui avaient des attributions législa-tives, administratives, économiques et judiciaires.

Autre institution fondamentale, qui avec le temps finit par prendre le rôle d’organe de gouverne-ment, la Generalitat créée en Catalogne puis à Va-lence et en Aragon par Pierre III le Cérémonieux en 1359. Elle trouve son origine dans les commissions désignées par les Corts composées de membres représentant les trois « bras » à savoir militaires et nobles, ecclésiastiques et bourgeois royaux des villes.

Les sciences

Saint Raimond de Penyafort pour la jurisprudence (il aida Saint Pierre Nolasc à fonder l’ordre de la Merci), Ramon Llull dans le domaine de la philo-sophie et Arnaud de Villeneuve dans le domaine de la théologie et de la médecine, furent trois fi-gures universelles des XIIIème et XIVème siècles.

La cartographie majorquine fit également un apport universel à la somme des connaissances humaines, en la personne de notre grand carto-graphe Abraham Cresques.

L’enseignement

Les principales universités furent celle de Mont-pellier (tout particulièrement pour la médecine), Lleida et Perpignan, puis plus tard, Barcelone et Valence.

La littérature

L’espace occitano-catalan connut au XIIème et au XIIIème siècle l’efflorescence de la poésie des trou-badours. Les plus importants sont Marcabrú, Ber-nard de Ventadour, Bérenger de Palol, Guillem de

L’expansion de la couronne Catalano-aragonaise aux XIIIème, XIVème et XVème siècles

32APPORTS CATALANS UNIVERSELS

Berguedà, Guillem de Cabestany et Guillem de Cervera, entre autres.

Au XIVème siècle les Jeux Floraux firent leur appa-rition à Toulouse (1323) et à Barcelone (sous le roi Jean 1er en 1393) et inscrivirent la poésie des trou-badours dans la durée.

La prose catalane prit de la vigueur avec l’écri-ture des quatre grandes chroniques de Jacques Ier, Bernat Desclot, Ramon Muntaner (qui raconte l’expansion catalane en méditerranée) et Pierre le Cérémonieux, avec El somni (Le rêve) de Bernat Metge (XIIIème et XIVème siècle), Tirant lo Blanc de Joanot Martorell et la poésie d’Ausiàs March (XVème siècle).

Il faut également mentionner les représentations à caractère dramatique comme par exemple, le Misteri d’Elx (Elche).

Le droit

La Catalogne développa une législation propre, ba-sée à la fois sur le droit canon et le droit romain.

Diverses compilations furent alors éditées, par exemple le Llibre del Consolat de Mar (Livre du Consulat de Mer), un code maritime qui fut adop-té pendant plusieurs siècles par de nombreux pays européens.

L’art

Les architectures romane et gothique (cette der-nière dans sa version catalane avec des contreforts souvent intérieurs) sont les plus remarquables de l’époque. Elles concernent églises et cathédrales, mais aussi bâtiments civils et militaires.

Pour l’art roman, les monastères de Saint Michel de Cuixà, de Sant Pere de Rodes, Sainte Marie de Ripoll, Saint Jean de Boí, Sainte Marie et Saint Clément de Taüll, ou Sainte Eulalie d’Erill la Vall sont de véritables chefs d’œuvre.

Les monastères de Sainte Marie de Poblet et Santes Creus (où sont enterrés nos plus grands rois comme Jacques Ier et Pierre II le Grand) illustrent la transition entre le roman et le gothique.

Les Drassanes (Chantiers Navals Royaux) de Bar-celone est un des bâtiments gothiques civils les plus remarquables d’Europe.

L’extinction de la dynastie catalane, le compromis de Caspe et l’avènement de la dynastie des TrastamareMartin l’Humain mourut intestat et sans descen-dance directe : il fallut donc réunir les parlements de Catalogne, de Valence et d’Aragon sous forme de parlement général pour élire un nouveau souverain. L’ingérence castillane en Aragon et à Valence et l’intervention de Benoît XIII (Pedro de Luna, le pape schismatique aragonais) condui-sirent les délégués désignés par le parlement à se prononcer en faveur du Trastamare Ferdinand d’Antequera, infant de Castille, plutôt que d’élire Jacques d’Urgell, arrière-petit-fils d’Alphonse III le Débonnaire.

Le compromis de Caspe mit donc fin, après plus de cinq siècles, à la dynastie catalane de la mai-son de Barcelone, descendant en ligne directe de Guifred le Velu.

La mentalité différente de la nouvelle dynastie se heurta au caractère des catalans et pour la pre-mière fois une distance s’installa entre les mo-narques et le peuple.

La conquête de NaplesAlphonse IV le Magnanime conquit Naples en 1443, marquant ainsi l’expansion maximale des possessions de nos rois.

Alphonse le Magnanime convoitait de nouveaux territoires et chercha à asseoir son influence sur les pays balkaniques de la côte adriatique et sur certaines contrées africaines au prix de luttes et de guerres sans rapport avec la puissance réelle de ses royaumes. Il affaiblit ainsi la Cata-logne, qui par ailleurs, se trouvait en situation de précarité du fait des ravages de la peste noire et de la guerre civile des serfs « remences », événements qui avaient fortement affecté la population.

L’hégémonie de BarceloneBarcelone, capitale de la Catalogne et siège de la Cort royale catalano-aragonaise a toujours été la figure de proue de l’expansion terrestre et mari-time. La cité s’était dotée de ses propres institu-tions de gouvernance comme le Conseil de Cent

33résumé succInct de l’HIstoIre de la cataloGne

(approuvé par Jacques 1er en 1265) et le « Carre-ratge » (pour étendre ses privilèges en d’autres lieux de la Couronne).

La Taula de Canvi (table du change) — première banque institutionnelle européenne — fut créée par le Consell de Cent barcelonais.

Le commerce, et tout particulièrement le com-merce maritime, fut le fondement-même de la grandeur de Barcelone. On créa d’importants chantiers navals où se construisaient les navires et le Consell de Cent nomma des consuls de Bar-celone dans tous les pays où la Catalogne avait des intérêts commerciaux.

Majorque, Valence et « les royaumes d’outre-mer »

Majorque

Les Baléares furent conquises par les Catalans et peuplées par des Catalans. Au début elles ne dis-posaient pas de Cort particulière et envoyaient des représentants aux Corts catalanes.2

A la mort de Jacques Ier, les îles Baléares, les com-tés du Roussillon et de Cerdagne, et enfin la Sei-gneurie de Montpellier, formèrent les terres des rois de Majorque, vassaux des rois de Catalogne. En 1344 Pierre III le Cérémonieux les réintégra à la Catalogne.

Valence

Valence, conquise par des Catalans et des Arago-nais fut néanmoins majoritairement peuplée par les Catalans. Le nouveau royaume posséda ses propres corts et sa propre Generalitat.

Alphonse IV le Magnanime favorisa énormément la ville de Valence qui parvint sous son règne à son apogée en termes de splendeur matérielle et intellectuelle.

En 1474 fut imprimé à Valence le premier livre en catalan les Trobes en llaor de nostra dona Santa Maria.

« Royaumes d’outre-mer »

La Sicile, la Sardaigne et Naples formaient les « royaumes d’outre-mer ».

Sicile

La Sicile fut gouvernée par un vice-roi et posséda à la fois un Parlement composé de trois bras, et une Diputation du Général semblable à celle de Catalogne.

Sardaigne

La Sardaigne, tout comme les Baléares, fut une conquête presque exclusivement catalane. Beau-coup de catalans s’y installèrent. Encore au-jourd’hui, on parle catalan dans la ville d’Alguer. L’île était gouvernée par un vice-roi et envoyait des représentants aux Corts catalanes. Alphonse IV le Magnanime leur accorda des Corts particulières.

Naples

Naples conserva le régime d’avant la conquête (1443). Beaucoup de coutumes catalanes y furent adoptées et la langue catalane devint la langue diplomatique officielle.

Athénes et Néopatrie

Ces duchés furent gouvernés par un vicaire gé-néral. Les Usatges y furent appliqués et la langue catalane y fut promulguée langue officielle.

Les Rois Catholiques et la découverte des AmériquesLes Trastamare connurent des litiges fréquents avec les Catalans, notamment en ce qui concerne la perception de l’impôt. Après une période de ré-voltes contre le roi Jean II qui laissa la Catalogne exsangue, Ferdinand II le Catholique occupa le trône (1417-1516) et épousa Isabelle de Castille. Les deux couronnes continuèrent d’être indépendantes sans organes de gouvernement communs. Toute-fois, Ferdinand et Isabelle séjournaient davantage en Castille que dans leurs autres royaumes et ils en firent leur base de gouvernement.

La baisse démographique provoquée par la peste noire plaça la Catalogne et les autres royaumes de la confédération Catalano-aragonaise en position d’infériorité face à la Castille et les conséquences en furent dramatiques.

A la mort d’Isabelle (1504), Ferdinand II épousa Germaine de Foix qui lui donna un fils. Mais ce

34APPORTS CATALANS UNIVERSELS

fils, héritier de la couronne Catalano-aragonaise, mourut peu après. L’héritier de Ferdinand fut donc Charles, fils de Jeanne la Folle de Castille et de Philippe le Bel, archiduc d’Autriche.

A l’époque de Ferdinand II eut lieu en Catalogne le deuxième soulèvement des remences (serfs) qui voulaient être exonérés de leur obligation de ra-chat quand ils quittaient le domaine seigneurial auquel ils appartenaient. Le roi résolut le pro-blème par une sentence arbitrale connue sous le nom de « sentence de Guadelupe » qui établis-sait un compromis entre les demandes des pay-sans et les prétentions de la noblesse.

C’est également sous Ferdinand II que se produi-sit la découverte de l’Amérique, au financement de laquelle la Catalogne apporta une contribution notable. L’initiative de cette entreprise émanait directement de Ferdinand II. Ainsi, un document aussi essentiel que les capitulations de décou-verte est signé par Joan de Coloma secrétaire de la Chancellerie catalano-aragonaise et notaire royal. De même, bien que le fait ne soit pas totalement avéré, il est de plus en plus difficile de nier l’origine catalane de Christophe Colomb.

La Confédération Catalano-aragonaise sous les rois de la maison d’AutricheDans les royaumes hispaniques, la maison d’Au-triche est représentée par Charles Ier, Philippe II, Philippe III, Philippe IV (pour la Confédération Catalano-aragonaise Philippe Ier, Philippe II, Phi-lippe III) et Charles II. A cette époque la Catalogne tombe en réelle décadence. Malgré tout elle maintient et défend ses institutions et réclame que lui soit permis de commercer avec les Amé-riques, chose qui lui fut constamment refusée.

En Méditerranée, la Catalogne participa à la ba-taille de Lépante contre les Turcs et remporta une grande victoire (1571) dont le catalan Lluís de Re-quesens fut la cheville ouvrière.

La Guerre des FaucheursLe ministre de Philippe III (IV de Castille), le comte-duc Olivares prétendit soumettre l’en-semble des royaumes qui composaient l’Espagne « aux lois de Castille sans aucune différence ».

Entretemps, la Guerre de Trente Ans, entre l’Au-triche et la France faisait rage en Europe.

Les Catalans ne prenaient part à aucune des guerres entreprises par la monarchie puisqu’il s’agissait d’actions militaires menées par la Castille.

A cause de cette guerre européenne, l’armée es-pagnole stationna quatorze ans en Catalogne et la soldatesque y commit toutes sortes d’abus, jusqu’à ce que, fatigués de demander le retrait de ces troupes, les Catalans, placés sous le comman-dement de Pau Claris (président de la Generali-tat) prennent les armes et battent l’armée espa-gnole lors de la bataille de Montjuïc (1641). Après une période d’instabilité et de combats, la paix fut conclue en 1652. Ses termes spécifiaient que les privilèges et constitutions catalans seraient maintenus.

La chanson populaire catalane « Els segadors » (« Les Faucheurs »), aujourd’hui devenue hymne national, date de cette époque.

Le Traité des Pyrénées (1659) mit fin à la Guerre de Trente Ans en amputant le pays du Roussil-lon et d’une partie de la Cerdagne (actuelle Ca-talogne-nord) malgré la protestation des Cata-lans qui n’avaient strictement rien à voir avec la guerre qui se terminait.

La décadence

La découverte des Amériques par Christophe Colomb en 1492 marqua le déplacement du commerce de la Méditerranée à l’Atlantique, ce qui frappa de plein fouet l’économie des pays de langue catalane et l’Aragon, interdits de com-merce avec les possessions américaines de la couronne. Malgré la participation décisive de la Catalogne dans cette découverte, ces colonies étaient en effet considérées comme la propriété exclusive de la Castille sans que la Catalogne, que sa démographie plaçait en position d’infériorité, ne puisse y faire grand-chose.

Au cours des XVIème et XVIIème siècles, la noblesse catalane ne cessa de se commettre en se liant à des lignées castillanes, en abandonnant la langue et en suivant la cour.

35résumé succInct de l’HIstoIre de la cataloGne

Les classes populaires restèrent fidèles à la ca-talanité.

La paupérisation économique généra alors le phénomène du « bandolerisme ».3

La littérature décline sous toutes ses formes. Côté sciences toutefois, se détache pour ses ouvrages philosophiques, pédagogiques et juridiques le va-lencien Lluís Vivès (1492-1540).

Au XVIIème siècle l’art baroque fait son apparition dans les églises et les maisons des aristocrates.

Heureusement, les XVIème et XVIIème siècles en-registrent une forte immigration occitane qui contribua à redresser durablement la courbe dé-mographique et favorisa à terme le redressement économique.

La Guerre de Succession. Le Onze Septembre

Pendant les règnes de la maison d’Autriche, la Ca-talogne et le reste des pays de la confédération Catalano-aragonaise conservèrent leurs institu-tions. Charles II fut le dernier roi autrichien. Mou-rant sans descendance, il désigna le Français Phi-lippe d’Anjou, de la maison des Bourbon, comme successeur, mais l’archiduc Charles d’Autriche ne l’entendit pas de cette oreille et prit les armes pour récupérer sa couronne. L’Angleterre et la Hollande se rangèrent à ses côtés, ainsi que la Ca-talogne et toute la confédération Catalano-ara-gonaise, le caractère absolutiste du roi Bourbon menaçant de mettre en péril tous leurs droits et leurs libertés.

Dans la péninsule Ibérique, Philippe d’Anjou (Phi-lippe V) gagna la guerre, conquérant d’abord Va-lence (bataille d’Almansa en 1707) puis l’Aragon (et les privant aussitôt de tous leurs droits et libertés).

C’est alors que mourut l’empereur d’Autriche et que l’archiduc Charles lui succéda. Les alliés, pour éviter l’union de l’Autriche et des royaumes d’Espagne, le laissèrent tomber. La paix d’Utrecht fut signée en 1713. Elle laissait les Catalans aux mains de Philippe V, l’île de Minorque aux An-glais, et abandonnait tous les royaumes d’outre-mer. Ni l’archiduc, désormais empereur, ni les

Anglais ne respectèrent leurs engagements en-vers la Catalogne.

Malgré l’abandon de ses alliés, la Catalogne déci-da de résister jusqu’au bout. Barcelone, assiégée à la fois par les troupes espagnoles et françaises résista presque 14 mois, forçant ainsi l’admiration de toute l’Europe.

Finalement, Barcelone tomba le 11 septembre 1714 après un siège des plus héroïques. Le chef du Conseil municipal, Rafael Casanova, et le général Antoni de Villaroell en furent les héros.

Quelques jours plus tard, Cardona tomba à son tour, puis l’année suivante Majorque qui plus d’une fois, avait approvisionné la ville de Barce-lone pendant le siège.

Ce fut le début d’une forte répression et la Ca-talogne, avec le décret de Nueva Planta promul-gué par Philippe V vit ses institutions purement et simplement supprimées. L’usage public de la langue catalane fut également interdit.

Les universités catalanes existantes furent fer-mées et remplacées par celle de Cervera récem-ment créée. Tout l’enseignement dut dès lors se faire en langue castillane.

La Catalogne sous les Bourbon

Début du redressement économique et commercial

Une fois la Guerre de Trente ans terminée, la Ca-talogne s’attela à son redressement économique. La bourgeoisie s’avéra l’élément moteur de la vie du Principat. La décision de Charles III d’autori-ser Barcelone et d’autres ports catalans à faire du commerce avec les Amériques joua un grand rôle dans ce redressement (1778).

C’est à cette époque que furent créées l’Académie Royale des Belles Lettres (1729), l’Académie des Sciences Naturelles et des Arts (1770), l’Académie de Médecine Pratique, le Collège de Chirurgie de Barcelone, la Chambre de Commerce de Barce-lone, les sociétés économiques des amis du pays et d’autres institutions encore, qui donnèrent une impulsion décisive aux lettres, aux sciences et au

36APPORTS CATALANS UNIVERSELS

commerce. L’industrie textile du fil et des tissus de coton ou de laine se développa fortement.

L’expulsion des Jésuites décrétée par Charles III affecta l’Université de Cervera qui entama un long déclin. Barcelone initia alors des démarches pour récupérer sa propre université, chose qui ne lui fut accordée qu’en 1842.

En Catalogne-nord émerge la figure du grand scientifique et politique François Arago (1786-1853) professeur à l’Ecole Polytechnique de Pa-ris qui travailla sur la réfraction de la lumière et l’électromagnétisme.

Au niveau des arts plastiques se détache l’œuvre du peintre Antoni de Viladomat (1678-1755).

La Révolution française et Napoléon

En 1789, durant le règne de Charles IV d’Espagne, éclata en France la Révolution qui abolit la mo-narchie et instaura la République, suscitant de nombreuses sympathies catalanes.

La Révolution française fut renversée et Napoléon Bonaparte se fit élire empereur. Charles IV et son fils Ferdinand lui cédèrent leurs droits sur la cou-ronne d’Espagne. Napoléon sépara la Catalogne de l’Espagne et l’annexa à l’Empire français. Le pays prit les armes pour se débarrasser de ce joug. La Bataille del Bruc (1808) et la résistance de Gé-rone comptent parmi les faits d’armes héroïques de cette guerre. Finalement Napoléon, menacé en d’autres points de l’Europe retira ses troupes de la péninsule et conclut avec Ferdinand VII un traité qui mettait fin à l’ingérence française.

De Ferdinand VII à Alphonse XIII

Le règne de Ferdinand VII et celui d’Isabelle II d’Es-pagne furent marqués par des luttes intestines entre libéraux et absolutistes qui n’épargnèrent pas la Catalogne.

La figure du général Joan Prim, catalan, progres-siste et libéral apparaît comme décisive dans la mesure où il détrôna Isabel II pour offrir le trône à Amédée de Savoie dans l’objectif d’instaurer une monarchie constitutionnelle.

C’est à cette époque que la couronne d’Espagne perdit la totalité de son empire colonial.

Le général Prim fut tué lors d’un attentat et Amé-dée de Savoie ayant renoncé au trône, la première république espagnole, à fort idéal fédéraliste, fut proclamée en 1873. Ses deux premiers présidents, Francesc Pi i Margall et Estanislau Figueres étaient catalans. La République ne fit pas long feu et la dy-nastie des Bourbon fut restaurée l’année suivante avec Alphonse XII à qui succéda Alphonse XIII.

En Catalogne, les thèses fédéralistes dominaient et la révolution industrielle vit se développer un mouvement ouvrier puissant qui s’inspirait du mouvement anarchiste international.

La Renaixença

La renaissance économique et industrielle4

A partir de la deuxième moitié du XVIIIème siècle, la Catalogne adopte ou adapte l’ensemble des inven-tions de la révolution industrielle. Une puissante industrie voit le jour avec deux domaines de prédi-lection, la branche textile et la métallurgie.

Pour ce qui concerne les communications, le pre-mier chemin de fer est inauguré en 1848 entre Bar-celone et Mataró. Côté nouvelles inventions, Narcís Monturiol invente en 1859 le sous-marin Ictíneo.

L’élan économique donne lieu à l’accueil par la ville de Barcelone, de l’Exposition Universelle de 1888.

La renaissance littéraire

La renaissance littéraire et historiographique catalane trouve ses racines dans le romantisme qui s’inspire lui-même de notre glorieux passé médiéval.

Bonaventura Carles Aribau avec son Oda a la pàtria (Ode à la patrie), est le pionnier de la Renaixença. Une kyrielle innombrable de poètes, d’écrivains et d’historiens lui emboîtèrent le pas, parmi les-quels : Joaquim Rubió i Ors, Jacint Verdaguer (œuvres maîtresses : l’Atlantida et Canigó), Àngel Guimerà (principale œuvre théâtrale : Terra baixa – Terre basse), Joan Maragall (auteur entre autres poèmes du Cant Espiritual – Chant Spirituel), Teo-dor Llorente, Miquel Costa i Llobera (auteur du Pi de Formentor), Joan Alcover (auteur de la Balan-guera – La Fileuse), Josep Torras i Bages (auteur de La Tradició Catalana – La tradition Catalane)…

37résumé succInct de l’HIstoIre de la cataloGne

Toutes les terres de langue catalane contribuent à ce regain, y compris la lointaine Alguer sur son île de Sardaigne.

Quelques années plus tard, cet élan porte ses fruits : on célèbre le Congrès International de Langue Catalane (1906) et la fondation de l’Insti-tut d’Estudis Catalans (1907) initiée par Enric Prat de la Riba.

La Renaissance catalane survint en parallèle de la renaissance provençale. Victor Balaguer et Jacint Verdaguer entretinrent une relation étroite avec Frédéric Mistral, qui exerça une influence mar-quée sur les écrivains et intellectuels catalans. Mistral (auteur de Mireia) fut aussi le créateur de l’association culturelle du Félibrige et de l’hymne de la fraternité occitano-catalane, la Copa Santa.

La normalisation du catalan

Les grands écrivains de l’époque contribuent à une normalisation progressive de la langue, mais ce fut principalement Pompeu Fabra (1868-1948) qui, depuis l’Institut d’Estudis Catalans fixa défini-tivement les normes du catalan moderne avec ses Normes orthographiques (1913), sa Grammaire Cata-lane (1918) et son Dictionnaire Général de la Langue Catalane (1932). Ces normes furent également adoptées au Pays Valencien et aux Iles Baléares

Elles servirent de base d’inspiration au grammai-rien occitan Loïs Alibert pour normaliser l’occitan contemporain. Sa Grammaire occitane fut publiée pour la première fois à Barcelone en 1935 par le Bu-reau des Relations Méridionales de la Generalitat.

La renaissance artistique

Le style néoclassique du XVIIIème siècle se prolon-gea jusqu’à la première partie du XIXème. Ensuite vinrent le romantisme réaliste, puis le réalisme et enfin, le naturalisme.

Parmi les peintres les plus illustres, il nous faut mentionner : Marià Fortuny, Joaquim Vayreda, Ramon Casas, Santiago Rusiñol, Joaquim Sorol-la, Isidre Nonell et beaucoup d’autres. Parmi les sculpteurs, Marià Benlluire, Agustí Querol, Josep Llimona, Josep Clarà, Aristides Maillol, Enric Ca-sanovas et Pau Gargallo.

Carte de l’extension territoriale de la langue catalane

Dans le domaine de l’architecture, la voie s‘ouvre pour le modernisme avec des archi-tectes remarquables comme Elies Rogent, An-toni Gaudí (chef-d’œuvre : le temple de la Sa-grada Família à Barcelone), Lluís Domènech i Muntaner (bâtiment le plus remarquable, le Palau de la música à Barcelone) et Josep Puig i Cadafalch (œuvre la plus notable Casa de les Punxes à Barcelone). A l’aube du XXème siècle se détache la figure de Josep Lluís Sert, cofonda-teur du GATCPAC.(Groupe d’Architectes et de Techniciens Catalans pour le Progrès de l’Archi-tecture Contemporaine)

L’urbaniste Ildefons Cerdà, dessine l’Eixample de Barcelone, créant au passage un nouveau concept de ville.5

La musique voit l’apparition d’un fort mouve-ment choral populaire sous l’impulsion d’An-selm Clavé (1824-1874). Le conservatoire du Li-ceu voit le jour (1838) et le Maestro Millet créée l’Orfeó català (1891). Des compositeurs comme Isaac Albèniz, Enric Granados, Amadeu Vives (auteur de l’Emigrant),6 Antoni Nicolau, Enric Morera et Pau Casals (violoncelliste de renom international, auteur de El Pessebre (La Crèche), nominé au prix Nobel de la Paix et célèbre par son discours prononcé en 1971 aux Nations Unies qui mettait en avant la nation catalane et encourageait à lutter pour la paix et la liberté dans le monde).

38APPORTS CATALANS UNIVERSELS

Le mouvement associatif

A cette époque fleurissent dans tous les pays de langue catalane des entités à but scientifique, culturel ou civique qui donnent une impulsion décisive au processus de prise de conscience na-tionale et de connaissance du pays, comme par exemple le Cercle du Liceu, (1847), le Cercle de Lecture de Reus (1859), l’Athénée catalan (1860), le Cercle Littéraire de Vic (1860) , l’Académie Bi-bliograficomariane de Lleida (1862), le Centre Catalan (1880), le Centre Excursionniste de Cata-logne (1890).

Les luttes sociales

L’industrialisation progressive du pays permit l’émergence d’une classe ouvrière puissante. La première grève importante fut celle de 1885 menée contre l’implantation des machines mo-dernes « accusées » de prendre le travail des ou-vriers. En 1868 apparaissent les premiers noyaux anarchistes.

En 1869, fut fondée la société ouvrière «Les tres classes del vapor » qui débouchera sur le Parti Démocratique Socialiste et sur l’Union Générale des Travailleurs.

En 1890 on célébra pour la première fois le 1er mai. En 1909, une grève générale révolutionnaire connue sous le nom de Semaine Tragique fut dé-clarée à Barcelone et dans d’autres villes du pays, exprimant le malaise populaire provoqué par la guerre du Maroc. Elle fut le cadre de beaucoup d’actes incontrôlés et fut réprimée par l’armée au prix d’un bain de sang.

En 1910 fut fondée à Barcelone la Confédération Régionale du travail, qui devait devenir plus tard la Confédération Nationale du Travail (CNT) et qui joua un rôle de tout premier plan dans les luttes sociales jusqu’aux Evénements de mai 1937 et à la capitulation de la Deuxième république (1939).

Les dirigeants Francesc Layret (1920) et Salvador Segui (1923) payèrent le tribut de ces confron-tations et trouvèrent la mort dans des attentats sanglants.

A la campagne fut fondée en 1922 l’Union des Rabassaires.

L’évolution politique

Le catalanisme politique fut porté par la publi-cation « Diari català » Journal catalan (1879), le premier quotidien jamais édité en langue catalane, la réunion du Congrès catalaniste (1880), la fondation du Centre Català (1882) et la célébration du IIème congrès catalaniste (1884) qui condamna toute affiliation de Catalans à des partis généraux espagnols. Il se conforta avec la présentation à Alphonse XII (1885) du cahier de doléances qui protestait contre le traitement dis-criminatoire subi par la Catalogne, puis avec Lo Catalanisme (première exposition didactique de la doctrine catalaniste) organisée par Valentí Al-mirall (1886).

Plus tard, en 1891, fut créée l’Union Catalaniste qui, lors de sa première assemblée générale éta-blit les célèbres Bases de Manresa, revendiquant un système d’autonomie pour la Catalogne.

En 1901 fut fondée la Ligue Régionaliste avec Lluís Domenech i Muntaner, le Docteur Bertomeu Robert, Enric Prat de la Riba et Francesc Cambó. Elle avait pour porte-parole le journal La Veu de Catalunya (La Voix de la Catalogne).

Le mouvement Solidaritat Catalana, regroupant diverses tendances catalanistes, fut créé pour dé-fendre les droits de la Catalogne devant la menace du faisceau de lois prévu par le gouvernement central qui entendait transmettre à la justice mi-litaire toute offense contre la unidad de la patria (« l’unité de la patrie »). Il remporta une éclatante victoire aux élections générales de 1907.

De la Mancomunitat de Catalogne a la Seconde République

La Mancomunitat de Catalogne

Après de longues négociations avec le gouverne-ment de Madrid, Enric Prat de la Riba, qui était déjà président de la Diputació de Barcelone, réus-sit à obtenir l’union des quatre députations ca-talanes et à instaurer ainsi la Mancomunitat de Catalogne (1914). Prat de la Riba mena à terme une œuvre extrêmement méritoire, qu’il s’agisse du champ culturel ou de la création d’infrastruc-

39résumé succInct de l’HIstoIre de la cataloGne

tures. En 1917, il mourut à Castellterçol et Josep Puig i Cadafalch lui succèda.

Entretemps, diverses personnalités appartenant à la Ligue — parmi lesquelles Francesc Cambó —participèrent au gouvernement de la monarchie sans obtenir pour autant de contreparties signifi-catives pour la Catalogne. En 1922 eut lieu à Bar-celone la Conférence Nationale Catalane, qui vit la fondation d’un nouveau parti aux visées clai-rement nationalistes, Action Catalane, parti qui triompha aux élections de 1923.

La dictature du Général Primo de Rivera

La dictature du général Primo de Rivera (1923-1930) procéda à la dissolution de la Mancomuni-tat de Catalogne et affecta gravement la langue et la culture catalanes. Conspirations et complots se succédèrent dont le plus connu fut celui de Francesc Macià qui, depuis Prats de Molló, tenta de passer la frontière pour libérer la Catalogne de la dictature.

De la République catalane à la Generalitat restaurée

Des élections municipales furent organisées en avril 1931 après la chute de Primo de Rivera. Ac-tion catalane s’allia à Action républicaine pour former l’Action Catalane Républicaine ou le Parti Républicain Catalan. Celui-ci se rapprocha d’Es-tat català et d’autres groupes pour créer Esquerra Republicana de Catalunya. Menée par Francesc Macià, la coalition remporta une victoire écra-sante aux élections.

Dans l’ensemble de l’état espagnol, les partis ré-publicains ou socialistes triomphèrent, donnant lieu à la proclamation de la République (14 avril). Le même jour, un peu avant, Francesc Macià s’était empressé de proclamer la République ca-talane. Peu après, à la suite d’âpres négociations avec les représentants du gouvernement espag- nol, la République catalane devint la Generalitat de Catalogne restaurée dont Francesc Macià fut le premier président.

On rédigea un statut d’autonomie qui fit l’objet d’un véritable plébiscite en 1932. Quelques mois plus tard, à la suite de négociations particulière-

ment difficiles, les Cortes Espagnoles le votèrent à leur tour.

Les Iles Baléares et le Pays Valencien s’impli-quèrent également dans la rédaction de leurs propres statuts d’autonomie mais ne purent en obtenir l’instauration.

Avancées dans le domaine scientifique et culturel

A cette époque et jusqu’à la suppression de la Se-conde république, de grandes avancées se produi-sirent dans les domaines culturel et scientifique avec un éclat particulier pour le modernisme ar-chitectural, qui ouvre la voie au noucentisme.

Les arts graphiques et les autres arts mineurs connurent également une dynamique remarquable.

L’industrie, essentiellement une industrie de transformation, se diversifia et connut une forte croissance, toutes branches confondues.

Des écrivains postmodernistes ou noucentistes émergèrent : Josep Carner, Joaquim Ruyra, Gue-rau de Liost, Eugeni d’Ors, (qui élabora la doc-trine esthétique du Noucentisme à travers son glossaire, une tribune quotidienne publiée dans la Veu de Catalunya) Josep M. López-Picó, Joaquim Folguera, Mercè Rodoreda (auteur de Mirall tren-cat (Miroir brisé) et de la Plaça del Diamant) et An-toni M. Alcover (auteur de Rondalles Mallorquines et créateur du dictionnaire exhaustif de la langue catalane : Diccionari català-valencià-balear, qui fut plus tard mené à terme par Francesc de Bor-ja Moll). Par la suite apparaît le néo-populisme de Sagarra et, à partir de l’œuvre de Carles Riba (poète), le roman connait un nouvel élan avec Miquel Llor et Joan Puig i Ferreter.

C’est également à cette période qu’apparaît un autre grand écrivain et journaliste, Josep Pla (1897-1981).

Un grand nombre de revues et de journaux sont alors publiés en catalan. Parmi les premiers en termes de prestige, notons la Revista de Catalunya (Revue de Catalogne) dirigée par Antoni Rovira i Virgili (qui fut également l’auteur de la Història Nacional de Catalunya - Histoire nationale de la Ca-talogne). La Paraula Cristiana (Parole Chrétienne) une revue philosophique dirigée par Carles

40APPORTS CATALANS UNIVERSELS

Cardó, Criterion, et les revues scientifiques Cièn-cia (Science) i Monografies mèdiques (Monographies Médicales).

A l’époque, beaucoup de Catalans créèrent des fondations et des associations civiques ou cultu-relles pour apporter leur pierre à la consolidation de la culture catalane. Soulignons entre autres la Fondation Bernat Metge (qui traduisit en ca-talan les classiques gréco-latins) et la Fondation Biblique Catalane.

Rendons également hommage à Ferran Soldevi-la qui, à la demande de Francesc Cambó écrivit sa célèbre Histoire de la Catalogne ; à Josep Batista i Roca, introducteur du scoutisme dans les pays de langue catalane, fondateur de Minyons de Muntanya en 1927 ; à Manuel Sanchis Guarner, philologue et historien qui publia en 1931 La llen-gua dels valencians (La langue des Valenciens) avant de collaborer à la conclusion du Diccionari cata-là-valencià-balear. Batista i Roca fut également à l’origine de la création de l’association Palestra, une association culturelle fédérée à des entités de même type basées aux iles Baléares et au Pays Valencien.

Dans le même temps apparurent au niveau ar-tistique des figures remarquables, qui inventèrent de nouveaux styles picturaux comme le surréa-lisme. Parmi les chefs d’œuvre, l’œuvre de Dalí, Les Montres molles ou celles de Miró : Le Mas et Femme et oiseau.

Enfin, dans le domaine médical se détache le chirurgien Josep Trueta i Raspall, célèbre pour son traitement des fractures et pour son livre, L’esperit de Catalunya (L’esprit de la Catalogne) publié en an-glais pendant son exil au Royaume-Uni. De même, Ignasi Barraquer innova dans le domaine de l’oph-talmologie en appliquant de nouvelles techniques saluées dans le monde entier.

La guerre civile et la dictature franquisteTout ce rayonnement économique et culturel fut brisé en 1936 par le soulèvement du Général Franco contre la Deuxième république espagnole. Après une guerre fratricide qui dura presque trois ans, la victoire franquiste abolit le Statut d’autono-

mie et priva la Catalogne de toutes ses institutions et de toutes ses libertés. Franco interdit également dans toutes les terres catalanes l’usage officiel ou public de la langue catalane.

Une grande persécution contre la culture cata-lane et contre tous les membres éminents des nombreuses institutions existantes commença alors. Des dizaines de milliers de catalans furent contraints à l’exil. Le dernier président de la Ge-neralitat, Lluís Companys, fut fusillé et pendant près de quarante ans, le peuple catalan subit la pire persécution de son histoire.

Malgré tout, grâce à la résistance intérieure et extérieure et à l’élan patriotique de beaucoup de gens, la culture catalane, quoique très affectée, continua d’exister.

Comme il l’avait fait après 1714, malgré des obs-tacles de toutes sortes, notre peuple se consacra au travail et aux tâches quotidiennes, créa des milliers de nouvelles entreprises et des cen-taines de milliers d’emplois, ce qui ne manqua pas de générer un fort courant d’immigration vers nos terres. (Beaucoup plus important que celui qui s’était produit au cours du premier tiers du XXème siècle).

La restauration de la démocratieA partir de la mort du général Franco, en 1975, la Generalitat fut rétablie avec le retour d’exil du Président Josep Tarradellas.

Avec la restauration du Statut d’Autonomie en 1980, le rétablissement du Parlement de Cata-logne et la consolidation progressive du gouver-nement de la Generalitat, s’est entamé un lent processus de redressement national, jalonné de difficultés principalement dues au néo-centra-lisme de l’Etat espagnol et à l’asphyxie écono-mique dans laquelle il nous maintient.

EpiloguePar des apports successifs tout au long de son histoire, notre peuple a remarquablement contribué au progrès en Europe. Nous avons traversé des périodes très difficiles qui nous ont fait reculer, mais les apports des générations précédentes ont toujours été un point de réfé-

41résumé succInct de l’HIstoIre de la cataloGne

rence pour redresser des situations délicates et gagner encore en importance (voir le schéma suivant).

De plus, ces dernières années la Catalogne a été le fer de lance de la croissance de l’Etat espagnol dans son ensemble. Le temps est venu de re-connaître cette aide inestimable et de cesser de ponctionner notre économie de façon insensée. Il est temps aussi d’avancer vers un degré d’au-togestion beaucoup plus important de nos res-sources et infrastructures propres de manière à augmenter le bien-être de nos populations, et à poursuivre notre croissance en gardant notre ca-pacité de solidarité.

La Catalogne ne peut pas continuer de subir une spoliation énorme, de l’ordre 16.453 millions d’euros en 2010 soit 8,5 % de notre Produit in-térieur brut, qui freine la compétitivité de nos entreprises et limite nos ressources, nous empê-chant d’agir pleinement pour stimuler la créativi-té et l’innovation, accroître la prospérité de notre

peuple (en particulier les jeunes, les retraités et les chômeurs) et accueillir les immigrés qui nous viennent du monde entier.

Si la Catalogne maîtrisait pleinement ses res-sources nous serions l’un des premiers pays eu-ropéens en termes de revenu par habitant. Nos familles auraient de meilleures possibilités de remboursement de leurs crédits, de meilleures retraites, des foyers, des écoles et des universités mieux équipées, des aides sociales plus fortes, une meilleure capacité d’épargne et donc d’achat etc. Ainsi l’autogestion de nos ressources permet-trait d’importantes baisses d’impôt tant pour les personnes que pour les entreprises, de meilleurs services qui pour les entreprises se traduiraient par une plus grande compétitivité générale et la création d’emplois.

Nous ne pouvons pas non plus continuer à su-bir des attaques constantes relatives à nos traits identitaires en tant que peuple.

L’histoire d’un pays, c’est son chemin vers l’avenir

Maintenant il est temps, de faire, ensemble, un grand pas

en avant à la Catalogne

APP

ORT

S

-II -I I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII XIII XIV XV XVI XVII XVIII XIX XX XXI

Inco

rpor

atio

n à

l’em

pire

rom

ain

Chut

e de

l’Em

pire

Rom

ain

Inva

sion

des

Sar

razi

ns

Nai

ssan

ce d

e la

Cat

alog

neLi

ens

avec

l’O

ccit

anie

Bata

ille

de M

uret

Uni

on d

ynas

tiqu

e av

ec la

Cas

tille

Déc

aden

ce

Trai

té d

es P

yrén

ées

Gue

rre

de S

ucce

ssio

n

Ren

aixe

nça

Dic

tatu

re fr

anqu

iste

Res

taur

atio

n pr

ogre

ssiv

e

Rec

onqu

ête

de M

ajor

que

et

du P

ays

Vale

ncie

n, e

xpan

sion

m

édit

erra

néen

ne

Schéma générique du processus contributif de la Catalogne

SIECLES

42APPORTS CATALANS UNIVERSELS

La Catalogne doit pouvoir exercer librement son droit à décider de son avenir politique en tant que nation pleinement reconnue au sein de l’Union Européenne

Après avoir intégré l’Union Européenne, et alors que nous avons mené une internationalisation progressive de notre économie, nous nous trou-vons à un moment-clé.

Les générations actuelles, incluant tous les gens venus d’ailleurs, doivent bien comprendre les dé-fis que pose ce monde global dans lequel on ne peut s’intégrer avec succès qu’en répondant aux six facteurs d’excellence R+D + 4 i: recherche, dé-veloppement, Innovation, identité, rayonnement et infrastructures.

Le facteur identité inclut la créativité, l’auto-affir-mation, le capital intellectuel, les valeurs sociales et culturelles et enfin l’image de marque ou de produit.

Le facteur impact comprend l’internationalisa-tion, la connectivité en ligne, les alliances straté-giques, la capacité à contribuer et à rester compé-titifs dans un monde global.

Le facteur infrastructure prend en compte les aspects éducatifs, logistiques, technologiques, fi-nanciers…

Le facteur identité est particuliè-rement important pour les en-treprises et pour le pays si nous voulons construire une société civile forte et unie afin de nous élever au-dessus des courants ap-pauvrissants de la pensée unique.

Nous devons donc être conscients de l’obligation dans laquelle nous nous trouvons d’obtenir les ou-tils d’autogestion indispensables pour jouer en Europe, le rôle qui nous revient. Sinon, nous pour-rions entrer dans une phase de grave régression.

Comme nous l’avons dit en in-troduction, la possibilité d’enta-mer ce nouveau millénaire par

un troisième redressement définitif pour notre peuple est à portée de mains.

Géographiquement, nous occupons un lieu stra-tégique au sein de l’Europe latine et nous sommes reliés par des vecteurs socio-économiques lin-guistiques, culturels et historiques à une grande zone que nous pourrions appeler « Euro-espace latin central » (un euro-espace parfaitement identifié par des économistes de réputation mondiale comme Kenichi Ohmae ou Richard Florida comme l’une des grandes macro-régions économiques du monde). Cet espace présente des probabilités de développement économique et social optimales du fait de l’émergence de la Méditerranée. Une émergence qui se profile dans les relations socioéconomiques croissantes de l’Union Européenne avec l’Asie et l’Afrique du nord, qui justement passent, au moyen d’importants flux logistiques, par la Méditerranée. (Voir an-nexe V).

De plus, dans cet Euro-espace appelé « Barce-Lyon » par Richard Florida se produit la confluence de deux des grands vecteurs de progrès de l’Union

Euro-espace Barcelone Lyon ou euro-espace latin central

Extension territoriale de la langue occitane

Extension territoriale de la langue catalane

Autres territoires liés à l’Euro-espace latin central

Autres territoires de l’Europe latine

43résumé succInct de l’HIstoIre de la cataloGne

Européenne : le grand axe FERRMED, (Grand Axe Ferroviaire Scandinavie-Rhin-Rhône-Méditerra-née Occidentale) qui unit toutes les régions éco-nomiques locomotives de l’Union Européenne et touche l’Afrique du nord) et l’axe de la Méditerra-née (qui va du Proche-Orient à la péninsule Ibé-rique et canalise le trafic intercontinental le plus important du monde).

L’Union Européenne se dirige vers une dimension socio-économique articulée selon trois grands vecteurs émergents de progrès. Nous avons déjà cité FERRMED (ou EULER European Union Loco-motive Economic Regions) et Méditerranée, il existe aussi un axe Euro-asiatique (qui va de la Grande-Bretagne aux pays de l’est).

Le point de croisement de ces différents vecteurs est donc logiquement le lieu où les conditions de développement, dans tous les sens du terme sont les meilleures.

Le secteur sud de l’Angleterre, le Benelux, le nord de la France et la partie nord-ouest de l’Allemagne sont le point de croisement des vecteurs FERRMED et Euro-asiatique. L’Euro-es-pace latin central (c’est-à-dire le sud-est de la France et la partie orientale de la péninsule Ibérique auxquels il convient d’ajouter la par-tie nord-ouest de la péninsule italienne) sont le point de convergence des vecteurs FERRMED et Méditerranée.

Par ailleurs Barcelone est le siège du Secréta-riat permanent de l’Union pour la Méditerranée. C’est une immense opportunité que nous devons mettre à profit.

C’est maintenant que notre société civile (comme elle le fit si magistralement à l’époque de la Renaixença) doit s’engager et diriger des projets à portée européenne, ou qui concernent toute l’Union pour la Méditerranée, qui puissent par rebond bénéficier à notre peuple. Nous devons gagner une nouvelle dimension avec des apports pertinents dont la portée doit être mondiale.

Tout cela, sans oublier les actions engagées pour gagner notre droit à décider.

Cela, nous pouvons le faire à condition que parti-cipent à tous ces projets enthousiasmants toutes sortes d’entreprises, d’entités et d’organismes di-vers, et toutes les bonnes volontés qui vivent et travaillent chez nous, sans aucune exclusive.

Cela dépend de nous tous.

Enfin, il nous paraît juste de rendre hommage à tant et tant de gens autochtones ou venus du monde entier (qui ont fait de notre pays le leur et s’y sont pleinement intégrés), qui par leurs ef-forts ont contribué et continuent de contribuer à faire qu’aujourd’hui, malgré les défis qui nous at-tendent, nous puissions tous ensemble envisager l’avenir de la Catalogne dans l’espérance.Les trois grands vecteurs de progrès

de l’Union Européenne.

Union pour la Méditerranée.

44APPORTS CATALANS UNIVERSELS

Généalogie de la maison de Catalogne (878 -1410)

Guifred le Velu(878-897)

(m. 897)

Guifred II Borreil(897-911)

(m. 911)

Raimond Borreil I(992-1017)

(972-1017)

Bérenger Raimond I le Courbé(1017-1035)

(1006-1035)

Raimond Bérenger II Cheveux d’Etoupes

(1076-1082)(1053-1082)

Raimond Bérenger III le Grand

(1096-1131)(1082-1131)

Raimond Bérenger IV le Saint

(1131-1162)(1113-1162)

Petronille Reine d’Aragon(1137-1162)

(1136-1173)

Alphonse le Chaste(1162-1196)

(1154-1196)

Pierre Ier le Catholique(1196-1213)

(1177-1213)

Jacques I le Conquérant

(1213-1276)(1208-1276)

Jacques II de Majorque(1276-1311)

(1243-1311)

Ferdinand de Majorque(1278-1316)

Sanche I de Majorque

(1311-1324)(m. 1324) Jacques III de Majorque

(1324-1349)(1315-1349)

Jacques IV de Majorque(1337-1375)

Pierre II le Grand(1276-1285)

(1240-1285)

Constance de Sicile(1247-1302)

Alphonse II le Franc(1285-1291)

(1265-1281)

Jacques II le Juste(1291-1327)

(1267-1327)

Pierre III le Cérémonieux(1336-1387)

(1319-1387)

Martin l’Humain(1396-1410)

(1356-1410)

Martin I de Sicile(1376-1409)

COMPROMIS DE CASPE

Jean I le chasseur(1387-1396)

(1350-1396)

Violant de Bar(1363-1431)

Eléonore de Sicile(1325-1375)

Marie de Luna(1357-1406)

Alphonse III le Débonnaire(1327-1336)

(1299-1336)

Thérèse d’Entença(m. 1372)

Blanche d’Anjou(1283-1310)

Frédéric II de Sicile(1272-1337)

(Initiateur de la maison Barcelone

a Sicile)

Sancha de Castille(1154-1208)

Marie de Montpellier(1181-1213)

Violant de Hongrie(1216-1251)

Douce de Provence(v. 1095-1128)

Bérenger Raimond II le Fratricide(1082-1096)(1053-v. 1099)

Raimond Bérenger I le Vieux(1035-1076)

(1023-1076)

Almodis de la Marche(m. 1071)

Ermessende de Carcassonne(972-1058)

Sancha de Castille(m. 1027)

Mafalda de Pouilles-Calabre(v. 1059-v. 1112)

Sunyer 1er

(911-947)(m. 950)

Miró Ier

(947-966)(m. 966)

Borreil II(947-992)

(915-992)

Guinehilde

Garsende

Letgarde de Rouergue

Riquilde

v. 993

1021

1052

1078

1112

1150

1174

1204

1235

1262

1295

1314

1349

13721380

Annexe I

45résumé succInct de l’HIstoIre de la cataloGne

Annexe II

Annexe III

Généalogie de la maison de Trastamare (1412-1555)

Généalogie de la maison des Habsbourg (1516-1700)

Ferdinand I(1412-1416)

(1380-1416)

Alphonse IV le Magnanime

(1416-1458)(1396-1458)

Jean II(1458-1479)

(1398-1479)

Jeanne I(1516-1555)

(1479-1555)

Jean(1509-1509)

Jean prince de Gérone

(1478-1497)

Ferdinand II(1479-1516)

(1452-1516)

Aliénor d’Albuquerque(m. 1436)

Jeanne Enriquez(1425-1468)

Isabelle de Castille(1451-1504)

Germaine de Foix(1488-1537)

Marie de Castille(1401-1458)

1393

1415 1447

1506 1469

Maximilien I Empereur(1459-1519)

Jeanne I de Catalogne-Aragon(1516-1555)

(1479-1555)

[Jeane I de Castille (1504-1555)]

Marie de Bourgogne(1457-1482)

Philippe I de Castille(1478-1506)

Anne d’Autriche(1549-1580)

Marguerite d’Autriche(1584-1611)

Marianne d’Autriche(1635-1696)

Marianne de Neubourg(1667-1740)

Marie-Louise d’Orléans(1662-1689)

Charles I(1516-1556)

(1500-1558)

[Charles Quint (1519-1556)][Charles Ier de Castille (1516-1556)]

Ferdinand I(empereur, 1556-1564)

(1503-1564)

[branche germanique]

Philippe II de Castille(1556-1598)

(1527-1598)

[Philippe Ier de Catalogne-Aragon (1556-1598)][Philippe Ier du Portugal (1580-1598)]

Philippe III de Castille(1598-1621)

(1578-1621)

[Philippe II de Catalogne-Aragon (1598-1621)][Philippe II du Portugal (1598-1621)]

Philippe IV de Castille(1621-1665)

(1605-1655)

[Philippe III de Catalogne-Aragon (1621-1665)][Philippe III du Portugal (1621-1640)]

Charles II(1665-1700)

(1661-1700)

[Charles II de Castille (1665-1700)]

Isabelle de Portugal(1503-1539)

1477

1496

1570

1599

1649

1679 1690

1526

GUERRE DE LA SUCCESSION

MAISON DE TRASTAMARE(Voir Annexe 2)

46APPORTS CATALANS UNIVERSELS

Présidences et présidents de la Generalitat de Catalogne (1359-2010)

1 Berenguer de Cruïlles 1359 - 1362

2 Romeu Sescomes 1363 - 1364

3 Ramon Gener 1364 - 1365

4 Bernat VallèsRomeu Sescomes

1365 - 13671375 - 1376

5 Joan I d’Empúries 1376

6 Guillen de Guimerà i d’Abella 1376 - 1377

7 Galceran de Besora i de CartellàRamon Gener

1377 - 13781379 - 1380

8 Felip d’Anglesola 1380

9 Pere de Santamans 1381 - 1383

10 Arnau Descolomer 1384 - 1389

11 Miquel de Santjoan 1389 - 1396

12 Alfons de Tous 1396 - 1413

13 Marc de Vilalba 1413 - 1416

14 Andreu Bertran 1416 - 1419

15 Joan Desgarrigues 1419 - 1422

16 Dalmau de Cartellà i Despou 1422 - 1425

17 Felip de Malla 1425 - 1428

18 Domènec Ram i LanajaMarc de Vilalba

1428 - 1431 1431 - 1434

19 Pere de Palou 1434 - 1437

20 Pere de Darnius 1437 - 1440

21 Antoni d’Avinyó i de Moles 1440 - 1443

22 Jaume de Cardona i de Gandia 1443 - 1446

23 Pero Ximénez de Urrea 1446 - 1449

24 Bertran Samasó 1449 - 1452

25 Bernat Guillem Samasó 1452 - 1455

26 Nicolau Pujades 1455 - 1458

27 Antoni Pere Ferrer 1458 - 1461

28 Manuel de Montsuar i Mateu 1461 - 1464

29 Francesc Colom 1464 - 1467

30 Ponç Andreu de Vilar 1467 - 1470

31 Miquel Samsó 1470 - 1473

32 Joan Maurici de Ribes 1473 - 1476

33 Miquel Delgado 1476 - 1478

34 Pere Joan Llobera 1478 - 1479

35 Berenguer de Sos 1479 - 1482

36 Pere de CardonaPonç Andreu de Vilar

1482 - 14851485 - 1488

37 Juan Payo Coello 1488 - 1491

38 Joan de Peralta 1491 - 1494

39 Francí Vicenç 1494 - 1497

40 Pedro de Mendoza 1497 - 1500

41 Alfons d’Aragó 1500 - 1503

42 Ferrer Nicolau de Gualbes i Desvalls

1503 - 1504

43 Gonzalo Femández de Heredia 1504 - 1506

44 Lluís Desplà i d’Oms 1506 - 1509

45 Jordi Sanç 1509 - 1512

46 Joan d’Aragó 1512 - 1514

47 Jaume Fiella 1514 - 1515

48 Esteve de Garret 1515 - 1518

49 Bernat de Corbera 1518 - 1521

50 Joan Margarit i de Requesens 1521 - 1524

51 Lluís de Cardona i Enríquez 1524 - 1527

52 Francesc de Solsona 1527 - 1530

53 Francesc Oliver i de Boteller 1530 - 1533

54 Dionís de Carcassona 1533 - 1536

55 Joan Pasqual 1536 - 1539

56 Jeroni de Requesens i Roís de Liori

1539 - 1542

57 Miquel Puig 1542 - 1545

58 Jaume Caçador 1545 - 1548

59 Miquel d’Oms i de Sentmenat 1548 - 1551

60 Onofre de Copons i de Vilafranca

1551 - 1552

61 Miquel de Ferrer i de Marimon 1552

62 Joan de Tormo 1552 - 1553

63 Miquel de Tormo 1553 - 1554

64 Francesc Jeroni Benet Franc 1554 - 1557

65 Pere Àngel Ferrer i Despuig 1557 - 1559

66 Ferran de Lloaces i PeresMiquel d’Oms i de Sentmenat

1559 - 15601560 - 1563

67 Onofre Gomis 1563 - 1566

68 Francesc Giginta 1566 - 1569

69 Benet de Tocco 1569 - 1572

70 Jaume Cerveró 1572 - 1575

71 Pere Oliver de Boteller i de RiquerBenet de Tocco

1575 - 1578

1578 -1581

Annexe IV

47résumé succInct de l’HIstoIre de la cataloGne

72 Rafael d’Oms i Llull 1581 - 1584

73 Jaume Beuló Pere Oliver de Boteller i de Riquer

15841584 - 1587

74 Martí Joan de Calders 1587

75 Francesc Oliver de Boteller 1587 - 1588

76 Jaume Caçador i Claret 1590 - 1593

77 Miquel d’AgullanaFrancesc Oliver de Boteller

1593 - 15961596 - 1598

78 Francesc Oliveres 1598 - 1599

79 Jaume Cordelles i Oms 1599 - 1602

80 Bernat de Cardona i de Queralt 1602 - 1605

81 Pere Pau Caçador i d’Aguilar-Dusai

1605 - 1608

82 Onofre d’Alentorn i de Botella 1608 - 1611

83 Francesc de Sentjust i de Castre 1611 - 1614

84 Ramon d’Olmera i d’Alemany 1614 - 1616

85 Miquel d’Aimeric 1616 - 1617

86 Lluís de Tena 1617 - 1620

87 Benet Fontanella 1620 - 1623

88 Pere de Magarola i Fontanet 1623 - 1626

89 Francesc Morillo 1626 - 1629

90 Pere Antoni Serra 1629 - 1632

91 Esteve Salacruz 1632

92 Garcia Gil de Manrique y Maldonado

1632 - 1635

93 Miquel d’Alentorm i de Salbà 1635 - 1638

94 Pau Claris i Casademunt 1638 - 1641

95 Josep Soler 1641

96 Bernat de Cardona i de Raset 1641 - 1644

97 Gispert d’Amat i Desbosc de Sant Vicenç

1644 - 1647

98 Andreu Pont 1647 - 1650

99 Paolo del Rosso 1650 - 1654

100 Francesc Pijoan 1654 - 1656

101 Joan Jeroni de Besora 1656 - 1659

102 Pau d’Àger i d’Orcau 1659 - 1662

103 Jaume de Copons i de Tamarit 1662 - 1665

104 Josep de Magarola i de Grau 1665 - 1668

105 Joan Pagès i Vallgornera 1668 - 1671

106 Josep de Camporrells i de Sabater

1671 - 1674

107 Esteve Mercadal i Dou 1674 - 1677

108 Alfonso de Sotomayor 1677 - 1680

109 Josep Sastre i Prats 1680 - 1683

110 Baltasar de Muntaner i de Sacosta

1683 - 1686

111 Antoni de Saiol i de Quarteroni 1686 - 1689

112 Benito Ignacio de Salazar 1689 - 1692

113 Antoni de Planella i de Cruïlles 1692 - 1695

114 Rafael de Pinyana i Galvany 1695 - 1698

115 Climent de Solanell i de Foix 1698 - 1701

116 Josep Antoni Valls i PandutxoAntoni de Planella i de Cruïlles

17011701 - 1704

117 Francesc de Valls i Freixa 1704 - 1705

118 Josep Grau 1706 - 1707

119 Manuel de Copons i d’Esquerrer 1707 - 1710

120 Francesc Antoni de Solanell i de Montellà

1710 - 1713

121 Josep de Vilamala 1713 - 1714

Présidents de la Mancomunitat de Catalogne

Enric Prat de la Riba i SarràJosep Puig i Cadafalch

1914 - 19171917 - 1924

Présidents de la Generalitat de Catalogne restaurée

122 Francesc Macià i Llussà 1931 - 1933

123 Lluís Companys i Jové (exilé en 1939 et 1940 jusqu’à son arrestation par la Gestapo. Il fut fusillé à Barcelone par ordre du général Franco)

1933 - 1940

124 Josep Irla i Bosch (à l’exile) 1940 - 1954

125 Josep Tarradellas i Joan (à l’exile jusqu’à 1977)

1954 - 1980

126 Jordi Pujol i Soley 1980 - 2003

127 Pasqual Maragall i Mira 2003 - 2006

128 José Montilla i Aguilera 2006 - 2010

129 Artur Mas i Gavarró 2010 - Source: Generalitat de Catalunya

La période de la régence de 1367-1375, due à la décision de la Cort de Vilafranca de suspendre les députés résidant à Barcelone, n’est pas prise en compte.

48APPORTS CATALANS UNIVERSELS

Le poids démographique et socio-économique de la Catalogne, des Pays de Langue catalane et de la méga-région Barcelone-Lyon dans l’Union européenne

Rang démographique

Dans l’ensemble de l’Union Européenne des 28

• La Catalogne occupe la 17 ème place compa-rée à chacun des états existants

• Les pays de langue catalane (ou Pays Cata-lans) occupent la 9ème place

• La méga-région Barcelone-Lyon occupe la 6ème place

Rang socio-économique

Malgré la ponction fiscale qu’elle subit, la Ca-talogne est l’une des grandes régions écono-miques motrices de l’Union Européenne des 28. Elle occupe la douzième place en termes de PIB, et l’ensemble des Pays Catalans le huitième.

La méga-région économique nommée Barcelone-Lyon par Richard Florida (qui comprend les Pays de langue catalane et la majeure partie des pays de langue occitane plus Murcie et la région franco-provençale de Rhône-Alpes) occupe pour sa part le cinquième rang de l’Union (selon le classement établi par ce même Richard Florida à propos de la génération d’activité économique des grandes méga-régions européennes basées sur des techniques spatiales et statistiques et sur l’émanation de lumière (LRP).

D’après le livre Who’s your city ? de Richard Florida NY (USA) 2008 « La méga-région binationale Barcelone-Lyon est habitée par plus de 25 millions de personnes qui produisent 610.000 millions de dollars en LRP. »

Les Européens du nord ont élu cette région comme destination de vacances pendant longtemps mais main-tenant de plus en plus de travailleurs s’y installent.

Une importante ministre hollandaise œuvrant dans le secteur industriel m’a confié en privé qu’elle était « préoccupée par la perte d’entreprises nord-européennes attirées par le climat, la beauté et la densité des talents de ce corridor ensoleillé ».

En fait, cette macro-région ne cesse de se développer territorialement et démographiquement, si bien qu’en 2013, plus de 30 millions de personnes y vivent et qu’elle a gagné une place dans le classement de la production de richesse.

Annexe V

Génération d’activité économique des grandes mégarégions européennes, classement mondial

49résumé succInct de l’HIstoIre de la cataloGne

Bibliographie aBadal, Ramon d’, Dels visigots als catalans. Barce-

lone: Edicions 62, 1969.alBertí, Santiago, L’Onze de Setembre. Barcelone: Al-

bertí Editor. 1964.armengaud, André et Robert Lafont. Històrie d’Oc-

citánie. Paris: Hachette, 1979.Atles d’història de Catalunya. Barcelone: Edicions 62,

1995.BalCells, Albert. (coord.). Història dels Països Catalans.

Barcelone: EDHASA, 1980-1981.Bel, Mar, Carles Castellanos et Manel Zabala. Diccio-

nari Bàsic Occità-Català/Glossari Català-Occità. 2007. Eurocongrés 2000. Barcelone: Rúbrica Edito-rial – Fundació Occitano Catalana, 2007.

Benet, Josep, Catalunya sota el règim franquista. Bar-celone: Ed. Blume, 1978.

Biografies catalanes. Barcelone: Teide et Vicens Vives. Catalans al món. Atles de la presència catalana al món

998-2008. Barcelone: Enciclopèdia Catalana, 2009.Cent anys de catalanisme. Barcelone: Generalitat de

Catalunya, 1993.Cronologia dels Països Catalans. Barcelone: Congrés

de Cultura Catalana. Els catalans a Sicília. Barcelone: Generalitat de Cata-

lunya. 1992. FERRMED Great Axis Rail Freight Network Global

Study: Feasibility, Conslusions and Recomenda- tions. Bruxelles: FERRMED ASBL, 2009.

Figueres, Josep M. (coord.), Catalunya i els tractats internacionals. Eurocongrés, 2000. Barcelone: Fun-dació Occitano Catalana, 2003.

— Col·loqui d’Història Medieval Occitanocatalana. Eu-rocongrés, 2000. Barcelone: Fundació Occitano Ca-talana, 2004.

— Col·loqui Catalano-Occità d’Història Contem-porània. Eurocongrés, 2000. Barcelone: Fundació Occitano Catalana, 2004.

Florida, Richard, Who’s your city. New York: Basic Books, 2008.

Les Quatre Grans Cròniques, préface et notes de Fer-ran Soldevila. Barcelone: Editorial Selecta, 1971.

ohmae, Kenichi, The End of the Nation State, The Rise of Regional Economies. London: Collier Macmillan LTD, 1995.

Palestra. Centenari de la Renaixença Catalana (1933). Pons i novell, Jordi et Ramon Tremosa i Balcells, L’es-

poli fiscal, una asfíxia premeditada. Valence: Edi-cions 3 i 4, 2004.

Proposta per a Europa (Conclusions generals de l’Euro-congrés 2000). Barcelone: Fundació Occitano Ca-talana, 2003.

reglÀ, Joan (dir.), Història de Catalunya. Barcelone: Editorial AEDOS, 1969-1972.

roCa, Francesc, Proposta d’una Història de Catalunya en positiu. Barcelone: ACCAT, 2002.

rovira i virgili, Antoni, Història nacional de Catalu-nya, volums 1-8. Barcelone: Edicions Pàtria, 1922-1934. [Completée par Jaume Sobrequés.]

serra i roCa, M., Història general de Catalunya. Barce-lone: Miquel Seguí, Editor, 1920.

soBrequés, Jaume, Història de Catalunya. Barcelone: Ed. Base, 2007.

soldevila, Ferran, Història de Catalunya. Barcelone: Ed. Alpha, 1934-1935.

soldevila, Ferran (dir.), Història dels catalans. Barce-lone: Edicions Ariel, 1961-1970.

soldevila, Ferran et Miquel Coll i Alentorn, Resum d’història dels Països Catalans. Barcelone: Ed. Bar-cino, 1974.

trueta, Josep, The Spirit of Catalonia. Oxford Univer-sity Press. 1946.

vilar, Pierre, Catalunya dins l’Espanya moderna. Bar-celone: Edicions 62, 1964.

vilar, Pierre et Josep Termes (dirs.), Història de Cata-lunya. Barcelone: Edicions 62, 1987.