Résumé Exécutif UE B · 2019-11-13 · RESUME EXECUTIF Cartographie de la gouvernance...

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Cartographie de la gouvernance sectorielle des organisations de la société civile ivoirienne

Résumé exécutif

Cartographie sectorielle des organisations

de la société civile ivoirienne

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RAPPORT GENERAL

RESUME EXECUTIF

Cartographie de la gouvernance sectorielle

des organisations de la société civile ivoirienne

Financé par: Réalisé par:

3


Sommaire

Rappel…. …………………………………………………………………………………………………………………………...5

Les avatars de la société civile ivoirienne

……………………………………………………………………………………………………………………………………...…..7

1. La légitimité de l’engagement citoyen en Côte d’Ivoire

………………………………………………………………………………………………………………………………………...7

2. Sens et rationalité de l’engagement citoyen en Côte d’Ivoire

……………………………………………………………………………………………………………………………………..…13

3. Grammaire des organisations de la société civile ivoirienne

…………………………………………………………………………………………………………………..……………………16

4. Les grandes tendances de la société civile ivoirienne .

……………………………………………………………………………………………………………………………….………21

5. Evaluation de la contribution de s organisations de la société civile à la gouvernance publique

………………………………………………………………………………………………………………….…….….………..25

6. Ancrage territorial de l’engagement associatif en Côte d’Ivoire

……………………………………………………………………………………………………………………………...………46

7. Perspectives pour une contribution accrue de la société civile à la gouvernance pu-

blique……………………………………………………………………….………………………………………….………..50

4


Table des graphiques

Graphique 1: Proportion d’enquêtés ayant déjà appartenu à une OSC…………..……………..….….9

Graphique2: Familiarité des populations avec les OSC………………………………...….………………..…..9

Graphique3: Comparaison de l’audience populaire des OSC avec d’autres institutions…….10

Graphique4: Adhésion populaire à l’implication des OSC dans la gouvernance publique …..10

Graphique 5: Perception des OSC comme « partenaires » de l’Etat……………………………………...10

Graphique 6: Proportion de décideurs ayant travaillé avec des OSC……….…………………………….11

Graphique 7: Proportion de décideurs ayant eu des relations avec des OSC………………………..11

Graphique 8: Typologie des axes d’intervention des OSC en Côte d’Ivoire…………………………….14

Graphique 9 : Evolution de la création des OSC en Côte d’Ivoire……………………………………….….17

Graphique 10: Les acteurs des OSC en Côte d’Ivoire……………………………………………………………....19

Graphique 11: Spécialisation sectorielle/ multisectorielle des OSC…………………………………..…....22

Graphique 12: Satisfaction des OSC en matière de participation aux processus décisionnels...27

Graphique 13: Evaluation des capacités des OSC en matière de contribution à la gouvernance …….

………………………………...…………………………………………………………………………..….……………………………..28

Graphique 14: ……………………………………………………………………………………….……………………………….29

Graphique 15: Appréciation des interactions entre OSC et décideurs ….……………………………..29

Graphique 16: Evaluation des compétences juridiques des OSC…………….…………………………….30

Graphique 17: Evaluation des capacités d’influence des OSC……………………………………………….31

Graphique 18: Appréciation globale de la contribution des OSC à la gouvernance ……….……32

Graphique 19 : Participation des OSC aux processus décisionnels……………………...……….……….34

Graphique 20: Perception des relations OSC et décideurs…………………….…………………….………35

Graphique 21: Capacités techniques des OSC……………………………………………………………….……..36

Graphique 22: Contribution des OSC………………………………………………………………...…………………36

Graphique 23: Appréciation globale de la contribution des OSC………………………………..………37

Graphique 24: Connaissances juridiques et administratives des OSC…………………….……………39

Graphique 25: Capacité des OSC à construire l’influence…………………………………………..………40

Graphique 26: Evaluation globale de la contribution des OSC……………………………………….……40

Graphique 27: Participation des OSC aux processus décisionnels………………………………………...44

Graphique 28: Capacités des OSC en matière de Politiques Publiques………………………………...44

Graphique 29: Evaluation de la contribution globale des OSC à la gouvernance……………..….45

Graphique 30: Capacité des OSC à construire l’influence ……………………………………………………45

5


Graphique 31: Compétences des OSC en matière d’évaluation des Politiques publiques…………..46

Graphique 32 Les secteurs prioritaires d’intervention selon les régions ………………………………...…47

Graphique 33 Perception de la participation des OSC selon les régions……………………………...……48

Graphique 34: Appréciation de la contribution à la transparence des politiques publiques par région

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………..49

Graphique 35: Evaluation de la capacité des OSC par région à faire respecter la primauté du droit

…………………………………………………………………………………………………………………………….…………………....49

Graphique 36: Evaluation de la capacité des OSC à contribuer à la reddition de compte suivant la

région………………………………………………………………………………………………...…………………………………..….50

Graphique 37: Evaluation de la capacité des OSC à influencer l’efficacité et l’efficience des poli-

tiques publiques par région ………………………………………...…………………………………………………………...50

Table des tableaux

Tableau 1: Tableau des types d’appellations des OSC…………………………………….…………………………6

Tableau 2: Perception des populations en faveur d’une légitimation de l’action publique des

OSC…………………………………………………………………………………………………………….………………………….…10

Tableau 3: Mise en relief des attentes de l’implication publique des OSC de la part des populations

…………………………………………………………………………………………………………………………………………….…...15

Tableau 4: Typologie d’action des OSC…………………………………………………………………………….…….16

Tableau 5 : Tableau récapitulatif des besoins des OSC…………………………………………………………...54

Table des schémas

Schéma 1: Le répertoire d’actions des OSC ivoiriennes …………………………………………..………………16

Schéma 2: Les logiques sociohistoriques de la création des OSC…………………………………………..….18

Schéma3: Les trois dimensions de l’engagement citoyen en Côte d’Ivoire……………………….………18

Schéma 4: Les axes d’intervention des OSC dans les secteurs à caractère politique…...…………....26

Schéma 5: Analyse SWOT des OSC dans les secteurs à caractère politique ……………………..………27

Schéma 6: Axes d’intervention des OSC dans les secteurs à caractère sociétal………………………...33

Schéma 7: Analyse SWOT des OSC œuvrant dans les secteurs à caractère sociétal ……….………...34

Schéma 8: Axes d’intervention des OSC des secteurs économiques……………………………………........38

Schéma 9 Analyse SWOT des OSC des secteurs économiques………………………………………………....39

Schéma 10: Axes d’intervention des OSC dans les secteurs à caractère environnemental….. …....42

Schéma 11: Evaluation SWOT des OSC dans les secteurs liés à l’environnement …………..…………..43

6


La société civile est souvent perçue comme un « mythe », une sorte d’arte-fact intellectuel insaisis-sable, difficile à identifier.

Il s’agira moins dans le cadre de ce rapport, de la société civile que des orga-nisations de la société civile qui se présentent comme un complexe hétéroclite d’institutions sociales non étatiques.

Rappel

Le renforcement des processus démocratiques et l’amélioration de la gouvernance nécessitent une implication qualitative des acteurs de la société civile dans les processus de prise de déci-sion. C’est à cet effet que, depuis quelques décennies, les orga-nisations de la société civile tentent de s’imposer comme des catalyseurs de mutations sociopolitiques. Au regard de cette donne appelée à se renforcer, et prenant en compte toute l’im-portance de cette réalité, l’Union Européenne a entrepris di-verses actions visant à soutenir ces acteurs devenus incontour-nables. En 2010, elle a initié une Cartographie des organisations de la société civile en Côte d’Ivoire qu’elle a renouvelée en 2011 eu égard à la crise politico-militaire qui a secoué le pays. Depuis lors, la situation sécuritaire, économique, politique et sociale ayant profondément évolué, les organisations de la so-ciété civile ont connu de grandes mutations en leur sein. Il s’est avéré opportun d’entreprendre un nouvel état des lieux de la société civile ivoirienne afin de saisir ses caractéristiques essen-tielles, ses mutations profondes mais surtout la jauger à l’aulne de sa contribution à la gouvernance publique.

La présente cartographie révèle les invariants de l’engagement citoyen ainsi que les grandes tendances des organisations de la société civile ivoirienne. Afin de mieux saisir l’impact de l’enga-gement citoyen dans la gestion des affaires publiques, il a été envisagé dans le cadre de ce mapping, une analyse de la con-tribution sectorielle des OSC à la bonne gouvernance. Ainsi, il s’est agi d’explorer la contribution des organisations de la so-ciété civile dans onze secteurs identifiés comme cibles à partir d’échantillons1 d’OSC et d’institutions réparties sur toute l’éten-due du territoire national.

La société civile, un complexe d’institutions sociales

La société civile est souvent perçue comme un « mythe », une sorte d’artefact intellectuel insaisissable, difficile à identifier. Elle n’existerait qu’au travers de ces avatars, de ces organisations qui lui donnent vie. Comme tout espace social, elle fonctionne surtout avec des institutions, des structures organisationnelles, mais aussi des normes et des pratiques. C’est pourquoi, il s’agi-ra moins dans le cadre de ce rapport, de la société civile que des organisations de la société civile qui se présentent comme un complexe hétéroclite d’institutions sociales non étatiques.

Les avatars de la société civile en Côte d’Ivoire

L’un des traits marquants de la société civile ivoirienne est sa grande richesse assortie d’une diversité profonde comme l’il-lustre le tableau 2.

7


Type de structure Nombre Type de structure Nombre Type de structure Nombre

ASSOCIATION 2089 LIGUE 19 OBSERVATOIRE 3

ONG 1549 INITIATIVE 17 REGROUPEMENT 3

INDEFINI3 1529 COOPÉRATIVE 16 ESPACE 3

MUTUELLE 622 COORDINATION 16 CONGRÈS 2

UNION 316 FONDS 14 CHORALE 2

CLUB 180 FRATERNITÉ 12 CARREFOUR 2

FONDATION 158 CHAMBRE 12 SYNERGIE 2

AMICALE 155 PROGRAMME 11 FONDS 2

EGLISE 138 SYNDICAT 10 CAMP DE PRIERE 2

UNION - 133 ASSISTANCE 9 CLUB 2

ORGANISATION 110 CAISSE 9 ORDRE 2

COMITE 105 INSTITUT 21 ECOLE 1

CENTRE 104 BUREAU 7 CONSORTUIM 1

FEDERATION 82 RASSEMBLEMENT 7 OFFICE 1

MOUVEMENT 184 CONGREGATION 7 AGENCE 20

RÉSEAU 66 CELLULE 6 LABORATOIRE 1

GROUPEMENT 58 COALITION 6 MONASTERE 1

CERCLE 38 PLATEFORME 6 ORGANISME 1

THINK THANKS 38 MISSION 5 CONFRERIE 1

SOCIÉTÉ 35 CONFEDERATION 5 COMPAGNIE 1

COLLECTIF 35 MUTUALITÉ 5 TROUPE 1

COMMUNAUTE 34 SERVICE 4 CONFERENCE 1

GROUPE 33 FOYER 4 FILLIERE 1

ALLIANCE 31 PARTI4 4 NC 1

CONSEIL 28 CAISSE DE SOLIDA-RITE

3 SECRETARIAT 1

ACADEMIE 27 ASSEMBLÉE 4 CONVENTION 1

SOLIDARITÉ 22 ENTENTE 4 CHAMBRE 1

GROUPEMENT D’INTERET

22 COOPÉRATION 3

Tableau13: Tableau des types d’appellations des OSC

8


Il s’avère stérile de ten-

ter de construire une

quelconque typologie

sur la base de ces dé-

nominations dont la

rationalité intrinsèque

reste à maints égards

hypothétique.

En réalité, les différentes appellations ou « identités statu-taires » (fonds, mutuelles, ONG, congrégation, église, asso-ciations, etc.) n’apparaissent, in fine, que comme des créa-tions nominatives qui fixent des spécificités d’action sans innovations structurelles. C’est pourquoi, il s’avère stérile de tenter de construire une quelconque typologie sur la base de ces dénominations dont la rationalité intrinsèque reste à maints égards hypothétique. Toutefois, il convient de ne guère oblitérer les éventuelles différences voire antago-nismes de logiques qui peuvent mouvoir ces organisations et qui consacrent le caractère hétéroclite de l’essence et de la rationalité des OSC. Par exemple, il est évident que les buts poursuivis par les églises et les syndicats n’ont pas tou-jours grand-chose en commun. C’est aussi pareil dans le cas des objectifs des think tanks qui ne devraient pas être très proches de ceux des chorales. Il n’apparaît donc pas essen-tiel de s’appesantir, dans le contexte ivoirien, sur les noms que prennent les OSC pour en déduire une éventuelle typo-logie.

Notes

1. Tableau de répartition de l’échantillonnage

2. Ce tableau a été réalisé à partir des organisations régulièrement inscrites à la Direction Générale de l’Administration du Territoire (DGAT), autorité administrative en charge de la « vie associative » et habilitée à recevoir d’une part les demandes d’autorisation de création des organisations de la société civile et décerner d’autre part les agréments. Nous avons donc travaillé sur la base des agréments donnés entre 1919, date du premier agrément et juin 2017.

3. Le terme indéfini fait référence aux noms d’organisations n’ayant aucune base typologique.

4. Avant l’adoption en 1993 de la loi sur les partis politiques en Côte d’Ivoire, ceux-ci relevaient jusque-là de la loi rela-tive aux associations

OSC 1300

Autorités locales 282

Partenaires

Techniques et Financiers 3

Ministères 8

Populations 1100

9


1.

La légitimité de

l’engagement

citoyen en Côte

d’Ivoire

Il ne saurait avoir de participation légitime à l’espace public qui ne procède d’une forme de légitimité. Celle-ci, dans une perspective wébérienne, peut s’avérer légale rationnelle, tradi-tionnelle ou charismatique1. Même si cette vision idéal-typique apparaît plutôt comme un projecteur et non un miroir de la réalité sociale, la légitimité résulte toujours d’un processus social.

Dans le contexte ivoirien, toute analyse de sur la participation et de la contribution de la société civile à la gouvernance doit s’appuyer sur les fondements et les formes d’expression de la légitimité dont guignent les organisations de la société civile. Ceci justifie pour une bonne part la construction, la structura-tion et l’exercice des interactions entre les différents acteurs. Car s’il n’existe aucun doute sur la forme légale rationnelle de la légitimité du pouvoir politique démocratique, il importe toujours de se demander dans quelle mesure celle-ci est con-ciliable avec le fonctionnement des acteurs de la société civile.

Plusieurs dispositions juridiques, mises en évidence dans ce rapport, ont permis de poser le cadre juridique de la création et du fonctionnement des organisations de la société civile. Ce cadre juridique consacre la reconnaissance de la société civile comme partie prenante de la communauté politique et sociale qui en détermine les modalités de fonctionnement.

Cependant, pour revendiquer une vraie participation à la gou-vernance publique, les acteurs de la société civile doivent pou-voir se prévaloir d’une légitimité dont la dimension « politique » doit se fonder sur une légitimation sociale et populaire forte.

Les fondements de la légitimité de l’engagement citoyen

Orienté vers la communauté, l’engagement citoyen apparaît comme une dimension de l’intégration sociale. Il émane de la conscience d’appartenance ainsi que forgée par des valeurs de justice, de solidarité et surtout d’utilité, en faveur des autres, en faveur de la communauté. Il peut se manifester comme une solution citoyenne à des enjeux politiques lato sensu. En Côte d’Ivoire, l’engagement citoyen est perçu comme d’une grande utilité. Celle-ci utilité dans une large mesure la question de la légitimité des OSC.

10


_________________________

Plus de 97% des autorités administratives reconnais-sent l’utilité des OSC

Même si plus de 50% des personnes enquêtées n’ont jamais adhéré à une organisation de la société civile, plus de 80%, cependant, affirment connaître des organisations de la société civile tandis que 77,31% pensent que les organisations de la société civile « jouent un rôle important » dans le pays. Ce plébiscite de l’engagement citoyen apparaît également confir-mé par la perception des autorités publiques pour qui l’oppor-tunité du militantisme citoyen semble admis. Ainsi, plus de 97% des autorités administratives reconnaissent l’utilité des OSC. Dans le contexte ivoirien, l’engagement public de la so-ciété civile semble d’autant plus précieux que les populations ivoiriennes confèrent aux organisations de la société civile une légitimité si forte qu’elles sont parfois perçues comme plus utiles que d’autres institutions constitutionnelles et légalement

bien ancrées.

Graphique 1: Proportion d’enquêtés

ayant déjà appartenu à une OSC

Graphique2: Proportion de familiarité

des populations avec les OSC

Graphique3: Comparaison de l’audience populaire des OSC avec d’autres institutions

11


Dans cette même perspective, les populations ivoiriennes reconnaissent la légitimité des OSC à assumer des responsabilités dans la gouvernance publique. Ainsi, plus de 90% des personnes enquêtées déclarent « accepter que les OSC jouent un rôle dans la gouvernance publique ». Elles sont presque autant à avouer « penser que l’Etat devrait permettre aux OSC de prendre une part active à la gouvernance publique ». Comme le montre le tableau ci-dessous, la perception de la légitimité des OSC se

cristallise autour de points saillants de la gouvernance qui confirment le vœu des populations à voir les OSC jouer un rôle important dans la gou-vernance publique. Qu’il s’agisse de faire participer les OSC à la prise de décision, qu’il s’agisse de l’intérêt à accorder à leurs idées et propositions, qu’il s’agisse du traitement qui doit leur être accordé en tant qu’institu-tions, les populations sont majoritairement favorables à une considéra-tion accrue pour les OSC.

.

Dans quelle mesure êtes-vous d’accord ou pas avec les propositions suivantes ?

Pas du tout d'ac-cord

Pas d'ac-cord

D'ac-cord

Assez d'ac-cord

Tout à fait d'ac-cord

L'Etat ivoirien doit associer les OSC à la prise de décision

3,13% 3,54% 28,85% 17,92% 46,56%

L'Etat ivoirien doit prendre en compte l'avis des OSC dans la prise de décisions

2,48% 2,89% 24,46% 20,12% 50,05%

L'Etat ivoirien doit davantage considérer les OSC

2,29% 3,13% 23,02% 18,33% 53,23%

Les OSC doivent être traitées au même titre que les Institutions de la Répu-blique telles que la Chambre des rois et chefs traditionnels

4,25% 10,98% 25,60% 19,48% 39,69%

Graphique4: Adhésion populaire à l’implication des OSC dans la gouver-

nance publique

Graphique 5: Perception des OSC comme « partenaires » de l’Etat

Tableau 2: Perception des populations en faveur d’une légitimation de l’action publique des OSC

12


Le principal instrument juri-

dique régissant la création

et la vie des organisations

de la société civile en Côte

d’Ivoire est la loi 60-315 du

21 septembre 1960 relative

aux associations.

Ceci semble déjà bien perçu par les décideurs publics qui di-sent « en tenir compte » dans leur gouvernance. Ainsi, plus de 80% des autorités publiques (locales et nationales) déclarent interagir avec les organisations de la société civile . Elles sont

presque 80% à soutenir avoir « déjà travaillé avec des OSC ».

Somme toute, il apparaît très clairement que les Ivoiriens plé-biscitent l’existence des organisations de la société civile qui paraissent à leurs yeux comme des institutions importantes de la société. Dès lors, il est surprenant de se rendre compte de l’immobilisme juridique qui a caractérisé le milieu associatif dont le caractère suranné du cadre juridique a souvent été déploré. Même s’il convient à ce niveau de saisir dans les nuances de l’appréciation des acteurs de la société civile la nécessité d’une véritable prudence réformatrice.

1.2 Le cadre juridique

Le principal instrument juridique régissant la création et la vie des organisations de la société civile en Côte d’Ivoire est la loi 60-315 du 21 septembre 1960 relative aux associ ations . Tou-tefois, il existe des dispositions supranationales dont l’intégra-tion à l’arsenal juridique ivoirien en fait des outils de légitima-tion des OSC. Dans le cadre de la présente cartographie, il ne s’est pas agi d’explorer de façon exhaustive toutes les disposi-tions juridiques existantes en la matière. Aussi, nous contente-rons nous d’évoquer quelques instruments qui nous paraissent

fondamentaux

Graphique 6: Proportion de décideurs ayant travaillé avec des OSC

Graphique 7: Proportion de décideurs entretenant ou

ayant eu des relations avec des OSC

13


Au niveau international

Pour la plupart des textes régionaux et internationaux, la prise en compte de la société civile dans l’action publique est toujours posée comme une nécessité de bonne gouvernance. Certaines dispositions l’affirment explici-tement. Il s’agit, entre autres, de :

♦ l’Accord de Cotonou ;

♦ le Protocole d’accord sur le MAEP de 2003 ;

♦ la Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance du 15 février 2012 ;

♦ le Protocole A/SP1/12/01 sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance additionnel au Protocole relatif aux Mécanismes de Prévention et de Ges-tion, de Règlement des Conflits, de Maintien de la Paix et de la Sécurité du 10 décembre 1999 .

On pourrait également évoquer :

♦ divers résolutions et engagements pris par dans le cadre des nations unies ;

♦ la norme ITIE du 23 Février 2016 ;

♦ l’Accord de Paris sur le climat de 2015.

Au niveau national

En plus de la loi 60-315 du 21 septembre 1960 relative aux associations, nous pouvons identifier :

♦ la loi n°2014-388 du 20 janvier 2014 portant promotion et protection des défenseurs des droits de l’homme et le décret n°2017-121 du 22 février 2017 portant modalité d’application ;

♦ la loi n°2012-1132 du 13 Décembre 2012 portant création, attributions, organisation et fonctionnement de la Commission Nationale des Droits de l’Homme de Côte d’Ivoire (CNDHCI) ;

♦ le décret n°2015-426 du 10 juin 2015 portant création de la Commission Nationale du Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs (CNMAEP) ;

♦ le décret n°2008-25 du 21 février 2008 portant création du Conseil Na-tional de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (CN-ITIE) ;

♦ le Plan National de Développement 2016-2020.

1.3 Les contingences de la participation de la société civile à l’espace

public ivoirien

Asymétrie et subsidiarité des rapports OSC et Etat

14


Acteurs de l’espace public, l’Etat et la société civile sont appelés, au travers de nombreux mécanismes juridiques, à coopérer pour une bonne gestion des affaires publiques.

Cependant plusieurs contraintes viennent freiner l’ardeur et compromettre l’harmonie de cette cohabitation institutionnelle.

Les rivalités entre Etat et société civile vont alors émaner de logiques di-verses et variées. Elles sont à la fois liées à des perceptions structurées par la méfiance et l’adversité, ainsi qu’aux aléas du partage de légitimité dans un contexte de divergence vocationnelle.

L’illusion de la légi�mité ins�tuée : les OSC aux prises avec les ruses de l’Etat

S’il est vrai que la légitimité des acteurs de la société civile a été renforcée ces dernières années par plusieurs dispositions juridiques au niveau inter-national, notamment les exigences des Accords de Cotonou, les contraintes introduites par les Partenaires Techniques et Financiers quant à l’implica-tion de la société civile dans la signature des accords de prêts ou de finan-cement, ces différents arsenaux, souvent, sont subtilement détournés par les pratiques des Etats pour cantonner cette légitimation dans une sorte d’artificialité sans prise réelle sur la gouvernance. C’est ainsi que les OSC se retrouvent dans plusieurs cadres de discussion ou de concertation avec des acteurs étatiques qui ne semblent animés que par l’idée de remplir une formalité1. Ces cadres de concertation dont le caractère ad hoc et partant éphémère est déjà un indicateur de fragilité, ne permettent guère aux OSC d’influencer les processus décisionnels. Dans cette perspective, l’institution-nalisation du caractère formel de la participation aux prises de décision n’apparaît donc pas comme une condition suffisante pour que la gouver-nance soit réellement inclusive de la société civile. Il faudrait donc qu’un certain nombre de dispositions soient prises pour permettre aux OSC de revendiquer et d’assumer leur statut d’acteurs crédibles et audibles dans les processus décisionnels.

Note

1. Dans un texte intitulé “The three pure types of legitimate domination”: the pa-

radoxes of domination and freedom, Max Weber a proposé une typologie de la

légitimité et des formes de domination. Il en dégage trois types « pures » devenus

classiques qui se réfèrent aux sources ou fondements de la légitimité. Pour Max

Weber, la domination peut émaner de pratiques ou valeurs ancrées qui lui don-

nent un caractère coutumier et historique. Dans ce cas, la légitimité est tradition-

nelle. La domination peut également s’exercer en vertu de qualités personnes,

héroïques, prodigieuses du détenteur de l’autorité. Dans ce cas, la légitimité qui

sous-tend une telle domination est charismatique. Enfin la domination peut se

justifier par la loi, les règles rationnellement établies, la croyance en la légalité. Ici

la légitimité est légale rationnelle.

15


2. Sens et rationalité

de l’engage-

ment citoyen

en Côte

d’Ivoire

Généralement, en Afrique, l’incapacité des leaders politiques à construire des partis politiques affranchis des velléités irrédentistes et capables d’incarner une vision, du fait de la pesanteur de la diversité ethnique et l’absence de construction idéologique susceptible de rendre compte de la réalité sociale au-delà de l’exploitation des identités et de leur politisa-tion, a conduit l’engagement citoyen à prendre, à la faveur des revendi-cations démocratiques des années 90, une place considérable dans les sociétés, tant et si bien que le militantisme citoyen s’est imposé comme une dimension essentielle de la modernité politique sur le continent. De ce fait, l’engagement citoyen est investi de fonctions sociales fortes qui en fondent à la fois les grandeurs, mais aussi les vicissitudes. C’est pour-quoi, aucune analyse des tendances de la société civile en Afrique ne peut se passer de la prise en compte des différentes fonctions sociales, mais surtout du répertoire d’actions de l’engagement citoyen.

2.1. Les finalités de l’engagement citoyen en Côte d’Ivoire

Dans le cas ivoirien, l’engagement citoyen est vraiment tributaire de la dimension sociale et sociologique, du contexte social et politique, de la perception de l’environnement et des enjeux par les acteurs, qu’il est un truisme de parler de la multiplicité des facettes de l’engagement citoyen.

Lorsqu’on demande aux acteurs des organisations de la société civile

ivoirienne leur perception de leur rôle, il est intéressant de considérer les

différentes réponses qu’ils fournissent. Ainsi, on se rend compte que les

différentes actions menées par les OSC renvoient à une typologie qui

Graphique 8: Typologie des axes d’intervention des OSC en Côte d’Ivoire

16


Les Ivoiriens tolèrent et

attendent même de la

part des OSC des fonc-

tions sociales dont la di-

mension politique ne

saurait faire l’ombre

d’aucun doute

révèle les limites de l’implication sociale des organisations de la société civile ivoirienne qui ne s’engagent qu’accessoire-ment dans une logique de co-construction des agendas poli-tiques, et dont l’implication dans la quête de la rationalité de l’action publique reste à renforcer. Ce faisant, loin de consti-tuer une véritable arène comme dans d’autres pays 1, la socié-té civile ivoirienne apparaît encore un espace de bégaiement d’une quête d’autonomie du civil par rapport au politique. Alors que les Ivoiriens ne dénient nullement aux organisations de la société civile aucune forme d’activité politique. Bien au contraire, ils tolèrent et attendent même de la part des OSC des fonctions sociales dont la dimension politique n’entretient l’ombre d’aucun doute. Les populations soutiennent, encoura-gent et attendent des OSC des actions en matière de critique, de publicisation, de politisation, de médiatisation, et même de contrôle de l’action publique. Même s’il convient de rappeler que cette implication politique est fixée dans des périmètres bien délimités. Ainsi, les populations ne soutiennent aucune-ment que les OSC animent la vie politique ou qu’elles se met-tent au service des intérêts partisans ou des intérêts des lea-ders politiques. Paradoxalement, même si les OSC clament haut et fort leur apolitisme, on observe avec persistance des accointances compromettantes avec les leaders politiques. Mais, du fait du caractère souterrain des activités politiques ou la coloration politique non assumée, très peu d’OSC prennent désormais officiellement des positions politiques publiques ; ce qui paraît à bien d’égards regrettable.

Pas du tout

d'accord Pas d'accord Peu d'ac-

cord D'accord Assez

d'accord Tout à fait

d'accord

Les OSC informent les

populations des décisions

prises par les autorités

publiques

4% 8% 18% 25% 14% 30%

Les OSC informent les

gouvernants des attentes

des populations

3% 7% 12% 25% 17% 34%

Les OSC critiquent les

actions des autorités pu-

bliques

4% 7% 17% 27% 15% 28%

Les OSC animent la vie

politique 27% 16% 24% 15% 7% 10%

Les OSC sont au service

des hommes politiques 38% 16% 14% 14% 7% 10%

Les OSC assistent les po-

pulations dans les mo-

ments de difficulté

2% 6% 13% 23% 12% 43%

Les OSC déterminent les

politiques publiques 17% 22% 23% 16% 8% 12%

Les OSC contrôlent l'action

publique 12% 14% 21% 18% 12% 23%

Tableau 3: mise en relief des attentes de l’implication publique des OSC de la part des populations

17


Les leviers sociaux qui im-

pulsent la participation re-

lèvent d’une logique floue.

2.2 Les répertoires d’action des organisations de la société civile

Les relations entre société civile et mutations politiques ont eu un impact sur le développement, l’orientation et les domaines d’inter-vention des organisations de la société civile ivoirienne. L’analyse des données de terrain relève que les leviers sociaux qui impulsent la participation publique des OSC relèvent d’une logique floue indui-sant des modes d’actions propres aux OSC, construisant des réper-toires d’action citoyenne dont il est possible de proposer une typolo-gie 2 construite à la fois à partir des cibles, mais aussi les logiques discursives et actives qui entérinent l’action des OSC. Il en résulte six modalités d’actions relevant du répertoire d’actions des OSC.

Les cibles de l’action

La logique discursive La logique active

Population Sensibilisation

Promotion

Médiation

Etat Plaidoyer

Dénonciation

Monitoring

OSC

- - - - - - - - -3

Capacitation

Schéma1: Le répertoire d’actions des OSC ivoiriennes

Tableau 4: Typologie d’action des OSC

18


3. Grammaire des Or-

ganisations de la

société civile

ivoiriennes

3.1 La « sagesse » d’un militantisme comme héritage

d’une généalogie apaisée

Avec un peu plus de huit mille OSC officiellement inscrites à la Direction Générale de l'Administration du Territoire (DGAT) comme le témoigne le graphique ci-contre , la Côte d’Ivoire connaît un « militantisme citoyen » plutôt luxuriant et dyna-mique dont les ressorts se retrouvent pour une large part dans les « bouleversements » sociaux et politiques que connaît le pays depuis au moins trois décennies, même s’il convient de ne guère oblitérer les deux premières décennies de la période d’indépendance. C’est pourquoi, il apparaît pertinent de saisir dans cette évolution sociohistorique des organisations de la société civile, trois grands moments qui donnent essence et déterminent les différentes générations d’organisation de la société civile. La première génération étant celle de la motiva-tion récréative ou identitaire (OSC de retrouvailles), la deu-xième celle de la rupture et la troisième celle de l’engagement-militant.

Graphique 9 : Evolution de la création des OSC en Côte d’Ivoire

19


Il apparaît que les premières manifestations de l’engagement citoyen, en Côte d’Ivoire, se révèlent être des creusets de bonhomie, des espaces récréatifs, des amicales, mais surtout des regroupements à caractère cul-turel et communautariste peu préoccupés des affaires publiques stricto sensu.

3.2 Les orientations de l’action citoyenne

Schéma 2: Les lo-giques sociohisto-riques de la créa-

tion des OSC

Schéma3: Les trois dimensions de l’engagement citoyen en Côte

d’Ivoire

20


3.3 Eléments pour une sociologie des acteurs de l’engagement

citoyen en Côte d’Ivoire

Au sein des organisations de la société civile, on identifie quatre grands types d’acteurs. Ce sont les bénévoles, les employés, les adhérents et les initiateurs ou créateurs des OSC. Ici, il convient toutefois de relever la prépondérance des « créateurs » et le phé-nomène du « One man NGO 4»

L’âge

Il apparaît que les créateurs des organisations de la société civile sont relativement jeunes. Ainsi, à l’image de la population ivoi-rienne, ils présentent des traits d’une relative jouvence.

♦ 16% ont entre 18 et 25 ans



Graphique 10: Les acteurs des OSC en Côte d’Ivoire

21


On se rend compte de la

diversité profonde qui

laisse comprendre que

l’engagement citoyen tra-

verse toutes les couches de

la société

Ainsi :


L’attachement à la religion

89% des promoteurs d’OSC avouent pratiquer régulièrement une reli-gion monothéiste. Seuls 10% ne se sentent attachés à aucune religion.

Toutefois, on ne saurait établir une quelconque affinité élective entre l’engagement citoyen et la pratique de la religion. Cependant, il n’est pas évident de saisir toutes les subtilités de la centralité philanthropique de l’engagement citoyen sans interpeler la rationalité humaniste agis-sante dans toute éducation religieuse.

La catégorie socioprofessionnelle

Lorsqu’on s’intéresse à la classe socioprofessionnelle des créateurs d’OSC, on se rend compte de la diversité profonde qui laisse com-prendre que l’engagement citoyen traverse toutes les couches de la so-ciété. Il n’est l’apanage d’aucune classe sociale.

Ainsi, on observe que :

♦ 5% sont des étudiants et apprentis

♦ 11% sont en quête d’emploi

♦ 11% sont des employés

♦ 17% des chefs d’entreprise

♦ 39% des cadres

Le niveau d’instruction

On observe que le niveau d’instruction des créateurs d’OSC semble tout aussi diversifié que la société elle-même. Ceci révèle également que l’engagement citoyen n’est aucunement l’apanage des seuls intellec-tuels ou instruits. Car 10% des créateurs d’OSC n’ont jamais bénéficié d’une quelconque instruction scolaire.

♦ 16% ont un niveau primaire ;

♦ 20% un niveau BEPC.

♦ Mais seulement 13% ont le diplôme du Brevet d’Enseignement du Premier Cycle (BEPC).

♦ 15% ont le BAC

♦ 10% ont fait une fois l’université

♦ 6% ont un diplôme de Licence

♦ 6% ont un diplôme de Maîtrise

♦ 5% un diplôme de niveau BAC+5

♦ 1.4% ont un doctorat.

22


La localisation géographique

On se rend compte que l’engagement citoyen peut être aussi bien en milieu ur-bain qu’en milieu rural. Il n’existe aucune véritable géographie particulière des acteurs de la société civile. Toutefois, on se rend compte que les milieux urbains, en raison de leur concentration démographique affichent un taux élevé de natali-té associative. Cependant, toutes les régions ivoiriennes connaissent une floraison d’acteurs des OSC.

3.4 Les « fortes figures » du militantisme citoyen

Le milieu associatif ivoirien révèle un manque de leadership fort et consensuel autour duquel pourrait se cristalliser une dynamique de consolidation et une vraie capacité d’impact. On se rend compte que l’absence d’un ou de véritables « lea-der (s) » au-dessus de la mêlée a contribué à fragiliser davantage un engagement plutôt otage de divisions intestines et de guerres de clans. Même s’il convient de reconnaître que, de temps en temps, il existe des figures fortes de la société qui peuvent s’engager de façon circonstancielle pour certaines causes, comme ce fut le cas avec la star du reggae Alpha Blondy sur la question de la « vente d’esclaves en Libye » ou par exemple avec Tiken Jah Fakoly sur les questions de paix. Mais au sein des organisations de la société civile, il peine à émerger une véritable fi-gure consensuelle qui en impose par son leadership et son charisme, et servir de catalyseur pour transformer les OSC en acteurs incontournables.

Notes:

1. On se rend compte un peu partout à travers le monde que la société civile s’érige progressivement en arène de l’endiguement de l’hégémonie de l’Etat, de la co-construction rationnelle de l’action publique. Cette tendance qui émerge véritablement en Europe de l’Est, mais principalement en Pologne avec le Syndicat Solidarnosc va contribuer à placer la société civile au cœur des revendications démocratiques de la fin des années 1980. En Afrique, la montée en puissance de Mouvements tels que Y’en a marre au Sénégal, le Balai Citoyen au Burkina Faso font souvent penser que la société civile paraît plus dynamique dans d’autres pays de la sous-région qu’en Côte d’Ivoire. Il ne s’agit pas pour autant d’assimiler nécessairement le dynamisme d’une société civile à la remise en cause de l’ordre étatique. Une société civile dynamique doit pouvoir l’être au sein de l’Etat et coopérer avec les décideurs publics pour une bonne gouvernance.

2. La typologie dont il s’agit ici reste un idéal type wébérien qui n’érige aucune fron-tière rigide entre les types identifiés. Il s’agit de « types pures » analytiques.

3. On se rend compte ici que la société civile manque de synergie. Elle ne se parle pas. Les creusets d’échanges sont souvent rares et constituent dans bien des cas d’espaces de méfiance entre acteurs. En matière de capacitation, très peu d’OSC participent à la formation d’autres acteurs de la société civile. Seule INADES Formation s’illustre vrai-ment dans ce créneau.

4. Souvent attribué à Aabid Surti, le concept de « One man NGO » se réfère aux pra-tiques de fonctionnement des OSC qui ne doivent leur vie qu’au dynamisme personnel d’un individu, généralement le « promoteur ». Dans le contexte ivoirien, ce cas est si répandu du fait de la fragilité de l’engagement et l’inconsistance des adhésions, mais également en raison des pratiques patrimoniales de la gestion.

23


4. Les grandes ten-

dances de la so-

ciété civile

4.1 La polyvalence stratégique

Le premier, sinon le principal, trait caractéristique de la société civile ivoirienne est sa grande polyvalence qui à l’évidence se veut opportuniste. Précieusement inscrite dans les textes fon-dateurs notamment les statuts, cette polyvalence se traduit par l’imprécision des buts ou objectifs des organisations, souvent sous-tendue par des concepts génériques et englobants et des formulations telles que : « nous entendons œuvrer dans le sec-teur du développement », « nous travaillons dans le social », « notre organisation intervient dans le développement… » Ain-si, le schéma ci-dessous nous présente l’écart entre les préten-tions sectorielles et la propension à la polyvalence.

L’engagement en pointillé

Le principal talon d’Achille des OSC ivoiriennes est sans doute le manque d’engagement des adhérents. L’adhésion aux OSC paraît à maints égards comme une activité de transition de la part des jeunes en quête d’expérience professionnelle mon-nayable auprès de structures plus importantes.

Vraie polarisation de la société civile

A l’instar de la vie politique ou du fait de celle-ci, les organisa-tions de la société civile ivoirienne apparaissent très polarisées, du moins dans la perception des populations. Cette polarisa-tion, malgré les stratégies d’escapisme dialogique mises en œuvre par les acteurs semble difficile à oblitérer tant et si bien qu’elle influence les modalités d’action des OSC qu’elle affecte dans une large mesure.

Graphique 11: Spécialisation secto-rielle/ multisectorielle des OSC

24


Il convient de garder à l’es-prit que, l’engagement ci-toyen, tel un caméléon, arborera toujours in fine les couleurs de son environne-ment social.

Les OSC s’illuminent et s’éteignent au gré des pro-jets et des possibilités of-fertes par les Partenaires Techniques et Financiers.

Le « pantouflage 1»

Dès qu’on entreprend une analyse des OSC ivoiriennes, on se rend compte des conséquences de leur incapacité à fidéliser un personnel compétent. Cette instabilité hypothèque l’efficacité et l’expertise des organisations qui ont du mal à s’assurer d’une conservation mémorielle inhérente à toute efficacité et effi-cience administratives. Elles sont en permanence soumises à une vraie logique de « pantouflage » puisqu’elles s’engagent sur du personnel peu qualifié à l’espoir de ne pas les perdre, mais ceux-ci au terme de quelques années d’expérience et d’ex-pertise les abandonnent pour des institutions plus presti-gieuses. Il ne serait sans doute pas superflu d’envisager des mo-dalités de compensation de la part des institutions.

Le volontarisme affiché et assumé

L’une des principales revendications des OSC est leur dynamisme et leur volontarisme dont elles ne semblent pas peu fières. La jeunesse des acteurs ainsi que la jeunesse des OSC constituent effectivement des gages de volontarisme et de dynamisme.

Vision à court terme et défaut d’anticipation

Il est ahurissant de se rendre compte à quel point les organisations de la société civile ivoirienne manquent de planification et de pro-grammation. Elles s’illuminent et s’éteignent au gré des projets et des possibilités offertes par les Partenaires Techniques et Financiers.

Manque de partage d’expérience et de capitalisation

Il est évident que certains pays en Afrique ont une longue tradition de l’engagement citoyen avec des modalités d’action qui peuvent servir de cas d’école aux OSC ivoiriennes ; même s’il convient de garder à l’esprit que l’engagement citoyen, tel un caméléon arbore-ra toujours in fine les couleurs de son environnement social.

Cadre de la participation de la société civile à l’espace public

La crise militaro-politique qu’a traversée le pays pendant une dé-cennie a laissé de nombreuses séquelles dont la résorption passe, dans le contexte ivoirien, par une transition dont l’influence sur le climat sécuritaire ne fait qu’hypothéquer l’engagement citoyen. Pour les OSC ivoiriennes, le contexte sécuritaire qui n’est rien d’autre que le prolongement de l’ambiance politique leur paraît assez délétère et leur sécurité semble insuffisamment assurée. Bien au contraire, les acteurs politiques en usent pour distiller influences, menaces et pressions de toutes sortes dont la finalité reste d’ébran-ler le travail des OSC dans certains domaines Ceci est tant et si bien dommageable pour les OSC que leur intégrité physique ainsi que

25


A l’évidence, cet environne-ment sécuritaire sert fort bien de prétexte dans la mesure où certains acteurs des OSC ne l’agitent que pour justifier une subordi-nation dévouée aux autori-tés publiques.

leur intimité institutionnelle ont été souvent atteintes. C’est ainsi que des locaux des activités des OSC ont été parfois visi-tées de même que certains leaders qui ont été agressés par des individus jamais identifiés ou retrouvés par les forces de l’ordre. Cette menace diffuse reste un obstacle majeur où les limites de l’action des OSC sont ainsi arbitrairement fixées par les décideurs politiques ou tout individu capable de faire usage d’influence ou d’intimidation. Ainsi, les OSC ivoiriennes ont évolué, depuis 2008 2, dans un environnement difficile sur-tout au niveau sécuritaire. Il convient toutefois de noter que les acteurs des OSC reconnaissent que l’environnement sécuri-taire a évolué, même s’il est toujours difficile d’aborder cer-tains sujets qui restent tabou et qui construisent des « zones interdites ». A l’évidence, cet environnement sécuritaire sert fort bien de prétexte dans la mesure où certains acteurs des OSC ne l’agitent que pour justifier une subordination dévouée aux autorités publiques. Or cette subordination elle-même résulte moins de l’influence de l’environnement, moins de la peur que de la « politique du ventre ».

4.9 Les zones-interdites de l’engagement citoyen en Côte

d’Ivoire

L’engagement citoyen ivoirien peut prospérer et intéresser la société, mais dans certains compartiments de l’espace public. Cet espace naturel de positivité subit deux pressions restric-tives, l’une de la part de l’Etat et l’autre de la part de la société. L’Etat ivoirien ne tolérerait pas que les OSC s’engagent dans des problématiques qui touchent à certains aspects de la vie publique. C’est ainsi que la société civile ivoirienne n’a pu de-puis au moins la fin de la crise de 2002-2011 exercer aucune influence dans des secteurs tels que la justice dans le cadre de la gestion des dossiers des prisonniers politiques ou des cas de privations de liberté qui n’ont jusque-là fait l’objet d’au-cune procédure ou de notification officielle d’accusation. Cette restriction s’étend également au secteur des mines et de l’énergie ainsi qu’à l’engagement citoyen sur la transparence dans la gestion des champs miniers quant aux impacts envi-ronnementaux de l’extraction et l’exploitation de certains mi-nerais. Dans le domaine de la gouvernance financière, l’opacité prive également l’engagement de la société civile d’une véri-table efficacité dans les domaines de la lutte contre la corrup-tion, la gestion des ressources publiques.

Pour la société civile, le champ de positivité de l’engagement citoyen a également ses frontières au-delà desquelles la suspi-cion et le discrédit viennent saper la légitimité de toute curio-sité ou action citoyenne.

26


Ainsi, sur le plan politique, la zone interdite gravite essen-

tiellement autour de la dialectique différenciation-

légitimation politique. Ainsi, il n’existe aucune « bonne

manière » pour la société civile de s’engager dans la dési-

gnation des gouvernants. Leur action semble tolérée jus-

qu’à la lisière de l’organisation des joutes électorales. Dès

lors que le vote a eu lieu, tout le reste devient périlleux

pour elles.

Notes

1. Le pantouflage consiste pour un haut fonctionnaire, au fait de se laisser débau-cher de l’administration publique pour un poste généralement mieux rémunéré dans une entreprise privée.

2. Beaucoup d’acteurs des OSC soutiennent que l’environnement sécuritaire n’a point attendu la fin de la crise post-électorale pour devenir périlleux pour eux. Bien au contraire, la situation leur paraissait déjà risquée depuis 2008.

27


5.

Evaluation de la

contribution des

organisations de

la société civile à

la gouvernance

publique

Afin de mieux structurer l’analyse des onze secteurs cibles, nous avons procédé à une typologie dont il convient de préci-ser la rationalité. En effet, cette typologie reste purement à titre organisationnel et ne tient sa pertinence que de la néces-sité de faire des regroupements en vue d’une structuration intellectuelle. C’est dire que nous ne faisons abstraction, ni de l’interdépendance entre ces secteurs, ni du caractère central et à tendance finaliste de secteur comme celui de la cohésion sociale, encore moins du caractère hautement politique des secteurs tels que la gouvernance économique, l’environne-ment, le foncier etc.

5.1 Les secteurs à caractère politique

Par secteur à caractère politique, il s’agit des secteurs de la citoyenneté, la justice, et la sécurité.

Les défis et axes d’intervention des OSC dans les secteurs à

caractère politique

Schéma 4: Les axes d’intervention des OSC dans les secteurs à caractère politique

28


Diagnostic et déterminants de l’engagement des OSC dans

les secteurs à caractère politique

Contribution des OSC à la gouvernance des secteurs à ca-

ractère politique

La participation au processus décisionnel : la contribution

à la transparence et à l’ouverture

Schéma 5: Analyse SWOT des OSC dans les secteurs à caractère poli-

tique

Graphique 12: Satisfaction des OSC en matière de participation

aux processus décisionnels

29


On observe que dans les trois secteurs à caractère politique (citoyenneté, justice, et sécurité), les « OSC » semblent satis-faites des « invitations aux réunions :

♦ 86% de satisfaction dans le secteur de la citoyenneté ;

♦ 66% dans le secteur de la justice ;

♦ 71% dans le secteur de la sécurité.

Ces taux de satisfaction dénoteraient du caractère, a priori participatif et inclusif des processus décisionnels.

Ces pratiques de bonne gouvernance inclusive se confirment avec la perception qu’ont les OSC de la possibilité qui leur est accordée de « faire des propositions ».

Par contre, la perception de la « prise en compte des proposi-tions et idées » des « OSC » paraît beaucoup moins satisfai-sante, surtout dans les secteurs de la justice et de la sécurité où les taux de 58% et de 52% de satisfaction expriment des perceptions assez mitigées.

Pour que la participation concoure à une vraie dynamique de bonne gouvernance, il importe qu’elle soit accompagnée de capacité d’influence. Celles-ci doivent être de plusieurs ordres. Il s’agit par exemple de la capacité à influencer l’élaboration, la mise en œuvre, le coût, le suivi-évaluation des politiques pu-bliques et autres programmes publics.

Graphique 13: Evaluation des capacités des OSC en matière de contribution à la gouver-

nance

30


A ce niveau, on note que l’autoévaluation des OSC révèle de graves insatisfactions liées à leur capacité à influencer l’exécu-tion des marchés publics, le coût des programmes publics. En matière d’influence de l’élaboration des politiques publiques, les OSC des trois secteurs à caractère politiques expriment des taux de satisfaction plus mitigés que positifs. Dans le secteur de la justice, la perception de la capacité d’influence est bonne et atteint 60%. Dans les deux autres secteurs, la moyenne de 50% exprime également des niveaux d’insatisfaction.

Dans le secteur de la citoyenneté, la perception de la partici-pation à la gouvernance publique paraît plutôt positive voire élogieuse.

Graphique 14:

Graphique 15: Appréciation des interactions entre OSC et décideurs

31


Les différents acteurs de la société civile semblent in-satisfaits de leur capacité à influencer l’élaboration des politiques publiques, sur-tout dans les secteurs de la citoyenneté et de la sécuri-té.

En ce qui concerne la perception des « relations avec les déci-deurs » ainsi que « la considération de la part des décideurs », on se rend qu’elle varie d’un secteur à un autre. Dans le sec-teur de la citoyenneté, la perception de la relation avec les dé-cideurs publics est plutôt mitigée avec environ 59%, tandis que dans le secteur de la justice, elle est de 73% et de 67% dans le secteur de la sécurité.

Ces appréciations restent cohérentes avec la perception de la considération qu’accordent les autorités publiques aux acteurs de la société civile.

En matière de compétence, il apparaît que dans le secteur de la citoyenneté, les acteurs revendiquent une appréciation posi-tive de leur « maîtrise des textes et procédures judiciaires et administratives ». On se rend compte que leur niveau de satis-faction reste moyennement positif comme d’ailleurs dans le secteur de la sécurité. C’est surtout dans le secteur de la justice que les acteurs revendiquent une véritable maîtrise des textes, ainsi que la connaissance des procédures judiciaires et admi-nistratives dans le secteur.

Ainsi, les différents acteurs de la société civile semblent insatis-faits de leur capacité à influencer l’élaboration des politiques publiques, surtout dans les secteurs de la citoyenneté et de la sécurité. C’est seulement dans le secteur de la justice que cette perception s’affiche franchement positive.

Il en est de même dans le domaine de la contribution à la mise

Graphique 16: Evaluation des compétences juri-diques des OSC

32


Les acteurs de la société civile confessent leur manque de maitrise des cycles des programmes publics ainsi que leur insuf-fisance en matière d’éva-luation des politiques pu-bliques.

en œuvre des politiques publiques.

Mais ces appréciations mitigées et moyennement négatives vont s’avérer carrément négatives quand il s’est agi leur capa-cité à influencer l’exécution d’un marché public. Il s’avère que les acteurs de la société civile ne semblent disposer d’aucune marge de manœuvre dans le domaine du contrôle de l’exécu-tion des marchés publics. Cette perception négative s’étend également à l’évaluation des coûts des programmes publics ou la société civile apparaît soigneusement mise à l’écart.

Cette mise à l’écart ne semble pas toutefois relever du seul fait des décideurs publics puisque les acteurs de la société civile confessent leur manque de maitrise des cycles des pro-grammes publics ainsi que leur insuffisance en matière d’éva-luation des politiques publiques.

Par ailleurs, on se rend compte que les OSC doutent fortement de la bonne foi des décideurs publics surtout dans les secteurs tels que la citoyenneté et la sécurité.

En clair, la perception de la contribution des organisations de la société civile à la gouvernance publique semble :

♦ relativement positive en matière de « participation » ;

♦ dans les secteurs de la justice et de la citoyenneté, les OSC revendiquent une capacité suffisante en d’exigence de respect du droit ;

♦ en matière de contribution à l’efficacité et l’efficience des politiques publiques, la perception de la contribu-tion des OSC apparaît très mitigée ; il en est ainsi dans le

Graphique 17: Evaluation des capacités d’influence des OSC

33


cadre de la contribution à l’ouverture et à la transparence des processus décisionnels.

Il faudrait enfin considérer qu’en matière de reddition de compte, les OSC ne disposent pas vraiment d’une ca-pacité d’influence sur les décideurs publics.

Graphique 18: Appréciation globale de la

contribution des OSC à la gouvernance

La démocratie comme cadre global essentiel

D’emblée, il convient de poser comme postulat que la pertinence d’une implica-

tion effective de la société civile appelle de toute évidence la démocratie comme

mode de gouvernance des affaires publiques. Aucune participation de la société

civile à la gouvernance n’est possible si l’Etat ne s’est pas engagé dans une véri-

table dynamique de démocratisation. Il ne s’agit pas ici d’attendre une routinisa-

tion des pratiques sociales dites de la démocratie. Mais il existe un minimum non

négociable de libéralisation de l’espace public qui implique l’existence d’un cadre

constitutionnel dont le respect est accompagné de la garantie d’un fonctionne-

ment exemplaire des institutions de l’Etat, le respect des libertés fondamentales,

la participation des citoyens à la désignation des gouvernants et aux mécanismes

de contrôle de l’action des élus. Ces conditions minimales, sine qua non au fonc-

tionnement de l’Etat démocratique, constituent des préalables non négociables

de la positivité de l’engagement citoyen et de sa contribution à la gouvernance

globale.

Encadré 1 (Extrait du Rapport général)

34


5.2 Les secteurs à caractère sociétal

Défis et axes d’interventions des OSC dans les secteurs à carac-

tère sociétal

Dans les cœurs comme dans les têtes, le traumatisme de la crise politico-militaire, dans un pays d’ordinaire réputé pour sa paix so-ciale et la joie de vivre de ses citoyens, reste vivace malgré le calme ambiant apparent. L’onde de choc provoqué par le dénouement militaire de la crise a provoqué des situations de fractures sociales évidentes. Au-delà du spectre d’une résurgence des velléités, il est évident que l’un des invariants majeurs de la Côte d’Ivoire d’au-jourd’hui reste la fébrilité du rapport de beaucoup de citoyens à la nation. L’attachement des ivoiriens à la nation, ainsi que la percep-tion du vivre ensemble paraissent avoir été suffisamment mis à mal par la période de crise. Dans un tel contexte, il est évident que les secteurs à caractère sociétal constituent des axes stratégiques où les exigences de gouvernance inclusive se révèlent des préalables majeurs à la cohésion sociale. Car c’est là que se jouent, pour une bonne part, les défis d’une paix essentielle à tout développement durable.

Schéma 6: Axes d’intervention des OSC dans les secteurs à caractère sociétal

35


Diagnostic des OSC dans les secteurs à caractère sociétal

Evaluation de la contribution des acteurs des organisations

de la société civile à la gouvernance des secteurs à carac-

tère sociétal

La participation

Schéma 7: Analyse SWOT des OSC œu-vrant dans les secteurs à caractère so-

ciétal

Graphique 19 : Participation des OSC aux processus décisionnels

36


Dans les trois secteurs liés aux enjeux sociétaux, la participa-tion des acteurs des organisations est suffisamment appréciée par ceux-ci qui semblent en être satisfaits. Ainsi, on observe une satisfaction relativement bonne pour « l’invitation aux réu-nions », pour la « possibilité à faire des propositions » ainsi que « la prise en compte des propositions ».

Il est vrai que dans le secteur de la migration, cette participa-tion est bien mitigée.

En matière de « prise en compte des propositions et idées » des OSC, on se rend compte que la perception est tout à fait mitigée et doit d’ailleurs être considérée comme négative au regard de l’inventaire de l’appréciation des acteurs des OSC.

Force est toutefois, de se rendre compte, comme le montre le

schéma ci-dessous, de la grande satisfaction des OSC quant aux relations qu’elles entretiennent avec les autorités et déci-deurs publics.

Ces appréciations n’augurent aucune difficulté dans les rela-tions entre les acteurs des OSC dans les secteurs du genre, de la migration et de la cohésion sociale. Bien au contraire, on se rend même compte que dans ces secteurs, la reconnaissance des décideurs publics semble plus satisfaisante que la percep-tion de la légitimité des acteurs des OSC.

Graphique 20: Perception des relations OSC et décideurs

37


Malgré « leur bonne rela-tion », avec les décideurs publics, les acteurs des OSC ne semblent toutefois pas en mesure d’exiger des informations susceptibles de servir de transparence dans la gestion des affaires publiques.

Paradoxalement, comme le montre le tableau ci-dessus, mal-gré « leur bonne relation », avec les décideurs publics, les ac-teurs des OSC ne semblent toutefois pas en mesure d’exiger des informations susceptibles de servir de transparence dans la gestion des affaires publiques. Ils reconnaissent ainsi, dans les secteurs du genre et de la cohésion sociale une incapacité à jouer pleinement leur rôle de transparence.

Toutefois, les OSC revendiquent une capacité de mobilisation d’autres acteurs en vue de d’agir auprès des décideurs publics.

Dans cette même perspective, ils assurent être capables de faire du plaidoyer et du lobbying en vue d’influencer les poli-tiques publiques.

Graphique 21: Capacités techniques des OSC

Graphique 21: Capacités techniques des OSC

38


Il est même saisissant de se rendre compte à quel point, mal-gré tous leurs atouts apparents, les acteurs des OSC se perçoi-vent incapables d’agir en matière d’élaboration de politiques, de mise en œuvre des politiques publiques, de contrôle de l’exécution des marchés publics, de l’évaluation des pro-grammes publics, de maîtrise des cycles des politiques pu-bliques et de l’évaluation des politiques publiques.

On observe en effet que les OSC jugent négative leur percep-tion de la mise en œuvre des politiques publiques. Dans les secteurs du genre et de la cohésion sociale, cette perception est absolument négative.

En matière de « contrôle des exécutants des politiques pu-bliques », tous secteurs confondus, les acteurs se semblent guère satisfaits de leur contribution à la gouvernance. Ceci est aussi vraie pour les l’évaluation des coûts des programmes publics, la maîtrise des cycles des programmes publics ainsi que la maîtrise de l’évaluation des programmes publics.

Par contre, il convient de se rendre compte qu’en matière de « respect du droit » les OSC paraissent assurée de leur in-fluence ou capacité d’influence. Toutefois, en matière d’effica-cité et d’efficience des politiques publiques, en matière de contribution à l’ouverture et à la transparence des politiques publiques, en matière de reddition de compte, la perception de leur implication paraît à tout égard mitigée.

Graphique 23: Appréciation globale de la contribution des OSC

39


Les secteurs à caractère économique

Nous aborderons ici les secteurs du commerce et de la gou-vernance financière.

Axes d’intervention dans le secteur du commerce

40


La participa‐

tion

Schéma 9: Analyse SWOT des OSC des secteurs économiques

Graphique 24: Connaissances juridiques et administratives des OS

41


On se rend compte que dans les secteurs à caractère écono-mique, il y a une grande disparité des tendances.

Dans le secteur de la gouvernance financière, on observe des taux élevés de satisfaction. Ces taux se retrouvent pratique-ment dans toutes les variables de l’évaluation. On doit donc en déduire que les OSC du secteur de la gouvernance ont une bonne maîtrise des textes et règlements qui régissent le sec-teur. Elles semblent également connaître les procédures et ont de l’expérience en matière de procédures judiciaires ou admi-

nistratives pour agir dans le sec-teur.

A contrario, on observe dans le secteur du commerce une ap-préciation négative de la connaissance des textes. Cette ap-préciation reste mitigée en matière de connaissance de procé-dure et assez négative en matière d’expérience des procédures judiciaires et administratives.

Graphique 25: Capacité des OSC à cons-truire l’influence

Graphique 26: Evaluation globale de la contribution des

42


La tendance reste pareille lorsqu’on s’intéresse aux capacités des acteurs en matière d’exigence d’information, de mobilisa-tions d’acteurs, de lobbying et de plaidoyer. Les acteurs du commerce semblent avoir quelques difficultés à exiger des informations des décideurs publics.

43


Les secteurs à caractère environnemental

Les difficultés des OSC dans le secteur de l’agriculture et le

foncier

Schéma 10: Axes d’intervention des OSC dans les secteurs à carac-

tère environnemental

Schéma 11: Evaluation SWOT des OSC dans les sec-teurs liés à l’environnement

44


Il convient d’observer que la perception de la satisfac-tion est moins flatteuse en matière de possibilité de propositions ou de prise en compte des idées.

Autoévaluation de la Contribution des OSC à la gouver-

nance dans les secteurs à caractère environnemental

La participation

Comme dans la plupart des autres secteurs, on se rend compte que dans les secteurs à caractère environnemental, les OSC apprécient bien leur « invitation » à prendre part aux pro-cessus décisionnels. Comme le montre le relève le graphique ci-après, il apparaît un taux de satisfaction convenable:

Ainsi, on remarque une moyenne de 60% de satisfaction quant

à la participation dans les trois secteurs de l’énergie, de l’envi-ronnement, de l’agriculture et le foncier.

Toutefois, il convient d’observer que la perception de la satis-faction est moins flatteuse en matière de possibilité de propo-sitions ou de prise en compte des idées.

Ces nuances s’expliquent dans une certaine mesure par les capacités ou incapacités des OSC dans différents domaines de la gouvernance.

Ainsi, comme le montre le graphique suivant, il est à relever que les revendications de la « maîtrises » des textes, des pro-cédures ne sont pas les mêmes dans tous les secteurs.

Ainsi, lorsqu’on observe un taux de satisfaction de 88.6 dans le secteur de l’énergie sur la « maîtrise des textes juridiques qui régissent le secteur », ce taux de satisfaction n’est que 57.6% et de 51.4% respectivement dans les secteurs de l’envi-ronnement et de l’agriculture et du foncier. Il apparaît encore bien plus mitigé pour l’expérience en matière de procédure

Graphique 27: Participation des OSC aux processus décision-nels

45


judicaire et complètement négatif dans le secteur de l’agricul-ture et du foncier.

Lorsqu’on évoque les la mise en œuvre, le contrôle de l’exécu-tion des marchés publics, le contrôle du coût des marchés publics, ainsi que la maîtrise des cycles des politiques pu-bliques, on observe une totale insatisfaction des OSC. Les ac-teurs des OSC ne semblent aucunement satisfaits de leur ca-pacité et de leur contribution dans ses dimensions de la gou-vernance.

Leur perception semble également mitigée de façon générale dans leur :

♦ Capacité à exiger la primauté du droit dans les poli-tiques publiques dans ces secteurs.

Graphique 28: Capacités des OSC en matière de Politiques Pu-

Graphique 29: Evaluation de la contribution globale des OSC à la gouvernance

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♦ Contribution à l’efficience et l’efficacité des politiques pu-bliques ;

♦ Capacité à œuvrer à une bonne reddition de compte dans le secteur.

Par contre, les acteurs des OSC se sentiments capables de mobi-liser d’autres acteurs, soit pour faire du lobbying, soit pour faire du plaidoyer.

Seulement, ils confessent de ne pas être suffisamment en mesure d’exiger des informations des décideurs publics. Par contre, dans le secteur de l’énergie, les acteurs des OSC semblent dithyram-biques de leurs interactions avec l’Etat.

Enfin, on se rend compte que les acteurs des OSC ne revendi-quent aucune maîtrise du suivi-évaluation ou de l’évaluation des politiques publiques dans les secteurs de l’environnement et de l’agriculture et du foncier.

Graphique 31: Compétences des OSC en matière d’évaluation des

47


7.

Ancrage territorial

de l’engage-

ment associatif

en Côte

d’Ivoire

Par ancrage territorial de l’engagement associatif en Côte d’Ivoire, il s’agit pour nous de procéder à un croisement des logiques du militantisme en tenant compte de la dimen-sion géographique et régionale. En effet, le fonctionnement des OSC tel que nous le montrent les données collectées ainsi que divers entretiens aboutit à une variabilité des logiques cristallisée autour du facteur géographique. Mais en réalité, ce facteur géographique n’a de résonnance que celle que lui im-posent les caractéristiques sociologiques et socio-économiques de l’environnement de fonctionnement des OSC.

Les secteurs d’intervention par région

Quand on observe les secteurs d’intervention des organisa-tions de la société civile par région, on se rend compte des disparités profondes qui en disent loin sur le sens et la ratio-nalité de l’engagement citoyen. Elles ne constituent ni plus ni moins des indicateurs sérieux de la consistance de l’engage-ment citoyen qui semble être justifiée par des besoins précis et réels des populations.

Graphique 32 Les secteurs prioritaires d’intervention selon les régions

48


Ainsi, il convient de retenir que l’engagement sectoriel des orga-nisations de la société civile dépend d’une région à une autre. Il existe donc des logiques régionales qui gouvernent l’engage-ment sectoriel des OSC. Toutefois, quelles que soient les régions, on note un engagement prononcé dans le secteur de la cohésion sociale, qui semble constituer un point de convergence de beau-coup d’acteurs de la société civile.

Ainsi, dans la région du Hambol, les OSC interviennent principa-lement dans deux secteurs d’activités que sont les secteurs de la Cohésion sociale et du Foncier et agriculture. Une minorité inter-vient dans les secteurs du Commerce, de l’Education, de la Gou-vernance financière et de la santé.

Perception de la contribution des OSC à la gouvernance pu-

blique

Au niveau de la perception de la contribution des OSC, il importe de se rendre compte que, quelle que soit leur localisation géo-graphique, les acteurs de la société civile estiment, dans leur grande majorité, que les OSC doivent prendre une part considé-rable dans la gouvernance du secteur public.

Ainsi, que les OSC soient issues des régions de l’intérieur du pays ou des régions périphériques et à forte urbanisation telles que les Grands Ponts, le Bélier, le Gbêkê, le Poro avec des villes prin-cipales comme Abidjan, Grand Bassam, Yamoussoukro, Bouaké, Korhogo, leurs acteurs conçoivent à plus de 70% jouer un

rôle dans la gouvernance du secteur public.

Quand on apprécie cette tendance à l’association, d’une façon régionale, on se rend compte qu’il y a des niveaux de diver-gences considérables qui demandent une prise en compte spéci-fique. Ainsi, certaines régions apparaissent moins vertueuses que d’autres. C’est le cas des régions du Guémon, de Bafing, de Hambol, du Kabadougou, de l’Indenié, de San Pedro, du Sud Comoé du N’Zi où les acteurs des OSC estiment qu’elles sont apparemment moins associées qu’au niveau national.

Les régions de Marahoué, du Cavaly, du Tchologo, de l’Ifou ap-paraissent quant à elles comme celles qui offrent, le plus, aux OSC un accueil favorable aux espaces de décision.

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Ces réalités de divergence régionale s’observent logiquement et dans les mêmes proportions dans la contribution des OSC à la transparence des politiques publiques.

Ici encore, on note les efforts des régions telles que le Cavally, la Marahoué, le Bounkani, tandis que le fossé entre l’état ac-tuel dans la contribution des OSC à la transparence des poli-tiques publiques et les exigences de bonne gouvernance ap-paraît encore abyssal.

Il est vrai que l’insatisfaction des OSC s’est déjà fait noter dans leur prise en compte des processus décisionnels. Toutefois, il est intéressant de se rendre compte qu’il existe encore des disparités régionales à ce niveau. Apparemment, il existe des régions plus vertueuses que d’autres.

Graphique 33 Perception de la participation des OSC selon les régions

Graphique 34: Appréciation de la con-tribution à la transparence des poli-

tiques publiques par région

50


Lorsqu’on s’intéresse à la capacité des OSC à faire respecter le droit dans leur région, on se rend compte que certaines ré-gions telles que le Marahoué, le Tchologo, le Tonkpi, le Cavally apparaissent comme des modèles. Les acteurs des OSC sem-blent suffisamment satisfaits de leur implication dans la priori-sation du droit dans les politiques publiques.

Par contre, dans les régions comme le Guémon, le Hambol, le Bafing, l’Indiéné, l’Agneby-Tiassalé, le Béré, le Kabadougou, le Sud Comoé, etc, il reste beaucoup d’efforts à faire pour per-mettre aux OSC d’acquérir auprès des autorités administratives locales un statut de partenaire.

Dans la même perspective que la contribution au respect du droit, même si dans la plupart des régions, il existe une insatis-faction réelle, certaines régions font quand même des efforts qu’il convient de relever. C’est le cas de la Marahoué et dans une certaine mesure du Tchologo, du Tonkpi et du Poro.

Graphique 35: Evaluation de la capa-cité des OSC par région à faire respec-

ter la primauté du droit

Graphique 36: Evaluation de la capacité des OSC à contribuer à la

reddition de compte suivant la région

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La contribution à l’efficacité et à l’efficience des politiques

publiques

On se rend compte que les mêmes constances apparaissent quand on fait référence aux OSC qui entretiennent des rela-tions avec les autorités publiques. Ce sont les mêmes qui ap-précient négativement leur implication et leur influence dans la contribution aux politiques publiques relevant exclusive-ment du ressort des décideurs publics. Ainsi, on se rend compte que le Guémon, le Hamboll, le Bafing, le Béré, l’Ifou, l’Indiéné, le Kabadougou San Pedro, le N’Zi etc. reviennent comme des régions d’insatisfaction alors que le Marahoué le Morounou, le Cavally, le Tchologo sont à nouveau reconnues pour leurs efforts dans l’implication des OSC.

Graphique 37: Evaluation de la capacité des OSC à influencer

l’efficacité et l’efficience des politiques publiques par région

52


7.

Perspectives pour

une contribution

accrue des orga-

nisations de la

société civile à la

gouvernance pu-

blique

Vision : transformer les OSC en « partenaires» de l’Etat

Pour s’imposer en partenaire, jouir d’une véritable crédibilité et contribuer à une meilleure gouvernance, la société civile ivoirienne envisage de clarifier et assainir ses accointances avec le « monde politique », afin de reconquérir la confiance et la légitimité populaires inhérentes à son efficacité. A cet effet, les acteurs de la société civile ivoirienne perçoivent la nécessi-té d’une « éthique » de l’engagement citoyen, gage de leur objectivité. Dans cette perception, la société civile ivoirienne entend atteindre un niveau d’institutionnalisation conséquent qui lui permettrait d’inscrire son engagement dans la durée, de revendiquer une expertise et une capacité programma-tique, conditions sine qua non pour peser dans tout processus décisionnel, mais surtout avoir une capacité d’initiative face aux enjeux publics. La réforme qu’elle entend donc entre-prendre et pour laquelle elle souhaite être accompagnée vise une grande transformation de la société civile.

Dans son repositionnement stratégique comme partenaire et acteur de politiques publiques, la société civile ivoirienne envi-sage d’une part un niveau d’institutionnalisation, et d’autre part initier des cadres de concertation qui permettraient de renforcer son efficacité, mais surtout son impact.

Défis et enjeux pour un impact réel

La mise en perspective de l’engagement citoyen en Côte d’Ivoire a révélé un certain nombre de défis et enjeux aux-quels, aussi bien les organisations de la société civile que les autorités publiques et partenaires techniques et financiers, doivent faire face pour envisager une réinvention de bonnes pratiques en vue de pouvoir contribuer véritablement à la gouvernance publique. Ces défis et enjeux divers et variés émanent de pratiques ancrées et procèdent de plusieurs lo-giques dont il convient d’apprécier les formes et consé-quences. Il s’agit de la désacralisation de ce que nous appelle-rons la raison citoyenne (ratio civilitas), de l’érosion de l’an-crage tribunitien, de la nécessaire réinvention d’un « partenariat-civil-politique » (PCP).

Une double délégitimation de la « ratio civilitas »

Nous entendons par « ratio civilitas » ou « raison ci-toyenne » le ciment de l’engagement du citoyen dans la communauté. Elle apparaît comme cette force inté-rieure qui anime tout citoyen épris de participer, de-puis sa condition citoyenne à influencer le comporte-ment des autres citoyens et même celui des hommes politiques sans toutefois passer par un mandat poli-tique.

Elise DAUBELCOUR

Elise DAUBELCOUR

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La tendance à délégitimer le sens et l’essence de l’en-gagement du citoyen pro-cède d’une double articula-tion entre la perception des citoyens eux-mêmes et celle des autorités poli-tiques.

Loin d’être un partenaire, un acteur de politique pu-blique, un interlocuteur crédible de la puissance publique, la société civile a parfois été confinée, au mieux, dans un rôle subal-terne de « griot » du pou-voir public quand celle-ci avait besoin d’elle ; au pire elle était regardée comme un adversaire, un ennemi.

La raison citoyenne est donc le déterminant de l’engagement du citoyen. Or dans le cas ivoirien, les différentes études et enquêtes ont abouti à se rendre compte de la cristallisation de la délégitimation de la « raison citoyenne ».

Paradoxale a priori dans un contexte national de plébiscite du rôle de la société civile, cette délégitimation doit être perçue comme conjoncturelle et la légitimation population du rôle des OSC comme nous l’avons remarquée plus tôt, s’avère l’ex-pression d’une conscience populaire qui attend beaucoup de la société civile.

La tendance à délégitimer le sens et l’essence de l’engagement du citoyen procède d’une double articulation entre la percep-tion des citoyens eux-mêmes et celle des autorités politiques. Enfermée dans ce cercle vicieux de délégitimation fondée sur une double perception négative, les organisations de la socié-té civile ont le défi de surmonter ces perceptions d’un engage-ment opportuniste qui amène les populations à voir l’engage-ment citoyen comme un promontoire social et politique et les autorités politiques à prendre les acteurs de la société civile pour des « loups encagoulés ».

Dans ce même élan, plusieurs autres défis devront également être relevés, notamment :

Passer d’un stade tribunitien à un stade programma-

tique

La fonction tribunitienne est une dimension essentielle de l’ef-ficacité de l’engagement citoyen. Elle est sacrée pour les lea-ders de la société civile dont l’action passe entre autres par la dénonciation, la formulation de la critique, le développement cohérent et harmonieux d’une rhétorique de la contestation et de la construction d’un contre-discours. En Côte d’Ivoire, les leaders de la société civile donnent parfois l’impression de se satisfaire de dénonciation ne rassurant aucune les décideurs politiques de leur capacité à participer à la rationalité de l’ac-tion publique.

La réinvention d’un « partenariat civil-politique »

La perception négative dont font opportunément preuve les acteurs politiques à l’égard de la société civile tend à enfermer celle-ci dans une logique de subordination entretenue par les nombreuses stratégies d’inféodation. Il s’en suit que loin d’être un partenaire, un acteur de politique publique, un interlocu-teur crédible de la puissance publique, la société civile a par-fois été confinée, au mieux, dans un rôle subalterne de « griot » du pouvoir public quand celle-ci avait besoin d’elle ; au pire elle était regardée comme un adversaire, un ennemi.

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Pour devenir « partenaire » et non plus « sujet », la so-ciété civile ivoirienne entend s’engager dans des réformes en profondeur. Elle doit se doter d’un programme cohé-rent de transformation dont les grands axes constituent les repères essentiels pour un réel impact dans la prise de décision dans le secteur de la citoyenneté.

Face à cela, il semble de bon aloi que la société civile ivoi-rienne parvienne à réinventer avec les autorités publiques une logique de collaboration, un plan stratégique de coopération, une sorte de « partenariat civil-politique » dont les termes conjointement définis permettraient à chacune des parties de pouvoir positiver le travail de l’autre pour l’intérêt général. Ce nouveau couple, qui sans doute connaîtra sûrement des mo-ments de désaccord, doit quand-même institutionnaliser des creusets pour tirer le meilleur de cette collaboration heureuse en vue de maximiser l’impact des uns et des autres et optimi-ser l’efficience et la pertinence des politiques publiques dans le secteur de la citoyenneté. La construction de cette collabo-ration passe par une conquête du statut de « partenaire ». Il importe donc que les organisations de la société civile ivoi-rienne travaillent à relever ce défi de conquête du statut de « partenaire ».

Pour devenir « partenaire » et non plus « sujet », la société civile ivoirienne entend s’engager dans des réformes en pro-fondeur. Elle doit se doter d’un programme cohérent de trans-formation dont les grands axes constituent les repères essen-tiels pour un réel impact dans la prise de décision dans le sec-teur de la citoyenneté.

Le pari de la spécialisation

Il est donc impérieux que les OSC qui aspirent véritablement à influencer la gouvernance publique s’imposent un minimum de spécialisation sine qua non à leur crédibilité et à la cons-truction d’une expertise indispensable pour revendiquer un statut de partenaire des autorités politiques.

Les axes d’Orientation stratégiques

Plusieurs perspectives stratégiques doivent être envisagées pour renforcer la contribution des OSC à la gouvernance pu-blique. Nous avons identifié :

AOS1 : des mutations structurelles et fonctionnelles des

OSC

AOS2 : la construction d’un pôle de convergence national

unifié

AOS3 : le renforcement du dispositif de mise en visibilité

et l’indépendance médiatique des OSC

AOS4 : l’institutionnalisation-pérennisation et la transfor-

mation des CRASC

AOS5 : le renforcement des capacités des OSC

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AOS6 : l’institution de cadres de consultation et de concertations multipartites

et permanents

AOS7 : l’autonomisation financière des OSC

AOS8 : la capitalisation, partage d’expériences et réseautage interne, régional

et international

Conditions de succès

Plusieurs conditions impliquant toutes les parties prenantes à la bonne gouvernance en Côte d’Ivoire doivent être remplies pour envisager une réelle influence des OSC dans la gouvernance publique. Il s’agit essentiellement de :

♦ La reconnaissance que société civile n’est pas une alternative à l’Etat.

♦ La reconnaissance que la société civile n’est pas un adversaire de l’Etat.

♦ Sortir de la confusion administratif-politique.

♦ Aboutir à un cadre juridique plus approprié.

♦ La reconnaissance de la démocratie comme le cadre global.

♦ La mutation de la perception du rôle et de la légitimité des acteurs de la so-ciété civile.

♦ La réappropriation populaire de la nécessité de l’engagement citoyen à la gouvernance publique.

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