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TRANSPARENCE BULLETIN D’INFORMATION DU RESEAU DES ORGANISATIONS DE LASOCIETE CIVILE POUR LATRANSPARENCE DANS LES INDUSTRIES EXTRACTIVES ET L’ANALYSE BUDGETAIRE - N° 36 - Avril 2013 Niger CE BULLETIN VOUS EST GRATUITEMENT OFFERT AVEC LE SOUTIEN DE SWISSAID GESTION DES INDUSTRIES EXTRACTIVES La contestation se généralise Fait inédit pour ne pas être souligné, les travailleurs de la Compagnie minière d'Akouta (Cominak) ont mis en doute pour la première fois de l'histoire les chiffres annoncés par la direction des opérations de la société concer- nant la production de l'année 2012. Ils l'ont fait parce que les responsables de la compa- gnie voulaient les gruger par rapport au mon- tant de la prime de production qui doit nor- malement leur être versée. Le montant pro- posé est nettement inférieur à celui auquel ils s'attendaient, aussi ont-ils déclenché un arrêt de travail pour contraindre la direction des opérations de la Cominak à les mettre dans leurs droits. Dans la même période, les travailleurs de la Société des mines d'Azelik (Somina), contrôlée par les Chinois, étaient aussi engagés dans un bras de fer contre leur employeur pour notamment exiger un trai- tement salarial juste et équitable ainsi que de meilleures conditions de vie et de travail sur le site de production. Ces deux événe- ments sont assez révélateurs de la profon- deur du malaise dans le secteur extractif jus- qu'ici dénoncé surtout par les organisations de la société civile spécialisées. (Suite page 3) EXPLOITATION DU BRUT D’AGADEM La colère des jeunes sans emplois embrase Diffa CITÉ MINIÈRE D'ARLIT L'eau, une denrée rare pour les populations SITUATION DES TRAVAILLEURS NIGÉRIENS DE LA SOMINA ET D'AGADEM Des conditions de vie et de travail exécrables Le Réseau des Organisa- tions pour la Transparence et l'analyse budgétaire (Rotab) a organisé, en collaboration avec l'Union européenne, une conférence-débat à son siège, sur le thème : "Droit de travail dans le secteur ex- tractif : cas de la Somina". C'était le lundi 22 avril 2013. (Lire page 10)

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1Bulletin d’information du ROTAB PCQVP Niger

MINES PÉTROLE BUDGET

TRANSPARENCEBULLETIN D’INFORMATION DU RESEAU DES ORGANISATIONS DE LA SOCIETE CIVILE POUR LA TRANSPARENCE

DANS LES INDUSTRIES EXTRACTIVES ET L’ANALYSE BUDGETAIRE - N° 36 - Avril 2013

NigerCE BULLETIN VOUS EST GRATUITEMENT OFFERT AVEC LE SOUTIEN DE SWISSAID

GESTION DES INDUSTRIES EXTRACTIVES

La contestation se généraliseFait inédit pour ne pas être souligné, les

travailleurs de la Compagnie minière d'Akouta(Cominak) ont mis en doute pour la premièrefois de l'histoire les chiffres annoncés par ladirection des opérations de la société concer-nant la production de l'année 2012. Ils l'ontfait parce que les responsables de la compa-gnie voulaient les gruger par rapport au mon-tant de la prime de production qui doit nor-malement leur être versée. Le montant pro-posé est nettement inférieur à celui auquelils s'attendaient, aussi ont-ils déclenché unarrêt de travail pour contraindre la directiondes opérations de la Cominak à les mettre

dans leurs droits. Dans la même période, lestravailleurs de la Société des mines d'Azelik(Somina), contrôlée par les Chinois, étaientaussi engagés dans un bras de fer contre leuremployeur pour notamment exiger un trai-tement salarial juste et équitable ainsi quede meilleures conditions de vie et de travailsur le site de production. Ces deux événe-ments sont assez révélateurs de la profon-deur du malaise dans le secteur extractif jus-qu'ici dénoncé surtout par les organisationsde la société civile spécialisées.

(Suite page 3)

EXPLOITATION DU BRUT D’AGADEM

La colère des jeunes sansemplois embrase Diffa

CITÉ MINIÈRE D'ARLIT

L'eau, une denrée rarepour les populations

SITUATION DES TRAVAILLEURS NIGÉRIENS DE LA SOMINA ET D'AGADEM

Des conditions de vie et de travail exécrablesLe Réseau des Organisa-

tions pour la Transparence etl'analyse budgétaire (Rotab)a organisé, en collaborationavec l'Union européenne, uneconférence-débat à sonsiège, sur le thème : "Droit detravail dans le secteur ex-tractif : cas de la Somina".C'était le lundi 22 avril 2013.

(Lire page 10)

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Ils étaient nombreux les membresdu Conseil consultatif de Swissaid,les partenaires locaux , amis et con-naissances, à assister à la cérémo-nie de passation de service entre lescoordinateurs sortant et entrant deSwissaid, le vendredi 19 avril 2013,au siège de l'ONG internationale àNiamey. Le nouveau coordonnateuret l'ancien M Almoustapha Moumouniétaient à l'honneur. En effet, une fêteen guise d'hommage a été organiséepar ses anciens collègues de service.Le premier à prendre la parole étaitle doyen d'âge de l'équipe deSwissaid Niger.

Il a salué le professionnalisme,l'esprit d'équipe et de partage qui sontle credo du coordonnateur sortant,Almoustapha, avant de lui souhaiterbonne chance dans ses nouvellesfonctions. Un cadeau symbolique luia été offert au nom de tous ses an-ciens collègues. Après ce fut le tourdes partenaires de Swissaid de pren-dre la parole. D'abord le doyen de lasociété civile nigérienne, KhalidEkhiri, ancien président de l'ANDDH,président de Conseil consultatif deSwissaid, membre élu de la nouvelleCommission nationale des droits del'Homme, pour saluer la constante dis-ponibilité d'Almoustapha Moumouni entant que coordinateur de Swissaid. Il

DÉPART D'ALMOUSTAPHA DE SWISSAID

Ses partenaires et ses amis lui rendent hommage

a toujours répondu favorablementaux appels et attentes des acteursde la société civile nigérienne. Pourmémoire, Ikhiri a rappelé l'accom-pagnement sans faille de Swissaiddans les manifestations citoyennescontre la vie chère en mars 2005,mais aussi la distribution de vivresau profit des populations démuniespar l'ONG. Ce fut ensuite à AliIdrissa, Coordonnateur du Réseau

ALMOUSTAPHA MOUMOUNI

des organisations pour la transpa-rence et l'analyse budgétaire (ROTAB)de prendre la parole pour témoigner."Almoustapha a accompagné nosstructures dans la rue et au bureau. Ila aidé nos structures à tendre vers leprofessionnalisme", a-t-il déclaré. Ily a eu d'autres témoignages de satis-faction, notamment ceux de plusieursmaires dont celui de la commune ru-rale de Dan Kassari pour les servicesrendus à leurs communes respectives,et ceux de la Copagen, une structurede la société civile, qui milite pour laconservation génétique des espècesagricoles.

Le coordinateur sortant, visible-ment ému, prit à son tour la parolepour dédier tous ces témoignages re-çus à l'ensemble de ses collègues etpartenaires de Swissaid. "Tous les suc-cès ici évoqués ne sont pas de maseule et unique compétence. Chacuneet chacun de vous ici présent a contri-bué. Je vous encourage à persévérerdans ce sens", dit Almoustapha. En-fin, le nouveau coordinateur est inter-venu pour encourager vivement lespartenaires de Swissaid et les exhor-ter à persévérer dans le travail commeau temps d'Almoustapha. Il s'est ditconscient de la tâche et des défis quirestent à relever.

Naomi Binta Stansly

La région d'Agadez attend quel-que 8 milliards de francs CFA de l'Etatau titre d'arriérés de redevances mi-nières, selon Adam Efangan, mairede la commune de Tabelot, présidentrégional de l'association des munici-palités du Niger. Cette préoccupationa fait l'objet d'une conférence publi-que organisée le 19 mars par le Ré-seau des organisations sur la trans-parence et l'analyse budgétaire(ROTAB-PCQVP NIGER), à Arlit, avecl'appui de l'Ambassade de France auNiger. Les compagnies minières ver-sent l'argent à l'Etat, pourquoi alorsce retard dans la rétrocession des15% des redevances aux communesbénéficiaires alors même que c'estune disposition légale instituée depuis2006 ? La conférence publique, qui aregroupé les autorités communales,les acteurs associatifs et les habitantsd'Arlit a servi de cadre pour débattredes contours du problème et identi-fier des pistes d'actions pouvant per-mettre à la région d'accéder à ce fondsqui n'a pas été versé depuis plusieursannées. Et les rares fois que l'Etat a

REDEVANCES MINIÈRES

Agadez attend le versement de 8 milliards francs CFA

rétrocédé cette redevance, ce sontseulement les 95% de la somme quisont répartis entre les communes,les 5% sont retenus par les autori-tés administratives pour les besoinsdu suivi et évaluation indique-t-on,selon le conférencier. Ce qui n'est pasnormal, car aucun texte ne prévoitune telle ponction. Pour une localitédont les habitants sont confrontés àun sérieux problème d'accès à l'eaupotable à cause de la vétusté desrares ouvrages hydrauliques et del'épuisement de la nappe phréatique,

cette question s'est aussi invitée dansle débat. La question du château d'eaupromis depuis des années mais dontla réalisation tarde toujours, le calvaireenduré quotidiennement par les po-pulations pour chercher de l'eau, l'in-différence des responsables des so-ciétés minières devant cette situation,etc., ont alimenté les échanges. Pourles participants à la conférence publi-que, l'option pour trouver des solutionsà ces différents problèmes reste lalutte.

O. Issa

UNE VUE DES PARTICIPANTS À CONFÉRENCE PUBLIQUE D’ARLIT

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COMMUNIQUÉ

Le Réseau des Organisationspour la Transparence et l'Ana-lyse Budgétaire (ROTAB) s'estréuni ce jour 30 Avril 2013, àl'effet d'examiner la situationsociale de notre pays née desévènements intervenus ces der-niers temps dans le secteur desindustries extractives. Après uneanalyse approfondie de la situa-tion, le ROTAB fait la déclara-tion suivante :

Depuis quelques semaines,notre pays fait face à une mon-tée de tension sur le front so-cial, avec la multiplication desmanifestations des populationset étudiants, des jeunes en par-ticulier à Niamey, à Maradi, puisà Diffa et des mouvements degrève du personnel dans le sec-teur des industries extractives.Ainsi, les travailleurs de laCOMINAK (Compagnie Minièred'Akouta filiale d'AREVA) dénon-cent la sous-évaluation du ni-veau de production annoncé parcette entreprise et conséquem-ment leur prime de production,tandis que ceux de la SOMINA(Société des Mines d'Azelik) etde la CNPC (China NationalPetroleum Corporation) exigentun meilleur traitement salarial.Si ces mouvements de grèveportent spécifiquement sur lerespect des protocoles d'accordsignés entre les syndicats destravailleurs et les directions des

GESTION DES INDUSTRIES EXTRACTIVES

La contestation se généralise (Suite de la page 1)

Lorsqu'on y ajoute les manifestations de rue organiséesces derniers temps par les étudiants à l'université AbdouMoumouni de Niamey contre Areva et les récentes émeutesdes jeunes de Diffa contre la politique discriminatoire de re-crutement de la China national petroleum corporation (CNPC)exploitant le bloc pétrolier d'Agadem, le cocktail devient suf-fisamment explosif pour susciter des inquiétudes. C'est de-vant ces graves évènements que le Réseau des organisa-tions pour la transparence et l'analyse budgétaire (Rotab) apublié un communiqué de presse, le 30 avril dernier, pourinterpeller le gouvernement quant à son devoir de veiller àune exploitation des ressources naturelles du pays bénéfi-que pour le pays et les populations. Nous vous livrons, ici,l'intégralité du communiqué de presse.

compagnies minières et pétro-lières, les manifestations des ci-toyens, quant à elles, traduisentle ras-le-bol des populations devoir les ressources naturelles ex-ploitées continuellement au pro-fit quasi exclusif des entrepri-ses extractives et de leurs paysd'origine et ce au détriment duNiger. Il est important de rap-peler que, les ressources natu-relles exploitées dans notrepays, notamment l'uranium de-puis plus de 40 ans, l'or depuisbientôt 10 ans, et le pétroledepuis novembre 2011, repré-sentent moins de 10% du Pro-duit Intérieur Brut (PIB). Il estévident que ce secteur contri-bue de façon insignifiante à lacréation de la richessenationale.Vivement préoccupépar l'indifférence du gouverne-ment face à cette situation quirisque de plonger le Niger dansle syndrome de la malédictiondes ressources naturelles, leROTAB :

Déplore l'usage de la violenceaussi bien par les manifestantsque par les forces de l'ordre,

Se félicite de l'éveil de cons-cience des citoyens autour desquestions des industries extrac-tives ;

Condamne fermement le non-respect de la législation du tra-vail dans le secteur des indus-tries extractives par les com-

pagnies minières et pétrolières; Rappelle au gouvernement

son devoir de garantir, de dé-fendre et de protéger les inté-rêts de l'Etat du Niger et descitoyens ;

Apporte son soutien aux tra-vailleurs de la COMINAK, de laSOMINA et de la CNPC et desautres entreprises dans leursluttes nobles contre le pillagesystématique des nos ressour-ces ;

Invite par conséquent le gou-vernement à obliger les socié-tés extractives à honorer leursengagements à l'égard de l'Etatet des travailleurs ;

Attire l'attention du gouver-nement, des organisations de lasociété civile et des citoyens surle danger que représente pournotre pays et sa stabilité la cris-pation et l'accentuation dessouffrances des populations àcause de la mauvaisegouvernance des industries ex-tractives ;

Réitère son exigence d'unerévision de la législation minièreet pétrolière ainsi que de tousles contrats miniers et pétroliersen vue d'y inclure dans ces der-niers, un partenariat gagnant-gagnant entre l'Etat du Niger etles Compagnies Extractivescomme le souhaitent ardemmentles Nigériens ;

Enfin, le ROTAB en appelleaux organisations de la sociétécivile, aux syndicats, aux sco-laires et à tous les citoyens, àla mobilisation générale cons-tante, afin de faire comprendreaux autorités en place et auxcompagnies extractives que lesressources minières et pétroliè-res appartiennent selon la Cons-titution à l'ensemble des Nigé-riens et que leur gestion ne peutse faire au détriment de cesderniers.Fait à Niamey le 30 Avril 2013

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L'annonce, le début puis la logique del'exploitation du pétrole des sites dela région de Diffa ont été, pour lepeuple nigériens à fortiori pour lapopulation de Diffa, une promesse demieux vivre sur fond d'emplois desjeunes, de jouissance des retombéeset de développement sans dépen-dance véritable.Mais force est de constater que:- malgré les impactsenvironnementaux directs et indirectsde cette exploitation, notamment surle pâturage, les habitats, la flore sau-vage, la faune, la santé animale ethumaine; en somme, une dégrada-tion sans précédent de l'environne-ment, rendant tout simplement im-possible la survie des populations lo-cales;- malgré les promesses du PM lorsdu forum pour la paix, tenu à Diffa,en juillet 2012;La mafia organisée à Niamey et àDiffa, piétine les lois fondamentalesnationales et les principes élémentai-res de la bonne gouvernance.

Malgré tout, les jeunes du Manga,épris de paix, maintenue et perpé-tuée actuellement par nos nouveauxet même ancien élus locaux, ainsique par nos chefs traditionnels,avaient tempéré, jusqu'à ce que lagoutte déborde la vase. En effet, leprocessus d'exploitation du pétrole auniveau du de nos cites pétroliers aété caractérisé par une profonde in-justice, sur fond de malaise latent etde frustration notoire endurée.En plus, le Gouverneur de la région,

Diffa, dans l'extrême-est du Niger, a connu dujeudi 25 au samedi 27 avril derniers, de violentesmanifestations de rue organisées par les jeunesde la région, en guise de protestation contre lamarginalisation dont ils sont victimes dans le ca-dre des recrutements effectués par la China na-tional petroleum corporation (CNPC), la sociétéchinoise exploitant le brut du bloc d'Agadem.

Lesquelles manifestations se sont soldées parplusieurs blessés dont 5 par balles réelles suiteaux échauffourées entre les forces de maintiende l'ordre et les manifestants, de nombreux dé-gâts matériels et des interpellations dans lesrangs des manifestants, à Diffa commune, N'Guigmiet Maïné Soroa.

Le recrutement dans des conditions troublesd'une vingtaine d'agents à Niamey pour le comptede la société pétrolière, alors que les jeunes de larégion de Diffa sont dans l'attente d'un hypothéti-

EXPLOITATION DU BRUT D’AGADEM

La colère des jeunes sans emplois embrase Diffaque emploi depuis le démarrage de la productiondu brut, a mis le feu aux poudres. Devant la gra-vité des émeutes, le président de la République,Issoufou Mahamadou, a dû dépêcher d'urgence lePremier ministre, Brigi Rafini, sur place afin defaire baisser la tension et ramener le calme dansla région.

Les échanges entre la haute délégation de Nia-mey et les populations de Diffa ont permis d'arrê-ter le mouvement, mais le feu est loin d'être tota-lement éteint. Les décisions prises séance tenanteet les promesses ont amené les jeunes à surseoirà leurs manifestations. Pour l'avenir, tout dépen-dra du sérieux que les autorités politiques met-tront à trouver des solutions à leurs revendica-tions légitimes contenues dans ce mémorandumqu'ils ont élaboré et soumis à la délégation du Pre-mier ministre Brigi Rafini.

Seyni Issa

représentant en principe le Présidentde la République et le Gouvernement,porte-parole officiel de la région depar sa prérogative est tout simple-ment démissionnaire et proprementdistant, sinon méprisant vis-à-vis dela région et de ce qui la concerne. Etc'est peu dire à son propos.Aujourd'hui, une nouvelle prise deconscience et de responsabilité col-lective est en route, autour des re-vendications spontanées mais nonmoins légitimes des jeunes à la re-cherche d'emploi à Diffa. Même si lesactes posés sont notoirement déplo-rables, il reste qu'ils sont, en réalité,l'expression de profonds ressenti-ments éprouvés.C'est ainsi qu'en terme de cons-tats nous notons:1- Des manœuvres sournoisesorganisées et entretenues par unlobby d'employeurs véreux et spé-culateurs dans le processus de recru-tement et d'affectation aux sitespétroliers(AGADEM), depuisNiamey avec répondants à Diffa;2- Une complicité affichée autour duchoix des employés entre l'Inspec-tion du travail et les représentantsdes sociétés pétrolières de la place ;3- Une pratique de corruption et demercantilisme érigée en système devaleurs par un noyau sans scrupuleaucun, foulant l'orthodoxie adminis-trative et la convention collective in-terprofessionnelle ;4- La pléthore des cabinets privés,recrutant au gré d'intérêts mesquins,sur fond d'escroquerie sans scrupu-

les et de truandages permanente ;5- L'octroi des marchés spécifiquesqui devient un phénomène qui prendl'allure d'une ségrégation évidente.Il s'avère évident que toutes cesdérives sciemment orchestréeset savamment entretenues, ten-dent à franchir le paroxysme.C'est pourquoi, le présent mémo-randum exprime succinctementles revendications légitimes etprésentes des populations, à sa-voir :7-La délégation d'une étude de con-trôle de l'environnement et des im-pacts immédiats, à court et à longterme des exploitations engagéesdans la région de Diffa, sans exclu-sive ;

8- Le recrutement immédiat d'aumoins 5000 ouvriers locaux pour lescomptes des différentes compagniesd'exploitation ;9- L'annulation pure et simple desprocédures de location des véhiculesà partir de Niamey ou ailleurs,( mêmesi le Gouverneur de la région pense,dans la logique de ses fantasmes, queles locaux sont si pauvre qu'ils n'endisposent pas ; ce qui, du reste est àl'opposé de la réalité) ;1O-La résiliation pure et simple detous les contrats signés entre les com-pagnies pétrolières et les cabinets derecrutement ;11-Le transfert à Diffa des diversescommandes de fournitures et maté-riels ;12-L'augmentation des salaires des

MÉMORANDUM DES JEUNES SANS EMPLOIS DE LA RÉGION DE DIFFA

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ouvriers et l'amélioration de leurs con-ditions de travail ;13-La fermeture de la route artificiel-lement créée à partir de Zinder surAgadem aux fins d'étouffer l'écono-mie de la Région de Diffa ;14-Le caractère non négociable des

UNE VUE DES INSTALLATIONS DE LA CNPC À AGADEM

15% perçus sur le brut;15-La mise en œuvre urgente despolitiques sociales dans le cadre dela prise en compte des questionsenvironnementales liées à l'exploita-tion du pétrole ;16-La diligence, dans l'électrification

de Diffa à partir de la SORAZ.De tout ce qui précède, il ressort uneidentité parfaite des points de vue descommunautés de la Région de Diffa.La mobilisation sociale ainsi enclen-chée sera de mise jusqu'à ce quel'ensemble des points de revendica-tions soit pris en compte.

A tous points de vue, il reste évidentque la prise en compte effective etsans complaisance des aspirationsd'un peuple, par rapport à toute ques-tion liée au développement socio-éco-nomique de sa Région, est légitime.De la nécessaire prise en compte deces points ainsi mentionnés dépend,en partie, le retour à la sérénité envue de créer les voies susceptiblesde conduire véritablement à la cohé-sion sociale et à la préservation desacquis du développement. C'est dureste, notre souhait profond et véri-table. Car, véritablement à partir decet instant, nous ne serions respon-sables de ce qui pourrait advenir. Seull'Etat du Niger, à travers son nouveaureprésentant légal en est responsa-ble, car l'actuel est manifestement in-compétent, incapable et indifférent.

Une autre préoccupation exposéepar les populations de Diffa, à la suitedes violentes émeutes ayant perturbéla quiétude de la région il y a environdeux semaines, est en bonne voie derèglement. Il s'agit de la part de re-devances pétrolières qui devait êtreversée aux communes de la régionconcernée par les opérations pétro-lières, lesquelles redevances n'ontjamais fait l'objet de versement de-puis le démarrage des activités de laChina national petroleum corporation(CNPC) à Agadem.

Le Conseil des ministres du 6 maidernier a examiné et adopté un pro-jet de loi modifiant et complétant laloi N° 2007-01 du 31 janvier 2007portant Code pétrolier qui prévoit, enson article 146, une répartition desrecettes pétrolières entre l'Etat et lescommunes des régions concernéespar les opérations pétrolières pour lefinancement du développement local,établie respectivement à 85 et 15%.

La modification a consisté à pren-dre désormais en compte les régionsqui étaient exclues dans la disposi-tion en tant que collectivités territo-riales, donc de la répartition de lamanne, "alors même qu'elles concou-rent, de par la loi, au même titre queles communes au développement éco-nomique, social et culturel de la ré-gion ", selon le communiqué du con-

VERSEMENT DES REDEVANCES EXTRACTIVES

Diffa revendique, les autres régions en bénéficientseil des ministres.

Le financement des actions ci-des-sus énumérées est assuré, d'aprèsle code général des collectivités ter-ritoriales, par la redevance pétrolière,qui est considérée comme l'une desprincipales recettes des régions col-lectivités territoriales.

Un autre projet de loi poursuivantle même objectif est examiné dansla foulée, celui relatif notamment auraffinage, l'exportation, le transit, laréexportation, le stockage, le trans-port massif, la distribution et la com-mercialisation des hydrocarbures etdes produits dérivés. Ledit projet pré-voit, selon le communiqué, les mé-canismes permettant de prendre encompte les collectivités territorialesdes régions de raffinage dans le par-tage des recettes tirées de cette ac-tivité. A ce niveau, il s'agit essentiel-lement de la taxe intérieure sur lesproduits pétroliers dans la répartitionde laquelle l'Etat perçoit 85% au titredu budget national et les collectivitésterritoriales de la région concernée15%.

Mais il n'y a pas que le pétrole,les activités minières sont aussi con-cernées par la modification des tex-tes pour prendre en compte les ré-gions collectivités territoriales dans larépartition des recettes. Ce souci a

conduit à la révision de la loi N° 2006-26 du 9 août 2006 modification l'or-donnance N° 93-16 du 2 mars 1993portant loi minière du Niger. Initiale-ment, la répartition des recettes sefait entre l'Etat et les communes desrégions concernées, selon les mêmestaux de 85% pour le premier et 15%pour les deuxièmes. La modificationapportée a visé inclure les régionscollectivités territoriales dans le par-tage, car elles concourent, de par laloi, au même titre que les commu-nes, au développement économique,social et culturel de la région.

Les trois projets de loi ainsi exa-minés et entérinés par le gouverne-ment seront transmis à l'Assembléenationale pour adoption. Comme onpeut le constater, la revendication despopulations de Diffa concernant laredevance a eu aussi des effets bé-néfiques pour les autres régions col-lectivités territoriales d'activités ex-tractives.

Exclues jusqu'ici de la répartitiondes recettes générées par les opéra-tions extractives, elles vont désormaisdisposer de leur part du gâteau envue d'investir dans le développement.Mais ce n'est qu'une étape, l'autrepaire de manche c'est le versementrégulier de ces redevances.

O. Issa

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Le premier atelier, qui a porté surl'élaboration de projets et recherchede financement s'est déroulé du 18au 19 Mars 2013. Dans le discoursqu'elle a prononcé lors de la céré-monie d'ouverture dudit atelier, lavice-coordinatrice du ROTAB a indi-qué que "le thème de cet atelier deformation est sans conteste l'un desplus importants pour les communesdans le contexte de décentralisationen cours dans notre pays, car la re-cherche de financement estaujourd'hui un défi majeur". MmeOusmane Naomi a poursuivi, en dé-clarant que même si la décentralisa-tion confère une autonomie financièreaux communes, "force est de cons-tater que cette autonomie est dansbeaucoup de cas théorique car cesentités n'arrivent pas à mobiliser suf-fisamment de ressources pour finan-cer leurs activités". Et la vice-coordinatrice du ROTAB d'informer lesparticipants à l'atelier qu'en plus desrecettes ordinaires que la communepeut mobiliser au plan local, "d'autresopportunités de financement existentnotamment à travers l'élaboration etla mise en œuvre de projets et laconclusion des accords de partena-riat dans le cadre de la coopérationdécentralisée". Selon Mme OusmaneNaomi, "c'est donc en raison de cetteexigence que le ROTAB a initié cettesession de formation au profit desacteurs de la commune d'Arlit afin deleur permettre d'avoir des aptitudeset des outils de mobilisation de fonds,gage d'une bonne exécution de sonPlan de Développement Communal(PDC) ". Car, devait-elle conclure, "ladécentralisation a fait naître d'immen-ses espoirs chez les populations à labase et pour satisfaire leurs atten-tes, les élus locaux doivent innover,chercher de manière permanente lesvoies et moyens de traduire en ac-tions concrètes les promesses faitesaux électeurs". deux jours durantn,les participants à ce premier atelieront été outillés sur les techniquesd'élaboration de projets et de recher-

Du 18 au 21 Mars dernier, le Réseau des organisations pour latransparence et l'analyse budgétaire (ROTAB-NIGER) a organisédeux ateliers à l'attention des élus locaux, des techniciens des mai-ries, acteurs de la société civile et des médias du département d'Arlit.Animés par la vice-coordinatrice du ROTAB, Mme Ousmane Naomi,ces deux ateliers ont porté sur l'élaboration des projets, la recher-che de financement et le budget participatif.

ATELIERS SUR L'ÉLABORATION DES PROJETS...

Le ROTAB renforce les capacités des élus locaux,techniciens des mairies, acteurs de la société civiledes médias du département d'Arlit

che de financements. Le deuxièmeatelier, sur le budget participatif s'est,lui, tenu du 20 au 21 Mars 2013.

A l'ouverture de cet atelier aussi,la vice-coordinatrice du ROTAB a li-vré un discours, dans lequel elle atout d'abord rappelé que "lagouvernance locale est aujourd'huil'un des éléments qui concourent àl'épanouissement des populations, àtravers notamment leur implicationdans les choix des actions de déve-loppement de leurs communautés".

Pour Mme Ousmane Naomi, "lesystème de décentralisation en coursdans notre pays a permis aux ci-toyens de choisir leurs représentantsau plan local et qui doivent gérer lesaffaires quotidiennes de la cité". Par-lant du budget participatif, la vice-coordonatrice du ROTAB a indiquéque le budget participatif est le ré-sultat d'un "processus de démocratiedirecte et universelle, au cours du-quel la population peut librement dis-cuter et décider du budget et des po-litiques publiques" et qu'il est égale-ment "un espace de formation et deraffermissement d'une éducation ci-vique qui favorise l'exercice d'une ci-toyenneté active".

LES PARTICIPANTS LORS DES TRAVAUX

Toujours selon Mme OusmaneNaomi, le budget participatif permet"une mobilisation plus juste des res-sources communales ainsi qu'unetransparence accrue dans la gestiondes revenus". Pour la vice-coordinatrice du ROTAB, cette trans-parence dans la gestion des revenusest d'autant plus nécessaire pour lacommune d'Arlit que cette dernièreabrite les principaux sites d'extrac-tion de l'uranium et qu'elle reçoit desfonds au titre de la rétrocession desrevenus miniers.

La vice-coordinatrice du ROTAB aconclu son discours, en remerciantl'Ambassade de France pour son ap-pui financier chargés de présenter lesdifférentes communications. Dansune brève intervention, le Maire dela commune d'Arlit a indiqué que lebudget participatif, l'analyse et le suivibudgétaire font partie des préoccu-pations du conseil communal de sacommune. Il a dit attendre qu'au sor-tir de l'atelier les participants soientoutillés, afin d'être aptes à mener desactions de développement au profitdes populations de la commune d'Arlit.Il a, enfin, tenu à remercier le ROTABpour avoir initié cet atelier de forma-tion.

Au cours des deux jours qu'a duréla rencontre, les participants ont eudroit à plusieurs communications surle budget participatif, l'analyse et lesuivi budgétaire.

Habibou AbdouSource la griffe N°513

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Rien ne va plus entre les sec-tions syndicales Syntramin etSynamin et la direction des opé-rations de la Cominak. A l'originede ce climat délétère, le béné-fice 2012 servant au calcul dela PRF que les deux syndicatscontestent et rejettent en bloc.Pour ramener les deux parties àaccorder leurs violons, des réu-nions de tentative de concilia-tion ont été tenues les 7 marset 4 avril derniers à l'Inspectiondu travail d'Arlit. Des réunions in-fructueuses, puisqu'elles n'ontpas permis de rapprocher lesparties en conflit. En effet, lesdeux syndicats soutiennent mor-dicus qu'en 2011, la productionde CK est 1438 TU à un prix derevient de 52030 Frs le kg, pourun prix de vente de 70.000 Frscomme PRF. En 2012, la produc-tion de CK est de 1504 TU à unprix de vente de 73000 Frs lekg. Le CK annonce le versementde 377000 Frs comme prime PRFpar agent. Des chiffres qui ontsuscité une grande indignationdans les rangs des syndicats, quivoient là une manière pour la di-rection des opérations de laCominak de vouloir purement etsimplement les gruger. Aprèsmoult tentatives de justificationset d'explications, toutes vaines,les syndicats demandent finale-ment à la direction des opéra-tions de leur fournir le documentportant explication des résultatsfinanciers 2012, mais aussi l'ap-plication stricte et rigoureuse duprotocole d'accord 2009 sur laPRF. En effet, c'est ce proto-cole qui donne une formule dé-taillée et précise de la PRF ba-sée sur les résultats nets aprèsimpôt de l'exercice. Mais pourtoute réponse, la direction desopérations demande la mise enplace d'un comité pour fairecomprendre à chacun ce qu'estun compte résultat. Les syndi-cats disent ne rien comprendreà ce type de discours et récla-ment de 630.000F à chaqueagent à titre de PRF 2012.

Naomi Stansly Binta

COMINAK

Les syndicats dusecteur à couteautirés avec la D.OAux termes d'une visite effec-

tuée au Niger, le directeur géné-ral adjoint en charge du BusinessGroup Mines du groupe Areva,Olivier Wantz a animé, le jeudi 7mars dernier, une conférence depresse à Niamey. Dans son ex-posé, Olivier Wants a évoqué laquestion relative à l'aide de 35millions d'euros accordée au Niger." … Il nous a été demandé par leministre des Finances puis par lesautorités de la Présidence de bienvouloir soutenir l'effort de protec-tion compte tenu de la situationsécuritaire que vous connaissez.Et c'est à ce titre que nous avonseffectivement consenti de soute-nir cet effort à concurrence de 35millions d'euros", a-t-il dit.

Il ajoute que cette sommen'est ni en relation avec le retardd'Imouraren, ni une obligationcontractuelle. " C'est simplementun geste excellent pour soutenircet effort qui est fait au niveau del'Etat au Niger pour protéger lesactivités, les biens et les person-nes qui sont liées à nos activités.C'est un geste unique que nousne pouvons pas faire régulière-ment ", a-t-il déclaré. OlivierWantz se démarque ainsi du do-cument jugé confidentiel appelé "Minutes de discussions " auquel ila d'ailleurs participé. Ce documentrapporte en effet ceci : " Consi-dérant la résolution prochaine desdifférents points évoqués dans lecompte rendu ainsi que la pour-suite d'une coopération sereineentre l'Etat du Niger et Areva etprenant en compte le manque àgagner généré par le report pro-bable du projet IMOURAREN au-delà de fin 2014, Areva s'engageà soutenir financièrement l'Etat duNiger en mettant à disposition lasomme de 35 millions d'Euros en2013, dix millions d'Euros en 2014et neuf millions d'Euros en 2015.Il est entendu que cet effort estexceptionnel". On constate aisé-ment, que le groupe Areva n'estpas donc prêt à payer au Niger lemanque à gagner dû au retarddans la mise en exploitation dugisement d'Imouraren et soulignépar le ministre des Mines et du Dé-veloppement industriel, OmarHamidou Tchana, lors du diner depresse du nouvel an organisé àl'intention des journalistes nigé-riens. Le ministre a, en effet dé-claré, que les manques à gagnerseront supportés par celui qui est

CONFÉRENCE DE PRESSE DU DGA D’AREVA

Les artifices d'Olivier Wantzle responsable de ce retard, doncAreva.

Le directeur général adjoint encharge du Business Group Minesd'Areva s'est aussi prononcé surles recettes générées par l'acti-vité minière d'Areva. Selon lui, lesrecettes qui ont été générées parles activités minières d'Areva entermes de royalties, de dividen-des, de taxes diverses et variéesont permis au Niger de récupérer70% de ses recettes sur l'année2012, soit un chiffre de 124 mil-lions d'euros. Le reste étant par-tagé entre les partenaires exploi-tants AREVA et les partenaires quiexploitent les différentes minesconcernées. Des propos que lecoordinateur du ROTAB, Ali Idrissaa balayé d'un revers de main. "Cette information grave, donnéepar Olivier Wantz, dément toutesles statistiques officielles relevéespar les documents administratifset de rapport d'études sur les re-cettes issues de l'exploitation del'uranium. Il faut que le gouver-nement communique au peuplenigérien, la destinée exacte des70% des recettes de l'uraniumversées à l'Etat. " Les recettescalculées à travers les rapportsITIE, les services des impôts, lesservices de douanes, les servicescompétents relevant du ministèreen charge des Mines donnent unrésultat nettement différent decelui avancé par Olivier Wantz ",a dit Ali Idrissa.

Par rapport à la création de l'em-plois, Olivier Wantz a indiqué que,plus de 5300 emplois sont actuel-lement créés au Niger dans le ca-dre des activités d'Areva, aussibien en ce qui concerne SOMAÏRque COMINAK, mais égalementIMOURAREM qui emploie d'ores etdéjà en direct ou en indirect, prèsde 1500 personnes. Ce que dé-ment catégoriquement le coordi-nateur du ROTAB. " Ces emploissont plutôt offerts par les troissociétés qui sont certes des filia-les d'Areva, mais également dessociétés de droit nigérien dontl'Etat du Niger est actionnaire àhauteur de 36,4% pour laSOMAÏR, 31% pour la COMINAK et33,35% pour Imouraren SA. Ensomme, estime Ali Idrissa, à tra-vers sa conférence de presse, Oli-vier Wantz " a voulu se moquerdes Nigériens ".

Sani Aboubacar

8Bulletin d’information du ROTAB PCQVP Niger

MINES PÉTROLE BUDGET

J

Rarement la visite d'un chefd'Etat étranger dans notrepays a suscité autant de com-mentaires, fait couler tantd'encre et de salive, commecelle effectuée par le prési-dent iranien au Niger en avrildernier.

Dr. Mahmoud Ahma-dinedjad est en effet présentéaux yeux de l'opinion commeun personnage sulfureux, quivoue une aversion sans bor-nes aux Etats Unis en parti-culier, et aux pays occidentauxde manière générale. Il est dureste le chef de file des paysdits non-alignés. Mais il n'y apas que ça.

Le président Ahma-dinedjadest mis au ban par les puis-sances occidentales, en parti-culier les Etats Unis, à causedu grand projet nucléaire qu'ilentend réaliser dans son pays.

Or, qui dit nucléaire, civil oumilitaire, dit uranium. Ainsi,pour tous, la visite de Dr.Ahmadinedjad au Niger respireune forte odeur d'uranium,cette ressource naturelle dontle sous sol nigérien regorge enquantité. Surtout, avant defouler le sol nigérien, le prési-dent iranien était à Cotonouau Bénin, où selon plusieurssources, il aurait parlé avec Dr.Boni Yayi de la possibilité, voireobtenir son accord, de fairetransiter de l'uranium nigériendont il entendrait négocierl'achat une fois à Niamey.

Un entretien très mal perçupar l'Ambassadeur des EtatsUnis au Bénin, qui se seraitrendu illico presto au palaisprésidentiel béninois pour de-mander à Boni Yayi d'opposerune fin de non recevoir à larequête du président iranien.

Dr. Ahma-dinedjad étaitdonc annoncé au Niger, etl'opinion nationale et interna-

VISITE AU NIGER DU PRÉSIDENT IRANIEN

L'impasse sur l'uranium suscite toujours des questions

tionale attendait de voir ce quiva ressortir de cette visite.

Surtout que depuis un cer-tain temps et de plus en plus,les autorités nigérienneshaussent le ton pour deman-der à la société françaiseAreva, qui exploite l'uraniumnigérien depuis plus de 42 ans,une révision des contrats quilient les deux parties, en vuede permettre à l'Etat du Nigeret aux populations de mieuxprofiter des retombées decette exploitation.

Le président iranien va-t-ildécrocher un contrat avec leNiger et à quel prix, à quellesconditions ? L'interrogationétait sur toutes les lèvres,jusqu'à la conférence depresse conjointe animée parle président nigérien IssoufouMahamadou et son hôte, auterme de la visite. "Aussi sur-prenant que cela puisse pa-raître, cette question spécifi-que à l'uranium n'a pas étéévoquée. Nous sommes toussignataires du traité de nonprolifération nucléaire, et noussommes tous d'accord qu'ilfaut que l'uranium serve auxpeuples, à la promotion de lavie et non à la destruction.

Nous sommes donc pour l'uti-lisation de l'uranium à des finspacifiques", a martelé le pré-sident nigérien. Issoufou atranché.

La visite du président iranienn'avait aucun arrière-goûtd'uranium. Il coupe ainsil'herbe sous les pieds de nom-bre de Nigériens et d'obser-vateurs de la scène politiquenationale, à qui on a indiquéque cette visite rentre dans unautre cadre, notamment celuidu programme de Renais-sance, en particulier sur le vo-let Niamey Nyala. Quant auxrelations dans le domaine dela recherche géologique et mi-nière, Issoufou Mahamadou adéclaré qu'elles portent sur letransfert des connaissanceset d'expertises. Ni plus, nimoins! Mais à bien suivre l'in-tervention du président ira-nien, on voit comme un appelde pied à l'adresse des auto-rités nigériennes et au delàcelle de tous les pays ditssous développés de disposeret gérer librement les ressour-ces naturelles de leurs soussol et dans le seul intérêt deleurs peuples.

PRÉSIDENT IRANIEN DR. MAHMOUD AHMA-DINEDJAD ET ISSOUFOU MAHAMADOUPRÉSIDENT DU NIGER

9Bulletin d’information du ROTAB PCQVP Niger

MINES PÉTROLE BUDGET

"L'exploitation pétrolière a gé-néré 95 milliards de francs CFAde recettes, montant déjà su-périeur aux recettes en prove-nances du secteur de l'uranium". C'est l'annonce faite par leprésident de la République dansson message à la nation pro-noncée à l'occasion de l'an deuxde son accession au pouvoir.

Mais dans sa déclaration, leprésident Issoufou Maha-madoua omis de dire aux Nigériens àquel volume de pétrole corres-pond ces 95 milliards. Combiende barils ont-ils été produits,raffinés et vendus ? Jusqu'ici,personne ne sait le volume debrut mis quotidiennement à ladisposition de la Société de raf-finage de Zinder (SORAZ) seulsles Chinois sont dans le secretdes dieux, indique-t-on. Ce qui

EXPLOITATION DES RESSOURCES NATURELLES

Le pétrole prend de l'ascendance sur l'uraniumn'est pas surprenant lorsqu'onapprend que certains comparti-ments de la SORAZ sont inac-cessibles aux Nigériens. Ce cultedu secret permet aux Chinois des'adonner à l'exploitation illégaled'eau minérale à la SORAZ. Quepeuvent-ils faire du pétrole ni-gérien ?

Mais en dépit du flou artisti-que qui entoure l'exploitation dupétrole nigérien, le président dela République du Niger sembleplus satisfait de l'exploitation dupétrole que celle de l'uranium.Dans son message à la nation àl'occasion de la commémorationde la fête de l'indépendance denotre pays, il a promis aux Ni-gériens un avenir pétrolier ra-dieux. Le 6 avril dernier, il a réi-téré sa volonté en annonçantla poursuite des travaux de l'ex-

ploration qui, selon lui, a permisde découvrir de nouvelles réser-ves de pétrole et de gaz, maisaussi la poursuite des négocia-tions avec certains pays pourl'exportation de la production dubrut.

Ainsi, à défaut de faire pres-sion sur Areva qui gruge le Ni-ger depuis près d'un demi-siè-cle, les autorités nigériennespréfèrent se tourner vers le pé-trole et laisser champ libre àAreva, et au-delà à la France,qui a déjà installé ses militairesdans le nord nigérien afin de sé-curiser ses mines d'uranium.Ceux qui doutent encore quel'uranium nigérien n'est pas con-sidéré comme une propriété dela France doivent désormais serendre à l'évidence.

Sani Aboubacar

Lisez Transparence, la sourced’informations crédibles sur

les industries extractives au Niger !

VISITE AU NIGER DU PRÉSIDENT IRANIEN

L'impasse sur l'uranium suscite toujours des questions"Il n'y a aucune raison

d'abandonner un domaine sinous pouvons collaborer dansce domaine. Notre vision estque les bénéfices et les riches-ses de chaque pays doiventservir les populations du pays.Les colonialistes cherchent àpiller les richesses des pays.Ils ne croient pas que les autresnations doivent avoir le droitau progrès et au bien-être. Ilsse considèrent comme les pro-priétaires de la terre.

C'est avec cette même pen-sée qu'ils ont pratiqué pendant400 ans l'esclavagisme. Et ilsont commis des crimes quisont sans précédent dansl'histoire de l'humanité. Ils neveulent pas que les autres na-tions soient amies les unes desautres.

Nous croyons que toutes lesnations et tous les Etats peu-vent être unis et travailler en-

semble. Nous avons eu desdiscussions très fructueuseset constructives. Nous avonseu le sentiment d'être parminos frères et sœurs", a dé-claré le président iranien.

De quoi ont donc parlé lesdeux chefs d'Etats ? La ques-tion de l'uranium a-t-elle étéabordée oui ou non ? Le pré-sident iranien pouvait-il effec-tuer une visite dans un payscomme le Niger dont le soussol regorge d'importantesquantités d'uranium sans eneffleurer le sujet ? Le prési-dent nigérien a-t-il tout ditaux Nigériens ou a-t-il obéit ades injonctions ?

En tout cas, dans une de sesinterventions, le ministre nigé-rien des affaires Etrangères,n'est pas passé par quatrechemins pour dire que la ventede l'uranium est soumise à desnormes internationales. Dequelles normes internationa-les s'agit-il ?

Est ces les conventions d'ex-ploitations qui lient notre paysà la France depuis la veille desindépendances ? Ou alorssommes sommes-nous entrain d'assister à un retourrampant des vieilles habitudesde la France-Afrique tant dé-criées ?

Naomi Stansly Binta

10Bulletin d’information du ROTAB PCQVP Niger

MINES PÉTROLE BUDGET

Le Réseau des Organisationspour la Transparence et l'ana-lyse budgétaire (Rotab) a orga-nisé, en collaboration avecl'Union européenne, une confé-rence-débat à son siège, sur lethème : "Droit de travail dans lesecteur extractif : cas de laSomina". C'était le lundi 22 avril2013.

Après l'introduction du sujetpar le Coordonnateur du Rotab,Ali Idrissa, le conférencier,Alassane Idrissa, a, d'entrée dejeu, exprimé son indignation faceaux mauvaises conditions de vieet de travail des employés de lasociété des mines d'Azelik(Somina).

Le conférencier a ensuiteprocédé à la présentation de lasociété basée à Azelik, à 80kmdu département d'Ingall, dans larégion d'Agadez. Elle est déte-nue par la China National NuclearCorporation (CNNC) via la so-ciété Ideal Mining pour 37,2 %,la Société du patrimoine des mi-nes du Niger (SOPAMIN) pour 33%, la société chinoise ZXJOYInvest pour 24,8 %, la sociétéKorea Resources Corporation(KORES) via la société Saris Burypour 5 %. Cette société, qui ason siège social à Niamey, estgérée par des investisseurs chi-nois, détenteurs de la quasi-to-talité des postes de responsa-bilités.

Ils ont en effet le Présidentdu Conseil d'administration(PCA), le Directeur Général (DG),trois (3) postes de directeursgénéraux adjoints (DGA), con-tre un seul pour le Niger, neuf(9) autres directions contre uneseule pour le Niger et vingt qua-tre (24) chefs de service con-tre trois (3) pour le Niger.

Les activités de productionproprement dites ont démarré en2011, avec 100 tonnes d'ura-nium métal et 200 tonnes pro-duites en 2012. L'objectif visé

SITUATION DES TRAVAILLEURS NIGÉRIENS DE LA SOMINA ET D'AGADEM

Des conditions de vie et de travail exécrables

étant de produire 300 tonnes en2013 et 700 tonnes par an àpartir de 2015.

Après cette présentation ducapital et de la répartition despostes de responsabilités,Alhassane Idrissa a enchaînéavec la situation des agents quisont au nombre de plus de 600travailleurs nigériens contre unecentaine de Chinois vivant surune base vie d'environ 3km seu-lement de l'usine de traitementdu minerai d'uranium.

Selon lui, la situation socialedes travailleurs nigériens est pé-nible et alarmante. "Parmi lesmultiples problèmes auxquelsfont face les travailleurs nigé-riens, il y a le total abandon àleur triste sort, le clanisme basésur deux catégories de tra-vailleurs -nigériens et chinois-le manque d'avancement etmême de promotion pour les tra-vailleurs nigériens, contraire-ment à leurs collègues chinois,en violation délibérée de l'arti-cle 147 de la Constitution nigé-rienne du 25 novembre 2010 ",a-t-il énuméré. Le conférenciera aussi déploré le comportementdit "Only chinese" dans beau-coup de prestations collectivesde la même société, telles que

la prime et l'indemnité, la res-tauration où les nigériens atten-dent toujours l'ouverture de leurrestaurant.

A cela s'ajoutent le licencie-ment et l'usage abusif du con-trat à durée déterminée à l'en-droit des travailleurs locaux, lamauvaise gestion et le manquede suivi environnemental, socialet sanitaire, un manque de trai-tement et de contrôle de l'eaudestinée à la consommation hu-maine et animale, l'accès limitéaux soins médicaux, le non res-pect du code de travail, de laConvention collective interpro-fessionnelle de la République duNiger et des protocoles d'ac-cords signés entre la Directiongénérale et les représentants dupersonnel. Il a également notéle non respect des normessécuritaires des travailleurs dansl'usine. Par exemple, les tra-vailleurs n'ont pas une tenue detravail, ni de gants ou de chaus-sures adéquates. Pour la misedans le fût, l'uranate est trans-porté dans un seau. C'est direqu'il y a dans cette zone si ri-che en potentiel pastoral, unecatastrophe sanitaire et envi-ron-nementale à moyen et àlong termes.

LA TABLE DE SÉANCE LORS DE LA CONFÉRENCE

11Bulletin d’information du ROTAB PCQVP Niger

MINES PÉTROLE BUDGET

Face à cette situation, lestravailleurs nigériens ont entre-pris une grève illimitée. Les tra-vailleurs qui sont sur les sitesd'exploitation du pétroled'Agadem ne sont pas non plusmieux lotis. Selon le secrétairegénéral du syndicat de pétrole,section d'Agadem, les Nigériensdorment sous des bâches, ex-posés aux morsures des ser-pents et des scorpions du dé-sert. Alors que leurs collègueschinois dorment dans de con-tainers climatisés. Une nouvelleforme d'esclave à la sauce chi-

noise en somme. Après l'exposédu conférencier et les témoi-gnages de ses camaradesd'Agadem, plusieurs contribu-tions ont été apportées parl'assistance. Notons, entreautres, le manque de connais-sance par la majorité des Nigé-riens du code de travail et lanégligence de ce même codepar les investisseurs, et pire lemanque de respect affiché desinvestisseurs pour les autoritésnigériennes.

Naomi Binta Stansly

SITUATION DES TRAVAILLEURS NIGÉRIENS

Des conditions de vie et de travail exécrables

Au mois de mars dernier, lestravailleurs de la Soraz avaientdénoncé un certain nombre depratiques malsaines et menacéd'aller en grève si celles-ci netrouvaient pas de solutions, serappelle-t-on. Un arrêt de tra-vail évité de justesse suite à unerencontre entre les responsablesde ladite société et les agents.

Malheureusement, les négo-ciations n'ont pas prospéré, carau bout d'un mois, aucun con-sensus n'a été trouvé. Ainsi, le11 avril dernier, les employés dela SORAZ sont remontés au cré-neau pour exprimer leur ras-lebol en décidant d'observer unarrêt de travail pour lequel ilsont déposé en même temps leprévis auprès des autoritéscompétentes. Dans ledit préa-vis, ils ont principalement dé-ploré le manque de bonne vo-lonté de l'administration qu'ilsaccusent de privilégier le dila-toire au détriment de discussionsfranches et ouvertes.

Et le lendemain, ils ont publiéune déclaration pour rejeter enbloc les accusations des auto-rités, accusations selon lesquel-les ce sont les travailleurs quine veulent pas collaborer. Fina-lement, le pire a été évité car

SOCIÉTÉ DE RAFFINAGE DE ZINDER

Vers l'adoption d'une grille salariale consensuelleles discussions sont portées auniveau national. C'est ainsi queles 18 et 19 avril derniers se sonttenues des négociations sur lagrille salariale de la société deraffinage, en présence de tou-tes les parties : ministère del'Energie et du pétrole, repré-sentants de la Direction géné-rale de la Soraz, représentantsdu syndicat de la Soraz.

Aux termes de deux jours detravaux, la réunion tripartite aformulé deux recommandationsalternatives : fondre les deuxgrilles pour adopter une nouvellegrille pour l'ensemble du person-nel, avec pour seule différencede traitement l'indemnité d'ex-patriation, ou alors adopter pro-visoirement la nouvelle grille dupersonnel nigérien et se donner

un objectif de l'aligner à la grilledu personnel chinois dans unfutur très proche. Dans la pre-mière recommandation, il a étémis en avant l'idée que l'indem-nité d'expatriation soit assez mo-tivante et tienne compte no-tamment du coût de la vie enChine, puisque les travailleurschinois y laissent leurs familleset y vivent le tiers de l'annéepour congé de récupération.

Mais il ressort du PV de cetteréunion que c'est la deuxièmerecommandation qui semble faireconsensus entre les parties etqu'il serait attendu juste l'avaldu ministère de l'Energie et dupétrole pour l'adopter. La balleest donc dans le camp desautorités en charge du pétrole.

Naomi Stansly Binta

L'expropriation des popula-tions de leurs terres a été, vousvous en souvenez, l'une despremières conséquences de lamise en chantier des infrastruc-tures de la Société de raffinagede Zinder SORAZ.

Cela fait donc trois annéesque de pauvres paysans n'ayantd'autres richesses que leurschamps se trouvent sans acti-

LES PROPRIÉTAIRES TERRIENS NON ENCORE DÉDOMMAGÉSvités. Trois années qu'ils n'ontpas cultivé, c'est à dire 3 an-nées noires pour un paysan. Ace jour, ils n'ont encore rien reçu,ni des autorités ni de la SORAZ."Pourtant, ils nous ont fait despromesses fermes que l'exécu-tion allait être presque immé-diate. Voila qu'aujourd'hui,comme ils ont commencé à ex-traire et à vendre leur pétrole,nous sommes aux oubliettes", selamente un villageois.

L'on se rappelle que dans lecadre de cette affaire, ces pau-vres citoyens avaient même sol-licité les services d'un avocat,qui avait abattu un gros travailpour leur permettre d'être dansleurs droits. Aujourd'hui, c'esttoujours le silence. Comme lesoutient, indigné, Sadate, unacteur de la société civile deZinder, "cette situation estinadmissible et ne saurait per-durer, car ce sont des famillesentières qui se retrouvent sansressources, et donc réduites àservir de simple main d'œuvrepour les exploitants de laSORAZ". Espérons vivement queces pauvres paysans soient en-fin mis dans leurs droits.

Omar Maman

12Bulletin d’information du ROTAB PCQVP Niger

MINES PÉTROLE BUDGET

"Qu'est-ce que vous faites, vousde la société civile pour atténuer lasouffrance des populations d'Arlit ?Nous avons soif ici et il n'y a pas d'eau! Personnellement, je dépense 2000F CFA par jour pour avoir de l'eau.Ça fait 60.000 F CFA par mois, c'esttrop pour moi, beaucoup trop, car j'aid'autres charges familiales aussi in-compressibles", se plaint à nous unboutiquier. " «Nous allons organiserune marche de protestation pour in-terpeller le gouvernement et les so-ciétés exploitantes des ressources na-turelles sur ce problème d'eau quenous connaissons, il n'y a pas d'autressolutions pour nous faire entendre»,renchérit Fatimata, une habitante duquartier Carré. "Nous souffrons énor-mément, nous les femmes d'ici. Lematin, on se réveille avec son seau àla main, notre préoccupation pre-mière, c'est d'abord trouver de l'eauà boire", ajoute sa voisine. Nous som-mes à Arlit, ville minière du Niger, si-tuée à 250km au nord-ouestd'Agadez. A l'entrée de la ville, le vi-siteur est tout de suite frappé par lesquantités de bidons de 20 litres ali-gnés autour d'une fontaine constam-ment asséchée. Dans cette localité,le problème d'eau courante estcriard, la quête de ce précieux liquideest une préoccupation permanentepour les populations. C'est pourtantà Arlit que la société Areva, ex-Socogem exploite l'uranium nigériendepuis plus de 42 ans, par le truche-ment de ses filiales, la Cominak etla Somaïr. Mais à l'évidence, Arevan'exploite pas que l'uranium. Il pompeaussi de l'eau potable à grandeéchelle pour les besoins du traite-ment des minerais. A cette fin, c'estl'eau, cette ressource naturelle trèsrare et très chère qu'Areva pompede la nappe fossile de cette localité àhauteur de 5.000.000 m3 par an etgratuitement. Une nappe qui estaujourd'hui gravement menacée detarissement, car Areva ne va plusde main morte dans l'exploitation decette eau, qui est utilisée deux foisdans le traitement du minerai au lieud'une seule comme par le passé.Avant, les cités de la Cominak et dela Somair peuvent manquer de tout,sauf d'eau potable en quantité 24h/24. Aujourd'hui, ces cités, pourtantprivilégiées, se voient privées d'eaude 22heures à l'aube en vue de des-servir la ville d'Arlit. Une solution quia vite montré ses limites, au regarddu parcours de combattant auquels'adonnent les populations de la villepour se procurer le liquide."On nousa promis la construction d'un châteaud'eau pour la ville d'arlit, mais cette

CITÉ MINIÈRE D'ARLIT

L'eau, une denrée rare pour les populations

promesse tarde toujours à se con-crétiser", déplore AbdourahamaneMaouli, maire de la commune urbained'Arlit. Areva pompe l'eau à uneéchelle industrielle de la nappe fos-sile depuis plus de 42 ans,aujourd'hui, au delà de la ville d'Arlit,c'est toute la région d'Agadez qui estexplosée à la pénurie d'eau du faitde ces sociétés minières. Avec la miseen exploitation prochaine de l'usined'Imouraren, c'est en effet toute lanappe fossile de la région qui estmenacée de contamination de tou-tes sortes et d'assèchement. C'est cer-tainement conscient de cet état de faitque le gouvernement de transition deSalou Djibo a adopté une ordonnance

portant code de l'eau au Niger. Maisla mise en œuvre de cette ordon-nance tarde à venir et la populationd'Arlit endure le calvaire.

En attendant, chaque jour queDieu fait, ce sont des containers en-tiers d'uranium qui quittent la villed'Arlit sous une bonne escorte desforces de défense et de sécurité(FDS), abandonnant les populationsdans la poussière, la pollution, lesmaladies, le manque d'eau. Ces ca-mions empruntent chaque jour cetteroute dite de l'uranium où il n'y aplus le moindre centimètre de bitume.

Naomi Binta Stansly

LA RECHERCHE D’EAU POTABLE, UNE VÉRITABLE COURSE DE COMBATTANT

LE BEN SYNPAMINE s'est réuni en session extraordinaire ce jeudi 02 mai2013 en vu d'examiner la situation née du projet de révision imminente etunilatérale par le gouvernement des lois portant code minier et code pétro-lier sans l'avale des ministères en charges de ces questions.* Considérant que ce sont les ministères des mines et du développementindustriel et celui du ministère de l'énergie et du pétrole qui sont chargésd'élaborer et de soumettre au gouvernement tous les textes réglementairerégissant leurs secteurs ;* Considérant que nos deux administrations ne sont pas initiatrices de cesrévisions ;* Considérant que les deux ministres en charge des secteurs des mines etdu pétrole sont opposés à ces révisions iniques ;* Considérant que tous les techniciens et responsables en charges de cesquestions n'ont été associés ;* Considérant les interférences depuis un certain temps de la présidence,de la primature et de certains ministères dans les attributions des desditsministères ;Le BEN SYNPAMINE :1. met en garde le gouvernement contre toutes atteintes des acquis dupersonnel obtenus de haute lutte ;2. Exige du gouvernement le respect strict des attributions des deux minis-tères qui sont chargés de l'élaboration des textes réglementant leurssecteurs et de leurs soumissions au gouvernement pour adoption ;3. Est consterné du fait que les populations des zones productrices n'aientjamais bénéficié des 15% pourtant prévu par la loi ;4. appelle toutes ses militantes et militants à rester mobilisé pour d'éven-tuels mots d'ordre pour la défense de nos acquis.VIVE LE SYNPAMINE, VIVE LE NIGERJE VOUS REMERCIE

Pour le BENLe Camarade SG

Souleymane Illiassou Magagi

DECLARATION DU BUREAU EXECUTIF NATIONAL DU SYNDICATNATIONAL DU PERSONNEL DES ADMINISTRATIONS CHARGEES DESMINES ET DE L'ENERGIE SYNPAMINE

13Bulletin d’information du ROTAB PCQVP Niger

MINES PÉTROLE BUDGET

Alors qu'un silence de cime-tière entoure les renégociationsannoncées des contrats à longterme d'Areva sur les mines dela Compagnie minière d'Akouta(COMINAK) et la Société desmines de l'Aïr (SOMAÏR), qui ar-rivent à échéance cette année,le secteur de l'uranium vit de-puis quelques temps, une crisesociale sans précédent.

En effet, après la grèved'avertissement de 48 heuresobservée les 18 et 19 avril der-niers par les agents de laCOMINAK qui reprochent à leurdirection générale d'avoir fraudésur la prime sur le résultat fi-nancier de 2012, c'était au tourdes travailleurs de la Société desmines d'Azélik (SOMINA) de ren-trer dans la danse. Les quelque600 Nigériens travaillant sur cesite uranifère dont les chinois ontobtenu le permis d'exploitationen 2007 observent, eux, unegrève illimitée pour dénoncer uncertain nombre de revers, no-tamment le délaissement totalet général, la discrimination en-

EXPLOITATION MINIÈRE

L'uranium suscite des troubles sociauxtre Chinois et Nigériens et leslicenciements abusifs. Les étu-diants nigériens à l'université deNiamey ne sont pas restés enmarge. Ils ont organisé une mar-che pacifique suivie de meetingà la place Toumo de Niamey pourprotester contre l'impérialismefrançais, mais aussi et surtoutle partenariat jugé très désé-quilibré par les plus hautes auto-rités nigériennes entre le groupeAreva et notre pays. En effet,après près d'un demi-siècle d'ex-ploitation d'uranium, le Niger neprofite toujours pas convenable-ment de son uranium, à part lesconséquences désastreuses querécoltent les populations des lo-calités abritant les minesd'Areva.

Le 24 avril dernier, les étu-diants étaient à nouveau sortisà travers une déclaration dansla laquelle ils ont lancé un motd'ordre d'agitations permanen-tes, pour dénoncer le partena-riat Niger-Areva. La coordinationdes organisations de la sociétécivile d'Arlit, quant à elle, est

montée au créneau pour dénon-cer un certain nombre de man-quements dans l'ordre du jourde la Commission locale d'infor-mation convoquée pour le 25avril.

Selon les organisations de lasociété civile d'Arlit, l'ordre dujour de cette réunion n'a pastenu compte de la participationdes représentants des popula-tions et la participation effec-tive de toutes les filiales d'Areva.

Mais comme pour tromper lavigilance des Nigériens, legroupe Areva consent une aidede quelque milliard au profit del'agriculture, notamment pour lamise en valeur de la valléed'Irhazer dans la régiond'Agadez. Pour les activistesd'Arlit, ce geste reste très insi-gnifiant comparé aux dégâtscausés à l'environnement et auxressources en eau de toute larégion, après 41 ans d'exploita-tion de l'uranium.

Sani Aboubacar

«Pourtant en France cela semble être dépasséde loin, le débat ne se pose même pas. Le partena-riat de l'exploitation de l'uranium est très déséquili-bré au détriment de notre patrie le Niger, pourtantl'un des premiers pays producteurs de cette pré-cieuse matière première au plan mondial.

Ce déséquilibre est corroboré par le fait que lesrecettes tirées de l'uranium représentent seulement5% du budget national alors que le Niger contribueà hauteur de 60% dans l'alimentation énergétiquede la France. Comment expliquer que les françaisaient droit à l'électricité fournie à hauteur de 60%par l'uranium du nigérien pendant que celui-ci dortdans l'obscurité ? Pourquoi les nigériens n'ont pasdroit aux soins sanitaires ?

Pourquoi l'enfant nigérien n'a pas droit à une édu-cation de qualité malgré les retombées des ressour-ces naturelles que regorge son sous sol ? Il nousest honnête camarades de n'y voir que les consé-quences de notre situation de dépendance conju-guée avec l'irresponsabilité de nos dirigeants quisouscrivent et signent des contrats avec légèretéet sans aucun sens de nationalisme, sans preuved'indépendance à nos jours. Chers camarades, nousdevons en ce qui nous concerne dire non pour l'hon-

UN EXTRAIT DU DISCOURS DU SG DE L’UENUN LORS DE LA SORTIE DU 5 AVRILneur, la dignité et la liberté de notre peuple, tropc'est trop ! Dorénavant, nos richesses doivent profi-ter à notre peuple pour se soigner, s'éduquer, senourrir et se développer… Ce qui nous évitera cer-tainement d'occuper le dernier rang mondial commel'atteste le dernier rapport du PNUD sur l'indice dudéveloppement humain. En outre il est humainementrévoltant, politiquement insoutenable et intellectuel-lement injustifiable le mépris des secteurs sociauxde base. De l'indépendance à nos jours, notre pa-trie le Niger se voit embobinée par le néocolonialismefrançais sur le plan économique, par l'exploitation àoutrance de nos ressources par AREVA dans le seulobjectif de nous maintenir dans le sous-développe-ment, pour que nous continuions à tendre la mainet à chercher leur bénédiction.

Savez-vous que nos systèmes économique, poli-tique, éducatif, administratif, judiciaire nous ont étéimposés par la métropole. Il est grand temps que lepeuple parle pour l'avenir de ce pays qui nous a étélégué par nos ancêtres afin d'au moins être dignede grandes puissances qui se croient au-dessus dela terre. On peut renverser un régime s'il refuse decoopérer avec les puissances impérialistes mais onne peut jamais combattre un peuple uni pour lemeilleur et le pire autour d'une cause noble».

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Areva, entreprise à capitauxessentiellement publics, est néeen 2001 de deux filiales du CEA(Commissariat à l'Energie Ato-mique). C'est un groupe " inté-gré ", de la production d'uraniumà la construction de centrales.

L'industrie nucléaire produit70 % de l'électricité en France(le plus fort taux du monde).Dès les années 1950, elle s'esttournée vers les colonies afri-caines pour se fournir en ura-nium. " L'indépendance énergé-tique de la France ", qui seraitassurée par l'industrie nucléaire,fut donc toujours un mythe. Ladernière mine d'uranium fran-çaise a d'ailleurs fermé en 2001.La France importe désormais latotalité de son uranium.

D'où l'importance vitale duNiger, qui fournit le tiers de sonuranium à EDF, via Areva. MaisAreva est aussi une vendeusede centrales à travers le monde,et comme le disait son ancienneprésidente, Anne Lauvergeon :" Nous ne pouvons pas vendrede centrale si nous n'avons pasde minerai. " Or Areva tire 25 %de son uranium du Niger.

Cette proportion augmenteraencore dans les années qui vien-nent. Malgré la catastrophe deFukushima en 2010, le nucléairea le vent en poupe. Le prix del'uranium sur le marché mondialne cesse d'augmenter. Aprèsavoir investi quatre milliardsd'euros dans ses mines depuis2007, Areva va ouvrir en 2014au Niger une des plus grandesmines du monde, sur le sited'Imouraren (1, 2 milliard d'eurosd'investissement). La productiond'uranium du Niger doubleraitalors, faisant de ce pays le troi-

APRÈS 40 ANS DE PRÉSENCE D'AREVA AU NIGER

La face cachée du partenariat «gagnant-gagnant»

sième producteur mondial. Arevaconfirmerait son rang de numéro1 mondial, avec 17 % du mar-ché.

Quand Anne Lauvergeon dé-clarait : " Quitter le Niger seraitpour nous mais surtout pour cepays une vraie catastrophe ",on ne peut donc que lui donnerraison… pour Areva. Mais pourle Niger ?Quarante ans d'exploitationd'uranium… au profit de qui?

La " catastrophe ", en fait, adéjà eu lieu pour les populationset les travailleurs de la régiondes mines. Elle est écologiqueet sanitaire, les hommes, lessols, les eaux ont été empoi-sonnés par le minerai radioactifet les produits toxiques utiliséspour le transformer. Maisl'omerta règne, d'autant plusqu'Areva est à la croisée de deuxgrands tabous de la politiquefrançaise : le nucléaire et laFrançafrique.

Quant à l'argent de l'ura-nium… Areva est la 36ème en-treprise française. Son chiffred'affaires était en 2008 de 13,2 milliards d'euros (+ 34 % enquatre ans). C'est cinq fois lePIB du Niger, dont l'Etat a unbudget de seulement 320 mil-lions de dollars. C'est la moitiédes bénéfices annuels moyensd'Areva. Le Niger est un despays les plus pauvres de la pla-nète. L'espérance de vie y dé-passe à peine les cinquante ans.Les taux de mortalité infantile(163 pour mille) et d'analpha-bétisme (70 %) sont parmi lesplus élevés du monde. La faminea encore frappé des millions depersonnes en 2005. Dans son li-vre sur Areva, Raphaël Granvaud

fait ce constat accablant : " Siune lampe sur trois est éclairéeen France grâce à de l'uraniumnigérien, la plupart des nigériensn'ont pas l'électricité. "

Malicieusement, l'ambassa-deur de Chine au Niger remar-quait récemment : " Si le Nigerexploite l'uranium depuis 40 anset que cela ne lui rapporte pasplus d'argent que ses exporta-tions d'oignons, c'est qu'il y aun problème. "

Le " problème ", un groupe-ment d'associations nigériennesl'a chiffré ainsi : en 2003, l'ura-nium représentait 63 % des re-cettes d'exportation du Nigermais 4, 3 % des recettes del'Etat. La valeur totale de la pro-duction d'uranium entre 1967 et2007 aurait été de 2 500 mil-liards de francs CFA. Mais seu-lement 292 milliards seraient re-venus à l'Etat nigérien (encomptant tout : ventes direc-tes de minerai, dividendes, im-pôts sur les bénéfices, taxes).Soit 12 % de la valeur de l'ura-nium exporté. Valeur en plus ar-tificiellement basse, car très in-férieure au prix normal de l'ura-nium sur le marché mondial.

Le droit de pillagefrançafricain

En 1967 un accord franco-nigérien crée la société des mi-nes de l'Aïr (Somaïr). Le Nigerobtient seulement 20 % desparts de la société, le reste vaau CEA (Commissariat à l'éner-gie atomique).

Les conventions signées sontde longue durée (20 à 25 ans)et " de gré à gré ", donc décon-nectées du marché mondial.Ainsi, non seulement la part del'Etat nigérien dans les mines etles impôts sont très faibles, maisen plus les prix resteront trèsbas par rapport au marché mon-dial. Les compagnies minièresqui se constitueront ensuite surce modèle ne verseront qu'uneinfime partie de leurs revenus auNiger, de l'ordre de 5, 5 % selon

Dans les premiers jours de la guerre François Hollande affir-mait : " La France n'a aucun intérêt au Mali. Elle ne défend aucuncalcul économique ou politique. " Le 19 mai 2006, Sarkozy avaitservi le même boniment à Cotonou : " La politique de la France enAfrique aurait pour seul objectif de s'approprier les ressources géo-logiques du continent. Où est la vérité ? A ceux qui pensent cela, jeveux quand même rappeler qu'il n'existe plus de compagnie mi-nière française. " Alors oui, " où est la vérité ? " Total, Bolloré,Bouygues n'auraient pas d'intérêts en Afrique ? Et Areva ?

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Suite page 12)

des ONG du pays.Cette escroquerie est com-

plétée par les " accords de dé-fense " signés, après l'indépen-dance, par le Niger (comme laplupart des 'autres anciennescolonies) avec la France. Celle-ci promet son " assistance mili-taire " en échange d'une clauseéconomique " d'approvisionne-ment préférentiel " de la Franceen " matières premières straté-giques ". C'est le pactenéocolonial : assurance-vie pourles dictateurs contre leurs pro-pres peuples, en échange d'undroit de pillage des ressourcesnaturelles.Bras-de-fer et coups tordus

Les dictateurs nigériens vontparfois se rebiffer pour obtenirune plus grande part du gâteau.

En 1973 le prix du pétrole etpar contrecoup de l'uraniumflambe. Mais le Niger et le Ga-bon (autre producteur africain)ne peuvent en profiter à causedes accords passés avec laFrance. En mars 1974, lors d'unenégociation à Niamey, le prési-dent nigérien Diori demande quecelle-ci s'engage " sur les basesde l'apport énergétique du Ga-bon et du Niger à l'économiefrançaise " et d'une comparai-son des prix de l'uranium et dupétrole. La France suspend lesnégociations. Diori est renverséle 14 avril. Son successeur,Kountché, officier formé par l'ar-mée française, assure aussitôtque l'armée n'a " obéi à aucunordre venant de l'étranger. " Lestroupes françaises basées à Nia-mey n'ont pas bougé… Finale-ment, Paris consent à payer untout petit peu plus cher son ura-nium. En 2006, le présidentTandja tente à son tour derenégocier le prix de l'uranium.En effet l'industrie nucléaire sedéveloppe à nouveau à marcheforcée dans le monde. Les prixatteignent une moyenne de 186euros/kg sur le marché mondial,alors qu'Areva paie 41 euros lekg au Niger… par une conven-tion qui court jusqu'à 2007. Pourfaire pression sur les Français,Tandja distribue des permis d'ex-ploration à plusieurs compagnies

étrangères, et surtout à la ChinaNuclear Uranium Corporation.

La France doit alors ruser, caril n'est plus aussi simple de fairerespecter, " à l'ancienne ", sonpré carré africain. Moins parcequ'il serait délicat de faire ren-verser le régime par un quelcon-que galonné local, que parce quemondialisation oblige. La Chinen'est pas seulement une con-currente au Niger. C'est le grandmarché nucléaire de l'avenir,capital pour Areva. Lors de lavisite de Sarkozy en Chine en2007, la firme chinoise CGNPCachète à Areva deux centralesEPR et une grande quantitéd'uranium.Reste le recours aux bonnesvieilles barbouzeries d'antan

2007 : le double jeu françaisEn février 2007, une nouvelle

rébellion des Touaregs du norddu Niger éclate. Ces populationssont spoliées et condamnées àune misère profonde, pendantque la compagnie française ar-rache des milliards à leur sol.L'Etat nigérien les opprime pourconserver la totalité des miet-tes que lui laisse la France. LeMouvement nigérien pour la jus-tice (MNJ) réclame le transfertde 50 % des ressources miniè-res aux collectivités locales, desmesures d'indemnisation pour lespopulations. Or, cette fois, legouvernement français dit s'in-quiéter… pour les droits del'homme ! Il laisse l'armée nigé-rienne s'enliser. Un responsabled'Areva, ancien colonel, se rend

même au Niger pour négocierclandestinement la sécurité dessites. Furieux Tandja le fait ex-pulser, ainsi que le directeurd'Areva Niger. Puis, le 1er août2007, à la télévision nationale,il martèle que le Niger " n'a nul-lement l'intention " de chasserAreva, mais " en 2008 nous al-lons négocier ferme, l'uraniumest notre produit, et il seravendu à notre profit, car rienne sera comme avant. "

Sarkozy et Tandja trouventfinalement un accord. Le Nigerpourra vendre quelques centai-nes de tonnes d'uranium sur lemarché mondial et le prix del'uranium est relevé à 80 dollarsle kilo, bien moins quand mêmeque la moyenne mondiale descontrats pluriannuels de gré àgré (140 $/kg). En janvier 2008,l'accord pour l'exploitation de lamine géante d'Imouraren est si-gné par Areva et le Niger, quiobtient… seulement 33, 5 % desparts. L'accord ne dit rien surl'environnement, la santé, lesdroits des populations. Le gou-vernement français peut doncretourner sa veste contre les"extrémistes" et les "trafiquantsde drogue" que redeviennentsoudainement les rebellestouaregs, et soutenir la nouvelle" sale guerre " au nord du pays.La boucle est bouclée. L'Etatfrançais a retrouvé le bon vieuxtemps des colonies, ses amis (le"gouvernement légitime" du Ni-ger), ses ennemis (les terroris-tes), et son droit de pillage.

Par Yann Cézard

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Bulletin d’informationdu ROTAB - PCQVP

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Directeur de PublicationAli Idrissa

Rédaction &AdministrationOusseini Issa

Sani AboubacarNaomi Binta Stansly

Maman WadaTirage

1000 exemplairesNouvelle imprimerie du Niger (NIN)

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Informer l'opinion sur la situa-tion qui caractérise l'exploitationdes ressources naturelles et lesmesures appropriées à prendrepour que le Niger et son peuplepuissent tirer le maximum de pro-fits de celles-ci, c'est l'objectif as-signé à la conférence de presseorganisée, le 14 mars dernier, parle Réseau des organisations pourla transparence et l'analyse bud-gétaire, section de Publiez ce quevous payez (ROTAB-PCQVP-Niger).Elle a été animée par son coordi-nateur national, Ali Idrissa, etentre dans la droite ligne de lamission de la coalition nationale dePubliez ce que vous payez Niger.

Devant un nombre importantde journalistes et d'acteurs de lasociété civile, le conférencier ad'abord fait la genèse de l'exploi-tation des ressources naturellesdont regorge le sous sol nigérien.Il s'agit notamment de l'uraniumexploité depuis 40 ans, le charbondepuis 30 ans, l'or depuis 9 anset le pétrole depuis un an et demi.A cela s'ajoute une centaine depermis de recherches ou d'exploi-tation octroyés par l'Etat à des en-treprises. Cela doit être un gagede développement pour le Niger."Malheureusement, pendantqu'Areva est 1er mondiale et faitallumer une ampoule sur trois enFrance à partir de l'uranium nigé-rien, notre pays continue d'occu-per depuis plus d'une décennie ledernier rang des pays à faible in-dice de développement humain",a dit Ali Idrissa. C'est dire que lesecteur extractif n'a nullementcontribué au développement denotre pays. "Il a plutôt contribuéà alimenter l'insécurité et les con-flits armés, la dégradation de l'en-vironnement, de la faune et mêmeà l'empoisonnement des popula-tions riveraines des sites d'exploi-tation par la contamination de lanappe phréatique et l'expositionaux déchets radioactifs", a dé-noncé Ali Idrissa.

Malgré les avancées institu-tionnelles enregistrées, notam-ment l'adhésion de notre pays àl'Initiative pour la transparencedans les industries extractives etla constitutionnalisation de l'ex-ploitation et la gestion des res-sources naturelles, les conditionspour permettre à l'Etat du Niger

GESTION DES RESSOURCES NATURELLES

Informer l'opinion pour une demande de comptes aux gouvernants

et à son peuple de pleinementjouir de ses ressources sont loind'être réunies. Les différents ar-ticles de la constitution (149, 150,151, 152 et 153) ne sont toujourspas appliqués par le gouverne-ment. Le coordinateur du ROTABconstate qu'à la dated'aujourd'hui, les contrats deprospection et d'exploitation desressources naturelles et du sous-sol ne sont pas publiés au Jour-nal Officiel de la République duNiger, les contrats d'exploration etd'exploitation ainsi que les mesu-res de protection de l'environne-ment sont quotidiennement vio-lés, les intérêts des générationsprésentes ne sont pas garantis,et le fonds pour les générationsfutures n'est pas créé et le gou-vernement ne l'envisage pas. Pourlui, les 15% rétrocédés aux com-munes des régions sont insigni-fiants pour susciter le développe-ment.

Devant ce constat, le coordina-teur du ROTAB a demandé au gou-vernement le respect de l'ensem-ble des dispositions pertinentesde la constitution sur l'exploitationet la gestion des ressources na-turelles et du sous-sol, la révisiondes lois minière et pétrolière, larévision des conventions minièreet pétrolière ainsi que du code desinvestissements. Demandant lamise en place d'une expertise na-tionale en matière de négocia-tions et de suivi de l'exécution descontrats qui doit être dotée desmoyens conséquents à la hauteurde sa mission, le ROTAB a exigédes sociétés minières et leurssous-traitants, le respect scrupu-leux de la législation nationale et

internationale, notamment lesprincipes directeurs des NationsUnies sur "Entreprises et Droitsde l'Homme". Une séance dequestions/réponses a sanctionnél'exposé.

Sani Aboubacar

LA TABLE DE SÉANCE LORS DE LA CONFÉRENCE