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Pour des milliers de salariés, le télétravail est brusquement devenu la norme. Or, passer de l’improvisation dans l’urgence à une organisation optimale ne se fait pas tout seul.

Quel que soit votre niveau hiérarchique, ce guide vous accompagne dans cette mutation. Maintenir le lien avec l’entreprise et les collègues, communiquer di� éremment, préserver sa santé, ménager la sphère privée, connaître et faire valoir ses droits sont autant de points dont vous mesurez l’importance sans toujours savoir comment les améliorer.

Chaque problème inhérent au télétravail est d’abord analysé et documenté. Pour passer de la prise de recul à l’action, des spécialistes vous donnent ensuite conseils et solutions pratiques.

Redresser la barre, trouver votre équilibre et vous épanouir à 100% en télétravail… c’est possible et vous allez y arriver !c’est possible et vous allez y arriver !

Romane GannevalRomane Ganneval

DE LA SURVIE À L’OPTIMISATIONDE LA SURVIE À L’OPTIMISATION

COUV TELETRAVAIL.indd Toutes les pagesCOUV TELETRAVAIL.indd Toutes les pages 06/07/2021 15:1606/07/2021 15:16

Sommaire

Avant-propos 4Introduction 5L’autrice 11Ils ont collaboré à cet ouvrage 12

1. Nous étions une équipe

Ô solitude… 19Contre l’isolement en télétravail 22

Ces liens auxquels on tient 24Garder le lien avec ses collaborateursà distance 28

Vous avez dit motivé ? 31Lutter contre la démotivation à distance 34

Faites passer l’info 36L’importance de bien faire circulerl’information 38

À nous le numérique 41Les outils de visioconférence 42Les outils de communication 43Les outils collaboratifs 44

Communiquer en toutes lettres 46Bien communiquer par écrit 48

Soft skills : quézako 50Soft skills 52

S.O.S. collaborateur en danger ! 55Comment repérer un collaborateuren difficulté 58

2. Je télétravaille mais je me soigne

Le mouvement c’est la vie 63Agir contre la sédentarité au travail 66

Stress stress stress 68Gérer son stress 70

Ma vie en pyjama 73Avoir une routine positive en télétravail 76

Allô docteur 78Les clés pour prévenir le burn-out 80

Demain j’arrête 83Addiction en télétravail 86

3. Vie pro/vie perso : le match

Travailleur sans frontières 91Redéfinir les frontières 94

Avant, on s’aimait… 96Réussir sa vie de couple en télétravail 98

Les enfants, taisez-vous ! 101Concilier vie parentale et télétravail 104

Égalité : parlons-en… 106Égalité hommes / femmes en télétravail 108

4. J’ai des droits !

Je ne suis pas là 112Le droit à la déconnexion 114

Espion en vue 116Surveillance et télétravail 118

Ça tombe mal 120Accident du travail à distance 122

Le télétravail en quelques chiffres 124Le jargon du télétravail 126La check-list du télétravail 127Sites et adresses utiles 128

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Avant-propos

Lecteur, lectrice,

Après avoir expérimenté le télétravail forcé pendant les confinements successifs, vous ne vous attendiez pas forcément à continuer une fois la situation sanitaire sous contrôle. Et cette intrusion du travail dans votre intimité n’est pas sans conséquence : à votre domicile, vous avez du mal à poser des limites entre ce qui relève de votre vie privée et de votre vie professionnelle ; vous n’arrivez plus vraiment à déconnecter le soir venu et vous avez déjà frôlé le burn-out ou la crise de couple.

Si les indépendants ont, depuis toujours, l’habitude de travailler dans leur salon ou depuis la table de leur cuisine, lorsqu’on est salarié, passer d’un environnement de bureau classique à un bureau itinérant n’est pas si évident. Cela nécessite des outils, un aménagement spatial, un management adapté et une force mentale à toute épreuve (ou presque). Après tout, comment rester motivé quand les journées se ressemblent toutes ? Comment ne plus souffrir de l’isolement quand notre chat est devenu notre seul collègue ?

Dans cet ouvrage, après analyse de chaque problématique liée au télétravail, des experts vous donnent des conseils et des solutions - à la portée de tous - à mettre en place au quotidien, pour vous aider à mieux vivre cette nouvelle organisation du travail. Parce que ne l’oublions pas, le télétravail, quand il est bien préparé, offre de nombreux avantages : autonomie, flexibilité, gain de temps, meilleure qualité de vie et une concentration optimale !

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—Introduction

« On se voit demain pour faire un point sur le dossier ?– Je suis en télétravail…– On se fait une visio, alors ? »

Le télétravail, simple parenthèse dans nos vies ou nouveau paradigme ?

La pandémie a bouleversé nos vies, grignoté nos libertés individuelles, pulvérisé et recomposé la structure de nos journées. Les couvre-feux, les confinements, les interdictions de sortir de chez soi, de voyager, ont modifié notre rapport à l’espace et au temps. Ils ont aussi changé des règles que l’on pensait immuables : celles qui régissent le monde du travail. Métro, boulot, dodo pour les urbains, voiture, boulot, dodo pour les banlieusards et les ruraux. L’isolement obligatoire a imposé une nouvelle manière de travailler jusque-là réservée à une poignée d’entre nous : le travail à distance, ou télétravail : telecommuting en anglais.

En avril 2021, 37 % des actifs en France, soit un peu plus d’une personne sur trois, l’avait expérimenté, selon une enquête d’Harris Interactive pour le ministère du Travail. Avant le début de la crise sanitaire, seuls 15 % des salariés travaillaient de temps en temps chez eux, et 7 % de façon plus régulière. Ce mode de travail peinait à se généraliser pour


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plusieurs raisons : en premier lieu, un tiers des employeurs n’y étaient pas favorables parce qu’ils estimaient que le travail au domicile pouvait entraîner une baisse de productivité et favoriser le désengagement de leurs salariés (p. 30-35). De plus, tout le monde ne disposait pas à distance des bons outils technologiques (p. 40-45) pour être assez efficace. Depuis, les doutes ont été balayés et plus de 90 % des entreprises proposent à leurs salariés de télétravailler. Mais s’agit-il d’une parenthèse qui prendra fin une fois le virus totalement maîtrisé ou est-ce le début d’une nouvelle ère pour les salariés ?

Si certains d’entre eux n’ont pas apprécié l’expérience du télétravail forcé, pour d’autres en revanche, le retour en arrière n’est ni souhaitable ni envisageable. En juin 2021, 54 % des salariés disaient vouloir osciller entre distanciel et présentiel, et 15 % d’entre eux souhaitaient même conserver le système mis en place pendant les confinements successifs, donc rester majoritairement en télétravail. Finalement, seuls 30 % des travailleurs (principalement les moins de trente ans en début de carrière) expliquaient vouloir retourner au bureau chaque jour. Flexibilité, autonomie, gain de temps, meilleure concentration ; les arguments en faveur du télétravail sont nombreux pour ceux qui arrivent à jongler entre leurs impératifs professionnels et personnels. Et les salariés ne sont pas les seuls à saluer ce changement de paradigme. Plus d’un an après le début de la crise, 85 % des directeurs des ressources humaines prévoyaient que le télétravail allait se poursuivre, et 82 % avaient même revu à la hausse la part des postes éligibles au travail à la maison.


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Attention toutefois, il ne faudrait pas que le télétravail soit seulement une occasion – ou une bonne excuse – pour les entreprises de réduire leurs coûts. Prenons l’exemple de la Défense, quartier d’affaires emblématique de Paris. Si vu de loin, rien ne semble avoir changé, les 3,7 millions de mètres carrés de bureaux des cinquante-neuf tours sont aujourd’hui bien clairsemés. Le prix du m2 s’effondre. Depuis le début de la pandémie, les entreprises – qui ont bien vu qu’elles pouvaient continuer à être compétitives avec des équipes éclatées – souhaitent encourager le télétravail pour réduire la surface de leurs bureaux. Généralement, elles envisagent d’organiser les surfaces restantes en « flex-office », avec des casiers personnels pour chaque employé. Les chefs d’entreprise ont enfin pris conscience que la taille et le prestige de l’emplacement d’un siège social étaient de plus en plus accessoires, et l’idée du « plus beau, plus haut » pouvait être facilement chassée par celle du « premier arrivé, premier servi ». Oui, mais il est important de veiller à ne pas pousser le curseur du télétravail trop loin ! S’il doit être privilégié pour travailler sur des dossiers de fond, pour des travaux d’écriture…, il n’est pas adapté à la négociation, aux présentations clients et au small talk. Pour 78 % des télétravailleurs, l’idéal serait dorénavant de trouver un équilibre entre le monde d’avant et celui d’aujourd’hui et d’inventer un nouveau rythme : trois jours à la maison maximum, deux jours au bureau minimum. Les entreprises doivent donc veiller à garder des espaces suffisamment grands afin de continuer à accueillir leurs salariés ou, le cas échéant, de proposer des accès à des tiers lieux, comme des espaces de coworking.


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Comment le télétravail bouleverse-t-il nos vies et notre rapport au travail ?

Le télétravail n’est pas sans conséquence dans nos vies. Il secoue nos repères spatio-temporels, change l’aménagement de nos intérieurs, affecte les relations que nous entretenons avec nos collègues (p. 24-29), mais également avec celles et ceux dont nous partageons le quotidien (p. 96-105). Travailler de chez soi n’implique pas seulement de s’approprier un coin de la table de la cuisine ou du canapé pour y poser nos affaires de bureau, mais de remettre à plat toute une organisation qui a fait ses preuves depuis des décennies.

Je ne sais plus quelle est ma place. Avant le flex-office et l’explosion du télétravail, nous savions quelle position nous occupions dans notre organisation et, d’une certaine manière, dans la société. Cette place était d’abord spatialement déterminée par le bureau qui nous était attribué, par la taille et l’intimité de notre espace de travail. En open space, le manager devait pouvoir veiller sur son équipe opérationnelle d’un seul coup d’œil, quant au stagiaire, il s’installait généralement sur le bureau vacant, dans le passage. Depuis que les salariés travaillent sur des ordinateurs portables, casque vissé sur les oreilles pour s’isoler du bruit ambiant, ils peuvent travailler sur n’importe quelle surface, et ce quels que soient leur niveau hiérarchique et leur intitulé de poste ! Nous l’avons bien vu ces dernières années : les photos de famille punaisées au mur et les boules à neige souvenirs ont


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bel et bien disparu. Mais que faut-il penser de cette évolution ? Si d’après le physicien Stephen Hawking, « l’intelligence, c’est la capacité de s’adapter au changement », le changement d’organisation du travail nécessite tout de même d’adapter sa communication écrite (p. 46-49) et sa méthode de management pour bien faire circuler l’information (p. 36-39). Il implique aussi la mise en œuvre de nouveaux outils pour continuer à déceler les signaux faibles (p. 54-59).

Je ne gère plus la frontière entre ma vie professionnelle et ma vie personnelle.Il n’y a pas si longtemps, tout était simple, compartimenté. Nous regardions nos mails dans les transports, nous travaillions jusqu’à 18 heures et, une fois rentrés chez nous, plus question de répondre aux sollicitations de nos collègues. Les préoccupations et les impératifs liés à notre activité professionnelle passaient rarement la porte de notre logement. L’arrivée du télétravail dans nos vies a évidemment tout changé (p. 90-95). Les tailleurs gris perle, escarpins de 8 centimètres, rouges à lèvres, costumes trois boutons bleu marine restent désormais planqués au fond de notre dressing. Sûr de lui, le casual règne en maître. Au-delà de la dégradation de notre vestiaire quotidien, plus le télétravail s’installe dans la durée, plus nous profitons des pauses entre deux réunions Zoom pour lancer une lessive, faire des courses, regarder un épisode de notre série préférée, voire piquer un petit somme. Résultat : en plus d’errer comme nos animaux domestiques entre le canapé, le lit et la table du salon (p. 72-77), nous répondons à


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des appels professionnels pendant nos repas et nous écrivons des mails le soir dans notre lit. Plus de coupure, plus de repos et une charge mentale toujours plus importante : c’est aussi pour cette raison que le stress (p. 68-71) et le risque de burn-out (p 78-81) s’intensifient, lorsque nous n’arrivons plus à poser des limites. Mais décrocher du travail quand nos chefs se permettent de nous solliciter à toute heure et quelle que soit l’urgence, c’est presque mission impossible. Pour trouver le bon équilibre et ainsi préserver notre santé physique (p. 62-67) et mentale, nous devons nous imposer des limites, mais ne l’oublions pas : comme un patron qui demande des efforts à son équipe doit commencer par en faire lui-même, le manager doit montrer l’exemple lorsqu’il s’agit de déconnexion (p. 112-115).

Nous vous donnons tout au long de cet ouvrage des conseils et des exemples d’aménagements à la portée de tous pour limiter les effets négatifs de cette nouvelle organisation du travail. S’il est bien cadré, le télétravail offre une grande liberté pour les salariés et pourrait peut-être même contribuer à mettre un terme à la culture du présentéisme, encore très ancrée en France, qui veut qu’un salarié engagé soit d’abord celui qui arrive tôt et quitte son travail le plus tard possible. Travailler oui, mais tout le temps et au détriment de nos vies personnelles ? Et si finalement, être heureux, épanoui et productif au travail, était d’abord une question d’équilibre ?


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L’autrice

Journaliste chez Welcome to the Jungle depuis février 2020, Romane Ganneval s’intéresse aux sujets liés au bien-être au travail, au management, à la recherche de sens et à l’évolution de la place du travail dans notre société, après avoir couvert le procès France Telecom pour le journal La Croix en 2019. Passée par les rédactions des Inrocks, Libération, Télérama, Society, BFM, Têtu et La Croix, elle fait partie de la promo 72 du Centre de formation des journalistes (CFJ) de Paris. Avec Michael Bunel, elle a publié Croire dans le 9.3 aux éditions Chemins d’avenirs ; un ouvrage qui a reçu la mention spéciale du prix Père Jacques Hamel en 2018.

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Ils ont collaboré à cet ouvrage

Florence BeukenAprès avoir travaillé une décennie comme éducatrice spécialisée, la

psychopraticienne s’est spécialisée dans l’accompagnement à la

parentalité. Sa méthode basée sur la thérapie systémique permet aux

familles de travailler sur « l’ici et le maintenant ».

Marina BourgeoisFondatrice et dirigeante du cabinet Oser Rêver Sa Carrière, l’ancienne

chasseuse de têtes et enseignante en droit des affaires accompagne

femmes et hommes dans leur questionnement professionnel. Elle a

créé « Les samedis du burn-out » et écrit l’ouvrage : Burn-out : le (me)

comprendre & en sortir.

Caroline DiardEnseignante-chercheuse en management des ressources humaines

et droit à EDC Paris Business School, Caroline Diard a été DRH et

consultante pendant quinze ans. Aujourd’hui, elle mène des recherches

sur la vidéosurveillance, le contrôle des salariés et le télétravail.

Caroline DumasAprès avoir passé plus de quinze ans dans le monde de l’hôtellerie

de luxe à Paris, Caroline Dumas est devenue psychologue du travail et

psychothérapeute il y a dix ans pour mieux comprendre les enjeux

auxquels sont confrontées les ressources humaines.

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Ô solitude…

Le télétravail abolit une foule de minuscules interactions dont nous n’avons la plupart du temps pas conscience, les regards des autres travailleurs tout juste sortis du lit que nous croisons dans les transports, les pause-café où l’on a l’habitude d’échanger des banalités, les bonjours de rigueur, les petites blagues de notre voisin d’open-space, les déjeuners en groupe à la cantine, les coups de gueule des uns et des autres… Des petits riens qui nous agacent ou nous amusent selon nos humeurs et dont on se passe avec délice pendant les vacances, mais qui finissent par nous manquer terriblement quand ils disparaissent pour de bon. Si le télétravail peut être un soulagement pour certains, il s’apparente pour beaucoup d’autres à la lente traversée d’un interminable désert social. La bouilloire, le chat ou la plante verte paraissent bien silencieux dans nos bureaux de fortune. Une situation encore plus difficile à vivre quand les après-midis d’hiver se succèdent : comment ne pas céder à la mélancolie ou encore résister à l’envie de rester sous la couette pour de bon ? L’homme est un animal social, ses passions s’épanouissent dans la collectivité. Il existe pourtant des outils pour survivre seul sur son île-bureau.

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Isolement professionnel de quoi parle-t-on au juste ?

En France, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles a tenté de donner un cadre à la pluralité et à la subjectivité des situations d’isolement au travail, estimant qu’il s’agissait de « toutes situations où les salariés éprouvaient des difficultés, pour quelque motif, à obtenir une assistance en cas de nécessité. »

Si les salariés en télétravail se retrouvent par définition dans des situations d’ISOLEMENT PHYSIQUE, sauf s’ils travaillent dans des tiers lieux (espace de coworking, bibliothèque…), ils peuvent en même temps apprécier cette organisation s’ils se sentent suffisamment entourés et s’ils réussissent à partager régulièrement des informations avec leurs collègues, fournisseurs et clients. D’un autre côté, il arrive qu’un salarié qui travaille dans un open-space au milieu d’autres collègues, n’ait rien à échanger avec eux et vive une situation d’ISOLEMENT RELATIONNEL. Ce sentiment de solitude au milieu d’une foule d’individus, théorisée par Hannah Arendt sous le terme de « désolation » a d’ailleurs été repris en psychodynamique du travail, discipline récente des sciences sociales, proposant des outils théoriques pour améliorer les rapports entre l'homme et le travail.

Enfin, lorsque l’isolement, qui se caractérise généralement par une forme de repli sur soi, un problème de verbalisation et une certaine apathie, n’est pas pris au sérieux, le salarié peut, sur le long terme, se sentir abandonné et avoir le sentiment de se faire défaut à soi-même. C’est alors que la solitude s’installe. « Celle-ci, plus extrême, correspond à une situation subjective où le salarié ne va même plus être en capacité de solliciter une aide, même lorsqu’il se sent incapable de faire face tout seul à la situation, considérant que c’est perdu d’avance », explique la psychologue du travail et psychothérapeute Caroline Dumas. Cette situation précède généralement UNE CRISE DE SENS AU TRAVAIL, qui peut, dans certains cas, atteindre l’identité même des salariés.


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Le télétravail renforce le sentimentd’isolement des salariés

En novembre 2020, 58% des salariés en 100% télétravail étaient en DÉTRESSE PSYCHOLOGIQUE, selon le baromètre de la santé psychologique des salariés français en période de crise du cabinet Empreinte humaine, spécialiste des risques psychosociaux. Face à cette situation inédite, le ministre de la santé, Olivier Véran a activé un numéro vert « d’écoute, de soutien et de conseil aux télétravailleurs ».

Entre mars et novembre 2020, ce dispositif avait déjà reçu plus de deux millions d’appels, avec une moyenne de 20 000 par jour à la fin de l’année.

Pourquoi, pendant la crise sanitaire, les télétravailleurs ont-ils été si nombreux à souffrir de cette situation d’éloignement professionnel ? Parce qu’ils ne l’ont pas vraiment choisi et très peu ont y été préparés ! Et ce sentiment doit être pris au sérieux : dès lors qu’il se manifeste, il correspond souvent à un besoin d’aide, surtout s’il s’accompagne d’un sentiment d’injustice, d’impuissance, de frustration. Aujourd’hui, un grand nombre de salariés a connu le télétravail et en connaît les limites. Pour autant, chacun, loin de son entreprise, a intérêt à se poser ces questions : êtes-vous à l’initiative de cette situation et pouvez-vous exercer un quelconque contrôle sur celle-ci ? Aimeriez-vous davantage travailler en présentiel ? Cette notion de contrôle est fondamentale puisqu’elle permet de révéler s’il s’agit d’une situation subie ou non.


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Contre l’isolementen télétravailLes conseils de Caroline Dumas, psychologue du travail et psychothérapeute.

1.Demandez-vous s’il s’agit d’un isolement physique ou d’un isolement relationnel, d’un isolement réel ou perçu, temporaire ou permanent.Pour cela, posez-vous les bonnes questions : Est-ce que je me sens loin des autres ? Est-ce que j’ai des difficultés à obtenir de l’aide de mes collègues en cas de besoin ? Est-ce qu’on communique bien entre collègues à distance ? Nos relations sont-elles assez riches ? Est-ce que j’ai la sensation que les autres me mettent de côté ? Suis-je toujours invité aux réunions ? Une fois le diagnostic posé, intéressez-vous aux moyens dont vous disposez pour pallier l’isolement.

2.Écoutez de la musique lorsque vous travaillez. La violoncelliste et art thérapeute Claire Oppert a démontré que certaines musiques avaient une influence bénéfique sur notre cerveau (reconnu et salué par le monde scientifique, son protocole médical, le Pansement Schubert, soulage la douleur et l’anxiété des patients). La musique relie les êtres et témoigne de cette part vivante et intacte en chacun de nous.

3.Contactez vos pairs (collègues du même niveau hiérarchique). Lors d’une pause-café virtuelle, vous pouvez parler du travail mais aussi des problématiques plus personnelles, l’important est de nourrir le lien social. Cela doit être spontané, sinon cela ne fonctionne pas (pensez à vos team-buildings ratés, ou à vos Noël d’entreprise contraints).

4.Allumez votre caméra lors des réunions virtuelles et incitez vos collègues à suivre votre démarche. Certains salariés sont complexés par leur physique ou leur logement, vivent ces réunions comme une intrusion dans leur espace privé, sont gênés par leurs proches… Si la réunion virtuelle pose de nombreux problèmes, gardez à l’esprit que lorsque vous voyez les autres, vous vous sentez moins seul. Changez votre arrière-plan (en trifouillant dans les réglages) si vous souhaitez préserver votre intimité. Attention : ne passez pas la réunion à vous regarder, mais concentrez-vous sur les autres !


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5.Faites une pause constructive ! Même si les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) accélèrent la quantité et la vitesse de nos échanges, notre cerveau a besoin de temps neutres, de vide. Profi tez d’être loin du bureau pour faire de vraies pauses régulières. Le but étant de trouver des solutions aux sujets diffi ciles. Un retour à soi est nécessaire et salvateur pour faire avancer les dossiers les plus épineux. De cette façon, vous serez moins stressé et plus disponible aux autres.

6.Faites la liste de ce que vous avez réalisé avec vos collègues, les sujets sur lesquels vous avez réussi à fédérer. On a tendance à l’oublier, mais l’isolement est aussi favorisé par la compétition entre collègues. Si les challenges personnels peuvent être une source de motivation, ou permettent de dépasser ses limites, pour éviter de vous isoler davantage, préférez les objectifs d’équipe ou de groupe.

7.Parlez de votre isolement avec votre manager. Bien souvent, les managers n’ont pas été formés pour diriger une équipe à distance. Quand la situation le permet (relations saines et respectueuses), exprimez-lui votre mal-être. Mais ne soyez pas trop direct. Lorsqu’une équipe connaît des diffi cultés, le manager les vit également. Parfois, il ne sait pas comment s’y prendre pour désamorcer le blocage. Si la situation est trop tendue, n’hésitez pas à consulter le médecin du travail de l’entreprise dont les entretiens sont confi dentiels. Enfi n, si votre malaise est trop important, contactez un psychologue du travail.

8.Enfin, relativisez ! Nous sommes tous fragiles et selon notre histoire, le télétravail peut accentuer certaines émotions. Maintenant que vous êtes loin de votre entreprise, vous avez l’impression que vous êtes mis de côté ? Ce n’est pas forcément le cas. On ne répond pas assez rapidement à vos mails ? Peut-être que votre collaborateur a dû s’absenter… Prenez le temps d’observer et de consulter vos collègues avant de tirer des conclusions hâtives !


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Ces liens auxquels on tient

L’être humain est un animal grégaire contrarié. Depuis la préhistoire, il aime la compagnie rassurante de ses semblables et la déteste dans le même temps. On peut le constater chaque été sur les plages. Rares sont ceux qui choisissent de s’isoler, tout en veillant à conserver un espace de liberté, une bulle d’intimité bien délimitée à quelques mètres de la serviette de bain du voisin. Trois saisons sur quatre, des millions de misanthropes assumés s’agglutinent dans les villes alors que les campagnes sont désertes. Tous ensemble, mais chacun chez soi. Les amitiés, les amours, se tissent selon un agrégat de règles complexes, mais elles se détricotent au gré de chacun. Ce dipôle magnétique, « Je t’aime, je te hais », qui fait le charme de nos existences, est inopérant dans le monde du travail. On ne se débarrasse pas d’un manager toxique d’un claquement de doigts. Nous devons faire des efforts pour aller vers les autres et cohabiter pacifiquement dans un univers qui chérit la stabilité. Le télétravail rompt avec cette bonne habitude en détruisant le lien fondamental que nous avons avec nos collègues.

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En télétravail, un salarié sur deux est en détresse psychologique

Depuis le début du premier confinement et la généralisation du télétravail, les chiffres sur la santé psychologique des salariés français s’affolent.

Selon le baromètre de la santé au travail réalisé par le cabinet Empreinte Humaine en décembre 2020, 50 % des salariés français étaient en situation de détresse psychologique, dont 20 % en détresse psychologique élevée.

Si tous les salariés sont de près ou de loin touchés par cette mutation de l’organisation du travail, les moins de vingt-neuf ans en perte de repères, les femmes et les managers qui ont généralement une charge mentale plus élevée, sont les plus négativement atteints. En cause ? Après l’isolement, nombreux sont les salariés qui observent une intensification du stress à distance. Plusieurs facteurs expliquent cette situation : LA CHARGE DE TRAVAIL, qui a tendance à augmenter en télétravail, le manque ou LA MAUVAISE ORGANISATION DE L’ENTREPRISE et l’absence de soutien des collègues et des managers. Face à la dégradation du marché de l’emploi, mais aussi pour compenser leur absence physique dans les bureaux, les salariés ont tendance à davantage travailler quand ils sont à distance, pour montrer à leur hiérarchie qu‘ils sont malgré tout bien présents, engagés et productifs. Ils sont à l’affût et peuvent même augmenter leur stress en se mettant la pression tout seuls. Aussi, comme toutes les interactions se font via des outils connectés, les salariés ont tendance à être plus connectés et à accepter un plus grand nombre de réunions en visio. Au final, ils sont sans cesse interrompus, et l’amplitude horaire pour réaliser le même travail est plus importante. Aïe.

Tous les salariés ne sont pas des geeks en puissance

Si nous avons commencé à comprendre le circuit du stress en télétravail, les spécialistes ont parfois tendance à sous-estimer, voire à oublier, LE STRESS TECHNIQUE LIÉ AU TRAVAIL À DISTANCE. Et pourtant, depuis l’avènement du travail sur canapé, qui n’a jamais eu de problème avec son wi-fi ? Qui n’a jamais paniqué en lançant une réunion


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Zoom ? Et je ne parle même pas du micro que vous n’avez pas réussi à couper quand vos enfants sont rentrés de l’école, impatients de vous raconter leur journée alors que vous entamiez votre négociation de salaire annuelle avec votre N+3. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, déplacer son activité professionnelle à la maison demande une organisation technique pas toujours à la portée de chacun. Aujourd’hui, c’est même avec nostalgie que vous vous souvenez de l’efficacité du service informatique, toujours prêt à débloquer vos bugs et à prendre la main sur votre ordinateur lorsqu’il a planté.

Pour la chercheuse Sophie Le Garrec, sociologue du travail, coautrice de l’ouvrage Les Servitudes du bien-être au travail : « Les entreprises ont oublié d’embarquer tout le personnel en omettant de le former aux compétences numériques de base. » Ceci dit, ce n’est pas parce que vous n’arrivez pas à installer un nouveau logiciel que vous êtes un mauvais salarié. Les tutos ne suffisent pas pour résoudre vos problèmes ? Vous pouvez demander à vos grands enfants de vous aider. Pensez à utiliser votre compte personnel de formation (CPF) pour suivre un cours accéléré ou un webinaire sur ces sujets. Ce stress technique ne doit pas vous empoisonner la vie.

Gérer son stressLes conseils de Christophe Nguyen, psychologue et président du cabinet Empreinte Humaine, spécialisé dans les risques psychosociaux.

1.Hiérarchisez vos priorités. Vous avez mille dossiers en cours et vous ne savez plus par quoi commencer ? Arrêtez de vous blottir sous votre plaid en attendant que la tempête passe ! Pour reprendre la maîtrise de votre agenda, listez vos priorités avec différents codes couleurs si cela vous aide et lancez-vous. Un dossier après l’autre. Si vous avez un doute, n’hésitez pas à en parler avec votre manager, il pourra vous aider à définir ce qui est le plus urgent et ce qui peut attendre. Attention toutefois, ce qui est prioritaire pour vous ne l‘est pas forcément pour les autres.

2.Organisez-vous en fonction de vos jours de télétravail. En 100 % télétravail, la question ne se pose pas, mais si vous travaillez de chez vous deux ou trois jours par semaine, essayez d’adapter votre emploi du temps en conséquence : priorisez

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le travail coopératif (feed-back, brainstormings…) et les réunions en présentiel, et le travail de fond, de réfl exion, d’écriture en télétravail. La concentration n’est pas la même chez vous et au bureau.

3.Soyez dans l‘empathie avec vous-même. Nombreux sont les salariés qui se mettent encore plus de pression en télétravail. Pour mieux vivre cette organisation du travail, prenez un temps à la fi n de chaque journée pour vous demander ce que vous avez réussi à faire de bien aujourd’hui. Ne vous focalisez pas seulement sur les points négatifs ! Si vous n’êtes vraiment pas satisfait, notez aussi les points de progression possibles et mettez en place une stratégie adéquate. N’oubliez pas, votre ego a parfois besoin d‘être rassuré et d’être caressé dans le sens du poil. Et ce n’est pas parce que votre manager n’a pas le temps de vous faire de retours que votre travail est mauvais.

4.Écoutez-vous ! Le télétravail est un bon moment pour s’écouter, faire le point sur ce que vous ressentez et prendre de la distance avec votre travail. Si vous n’arrivez pas à gérer votre stress parce que les autres vous accaparent, parlez-en avec votre manager et vos collègues. L’important, c’est de verbaliser votre mal-être. Les situations tendues sont généralement la conséquence d’une mauvaise communication à l’écrit, d’un quiproquo ou d’un manque de souplesse. Et cela a tendance à augmenter à distance. Plutôt que d’incendier un collègue par SMS quand il y a eu une incompréhension sur un dossier, laissez retomber le stress et la colère, puis appelez-le pour désamorcer le problème.

5.Libérez-vous du diktat du présentéisme. Le fait de se sentir obligé de montrer que l’on travaille tout le temps est un facteur important de stress en télétravail. Mais ce n‘est pas parce que vous n‘êtes pas disponible constamment, que vous ne prenez pas chaque coup de fi l, que vous ne répondez pas à vos mails dans la minute, que vous n‘êtes pas un salarié proactif et productif. Tout ne nécessite pas une réponse immédiate. Concentrez-vous d’abord sur vos priorités.

6.Posez-vous les bonnes questions. Vous avez été occupé toute la journée mais vous n‘avez pas réussi à boucler vos dossiers ? Tout de suite, demandez-vous ce qui vous a empêché d’avancer. Listez ces points et organisez un plan d’attaque.


125—

1 tiers des Européens en télétravaildéclarent travailler sur leur temps libre afin de satisfaire les exigences de leur employeur.

(Source : rapport du Parlement européen du 20 janvier 2021.)

Pour plus de 1 Français sur 2, l’isolement lié à la perte de lien social avec les collègues est identifié comme le principal désavantage du télétravail.

(Source : Observatoire Cetelem Harris Interactive.)

86 % des Françaisestiment que le télétravail devra faire partie des conditions proposées par les entreprises si elles souhaitent rester attractives.


Plus nomades ? 60 % des salariés aimeraient, au moins de temps en temps, avoir la possibilité de travailler à l’extérieur ou dans des tiers lieux comme les espaces de coworking.


Pour 3 Français sur 4,le développement du télétravail apparaît comme une très bonne opportunité, tant pour les entreprises que pour les salariés.


48,5 minutes, c'est en moyenne le temps que les salariés travaillent en plus en télétravail qu’en présentiel.

(Source : étude Harvard Business School et New York University.)


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BLURRING : disparition de la frontière entre la vie personnelle et la vie professionnelle.

BYOD : acronyme anglais de « Bring your own device », qui se traduit en français par « apporter votre propre matériel ». Pratique très courante dans les start-up et en télétravail, elle soulève des problématiques de cybersécurité.

FULL REMOTE : la solution « full remote » signifi e être en 100 % télétravail et ne jamais venir dans les bureaux de l’entreprise.

NOMADISME : c’est l’art de travailler de n’importe quel endroit (excepté les locaux de son entreprise). Le travailleur nomade peut travailler chez lui, mais aussi à l’étranger, à la campagne. Généralement, il change assez régulièrement de zone géographique.

PHYGITAL : désigne les personnes qui font des allers-retours entre distanciel et présentiel.

PRÉSENTIEL / DISTANCIEL : au bureau / en télétravail (à distance).

TIERS LIEU : lieu de travail qui n’est ni l’entreprise ni le domicile.

TRAVAIL ASYNCHRONE : à l’opposé du travail synchrone, qui consiste à travailler à heures fi xes, le travail asynchrone permet aux salariés de s’organiser en travaillant quand et où bon leur semble.

WEBINAIRE : mot-valise associant web et séminaire, il désigne toutes formes de réunions interactives de type séminaire et diffusées par des outils de visioconférence.

Le jargondu télétravail—


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Pour des milliers de salariés, le télétravail est brusquement devenu la norme. Or, passer de l’improvisation dans l’urgence à une organisation optimale ne se fait pas tout seul.

Quel que soit votre niveau hiérarchique, ce guide vous accompagne dans cette mutation. Maintenir le lien avec l’entreprise et les collègues, communiquer di� éremment, préserver sa santé, ménager la sphère privée, connaître et faire valoir ses droits sont autant de points dont vous mesurez l’importance sans toujours savoir comment les améliorer.

Chaque problème inhérent au télétravail est d’abord analysé et documenté. Pour passer de la prise de recul à l’action, des spécialistes vous donnent ensuite conseils et solutions pratiques.

Redresser la barre, trouver votre équilibre et vous épanouir à 100% en télétravail… c’est possible et vous allez y arriver !c’est possible et vous allez y arriver !

Romane GannevalRomane Ganneval

DE LA SURVIE À L’OPTIMISATIONDE LA SURVIE À L’OPTIMISATION

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