REVUE DES REVUES L'animation DE LANGUE...

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R E V U E REVUES DE LANGUE FRANÇAISE par Aline Eisenegger « Le roman », un numéro spécial de L'Ecoledes lettres, Y 1 mai 1%9. Editeurs, auteurs, critiques, en- seignants, bibliothécaires et do- cumentalistes retracent l'histoire du roman pour la jeunesse jusqu'à nos jours et en analysent les différentes formes. Un numéro fourni et inédit dans cette revue destinée aux col- lèges qui, numéro après numéro, apporte sa contribution à une ou- verture des enseignants vers la littérature contemporaine de jeunesse. Le CRDP de Grenoble s'efforce lui aussi, depuis, des années de don- ner une place de choix au livre dans les établissements scolaires. Après Lire au collège, Lire au lycée, voi- ci Lire au lycée professionnel. Au sommaire du n" 1, oct. 1989, une enquête sur la lecture, le compte rendu d'un travail réalisé en clas- se de 4 e sur le livre de Dino Buz- zati, Le K, une bibliographie sur l'ours, une sélection des meilleurs polars de l'année... Nul doute que cette revue répondra aux pro- blèmes spécifiques des enseignants et élèves des lycées professionnels. La revue Aube cesse, faute de combattants, avec le n" 18, juillet 1989. Un gros numéro triple consacré aux BCD et aux liens pos- sibles entre le CM2 et la sixième. L'association AUBE, qui s'atta- che à l'idée de faire des BCD un instrument de réussite scolaire, poursuit quant à elle son action. D E S L'animation Aube disparaît, Argos apparaît... Dans son n" 1, mai 1989, un dos- sier consacré à l'animation : ques- tions et réponses en BCD et en CDI ; la ronde des livres, l'écri- ture, la rencontre avec les auteurs, les pratiques documentaires, l'uti- lisation de la bibliothèque, l'adap- tation d'oeuvres au théâtre, en ban- de dessinée... Des suggestions qui reposent sur l'expérience vécue. R E V U E S Animer : « le jeu en vaut-il la chan- delle?», se demande M.-C. Houy- vet dans le n» 100 d'Inter-CDI, juillet-août 1989. Des réflexions sous forme de questions sans ré- ponses, à la suite d'un jeu de lec- ture qui s'est déroulé dans l'Aca- démie de Caen. L'auteur se demande si les enseignants, les élè- ves et la littérature de jeunesse sortent gagnants d'une telle aventure. Alors comment amener à la lec- ture? J.-M. Privât et M.-C. Vin- son, dans Pratiques , n° 63 de sept. 1989, ont clairement posé la ques- tion, souvent éludée, de savoir si le livre se rencontre partout de fa- çon naturelle. Les auteurs ont élaboré avec leurs classes des iti- néraires d'accès au livre en s'at- tachant aux intermédiaires entre les livres et les lecteurs - tant il est vrai que le livre est aussi un objet qui a son prix et sa fonction. Dans un premier temps, les élèves se sont rendus chez les bouquinistes de Lyon, puis ils ont travaillé sur les livres achetés, et ont enfin orga- nisé des kiosques pour revendre ces livres. « Mais, Madame, ça se trouve où ? » Une question, face à des informa- tions bibliographiques, qui ne peut être laissée sans réponse, surtout dans une petite ville qui n'a ni li- brairie ni bibliothèque. Catherine Schnedecker, dans le n" 62 de Pra- tiques , juin 1.989, a élaboré tout un travail autour du roman poli- cier, afin de réduire l'étrangeté cul- turelle du livre, en l'abordant sous l'angle du livre-objet : où chercher? comment lire les images, les cou- vertures, les collections, les titres?... Et quelle est la place du livre à la maison ? Raoul Dubois, dans le n° 36 du CR1LJ, juillet 1989, décrit un certain nombre de comporte- ments des familles face aux livres pour la jeunesse... à condition que le livre soit présent ! Les conteurs font depuis longtemps partie des animations proposées et l'annuaire de la littérature orale, paru dans le n° 10 de Dire , été 1989, est une source précieuse pour tous les professionnels. Il regrou- pe les chercheurs et spécialistes en littérature orale, les conteurs (a- mateurs ou professionnels, avec leur répertoire) et les organismes qui possèdent des fonds documentai- res et d'archives, notamment so- nores. Le classement adopté est géo- graphique, il est à la fois pratique 26 / LA REVUE DES LIVRES POUR ENFANTS

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REVUESDE LANGUEFRANÇAISE

par Aline Eisenegger

« Le roman », un numéro spécial deL'Ecoledes lettres, Y1 mai 1%9.Editeurs, auteurs, critiques, en-seignants, bibliothécaires et do-cumentalistes retracent l'histoire duroman pour la jeunesse jusqu'à nosjours et en analysent les différentesformes. Un numéro fourni et inéditdans cette revue destinée aux col-lèges qui, numéro après numéro,apporte sa contribution à une ou-verture des enseignants vers lalittérature contemporaine de jeunesse.

Le CRDP de Grenoble s'efforce luiaussi, depuis, des années de don-ner une place de choix au livre dansles établissements scolaires. AprèsLire au collège, Lire au lycée, voi-ci Lire au lycée professionnel. Ausommaire du n" 1, oct. 1989, uneenquête sur la lecture, le compterendu d'un travail réalisé en clas-se de 4e sur le livre de Dino Buz-zati, Le K, une bibliographie surl'ours, une sélection des meilleurspolars de l'année... Nul doute quecette revue répondra aux pro-blèmes spécifiques des enseignantset élèves des lycées professionnels.

La revue Aube cesse, faute decombattants, avec le n" 18, juillet1989. Un gros numéro tripleconsacré aux BCD et aux liens pos-sibles entre le CM2 et la sixième.L'association AUBE, qui s'atta-che à l'idée de faire des BCD uninstrument de réussite scolaire,poursuit quant à elle son action.

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L'animationAube disparaît, Argos apparaît...Dans son n" 1, mai 1989, un dos-sier consacré à l'animation : ques-tions et réponses en BCD et enCDI ; la ronde des livres, l'écri-ture, la rencontre avec les auteurs,les pratiques documentaires, l'uti-lisation de la bibliothèque, l'adap-tation d'oeuvres au théâtre, en ban-de dessinée... Des suggestions quireposent sur l'expérience vécue.

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Animer : « le jeu en vaut-il la chan-delle?», se demande M.-C. Houy-vet dans le n» 100 d'Inter-CDI,juillet-août 1989. Des réflexionssous forme de questions sans ré-ponses, à la suite d'un jeu de lec-ture qui s'est déroulé dans l'Aca-démie de Caen. L'auteur sedemande si les enseignants, les élè-ves et la littérature de jeunessesortent gagnants d'une telle aventure.

Alors comment amener à la lec-ture? J.-M. Privât et M.-C. Vin-son, dans Pratiques , n° 63 de sept.1989, ont clairement posé la ques-tion, souvent éludée, de savoir sile livre se rencontre partout de fa-

çon naturelle. Les auteurs ontélaboré avec leurs classes des iti-néraires d'accès au livre en s'at-tachant aux intermédiaires entre leslivres et les lecteurs - tant il est vraique le livre est aussi un objet quia son prix et sa fonction. Dans unpremier temps, les élèves se sontrendus chez les bouquinistes deLyon, puis ils ont travaillé sur leslivres achetés, et ont enfin orga-nisé des kiosques pour revendre ceslivres.

« Mais, Madame, ça se trouve où ? »Une question, face à des informa-tions bibliographiques, qui ne peutêtre laissée sans réponse, surtoutdans une petite ville qui n'a ni li-brairie ni bibliothèque. CatherineSchnedecker, dans le n" 62 de Pra-tiques , juin 1.989, a élaboré toutun travail autour du roman poli-cier, afin de réduire l'étrangeté cul-turelle du livre, en l'abordant sousl'angle du livre-objet : où chercher?comment lire les images, les cou-vertures, les collections, lestitres?...

Et quelle est la place du livre à lamaison ? Raoul Dubois, dans le n°36 du CR1LJ, juillet 1989, décritun certain nombre de comporte-ments des familles face aux livrespour la jeunesse... à condition quele livre soit présent !

Les conteurs font depuis longtempspartie des animations proposées etl'annuaire de la littérature orale,paru dans le n° 10 de Dire , été1989, est une source précieuse pourtous les professionnels. Il regrou-pe les chercheurs et spécialistes enlittérature orale, les conteurs (a-mateurs ou professionnels, avec leurrépertoire) et les organismes quipossèdent des fonds documentai-res et d'archives, notamment so-nores. Le classement adopté est géo-graphique, il est à la fois pratique

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et compliqué, mais un index per-met de s'y retrouver. Un outil in-dispensable malgré quelques ou-blis (la Joie par les livres n'y figurepas encore !).

Les thèmes del'annéeLes droits de l'enfant, dans le n" 2,1989, de Education et pédagogies(nouveau titre des Amis de Sèvres ).Un ensemble d'articles qui abor-dent aussi bien l'aspect juridiqueque philosophique, historique...Avec, en fin de numéro, une bi-bliographie de livres, films, expo-sitions et organismes (pour adul-tes et pour enfants) sur le sujet.

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Educationpédagogies

La Révolution et l'Europe sontréunis dans le n° 274-275, mai-juin 1989, des Cahiers pédagogi-ques : ce que l'école doit à la Ré-volution de 1789, les problèmes quepose l'enseignement de la Révo-lution française ; la problématiquede l'école dans la perspective eu-ropéenne : les programmes et lesévolutions prévisibles, les diffé-rents systèmes éducatifs.Voir aussi « Vous avez dit Révo-lution ? » dans le n" 6, juin 1989,de Livres jeunes aujourd'hui.

Le jouet à travers les livres pourenfants, dans le n" 8, sept.-oct.1989, de Livres jeunes aujourd'hui.Même thème, mais cette fois dansle livre d'images suisse, dans len- 13, été 1989, de Parole .

Les auteursà la uneUne étude appronfondie de l'œu-vre de Frédéric Clément par JeanPerrot, dans le n° 101, sept.-oct.1989, de Inter CDI.Edouard Ouspenski, un écrivain so-viétique pour la jeunesse, dans len" 8, sept.-oct. 1989, de Livres jeu-nes aujourd'hui .John Howe, un illustrateur cana-dien qui vit en Suisse et à qui l'ondoit Cathédrale (Bueb & Reumauxéditeur) et, plus récemment, Le mu-sicien de l'ombre (Duculot), dansle n" 13, été 1989, de Parole.Marie-Odile Ottenwalter proposeune lecture de Alice au Pays desMerveilles dans le n" 86, juin 1989,du Français aujourd'hui, et Ed-wige Talibon-Lapomme s'intéresseà Chère Mili, ou Grimm ressus-cité par Sendak, dans L'Ecole desparents , n" 4, avril 1989.

Dans les revues pour la jeunesse onrencontre aussi les auteurs : J.-M.-G. Le Clézio dans le n" 103, août1989, de Phosphore, et Pierre Gri-pari dans Mikado , n° 70, août1989.

DU COTEDES ENFANTS

À vos stylosLa presse des jeunes souhaite fai-re lire les enfants, mais aussi les fai-re écrire. Ainsi Je Bouquine, pourla cinquième année consécutive, or-ganise le prix Miniplume. C'est Mi-chel Déon qui a inventé le débutde l'histoire que tous les écrivains

de moins de 15 ans sont invités àcontinuer. (N» 68, oct. 1989.)Gullivore s'associe avec GallimardJeunesse pour une année de cham-pionnat de France de l'écriture des9-14 ans : L'encre à la mer. Opé-ration en quatre étapes lancée dansle n» 9, sept. 1989.

Un nouveau lookLe Journal de Mickey change deformat - il est légèrement réduit -,de formule et de logo qui s'est fait,comme le journal, plus moderne etplus drôle. On trouve toujours lesbandes dessinées Walt Disney, biensûr, mais aussi plus d'actualité, plusd'information et quatre fiches à col-lectionner - dont une de bricola-ge. N° 1943, 15 sept. 1989.

Spirou lui aussi s'est refait unebeauté (n° 2682, 6 sept. 1989), et- Europe oblige - propose une ban-de dessinée en anglais. Le journaloffre, comme tous les autres (Dia-bolo, Astrapi, Le Journal de Mic-key ou P'tit Loup ), un « plus » sous

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forme de cadeau, agenda, fiches,auto-collants, maquettes, calen-drier, petits livrets... La formule dePif gadget fait école...

Mila, l'héroïne qui ouvrait le jour-nal Abricot depuis deux ans main-tenant, a laissé sa place, depuis len° 27, sept. 1989, à un petit gar-çon.

Pour les bébés il y avaitToupie (Mi-lan) dès 2 ans, Abricot (Nathan) dès18 mois, Popi (Bayard-Presse) dès15 mois, et maintenant voici Pi-coti (Milan) dès 9 mois... Difficilede viser un public plus jeune ! Pi-coti est un concurrent direct dePopi dont il s'inspire sans en avoirles qualités (format, coins arron-dis et jusqu'au logo bien procheavec des couleurs similaires). A l'in-térieur, six histoires : celle d'unbébé, des images à observer - avecdes petites fenêtres découpées, unecomptine, un imagier. L'illustra-tion, d'une manière générale, lais-se peu d'espaces, peu de blancs, cequi nuit à une bonne lisibilité.N» 1, novembre 1989.

Spiroua les petitsMickeysdans le Pif...Salut Tintin,Hello bédé!Pour toutsavoir surles hebdos B.D.pour enfants,voir plus loindans ce numérol'articled'André Igwal...

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Qj Pour tes bébés p

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REVUESDE LANGUEANGLAISE

par Nathalie Rizzoni

American Libmries propose dansson vol. 20, n° 4, une réflexion surl'aménagement de l'espace dans lesbibliothèques et, en particulier,dans les sections pour enfants. L'ar-ticle, intitulé non sans humour« Les 7 péchés capitaux des archi-tectes », encourage les profes-sionnels du livre à ne pas se lais-ser intimider par les profession-nels de l'espace : la tentation estgrande pour les architectes et lesdesigners de sacrifier le fonction-nel à l'esthétique... et comme s'ils'agissait d'un passage aux travauxpratiques, le n° 6 du même vo-lume célèbre l'ouverture d'un cen-tre pour les enfants à Dallas : l'in-tégration et la conception de labibliothèque y sont, paraît-il, exem-plaires.

Un article du Journal of Youth Ser-vices in Libraries, vol. 2, hiver 89,suggère une nouvelle approche despersonnages handicapés dans lesœuvres de fiction pour enfants. Leslivres qui traitent la question duhandicap ne répondent pas, engénéral, aux exigences en vigueur

pour les « autres » ouvrages : pour-quoi ? Parce qu'on leur reconnaîtavant tout le mérite d'aborder « unthème difficile»; leur qualité lit-téraire n'est qu'une considérationsecondaire. Pourtant, trop de li-vres pour enfants véhiculent desmythes malvenus : le terme généri-que « handicapé » définit le per-sonnage en le démarquant de tousles autres, mais paradoxalement, lanature et les effets du handicap sontpresque toujours passés sous si-lence . A partir d'une étude sur lesdifférentes versions du conte d'An-dersen Le petit soldat de plomb(qui n'a qu'une jambe), l'auteur dé-montre qu'il existe une multituded'approches possibles du thème.

Le terme « bibliothérapeute » et ce-lui de « bibliothérapie » n'ont pasencore franchi l'océan, mais ils ren-voient à une pratique pourtant bienconnue en Europe. Un article duJournal of Youth Services in Li-braries, vol. 2, n" 3, fait le pointsur cette « thérapie par les livres »et les diverses sources d'informa-tion sur le sujet. L'American Li-brary Association a créé un Fo-rum pour la bibliothérapie et publierégulièrement un bulletin pour ses

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membres. La frontière entre unethérapie par les livres et un « sim-ple » travail d'incitation à la lec-ture n'est pas aussi claire qu'onpourrait le penser : les méthodesemployées sont parfois identiques,mais les enjeux sont fort différents.Pas de « bibliothérapie » sauvage,c'est-à-dire sans formation, sans fai-re courir d'énormes risques auxlecteurs... (Pour tout renseigne-ment, écrire à Lethene Parks, Bi-bliotherapy Forum, 8520 State road302 N.W. Gig Harbor, WA 98335,Etats-Unis.)

Toujours dans le numéro de prin-temps du Journal of Youlh Ser-vices in Libraries, une étude surl'analyse de l'image dans les al-bums pour enfants. Ce qui fait l'ori-ginalité de cette étude, c'est qu'el-le porte sur le contenu de critiques(publiées en 1984 dans la presse spé-cialisée), et non sur les images elles-mêmes. Quelques constatations :lorsqu'ils abordent l'analyse des i-mages, 60 % des critiques font ré-férence au moins une fois aux cou-leurs dans leur texte ; 25 % fontallusion à la composition de l'il-lustration ; 20 % s'arrêtent aux dé-tails ; seulement 10 % s'intéres-sent à l'utilisation des lignes. Lesformes, les matières et les perspec-tives ne sont pratiquement jamaismentionnées... Les critiques sontbien plus à l'aise lorsqu'ils par-lent du texte dans un album : leurformation serait-elle défaillantepour qu'ils évitent à ce point lesimages ?

La nécessité d'une formation spé-cifique pour l'analyse de l'image estencore évoquée dans Children'sLiteralure in Edumtmn, vol. 20, n" 1,mais cette fois-ci d'une point de vueplus pratique. Des « kits » ont étéconçus par l'Américain John War-ren Stewig pour permettre aux en-seignants et aux bibliothécaires de

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se constituer une «grille de lec-ture des images » à partir de l'œu-vre de quatre illustrateurs célèbres(non cités dans l'article...). D'unusage simple, ces valises contien-nent également un matériel péda-gogique pour réaliser des anima-tions avec les enfants et, parextension, les initier à l'art.

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Une nouvelle « Histoire de l'illus-tration dans les livres pour enfants »de Joyce Irène Whalley et TessaRosé Chester (chez John Murray encollaboration avec le Musée Vic-toria et Albert) fait l'objet d'uncompte rendu dans Books for jourchildren, vol. 24, n° 1. Cet ouvra-ge retrace l'évolution des tech-niques de l'illustration, de la miseen page, etc., et donne un aperçud'une « histoire de l'enfance ». Si,au 19e siècle, des enfants d'ouvriersétaient rémunérés à la tâche pour« peinturlurer » les illustrations delivres qu'ils ne liraient jamais, au201' siècle, ce sont les enfants de Sin-gapour ou de Colombie qui assem-blent les « pop up » commerciali-sés dans les pays riches. Les auteursposent aussi quelques questions de

fond sur l'avenir de la littératureenfantine : le marché des héros sansracines et sans visages, universel-lement blafards, représente-t-il unemenace pour les productions in-digènes originales?

L'illustrateur Philippe Dupasquier,dans le même magazine, semble ré-pondre que non ; il explique com-ment une image très signifiantepeut justement devenir un fil nar-ratif : en décrivant par exemple unmême lieu perçu à des époques dif-férentes ou divers lieux saisis dansun même instant.

Signalons, dans le numéro de mai-juin 1989 du Horn Book Maga-zine, une réflexion de Laurence Yepsur les choix auxquels est confrontél'auteur de romans historiques pourenfants. Doit-il appréhender l'his-toire comme le font les adultes, àpartir de faits reconnus, de dateset de statistiques, ou s'approcherau plus près de la grande Histoireà partir de l'expérience des en-fants ? Laurence Yep raconte com-ment sa propre découverte de laChine, pays natal de son père, s'estlaite à travers les récits paternelsdes petits événements liés à la viedu village. Ces anecdotes lui ontdonné une vision « holographique »

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de l'histoire, avec des saillies quilui ont permis de saisir plus tardl'Histoire en « cinémascope ».

Dans ce numéro encore, on dé-couvre la liste des quatorze do-cumentaires pour enfants publiésaux Etats-Unis et primés cette an-née par la Horn Book Graphie Gal-lery. Ces titres ont été sélectionnésen raison de la qualité exception-nelle de leur conception graphi-que (mise en page, illustrations,page de couverture, etc.). Une sé-lection qui va de Anno à FulvioTesta, en passant par Macaulay.

Une interview de Macaulay dansBooklist (vol. 85, n° 21) permet parailleurs d'en savoir un peu plus surle travail de cet illustrateur, dontl'œuvre naît de la déconstructiondes architectures et du démontagedes objets, pour mieux en fairecomprendre les lois essentielles.

From Higglety Pigglety Pop!© 1967 by Maurice Sendak.

Le célèbre Maurice Sendak parta-ge la une avec le non moins cé-lèbre Docteur Seuss dans un en-tretien publié par le Horn BookMagazine de sept.-oct. 1989. Ony trouve quelques aveux inédits surles relations des deux artistes à leurspersonnages, leurs relations au tex-te et à l'image. Seul cette fois, dans

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Booksfor keeps , n° 56, mai 1989,Maurice Sendak tient encore la ve-dette dans une énième discussionà bâtons rompus : le lecteur y gra-pille ça et là d'autres inédits... no-tamment le récit de la rencontre del'auteur de Max et les maximons-tres avec Rambo...

Toujours dans le Horn Book Ma-gazine de sept.-oct., un article defond sur le producteur américainde films pour enfants, WestonWoods : un hommage au travail re-marquable accompli par l'équipede Morton Schindel depuis trente

From Yertle the Turtle.© 1958 by Dr. Seuss.

ans. Depuis ses premières adap-tations sous forme de films d'ani-mation de Cuisine de nuit, desTrois brigands, de la Bête de Mon-sieur Racine, de Jean de lalune ... , Weston Woods n'a ja-mais cessé d'affirmer son attache-ment à la promotion d'une litté-rature pour enfants de qualité,originale, et ce, en dehors de tou-te considération commerciale. « Leslivres sont vivants, ils bougent, ilsfont du bruit » : Morton Schindel,à travers chacune de ses nouvel-les productions, conduit le jeune

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public vers une nouvelle décou-verte du livre. (Pour obtenir le ca-talogue de Weston Woods, s'adres-ser à : Weston Woods Studios Lt.,14 Fr iday S t r ee t , Henley-on-Thames, Oxfordshire, RG91AH, Grande-Bretagne.)

Notons dans Children's Literaturein Education , vol. 20, n° 1, uneréflexion sur l'image de la « famillehomosexuelle » dans les livres pourenfants. Il existe peu de livres abor-dant ce thème et pourtant 6 mi-lions d'enfants appartiendraient àce nouveau type de structure fa-miliale « gay ». Une brève biblio-graphie critique donne un premieraperçu d'un paysage thématique en-core inexploré en France.

Retour à un thème beaucoup plustraditionnel dans le vol. 20, n" 2,de Children 's Literature in Edu-cation , celui du grand méchantloup, avec une nouvelle variationautour de la non moins tradition-nelle question : faut-il ou non édul-corer les contes racontés aux en-fants? A partir d'une étude sur laréceptivité des Trois petits cochonset de La Belle au Bois-Dormant,l'auteur de l'article répond réso-lument que non. Une suppressiondes châtiments infligés aux « mé-chants» personnages (voire leurdestruction) provoque chez l'en-fant une terreur latente due à unesituation de crise non résolue : silé loup ne cuit pas dans la mar-mite des petits cochons, il vien-dra me manger à mon tour dansma maison...

Gros plan sur le Nigeria dans le vol.27, n° 2, de Bookbird , avec uneanalyse de l'image des personnesâgées dans la littérature pour en-fants nigériane et la place des en-fants dans cette même littérature.Ce tour d'horizon s'ouvre sur la re-lation de l'écrit à la tradition ora-

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le dans les pays en développement,la nécessité du respect des eth-nies et le développement d'une pro-duction locale. On peut égalementnoter le lancement d'une nouvel-le rubrique : elle est consacrée aurécit de petites expériences me-nées dans le monde pour la pro-motion de la lecture des enfants.A suivre...

Par ailleurs, The International Re-view of Children s Literature andLibmrianship , vol. 4, n° 1, pro-pose un panorama complet de l'his-toire de la littérature pour enfantsen Afrique de 1976 à 1987. Autreperspective africaine, celle don-née par Bookbird , vol. 27, n° 3 :comment Ravan Press, petit édi-teur marginal en Afrique du Sud,propose une production locale pourenfants, malgré la censure et unmarché économique peu favorable.

La censure fait l'objet d'un dos-sier spécial dans Booksfor keeps ,n" 58, sept. 1989 : des parents, unauteur, un professeur, un librai-re, un bibliothécaire, un éditeur té-moignent ; chacun d'eux, consciem-ment ou non, en vient à opérer...des choix ? une censure ? Quels ob-jectils pédagogiques et quelles idéo-logies s'abritent derrière ces deuxmots ? Sous le titre « Qu'est-ceq u ' u n mauvais l ivre pourenfants ? », Emergency Librarian,vol. 16, n° 5, apporte une varia-tion autour du même thème.

Il n'est plus question de censurelorsque l'on aborde la productionde Beatrbc Potter... Un article defond, également publié dans Emer-gency Librarian , rend compted'une étude fouillée des person-nages, des espaces mis en scène, dustyle et de la langue de cet auteur,dont l'œuvre traverse toutes lesmodes sans connaître le moindre

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Un autre numéro spécial, celui deBooklist, vol. 85, n° 19, estconsacré à l'Holocauste. Il donneune bibliographie multimédias(publications écrites et audiovi-suelles) sur ce thème, égalementabordé dans School Library Me-dia Quarterly , vol. 17, n° 4.

La parution du dernier volume ducycle Tillerman (édité en Franceen Castor Poche), commencé il ya huit ans, a été récemment an-noncée par Cynthia Voigt qui s'ex-plique dans une interview accor-dée à Booklist (vol. 85, n"16).Lorsque l'auteur connaît trop bienses personnages, il ne supporte plus

qu'il leur arrive ce qui n'était pasprévu... et ça, c'est un danger.

Créer une bibliothèque dans uneécole accueillant des enfants de 3à 16 ans en échec scolaire, c'est ensoi un défi. Pourquoi une biblio-thèque, puisque la plupart de cesenfants ne savent pas lire? DansThe School Librarian , vol. 37,n" 2, Gill Sawyer raconte commentle pari a été tenu et gagné en consti-tuant un fonds multimédias.Composé surtout d'albums et dedocuments audiovisuels sélec-tionnés avec les enfants, ce fondss'ouvre aujourd'hui aux livres écritspar les enfants eux-mêmes. Inté-grer des grands classiques popu-laires pour servir d'amorce, met-tre l ' accent sur les l ivresdocumentaires, prendre en comp-te les minorités, composer un<« fonds mauvais lecteurs », telles ontété les préoccupations constantesdes responsables du projet.

Des ateliers de production audio-visuelle par les enfants font l'ob-jet d'un compte rendu dans le Jour-nal of Youth Services in Libraries(vol. 2, n°4). Les enfants, à partirde leur expérience de lecteurs, sontamenés à réaliser un film ou unevidéo en passant par toutes lesétapes de la production : collationd'informations, organisation d'unstory board , écriture du scénario.Pour obtenir quelques « tuyaux » in-dispensables, s'adresser à : Mediaand Technology Division of theNorth Carolina Department of Pu-blic Instruction, c/o Frances Brad-burn, Joyner Library, East Caro-lina University, Greenville, NC27858-4353, Etats-Unis.

En bref : à noter, la parution de laSélection annuelle de livres pourenfants proposée par Signal (édi-teur: Nancy Chambers).

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