REUNION DU GROUPE INDE Mercredi 11 septembre … · vraie ouverture du pays et à un changement de...

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1 INTRODUCTION Après avoir excusé Morgane Olivier, absente pour raisons de santé mais qui pilotera ce groupe de travail, et avoir présenté le réseau régional Centraider, Stéphanie Chapuis laisse la parole à Alain Payen, principal du collège Jean Renoir de Bourges et membre du Conseil d’administration de Centraider, en charge du groupe Inde. Monsieur Payen explique l’origine de la mise en place de ce groupe de travail. Initié une première fois en 2005, suite à la forte mobilisation des acteurs locaux en faveur des populations touchées par le Tsunami de décembre 2004, le groupe Inde a été mis en sommeil en 2008. Pourtant, une dynamique existe en région Centre, notamment dans le département du Cher, où la mise en réseau s’organise, avec l’aide du Conseil général. Le constat est simple. Il est difficile d’imaginer coopérer avec l’Inde sans connaître les autres acteurs du territoire, ici, et sans échanger sur les difficultés, les possibilités, etc. Afin que notre engagement soit le plus utile possible, il faut pouvoir s’enrichir de l’expérience des autres. D’un pays assimilé à un pays du tiers-monde dans les années 80, l’Inde est devenue un pays émergent, développant de nouveaux rapports économiques et diplomatiques avec l’extérieur. Toutefois, la pauvreté de masse est toujours omniprésente. L’Inde est une terre de paradoxes ! Nous avons convié Monsieur Gilles Boquerat, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique (entre autres) à venir nous faire part de son expérience de l’Inde, où il a travaillé 13 ans, dont 10 ans à New Delhi pour l’Institut français. I/ L’Inde qui change Au début des années 90, l’Inde a connu un triple basculement : - Sur le plan de la politique intérieure, ce fut la dernière fois que la famille Gandhi- Nehru fut au pouvoir. On connut dès lors une véritable montée en puissance des partis politiques issus des Etats intérieurs. - Sur le plan économique, on est passé d’un modèle centralisateur et planifié à une vraie ouverture du pays et à un changement de modèle économique, basé sur les échanges commerciaux. - Sur le plan de la politique extérieure, la chute de l’URSS, dont l’Inde était très proche, a entraîné un rapprochement avec les Etats-Unis. Quelques chiffres : - Entre 1995 et 2012, le PIB a été multiplié par 5 et le PIB/habitant par 4 ! La classe moyenne s’est considérablement accrue, qui fait fantasmer notamment les entreprises étrangères qui veulent s’installer en Inde. La classe moyenne est estimée à 160 millions REUNION DU GROUPE INDE Mercredi 11 septembre 2013 - Blois

Transcript of REUNION DU GROUPE INDE Mercredi 11 septembre … · vraie ouverture du pays et à un changement de...

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INTRODUCTION

Après avoir excusé Morgane Olivier, absente pour raisons de santé mais qui pilotera ce groupe de travail, et avoir présenté le réseau régional Centraider, Stéphanie Chapuis laisse la parole à Alain Payen, principal du collège Jean Renoir de Bourges et membre du Conseil d’administration de Centraider, en charge du groupe Inde.

Monsieur Payen explique l’origine de la mise en place de ce groupe de travail. Initié une

première fois en 2005, suite à la forte mobilisation des acteurs locaux en faveur des populations touchées par le Tsunami de décembre 2004, le groupe Inde a été mis en sommeil en 2008.

Pourtant, une dynamique existe en région Centre, notamment dans le département du Cher, où la mise en réseau s’organise, avec l’aide du Conseil général. Le constat est simple. Il est difficile d’imaginer coopérer avec l’Inde sans connaître les autres acteurs du territoire, ici, et sans échanger sur les difficultés, les possibilités, etc. Afin que notre engagement soit le plus utile possible, il faut pouvoir s’enrichir de l’expérience des autres.

D’un pays assimilé à un pays du tiers-monde dans les années 80, l’Inde est devenue un pays

émergent, développant de nouveaux rapports économiques et diplomatiques avec l’extérieur. Toutefois, la pauvreté de masse est toujours omniprésente. L’Inde est une terre de paradoxes !

Nous avons convié Monsieur Gilles Boquerat, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique (entre autres) à venir nous faire part de son expérience de l’Inde, où il a travaillé 13 ans, dont 10 ans à New Delhi pour l’Institut français.

I/ L’Inde qui change Au début des années 90, l’Inde a connu un triple basculement :

- Sur le plan de la politique intérieure, ce fut la dernière fois que la famille Gandhi-Nehru fut au pouvoir. On connut dès lors une véritable montée en puissance des partis politiques issus des Etats intérieurs.

- Sur le plan économique, on est passé d’un modèle centralisateur et planifié à une vraie ouverture du pays et à un changement de modèle économique, basé sur les échanges commerciaux.

- Sur le plan de la politique extérieure, la chute de l’URSS, dont l’Inde était très proche, a entraîné un rapprochement avec les Etats-Unis.

Quelques chiffres :

- Entre 1995 et 2012, le PIB a été multiplié par 5 et le PIB/habitant par 4 !

La classe moyenne s’est considérablement accrue, qui fait fantasmer notamment les entreprises étrangères qui veulent s’installer en Inde. La classe moyenne est estimée à 160 millions

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d’individus. Attention toutefois ! En Inde, on peut faire partie de la classe moyenne et ne pas avoir accès à l’eau et l’électricité en continu.

- 12 millions d’Indiens voyagent chaque année à l’étranger. C’est deux fois plus que le nombre de visiteurs annuels en Inde.

- La transition démographique a été réalisée. Pour la première fois, entre 2001 et 2011, la croissance démographique a baissé. Il y a désormais moins d’enfants de moins de 15 ans qu’il y a dix ans.

- Sur la même période, le nombre de résidents urbains a augmenté plus vite que le nombre de ruraux.

Sur le plan de la politique intérieure, depuis la fin de la famille Gandhi-Nehru au pouvoir, c’est une coalition qui gouverne. C’est la fin du syndrome TINAC – There is no alternative to congress. On compte plus d’une dizaine de partis dans la coalition gouvernementale, dont de nombreux partis régionaux.

En parallèle, on assiste à la montée en puissance de la société civile, grâce notamment à l‘explosion des médias audiovisuels.

D’un point de vue de l’analyse économique, l’Inde est un pays exportateur net de produits

agricoles. Depuis 2005, elle est devenue leader mondial de l’exportation de services informatiques. Depuis que l’Inde s’est ouverte sur le plan international, elle accueille de plus en plus de

capitaux étrangers et investit massivement à l’étranger, notamment aux Etats-Unis et en Afrique du Sud.

Enfin, le secteur médical n’est pas en reste car l’Inde est devenue une destination touristique pour les personnes en recherches de soins médicaux de pointe et relativement peu onéreux. Cela explique le retour au pays de nombreux médecins indiens ayant fait leurs études à l’étranger.

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Sur la scène internationale, l’image de l’Inde a changé, qui attire de plus en plus les pays

occidentaux. En l’an 2000, Bill Clinton, alors président des Etats-Unis, a fait une visite remarquée en Inde. Il est à noter que la diaspora indienne – estimée à un million aux Etats-Unis et à un million en Afrique du Sud - a fortement contribué au rapprochement avec les Etats-Unis, dès la fin de la guerre froide.

Malgré cela, et malgré cinq essais nucléaires qui ont fait de l’Inde une puissance militaire de premier plan, l’objectif de l’Inde d’entrer au Conseil de sécurité des Nations-Unies n’a toujours pas été atteint.

II/ L’Inde qui ne change pas

Si l’on analyse l’indicateur de développement humain, on voit que l’Inde est passée de la 134ème position en 1992 (parmi 174 pays) à la 136ème position en 2012 (sur 187 pays). On ne peut donc pas vraiment dire qu’il y a eu une réelle évolution.

Même si le chiffre est sujet à débat, on estime qu’il y a, en Inde, 30% de personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté, estimé à 1 dollar par personne et par jour.

Quelques chiffres marquants :

- 1/3 des pauvres de la planète vivent en Inde, - 43% des enfants indiens de moins de 5 ans souffrent de carences alimentaires, - ¼ de la mortalité infantile est attribué aux mauvaises conditions d’hygiène, - 60% des Indiens n’ont pas de toilettes à leur domicile, - Outre le problème d’accès à une eau de qualité, l’Inde souffre d’un accès à l’eau à

cause d’un déficit hydrique important.

Le développement économique rapide de ces dernières années s’est fait de pair avec un accroissement des inégalités.

Pour essayer de parer au plus urgent, mais aussi en vue des élections du printemps prochain, à l’été 2013 a été voté le « food security bill », qui va dans le sens d’une meilleure sécurité alimentaire. Parmi les mesures phares, on note l’attribution de 5 kilos de céréales par mois à des tarifs subventionnés pour les 2/3 de la population et la fourniture d’un repas quotidien suffisant sur le plan nutritionnel à tous les enfants de moins de 6 ans.

Malgré tout, l’Inde reste un pays où, même si les décisions politiques sont prises, leur

application reste difficile. Une étude récente de l’association Transparency International montre que, pour accéder à des services publics, 54% des Indiens ont dû verser une contribution financière. La corruption reste une réalité quotidienne !

Enfin, sur la question du droit des femmes, la route est encore longue sur le chemin du

progrès :

- Une femme est tuée toutes les heures en Inde (8233 femmes assassinées en 2012) ; - Même si la sélection du sexe des enfants est interdite, l’infanticide reste prégnant et

on dénombre 814 filles pour 1000 garçons chez les moins de 6 ans.

Pour terminer le tableau de l’Inde qui ne change pas, on est obligé de citer la persistance des tensions politiques, notamment avec le Chine et le Pakistan, qui font encore régulièrement des morts, notamment parmi les militaires.

Pour autant, la Chine est le principal partenaire commercial de l’Inde.

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Après cet exposé rapide de la situation de l’Inde aujourd’hui, un temps d’échanges a eu lieu avec les participants, permettant d’apporter quelques précisions notamment sur les rapports entre les Etats de l’Union et l’Etat central et la mauvaise qualité des infrastructures de transport notamment.

Présentation de Peuples Solidaires Touraine Pascal Charcosset et Majo Carrion

Peuples Solidaires Touraine est une association membre de la Fédération Peuples Solidaires

et de l’ONG Action Aid qui travaillent selon deux axes : les droits au travail et le problème de l’accaparement des terres.

La philosophie suivie rejoint celle de Gandhi qui consiste à faire connaître au plus grand

nombre les actions menés localement, afin qu’elles aient plus d’impact. Fidèle à cela, l’équipe de Peuples Solidaires organise de nombreuses actions et participe à de multiples manifestations en Touraine, pour faire connaître l’action de son principal partenaire indien Ekta Parishad.

Ekta Parishad (« forum de l’unité » en hindi) est un mouvement populaire fondé

en 1991 en Inde qui agit selon le principe gandhien d’action non-violente, avec pour but d’aider le peuple à mieux contrôler les ressources qui lui permettent de subsister : la terre, l’eau et la forêt. Rajagopal P. V. en est le fondateur et le président.

Par exemple, les bénévoles ont récolté 150 empreintes de pieds et créé une banderole qui a

été utilisée lors de la marche en Inde en octobre 2012. Cette mobilisation a débouché sur une réforme agraire en 10 points, dont les principaux sont :

- L’accès à un lopin de terre pour chaque villageois, - L’Etat indien s’est engagé à favoriser l’accès à la terre, - L’Etat indien s’est engagé à faire appliquer les droits des tribaux, qui représentent

tout de même 100 millions de personnes.

Lors du bilan semestriel réalisé avec son partenaire en mars 2013, Peuples solidaires a pu constater que 60% des propositions sont en cours de réalisation.

Etablissement public d’enseignement agricole – Le Chesnoy –Montargis Franck Feuillâtre, directeur adjoint et Catherine Rousseau, enseignante d’économie et chargée de mission coopération internationale.

Monsieur Feuillâtre rappelle que la coopération internationale est un des 5 piliers de

l’enseignement agricole et qu’il existe au sein de la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche (DGER), un groupe Inde.

L’établissement du Chesnoy, labellisé Unesco, a développé un nouveau projet autour de 3 piliers : mobilité sortante, mobilité entrante et solidarité internationale. L’ensemble des projets sont mis en place autour de ces 3 axes et avec des pays partenaires : Belgique, Lituanie, Portugal, Equateur, Inde.

Il existe un Club Solid, qui regroupe une trentaine d’élèves, et qui travaille en partenariat avec les acteurs locaux tels que les Restos du Cœur, ou le Secours populaire.

La DGER vient de mettre en place un module « développement international et ingénierie de projet ». Dans le cadre de ce module, une classe de BTS travaillera sur un projet avec l’Inde, avec l’objectif de maintenir les partenariats existants à Pondichery et Chennaï, de rencontrer des acteurs locaux du développement en Inde (universitaires, agriculteurs…). Un temps de préparation à la rencontre interculturelle sera bien entendu prévu.

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Tour de table

La rencontre se termine par un tour de table et la présentation des projets en cours ou à venir.

Conseil régional du Centre, Laure Benoît et Sidonie Delhomelle. A noter la présence d’un

volontaire de solidarité internationale à Chennaï, facilitant ainsi les relations avec les partenaires. La Région Centre a des relations partenariales avec l’Etat du Tamil Nadu depuis 2008 autour de 3

axes :

- Culture, patrimoine - Economie - Education, enseignement supérieur

Lycée Jacques Cœur de Bourges, Gilles Charles (président de Namasté) Quinze élèves de section hôtelière seront en février au Tamil Nadu.

Lycée agricole du Cher, Hubert Renault : très motivé par la mise en place de projets autour de l’Inde.

Codegaz Centre, Marie-Jo Jousselin et Daniel Jouan

De nombreux projets autour de la sécurité alimentaire, de l’eau et l’assainissement et des enfants des rues au Kerala, au Tamil Nadu et au Gujarat.

Monde Solidaire 18 / Rando Planet / Solhimal, Evelyne Dorie, intéressée par des projets en

Inde du Nord

Conseil général du Cher, Letitia Ion : le Conseil général n’a pas spécifiquement d’accord avec l’Inde mais soutient les projets des acteurs du Cher, nombreux à se mobiliser sur cette zone. Le Conseil général souhaite encourager la mutualisation à travers un projet fédérateur.

Kynarou, Michael Bruckert : ONG qui intervient principalement dans le secteur de l’accès à

l’eau et l’assainissement.

CCFD – Terre Solidaire, Catherine Torset : le CCFD travaille selon 3 axes, partenariat, éducation au développement et à la solidarité internationale et plaidoyer. En région Centre, un chantier est en cours sur la souveraineté alimentaire, avec un projet de mission au Brésil en 2014 et en Inde en 2015.

Le rapport rural/urbain est interrogé autour de 3 axes : production, accès à la terre, relations producteur-consommateurs.

Collège Jean Renoir de Bourges, Alain Payen : le collège est labellisé Unesco et porte 70

projets par an, dont plusieurs au Kerala et au Tamil Nadu selon 2 axes, les jumelages d’établissement et les missions terrain.

Ecole d’ingénieurs de Bourges, Jean-Marc Magot : les étudiants travaillent sur des projets en

Inde et au Népal comme la remise en état de canaux d’irrigation, la construction de moulin à eau, l’installation de panneaux solaires.

De nombreuses autres personnes, représentant des structures associatives en région Centre

ou non, étaient également présentes, passionnées par l’Inde ou en quête de nouveaux modèles à mutualiser sur d’autres projets.

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CONCLUSION Afin de déterminer les prochaines échéances du groupe de travail, qui seront plus techniques

et plus précises, un questionnaire est remis aux participant-e-s.

LISTE DES PARTICIPANT-E-S

Structure Nom Contact

Association Touraine Nicaragua Roberto Martinez [email protected];

CCFD Terre-Solidaire Catherine Torset [email protected];

Codegaz Région Centre Daniel Jouan [email protected];

Codegaz Région Centre Marie Jo Jousselin [email protected];

Conseil général du Cher Letitia Ion [email protected];

Ecole Nationale Supérieure d'Ingénieurs de Bourges Jean Marc Margot [email protected];

EPL 45 LPA de Beaune la Rolande Claire Cavero [email protected];

Individuelle Martine Raveau [email protected];

Kynarou Michael Bruckert [email protected];

Lycée agricole Le Chesnoy Montargis Franck Feuillâtre [email protected];

Lycée Jacques Cœur de Bourges Gilles Charles [email protected];

Rando Planet Evelyne Dorie [email protected];

Université d'Orléans Barnabas Tchinda [email protected];

Peuples Solidaires Touraine Majo Carrion [email protected]

Peuples Solidaires Touraine Chantal Bigot [email protected];

Professeur de Lettres François Le Guennec [email protected] ;

Conseil régional du Centre Laure Benoît [email protected];

Electriciens Sans Frontières JF Laurens Berge [email protected];

Electriciens Sans Frontières Bruno Demeurant [email protected];

Touraine Berry Patrimoine Jean-Claude Marquet [email protected];

Lycée Agricole de Bourges Hubert Renault [email protected];

Conseil régional du Centre Sidonie Delhommelle [email protected]

Individuel Luis Osses [email protected]

Centraider Stéphanie Chapuis [email protected];

Association Namasté Alain Payen [email protected];

Intervenant à Sciences Po Paris Gilles Boquerat [email protected];

Lycée agricole Le Chesnoy Montargis Catherine Rousseau [email protected];

Peuples Solidaires Touraine Pascal Charcosset [email protected];