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Pour relever le défi d’une agriculture durable capable de nourrir 9 milliards d’habitants à l’horizon 2050, l’Agroéquipement travaille à introduire les technologies du futur dans l’exploitation agricole. Selon les projections de l’ONU, la population mondiale devrait atteindre 7,2 milliards d’individus en 2015, 8,3 milliards en 2030 et 9,3 milliards en 2050. Une po- pulation qu’il faudra nourrir, tout en préservant l’environnement et les ressources naturelles : l’agri- culture doit relever ce défi majeur pour l’humanité. Placé au cœur de ce défi, l’Agro- équipement apporte tous les jours davantage de réponses pour faire conjuguer production et environnement : développer l’effi- cacité énergétique, utiliser une énergie propre, traiter les sols et irriguer au juste nécessaire, faire communiquer les engins entre eux pour améliorer la producti- vité et assurer la traçabilité… Énergie propre pour agri- culture propre Parmi ces réponses, Isobus, qui permet de faire communiquer entre eux différents équipements agricoles, franchit une nouvelle étape de déploiement, avec la mise en œuvre progressive par l’AEF d’une base de données de matériels certifiés compatibles. Axema travaille ainsi avec Kere- val, un laboratoire de tests de logiciels pour qu’il devienne le centre de certification français. Par ailleurs, Axema accueillera la Plugfest d’octobre 2014, mani- festation qui permet à tous les constructeurs réunis en un même lieu de tester la compatibilité de leurs matériels. De son côté, la commission Ma- chinisme Agricole du Cetim vient de publier un travail de prospec- tive à horizon 2030 sur l’évolu- tion de l’électrification des agro- équipements. Tous les acteurs de la filière souhaitent construire ensemble un scénario de déve- loppement d’un vecteur énergé- tique propice à une agriculture plus propre. En mouvement pour relever les défis de demain voir p. 4 RETOUR SUR... Dossier N°6 trimestriel Mars 2014 le journal des industriels de l’agroéquipement © DR PORTRAIT Cyrille Faudry, Président de la commission Machinisme Agricole du Cetim, explique le fonctionnement de la commission et évoque les thèmes de travail. p. 2 LA PAROLE À Véronique Bellon Maurel, directrice du département « Ecotechnologies » d’IRSTEA expose les défis à relever par l’Agroéquipement pour répondre aux enjeux de l’agroécologie. p. 6 POINT SUR... Le « chiptuning » une pratique illégale pour augmenter la puissance délivrée par le moteur. p. 7 © Romain Perrot

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Page 1: RETOUR SUR relever les défis de demainPour relever le défi d’une agriculture durable capable de nourrir 9 milliards d’habitants à l’horizon 2050, l’Agroéquipement travaille

Pour relever le défi d’une agriculture durable capable de nourrir 9 milliards d’habitants à l’horizon 2050, l’Agroéquipement travaille à introduire les technologies du futur dans l’exploitation agricole.

Selon les projections de l’ONU, la population mondiale devrait atteindre 7,2 milliards d’individus en 2015, 8,3 milliards en 2030 et 9,3 milliards en 2050. Une po-pulation qu’il faudra nourrir, tout en préservant l’environnement et les ressources naturelles : l’agri-culture doit relever ce défi majeur pour l’humanité.Placé au cœur de ce défi, l’Agro-équipement apporte tous les jours davantage de réponses pour faire conjuguer production et environnement : développer l’effi-cacité énergétique, utiliser une énergie propre, traiter les sols et irriguer au juste nécessaire, faire communiquer les engins entre eux pour améliorer la producti-vité et assurer la traçabilité…

Énergie propre pour agri-culture propreParmi ces réponses, Isobus, qui permet de faire communiquer entre eux différents équipements agricoles, franchit une nouvelle étape de déploiement, avec la mise en œuvre progressive par

l’AEF d’une base de données de matériels certifiés compatibles. Axema travaille ainsi avec Kere-val, un laboratoire de tests de logiciels pour qu’il devienne le centre de certification français. Par ailleurs, Axema accueillera la Plugfest d’octobre 2014, mani-festation qui permet à tous les constructeurs réunis en un même lieu de tester la compatibilité de leurs matériels.

De son côté, la commission Ma-chinisme Agricole du Cetim vient de publier un travail de prospec-tive à horizon 2030 sur l’évolu-tion de l’électrification des agro-équipements. Tous les acteurs de la filière souhaitent construire ensemble un scénario de déve-loppement d’un vecteur énergé-tique propice à une agriculture plus propre.

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Dossier

N°6 trimestriel Mars 2014le journal des industriels de l’agroéquipement

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Cyrille Faudry, Président de la commission Machinisme Agricole du Cetim, explique le fonctionnement de la commission et évoque les thèmes de travail. p. 2

LA PAROLE À

Véronique Bellon Maurel, directrice du département « Ecotechnologies » d’IRSTEA expose les défis à relever par l’Agroéquipement pour répondre aux enjeux de l’agroécologie. p. 6

POINT SUR...Le « chiptuning » une pratique illégale pour augmenter la puissance délivrée par le moteur. p. 7

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Axemag n°6 - Mars 2014 Axemag n°6 - Mars 2014

Regroupant 14 entreprises de toute taille, la commission Machinisme Agri-cole du Cetim mène des actions qui peuvent intéresser toutes les entreprises du secteur.

Depuis 2008, Cyrille Faudry préside la commission Machinisme Agricole du Cetim. « J’ai rejoint cette commission en 2005 lorsque j’ai pris la responsa-bilité de l’équipe vibro acoustique chez Agco », explique-t-il. Diplômé de l’Uni-versité Technologique de Compiègne, cet ingénieur a fait toute sa jeune car-rière dans l’Agroéquipement. « J’ai été repéré par un cabinet de recrutement pour réaliser deux missions chez Agco. En 2003, j’ai été recruté comme ingé-nieur d’essai. » À 35 ans, Cyrille Faudry mène donc la commission machinisme agricole qui regroupe 14 entreprises de toutes tailles et Axema. La commission dispose d’un budget annuel de 600 000 euros pour financer des actions qui permettent d’améliorer les technologies et les savoir-faire ce qui favorise la compétiti-vité des entreprises françaises.

Un fonctionnement collégialComment les thèmes sont-ils choisis ? « Tout sujet proposé par une entreprise fait l’objet d’un dossier d’instruction pour examiner si la question soulevée peut intéresser d’autres industriels, répond

Cyrille Faudry. La commission décide ensuite de l’importance à accorder au thème et lui alloue un budget. La déci-sion est donc très collégiale. » Le projet peut alors se lancer. Un groupe d’indus-triels se constitue pour accompagner le travail du Cetim, notamment au moment des phases d’essais. Chaque projet dure en moyenne trois ans. En 2012, la commission a ainsi traités 27 dossiers dont 6 ouverts pendant l’année.Certains sujets peuvent concerner d’autres secteurs que l’Agroéquipement. Le Comité de programme sur les engins mobiles et installations veille justement à coordonner les actions des professions machinisme agricole, matériels de TP, carrières et PM, mines, forage, équi-pements pour le bâtiment, matériels de manutention-levage, stockage. Ainsi, le comité de programme a tra-vaillé sur les dispositifs d’isolation vibra-toire de la cabine d’engins mobiles. Un sujet que Cyrille Faudry connaît bien puisqu’il dirige chez Agco une équipe de dix personnes qui travaillent sur le confort de la machine (suspension, siège, conception du toit, chauffage, climatisation…). Autre action partagée

au sein du Comité de programme en 2013, la réalisation d’une synthèse sur les différentes études en matière de sou-dage.

Optimiser et faciliter le travail des clientsAu sein de la commission, les questions de vibration et d’acoustique occupent une place importante, tout comme l’amélioration des pratiques de soudure autour de l’assemblage multimatériaux, l’efficacité énergétique et les études pro-babilistes de durée de vie. Pour Cyrille Faudry, « l’Agroéquipement évolue dans deux directions : d’une part, l’optimisation et la facilitation du travail de nos clients par une meilleure coordination entre le tracteur et l’outil. C’est l’un des grands enjeux d’Isobus. D’autre part, la réduction de la consom-mation d’énergie. » Sur ce dernier point, la voie vers l’électrification des machines semble ouverte (voir dossier p.4). « Cela permettra de découpler le tracteur de l’outil et donc de consommer l’énergie au plus juste, tout en facilitant le travail, conclut Cyrille Faudry. Et d’in-troduire de nouvelles technologies dans nos produits, pour nous différencier de la concurrence. »

ACTIONS

Forum Agriévolution : au revoir New Delhi, bonjour IstanbulLes 5 et 6 décembre 2013, à New Delhi (Inde), 300 décideurs mondiaux du secteur de l’Agroéquipement (chefs d’entreprise, politiques, représentants d’organisations internationales…), ve-nus du monde entier, se sont retrouvés pour le 4e forum d’Agriévolution, pré-sidé par Alain Savary, Directeur Gé-néral d’Axema. Au programme de ce forum qui se tient tous les deux ans : un tour d’horizon des enjeux de l’agricul-ture de demain et les réponses appor-tées par l’Agroéquipement. L’accent a notamment été mis sur la sécurité ali-mentaire en termes de qualité comme de quantité.Cette quatrième édition intervient après les forums de Rome (Italie), d’Orlando (Etats-Unis) et de Paris. C’est en 2011 dans la capitale française, à l’occasion de la manifestation organisée par Axe-ma, qu’est née l’Alliance Agriévolution, à laquelle appartiennent douze syndi-cats professionnels issus d’Allemagne, du Brésil, de Grande-Bretagne, des Etats-Unis, de France, de l’Union Euro-péenne, d’Italie, d’Inde, du Japon, de la Corée-du-Sud, de Russie, de Turquie et tout dernièrement de Chine. « Cette alliance traduit la dimension internatio-nale de notre secteur, souligne Alain Savary. Nos entreprises ont une vision et une stratégie mondiales. » Outre l’organisation du forum, l’asso-ciation s’est donnée deux objectifs : d’une part, mettre en place un baro-mètre économique du marché mondial des agroéquipements par des croise-ments d’analyses économiques et des enquêtes auprès des chefs d’entre-prises ; d’autre part, échanger sur des

sujets de politique générale comme les normes. Ainsi, à l’occasion du fo-rum de New Delhi, le responsable du bureau de normalisation chinois sur les agroéquipements et un représen-tant du groupe Kubota ont alerté les professionnels de la filière sur le coût excessif de la normalisation pour les Asiatiques.« Au fil des rencontres, un réseau mon-dial des chefs d’entreprise de l’Agroé-quipement se constitue, se réjouit Alain Savary. Cela leur permet d’échanger sur les tendances des marchés, mais aussi de conclure des affaires et de déployer leur stratégie à l’internatio-nal. » Prochain forum en janvier 2016 à Istanbul. Alain Savary vient donc de céder la présidence de l’Alliance Agriévolution à son collègue turc.

STRATÉGIES

Vers des données fiables sur les accidents de ma-chines agricolesSur proposition du Cema (Comité européen de l’Agroéquipement), le CEN (Comité européen de norma-lisation) vient de lancer un projet de norme sur une grille de recueil de don-nées d’accidents impliquant des ma-chines agricoles. Objectif : disposer d’éléments fiables mis à la disposition des opérateurs du marché et des pou-voirs publics. En effet, jusqu’à présent, la collecte de ces données reste dispa-rate, ce qui les rend peu exploitables pour appréhender la réalité des acci-dents de machines agricoles. Cette norme est attendue par les fabricants qui reprochent, notamment à l’Union européenne, de fonder certains textes réglementaires sur des accidents mar-ginaux, faute de réelles statistiques.

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Cyrille Faudry, Président de la commission Machinisme Agricole du Cetim Améliorer les technologies et les savoir-faire

REGARDS

Investir le marché chinoisComment s’implanter durable-ment en Chine, un marché considéré comme prioritaire pour l’Agroéquipe-ment ? Pas simple, lorsque l’on connaît les difficultés d’accès à ce marché, notamment pour identifier le bon im-portateur ou implanter un réseau de distribution. En collaboration avec Ubifrance, Axema travaille avec la CAMDA (as-sociation chinoise des importateurs de matériels agricoles) pour mettre en place des « zones de marché » sur l’ensemble du territoire. Ces dernières fourniront aux agriculteurs locaux des services complets sur site : démons-tration/exposition de machines, dis-tribution, stockage, logistique, tests, conseils, formation…Soutenu par le ministère de l’Agricul-ture chinois, ce programme devrait compter d’ici cinq ans une cinquan-taine de zones dans huit provinces. Il permettra de structurer la production et le marché en créant un maillage de zones d’attractivité pour le secteur des agroéquipements. Axema souhaite accompagner et asso-cier ses adhérents à ce projet.

Les tendances d’AgEng 2013Avec environ 1000 participants, la conférence Land Technik AgEng 2013 a connu une affluence record. En marge du salon Agritechnica à Hanovre, cette conférence est un bon indicateur des tendances technologiques. Ainsi, l’électrification des tracteurs et des ma-chines occupait une place importante. Autre tendance forte : les dévelop-pements techniques à venir s’appuie-ront sur un socle fort de capteurs et d’automatismes, les constructeurs esti-mant que les utilisateurs acceptent ces technologies. Enfin, le mot d’ordre est à l’intégration des machines dans un outil de production plus vaste au sein duquel compatibilité, facilité de dia-logue sont indispensables aux opéra-teurs et à la gestion quotidienne. D’où l’intérêt porté en particuliers aux diffé-rents groupes projet de l’AEF (Agricul-tural industry Electronics Foundation), et à la question d’interface système-opérateur.

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PORTRAIT

La Chine, un marché prioritaire pour l’Agroéquipement.

Banc d’essai freinage (remorque tracteur). En test un demi-essieu avec frein type tambour et garniture.

Banc d’essai composants hydrauliques (moteur, pompe, etc) et de test des huiles hydrauliques (minérales et bio).

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Axemag n°6 - Mars 2014 Axemag n°6 - Mars 2014

le scénario le plus probable doit être partagé entre fabricants de tracteurs et fabricants d’outils, les uns ne pouvant évoluer sans les autres.Quelles sont les étapes retenues ? La période 2013/2020 devrait être mar-quée par la préparation et la maîtrise de l’électrification. Les constructeurs d’outils retiennent le besoin d’électrifica-tion sur des fonctions nécessitant moins de 5 kW de puissance. Pour autant, la filière doit se préparer à maîtriser des fortes puissances sous tension de plu-sieurs centaines de volts : une impor-tante activité de R & D est attendue dans ce domaine avec des choix en matière d’architecture et de solutions technologiques. Durant cette période, les normes indispensables devraient voir le jour. Elles porteront sur les carac-téristiques du courant et de la tension disponibles pour les outils, la connec-tique, le câblage et la sécurité.

Diffuser largement la roadmapLa décennie 2020-2030 serait mar-quée par la transition et la complémen-tarité avec les technologies tradition-nelles. Les premières offres électriques tracteur/outil devraient voir le jour, avec l’apparition des tracteurs électrifiés « hautes tensions », ainsi que la com-mercialisation de génératrices externes pour mettre à niveau des tracteurs plus anciens.Enfin, au-delà de 2030, l’électrifica-tion devrait se généraliser, même si des incertitudes demeurent autour de technologies comme la pile à combus-tible. À la charnière de ces périodes, une substitution significative des trans-missions hydrauliques par l’électrique sur les tracteurs de petites et moyennes puissances est envisagée. La transmis-sion mécanique semble plus robuste, du fait de son excellent rendement. « Nous allons maintenant diffuser lar-gement la roadmap notamment au sein du CEMA, l’association européenne de l’Agroéquipement, et de l’AEF, indique Jean-François Goupillon. Il s’agit de l’affiner et de faire en sorte qu’une ma-jorité d’acteurs la jugent suffisamment crédible pour se l’approprier. » Prévoir l’avenir pour que les choses se passent comme prévu.

Diffuser Isobus Après une première phase d’information et de sensibilisation, place à la diffu-sion d’Isobus sur le marché. Axema s’appuie sur Kereval, un laboratoire de tests informatiques, pour certifier les matériels, et collabore avec l’Anela (Association Nationale des Éditeurs de Logiciels Agricoles) pour améliorer la compatibilité matériels-logiciels.

Faire communiquer entre eux différents équipements agricoles (un tracteur avec un outil par exemple) et relier l’ensemble au système informatique de l’exploitation agricole pour fiabiliser la planification et la traçabilité des tâches : Isobus répond à cet enjeu majeur pour l’agriculture effi-cace. Sa diffusion a franchi une première étape. En effet, le groupe de travail mis en place au sein d’Axema a atteint ses deux objectifs : d’une part, développer l’information autour d’Isobus dans le monde agricole ; d’autre part, faire émer-ger une offre de formation et d’appui technique en langue française, notam-ment pour la certification.La deuxième étape consiste maintenant à faciliter la commercialisation de cette technologie, notamment par le biais de la certification. Pour cela, Axema accom-pagne Kereval, un laboratoire d’une quarantaine de salariés spécialisé dans les tests de logiciels (sécurité, fonctionna-lité…), notamment pour les systèmes em-barqués. « Nous travaillons avec l’AEF (Agricultural industry Electronics Founda-tion) pour mettre en place les outils de test qu’elle développe, explique Yannick Guyomarch, ingénieur projet chez Kere-val. À ce titre, nous visons à devenir le centre français de certification Isobus. » Cette certification atteste de la confor-mité des matériels à la norme Isobus et donc de leur interopérabilité (selon les fonctions disponibles). Kereval est éga-lement un support technique pour les équipementiers développant un produit Isobus en interne ou avec un sous-traitant électronique.

En 2014, le laboratoire va continuer à mettre en œuvre les deux programmes de formation élaborés avec Axema : prévu pour les commerciaux, les responsables de SAV, les spécialistes du marketing ou les chefs d’entreprise, le premier vise à vulgariser l’apport d’Isobus pour l’agri-culteur ; le second plus technique rentre dans le détail du protocole à mettre en œuvre pour développer un produit Iso-bus. Autre partenaire d’Axema, l’Anela (Asso-ciation Nationale des Éditeurs de Logi-ciels Agricoles) regroupe une dizaine d’éditeurs privés de logiciels agricoles pour promouvoir cette activité en France. Elle participera le 26 mars prochain à Beauvais à la première rencontre entre les constructeurs et les représentants de l’AEF organisée par Axema. « Il est im-portant pour nous de mieux comprendre les attentes des constructeurs, indique Antony Clenet, Président de l’Anela. Nous souhaitons avancer dans la nor-malisation, car cela facilite notre travail de développement. Ensuite, chaque édi-teur de logiciels de l’association est libre d’avancer à son rythme. Mais nous sen-tons bien que le marché croît à mesure que la compatibilité des matériels pro-gresse. » Enfin, pour promouvoir Isobus, Axema accueillera en octobre 2014 le Plugfest d’automne. Ce dernier rassemble des dé-veloppeurs venus du monde entier pour se confronter techniquement et évaluer rapidement, et avec un maximum de ma-tériels, l’interopérabilité de leurs produits.

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dossierRETOUR SUR...

En route vers le tout électriqueDans le cadre des actions collectives de la commission Machinisme Agri-cole du Cetim, un groupe d’entre-prises a piloté l’élaboration d’une roadmap pour anticiper les évolutions vers l’électrification des machines agricoles. Cette roadmap identifie les

déterminants des différentes étapes d’un scénario probable à l’horizon 2030.

L’électrification des tracteurs et des machines devient un enjeu essentiel pour l’Agroéquipement. Et ce, pour deux raisons : d’un point de vue éco-

nomique, il s’agit de maintenir un haut niveau de compétitivité internationale en se préparant à mettre en œuvre une technologie qui devient accessible ; sur le plan fonctionnel, l’électrification peut permettre de réduire l’impact sur l’environnement, d’augmenter la per-formance énergétique et de résoudre certains problèmes de sécurité.

Anticiper les évolutionsSi tous les acteurs de l’Agroéquipe-ment s’accordent sur la nécessité d’aller vers l’électrification des équi-pements, encore fallait-il se mettre d’accord sur la marche à suivre. C’est pourquoi en décembre 2012, la commission Machinisme Agricole du Cetim a décidé de confier à Tech-2Market, une société d’accompagne-ment des projets d’innovations straté-gique, le soin de rédiger une roadmap des applications prometteuses pour la profession. Objectif : anticiper les évolutions vers l’électrification des ma-chines agricoles, en se penchant no-tamment sur les cas des presses, des pulvérisateurs et des épandeurs, pour en tirer des recommandations et des axes de travail destiné à l’ensemble de la profession.

Tout le monde marche au même pasPrincipal enseignement de cette étude, selon Jean-François Goupil-lon, responsable du pôle technique d’Axema, « les scenarii de transition vers l’électrification des différents sec-teurs de notre industrie se rejoignent. En clair, tout le monde devrait pouvoir marcher au même pas. » Cependant,

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Pôle Agroéquipement : bienvenue dans la 3e dimension

Conduire une moissonneuse batteuse. Voilà ce que proposait le Pôle Agroéqui-pement au travers d’un système immer-sif 3D sur son stand du Salon Internatio-nal de l’Agriculture qui s’est tenu du 22 février au 2 mars 2014. Installés dans un cube et équipés de lunettes 3 D, les visiteurs ont pu suivre différentes actions de la machine. Certains en ont pris les commandes pour la piloter directement, en agissant sur différentes fonctions à l’aide d’une manette interactive. En parallèle, le public a découvert une moissonneuse batteuse et une machine à vendanger sous tous ses angles, grâce au système de réalité augmen-tée qui superpose images réelles et

virtuelles. Chacun pouvait repartir avec une photo souvenir insolite. Pourquoi communiquer en direction du grand public avec des outils réservés à la conception de machines dans les bureaux d’études ? D’abord, parce que la 3D suscite la curiosité et l’intérêt du public, le développement du cinéma 3D en témoigne. Ensuite, parce qu’elle offre une nouvelle façon de montrer la place des hautes technologies dans l’Agroéquipement et de présenter l’évo-lution des métiers de cette filière. Avec un objectif : surprendre et attirer les jeunes vers un univers de passion où le “high tech” se met au service de l’agri-culture.

Isobus permet de faire communiquer entre eux, différents équipements agricoles.

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Le « chiptuning »Avec l’apparition des systèmes électroniques de gestion des moteurs, le « chiptuning » se développe. Cette pratique illégale, qui consiste à augmenter la puissance maximale délivrée par le moteur, n’est pas sans risques techniques ni juridiques.

Connaissez-vous le « chiptuning » ? Cette pratique, qui ne peut se faire sans l’intervention de professionnels de la distribution, consiste à aug-

menter de façon importante la puissance maximale délivrée par le moteur en modifiant sa gestion électronique, soit par ajout de boîtier ou composants (« chip ») soit par reprogrammation. Elle se développe depuis que les sys-tèmes électroniques numériques, qui gèrent le fonctionnement des moteurs de tracteurs et automoteurs, sont devenus indispensables pour répondre aux exigences sévères en matière de polluants à l’échappement.

La garantie contractuelle ne fonctionnera pas« Augmenter sensiblement la puissance d’un moteur peut provoquer des avaries, pour lesquelles la garantie contractuelle ne fonctionnera pas », indique Jean-François Goupillon. La modification de la gestion moteur pour en augmenter la puissance a des effets sur d’autres caractéristiques du véhicule : émissions de polluants, bruit dans l’envi-ronnement et aux oreilles du conducteur, niveaux de susceptibilité et d’émissions électromagnétiques, voire gestion de la transmission et du freinage.

Concurrence déloyaleAutant de points qui figurent, selon les cas, aux dossiers de réception communau-taire (tracteurs T1, T2 et T3), de réception routière nationale (TRA et MAGA) et de conformité aux directives relatives à la sécurité, aux émissions à l’échappement des moteurs, ainsi qu’au bruit dans l’environnement. « Autrement dit, le professionnel qui vend un matériel ainsi modifié vend un maté-riel non conforme à la réglementation, souligne Jean-François Goupillon. Celui qui l’immatricule sur la base du certificat de conformité à un type réceptionné le fait à partir d’un faux. Quant à l’agriculteur qui modifie ou fait modifier de cette façon un matériel, en tant qu’employeur il contrevient à son obligation de maintien en conformité de l’équipement de travail. » La pratique n’est donc pas sans risque juridique, sans parler des situations de concurrence déloyale qu’elle introduit entre professionnels.

Axemag n°6 - Mars 2014 Axemag n°6 - Mars 2014

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Véronique Bellon Maurel, directrice du département « Ecotechnologies » d’IRSTEA*Pouvez-vous nous décrire votre parcours professionnel ?Ingénieur agronome de formation et ingénieur des Ponts, des Eaux et des Forêts, j’ai étudié la physico chimie pour travailler sur les capteurs. J’ai poursuivi l’essentiel de ma carrière au sein du Cemagref où j’ai dirigé une unité de recherche d’une cinquantaine de per-sonnes sur l’information et les techno-logies pour les agroprocédés. J’ai été professeur à Montpellier SupAgro entre 2004 et 2011.

Quel est le périmètre d’activité de votre département ?Avec l’Eau et le Territoire, c’est le 3e dé-partement d’IRSTEA. Il compte 300 per-sonnes, dont 200 permanents, soit 1/3 des forces scientifiques de l’Institut.Un tiers de mes effectifs se consacre à

l’Agroéquipement, un autre tiers à la valo-risation des déchets organiques, un quart à la réfrigération et aux procédés alimen-taires. Le reste travaille sur des méthodes et des outils d’acquisition et de traitement de données ainsi que sur la modélisation des système complexes.

Quels sont les principaux thèmes de recherche sur l’Agroéquipe-ment permettant de répondre aux enjeux de l’agroécologie ? Avec ce nouveau concept, il va falloir continuer à produire beaucoup, tout en devenant très précis.D’une part, la précision répond aux en-jeux environnementaux. Ce qui suppose une évaluation des besoins par des cap-teurs, un diagnostic et une préconisation par les systèmes d’information spatiales, et une action avec des actionneurs qui

permettent une gestion fine des intrants. Moins on met d’intrants, plus il faut être précis sur la manière de les appliquer, la modélisation des équipements d’épan-dage y concourt également. D’autre part, la robotique permettra de gagner en productivité. Dans sa décli-naison agricole, la robotique c’est davan-tage de sécurité, de souplesse et de res-pect des sols.Nous travaillons dans ces deux domaines. A cela s’ajoute un 3e domaine connexe : l’informatique et les systèmes d’aide à la décision, car l’agroécologie est une agri-culture plus complexe.

* Institut National de Recherche en Sciences et Technologies pour l’Environnement et l’Agriculture

LA PAROLE À POINT SUR...

EN COMMISSIONS

Naissance de la commission formationLe 10 janvier dernier, la com-mission formation s’est réunie pour la première fois sous la présidence de Philippe Girard, vice-président d’Axe-ma. Elle comprend une quinzaine d’ad-hérents qui se sont spontanément por-tés volontaires. La naissance de cette commission s’accompagne de la créa-tion d’un pôle du même nom avec un poste de responsable de la formation.« Depuis plusieurs années, notre secteur d’activité se porte bien et les entre-prises embauchent, remarque Alain Savary, Directeur Général d’Axema. Mais elles peinent à trouver des can-didats. À l’occasion de la naissance du nouveau syndicat, la formation a été introduite comme réelle préoccupation d’intérêt dans les statuts. »Axema va donc promouvoir les forma-tions existantes et participer à la défini-tion des contenus des programmes, en

devenant l’interlocuteur des ministères de l’Agriculture et de l’Éducation Natio-nale. Il s’agit notamment d’introduire dans les cursus des matières nouvelles telles que la mécatronique ou les lan-gues, pour le développement à l’inter-national. En outre le syndicat s’occupera directe-ment des CQP (Certificat de Qualifica-tion Professionnel) concernant l’Agroé-quipement qui était historiquement gérés par l’Aprodema (Association de Promotion des Métiers de l’Agroéqui-pement). Cette dernière se concentrera sur les opérations transversales de pro-motion de tous les métiers de la filière des agroéquipements (constructeurs, distributeurs et utilisateurs).

Espaces verts : deux nouveaux groupes projetLe 7 novembre dernier, le Groupe Produits Marchés Espaces Verts a déci-dé de créer deux nouveaux groupes pro-jets. Le premier a pour mission d’élabo-rer et de mettre en œuvre des statistiques

fiables et pérennes couvrant la plus grande partie des matériels de l’univers.Le second groupe aura pour objet d’or-ganiser la surveillance des marchés, pour s’assurer du respect des normes en vigueur en matière de bruit, d’émis-sions gazeuses et de sécurité des pro-duits introduits sur le marché français. Ce travail sera effectué en coopération avec les pouvoirs publics.

Après la Croatie en 2013, la Serbie en 2014Du 19 au 25 mai prochain, Axe-ma et le bureau Ubifrance d’Athènes organisent une mission découverte en Serbie, à l’occasion de la Foire Agri-cole de Novi Sad, principal événe-ment de la filière agroéquipements et agricole serbe. Au programme comme pour la mission Croatie en 2013 : un stand Axema et des visites de site pour rencontrer les principaux opérateurs du marché et se faire une idée du potentiel du pays.Candidate officielle à l’entrée dans

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l’Union européenne, la Serbie est le plus grand pays agricole des Balkans, avec une SAU de 5,1 millions d’hec-tares et 630 000 exploitations. Le pays est un important producteur de céréales, d’oléagineux, de betteraves sucrières, de fruits rouges, sans oublier la viticulture qui occupe une place non négligeable.

Technique : trois nouveaux groupes projetsLa commission technique d’AXEMA s’est réunie le 6 février dernier. Elle a lancé trois groupes projets sur :• la réglementation, pour accompa-

gner la mise en œuvre du nouveau règlement communautaire 167/2013 « véhicules agricoles » ;

• les essieux directeurs pilotés afin de définir les fonctions de sécurité à as-surer en vue de la réception routière ;

• Isobus 2014-2015 pour suivre la bonne exécution du contrat avec Kereval (voir dossier) et organiser la PlugFest d’automne 2014.

La commission a donné son accord à la diffusion large en France, en Europe et à l’AEF (Agricultural industry Electronics Foundation) du document Roadmap électrification (voir dossier) à rédiger à partir du rapport du groupe de travail du Cetim. Objectif : établir un scénario partagé par les différents acteurs de l’électrification.

NOUVEAUX ADHÉRENTS

AXEMA a le plaisir d’accueillir deux nouvelles entreprises :Aspöck France conçoit, fabrique et commercialise dans toute l’Europe des produits et des systèmes de signalisa-tion 12V et 24V pour les constructeurs de remorques, semi-remorques et car-rossiers industriels.Créée en 2001 et basée à Anse (69), cette société emploie 12 personnes.Ateliers Dorez sont spécialisés dans la construction de stations mobiles de triage et de traitement des semences ainsi que dans la production de rou-leaux spécifiques au travail de la terre.L’entreprise est basée à Dampierre (10)et emploie 19 personnes.

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Évolution des importations et exportations de machines agricoles en France(En milliers d'Euros)

Indice de la production industrielle de machines agricoles (Base 100 en 2010)

Indice des prix d'achat des machines agricoles (Base 100 en 2010)

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Évolution des importations et exportations de machines agricoles en France(En milliers d'Euros)

Indice de la production industrielle de machines agricoles (Base 100 en 2010)

Indice des prix d'achat des machines agricoles (Base 100 en 2010)

Union des Industriels de l’Agroéquipement • 19 rue Jacques Bingen • 75017 PARIS +33 (0)1 42 12 85 90 • [email protected] • www.axema.fr

Éditeur : Axema • Directeur de la Publication : Patrick Pérard (Président d’Axema) • Rédactrice en chef : Muriel Casé

Rédacteur : Alain Lamour • Crédit Photos du bandeau de la couverture : Lindner, Claas, Grimme, La Buvette, Stihl

Création graphique : Promeca • Imprimé à l’imprimerie Rochelaise le nouvel R.

Une étude pour mieux exporterAxema publie “Panorama mondial des débouchés à l’export des filières des agroé-quipements”. Cette étude recense les potentiels à l’export, avec des chiffres clés, des contacts utiles et des outils de prospection. Elle comporte 10 fiches pays (Algérie, Brésil, Chine, Etats-Unis, Kazakhstan, Mexique, Maroc, Pologne, Russie, Ukraine) qui représentent 20 % des exportations françaises, et un descriptif de 40 autres pays sous le thème « mieux se nourrir ». 98 pages, 149 €. Plus d’info : [email protected]

Indice de production IndustrielleEn janvier 2014, la production de machines agricoles cumulée sur douze mois est en progression de 2,9 %. L’indice de la production industrielle de machines agricoles, qui mesure l’évolu-tion du nombre de machines agricoles produites en France, a oscillé sur l’année 2013 entre 112,3 (en août 2013) et 147,3 (avril 2013) avec de nouveau un point haut en décembre 2013 à 141,6 (base 100 en 2010).

Evolution mensuelle des échanges commerciauxEn décembre 2013, les importations d’Agroéquipement sont en baisse de 5,5 % pour le deuxième mois consécutif, après une croissance continue depuis août 2010. Les exportations sont en revanche en hausse de 7,4 % après quatre mois de baisse. Au total sur l’année 2013, les échanges commerciaux d’Agroéquipement de la France s’établissent à 4 571 millions d’euros pour les importations et 2 982 millions d’euros pour les exportations.

Evolution mensuelle des prix des machines agricolesEn décembre 2013, l’indice des prix des matériels agricoles augmente de 1,5 % par rapport à décembre 2012, 2,3 % sur toute l’année 2013. Détaillé par produit, les matériels de protection des cultures enregistrent la plus forte progression (+ 6,6 % sur un an).

INDICATEURS ET PERFORMANCES

analyses

Source : Axema/INSEE

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Matériels de protection des cultures Matériels de récolte Tracteurs Remorques Matériels de travail et mise en état du sol

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Évolution des importations et exportations de machines agricoles en France(En milliers d'Euros)

Indice de la production industrielle de machines agricoles (Base 100 en 2010)

Indice des prix d'achat des machines agricoles (Base 100 en 2010)

Source : Axema / GTA (Global Trade Atlas) Importations Exportations

10-31-1240

Source : Axema/INSEE