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Rencontre avec Swami Muktananda Directeur d’Anandashram, Kanhangad au Kerala 1 er mars 2013 Le divin est commun en chacun d’entre nous, il n’y a qu’une divinté. On l’appelle Dieu, Amour ou Vérité. Et pour réaliser ce divin en soi, les fondateurs de l’ashram (Papa Ramdas, et Krishnabai) nous ont laissé une voie qui rassemble trois chemins : Tout d’abord, se rappeler constamment de Dieu, la présence constante de Dieu dans la mémoire et pour cela, la prescription c’est le chant de son nom, la répétition ininterrompue de son nom. Ensuite, essayer de ressentir sa présence à l’intérieur, c’est le voyage de l’intériorité. Et ensuite, essayer de l’exprimer sous la forme du service. En sanskrit, le rappel du nom, c’est Nama ; Dhyana c’est la concentration ; et Séva : le service. Il ne s’agit pas d’un service social, mais c’est basé sur ce qu’il y a de commun en chacun de nous. La spiritualité n’est rien d’autre que passer du « moi » au « nous ». Quand on quitte ce monde on n’emmène rien avec soi. On a vu beaucoup de gens mourir mais jamais personne n’a rien emporté. Il n’y a rien que l’on puisse dire nôtre. Par contre, quand on a été envoyé ici on nous a donné deux principes qui sont les fondements de tous nos besoins : Le premier c’est Mère nature qui nous donne tout ce dont nous avons besoin. Le second, c’est la société. La Mère nature nous donne l’air pour respirer, l’eau pour boire, la terre pour exister, l’espace pour se déplacer, 37 ° pour nous maintenir vivant, le soleil… Tout cela, ce n’est pas nous qui le créons. Et si, même pendant une seconde il n’y avait pas cela, on ne pourrait pas vivre. Ensuite, la société : Levez vous le matin et dressez la liste de tout ce qui fait que votre vie est confortable : vos vêtements, les ventilateurs, les immeubles, la brosse à dent, le dentifrice, l’électricité, le thé, le savon, les vêtements : tout, tout, tout ! et de tout cela, on n’a rien produit du tout ! Dieu a donné l’idée à certains de les produire et les a fait passer à travers des expériences. Des exercices, des entrainements, des épreuves, pour finalement en faire quelque chose de pratique. Ensuite, la société, moi et vous, nous les utilisons. Nous utilisons des lunettes, qui les a produites ? Qui c’est qui à amené ça dans le monde, les lunettes ? ! Qui a-t-il derrière tout cela ? Qui a t-il derrière cette grande manufacture, les vêtements, L’électricité, l’eau courante ? On ne sais pas….

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Rencontre avec Swami Muktananda

Directeur d’Anandashram, Kanhangad au Kerala 1er mars 2013

Le divin est commun en chacun d’entre nous, il n’y a qu’une divinté. On l’appelle Dieu, Amour ou Vérité. Et pour réaliser ce divin en soi, les fondateurs de l’ashram (Papa Ramdas, et

Krishnabai) nous ont laissé une voie qui rassemble trois chemins : Tout d’abord, se rappeler constamment de Dieu, la présence constante de Dieu dans la mémoire et pour cela, la prescription c’est le chant de son nom, la répétition ininterrompue de son nom. Ensuite, essayer de ressentir sa présence à l’intérieur, c’est le voyage de l’intériorité. Et ensuite, essayer de l’exprimer sous la forme du service.

En sanskrit, le rappel du nom, c’est Nama ; Dhyana c’est la concentration ; et Séva : le service. Il ne s’agit pas d’un service social, mais c’est basé sur ce qu’il y a de commun en chacun de nous. La spiritualité n’est rien d’autre que passer du « moi » au « nous ».

Quand on quitte ce monde on n’emmène rien avec soi. On a vu beaucoup de gens mourir mais jamais personne n’a rien emporté. Il n’y a rien que l’on puisse dire nôtre. Par contre, quand on a été envoyé ici on nous a donné deux principes qui sont les fondements de tous nos besoins : Le premier c’est Mère nature qui nous donne tout ce dont nous avons besoin. Le second, c’est la société. La Mère nature nous donne l’air pour respirer, l’eau pour boire, la terre pour exister, l’espace pour se déplacer, 37 ° pour nous maintenir vivant, le soleil… Tout cela, ce n’est pas nous qui le créons. Et si, même pendant une seconde il n’y avait

pas cela, on ne pourrait pas vivre.

Ensuite, la société : Levez vous le matin et dressez la liste de tout ce qui fait que votre vie est confortable : vos vêtements, les ventilateurs, les immeubles, la brosse à dent, le dentifrice, l’électricité, le thé, le savon, les vêtements : tout, tout, tout ! et de tout cela, on n’a rien produit du tout ! Dieu a donné l’idée à certains de les produire et les a fait passer à travers des expériences. Des exercices, des entrainements, des épreuves, pour finalement en faire quelque chose de pratique. Ensuite, la société, moi et vous, nous les utilisons. Nous utilisons des lunettes, qui les a produites ? Qui c’est qui à amené ça dans le monde, les lunettes ? ! Qui a-t-il derrière tout cela ? Qui a t-il derrière cette grande manufacture, les vêtements, L’électricité, l’eau courante ? On ne sais pas….

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Quand on dit que la spiritualité, c’est passer du « Je » au « Nous », c’est quand on réalise que tout est donné par la création. Et pour nous rappeler qu’il ne faut pas toujours penser à nous individuellement (moi, mon, le mien), il faut se rappeler encore et encore : ça c’est le chant du nom de dieu.

Nos maîtres nous ont dit : « pensez en termes universels et non en termes individuels, parlez en terme universels et non en termes individuels et agissez en terme universels, pas en termes individuels ». On doit s’expanser. Les trois disciplines énumérées plus haut nous permettent de passer du « je » au « nous ». Et là, on découvre ce qu’il y a de commun en chacun d’entre nous. C’est pourquoi notre maître nous a transmis cela : « Aimer tous les être, c’est l’adoration de Dieu et servir tous les êtres, c’est le

service à Dieu. Et chanter et se rappeler le nom de Dieu encore et encore avec cette attitude intérieure, va nous purifier progressivement. La purification, c’est passer du « moi » au « Nous. » En essayant cette pratique, on peut oublier, on peut échouer, mais on doit recommencer inlassablement. La purification vient à mesure de l’effort fourni. Progressivement, notre mental devient de plus en plus calme, de plus en plus serein. Et un jour, quand on se met à chanter les yeux fermés, à ce moment là, on va se rendre compte qu’il n’y a plus que le chant qui s’écoule, qu’il n’y plus de pensées qui entrent à l’intérieur. A ce moment là, la conscience qui s’éveille. Un des noms de Dieu c’est la Conscience (awarness), mais on l’appelle aussi, la créativité, l’attention, la vérité, l’intelligence, l’amour. Dieu c’est aussi la Conscience. Dieu ne va pas se tenir devant nous comme cela et nous parler.

Selon le degré de pureté que l’on atteint, à un moment donné, cette conscience se lève et cette conscience, c’est la conscience de notre conscience. Maintenant, vous êtes entrain de me regarder et vous savez que vous me regardez. Oui ou Non ? Quand vous entendez les mots que je prononce, vous savez que vous entendez. Essayez de chercher qui est celui qui entend et qui est celui qui est conscient. Ca c’est la conscience, c’est l’attention. C’est là, maintenant, tout le temps, sous la forme de l’attention et de la conscience. Et cela, pour en avoir un aperçu, avoir une chance de le saisir, il faut purifier le mental.

Le chant va nous conduire à cela et ensuite on laisse. C’est une pratique constante. On va trouver le silence et « hop » une petite pensée va revenir. On va donc recommencer et refaire l’effort, constamment. Avec une pratique constante, c’est garanti : si on est persévérant, la stabilité du mental sera donnée. Quand cette stabilité est obtenue, quoique nous fassions, c’est le service « en Dieu », le service « à Dieu ». Le service, c’est tout, moins « moi et le mien ». Même l’acte de manger, de se vêtir, quand on sait qui habite en nous, c’est Séva, le service. Tout cela nous conduit à la reconnaissance du réel propriétaire en nous. Nous, on ne possède rien du tout.

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Il n’y en a qu’un qui possède en nous. La spiritualité, ce ne rien d’autre que de transférer son propre sens de la propriété et le remettre au vrai propriétaire, au divin. C’est lui qui nous fait parler, qui nous fait nous asseoir, alors qu’on pense constamment que c’est nous qui parlons, qui nous asseyons. La propriété doit être remise au bon endroit : rendre à Dieu ce qui lui appartient. C’est lui qui me fait m’asseoir, qui me fait parler. Petit à petit, on prend conscience en permanence que c’est lui qui allume la lampe, que c’est lui qui parle à travers moi, qui me fait manger : C’est la constante présence de Dieu. C’est cela la Réalisation de Dieu. Réaliser que : IL est derrière toute chose. Il nous a donné le sens de l’individualité et il nous fait parler, penser, agir. Les maîtres nous garantissent qu’alors, la vie devient félicitée.

Pour mener à bien ses trois aspects de la discipline, l’ashram propose différents programmes. N’importe quel nom de Dieu est bon, mais parce que nous sommes une institution, si chacun chantait répéter le nom qui lui convient, cela n’aurait pas d’allure et ce serait la cacophonie ! Alors ici, nous répétons celui que Papa Ramdas à prescrit, le nom de Ram. Lui, c’est par là qu’il est arrivé au plus haut. Il nous a donné aussi le sens de ce mantra : Om représente l’aspect sans nom et sans forme de la réalité. Shri

représente ce monde, la création, avec nom et forme. Ram représente les deux et au-delà de ces deux. Et Jaï c’est la victoire, la victoire de cette réalité, qui n’a ni nom ni forme, qui est aussi le nom et la forme, qui est les deux à la fois, et qui est au delà des deux la fois, c’est l’accès à la réalité.

Notre maître Ramdas a quitté son corps en 1963. A ce moment là c’est Mataji qui est devenue la tête spirituelle de l’Ashram. Elle a quitté son corps en 1989. Ensuite c’est Puja Swami Satchidanandaji qui est devenu le maître spirituel de l’ashram jusqu’en 2008. Nous avons construit les temples autour de leur Samadhi (tombeaux) où leurs cendres de leurs corps ont été déposées. Du matin jusqu’au soir, nous chantons le nom divin en tournant autour de leur tombeau, sans

interruption.

Pour le voyage de l’intériorité, Dyana, la concentration, nous avons le temple du silence, le lieu du silence. Il y a beaucoup de petits panneaux

avec les paroles de notre maître qui nous incite à aller toujours à l’intérieur, toujours dedans.

Et le service, c’est tout ce qu’il y a autour. Dans le temple principal où on chante les badjans (chants sacrés), le programme commence à 5 h du matin et dure jusqu’à 21h30 le soir. Il y a quelques interruptions l’après-midi. L’ashram accueille les dévots et les visiteurs, aussi les programmes sont très variés. Pour certains, une pratique spirituelle trop intense n’est pas possible, alors il y a des programmes plus abordables, ils ont été mis au point par Mataji (la mère). Beaucoup de visiteurs ont entendu parler de l’ashram. Ils viennent 2 ou 3 jours, parfois de loin, et essaient de comprendre ce qui se passe. En rentrant chez eux, ils essaient de pratiquer.

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L’essentiel du message de notre maître c’est que Dieu est Amour. Mais un amour qui n’est pas ce que nous croyons être l’amour. Nous, on va aimer nos enfants, nos amis proches, nous n’aimons qu’un nombre restreint de personnes avec des attentes en retour. Il ne s’agit pas de cela. L’amour véritable est donné à tous et sans n’attendre rien en retour. C’est comme l’air que nous respirons qui est disponible pour tous, sans aucune attente en retour. L’air va continuer à nous être donné même si nous l’ignorons, même si nous le méprisons. L’air est indispensable, c’est pourquoi il nous est donné gratuitement. C’est ça l’amour de Dieu, qui donne sans aucune attente en retour. L’amour on pourrait le définir comme l’absence d’altérité, le sens de séparation. C’est cela qu’on essaie d’atteindre.

Est ce que vous voulez savoir autre chose ?

Question d’une voyageuse (une artiste) : Vous avez parlez de créativité, cela m’intéresse. Pouvez - vous nous conseiller une attitude particulière par rapport à l’inspiration au moment de créer ? Réponse : Dieu nous a donné à chacun une forme et à chacun une mission particulière pour accomplir son plan. Et tout ce qu’il veut que nous fassions doit être accompli, dans la joie, la félicité, efficacement, dans l’excellence. Rappelez vous : ce n’est pas nous qui faisons. On est fait pour faire, pour servir notre prochain dans la création. N’importe quel travail, tout doit devenir joyeux, heureux. Ce n’est pas un autre individu que nous servons, c’est Lui que l’on sert.

Question d’une voyageuse : à propos de la prière, comment peut trouver la créativité en répétant la même prière tout le temps ? Comment être créatif dans la prière ? Réponse : La prière c’est seulement un moyen de se relier à Lui. Et quand on est relié à Lui, on sait ce qu’il nous demande de faire, on sait ce qu’il attend de nous. On va devenir actif, dynamique, vibrant, efficace, car c’est lui qui nous fait agir. Si on oublie la prière, on va oublier que c’est lui qui nous fait agir. Donc la prière nous rend conscient que c’est Lui qui nous fait agir. Les deux doivent aller main dans la main : la prière et l’action. Nos maîtres nous disaient toujours : une spiritualité qui ne s’actualise pas dans la vie n’est pas une spiritualité. Et quoique nous fassions, n’importe quelle activité, nous devons la faire avec la conscience que c’est le propriétaire qui agit, c’est tout. Il n’y a pas à arrêter quoi que ce soit. Toutes les disciplines spirituelles que nous pratiquons, la prière, la répétition du nom ou quoi que ce soit… c’est simplement pour nous rappeler que c’est Lui qui est derrière tout cela, seulement Lui.

Et si l’on est en panne d’inspiration ? Comment se relier ? Il a aussi ses propres raisons de nous faire oublier, mais au moment voulu, il va arranger les circonstances de telles sortes que nous nous rappelions de Lui. Et même si nous ne nous sentons pas inspirés, si on ne se rappelle pas de lui, en soi, cela est un bon signe. Petit à petit cela va venir,

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ça va se développer. Pour cela, il faut essaye de s’asseoir pour prier, lire les livres et se rapprocher de tous ceux qui ont atteint le plus haut de la spiritualité, ou s’inspirer de gens qui ont atteint l’excellence, dans n’importe quel domaine. Tout cela nous aide progressivement pour construire le temple. Chez nous, on dit Satsang (la fréquentation des sages). Quand on se sent un peu bas, on a besoin de support. Le contact avec les sages, leurs écrits, entendre ce qu’ils ont révélé, tout cela va ranimer la flamme et la rendre expressive.

Un voyageur : j’aimerai faire part d’une expérience et que le Swami me dise ce qu’il manque encore pour aller plus loin. En tournant autour de l’autel, et en entendant les chants, tout le monde m’est venu comme ça : la famille, les enfants, les voisins, les amis. Je les ai tous portés pour qu’ils puissent profiter de ce que je vis en cherchant à être dans le Dieu un... Le Swami : Oui, très bien ! C’est comme ça que l’expansion se manifeste, merci ! Quand vous dites« je suis heureux », l’absence de séparation avec les autres est là. C’est l’expression de l’amour, et l’amour c’est Dieu !

… Joie, Attention aux autres, félicité dans la paix et partage… Le Swami : Excellent !! (Rire) Diplomé !!

… Mais, il faut faire attention à l’égo qui veut te mettre en avant … et là on a tout perdu ! ! Le Swami : On doit savoir que c ’est Dieu lui-même qui nous a donné cette extraordinaire opportunité. Et l’ego, ce gars là, il ne doit pas nous déranger, car sinon il prend la place, et il occupe le terrain !

Fin (Cet entretien a été traduit par Claire Dagnaux et transcrit avec l’aide de Denise Besançon).