Croyez en la bonté du monde.Il ya dans le cœur de chaque homme

des trésors prodigieux d’amour :A vous de les faire surgir !

René Favre 1936 -2013

René habitait le quartier de la Goutte d’Or depuis 1972. Il aimait ce quartier au point que lorsque sa santé ne lui permit plus de rester à son domicile, c’est à la maison de retraite du quartier, rue de Laghouat, qu’il a choisit de se retirer conscient qu’il « perdait un peu de sa liberté en trouvant un certain règlement mais que c’est le lot de tous les travailleurs modestes » disait-il ! Et il rajoutait « mais il y a aussi les associations que j’aime bien et tous ces gens que je connais et avec qui on fait tant de liens ! »

René était prêtre-ouvrier. Pour lui, le service de l’évangile, la suite de son Dieu qui était le choix de sa vie, était inséparable du service des femmes et des hommes avec qui il avait choisit de vivre et tout aussi inséparable de leurs luttes pour avoir un peu plus de liberté, de dignité, de solidarité.

René n’était pas un leader associatif, syndical ou politique ni même ecclésial. Il était de ceux qui ne font pas de bruit, mais qui ont des convictions de justice et de paix et qui travaillent quotidiennement, à les concrétiser. Il était de ceux sans qui rien de grand ne peut s’écrire dans nos sociétés où brillent ceux qui se croient les plus grands mais qui ne peuvent rien sans des hommes comme René !

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En 1973, il embauche à l’hôpital Laënnec, comme « femme de ménage » ! Avec ceux et celles de sa condition, ils luttent pour être reconnus dans ce qu’ils sont c'est-à-dire « personnel d’entretien » … Il se syndique à la CFDT car il expérimente que c’est ensemble qu’on peut se faire respecter et gagner en dignité… Il paie cher ces premières luttes : licenciement, mauvaises notes à ses stages, mais enfin il finit par devenir aide-soignant et brancardier.

Après un accident de travail, on le met au service de la « caisse » : personne ne saura combien de petites gens, de pauvres, lui doivent quelques oublies de rappel ! Il continue fidèlement, dans la discrétion et la simplicité à être un de ces militants sur qui tous peuvent compter : les grandes grèves des hospitaliers pour n’être « ni bonnes, ni nonnes, ni connes » le trouvent plus que présent en premières lignes … Attentif à tous, il écoute, dénonce les injustices et sait prendre des risques sans jamais s’en glorifier : Et il s’émerveille de ce que les salariés sont capables de vivre et de faire !

Les institutions, qu’elles soient ecclésiales ou ouvrières, ne sont pour lui que des outils pour mieux servir la croissance des hommes et des sociétés. Il se sent et se veut libre quitte parfois à être en difficultés avec ces institutions qui sont les siennes, qu’il aime mais qui pourtant le font souffrir. L’essentiel pour lui est sa fidélité aux personnes, au dynamisme du mouvement ouvrier et à l’Evangile de ce Dieu dont il se sait profondément aimé par ses copains et avec qui il se sent en paix.

A la Goutte d’Or, son quartier, il est tout aussi attentif à la vie des femmes, des hommes, des enfants qu’il rencontre… Il ne juge pas des comportements : il sait voir et analyser combien la société secrète d’injustices et d’exclusions : il se fait l’ami de tous ceux qui se trouvent rejetés, de tous ceux et celles qui galèrent pour survivre et qui sont trop souvent condamnés et pourchassés au lieu d’être accueillis comme des hommes et des femmes avec toute la dignité et le respect qui est dû à chacun…

Un jour, un jeune meurt d’overdose dans le quartier : il s’indigne, se mobilise et avec quelques habitants et jeunes du quartier il est un des premiers à faire vivre l’association Espoir Goutte d’Or (EGO) … Il sait l’importance de la jeunesse pour l’avenir de notre humanité : aussi s’est tout naturellement qu’il met ses talents de patineurs au service de l’association des enfants de la Goutte d’Or !

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Pendant ses congés payés, il se met au service d’une association qui organise des séjours en montagne : il initie au ski mais prend aussi du temps pour faire réfléchir et même prier …

Arrivé à la retraite puis en maison de retraite, il continue jusqu’à la limite de ses forces, à aller à la rencontre de ses amis du quartier, de ceux qui fréquentent EGO, de ceux et celles qui galèrent dans nos rues. Il les connaît tous, leurs parle et poursuit son chemin…

Il est le vieux monsieur à la barbe et à la canne qui dit bonjour à tout le monde !

C’est donc cet homme qui nous rassemble et que nous pouvons remercier en essayant de mettre nos pas dans les siens…

Merci René pour ta capacité d’écoute, pour ta discrétion, pour ta compréhension des situations les plus dramatiques, pour ton souci des autres, pour ton sens aigu de la justice et pour tes audaces !

Merci René de nous redire que rien ne se gagne tout seul, que les collectifs associatifs et syndicaux sont indispensables pour construire du vivre ensemble et faire respecter sa dignité et ses droits et ceux de tous …

Merci René de la confiance que tu faisais à chacun, de ce que tu pouvais voir dans la vie de chacun et de ton admiration de ce que, même les plus démunis, pouvaient vivre de solidarité, de dynamisme, de générosité…

Cette cérémonie nous allons la vivre dans la sobriété, comme tu nous l’as demandé et en espérant que chacun y soit à l’aise.

Merci René. Repose en paix. …

Bernard Massera

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Nous écoutons maintenant deux lignes que René a confiées dernièrement à Bernard, un de ses amis, « pour qu’elles ne se perdent pas » :

Pour que ça ne se perde pas !

« Un événement a marqué ma vie. Ce fut l’entrée au travail comme aide soignant et brancardier. Là j’ai connu la dépendance de quelqu’un qui décide pour vous à l’embauche, la pénibilité des conditions de travail, la fatigue physique, puis le chômage, l’incertitude du renouvellement de la carte de séjour (puisque j’étais suisse), le licenciement pour raisons syndicales…

Tout cela a été pour moi la rencontre avec la dure réalité qui est la lutte des classes, qui n’existe pas seulement dans l’esprit de quelques-uns, mais qui est imposée par les faits de l’existence de tous ceux qui veulent vivre en hommes.

On ne partageait pas seulement entre collègues une condition matérielle, mais aussi une conception de la vie, une idéologie, un dynamisme propre, une volonté de se libérer et d’organiser sa vie, de construire un bonheur solidaire.

LA LUMIÈRE ET L’ÉTOLE DU PRÊTRE

Le Père Livio fit allumer à partir du cierge pascal les cierges qui entouraient le cercueil témoignant par là que la vie de René puisait sa source dans le Christ lui-même pour être à son tour « lumière » pour son entourage…

En déposant une étole de prêtre sur son cercueil, le Père Livio signifiait que le peuple des femmes et des hommes que René avait aimé et dont il avait partagé la vie, était bien une portion du peuple de Dieu …

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HEUREUX CEUX QUI MARCHENT !

Jésus monte sur la montagne et s'assoit.Ses adeptes s’approchent de lui.

Il ouvre la bouche, les enseigne et dit :

“En marche, les humiliés du souffle !Oui, le royaume des ciels est à eux !

En marche, les endeuillés ! Oui, ils seront réconfortés!

En marche, les humbles ! Oui, ils hériteront la terre!

En marche, les affamés et les assoiffés de justice !Oui, ils seront rassasiés

En marche, les cœurs purs !Oui, ils verront leur Dieu !

En marche, les faiseurs de paix!Oui, ils seront appelés fils de Dieu !

En marche, les persécutés à cause de la justice!

Oui, le royaume des ciels est à eux !

En marche, quand ils vous outragentet vous persécutent,

en mentant vous accusent de tout crime, à cause de moi.

Jubilez, exultez! Votre salaire est grand aux ciels !

Oui, ainsi ont-ils persécuté les inspirés,ceux d'avant vous

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TU ES UN HOMMEParoles et musique : Gérard Delahaye

Courbe l'échineFais tourner la machine

Le bureau ou l'usineEt courbe bien le dos

Courbe la têteOn te vend on t'achèteOn te prend on te jette

Comme un vieux mégot

Comment parler ?Comment crier, ne plus se taire ?

Comment lutter ?Comment ne plus se laisser faire ?Tu es un homme et je te nomme

« Mon camarade »Et donne-moi la main

Tu es un homme et je te nomme« Mon camarade »

Et donne-moi la mainT'es hors d'haleine

T'es toujours à la peineSaigné aux quatre veines

Par les petits boulotsTu perds la foi

T'as mêm' perdu ta voixTu connais plus tes droitsT'es au bout du rouleau

Seul dans ton coinTu rages et tu te plainsEt pourtant tu sais bienQue tu es des millionsDes frèr's des sœurs

Qu'ont de l'espoir au cœurRejoins-les n'aie pas peur

Arrache ton bâillon

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BONNE NOUVELLE DE JÉSUS SELON ST MATHIEU

Voyant les foules qui le suivaient, Jésus monta sur la montagne et s'assit.

Ses amis s’approchèrent de lui. Il prit la parole et leur dit :

Quand le Seigneur Dieu viendra dans sa gloire, il rassemblera devant lui toutes les nations et il séparera les hommes les uns des autres.

Il dira à ceux qui seront à sa droite: “Venez, les bénis de mon Père, recevez en partage le Royaume qui a été préparé pour vous depuis la fondation du. monde. Car j'ai eu faim et vous m’avez donné à manger; j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire; j'étais un étranger et vous m`avez recueilli; nu, et vous m’avez vêtu; malade, et vous m’avez visité; en prison, et vous êtes venus à moi "

Alors les justes lui répondront: “Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te donner à boire? Quand nous est-il arrivé de te voir étranger et de te recueillir, nu et de te vêtir? Quand nous est-il arrivé de te voir malade ou en prison, et de venir à toi ?”

Et le Seigneur leur répondra: “En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait !”

HYMNE A LA PAIX

La paix pour toi la paix pour euxLa paix pour l’humanité

La paix pour toi, la paix pour euxLa paix , la félicité

L’amour pour toi, l’amour pour eux,L’amour pour l’humanité

L’amour pour toi, l’amour pour euxL’amour fruit de liberté

Pardon pour toi, pardon pour euxPardon pour l’humanité

Pardon pour toi, pardon pour euxPardon, fruit de vérité !

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INTERVENTIONS ET MERCI

De Christian, au nom de sa maman Marie, cousine de René

René,

Merci d’avoir partagé avec nous tant d’évènements familiaux, les plus joyeux comme les plus tristes,Merci, pour l’aide précieuse que tu m’as apportée dans les moments très difficiles que ma famille et moi avons traversés.

Tu as su m’écouter avec beaucoup de patience.Grâce à toi, j’ai gardé beaucoup de liens affectifs avec mes très nombreux cousins de Suisse.

Et aussi, ta famille française n’oubliera jamais :• les jeux de cartes enflammés, • les descentes à ski où tu étais un compagnon fidèle et engagé sur

les pistes, tel un père Noël dans la neige avec ta barbe blanche,• les fondues suisses cuisinées avec un professionnalisme

rigoureux,• les fêtes de Noël durant lesquelles tu étais un bon vivant, • les discussions calmes, motivées sur les sujets de société,• ta force de conviction, • un optimisme réaliste sans doute motivé par ton amour de Dieu

même dans les situations délicates,• et surtout ta compréhension et ton dévouement permanent pour

les autres à l’image de celui que tu as servi toute ta vie,• et le tout agrémenté d’un doux accent suisse.

Merci, René, d’avoir distribué ce bonheur autour de toi. Tu continues à guider nos actions.

De Lucienne …

Un téléphone hier soir, 25 sept 2013, de notre cousine Christine et de Marie dite Popone où elle nous ont demandé de faire un mot de la famille pour être lu à la cérémonie d’adieu qui a lieu le jeudi 26 septembre à 14h30 en l’église Saint-Bernard.Alors notre voyage en TGV avec Monica et Gigi nous a replongé ce matin dans les souvenirs et voici le fruit de notre écriture à trois mains pour toi cher René.

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Vivre , c’est partir de Quelque partDécouvrir qu’on ne finit pas deS’émerveiller, de Rencontrer, de Partager,De Prier.

Quelque PartC’est à St Barth que tu es né et a grandi entouré de tes parents Marie et Marius, tes frères Jean-Paul, Raymond, mon papa Gabriel, Fernand, Joseph et ta chère sœur Marie Anna.Ce quelque part où tes racines sont toujours restées un port d’attache, lieu de retrouvailles, où tu aimais aller marcher, te ressourcer, faire du vélo et tricoter les liens entre les gens …« C’est d’ailleurs ce que nous vivons entre neveux et nièces ces jours de deuil, …en se remettant en lien autour de toi et en nous unissant dans la prière …pour te dire au-revoir ; porté par ta simplicité et ton humanité. »

DécouvrirQue de découvertes avec toi cher René, des chemins insolites ; le Talent gelé qui devient route blanche sous le givre dans notre forêt où tu nous tirais sur des luges appondues, tous les couzes de la côte. La route d’un aller-ailleurs, à Porrentruy, à Einsielden, à la Villa Vendel et bien sûr à la rue Labat.Tu nous a donné le goût d’aller à la découverte d’autres horizons, d’autres cultures et de rencontrer l’autre dans nos ressemblances et la richesse de nos différences.C’est où la rue Labat ?C’est dans le quartier où ta famille s’est agrandie grâce aux liens que tu as tissés au fil des années. Ce sont tes camarades prêtres ouvriers, les enfants à qui tu apprenais le français, les personnes démunies et souffrantes, les bistroquiers chez qui on allait partager l’incontournable couscous.Tu as toujours été attentif aux petites gens et aux petites choses en appréciant les petits bonheurs du quotidien qui ont enluminé ton chemin.C’est de là que tu partais le matin pour l’hôpital Laënnec y accomplir ton ministère avec ton sourire et ta bonté.

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RencontrerLa liste est longue, ces petits mots échangés à l’inconnu de la rue, les rencontres qui tissent des liens d’amitié qui ont grandi en réseau : Enrica, Marie, Aimée et tous les autres. Ton ouverture, ta grande disponibilité à accueillir l’autre sans préjugé, nous ont transmis de belles valeurs à apprivoiser.

PartagerPartager les fêtes de famille, les parties de yass, les repas de bénichons, les séjours chez ta sœur et toutes tes belles-sœurs qui ont su t’accueillir à bras ouverts, on a partagé les soucis, les chagrins et les épreuves, les rires les espoirs, les réussites et puis, la verveine du soir en égrainant le fil du temps ; il y a eu aussi le partage les chansons, le gruyère AOC, les œufs de la ferme et les confitures : partager les téléphones d’anniversaire où vendredi avec Gigi on l’attendait le tien pour ses 50 ans mais il en a été décidé autrement… Cela va faire drôle de ne plus pouvoir t’envoyer de cartes postales et ainsi te partager nos escapades.

PrierLa joie de partager la sainte scène dans la chambre à grand-maman et de prier en toute simplicité.Tu as célébré et consacré nos unions, les baptêmes de nos enfants et pour cela nous te disons merci, toute ta vie fut prière humble et silencieuse. Cher René notre reconnaissance pour ce que tu as été, ce que tu es et ce que tu fais encore grandir dans nos cœurs.Nous allons faire en sorte de prendre bien soin de ce merveilleux jardin où tu as su faire vivre et prospérer la rencontre, la découverte, le partage et la prière.

De là-haut veille sur nous comme tu l’as si bien fait ici bas.

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De Jacques et Lydie, pour l’Association « les Enfants de la Goutte d’or »

Les enfants, petits et grands, de la Goutte d’Or sont si tristes de ce départ !

René, toujours prêt à accompagner les premiers pas de nos jeunes patineurs, restera longtemps dans nos mémoires comme le grand-père souriant et tranquille au drôle d’accent. A chaque période de congé il se rendait disponible et sur la glace, c’est lui qui prenait en charge les débutants, leur montrait les mouvements, les soutenait, les guidait, les aidait à vaincre leur peur, à se relever des chutes et à glisser de plus en plus à l’aise sur la surface blanche…

Il leur parlait aussi de la chaleur de ses montagnes.

René, nous le croisions souvent dans le quartier, sur le boulevard auprès des habitués de la galère que plus personne ne regarde ; lui n’avait pas peur de la contagion et les écoutait, paisiblement, sans jugement, leur glissant parfois un conseil, toujours avec humilité, les aidant à tenir debout, malgré les tempêtes.

Souvent assis au square au côté des jeunes, il prenait le temps de discuter avec les plus en marge.« Avec lui on pouvait parler de tout ! »

Il parlait aussi de son cousin, entraineur de foot…

Nous avons eu l’honneur d’hériter de ses patins à glaces, remis par ses soins, précieux présent.Mais, de René, nous conserverons surtout dans nos cœurs l’empreinte d’une force tranquille et souriante dans les rues du quartier.

Une formidable leçon d’humanité.

Merci René !

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De Lia, pour l’Association « Espoir Goutte d’Or » (EGO)…

J’ai connue René dans une journée d’été de l’année 1989 à la Goutte d’Or. Je me trouvais exactement dans le croisement de la rue Myra et Léon, comme « commissaire de course » d’un cross pour les enfants lors de la fête de la Goutte d’Or. René était à côté, souriant et affable comme toujours.

Nous avons échangé quelques mots et déjà intuitivement, j’ai su que cette rencontre serait le début d’une belle histoire de participation, collaboration et militantisme auprès d’Ego.

René qui était toujours disponible pour s’engager auprès de plus vulnérables a immédiatement répondu positivement dès que je lui ai proposé de nous joindre dans nos réunions hebdomadaires.

Dans ces premiers moments d’organisation d’Ego, nous étions fragiles mais tous habités par la certitude de la justesse de notre engagement.

Nous manquions de bras, des têtes et des cœurs et René s’est immédiatement joint au collectif.

Infatigablement au début et de façon quotidienne par la suite René passais ses après midi au Centre d’Accueil de la rue St Luc. Quand le besoin l’imposait, il venait assurer des permanences à Step en soirée, au Bd de la Chapelle, quand le personnel manquait.

Toujours présent et généreux, René est presque devenu indispensable. Très vite, il devient membre de notre Conseil d’administration ou il s’est investit pendant des longues années.

Alter-Ego (journal de l’Association) a été une de ces passions et il se chargeait de sa distribution dans les commerces, pharmacies et commerçants du quartier.

Dans les moments de tensions et des grandes difficultés, il nous apaisait et son optimisme nous rassurait et confortait.

Maintes fois René a accompagné des usagers aux hôpitaux, tribunaux, dans les visites aux familles et d’autres moments importants dans leurs vies. Toujours là, toujours présent.

Maintenant que René est définitivement parti, il y a quelque chose de son empreinte qui nous est resté.

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Comme preuve, les courriers qui nous arrivent de toute part envoyés par des personnes, des membres de sa familles et des associations qu’il côtoyait et auxquelles il a subtilement indiqué : « pas de fleur à mon enterrement mais des dons pour Ego et ses usagers ».

Les offrandes seront transformées en cadeaux de noël et distribués le 24 décembre. Avec une carte, indiquant tout simplement, « de la part de René ».

De Catherine, une amie du quartier, …

René a fait partie des gens qui comptent dans la grande chaîne solide et belle des résistants, des gens qui, mine de rien, ont toujours tout fait dans leur existence professionnelle ou retraitée, pour que les gens en galère soient un peu épargnés –quand ils rencontraient René sur leur route- : épargnés des huissiers de l’Assistance Publique pour des gens hospitalisés qui n’avaient pas de quoi régler leur ardoise à la sortie, épargnés des contrôles de police pour les dames qui vendaient leur maïs chaud à Château Rouge. Et beaucoup d’autres coups de main qui comptent dans l’existence quand pas beaucoup de gens tendent la main !

Quand René nous racontait ses « p’tits coups de main » qu’il donnait au bon moment pour les sortir d’affaire, on avait envie de dire, selon une de ses expressions favorites : « Jôli… dis ! ».

René avait le sens du contact, de la chaleur humaine, de la solidarité. C’était le grand frère de beaucoup de gens.

Merci à lui d’avoir vécu, de nous avoir fait partager son sens de l’humour et de la fraternité.

On essaiera de continuer son chemin avec, comme lui, des béquilles parfois, mais en tout cas avec autant de détermination et énormément de gentillesse.

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Notre Père …

Toi le Père de tous ceux qui luttent, pour qu'éclatent la justice, la solidarité, l'amour sur notre terre; Toi qui appelles tous ceux qui sur l'autre rive se risquent pour venir vers toi.

Tous : Notre Père qui es aux Cieux

Ton nom est sanctifié par tous ceux qui chaque jour travaillent pour sortir leurs frères de l'exclusion, de la peur, du chômage, de la précarité ; par tous ceux qui agissent a l'école, au lycée, dans les quartiers, au travail, qui apportent leur soutien aux malades...

Tous : Ton Nom est sanctifié

Que ton règne vienne et qu'il vienne pour tous. Oui ! Que ta volonté soit faite

Tous : Ton règne arrive

Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour, ce pain trop rare dans les 3/4 du globe, ce pain de la confiance, de nos dépassements, ce pain du travail pour tous, ce pain du respect de la dignité humaine, ce pain de vie.

Tous : Donne-nous notre pain

Pardonne-nous Seigneur ces hésitations, cette peur de l'inconnu, cette peur du fond, tous ces cris que nous n'entendons pas, ces humains à côté de nous que nous ne voyons pas, ces injustices contre lesquelles nous ne faisons rien.

Tous : Pardonne-nous

Ne nous laisse pas succomber à la tentation de baisser les bras, de nous enfoncer dans notre confort et notre individualisme, ne nous laisse pas succomber aux sirènes du racisme, de la violence et de la haine. Mais délivre-nous du mal et de nos doutes. Aide-nous à ramer de toutes nos forces contre les vents contraires, à donner notre vie, comme tu nous y invites.

Tous : Délivre-nous du mal

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JE VOUS SALUT MARIE (DE G. BRASSENS)

Par le petit garçon qui meurt près de sa mèreTandis que des enfants s'amusent au parterreEt par l'oiseau blessé qui ne sait pas commentSon aile tout à coup s'ensanglante et descend

Par la soif et la faim et le délire ardentJe vous salue, Marie.

Par les gosses battus, par l'ivrogne qui rentrePar l'âne qui reçoit des coups de pied au ventre

Et par l'humiliation de l'innocent châtiéPar la vierge vendue qu'on a déshabillée

Par le fils dont la mère a été insultéeJe vous salue, Marie.

Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poidsS'écrie: " Mon Dieu ! " par le malheureux dont les bras

Ne purent s'appuyer sur une amour humaineComme la Croix du Fils sur Simon de CyrènePar le cheval tombé sous le chariot qu'il traîne

Je vous salue, Marie.

Par les quatre horizons qui crucifient le mondePar tous ceux dont la chair se déchire ou succombe

Par ceux qui sont sans pieds,par ceux qui sont sans mains

Par le malade que l'on opère et qui geintEt par le juste mis au rang des assassins

Je vous salue, Marie.

Par la mère apprenant que son fils est guériPar l'oiseau rappelant l'oiseau tombé du nid

Par l'herbe qui a soif et recueille l'ondéePar le baiser perdu par l'amour redonné

Et par le mendiant retrouvant sa monnaieJe vous salue, Marie.

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AU CIMETIÈRE DU PÈRE LACHAISE À LA CRÉMATION

L’espérance du monde …Pablo Neruda

Je veux vivre dans un mondeoù les êtres seront seulement humains,

sans autre titre que celui-là …

Je veux que tous entrent et sortenten, souriant de partout,

que plus personne ne fuie.Je veux que la seule majorité :

tout le monde puisse parler, lire, écouter, s’épanouir.

Je n’ai jamais compris la lutte autrementque comme un moyen d’en finir avec la lutte.Je n’ai jamais compris la rigueur autrement

que comme un moyen d’en finir avec la rigueur.

Je veux qu’on combatte pour la bonté générale,multipliée, inépuisable …

Il me reste une foi absolue dans le destin de l’homme,la conviction chaque jour plus consciente

que nous approchonsde la tendresse…

Et cet espoir estirrévocable.

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« Je vous salue Marie »

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Toi l’Auvergnat

Elle est à toi cette chansontoi l’Auvergnat qui sans façon m’a donné quatre bouts de bois

quand dans ma vie il faisait froid.Toi qui m’as donné du feu

quand les croquantes et les croquantstous les gens bien intentionnés m’avaient fermé la porte au nezce n’était rien qu’un feu de boismais il m’avait chauffé le corpset dans mon âme il brûle encoreà la manièr’ d’un feu de joie !

Toi l’Auvergnat quand tu mourrasquand le croqu’morte t’emportera

qu’il te conduise à travers cielau père éternel !

Elle est à toi cette chanson, toi l’hôtesse qui sans façon

m’a donné quatre bouts de painquand dans ma vie il faisait faim !Toi qui m’ouvrit ta huche quandles croquantes et les croquantstous les gens bien intentionnéss’amusaient à me voir jeûner !

Ce n’était rien qu’un peu de painmais il m’avait chauffé le corpset dans mon âme il brûle encoreà la manièr’d’un grand festin !Toi l’hôtesse quand tu mourras

quand le croqu’mort t’emporteraqu’il te conduise à travers ciel

Au père éternel !

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Elle est à toi cette chanson,toi l’étranger qui sans façon

d’un air malheureux m’a souritlorsque les gendarmes m’ont pris.

Toi qui n’a pas applaudi quandles croquantes et les croquantstous les gens bien intentionnésriaient de me voir emmené !

Ce n’était rien qu’un peu de mielmais il m’avait chauffé le corpset dans mon âme il brûle encoreà la manièr’d’un grand soleil !

Toi l’étranger quand tu mourrasquand le croqu’mort t’emportera

qu’il te conduise à travers cielàu père éternel !

AU CIMETIÈRE DU PÈRE LACHAISE LE 27 SEPTEMBRE À LA DISPERSION DES CENDRES

L’homme de la Montagne …

Au cœur d'un massif montagneux, un petit village se niche dans le creux d'une vallée. Ce village est dominé par une falaise rocheuse dont le sommet dessine, gravé par la nature, un admirable visage d'homme.

Les habitants de la vallée disent : « l'homme de la montagne ›› et se transmettent de génération en génération, cette promesse et cette légende : un jour, l'homme de la montagne viendra vivre dans la vallée et toute le monde alors sera heureux.

Vient à naître et à grandir dans le village un petit garçon, Jean, qui a entendu, comme tous, la légende et la promesse. Jean est fasciné par ce visage. Chaque matin au réveil, il se précipite à la fenêtre regarde et contemple. Le soir venu, de la vallée déjà plongée dans la nuit, il regarde les derniers feux du soleil transfigurer la face. « Que tu es beau, dit-il, toi qui n'as que lumière ... Viens donc que nous soyons heureux... Pourquoi ne viens-tu pas ? Pourquoi tardes-tu ? ››

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Les années passent, Jean grandit, toujours habité par la fascination du Visage, toujours admirant, toujours suppliant. Puis un jour vint où Jean se dit : « Il ne saurait tarder. On nous a dit que nous serons heureux lorsqu'il sera là. Si nous commencions à tenter d'être heureux, si nous préparions les chemins. ››

Et le jeune homme se fit artisan de paix et de bonheur. Fleurs aux fenêtres, querelles apaisées, fêtes et partages, adduction d'eau et ciné-club.

Sous l'impulsion de Jean, jour après jour, le village se mit à vivre d'une vie plus humaine. Et Jean, toujours de contempler, d'attendre et d'appeler. Mais en vain, l'homme de la montagne ne quittait pas sa falaise.

Vint un jour pourtant, jour de Noël ou de printemps, on ne sait, où un bruit se mit à courir de bouche à oreille dans le village : « Avez-vous vu Jean ?... Mais regardez donc Jean... Comme il veut ressembler à l'homme de la montagne... On dirait l'Homme de la montagne ››.

Cité dans « Croire pour une aventure ensemble »

René n’a pas attendu le retour de Celui qui l’appelait : il a essayé par toute sa vie, de faire un monde plus humain et comme tous ceux qui

essayent de vivre ainsi, ils sont un peu Dieu parmi nous !

NOTRE PÈRE QUI ES AUX CIEUX …

LE DIMANCHE 29 à l’Eucharistie ,

Le Père Livio accueillit la communauté paroissiale en disant : « cette semaine un membre de la communauté des chrétiens à la Goutte d’Or nous a quitté : René Favre. Il nous était cher. Toute sa vie il eut le souci des plus pauvres de notre quartier. Nous célébrerons cette eucharistie à ses intentions… »

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