Regards sur les droites n° 64

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       n    °    6    4

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         É    d    i    t    é

       p   a   r    l   a

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        “    V   e    i    l    l   e   e    t    R    i   p   o   s    t   e    “

        d   u     P

       a   r    t    i   s   o   c    i   a    l    i   s    t   e

    l’édito

    d’ AlainBergounioux 

    L’obsession de l’identité

    Les récents propos de Nadine Morano, qui font de la France un pays de « race blanche »sont évidemment misérables. Ils ont été d’ailleurs condamnés dans son propre parti -même si nous aurions aimé entendre son président le faire immédiatement. Il est déjà 

    fâcheux qu’une élue ignore les résultats des sciences sociales - et de la génétique elle-même, qui toutes dénoncent la confusion entre le biologique et le culturel - comme l’a fait, en 1952, Claude Lévi-Strauss, dans un texte célèbre Race et Histoire. Mais, il estencore plus inadmissible de tenir de tels propos, après 1945. On a vu où menaient lesaffirmations racialistes - et malheureusement on l’a encore éprouvé ensuite dans d’autresgénocides, au XX ème siècle. Le mot était utilisé sans grande réexion auparavant - commecela pu être le cas dans un propos privé par le Général de Gaulle, homme du XIX ème

    siècle dans sa formation ! Mais, cela n’a aucune excuse aujourd’hui.

     Aussi, ce n’est pas Nadine Morano qui importe, mais, ce qu’elle traduit d’un climatdans notre pays, au-delà même de l’inuence du FN. Il est ainsi (presque) étonnant de

    lire sous la plume d’un éditorialiste politique du Figaro (1er

    octobre) que le problèmede Nicolas Sarkozy, en sanctionnant Nadine Morano, est de ne pas paraître concéder“une réddition devant la pensée unique” . Ainsi, la pensée unique serait de condamner leracisme ! Dans un article récent, l’historien Benjamin Stora, mettait en évidence leseffets d’idéologies à l’extrême droite bien-sûr, dans la droite trop souvent, et malheu-reusement quelquefois, à gauche, qui n’ont eu de cesse de dénoncer l’antiracisme, aunom de la nécessaire préservation de l’identité, à l’extrême droite et à droite, de la France, à gauche, du peuple. Cela a deux conséquences importantes. La première estde minorer le combat permanent à mener pour les droits de l’homme, qui est pourtant,au cœur de ce qu’est l’humanisme républicain ; la seconde est de contribuer à séparerla question de l’immigration de la question sociale, alors qu’elles sont étroitement mêléesaujourd’hui. Avoir une représentation essentialiste de l’identité d’un pays, et à plus forteraison d’un peuple, c’est ignorer sciemment qu’une identité est toujours un mélangecomplexe d’héritages et d’apports culturels, et qu’une identité ne vit que si elle sait serenouveler et créer ses propres synthèses.

    Il faut, bien-sûr, se garder de tout amalgame. Toutes les prises de position actuellementne se valent pas et ne présentent pas la même dangerosité. Et, sur la scène idéologique,

     je ne confondrai pas, par exemple, Eric Zemmour, Alain Finkelkraut ou Michel Onfray,puisqu’il est dans l’actualité. Il y a nombre de différences entre eux et leurs systèmes depensée ont leurs caractères propres, un anti-islamisme fondamental pour le premier, la critique de la modernité pour le second, la condamnation de la gauche libérale pour letroisième. Mais, ils contribuent à une même dévalorisation du combat de celles et ceux,

    qui, comme nous, pensent que le pays ne peut pas vivre replié sur lui-même - qu’il doitaffronter les dés du siècle nouveau, en menant des politiques équilibrées, tant en matièreéconomique que sociale -, et unissent toutes les composantes de la Nation dans le respectde ce qu’elles sont et de ce qu’elles doivent aux valeurs qui constituent la République.

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    La démarche de François Fillon, synthétisée et ac-tualisée dans un ouvrage récent et par des décla-rations médiatiques, allant toutes dans le mêmesens, paraît de plus en plus ancrée à droite, enparticulier dans le domaine économique et social,et à propos du rôle de l’État stratège et protecteur,tel que nous le connaissons depuis l’après guerre.Ces dernières déclarations lui ont d’ailleurs per-mis de préciser que sa vraie référence était ma-

    dame Thatcher. Quelle dérive depuis le temps, passi lointain, où il revendiquait l’héritage du « gaul-lisme social », dans l’ombre tutélaire et bienveil-lante de son mentor, Philippe Seguin.Afin de bien mesurer l’ampleur de l’évolution, ilfaut revenir sur le bilanéconomique, social, etpolitique de cette parti-sane de l’ « école de Chi-cago ». Ce bilan s’esttraduit par un recul de lasanté, des services pu-blics nationaux et deproximité, rayés de lacarte, un échec industrielau profit d’une financiari-sation toujours plus dé-régulée, la désintégrationd’une partie de l’appareilindustriel, et l’abandondes règles de démocratie

    sociale. En outre, le Premier ministre britanniquede l’époque n’a pas hésité à soutenir le régime dic-tatorial de Pinochet, au Chili, et le gouvernementde l’apartheid finissant, en Afrique du Sud.La logique préconisée par François Fillon contre-dit notre tradition économique et sociale, qu’ils’agisse de la gauche réformiste, ou de la droitegaulliste ou démocrate chrétienne. Noussommes là dans la rupture avec tout ce qu’ont pureprésenter, sous la Cinquième République,

     Jacques Chaban-Delmas, Robert Boulin, Jean-Marcel Jeanneney, Joseph Fontanet et Philippe Se-guin.Le discours de François Fillon suit un fil rouge,

    ou plutôt un présupposé. Le déclin de laFrance, depuis plus de trente ans, enfonceraitle pays dans une sorte de décadence, dont seulle retour à un ultralibéralisme débridé, sur leplan économique, pourrait nous affranchir,voire nous délivrer.

    Un emprunt systématique au discours sur le

    déclin. Ce récit est erroné au regard des faits,

    et faux sur le plan politique. Tout d’abord, Fran-çois Fillon devrait se rappeler qu’il a été quatrefois ministre - de la recherche, des télécoms,des affaires sociales et de l’éducation nationale- et une fois Premier ministre, depuis 1993. On

    ne peut imaginer qu’ilait pu prêter la main àune telle décrépitude, etce, au plus haut niveaude l’État. A moins de secontenter de l’applica-tion, au jour le jour, d’unplan de carrière, ausens le plus étriqué duterme. Ce qui ne qualifiepas forcément pour l’accès à la magistra-ture suprême. L’ancien« collaborateur » deNicolas Sarkozy a éga-lement rédigé le pro-

    gramme de l’UMP, en 2007, celui-là même quia conduit à 600 milliards de dettes supplé-mentaires et à 1,1 million de chômeurs deplus, en cinq ans.Surtout, notre pays dispose d’atouts impor-tants grâce à ses chercheurs, ses artistes, sesingénieurs, sa culture, son administration, sessavoir-faire. Il occupe une place de choix dansles domaines de l’aérospatial, de l’aéronau-tique, de la chimie, de l’industrie pharmaceu-

    tique, des transports, de la construction.Il enregistre de nombreux prix Nobels en litté-rature, comme en économie, en physique,comme en mathématiques, en philosophie,

     Le nouveau converti à l’école deChicago

    Le discours de François Fillon suit un fil rouge, ou plutôt un

     présupposé. Le déclin de la

    France, depuis plus de trenteans, enfoncerait le pays dansune sorte de décadence, dont 

     seul le retour à unultralibéralisme débridé, sur le

     plan économique, pourrait nousaffranchir, voire nous délivrer.

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    comme en médecine. Il attire, chaque année,de nombreux chercheurs et un grand nombred’étudiants étrangers. Son rayonnement inter-national est intact, comme l’ont encore dé-montré, dans des circonstances dramatiques,les déplacements et les témoignages de di-

    zaines de chefs d’État et de gouvernement, le11 janvier dernier, après les attentats san-glants de ce début d’année à Paris. La Francereste aussi, et de loin, la première destinationtouristique mondiale, confirmant ainsi son at-tractivité et sa capacité à faire rêver.Le récit du déclin est non seulement une pro-fonde erreur d’appréciation de la réalité, maisune faute historique à l’égard des Français etde leur avenir. Il demeure l’expression d’un

    pessimisme foncier justifiant toutes les contri-tions, toutes les culpabilisations et finalementtous les renoncements. Ce présupposé dévas-tateur et rance relèvedavantage de la rhéto-rique du 10 juillet 1940que de l’intuition fulgu-rante du 18 juin de lamême année. Elle ré-sonne comme un enfer-mement dans lereproche voire le procèsintenté aux autres et enpriorité à celles et ceuxqui vivent de leur travailet de leur compétence.La France détient tou-

     jours un message uni-versel à partager et àdélivrer au monde. Celui-ci ne commence paspar un « mea culpa » contre le progrès social.

    La tentation « décliniste » mène à la désespé-rance, à l’impasse, mais aussi au culte del’homme providentiel. Elle est à la fois mal-saine pour l’équilibre des institutions républi-caines, et négative pour la capacité de lasociété à se projeter dans un avenir commun.Le catalogue programmatique de Monsieur Fillon correspond, il est vrai, à un réquisitoirecontre le monde du travail. Les options décritessont d’une rare violence. Retraite à 65 ans pour 

    des raisons strictement idéologiques et alorsmême que la Commission des comptes de laSécurité sociale annonce des retours à l’excé-dent du régime de base pour les années à

    venir. Fin de l’ISF au risque de conforter les pa-trimoines et les spéculations financières et im-mobilières. Au risque aussi, d’affaiblir lesfinances publiques.Suppression des 35 heures, pourtant déjà lar-gement flexibles, et baisse autoritaire de plus

    de 10 % du pouvoir d’achat des salariés aprèsnous avoir expliqué, de 2007 à 2012, qu’il fal-lait « travailler plus pour gagner plus » . L’an-cien Premier ministre de Nicolas Sarkozyplaide, en effet, pour une semaine de 39heures payées 35, et donc un décrochage im-portant du salaire horaire.« Détricotage » complet du code du travail as-sorti d’une remise en cause du dialogue socialet d’une prime à la précarité salariale. Cette ap-

    proche renvoie à une conception strictementutilitaire du salarié, et néglige la nécessité decompenser et d’encadrer le lien de subordina-

    tion inhérent au contratde travail.Stigmatisation de l’Aidemédicale d’État, l’AME,au risque de renforcer les conditions de propa-gation de toutes lespandémies et de recru-descence de patholo-gies du début du XXème

    siècle. A cette panoplie,il faut ajouter la réduc-tion de 150 milliardsdes dépenses pu-bliques, la mise encause « pavlovienne »

    de l’ « assistanat » et l’atteinte aux mécanismesde retraite par répartition.

    En fait, nous sommes en présence d’une dé-marche à la fois cohérente et destructrice, vi-sant à présenter le salarié comme un coût, etnon comme un citoyen, le chômeur commeun coupable, et non comme une victime, la dé-mocratie sociale comme un temps perdu etnon comme une chance au service d’une dy-namique économique partagée, le pauvrecomme un handicap, et non comme un êtrerespecté et reconnu.

    La culpabilisation du corps social se trouve aucœur d’un discours désormais explicite. Le vi-lain terme d’« assistanat » se substitue à ceuxde solidarité et de générosité. Quant à la petite

    La tentation « décliniste » mèneà la désespérance, à l’impasse,

    mais aussi au culte de l’homme providentiel. Elle est à la fois

    malsaine pour l’équilibre desinstitutions républicaines, et 

    négative pour la capacité de la société à se projeter dans un

    avenir commun

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    musique sur la fraude sociale, inévitable maismarginale, elle vise à dissimuler l’absence to-tale de réflexion sur le fléau bien réel de lafraude fiscale et le maintien des niches fiscales,qui altèrent pourtant la progressivité de l’im-pôt.

    La France ne peut se réduire à une mise en

    équation « néolibérale ». Le projet de Mon-sieur Fillon n’est pas un projet de rassemble-ment pour le pays, mais un risque dedéchirure sociale et politique dans une sociétédéjà en proie à la crise so-ciale. Son récit se confondavec celui de la revanchesociale, et du dogme éco-

    nomique ultralibéral qui aprovoqué les mêmes dé-gâts sous toutes les lati-tudes. Il vise, in fine, à faireaccepter la dilution del’ambition républicaine etde sa devise - liberté, éga-lité, fraternité -, dans unelogique où le marché et laloi des oligarchies primentsur tout. Avec un tel récit,la discrimination par l’ar-gent supplante l’égalité desdroits. La culpabilisation sesubstitue à l’émancipationcitoyenne, la défiance à laconfiance.Ce programme conduirait aussi au plongeondans la déflation, à un moment où ce risquemortifère pour les équilibres économiques etl’anticipation vertueuse des acteurs n’est plus

    écarté, ni en France ni en Europe. Chacun saitque la baisse des salaires induite par l’aug-

    mentation de la durée hebdomadaire du tra-vail conduirait à la déflation et à un surcroit dechômage. Chacun redoute également qu’unediminution drastique des dépenses publiquesn’assèche l’activité, ne réduise les commandespubliques, ne fragilise et n’affaiblisse la visibi-

    lité des plus modestes et des producteurs. Lamise en cause du droit du travail, couplée avecle mépris affiché du dialogue social et descorps intermédiaires ferait de l’entreprise uncadre de non droit et d’arbitraire.La France n’a pas besoin de cette purge

    « néolibérale ». Elle abeaucoup mieux àfaire, dans le champsocial, comme dans

    celui de la démocra-tie. Elle peut aussi sedispenser d’un récitpolitique fondé sur la défiance vis-à-visdu monde salariéqui représente, dés-ormais, l’immensemajorité du mondedu travail.Notre pays a uneculture, une histoire,un destin. Celui-ci nepeut se résumer à larecherche d’un tauxde profit à courtterme et, pour 

    quelques-uns, à un compte d’exploitationéchappant à toute transparence et toutcontrôle, sans âme et sans perspective collec-tive.

    M.B.

    En fait, nous sommes en présence d’une démarche à la

     fois cohérente et destructrice,visant à présenter le salarié

    comme un coût, et non commeun citoyen, le chômeur comme

    un coupable,, et non commeune victime, la démocratie

     sociale comme un temps perduet non comme une chance au

     service d’une dynamiqueéconomique partagée, le pauvre

    comme un handicap, et noncomme être respecté et reconnu.

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    En 2002, vous avez publié un essai,« Le rappel à l'ordre, enquête sur lesnouveaux réactionnaires ». Le constat que vous dressiez alors vaut-il toujourstreize ans plus tard ? 

    Non seulement, je persiste et signe, mais jeconstate que le phénomène a amplifié. L’exem-ple qui avait suscité le plus de remous et quim’avait valu alors des ennuis, est celui d’AlainFinkielkraut qui, depuis, a radicalisé son dis-cours. Dans une récente interview, il a même ré-vélé qu’il n’était plus de gauche, ce qui a le mérite

    d’être clair. Sur la question de « l’identité malheu-reuse », il a gagné, d’ailleurs, le statut d’un idéo-logue de droite, voire même d’extrême droite.

     Je me flatte également d’avoir signalé, à l’époque,l’évolution d’un Alain Soral qui n’était pas ouver-

    tement national-socialiste, comme il peut l’êtreaujourd’hui. Mais, un certain nombre de thèmes

    qu’il développait, il y a une quinzaine d’années,lui valaient déjà de s ’exprimer au nom du prolé-tariat français, humilié, certes, mais de couleur blanche…Aujourd’hui, il suffit de consulter n’importe quelmédia pour s’apercevoir que ce phénomène estau centre des débats, en France.

    Qui sont les nouveaux réactionnaires,en 2015 ? 

    Ils n’ont pas forcément une conscience claire deleur évolution. Je ne serai pas très original en ci-tant Michel Onfray qui, il y a peu, était anarchiste,libertaire, athée et radical. En dépit de ses déné-gations, il défend, aujourd’hui, le modèle de l’Oc-

    Daniel Lindenberg…… historien des idées et professeur en sciences politiques, a publié, en 2002, un essai, « Lerappel à l'ordre, enquête sur les nouveaux réactionnaires » Il est professeur de Sciences

    politiques à l'Université Paris VIII et conseiller à la direction de la revue Esprit . Il est membre,par ailleurs, du comité de rédaction de la revue Mil neuf cent , à vocation historique.

     « L’intelligentsia d’aujourd’huiest tétanisée ! »

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    cident et de la civilisation chrétienne, estimantmême que l’immigration est une blessure ànotre identité.Le 20 octobre prochain, à la Mutualité, Mariane,qui est devenue le quartier général des nou-veaux réactionnaires, organise un meeting au-

    tour du même Michel Onfray qui convoque,pour l’occasion, ses soutiens. Comme s’il étaitvictime d’une chasse aux sorcières. Pour le reste,rien n’a changé. Ce sont toujours les mêmesnoms qui nourrissent l’actualité, à commencer par Michel Finkielkraut, Pierre-André Taguieff,Eric Zemmour, Michel Houellebecq, ou biend’autres encore qui avancent plus masqués. Celafait maintenant des années qu’ils se réfèrent auxmêmes thèmes sur l’école, la démocratie ou le

    Front national qui, selon eux, exprime une ran-cœur légitime des classes populaires, mépriséespar les élites.Un certain nombre d’in-tellectuels dérivent versles positions qui sontcelles de l’extrême droite,en recourant à un voca-bulaire – droit de l’hom-misme, pensée unique…- proche de celui du FNou de la Nouvelle Droite.Nous ne sommes ce-pendant plus dans lamême situation qu’en2002. À l’époque, l’acces-sion de Jean-Marie LePen au deuxième tour de l’élection présiden-tielle était un accident.Ce qu’on ne peut plus

    dire aujourd’hui, alorsque le FN se retrouve aux portes du pouvoir ré-gional. Ces dérives entrainent forcément ceuxqui s’y livrent dans le champ magnétique du FN.Bertrand Dutheil de la Rochère, qui compteparmi les dirigeants notoires du rassemblementBleu Marine, a lancé un appel aux intellectuelsde gauche, qu’il estime trahis par leurs diri-geants et leurs partis politiques. Il les enjoint derejoindre le FN, érigé en adversaire de la pensée

    unique. S’il le fait, c’est qu’il a entrevu une brècheouverte par Jacques Sapir, qui s’est prononcé, ré-cemment, pour un front de libération nationale,qui inclurait, en particulier, le FN de Marine Le

    Pen, totalement dédiabolisé. Il prône le rassem-blement des adversaires du système, de l’Eu-rope et du libéralisme culturel. Ceci va de pair avec le modèle de société incarné par Vladimir Poutine, dont l’antiaméricanisme et la défensede l’identité séduisent les extrémistes de tout

    bord. Nous sommes donc dans une situation oùl’extrême droite, prétendument postfasciste, ac-cepte le jeu démocratique et, surtout, défendl’identité contre l’islam, laissant clairement lesconsidérations antisémites à Alain Soral. Il s’agitlà d’un phénomène politique qui, en sus du dé-sarroi des intellectuels de gauche, aura des inci-dences sur la prochaine élection présidentielle.

    Nombreux sont ceux, parmi les néo-

    réactionnaires, qui s’en prennent à laculture de masse, à la société métisséeet à une certainevision de Mai 68, sur 

     fond de critique del’islam et destigmatisation desmusulmans. Assiste-t-on à une régressiondémocratique, sousl’effet d’une penséecontre-

    révolutionnaire,raciste et résolument anti-égalitariste ? 

    Oui. Deux extrêmesdroites coexistent, dansle paysage politique ac-tuel. Alain Soral est unpur fasciste, antisémitede surcroit, qui partageun certain nombre de

    thèmes avec les nou-veaux réactionnaires ou le FN. Mais, il s’en sé-pare, au motif qu’il n’est pas islamophobe. Il estmême islamophile, ce qui ne l’empêche nulle-ment, cependant, de s’opposer au métissage. Ilse présente comme un ami des musulmans, ense rapprochant très clairement d’un Dieudonné.Tant et si bien que sa clientèle se situe beaucoupplus du côté des zones sensibles que des beauxquartiers. Il a, en commun avec les nouveaux

    réactionnaires, la haine de la société ouverte. Cetespace où chacun peut développer une identitémondialisée, l’amour de la musique pop ourock, le mélange, le métissage comme idéal cul-

     « Nous sommes dans une situation où l’extrême droite, prétendument postfasciste,

    accepte le jeu démocratique et, surtout, défend l’identité contre

    l’islam, laissant clairement lesconsidérations antisémites à Alain Soral. Il s’agit là d’un

     phénomène politique qui, en susdu désarroi des intellectuels de

     gauche, aura des incidences sur la prochaine élection

     présidentielle. »

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    turel auquel il s’oppose, avec véhémence. Ceuxqui gravitent autour de lui font partie des nos-talgiques de l’ancien Front national, dont il a ététrès proche, avant de le quitter pour fonder sapropre boutique. Au fond, leur objectif est de re-venir aux « vraies valeurs » qui ne sont pas né-

    cessairement rattachées à nos racineschrétiennes.Ce positionnement permet à Marine Le Pen dese démarquer de cette frange de l’extrême droitequ’elle assimile volontiers à des « voyous » et des « racistes ». Ce qui n’empêche pas tous ces gens-là de se retrouver dans la rue, à l’occasion de lamanifestation du Mariage pour tous, contre lessocialistes et le peuple de gauche. C’était d’ail-leurs la première fois, depuis 1934, que l’ex-

    trême droite a pu occuper le pavé, et elle ne s’enest pas privée !

    Le déclinisme et lesouverainisme sont-ils devenus lanorme au sein denotre société ? 

    Le souverainisme gagnedu terrain tous les jours,dans tous les partis. LeFront de Gauche et Jean-Luc Mélenchon cèdent ai-sément à cette inclination.Chez les catégories les plusmodestes, son discours sé-duit. Quant au déclinisme,il a la faveur de nombreuxintellectuels, mais il n’a pasgrand-chose à voir aveccette « France qui tombe »

    que nous décrit Nicolas Ba-verez. Il ressemble aux vieilles théories de la dé-cadence, selon lesquelles l’Europe se laisse aller,la France abandonne ses valeurs traditionnelles.Comme le dit Alain Finkielkraut, qui a le sens dela formule, notre choix se limite au parti de l’ Au-tre, l’immigré, le musulman qui est une menacepour l’identité française, ou le parti du sursaut.Le déclinisme actuel indique son propre remède.La décadence est due, pour beaucoup, au phé-

    nomène migratoire, en lien avec l’islam. Ce quivaut à un Michel Onfray ou un Alain Finkiel-kraut, dont il vient d’être question, de défendrela civilisation chrétienne, sans pour autant êtrecroyants. Derrière ce discours, transparaît la

    théorie du « grand remplacement », défenduepar Renaud Camus. Un pays où la compositionethnique et religieuse change, est prêt à être as-servi. Ce que l’on trouve également dans leroman de Michel Houellebecq, Soumission.Qu’on le veuille ou non, cet auteur est probléma-

    tique, au même titre qu’un Céline, en son temps.

    La société française bascule-t-elle àdroite ? Les intellectuels virent-ils debord ? 

     Je ne le crois pas. Mais, ce qui m’inquiète, en tantque citoyen de gauche, c’est l’absence de réac-tion. Une minorité d’intellectuels s’engage dansla voie consistant à se référer à de veilles valeursde droite : défense de l’identité ethnique, réfé-

    rence à la hiérarchie, haine de Mai 68 et de la so-ciété ouverte, homophobie, islamophobie… Faceà ce constat, il y a cependant un phénomène de

    passivité ou d’aveuglementchez nombre d’intellectuelsou de journalistes quise montrent extrêmementcomplaisants ou se laissentduper. Il y a une dizained’années, nombre d’entreeux manifestaient dans lapresse de gauche, commeLe Monde, Libération, L’Obsou Marianne. Aujourd’hui,ils font amende honorableà un Finkielkraut, dont ilslouent le talent et la finesse.Ce sont les mêmes qui,dans les années 1930 van-taient les talents de poète etd’écrivain d’un Charles

    Maurras… C’est d’ailleurs cequi lui a valu d’être élu à l’Académie française,au même titre qu’un Finkielkraut. L’intelligentsiad’aujourd’hui est tétanisée ! Je constate, par exemple, qu’on n’a plus le droit de poser desquestions sur l’après Charlie. Comme s’il n’yavait pas de problème. Cet aveuglement me pa-raît plus dangereux que les discours de ceux quiavancent sans masque et qu’il nous faut criti-quer avec force et détermination. Il n’y a plus de

    tentative de penser sur le post-fascisme du Frontnational. Prenons garde, d’autant qu’un JacquesSapir n’est que l’avant-garde d’un mouvementsouverainiste qui ne cessera de s’affirmer, aunom de la défense de la France éternelle.

     « Comme le dit AlainFinkielkraut, qui a le sens de

    la formule, notre choix selimite au parti de l’Autre,

    l’immigré, le musulman qui

    est une menace pour l’identité française, ou le parti du

     sursaut. Le déclinisme actuelindique son propre remède.La décadence est due, pour beaucoup, au phénomène

    migratoire, en lien avec l’islam. »

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    Sur un autre plan, la pétition  « Touche pas àmon église », signée par Michel Onfray, est la tra-duction de la défense d’une identité chrétiennede la France par des non-croyants. Il s’agit là, trèsclairement, d’un marqueur politique discrimi-nant vis-à-vis des musulmans. Je remarque, par 

    ailleurs, qu’Eric Zemmour a vendu Le suicide français à 500 000 exemplaires, alors qu’il est,lui aussi, l’auteur d’un brûlot antimusulman,anti-gauche et contre-révolutionnaire. Ceci est

    très grave. Ne faudrait-il pas que les jeunes gé-nérations se lèvent pour contester ces écrits ? Ilnous faut également réfléchir à l’héritage de laRévolution française et des Lumières. Il existebien une inquiétude civique qu’il faudrait soule-ver contre ces problèmes, en apportant des ré-

    ponses claires.

    Propos recueillis par Bruno Tranchant

     Morano : un dérapage

     lourd de sensDans une tribune publiée dans Le Figaro du 28septembre, Laurent Bouvet revient sur la polé-mique déclenchée par Nadine Morano sur leplateau d’On n’est pas couché, le 26 septembredernier. Sa dernière saillie sur la France qu'elleassimile à  « un pays de racines judéo-chré-tiennes (…) de race blanche », démontre, s’il enétait besoin, une « dérive de l’espace public versdes considérations de plus en plus ouvertement 

    identitaires », estime le directeur de l’Observa-toire de la vie politique (OVIPOL).Ces propos sont la traduction d’un recul del’idéal républicain, sur fond de remise en causedu lien social et du  « vivre-ensemble », estime,par ailleurs, l’auteur de L’Insécurité culturelle(Fayard). « C’est l’idée même d’une France tout àla fois Etat, peuple et nation, d’abord et avant 

    tout politique, appuyée sur une histoire longue,

     faite d’apports multiples et orientée vers un pro-

     jet à la fois émancipateur et unificateur, au-delàde toutes les différences qui la composent, qui

    est en train de se défaire sous nos yeux », pour-suit le politologue.Cette vision d’une prétendue « pureté raciale oucivilisationnelle de la France », propre à l’extrêmedroite, traduit une dérive de la droite et, de ma-nière plus surprenante, de l’extrême gauche,

    au nom d’une « vision diversitaire voire commu-nautarisée de la société, c’est-à-dire repliée sur 

    des identités particulières, celles de minorités

     (…) dont la discrimination justifierait l’abandon

    de tout universalisme et même de tout espoir 

    d’émancipation par l’appartenance même à une

     société commune. » S’ensuit le rejet du métis-sage et de l’intégration qui conduit très directe-ment à la remise en cause d’un  « commun » « Or, et c’est là l’essentiel, seul un tel dépassement 

    des différences particulières dans l’espace public 

    autorise la défense, la garantie et même l’épa-

    nouissement de celles-ci dans l’espace privé » ,souligne Laurent Bouvet. Seul moyen, veut-ilcroire, de « déployer à la fois l’individu libre et émancipé, et le citoyen à part entière. » Et de lut-ter efficacement tout ce qui peut s’opposer aucombat pour la solidarité et contre les inégalités.À force de frapper tous azimuts sans se soucier 

    des conséquences de ses propos, Nadine Mo-rano, dans les pas de Nicolas Sarkozy, finit par casser les codes de notre tradition républicaine,en attisant sciemment l’intolérance et en se fai-sant inconsciemment l’alliée - oserions-nousdire l’« idiote utile » - de Marine Le Pen

    B.T.

  • 8/20/2019 Regards sur les droites n° 64

    9/18NOTE DE VEILLE ET RIPOSTE SUR LA SITUATION DE LA DROITE ET DE L’EXTRÊME-DROITE 9

    Partir de très haut, dès le premier tour ! Pierre deSaintignon sait de quoi il parle. Face à desconcurrents LR et FN qui broutent sur lesmêmes terres, le candidat socialiste aux élec-tions régionales dans le Nord-Pas-de-Calais-Pi-cardie - 6 millions d’habitants, 4 millionsd’électeurs, un budget de 3 milliards d’euros - en-tend faire le plein des voix, au soir du 6 décem-bre, pour ne pas céder un pouce au champ desextrêmes. Entre un Xavier Bertrand qui a réussil’alliance de son parti, de l’UDI et du Modem, etune Marine Le Pen, qui justifie de sa notoriétépour prendre date, en prévision de la présiden-tielle, la marge est étroite.Le premier rode ses discours autour de sesthèmes de prédilection : travail, enseignement,apprentissage, entreprises, cantine scolaire(cf. article ci-après). La seconde fait de la préfé-

    rence régionale, de l’économique, du social et dela fermeture des frontières ses axes prioritaires.Tous deux se complaisent dans une critiquesans concession de l’équipe sortante, taxée delaxisme. Et lorsque Bertrand prétend insuffler une dynamique nouvelle  « par le travail », « contre l’assistanat », tout en prônant la réduc-tion des charges patronales et en affichant safermeté face à l’Angleterre sur l’immigration, laseconde emprunte aux mêmes registres. Ce qui

    lui vaut, au détour d’une phrase, de tacler sévè-rement celui qu’elle considère comme son ad-versaire direct, en l’accusant de « singer le FN ».De l’aveu de la conseillère régionale sortante, la

    campagne de l’ex-ministre du Travail  « patine sec ».

    Grosses ficèles. À chacune de ses sorties, Ber-trand entonne le même couplet. À coup de sail-lies. Le travail est  « notre valeur commune » ,confie-t-il ainsi à ceux qui pourraient en douter.Le constat vaut pour l’autorité, qu’il entend réta-blir au plus vite, ou bien encore l’agriculture, enfriche, prétend-il, et « laissée entre les mains destechnocrates ». Pour complaire à un publicanxieux et dissiper ses craintes, il égrènequelques recettes, visant à lutter contre l’insécu-rité et l’afflux massif des réfugiés dans le Dun-kerquois. « Ces gens-là ne respectent pas noslois. Ils doivent être sanctionnés et reconduits,assène-t-il. Je veux de l'efficacité et de l'autorité, plus de laxisme. » Il refuse, d’ailleurs, de les ac-

    cueillir dans sa propre ville de Saint-Quentin(Aisne), dont il est le député-maire. Dans une ré-gion sous tension, en raison de la situation ca-laisienne, et dans laquelle la tentation du voteFN est forte, la question est sensible. Durant l’été,il n’a cessé, d’ailleurs, de dénoncer la politiquegouvernementale, en matière d’immigration.Dans le Calaisis, pour commencer ; à l’échelle eu-ropéenne et internationale, ensuite, en référenceà la gestion des migrants au départ de Libye. Op-

    posé à la politique des quotas, il en arrive à sedistinguer de plusieurs de ses collègues LR qui,de Jean-Pierre Raffarin à Alain Juppé, en passantpar Nathalie Kosciusko-Morizet et François

     Spécial régionales…

    En prévision des élection régionales (6-13 décembre), la rédaction de Regards sur les droites consacre une série de reportages aux territoires les plus

    exposés, politiquement, au danger frontiste et à la montée de la droite forte.Deuxième destination, la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où Marine LePen et Xavier Bertrand déclinent leurs thèmes de campagne, en recourant aumême terreau idéologique.

     Bertrand-Le Pen : cherchez les

    différences ! 

  • 8/20/2019 Regards sur les droites n° 64

    10/1810 NOTE DE VEILLE ET RIPOSTE SUR LA SITUATION DE LA DROITE ET DE L’EXTRÊME-DROITE

    Fillon, estiment que la France doit accueillir celles et ceux qui fuient les combats et les persé-cutions. « Pour retrouver notre crédibilité, nousdevons dire les choses sans prendre de gants,

     sans faux-semblants, clame-t-il. L'eau tiède, ce

    n'est bon ni à boire, ni pour la douche. Moi, je suis un rond qui dit des choses carrées et je

     peux vous assurer que cela permet d'attirer l'at-

    tention. » (Le Figaro, 9 septembre).Au gré de ses interventions, l’ex-secrétaire géné-ral de l’UMP (2008-2010) sur-joue le sentimentd’exaspération, attise les peurs. Recette éculée àlaquelle son opposante frontiste et ses affidés re-courent de longue date. Les yeux rivés sur lessondages, Bertrand se raccroche au terrain, mi-

    sant, pour l’essentiel, sur une campagne ultra-droitière. Le recentragen’est pas d’actualité. L’ob-

     jectif est de combattre leFN sur les valeurs qui luisont propres, afin de drai-ner, dès le premier tour,les voix des « égarés » etoccuper ainsi l’une desdeux premières places,au soir du premier tour.Pour ce faire, il s’emploieà instrumentaliser la co-lère et la misère, dès lorsque la situation le luipermet. S’en prend au PSqu’il accuse d’avoir trahison électorat. Les yeux rivés sur les sondages,il refuse, naturellement – comment s’en éton-ner ? –, toute perspective de front républicain.

    Le contraste est saisissant avec un Pierre deSaintignon qui se concentre, pour sa part, sur la politique de solidarité, l’emploi des jeunes, lepacte de responsabilité ou la santé, en s’ap-puyant sur un bilan dont nul ne saurait contes-ter le bien-fondé.

    Recettes éculées. « Il y a des partis que l'on n’a

     pas essayés donc pourquoi ne pas les essayer »,confie au micro de France 3 le client d'un mar-

    ché lensois, ce jour de septembre. Marine Le Pense pense en terrain conquis. Les sondages l’an-noncent devant, dès le premier tour, alors qu’ellevient à peine de débuter sa campagne. Un com-

    ble pour celle qui a annoncé qu’en cas de vic-toire, elle ne présiderait pas l’exécutif ! Mais,qu’importe, au fond. Entre une droite, qui a faitle choix de la surenchère pour élargir le spectrede son électorat, et la présidente du FN, le duel

    risque de tourner court, et à l’avantage de la filledu patriarche.Le contexte politique - situation des migrants àCalais, flux massifs de réfugiés, débat sur le ren-forcement des contrôles aux frontières… - lui pa-raît propice. Toutefois, elle ne rendra sonprogramme public que fin octobre, en secontentant de faire quelques annonces. ÀAmiens, le 21 septembre, elle affirme ainsi vou-loir imposer des critères sociaux et environne-

    mentaux dans lesmarchés publics, ce quefont déjà nombre d’élussocialistes. Elle entendégalement supprimer les subventions al-louées aux entreprisesqui ne créent pas d’em-ploi – ce que fait l’exécu-tif régional depuisdix-sept ans ! -, favoriser la vente directe pour rapprocher les agricul-teurs des consomma-teurs et l’économiecirculaire. Là non plus,rien de nouveau à l’hori-zon. Mais qu’importe !

    Au détour d’une phrase, elle promet de couper les vivres aux « associations d’aide aux clandes-tins », dans une région où près de 4 000 réfugiés

    vivent dans des camps. Succès garanti ! Enfin,elle jure ses grands dieux de stopper net les fer-metures de gares en milieu rural et de créer desmaisons médicales dans les zones reculées. Ceque font les régions, depuis près de dix ans, viala création des Maisons de santé pluridiscipli-naires (MSP), dont le gouvernement entend gé-néraliser le principe à l’ensemble du territoire.Au fond, Marine Le Pen est en rodage. Son hori-zon va bien au-delà des échéances régionales.

    Elle se prépare pour 2017, au même titre qu’unXavier Bertrand qui a les yeux rivés sur les pri-maires de son parti. Quand à ses préconisations,elles sont bien connues. La préférence nationale,

    Les yeux rivés sur les sondages,Bertrand se raccroche au terrain,misant, pour l’essentiel, sur une

    campagne ultra-droitière. Lerecentrage n’est pas d’actualité.L’objectif est de combattre le FN

     sur les valeurs qui lui sont 

     propres, afin de drainer, dès le premier tour, les voix des « égarés » et occuper ainsi l’une des deux 

     premières places, au soirdu premier tour.

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    11/18NOTE DE VEILLE ET RIPOSTE SUR LA SITUATION DE LA DROITE ET DE L’EXTRÊME-DROITE 11

    pour commencer, qui figure au cœur de sespriorités. Dans le viseur, le migrant. Les Françaisseraient ainsi prioritaires pour l’attribution d'em-plois, de logements et d’aides sociales. Les allo-cations familiales seraient, pour leur part

    réservées aux familles dont un parent au moinsest français ou européen. Ce genre de référencerappelle de très mauvais souvenirs et, en parti-culier, ceux de l’Occupation. Marine Le Pen recy-cle ainsi les fondamentaux politiques de sonpère : au bout du compte, ce sont bien les Fran-çais, et eux seuls, qui devraient avoir accès au lo-gement, aux retraites, à l’emploi et aux aidessociales. Evincer les immigrés de la protectionsociale, ce serait aussi les exclure de son finan-

    cement, ce qui appauvrirait le système, dans saglobalité. Car, contrairement à ce qu’elle affirme,la contribution nette des étrangers présents enFrance, en situation régulière, au budget publicest nettement positive : 12 milliards d’euros,selon une étude réalisée, en 2010, par un labo-ratoire indépendant de l’Université… de Lille ! Çane s’invente pas.La « préférence nationale » tient lieu de pro-gramme en matière d’emploi, de logement, desanté, de politique sociale et familiale. Or, ellerenvoie immanquablement à une logique derepli xénophobe et d’inégalité des droits. Ceconcept, pour perfide qu’il soit, est la matriced’une politique nationaliste. Mais, qu’importe !Dans une région où les réfugiés se font de plusen plus nombreux, le discours porte.

    Mensonges et manipulation. Et, si cela ne suffi-sait pas, elle se fait la porte-parole des « petits »et des « sans grade » auxquels elle promet la fin

    de l’ultralibéralisme, en renforçant le protection-nisme aux frontières, aujourd’hui menacées par les vagues migratoires et le laxisme britan-nique… Les Anglais ont bon dos !Son leitmotiv : en finir avec l’euro et mettre enplace un protectionnisme raisonné pour sauver les PME et les emplois, dans le Nord-Pas-de-Ca-lais-Picardie et dans le reste du pays. Sous cou-vert de protectionnisme, une telle décision auraitun coût économique et social élevé, particulière-

    ment pour les classes populaires et moyennes,qu’elle prétend pourtant défendre. Or, la mon-naie unique évite l’instabilité monétaire et mu-tualise les risques, notamment pour des pays

    qui connaissent un déficit extérieur important,ce qui est encore le cas de la France, depuis unequinzaine d’années. En dépit d’une réelle ab-sence de pilotage économique, l’euro a empêchéles devises nationales de s’affronter par des dé-

    valuations « compétitives » dangereuses pour les entreprises et les salariés, comme ce fut le caspar le passé.Grâce à l’euro, l’inflation se stabilise à moins de1 % l’an, depuis 2010, contre 10 % environ dansles années 1980. Sans compter que l’existencede la monnaie unique permet aux particuliers etaux entreprises locales et régionales de bénéfi-cier de taux d’intérêts particulièrement bas, touten facilitant le recours au crédit pour les PME-

    TPE et en réduisant le coût de la charge dela dette. Le retour du franc signifierait le « détri-cotage » de l’Europe, et donc l’avènement denationalismes politiques et économiques des-tructeurs pour les peuples, et dangereux pour lapaix.Un scénario catastrophe auquel Pierre de Sain-tignon refuse de céder. Le candidat socialisten’oublie pas, par ailleurs, que, pendant des dé-cennies, le FN n’a eu de cesse de critiquer lesfonctionnaires et les services publics. En 2007,

     Jean-Marie Le Pen souhaitait ainsi que l’arméeintervienne pour empêcher les grèves. En 2012,dans un courrier, sa fille, elle-même, osait pré-tendre être à l’écoute des salariés du secteur pu-blic. Les catégories populaires ont bon dos !Au-delà, le programme du mouvement d’ex-trême droite a toujours été, jusqu’à une date ré-cente, d’inspiration ultralibérale, allant même

     jusqu’à revendiquer la suppression des cotisa-tions sociales, la liberté totale d’entreprendre et

    la fin des contraintes administratives et fiscalespour les entreprises.Aujourd’hui, le discours de Marine Le Pen prendcette vision à revers, au nom d’un  « anticapita-lisme » présumé. Comment ne pas voir là unesupercherie, à visée électoraliste ?  « Pour construire une Région utile, les partis de la

     gauche ont une impérieuse nécessité à se ras-

     sembler ! », martèle Pierre de Saintignon. Au- jourd’hui, sans doute, plus qu’hier pour 

    poursuivre l’œuvre entreprise par Daniel Perche-ron et son équipe.

    Bruno Tranchant

  • 8/20/2019 Regards sur les droites n° 64

    12/1812 NOTE DE VEILLE ET RIPOSTE SUR LA SITUATION DE LA DROITE ET DE L’EXTRÊME-DROITE

    Quelle est la situation politique, àdroite, dans l'Oise, à moins de cent 

     jours du premier tour des électionsrégionales ? 

    La droite départementale n'a eu de cesse quede tout casser, dès son arrivée à la tête du dé-partement. Brigade anti-fraude, RSA, suppres-sion de tous les renforts – notamment, lesservices sociaux -, arrêt de la politique cultu-relle - 40 % du budget du musée départemen-tal, arrêt de chantiers importants pour ledépartement, en particulier sur des liaisonsroutières majeures, alors que le nombre demorts sur les routes a été très élevé, cet été. Letout, avec une complicité assumée et affichéedu FN local.

    Quels thèmes le candidat du parti Les

    Républicains met-il en avant dans sacampagne ? 

    La sécurité, l’armement des polices munici-pales, la vidéo-surveillance, le travail, l'emploi,la chasse aux fraudeurs. Sur tous ces thèmes,comme sur d’autres, Xavier Bertrand n'a decesse de courir après le FN.

    Comment la candidate FN, MarineLe Pen, se prépare-t-elle à cette

    échéance ? Quelles thématiques met-elle en exergue ? 

    Elle ne s'y prépare pas, la seule chose qui l'in-téresse c'est d'utiliser la région Nord-Pas-de-

    Calais-Picardie et ses habitants comme d’unerampe de lancement pour la présidentielle. Ellesurfe uniquement sur le rejet de l'autre et laquestion des réfugiés – qu’elle désigne commeles « migrants-étrangers » - qui reste sonthème de prédilection.À titre anecdotique, je signale, d’ailleurs, quemême sur la question des marchés publics,elle déclare vouloir faire la chasse à l'étranger ! Elle nationalise les débats, mais refuse, pour-tant, de débattre avec les candidats sur France3 Picardie. Elle ne pointe que les problèmes,sans amorcer la moindre proposition de solu-tion, si ce n'est le repli sur soi-même.

    Comment le Parti socialiste prépare-t-il la riposte ? Comment les militants

    se déploient-ils sur le terrain ? Nous concentrons le tir sur les actions portéespar la Région, depuis onze ans. Notre bilan estpositif, il faut nous en servir pour convaincrela population du bienfondé des politiques quenous menons localement. Pour cela, nousnous appuyons sur des référents territoriaux,et prenons part à toutes les manifestations, enmobilisant nos militants. Il est important qu’ilssoient présents sur le terrain. Enfin, un calen-

    drier de campagne colle au plus près des évé-nements.

    Propos recueillis par B.T.

    Béatrice Lejeuneest Première fédérale et tête de liste

    dans l’Oise.

    « Dans l’Oise, la droite n'a eu de cesse

    que de tout casser »

    POINT DE VUE

  • 8/20/2019 Regards sur les droites n° 64

    13/18NOTE DE VEILLE ET RIPOSTE SUR LA SITUATION DE LA DROITE ET DE L’EXTRÊME-DROITE 13

     À quelques semaines des échéancesrégionales, quelle est la situation

     politique, à droite, dans le Pas-de-Calais ? 

    La situation du Pas-de-Calais est identique, entout point, à celle qui prévaut à l’échelle régio-nale. En clair, les partis de droite dits républi-cains tombent dans le piège tendu l’extrêmedroite. Depuis le début de l’été, Xavier Bertrandrecourt ainsi aux idées propres à Marine LePen. Sur la question des réfugiés, il se livreainsi à une véritable surenchère idéologiqueavec le FN. Et lorsque les gens du voyage ontbloqué l’autoroute A1, il n’a eu de cesse de

    souffler sur les braises.Le Pas-de-Calais s’inscrit, aujourd’hui, dansune ligne où la convergence des populismestend à s’imposer au sein des droites. Avec unparadoxe assez fort. Si la gauche éprouve desdifficultés à se rassembler, ses adversaires -MoDem, UDI, Les Républicains (LR) - se réunis-sent sans difficulté majeure dans le cadre desrégionales, alors que sur le fond, les diffé-rences sont sensibles. Nous avons beaucoup

    plus de convergences avec les formations degauche et les écologistes que les trois partis dedroite réunis. Prenons la posture vis-à-vis del’extrême droite. Qui y a-t-il de commun, sur ce

    point, entre la position d’une Valérie Létard, sé-natrice du Nord et ancienne secrétaire d'État,sous la présidence de Nicolas Sarkozy, qui sedit totalement en phase avec Xavier Bertrand,et Natacha Bouchar, sénatrice-maire de Calaiset tête de liste aux départementales, qui justifieson engagement en portant le fer contre l’ex-trême droite ? Ce, alors même qu’aux électionsdépartementales, la droite a fait perdre auParti socialiste un canton, en maintenant soncandidat à l’issue du premier tour.Nous devons rappeler, avec force, que la droitea renoncé à l’intérêt général et aux valeurs dela République. Sous couvert de pragmatisme

    électoraliste, elle est prête à tout.

    L’objectif au fond, est de s’attirer les grâces de l’électorat frontiste. Ce jeu est politiquement dangereux pour ladroite. Ne s’expose-t-elle pas, à terme,à un risque d’explosion ? 

    C’est à nous de pointer ces contradictions per-manentes qui interviennent sur des sujets quifigurent très clairement au centre de l’engage-

    ment des droites. Nous devons le souligner etapporter des réponses politiques aux difficul-tés auxquelles nos concitoyens se retrouventconfrontés.

     Yann CapetPremier fédéral et députéde la 7ème circonscription

    du Pas-de-Calais.

    « Le Pas-de-Calais s’inscrit dans une ligne où laconvergence des populismes tend à s’imposer

    au sein des droites »

    Témoignage

  • 8/20/2019 Regards sur les droites n° 64

    14/1814 NOTE DE VEILLE ET RIPOSTE SUR LA SITUATION DE LA DROITE ET DE L’EXTRÊME-DROITE

    Marine Le Pen capitalise sur cette absence depositionnement clair, sans pour autant occu-per l’espace médiatique que Xavier Bertrandtente, bon mal an de s’approprier…Elle n’a pas besoin de bouger. Dès lors que Xa-vier Bertrand chasse sur les terres de l’extrême

    droite, il fait clairement le jeu de la présidentedu FN. Les sondages d’opinion sont, de cepoint de vue, particulièrement significatifs. Lecandidat LR n’imprime pas ! Et plus il recourtau discours frontiste, plus le score de la candi-date FN est élevé. Il a d’ailleurs perdu plusieurspoints, depuis le début de l’été, face à une Ma-rine Le Pen qui s’affirme jour après jour.

    Quelles réponses politiques les

    socialistes calaisiens peuvent-ilsapporter pour convaincre l’électorat de ne pas céder aux sirènes de ladroite extrême et de l’extrême droite ? 

    Nous ne devons surtout pas tomber dans

    l’écueil de l’obsession frontiste. En nous focali-sant sur Marine Le Pen, nous prendrions lerisque de faire sa campagne, malgré son ab-sence physique. Il nous faut surtout reconqué-rir les classes populaires, en leur adressant desmessages simples et clairs, au plus près du ter-

    rain. Le tout, en nous concentrant sur leurspréoccupations quotidiennes, en occupant leterrain et en évitant le piège de la dénonciationqui est certes nécessaire, mais insuffisante auregard de nos objectifs réels. Il nous faut re-nouer les liens avec la gauche populaire, enprenant appui sur notre réseau de militants etd’élus. Surtout, nous devons convaincre lesélecteurs qui se réfugient dans l’abstention ouqui peuvent être tentés par la radicalité, de

    notre capacité d’apporter des réponses deproximité, dans la simplicité. Tel doit être notresouci majeur, le leitmotiv de cette campagne.

    Propos recueillis par B.T.

  • 8/20/2019 Regards sur les droites n° 64

    15/18NOTE DE VEILLE ET RIPOSTE SUR LA SITUATION DE LA DROITE ET DE L’EXTRÊME-DROITE 15

     « Le FN nous agresse véritablement, depuisplusieurs mois, par une campagne d’affichageincessante. J’en suis venu à diminuer le nom-bre de panneaux publics dans ma ville, au de-meurant trop nombreux, sur lesquels lesmilitants frontistes collaient leurs affiches, nuitet jour. Aujourd’hui, ils vont jusqu’à distribuer des tracts devant les écoles publiques et béné-ficient d’une étonnante force de frappe. Tout estbon pour valoriser leurs candidats. Je constate,par ailleurs, que ces élections locales revêtentclairement un caractère national.

     J’ai été réélu maire, l’an dernier, pour un cin-quième mandat. Je l’ai emporté dès le premier tour, mais mon adversaire FN a recueilliquelque 28 % des voix, créant ainsi un précé-

    dent. Aux départementales, j’ai à nouveauréussi à contenir le représentant de ce parti,mais avec difficulté. Dans une commune voi-sine, il a obtenu 52 % des suffrages. Ce qui dé-montre qu’il y a une véritable attirance pour lediscours frontiste, derrière lequel transparaîtla personnalité de Marine Le Pen, qui fédère

    beaucoup de voix autour de son nom. Notrerôle est de briser cette dynamique.Comment expliquer ce phénomène ? Par untaux de chômage supérieur à la moyenne na-tionale. Ajoutez-y la crise économique et so-ciale, la peur suscitée par les images desmigrants en Europe, et vous avez tous les in-grédients d’un vote FN élevé. Quant à Xavier Bertrand, il chasse sur les mêmes terres. Mais,à choisir, l’électeur privilégiera toujours l’origi-nal à la copie…Dans ce contexte, Pierre de Saintignon fait unebonne campagne de terrain. Et nous nous bat-trons à ses côtés. C’est un homme compétent,et il nous faut convaincre nos concitoyensqu’un sursaut est indispensable face au dan-

    ger que font peser la droite extrême et l’ex-trême droite, pour conserver la Région. Ce,d’autant plus que le bilan de l’équipe sortanteest excellent. À nous d’en convaincre les élec-teurs ! »

    Propos recueillis par B.T.

    Roméo GamazzoMaire de Fort-Mardyck (Nord, 3 605

    hab.), située dans le canton Dunkerque1 où le Front national a réalisé l’un deses résultats les plus spectaculaires, à

    l’échelle de la région.

    « Briser la dynamique FN ! »

     Verbatim

  • 8/20/2019 Regards sur les droites n° 64

    16/1816 NOTE DE VEILLE ET RIPOSTE SUR LA SITUATION DE LA DROITE ET DE L’EXTRÊME-DROITE

    Xavier Bertrand ne cesse de répéter qu’il en-tend mettre la région au travail. Comme si rienn’avait été fait sous les précédentes manda-tures. Arpentant de long en large le territoire, ilmultiplie, depuis plusieurs semaines, les pro-vocations, s’érigeant en candidat de « ceux quibossent ou veulent bosser ». Les préoccupa-tions des gens, « c’est le boulot, les transports,

    le logement, la sécurité, assène-t-il. C’est sur cesthèmes que je veux agir ». Tour d’horizon despropositions de la tête de liste LR aux régio-nales, en matière d’emploi, de transports et desécurité.

    • Travail : ce terme, il en use et en abusecomme un mantra. « Notre région au travail »est d’ailleurs son slogan de campagne. « Toutedépense engagée par le conseil régional doit 

    avoir une seule finalité : le travail. » En ciblant,plus particulièrement, les PME, TPE, libéraux,commerçants et artisans qui embauchent.Il prend également l’engagement que  « tout  jeune qui fera une demande de contrat d’ap-

     prentissage devra s’en voir proposer un. »

     « Nous serons au service de ceux qui travail-

    lent, qui ont travaillé, qui offrent du travail ou

    qui veulent travailler », clame haut et fort l'an-cien ministre de Nicolas Sarkozy. Gare aux

     « assistés » , aux « profiteurs » et à ceux qui vi-vent des allocations de chômage.L’information de Xavier Bertrand sur les ac-tions menées par le Conseil régional, dans cedomaine, est très partielle, parce que partiale.En dépit d’une situation économique difficile,la Région a déployé une énergie considérabledans le domaine de l’emploi, en visant plusparticulièrement les jeunes et le tissu des PME-PMI. Elle a obtenu, en particulier, en lien avec

    Lille Métropole, le label Métropole French Tech,dont l’objectif est de faire du pays un vaste ac-célérateur de start-urps : un réseau dequelques écosystèmes attractifs, qui concen-

    trent tous les ingrédients - culture entrepre-neuriale, talents, maîtrise technologique, fi-nancement… - répondant aux besoins desstart-ups françaises, des investisseurs et destalents étrangers.Pour sortir de la crise, le conseil régional a dé-cidé de faire du territoire un acteur à part en-tière de la « troisième révolution industrielle ».

    Un nouveau modèle de développement est enmarche. Efficacité énergétique, développementet stockage des énergies renouvelables, ré-seaux intelligents, mobilité durable, économiecirculaire… Autant de leviers qui devraient per-mettre d’insuffler un nouvel élan économique,en créant de nouveaux emploi et en préser-vant l’environnement. Une initiative dontXavier Bertrand n’a visiblement pas eu vent !Et qui a pourtant le mérite de mettre en syner-gies les acteurs du monde associatif, du sec-teur associatif, social et solidaire. Lesentreprises de la région ont pris de l’avance etde nouveaux projets émergent chaque se-maine, au profit de l’innovation.Ajoutons qu’en lien avec les départements duNord et du Pas de Calais, le Conseil régional ainitié un vaste chantier pour amener le Trèshaut débit sur l’ensemble des territoires, à tousles secteurs d’activités économiques et so-ciales, en direction des habitants. Par souci

    d’égalité territoriale, et d’accès des citoyens à laconnaissance, à la formation, aux services pu-blics et privés. Pour les entreprises, il s’agit d’unfacteur d'attractivité et d'efficacité.Enfin, l’État et la Région Nord-Pas de Calais ontlancé officiellement un appel à projets com-mun, « Initiative pour l’Emploi des Jeunes » (IEJ),en vue de favoriser et de massifier les actionsd’accompagnement à l’emploi et à la formationpour les jeunes du territoire régional, au-

     jourd’hui sans solution. Ce dispositif s’adresseaux opérateurs de la formation et du suivi des jeunes (associations, organismes de formation,missions locales, collectivités territoriales...).

     Les grosses ficelles de Xavier  Bertrand 

  • 8/20/2019 Regards sur les droites n° 64

    17/18NOTE DE VEILLE ET RIPOSTE SUR LA SITUATION DE LA DROITE ET DE L’EXTRÊME-DROITE 17

    De son côté, Pierre de Saintignon a proposé lamise en place d’un plan de développementtrès puissant de l’emploi public et privé, en lienavec les acteurs économiques et sociaux.

    • Transports, sécurité. Xavier Bertrand pro-pose la création d’une police régionale destransports et l’équipement en caméras devideo-surveillance « dans l’ensemble destrains et des gares ». La thématique sécuritairelui offre surtout l’opportunité de s’attirer lesgrâces d’un électorat proche du FN.A la présidence du conseil régional, Daniel Per-cheron a témoigné d'un goût prononcé pour 

    l'aménagement du territoire et les transports.Il s'est imprégné d'idées nouvelles à l'étranger et innové : il a lancé, en particulier, les lignes detrains régionaux à grande vitesse (TER-GV), ré-gionalisé les ports, lancé avant l'heure ungrand emprunt... et amorcé le virage de l' »éco-nomie résidentielle » (culture, sports, tou-risme...), dans une région de traditionindustrielle.

    L’exploitation, par le candidat LR , du thème sé-curitaire, dans les transports, vient à propos àl’heure où la situation calaisienne est devenueun enjeu électoral, sur fond de surenchèresavec Marine Le Pen. La solution préconisée par 

    l’intéressé – ouvrir les frontières et laisser lesmigrants partir en Angleterre – n’est que dé-magogie. Les amis de Xavier Bertrandn’avaient-ils pas poussé des cris d’orfraielorsque Matteo Renzi, chef du gouvernementitalien, avait proposé la même chose entre laFrance et l’Italie, en juin 2014, pour protester contre l’inaction de l’Union européenne ? YannCapet, Premier fédéral du Pas-de-Calais, et dé-puté du Calaisis, l’a répété à plusieurs reprises

    : seuls le travail de tous et l’humanité permet-tront de résorber la crise, et non des discoursvisant à attiser la peur et la haine de l’étranger,sur fond de récupération politicienne.

    B.T.

  • 8/20/2019 Regards sur les droites n° 64

    18/18

     Le numéro de ce mois-ci consacre un dossier spécial aux défis et  problèmes auxquels se confronte la Conférence mondiale sur le cli- mat, la COP 21, qui se réunira à Paris, fin novembre. À lire !