Réfugiés reconnus au Luxembourg : Quelle intégration ?

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Etude Caritas

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Réfugiés reconnus au Luxembourg : Quelle intégration ?

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Réfugiés reconnus au Luxembourg : Quelle intégration ?

J’apprends avec plaisir la parution de l’étude intitulée « Réfugiés reconnus au Luxembourg : quelle intégration » réalisée par la Fon-dation Caritas Luxembourg en collaboration avec le Centre d’étu-de et de formation interculturelles et sociales (CEFIS).

Au cours des 20 dernières années, le Luxembourg a accueilli plus de 20.000 demandeurs de protection internationale, dont un cer-tain nombre s’est vu reconnaître le statut de réfugié, soit en ap-plication de la Convention de Genève, soit au titre de la protection subsidiaire.

Ces réfugiés, à l’instar des citoyens de l’Union européenne, ont droit à un certain nombre de prérogatives, dont le revenu minimum garanti, diverses prestations sociales et des aides à l’intégration. Dans un premier temps, ces aides permettent aux réfugiés et à leurs familles de s’installer au Luxembourg et d’y organiser leur vie sociétale. Pourtant, ces aides ne sauraient être un aboutissement, mais plutôt une première étape d’un processus complexe aux di-mensions juridiques, économiques, sociales et culturelles distinc-tes mais liées entre elles. Souvent, l’acquisition de la nationalité du pays d’accueil est l’aboutissement de ce processus.

Je suis convaincue que seule une connaissance approfondie du parcours d’intégration des réfugiés dans notre pays, avec ses op-portunités et ses limites, permettra de sensibiliser et d’interpeller tant la population que les décideurs politiques sur la question et les droits des réfugiés.

Ce n’est pas mince affaire que de réaliser une étude sur un sujet aussi sensible.

Il convient donc de féliciter les auteurs pour s’être occupés de la situation particulière des réfugiés reconnus et des difficultés aux-quelles ils font face pour trouver les mécanismes et moyens ap-propriés facilitant leur intégration au Luxembourg.

Marie–Josée JACOBSMinistre de la Famille et de l’Intégration

PREFACE

PRÉFACE

INTRODUCTION

PARTIE 1. OBJECTIFS, CONCEPTS CLÉS DE L’ÉTUDE ET POLITIQUE D’ASILE

PARTIE 2. ENQUETE QUANTITATIVE

PA RTIE 3. ENQUETE QUALITATIVE

PARTIE 4. CONCLUSION

BIBLIOGRAHIE

ANNEXES

Réfugiés reconnus au Luxembourg: Quelle intégration ?Publication éditée par la Fondation Caritas Luxembourg / Recherche et Développement, en collaboration avec le Centre d’étude et de formation interculturelles et sociales (CEFIS),parue dans le cadre d’un hors-série « ReD » du CEFIS.

ISBN 978-2-919974-12-2

Equipe de rédaction : Charles BERRANG et Nathalie GEORGES (Caritas), Annick JACOBS (CEFIS)Collaboration : Marie-Christine WIRION, Nonna SEHOVIC et Sita MAAS (Caritas) Sylvain BESCH et Dominique VON LEIPZIG (CEFIS)

L’étude « Réfugiés reconnus au Luxembourg : Quelle intégration » a été réalisée dans le cadre d’un projet cofinancé par le Fonds européen pour les réfugiés (FER) et l’Office Luxembourgeois de l’Accueil et de l’Intégration (OLAI).

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INTRODUCTION

6

La Fondation Caritas Luxembourg, sur l’initiative de son service Solidarité et Intégration, a réalisé une étude intitulée « Réfugiés reconnus au Luxembourg : Quelle intégration ? » en collaboration avec le Centre d’Etude et de Formation Interculturelle et Sociale (CEFIS).

Il s’agit d’une étude exploratoire menée sur le processus d’inté-gration au Luxembourg des personnes ayant obtenu le statut de réfugié au sens de la Convention de Genève, depuis l’an 2000 à 2009. Il s’agit de cerner au mieux la situation actuelle des réfugiés reconnus et d’en dégager des facteurs et processus liés à leur in-tégration dans la société luxembourgeoise. Une telle étude n’avait pas encore été réalisée au Luxembourg.

Cette étude se divise en deux parties : une enquête quantitative et une autre qualitative. L’enquête quantitative est basée sur un questionnaire envoyé à 330 personnes faisant partie du public ci-ble. 89 individus ont répondu au questionnaire.

L’enquête qualitative est fondée sur des entretiens individuels appro-fondis semi-directifs. Néanmoins les enquêteurs disposaient d’une grille d’entretien afin de vérifier si tous les thèmes souhaités étaient abordés et le cas échéant pouvoir revenir sur les thèmes non abordés par l’interviewé lors de son récit. 16 entretiens ont été effectués.

La situation des réfugiés reconnus est très spécifique. Les person-nes arrivant au Luxembourg en tant que demandeurs de protection internationale sont prises en charge dès leur arrivée. Elles sont sui-vies par plusieurs administrations et/ou associations tout au long de la procédure. Elles sont logées, nourries, et le cas échéant elles sont suivies médicalement.

L’obtention du statut de réfugié reconnu modifie beaucoup de choses pour les personnes concernées. D’après la législation in-ternationale et nationale en vigueur, les refugiés reconnus doivent alors être traités d’une manière au moins aussi favorable que les citoyens nationaux. Dans un délai assez court, il leur est demandé de quitter cette prise en charge spécifique aux demandeurs de pro-tection internationale et d’être autonomes. Afin de leur garantir des revenus de survie, un assistant social leur prépare les documents nécessaires à l’obtention du revenu minimum garanti (RMG). Ils ont accès à des formations financées par l’Administration de l’em-ploi (ADEM) comme tout autre citoyen luxembourgeois.

Introduction · 7

Les refugiés reconnus sont aussi confrontés à des problèmes récur-rents lors des démarches à entreprendre une fois le statut obtenu. Bénéficiaires du RMG, il leur est souvent difficile de trouver un lo-gement. Les propriétaires sont réticents à louer un logement à une personne qui a comme rémunération le RMG. Les bénéficiaires du RMG sont assimilés à des « cas sociaux » et la situation spécifique des refugiés reconnus est méconnue par les propriétaires privés.

L’entrée sur le premier marché du travail n’est pas une chose aisée pour les refugiés reconnus. Une partie de cette population a effec-tué des formations et obtenu des diplômes, parfois d’un niveau élevé, dans le pays d’origine. Or même si la reconnaissance de ces diplômes au Luxembourg est obtenue, il est fréquent que des personnes qualifiées soient obligées d’effectuer des emplois à basse qualification et à faible revenu. Certains sont dirigés vers les différentes mesures de mise au travail proposées par l’ADEM et le Fonds national de solidarité (FNS). Ces mesures temporaires ne correspondent que rarement aux attentes des réfugiés reconnus et ne leur procurent pas la stabilité souhaitée.

La langue reste également un problème fréquent dans la vie quo-tidienne du public cible et constitue un frein important pour leur progression. Ce problème est plus difficile à surmonter pour les personnes déjà âgées ou profondément déstabilisées. L’appren-tissage d’une nouvelle langue peut être aussi un véritable blocage pour l’acquisition de la nationalité du pays d’accueil.

La question qui se pose est de savoir comment le public cible réa-git face à toutes ces difficultés et autant d’obstacles non énumé-rés dans la description de la situation. D’où l’intérêt de cette étude portant sur les réfugiés reconnus pour analyser leur situation et les mécanismes liés à leur intégration, noter en parallèle les stratégies adoptées pour contourner ces freins, les défis relevés, mais aussi les moyens existants utilisés pour favoriser leur intégration.

Le projet « Réfugiés reconnus au Luxembourg : quelle intégration ? » est cofinancé par l’Office luxembourgeois de l’accueil et de l’inté-gration (OLAI) et par le Fonds européen pour les réfugiés (FER).

Merci aux personnes qui ont permis la réalisation de ce rapport : aux réfugiés qui ont répondu au questionnaire, à ceux qui ont ac-cepté de participer aux entretiens et aux professionnels du secteur social qui nous ont soutenus durant la durée de notre travail.

L’équipe de rédaction

PARTIE 1OBJECTIFS, CONCEPTS CLÉS DE

L’ÉTUDE ET POLITIQUE D’ASILE

10

I. ObjectIf de l’étude

L’objectif général de notre travail est d’étudier le niveau d’intégration des réfugiés reconnus ayant obtenu leur statut au Luxembourg dans les années 2000 afin d’en dégager des pistes pour améliorer leur intégration dans le pays. Plus précisément, cette étude vise à identifier, au travers des parcours de vie des réfugiés reconnus, les facteurs facilitant ou freinant le processus d’in-tégration dans la société d’accueil. Il sera donc question d’analyser la situation actuelle de cette population en matière d’emploi, de scolarisation, de formation, de logement, de vie relationnelle et socioculturelle et, finalement, de porter un regard sur les liens d’appartenance et d’identifica-tion qui pourraient éventuellement avoir été créés et développés avec le pays d’accueil.

II. cOncepts clés

1. Réfugié : Le terme de réfugié, tel que défini par la Convention de Genève1 s’applique à toute personne « craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, de fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n’a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle à la suite de tels événements, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner ».

Si cette crainte s’avère fondée et que la personne a suivi la procédure légale, le pays d’accueil peut donner droit d’asile à la personne, qui obtient de ce fait le statut de réfugié reconnu.

Si le droit international reconnaît le droit à la protection internationale, il n’oblige pas un pays à l’accorder.

La présente étude se limite aux personnes qui se voient accorder le statut de réfugié et qui de ce fait, disposent d’un statut et d’un droit de séjour au Luxembourg.

2. Intégration :Cette partie se base sur l’analyse et la définition du concept de l’intégration proposée par le CEFIS dans le cadre de sa recherche sur l’intégration au Luxembourg2. Dans leur étude, les chercheurs du CEFIS ont tenté dans un premier temps de cerner les contours scientifiques et politiques de la notion d’intégration et de comprendre ce qu’elle recouvrait afin de pouvoir en parler et même la mesurer. Au terme d’une étude approfondie du sujet, le CEFIS a été en me-sure de proposer la définition suivante :

« L’intégration peut être définie provisoirement comme :Un processus :• mais sans qu’il y ait une fin à l’intégration (selon une procédure incluant un « input » et une arrivée « output ») à la différence donc du concept d’intégration dans les sciences naturelles ;

1 Article 1er de la Convention de Genève du 28 juillet 1951. 2 Centre d’Etude et de Formation Interculturelles et Sociales (CEFIS) : L’intégration au Luxembourg. Indicateurs et dynamiques sociales. Luxembourg, 2011.

Partie 1. Objectifs, concepts clés de l’étude et politique d’asile · 11

…dynamique :• les cultures ne sont pas statiques ni monolithiques ; il y a acculturation, transformation, héritage et bricolage culturel ;…complexe :• l’intégration est diverse car elle dépend les institutions et des politiques d’accueil, des possibilités d’interaction avec la société d’accueil (et donc de réciprocité) et de l’histoire différente de chaque migrant ;…d’insertion et de participation individuelles et collectives ;• …dans les structures économique, sociale et politique du pays d’accueil. »• 3.

Cette définition se veut large et peut s’appliquer à tous les environnements et tous les contex-tes politiques et sociaux. Partant de cette logique, les chercheurs du CEFIS vont plus loin et tentent de préciser de quelle intégration on parle. Comment va se décliner concrètement cette définition de l’intégration au Grand-Duché ? La sphère politique luxembourgeoise souhaite favoriser davantage la cohésion sociale plutôt que des sociétés parallèles. Selon l’exposé des motifs du projet de loi sur l’accueil et l’intégration des étrangers (exposé des motifs), la politique d’intégration doit permettre :

à chaque membre de la société de développer son potentiel social, économique, politi-• que et culturel,un brassage entre les individus, solidaires les uns des autres car partageant les mêmes • valeurs et ayant mutuellement des obligations mais aussi des droits,la naissance auprès de la communauté étrangère d’un sentiment d’appartenance à la • société luxembourgeoise,la naissance dans la société d’un sentiment de confiance mutuelle et d’enrichissement • réciproque entre autochtones et allochtones.

L’intégration, un processus réciproque qui couvre plusieurs dimensions : économique, so-cial, politique, culturel.4

Parallèlement à ces exposés de motif dans l’avant-projet de loi, le Conseil Economique et So-cial évoque plusieurs dimensions de l’intégration :

culturelle : l’étranger fournit des efforts d’adaptation aux règles et valeurs de la société •d’accueil ;socio-économiques et politiques : la société d’accueil doit offrir aux étrangers un em-•ploi, une habitation et une éducation tout en tenant compte de la diversité socio-cultu-relle de la société.

III. QuelQues repères sur le cadre légal de la pOlItIQue d’asIle

Dans les conclusions du Conseil européen extraordinaire de Tampere du 15 et 16 octobre 1999 sont définies les grandes orientations de la politique européenne d’asile. Les Etats membres de l’Union européenne sont invités « à avancer vers un régime d’asile européen commun, ce qui va au-delà des objectifs fixés par le traité d’Amsterdam lui-même, qui ne prévoit que l’élaboration de normes minimales »5.

3 CEFIS (2011), op.cit., p. 14. 4 CEFIS (2011), op.cit., p. 15.5 Rapport d’information déposé par la délégation de l’assemblée nationale pour l’Union européenne sur la politique européenne d’asile et présenté par Thierry Mariani. p. 25.

12

C’est de 1999 à 2005 que l’Union européenne a adopté diverses mesures visant à rapprocher les législations des pays européens dans le domaine de l’asile. Un véritable programme légis-latif a vu le jour. Il s’agit de la première phase du développement du régime d’asile européen commun.

Le programme de La Haye qui date de novembre 2004 fait suite au programme de Tampere. Il se fixe comme objectif de préparer la deuxième phase lors de laquelle une procédure commune et un statut uniforme devraient être définis. Ce programme est confirmé dans ses grandes li-gnes par le programme de Stockholm de 2009.

La politique d’asile luxembourgeoise comprend plusieurs dimensions :1) la procédure d’examen des demandes de protection internationale2) l’accueil des demandeurs de protection internationale3) le statut et les droits des bénéficiaires de la protection internationale.

Elle est réglementée par divers instruments internationaux ainsi que par la loi modifiée du 5 mai 2006 relative au droit d’asile et à des formes complémentaires de protection6.

La Convention de Genève du 28 juillet 1951 a été approuvée par la loi du 20 mai 1953. Cette Convention fixe la définition du réfugié, ses obligations et ses droits. En 1967, le protocole de New York, approuvé par règlement grand-ducal du 6 janvier 1971, donne une portée réellement universelle à la Convention7.

Le règlement de Dublin II8 du 18 février 2003, d’application directe, vise à déterminer l’Etat res-ponsable d’une demande d’asile pour éviter le dépôt d’une multiplicité de demandes d’asile.

La loi du 5 mai 2006 a transposé en droit national les 4 directives suivantes :La directive « protection temporaire »1) 9

qui crée une protection spécifique en cas d’afflux massif de personnes. Il faut tout de même préciser que l’accord d’une protection temporaire ne va pas de pair avec l’octroi du statut de réfugié.La directive « accueil »2) 10

qui définit les standards minimaux d’accueil (notamment dans les domaines du loge-ment, de l’éducation et de la santé) pour les demandeurs de protection internationale.

6 Loi modifiée du 5 mai 2006 relative au droit d’asile et à des formes complémentaires de protection (Mém. A – 78 du 9 mai 2006, p. 1402). Texte coordonné au 25 juillet 2011.7En supprimant dans la définition toute référence aux événements survenus avant le 1er janvier 1951. 8Règlement (CE) n°343/2003 du Conseil du 18 février 2003 établissant les critères et mécanismes de détermination de l’État mem-bre responsable de l’examen d’une demande d’asile présentée dans l’un des États membres par un ressortissant d’un pays tiers.9Directive 2001/55/CE du Conseil, du 20 juillet 2001, relative à des normes minimales pour l’octroi d’une protection temporaire en cas d’afflux massif de personnes déplacées et à des mesures tendant à assurer un équilibre entre les efforts consentis par les États membres pour accueillir ces personnes et supporter les conséquences de cet accueil.10Directive 2003/9/CE du Conseil du 27 janvier 2003 relative à des normes minimales pour l’accueil des demandeurs d’asile dans les États membres.

Partie 1. Objectifs, concepts clés de l’étude et politique d’asile · 13

La directive « qualification »3) 11 qui détermine les normes minimales qu’une personne doit remplir pour pouvoir préten-

dre au statut de réfugié selon la Convention de Genève de 1951 ou au statut de protec-tion subsidiaire. La directive « procédure »4) 12

qui fixe les normes minimales concernant la procédure d’examen des demandes de protection internationale.

La loi du 5 mai 2006 a apporté plusieurs changements fondamentaux au niveau du droit d’asile au Luxembourg :

Elle comble un vide juridique en instaurant à côté du statut de réfugié un statut complémen-taire, le statut de protection subsidiaire.

Elle définit les droits des « réfugiés reconnus » selon la Convention de Genève et des bénéficiai-res de la protection subsidiaire.

Elle institue un guichet unique conduisant à une seule procédure permettant d’examiner une demande de protection internationale d’abord selon les critères de la définition du statut de réfugié (selon la Convention de Genève), puis selon les critères de la définition de la protec-tion subsidiaire.

Elle apporte quelques garanties supplémentaires au niveau de l’examen de la demande d’asile.

Elle innove en reprenant des dispositions de la directive qualification (articles 9 et 10 et 15) qui ne laissent plus l’entière appréciation des faits et de leur interprétation à la discrétion du ministre compétent et des juridictions administratives en matière des conditions à remplir (définitions des notions de persécution, des motifs de persécution, de la notion d’atteinte grave) pour se voir reconnaître le statut. Ainsi, les différentes instances sont désormais obli-gées d’appliquer les critères ainsi retenus ou de suivre les lignes conductrices pour apprécier la pertinence d’une demande.

Elle prévoit sous certaines conditions un accès au marché de l’emploi pour les demandeurs de protection internationale si au bout de 9 mois après le dépôt de sa demande, la personne n’a pas encore reçu de réponse à sa demande.

Il revient au ministre qui a l’immigration en ses compétences d’enregistrer, de traiter et de sta-tuer sur les demandes de protection internationale. Les différentes étapes d’une demande de protection internationale, depuis l’introduction de la demande jusqu’à la décision finale, sont schématisées par la suite.

11Directive 2004/83/CE du Conseil du 29 avril 2004 concernant les normes minimales relatives aux conditions que doivent remplir les ressortissants des pays tiers ou les apatrides pour pouvoir prétendre au statut de réfugié ou les personnes qui, pour d’autres raisons, ont besoin d’une protection internationale, et relatives au contenu de ces statuts.12Directive 2005/85/CE du Conseil du 1er décembre 2005 relative à des normes minimales concernant la procédure d’octroi et de retrait du statut de réfugié dans les États membres. Entretemps, il y a eu une refonte de cette directive : Directive 2011/95/UE du Parlement européen et du Conseil du 13 décembre 2011.

14

Dépôt de la demande de protection internationale - à la frontière - à l’intérieur du pays

Tout demandeur de protection internationale, (…), peut présenter sa demande,

soit à la frontière, soit à l’intérieur du pays.

(art.6§1)

Examen de la demandeLe ministre ayant l’asile dans ses attributions ... est compétent

pour enregistrer et traiter les demandes de protection internationaleet de protection temporaire ainsi que pour statuer sur celles-ci. (art.3)

- un autre pays est responsable de la demande (Dublin) Si, en vertu d’engagements internationaux auxquels le Luxembourg est partie, un autre pays estresponsable de l’examen de la demande, le ministre surseoit à statuer sur la demande jusqu’à la

décision du pays responsable sur la prise respectivement reprise en charge. (art.15)

- toute demande :

Toute demande de protection internationale de la part d’un citoyen de l’Union européenne est irrecevable.

(art.16§1)

Le ministre considérera comme irrecevable la demande de protection internationale d’une personneà laquelle le statut de réfugié ou de protection internationale ont été dé nitivement refusés ou d’une

personne qui a explicitement ou implicitement retiré sa demande de protection internationale....

Recours devant le tribunal administratif - Recours en annulation

- Tribunal statue dans un délai d’un mois - Pas d’appel

Demande irrecevable

La décision d’irrecevabilité vaut décision de retour. (art.16§10)

La décision d’irrecevabilité sera prise au plus tard dans un délai de deux mois à partir de l’introduction

de la demande de protection internationale.

(art.16§8)

si

Loi modifiée du 5 mai 2006 reLative au droit d’asiLe

et à des formes compLémentaires de protection

(texte coordonné)

Partie 1. Objectifs, concepts clés de l’étude et politique d’asile · 15

Dépôt de la demande de protection internationale

- à la frontière

- à l’intérieur du paysTout demandeur de protection internationale, (…), peut présenter sa demande,

soit à la frontière, soit à l’intérieur du pays.

(art.6§1)

Examen de la demandeLe ministre ayant l’asile dans ses attributions ... est compétent

pour enregistrer et traiter les demandes de protection internationaleet de protection temporaire ainsi que pour statuer sur celles-ci. (art.3)

Demande recevable

Le ministre statue sur le bien-fondé de la demande .... (art.19§1 et art.20§1)

Procédure accélérée(art.20)

Rejet

Réformation de la décisiondans un délai de 2 mois

Con rmation de la décision dans un délai de 2 mois

Procédure normale(art.19)

Octroi protection internationaleRejet

Réformation de la décision ministérielle-> Octroi du statut

Con rmation de la décision

Réformation de la décisionOctroi statut

Rejet de la demande

Recours devant le Tribunal administratif - - Recours doit être introduit dans un délai d’un mois - Délai de recours et recours ont un e et suspensif

Recours devant le Tribunal administratif - - Recours doit être introduit dans un délai de 15 jours - Délai de recours et recours ont un e et suspensif

Appel devant la Cour administrative - - Appel doit être introduit dans un délai d’un mois - Délai d’appel et appel ont un e et suspensif

Loi modifiée du 5 mai 2006 reLative au droit d’asiLe

et à des formes compLémentaires de protection

(texte coordonné)

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L’accueil des demandeurs de protection internationale revient à l’Office luxembourgeois de l’accueil et de l’intégration (OLAI), administration dépendant du ministre de la famille et de l’in-tégration.Chaque personne ayant déposé une demande de protection internationale a droit à une aide sociale13 qui comporte différentes prestations dont l’hébergement, les soins médicaux, les moyens de transport public …

Trois règlements grand-ducaux sont basés sur la loi modifiée du 5 mai 2006 relative au droit d’asile et à des formes complémentaires de protection :

1) Règlement grand-ducal du 21 juillet 2006 déterminant les conditions dans lesquelles les demandeurs de protection internationale ont accès à la formation prévue à l’article 14 de la loi du 5 mai 2006 relative au droit d’asile et à des formes complémentaires de protection14.

2) Règlement grand-ducal du 8 juin 2012 fixant les conditions et modalités d’octroi d’une aide sociale aux demandeurs de protection internationale15.

3) Règlement grand-ducal du 21 décembre 2007 fixant une liste de pays d’origine sûrs au sens de la loi modifiée du 5 mai 2006 relative au droit d’asile et à des formes complé-mentaires de protection16. Ce règlement grand-ducal a été modifié par règlement grand-ducal du 1er avril 201117.

les statuts retenus en matIère de prOtectIOn InternatIOnale

La loi modifiée du 5 mai 2006 fournit quelques définitions importantes.

Demandeur de protection internationale• Est considérée comme demandeur de protection internationale la personne qui introduit une demande pour « obtenir le statut de réfugié ou le statut conféré par la protection subsidiaire ».

Réfugié• Est considéré comme réfugié « tout ressortissant d’un pays tiers qui, parce qu’il craint avec raison d’être persécuté du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de ses opinions po-litiques ou de son appartenance à un certain groupe social, se trouve hors du pays dont il a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ou tout apatride qui, se trouvant pour les raisons susmentionnées hors du pays dans le-quel il avait sa résidence habituelle, ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut y retourner ».

Bénéficiaire du statut de protection subsidiaire• Certaines personnes peuvent prétendre au statut conféré par la protection subsidiaire. Est concerné par ce statut tout ressortissant de pays tiers « …qui ne peut être considéré comme un réfugié, mais pour lequel il y a des motifs sérieux et avérés de croire que la personne concer-

13 Aide sociale suivant les modalités fixées dans le règlement grand-ducal du 8 juin 2012 fixant les conditions et les modalités d’octroi d’une aide sociale aux demandeurs de protection internationale.14 Mémorial A N° 131 du 31 juillet 2006. p. 2243.15 Mémorial A N° 123 du 20 juin 2012. p. 1586.16 Mémorial A N°245 du 31 décembre 2007. p. 4541.17 Mémorial A N°67 du 11 avril 2011. p. 1116.

Partie 1. Objectifs, concepts clés de l’étude et politique d’asile · 17

née, si elle était renvoyée dans son pays d’origine ou, dans le cas d’un apatride, dans le pays dans lequel il avait sa résidence habituelle, courrait un risque réel de subir les atteintes graves (…) et cette personne ne pouvant pas ou, compte tenu de ce risque, n’étant pas disposée à se prévaloir de la protection de ce pays ».

Bénéficiaire du statut de protection temporaire• Une protection temporaire peut être octroyée/accordée à des personnes en situation d’afflux massif. Cette protection est instaurée par « une procédure de caractère exceptionnel assurant, en cas d’afflux massif ou d’afflux massif imminent de personnes déplacées en provenance de pays tiers qui ne peuvent rentrer dans leur pays d’origine, une protection immédiate et tempo-raire à ces personnes, notamment si le système d’asile risque également de ne pouvoir traiter cet afflux sans provoquer d’effets contraires à son bon fonctionnement, dans l’intérêt des per-sonnes concernées et celui des autres personnes demandant une protection ».

PARTIE 2ENQUÊTE QUANTITATIVE

20

Le but de l’enquête quantitative est de dresser le profil socio-économique de la population-ci-ble et d’apprécier sur base de certains indicateurs, le bien-être subjectif des réfugiés reconnus au Luxembourg. Elle est basée sur un questionnaire écrit qui avait comme objectif de rassem-bler un maximum d’informations en vue de pouvoir apprécier le profil des personnes et leur si-tuation concernant les facteurs socio-démographiques (sexe, âge), la vie familiale, le logement, l’emploi, la connaissance linguistique, le parcours scolaire, les relations sociales, l’intérêt pour la politique, l’image de soi. Il était conçu sur base de questions fermées en laissant, pour un certain nombre de questions, la possibilité aux personnes de choisir entre différentes options (items) correspondant à leur situation.

L’analyse quantitative est structurée en parties thématiques afin de faciliter une compréhension de la situation du réfugié.

Un volet éducation et formation était inclus dans le questionnaire envoyé aux personnes. Mal-heureusement, les données recueillies sur ce volet sont incomplètes et peu fiables, de ce fait aucune analyse sur ce sujet n’est présentée dans cette partie.

699 individus ayant obtenu le statut de réfugié entre 2000 et 2009 ont été recensés lors de la phase identificatoire. Ce chiffre englobe les adultes et les enfants. Un échantillon de 500 per-sonnes a ensuite été sélectionné afin d’être en conformité avec l’autorisation de la Commission de protection des données (CNPD). Les adresses de 467 personnes ont pu être retrouvées grâce à l’aide de l’Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS). Il a été décidé de n’envoyer qu’un questionnaire par famille. Une exception a néanmoins été faite pour les familles ayant un ou plu-sieurs enfants majeurs dans le ménage. Dans ce cas de figure, un questionnaire a été adressé à l’un des parents et un autre a été envoyé à l’un des enfants majeurs. Il s’agit d’une minorité de cas. Une fois ce tri effectué, il restait 330 personnes concernées par l’envoi d’un questionnaire. Celui-ci était disponible en cinq langues : allemande, anglaise, arabe, française et serbe.

L’analyse quantitative se base donc sur les résultats du questionnaire envoyé à un échantillon de 330 personnes. 89 questionnaires complétés et exploitables ont été récoltés, ce qui donne un taux de réponse de 27%.

Comme les données ne sont pas collectées sur l’ensemble de la population concernée mais sur un échantillon, il faut que le nombre de réponses à l’enquête corresponde à une certaine taille, afin de pouvoir faire les extrapolations statistiques sur l’ensemble de la population tout en respectant le seuil de confiance de 95% avec un risque d’erreur de 5%.

Si tel n’est pas le cas, l’étude peut néanmoins révéler certaines tendances qui permettent d’éla-borer des hypothèses fondées pour des recherches ultérieures.

Les tableaux croisés qui sont présentés dans l’enquête quantitative ont tous été soumis au test du Khi218 et ont obtenu un résultat significatif. D’autres croisements ont été effectués, mais n’ont pas obtenu de résultat significatif. De ce fait ils ne sont pas présentés dans l’enquête.

18 Le test du Khi2 est un test statistique qui permet de faire une extrapolation à partir de certaines données vers une population ou de tester l’indépendance entre deux variables aléatoires.

Partie 2. Enquête quantitative · 21

I. descrIptIOn du publIc cIble

1. Sexe, nationalité et âge70,8% des répondants « adultes » au questionnaire sont des hommes et 29,2% des femmes. Il n’existe aucune ventilation selon le genre dans les statistiques publiées par le Ministère des Affaires étrangères concernant les obtentions du statut. Il est donc impossible de vérifier s’il existe une réelle surreprésentation d’hommes dans la population cible ou s’il s’agit d’une ca-ractéristique de l’échantillon des répondants. Il est à souligner que 18% des répondants ont obtenu la nationalité luxembourgeoise.

Graphique 1 : Le genre Graphique 2 : La nationalité

L’obtention de la nationalité luxembourgeoise est plus élevée auprès des femmes puisque 30,8% sont devenues luxembourgeoises alors que seulement 12,7% des hommes ont obtenu la nationalité du pays.

Graphique 3 : Le genre selon la nationalité

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Graphique 4 : répartition selon l’âge

La majorité des répondants sont âgés en-tre 25 et 49 ans, soit 74,2% au moment de la collecte des données. Il s’agit donc d’une population très concernée par la problématique de l’emploi. Seulement 10,1% des répondants ont un âge inférieur (ou égal) à 24 ans et supérieur (ou égal) à 65 ans, donc sont peu ou pas concernés directement par le monde du travail, sa-chant toutefois qu’il s’agit de données sur les adultes et non sur les enfants.

Graphique 5 : année d’arrivée au Luxembourg

La répartition des répondants selon l’an-née d’arrivée au Luxembourg est assez ho-mogène. Certains personnes sont arrivées avant l’année 2000, mais n’ont obtenue leur statut uniquement durant la période étudiée.

2. Situation familiale : état actuel et évolution depuis l’arrivéeLa situation familiale des personnes ayant répondu est un élément non négligeable dans la vie de tout individu. 32,9% vivent actuellement seuls contre 67,1% qui ont une vie de famille. Au total, 53,7% ont un ou plusieurs enfants à charge.

Partie 2. Enquête quantitative · 23

Graphique 6 : La situation de famille actuelle Graphique 7 : avoir des enfants à charge

La situation de famille actuelle n’est pas forcément identique à celle au moment de l’arrivée au Luxembourg. Certains réfugiés sont arrivés seuls, mais ont construit une famille au Luxem-bourg, d’autres sont arrivés accompagnés et se retrouvent seuls aujourd’hui. Nous observons que 49,4% des personnes sont arrivées seules au Luxembourg, dont 81,8% d’hommes.

Faut-il y voir un choix stratégique que de venir avec ou sans famille ? Venir seul peut faciliter la fuite, quitte à faire venir la famille par après, alors que fuir avec ses membres de famille peut être un poids difficile à gérer. Cette question reste à explorer.

Graphique 8 : situation au moment de l’arrivée Graphique 9 : La situation au moment de

l’arrivée selon le genre

Par ailleurs, comme évoqué ci-avant, l’évolution de la situation familiale peut aller dans le sens de la création d’une vie de famille ou de sa dissolution. 32,7% des personnes arrivées seules vivent actuellement en famille. Cela s’explique par le regroupement familial ou par la fondation d’une famille ici au Luxembourg. D’un autre côté, 22,2% des personnes arrivées accompa-gnées vivent actuellement seules. Cela peut s’expliquer notamment par le fait que les enfants ont quitté le foyer, par la séparation ou le divorce de certains couples, par le veuvage, …

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Graphique 10 : La situation de famille actuelle selon la situation au moment de l’arrivée

La famille au sens large du terme ne se ré-sume pas uniquement à un seul ménage, mais regroupe aussi d’autres personnes tels que des oncles, tantes, cousins et autres parents vivant dans d’autres mé-nages au Luxembourg. Sur le graphique suivant nous observons que 27,6% ont d’autres membres de leur famille (hors mé-nage) qui vivent au Luxembourg.

Graphique 11 : d’autres membres de la famille présents au Luxembourg

Parallèlement à la présence de membres de la famille au Luxembourg, il faut noter que 26% des personnes questionnées ont souvent des contacts avec leur famille dans le pays d’origine, contre 17% qui n’en ont aucun.

Graphique 12 : contacts avec la famille dans le pays d’origine

Partie 2. Enquête quantitative · 25

II. satIsfactIOn de la vIe au luxembOurg et sentIment d’appartenance

1. Satisfaction et envie d’aller vivre dans un autre paysNous avons voulu appréhender le regard des réfugiés reconnus sur leur intégration au Luxem-bourg et quelques aspects de leur bien-être subjectif. Des indicateurs relatifs au ressenti de leur vie au Luxembourg, à la satisfaction de leur vie actuelle au Luxembourg, au sentiment de chez soi au Luxembourg et à l’envie de rester au pays sont particulièrement intéressants à cet égard alors qu’elles peuvent contribuer à forger un sentiment d’appartenance au pays.

88% des personnes ayant reçu le statut de réfugié au Luxembourg déclarent être (très ou plu-tôt) satisfaites de leur vie au Luxembourg.

Graphique 13 : satisfaction de la vie actuelle au Luxembourg

Les liens que les réfugiés entretiennent à l’égard du Luxembourg sont confirmés par le résultat suivant : 82,4% affirment « se sentir comme chez soi au Luxembourg. »

Graphique 14 : se sentir comme chez soi au Luxembourg

La satisfaction de la vie au Luxembourg se reflète aussi dans l’envie (ou la nécessité) des ré-fugiés reconnus de rester au Luxembourg. Ainsi, 79% n’envisagent pas de quitter le pays et 15% envisagent éventuellement de le faire. Ce score élevé ne s’explique-t-il pas aussi par la condition du réfugié qui a été contraint de quitter son pays d’origine?

26

Ce résultat n’est pas sans rappeler aussi les résultats d’un sondage sur le vivre ensemble19 selon lesquels 77% des résidents étrangers du pays choisissaient le Luxembourg comme pays de prédilection.

L’envie de ne pas quitter le Luxembourg est beaucoup moins présente auprès des personnes arrivées seules que parmi les réfugiés accompagnés de membres de famille. 69,8% d’entre elles ne souhaitent pas quitter le Luxembourg et 23,3% souhaitent éventuellement le quitter, alors que pour les réfugiés accompagnés, ces scores se situent à respectivement 88,4% et 7%. L’avenir familial est clairement situé au Luxembourg.

Graphique 15 : envie d’aller vivre dans un autre pays

Graphique 16 : La situation au moment de l’arrivée selon l’envie d’aller vivre dans un autre pays

2. Définition du sentiment d’appartenanceNous avons élaboré un indicateur intégré « sentiment d’appartenance » sur base des réponses aux deux questions portant respectivement sur la satisfaction de la vie actuelle au Luxembourg et le sentiment de se sentir chez soi. Il paraît logique de noter qu’aucune des personnes ayant ce sentiment d’appartenance ne souhaite quitter le Luxembourg et à l’inverse, l’envie de rester au Luxembourg chute à 59,1% auprès des personnes n’éprouvant pas ou peu ce sentiment d’appartenance.

19 Sondage à l’occasion du 30e anniversaire de l ‘ASTI, TNS ILRES - ASTI, Novembre 2009. http://www.asti.lu/asti/prises-de-po-sition/sondage-tns-ilres-pour-lasti-en-2009/

Partie 2. Enquête quantitative · 27

Graphique 17 : Le sentiment d’appartenance

Graphique 18 : Le sentiment d’appartenance et l’envie d’aller vivre dans un autre pays

III. le lOgement

1. Position sur le marché du logementLe logement est un indicateur sur le plan économique, mais pas uniquement. Il renseigne aussi sur le mode de vie des personnes. On peut penser qu’une personne qui devient propriétaire de son logement au Luxembourg n’envisage pas de quitter le pays.

Dans notre population-cible, 8% des répondants sont propriétaires de leur logement et 92% en sont locataires.

Par la suite, nous allons étudier quelques facteurs qui sont en relation avec le senti-ment d’appartenance.

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Graphique 19 : propriétaire / locataire de son logement

A priori, ce taux de propriétaires paraît particulièrement faible alors qu’il est large-ment inférieur non seulement à celui ob-servé dans la population globale du pays mais aussi au taux de propriétaires obser-vé chez les résidents étrangers.

On trouve en général plus de locataires chez les étrangers que chez les Luxembourgeois, selon l’Observatoire de l’Habitat20. Les Luxembourgeois ne sont que 10% à payer un loyer, contre 29% de résidents étrangers. 67,5% des réfugiés louent auprès d’un propriétaire privé. Ce taux baisse à 59,6% auprès des individus vivant actuellement en famille. Les familles de réfugiés occupent plus souvent des logements à loyer modéré auprès d’organismes d’aide au logement.

Graphique 20 : types de propriétaire du logement

Graphique 21 : types de propriétaire du logement selon la situation de famille actuelle

20 Observatoire de l’Habitat : Quels choix de logement pour les résidents luxembourgeois et étrangers entre 2003 et 2009 ? La Note 16. Luxembourg, 2011.

Partie 2. Enquête quantitative · 29

2. Satisfaction concernant le logementLa satisfaction générale concernant les logements est assez élevée avec 75% de personnes satisfaites. Cela n’empêche pas des degrés d‘insatisfaction plus ou moins importants si les personnes se situent par rapport à des dimensions concrètes. Ainsi si la localisation du loge-ment rencontre 73,4% de personnes satisfaites, les proportions de personnes satisfaites chu-tent fortement si on considère le confort général (59,8%), la taille (56,8%), le prix (45,7%).

Graphique 22 : satisfaction en général du logement

Graphique 23 : satisfaction du prix, de la taille, du confort général et de la localisation du logement

La satisfaction sur les conditions de logement a un impact non négligeable sur le sentiment d’appartenance. Ainsi, 81,2% des personnes éprouvant le sentiment d’appartenance sont sa-tisfaites de leur logement en général, contre 56,3% des personnes n’affichant pas ou peu ce sentiment d’appartenance. Cette affirmation se vérifie avec la satisfaction par rapport à la taille et au confort général des logements. Nous n’avons pas constaté de lien significatif entre le sentiment d’appartenance et la satisfaction par rapport au prix du logement.

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Graphique 24 : Le sentiment d’appartenance selon la satisfaction en général du logement

Graphique 25 : Le sentiment d’appartenance selon la satisfaction de la taille du logement

Graphique 26 : Le sentiment d’appartenance selon la satisfaction du confort général du logement

Partie 2. Enquête quantitative · 31

Iv. le travaIl et les revenus

1. Le travailUne des questions centrales par rapport à l’intégration est celle de l’intégration professionnelle. Le travail occupe une place cruciale dans nos sociétés. Il n’est pas seulement source de reve-nus, mais peut aussi contribuer à l’équilibre psychologique, à l’épanouissement personnel et renforcer l’estime de soi. Le fait de ne pas travailler entraîne un processus de stigmatisation et de non-reconnaissance. Nous constatons que 70% des répondants ont une occupation, qu’il s’agisse d’un contrat à durée indéterminée (CDI), d’un contrat à durée déterminée (CDD), d’un emploi précaire21 ou d’une formation professionnelle. Parmi les réfugiés en situation professionnelle, 54,4% travaillent sous CDI. Rappelons que le Luxembourg se caractérise par le fait que le CDI est largement la forme de travail la plus répandue au Luxembourg la proportion de CDI est de 89% selon une étude22 du CEPS datant de 2006.

Graphique 27 : occupation Graphique 28 : type(s) d’occupation

Les personnes âgées entre 25 et 64 ans, donc les plus concernées par l’emploi, sont majo-ritairement occupées et atteignent des taux supérieurs à 70%. Concernant le taux d’occu-pation selon le genre, nous notons que 77,2% des hommes sont occupés contre seulement 52% des femmes.

Ce résultat doit sans doute être mis en rapport avec les facteurs socio-culturels, qui favorisent ou entravent l’accès à l’emploi. Une étude sur les demandeurs de protection internationale23 a fait apparaître l’impact de ces facteurs dans les plus ou moins grandes « chances » d’accéder à un emploi : « Le poids du rôle traditionnel dévolu aux femmes (et intériorisé par elles) dans bon nombre de sociétés traditionnelles et de la division sexuelle des tâches qui assigne à la femme les tâches ménagères et le rôle de concevoir et d’éduquer les enfants alors que le rôle de l’homme est d’assurer par le travail rémunéré, la survie matérielle de la famille, intervient certainement comme facteur explicatif. »

21 Par emploi précaire nous entendons un contrat intérimaire ou une mesure pour l’emploi de type « affectation temporaire indem-nisée (ATI) » ou « contrat d’appui emploi (CAE) ».22 Liegois, Philippe : Les contrats des salariés sont essentiellement à durée indéterminée, CEPS / INSTEAD, coll. Vivre au Luxem-bourg n°28. Luxembourg, 2006.23 L’accès à l’emploi et à l’apprentissage des demandeurs de protection internationale et bénéficiaires d’une attestation de tolé-rance, Rapport de recherche SESOPI-CI, CLAE, Luxembourg, 2010.

32

La situation familiale intervient aussi dans les plus ou moins grandes chances d’occuper un poste de travail, alors que 82,5% des personnes arrivées seules occupent un poste de travail contre 57,1% des personnes accompagnées de membres de famille.

Graphique 29 : L’occupation selon les classes d’âge

Graphique 30 : Le genre selon le fait d’avoir une occupation ou non

Graphique 31 : La situation au moment de l’arrivée selon le fait d’avoir une occupation ou non

L’environnement professionnel des personnes reste teinté d’une forte immersion dans une po-pulation étrangère. En effet, 56,3% répondent travailler avec une majorité de collègues étran-gers contre 20,3% qui déclarent travailler avec une minorité de collègues étrangers. Cette situation reflète la situation du marché de l’emploi qui se caractérise par une prédominance

Partie 2. Enquête quantitative · 33

des personnes de nationalité étrangère dans tous les secteurs économiques à l’exception de l’administration publique24.

Graphique 32 : origine des collègues de travail

Les répondants ne semblent pas tout à fait satisfaits de leur situation professionnelle puisque 39,2% recherchent un autre emploi. Ce chiffre est légèrement supérieur aux 35,1% de person-nes occupant un emploi précaire. 60,8% ne cherchent pas de nouvel emploi. Il est intéressant de se demander si cela est à mettre sur le compte de leur satisfaction, ou d’une appréciation de la difficulté de trouver un nouvel emploi.

Graphique 33 : recherche d’un nouvel emploi

Le permis de conduire constitue un outil important dans la vie quotidienne. 80% des hommes et 56,5% des femmes ayant le statut de réfugié ont un permis de conduire valide au Luxembourg. Il existe une forte disproportion entre hommes et femmes concernant le fait d’avoir un permis de conduire. Il faut s’interroger à cet égard sur les facteurs socio-culturels qui entrent ici en jeu et sur les rôles dévolus aux femmes et aux hommes dans certaines sociétés traditionnelles.

24 CEFIS, Chiffres clés sur la population du Luxembourg, présentés à l’occasion de la Conférence nationale pour l’intégration du 20 novembre 2010, Luxembourg, 2010.

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Graphique 34 : Le genre selon la possession du permis de conduire

2. Les revenusAprès la situation professionnelle, il est intéressant de se pencher sur la situation financière du public cible. 64% affirment qu’il est difficile de s’en sortir financièrement et 8% doivent même s’endetter.

Graphique 35 : aisance financière

Cette affirmation peut se comprendre si on prend en considération les faibles ressources finan-cières des personnes. 36,7% ont des ressources financières mensuelles inférieures à 1500 € nets. Seulement 10,2% disposent de revenus mensuels supérieurs à 3000 € nets.

Ceci alors que, comme nous l’avons vu, le public-cible affiche dans sa grande majorité une satisfaction par rapport à la vie au Luxembourg, ce qui peut étonner alors qu’on se trouve dans des catégories de revenu faible pour le Luxembourg. Ces données font apparaître le lien tout relatif qui peut exister entre un bien-être subjectif, mesuré sur base du degré de satisfaction par rapport à la vie, et le niveau de revenu. On peut également se poser la question si pour le réfu-gié reconnu l’auto-évaluation de sa situation ne se détermine pas en grande partie en référence à sa situation au pays d’origine.

Partie 2. Enquête quantitative · 35

Graphique 36 : ressources financières nettes

La précarité financière est nettement plus élevée auprès des personnes vivant actuellement seules ou n’ayant pas d’enfants. 68% des personnes vivant seules et 57,1% des personnes n’ayant pas d’enfants ont moins de 1500 € de revenus, contre seulement 18% des personnes qui vivent en famille et 15% ayant des enfants. Le fait d’être au moins à deux personnes ayant un revenu dans le foyer et/ou pouvant obtenir des allocations familiales sont deux facteurs explicatifs de « l’aisance financière » des réfugiés reconnus. Dans ce contexte, il ne faut pas oublier que les personnes qui vivent en famille ont plus facilement accès aux logements à loyer modéré, ce qui contribue à la disparité dans « l’aisance financière » qui peut être observée avec les personnes qui vivent seules.

Graphique 37 : Les ressources financières nettes selon la situation de famille actuelle

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Graphique 38 : Les ressources financières nettes selon le fait d’avoir ou non des enfants à charge

v. les langues et la cOmmunIcatIOn

1. Maîtrise des languesLa maîtrise de la langue du pays d’accueil est souvent décrite comme un important facteur d’intégration25. Le Luxembourg a la spécificité d’avoir trois langues administratives : l’allemand, le français et le luxembourgeois. Maîtriser l’une ou plusieurs de ces langues facilite la prise de contact et l’autonomie des personnes concernées.

24% des répondants maîtrisaient au moins l’une des trois langues usuelles au Luxembourg en arrivant sur le territoire. Dès le départ, les réfugiés se trouvent en situation fragile sur le marché linguistique au Luxembourg, comparés aux résidents étrangers26.

Graphique 39 : maîtrise des langues administratives à l’arrivée au Luxembourg

Pour ce qui est de la langue luxembourgeoise, 33,7% affirment la comprendre, 25,9% la lire, 24,5% la parler et 14,3% l’écrire bien ou même très bien, à ce jour.

25 Les résidents étrangers et luxembourgeois adhèrent fortement à la fonction intégrative de la langue luxembourgeoise (80% des Portugais, 79% des autres étrangers et 74% des Luxembourgeois). Voir : Fehlen, Fernand : BaleineBis: Une enquête sur un marché linguistique multilingue en profonde mutation - Luxemburgs Sprachenmarkt im Wandel, RED 12, SESOPI- Centre Intercommunau-taire, Luxembourg, 2009.26 Fehlen, Fernand: ibid. pp. 76-88.

Partie 2. Enquête quantitative · 37

La loi sur la nationalité fait de la maîtrise de la langue luxembourgeoise un élément central dans l’obtention de la nationalité luxembourgeoise, alors que l’apprentissage du luxembourgeois peut constituer un obstacle à acquérir cette nationalité. Seuls 18% des répondants détiennent la nationalité luxembourgeoise, sachant toutefois que tous les réfugiés reconnus ne remplissent pas non plus la condition de résidence de 7 ans pour pouvoir devenir Luxembourgeois.

Graphique 40 : maîtrise actuelle de la langue luxembourgeoise

47,8% des personnes non-occupées ne maîtrisent pas du tout le luxembourgeois, contre seule-ment 18,2% des personnes occupées. La question se pose de savoir si la maîtrise de la langue luxembourgeoise explique le décrochage d’un emploi ou si l’emploi favorise l’appropriation de la langue luxembourgeoise. Le fait d’être immergé dans le monde professionnel entouré de person-nes parlant le luxembourgeois facilite certainement l’apprentissage de la langue luxembourgeoi-se, mais comme on l’a vu, tel ne semble pas forcément être le cas. La situation des langues sur le marché du travail multilinguistique est complexe et les langues les plus utilisées ou la principale langue utilisée peuvent varier de secteur à secteur, voire parfois d’entreprise à entreprise.

Graphique 41 : La maîtrise de la langue luxembourgeoise selon le fait d’être occupé ou non

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2. La communication avec les autresLe public-cible a été interrogé sur la langue principale la plus utilisée auprès de différents inter-locuteurs. Le français reste la langue la plus utilisée par les réfugiés reconnus. Le taux d’utilisa-tion est de 77,8% dans les administrations, de 84% dans les magasins et 82,4% avec les voi-sins. Cette situation confirme quelques résultats d’études portant sur l’usage des langues27.

Quelques personnes affirment utiliser leur langue maternelle avec leurs interlocuteurs ; il s’agit surtout de personnes originaires de pays anglophones ou lusophones. L’utilisation de la langue maternelle dépend surtout des circonstances : 69,7% des répondants communiquent essen-tiellement dans leur langue maternelle au sein du ménage et 42,7% avec les amis les plus pro-ches. Néanmoins la langue française reste relativement présente dans ces cercles.

Graphique 42 : Langues principales utilisées dans différentes situations

L’utilisation des langues dépend évidemment aussi de la maîtrise de celles-ci. Ainsi, les person-nes maîtrisant la langue luxembourgeoise l’utilisent aussi de façon significative pour commu-niquer avec leurs amis les plus proches et leurs voisins. Les personnes ayant peu de connais-sances en luxembourgeois communiquent surtout dans leur langue maternelle ou en français avec les amis les plus proches, et en français avec les voisins.

Graphique 43 : La maîtrise de la langue luxembourgeoise et la langue utilisée avec les amis les plus proches

27 Fehlen, Fernand : ibid. - Cette étude montre notamment que le français est la langue la plus parlée par l’ensemble des résidents et par les étrangers, et que c’est la langue principale pour faire les achats.

Partie 2. Enquête quantitative · 39

Graphique 44 : La maîtrise de la langue luxembourgeoise et la langue utilisée avec les voisins

L’analyse de l’utilisation des langues usuelles au Luxembourg fait apparaître un lien entre la situation familiale au moment de l’arrivée au Luxembourg et la langue utilisée avec les amis les plus proches. 63% des personnes arrivées seules au Luxembourg utilisent essentiellement le français comme langue de communication avec les amis les plus proches et seulement 28,9% ont recours à la langue maternelle. La tendance s’inverse pour les personnes qui sont arrivées accompagnées puisque 32,4% d’entre elles utilisent le français et 56,8% la langue maternelle. Le fait d’arriver seul contraint les personnes à créer de nouveaux liens d’amitié avec de nouvel-les personnes ne parlant pas leur langue d’origine alors que ce besoin semble nettement moins présent auprès des personnes ayant migré en famille.

Graphique 45 : La situation au moment de l’arrivée et les langues utilisées avec les amis les plus proches

La situation familiale au moment de l’arrivée au pays semble donc conditionner la maîtrise lin-guistique et l’utilisation des langues par les réfugiés.

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vI. la vIe sOcIale, l’Intérêt pOlItIQue et la cOnfIance dans les InstItutIOns

1. Interactions avec les autresL’intégration des réfugiés peut être abordée à travers une dimension particulière, à savoir les liens sociaux noués par cette population de façon plus ou moins régulière avec d’autres per-sonnes et en différentes occasions. La fréquence des rencontres constitue un indicateur assez intéressant d’intégration.

Les réfugiés reconnus entretiennent des réseaux de relations assez denses. 57,3% d’entre eux ont rencontré à plusieurs reprises des amis et 60,7% des voisins lors des 15 derniers jours. Ces résultats constituent un signe d’intégration des réfugiés reconnus dans la société luxembour-geoise. Ils ne doivent pas faire oublier le fait que 42,7% n’ont pas ou rarement des contacts avec des amis et 39,3% avec des voisins. On sait et on l’a pu constater dans la première partie que dans la population étudiée il y a des personnes arrivées seules ou qui sont actuellement seules. Des risques d’isolement et de solitude existent donc dans cette population.

Le taux de contact chute à 27,7% lorsqu’il s’agit de rencontres avec des membres de la famille. Cela s’explique par le fait qu’une majorité des personnes concernées n’ont pas de famille en dehors de leur ménage au Luxembourg.

Graphique 46 : rencontre avec la famille, les amis et les voisins lors des 15 derniers jours

A l’instar de l’analyse de l’utilisation des langues usuelles au Luxembourg, il existe un lien statistique entre la situation fami-liale au moment de l’arrivée et l’origine des amis. 23,5% des personnes arrivées seu-les au Luxembourg ont plus de la moitié de leurs amis de la même origine qu’elles.

Les résultats sont très différents pour les personnes qui sont arrivées accompagnées. On ob-serve chez elles une plus grande homogénéité des réseaux d’amis. En effet, 44,4% d’entre elles ont plus de la moitié de leurs amis de la même origine qu’elles. Ces résultats corroborent l’hypothèse que les personnes arrivées seules ont un besoin plus grand de créer des liens avec des amis d’autres horizons alors que ce besoin est nettement moins présent pour les autres.

Partie 2. Enquête quantitative · 41

Graphique 47 : La situation au moment de l’arrivée et l’origine des amis

2. L’engagement associatif et l’intérêt politiqueL’engagement associatif constitue un lien particulier que des personnes tissent entre elles. Dans la mesure où il permet aux gens de s’investir dans des démarches, actions ou projets col-lectifs, il constitue une forme particulière de participation sociétale et contribue à l’intégration de la personne. L’engagement associatif a été abordé à travers une seule question, celle de savoir si on est ou non membre d’une association. L’information recueillie ne renseigne pas sur la qualité de l’engagement associatif.

Il faut d’abord souligner que 37,1% des personnes sont membres d’au moins une associa-tion. Cela peut être une association sportive, culturelle, religieuse, d’entraide, politique ou de personnes de même origine. Ce taux se situe largement en-dessous du taux de participation associatif des résidents du pays28.

Le taux d’engagement associatif varie selon la situation de la personne à son arrivée. Il est de 50% parmi les personnes arrivées seules et baisse à 24,4% auprès des personnes arrivées ac-compagnées. Le fait d’investir dans la vie familiale fait en sorte qu’à priori il y a moins de temps à consacrer à une vie associative. D’autre part, le besoin de créer des réseaux sociaux est sans doute plus prononcé parmi les personnes arrivées seules.

Graphique 48 : engagement associatif

28 Le taux de participation comme membre à une association est partculièrement élévée au Luxembourg avec 62%. Voir : CEPS INSTEAD, EVS-Valcos European Values Study 2008.

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Graphique 49 : La situation au moment de l’arrivée et l’engagement associatif

L’intégration d’une personne dans sa société d’accueil peut aussi se mesurer à travers des indicateurs portant sur son intérêt politique et sur ses rapports de confiance aux institutions nationales.

Nous nous apercevons que 48,8% des réfugiés reconnus s’intéressent (beaucoup ou assez) à la politique nationale de leur pays d’origine et 53% à la politique internationale en général.

L’intérêt porté à la politique nationale luxembourgeoise est supérieur avec une proportion de 54,3% personnes intéressées. Nous rencontrons ici des taux d’intérêts assez importants en ce qui concerne la politique nationale, taux qu’on retrouve en ce qui concerne les résidents étrangers au Luxembourg29.

Par contre, la politique communale est moins valorisée : 36,6% des réfugiés y sont (beaucoup ou assez) intéressés.

Or, l’intérêt pour la politique locale est un indicateur d’intégration important. Et on sait que plus longtemps on vit dans une commune, plus on a tendance à s’y intéresser et à participer30.

En nous limitant aux réfugiés qui manifestent un grand intérêt à la politique, nous constatons que l’intérêt pour la politique de leur pays d’origine l’emporte avec 36,9%, devançant l’inté-rêt pour la politique internationale, pour la politique communale et pour la politique nationale luxembourgeoise.

29 Dumont Patrick, Kies Raphaël, Spreitzer Astrid, Bozinis Maria, Poirier Philippe (dir.) : Les élections législatives et européennes de 2009 au Grand-Duché de Luxembourg, Rapport élaboré pour la Chambre des Députés. Université du Luxembourg. Luxembourg, 2010.30 Ainsi le taux d’inscription des étrangers sur les listes électorales communales augmente en fonction de leur durée de résidence dans la commune. Voir : CEFIS, Bilan des inscriptions des étrangers sur les listes électorales communales.

Partie 2. Enquête quantitative · 43

Graphique 50 : intérêt politique

3. La confiance dans les institutionsNous avons voulu connaître le degré de confiance que les réfugiés ont à l’égard des institutions suivantes : l’école, les organismes sociaux (SNAS, CNAS), les associations d’aide aux étran-gers, la police, la Justice, les administrations communales.

De manière générale, la confiance exprimée à l’égard des différentes institutions est élevée. Ces scores présentent quelques ressemblances avec ceux rencontrés dans d’autres enquêtes représentatives de la population31.

Par ordre décroissant, les institutions auxquelles on fait plus confiance sont les administrations communales (77,9%), la police (77,9%), les associations (77,7%), la justice (70,9%), les insti-tutions sociales (65,5%) et l‘école (62,4%). La confiance en la police et en la justice connaît des taux plus élevés que ceux exprimés par les résidents du pays dans l’enquête EVS32. Faut-il mettre ce résultat en relation avec la situation des réfugiés ? Ceux-ci ont en effet obtenu le sta-tut au terme d’une procédure d’examen de leur demande dans laquelle interviennent la police et parfois les juridictions administratives.

L’école est l’institution qui rencontre à la fois le plus bas degré de confiance et le plus grand taux de non-réponses. Cette situation reflète-t-elle les attentes et les incertitudes des réfugiés à l’égard de l’école qui a du mal à intégrer les enfants de migrants ?

31 CEPS, Projet VALCOS - Valeurs et cohésion sociale. Tolérance et confiance, http://lisoc.ceps.lu/donnees/evs_2008/questions/index.cfm?sub=7#a_232 Ibid.

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Graphique 51 : confiance dans les institutions

La confiance dans les institutions nationales est un indicateur d’intégration en tant que tel car le fait d’avoir ou non foi dans les piliers de la société révèle finalement si on s’y sent bien ou non. Le degré de confiance dans les institutions du pays d’accueil, dans le cadre des réfugiés, montre également le taux d’adhésion de cette population aux valeurs communes, aux normes et habi-tudes de la société d’accueil. Aussi, on peut mettre en évidence le lien entre cette confiance et le sentiment d’appartenance, puisque celui-ci se défini comme « Sentir le groupe dans lequel on se trouve et se sentir soi-même de ce groupe englobe un ensemble d’attitudes individuelles et de sentiments, désignés par le mot « appartenance ». L’appartenance n’est pas le fait de se « trouver avec ou dans ce groupe » puisqu’on peut s’y trouver sans le vouloir; elle implique une identifi-cation personnelle par référence au groupe (identité sociale), des attaches affectives, l’adoption de ses valeurs, de ses normes, de ses habitudes, le sentiment de solidarité avec ceux qui en font aussi partie, leur considération sympathique »33. L’intérêt ici est de voir si les résultats de l’enquête corroborent l’hypothèse que le sentiment d’appartenance se traduit par une confiance plutôt élevée dans les diverses institutions et de ce fait montre une certaine acceptation des valeurs, normes et habitudes du pays d’accueil, d’où une plus grande intégration.

Selon les résultats observés, le sentiment d’appartenance joue un rôle assez conséquent dans la confiance dans les institutions. 85,2% des personnes affichant un sentiment d’appartenance ont confiance aux organisations d’aide aux étrangers, alors que cette proportion est de 61,9% parmi les personnes n’ayant pas ou peu de sentiment d’appartenance.

33 Mucchielli René : Le travail en groupes. Editions ESF. 1980. p. 99.

Partie 2. Enquête quantitative · 45

Graphique 52 : Le sentiment d’appartenance et la confiance aux associations d’aide aux étrangers

Ces mêmes tendances se vérifient en ce qui concerne la confiance en la police avec des taux respectifs de 85,5% et 61,9%, la justice avec des taux de 77,4% et 57,2% et les administra-tions communales avec des taux de 84,9% et 66,6%. La confiance dans les institutions aug-mente avec l’intensité du sentiment d’appartenance, d’où le niveau d’intégration aussi selon notre hypothèse de départ.

Graphique 53 : Le sentiment d’appartenance et la confiance en la police

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Graphique 54 : Le sentiment d’appartenance et la confiance en la justice

Graphique 55 : Le sentiment d’appartenance et la confiance aux administrations communales

vII. l’Image de sOI

L’image de soi est une notion importante pour chaque individu, elle est liée à la représentation que chacun à de lui-même et à l’image que chacun veut renvoyer vers l’extérieur. Cette no-tion est subjective puisque basée sur le ressenti de chaque individu. Par rapport à notre sujet d’étude, à savoir l’intégration des réfugiés, l’image de soi est un élément important dans le sens où l’on peut penser que celle-ci reflète aussi l’estime qu’on a de soi et qu’elle est porteuse des valeurs que l’on souhaite mettre en avant. L’idée sous-jacente est celle que, plus l’image de soi est bonne et plus l’estime de soi est élevée, et plus cela se reflète dans les actions mises en œuvre pour s’intégrer dans la société d’accueil.

Partie 2. Enquête quantitative · 47

1. Les caractéristiques identifiantesDans le concept d’image de soi, nous entendons dans le cadre de cette étude l’appréciation des personnes sur leur état de santé, les caractéristiques que les personnes sont susceptibles de valoriser comme éléments importants de leur identité telles que la famille, l’âge, la religion, …

Le premier élément évalué dans ce cadre par les répondants concernait leur état de santé en général. La personne se trouvait-elle en très bon, bon, moyen, mauvais ou très mauvais état de santé ? Il s’agissait d’une auto-évaluation basée uniquement sur le ressenti de la personne. La santé en elle-même représente la force et pour une population de réfugiés, elle va de pair avec une santé morale souvent mise à rude épreuve par leur passé. Il s’agit en quelque sorte d’un indicateur de bien-être de la population réfugiée. Les résultats de l’étude montrent que le public-cible se considère en bonne santé, seulement 8,1% des personnes estiment avoir un mauvais ou très mauvais état de santé.

Graphique 56 : etat de santé

En ce qui concerne les caractéristiques identifiantes, la question était de choisir parmi une liste de treize, quatre caractéristiques définissant au mieux les personnes34.C’est la situation de famille qui, du point de vue des réfugiés reconnus, est ressortie comme l’élément le plus identifiant puisque 54,3% de personnes adhèrent à cette dimension35.

Il faut situer la valorisation de cette caractéristique dans le contexte des sociétés et des pays de provenance des réfugiés, au sein desquels la famille constitue une valeur et joue un rôle im-portants. Suivent ensuite, par ordre décroissant, les attributs suivants : la génération ou l’âge, la religion, les origines, le niveau d’étude, les centres d’intérêts (les passions), le sexe, la natio-nalité, le métier ou la catégorie sociale, les opinions politiques, la couleur de peau, le quartier ou la ville et finalement l’état de santé.

34 « D’après vous, parmi les caractéristiques suivantes, quelles sont celles qui vous définissent le mieux ? Vous pouvez en choisir quatre au maximum : la génération ou l’âge, le sexe, le métier ou la catégorie sociale, le niveau d’étude, le quartier ou la ville, l’état de santé, la nationalité, les origines, la couleur de peau, la religion, les centres d’intérêt (passions), les opinions politiques, la situa-tion de famille ou autre (à préciser). » (Question 54 du questionnaire, annexe II.).35 Ce résultat n’est pas sans rappeler l’enquête sur les valeurs qui montre que la valeur « famille » est considérée par 91% des résidents comme une réalité très importante au Luxembourg. Projet VALCOS - Valeurs et cohésion sociale.Famille, http://lisoc.ceps.lu/donnees/evs_2008/questions/index.cfm?sub=1

48

Des données présentées parfois comme facteurs importants du processus d’intégration tels que la nationalité, le métier ou la catégorie sociale n’arrivent qu’en huitième et neuvième po-sition dans la hiérarchie des facteurs valorisés par le public cible avec des taux respectifs de 22,2% et 21%.

Graphique 57 : caractéristiques identifiantes citées par le public cible

2. Liens entre caractéristiques d’identification et certains facteurs77,5% des personnes arrivées accompagnées considèrent la situation de famille comme ca-ractéristique d’identification importante alors que cet élément est beaucoup moins valorisé par les personnes arrivées seules avec 31,7%. A l’inverse, le métier est plus souvent cité comme caractéristique dominante de la personnalité par les personnes arrivées seules (31,7%) que par les personnes accompagnées (10%).

Graphique 58 : La situation de famille comme principale caractéristique identifiante

et la situation au moment de l’arrivée

Partie 2. Enquête quantitative · 49

Graphique 59 : Le métier comme principale caractéristique identifiante

et la situation au moment de l’arrivée

Ce résultat doit être mis en relation avec la situation concrète des personnes : ainsi, pour rap-pel, 82,5% des personnes arrivées seules ont une occupation professionnelle contre 57,1% des personnes arrivées accompagnées.

La valorisation de la situation de famille varie également selon le fait d’être ou de ne pas être membre d’une association. 36,7% des membres d’une association estiment que la famille les définissent le mieux, contre 64,7% des personnes non membres. On l’a vu déjà auparavant, la catégorie « membres d’une association » est composée d’abord des réfugiés arrivés seuls qui valorisent moins souvent la situation de famille.

Les opinions politiques jouent un rôle beaucoup plus important dans la définition identitaire des membres d’une association (33,3%) que parmi les non membres (9,8%). Un lien semble exister entre l’engagement associatif et l’intérêt politique.

Graphique 60 : La situation de famille comme principale caractéristique identifiante

et l’engagement associatif

50

Graphique 61 : Les opinions politiques comme principale caractéristique identifiante

et l’engagement associatif

3. Le regard des autresL’image de soi ne se résume pas uniquement à l’auto-définition de la personne, mais est aussi déterminée aussi par l’image de soi renvoyée par l’autre. Comment est perçue la personne ré-fugiée par l’autre, à savoir par le résident du pays d’accueil ?

Cette perception est aussi une part déterminante par rapport à l’image qu’on a de soi et à l’estime de soi-même. La question pour la personne réfugiée par rapport à l’intégration est de savoir si elle est perçue comme une personne intégrée et résidente ou est-elle continuellement considérée comme étrangère au pays ?

A ce sujet, la question portant sur la fréquence à laquelle on leur demande leur origine semble un indicateur intéressant. Les résultats montrent que 39% des répondants affirment qu’on leur demande souvent leur origine et 46% déclarent qu’on la leur demande parfois. Seuls 15% af-firment rarement ou jamais devoir faire face à cette question.

Graphique 62 : La fréquence à laquelle on demande leur origine aux réfugiés

Partie 2. Enquête quantitative · 51

PARTIE 3ENQUÊTE QUALITATIVE

54

L’analyse quantitative, basée sur 89 répondants, a permis d’établir certains profils concernant les réfugiés.

Du point de vue descriptif, on a vu que ce sont plutôt des hommes (70,8%) qui ont répondu au questionnaire et que 74,5% des participants sont âgés entre 25 et 49 ans, donc très concer-nés par l’emploi. Aussi, l’analyse a montré que 70% des réfugiés reconnus de l’échantillon ont une occupation, qu’il s’agisse d’un contrat à durée indéterminée, d’un emploi précaire (contrat à durée déterminée, intérimaire ou mesure pour l’emploi) ou d’une formation. Concernant le logement, 8% des répondants sont propriétaires et 92% des locataires. Parmi ceux-ci, 67,5% louent sur le marché privé, les autres sont locataires auprès d’organismes louant des logements à loyer modéré. L’analyse quantitative met aussi en exergue que les réfugiés ont une vie sociale assez remplie puisqu’ils sont, respectivement, 57,3% et 60,7% à avoir rencontré à plusieurs reprises des amis et des voisins lors des 15 derniers jours. Ils sont aussi 37,1% à être membres d’au moins une association (sportive, culturelle, religieuse, d’entraide, politique…).

Parallèlement à la recherche quantitative menée dans ce cadre, nous avons souhaité proposer une démarche qualitative afin d’évaluer le processus d’intégration au travers des expériences vécues et des trajectoires de vie des personnes directement concernées.

Cette partie se subdivise en plusieurs points : une brève présentation méthodologique sur les entretiens menés et la description de la grille d’entretien, ensuite une présentation des per-sonnes interviewées et finalement l’analyse des entretiens. Dans cette dernière, on retrouve les sujets déjà abordés dans l’analyse quantitative, à savoir l’emploi, le logement, les relations sociales, les langues parlées ou encore la participation à la société, notamment au travers des associations ou via l’intérêt politique. Dans la démarche qualitative, nous allons trouver des compléments d’information sur ces sujets.

I. entretIens semI-dIrectIfs

Pour réaliser cette partie, nous avons choisi de mener des entretiens semi-directifs. L’avantage de ce choix est de laisser une grande part de liberté de parole aux personnes interrogées tout en assurant au chercheur une certaine maîtrise du dialogue grâce à la grille d’entretien36.

Ces entretiens vont nous fournir des informations sur la perception d’aspects aussi divers que l’emploi, le logement, les loisirs…, mais aussi sur leurs stratégies, aspirations et attentes. Ces données ne sont pas représentatives, dans le sens où il n’y pas eu recours à un échantillonnage probabiliste, mais que l’échantillonnage était plutôt de type non probabiliste. En effet, dans notre cas, notre échantillon se base sur l’acte volontaire des personnes et par connaissances interposées. Ces entrevues font émerger le vécu subjectif de personnes différentes, dans le sens où chaque individu va partager son histoire et son propre ressenti.

Dans la pratique, le nombre d’interviews à réaliser est déterminé par la variété des situations qui conditionnent le sujet abordé. Plus il y a de cas, plus il faudra interroger de personnes. On utilise le critère de « saturation théorique», c’est-à-dire que l’on arrête de mener des entretiens dès que l’on constate que les dernières interviews réalisées n’apportent plus d’informations complémen-taires. Dans cette étude, 16 entretiens ont été réalisés, alors que 20 étaient planifiés au départ.

36 Voir annexe II.

Partie 3. Enquête qualitative · 55

II. grIlle d’entretIen

Le guide d’entretien a été élaboré par une équipe multidisciplinaire composée de travailleurs sociaux et de chargés d’études. La grille d’entretien a été structurée suivant divers chapitres ayant trait aux domaines suivants :

informations générales concernant la famille consultée (date d’arrivée, lieu d’origine •précis, structure et taille de la famille, type d’habitation et mode d’acquisition…) ;conditions de vie antérieure de la famille (études, itinéraire formatif et professionnel, •type d’habitation, scolarisation des enfants, vie relationnelle…) ;conditions économiques et professionnelles actuelles de la famille (nombre de tra-•vailleurs dans la famille, divers emplois occupés, modes de recrutement, type de contrat de travail, formation éventuelle, revenus approximatifs…) ;informations concernant la vie sociale relationnelle et les loisirs de la famille, consti-•tuant un centre d’intérêt incontestable (relations avec des personnes de même origine, relations de voisinage, fréquentation de lieux culturels, lecture d’ouvrages, de presse, occupation pendant les week-ends, célébration de différents événements familiaux, re-ligieux, civiques…) ;informations en matière d’intégration concernant la vie quotidienne des familles (langues •parlées par les différents membres entre eux et avec d’autres, fréquence de retour dans le pays d’origine, suivi des enfants, les courses et les démarches de la famille….).

III. descrIptIOn du grOupe cIble

Le public cible est composé des personnes ayant obtenu le statut de réfugié dans les années 2000. Si pour d’autres étapes de la recherche ce groupe cible a été identifié, il restait à entrer en contact avec ces personnes pour demander l’autorisation de les interviewer. Au total, nous avons mené 16 entretiens approfondis37, 5 grâce au soutien de travailleurs sociaux de différen-tes ONG et les 11 autres par le biais du questionnaire quantitatif38 qui leur était adressé person-nellement. On peut donc supposer que l’ensemble des témoignages recueillis est assez diver-sifié et non biaisé par le contact et l’éventuelle pression exercée par les travailleurs sociaux.

Avant de présenter concrètement les résultats de la recherche qualitative, il convient de pré-senter les caractéristiques des personnes qui ont accepté de livrer leur histoire.

1. Langues parlées lors de l’entretienAfin de ne pas décourager certaines personnes à participer à des entretiens du fait de la langue, l’offre d’interprétariat a été proposée. Personne n’a souhaité bénéficier de cette aide, tous les sujets ayant souhaité témoigner dans l’une des trois langues officielles du pays ou en anglais.

37 Au cours des 16 entretiens, nous avons rencontré 19 personnes au total. Les graphiques portent uniquement sur la personne de contact.38 Voir annexe I.

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Graphique 63 : Langues parlées durant l’entretien

La très grande majorité des interviews s’est déroulée exclusivement en langue française, seules 2 personnes ont souhaité s’exprimer dans une autre langue : une a choisi l’anglais et l’autre le luxembourgeois. 2 autres personnes ont témoigné en utilisant le luxembourgeois et le français.

Il est intéressant de signaler que le niveau de connaissance des langues parlées lors de l’entre-tien était largement suffisant, voire excellent. Nous avons rencontré des difficultés dans 2 cas.

2. Sexe des participants aux entretiensEn terme de représentation des deux sexes, on peut dire que la répartition entre hommes et femmes était quasiment équitable puisque 9 femmes et 7 hommes ont pris part aux entretiens.

3. Âge des personnes interrogées à leur arrivéeAu moment de leur arrivée au Luxembourg, la moyenne d’âge des 16 personnes interviewées était de 32,9 ans, soit près de 33 ans. Les deux plus jeunes étaient des mineurs non-accompa-gnés39 de 17 ans et la personne la plus âgée avait 64 ans.

4. Pays et continent d’origineDans ce cas aussi, on observe une assez grande hétérogénéité dans notre échantillon de 16 personnes puisque 3 continents sont représentés de façon égale : l’Afrique, l’Asie et l’Europe. On peut cependant noter quatre personnes provenant du Kosovo, mais ceci peut s’expliquer aisément par la présence d’une importante communauté kosovare réfugiée sur le territoire luxembourgeois.

39 « Mineurs non accompagnés » : les ressortissants de pays tiers ou les apatrides âgés de moins de dix-huit ans qui entrent sur le territoire sans être accompagnés d’un adulte qui soit responsable d’eux, de par la loi ou la coutume, et tant qu’ils ne sont pas effectivement pris en charge par une telle personne. (Article 2 de la loi modifiée du 5 mai 2006 relative au droit d’asile et à des formes complémentaires de protection.)

Partie 3. Enquête qualitative · 57

Graphique 64 : pays d’origine des participants

5. Année d’arrivée au Luxembourg et durée de la procédureNotre recherche porte sur des personnes ayant obtenu leur statut de réfugié entre 2000 et 2009. Le graphique ci-dessous montre que certaines d’entre elles sont déjà arrivées sur le ter-ritoire luxembourgeois à la fin des années 90.

Graphique 65 : année d’arrivée au Luxembourg

En ce qui concerne la durée de la procédure, pour ces 16 personnes suivies en entretien, elle aura duré en moyenne 27,7 mois c’est-à-dire un peu plus de 2 années.

Seules 4 personnes se sont vues octroyer leur statut en moins d’un an et 3 personnes ont dû patienter plus de 51 mois, soit plus de 4 années. Ces données, même si elles ne peuvent être extrapolées sur l’ensemble des réfugiés au Luxembourg, interpellent, alors que le délai d’at-tente avant de se voir attribuer le statut de réfugié peut être particulièrement mal vécu par les personnes.

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Graphique 66 : durée de la procédure exprimée en mois

6. Raisons du dépôt de la demande de protection internationale au LuxembourgContrairement aux idées préconçues selon lesquelles le réfugié choisit son pays d’accueil, et comme nous le montre le graphique, 11 des 16 personnes interrogées sont arrivées au Luxem-bourg par hasard ; souvent stoppées dans leur voyage et sans aucune connaissances sur le pays. Certains pensaient être en Allemagne.

Graphique 67 : raisons du dépôt de la demande d’asile au Luxembourg

7. Situation familiale à l’arrivéeCe qui importe ici, c’est de savoir si à l’arrivée au Luxembourg, la personne était seule ou accompagnée. 10 personnes sont arrivées seules au Luxembourg, sans être accompagnées. Parmi celles-ci, 6 sont célibataires, 2 ont dû laisser leur conjoint dans le pays d’origine et les 2 ne nous ont pas fourni d’information à ce sujet.

A noter aussi que 2 des 3 personnes accompagnées de leurs enfants étaient veuves au mo-ment de leur arrivée.

Partie 3. Enquête qualitative · 59

Graphique 68 : situation familiale à l’arrivée

On doit se poser la question du choix stratégique : vaut-il mieux partir seul, quitte à faire venir la famille par après ; où est-il préférable de risquer la fuite avec sa famille afin d’éviter une sé-paration trop longue ?

Iv. analyse des entretIens

Après avoir brièvement décrit les 16 personnes rencontrées lors des entretiens qualitatifs, il est maintenant essentiel de fournir une étude plus approfondie et systématique des témoignages recueillis.

L’analyse des interviews fait ressortir la singularité des trajectoires, l’extrême diversité des si-tuations mais également des points communs utiles pour comprendre au mieux leur vécu, leurs espoirs, angoisses, attentes, et pouvoir dégager des pistes pour améliorer, voire faciliter l’accueil des réfugiés reconnus au Luxembourg.

L’analyse des entretiens va se baser sur la définition générale de l’intégration et de ses contours proposés dans la première partie. La clé de lecture va s’articuler autour des dimensions éco-nomique, sociale, culturelle des réfugiés reconnus interrogés, sous le prisme de la cohésion sociale et du sentiment d’appartenance à la société luxembourgeoise. Les facteurs qui in-fluencent directement ou indirectement ces trois dimensions seront présentés a posteriori de l’approche multidimensionnelle de l’intégration.

1. Dimension économiqueIl s’agit d’étudier comment la personne réfugiée a pu évoluer et avancer individuellement et collectivement, d’un point de vue économique. Cette dimension couvre certains thèmes clés, notamment l’emploi et le logement. C’est par cette voie que nous avons choisi d’aborder la dimension économique, en sachant qu’il s’agit d’un choix correspondant à une certaine appro-che de l’intégration.

1.1. activité économique De manière générale, l’activité économique, le travail est considéré comme la voie royale de l’intégration, et ce tant pour les autochtones que pour les allochtones. Certains cher-cheurs ont étudié et hiérarchisé les dimensions du travail.

60

Serge Paugam40 affirme que le travail permet de satisfaire les besoins d’au moins trois di-mensions de l’individu : « l’Homo faber » qui fait référence à l’épanouissement dans l’ac-tivité humaine; « l’Homo oeconomicus » qui renvoie à la notion de gain et enfin « l’Homo sociologicus » qui se réfère à la reconnaissance de son travail par les autres. Ces trois dimensions sont toutes aussi importantes les unes que les autres mais elles sont inéga-lement valorisées dans l’activité humaine.

Jean Boissonnat41 décrit les fonctions du travail : la production (création de richesse), la répartition (distribution de salaire) et l’insertion (« permet aux individus de trouver une place dans le tissu social, de s’exprimer et de s’y réaliser »)42. On retrouve des similarités entre les deux chercheurs même si l’un se réfère aux motivations de l’individu à aller tra-vailler et l’autre aux fonctions du travail par rapport aux individus.

Si les attentes par rapport au travail, et ses différentes fonctions, revêtent une telle impor-tance, voyons dans la suite comment les personnes réfugiées se positionnent vis-à-vis du travail.

Pendant la procédure de demande de protection internationalePour certains, trouver un travail ou une occupation était la principale préoccupation dès leur arrivée, même si le droit au travail n’était pas instauré avant d’avoir les papiers offi-ciels du droit de séjour. Quelques témoignages ont évoqué le travail de bénévole effectué durant la période d’examen de la demande de protection internationale (DPI) comme pour se sentir utile et être en contact avec la société d’accueil, pour se constituer un réseau d’interconnaissance. Une personne a aussi confié avoir été tentée par le travail au noir, mais par peur n’a pas osé franchir le pas. Il n’en reste pas moins que, durant la procédure d’examen de leur demande, la plupart n’ont pas eu d’occupation profession-nelle ; ils ont attendus et se sont battus pour obtenir le droit de rester au Grand-Duché de Luxembourg.

« En septembre, le 9 septembre, j’ai reçu le statut. J’étais un peu perdu. Je ne savais pas quoi faire. Pendant cinq ans je n’avais pas travaillé. J’avais perdu cette habitude de tra-vailler. »

Comme l’exprime le témoignage cité, l’inaction peut engendrer des conséquences néfas-tes pour la suite, lors de l’après procédure, au moment de l’installation du réfugié dans le pays d’accueil. « Plus la période d’attente est longue et douloureuse, plus les compé-tences professionnelles ou sociales du demandeur d’asile risquent de s’estomper ou de ne plus pouvoir être valorisées pour des questions d’âge. C’est donc une perte sèche importante pour le pays d’accueil, alors même qu’il pourrait profiter de ces compétences sans à avoir à débourser de frais de formation initiale. »43

40 Paugam, Serge : Salaire, plaisir, reconnaissance. Sciences humaines, n°114. 2001.41 Boissonnat, Jean : Ce n’est pas le travail qui manque ! Le temps stratégique, n°114. Paris, 2001.42 Confédération Caritas Luxembourg : Regards sur la pauvreté au Luxembourg. Luxembourg, 2002. p. 3043 Observatoire Régional de l’Intégration et de la Ville (ORIV) Alsace : Demandeurs d’asile et processus d’intégration. Strasbourg, 2009. p. 13.

Partie 3. Enquête qualitative · 61

Après l’obtention du statut de réfugiéAprès avoir obtenu leur autorisation de séjour définitive, les personnes en âge de travailler ayant témoigné ont toutes eu un parcours chaotique et de longue haleine dont 6 s’en sont finalement bien sorties et ont obtenu un contrat à durée indéterminée. Cela dit, ces der-nières sont celles qui sont présentes depuis plus longtemps, qui ont suivi des formations professionnelles et qui se sont reconverties professionnellement.

« Ech si frou do. Ech hu ganz gutt Kollegen, e ganz gudde Chef. Dat huet mir vill gehollef fir Rou ze fannen, fir méi relax ze sinn.

Vun Ufank un, wéi ech heihinner komm sinn, hat ech vill Stress, mat Aarbecht, eng Plaz ze fannen … Contrat indéterminé, ech war iwwerall Stagière, ech hat de Salaire Minimum, am Ufank. Duerno Schoul, nach eng Kéier ; nach eng Kéier, vill Stress, mat Sprooch, mat Franséisch, mat Lëtzebuergesch. Duerno hat ech Exame gemaach. Et war wierklech eng Zäit immens vill. Ech hunn am Auto gelieft. Den Auto, dat war wéi en Hotel, do hat ech Bicher, Iessen, Kleeder, well am Ufank, wou ech heihinner komm sinn, hunn ech an en-gem Restaurant geschafft. Ech konnt néierens eng gutt Aarbecht fannen, ouni Sprooch, dat ass normal. Ech hu séier Pabeiere kritt an hu missen irgendwou ufänken ze schaffen. Dat war e Restaurant an der Stad. Do hunn ech Moies vu sechs bis zeng Auer gebotzt. Duerno si si komm fir de Restaurant opzemaachen an da war ech an der Kiche bis zwou Auer. Hunn ech do alles gemaach, d’Spull, Geméis geschielt, Gromperen, alles. Dat hunn ech bis zwou gemaach. Vun zwou bis sechs mir hate Paus am Restaurant an ech hat fran-séisch Cours gemaach bei der Asti vun zwou bis véier, well am Centre de langue hunn ech net direkt eng Plaz kritt. Ech war op der Lëscht, ech hu misse waarden. Ech hu bei der Asti ugefaangen. Do war et net schlecht. Vun zwou bis véier hat ech Franséisch an ech hat Paus am Restaurant. Duerno hunn ech owes geschafft. Dat war ee Joer sou, dat war wierklch schlecht. »

Ce sont des parcours très longs semés d’embûches où rien ne va de soi. Cela demande donc beaucoup de patience et de force d’esprit, ce qui est souvent très difficile pour ces personnes qui ont connu l’insécurité et la peur dans leur pays d’origine.

« Mee wichteg ass, ech sinn do frou (sur lieu de travail)… an déi lescht véier Joer waren eng roueg Zäit fir mech, wierklech ech si vill besser, ech fille mech vill besser. Ech schaf-fen zu Bouneweg, ech wunnen hei net wäit ewech, mam Auto zeng Minutten. Dat ass e bëssen eng stabil Phase. »

En ce qui concerne la reconversion professionnelle, elle est très variée. Un est viticulteur et se forme pour ouvrir sa propre entreprise en télécommunication, une autre était poli-cière et apprend le métier d’infirmière.Nous avons aussi rencontré 3 personnes qui sont déqualifiées professionnellement : un ingénieur devient jardinier et homme à tout faire, un officier haut gradé se retrouve à la retraite forcée, une institutrice se voit forcée de rester à la maison car elle ne trouve pas de travail.

62

« J’ai commencé le travail de jardinier. Moi je pense que j’allais trouver une place. Moi j’ai déjà fini l’Université dans mon pays. Je suis ingénieur (…). Quelques fois j’ai fait jardinier, quelques fois j’ai fait ça comme ça. (…) J’ai fini mon Université là bas aussi et j’ai un cer-tificat d’ingénieur mais au Luxembourg ça ne marche pas. C’est ça. »

Si certains ont « réussi », d’autres ne trouvent pas d’emploi stable permettant autonomie et épanouissement personnel. 8 personnes rencontrées sont ou ont été employées via des mesures d’insertion ou en tant que personnes en Affectation Temporaire Indemnisée (ATI) dans le cadre du RMG et 3 sont actuellement au chômage ou touchent l’indemnité de revenu minimum garanti.

Pour faire face à cette situation, 2 réfugiés ont décidé de travailler en freelance et un a même créé sa propre entreprise.

« Oui, j’ai créé ma société et je suis allé deux ans là-bas et après je suis allé à la Cham-bre de commerce pour avoir un cours pour commerçant et après j’ai créé ma société et jusqu’à aujourd’hui je travaille là, je fais mon propre business. »

Nous avons également recueilli le témoignage d’une personne qui regrette amèrement de n’avoir eu accès ni au travail salarié ni au bénévolat du fait de son âge avancé.

« Comme réfugié (...) je me suis mis à chercher un emploi (…). Quel âge avez-vous ? Oh non, vous êtes trop vieux ! Comme ça on va vous prendre nulle part. Mais moi je ne veux pas un travail payant, je cherche du bénévolat. J’ai été même, - comment on appelle - à la Fondation… une grande Fondation, une Fondation luxembourgeoise. Non, non, on ne peut pas vous prendre comme bénévole. »

En résumé, ce qui ressort des entretiens, c’est la grande difficulté à trouver un emploi stable, même si des stratégies tels que le bénévolat, la reconversion professionnelle, la formation ou le travail freelance sont mises en place. Le regret face à cette situation est clairement exprimé dans les entrevues, car de manière implicite ou non, le travail et les valeurs qui lui sont attribuées restent aux yeux de la société un moyen d’intégration in-contestable, procurant autonomie financière et indépendance.

« Je dirai que pour moi ça va, je me sens bien et je me sentirai encore mieux si j’ai un travail. »

1.2. Le logementDe manière générale, les personnes rencontrées parlent toutes de la difficulté de trouver un logement, particulièrement à partir du moment où elles ont obtenu leur statut de réfugié.« En fait ce n’est pas facile de trouver un logement à Luxembourg-ville. C’est très difficile parce que les Luxembourgeois et les propriétaires ils ne veulent pas accepter quelqu’un qui est au chômage et qui touche le RMG. »

Partie 3. Enquête qualitative · 63

Le parcours d’hébergement comprend plusieurs étapes successives :• arrivéeetprimo-accueil(gares,hôtels,…),• accueilplusdurable(foyerd’accueil,pensionsprivées…),• transitionversl’autonomie(logementssociaux,logementsencadrésouprivés).

Lors de la première et parfois lors de la deuxième phase, les déclarations des personnes mettent en avant leur désir d’une plus grande autonomie (p.ex. au niveau des repas) et de plus d’intimité.

« (…) parce que quand beaucoup de monde habite dans un espace il y a le problème avec les religions, il y a les problèmes avec les…chacun a sa manière à vivre, n’est-ce pas ? On ne peut pas mettre tout le monde ensemble. Je supportais toujours les problèmes des autres. Ce n’est pas facile d’avoir un voisin, partager à trois-quatre personnes une cuisine, partager ça et partager avec les autres et ils commencent à avoir le problème la guerre pour ça et ça… Il y a beaucoup de monde qui habite comme ça et après un moment ça commence à énerver, la vie sociale. C’est plus difficile, plus problématique que le pro-blème d’avoir la procédure.

Plusieurs personnes ont évoqué des conditions de vie difficiles durant la procédure.

« Alors je suis resté, j’habitais là avec douze personnes dans la chambre. C’était difficile parce qu’un dormait, l’autre écoutait de la musique, l’autre chantait. Ce n’est pas facile. Si quelqu’un ne nous a pas invités de venir alors c’est mieux qu’on ferme la bouche et on fait ce qui lui plaît. Parce que personne ne nous a dit venez ici. Voilà. On est venu tout seul. »

Par ailleurs, la durée de séjour dans les différentes structures est très variable.

De manière générale, lorsqu’une personne obtient le statut de réfugié, elle quitte la struc-ture d’accueil. Cependant, certaines personnes ont pu rester dans la structure, une fois qu’elles se sont vues accorder le statut.

A leur sortie, elles se sont retrouvées dans des dispositifs de transition ou dans des logements sociaux, toutes aspirant à trouver des logements privés dans lesquels elles pourraient « se sentir enfin chez eux ».

La majorité des personnes que nous avons rencontrées ne profitent plus d’aucun appui à l’heure actuelle. Le passage vers l’autonomie ne s’est pas toujours très bien passé et 3 réfugiés reconnus se sont retrouvés dans des logements insalubres ou trop petits par rapport à la composition familiale.

« Dans cette maison il n’y avait pas de chauffage, il n’y avait pas d’électricité et je venais d’accoucher de mon bébé. Je dormais dans le salon parce que dans la chambre c’était vraiment très, très froid. Je suis restée presque six mois là-bas, sans chauffage, sans électricité dans l’escalier. A la maison il y avait de l’électricité, à l’escalier il n’y avait pas d’électricité, il n’y avait pas de chauffage. La maison tout, il y avait de l’humidité, avec les champignons, ça sentait. »

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Par trois fois, nous en avons rencontré vivant encore dans des situations de grande pré-carité, même sans parfois être conscients de cet état de fait. Les personnes doivent payer des loyers assez élevés pour une qualité de logement très moyenne, voire médiocre.

Le logement peut être une source d’insatisfaction pour les participants interviewés, tout particulièrement en termes de sa taille et de son prix.

Tous soulignent la difficulté à trouver un logement décent, même si 4 d’entre eux sont devenus propriétaires de leur habitation. Dans ces cas-là, tout comme pour le travail, c’est le temps écoulé qui joue favorablement. Plus précisément, ce sont les personnes qui sont présentes sur le territoire depuis une dizaine d’années qui sont propriétaires. S’il peut sembler logique que la durée joue en faveur de la situation des réfugiés, il nous semble essentiel de souligner cet aspect afin de mettre en évidence l’importance de lais-ser le temps aux personnes de s’intégrer. Rien de va de soi et tout doit être construit, ce d’autant plus qu’ils ont parfois abandonné beaucoup de choses dans leur pays d’origine : famille, travail, maison…

« Dat ass schwéier wann’s du alles am Liewen hues an duerno hues du näischt, also dat ass schwéier. »

« Nous avions tout perdu là-bas, la maison… tout, notre existence en fait. »

Outre sa fonction première de loger les personnes, le logement est aussi un marqueur social qui façonne la vie familiale et chaque habitant y développe sa propre identité. Plus que vivre dans un logement, la personne s’approprie son logement et y construit son être social. Le logement est un lieu social où se développent des relations aussi bien internes, avec les membres de la famille, qu’externes, avec des amis ou connaissances. Avoir ou occuper un logement décent dans lequel on se sent à l’aise et en sécurité favorise le lien social et protège dès lors de l’exclusion sociale et de l’exclusion matérielle si toutefois le loyer est « raisonnable ». Le logement peut donc être une sorte de cocon protecteur pour ses habitants, particulièrement pour une population qui a connu dans son pays d’origine insécurité et violence.

2. Dimension socialePar cette dimension, c’est plus précisément le lien social des personnes réfugiées que nous allons étudier mais aussi leur identité sociale basée sur leur vécu passé et sur leur nouvelle vie dans un contexte socio-économique totalement inconnu à leur arrivée. Si la première dimen-sion était représentative du capital économique de la personne réfugiée, la dimension sociale représente le capital humain.

2.1. Liens sociauxÀ leur arrivée, 13 personnes rencontrées n’avaient aucun contact au Luxembourg. Elles n’avaient aucun repère et n’étaient pas au courant des dispositifs d’accueil. Souvent ces personnes sont arrivées par hasard au Luxembourg sans même connaître le pays, ne sachant vers où se diriger et vers qui se tourner.

Partie 3. Enquête qualitative · 65

« Donc je suis arrivée au Luxembourg. J’ai dormi la nuit du treize au quatorze dans la Gare de Luxembourg parce que je ne savais pas où aller. Donc, c’est le lendemain que je me promenais et je trouvais un Monsieur qui parlait français avec un accent et je me suis ap-prochée (parce que je me suis dis ce sont peut-être des étrangers) pour expliquer un peu mon problème. Donc, je me suis rapprochée, j’ai expliqué ça et puis ils m’ont montré l’of-fice du ministère des affaires étrangères. Donc je suis allée là-bas pour demander l’asile. C’est un peu mon parcours. »

« Et nous sommes ici depuis 2003 parce que notre but ce n’était pas le Luxembourg. On n’était que de passage mais on nous a arrêtés, alors on a demandés tout de suite asile à l’aéroport (…). »

« Quand je suis sorti de la Gare, je ne savais pas quoi faire alors je commençais à demander à gauche, à droite et c’est un chauffeur de taxi qui m’a dit, à l’époque c’était en face de la Gare, la Galerie Kons. Quand j’ai dit je cherche il m’a dit va à la Galerie Kons. C’était le soir et après j’attendais là jusqu’à demain matin et quand le jour à commencé, je suis monté là en haut, au 2ème étage et j’ai demandé de l’aide et ça a commencé comme-ça alors. »

Les personnes se sont vues obligées de reconstruire des liens sociaux et un réseau so-cial. Tout cela dans une langue souvent inconnue et dans un pays aux coutumes parfois très éloignées des us et valeurs de la société d’origine.

« Au début oui. Ça m’a choqué au début, en fait des fois dans le bus comment les gens réagissent … Oui, par exemple à l’école il y a des choses qui me choquaient parce que la manière dont les enfants répondent aux profs, chez nous ça n’existe pas. Tu ne peux pas avoir le courage de répondre à un prof comme tu veux mais ici je vois des fois, ça me choque même mais j’ai pris l’habitude. »

Sans compter le vide laissé par la perte des liens sociaux d’origine, du patrimoine et du traumatisme de la fuite et des violences vécues dans le pays d’origine.

Tous ces éléments concourent à la perte d’identité des personnes et au décrochage social souvent constaté à l’arrivée qui se prolonge parfois de nombreuses années. Ceci est vrai lorsque les personnes sont arrivées seules, le phénomène est alors vécu plus intensément, mais il s’observe aussi lorsque les personnes sont accompagnées par leur famille. La différence entre les deux situations réside dans le fait que les personnes seules doivent obligatoirement se tourner vers l’extérieur, alors que les familles semblent, dans un premier temps, plutôt se replier sur elles-mêmes pour une durée plus ou moins longue. Pour ces familles, la présence de jeunes enfants en âge d’être scolarisés joue alors un rôle déterminant dans l’ouverture vers la société d’accueil.

Une fois leur statut de réfugié officiellement reconnu, les personnes sont amenées à en-trer en relation directe avec la société d’accueil. Pour certains cela se passe aisément et pour d’autres moins bien, selon la personnalité et le vécu de chacun.

« J’ai un copain luxembourgeois. Je le vois chaque semaine, presque mais à part ça pas trop de contact. »

66

« Des amis, oui. La première année c’était un peu difficile mais après…Oui, j’ai des amis luxembourgeois aussi et des belges ».

Une famille a évoqué sa peur de rencontrer des personnes à cause de leur faible niveau de connaissances des différentes langues usuelles au Luxembourg.

« Moi et mon mari, non (ndlr : on ne sort pas), toujours à la maison, à cause de pas bien parler. Je n’arrive pas à bien parler alors toujours, je reste ici. Je préfère ne pas parler. J’ai peur que quelqu’un dise, oh pourquoi elle parle comme ça. »

Pour pallier aux difficultés d’entrer en contact avec des autochtones, rencontrer des gens de sa communauté peut constituer un appui crucial. Les liens que les personnes ont créés avec leur communauté d’origine sont très variables. Pour certaines, il y a une ab-sence totale et volontaire de contacts, pour d’autres des relations sporadiques de soutien alors que, pour d’autres encore, la communauté d’origine constitue la principale source de relations affectives.

En résumé, la communauté d’origine peut jouer différents rôles :• Ellesertderelais,deréseauoudesoutien.• Elledonnedesrepèresdansunenvironnementinconnuetpermetl’apprentissagedes

codes.

Tout comme l’avait fait le Conseil Economique et Social (CES) du Luxembourg en 2006, il est important de mentionner que « L’intégration est un processus de longue haleine et généralement intergénérationnel. Il est tout à fait normal que les immigrés de la première génération préfèrent côtoyer les membres de leur propre communauté, dont ils maîtrisent la langue et dont ils partagent les repères culturels. Par ailleurs, des études sociologiques démontrent que pour « s’intégrer » au mieux dans la société d’accueil, il est indispensable que l’immigré « se réfugie » dans sa communauté qui est déjà en place. »44

La communauté d’origine, dans un premier temps, est un élément qui participe au pro-cessus à long terme d’intégration des étrangers.

Cependant, plusieurs participants déclarent n’entretenir aucun lien avec leurs compatrio-tes et se disent plus proches de la société d’accueil que de leur société d’origine, c’est souvent le cas des personnes qui sont arrivées alors qu’elles étaient mineures, qui n’ont parfois que très peu de souvenirs de leur vie en-dehors du territoire luxembourgeois.

2.2. réseaux sociaux (aide)On le voit, les liens avec la société d’accueil sont vécus de façon très variée et selon le tempérament individuel de chaque personne. Certaines développent des stratégies per-sonnelles de « débrouille », d’autres, plus nombreuses, ont recours à des associations d’aide aux étrangers et suivent une voie plus organisée vers l’intégration. Une chose est

44 Conseil Économique et Social : Pour une politique d’immigration et d’intégration active. Avis. Luxembourg, 2006. p 32

Partie 3. Enquête qualitative · 67

formellement constatée, les participants à l’étude attribuent un rôle important aux asso-ciations, tant sur le plan du soutien moral, affectif que sur le plan matériel, financier. L’ap-pui et le soutien apportés par le personnel socio-éducatif leur est très précieux. Certains de nos interlocuteurs ont conservé des liens avec l’association qui les a soutenues dès leur arrivée, pendant leur parcours de demandeur de protection internationale et surtout après la reconnaissance de leur statut. Les personnes n’ayant pas eu ce soutien ont sou-ligné à maintes reprises que cet appui leur a manqué.

Paradoxalement, 4 réfugiés reconnus ont aussi témoigné de leur insatisfaction par rap-port à certaines associations auxquelles elles reprochaient un manque de flexibilité, no-tamment en termes de logement, spécialement suite à l’obtention du statut (en référence au fait qu’elles devaient quitter trop vite le logement habité jusque-là)45.

« (…) pourquoi on ne nous laisse pas ici jusqu’à qu’on va avoir un appartement ? Parce que qu’est-ce que ça change ? Nous on peut vous payer quand-même chaque mois (…) et les gens ils ne voulaient même pas. Les responsables ils ne voulaient pas. Il a dit il faut que tu sortes ! Ça nous a fâchés beaucoup. »

« I remember when I go to the social assistant, the problem I face because of my sickness, the social assistant and I told her these bills I have to pay, and she said we are not opening a bank here, and please the door is open. Yes. I remember those words, I cannot forget, the door is open. »

Il existe d’autres types de structures non destinées spécifiquement aux personnes étran-gères, mais qui de facto leur sont d’une grande aide. On pense notamment aux Services de psychologie et d’orientation scolaire (SPOS), souvent cités par les jeunes réfugiés.

Si l’importance de l’aide structurée au travers des associations est incontestable, le sou-tien apporté par les communautés locales s’avère également précieux. Ainsi a-t-on a récolté des témoignages relatant l’obtention d’aides non seulement morales mais aussi matérielles de la part d’élus locaux ou encore du voisinage (aide pour logement, soutien scolaire, aide pour trouver du travail, vêtements…). Ce type d’assistance a une origine émotionnelle et se développe sur la base de liens sociaux tissés entre plusieurs person-nes, ainsi que sur des sentiments d’empathie et d’amitié. Cette sorte de solidarité montre bien l’importance des relations sociales, de l’échange et témoigne de l’intégration comme un processus réciproque entre le réfugié et la société d’accueil.

45 Une fois les papiers obtenus les personnes doivent acquérir leur autonomie. Ils doivent quitter les foyers réservés aux deman-deurs de protection internationale.

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3. Dimension culturelleNous abordons ici le volet de l’engagement qu’il soit politique, associatif ou religieux ainsi que l’école comme lieu d’apport culturel par excellence.

3.1. L’engagement politique, associatif et religieuxOn ne peut pas dire, que les participants à cette étude qualitative ne sont pas engagés politiquement ; il est vrai pour autant que certains ne s’en préoccupent guère. Pour ces derniers, il s’agit souvent d’un choix, car souvent ils ont été des dissidents politiques dans leur propre pays et ont dû le fuir en raison de cet engagement. Donc, par réaction à leur passé, ils ne souhaitent pas forcément s’impliquer davantage.

« Je ne m’intéresse pas beaucoup à ça (ndlr : la politique). Je crois que c’est plutôt les choses que j’ai vécu là bas. J’étais trop impliquée et j’étais déçue car ils nous ont dit, en français, ils nous ont eus. C’est juste cette politique qui nous a manipulé des années, qui nous a promis autant de choses et après il n’y a rien de ça et ils nous ont mis le couteau dans le dos. Je ne dis pas que partout c’est pareil mais une fois, vous savez que vous vivez ça, vous n’êtes plus trop intéressé aux choses. »

Pour analyser ce volet, il manque sans doute quelques années de recul qui permettraient de mieux aborder ce thème. Il est probable que la durée de la présence sur le territoire luxembourgeois aura un impact considérable sur la question.

Parallèlement, 11 personnes rencontrées s’informent toujours sur la politique de leur pays d’origine, et ce d’autant plus qu’elles étaient acteurs politiques elles-mêmes ou qu’elles envisagent un retour au pays ultérieurement (elles sont rares à l’envisager, 2 personnes seulement).

« (…) bien-sûr je veux partir. Mes enfants ils aiment être ici mais pour moi et mon mari c’est beaucoup plus difficile. Je préfère repartir (…) et oui je serais prête à laisser les enfants (ndlr : jeunes adultes) et repartir. »

L’engagement au sein d’une association recouvre beaucoup de niveaux, tous les types d’associations peuvent être considérés, celles de loisirs, d’entraides, les associations sportives, cultuelles, culturelles… Néanmoins, dans les témoignages recueillis, on re-trouve essentiellement trois types d’association : sportives, cultuelles et culturelles. Par ailleurs, différents degrés d’engagement peuvent être considérés : le simple fait d’être membre d’une association ne revêt pas la même intensité que celui d’être actif dans l’or-ganisation même d’une association. Si certains sont uniquement membres d’une asso-ciation sportive, quelques-uns sont nettement engagés dans les associations cultuelles.

On observe que le culte et a fortiori la religion est une façon d’acquérir un capital culturel, notamment au travers des liens sociaux tissés lors des fêtes religieuses et de la fréquen-tation des lieux de culte.

Partie 3. Enquête qualitative · 69

Parmi les témoignages, une personne a confié avoir refusé un logement car elle n’aurait pas eu l’occasion de fréquenter toutes les semaines un lieu de culte à cause de l’éloigne-ment. Pour cette personne, il s’agissait du seul lieu où elle pouvait rencontrer d’autres gens et pouvoir parler avec eux de la religion. Pour elle, c’était la seule façon de se socia-liser en plus de pouvoir prier.

3.2. L’école comme lieu d’acculturationL’école est sans nul doute, un endroit d’apprentissage culturel pour tous les enfants quel-les que soient les origines culturelles ou sociales de ces derniers. Ceci est particulière-ment vrai quand ce sont des enfants étrangers. Selon les 4 jeunes interviewés, l’école a été un levier imparable au niveau de leur acclimatation. D’abord, même si cela été très dur, ils y ont appris la langue et les codes culturels des autres jeunes. Moins ils sont allés en classes avec des enfants de leur communauté d’origine, plus ils ont dû s’adapter vite et ont appris vite. Même s’ils ont dû recommencer une année, ils ont été plongés dans la culture luxembourgeoise. C’est d’autant plus vrai que les enfants étaient jeunes et qu’ils ont intégré des classes dites « normales » plutôt que des classes spécialisées avec d’autres enfants de leur origine.

Cependant, lorsque les personnes interviewées parlent de la scolarité de leurs enfants, elles disent être inquiètes face à leur avenir.

Parfois, la difficulté par rapport aux langues est trop importante et des enfants suivent leur parcours scolaire en Belgique.

« Mon fils d’abord il va ici et mon assistante sociale, elle m’a dit qu’il peut partir à Arlon parce que il n’arrivera pas à aller au classique. (…) ils ont quatre langues à parler ici, alle-mand, luxembourgeois et après ma fille qui parle bien elle est transférée aussi cette année (ndlr : par choix et sur conseil de son frère). La Belgique, ils aiment la Belgique. Ils ont leur copains aussi, peut-être à cause de ça. »

C’est ce que craint un père de famille qui dit ne pouvoir inscrire sa fille dans une filière classique au Luxembourg à cause de la langue ou du coût s’il s’agit d’une école privée. Il craint qu’elle ne doive se rendre à l’étranger et qu’elle risque de ne plus revenir.

« Cette année elle est en 6ème. Les derniers sept mois je courais à chercher un Lycée classique pour elle. C’est un peu difficile pour trouver. Elle n’a pas besoin de Lycée technique. Elle a besoin de continuer l’Université. Le problème c’est à cause de la lan-gue allemande. En français elle est bien, en Mathématiques elle est parfaite, elle est la première. (…) Jusqu’à maintenant je n’ai pas besoin de l’envoyer à l’étranger. Ce n’est pas bon pour le futur. »

Si l’école peut être un lieu d’acculturation, on le voit, elle peut aussi être source d’inéga-lité, notamment dans le cas qui nous intéresse à cause de l’apprentissage des langues. Cette problématique est aussi rencontrée par les nationaux et n’est pas exclusivement vécue par les populations étrangères.

70

4. Le schéma de l’intégrationL’analyse des entretiens s’est articulée autour des dimensions économique, sociale, culturelle des réfugiés reconnus interviewés. Voici un schéma de l’intégration que nous avons pu dresser suite à ces entretiens et à cette analyse. Il est apparu que les trois dimensions coexistent tout en étant liées les unes aux autres. Il va de soi que le capital économique, le capital humain et le capital culturel d’une personne ne peuvent être traités de manière indépendante, puisqu’une dimension influence nécessairement l’autre. Le schéma suivant tente d’illustrer la systémique de l’intégration : les trois dimensions et leurs relations les unes aux autres.

Capital humain :lien social -

réseau d’aide

Capital culturel :engagement politique,

cultuel, culturel - école

Capital économique :

travail

Conditions d’arrivée

Langues

Aide reçue

Suivi social

Education

Âge

La situation la plus favorable pour les personnes qui doivent s’intégrer est de posséder un haut niveau de capital dans chacune des trois dimensions. Aussi, on peut émettre l’hypothèse que, plus on dispose de capital dans la dimension économique, culturelle et sociale et plus on a le sentiment d’appartenance au pays qui se développe, et plus la personne se sent intégrée. Lors de l’analyse des entretiens, les trois dimensions ont été décortiquées par rapport au récit des personnes interviewées. Selon la situation, certaines possèdent plus ou moins de ces capitaux économico-socio-culturels. Mais, qu’est-ce qui favorise l’apport et le développement en capital pour ces personnes ? Autrement dit, quels sont les facteurs qui influencent l’intégration ? Dans cette analyse qualitative nous avons été en mesure d’en identifier quelques-uns : l’âge, l’édu-cation (la scolarité), la connaissance des langues usuelles du pays, les conditions d’arrivée, l’aide reçue durant la procédure ou encore le suivi socio-éducatif après l’obtention du statut.

Partie 3. Enquête qualitative · 71

Bien d’autres facteurs interviennent certainement, ici nous n’abordons que ceux ressortis lors des entretiens.

Sur le graphique, nous les avons disposés au centre des trois dimensions, car il va de soi que la majorité des facteurs a des répercussions sur chacune des dimensions de l’intégration. Parmi les six facteurs identifiés, il y en a qui influencent positivement l’intégration et d’autres négati-vement. Aussi, il est intéressant de passer en revue tous les facteurs en les répertoriant comme levier positif ou négatif selon la dimension.

4.1. ÂgeLe facteur âge joue sur le capital économique dans le sens où plus on est âgé quand on arrive sur le territoire, moins on a de chance de trouver un travail, de suivre une formation professionnelle. Aussi, le fait d’être en bas âge à l’arrivée permet d’accéder au début du parcours scolaire du pays d’accueil, ce qui permettrait d’accéder plus facilement aux codes socio-culturels du nouvel environnement.

Donc globalement, l’âge « avancé » devrait avoir un impact plutôt négatif sur la dimension économique.

4.2. aide reçueDans les entretiens menés, un grand nombre de personnes ont souligné l’importance de l’aide accordée dès leur arrivée sur le territoire luxembourgeois. Selon la qualité de l’aide reçue, certaines ont pu trouver un logement décent, un travail, des contacts… Pour ce facteur précis, il est évident qu’il s’agit d’un levier positif à l’intégration. En effet, plus l’aide est de qualité et efficace, plus la personne peut développer son capital économique, son capital humain ainsi que son capital culturel et se sentir appartenir à la société d’accueil.

4.3. conditions d’accueilLes conditions d’arrivée concernent les premiers pas des nouveaux arrivants sur le terri-toire luxembourgeois mais aussi leurs premières semaines d’installation.

Les conditions d’arrivée des personnes cherchant asile ont des répercussions sur la suite du parcours de la personne. C’est le premier contact établi avec leur nouvel environne-ment de vie et avec ses résidents. C’est la découverte des lois et des procédures.

Certains réfugiés ont vécu la galère en arrivant : arrestation, errance, nuits à la belle étoile … D’autres sont directement arrivés au bon endroit et ont rencontré directement les personnes qui ont pu les diriger et les aider dans leurs premiers pas au niveau de la procédure d’examen de leur demande de protection internationale.

Certains ont été déplacés plusieurs fois et sont passés de centre d’accueil en chambre d’hôtel avant d’avoir un logement plus « définitif » ; d’autres ont très vite été dirigés vers leur habitation qui fut la leur durant toute la période de procédure (foyer, maison, appar-tement…).

72

Tout comme l’aide reçue à l’arrivée, meilleures sont les conditions d’arrivée et plus grande est la volonté de s’intégrer dans cette société d’accueil. Cependant, il est important de souligner que certaines personnes ayant rencontré des difficultés en arrivant s’en sont éga-lement bien sorties et s’il est indispensable de plaider pour des conditions d’accueil favora-bles et justes, elles ne sont en rien un levier mais plutôt un facilitateur de l’intégration.

4.4. educationCe facteur peut être décomposé en deux grandes dimensions : l’éducation de base et l’éducation tout au long de la vie. Si la première touche les plus jeunes des réfugiés re-connus, l’éducation tout au long de la vie concerne les adultes et prend la forme de for-mation continue. L’éducation en général constitue un élément clé de l’intégration, et plus précisément, un facteur positif intervenant sur les trois dimensions économique, sociale et culturelle. Plus la personne est éduquée, plus elle peut cumuler du capital économi-que, humain et culturel.

4.5. LanguesLa connaissance d’une des langues usuelles du pays, à savoir l’allemand, le français ou le luxembourgeois est indispensable pour vivre et travailler au Luxembourg. Souvent une seule langue ne suffit pas pour s’assurer le minimum de capital requis pour être intégré. Si une seule langue peut s’avérer suffisante pour se constituer un capital économique, voire humain, il est difficile de réussir sur un plan socio-culturel, et notamment scolaire, si on ne parle pas une deuxième langue.

La connaissance approfondie d’une ou mieux de deux langues usuelles du pays favorise nettement l’intégration. La langue constitue donc un puissant levier d’intégration.

4.6. suivi socialLe suivi socio-éducatif apporté après l’obtention du statut de réfugié ne concerne pas toutes les personnes interrogées. Certaines n’ont plus été ensuite en contact avec du personnel socio-éducatif. Pourtant, beaucoup en évoquent le besoin, surtout les per-sonnes qui ne sont pas depuis de longues années au Luxembourg. Être accompagné de manière professionnelle aide considérablement les personnes. Par ailleurs, ce suivi doit être personnalisé pour être efficace et accepté par les personnes. Parfois, les gens ont l’impression d’être seuls et confrontés à cette société d’accueil totalement étrangère. L’obtention du statut n’est pas un gage d’intégration, tout le processus démarre à ce moment et parfois les personnes se sentent laissées pour compte.

Les personnes qui ont eu un suivi socio-éducatif professionnel apprécient l’effet béné-fique d’un tel soutien et sont généralement reconnaissantes par rapport aux travailleurs sociaux et associations rencontrés dans ce cadre.

Le suivi social est un facteur positif dans le long processus d’intégration des personnes.

Partie 3. Enquête qualitative · 73

PARTIE 4CONCLUSIONS

ET RECOMMANDATIONS

76

I. cOnclusIOns de l’analyse QuantItatIve

L’analyse quantitative a permis d’une part de mettre en évidence un profil général des person-nes ayant participé à l’enquête et d’autre part de dégager statistiquement un certain nombre de relations entre le niveau d’intégration des réfugiés reconnus et certaines variables.

Tout d’abord, il faut rappeler que l’étude a porté sur les réfugiés reconnus qui ont obtenu le sta-tut entre 2000 et 2009. Cette population n’a donc pas toujours une durée de séjour importante au Luxembourg.

L’échantillon observé est composé d’une majorité d’hommes et la moitié de cet échantillon est arrivée seul au Luxembourg. Seulement un petit tiers d’entre eux ont d’autres membres de leur famille (hors ménage) sur le territoire.

Les trois quarts des personnes interrogées sont âgées de 25 à 49 ans, donc sont très concer-nées par le marché de l’emploi. 70% de l’échantillon total ont une occupation professionnelle, la moitié d’entre eux dispose d’un emploi précaire.

Les réfugiés forment une population précaire sur le plan financier. Seulement 1/10 de l’échan-tillon dispose de plus de 3000 € net de revenus par mois. Cette précarité est encore plus élevée auprès des personnes vivant seules ou n’ayant pas d’enfant(s) à charge.

Plusieurs inégalités statistiques apparaissent entre les genres. Notamment au niveau la situa-tion au moment de l’arrivée et par rapport à l’occupation professionnelle. Celle-ci est beaucoup plus élevée auprès des hommes qu’auprès des femmes. Il en va de même en ce qui concerne la possession du permis de conduire. Ceci nous amène à nous interroger sur les facteurs so-cio-culturels qui entrent en jeu dans ce contexte et sur les rôles dévolus aux femmes et aux hommes dans certaines sociétés traditionnelles d’où peuvent provenir les réfugiés.

La grande majorité des répondants sont locataires de leur logement, dont deux tiers auprès de propriétaires privés. Ceci est l’inverse des résidents nationaux, qui sont majoritairement pro-priétaires de leur habitation.

Globalement, les réfugiés reconnus paraissent être en situation fragile du point de vue socio-éco-nomique. Cela n’empêche que les personnes interrogées sont satisfaites de leurs conditions de vie au Luxembourg, que peu d’entre elles souhaitent quitter le pays et qu’un sentiment d’appartenance important existe par rapport au pays d’accueil. Derrière ce sentiment de bien-être général se cachent des situations concrètes d’insatisfaction importante (prix, taille du logement, emploi précaire).

Dès le départ, les réfugiés se trouvent en situation fragile sur le marché linguistique au Luxem-bourg, comparée aux résidents étrangers, alors qu’ils ont peu de connaissances dans une des langues administratives du pays, même si par la suite les connaissances linguistiques des réfugiés évoluent.

Conclusions et recommandations · 77

En ce qui concerne les liens sociaux, même si les réfugiés entretiennent des réseaux relation-nels assez denses, il ne faut pas oublier qu’une partie d’entre-eux n’a pas ou rarement des contacts sociaux. Par ailleurs, nous avons constaté que certaines personnes arrivées seules le sont toujours au moment de l’enquête ; des risques d’isolement et de solitude existent donc bien dans cette population.

Par rapport à l’engagement associatif et l’intérêt politique, nous avons constaté qu’un tiers des répondants sont membres d’une association de quel type que ce soit et que la moitié de l’échan-tillon montre un intérêt à la politique qu’elle soit internationale, nationale ou du pays d’origine. Seule la politique communale semble un peu moins passionner les personnes interrogées.

Les individus participant à l’étude estiment que les éléments qui les caractérisent le plus sont la famille, la génération / l’âge et la religion. Le métier et la catégorie sociale arrivent loin derrière.

Nous avons observé que le sentiment d’appartenance a un impact positif sur le processus d’intégration des réfugiés. Ce sentiment d’appartenance entretient de fortes interactions avec divers facteurs tels que la satisfaction du logement ou la confiance dans les institutions.

II. cOnclusIOns de l’analyse QualItatIve

Dans cette partie nous allons dégager de grandes tendances concernant les thèmes déjà abor-dés dans l’analyse quantitative à savoir : le travail, le logement (capital économique), les rela-tions sociales, les réseaux d’aide (capital humain), l’engagement politique, associatif et reli-gieux et l’école (capital culturel).

TravailDans le domaine du travail, les réfugiés ont tendance à mettre en place et à développer une stratégie d’employabilité :

formation en langues (français et luxembourgeois),•bénévolat,•formation initiale (les plus jeunes),•reconversion professionnelle,•création d’une activité ou travail freelance.•

Même si ces stratégies sont mises en place par les réfugiés reconnus, elles ne sont pas tou-jours salvatrices, leur grosse difficulté étant de trouver un emploi stable et de qualité. Parfois, la déqualification professionnelle est la seule voie pour obtenir un travail qu’il soit temporaire ou définitif.

Le logementLa problématique du logement est à considérer par rapport aux deux phases du parcours des personnes avant et après l’obtention officielle de leur statut de réfugié.

78

Durant la demande de protection internationale, les conditions de logement sont souvent dé-criées par les personnes, spécialement si ces dernières sont arrivées non accompagnées. Les familles ont tendance à être mieux loties et se plaignent moins. Les principaux motifs de mé-contentement évoqués sont :

le surnombre,•le manque d’autonomie,•le manque d’intimité,•le manque de propreté,•la vétusté.•

Après l’obtention du statut de réfugié, la grosse difficulté est de trouver un logement décent à prix abordable. La principale raison évoquée est la méfiance des propriétaires privés à louer un logement à cette population étrangère sans emploi fixe. Un autre problème qui émerge des entretiens, et spécialement des familles, est celui de l’obligation de quitter le foyer ou le loge-ment occupé dès que l’obtention du statut de réfugié est officielle. Deux familles rencontrées ont demandé plus de flexibilité à ce sujet.

Les relations sociales et les liens sociauxDans ce cadre on peut avancer les tendances suivantes :

la mauvaise ou non connaissance des dispositifs d’accueil,•la perte de repères et la remise en question de sa propre identité,•le décrochage social à l’arrivée et la relative solitude,•la nécessité de reconstruire du lien social,•la difficulté de créer des relations amicales avec les résidents.•

Ces grandes tendances peuvent varier en fonction de la personnalité de chacun mais aussi selon le fait d’être arrivé seul ou en famille. Les individus arrivés seuls s’ouvriront relativement vite à la société d’accueil, alors qu’une famille aura tendance à se renfermer sur elle-même, au moins jusqu’à la scolarité des enfants.

Les réseaux d’aideComme pour le travail, les personnes mettent différentes stratégies en place pour être aidées : il y a ceux qui ne veulent aucune aide structurée et les autres qui souhaitent le soutien des as-sociations. Parmi les rôles attribués aux associations par les participants ayant eu recours aux services d’aide, on retiendra notamment :

le soutien moral,•le soutien matériel,•le centre d’information,•l’endroit refuge.•

L’appui apporté par le personnel socio-éducatif semble être très précieux et les personnes n’ayant pas eu recours à ce soutien semblent le regretter.

Un rôle des associations non évoqué tel quel dans les entretiens, mais qui en est ressorti impli-citement, est celui de catalyseur des frustrations des personnes réfugiées. En effet, quelques

Conclusions et recommandations · 79

personnes ont formulé des reproches assez durs envers les associations d’aide aux étrangers. Un certain mécontentement exprimé envers ces associations peut être interprété comme une insatisfaction vis-à-vis de certaines mesures et décisions prises par le pouvoir public en charge de l’accueil. Notamment pour des décisions prises au niveau du logement : le foyer qu’il faut quitter dès l’obtention du statut ou les mauvaises conditions habitat, le manque de logement social… C’est un rôle ingrat à endosser pour les travailleurs de ces associations mais essentiel pour les personnes refugiées qui, de par leur vécu, ne vont a priori pas se plaindre auprès des autorités publiques.

Un autre type de soutien important parfois évoqué dans les entretiens est celui de l’aide et de l’appui des communautés locales (voisins, comité des parents, professeurs…).

L’engagement politique, associatif et religieuxL’intérêt pour la politique nationale est présent mais reste superficiel dans le sens où très peu s’y engagent activement. Ceci notamment en raison de leur histoire politique passée dans leur pays d’origine, qui a souvent été une des causes de leur fuite. Donc par réaction, très peu sou-haitent prendre part à la vie politique.

La participation aux activités associatives est assez importante et se situe essentiellement dans des associations cultuelles. Les volets sportif et culturel sont présents mais dans une moindre mesure.

L’engagement religieux est assez réel dans la vie des participants, ils sont souvent croyants et pratiquants. Une dame rencontrée considère même le lieu de culte comme seul lieu de sociali-sation. Un homme n’hésite pas à traverser les frontières pour pratiquer sa religion avec une plus grande communauté de croyants.

L’écoleL’école est le lieu d’apprentissage culturel par excellence, même si elle est aussi un lieu d’iné-galité et de discrimination. Au travers des entretiens, on comprend que l’école est un levier important d’intégration, en effet elle permet

d’apprendre les codes culturels de la société d’accueil,•de créer des liens sociaux (au niveau des élèves réfugiés eux-mêmes mais aussi des •parents de ces jeunes),l’immersion linguistique. •

En ce qui concerne le volet de l’apprentissage des langues directement au sein de l’établisse-ment scolaire et via des pairs, il ne convient que pour des enfants relativement jeunes. Parfois les classes scolaires de langue française sont la seule possibilité pour certains enfants.

A ce sujet, on l’a vu, la crainte des parents de voir leur enfant être réorienté ou envoyé à l’étran-ger est réelle. Ceci touche toute la population en général, mais risque d’affecter d’autant plus les personnes réfugiées, car

Dans le cas d’une réorientation scolaire, les parents peuvent percevoir celle-ci comme •une déqualification de leur enfant, les renvoyant à celle qu’ils ont parfois connu eux-mêmes au niveau de l’emploi ;

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Dans le cas d’une scolarité à l’étranger, celle-ci peut peser moralement, car les réfugiés •et leur enfants ont déjà dû quitter un pays et traverser une nouvelle fois une frontière, même pour des questions de scolarité, peut s’avérer choquant (tant pour les enfants que pour leurs parents).

Des facteurs d’intégrationL’analyse qualitative a aussi permis de mettre en évidence quelques facteurs facilitant le pro-cessus d’intégration. Ces facteurs, à savoir l’âge, l’aide reçue, les conditions d’accueil, l’édu-cation, les langues, et le suivi social, peuvent être répertoriés en trois sous-groupes :

Les facteurs exogènes comme l’âge sont en quelque sorte « imposés et extérieurs » à la •société d’accueil. Les autorités sont tenues de mettre en place des mesures adaptées, positives pour aider les gens plus âgés.Les facteurs relatifs à l’accueil, c’est-à-dire les conditions d’accueil, l’aide consentie •pendant l’examen de la procédure de demande de protection internationale et le suivi socio-éducatif personnalisé après l’obtention du statut de réfugié.Les facteurs relatifs à la formation, comprenant le volet éducatif et celui de l’apprentis-•sage des langues.

Les deux derniers types de facteurs sont des facteurs endogènes sur lesquels le gouvernement peut agir à travers la mise en place d’une politique d’intégration orientée vers l’amélioration de l’accueil et de la formation.

III. pIstes et recOmmandatIOns

Un certain nombre de pistes et de recommandations ont pu être dégagées pour développer le sentiment d’appartenance et faciliter ainsi le processus d’intégration. Ces pistes s’adressent aux services concernés par la politique d’intégration.

1. L’accueil doit être de qualité. Les personnes qui arrivent doivent être prises en charge dès leur venue et suivies au-delà de leur autorisation de séjour accordée. Dans ce cadre, il est recommandé d’avoir des logements adaptés (dès l’arrivée et au-delà de l’obtention du statut) avec du personnel socio-éducatif en suffisance pour assurer l’encadrement et le suivi des personnes, que se soit dans les foyers, dans les loge-ments semi-autonomes ou encore dans des logements privés. L’attention à porter aux personnes vulnérables reste à renforcer.

2. Formation de base et formation tout au long de la vie. Dans ce domaine, il est essen-tiel que les enfants arrivés sur le territoire puissent le plus vite possible entrer dans le système scolaire luxembourgeois. Pour atteindre cet objectif, les enfants des réfugiés devraient être scolarisés durant une période aussi courte que possible dans les clas-ses d’accueil pour intégrer ensuite et au plus vite l’enseignement « normal », avec les résidents du pays. Ceci dit, la possibilité devrait aussi être donnée aux adolescents d’intégrer des classes tenant compte de leurs particularités liées notamment à l’âge et à la situation linguistique au moment de leur arrivée au Luxembourg.

Conclusions et recommandations · 81

A l’intention des adultes, il faudrait proposer des formations linguistiques plus adap-tées (au moins une des 3 langues administratives), des possibilités de reconversion professionnelle ou encore penser à la validation des acquis de l’expérience. Les for-mations devront être délocalisées, ouvertes et certifiantes.

3. Emploi. Souvent les réfugiés se voient attribuer des emplois précaires et peu grati-fiants. Pourtant certains ont des diplômes, mais ce ceux-ci ne sont pas reconnus et ils ne peuvent les faire valoir sur le marché de l’emploi (d’où toute l’importance du point formation tout au long de la vie). Les langues sont souvent mises en avant pour expli-quer le non accès à un emploi stable et bien rémunéré. Concernant l’accès à l’emploi, les solutions pourraient être apportées par des formations pour adultes basées sur le modèle du CATP, c’est-à-dire alternance de 4 jours chez l’employeur et une journée au Centre de Langues Luxembourg, par la validation des acquis de l’expérience (VAE) et par la reconnaissance des diplômes.

4. Pour éviter les situations d’isolement ou endiguer le phénomène de vie en vase clos observés parfois dans certaines familles, il serait important de développer des lieux de rencontres et de loisirs diversifiés.

5. Au niveau des communes, les Commissions consultatives communales d’intégration devraient renforcer des mesures du « vivre ensemble » et favoriser la sensibilisation aux questions relatives à la vie citoyenne.

Les pistes évoquées ci-dessus ne sont certainement pas les seules possibles pour améliorer l’intégration des réfugiés reconnus au Luxembourg, mais elles ont l’avantage d’émerger d’une étude réalisée sur le terrain et en collaboration avec des acteurs socio-éducatifs expérimentés.

82

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Directive 2004/83/CE du Conseil du 29 avril 2004 concernant les normes minimales relatives aux conditions que doivent remplir les ressortissants des pays tiers ou les apatrides pour pouvoir prétendre au statut de réfugié ou les personnes qui, pour d’autres raisons, ont besoin d’une protection internationale, et relatives au contenu de ces statuts.Directive 2005/85/CE du Conseil du 1er décembre 2005 relative à des normes minimales concernant la procédure d’octroi et de retrait du statut de réfugié dans les États membres.

Droit d’asile au Grand-Duché de Luxembourg et en Europe. Développements récents, sous la coordination de Jörg Gerkrath,Collection de la Faculté de Droit, d’Économie et de Finance de l’Université du Luxembourg, Editeur Larcier. Bruxelles, 2009.

83

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Règlement grand-ducal du 21 juillet 2006 déterminant les conditions dans lesquelles les demandeurs de protection internationale ont accès à la formation prévue à l’article 14 de la loi du 5 mai 2006 relative au droit d’asile et à des formes complémentaires de protection.http://www.legilux.public.lu/leg/a/archives/2006/0131/2006A2243A.html

Règlement grand-ducal du 8 juin fixant les conditions et modalités d’octroi d’une aide sociale aux demandeurs de protection internationale.http://www.legilux.public.lu/leg/a/archives/2012/0123/index.html

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Rapport d’information déposé par la délégation de l’assemblée nationale pour l’Union européenne sur la politique européenne d’asile et présenté par Thierry Mariani.http://www.assemblee-nationale.fr/12/europe/rap-info/i0817.asp

Sondage à l’occasion du 30ème anniversaire de l’ASTI, TNS ILRES – ASTI. Novembre 2009. http://www.asti.lu/asti/prises-de-position/sondage-tns-ilres-pour-lasti-en-2009/

84

etude/recherche sur le prOcessus d’IntégratIOn

des réfugIés recOnnus dans la sOcIété luxembOurgeOIse

important : Toutes les données collectées seront traitées anonymement. Vous n’êtes pas obli-gés de répondre à ce questionnaire. Vous le faites sur base volontaire afin de nous aider à ana-lyser la situation générale des réfugiés reconnus dans la société luxembourgeoise.

A. Origine

1. Si vous êtes nés à l’étranger, lors de votre arrivée au Luxembourg vous étiez :plusieurs choix possiblesq seul q avec vos parents q avec vos enfants q autre

2. Mis à part les membres de votre ménage, y a-t-il d’autres personnes de votre famille au Luxembourg ?q non q oui Lesquels ? __________________________________________________________

3. Y a-t-il d’autres personnes de votre famille dans un des pays voisins suivants ?q non q oui en France q oui en Belgiqueq oui en Allemagne q oui aux Pays-Bas

4. Si vos parents ne font pas partie de votre ménage, pouvez-vous compléter le tableau suivant :

pays de naissance pays de résidence

père

mère

q Père inconnu

q Mère inconnue

ANNEXESANNEXE I : QUESTIONNAIRE QUANTITATIF (en français)

ANNEXE II : GRILLE D’ENTRETIEN

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B. Nationalité(s)

5. Avez-vous une ou plusieurs nationalités ?q une, laquelle ? ____________________________________________________________________q deux ou plus, lesquelles ? __________________________________________________________q aucune, je suis apatride

6. Si vous avez la nationalité luxembourgeoise vous l’avez par : q naissance q naturalisation q mariage q option (majorité)

7. Aujourd’hui, vous avez la nationalité luxembourgeoise, mais auparavant quelle(s) nationalité(s) aviez-vous ? Deux réponses possibles______________________________________ et __________________________________________

8. Si vous êtes de nationalité luxembourgeoise, vous sentez-vous réellement Luxembourgeois ?q oui q non

C. Logement

9. Au Luxembourg, avez-vous déjà vécu, même quelques jours :plusieurs réponses possibles1. En internat q oui q non2. Dans un foyer pour jeunes q oui q non3. Dans un centre d’hébergement d’urgence (exemple : Dons Bosco) q oui q non4. Dans une chambre d’hôtel q oui q non5. Dans un squat q oui q non

10. Combien de logement(s) différent(s) avez-vous occupés en tant que demandeur d’asile ? Nombre : _________Lesquels (hôtels, nom du foyer…) : ____________________________________________________

11. A l’obtention de votre statut, qui était le propriétaire de votre logement ?q un privé q la Wunnengshellef q le Fonds du Logement q une ONGq l’agence immobilière sociale (AIS) q moi-même j’étais propriétaire

12. Quelle est votre situation actuelle en termes de logement ?q propriétaire q locataire q logé à titre gratuit q en foyerq à l’hôtel q dans la rue

13. Si vous êtes locataire qui est le propriétaire de votre logement actuel ?q un privé q la Wunnengshellef q le Fonds du Logement q une ONGq l’agence immobilière sociale (AIS) q un ami ou membre de la famille

86

14. Quel est votre degré de satisfaction par rapport à votre logement actuel ?☹☹ : très insatisfait ☹ : plutôt insatisfait ☺ : plutôt satisfait ☺☺ : très satisfait ☹☹ ☹ ☺ ☺☺1. Satisfaction quant à la taille q q q q

2. Satisfaction quant au confort général q q q q

3. Satisfaction quant au prix q q q q

4. Satisfaction quant à la localisation q q q q

D. Emploi et ressources

15. Si vous ou votre partenaire occupez un emploi salarié, pouvez-vous préciser de quel type d’emploi il s’agit. Personne de référence Conjoint1. Pas concerné car pas d’emploi salarié q q

2. Contrat d’apprentissage q q

3. Placement par agence d’intérim q q

4. Stage rémunéré en entreprise q q

5. En mesure d’emploi Adem (exemple : ATI, CAE…) q q

6. Emploi à durée limitée: CDD, saisonnier, vacataire q q

7. Emploi sans limite de durée : CDI mais à temps partiel q q

8. Emploi sans limite de durée : CDI à temps complet q q

9. RMG q q

16. Si vous ou votre conjoint occupez un emploi salarié, pouvez-vous préciser quel en est le domaine principal. Personne de référence Conjoint1. Pas concerné car pas d’emploi salarié q q

2. Production, chantier, exploitation q q

3. Installation, réparation, maintenance q q

4. Gardiennage, nettoyage, entretien ménager q q

5. Manutention, magasinage, logistique q q

6. Secrétariat, saisie, accueil q q

7. Gestion, comptabilité q q

8. Commercial, technico-commercial q q

9. Etudes, recherche et développement q q

10. Enseignement q q

11. Soins et santé q q

12. Fonctionnaire (Etat/commune/etc.) q q

13. Autre q q

17. Depuis combien de temps occupez-vous votre poste actuel ?q moins de 3 mois q de 3 à 6 mois q de 12 à 24 mois q plus de 24 mois

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18. Parmi vos collègues, vous diriez que…1. Presque tous sont d’origine étrangère q

2. Plus de la moitié est d’origine étrangère q

3. La moitié est d’origine étrangère q

4. Moins de la moitié est d’origine étrangère q

5. Presque pas ou aucun n’est d’origine étrangère q

6. Ne sait pas q

19. Comment vous et votre partenaire avez-vous trouvé cet emploi ?plusieurs réponses possibles et si c’est le cas, veuillez entourer la raison principale Personne de référence Conjoint1. Par une démarche personnelle auprès de votre employeur q q

2. Par un membre de votre famille q q

3. Par une connaissance personnelle q q

4. En passant un concours ou examen q q

5. En répondant à une annonce q q

6. Par une agence d’intérim q q

7. Par l’ADEM q q

8. Par un autre organisme de placement (association, …) q q

9. Par l’école ou un organisme de formation q q

10. A été contacté directement par un employeur q q

11. Par la commune q q

12. Autre q q

20. Avez-vous une activité complémentaire qui vous permet de gagner de l’argent en dehors de votre statut principal ?q oui q nonSi oui, combien d’heures cela prend par semaine ? ________

21. Si vous avez effectivement une activité complémentaire, quelle est cette activité et dans quel secteur l’exercez-vous ? _________________________________________________________

22. Recherchez-vous actuellement un autre emploi ? Si oui, depuis combien de temps ?q oui depuis ___________ mois q non

23. Combien de temps avez-vous mis pour trouver votre premier emploi au Luxembourg ?__________ mois

24. Combien d’emplois avez-vous occupés depuis votre arrivée au Luxembourg ? __________

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25. Y a-t-il actuellement, dans votre ménage, une ou plusieurs personnes qui perçoit (vent) les ressources suivantes ? plusieurs réponses possibles Oui Non1. Salaires, traitements et/ou primes q q

2. Revenus d’une activité professionnelle non salariée (indépendant) q q

3. Loyers, intérêts, revenus d’épargne, dividendes q q

4. Allocation chômage q q

5. Préretraite, retraite q q

6. RMG q q

7. Autres prestations sociales ou bourses (allocations familiales, …) q q

8. Autre :

26. Pouvez-vous nous donner, pour votre ménage, le total de vos ressources financières nettes par mois en fonctions des fourchettes suivantes (salaire, prestations sociales, salaire, pension alimentaires…) :q 1.000 à 1.500 euros q 1.500 à 2.000 euros q 2.000 à 2.500 eurosq 2.500 à 3.000 euros q 3.000 à 3.500 euros q 3.500 à 4.000 eurosq 4.000 à 4.500 euros q 4.500 à 5.000 euros q 5.000 à 6.000 eurosq 6.000 à 7.000 euros q 7.000 à 8.000 euros q 8.000 à 9.000 eurosq 9.000 à 10.000 euros q plus de 10.000 euros q ne souhaite pas répondre

27. Actuellement, pour le ménage, diriez-vous plutôt que vous êtes financièrementq à l’aise q ça vaq c’est juste, il faut faire attention q y arrivez difficilementq vous ne pouvez pas y arriver sans vous endetter q ne souhaite pas répondre

28. Avez-vous un permis de conduire valable au Luxembourg ? q oui q non

Autorisation. L’Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS) détient des informations so-cio-économiques concernant votre parcours professionnel. Est-ce que vous nous autorisez à contacter l’IGSS afin d’obtenir ces informations ? Ces informations seront ensuite traitées anonymement. q oui q non

E. Langues

29. A votre arrivée au Luxembourg, parliez-vous une des trois langues officielle du pays ?plusieurs réponses possiblesq non aucune q oui, l’allemand q oui, le français q oui, le luxembourgeois

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30. Quelle langue parlez-vous ? Choisissez, la langue la plus souvent utilisée dans les situations proposées.GER : allemand FR : français LUX : luxembourgeois ML : langue maternellea : autre et précisez laquelle GER FR LUX ML A : ______________1. Au sein de votre ménage q q q q q

2. Avec vos parents, le cas échéant q q q q q

3. Avec vos enfants, si vous en avez q q q q q

4. Avec vos amis les plus proches q q q q q

5. Avec vos voisins q q q q q

6. Au travail, le cas échéant q q q q q

7. A l’école, la fac, etc. q q q q q

8. En couple q q q q q

9. Dans les magasins q q q q q

10. Dans les administrations q q q q q

31. Aujourd’hui, quelle connaissance avez-vous du luxembourgeois pour… ☹☹ : pas du tout ☹ : un peu ☺ : bien ☺☺ : très bien ☹☹ ☹ ☺ ☺☺1. Comprendre q q q q

2. Lire q q q q

3. Ecrire q q q q

4. Parler q q q q

F. Parcours scolaire et diplôme

32. Dans votre vie, avez-vous un jour fréquenté une école ? q oui q non

33. Si vous avez été scolarisés, vous avez suivi votre parcours scolaire : q uniquement à l’étranger q uniquement au Luxembourgq d’abord à l’étranger puis au Luxembourg q d’abord au Luxembourg puis à l’étrangerq des allers-retours entre les deux

34. A votre arrivée au Luxembourg, vous avez été scolariséq au précoce q en maternelle q en primaireq dans le cycle secondaire inférieur q dans le cycle secondaire supérieurq dans l’enseignement supérieur q pas scolarisé au Luxembourg

35. Quel est le plus haut diplôme que vous ayez obtenu à l’étranger ?____________________________________________________________________________________

36. Le cas échéant, votre diplôme étranger a-t-il été reconnu au Luxembourg ?q oui q non

37. Si vous êtes arrivés avec vos enfants, sont-ils scolarisés au Luxembourg ?q oui q non

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38. Si vous êtes arrivés avec vos enfants, dans quel cycle ont-ils été scolarisés à leur venue ?q au précoce q en maternelle q en primaireq dans le cycle secondaire inférieur q dans le cycle secondaire supérieurq dans l’enseignement supérieur q pas encore scolarisé

G. Relations sociales et citoyenneté

39. Au cours des 15 derniers jours, combien de fois avez-vous rencontré des personnes de votre famille proche ou éloignée ? Précision : non membres de votre ménage.q plus d’une fois q une fois q pas du tout

40. Au cours des 15 derniers jours, combien de fois avez-vous rencontré des amis ?q plus d’une fois q une fois q pas du tout

41. Au cours des 15 derniers jours, combien de fois avez-vous rencontré vos voisins ?q plus d’une fois q une fois q pas du tout

42. Parmi vos amis, combien sont … + de la moitié/ - de la moitié moitié moitié1. du même niveau d’études que vous q q q

2. de la même religion que vous q q q

3. de la même origine que vous q q q

4. des hommes (si vous êtes un homme) q q q

5. des femmes (si vous êtes une femme) q q q

6. des Luxembourgeois q q q

43. Parmi vos voisins, combien sont + de la moitié/ - de la ne sait moitié moitié moitié pas1. du même niveau d’études que vous q q q q

2. de la même religion que vous q q q q

3. de la même origine que vous q q q q

4. des hommes (si vous êtes un homme) q q q q

5. des femmes (si vous êtes une femme) q q q q

6. des Luxembourgeois q q q q

44. Si vous avez des enfants de moins de 12 ans dans votre ménage, avez-vous une personne de confiance dans votre entourage à qui vous pourriez les confier en cas d’imprévu (ex : mala-die ou urgence) ? plusieurs réponses possibles.1. Un autre de vos enfants q

2. Votre père ou votre mère q

3. Le père ou la mère de votre conjoint ou ex-conjoint q

4. Un autre membre de votre famille q

5. Un(e) ami(e) q

6. Un(e) voisin(e) q

7. Un(e) collègue q

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45. Avez-vous des contacts par lettre, téléphone ou internet avec votre famille ou des amis qui vivent dans votre pays d’origine ?q souvent q parfois q jamais

46. Etes-vous membre… Oui Non1. D’une association de parents d’élèves q q

2. D’une association sportive q q

3. D’une association de solidarité ou d’entraide (exemple : Wanteractioun) q q

4. D’une association de défense des droits de l’homme et de lutte contre le racisme q q

5. D’une association religieuse q q

6. D’un parti ou d’un mouvement politique q q

7. D’une association culturelle, de jeunes ou de quartier q q

8. D’une autre association de personnes de votre origine q q

9. D’une autre association q q

47. Veuillez indiquer le degré de confiance que vous avez dans les institutions luxembourgeoi-ses suivantes :☹☹ : pas du tout confiance ☹ : plutôt pas confiance ☺ : plutôt confiance ☺☺ : tout à fait confiance NSP : ne sait pas ☹☹ ☹ ☺ ☺☺ NSP1. L’école q q q q q

2. Instituts sociaux (SNAS, CNAS) q q q q q

3. Les associations d’aide aux étrangers (Caritas, Asti, Clae, Croix-Rouge …) q q q q q

4. La police q q q q q

5. La justice q q q q q

6. Les administrations communales q q q q q

48. Vous intéressez-vous beaucoup, assez, un peu ou pas du tout à : Beaucoup Assez Un peu Pas du tout1. La politique de la commune où vous vivez q q q q

2. La politique nationale luxembourgeoise q q q q

3. La politique internationale q q q q

4. La politique nationale de votre pays d’origine ou celui de vos parents q q q q

H. Image de soi, regards des autres et bien-être

49. Comment est votre état de santé en général ?q très bon q bon q moyen q mauvais q très mauvais q ne sait pas

50. Etes-vous limité(e) depuis au moins 6 mois à cause d’un problème de santé dans les acti-vités que les gens font habituellement ?q oui, fortement q oui mais pas fortement q non pas du tout

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51. Au cours de votre vie, avez-vous un problème de santé important qui vous a gêné dans votre vie quotidienne ? Y compris accident, maladie grave, maladie psychique, maladie ou handicap de naissanceq oui q non

52. Pensez-vous aller vivre un jour dans un autre pays que le Luxembourg ?q oui q non q peut-être, lequel ? _________________________________________________ 53. Quelle est votre degré de satisfaction de votre vie actuelle au Luxembourg ?☹☹ : très insatisfait ☹ : plutôt insatisfait ☺ : plutôt satisfait ☺☺ : très satisfait ☹☹ ☹ ☺ ☺☺ q q q q

54. D’après vous, parmi les caractéristiques suivantes, quelles sont celles qui vous définissent le mieux ? vous pouvez en choisir quatre au maximum1. Votre génération ou votre âge q

2. Votre sexe q

3. Votre métier ou votre catégorie sociale q

4. Votre niveau d’études q

5. Votre quartier ou votre ville q

6. Votre état de santé (un handicap ou une maladie) q

7. Votre nationalité q

8. Vos origines q

9. Votre couleur de peau q

10. Votre religion q

11. Vos centres d’intérêt ou vos passions q

12. Vos opinions politiques q

13. Votre situation de famille q

14. Autre chose : ______________________ __________ q

55. Dites si vous êtes tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas d’accord, ou pas du tout d’accord avec les propositions suivantes☹☹ : pas du tout d’accord ☹ : plutôt pas d’accord ☺ : plutôt d’accord ☺☺ : tout à fait d’accord ☹☹ ☹ ☺ ☺☺1. Je me sens chez moi au Luxembourg q q q q

2. Il faut faire oublier ses origines pour se faire accepter au Luxembourg q q q q

3. On me voit comme un Luxembourgeois q q q q

56. Dans la vie quotidienne, à quelle fréquence vous demande-t-on vos origines ? q souvent q parfois q rarement q jamais

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57. Composition de ménage. Pouvez-vous compléter ce tableau pour tous les membres du ménage vivant à votre domicile, vous inclus. Veuillez commencer par vous-même en n°1

n° prénom sexe1 date naissance

Lieu naissance

Langue maternelle

date arrivée Lux.

Lien2 situation par rapport à l’emploi3

1 M/F 2 M/F 3 M/F 4 M/F 5 M/F 6 M/F 7 M/F 8 M/F 9 M/F

(1) Veuillez biffer la mention inutile : M = masculin F = féminin(2) Lien familial par rapport au chef de ménage : père, mère, fille, fils, époux, épouse, partenaire, oncle,

tante, grand-père, grand-mère … Pour vous-même, veuillez indiquer chef de ménage.(3) 1 : occupe un emploi 5 : retraité(e) ou préretraité(e) 2 : apprenti(e) sous contrat ou stage rémunéré 6 : femme ou homme au foyer 3 : étudiant(e), élève, en formation 7 : en maladie/invalidité 4 : est au chômage

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grIlle d’entretIen

1) profiL de La personneDepuis quand êtes vous au Luxembourg ?

Date et lieu de naissance ?

Etat civil actuel ? Des enfants ?

Pays et région d’origine ?

Quel âge aviez-vous quand vous êtes arrivé au Luxembourg ?

Quelle(s) nationalité(s) ?

Pourquoi avoir choisi le Luxembourg ?

Seul ou accompagné lors de votre arrivée ?

Quelle(s) langues parlez-vous ?

2) traJectoire miGratoireEléments à l’origine du départ ?

Durée du voyage et conditions dans lesquelles celui s’est passé ?

En arrivant, qui avez-vous contacté/rencontré (1ère démarche) ? Conditions du 1er accueil, caractéristiques des personnes et/ou structures ayant assuré cet accueil ? Comment avez-vous fait pour vous débrouiller ?

Comment entré en contact avec Caritas ?

Combien de temps avant d’obtenir le statut ? Recours ?

Conditions de vie au Luxembourg et évolution de celles-ci entre l’arrivée et aujourd’hui (hébergement, autonomie financière…) ?

Personnes qui vous ont aidé ?

Premiers sentiments en arrivant au Luxembourg ?

Comment voyez-vous votre avenir ?

Qu’auriez-vous aimé qu’on fasse pour vous lors de votre arrivée et lors de la procédure ?

Egalité et discrimination ?

Accueillir c’est déjà commencer à intégrer (on a trop souvent tendance à confondre assistanat et accompagnement)

Le parcours de la personne après le jour où elle a obtenu son statut. Aide ? Suivi ?

3) travaiL, education et formationLe plus haut diplôme obtenu ? Est-il reconnu ?

Votre profession ? Correspond-elle à vos qualifications ? Satisfait ? CDD/CDI ? Formations suivies (lesquelles, avec quelle organisme) ? Combien de temps pour trouver du travail ? Chômage ?

Avez-vous des enfants scolarisés au Luxembourg ?

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Questions B. Kagné :La personne travaille-t-elle ou a-t-elle déjà une fois travaillée ? Si oui, quelle fonction a-t-elle occupé ? Correspond-elle à son ni-veau d’éducation ou à ses compétences ? Comment à-t-elle eu accès à cet emploi ? Quelles sont les difficultés auxquelles elle doit / a du faire face ? Recours à des opérateurs tels que l’ADEM, le RTPH… ?

4) connaissance de LanGues

5) LoGementLOGEMENT DPI

Si logé dans un foyer en tant que dpi, comment vécu cette situation, cette vie en collectivité ?

Où se trouvaient les logements ? Encadrement ?

LOGEMENT DEPUIS ACQUISITION STATUT

Où ? Pourquoi à cet endroit ?

Propriétaire/locataire ?

Difficultés pour trouver le logement ? Par quelle voie ? Aide, de la part de qui ?

Satisfait ?

Comment le logement est-il perçu ? Quelles sont les facilités ou les difficultés rencontrées d’une part, pour l’accès au logement et d’autre part, dans le logement même ? Et enfin, quelles stratégies sont mises en œuvre pour accéder au logement ou pour améliorer ses conditions de logement ?

6) citoYenneteActive (engagement formel/informel) dans une asbl ?

Structures liées au pays d’origine ou à la société d’accueil?

Contacts avec la société d’accueil, avec la population locale ?

Comment vous sentez vous au Luxembourg à l’heure actuelle ?

a. Les personnes que vous fréquentez ?

7) poLitiQue d’inteGrationDonner l’opportunité aux réfugiés d’exprimer leur opinion sur la nécessité d’une politique d’intégration qui leur soit spécifique et de réfléchir à l’élaboration d’une telle politique.

Mesures et actions pour une meilleure politique d’intégration, des mesures adaptées à leurs besoins

Voulez-vous rajouter quelque chose ?

Réfugiés reconnus au Luxembourg : Quelle intégration ?

F ER 2008 – 2013

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