Recherches sur Bonamia ostreae gen. n., sp. n., parasite nouveau de … · Les huîtres examinées...

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C \ Retrouvez le catalogue en ligne des publications récentes du Service des Editions de l'Ifremer à l’adresse. Découvrez également un ensemble de documents scientifiques, accessibles gratuitement, dans Archimer. \ / RECHERCHES SUR BONAMIA OSTREAE GEN. N., SP. N., PARASITE NOUVEAU DE L’HUITRE PLATE OSTREA EDULIS L. par Yves PICHOT, Michel COMPS, Gilbert TIGE, Henri GRIZEL et Marie-Agnès RABOtlIN (D Des mortalités inhabituelles ont été observées au début de l’été 1979 sur certains parcs d’élevage d’huîtres plates de l’Ile-Tudy en Bretagne. Un parasite encore inconnu sur les côtes françaises a été mis en évidence dans les cellules sanguines des huîtres atteintes (Comps et Coll., 1980). Les formes les plus communes du parasite sont représentées par des cellules de 2 à 3 p. de diamètre caractérisées par un cytoplasme opaque comportant des particules denses structurées de 130 à 170 nm. La présence de ces cellules est associée à une dégradation du conjonctif et à des ulcérations au niveau des branchies accompagnées d’importantes réactions inflammatoires. Des recherches systématiques ont permis ultérieurement de constater l’extension de la para- sitose à différents secteurs ostréicoles de Bretagne, notamment Cancale, Saint-Brieuc, Paimpol et Morlaix, en rivière d'Etel, dans la région des abers ainsi que dans le golfe du Morbihan et au trait du Croizic (T igÉ et Coll., 1980). Des huîtres parasitées ont été trouvées également en Normandie à Saint-Vaast-la-Hougue et dans la baie d'Arcachon. Conjointement aux recherches réalisées pour établir la situation épidémiologique, des études ont été effectuées, principalement en microscopie électronique, pour préciser les caractéristiques du parasite et déterminer son cycle de développement. Matériel et méthode. Les huîtres examinées provenaient essentiellement de l’Ile-Tudy, de Paimpol, de Cancale et de la baie d’Arcachon. Excepté le cas de celles qui présentaient des ulcérations sur les branchies, une recherche préalable des éléments infectés était réalisée en microscopie photonique. Pour la microscopie électronique, les blocs étaient fixés une heure dans le glutaraldéhyde à 3 f '/o et postfixés dans 0S 04 à 1 %. On a utilisé un tampon cacodylate 0,4 M pour préparer les fixateurs et la solution de rinçage. Les pièces étaient incluses dans l’araldite, les coupes colorées par l'acétate d'uranyle en solution aqueuse à 5 % et par le citrate de plomb. Description du parasite. 1. Morphologie - Ultrastructure. Suivant leur opacité aux électrons, qui correspond d'ailleurs à une basophilic plus ou moins marquée du cytoplasme, on peut distinguer deux groupes de « cellules parasites ». (1) Y. P ichot et M. C omps : Laboratoire de Pathologie, I.S.T.P.M., 1, rue Jean Vilar, 34200 Sète (en colla boration avec le Laboratoire de Pathologie comparée. Université des Sciences, place E. Bataillon, 34200 Montpellier. G. T igé , H. G fuzel et M.-A. R abouin : Centre de Recherches I.S.T.P.M., 56000 La Trinité-sur-Mer. Rev. Trav. Inst. Pêches marit., 43 (1) : 131-140.

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RECHERCHES SUR BONAMIA OSTREAE GEN. N., SP. N., PARASITE NOUVEAU DE L’HUITRE PLATE OSTREA EDULIS L.

par Yves P ICHOT, M ichel C O M P S , G ilb ert TIGE,Henri GRIZEL et M arie -A gn ès R A B O tlIN (D

D es mor ta l i té s inhabi tuel les ont été obse rvées au dé bu t de l’été 1979 sur cer tains parcsd ’élevage d ’huî t r es pla tes de l’I l e - T u d y en Bretagne . U n pa r as i t e encore inconnu sur les côtes f rançaises a été mis en évidence da n s les cellules sangu ines des huî t r es a t teintes ( C o m p s et Coll., 1980) . Les formes les plus commu nes du pa ras i t e son t r ep résentées pa r des cellules de 2 à 3 p. de d iamèt re ca ractér isées pa r un cytop lasme opaqu e c om p o r t an t des par t i cules denses s t ructurées de 130 à 170 nm. La p résence de ces cellules est associée à une dég ra d a t i on du conjonct i f et à des ulcérat ions au niveau des branchies ac com pag né es d ’impor tan tes r éact ions inf lammatoires .

D es r echerches sys témat iques on t permis u l t é r i eu rement de con s ta t e r l ’ex tension de la pa ra - si tose à d if fé ren ts secteurs ostréicoles de Bretagne , n o ta m m e n t Canca le , Saint -Br ieuc, Pa impol et Mor la ix , en rivière d 'Etel , dans la rég ion des aber s ainsi que da ns le golfe du M o r b i h a n etau t ra i t du Croizic ( T igÉ et Coll. , 1980) . D es huî t r es pa ras i t ées ont été t rouvées éga lement enN o r m a n d i e à S a i n t - V a a s t - l a - H o u g u e et da n s la baie d 'A r ca ch on .

Co n j o in te me nt au x recherches réal isées pour ét abl i r la s i tuat ion épidémiologique, des é tudeson t été effectuées, p r incipa lement en microscopie électronique, pou r préciser les caractér is t iquesdu pa ras i t e et déte rminer son cycle de déve loppement .

M a té r ie l e t m é th o d e .

Les huî t r es examinées p ro ven a i en t es sent i el l ement de l ’I l e - T u dy , de Paimpol , de C an ca le et de la baie d ’A rca ch o n . E x c e p té le cas de celles qui p résen ta ien t des ulcérat ions sur les branchies , une recherche p réa lab le des é l éments infectés étai t réal isée en microscopie pho tonique.

P o u r la microscopie él ectronique, les blocs ét ai en t f ixés une heure dans le g lu ta ra l dé hyd eà 3 f '/o et pos t f ixés da ns 0S 04 à 1 % . O n a util isé un t ampo n cacody la te 0,4 M pour p rép a re r lesf ixateur s et la solut ion de r inçage. Les pièces ét a i ent incluses dans l ’araldi te , les coupes coloréesp a r l ' acéta t e d 'u ra ny le en solut ion aqueus e à 5 % et p a r le ci t rate de plomb.

D e s c r ip t i o n d u p a ra s i te .

1. M o r p h o lo g ie - U ltrastru ctu re.

S uiv an t leur opac ité aux électrons, qui co r res pon d d ' ai l leur s à une basophi l ic plus ou moinsm a rq u é e du cy toplasme, on p eu t d is t inguer deux g r oupes de « cellules pa rasi te s ».

(1) Y. P i c h o t et M. C o m p s : L ab o ra to i re de Pa tho log ie , I .S .T .P .M . , 1, rue Jean Vilar , 34200 Sète (en co l la­b o ra t io n av e c le L ab o ra to i re de P a tho log ie com parée . U n iv e rs i té des Sciences, p lace E. Bata il lon, 34200 Montpell ier .

G. T i g é , H. G f u z e l et M .-A . R a b o u i n : C e n tre de Recherches I .S .T .P .M . , 56000 La T r in i té - su r -M e r .

R e v . T ra v . Inst. P êch es m arit., 43 (1) : 131-140.

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a) « L e s [orm es d e n s e s » (fig. 1 à 3) . Ces formes sont les plus f r équen tes da n s les t issus infectés. El les co r r esp ond en t à la « cellule type » du pa ras i t e ini t ial ement décr i te ( C o m p s et Coll., 1980) . G én é ra le m en t ar rondies , leur taille var i e en t re 2 e t 3 p . E l l es p rés en ten t à l ’intér ieur de la m e m b r an e p lasmique un cy top lasme dense, r iche en gra ins d ’aspec t r ibosomal . Le noyau , limité pa r deux membr anes unitaires, es t const i tué de matér ie l g ran u le ux o p aq u e aux électrons. Ces cellules r en fe r men t pa r ai l leurs des mi tochondr ies do n t le d iamèt re var i e en t re 0,5 et 1,8 p ; à l ’intérieur, les replis me mbr ana i res en forme de crêtes son t peu nombreux .

Elles com po r ten t aussi, r épar t i es à la pér iphérie, des par t i cules denses s t ructu rées ( P D S ) , de 130 à 170 nm pour un d iamèt re moye n de 130 nm : la pa r t i e cent ra l e est limitée pa r un ensemble cort ical formé d ’une couche claire externe, d ’une couche méd iane op aq ue de 10 nm et d ’une couche in te rne claire.

Enf in, suivan t le p lan de section, on obse rve un corps très dense, sans s t ructu re apparente , de 0,5 p. de d iamèt re environ.

b) « L e s [orm es c la ire s» (fig. 4 et 5 ) . Le plus souven t pa rasphér iques , ces formes amoeboides peuven t êt re éga lement plus ou moins al longées, leur taille va r i a n t ent re 2,5 et 4 p., cer taines p o u v a n t a t t e indre 7 p.

Ces cellules, peu basophiles, p rése n ten t par r a p p o r t aux formes denses ce r taines di f férences st ructurales .

Le noy au comporte un nucléop lasme formé de pet i ts amas g r anu leux denses r épa rt i s dans un espace clair ; il est doté d ’un volumineux nucléole, f inement g ranu leux, localisé en posit ion par iétale.

P o u r ce qui concerne les organe l le s cy top lasmiques , on t rouve da n s ces cellules des mi to­chondr ies ca ractér isées da ns ce r ta ins cas pa r la p résence de replis mem br ana i r es internes (crêtes) , plus net s et su r tout plus no m br eu x que da n s les mitochondries des formes denses.

O n observe éga lement dans le cy top lasme des par t i cu les à s t ruc tu re bipart i te, i dent ique àcelle des P D S décr i tes c i -dessus ; leur forme c e pe nd a n t est assez var iable : la p l upa r t sont p a ra -sphériques, d ’aut res son t a l longées et ce r taines enf in on t un aspec t p lu tô t cuné i fo rme ; les d imensions m oy en nes se s i tuent ent re 120 et 140 nm pour le d iamèt re et ent re 180 et 200 nm pour la longueur .

U n troisième type d 'organe l l e est r ep résen té p a r des format ions me mbrana i res r efermées en saccules isolés ou empilés p a r 2 ou 3, par foi s même p a r 4 (fig. 5 et 13). M o r p h o l og iq ue m en t assimilables à un apparei l d e Golgi , elles pe uv e n t ê t re associées à des vésicules de 50 à 90 nm qui p rov iendra ien t du bou rg eo nn e me n t la téral des saccules (fig. 12).

Ce r t a ins saccules on t un profi l ci rculai re et cons t i tuent des vésicules de 100 à 150 nm, àl’intér ieur desquel l es on peu t no te r l ’accumula t ion de matériel dense aux électrons. Ce phéno mè ne p a r a î t se p rodu i re éga le men t au niveau de saccules droi ts , le dé pô t de matér ie l dense s ' opé ran t à l ’inté r ieur de la cavi té limitée p a r les me m br an es (fig. 13). D a n s les deux cas, ce p rocessus a s su re ra i t la mo rp hog énè se des P D S d ’une façon an a l og ue à la fo rmat ion des hap losporosomes chez cer taines Hap lo spo r id ies ( P e r k i n s , 1979) .

Enfin , on no te l ’exis tence de corps cytop lasmiques sphéro ïdes de 0,5 à 0,8 p, de d iamèt re d ’aspec t amorphe, denses aux él ectrons ; ils ne semblent com por t e r aucu ne sub s t ruc tu re décelable (fig. 4 et 11).

2. M u ltip lica tio n du p a ra site - C ycle.

L ’é tude en microscopie élect ronique a permis d ' obse rve r à l ’intér ieur de la cellule hôte d i f fé ­rent s s tades de division cellulaire co r r es p o n d a n t à un mo de de mul t ipl icat ion du pa ras i t e (fig. 6 à 9 ) .

A u dé bu t de la division, le noyau est plus ou moins ovo ïde ; son nucléole, cons t i tué de g rains denses aux él ect rons est accolé à la memb ran e nucléaire . D a n s le nucléoplasme , des microtubules de 20 nm de d iamèt re s ' é t endent , dans la pa r t i e méd iane du noyau , en faisceau, à par t i r d 'un corps pola i re dense. Ces format ions in t r anucléai res pe uve n t ê t re r app ro ché es des microtubules et des S .P .B. (spindle pole bo d y ) décr i t s pa r P e r k i n s ( 1 9 7 5 a ) da n s les n o ya ux en cours de mitose de M in c h in ia nelsoni.

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Fie. I. — A sp e c t dn c o n fo n d it à un stade a van cé de i infection a v e c d e nom breuses cellu les parasitées (cp) : coupe sem i-line. G x 910. Fie. 2. — C ellu le in fectée renferm ant d es « form es d e n s e s t du p a ra s ite : noyau de la cellule hô te (nh), n oyau du parasite (n), m itochondrie (m i), particu le den se structurée (pd s), corp s dense (cd) ; m icroscopie électronique. G < 12 400. Fie. 3. — P articu les denses s tru c tu rées , m icroscopie électronique, G X 118 000.

A * ) '

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D 'a u t r e s s t a des mon t r en t un n o y au t r ès a l longé avec un corps polaire r epoussé con t re la membr ane nucléa ire : des mic ro tubules sont en co re visibles à son vois inage.

A un s t ade plus avanc é de la mitose, le no y au for tement ét iré d a n s sa par t i e méd iane possède l a t éra l ement deux corps o p aq u e s co r r es p o n d a n t v rai semblab lement à des nucléoles.

FlC. 4. — C ellu le in fectée p a r d es « form es cla ires » du parasite ■■ n o y a u (n) , nucléole (nu), m itochondrie (mi), particu les den ses structurées (pds) , corp s dense (cd) ; m icroscopie électronique. G X 16 000.

Les phases ul tér ieures sont marqué es pa r la division cy top lasmiq ue con du i s an t à ¡a format ionde deux cellules filles. Ce r t a in es images su gg ére ra i en t que cet te divis ion pour ra i t êt re a s su rée pa rla p roduct ion d une m em br ane plasmique interne qui formerai t une cloison.

Les s t r uc tu res du type apparei l de Golgi et les d i f fé ren tes fo rmat ions vés iculaires son t f réquentesda ns le cy t op l as me des cellules en cours de division,

A côté de ces d i f fé ren tes f igures de division, il n ' es t pas r are d e r enc on t re r d an s les cellules infectées des formes p lasmodia les à deux n o ya ux (fig. 10 et 11). La taille de ces p la smodes es t com parab le à celle des «ce l lu le s c l a i r e s » (3 à 4 p.). Le plus souvent , les n o y au x de forme a r ron d ie

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sont nettement séparés dans le cytoplasme. Us peuvent aussi être accolés avec une zone de contact aplatie comme cela existe dans les jeunes plasmodes binucléés de M in ch in ia sp ., parasite de P a n o p eu s herbstii (Perkins. 1975 6) (fig. 11) .

L 'observa t ion de ces d if fé ren te s p h ases de division su g g è re donc la possibilité p o u r le cycle du p a ra s i te d e co m p o rte r u ne p h ase de multip lication de type sch izogon ique . p a r divisions binaires s im ples qui se d é ro u le ra ien t à l ' in té r ieur des cellules hô tes de l’huître .

Fie. 5. — D éta il d u n e € form e claire » : n oyau (n ) . m itochondrie (mi), particu les denses structurées (pds) , uésicules (v ) , saccules (s) , cellu le hôte (ch) ; m icroscopie électronique. G X 47 200.

D a n s le cycle de déve loppem en t chez l’hu ître , les « form es claires » rep ré se n te ra ien t les formes v égé ta t ives et les « form es denses », les formes de rés is tance. C e s dern ières , q u 'o n trouve parfo is libres au sein des tissus al térés , p o u r ra ien t a s su re r l’ex tens ion de la para s i to se chez l 'hu ître init ia lem ent infec tée ou encore co n ta m in e r des hu îtres saines.

C e t te h y p o th è se ne do i t pas pou r a u t a n t é lo igner la possibilité d 'un cycle plus com plexe avec une p h a s e sp o rogon ique qui se d éve loppe ra i t chez l ’huître , sous ce r ta ines conditions, ou encore chez un hôte in te rm édia ire .

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Fig. 6 à 9. — P hases d e la d iv is io n cellulaire. Fie. 6. — / n terphase : nucléole (nu), m icrotubu les (m t) . b'«., 7. — T elophase. Fig. 8 e t 9. — D iv is io n cy top lasm iqu e : clo ison (cl) ; m icroscopie é lec tron ique , G X 19 200.

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P a r ai lleurs, en ce qui concerne le cycle, d ' au t r e s points d e m an d e ra ie n t à êt re éclaircis, n o ta m m e nt la s ignif icat ion et le rôle des formes p lasmodia les binucléées.

Données taxonomiques.

Bonamia gen. nov.D iagnose . S ta d e s végé ta t i f s r eprésen tés p a r des cellules amoeboides , caractér i sées p a r la

p résence de par t i cules denses s t ructu rées d a n s le cy top lasme ; mul t ipl icat ion int racel lula i re par division b inai re simple.

Bonamia ostreae sp. n.D iagnose . F orm es végé ta t ives : cellules de 2 à 4 p, de d iamèt re à cytop lasme peu dense

r en fe rm an t des par t i cules denses s t ructurées , plus ou moins al longées, de 130 à 200 nm, des mitochondr ies , des format ions de type apparei l de Golgi et un no ya u doté d 'u n nucléole en posi t ion pariétale.

Mul t ip l ica t ion d an s la cellule hô te suivan t un mod e schizogonique pa r division binai re simple. Ex i s t e nce de formes p lasmodia les binucléées.

F or m e s denses : cellules a r rond ies de 2 à 3 y,, avec un n o y au dense, des mitochondr ie s de g r an d e taille (0,5 à 1.8 p.) ; cytop lasme r iche en gra ins d e n s e s ; présence de par t i cules denses s t ructu rées de 130 à 170 nm.

H ô t e : O stre a edulis L.Loca l i t é : I l e - T u d y (Bretagne) .

3. D isc u ss io n .

D a n s le premier s igna lement du parasi te , cer taines simil i tudes ava ien t été notées mais aussi des di f fé rences avec les Hap los po r id ie s et les paras i te s du genre M artei lia . La descr ipt ion plus complète des d if fé ren tes formes t rouvées chez l’huî t r e pe rmet de préciser d a v a n t a g e les rela t ions avec ces deux g roupes et d ' en t irer ce r taines conséquences sur le p lan de la sys témat ique .

Le r ap pr oc h e m en t p r oposé ent re ce P ro t i s t e d ’une p a r t et les Hap los po r id ie s et les M artei lia d ’aut re pa r t a été basé p o u r l ’essentiel sur la p résence com mune de par t i cules denses s t ruc turées in t r acy toplasmiques .

Ces corps ont en effet été décr i t s chez des espèces des genres M in c h in ia et U rosporid ium ( P e r k i n s , 1968, 1969, 1971, 1975 a ) . P e r k i n s (1971) les no mme hap lo sporo som es et su gg ère q u ’ils cons t i tuen t des o rgane l le s caractér i s t iques de ces deux genres et p ro bab le me nt des Hap lo sp ore a .

Ch e z M arte i l ia re fr ingens, les par t i cules denses s t ruc tu rées ont été à l ’or igine cons idérées comme des « p a r t i c u le s d ’al lure v i r a l e » ( B o n a m i et Coll. , 1971 ; G r i z e l et Coll., 1974) . P a r la suite, P e r k i n s (1976) devai t les assimiler à des hap lo sporo som es aussi bien d an s le cas de M artei lia re fr ingens que da n s celui de M arte i l ia s y d n e y i n. sp. ( P e r k i n s et W o l f , 1976) . D a n s le genre voisin Paramarteilia n. g. ( G i n s b u r g e r - V o g e l et D e s p o r t e s , 1979 a ) , des inclusions denses en bâ to nn e t s obse rvées da n s le cytop lasme cort ical et i ni t ialement p résentées comme hap losporosomes on t été conf irmées en t an t que tels ( G i n s b u r g e r - V o g e l et D e s p o r t e s , 1979) .

D es é tudes récen tes ( G i n s b u r g e r - V o g e l et D e s p o r t e s , 1979 a ; P e r k i n s , 1979) t e nd en t à l imiter l ' impor tance de la présence d ’hap l osporoscmes comme ca ractè re t axonomique, le mode de sp or ogé nè se é t an t à considé re r en premier lieu.

Toute fo i s , p ou r ce qui concerne B onam ia ostreae, l’absence d ’obse rva t ions sur une vér i table phas e sporog on ique nous incite néa nm oin s à r etenir la p résence de P D S (hap losporosomes) pour sug gé re r une ce r t aine p a re n té avec les pa rasi te s de la classe des S te l l a tosporea selon la classi­f ication nouvel le p roposée pa r S p r a g u e (1979).

La comp ara i s on des o rganel les cy toplasmiques d ’une façon généra le p e rmet d ’ap po r t e r quelques précis ions sur les aff ini tés respect ives avec cer tains genres de ce g roupe.

Les mi tochondr ies peu ven t p résen te r chez ce paras i te de nombreuses crê tes comme c ’est lecas pour M in ch in ia sp. et U ro spor id ium sp. ( P e r k i n s , 1979) alors q u ’elles sont r a res da n s lesmi tochondr ies des M arte i l ia et de Param arteilia orchestiae.

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Fig. IO. — F o rm e p lasm od ia tc b in uclèée ; noyau du parasite (n ) , cellule hôte (ch) ; microscopie électronique. G X 32 400. F i g . t l . F o rm e btm tclèée à n o ya u x a cco té s : m em brane nucléaire (nm) ; m icroscop ie électronique, G X 32 400.

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F ig. 12. — C ellu le présen tan t un n oyau en in terp h a se: m icrotubules (m t), particu les den ses struc­tu rées (pds). nucléole (nu), saccules d e ty p e appare il d e G olg i (sg ), co rp s po la ire dense (cpd). vésicu les (v) ; m icroscopic électronique. G X 42 500. F ig. 13 a et b. — D éta il des organelles cy to p la sm iq u e s : vésicu les au cen tre d esqu e lles s'accum ule du m atériel dense (v ) . d é p ô t de m atériel dense (d ), au n iveau de saccules d e ty p e appare il de G o /p i; m icroscopie électronique.

G X 3 0 000.

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O n t rouve les mêmes dis t inct ions po u r ce qui conce rne l ' appare i l de Golgi .P a r ai lleurs, il est i n t é ressan t de no te r que da ns les cellules de B. ostreae, les P D S se

fo rmeraient comme da n s les spores de M in c h in ia nelsoni et M . costalis, d i r ec tement à pa r t i r de format ions du type apparei l de Golgi , p rocessus qui ne pa r a î t pas se p rod u i re da ns les spores de M arte i l ia re fr ingens et de M . s y d n e y i ( P e r k i n s , 1976 a et b ) . Il f aut no te r éga lement l ’absence de corps mult ivésiculaires assimilables aux M V B pr ésen t s dans les p la smo de s des M in c h in ia nelsoni, U ro spor id ium crescens, M a r te i l ia re fr ingens et M . s y d n e y i et au n iveau desquel s peuven t se fo rmer des hap losporosomes ( P e r k i n s , 1979) .

Enf in, po ur ce qui est du m od e de division, on re m a rq ue des simil i tudes imp or tan tes ent re les moda li té s de la mi tose chez B o n a m ia ostreae et celles de la mi tose chez M in c h in ia nelsoni ( P e r k i n s , 1975 a ) .

Si B o n a m ia ostreae mo n t re donc avec ces divers genres ce r taines ressemblances, il p résen te aussi avec eux des di f fé rences qui em pêc hen t pour le m o m e n t de l ' insérer dans un g rou pe précis.

E n raison de l ’imp or tan ce économique que rep résen te ce pa r as i t e depui s son extens ion à p lus ieur s g r a n d s cent res ostréicoles de Bretagne , l’é tude de son cycle et des moda l i té s d ' infect ion est poursuivie en vue de me t t r e au po in t comme pou r M arte i l ia re fr ingens des mesures d 'o rd re p ro ph y la c t iqu e suscept ibles de l imiter les effets de la paras i tose .

M a n u s c r i t remis ¡c 29 octobre 1980.

B I B L I O G R A P H I E

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