Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

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RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE Octobre 2013 | Numéro 10 Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich Production végétale Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des prés Page 416 Production végétale Série ProfiCrops: Transfert de connaissances en cultures maraîchères suisses Page 432 Eclairage Tête de moine AOP: une nouvelle culture pour certifier son origine Page 448

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Page 1: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

RECHERCHEAGRONOMIQUESUISSE

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Production végétale Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des prés Page 416

Production végétale Série ProfiCrops: Transfert de connaissances en cultures maraîchères suisses Page 432

Eclairage Tête de moine AOP: une nouvelle culture pour certifier son origine Page 448

Page 2: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

Les produits agricoles pourvus d’une appellation d’origine proté-gée (AOP), tels que la Tête de Moine, bénéficient sur le marché d’une valeur ajoutée en tant que produits fabriqués traditionnelle-ment et dotés d’une origine géographique définie. Des chercheurs d’Agroscope ont mis au point une méthode basée sur une culture de bactéries traceuses afin de pouvoir certifier l’origine de la Tête de Moine AOP. (Photo: Olivier Bloch, ALP-Haras)

ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

EditeurAgroscope

Partenairesb Agroscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW;

Agroscope Liebefeld-Posieux et Haras national suisse ALP-Haras; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART), www.agroscope.ch

b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.blw.chb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.chb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.chb Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,

Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.ch

Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]

Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: [email protected]

Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP-Haras), Erika Meili (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich)

AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch

AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, e-mail: [email protected], Fax +41 26 407 73 00

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Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch

ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse

© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

SommaireOctobre 2013 | Numéro 10

415 Editorial

Production végétale

416 Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des prés Daniel Suter, Hansueli Hirschi, Rainer Frick et

Philippe Aebi

Production végétale

424 Sensibilité de la pomme de terre aux pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp. Jérémie Rouffiange et al.

Production végétale – Série ProfiCrops

432 Transfert de connaissances en cultures maraîchères suisses

Robert Baur, Simone Fähndrich, Brigitte Baur

et Thomas Wieland

Eclairage – Série ProfiCrops

440 Recherche pour une production fruitière suisse durable, malgré le feu bactérien

Esther Bravin

Eclairage

444 Développement éclair de nouveaux outils de diagnostic pour l'agronomie

Christophe Debonneville, Jean-Sébastien

Reynard, Olivier Schumpp et Santiago Schaerer

Eclairage

448 Tête de moine AOP: une nouvelle culture pour certifier son origine

John Haldemann et al.

451 Portrait

452 Actualités

455 Manifestations

Page 3: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

Editorial

415Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 415, 2013

Chère lectrice, cher lecteur,

Lorsque Max Frisch a publié son récit «Der Mensch erscheint im Holozän»

(litt. «L’homme apparait à l’Holocène») en 1979, il ne s’imaginait sans doute

pas que cette période géologique était sur le point d’arriver à son terme.

Même si scientifiquement parlant, le titre est faux, il a une certaine justesse

par rapport à l’homme moderne: l’Holocène – une période relativement

chaude et climatiquement stable de 10 000 à 12 000 ans – a créé les condi-

tions qui ont permis l’évolution culturelle et historique de l’homme actuel.

Cependant au cours des 200 dernières années, l’homme est lui-même de plus

en plus devenu un facteur géologique: une nouvelle période a débuté, l’An-

thropocène. Nous connaissons tous les conséquences de l’action de l’homme

sur le climat et l’écosystème. Selon Paul J. Crutzen, chercheur spécialiste de

l’atmosphère et prix Nobel, qui a largement popularisé le concept d’Anthro-

pocène, la nouvelle période peut – pour l’instant – être subdivisée en trois

phases. La première phase d’environ 1800 à 1945, qui comprend essentielle-

ment l’ère de l’industrialisation, se caractérise par l’emploi accru des combus-

tibles fossiles. Jusqu’en 1945, la concentration en CO2 a déjà augmenté à un

niveau qui dépasse largement la variation statistique atteinte pendant l’Ho-

locène. La deuxième phase a débuté en 1945 et se prolongera jusque vers

2015 selon les prévisions de Crutzen. Durant cette phase qu’il a baptisée «The

Great Acceleration», la dynamique de l’influence humaine sur l’environne-

ment a augmenté dans des proportions dramatiques. Dans cette phase typi-

quement, le changement de mentalité de tout un chacun ou des décideurs

économiques et politiques ne se fait que de manière frileuse, et les efforts

engagés pour trouver des solutions au niveau international ne se concré-

tisent que par un succès très modeste.

L’humanité restera pour les milliers d’années, voire les millions d’années

qui viennent, un facteur d’influence géologique capital. C’est indiscutable.

La grande question par rapport à la troisième phase de l’Anthropocène

porte cependant sur le rôle que jouera l’homme à l’avenir. Le développe-

ment de stratégies efficaces pour trouver un équilibre durable entre l’action

de l’homme et l’écosystème global est un des plus importants enjeux poli-

tiques et scientifiques qui soit. Et comme on en arrive lentement à constater

que les approches classiques, par exemple en vue de réduire les émissions de

CO2, agiront trop lentement pour pouvoir protéger l’homme à temps des

conséquences dramatiques du changement climatique, on recherche tou-

jours plus de nouvelles solutions pour intervenir activement dans la dyna-

mique climatique globale. Ces approches réunies sous l’étiquette de geo-

engineering ont en général pour but de freiner le réchauffement climatique,

de diminuer la concentration de CO2 ou d’empêcher l’acidification des

océans.

Nous sommes au tout début de ces développements et il reste à espérer

que l’homme mettra ses facultés en œuvre pour jouer son rôle de «facteur

géologique» à l’avenir en pleine conscience de ses responsabilités. Une

recherche agronomique dynamique à l’échelle nationale et internationale

aura une place importante à tenir dans ce contexte.

Paul Steffen, dirigeant Agroscope Reckenholz-Tänikon ART

L’Anthropocène – une nouvelle période géologique

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416 Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 416–423, 2013

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

I n t r o d u c t i o n

Trèfle blanc: précieux et persistant

Dans les prairies fréquemment exploitées, seule une

espèce de trèfle résiste sur la durée: le trèfle blanc (Trifo-

lium repens L.). En raison de son type de croissance, seuls

les limbes et les pétioles sont éliminés lors de la fauche.

La tige reste intacte et continue à se développer sous

forme de pousse rampante. Ces tiges rampantes (fig. 1)

permettent au trèfle blanc de se régénérer rapidement

après différents types d’impact, comme la fauche,

l’abroutissement ou le piétinement, et de combler immé-

diatement les lacunes, se multipliant non seulement par

propagation des semences, mais aussi par voie végéta-

tive. Cette aptitude à la régénération fait du trèfle blanc

une espèce de trèfle idéale pour les pâturages.

Dans tous les mélanges standard qui associent trèfles

et graminées pour une durée de trois ans et plus, le trèfle

blanc constitue la composante essentielle du peuple-

ment à partir de la deuxième année d’exploitation (Mosi-

mann et al. 2012). Il remplit une fonction capitale, car les

mélanges à base de trèfles et de graminées apportent de

gros avantages par rapport aux mélanges de graminées

purs (Finn et al. 2013; Nyfeler et al. 2009). Sachant que

seuls les limbes et les pétioles du trèfle blanc sont récol-

tés, les peuplements contenant du trèfle blanc ont un

mode d’exploitation plus élastique que les peuplements

contenant du trèfle violet ou de la luzerne en raison de la

qualité plus ou moins constante de la récolte. Le trèfle

blanc possède la propriété intéressante de pouvoir

étendre ses pétioles de manière à placer les limbes de ses

feuilles là où ils reçoivent plus de lumière. Il peut même

tourner les limbes en direction de la lumière incidente

(Marcuvitz et Turkington 2000). En dépit de ces proprié-

tés, il est recommandé de faucher fréquemment les peu-

plements à base de trèfle blanc, de façon à ce qu’ils

puissent résister à leurs concurrents à croissance rapide

(Winkler 1984). C’est pourquoi la première coupe doit

avoir lieu tôt dans l’année si l’on veut maintenir, voire

promouvoir le trèfle blanc dans le peuplement.

Les sols idéaux pour le trèfle blanc sont les sols frais,

riches en éléments nutritifs. Le trèfle blanc supporte mal

les longues périodes de sécheresse à cause de son système

racinaire superficiel. Le besoin d’engrais se limite en géné-

ral aux éléments suivants: phosphore (P), potassium (K) et

magnésium (Mg). Le trèfle blanc est une légumineuse et à

ce titre, il peut fixer l’azote de l’air à l’aide des rhizobiums.

Le trèfle blanc n’est pas le seul à profiter de cet azote. Les

autres plantes du peuplement en tirent elles aussi le béné-

fice (Nyfeler et al. 2011). Par conséquent, les mélanges de

trèfle et de graminées ont besoin de moins d’engrais

azoté que les cultures de graminées pures.

Le trèfle blanc résiste mal aux fortes gelées. Lorsque

la couverture neigeuse se prolonge, le trèfle blanc est

Daniel Suter1, Hansueli Hirschi1, Rainer Frick2 et Philippe Aebi2

1Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich, Suisse2Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon, Suisse

Renseignements: Daniel Suter, e-mail: [email protected], tél. +41 44 377 72 79

Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des prés

Figure 1 | Trèfle blanc (Trifolium repens) et pâturin des prés (Poa pratensis). Illustration tirée du livre «Wiesen und Alpenpflanzen» de Walter Dietl et Manuel Jorquera, Österreichischer Agrarverlag, Leopoldsdorf, 4e édition 2012. (Dessins: Manuel Jorquera, zurich. Tous droit réservés. Copyright : ADCF, Zurich. Avec l’aimable autori-sation de l’ADCF.)

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Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des prés | Production végétale

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Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 416–423, 2013

De 2010 à 2012, les stations de recherche

Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et

Agroscope Changins-Wädenswil ACW ont

effectué des essais sur vingt variétés de

trèfle blanc et douze variétés de pâturin des

prés. Dix des variétés de trèfle blanc et huit

des variétés de pâturin de prés étaient de

nouvelles obtentions. Les critères évalués

étaient les suivants: vitesse d’installation,

aspect général (densité, capacité de

repousse), tolérance aux conditions hiver-

nales, résistance aux maladies foliaires,

persistance (aspect général de la culture

notée au terme de la dernière année d‘essai)

et aptitude à la culture en altitude. Dans le

cas du trèfle blanc, la teneur en glycosides

cyanogéniques a également été évaluée, et

dans le cas du pâturin des prés, la teneur en

matière organique digestible. Quatre

nouvelles obtentions de trèfle blanc («CW

0905», «CW 0904», «TR 0505» et «TR 0705»)

et trois de pâturin des prés («PP 0515», «PP

0425» et «Varenzo 5») ont fourni des

performances suffisantes pour une recom-

mandation. Hélas, toutes ces variétés n’ont

pas encore passé l’examen DHS, nécessaire à

leur recommandation. Etant donné leurs

résultats lors des essais, les variétés de trèfle

blanc «Vysocan» et «Seminole» ainsi que la

variété de pâturin des prés «Tommy» recom-

mandées jusqu’ici, ont été radiées de la liste

des variétés recommandées.

plus ou moins atteint de sclérotiniose (Sclerotinia trifo-

liorum) en fonction de la variété (Michel et al. 2000).

Cette maladie fongique peut diminuer de manière

importante la persistance d’une plante de trèfle. Les

plantes de trèfle blanc contiennent souvent des quanti-

tés significatives de glucosides cyanogéniques suscep-

tibles de libérer de l’acide cyanhydrique à l’aide des

enzymes présents dans la plante ou dans la panse des

ruminants. Cet acide représente un risque potentiel

pour la santé des animaux. C’est pourquoi les variétés

recommandées prennent en compte uniquement des

variétés dont la teneur en acide cyanhydrique (HCN) ne

dépasse pas de manière significative celle de la variété

«Sonja» choisie comme référence.Deux types de trèfle blanc pour les mélanges standard:

Les variétés à petites et moyennes feuilles (T. repens f.

Hollandicum): les variétés de cette forme restent plutôt

petites, mais pas aussi petites en général que le type sau-

vage (T. repens f. sylvestris). Elles conviennent parfaite-

ment pour les pâturages. Certaines variétés de ce type

développent beaucoup de fleurs en été.

Les variétés à grosses feuilles (essentiellement de

type Ladino, synonyme T. repens f. giganteum): elles

poussent en hauteur et ont un bon rendement. Elles

conviennent plutôt pour les prairies de fauche. Elles

fleurissent relativement peu en été. Les variétés à

grosses feuilles, notamment celles du type Ladino, ont

souvent des teneurs nettement plus basses en gluco-

sides cyanogéniques que les variétés à petites et

moyennes feuilles. Désormais, il existe également des

variétés à grosses feuilles qui ne peuvent pas clairement

être attribuées au type Ladino.

Pâturin des prés: installation lente

Ce que le trèfle blanc est aux espèces de trèfles, le pâtu-

rin des prés (Poa pratensis L.) l’est aux espèces de grami-

nées. Il fait partie des espèces les plus persistantes des

surfaces intensives et constitue, avec le ray-grass anglais

(Lolium perenne L.), la graminée typique des prairies de

fauche-pâture et des pâturages à haut rendement. Il

remplace complètement celui-ci dans des conditions de

croissance moins favorables ou lorsque le ray-grass a dis-

paru du peuplement avec le temps. A l’instar du trèfle

blanc, le pâturin des prés peut se maintenir dans le peu-

plement grâce à ses pousses rampantes. Contrairement

au trèfle blanc, ces dernières forment des rhizomes sou-

terrains. Le pâturin des prés se développe très lentement

après la germination des graines, que celle-ci ait été

accélérée artificiellement ou non. Il peut s’écouler large-

ment plus d’une année avant qu’il ne soit véritablement

établi. Dans les cultures mixtes, les espèces associées

compétitives comme le dactyle (Nösberger et Moser

1988) ou le vulpin des prés (Lehmann 1995) peuvent

considérablement freiner la vitesse d’installation du

pâturin des prés. Elles empêchent surtout la formation

des rhizomes. Dans ce cas, il faut nettement plus long-

temps avant que le pâturin des prés ne s’établisse dans le

peuplement. Le pâturin des prés bien développé forme

un gazon dense et résistant au piétinement. Les lacunes

qui surviennent se referment aussitôt grâce aux rhi-

zomes, ce qui empêche également les adventices de se

propager. Cette propriété se manifeste également en

cultures associées. C’est pourquoi c’est une fonction

importante dans les mélanges longue durée (Mosimann

et al. 2012).

Le pâturin des prés est plus tolérant à la sécheresse

que le ray-grass anglais et peut se développer dans des

conditions climatiques diverses. Il supporte bien le froid

et les couvertures neigeuses prolongées. Le pâturin des

prés peut être exploité intensivement. Comme il est

tolérant à l’ombre jusqu’à un certain stade, il convient

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Production végétale | Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des prés

418 Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 416–423, 2013

également pour la fauche. Pour la persistance du pâtu-

rin des prés, il est important que la hauteur de coupe ne

soit pas trop basse. Le potentiel de rendement n’atteint

pas tout à fait celui du ray-grass anglais et ne peut être

totalement exploité que si les éléments nutritifs sont

disponibles en quantité suffisante et que l’eau n’est pas

trop rare. Il existe de grandes différences entre les varié-

tés en ce qui concerne leur résistance aux champignons

de la rouille qui réduisent notamment la palatabilité du

fourrage (Michel et al. 2000). Quelles que soient les

variétés, la sensibilité à la rouille est plus ou moins éle-

vée. La drechslera est une autre maladie fréquente qui

peut entraîner une certaine baisse de la palatabilité et

du rendement fourrager.

Comme c’est surtout la masse foliaire qui est impor-

tante pour la production fourragère, les variétés de

pâturin des prés intéressantes sur le plan agronomique

présentent un faible rapport tige/feuille. Toutefois, la

proportion limitée de tiges florifères a pour conséquence

un faible rendement de semences à l’hectare. Cette mau-

vaise propagation rend la production de semences sou-

vent non rentable. C’est pourquoi le nombre de variétés

de qualité est très limité et leurs semences coûtent nette-

ment plus cher que celles des variétés avec une forte pro-

portion de tiges dont les aptitudes à la culture fourra-

gère sont moins bonnes. Malgré tout, il vaut la peine

d’utiliser les variétés de qualité «plus onéreuses». Car sur

la durée, leur coût devient plus avantageux en raison de

leur valeur fourragère plus élevée.

Figure 2 | Essai variétal de trèfle blanc au printemps. Variété «CW 0904»: des peuplements denses, homogènes, non touchés par les maladies, sont la condition d’un rendement élevé. (Photo: ART)

Lieu, cantonAltitude

(m)Date de semis

Trèfle blanc Pâturin dés prés

Nombre de répétitions Coupes pesées Nombre de répétitions Coupes pesées

Culture pure1 Mélange2 2011 2012 Culture pure3 Mélange4 2011 2012

Changins, VD 430 16/04/2010 3 – 4 – 3* – 4 3

Reckenholz, ZH 440 17/04/2010 4 – 5 5 4 – 5 5

Seebach, ZH 440 19/04/2010 – 3 – – – 3 – –

Oensingen, SO 460 16/04/2010 4 4 5 5 4 3 5 5

Ellighausen, TG 520 13/04/2010 3 3 5 5 – –

26/08/2010 1 – 5 5 4 3 5 5

Goumoëns, VD 630 15/04/2010 3 3 5 5 3 – 4 4

La Frêtaz, VD 1200 28/04/2010 3 – – – 3 2 – –

Maran, GR 1850 10/05/2011 – – – – 3 – – –*+ 1 répétition pour la notation de l'indice de précocité1 culture pure: 150 g/100 m2 variété témoin pour la densité de semis : «Sonja»2 culture en mélange: 50 g/100 m2 variété témoin pour la densité de semis : «Sonja»

+ 100 g/100 m2 dactyle «Pizza»3 culture pure: 200 g/100 m2 variété témoin pour la densité de semis : «Nixe»4 culture en mélange: 150 g/100 m2 variété témoin pour la densité de semis : «Nixe»

+ 25 g/100 m2 trèfle blanc à grosses feuilles «Seminole»

+ 15 g/100 m2 trèfle blanc à petites feuilles «Sonja»

Tableau 1 | Caractéristiques des essais de variétés de trèfle blanc et de pâturin des prés terminés en 2012

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Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des prés | Production végétale

419Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 416–423, 2013

résistance aux maladies foliaires, la persistance (aspect

général de la culture notée au terme de la dernière

année d‘essai), et l’aptitude à la culture en altitude

(aspect général sur les sites d’essai situés à plus de 900 m

d’altitude). Les rendements en matière sèche mesurés au

champ ont été additionnés aux rendements annuels et

convertis en notes à l’aide d’une méthode statistique

(Suter et al. 2013). Dans le cas du trèfle blanc, la teneur

potentielle en acide cyanhydrique (HCN) a également

été mesurée à l’aide d’une méthode basée sur celle de

Pulss (1962). Le matériel végétal analysé provenait

d’échantillons prélevés sur le site de Reckenholz la deu-

xième et la troisième année d’essais, à trois reprises.

Pour le pâturin des prés, le pourcentage de la teneur

en matière organique digestible (MOD) dans le fourrage

a été calculé en laboratoire. Les valeurs ont été mesu-

rées par spectrophotométrie à infrarouge (Norris et al.

1976) et ont été validées d’après la méthode de Tilley et

Terry (1963), en utilisant du jus de panse. Le matériel

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Test au champ

De 2010 à 2012, les stations de recherche Agroscope

Reckenholz-Tänikon ART et Agroscope Changins-

Wädenswil ACW ont étudié vingt variétés de trèfle blanc

et douze variétés de pâturin des prés. Les variétés de

trèfle blanc comprenaient dix nouvelles obtentions dont

l’aptitude à la culture a été testée pour la première fois

dans le cadre d’essais en plein champ. On comptait éga-

lement huit nouvelles obtentions de pâturin des prés.

Pour les essais, le trèfle blanc a été semé sur sept sites et

le pâturin des prés sur huit sites différents. Les observa-

tions ont été effectuées selon une échelle allant de un à

neuf, un étant la meilleure note et neuf la moins bonne.

Elles ont eu lieu sur de petites parcelles de cultures pures

de 1,5 × 6,0 mètres. Les critères observés était la vitesse

d’installation, l’aspect général (densité, capacité de

repousse), la tolérance aux conditions hivernales, la

Variété Rendement1 Aspect général*

Vitesse d'installation

Force de concurrence

Persistance*

Résistances/tolérances:Adaptation à

l'altitudeIndiceConditions

hivernales*Maladies foliaires*

variétés à feuilles petites à moyennes

1 Pepsi 5,0 3,1 3,8 4,9 3,4 4,4 2,0 3,6 3,61

2 Rabbani 4,8 3,0 3,4 5,0 3,4 4,8 2,5 3,1 3,64

3 Sonja 5,6 3,0 3,3 5,0 3,4 4,7 2,5 3,8 3,74

4 Hebe 5,4 3,3 3,6 5,1 3,8 4,7 2,2 3,6 3,80

5 Tasman 5,3 3,1 3,8 4,7 3,3 5,0 2,7 4,3 3,85

6 Vysocan 4,8 3,4 3,7 5,0 4,5 5,3 2,6 3,2 4,01

Moyenne des témoins 5,2 3,2 3,6 4,9 3,6 4,8 2,4 3,6 3,78

7 AberPearl 5,4 3,1 3,6 5,1 2,6 4,8 1,8 3,2 3,50

8 AberAce 5,3 3,4 3,7 5,2 3,1 5,2 2,1 3,8 3,81

9 ZE-JP-1 5,2 3,1 3,5 5,1 3,7 5,2 2,7 3,7 3,90

10 Numuniai 6,0 3,5 3,4 5,2 4,4 5,1 2,9 3,1 4,15

variétés à grosses feuilles

11 Apis 4,3 2,7 3,4 4,6 2,8 4,8 2,6 3,1 3,43

12 Bombus 4,3 2,7 3,7 4,5 2,8 5,3 3,1 3,8 3,67

13 Fiona 4,8 3,0 3,7 4,7 3,3 4,8 3,3 3,5 3,78

14 Seminole 6,0 4,0 4,5 5,0 4,8 6,1 4,0 4,6 4,83

Moyenne des témoins 4,8 3,1 3,8 4,7 3,4 5,3 3,2 3,7 3,93

15 CW 0905 3,8 2,4 3,2 4,5 2,5 4,9 2,7 3,2 3,31

16 CW 0904 4,0 2,7 3,3 4,6 2,5 5,2 3,1 3,7 3,54

17 TR 0505 4,4 2,7 3,5 4,4 3,2 4,8 3,0 3,4 3,60

18 TR 0705 4,8 2,8 4,1 4,6 2,9 4,5 2,9 3,4 3,61

19 Giga 5,0 3,2 3,3 4,5 4,0 5,0 2,6 3,8 3,85

20 Florida 5,7 3,9 3,9 5,0 3,9 6,0 3,4 4,7 4,48

Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées.

Notes: 1 = très élevé, très bon; 9 = très faible, très mauvais. 1 Notes de rendement de 5 lieux avec respectivement 4 et 5 coupes pesées en 2011 et de 4 lieux avec 5 coupes pesées en 2012. *Caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice.

Tableau 2 | Trèfle blanc: résultats des mesures de rendement et des observations de 2010 à 2012

Page 8: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

Production végétale | Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des prés

420 Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 416–423, 2013

D’autres informations sur les sites d’essai, les densités

de semis et le nombre des récoltes se trouvent dans le

tableau 1.

Evaluation à l’aide d’un indice global

Pour le classement des variétés, toutes les notations ont

été prises en compte sous la forme d’un indice global.

Pour le trèfle blanc, l’aspect général, la persistance, la

tolérance aux conditions hivernales et la résistance aux

maladies foliaires comptent double par rapport aux

autres caractéristiques. Dans le cas du pâturin des prés,

ce sont l’aspect général, la force de concurrence, la per-

sistance, la résistance aux maladies foliaires ainsi que

l’aptitude à la culture en altitude qui comptent double.

Une nouvelle variété est inscrite dans la Liste des variétés

recommandées (Frick et al. 2012) si sa valeur d’indice

global est meilleur d’au moins 0,20 point que la moyenne

VariétéTeneur potentielle en acide cy-anhydrique (HCN) (mg/kg MS)

% de Sonja

variétés à feuilles petites à moyennes

1 Pepsi 327 70

2 Rabbani 402 86

3 Sonja 463 100

4 Hebe 427 92

5 Tasman 338 73

6 Vysocan 170 36

7 AberPearl 906 195*

8 AberAce 637 137

9 ZE-JP-1 600 129

10 Numuniai 141 30

variétés à grosses feuilles

11 Apis 505 109

12 Bombus 348 75

13 Fiona 59 12

14 Seminole 469 101

15 CW 0905 397 85

16 CW 0904 471 101

17 TR 0505 255 55

18 TR 0705 323 69

19 Giga 15 3

20 Florida 310 66

Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées.*Les variétés dont la teneur en HCN dépasse celle de Sonja ne sont pas recommandées.

(n = 120; P < 0,05; Tukey-HSD)

Tableau 3 | Trèfle blanc: teneur potentielle en acide cyanhydrique (HCN)

végétal provenait d’échantillons prélevés sur le site de

Reckenholz lors des trois premières coupes de la deu-

xième année d’essai, ce à trois répétitions. Les teneurs

en MOD ont été converties en notes de la même façon

que le rendement.

Importance de la force de concurrence pour les mélanges

Du fait que les graminées et les trèfles sont presque

exclusivement utilisés en mélanges en Suisse, il est

important de connaître la force de concurrence des

variétés testées. Dans ce but, des parcelles expérimen-

tales supplémentaires ont été semées pour le trèfle

blanc, où chacune des variétés à tester était associée à

du dactyle. Le pâturin des prés, quant à lui, était associé

à du trèfle blanc. La note de la force de concurrence a

été calculée à partir de la part de la variété à tester dans

le rendement total du mélange, enregistrée avant la

coupe, selon la formule:

Note = 9 – 0,08 × pourcentage de rendement %.

A partir des observations de la taille des feuilles, les

variétés de trèfle blanc ont été réparties en deux

groupes à l’aide d’une analyse par partitionnement.

Variété Requérant Classement1

variétés à feuilles petites à moyennes

1 Pepsi DLF-Trifolium, DK 1

2 Rabbani DLF-Trifolium, DK 1

3 Sonja Svalöf-Weibull, SE 1

4 Hebe Svalöf-Weibull, SE 1

5 Tasman Barenbrug, NL 1

6 Vysocan Agrogen, CZ 2/3

7 AberPearl Germinal Holdings, GB 4

8 AberAce Germinal Holdings, GB 3

9 ZE-JP-1 NPZ-Lembke, DE 3

10 Numuniai Agrolitpa, LT 3

variétés à grosses feuilles

11 Apis DSP, CH 1

12 Bombus DSP, CH 1

13 Fiona DSP, CH 1

14 Seminole Cal West, US 2/3

15 CW 0905 Cal West, US 1*

16 CW 0904 Cal West, US 1*

17 TR 0505 DSP, CH 1*

18 TR 0705 DSP, CH 1*

19 Giga Jouffray-Drillaud, FR 3

20 Florida Allied Seed, US 3

Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées.

Tableau 4 | Trèfle blanc: variétés testées et classement

1 Classement basé sur les résultats des essais: Classe 1: Variété recommandée en Suisse Classe 1*: Ne peut être recommandée qu'après avoir rempli les exigences lé-

gales pour une commercialisation en Suisse (voire Ordonnance du DFE sur les semences et plants RS 916.151.1)

Classe 2/3: Ancienne variété recommandée déclassée en vue d'une radiation dès le 1er janvier 2016

Classe 3: Variété ne satisfaisant pas à une recommandation. Variété moyenne, sans caractéristique particulièrement intéressante

Classe 4: Variété ne satisfaisant pas à une recommandation. Variété ne convenant pas à la culture en Suisse

Page 9: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des prés | Production végétale

421Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 416–423, 2013

d’installation et la persistance. Elle s’est classée deu-

xième pour la force de concurrence et l’aptitude à la

culture en altitude. Elle a obtenu la deuxième meil-

leure note pour la résistance aux maladies foliaires et

la troisième meilleure note pour la tolérance aux

conditions hivernales.

Les trois nouvelles obtentions «CW 0904» (prove-

nance Etats-Unis), «TR 0505» et «TR 0705», (prov. Suisse)

s’avèrent quasiment aussi performantes les unes que les

autres. Leurs indices dépassaient de plus de 0,30 points

la moyenne des variétés témoins. «CW 0904» a convaincu

par une très bonne persistance et ses très bons résultats

(2e place) en termes de rendement, d’aspect général et

de vitesse d’installation. Avec des résultats meilleurs

des variétés témoins (valeur inférieure = meilleure). Une

ancienne variété est éliminée si son indice global dépasse

de plus de 0,20 points la moyenne des variétés témoins

(valeur plus élevée = plus mauvaise). De plus, une variété

est écartée dès que sa note pour l’une des caractéris-

tiques importantes est de 1,50 points supérieure ou plus

à la moyenne. Enfin, pour le trèfle blanc, seules sont

prises en compte les variétés dont la teneur potentielle

en acide cyanhydrique (HCN) ne dépasse pas de manière

statistiquement significative (P < 0,05) la valeur de la

variété «Sonja» choisie comme référence.

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Quatre nouvelles obtentions performantes, à grosses

feuilles

Pour les variétés à petites et moyennes feuilles, la nou-

velle obtention «AberPearl» n’a pas pu être retenue

pour une recommandation, malgré d’excellentes quali-

tés agronomiques (tabl. 2), du fait de sa teneur poten-

tielle en acide cyanhydrique (HCN) (tabl. 3). En revanche,

quatre des six nouvelles obtentions à grosses feuilles

testées satisfont les exigences requises pour une recom-

mandation (tabl. 4). La variété «CW 0905» en prove-

nance des Etats-Unis arrive en tête avec un excellent

résultat global (tabl. 2). Elle a dépassé la moyenne des

variétés témoins de plus de 0,60 points et a obtenu la

première place de toutes les variétés à grosses feuilles

testées pour le rendement, l’aspect général, la vitesse

VariétéRende-ment1*

Aspectgénéral*

Vitesse d'installation

Force deconcurrence*

Persis-tance*

Résistances/tolerances:

MOD2 Adaptation àl'altitude*

IndiceConditions hivernales

Maladies foliaires*

1 Nixe 3,2 2,5 5,3 4,6 2,7 4,0 3,9 4,3 3,2 3,59

2 Likollo 3,6 2,6 5,2 4,6 2,5 4,0 3,9 5,3 3,5 3,71

3 Lato 2,6 3,0 4,4 4,1 3,2 4,2 5,2 3,7 3,6 3,71

4 Tommy 4,0 3,4 5,8 5,0 2,7 4,7 4,5 6,7 4,3 4,34

Moyenne des témoins 3,4 2,9 5,2 4,6 2,8 4,2 4,4 5,0 3,6 3,84

5 PP 0515 2,5 2,6 4,3 4,0 2,7 3,9 4,2 3,7 3,7 3,41

6 PP 0425 3,1 3,0 4,6 3,7 2,4 4,7 4,3 3,7 4,1 3,61

7 Varenzo 5 3,2 2,5 4,8 4,7 2,5 4,0 4,3 4,7 3,3 3,64

8 Rhenus (ST 250) 4,8 3,5 5,3 4,8 3,3 4,4 5,1 4,7 4,1 4,37

9 Hekate (LL HZ 39) 6,4 3,4 4,6 5,6 3,3 4,4 5,5 5,7 3,6 4,70

10 Helios (LL HZ 38) 6,6 3,6 5,0 5,5 3,4 4,5 6,3 5,7 3,9 4,92

11 Europa 7,5 5,4 5,5 6,3 5,6 4,7 6,7 2,3 4,6 5,66

12 Mercury 8,7 6,1 6,6 6,4 5,9 6,0 4,8 9,0 6,1 6,52

Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées

Notes: 1 = très élevé, très bon; 9 = très faible, très mauvais1 Notes de rendement de 5 lieux avec respectivement 4 et 5 coupes pesées en 2011 et 3 à 5 coupes pesées en 20122 MOD = matière organique digestible: moyenne de 2 prélèvements en 2011 et d'un prélèvement en 2012 à Reckenholz*Caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice

Tableau 5 | Pâturin des prés : résultats des mesures de rendement et des observations de 2010 à 2012

Figure 3 | Le pâturin des prés se développe très lentement, mais fournit des peuplements très denses. Hélas, de nombreuses varié-tés sont très sensibles à la rouille, ce qui se voit très bien à la couleur du peuplement. (Photo: ART)

Page 10: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

422

Production végétale | Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des prés

Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 416–423, 2013

Variété Requérant Indice de précocité1 Classement2

1 Nixe SZ-Steinach, DE 51b 1

2 Likollo Euro Grass, DE 51b 1

3 Lato SZ-Steinach, DE 52a 1

4 Tommy DLF-Trifolium, DK 52b 2/3

5 PP 0515 DSP, CH 53a 1*

6 PP 0425 DSP, CH 51b 1*

7 Varenzo 5 DSP, CH 51b 1*

8 Rhenus (ST 250) SZ-Steinach, DE 53a 3

9 Hekate (LL HZ 39) Životice, CZ 52b 4

10 Helios (LL HZ 38) Životice, CZ 53a 4

11 Europa Freudenberger, DE 52a 4

12 Mercury Freudenberger, DE 51b 4

Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées. 1Indice de précocité: Période à laquelle débute l'épiaison. Le premier chiffre indique le mois, le second la décade et la lettre la partie de la décade (a = début, b = fin).

Exemple: 51b = début épiaison du 06 au 10 mai. 2Classement basé sur les résultats des essais:

Classe 1: Variété recommandée en Suisse.

Classe 1*: Ne peut être recommandée qu'après avoir rempli les exigences légales pour une commercialisation en Suisse (voire Ordonnance du DFE sur les semences et plants

RS 916.151.1).

Classe 2/3: Ancienne variété recommandée déclassée en vue d'une radiation dès le 1er janvier 2016.

Classe 3: Variété ne satisfaisant pas à une recommandation. Variété moyenne, sans caractéristique particulièrement intéressante.

Classe 4: Variété ne satisfaisant pas à une recommandation. Variété ne convenant pas à la culture en Suisse.

Tableau 6 | Pâturin des prés: variétés testées, indice de précocité et classement

que les moyennes dans les catégories rendement et

aspect général, la variété «TR 0505» s’est démarquée

notamment par la meilleure force de concurrence de

l’essai et des valeurs prometteuses pour l’aptitude à la

culture en altitude. La variété «TR 0705» a elle aussi

obtenu des résultats tout à fait louables, avec la troi-

sième place pour l’aspect général, la meilleure tolérance

aux conditions hivernales et une bonne résistance aux

maladies foliaires. Hélas, ces quatre nouvelles obten-

tions ne pourront être recommandées avant leur mise

en circulation. L’examen DHS (tests de distinction, d’ho-

mogénéité et de stabilité) réalisé à l’étranger doit avoir

été passé avec des résultats positifs. Or, ces derniers ne

sont pas encore disponibles pour l’instant.

Les deux variétés recommandées jusqu’à présent,

«Vysocan» pour la gamme des variétés à petites et

moyennes feuilles et «Seminole» pour la gamme des

variétés à grosses feuilles, doivent être radiées de la

«Liste des variétés recommandées de plantes fourra-

gères» en raison de leurs résultats (tabl. 4). C’est pour-

quoi elles ne pourront plus être utilisées comme «variété

recommandée» que jusqu’à fin 2015.

Trois nouveaux pâturins des prés très prometteurs

Parmi les nouvelles obtentions, «PP 0515», «PP 0425» et

«Varenzo 5», toutes trois des variétés suisses, se détachent

du lot du fait de leurs excellentes performances (tabl. 5).

«PP 0515» se distingue en obtenant les meilleures notes

pour le rendement, la vitesse d’installation et la tolé-

rance aux conditions hivernales. Elle se classe en deu-

xième position pour la force de concurrence et la teneur

en MOD et en troisième position pour l’aspect général

de son peuplement et pour sa résistance aux maladies

foliaires. Ces résultats combinés lui ont permis d’obtenir

le meilleur indice de tout l’essai, ce qui fait que «PP

0515» présente une différence de 0,18 par rapport à

«Nixe», la meilleure des variétés recommandées jusqu’ici.

Les deux autres nouvelles obtentions mentionnées plus

haut ont obtenu le premier rang pour la force de concur-

rence et la persistance («PP 0425») et pour l’aspect géné-

ral («Varenzo 5»). Elles se positionnent juste derrière

«Nixe» et, tout comme «PP 0515», avec un indice supé-

rieur d’au moins 0,20 points par rapport à la moyenne

des variétés témoins, elles remplissent les conditions

agronomiques nécessaires à une recommandation. Hélas

les trois nouvelles obtentions ne remplissent pas encore

les conditions légales requises pour leur mise sur le mar-

ché et par conséquent, pour leur entrée dans la liste des

variétés recommandées (tabl. 6). Les résultats positifs au

test DHS qui sont requis dans ce but, ne sont pas encore

disponibles. Il reste à espérer que ce soit bientôt le cas

pour que la multiplication des semences de ces variétés

puisse débuter le plus tôt possible.

La variété «Tommy» recommandée depuis plus de

vingt ans doit être radiée de la «Liste des variétés recom-

mandées de plantes fourragères» en raison de ses résul-

tats (tabl. 6). Cette variété ne pourra être utilisée que

jusqu’à fin 2015 comme «variété recommandée» dans

les mélanges standard d’Agroscope et dans les autres

mélanges dotés du label ADCF.� n

Page 11: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

423

Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des prés | Production végétale

Ria

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Sum

mar

y

Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 416–423, 2013

White clover and smooth-stalked meadow-grass

retested

From 2010 to 2012, the Agroscope Reckenholz-

Tänikon ART and Agroscope Changins-Wädenswil

ACW research stations conducted experiments with

20 varieties of white clover and 12 of smooth-stalked

meadow-grass. Ten of the white clover and eight of

the meadow-grass varieties were new cultivars.

Juvenile development, vigour (general impression,

stand density, regenerative capacity), winter-hardi-

ness, resistance to leaf diseases, persistence (quality

at the end of the final test year) and suitability for

cultivation at higher altitudes were assessed. In

addition, the content of cyanogenic glycosides of the

white clover and the content of digestible organic

matter of the meadow-grass were assessed. Four

new white-clover cultivars, viz., «CW 0905»,

«CW 0904», «TR 0505» and «TR 0705», and three

meadow-grass cultivars – «PP 0515», «PP 0425» and

«Varenzo 5» – performed sufficiently well to earn

recommendation. Unfortunately all these varieties

have yet to pass the DUS test which will allow their

recommendation. Based on the results, recommenda-

tions have been withdrawn for the previously

recommended white clover varieties «Vysocan» and

«Seminole», as well as for the meadow-grass variety

«Tommy».

Key words: Trifolium repens, white clover, Poa

pratensis, smooth-stalked meadow-grass, variety

testing, yield, disease resistance.

Trifoglio bianco e poa pratense

Tra il 2010 e il 2012 le Stazioni di ricerca

Agroscope Reckenholz-Tänikon ART e

Agroscope Changins-Wädenswil ACW hanno

condotto esperimenti con 20 varietà di

trifoglio bianco e 12 di poa pratense. Per

quanto riguarda il trifoglio bianco vi erano

10 novità varietali, per la poa pratense 8.

Sono stati valutati la precocità, l'aspetto

generale (impressione generale, densità di

popolamento, facoltà di ricaccio), l'idoneità

allo svernamento, la resistenza a malattie

fogliari, la persistenza (aspetto alla fine

dell’ultimo anno di esperimento) nonché

l'idoneità alla coltivazione ad alta quota.

Inoltre per il trifoglio bianco è stato valutato

il tenore di glicosidi cianogenetici e per la

poa pratense il tenore di sostanza organica

digeribile. Quattro novità varietali di

trifoglio bianco, ovvero «CW 0905»,

«CW 0904», «TR 0505» e «TR 0705», e tre di

poa pratense, «PP 0515», «PP 0425» e

«Varenzo 5», hanno fornito prestazioni

sufficienti per costituire un riferimento.

Purtroppo a tutte manca ancora il cosiddetto

test DUS (Distinguibilità, Uniformità e

Stabilità) per poter essere raccomandate.

Sulla base dei risultati non sono più racco-

mandate le finora consigliate varietà di

trifoglio bianco «Vysocan» e «Seminole»

nonché la varietà di poa pratense «Tommy».

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Page 12: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

I n t r o d u c t i o n

Les bactéries pectinolytiques qui affectent la pomme de

terre sont responsables de nombreuses maladies, que ce

soit au champ ou au stockage. Ces bactéries appar-

tiennent aux genres Pectobacterium et Dickeya. On

recense principalement quatre espèces pathogènes de la

pomme de terre: Pectobacterium atrosepticum, Pecto-

bacterium carotovorum, Dickeya dianthicola et ‘Dickeya

solani’ (Toth et al. 2011). ‘Dickeya solani’ est présenté

entre guillemets car le nom de cette espèce n’a pas

encore été formellement entériné par la communauté

scientifique (Toth et al. 2011). Leur répartition géogra-

phique est essentiellement liée aux conditions du milieu

(exigences thermiques) et de la présence ou non des

hôtes sensibles tels que la pomme de terre. P. atrosepti-

cum est présente dans les régions tempérées. Son déve-

loppement est optimal entre 15 et 25 °C, tandis que

P.  carotovorum possède une gamme de températures

plus large: entre 20 et 40 °C. Dickeya spp. sont issues de

climats tropicaux, subtropicaux ou tempérés chauds. Son

optimum de température se situe entre 25 et 40 °C et

peut donc développer des symptômes durant les

périodes chaudes dans des climats plus tempérés d’Eu-

rope occidentale (Hélias et Gaucher 2007; Pasco et al.

2005). De plus, les populations varient en fonction des

conditions d’humidité du milieu. Elles sont globalement

faibles dans les sols secs et nombreuses lorsque les condi-

tions sont humides ou si les sols sont irrigués (Pérembe-

lon et Lowe 1974).

Jérémie Rouffiange1, David Gerardin2, Isabelle Kellenberger3, Santiago Schaerer3 et Brice Dupuis3

1Institut supérieur industriel agronomique Huy-Gembloux, 4500 Huy, Belgique2UFR PEPS, Université de Haute Alsace, 68000 Colmar, France3Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon, Suisse

Renseignements: Brice Dupuis, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 47 48

Figure 1 | Vue d’ensemble de l’essai portant sur l’agressivité des isolats de Dickeya spp. (Photo: J. Rouffiange)

424 Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 424–431, 2013

Sensibilité de la pomme de terre aux pourri-tures de tiges provoquées par Dickeya spp.

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Page 13: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

Les symptômes aériens causés par Dickeya spp. diffèrent

de ceux causés par P. atrosepticum (Toth et al. 2011),

P. carotovorum ne provoquant pas de symptômes aériens

sur pommes de terre (Bartz et Kelman 1984), sauf cas

exceptionnels (observations personnelles, suite à des

dégâts de grêle) ou à la présence de souches virulentes

(Johan Van Vaerenbergh, communication personnelle).

En cas d’infection par Dickeya spp., les symptômes de

pourriture peuvent apparaître plus haut dans la plante

alors que la base de la tige reste saine (fig. 2; Laurila et al.

(2010). Les symptômes aériens typiques résultant de la

présence de P. atrosepticum sont, quant à eux, des

lésions imbibées d’eau et une pourriture brun foncé sur

les parties les plus basses de la tige (fig. 3; Laurila et al.

2010). Toutefois, l’expression de ces symptômes est très

variable et l’identification du pathogène nécessite une

analyse au laboratoire. En conditions sèches, Dickeya spp.

développent moins de pourritures de tiges que P. atro-

septicum. Par contre, si les températures sont élevées,

Dickeya spp. développent plus de pourritures au niveau

du tubercule qui ne s’étendent pas de manière systéma-

tique aux stolons et à la tige (Toth et al. 2011). Sur 718

échantillons de plantes malades prélevés en Suisse (tiges

et tubercules) entre 1986 et 2010, en moyenne 66 % de

Dickeya spp. et 34% de Pectobacterium spp. ont été iso-

lés (Cazelles et Schwaerzel 1992; Dupuis et al. 2010). La

présente étude se concentre donc sur l’étude des symp-

tômes aériens provoqués par Dickeya spp.

Figure 2 | Symptômes causés par Dickeya spp.(Photo: G. Riot)

Figure 3 | Symptômes causés par Pectobacterium atrosenticum. (Photo: B. Dupuis)

Dickeya dianthicola et 'Dickeya solani' sont les

bactéries qui posent le plus de problèmes en

production de plants de pommes de terre en

Suisse. Elles provoquent au champ des symptô-

mes de pourritures aériennes de tiges commu-

nément appelées jambes noires. L’étude

présentée ici a deux objectifs principaux: d’une

part étudier la sensibilité à Dickeya spp. des

variétés Agria, Victoria, Charlotte, Innovator,

Arinda et Lady Claire, et d’autre part, étudier

l’agressivité de trois isolats de D. dianthicola et

trois isolats de 'D. solani' sur la variété Agria.

Pour cela, des essais en pots ont été mis en

place en serre. La variété Agria semble plus

sensible au développement de pourriture de

tiges que les autres variétés testées. Les isolats

les plus agressifs de 'D. solani' ne sont pas plus

virulents que les isolats de D. dianthicola les

plus agressifs testés. L’agressivité des isolats de

D. dianthicola semble plus variable que celle

des 'D. solani'. Enfin, le risque de développe-

ment de symptômes sur les tiges lié aux isolats

de Dickeya spp. semble plus important que

celui lié à la variété. En effet, la variété la plus

sensible développe six fois plus de symptômes

que la variété la moins sensible, tandis que

l’isolat le plus agressif développe 40 fois plus

de symptômes que l’isolat le moins agressif.

425

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 424–431, 2013

Sensibilité de la pomme de terre aux pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp. | Production végétale

Page 14: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

Une fois que la bactérie est présente dans le tubercule

mère, celle-ci peut être directement transportée vers les

tiges, stolons et tubercules fils par le biais de l’eau mise

en mouvement dans le système vasculaire par le phéno-

mène d’évapotranspiration (Czajkowski et al. 2010). Si

l’inoculum est présent dans le sol, l’infection peut égale-

ment se faire par les racines et se propager ensuite vers

la tige via le système vasculaire de la plante (Czajkowski

et al. 2009; Helias et al. 2000a, 2000b). Dans un premier

temps, des symptômes de flétrissement et de chlorose

du feuillage peuvent apparaître, principalement en

conditions sèches (Czajkowski et al. 2010; Laurila et al.

2010), laissant supposer une obstruction partielle du sys-

tème vasculaire par les bactéries. Dans un second temps,

si les conditions sont humides, ces symptômes peuvent

évoluer en pourritures de tiges résultant de la dégrada-

tion des tissus vasculaires par les enzymes pectinoly-

tiques produits par les bactéries (Czajkowski et al. 2010;

Laurila et al. 2010).

Les différences d’expression des symptômes de

jambe noire entre variétés peuvent être expliquées à

l’aide de plusieurs hypothèses. Premièrement, ces diffé-

rences peuvent être dues à la subérisation des lenticelles

du tubercule mère. Ces lenticelles sont des portes d’en-

trée pour les infections par Dickeya spp. (Pérembelon et

Lowe 1974; Scott et al. 1996). Toutefois, elles présentent

plusieurs couches de cellules imprégnées de subérine

qui agissent comme barrières contre la pénétration des

bactéries et l’épaisseur de ces couches varie d’une

variété à l’autre (Scott et al. 1996). Il a été prouvé que

l’activité des enzymes pectinolytiques dépend du degré

d’estérification des pectines des parois cellulaires (Pagel

et Heitefuss 1990), ce degré pouvant varier d’une variété

à l’autre (McMillan et al. 1993). La quantité importante

de pectate de calcium présente dans les parois des cel-

lules ou encore une faible concentration d’ions calciques

libres pourrait également expliquer la sensibilité des

variétés (McGuire et Kelman 1984; Pagel et Heitefuss

1990). Enfin, les différences de sensibilité variétale

peuvent être liées à une production variable d’inhibi-

teurs de protéases et de phytoaléxines au niveau de la

tige (Yang et al. 1992). Toutefois, si les mécanismes de

résistance sont connus, il existe actuellement peu de

données concernant la sensibilité des variétés face à Dic-

keya spp. du point de vue du développement de symp-

tômes aériens (Toth et al. 2011).

Des différences d’agressivité entre isolats ont égale-

ment été observées. De manière générale, ‘D. solani’

cause des dégâts plus importants que D. dianthicola

(Toth et al. 2011). Son développement peut se faire aussi

bien à basse ou haute température (>39 °C) et sa tempé-

rature optimale de croissance est plus élevée que celle

de D. dianthicola (Czajkowski et al. 2012; Tsror et al.

2009). Dans le cadre d’un projet de lutte intégrée contre

la maladie de la jambe noire (encadré), nous nous

sommes focalisés sur l’importance, dans l’interaction

plante-pathogène, de la sensibilité variétale de la

pomme de terre et de l'agressivité de l’isolat bactérien.La première partie de cette étude vise à identifier

d’éventuelles différences de sensibilité variétale parmi

les principales variétés de pommes de terre cultivées en

Concept de lutte intégrée contre les bactéries

pectinolytiques dans la production de

pommes de terre

Dans le cadre d’un projet international (2010-

2014) est développé un concept de lutte inté-

grée contre Dickeya spp., Pectobacterium ca-

rotovorum subsp. carotovorum et Pectobacte-

rium atrosepticum. Ce projet est supporté par

la Commission pour la technologie et l'innova-

tion CTI.

Les objectifs du projet:

• Développer une méthode d’analyse de rou-

tine des infections latentes des tubercules

lors du processus de certification des plants

de pomme de terre.

• Identifier et quantifier les principaux fac-

teurs responsables de la contamination des

lots de pomme de terre.

• Développer un concept de lutte intégrée en col-

laboration avec les représentants de tous les ni-

veaux de la branche de la pomme de terre.

Partenaires du projet:

• Haute école des sciences agronomiques, fo-

restières et alimentaires HAFL – Zollikofen

(direction du projet pour la Suisse)

• Agroscope Changins-Wädenswil ACW -

Changins

• BIOREBA AG - Reinach

• Swisssem, organisation faîtière des multipli-

cateurs de semences de toute la Suisse

• Swisspatat, organisation de la branche, resp.

de l’économie de la pomme de terre

• Institut national de la recherche agrono-

mique INRA - Rennes (direction du projet

pour la France)

• Groupement national interprofessionnel des

semences et plants (GNIS)

• Fédération nationale des producteurs de

plants de pomme de terre (FN3PT)

426 Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 424–431, 2013

Production végétale | Sensibilité de la pomme de terre aux pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp.

Page 15: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

(Bonierbale et al. 2007). Nous avons utilisé la transfor-

mation angulaire afin que les données de pourcentages

de tiges infectées satisfassent aux conditions d’applica-

tion de l’analyse de la variance (ANOVA) (Dagnelie 1975).

Le logiciel Statistica (Statsoft, Tulsa, USA) est utilisé

pour l’analyse statistique. Pour chaque essai, une ana-

lyse de la variance (ANOVA) à deux facteurs est réalisée.

Le premier facteur correspond à la répétition de l’essai

dans le temps. Le second facteur est la variété pour le

premier essai et l’isolat de Dickeya spp. pour le deu-

xième essai. L’interaction entre les deux facteurs est éga-

lement testée. S’il y a présence d’une différence signifi-

cative (p<0,05), un test de Newman et Keuls (comparaison

de moyennes) s’ajoute à l’analyse.

R é s u l t a t s

Essai A: sensibilité variétale

Les plantes des pots témoins n’ont pas développé de

pourritures des tiges. Cela indique que les lots de tuber-

cules utilisés sont sains et exclut tout développement de

symptômes issus d’infections naturelles dans l’expérience.

Après analyse de l’aire sous la courbe de développe-

ment de la maladie (AUDPC.rel; fig. 4), aucune diffé-

rence de sensibilité variétale n’est observée (p>0,05).

Ceci nous indique que, si l’on considère l’ensemble de la

durée de l’essai, les différences d’expression de symp-

tômes entre variétés sont trop faibles pour être détec-

tées. Par contre, si l’on observe les courbes de dévelop-

pement des symptômes au cours du temps (fig. 4), on

remarque que certaines variétés développent leurs

symptômes tardivement, c’est particulièrement le cas

d’Agria dans l’essai A2 (fig. 4). Ce développement tardif

des symptômes aura peu d’influence sur l’aire sous la

courbe (AUDPC.rel) mais générera des différences

importantes entre variétés pour les dernières observa-

tions de l’essai. C’est pourquoi les écarts les plus impor-

Suisse. Dans la seconde partie, l’agressivité de plusieurs

isolats de Dickeya spp. est testée sur la variété de pomme

de terre la plus cultivée en Suisse, Agria (Swisspatat 2013).

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Deux essais distincts ont été réalisés.

Le premier essai (A) porte sur la sensibilité variétale de

six variétés: Agria, Victoria, Charlotte, Innovator, Arinda

et Lady Claire. Cet essai est mené en serre et a été répété

deux fois (essais A1 et A2). Vingt tubercules de chaque

variété sont inoculés par trempage avec l’isolat Dickeya

dianthicola 8823 à la concentration 106 ufc/ml et chaque

tubercule est ensuite planté en pot. Pour chaque variété,

20 plants servent de témoin et sont trempés dans de l’eau.

Le second essai (B), porte sur l’agressivité des isolats

de Dickeya spp. Pour cet essai, six isolats de bactéries

sont testés sur la variété de pommes de terre Agria à une

concentration de 106 ufc/ml: Dickeya dianthicola 980,

Dickeya dianthicola 8823, Dickeya dianthicola 12, ‘Dickeya

solani’ 2222, ‘Dickeya solani’ 05026 et ‘Dickeya solani’

07044. Cet essai a également été mené en serre et répété

à deux reprises (essais B1 et B2), 20 pots sont mis en place

pour chacun des isolats ainsi que pour le témoin (fig. 1).

L’inoculation des plants se déroule sur une période de

48 h et en 4 étapes: trempage dans l’eau pendant deux

heures, ouverture des lenticelles pendant 22 heures

(humidité relative proche de 100 % à 25 °C), trempage

dans la suspension bactérienne pendant 12 heures et

séchage pendant 12 heures. Cette méthode présente

l’avantage de permettre l’inoculation d’un grand

nombre de tubercules en un temps relativement court.

Dès l’apparition des premiers symptômes de jambe

noire, deux observations par semaine sont effectuées.

A chaque observation, le pourcentage de tiges infectées

est calculé. Enfin, un calcul de l’aire sous la courbe de

progression de la maladie (AUDPC.rel) est effectué

Figure 4 | Evolution du pourcentage de tiges présentant des symptômes de pourritures aériennes dans les essais A1 et A2 d’étude de la sensibilité des variétés à Dickeya spp.

427Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 424–431, 2013

Sensibilité de la pomme de terre aux pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp. | Production végétale

Page 16: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

tants entre la variété la plus et la moins sensible sont

obtenus le dernier jour d’observations (fig. 5), respecti-

vement 23 jours après levée pour l’essai A1 et 20 jours

après levée pour l’essai A2. L’ANOVA réalisée sur ces

données permet de mettre en évidence des différences

de sensibilité entre variétés (p<0,001). En revanche,

aucune interaction entre l’essai et les variétés testées n’a

été observée (p>0,05).

Agria s’est montrée en moyenne six fois plus sensible

qu’Arinda, avec 37,4 % de tiges infectées contre 6,1 %

pour Arinda. Entre ces deux extrêmes, on trouve Char-

lotte (16,6 % de tiges infectées) et Lady Claire (17,3 %),ainsi

qu’Innovator (22,6 %) et Victoria (27,7 %) (fig. 5).

Essai B: agressivité des isolats

Lorsqu’on analyse les données d’AUDPC.rel, on observe

une différence d’agressivité entre les isolats de Dickeya

spp. testés (p<0,001).

Cependant, une interaction entre la variété et la

répétition de l’essai est apparue (p<0,001). L’isolat

D.  dianthicola 8823 semble être responsable de cette

interaction car lorsqu’on le soustrait de l’ANOVA, l’inte-

raction disparaît (p>0,05). Cet isolat a en effet déve-

loppé significativement moins de symptômes dans l’es-

sai B1 que dans l’essai B2 (fig. 6). La différence observée

pourrait avoir pour origine une mauvaise conservation

de l’échantillon de la souche utilisée dans le cadre de

l’essai B1. Cet isolat ne sera donc plus pris en compte

dans l’analyse statistique.

Si, comme pour l’essai de sensibilité variétale, on

analyse les données correspondant au jour où les

écarts entre isolats sont les plus importants (15 jours

après levée), on observe également des différences

significatives entre isolats (p<0,001). Les isolats D. dian-

thicola 980, ‘D. solani’ 2222 et D. dianthicola 05026

sont moins agressifs que ‘D. solani’ 07044 et D. dianthi-

cola 12 (fig. 7). La différence d’agressivité entre isolats

d’une même espèce est plus grande pour les isolats de

D. dianthicola (D. dianthicola 12 est 40 fois plus agres-

sive que D. dianthicola 980) comparée aux isolats de

‘D. solani’ (‘D. solani’ 07044 est six fois plus agressive

que ‘D. solani’ 2222).

Figure 6 | Essai B1 et B2: évolution du pourcentage de tiges présentant des symptômes de pourritures aériennes dues aux différents isolats testés.

Figure 5 | Pourcentage maximum de tiges infectées par variété (moyennes des es-sais A1 et A2). La variabilité est représentée par l’erreur standard et les groupes d’homogénéité sont représentés par des lettres minuscules au sommet des barres d’erreur.

428 Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 424–431, 2013

Production végétale | Sensibilité de la pomme de terre aux pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp.

Page 17: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

‘D. solani’. Cette différence peut s’expliquer par le fait

que ‘D. solani’ apparait comme étant «clonal», c’est-à-

dire avec une variabilité génétique plus restreinte que

D. dianthicola (Bourget 2012; Czajkowski et al. 2012;

Pritchard et al. 2012). Cette variabilité génétique plus

importante observée chez les isolats de D. dianthicola

pourrait également concerner les gènes impliqués

dans les mécanismes de développement des pourri-

tures, ce qui expliquerait les importantes différences

d’agressivité observées.

Enfin, en comparant les résultats obtenus dans le

cadre des essais de sensibilité variétale et d’agressivité

d’isolats, on constate que les différences d’agressivité

sont beaucoup plus importantes entre isolats qu’entre

variétés. En effet, si on se réfère au pourcentage de

pourriture maximal obtenu, la variété la plus sensible

développe six fois plus de symptômes sur tiges que la

variété la moins sensible, tandis que l’isolat le plus agres-

sif développe 40 fois plus de symptômes sur tiges que

l’isolat le moins agressif. Ceci indique que le risque varié-

tal de développement de symptômes est inférieur au

risque lié à l’isolat de bactérie.

Cette étude ouvre différentes perspectives. D’une

part, il serait pertinent de savoir si la réponse des variétés

et des isolats est équivalente dans le cadre d’essais menés

au champ. D’autre part, il serait également intéressant de

déterminer s’il existe une interaction entre la variété et

l’agressivité des isolats. Les résultats présentés ci-dessus

permettent d’identifier les bonnes variétés et les meil-

leurs isolats candidats pour ce type d’étude d’interaction.

D i s c u s s i o n

Cet essai a permis de démontrer l’existence de différences

de sensibilité variétale au développement de jambe noire

provoquée par Dickeya spp. La variété qui apparaît la

plus sensible à cette maladie est également la variété la

plus cultivée en Suisse. En effet, en 2012, 22 % des sur-

faces de pommes de terre étaient plantées avec la variété

à frites Agria. Victoria et Innovator, également des varié-

tés à frites, représentent quant à elles respectivement 6

et 7 % des surfaces de pommes de terre produites en

Suisse. Si Innovator apparaît moins sensible qu’Agria

(40 % de tiges infectées en moins), Victoria s’avère aussi

sensible que cette dernière. Les variétés Charlotte et Lady

Claire figurent parmi les variétés les moins sensibles tes-

tées dans ces essais. Charlotte est la première variété à

chair ferme produite en Suisse avec 14 % des surfaces

plantées et Lady Claire la première variété type «chips»

avec 4 % des surfaces de pommes de terre cultivées en

Suisse (Hebeisen et al. 2012; Swisspatat 2013).

Les essais ont également mis en évidence des diffé-

rences d’agressivité entre les isolats de Dickeya spp.

Contrairement à ce que mentionne la littérature (Toth

et al. 2011), les isolats de ‘D. solani’ ne sont pas systé-

matiquement plus virulents que les isolats de D. dian-

thicola. En effet, parmi les souches les plus agressives

étudiées dans ces essais, on trouve à la fois des isolats

de D. dianthicola et de ‘D. solani’. On observe par ail-

leurs une agressivité beaucoup plus variable au sein

des isolats de D. dianthicola comparé aux isolats de

Figure 7 | Pourcentage maximum de tiges infectées par isolat (moyennes des essais B1 et B2). La variabilité est représentée par l’erreur standard et les groupes d’homogénéité sont repré-sentés par des lettres minuscules au sommet des barres d’erreur.

429Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 424–431, 2013

Sensibilité de la pomme de terre aux pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp. | Production végétale

Page 18: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

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C o n c l u s i o n s

Il va de soi que le producteur ne choisit pas le type d’iso-

lat bactérien qui contamine son lot de plants. Il a cepen-

dant une certaine influence sur le choix de la variété de

pomme de terre qu’il cultive. Il peut alors tenter de dimi-

nuer le risque de refus de lot lors des visites de culture

par une prise en compte de la sensibilité des variétés aux

pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp. Si les

résultats de sensibilité variétale obtenus par des essais

au champ devaient être comparables aux résultats obte-

nus en serre, ces derniers représenteraient une alterna-

tive plus rapide et moins coûteuse pour déterminer la

sensibilité des variétés aux Dickeya spp.� n

Remerciement

Les auteurs tiennent à remercier Swissem, Swisspatat, Bioreba et la Commission pour la Technologie et l’Innovation CTI qui ont contribué au financement de cette étude, ainsi que Andreas Keiser et Patrice De Werra de la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL) pour leurs commentaires avisés lors de la rédaction de cet article.

430 Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 424–431, 2013

Production végétale | Sensibilité de la pomme de terre aux pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp.

Page 19: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

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Sum

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Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 424–431, 2013

Sensibilité de la pomme de terre aux pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp. | Production végétale

Potato susceptibility to aerial stem rot

caused by Dickeya spp.

Dickeya dianthicola and 'Dickeya

solani' are the most problematic

bacteria in the Swiss seed-potato

production. They are responsible for

aerial stem rot symptoms in the field,

usually named «blackleg». This study

has two main objectives. On the one

hand, to study the susceptibility of five

cultivars, namely Agria, Victoria,

Charlotte, Innovator, Arinda and Lady

Claire, to Dickeya spp. On the other

hand, to study the aggressiveness of

three D. dianthicola and 3 'D. solani'

isolates on the cultivar Agria. Trials

using plants in pots were managed in

the greenhouse to achieve both

objectives. Agria appears to be the

most susceptible cultivar to Dickeya

spp. The most virulent 'D. solani' are

not more aggressive than the most

virulent D. dianthicola isolates tested.

The aggressiveness of the D. dian-

thicola isolates seems to be more

variable compared to that of the

'D. solani' isolates. Finally, the risk of

developing stem rots appears to be

more closely correlated to the isolate

used than to the cultivar tested.

Indeed, the most susceptible cultivar

presents a six-fold increase in symp-

toms, compared to the least suscepti-

ble one, while the most aggressive

isolate causes a 40-fold increase in

symptoms, compared to the least

aggressive one.

Key words: Dickeya, blackleg, potato,

aerial stem rot, Pectobacterium.

Sensibilità della patata ai marciumi

dello stelo provocati da Dickeya spp.

Dickeya dianthicola e ‘Dickeya solani’

sono i batteri che causano la maggior

parte dei problemi nella produzione di

piante di patate in Svizzera. Essi

provocano in campo dei sintomi di

marciumi aerei degli steli comune-

mente chiamati gambe nere. Lo studio

qui presentato ha due obiettivi

principali: da un lato studiare la

sensibilità a Dickeya spp. delle varietà

Agria, Victoria, Charlotte, Innovator,

Arinda e lady Claire e dall’altro di

studiare l’aggressività di tre isolati di

D. dianthicola e di tre isolati di

‘D. solani’ sulla varietà Agria. A questo

scopo si sono condotte delle prove in

vaso sotto serra. La varietà Agria

sembra essere più sensibile allo

sviluppo di marciume degli steli delle

altre varietà testate. Gli isolati più

aggressivi di ‘D. solani’ non risultano

essere più virulenti di quelli più

aggressivi testati di D. dianthicola.

Infine, il rischio di sviluppo di sintomi

sugli steli legati agli isolati di Dickeya

spp. sembra più importante di quello

legato alla varietà. In effetti, la varietà

più sensibile sviluppa sei volte più

sintomi della varietà meno sensibile,

mentre l’isolato più aggressivo

sviluppa 40 volte più sintomi dell’iso-

lato meno aggressivo.

Page 20: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

432 Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 432–439, 2013

I n t r o d u c t i o n

Maintenir la capacité concurrentielle d’une entreprise

ou d’une branche économique exige d’excellentes capa-

cités entrepreneuriales et une ouverture résolue aux

innovations (Gielen et al. 2003). Pour les entreprises

agricoles suisses, cela implique aussi d’accéder à de nou-

velles connaissances concernant les cultures, la commer-

cialisation des récoltes, le calcul des coûts, les conditions

cadres et les directives pour la production, ainsi que les

compétences pour utiliser ces informations. Des canaux

d’information trop nombreux et divergents peuvent

être un obstacle pour les utilisateurs des connaissances.

Cet inconvénient touche particulièrement les entre-

prises maraîchères, en raison de la multiplicité des

cultures et de l’évolution rapide des conditions cadres

régissant la production et la commercialisation des pro-

duits frais. La connaissance des marchés de distribution

a, de ce fait, une grande importance car les contribu-

tions des pouvoirs publics ne représentent qu’une petite

part des revenus des exploitations. Le secteur maraîcher

suisse se caractérise par une forte dissémination, avec

des zones de production dans quasiment toutes les par-

ties du pays. Les structures d’entreprise, les canaux de

commercialisation ainsi que les spécialités de culture

propres aux entreprises (Möhring et al. 2012) contri-

buent à la diversité du maraîchage en Suisse. Vogler et

Baur (2011) ont déjà montré le défi que représentent

dans ces conditions, pour les entreprises maraîchères, la

réalisation de réseaux professionnels ainsi que le trans-

fert efficace d’informations en provenance de la

recherche et des services de vulgarisation.

Le transfert de connaissances est très segmenté dans

le secteur de la production maraîchère en Suisse (Alföldi

et al. 2003). Les fournisseurs de savoir coordonnent par-

tiellement leur offre, par exemple en organisant des

Les producteurs de légumes estiment que les réunions professionnelles sont très impor-tantes pour le transfert de connaissances et permettent des échanges entre collègues d’une même branche.

1Robert Baur, 1Simone Fähndrich, 1Brigitte Baur, 2Thomas Wieland1Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil, Suisse2Centrale suisse pour la culture maraîchère et les cultures spéciales CCM, 3425 Koppigen, Suisse

Renseignements: Robert Baur, e-mail: [email protected], tél. +41 44 783 63 33

Transfert de connaissances en cultures maraîchères suisses

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Série ProfiCrops

Page 21: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

433Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 432–439, 2013

Rés

um

é

Transfert de connaissances en cultures maraîchères suisses | Production végétale

journées d’information communes. Cependant, ils sont

en concurrence les uns avec les autres pour la visibilité

auprès des bénéficiaires de leurs prestations.

Dans le cadre de ProfiGemüse CH, un projet intégré

du programme de recherche ProfiCrops d’Agroscope,

des recherches ont été effectuées pour améliorer l’assi-

milation et la mise en œuvre, par les producteurs, des

connaissances transmises par les partenaires de ProfiGe-

müse CH. Une enquête a été réalisée et mise en valeur

en 2010. Les premiers résultats montrent qu’il y a tou-

jours une demande d’informations sous forme impri-

mée et que le besoin d’informations sous forme électro-

nique augmente (Vogler et al. 2012; Vogler & Baur 2011).

M é t h o d e

Le questionnaire a été élaboré en partenariat avec les

membres du groupe PI ProfiGemüse CH1. Il a été articulé

selon les données de structure comme, par exemple, la

taille de l’entreprise et divisé en trois questions princi-

pales, avec des questions secondaires:

1. «D’où tirez-vous vos connaissances professionnelles

ainsi que les informations dans les domaines des tech-

niques de production, du marché et de l’économie

d’entreprise, et quelle est pour vous l’importance des

sources suivantes dans l’acquisition d’informations

concernant ces domaines?» Les réponses sont évaluées

sur une échelle de 4 (très importante) à 1 (négligeable).

2. «À votre avis, quel est le thème sur lequel il y a un

déficit d’informations disponibles?» Les réponses sont

données par des cases cochées dans des listes à options

(plusieurs coches possibles).

3. «Où voyez-vous des possibilités d’amélioration dans

l’offre d’informations, afin d’en augmenter l’usage?»

Liste à choix, comme pour la question 2. Les partici-

pants à l’enquête pouvaient cocher des possibilités

d’amélioration ou formuler des propositions person-

nelles.

Les réponses aux questions pouvaient être complétées

avec des considérations personnelles. Les notions d’in-

formation et de connaissances utilisées ont été définies

de la manière usuelle: l’information se rapporte à des

faits individualisés et les connaissances à l’information

intégrée en fonction du contexte.

Les questionnaires ont été envoyés en novembre 2010 à

1432 entreprises maraîchères, sélectionnées par les

offices et aux conseillers, via les offices maraîchers can-

tonaux.

Le taux de retour a été de 16,5% (206 réponses des

entreprises et 20 des conseillers), avec de grandes diffé-

rences d’un canton à l’autre. Par exemple, 3,7% des

entreprises du canton de Berne sollicitées ont répondu,

18,9% du canton d’Argovie et 51,4% du Tessin. Les

réponses provenaient de 90 entreprises ne pratiquant

que la culture de plein champ, de 109 cultivant en plein

champ et sous serres et de 7 ne produisant que sous

serres. Les réponses ont été ventilées et analysées selon

ces catégories. Les entreprises qui ont fourni des

réponses ont été réparties en trois groupes, créés de

manière empirique par les partenaires du projet, sur la

base de leur taille: «petite exploitation», «exploitation

familiale moyenne» et «grande exploitation» (tabl. 1).

R é s u l t a t s

Importance des canaux dans le transfert de connais-

sances

Les informations et les connaissances sont transmises par

divers canaux; les utilisateurs2 disposent de diverses

sources pour les acquérir. Celles qui comptent pour les

1 Partenaires de ProfiGemüse CH: offices maraîchers des cantons de TG, ZH, AG, VS, FR, l’Inforama Ins, Agridea, Agroscope, la Centrale suisse des cultures maraîchères et des cultures spéciales ainsi que l’Union maraîchère suisse.

2 Pour améliorer la lisibilité du texte, les participants à l’enquête ne sont mention-nés qu’au masculin. Les formulaires ont été remplis et analysés anonymement.

Une enquête a été réalisée en 2010, portant

sur le transfert de connaissances dans la

culture maraîchère suisse et les diverses

sources d’information des exploitations en

matière de techniques de production, d'accès

au marché et d'économie d'entreprise. 226

questionnaires d’entreprises maraîchères et de

vulgarisateurs ont été analysés. Les résultats

montrent que les entreprises accordent une

grande importance aux connaissances de base.

Une grande importance est également accor-

dée aux connaissancestransmises par contacts

personnels internes qu'à celles transmises par

des personnes externes à l'entreprise ou lors

de journées d'information. La majorité des

personnes ayant répondu au questionnaire ne

font état d'aucun déficit important de connais-

sances disponibles dans l'un ou l'autre des

domaines professionnels concernés. Cepen-

dant, une moitié d'entre elles souhaitent une

amélioration du transfert de connaissances par

l'intermédiaire d'Internet ou de supports

électroniques de données. Ces résultats

serviront de base à une meilleure coordination

et à une conception mieux ciblée du transfert

de connaissances à l'intention de la branche

maraîchère suisse.

Page 22: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

Production végétale | Transfert de connaissances en cultures maraîchères suisses

434 Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 432–439, 2013

ment mieux cotées que celles disponibles auprès de

sources externes (tabl. 2, cat. 2 et 3).

Les réponses donnent aux fournisseurs de connais-

sances des indications sur la valeur relative accordée à

leur offre. Par exemple, la situation en matière d’autori-

sation de produits phytosanitaires est complexe. Les

offices cantonaux et Agroscope déploient d’importants

efforts pour sensibiliser les producteurs à une utilisation

correcte des produits phytosanitaires. Cette enquête

montre qu’en matière de protection des plantes et de

fumure, les informations des conseillers des firmes ont

auprès des producteurs une importance aussi grande ou

plus grande encore que les informations fournies par les

offices cantonaux ou Agroscope (fig. 1). Cela indique

que les conseils fournis par les distributeurs de produits

phytosanitaires sont jugés fiables en matière de protec-

tion des cultures et d’évitement d’erreurs dans les traite-

ments. D’autre part, la figure 2 montre que les informa-

tions fournies par les offices cantonaux et Agroscope

sont jugées sans intérêt en matière de machines, d’équi-

pement et d’infrastructure. Un jugement compréhen-

sible dans la mesure où ces institutions ne proposent

que ponctuellement des informations sur ces sujets.

Dans l’ensemble, les réponses montrent que les

entreprises de production maraîchère accordent beau-

coup d’importance aux connaissances disponibles au

sein de l’entreprise et à celles détenues par des collè-

gues de la branche. On peut en déduire que la forma-

tion professionnelle est importante lorsqu’il s’agit d’in-

tégrer de nouvelles connaissances dans la pratique des

exploitations maraîchères.. Les résultats ont également

mis en évidence le fait que la diffusion de connaissances

Catégorie(délimitation empirique)

Surface totale de production1

Nombre d'exploitations

% de toutes les exploitations

Petite(petites exploitations, vente directe, livraison à la gastronomie régionale)

< 2 ha 60 29,1

Moyenne(livraison à des entre-prises collectrices)

≥ 2 – 19 ha 98 47,6

Grande(souvent entreprises collectrices, infrastruc-ture propre d'entrepo-sage et de préparation)

> 19 ha 48 23,3

Tableau 1 | Différenciation des 206 entreprises participantes selon la taille et la surface cultivée

1Total plein champ et serres.

cultures maraîchères sont listées dans le tableau 2. La

question no 1 (voir Méthode) a été posée aux produc-

teurs de légumes, afin de connaître l’importance qu’ils

accordent à ces sources. Le domaine des techniques

de production comportait plusieurs thèmes, tels que

gestion des cultures de plein champ et en serre, fumure

et protection des plantes, machines, équipements et

infrastructure, directives pour la production et prescrip-

tions. En général, les réponses ne variaient guère selon

les différentes catégories d’entreprises (tabl. 1). Les pro-

ducteurs accordent une grande importance à leurs

propres connaissances professionnelles et à celles de

leurs collègues de la branche concernant les thèmes de

la protection des plantes et de la fumure (fig. 1). Dans les

domaines des techniques de production et de l’écono-

mie d’entreprise, les connaissances propres sont claire-

Figure 1 | Importance des diverses sources d'informations attribuées aux catégories 1 – 4 (voir tabl. 2) pour les connaissances professionnelles et les informations sur les thèmes de la protection végétale et de la fumure. Résultats pour l'ensemble des 206 entreprises. La longueur moyenne des barres du graphique (somme de toutes les couleurs) est de 76,5 %, étant donné que, pour chaque source, un nombre de réponses ne contenaient aucune donnée.

Page 23: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

Transfert de connaissances en cultures maraîchères suisses | Production végétale

435Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 432–439, 2013

Catégorie Type de source de connaissances À choix dans le questionnaire

1

Connaissances de base:• Disponibles à l'interne• Non influençables à court terme• L'intuition comme facteur

• Connaissances et expériences personnelles• Relevés et calculs personnels• Discussions avec des collègues de la branche

2

Connaissances transmises dans un seul sens:• Sources imprimées et numériques• Principe apport et/ou prélèvement• «Communication à sens unique»• Sans interaction sociale• Choix individuel du moment de l'acquisition • Connaissances disponibles à moyen et long terme

après l'acquisition

• Revue professionnelle suisse «Le Maraîcher»• Revues professionnelles étrangères• Bulletin Agroscope «Info cultures maraîchères»• Site Internet Agroscope• Informations des offices cantonaux (sites Internet, bulletins)• Sites Internet, bulletins de fournisseurs• Internet public (Google etc.)• Information par l'acheteur de la marchandise• Bulletin, informations du marché UMS1 (association de la branche)• Bulletin des prix des bourses aux légumes (plateforme du commerce)• Bulletin Swissmip.ch / CCM2 (information officielle de la branche sur les prix et les

conditions de prise en charge)• Informations AGRIDEA• Informations ART• Informations UMS sur les coûts de production

3

Transmission personnalisée des connaissances• Contacts personnels avec fournisseurs externes de

connaissances• Disponibilité limitée dans le temps• Délais modifiables• Interaction réciproque

• Conseiller de fournisseur• Conseiller technique d'office cantonal• Organisation régionale de vulgarisation• Conseiller de culture payé par l'exploitation• Bureau fiduciaire, comptable

4

Transmission personnalisée de connaissances in-dividualisées, combinaison des catégories 1, 2, 3• Liée à des délais convenus• Possibilité limitée: interaction réciproque

• Journées d'information• Cours, séminaires

1Union maraîchère suisse.2Centrale suisse pour la culture maraîchère et les cultures spéciales.

Tableau 2 | Les sources de connaissances à disposition des producteurs suisses de légumes, telles que proposées dans le questionnaire, sont catégorisées comme suit:

Figure 2 | Importance des diverses sources d'informations attribuées aux catégories 1 – 4 (voir tabl. 2) pour la transmission de connais-sances professionnelles dans les domaines du machinisme, des appareils et des infrastructures. Résultats pour l'ensemble des 206 entre-prises. La longueur moyenne des barres du graphique (somme de toutes les couleurs) est de 73,4 %, étant donné que, pour chaque source, un nombre de réponses ne contenaient aucune donnée.

Page 24: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

Production végétale | Transfert de connaissances en cultures maraîchères suisses

436 Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 432–439, 2013

par des documents imprimés ou par voie numérique (fig.

2, cat. 2) est jugée moins efficace que la transmission de

connaissances lors de contacts personnels (fig. 2, cat. 1).

A une époque où l’on trouve une vaste offre de nou-

velles connaissances diffusées par divers canaux, le

conseil direct prodigué par les offices cantonaux ou par

des entreprises de services reste primordial. Les journées

d’informations ont aussi été jugées importantes, en

général. C’est d’autant plus remarquable qu’au cours

des dernières années, le nombre de participants aux

journées d’informations organisées à l’intention des

producteurs de légumes a stagné, voire baissé. Ces

réponses peuvent être interprétées comme un jugement

positif à l’égard des journées d’informations, pour les-

quelles les producteurs ne disposent toutefois que de

peu de temps. À moins que le calendrier ou le lieu de ces

manifestations ne soient pas toujours bien choisis.

Déficits d’information des entreprises maraîchères

Le tableau 3 résume les résultats de tous les domaines

professionnels, répartis selon les catégories d’exploita-

tions. Pour aucun des thèmes abordés, un manque d’in-

formations n’a été rapporté chez une majorité des parti-

cipants à l’enquête. Dans le domaine des techniques de

production et concernant la gestion de la culture en

plein champ, 31,4% de toutes les exploitations de plein

champ signalent des déficits d’informations contre seu-

lement 18,4% des exploitations des cultures sous serres.

Dans le domaine de la protection des plantes (et de la

fumure, au moins pour les exploitations moyennes et

grandes), une partie considérable des producteurs sou-

haitent avoir plus d’informations. Le manque d’informa-

tions disponibles est davantage ressenti par les grandes

exploitations que par les petites. Les résultats ne per-

mettent pas de savoir si cela est dû au fait que les

grandes entreprises se basent davantage que les petites

sur des nouvelles connaissances et des informations

actualisées pour leurs décisions ou si les connaissances

transmises correspondent moins aux besoins des grandes

entreprises. Pour les thèmes relatifs au marché, les défi-

cits relevés varient selon la catégorie d’exploitations

(tabl. 3). Fournir aux entreprises des informations et des

connaissances correspondant à leurs besoins semble

d’autant plus difficile lorsque ces derniers sont très dif-

férents. Dans ce domaine comme dans celui de l’écono-

mie d’entreprise, les déficits d’informations ont ten-

dance à augmenter avec la taille de l’entreprise. Il est

frappant de constater que plus de 40% des grandes

entreprises signalent un manque d’information concer-

nant les coûts de production et les marchés étrangers.

Les remarques additionnelles des personnes question-

nées montrent aussi que certaines des exploitations bio

ont trop peu d’informations dans les domaines des tech-

niques de production et de l’économie d’entreprise.

Possibilités d’amélioration de l’offre d’informations

Les résultats montrent clairement le désir d’améliora-

tion, prioritairement dans l’offre d’informations sous

forme numérique (tabl. 4). Au total, 48,1% des entre-

prises souhaiteraient disposer d’un portail Internet cen-

tralisé, structuré par thèmes. Plus d’un tiers salueraient

une amélioration de l’offre de connaissances sur sup-

port informatique. Plusieurs personnes interrogées ont

exprimé en plus le vœu d’une meilleure coordination de

l’offre proposée par les différents fournisseurs. La per-

ception d’un manque de vue d’ensemble de l’offre est

peut-être la raison pour laquelle Internet n’est pas men-

tionné comme canal de transmission de connaissances

très important selon les figures 1 à 3. Les réponses des

conseillers étaient très semblables à celles des produc-

teurs quant aux possibilités d’amélioration (tabl. 5).

Comme les conseillers acquièrent des informations, les

traitent et les transmettent par divers canaux aux pro-

ducteurs, ils joueront un rôle central dans la mise en

œuvre des améliorations.

% de mentions

Surface< 2 ha(n=60)

Surface> 2 à 19ha

(n=98)

Surface> 19 ha(n=48)

Tech

niqu

es d

e pr

oduc

tion

Conseils de culture plein champ 25,0 31,6 37,5

Conseils de culture serre 15,0 21,4 18,8

Semences, variétés, plantons 25,0 28,6 14,6

Fumure 18,3 27,6 33,3

Protection des plantes 25,0 30,6 29,2

Machines, appareils, infrastructure 10,0 21,4 22,9

Directives de production 15,0 20,4 27,1

Moyenne % de mentions 19,0 25,9 26,2

Mar

ché

Prix, prix indicatifs 30,0 23,5 18,8

Offre, demande 16,7 31,6 33,3

Acheteurs 11,7 18,4 22,9

Exigences qualitatives 11,7 7,1 18,8

Marchés étrangers 8,3 17,3 45,8

Moyenne % de mentions 15,7 19,6 27,9

Écon

omie

d'e

ntre

pris

e Organisation d'entreprise 8,3 17,3 18,8

Conduite d'entreprise 10,0 24,5 20,8

Économie d'entreprise 8,3 16,3 10,4

Coûts de production 20,0 24,5 41,7

Recrutement, conduite du personnel 8,3 26,5 20,8

Personnel de nationalité étrangère 10,0 23,5 22,9

Moyenne % de mentions 10,8 22,1 22,6

Tableau 3 | Lacunes d'informations dans les domaines des tech-niques de production, du marché et de l'économie d'entreprise: résultats des trois catégories d'entreprises selon le tableau 1. Les valeurs égales ou supérieures à 25 % sont surlignées en bleu

Page 25: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

Transfert de connaissances en cultures maraîchères suisses | Production végétale

437Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 432–439, 2013

d’informations disponibles. Il s’agit donc surtout de

canaliser et de structurer ce flot et non d’augmenter la

quantité d’informations disponibles. Un modèle a sou-

vent été cité, celui de Hortigate (www.hortigate.de), la

plateforme Internet allemande d’offre de connaissances

en horticulture. Il est indispensable d’optimiser une telle

offre en raison du peu de temps dont les entreprises

maraîchères disposent pour l’acquisition de connais-

sances. Les fournisseurs d’informations doivent entre-

prendre ensemble d’améliorer l’efficacité du transfert

de connaissances. Il n’est pas encore établi si, à cet égard,

le rôle dirigeant revient aux associations de la branche,

aux offices cantonaux ou à la recherche (Agroscope).

Les résultats soulignent le rôle important que joue le

transfert personnalisé de connaissances par la vulgarisa-

Les journées d’informations comptent parmi les plus

importants canaux de transfert de connaissances (fig. 1

et 2), toutefois rares sont les personnes interrogées qui

désirent une augmentation de l’offre. Les améliorations

devront donc porter sur la qualité de ces journées plutôt

que sur leur nombre. Dans les catégories «amélioration

de l’échange de connaissances entre les entreprises» et

«conseils directs à l’entreprise» (fig. 1 et 2), le besoin

d’améliorations n’est ressenti que par moins du quart

des personnes qui ont répondu au sondage.

Conclusions et recommandations

Les commentaires additionnels au questionnaire

montrent que le plus grand défi des entreprises dans

l’acquisition de connaissances est la maîtrise du flot

Choix proposé de possibilités d'amélioration

% de mentions

Surface<2 ha(n=60)

Surface>2 à 19 ha

(n=98)

Surface> 19 ha(n=48)

Offre d'informations groupées par thèmes et structurées, sur un portail Internet 38,3 56,1 43,8

Offre d'informations groupées par thèmes sur support papier (p. ex. dossier, classeur) 20,0 20,4 10,4

Davantage d'échanges d'informations entre les exploitations 20,0 22,4 16,7

Offre d'informations groupées par thèmes sous forme numérique (p.ex. CD, e-mail) 28,3 33,7 43,8

Davantage de journées d'information sur des thèmes ciblés 10,0 12,2 8,3

Offre supplémentaire de conseil individuel aux exploitations 18,3 21,4 29,2

Moyenne % de mentions 22,5 27,7 25,4

Tableau 4 | Possibilités d'amélioration de l'offre d'informations: comparaison des trois catégories d'entreprises selon le tableau 1. Les valeurs égales ou supérieures à 25 % sont surlignées en bleu

Figure 3 | Importance des diverses sources d'informations attribuées aux catégories 1 – 4 (voir tabl. 2) pour la transmission de connaissances professionnelles dans le domaine des coûts de production. Résultats pour l'ensemble des 206 entreprises. La longueur moyenne des barres du graphique (somme de toutes les couleurs) est de 70,0 %, étant donné que, pour chaque source, un nombre de réponses ne contenaient aucune donnée.

Page 26: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

438

Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 432–439, 2013

Production végétale | Transfert de connaissances en cultures maraîchères suisses

tion. Bien que les ressources disponibles pour cette

tâche aient été réduites ces dernières années dans les

services de vulgarisation cantonaux, les exploitations

maraîchères dans leur majorité n’y voient pas encore de

nécessité d’amélioration. Lorsqu’il s’agira d’optimiser à

l’avenir l’engagement des ressources pour le transfert

de connaissances, il faudra garder à l’esprit que le

contact interactif entre la recherche, le conseil et la pro-

duction figure pour les producteurs comme pour les

conseillers parmi les formes les plus importantes de

transfert des connaissances. En Allemagne, les coupes

opérées dans les offices cantonaux de vulgarisation et

l’imposition de tarifs pour les prestations de conseil ont

entraîné la prise en charge d’une grande partie du

conseil technique par des entreprises privées, car la

demande persiste même si les conseils sont payants

(Dirksmeyer 2009).

Pour les journées d’informations et les manifesta-

tions, ProfiGemüse CH a fait un premier pas dans la

bonne direction en incitant les partenaires à établir un

calendrier central pour la branche (Wieland 2010). Il doit

servir à une meilleure coordination des manifestations

de la branche. De plus, un nouveau concept établit que

l’offre de journées d’informations sera dorénavant coor-

donnée par la CCM, chaque année pour la suivante et sur

le plan national aussi bien que régional.Pour améliorer encore le transfert de connaissances

dans la branche maraîchère en Suisse, il faut que tous les

acteurs, y compris Agroscope, coordonnent leurs efforts.

Les résultats détaillés de l’enquête, disponibles dans un

rapport établi par Agroscope, sont une bonne base pour

discuter des démarches à poursuivre ou à entreprendre. n

Tableau 5 | Possibilités d’amélioration de l’offre d’informations: comparaison des réponses fournies par les entreprises avec celles des conseillers. Plusieurs mentions étaient possibles dans les réponses.

ProfiCrops

Le programme de recherche Agroscope Profi-

Crops (www.proficrops.ch) a pour objectif de

contribuer à garantir la compétitivité de la pro-

duction végétale suisse dans un cadre de plus

en plus libéralisé et de renforcer la confiance

des consommateurs envers les produits suisses.

Les hypothèses posées en début de programme

stipulaient que l’efficience de la production

devait être améliorée, l’innovation et la valeur

ajoutée augmentées, la confiance des consom-

mateurs renforcée et les conditions cadres

modifiées. Ces quatre aspects ont fait l’objet de

recherches interdisciplinaires, sous forme de

modules (Efficience, Innovation, Consomma-

teurs et Conditions cadres) ainsi que de projets

intégrés et associés: Feu Bactérien, ProfiVar,

ProfiGemüse CH, Coopération d’assolement,

ProfiViti, WIN4 et FUI.

La série d’articles «ProfiCrops» publiée dans

Recherche Agronomique Suisse permet de dif-

fuser une sélection de résultats et de solutions

pour le maintien de la compétitivité de la pro-

duction végétale en Suisse. Ces résultats et

solutions sont exemplaires. Un rapport de syn-

thèse sera disponible début 2014.

L’article «Transfert de connaissances en cultures

maraîchères», lié au projet intégré ProfiGemüse

CH*, présente une initiative concrète d’une

coordination intensifiée du transfert de

connaissances au sein d’une branche. Il dé-

montre le besoin de coordonner les flux d’infor-

mation et l’importance des réseaux dans le

cadre du transfert de connaissances, essentiels

pour permettre aux producteurs d’innover au

sein de ce secteur particulièrement dynamique.

*http://www.agroscope.admin.ch/profi-

crops/05372/index.html?lang=fr

ProfiCropsProgrammes de recherche Agroscope

Choix proposé de possibilités d’amélioration

% de mentions, entreprises

% de mentions, conseillers

Offre d’informations groupées par thèmes et structurées, sur un portail Internet

48,1 42,9

Offre d’informations groupées par thèmes sur support papier (p. ex. dossier, classeur)

18,0 23,8

Davantage d’échanges d’informations entre les exploitations

20,4 19,0

Offre d’informations groupées par thèmes sous forme numérique (p.ex. CD, e-mail)

34,5 38,1

Davantage de journées d’information sur des thèmes ciblés

10,7 0,0

Offre supplémentaire de conseil indivi-duel aux exploitations

22,3 9,5

Page 27: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

439Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 432–439, 2013

R

iass

un

to

Sum

mar

y

▪ Vogler U. & Baur R., 2011. ProfiGemüse CH – ProfiGemüse CH: un nou-veau réseau comme projet intégré de ProfiCrops. Recherche Agrono-mique Suisse 2, 470 – 475.

▪ Vogler U., Fähndrich S., Crole-Rees A. & Baur R. 2012. Mises à disposi tion d’informations: le point de vue des maraîchers. Der Gemüsebau/ Le Maraîcher 4, p. 31.

▪ Wieland T., 2010. Novum: Zentraler Veranstaltungskalender für die Schweizer Gemüsebaubranche im Internet. Communiqué du 08.11.2010. Schweizerische Zentralstelle für Gemüsebau und Spezialkulturen.

Bibliographie ▪ Alföldi T., Weidmann G., Schmid O. & Niggli U., 2003. Herausforderungen für den Wissenstransfer in der Schweiz. Accès: http://orgprints.org/525/1/alfoeldi-t-herausforderung-wissenstransfer-schweiz-2003.pdf

▪ Dirksmeyer W., 2009. Exkurs: Beratungsstrukturen im Produktionsgar-tenbau. Landbauforschung Sonderheft 330, 163 – 167.

▪ Gielen P. M., Hoeve A. & Nieuwenhuis L. F. M., 2003. Learning entrepre-neurs: learning and innovation in small companies. European Educational Research Journal 2, 90–106.

▪ Möhring A., Mack G. & Willersinn C., 2012. Cultures maraîchères – mo-délisation de l’hétérogénéité et de l’intensité. Recherche Agronomique Suisse 3, 382 – 389.

Transfer di conoscenze nell’ambito

dell’orticoltura svizzera

Un’inchiesta condotta nel 2010 ha

analizzato il transfer di conoscenze

nell’ambito dell’orticoltura svizzera

attraverso 226 risposte scritte. E’ stata

registrata l’importanza delle fonti di

conoscenza nei settori della tecnica di

produzione, mercato e gestione

aziendale delle aziende orticole. Si è

dimostrato che la propria conoscenza

di base delle aziende è valutata più

importante di quelle acquisite tramite

consulenza o giornate informative. La

maggior parte dei partecipanti all’in-

chiesta non ha percepito in nessuno

dei settori intervistati delle carenze

significative di conoscenze disponibili.

Tuttavia, quasi la metà dei partecipanti

desidera un miglioramento nello

scambio di conoscenze attraverso

internet o sotto forma di banche dati

elettroniche. I risultati di quest’inchie-

sta possono servire come base per un

migliore coordinamento e orienta-

mento del transfer di conoscenze per

l’orticoltura svizzera.

Transfert de connaissances en cultures maraîchères suisses | Production végétale

Knowledge dissemination in the Swiss

vegetable production

A survey on knowledge dissemination

in the vegetable sector and on infor-

mation sources used by vegetable

farms was conducted in 2010. 226

questionnaires returned by growers

and advisors were analyzed. Informa-

tion domains were: technical aspects of

production, market access and farm

economics. Results show that growers

attached a high value to their own

basic knowledge and information

transferred through inter-farm per-

sonal contacts. In addition, knowledge

available from advisory services or

acquired at information days for

farmers was also considered to be of

major importance. Most of the growers

do not recognize relevant gaps in the

available knowledge in any of the

covered domains. However, half of

them wish an improvement in the

electronic dissemination pathways

such as internet or other media. The

results of this survey will help to focus

and improve knowledge dissemination

within the Swiss horticultural sector.

Key words: knowledge dissemination,

vegetable production, survey, Profi-

Crops.

Page 28: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

Bildlegende

440

Série ProfiCrops

Le 2 juillet 2013, la station de recherche Agroscope a

organisé à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich EPFZ

une manifestation de clôture du projet intégré «PI Feu

Bactérien» (fig. 1). Quelque soixante invités de la

recherche, de la branche et de la production fruitières

sont venus de toute la Suisse pour participer à cette jour-

née organisée par Anna Crole-Rees (cheffe ProfiCrops) et

Eduard Holliger (coordinateur du PI Feu Bactérien).

Motion du conseiller national Walter Müller

Le projet intégré Feu Bactérien a été initié par la sta-

tion de recherche Agroscope Changins-Wädenswil

ACW en réaction à la dissémination dévastatrice du

feu bactérien en 2007. La motion Müller a permis d’in-

vestir des moyens supplémentaires (0,5 millions de

francs par année sur quatre ans) dans la recherche en

arboriculture fruitière.

E c l a i r a g e

Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 440–443, 2013

Esther Bravin

Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil, Suisse

Renseignements: Esther Bravin, e-mail: [email protected], tél. +41 44 783 62 44

Recherche pour une production fruitière suisse durable, malgré le feu bactérien

Le feu bactérien est une malade grave qu’il faut gérer (symptôme sur Gala).

Page 29: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

441

Zusa

mm

enfa

ssu

ng

C’est ainsi que les activités d’Agroscope et celles de nom-

breux partenaires (tabl. 1) ont pu être mises sous un seul

toit, ce qui a permis de mieux exploiter les synergies.

L’accumulation de compétences de haut niveau dans le

cadre du «PI Feu Bactérien» a incité d’autres institutions

à financer des projets supplémentaires (tabl. 1).

Le but du projet a été présenté par Eduard Holliger

(Agroscope): il s’agit d’assurer la capacité concurren-

tielle et les chances d’avenir de la production fruitière

suisse par des moyens durables de prévention et de lutte

contre le feu bactérien: «Ce but ne pourra être atteint

que lorsque l’on aura mieux compris et diagnostiqué le

comportement de l’agent pathogène, et développé des

méthodes adéquates pour la lutte et la gestion du feu

bactérien». La recherche et la coopération dans les

domaines du diagnostic, de la génomique et de la sélec-

tion génétique ont été renforcées en vue de résoudre le

problème urgent posé par cette maladie.

Résultats pour la recherche et la production fruitière

Bien que la recherche en arboriculture fruitière nécessite

souvent de longs délais pour l’obtention de résultats

durablement efficaces, le PI Feu Bactérien a permis d’ob-

tenir en six ans seulement des résultats de haute valeur

scientifique et d’efficacité avérée dans la pratique de

l’arboriculture fruitière en Suisse:

•• test rapide du feu bactérien pour le diagnostic au

champ

•• décryptage du génome de l’agent pathogène

•• caractérisation moléculaire des isolats

•• mise en évidence de caractéristiques de porte-greffes

de pommier résistants au feu bactérien

•• vue d’ensemble de la sensibilité au feu bactérien de

nombreuses espèces de fruits à pépin

•• mise en production (exploitations pilotes) de la variété

résistante de pommier Ladina.

Brion Duffy, bactériologue (Agroscope), a présenté les

résultats consécutifs au décryptage du génome de

l’agent pathogène du feu bactérien Erwinia amylovora

avec son équipe en 2011. Une éventuelle résistance à la

streptomycine de la bactérie peut être identifiée grâce à

des méthodes de biologie moléculaire. Les résistances

peuvent être évitées au moyen de stratégies de lutte

adaptées. Grâce au test rapide EaAgriStrip, les offices

techniques peuvent mettre en évidence l’agent du feu

bactérien directement au verger, de manière simple,

rapide et fiable. La combinaison d’EaAgriStrip et du

modèle de prédiction de l’infection des inflorescences

Marybliyt contribue à optimiser l’application des mé-

thodes de lutte. Divers antibactériens ont été testés

contre le pathogène, parmi lesquels des produits conte-

Recherche pour une production fruitière suisse durable, malgré le feu bactérien | Eclairage

Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 440–443, 2013

ProfiCrops

Le programme de recherche Agroscope

ProfiCrops (www.proficrops.ch) a pour objec-

tif de contribuer à garantir la compétitivité de

la production végétale suisse dans un cadre

de plus en plus libéralisé et de renforcer la

confiance des consommateurs envers les pro-

duits suisses. Les hypothèses posées en début

de programme stipulaient que l’efficience de la

production devait être améliorée, l’innovation

et la valeur ajoutée augmentées, la confiance

des consommateurs renforcée et les conditions

cadres modifiées. Ces quatre aspects ont fait

l’objet de recherches inter-disciplinaires, sous

forme de modules (Efficience, Innovation,

Consommateurs et Conditions cadres), ainsi

que de projets intégrés et associés: Feu Bacté-

rien, ProfiVar, ProfiGemüse CH, Coopération

d’assolement, ProfiViti, WIN4 et FUI. La série d’articles «ProfiCrops» publiée dans

Recherche Agronomique Suisse permet de

diffuser une sélection de résultats et de solu-

tions pour le maintien de la compétitivité de

la production végétale en Suisse. Ces résultats

et solutions sont exemplaires. Un rapport de

synthèse sera disponible début 2014.

L’article «Recherche pour une production frui-

tière suisse durable, malgré le feu bactérien»,

liée au projet intégré Feu Bactérien (http://

www.agroscope.admin.ch/proficrops/05369/

index.html?lang=fr) relate les résultats les

plus marquants du projet, obtenus grâce à une

recherche interdisciplinaire et soutenue.

Page 30: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

442

Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 440–443, 2013

Eclairage | Recherche pour une production fruitière suisse durable, malgré le feu bactérien

nant Bacillus subtilis, Pseudomonas fluorescens ou Pan-

toea agglomerans ou encore des levures. Pour Brion

Duffy, la contribution à une coexistence des anciens ver-

gers à haute tige et des exploitations commerciales

actuelles est un objectif important de la recherche sur le

feu bactérien. Markus Kellerhals, sélectionneur de culti-

vars fruitiers (Agroscope), a présenté des résultats

exhaustifs d’étude de la sensibilité au feu bactérien de

variétés et de collections destinées à la sélection. La créa-

tion de variétés résistantes telles par exemple Ladina est

une percée remarquable. Jennifer Gassmann (Agroscope)

a présenté des résultats obtenus dans le domaine des

ressources génétiques d’espèces fruitières. Plus de

200 cultivars ont été testés quant à leur sensibilité au feu

bactérien. Certains tels Alant, Enterprise, Rubinola et

Dalinette ont donné des résultats encourageants. Il

existe en Suisse plus de 1700 cultivars n’ayant pas encore

été testés. Sarah Perren (Agroscope) a présenté les résul-

tats d’évaluation de la sensibilité au feu bactérien consé-

cutive à l’inoculation artificielle des inflorescences. Dans

ce cas (essai au champ), les variétés ne réagissent pas

toutes de la même manière que lors de l’inoculation de

rameaux en serre. Il est donc indispensable de réaliser les

deux tests.

Feu bactérien et politique

Selon Hans Dreyer (Office fédéral de l’agriculture OFAG),

la Confédération et les cantons ont dépensé au cours des

vingt dernières années plus de 100 millions de francs en

mesures phytosanitaires dans le domaine du feu bacté-

rien. Ces mesures ne sont pas contestées, non plus que

l’utilisation de la streptomycine. Il a manqué trois voix

seulement pour que soit acceptée il y a deux ans la

motion de la conseillère nationale Maya Graf, qui exi-

geait une modification radicale de la stratégie de lutte

contre le feu bactérien. Bien que le projet «PI Feu Bacté-

rien» touche à sa fin, Georg Bregy, directeur de l’Union

fruitière suisse et David Szalatnay (Office des cultures

fruitières du Strickhof) estime qu’il y a encore un impor-

tant besoin de travaux de recherche dans les domaines

suivants:

•• alternatives à la streptomycine

•• connaissance détaillée du pathogène et de

l’épidémiologie

•• sélection de cultivars résistants et maintien à long

terme de la résistance

•• acceptation des cultivars résistants par le marché

(offensive de marketing)

•• communication sur le thème du feu bactérien.

Institutions partenaires Organes de financement

Agroscope Agroscope

Ecole polytechnique fédérale (EPF) Office fédéral de l'agriculture (OFAG)

Forschungsinstitut für Biologischen Land-bau (FiBL) Office fédéral de l'environnement (OFEV)

Fruture CAVO-Stiftung

Institut national de la recherche agronomique (INRA – France) Commission fédérale pour la sécurité biologique (CFSB)

Julius Kühn-Institut (JKI – Deutschland) Ecole polytechnique fédérale (EPF)

Kantonale Fachstellen: Aargau, Luzern, St. Gallen, Thurgau und Zürich Programme cadre UE pour la recherche

Kompetenzzentrum Obstbau-Bodensee (KOB – Deutschland) EUPHRESCO (UE)

Lubera European Cooperation in Science and Tech-nology (COST)

Mabritec Fructus

Université de Genève (UNIGE) Interreg IV

Universität Hohenheim (Allemagne) Kantonale Fachstellen: Aargau, Luzern, St. Gallen, Thurgau und Zürich

Universität Konstanz (Allemagne) Commission pour la technologie et l'innovation (CTI)

VariCom Quality Juice Foundation

Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNRS-SNF)

Tableau 1 | Institutions partenaires et organes de financement (dans l'ordre alphabétique) du PI Feu Bactérien

Page 31: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

443

Recherche pour une production fruitière suisse durable, malgré le feu bactérien | Eclairage

Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 440–443, 2013

La participation active des experts et la générosité des

sponsors suisses ont mis en évidence l’engagement des

acteurs et l’importance qu’a pris la Suisse dans la

recherche mondiale sur le feu bactérien.

Des extraits de cet article ont déjà été publiés dans la

revue Schweizerische Zeitschrift für Obst- und Weinbau

SZOW du 2 août 2013 (15e cahier 2013). n

Figure 1 | La cérémonie de clôture du PI Feu Bactérien a attiré quelque soixante professionnels de la production fruitière.

Informations supplémentaires: www.feuerbrand.chProgramme et présentations de la manifestation «PI Feu Bactérien»: http://www.agroscope.admin.ch/proficrops/05416/07157/index.html?lang=de

ProfiCropsProgrammes de recherche Agroscope

Gestion du feu bactérien

Considérant la dissémination croissante de l’agent du

feu bactérien, les producteurs, les offices techniques et

la recherche se sont accordés depuis plus de dix ans sur la

nécessité d’éliminer ce pathogène des régions de pro-

duction fruitière. Diverses mesures de lutte et de régula-

tion ont été envisagées et appliquées en vue de réduire

les infestations de cet organisme et de protéger les ver-

gers des infections. La notion de lutte a été remplacée

par celle de gestion du feu bactérien. Avec l’aide de la

recherche et des conseillers, les arboriculteurs devront à

l’avenir s’attacher à pratiquer une production durable

basée sur des conditions cadres acceptables, malgré le

feu bactérien.

Atelier scientifique

La manifestation de clôture du projet «PI Feu Bactérien»

a permis au treizième atelier «feu bactérien» de la

Société internationale pour la science horticole ISHS

(www.fireblight2013.org) de réaliser un lien optimal

entre production et science. Organisé par Agroscope et

l’EPF Zurich, l’atelier a donné à 120 scientifiques du

monde entier l’occasion d’échanger leurs connaissances

sur le thème du feu bactérien.

Page 32: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

444 Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 444–447, 2013

Face à l’émergence constante de nouvelles maladies ou

de souches virales, bactériennes et fongiques, il est

nécessaire de pouvoir développer, dans les plus brefs

délais et à faible coût, de nouveaux outils de diagnostic.

La méthode dite du Phage Display permet l’isolation de

nouveaux anticorps de manière rapide et fiable, tout en

permettant d’analyser un large spectre de cibles dans

les domaines phytosanitaire, vétérinaire ou même

agroalimentaire. Un exemple de cible est présenté ci-

dessous avec le virus de la petite cerise.

I n t r o d u c t i o n

L’excellence de l’agriculture en Suisse repose largement

sur la science et l’innovation technologique. Dans le

domaine de la protection végétale, le développement

scientifique contribue de manière importante au dia-

gnostic rapide et précis des maladies infectieuses pour

choisir les moyens de lutte les plus efficaces. La décou-

verte de la méthode de détection immunologique par

ELISA (Enzyme-Linked Immunosorbent Assay, fig. 1) et

Christophe Debonneville, Jean-Sébastien Reynard, Olivier Schumpp et Santiago Schaerer

Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon, Suisse

Renseignements: Christophe Debonneville, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 43 71

Développement éclair de nouveaux outils de diagnostic pour l'agronomie

E c l a i r a g e

Purification des anticorps recombinants sélectionnés par Phage Display.

Page 33: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

Développement éclair de nouveaux outils de diagnostic pour l'agronomie | Eclairage

445Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 444–447, 2013

son adaptation au diagnostic sur des plantes cultivées

(Clark et Adams 1977) ont été des étapes déterminantes.

Depuis plus de 30 ans, l’application de la méthode dans

les filières de certification de plants de culture (Gugerli

1978) garantit la qualité de plusieurs types de cultures

majeures, produites et vendues en Suisse.

Avec l’intensification des échanges entre pays du

globe, l’augmentation de la législation et des contrôles

et l’émergence de nouvelles maladies, les besoins en

nouveaux outils de diagnostic explosent. Le diagnostic

immunologique de type ELISA et par immuno-chroma-

tographie sur bandelette restent les outils les plus utili-

sés. Comparée aux méthodes de diagnostic moléculaire

basées sur la spécificité génétique des souches patho-

gènes, l’analyse immunologique est moins coûteuse et

peut être utilisable par des non-spécialistes, comme des

producteurs et des particuliers (De Boer et Lopez 2012).

Pour ces mêmes raisons, elle conserve tout son intérêt

Figure 1 | Représentation schématique de la méthode ELISA.A: ELISA «indirect»: le virus est immobilisé sur une surface solide, puis un anticorps primaire est appliqué pour le détecter. Un anticorps secondaire conjugué permet la révélation des échantillons (changement de couleur pour les échantillons positifs).B: ELISA «sandwich double-anticorps» (DAS): l’anticorps de capture est immobilisé sur une surface solide puis l’échantillon est appliqué. Un anticorps de détection conjugué permet la révélation des échantillons (changement de couleur pour les échantillons positifs).

Figure 2 | A: Particule de phage filamenteux contenant l'ADN modifié qui permet l'expression du fragment d'anti-corps à sa surface (génotype lié au phénotype).B: Cycle de sélection-amplification du Phage Display. La cible d'intérêt est immobilisée sur une surface solide, puis exposée à la banque de phages. Après lavages, les phages se liant à la cible sont élués, titrés puis amplifiés. Après 2 à 4 tours de sélection, les fragments d'anticorps sont analysés pour les propriétés recherchées.

A B

Page 34: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

Eclairage | Développement éclair de nouveaux outils de diagnostic pour l'agronomie

446 Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 444–447, 2013

pour les analyses à haut débit dans le cadre des processus

de certification de plants. Le diagnostic immunologique

en agriculture repose sur la production d’anticorps spéci-

fiques, ciblant les agents causaux des maladies.

Au sein d’Agroscope, le groupe de virologie et phy-

toplasmologie développe en permanence de nouveaux

anticorps pour la détection de maladies, nouvelles ou

émergentes, qui frappent les cultures en Suisse. La tech-

nologie dite du Phage Display présentée ci-dessous est

habituellement réservée au domaine thérapeutique et

au diagnostic médical. En l’adaptant aux besoins agro-

nomiques, il est possible de produire rapidement et à

faible coût de nouveaux anticorps hautement spéci-

fiques de type monoclonal.

La technique du Phage Display

Le développement d’un nouvel anticorps monoclonal est

un procédé complexe. Plusieurs méthodes ont été utili-

sées à ce jour avec succès, notamment la production

d’hybridomes et la technique du Phage Display. Avec

cette dernière, des peptides exogènes (dans notre cas,

un fragment d’anticorps ou FAC) sont exprimés à la sur-

face d’un bactériophage filamenteux et peuvent être

présentés à des cibles diverses (fig. 2A). Ceci permet

d’imiter in vitro la sélection naturelle des immunoglobu-

lines. Le point de départ est généralement un grand

répertoire, très diversifié, de particules de phages

(appelé banque et contenant 106 à 1010 candidats diffé-

rents). Ce répertoire est exposé à la cible d’intérêt afin

d’identifier et d’isoler les candidats qui s’y lient (fig. 2B).

Les phages produisant les FAC ainsi isolés sont ensuite

amplifiés et sélectionnés à nouveau contre la même

cible. Après 2 à 4 tours de sélection et d’amplification,

les candidats sont testés pour l’activité recherchée, prin-

cipalement par ELISA. Cette stratégie basée sur la sélec-

tion est nettement plus puissante qu’une stratégie de

criblage classique (utilisant la culture cellulaire), qui

nécessite beaucoup plus de temps et de moyens. Il est en

effet possible de cribler 106 à 1010 candidats différents

dans un tube au laboratoire, un nombre qui serait

impossible à atteindre en cultivant des cellules selon le

protocole de la méthode traditionnelle. En outre, l’asso-

ciation du phénotype (fragment d’anticorps exprimé à la

surface du phage) avec son génotype (ADN codé par le

phage) permet d’accéder rapidement aux séquences des

molécules sélectionnées. Grâce à cette méthode efficace,

il est possible de sélectionner un phage spécifique dans

la banque originale. L’accès à l’information génétique

permet également une étape postérieure d’optimisation

en manipulant par exemple la séquence d’ADN à des

endroits précis par mutagenèse ciblée, afin d’améliorer

l’affinité des fragments d’anticorps sélectionnés.

Des exemples d’anticorps monoclonaux développés

grâce à cette technologie existent dans le domaine

médical (Geyer et al. 2012; Hairul Bahara et al. 2013) ainsi

qu’en virologie végétale (Ziegler et al. 1995).

Figure 3 | Cerises saines (gauche) ou atteintes par le virus de la petite cerise (droite). (Photo: ACW)

Page 35: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

Développement éclair de nouveaux outils de diagnostic pour l'agronomie | Eclairage

447Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 444–447, 2013

C o n c l u s i o n s

Non seulement rapide et peu coûteuse, la technique du

Phage Display offre un large spectre d’applications dans

le développement d’outils de diagnostic en agronomie.

Il n’est plus nécessaire de pouvoir enrichir ou de purifier

le pathogène causal, étant donné la possibilité d’utiliser

une protéine de la cible produite in vitro. La technique

est donc applicable à de nombreux domaines autres que

la virologie, comme la bactériologie ou la phytoplasmo-

logie (par exemple la maladie de la flavescence dorée de

la vigne). Pour rappel, les phytoplasmes sont des orga-

nismes ne pouvant être cultivés ex vivo. Le Phage Display

permet également d’isoler un anticorps dirigé contre

une toxine ou toute autre cible potentiellement pré-

sente dans des denrées alimentaires. Il est théorique-

ment possible d’obtenir un anticorps contre n’importe

quelle cible, faisant de cette technique un outil d’une

puissance remarquable. n

La maladie virale de la petite cerise

La maladie de la petite cerise, d’origine virale, complexe

et encore mal connue, est associée à plusieurs virus fila-

menteux de la famille des Closteroviridae (Hadidi et al.

2011). Cette maladie virale a un impact négatif impor-

tant sur la qualité de la récolte des arbres infectés. En

effet, les variétés sensibles produisent des petites cerises,

sans couleur et insipides, qui ne peuvent pas être com-

mercialisées (fig. 3). D’autres symptômes sont le rougis-

sement automnal précoce du feuillage et une diminu-

tion de la vigueur des arbres. La maladie se transmet par

greffage et par des vecteurs naturels, les cochenilles.

Cette maladie est difficile à diagnostiquer uniquement

sur la base de symptômes. L’indexage, permettant de

dépister les maladies d’origine virale, reste le moyen

classique de diagnostic, cependant il demande plusieurs

années d’étude. C’est pourquoi il est nécessaire de dispo-

ser d’outils de diagnostic fiables et rapides afin de lutter

efficacement contre cette maladie. A l’aide de la tech-

nique du Phage display, des anticorps sont en cours de

fabrication afin de développer un test de diagnostic

rapide et spécifique de cette maladie. Plusieurs frag-

ments d’anticorps ont déjà été sélectionnés et ces der-

niers sont capables de détecter la protéine de la capside

du virus (fig. 4).

A terme, le développement d’un test ELISA avec ce

nouvel anticorps permettra d’accélérer le diagnostic et

d’améliorer les connaissances sur la maladie de la petite

cerise en Suisse.

Bibliographie ▪ Clark M. F. & Adams A. N., 1977. Characteristics of the microplate method of enzyme-linked immunosorbent assay for the detection of plant viruses. Journal of General Virology 34, 475–483.

▪ De Boer S. H. & Lopez M. M., 2012. New grower-friendly methods for plant pathogen monitoring. Annual Review of Phytopathology 50, 197–218.

▪ Engvall E. & Perlmann P, 1971. Enzyme-linked immunosorbent assay (ELISA). Quantitative assay of immunoglobulin G. Immunochemistry 8, 871–874.

▪ Geyer C. R., McCafferty J., Dubel S., Bradbury A. R. & Sidhu S. S., 2012. Recombinant antibodies and in vitro selection technologies. Methods Mol Biol 901, 11–32.

▪ Gugerli P., 1978. Detection of 2 Potato Viruses by Enzyme-Linked Immu-nosorbent Assay (Elisa). Phytopathologische Zeitschrift-Journal of Phyto-pathology 92, 51–56.

▪ Hadidi A., Barba M., Candresse T. & Jelkmann W., 2011. Virus and virus-like diseases of pome and stone fruits. American Phytopathological Soci-ety. 429 p.

▪ Hairul Bahara N. H., Tye G. J., Choong Y. S., Ong E. B., Ismail A. & Lim T. S., 2013. Phage display antibodies for diagnostic applications. Biologicals 41, 209–216.

▪ Ziegler A., Torrance L., Macintosh S. M., Cowan G. H. & Mayo M. A., 1995. Cucumber mosaic cucumovirus antibodies from a synthetic phage display library. Virology 214, 235–238.

Figure 4 | Résultat d’un test ELISA réalisé avec plusieurs fragments d’anticorps (FAC) isolés par Phage display. Le FAC 1 reconnait spéci-fiquement le virus de la petite cerise, alors que les FAC 2 et 3 ne le reconnaissent pas. Le FAC 1 pourra servir de base au développe-ment d’un test diagnostic de la maladie de la petite cerise.

Page 36: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

448 Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 448–450, 2013

En tant que produits fabriqués traditionnellement dans

une aire géographique déterminée, les produits agri-

coles pourvus d’une appellation d’origine protégée

(AOP) bénéficient sur le marché d’une valeur ajoutée. Or,

il arrive souvent que ces produits soient l’objet de

contrefaçons. Agroscope, à Liebefeld, a donc mis au

point une méthode basée sur une culture bactérienne

traceuse qui permet désormais de certifier l’origine de la

Tête de Moine AOP. Cette culture de certification de l’ori-

gine est utilisée depuis janvier 2013.

Chaque année, des sommes importantes tombent dans

l’escarcelle de faussaires qui fabriquent des contrefaçons,

privant les fabricants de Tête de Moine de revenus

importants. Ces faussaires mettent illégalement sur le

marché des imitations de Tête de Moine qui ne res-

pectent pas les directives strictes du cahier des charges

AOP. Pour lutter et pour protéger le consommateur

contre les fraudes, Agroscope a développé un nouveau

procédé à la fois efficace et bon marché. Son principe est

simple: il consiste à identifier à l’aide d’analyses par bio-

logie moléculaires des souches de bactéries traceuses,

ensemencées sous la forme de cultures lors de la fabrica-

tion fromagère. L’identification des bactéries traceuses

s’effectue par une analyse de leur patrimoine génétique

(Eugster et al. 2013; Eugster et al. 2011). A l’instar d’un

test de paternité, ces bactéries peuvent être identifiées

dans un morceau de Tête de Moine AOP (World Intellec-

tual Property Organization 2011).

Développement de cultures à Liebefeld: des compé-

tences de haut niveau et une solide expérience

Entreprise par une équipe de 12 personnes, l’aventure

des cultures pour la certification de l’origine (CCO) a

commencé il y a une dizaine d’années. En 2006, des

cultures AOP pour le Gruyère ont été développées. Elles

John Haldemann, Hélène Berthoud, Alexandra Roetschi, Ueli von Ah, Deborah Rollier et Elisabeth Eugster

Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras, 3003 Berne, Suisse

Renseignements: John Haldemann, e-mail: [email protected], tél. +41 31 323 43 34

Tête de moine AOP: une nouvelle culture pour certifier son origine

E c l a i r a g e

Figure 1 | Aucune anomalie n’a été constatée entre les contrôles (en haut à gauche) et les fromages d’essai lors de la comparaison des photos de coupes des Tête de Moine fabriquées lors de l’essai en fromagerie.

Page 37: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

Tête de moine AOP: une nouvelle culture pour certifier son origine | Eclairage

449Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 448–450, 2013

ont été suivies en 2011 par la CCO pour l’Emmentaler

AOP. Comme Agroscope ne vend ces cultures qu’à des

fromageries suisses, l’identification des souches dans le

fromage est un indicateur sûr de la fabrication du fro-

mage sur territoire suisse. Intéressées par les résultats

probants de cette méthode, d’autres interprofessions ont

mandaté Agroscope pour le développement de cultures

destinées à la certification de l’origine de leurs fromages:

parmi elles, l’interprofession de la Tête de Moine.

Dans un premier temps, il a fallu mettre la main sur

des bactéries appropriées, naturellement présentes

dans la Tête de Moine, survivant à la fabrication et qui,

par ailleurs, soient encore identifiables après une durée

d’affinage de 3 à 6 mois. Dernier point mais non des

moindres, ces cultures ne devaient modifier ni l’appa-

rence ni les propriétés organoleptiques du fromage. De

telles bactéries ont été rapidement trouvées dans la col-

lection de souches d’Agroscope, qui compte quelque

13’000 isolats de bactéries. Le choix s’est porté sur des

bactéries lactiques provenant de la région d’origine de

la Tête de Moine. Ensemencées en très petites quantités

dans le lait de cuve, elles se sont avérées identifiables

après une durée d’affinage de six mois, tant dans le fro-

mage prêt à la consommation que dans les rosettes.

L’étape ultérieure a consisté à trouver, parmi ces bacté-

ries lactiques, des souches adaptées qui, au travers de

séquences spécifiques à la souche, soient identifiables

au moyen d’analyses par biologie moléculaire.

Séries d’essai de longue haleine

L’adéquation des bactéries lactiques sélectionnées a été

testée en laboratoire et dans la pratique. Trois souches

(A, B et C) de ces bactéries ont été sélectionnées pour les

tests d’utilisation en installation pilote et en fromagerie.

Les résultats de deux essais sont présentés ci-après. Les

bactéries traceuses peuvent, selon le dosage, influencer

la teneur en acides aminés libres de même que la valeur

pH et la formation de gaz dans le fromage. Plus le

dosage de la culture de certification de l’origine est

élevé, plus la teneur en acides aminés libres augmente

(mesurée avec la méthode OPA) de même que la valeur

pH (1,2). Autrement dit, l’équilibre entre détectabilité

des bactéries traceuses et leur influence sur la qualité du

fromage doit être optimal.

Taux d’inoculation ufc/ml

Souche A Taux d’inoculation

ufc/ml

Souche B Taux d’inoculation

ufc/ml

Souche C

1 m 3 m 6 m 1 m 3 m 6 m 1 m 3 m 6 m

Sans 103 – – – 103 – – –

Sans 104 + + + Sans

Sans 104 + + + Sans

Sans Sans 104 – – –

Sans Sans 105 –/+ + –/+

102 + + + 105 + + + 103 – – –

102 + + + 105 + + + 104 – – –

Tableau 1 | Détectabilité spécifique de trois souches traceuses dans la Tête de Moine (essai en installation pilote)

+: détection positive: par réaction, le nombre de copies dépasse 104.–: détection négative: par réaction, le nombre de copies est inférieur à 103.+/-: résultat équivoque: le nombre de copies par réaction se situe entre 103 et 104.

VarianteTotal AAL (OPA)

mmol/kgTotal AAL (HPLC)

mg/kgTotal AGV mmol/kg

Acide citriquemmol/kg

Valeur pH Amines biogènesmg/kg–

Contrôle 196,7 21 383 15,7 5,5 5,68 599

ABC 216,7 na 17,9 5 5,7 na

AB 201,7 21 925 17,3 5,2 5,7 524

AC 191,5 na 14,8 5,6 5,64 na

Sans 196,7 21 383 15,7 5,5 5,68 599

Avec 203 21 925 16,6 5,3 5,68 524

Test de T ns ns ns ns ns ns

Tableau 2 | Valeurs moyennes (n=7) des résultats des analyses chimiques après 100 jours d’affinage

na: non analysé.ns: non significatif.

Page 38: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

Eclairage | Tête de moine AOP: une nouvelle culture pour certifier son origine

450 Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 448–450, 2013

Dans un essai en installation pilote, les trois bactéries

traceuses (souches A, B et C) ont été ajoutées en diverses

concentrations – seules ou combinées. La souche A,

ensemencée dans la cuve à un taux d’inoculation de

102 ufc/ml, a pu être identifiée dans le fromage pendant

toute la durée d’affinage (tabl. 1). Quant à la souche B,

son identification dans le fromage est garantie à partir

d’un taux d’inoculation de 104 ufc/ml de lait de cuve. Un

taux de 105 ufc/ml n’étant pas intéressant du point de

vue économique, la souche C n’entre donc pas en ligne

de compte comme culture de certification de l’origine.

L’effet des bactéries traceuses sélectionnées sur les

propriétés organoleptiques du fromage prêt à la

consommation a été étudié dans plusieurs essais réalisés

en fromagerie. La courbe du pH, la formation d’acides

aminés libres, d’amines biogènes de même que de gaz

en particulier ont fait l’objet d’observations attentives.

Le tableau 2 montre les résultats des analyses chimiques

de la Tête de Moine à 100 jours. Sept des huit fromage-

ries fabricant de la Tête de Moine ont participé à cet

essai. La quantité de bactéries ensemencée dans le lait

de cuve dans le cas de la variante ABC était de 102 ufc/ml

pour la souche A et de 103 ufc/ml pour les souches B et C;

dans le cas de la variante AB, la quantité inoculée était

de 102 ufc/ml pour la souche A et de 5 × 104 ufc/ml pour la

souche B; et finalement dans le cas de la variante AC,

elle était de 102 ufc/ml pour la souche A et de 105 ufc/ml

pour la souche C.

Les analyses par biologie moléculaire ont permis de

détecter les deux souches A et B dans tous les échantil-

lons. A l’instar des essais réalisés en installation pilote, la

souche C s’est révélée difficilement identifiable dans les

essais effectués en fromagerie. L’analyse en laboratoire

au moyen d’un test de T des échantillons de fromage n’a

montré aucune différence significative entre les échan-

tillons de fromages fabriqués avec des bactéries tra-

ceuses et les échantillons de contrôle. La variation entre

les sept fromageries s’est avérée plus importante que

l’ensemencement des souches.

La comparaison des photos de coupes des fromages

de contrôle (sans bactéries traceuses) avec les fromages

d’essai n’a pas révélé de différence au niveau de la for-

mation de l’ouverture (fig. 1).

Culture lyophilisée standardisée

Parallèlement, un processus de fabrication pour la pro-

duction d’une culture lyophilisée standardisée (fig. 2) a

été mis au point par l’équipe des cultures d’Agroscope à

Liebefeld. Depuis le 1er janvier 2013, la CCO-TdM (culture

pour la certification de l’origine de la Tête de Moine)

prête à l’emploi est envoyée tous les trois mois aux fro-

mageries de Tête de Moine AOP. Si les bactéries lactiques

inoculées lors de la fabrication ne peuvent pas être iden-

tifiées dans le fromage (morceau ou rosettes) par les

analyses prévues, il faut en déduire qu’il s’agit d’une

contrefaçon. n

Bibliographie: ▪ Eugster E., Wechsler D. & Von Ah U., 2013. Keine Nachsicht mehr mit Emmentaler Fälschern, dmz 2/2013.

▪ Eugster E., Guggenbühl B. & Wechsler D., 2011. Käsefälschern geht es nun an den Kragen, Lebensmittel-Technologie 4.

▪ World Intellectual Property Organization, Authentication method of dairy products, WO 2011/039359 A2, 7. April 2011.

Figure 2 | Culture lyophilisée CCO-TdM.

Page 39: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

451Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 451, 2013

P o r t r a i t

«Je suis très curieuse. Comprendre et percer la com-

plexité de la vie me fascine», déclare Elisabeth Eugster

(née en 1966) pour justifier le choix de sa profession.

Une événement dont elle se souvient volontiers en tant

que chercheuse est l’important écho suscité par les

cultures de certification de l’origine, tant dans la branche

fromagère que dans les médias. «Cela montre combien

notre travail de recherche est important.» Les produits

agricoles suisses – les fromages traditionnels en particu-

lier – lui tiennent très à cœur. «Je souhaite à l’agriculture

suisse qu'encore davantage de consommatrices et de

consommateurs mangent du fromage suisse, en raison

de son excellente qualité.»

Après le gymnase à St-Gall, Elisabeth Eugster a étu-

dié les sciences alimentaires à l’ETH à Zurich. Elle a exercé

son premier emploi pendant quatre ans au service de

Lipton-Sais dans le développement de produits et l’assu-

rance de la qualité. De 1995 à 2003, elle a enseigné à la

Haute école suisse d’agronomie (aujourd’hui HAFL) à

Zollikofen BE, et travaillait en parallèle à la station de

recherche laitière (autrefois la FAM, aujourd’hui ALP-

Haras) dans la section de technologie laitière. Son projet

de recherche portait sur les propriétés émulsifiantes des

protéines du lait, sujet de son travail de doctorat

«Adsorptionsverhalten der Milchproteine an Phasen-

grenzflächen». «Ensuite, j’ai eu mes deux enfants,

Patrick en 1998 et Lea en 2001», ajoute-t-elle. C’est en-

ceinte jusqu’aux yeux qu’elle est allée à sa soutenance

de thèse. Alors qu’auparavant son activité profession-

nelle se limitait à l’enseignement, elle dirige depuis

2003, en job sharing, le groupe de recherche Cultures,

biodiversité et terroir. «Le job sharing m’a permis de

concilier vie de famille et activité professionnelle»,

ajoute-t-elle.

A partir du 1er janvier 2014, Elisabeth Eugster écrira

un nouveau chapitre de sa carrière professionnelle: elle

prendra chez Agroscope la direction de la division de

recherche Denrées alimentaires d’origine animale. Les

principales activités de cette division de recherche sont

la transformation des matières premières agricoles ( lait

et viande), la sécurité alimentaire et la qualité des den-

rées alimentaires, le développement et la production de

cultures pour les produits laitiers et carnés fermentés,

l’analyse sensorielle, la physiologie nutritionnelle, sans

oublier le transfert de connaissances et la vulgarisation.

Le but suprême d’Elisabeth Eugster: «Donner des ailes

au nouvel Institut des sciences en denrées alimentaires».

La collaboration avec les trois autres instituts

d’Agroscope, le maintien du lien étroit avec la pratique

de même que des collaborateurs et collaboratrices qui

ont du plaisir à effectuer leur travail font aussi partie de

ses objectifs.

Que fait la chercheuse, domiciliée à Zurich et

employée à Liebefeld, en dehors de son activité de

recherche? Elle s’occupe de sa famille. A cela s’ajoute le

besoin de rester en contact avec la nature: les excursions

en montagne, le ski, la natation, le vélo font partie de

ses hobbies. L’été passé, elle a concrétisé un projet qui

lui était cher: trois mois sur l’alpage de Malschüel, dans

le canton de St-Gall, où elle était responsable de la fabri-

cation de fromages de chèvres. Fabriquer seule du fro-

mage n’était rien de nouveau pour elle: au cours de ses

études, elle a travaillé pendant quatre mois comme sta-

giaire dans une fromagerie appenzelloise. Avec un ber-

ger, une fromagère et une personne auxiliaire, elle s’est

occupée de 260 chèvres de juin à septembre. Alors

qu’elle était à l’alpage, sa famille est restée à la maison;

son mari et ses enfants ne sont venus que pour les

vacances d’été. «J’avais bien un peu le mal du pays!»,

conclut-elle.

Christine Caron-Wickli, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras

Elisabeth Eugster: «Je suis chercheuse, car je suis très curieuse»

Page 40: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

452

A c t u a l i t é s

Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 452–455, 2013

N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s

Rapport ART 763

Le pâturin commun (Poa trivialis) est une plante compé-

titive qui colonise les lacunes du peuplement par ses sto-

lons et évince les autres plantes. Cette graminée n’a que

peu de rendement et entraîne des pertes significatives

dans la production fourragère. Si sa proportion dépasse

20 % dans la ration, les bovins ont tendance à manger

moins volontiers à cause de l’odeur âcre et du manque

d’appétence du fourrage. Deux séries d’essais en Suisse

et en Autriche ont permis d’étudier différentes mesures

pour juguler le pâturin commun dans les prairies. Les

mesures se distinguent par leur intensité (douce /inten-

sive) et leur fréquence (annuelle /unique). La mesure

douce, une combinaison entre entretien de la prairie au

printemps et sursemis, n’a fourni aucun résultat satisfai-

sant même après avoir été répétée pendant quatre ans.

En revanche, le pâturin commun s’est avéré plus sensible

au hersage intensif à la fin de l’été. Une comparaison des

différents types de herse montre que des intervalles

étroits entre les dents et une forte pression de ces der-

nières donnent de meilleurs résultats. Plusieurs hersages

permettent d’ouvrir 70 % de la surface du sol à court

terme. Etant donné le coût élevé des hersages multiples,

de l’andainage et de l’évacuation nécessaire de 17 à 40 t

de produit du hersage par hectare, ce procédé intensif

ne peut être recommandé que pour un assainissement

unique.

Joachim Sauter et Roy Latsch, ART

Maîtriser le pâturin commun

Page 41: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

453

A c t u a l i t é s

Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 452–455, 2013

Rapport ART 764

La lutte contre les rumex dans l’agriculture biologique

est une opération pénible qui prend beaucoup de temps.

Pour venir à bout des rumex, il faut à la fois faucher les

hampes florales et arracher les racines à l’aide du fer à

rumex. Ce travail manuel peut être effectué pendant les

temps morts de l’exploitation. Comme il est cependant

laborieux, de nombreuses exploitations doivent faire

face à une importante population de rumex, ce qui se

traduit par des pertes significatives de rendement et de

qualité fourragère. Un nouveau procédé de lutte biolo-

gique contre les rumex utilise l’eau chaude. Par rapport

au fer à rumex, ce procédé a un rendement plus élevé à

la surface et implique moins de travail physique. Le pro-

cédé est désormais arrivé à une maturité suffisante pour

pouvoir être introduit dans la pratique.

Roy Latsch et Joachim Sauter, ART

Lutte biologique contre les rumex –L’eau chaude ouvre de nouvelles perspectives

Page 42: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

454

www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen

Actualités

C o m m u n i q u é s d e p r e s s e

Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 452–455, 2013

20.09.2013 Une nouvelle maladie provoque la défoliation prématurée des pommiers En Suisse orientale, quelques pommiers non traités ont

perdu prématurément leurs feuilles en 2010. Les cher-

cheurs d‘Agroscope ont établi que le champignon Mars-

sonina coronaria, encore inconnu chez nous jusqu’ici, en

était responsable. Depuis, cette maladie des pommiers

s’est propagée: cette année, de nombreux pommiers

non traités dans les jardins familiaux et les prés se dégar-

nissent déjà fortement à mi-septembre.

05.09.2013 Baisse des revenus agricoles en 2012 En 2012, les revenus agricoles des exploitations de réfé-

rence ont baissé de 5,9 % par rapport à l’année précé-

dente, en grande partie du fait des rendements plus bas

dans la production végétale. Ils se montent en moyenne

à 56 000 francs par exploitation. En revanche, le revenu

du travail par unité de main-d’œuvre familiale à plein

temps a légèrement augmenté par rapport à 2011 pour

atteindre 43 700 francs. Cette évolution différente est

due à la forte diminution des intérêts pour les fonds

propres dans le calcul du revenu du travail.

03.09.2013 Enquête sur le budget-temps dans l’agriculture: important recul des tâches ménagères Depuis 1974, la journée de travail des paysannes est deve-

nue plus courte, mais aussi parfois plus intensive, plus

complexe et plus diversifiée. A la maison comme sur

l’exploitation, le travail est plus rapide qu‘autrefois, tan-

dis que l’on consacre plus de temps à l’éducation des

enfants et aux activités extra-agricoles. Les cheffes d’ex-

ploitation sont particulièrement sollicitées: elles reçoivent

généralement peu de soutien de leur partenaire dans les

tâches ménagères. C’est ce que montre une enquête réa-

lisée par Agroscope auprès de 223 exploitations agricoles

familiales dans toute la Suisse.

www.agroscope.admin.ch/communiques

N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s

ALP actuel 46

Pour la description des

propriétés sensorielles

d’un produit et l’établis-

sement de profils senso-

riels, comme c’est le cas

dans le développement

de produits, la production

ou le contrôle qualité, on utilise fréquemment des

termes à connotation hédonique (agréable, bon, mau-

vais, etc.), des termes généraux et imprécis (harmonieux,

pur, typique, etc.) ou des termes relatifs à l’intensité

(équilibré, etc.). Ces termes étant difficiles à définir, leur

usage peut entraîner une confusion au sein du groupe

Langage sensoriel standardisé pour l’évaluationde la viande séchée

de juges et un manque de concordance lors de l’évalua-

tion / description. Pour parer cet inconvénient, il y a lieu

d’employer un vocabulaire défini. A ce propos, il est

important que les juges qui participent aux évaluations

comprennent le vocabulaire choisi, l’assimilent et l’uti-

lisent tous de la même façon. Pour atteindre cet objectif,

il faut élaborer des définitions et fixer des références

spécifiques pour chaque terme sélectionné. Compte

tenu de la démarche systématique appliquée au déve-

loppement de ce vocabulaire, on parle d’un «langage

sensoriel standardisé».

Patrizia Piccinali et Jessika Messadene

Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras

Page 43: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

455

Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen

Actualités

Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 452–455, 2013

M a n i f e s t a t i o n s

Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations

L i e n s i n t e r n e t

Recherche sur le feu bactérien

www.feuerbrand.ch

Le feu bactérien est une maladie particulièrement dan-

geureuse pour quelques espèces botaniques. Le site

internet d’Agroscope donne toutes les informations rela-

tives à la recherche sur le feu bactérien, les liens impor-

tants et les publications des projets.

Novembre 2013

05. – 06.11.2013Weiterbildungskurs für BaufachleuteAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTEttenhausen

21.11.2013Congrès PAN-RPGAA15 ans de plan c’action nationalla conservation de la diversité variétale des plantes cultivées – où en sommes-nous aujourd’hui ?OFAG et Commission suisse pour la conservation des plantes cultivéesInforama Rütti, ZollikofenInformations: www.cpc-skek.ch

Janvier 2014

18.01.2014Journée d’information HAFLHaute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFLZollikofenInformations: www.hafl.bfh.ch

21. – 24.01.2014Agroscope à AgrovinaMartigny

23.01.2014Nachhaltigkeitstagung 2014«Wasser in der Landwirtschaft – heute und in Zukunft»AgroscopeAgroscope, 8046 Zurich

V o r s c h a u

Novembre–Décembre 2013 / Numéro 11–12

Le souchet comestible (Cyperus esculentus L.) est une néophyte invasive qui s'est largement dissé-minée en Suisse au cours des deux dernières décennies. Une fois instal-lée, cette mauvaise herbe redoutée dans les cultures est difficile à éra-diquer et les moyens de lutte sont coûteux en temps et en argent. (Photo: Carole Parodi, ACW)

D a n s l e p r o c h a i n N u m é r o

•• Souchet comestible (Cyperus esculentus L.): situation

actuelle en Suisse, Christian Bohren et Judith Wirth,

ACW

•• Dispositions d’exécution de la politique agricole

2014-2017, Thomas Meier, OFAG

•• Effets de la disponibilité en eau sur la production

fourragère en zone de grandes cultures, Eric Mosi-

mann et al., ACW

•• Effets d’une sécheresse estivale sévère sur une prairie

permanente de montagne du Jura, Marco Meisser

et al., ACW

•• Essai pratique des moyens de réduire la dérive,

Simon Schweizer et al., ACW et Zürcher Hochschule für

Angewandte Wissenschaften ZAHW

•• Liste suisse des variétés de pommes de terre 2014,

Ruedi Schwärzel et al., ACW et ART

Page 44: Rechercheagronomique Suisse, numéro 10, octobre 2013

Informations actuelles de la recherche

pour le conseil et la pratique:

Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois

par année et informe sur les avancées en

production végétale, production animale,

économie agraire, techniques agricoles,

denrées alimentaires, environnement et

société. Recherche Agronomique Suisse

est également disponible on-line sous

www.rechercheagronomiquesuisse.ch

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Talon réponse à envoyer à:Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-PosieuxALP-haras, case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21,fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.chwww.rechercheagronomiquesuisse.ch

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Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz est une publica-

tion des stations de recherche agronomique

Agroscope et de leurs partenaires. Les parte-

naires sont l’office fédéral de l’agriculture

ofAg, la haute école des sciences agrono-

miques, forestières et alimentaires hAfL,

AgRiDeA Lausanne & Lindau et l’ecole

polytechnique fédérale de zurich eTh zürich,

Département des Sciences des Systèmes de

l’environnement. Agroscope est l’éditeur.

cette publication paraît en allemand et en

français. elle s’adresse aux scientifiques,

spécialistes de la recherche et de l’industrie,

enseignants, organisations de conseil et de

vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux,

praticiens, politiciens et autres personnes

intéressées.