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Français RÉSUMÉ Rapport sur l’économie créative 2008 Avant-propos Remerciements Aperçu Enseignements tirés et options pour l’élaboration des politiques publiques

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FrançaisRÉSUMÉ

Rapport sur l’économie créative 2008

n Avant-proposn Remerciementsn Aperçun Enseignements tirés et options pour

l’élaboration des politiques publiques

Summary

Creative Economy Report 2008The challenge of assessing the creative economy: towards informed policy-making

n Full report on CD enclosed

Résumé

Rapport sur l’économie créative 2008 Le défi d’évaluer l’économie créative: vers une politique éclairée

n Rapport complet sur le CD adjoint

Resumen

Informe sobre la economía creativa 2008El desafío de evaluar la economía creativa: hacia la formulación de políticas públicas informadas

n Informe completo en el CD adjunto

Copyright © Nations Unies 2008Tous droits réservés

UNCTAD/DITC/2008/2ISBN 978-0-9816619-1-9

Le présent ouvrage peut être cité ou reproduit, à condition qu’il soit fait mention de la source.Un exemplaire de l’ouvrage où est reproduit l’extrait cité devrait être communiqué aux adresses suivantes: Secrétariat de la CNUCED, Palais des Nations, CH-1211 Genève 10 (Suisse), et l’Unité spéciale pour de la coopération Sud-Sud, PNUD, 1 UN Plaza New York, NY 10017 (É.-U.).

Le présent rapport est le résultat d’un effort concerté d’une équipe dirigée par la CNUCED et l’Unitéspéciale pour la coopération Sud-Sud du PNUD comprenant des spécialistes travaillant dans les institutions coopérantes de l’ONU – CNUCED, PNUD, UNESCO, OMPI et CCI – ainsi que des consultantsinternationaux.

Les appellations employées dans le présent ouvrage et la présentation des données qui y figurentn’impliquent de la part du Secrétariat de l’ONU aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.

Ce rapport est disponible sur l’Internet aux adresses suivantes: http://www.unctad.org/creative-economy et http://ssc.undp.org/creative_economy

Copyright @ Naciones Unidas 2008Todos los derechos reservados

UNCTAD/DITC/2008/2ISBN 978-0-9816619-1-9

El material presentado en esta publicación puede ser citado o reproducido siempre que se reconozca yse haga referencia a su fuente. Se solicita que una copia de la publicación citando o reproduciendo estematerial sea enviada a la secretaria de UNCTAD: Palais des Nations, CH-1211 Ginebra 10, Suiza, y a laUnidad Especial para la Cooperación Sur-Sur del PNUD: 1 UN Plaza, New York, NY 10017, USA.

Este Informe es el fruto de un esfuerzo conjunto liderado por la UNCTAD y la Unidad Especial para laCooperación Sur-Sur del PNUD, por parte de un equipo de expertos de varios organismos de lasNaciones Unidas que colaboraron para su producción – la UNCTAD, el PNUD, la UNESCO, la OMPI y elCCI- y también de consultores internacionales.

Los señalamientos y la presentación del material de esta publicación no implican la expresión deopinión alguna respecto al estatus legal de ningún país, territorio, ciudad o área, ni respecto a ladelimitación de sus fronteras o límites.

Este Informe está disponibles en Internet en las siguientes direcciones: http://www.unctad.org/creative-economy y http://ssc.undp.org/creative_economy

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Avant-propos

L’économie mondiale a de toute évi-dence connu une expansion extraordinaire aucours des cinq dernières années. Jamais aupar-avant cette expansion n’avait eu une base aussilarge, ce qui a permis à de nombreux pays endéveloppement d’en profiter. Même quelques-uns des pays les moins avancés ont enregistrédes taux de croissance du PNB supérieurs à 5%par an en moyenne, ce qui représente un pro-grès sensible par rapport aux années 90.Cette période de croissance économique n’anéanmoins pas suffi à garantir le bien-être etdes niveaux de vie décents à la vaste majoritédes populations du monde en développement.En dépit des efforts entrepris pour diversifierleur économie, 86 des 144 pays en développe-ment demeurent tributaires des produits debase pour plus de la moitié de leurs recettesd’exportation. Les stratégies de développe-ment actuelles n’ont pas encore réussi à produire les niveaux de développement socioéconomique attendus dans ces pays. Ladifficulté consiste à trouver des formes dedéveloppement réalisables et qui tiennentcompte des réalités spécifiques de ces pays, eten particulier de leur manque de main-d’œu-vre qualifiée et d’infrastructures de base, ainsique du très faible volume des investissementsétrangers directs. Comment promouvoir undéveloppement qui soit à la fois viable et évite toute exclusion?

Les modèles économiques ne fonction-nant pas isolément, le moment est venu d’aller

au-delà de l’économie et de rechercher uneapproche plus globale du développement quitienne compte de la diversité des identités culturelles, des aspirations économiques, desdisparités sociales et des handicaps tech-nologiques. Les stratégies de développementdoivent aussi être actualisées afin d’être adap-tées aux profondes transformations culturelleset technologiques que connaît actuellement lasociété. Le monde a besoin de s’adapter à cenouvel environnement en plaçant les questionsliées à la culture et à la technologie au cœur dela logique du développement économique.Pour atteindre les objectifs du Millénaire pourle développement, il faut s’attaquer à desaspects multisectoriels du développement enadoptant des politiques multidisciplinairesconcertées et en renforçant la cohérence despolitiques suivies aux niveaux national et international.

La mondialisation et la connectivitésont des réalités nouvelles qui ont amené deprofonds changements dans les modes de vieà travers le monde, transformant la produc-tion culturelle, la consommation et leséchanges dans un monde de plus en plus rempli d’images, de sons, de textes et de sym-boles. Il est évident qu’il nous faut mieuxcomprendre la complexité des interactionsentre les aspects économiques, culturels, tech-nologiques et sociaux qui déterminent ladynamique de l’économie mondiale et lamanière dont vivent les gens au XXIe siècle.

Avant-propos

Dans ce monde en voie de transformation, lacréativité et le savoir sont rapidement enpasse de devenir de puissants facteurs dedéveloppement.

Dans ce contexte, la convergence entrecréativité, culture, économie et technologie,qui se traduit par la capacité de créer et defaire circuler un capital intellectuel, est poten-tiellement un moyen de générer des revenus,des emplois et des recettes d’exportation touten favorisant l’inclusion sociale, la diversitéculturelle et le développement humain. C’estce que l’économie créative a déjà commencé àfaire en tant qu’élément déterminant de lacroissance économique, de l’emploi, du com-merce, de l’innovation et de la cohésion socialedans la plupart des pays développés.L’économie créative semble aussi constituerune option possible pour les pays endéveloppement. À condition que les pouvoirspublics aient mis en place des politiques effi-caces, l’économie créative établit des liensintersectoriels avec l’ensemble de la macro-économie et de la micro-économie. Ellefavorise ainsi une dimension du développe-ment qui offre aux pays en développement denouvelles possibilités de brûler les étapes pouraccéder à des secteurs en forte expansion dansl’économie mondiale.

La présente étude est la première quiprésente un regard de vue des Nations Uniessur ce nouveau sujet passionnant. L’économiecréative est une notion en évolution qui s’ar-ticule autour de la dynamique des industriescréatives. Il n’existe pas de définition uniquede l’économie créative ni de consensus quant àla gamme d’activités économiques fondées surle savoir sur lesquelles reposent les industriescréatives. Il ne s’agit pas de recette universelle,

mais plutôt de choix souples et stratégiquesqui s’offrent aux pouvoirs publics des dif-férents pays afin d’optimiser les avantages quereprésente l’économie créative de chacun d’euxpour le développement.

Les industries créatives sont au cœur del’économie créative. Selon une définition assezgénérale, les industries créatives se situent à lacroisée des chemins entre les arts, la culture,les affaires et la technologie. Autrement dit,elles englobent le cycle de création, de produc-tion et de distribution de biens et de servicesdans lequel le facteur de base est l’utilisationdu capital intellectuel. Aujourd’hui, les indus-tries créatives font simultanément appel auxsous-secteurs traditionnels, à ceux à fortecomposante technologique et à ceux axés surla fourniture de services, depuis les arts folk-loriques, les festivals, la musique, les livres, lapeinture et les arts du spectacle jusqu’à dessous-secteurs à plus forte composante tech-nologique comme l’industrie du cinéma, laradio, l’animation numérique et les jeux vidéo,ou encore des domaines axés sur la fourniturede services d’architecture et de publicité.Toutes ces activités ont une forte composantede compétences créatives et peuvent produiredes revenus sous forme d’échanges commerci-aux et de droits de propriété intellectuelle.

Le présent Rapport met en évidence demanière empirique que les industries créativesse situent parmi les secteurs émergents les plus

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L’économie créative a le potentiel decréer des revenus et des emploistout en favorisant l’inclusion sociale,la diversité culturelle et ledéveloppement humain

dynamiques du commerce mondial. Entre2000 et 2005, les échanges de biens et deservices créatifs ont progressé au rythmejusque-là inégalé de 8,7% par an en moyenne.Les exportations mondiales de produits créat-ifs se sont chiffrées à 424,4 milliards de dol-lars en 2005, contre 227,5 milliards de dollarsen 1996, selon les chiffres préliminaires de laCNUCED. Les services créatifs en particulieront entraîné une progression rapide des expor-tations, soit 8,8% par an entre 1996 et 2005.Cette évolution positive s’est produite danstoutes les régions et dans tous les groupes depays et devrait se maintenir jusqu’à laprochaine décennie, à condition que lademande mondiale de biens et de servicescréatifs continue à augmenter.

Il est évident que les pays développéscontinuent à dominer le marché mondial deproduits créatifs. Néanmoins, de nombreuxproduits en provenance des pays endéveloppement bénéficient déjà de la forteexpansion des industries créatives, en partic-ulier en Asie. Malheureusement, la grandemajorité des pays en développement ne sontpas encore en mesure de mettre leurs capacitéscréatives au service du développement. EnAfrique, par exemple, malgré l’abondance destalents, le potentiel créatif reste fortementsous-utilisé. En dépits de progress réels, lapart de ce continent dans le commerce

mondial des produits créatifs reste marginaleet s’élève à moins de 1% des exportationsmondiales. Comme c’est le cas dans d’autresrégions en développement, ce phénomènereflète à la fois les insuffisances de la politiqueintérieure des pays concernés et les distorsionsdu système mondial.

L’analyse politique figurant dans leprésent Rapport est une contribution initialeà une meilleure compréhension des aspectsessentiels de l’économie créative et de sadimension développement. Ce Rapport relèvele défi de l’évaluation de l’économie créative envue de l’adoption de politiques éclairées dansun cadre conceptuel, institutionnels et directiffavorable à ce type d’économie. Compte tenudu caractère multiforme de l’économie créa-tive, les choix stratégiques en matière demesures interministérielles concertées sontd’une importance capitale. Les fortes inci-dences des processus multiformes sur l’élabo-ration des politiques liées à l’économie créativeméritent aussi d’être examinées.

Ce rapport est un exemple de coopéra-tion au sein du système des Nations Unies quia fait appel à la participation de cinq organi-sations internationales: la CNUCED, lePNUD par le biais de son Unité spéciale pourla coopération Sud-Sud, l’UNESCO, l’OMPIet le CCI. Il s’agit d’une entreprise conjointe

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Avant-propos

Le présent Rapport met en évidencede manière empirique que les industries créatives se situent parmiles secteurs émergents les plusdynamiques du commerce mondial

La grande majorité des pays endéveloppement ne sont toutefoispas encore en mesure de mettreleurs capacités créatives au service du développement

qui tire parti des complémentarités afin d’ac-croître l’efficacité de la coopération interna-tionale et la cohérence des orientations dans cedomaine novateur. L’économie créative ouvre

de nouvelles possibilités à la fois pour les paysdéveloppés et pour les pays en développement,mais les difficultés à venir ne devraient pas être sous-estimées.

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Supachai PanitchpakdiLe Secrétaire général de laConférence des Nations Uniessur le commerce et le développement

Kemal DervisL’Administrateur duProgramme desNations Unies pourle développement

Le Rapport sur l’économie créative 2008 estl’aboutissement d’une initiative mise en oeuvrepar le partenariat constitué par la CNUCEDet l’Unité spéciale pour la coopération Sud-Sud du PNUD. Cette étude est le principalproduit du projet “Renforcement de l’é-conomie créative dans les pays en développe-ment”, coordonné conjointement par Ednados Santos-Duisenberg, Chef du Programmesur l’économie et l’industrie créatives de laCNUCED, et Francisco Simplicio, Chef de laDivision de la gestion du savoir et de l’appuiopérationnel l’Unité spéciale pour la coopéra-tion Sud-Sud du PNUD.

Les coordonateurs expriment leursincère reconnaissance à Yiping Zhou,Directeur du l’Unité spéciale pour la coopéra-tion Sud-Sud du PNUD, pour son profondappui à cette initiative. Sans sa clairvoyance etson engagement, ce travail n’aurait pu aboutir.

Le rapport a été élaboré sous la direc-tion de la CNUCED; c’est un exemple pilotede coopération interinstitutions, en écho auxactivités du Groupe informel de dialogueinterinstitutions sur les industries créatives quivise à tirer parti des complémentarités et àaméliorer la cohérence des politiques relativesaux industries créatives et à l’économie créa-tive. C’est le tout premier rapport qui présenteles perspectives du système des Nations Uniesdans son ensemble sur ce thème novateur etréunit les contributions des cinq organismesqui y ont participé: la Conférence des Nations

Unies sur le commerce et le développement(CNUCED), l’Unité spéciale pour lacoopération Sud-Sud du Programme desNations Unies pour le développement(PNUD), l’Organisation des Nations Uniespour l’éducation, la science et la culture(UNESCO), l’Organisation mondiale de lapropriété intellectuelle (OMPI) et le Centredu commerce international (CCI).

Les recherches et l’analyse visant à laformulation des politiques publiques ont étéconduites sous la direction générale d’Ednados Santos-Duisenberg. Le rapport a grande-ment bénéficié des apports inestimables duDr. David Throsby de l’Université Macquiriede Sidney (Australie), et du Dr. Andrew Prattde la London School of Economics: l’équipe tient àleur exprimer sa reconnaissance. Le Groupeinformel interinstitutions remercie et salue lacontribution de l’équipe suivante de consult-ants internationaux pour leur apport aux diverschapitres de l’ouvrage: Avril Joffe, PernilleAskerud, Ana Carla Fonseca Reis, David Diaz-Benavides et Sylvia Amaya Londoño.

Le partenariat exprime sa profondegratitude à tous les collègues des organisationsconcernées qui ont participé avec dévouementà cet effort commun, en particulier les membres du Groupe informel de dialogueinterinstitutions sur les industries créatives desNations Unies. Nos remerciements vont à:Georges Poussin, Richard Engelhardt, SimonEllis, Lydia Deloumeaux et Guiomar Alonso

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Remerciements

Rem

erciements

Cano de l’UNESCO; Dimiter Gantchev,Wend Wendland, Brigitte Vezina et RichardOwens de l’OMPI; Francisco Simplicio del’Unité spéciale pour la coopération Sud-Sud,et Iris Hauswirth, Jean-Michel Pasteels etKefalla Conte du CCI.

À la CNUCED, nous remercions toutspécialement le Chef du Groupe central desstatistiques, Henri Laurencin ainsi que sonéquipe, composée de David Critsallo, SanjaBlazevic, Yoann Chaine, Mirco Moretti,Flavine Creppy et Sonia Blachier. Les apportsanalytiques ont également été fournis parMatfobhi Riba et Dimo Calowski. DianaBarrowclough, Yuefin Li et Susan Teltscher ontémis des observations. L’assistance à larecherche a été fournie par Carolina Quintana,ainsi que par Cheng Shang Li et Simon Alder,qui se sont consacrés avec un profond dévoue-ment à cette tâche lors de leur stage à laCNUCED.

Le partenariat tient aussi à exprimer sa

sincère reconnaissance à tous les praticiens quiont aimablement accepté notre invitation àcontribuer des articles signés sur des cas con-crets ou sur leur expérience professionnelledans le cadre de l’économie créative. Ces arti-cles, qui se trouvent dans des encadrés tout aulong du rapport, ont apporté un point de vuepragmatique à l’analyse directive du rapport etune justification de certaines prises de position empiriques figurant dans l’ouvrage.

Le texte a été édité par Barbara Brewka;Jennifer Bergamini s’est chargée de la concep-tion de la couverture et de la mise en page del’ouvrage.

L’appui administratif et de secrétariat aété assuré par Clisse Medeiros Ramos Perretde la CNUCED, et par Lourdes Hermosura-Chang et Ines Tofalo de l’UnIté spéciale pourla coopération Sud-Sud du PNUD.

Le Rapport sur l’économie créative 2008 a étéfinancé par l’Unité spéciale pour la coopéra-tion Sud-Sud.

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Dans le monde d’aujourd’hui, un nou-veau modèle de développement se dessine,dans lequel l’économie et la culture sont liéeset englobent des aspects économiques, culturels, technologiques et sociaux dudéveloppement à grande ou petite échelle. Aucentre de ce nouveau modèle est le fait que lacréativité, le savoir et l’accès à l’informationsont de plus en plus recennus comme de puis-sants moteurs d’entraînement de la croissanceéconomique et de la promotion du développe-ment dans le contexte d’une planète de plus enplus mondialisée. Dans ce contexte, le terme“créativité” désigne la formulation d’idéesnouvelles et l’application de ces idées à la pro-duction d’oeuvres d’art et produits culturelsoriginaux, de créations fonctionnelles, d’inven-

tions scientifiques et d’innovations tech-nologiques. La créativité comporte donc unaspect économique observable dans la manièredont elle contribue à l’esprit d’entreprise,encourage l’innovation, augmente la produc-tivité et favorise la croissance économique.

La créativité se retrouve dans toutes lessociétés et dans tous les pays – riches ou pau-vres, petits ou grands, avancés ou endéveloppement. Le terme “créativité” va depair avec l’originalité, l’imagination, l’inspira-

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Aperçu

Aperçu

Le Rapport de 2008 sur l’économie créative est la première étude qui présente le pointde vue de l’Organisation des Nations Unies sur cette question émergente. Il s’agit d’uneinitiative du partenariat constitué par la CNUCED et l’Unité spéciale pour la coopérationSud-Sud du PNUD. Ce rapport est en outre un exemple du travail novateur effectué parle Groupe informel de dialogue interinstitutions sur les industries créatives.1 Il réunitles contributions de cinq organismes concernés des Nations Unies: la CNUCED, le PNUD, l’UNESCO, l’OMPI et le CCI. Cet effort collectif contribue non seulement à renforcer les synergies et à définir les complémentarités, mais offre aussi un moyenefficace d’améliorer la cohérence des politiques et d’accroître l’impact de l’actioninternationale sur l’économie créative et les industries créatives.

Créativité, culture et développement économique

1 Ce Groupe a été créé en 2004 par le Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement(CNUCED) dans le cadre des préparatifs de la Réunion de haut niveau sur les industries créatives et le développement. Cette réunion a eulieu lors la onzième session de la Conférence ministérielle de la CNUCED. Cette dernière, qui préside le groupe, convoque chaque annéedeux réunions du groupe à Genève. Les travaux du groupe ont été réactivés en vue de promouvoir des mesures internationales concertées etdes actions conjointes des organismes des Nations Unies afin de mettre en valeur la contribution de l’économie créative au développement.

La créativité, le savoir et l’accès à l’information sont acceptéscomme de puissants moteurs dudéveloppement

tion, l’ingéniosité et l’inventivité. L’une descaractéristiques profondes des individus estd’être inventifs et d’exprimer des idées; alliéesà des connaissances, ces idées forment la sub-stance du capital intellectuel. De la mêmemanière, chaque société a sa réserve de capitalculturel intangible qui s’articule autour de l’i-dentité et des valeurs d’un peuple. Depuis destemps immémoriaux, les civilisations en ontconscience, mais le XXIe siècle est marqué parune reconnaissance croissante de la conver-gence de la créativité, la culture et l’économie,qui est à la base de la notion émergented’“économie créative”.

Cette notion d’“économie créative”prend progressivement forme et gagne du terrain dans la vision contemporaine dudéveloppement. Il faut aller au-delà des mod-èles traditionnels au profit d’un modèle multi-disciplinaire de la convergence de l’économie,la culture et la technologie, dans lequel la pré-dominance des services et du contenu créatifest privilégiée. Compte tenu de sa structuremultidisciplinaire, l’économie créative offre uneoption possible dans le cadre d’une stratégie dedéveloppement axée sur les résultats pour lespays en développement. Cela nécessite l’adop-tion de mécanismes multisectoriels efficaces etde politiques interministérielles novatrices.2

Pour certains, l’“économie créative” estune conception globale comportant des inter-actions complexes entre la culture, l’économieet la technologie dans le monde contemporain“mondialisé”, dominé par les symboles, les

textes, les sons et les images. D’autres se montrent plus sceptiques à l’égard de cettedésignation à la mode et s’inquiètent de l’im-portance exagérée qui lui est accordée et durisque que cela n’exacerbe les divisions culturelles et technologiques. Cela étant, l’économie créative est devenue une questiond’actualité dans les programmes internationauxconsacrés à l’économie et au développement, etappelle des stratégies éclairées de la part despays développés et des pays en développement.

Il n’existe pas de définition universellede l’“économie créative”, car il s’agit d’unenotion subjective qui continue à évoluer. Onobserve toutefois une convergence croissanteautour d’un groupe d’activités de base et leurinteraction tant à l’échelon des différents paysqu’à l’échelon international.

Dans le présent rapport, on a retenu ladéfinition de l’économie créative donnée par laCNUCED, qui peut être résumée comme suit:

n L’économie créative est une notion en muta-tion fondée sur des avoirs créatifs capablesde produire un effet sur la croissanceéconomique et le développement;

n Elle peut être une source de revenus, créerdes emplois et produire des recettes d’expor-tation tout en favorisant l’inclusion sociale,la diversité culturelle et le développementhumain;

n Elle englobe les aspects économiques, cul-turels et sociaux qui sont liés aux objectifs

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Ape

rçu

L’économie créative appelle desstratégies éclairées

2 Déclaration de la CNUCED, lors de la deuxième Réunion des ministres de la culture du Groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et duPacifique, Saint-Domingue (République dominicaine), octobre 2006.

Les industries créatives sont aucœur de l’économie créative

en matière de technologie, de propriétéintellectuelle et de tourisme;

n Elle désigne un ensemble d’activités axées surles connaissances, comporte une dimensiondéveloppement et se rattache à l’économiedans son ensemble, à grande ou à petiteéchelle;

n Elle représente une option de développe-ment réalisable qui nécessite des stratégiesmultisectorielles de la part des pouvoirspublics et des mesures interministérielles;

n Les industries créatives sont au cœur de l’économie créative.3

Les “industries créatives” peuvent êtredéfinies comme les cycles de création, de pro-duction et de distribution de biens et de serv-ices dans lesquels la créativité et le capital intel-lectuel représentent les éléments essentiels.Elles comprennent un ensemble d’activitésaxées sur la connaissance à l’origine de bienstangibles et de services intellectuels ou artis-tiques intangibles ayant un contenu créatif, unevaleur économique et des objectifs commerci-aux.4 Ces industries créatives représentent unvaste domaine hétérogène qui associe diversesactivités créatives (arts et métiers traditionnels,édition, musique, arts visuels et arts de lascène) à des groupes d’activité à plus forteintensité de technologie et de services (cinéma,télévision, radio, nouveaux médias et création).Le secteur créatif a une structure commercialesouple et modulaire allant des activitésindépendantes et des petites entreprises à uneextrémité jusqu’à quelques-unes des plus gross-es multinationales à l’autre extrémité.

Aujourd’hui, les industries créativescomptent parmi les secteurs les plusdynamiques du commerce mondial. Entre2000 et 2005, le commerce international debiens et services créatifs a connu une crois-sance annuelle sans précédent, soit 8,7% enmoyenne. La valeur des exportations mondi-ales de biens et services créatifs a atteint 424,4milliards de dollars en 2005, ce qui représente3,4 % de l’ensemble des échanges mondiaux,selon la CNUCED. Dans les pays les plusavancés, les industries créatives apparaissentaujourd’hui comme un choix stratégique pourredynamiser la croissance économique, la créa-tion d’emplois et la cohésion sociale. Les villesdites “créatives” se multiplient en Europe eten Amérique du Nord, revitalisant l’économiedes centres urbains au moyen d’activités cul-turelles et sociales qui offrent des emploisattractifs, surtout pour les jeunes. Le chiffred’affaires des industries créatives européennesa atteint 654 milliards d’euros en 2003, aug-mentant à un rythme supérieur de 12,3% àcelui de l’activité économique dans l’ensemblede l’Union européenne et employant plus de5,6 millions de personnes.5

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Aperçu

3 Définition du Programme de l’économie et des industries créatives de la CNUCED, 2005.4 Définition de la CNUCED développée plus avant au chapitre 1.5 Voir Économie de la culture en Europe, étude réalisée pour la Commission européenne par KEA, European Affairs, Bruxelles, 2006.

Les industries créatives représen-tent 3,4% de l’ensemble deséchanges mondiaux, la valeur desexportations mondiales de biens etservices créatifs atteignant 424,4milliards de dollars en 2005 avecune croissance annuelle moyennede 8,7% entre 2000 et 2005

Selon l’une des conclusions marquantesqui se dégagent de la présente étude, certainspays en développement, principalement enAsie, ont commencé à bénéficier dudynamisme de l’économie créative mondiale etmettent en place des politiques multisecto-rielles spécialement adaptées en vue dedévelopper leurs industries créatives. La Chine,qui est à la tête de ce processus, est devenue lepremier producteur et exportateur de produitscréatifs à valeur ajoutée en 2005. Néanmoins,la grande majorité des pays en développementn’arrivent toujours pas à traduire leurs capac-ités créatives en facteurs de développement. Lesobstacles qui empêchent les pays en développe-ment d’améliorer leur économie créative sontun mélange de faiblesses dans les orientationsdes pays eux-mêmes et de défauts propres au

système mondial, questions qui sont analyséesdans le présent rapport.

Selon une autre conclusion importantede la présente étude, les exportations par lespays en développement de biens créatifs con-nexes (ordinateurs, appareils photographiques,télévisions, radios et matériel audiovisuelnotamment) ont rapidement progressé entre1996 et 2005, passant de 51 milliards de dollars à 274 milliards de dollars.6 Cette aug-mentation spectaculaire témoigne des mesuresde rattrapage actuellement appliquées par uncertain nombre de pays en développement afind’accroître leurs capacités d’alimenter lesmarchés mondiaux en produits à valeurajoutée. Ce phénomène réaffirme égalementl’existence d’une progression constante de lademande de produits créatifs dont la distribu-tion et la consommation dépendent d’indus-tries connexes. Cette demande en progressionconstante est une nouvelle confirmation despossibilités qu’offre l’économie créative pourla croissance économique.

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Ape

rçu

La grande majorité des pays endéveloppement n’arrivent toujourspas à mettre en valeur leurscapacités créatives

La dimension développement

La dimension développement de l’économie créative est le principe directeur duprésent rapport. Les pays en développementpourront mieux s’intégrer dans l’économiemondiale en s’attachant à leurs capacités créa-tives et en améliorant la compétitivité de leursbiens et services créatifs sur les marchés mon-diaux, à condition que les pouvoirs publicsaient mis en place des politiques appropriées àl’échelon national et que les déséquilibres du

marché puissent être corrigés à l’échelon inter-national. À cet égard, l’appui aux industriescréatives nationales doit être considéré commefaisant partie intégrante de la promotion et dela protection de la diversité culturelle. Enoutre, cette diversité, du fait qu’elle constitueun bien public mondial, mérite le plein appuide la communauté internationale.7

Avec la place croissante que les connais-sances occupent dans l’économie contempo-

6 Voir également le chapitre 5.7 Voir le Débat de haut niveau sur les industries créatives (résumé), document TD/L.379 de la CNUCED, 16 juin 2004.

raine et la nécessité pour l’innovation de maintenir un avantage compétitif, il est devenuindispensable que les pays exploitent leurs vastesréserves de créativité. Cela est facilité par les pro-grès rapides des technologies de l’information etde la communication (TIC), qui relient progres-sivement les pays et les régions du monde entier.Les pays en développement ont ainsi des possi-bilités, auparavant inexistantes, d’accès auxmarchés mondiaux pour les produits de leurcréativité et de leur développement culturel, etcela directement, sans passer par des intermédi-aires. Les problèmes sont toutefois énormes etne devraient pas être sous-estimés.

Malgré la richesse de leur diversité cul-turelle et l’abondance de leurs talents créatifs,la vaste majorité des pays en développement netirent pas pleinement parti des énormes possi-bilités offertes par leur économie créative pouraméliorer leurs acquits de développement8. Cespays se heurtent à des obstacles sur les plannational et international qui doivent être par-faitement analysés avant de pouvoir être sur-montés grâce à des mécanismes institutionnelsmultisectoriels et à des politiques multidisci-plinaires. Dans ces conditions, les stratégies dedéveloppement doivent être actualisées afin derépondre aux profonds changements culturels,économiques et technologiques qui sont entrain de remodeler la société.

C’est ainsi par exemple que la reconnais-sance de l’importance du tourisme pour ledéveloppement est générale9. Dans le présentrapport, on a tenté à titre préliminaired’analyser le lien entre le tourisme et les indus-tries créatives, en se demandant si la demandede biens et de services créatifs de la part des

touristes favorise l’essor de l’économie créa-tive. Dans la perspective de l’économie créativedéfinie dans ce rapport, il convient de prendredes mesures afin de garantir que les travailleurscréatifs puissent bénéficier de la demandecroissante de produits créatifs de la part destouristes.

Le rôle de la culture dans le développe-ment a été analysé dans le Rapport sur ledéveloppement humain 2004 qui a été publiépour le PNUD.10 Le présent rapport vise àpoursuivre le débat normatif sur la culture etle développement en ajoutant la dimensionéconomique de l’économie créative à l’examendu développement. Ce faisant, on se trouveconfronté à la question des liens précis entrel’expression humaine et l’instrumentalisationsociale et économique. Le rapport abordecette question en tant qu’aspect essentiel àprendre en considération dans l’élaborationdes politiques.

Dans l’ensemble, la présente étude tentepour la première fois de présenter une vue pluslarge des possibilités qu’offre l’économie créa-tive aux pays en développement de s’introduirerapidement dans des secteurs créatifs à fortecroissance. Des stratégies de développementorientées dans ce sens sont compatibles avec laréalisation des Objectifs du Millénaire pour leDéveloppement (OMD). Chacun sait que cesobjectifs traduisent l’engagement de la com-munauté internationale en faveur d’un pro-gramme mondial pour le développement aucours des prochaines années. Huit objectifsassortis de cibles à atteindre dans certainsdélais doivent être réalisés d’ici à 2015, le pre-mier et le plus important de ces objectifs étant

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8 Déclaration du Secrétaire général de la CNUCED au Forum mondial de la connaissance, Séoul (République de Corée), octobre 2006.9 Tourisme, culture et développement durable (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), 2006; Baromètre

OMT du tourisme mondial (Organisation mondiale du tourisme (OMT), 2007; et préparation de la onzième session de la CNUCED : Réunion d’experts internationaux de haut niveau sur le tourisme durable pour le développement (document TD(XI)/PC/6 de la CNUCED, 18 mars 2004).

10Rapport sur le développement humain 2004: La liberté culturelle dans un monde diversifié, publié pour le Programme des Nations Unies pour ledéveloppement (PNUD) et dont Amartya Sen a élaboré le cadre conceptuel.

l’élimination de l’extrême pauvreté et de lafaim. Les OMD visent à affronter les défis dudéveloppement, non pas pris isolément maiscomme faisant partie intégrante de l’ensembledes économies et des sociétés à travers le monde.La pleine réalisation de ces objectifs appelle desformules novatrices et multisectorielles et un

examen approfondi des questions liées notam-ment à la culture, à l’environnement et audéveloppement social. La réalisation des OMDpasse par une approche globale et multisecto-rielle qui va au-delà de l’économie et comportedes structures culturelles et sociales; l’économiecréative est le reflet de cette approche.

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La part de l’Afrique dans leséchanges mondiaux de produitscréatifs reste marginale, avecmoins de 1% des exportationsmondiales

La réalisation des OMD passe par une approche globale et multisectorielle qui comporte desstructures culturelles et sociales

Le présent rapport vise à arrêter lecadre conceptuel et directif qui permettra decomprendre l’économie créative afin de définirles outils d’analyse qui conduiront à l’adop-tion de politiques éclairées. Il introduit lanotion de d’“économie créative”, dont ilrecense les définitions, les caractéristiques etfixe les paramètres afin de faciliter la mesurede l’impact de l’économie créative aux niveauxnational et international. L’objectif recherchéest de proposer une vision partagée et un pro-gramme de recherche sur la politique à suivrequi tienne compte de la pensée économiqueactuelle et se prête à une analyse comparéecomme base de l’élaboration des politiquesnationales et internationales.

Le rapport fait le point des travaux derecherche actuellement réalisés dans dif-férentes régions du monde afin de dresser untableau de l’impact général de l’économie créa-tive aux niveaux national et international.

Plutôt que de prescrire un modèle uniquepour dresser le tableau de l’économie créativedans les pays en développement, on a choisi dedégager différentes possibilités, tout en met-tant en lumière les limites de certainesméthodologies et les lacunes actuellementobservées dans les statistiques et les outilsd’analyse quantitative. Il offre néanmoins certains éléments destinés à faciliter la compa-rabilité de diverses industries créatives à l’échelon national ou d’un pays à l’autre.L’objectif est de présenter une analysed’ensemble et d’ouvrir la voie à l’adoption deparamètres qui permettront d’évaluer l’é-conomie créative des différents pays à traversle monde, en soulignant l’importance deséchanges internationaux dans le processus dedéveloppement.

Malgré les limites qui s’attachent auxindicateurs économiques et sociaux, le présentrapport innove en utilisant les données offi-

Portée du présent rapport

cielles disponibles pour recenser les flux ducommerce mondial et régional de produits etde services créatifs pendant la période 1996-2005, en examinant les grandes tendances quis’en dégagent et en recensant les principauxintervenants sur les grands marchés. Ilprésente une analyse de la chaîne des valeurs etde la structure commerciale des industriescréatives, en concluant que le caractère oligop-olistique de la commercialisation et de la dis-tribution fait obstacle à la compétitivité desbiens et des services créatifs en provenance despays en développement dans le commercemondial. Il signale les difficultés qui s’attachent à la quantification de valeurs intan-gibles et à l’évaluation de l’impact réel ducommerce international de biens et de services créatifs sur l’économie mondiale. Lerapport souligne la nécessité d’améliorer latransparence du marché, en particulier dans lessecteurs à plus haute intensité de technologieet orientés vers les services, par exemple lematériel audiovisuel et les nouveaux médias. Ilexamine également les possibilités de renfor-cement du commerce et de la coopérationSud-Sud et Nord-Sud.

Le rapport reconnaît le rôle croissantdes droits de la propriété intellectuelle commesource de recettes pour les industries créatives.Il met l’accent sur la nécessité de mieux com-prendre les régimes appliqués aux droits de lapropriété intellectuelle et d’en renforcer l’effi-cacité. Il reconnaît également le déséquilibredont souffre le régime actuel et souligne lanécessité de revoir l’application de certainsinstruments normatifs afin de garantir que lesintérêts des pays en développement soientconvenablement pris en compte. Il aborde enoutre les questions liées aux connaissances etaux expressions culturelles traditionnelles ainsi

qu’au domaine public à la lumière des progrèsréalisés par l’Organisation mondiale de la pro-priété intellectuelle (OMPI).

Le rapport offre aussi une analyse duphénomène de la connectivité et de son influ-ence sur les structures de la production, de laconsommation et du commerce de produitscréatifs tangibles et intangibles dans le monde.Il traite de l’importance des outils des TIC etdes nouveaux modèles commerciaux assortisde nouvelles formes de distribution du con-tenu créatif à l’ère numérique. La technologiejoue un rôle capital dans l’économie créative,non seulement en tant que substance mêmedes secteurs créatifs tels que l’audiovisuel et lesnouveaux médias, mais aussi comme moyend’accéder au contenu numérique et de le dif-fuser dans les conditions actuelles de l’interactivité multimédia.

Le rapport examine également l’inci-dence des politiques internationales et desprocessus mondiaux sur la structure de l’é-conomie créative naissante. Il aborde égalementla question de la pertinence des processus mul-tilatéraux tels que les programmes dedéveloppement de l’OMPI et de l’Organisationmondiale du commerce (OMC) ainsi que l’entrée en vigueur de la Convention del’UNESCO sur la protection et la promotionde la diversité des expressions culturelles etleurs incidences sur les industries et l’économiecréative. Le rapport examine aussi comment

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Aperçu

Plutôt que de prescrire un modèleunique pour dresser le tableau del’économie créative, le rapportdégage différentes possibilités etsuggère un modèle souple s’inspi-rant des courants commerciaux

mobiliser davantage les pays en développe-ment, par les États membres du Groupe des77 (G-77)11 – afin de promouvoir l’économiecréative en tant qu’outil de développement, etpar la coopération interinstitutionnelleencouragée par l’ Unité spéciale pour lacoopération Sud-Sud du PNUD.12 Le rapportprésente une vue d’ensemble des décisionsintergouvernementales les plus marquantespour l’économie créative. Il vise à examiner lecadre directif qui entoure l’économie créativeafin de définir les choix politiques qui perme-ttraient de renforcer les industries créativeslocales et de les intégrer dans les stratégiesnationales et internationales de développe-ment et dans les marchés mondiaux.

En raison de la multiplicité desapproches, le rapport conclut à ce stade qu’iln’existe pas de modèle consensuel des politiquesles plus favorables aux industries créatives. Iln’en reste pas moins que les différents pays sontencouragés à faire des choix stratégiques parmiles politiques multisectorielles des pouvoirspublics afin de renforcer leur économie créa-tive. Il conviendrait que les pays tiennentdûment compte des spécificités de leur identitéculturelle et des avantages compétitifs de cer-taines industries créatives. Le rapport donnedes exemples de réussites enregistrées dans dif-férents pays comme preuve des possibilités quiexistent dans différentes parties du monde.

En résumé, le présent rapport a pourobjet d’aider les pays en développement à tirerparti de leur économie créative et à optimiserles avantages du développement en reconnais-sant les possibilités réelles qu’offre l’économiecréative pour relier les objectifs économiques,technologiques, sociaux et culturels dudéveloppement dans le contexte d’une mondi-alisation de plus en plus poussée. Il le fait parles moyens suivants:

n Examen des concepts, des méthodes et de lastructure de l’économie créative;

n Partage des données d’analyse avérées confirmant que les industries créativesreprésentent un nouveau secteur dynamiquedu commerce international;

n Proposition d’orientations possibles pourles stratégies directives.

Le rapport reconnaît que la créativité etles talents humains, plus que les facteurs deproduction traditionnels tels que le travail et lecapital, deviennent rapidement de puissantsmoteurs du développement durable. Les paysen développement du monde entier peuventtrouver les moyens d’optimiser le potentiel del’économie créative de produire une croissancesocioéconomique, créer des emplois et desrecettes d’exportation tout en favorisant l’in-clusion sociale, la diversité culturelle et ledéveloppement humain.

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La technologie joue un rôle capitaldans l’économie créative tant pourla production que pour la diffusiondes données

11 Message du Président du G-77 au Forum mondial sur l’économie créative pour le développement, Rio de Janeiro (Brésil), 26 novembre2006 – http://www.g77.org/Speeches/112606.html

12 Déclarations de l’Administrateur du PNUD et du Secrétaire général de l’UNESCO de la Journée des Nations Unies pour la coopérationSud-Sud 2005 qui avait pour thème: “Célébrer le monde du Sud: diversité et créativité” – http://tcdc.undp.org/UNDAY/unday2-admin-stmt.pdf http://portal.unesco.org/culture/es/ev.php-URL_ID=29653&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html

Les droits de propriété intellectuellerevêtent une importance croissantecomme source de revenu pour lesindustries créatives

Les pays développés tout comme lespays en développement sont extrêmementriches en matière de diversité culturelle et detalents créatifs. Leurs traditions constituentun patrimoine hors du commun pour lamusique, l’artisanat, les arts plastiques, lesrites, la danse, l’art du spectacle, le récit oral etles pratiques culturelles. Toutes ces expressionsdes cultures locales et nationales sont desatouts qui constituent le capital intellectuelindiscutable, tant tangible qu’intangible, surlequel repose la vie de la collectivité. Cesatouts peuvent à leur tour donner naissance àun ensemble complexe de produits créatifs –des biens et services (présentant ou non unintérêt commercial) dont la teneur culturelleexprime la créativité et le talent des individus.

Outre leur rôle en tant qu’expressionsfondamentales des cultures locales, nationaleset régionales, ces activités et produits créatifsoffrent aussi de réelles possibilités deretombées économiques et sociales. La produc-tion et la distribution de biens et de servicescréatifs peuvent être une source de revenu,d’emploi et de débouchés commerciaux, pro-mouvoir la croissance et le développement etfavoriser la cohésion sociale et l’interactionentre les collectivités. La mondialisation et l’expansion rapide des nouvelles TIC ont

ouvert d’énormes possibilités d’utilisation deproduits créatifs à des fins commerciales. Enfait, l’adoption des nouvelles technologies et lalarge place donnée à l’expansion du marchésont les caractères distinctifs des industriescréatives en tant que secteur dynamique de l’économie dans les pays industrialisés.

Comment ces tendances se répercutent-t-elles sur l’expérience des pays en développe-ment? Certaines régions du monde endéveloppement, notamment en Asie, connais-sent une forte croissance de leurs secteurs créat-ifs. Les données de fait réunies dans le présentrapport montrent l’importance de la croissancedes échanges de biens et des services créatifs entant qu’indicateurs de la vigueur des industriescréatives dans ces pays. Au cours des dix annéesqui ont précédé 2005, les exportations mondi-ales de biens et de services créatifs ont progresséà raison de 6,1 et 9,1 % par an respectivement,les taux de croissance dans les pays en développe-ment pris ensemble dépassant ceux enregistrésdans les pays développés. Ces résultats donnentune vague idée des nouvelles possibilités d’expan-sion des exportations créatives à valeur ajoutéequi s’offrent aux pays en développement.

Paradoxalement toutefois, dans lemonde d’aujourd’hui, malgré la richesse deleur créativité et l’abondance de leurs

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Enseignements tirés et options pourl’élaboration des politiques publiques

Politiquepubliques

ressources culturelles, de nombreux pays endéveloppement ne parviennent pas à tirer prof-it des possibilités de développement qu’offrentleurs industries créatives. Pour diverses raisons,les possibilités qu’ouvrent ces industries pouraccroître la production, les exportations etl’emploi sont encore sous-utilisées et les poten-tialités de concourir effectivement audéveloppement grâce à la croissance de l’économie créative ne sont pas mises à profit.Cela tient à toute une gamme de difficultés queconnaissent les pays en développement dans cedomaine, parmi lesquelles:

n Une absence de règles précises permettant decomprendre et d’analyser l’économie créativeafin d’élaborer des politiques éclairées etfondées sur des données de fait avérées;

n Un manque de données sur les effets de l’économie créative à partir desquelles desstratégies de développement valables pour-raient être élaborées;

n Des caractéristiques structurelles inhab-ituelles de l’économie créative qui appellentdes politiques adaptées à chaque pays plutôtque des politiques générales;

n Un manque de capacités institutionnellespour appuyer le développement des indus-tries créatives dans les pays en développe-ment, notamment en matière de protectionet d’application des droits de propriétéintellectuelle;

n Le fait que les pays développés, arrivés lespremiers, bénéficient d’énormes avantagesdans le domaine des biens et services créat-ifs, d’où la difficulté pour les pays endéveloppement de soutenir la concurrencesur les marchés mondiaux de ces produits.

Quels sont les liens entre ces considéra-tions et la culture? Sur le plan politique, le rôlede la culture dans l’autonomisation et la cohé-sion sociale a été le principal aspect sur lequelon a insisté en tant qu’instrument politique.Le présent rapport vise à faire mieux com-prendre l’importance de la culture en mettanten lumière le rôle supplémentaire (et parfoisdistinct) de la culture dans le développementéconomique qui intervient parallèlement à lanotion fondamentale de “culture” en termesde valeurs et d’identité. Il signale l’interactioncomplexe entre les aspects formels etinformels, commerciaux et non commerciaux,auxiliaires et intrinsèques de la “culture” dansle processus de développement et montrecomment le développement culturel etéconomique peut être appréhendé comme unprocessus global quand il est considéré sousl’angle des industries créatives. À partir decette interprétation et d’un ensemble depreuves solides, le rapport conseille de s’in-téresser de plus près à la culture et à la créativ-ité dans le développement, mais en se fondantsur l’action multidisciplinaire menée parplusieurs organisations.

Le présent rapport tente dans un pre-mier temps de préciser les notions de basenécessaires pour mieux comprendre l’é-conomie créative en présentant des preuvesobjectives, en proposant certains outilsd’analyse et en suggérant des orientations pourl’action des gouvernements. Cependant, enessayant de mieux faire comprendre la natureet la forme de l’économie créative, le rapportsouligne que ce n’est là qu’un début, une pre-mière étape en vue d’une analyse d’ensembleplus solide de l’économie créative.

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Définitions et postulats

Les définitions de l’“économie créative”peuvent varier, mais il est généralement accep-té que l’économie créative se situe au cœur desindustries créatives. Il n’existe pas de définitionunique de l’“économie créative” ou des “indus-tries créatives” qui soit généralement acceptéemême si, bien évidemment, l’une des caractéris-tiques fondamentales de ces termes est d’englober la notion de “créativité”. Dans lemonde actuel, la créativité est souvent désignéecomme l’une des principales ressources dansl’économie du savoir, donnant accès auxchangements technologiques et conférant unavantage compétitif à des entreprises et à despays. L’alliance de la créativité et des matièrespremières aboutit à une catégorie de produitsdésignés sous le nom de “biens et servicescréatifs”, parmi lesquels certains considèrentque la valeur artistique ou culturelle des “bienset services culturels” se situe en plus de leurteneur créative, et qu’ils constituent pour cetteraison un sous-groupe. Cela permettrait ainside définir les “industries créatives et cul-turelles” comme les industries qui produisentdes biens créatifs et culturels respectivement.Différents modèles d’économie créativedéfinissent et classent différemment les indus-tries créatives, mais dans le présent rapport ona utilisé les groupes d’industries suivants:

n patrimoine culturel;

n arts plastiques et arts du spectacle;

n industries de l’audiovisuel;

n édition et information écrite;

n nouveaux médias;

n création industrielle;

n services créatifs, y compris architecture etpublicité.

Le présent rapport vise à donner descritères réalistes pour définir l’“économie créa-tive”. Par la suite, il faudra trouver un systèmesolide de classification qui ne soit pas simplement dicté par la commodité ou ladisponibilité sur le plan statistique, mais depréférence fondé sur la compréhension desdonnées de fait nécessaires pour déterminerles orientations à suivre.

Liens intersectoriels

L’“économie créative” est une notionpluridimensionnelle qui se rattache à dif-férents secteurs de l’économie générale. Lesdiverses méthodes d’analyse de l’économiecréative mettent l’accent sur des aspects dif-férents. C’est ainsi qu’une méthode soci-ologique a porté sur la notion de “classe créa-tive” dans la société, qui se composerait de tra-vailleurs intellectuels, scientifiques et artis-tiques dont la présence engendrerait undynamisme économique, social et culturel.D’autres méthodes ont insisté sur le rôle de laculture dans l’émancipation sociale. Au dela-même du secteur de l’urbanisme, la notion de“ville créative” est désormais reconnue, alorsque les géographes s’intéressent aux aspectsgéostratégiques de l’activité créative sous formede groupes, de réseaux et de districts créatifs.En raison de son caractère multiforme, l’é-conomie créative, outre sa valeur intrinsèque,recoupe une large gamme de domaineséconomiques et sociaux. C’est pourquoi l’élab-

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Politiquepubliques

Principales conclusions

oration de politiques relatives à l’économiecréative ne se limite pas à un seul ministère ouservice gouvernemental; il est plus probablequ’elle fasse appel à différents domaines d’orientation, notamment les suivants:

n développement économique et croissancerégionale;

n urbanisme;

n commerce international;

n relations professionnelles et industrielles;

n migrations;

n investissements nationaux et étrangers;

n technologie et communications;

n art et culture;

n tourisme;

n protection sociale;

n éducation.

En outre, l’économie créative fait égale-ment appel à des intervenants multiples dansle secteur public, le secteur des entreprises, lesecteur associatif et la société civile.

L’économie créative dans lespays développés

Durant les années 90 dans les paysdéveloppés, les industries créatives se sontdéveloppées plus rapidement que d’autressecteurs, notamment ceux des services et desindustries manufacturières. L’un des princi-paux facteurs de cette croissance a été l’évolu-tion technologique particulièrement rapidequi est intervenue dans les multimédias et lestélécommunications au cours de cette période.En particulier, la technologie numérique aouvert toute une gamme de nouveaux médiaspermettant de transmettre aux consomma-teurs un contenu culturel, et les industries

créatives ont réagi en lançant sur le marché unchoix de plus en plus large de produits créatifs.Quant à la demande, la progression desrevenus réels parmi les consommateurs despays développés, qui s’est accompagnée de latransformation des préférences en matière deconsommation culturelle, a contribué àsoutenir la croissance de l’économie créative.À mi-parcours de la première décennie duXXIe siècle, la contribution des industriescréatives au PIB des pays développés se situaiten moyenne entre 3 et 6%. Il ressort par exemple les estimations récentes établies parl’OCDE pour les pays membres de cetteorganisation que les industries créatives auxÉtats-Unis et en France représentaient environ3% de la valeur brute ajoutée en 2002-2003,proportion qui atteignait près de 6% auRoyaume-Uni.

L’économie créative dans lespays en développement

La participation des pays en développe-ment à l’économie créative varie de façon spectaculaire à travers le monde, d’une part enraison de différences dans les capacités indus-trielles et les capacités d’exportation entre lespays, mais aussi du fait que les pays n’ont pastous reconnu au même degré l’intérêt quereprésentait le secteur créatif en entreprenantun programme délibéré en vue de son expansion. En Afrique, par exemple, la com-mercialisation de produits culturels a été assezlimitée. La musique, qui est une forme d’ex-pression culturelle particulièrement impor-tante sur le continent africain, en est peut-êtrel’exemple le plus frappant. L’industrie de lamusique en Afrique demeure principalementaxée sur les représentations en direct, la production et la distribution officielles deproduits musicaux attendant d’être dévelop-

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pées plus avant. L’une des difficultés qui resteà surmonter à cet égard tient au fait que lespays en développement ne disposent générale-ment pas des ressources institutionnellesnécessaires pour administrer la collecte et leversement des droits d’auteur. En con-séquence, les grandes vedettes sont souventtentées d’émigrer à la recherche de meilleureschances ou simplement pour être rémunéréespour ce qu’elles font. Certaines régions d’Asie,en revanche, sont à la pointe de l’innovation enmatière de production créative, comme laRépublique de Corée pour les jeux vidéo. Dela même manière, un certain nombre de villesasiatiques formulent des stratégies dedéveloppement urbain dans lesquelles unelarge place est accordée aux activités culturelleset créatives. Dans la région des Caraïbes ainsiqu’en Amérique centrale et en Amérique duSud, la situation des industries créatives varieénormément d’un pays à l’autre, différentesindustries retenant tout particulièrement l’at-tention dans différents pays, par exemple l’édi-tion en Argentine, la musique en Jamaïque oul’industrie cinématographique au Mexique.

La chaîne de la plus-valuepour les produits créatifs

Il est indispensable de comprendre lachaîne de la plus-value dans la production et ladistribution de biens et de services créatifs afinde déterminer les points d’intervention opti-maux dans les grandes orientations destinées àdonner de l’élan à l’économie créative. Pourélaborer des politiques judicieuses, il est capi-tal de comprendre de façon systématique quisont les intervenants dans l’économie créative,quels sont les liens entre eux et comment lesecteur créatif se rattache à d’autres secteursde l’économie.

Un outil qui s’est avéré utile pour étudi-er l’économie créative est la chaîne de la plus-value, qui suit les progrès des biens créatifsdepuis leur conception initiale jusqu’au stadefinal de leur consommation. Il importe en par-ticulier d’examiner les premières étapes decette chaîne, c’est-à-dire de comprendre lastructure du secteur de production des bienset services culturels. Dans ce secteur, les unitésde production vont des artistes et des produc-teurs indépendants à une extrémité jusqu’auxgrandes sociétés multinationales à l’autreextrémité. Entre les deux se situent les petiteset moyennes entreprises (PME) qui, dans denombreux pays en développement, représen-tent les éléments les plus déterminants pour cequi est du volume de la production, du niveaude l’emploi et de l’engagement de la collectiv-ité. Dans un certain nombre de cas, ces entre-prises offrent les meilleures chances d’allier laconcrétisation du potentiel économique et ledéveloppement de traditions et de symbolesculturels authentiques, par exemple dans lafabrication de produits d’artisanat, d’articlesde mode, d’enregistrements musicaux, etc. Enfait, les PME pourraient devenir la piècemaîtresse des stratégies conçues localementpour le développement durable des industriescréatives en enrichissant la vie économique,culturelle et sociale de la collectivité. L’analysede la chaîne de la plus-value permet aussi derecenser les produits et services créatifs quioffrent des avantages compétitifs particuliersou qui peuvent être développés en tant quecréneaux spécialisés dans certaines situations.

Problèmes de données

Les pays en développement ne dis-posent pas de données fiables suffisantes surl’économie créative (apports, produits, valeur

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Politiquepubliques

de la production, prix, emploi et échanges), etil faudrait de toute urgence améliorer la col-lecte des données statistiques qui serviront debase à l’élaboration de la politique des indus-tries créatives. En raison de l’absence d’unetradition d’évaluation et de mesureéconomiques dans le domaine culturel, àlaquelle s’ajoutent des difficultés de définitiondans le domaine des activités culturelles et desbiens et services créatifs, il y a une pénuried’indicateurs fiables sur lesquels fonder desévaluations du volume et de la portée deséconomies créatives. Par ailleurs, du fait de larapidité de l’évolution technologique, il estdifficile de ne pas se laisser distancer par lesnouveaux produits et services qui arrivent constamment sur le marché.

C’est ainsi qu’à présent, nous ne disposons que d’un jeu limité de moyens demesurer la production, la main-d’œuvre et leséchanges commerciaux des industries créatives.Ce sont là, dans des conditions idéales, lesdonnées avec lesquelles nous pourrions com-mencer. En outre, des données sur la partici-pation ainsi que sur le budget-temps de l’activ-ité culturelle et créative permettraient d’avoirune perspective plus complète. Même ainsi, denouveaux modèles s’imposent. S’agissant del’emploi créatif, par exemple, des statistiquessur les professions ventilées par secteur indus-triel sont indispensables pour évaluer les liensentre les industries créatives et d’autressecteurs, tandis que des données sur la réparti-tion géographique de l’emploi ont leur impor-tance pour l’analyse des pôles créatifs. Enmatière de commerce, si l’on dispose d’infor-mations sur les exportations et les importa-tions des produits matériels des industriescréatives (par exemple dans les tableaux statistiques sur les échanges de biens et deservices créatifs qui ont été établis dans le

cadre du présent rapport), la dématérialisationcroissante des produits culturels a rendu prob-lématique la collecte de données statistiquessur les échanges commerciaux. Pour ce qui estdes produits audiovisuels, par exemple, lemarché international des droits et des servicesdépasse sans aucun doute le marché physiqueen valeur, et pourtant il est difficile d’obtenirune documentation sur le volume et le mon-tant des droits. Il est néanmoins possibled’améliorer quelque peu notre compréhensiondu commerce international des produits créatifs en utilisant à la fois les données com-merciales existantes et les statistiques sur lerèglement des droits d’auteur.

Commerce

Malgré les problèmes de mesure, il estpossible de recueillir des données cohérentessur les exportations et les importations deproduits créatifs classés par région et par caté-gorie de produits. Faisant œuvre de pionnier,le présent rapport offre une analyse mondialecomparée du commerce des biens et servicescréatifs réalisée sur la base des statistiquesnationales des échanges commerciaux, et quipourra servir de point de départ pour l’étab-lissement de données statistiques à la fois pluscomplètes et plus transparentes. Cette analysemet en lumière la complexité, l’hétérogénéitéet le caractère multidisciplinaire de l’économiecréative et signale les difficultés auxquelles seheurtent la conceptualisation, la classificationet la mesure de la production et des échangescommerciaux des industries créatives. Leschiffres exacts des échanges commerciaux sontcertainement sous-estimés et faussés en faveurde la production, sur laquelle se trouve concentrée la collecte de données.

Comme indiqué plus haut, l’aspect

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matériel de l’économie créative est potentielle-ment moins important que son aspectimmatériel/relatif aux droits; mais c’est mal-heureusement là le domaine sur lequel nousdisposons des informations les plus rares.L’OMPI a réalisé quelques interventions utilesdans ce domaine, mais en ayant comme objec-tif la réglementation, c’est-à-dire en choisis-sant d’autres variables. Il ressort de l’analysedes tendances que le commerce des biens etservices créatifs au cours des 10 dernièresannées a connu un taux de croissance sansprécédent comparativement aux secteurs plustraditionnels des industries manufacturières etdes services. En supposant que cette crois-sance se maintiendra au cours des prochainesannées, elle offrira aux pays en développementde nouvelles occasions d’accroître leur part dumarché mondial de produits créatifs.

Connectivité et TIC

Ainsi qu’il a déjà été constaté, l’émergencedes nouvelles technologies de l’information et dela communication (TIC) a été le facteur déter-minant dans la croissance de l’économie créativeà travers le monde. De toute évidence, les TICprofitent à l’ensemble de l’économie, mais ellesjouent un rôle particulièrement important dansles industries créatives. Les TIC offrent de nou-velles filières de distribution pour les produitsà teneur culturelle; permettent l’adoption demodèles novateurs en matière d’entreprises;renforcent les liens entre la créativité, la culture, la technologie et le développementéconomique.

Dans le cas des pays en développement,les TIC peuvent beaucoup contribuer àdynamiser le développement socioéconomique,en particulier en offrant aux PME la possibil-ité d’élargir leur clientèle et d’accroître leur

participation aux filières internationales d’ap-provisionnement. Les TIC peuvent créer denouveaux liens dans la chaîne de la plus-valuedans de nombreuses industries créatives, enparticulier grâce au phénomène de la conver-gence numérique. Cependant, là encore desproblèmes de mesure se posent, en particulierpour évaluer l’implantation et l’utilisation del’Internet, l’étendue du commerce électron-ique, etc. Des efforts ont été entrepris dansdifférents organismes du système des NationsUnies pour résoudre les problèmes créés parles nouvelles technologies grâce à la coopéra-tion internationale, par exemple pour établirdes statistiques normalisées, promouvoir uncentre de liaison mondiale et apporter unappui à des expositions sur l’économie créativedestinées à mieux faire comprendre les indus-tries créatives dans un monde numérique.

Politique en matière d’économie créative

En raison du caractère intersectoriel del’économie créative, l’élaboration de politiquesà l’intention des industries créatives doit sefaire sur la base d’une coordination intermin-istérielle. Il existe en effet une gamme trèsétendue d’instruments pouvant être utiliséspar les décideurs pour arrêter des stratégies dedéveloppement destinées aux industries créa-tives dans les pays en développement. En ter-mes généraux, il faut que le développementdes infrastructures et le renforcement descapacités contribuent à améliorer le fonction-nement des politiques budgétaires, des lois surla concurrence et des régimes de la propriétéintellectuelle, en plus des débats traditionnelssur la valeur intrinsèque. En termes plus précis, de grandes orientations peuvent êtredonnées dans les domaines suivants:

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Politiquepubliques

n établissement d’inventaires des atouts cul-turels et des industries créatives;

n développement et financement des PME(microfinancement, par exemple);

n lois sur les droits d’auteur et leur application;

n appui aux artistes et aux arts, à la foisdirectement (par des mesures financières) etindirectement (en encourageant l’aide dusecteur privé);

n conservation du patrimoine culturel tangibleet intangible;

n expansion des capacités numériques et descompétences;

n développement du marché interne et dumarché d’exportation;

n promotion du tourisme;

n éducation, formation et développement descompétences;

n aide au secteur industriel (par exemple aumoyen de mesures incitatives à l’investisse-ment, d’avantages fiscaux, etc.).

Par conséquence, l’élaboration des poli-tiques ne peut être limitée à un seul ministère,mais nécessite de la part de divers servicesministériels une action coordonnée qui, bienque concernant essentiellement les zonesurbaines, a aussi de l’importance dans lesrégions rurales. Le modèle de développementapproprié se fonde sur le développementdurable mesuré en termes économiques, cul-turels, sociaux et environnementaux. Ce n’estqu’en adoptant un modèle ainsi modifié quenous prendrons conscience de la mesure de lacontribution potentielle des industries créatives pour les pays en développement.

Contexte international

L’économie créative figure au pro-gramme de divers organismes internationauxde décision. La difficulté consiste à créer unenvironnement porteur afin d’optimiser lepotentiel que représente l’économie créativepour le développement. En outre, compte tenudu caractère multiforme et multidisciplinairede l’économie créative, les gouvernements peu-vent mettre à profit les synergies et l’expéri-ence du système des Nations Unies pouranalyser les aspects essentiels de la questionafin de les aider à formuler des politiques.

Les décideurs doivent être conscients decertaines subtilités quard ils traitent l’économie créative. En matière de commerce,par exemple, les négociations multilatérales encours se heurtent encore à des difficultés pourles produits culturels, bien qu’il convienne denoter que l’Accord général sur le commercedes services (GATS) prévoit des marges demanœuvre auxquelles les pays en développe-ment pourront avoir recours pour renforcerleurs industries créatives. L’Accord sur lesaspects des droits de propriété intellectuellequi touchent au commerce (Accord sur lesADPIC) ouvre quelques possibilités d’examendes sujets liés à l’économie créative mais, à cejour, les questions telles que le folklore et lesconnaissances traditionnelles n’ont reçu quepeu d’attention. Il ne fait aucun doute que laquestion des droits d’auteur est l’un desdomaines qui se prêtent à une action nationaleet internationale. Toute nouvelle expansiondes secteurs créatifs de nombreux pays endéveloppement est étroitement tributaire del’existence d’une protection efficace des droitsd’auteur. D’autres initiatives d’expansion ducommerce sont en cours, par exemple larecherche de nouvelles possibilités dedéveloppement du commerce Sud-Sud dans le cadre de l’action menée par l’ Unité

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spéciale du PNUD pour la coopération Sud-Sud et l’offre de débouchés aux chefsd’entreprises créatives par le Centre du commerce international.

Une étape importante a été franchiedans la promotion du secteur créatif dans lespays en développement avec la ratification de laConvention de l’UNESCO sur la protection etla promotion de la diversité des expressionsculturelles, qui insiste sur le rôle des industries

créatives comme source d’autonomisationéconomique et culturelle, en particulier dansles pays en développement, et encourage lespays à accorder plus d’importance au choix desorientations dans ce domaine. Tous ces aspectsinternationaux devraient être considérés dansle contexte des Objectifs du Millénaire pour leDéveloppement, qui définissent un ensembled’objectifs stratégiques à la réalisation desquelsles industries créatives des pays en développe-ment pourraient grandement contribuer.

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Politiquepubliques

Résumé des principaux messagesmessages

Les principaux messages du présent rapport peuvent être résumés comme suit:

n Il s’avère que les échanges de biens et de services créatifs sont importants pour l’économie des pays endéveloppement, et le volume de ces échanges met en lumière la vigueur de l’économie créative dans de nombreux pays en développement. Malgré les graves obstacles auxquels se heurtent bon nombre de ces payspour accéder aux marchés mondiaux de produits créatifs, des possibilités d’expansion des exportations existenten tant que source de croissance de l’économie créative de ces pays.

n Les stratégies d’ensemble visant à encourager le développement des industries créatives dans l’hémisphère Suddoivent tenir compte du caractère intersectoriel et pluridisciplinaire de l’économie créative et de ses multiplesliens et ramifications économiques, sociaux et culturels. Les principaux éléments de tout ensemble de mesuresdirectives insisteront probablement sur les liens créatifs entre les investissements, la technologie, l’esprit d’entreprise et le commerce.

n L’élaboration de politiques à partir de faits se heurte actuellement à l’insuffisance de données détaillées et fiablessur les différents aspects de l’économie créative. Des progrès peuvent être réalisés dans l’évaluation de la pro-duction et des échanges de produits créatifs dans les pays en développement sur la base des sources statistiquesexistantes. Toutefois, pour réaliser des progrès supplémentaires, il faudra mettre au point de nouveaux modèlespour la collecte de données (qualitatives et quantitatives) sur les industries créatives et leur fonctionnement dansl’économie, et aussi améliorer la qualité des méthodes actuelles de collecte de données.

n La législation actuelle dans le domaine des droits de propriété intellectuelle n’a pas été assez pour éviter lesasymétries économiques. Les efforts pour faire appliquer les régimes de propriété intellectuelle devraient garan-tir que les intérêts des artistes et des créateurs des pays en développement soient dûment pris en considération.La propriété intellectuelle doit encourager les créateurs et les chefs d’entreprise en mettant à leur disposition unavantage économique négociable pouvant contribuer à améliorer le potentiel du secteur créatif au service dudéveloppement.