Rapport sur le commerce mondial 2013

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Rapport sur le commerce mondial 2013 Facteurs déterminant l’avenir du commerce mondial

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  • Rapport sur le commerce mondial

    2013 Facteurs dterminant lavenir du commerce mondial

    ISBN: 978-92-870-3860-9

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    ISBN 978-92-870-3860-9

    Le monde change une incroyable vitesse et ce sous linfluence de nombreux facteurs, y compris lvolution des modes de production et de consommation, linnovation technologique permanente, les nouvelles faons de faire du commerce et, bien sr, la politique. Le Rapport sur le commerce mondial 2013 montre en quoi le commerce est la fois une cause et un effet du changement et examine les facteurs qui faonnent lavenir du commerce mondial.

    La technologie est lun des principaux moteurs du changement. Si notre monde a t transform par la rvolution des transports et des communications, il le sera plus encore par lapparition de nouveauts comme limpression en 3D et la gnralisation des technologies de linformation. Le commerce et linvestissement tranger direct, conjugus lextension gographique de la croissance des revenus et des possibilits dans ce domaine, favoriseront lintgration dun plus grand nombre de pays dans un rseau largi dchanges internationaux. Laugmentation des revenus et des populations exercera de nouvelles pressions sur les ressources aussi bien renouvelables que non renouvelables, ce qui exigera une gestion prudente de ces ressources. Il faudra donc faire une place de plus en plus importante aux questions denvironnement.

    Les institutions conomiques et politiques, de mme que la rencontre des diffrentes cultures, contribuent la forme que prend la coopration internationale, y compris dans le domaine du commerce. Lavenir du commerce sera aussi influenc par lefficacit avec laquelle la politique et les politiques sauront rpondre des questions caractre social qui suscitent des proccupations de plus en plus vives, telles que lemploi et les ingalits de revenu persistantes. Ces facteurs, parmi dautres, sont examins dans le Rapport sur le commerce mondial 2013.

    Rapport sur le commerce mondial 2013

    Images (premire et quatrime de couverture)

    Jean-Claude Prtre, DANA WORLD SUITE, 2001. Dans cette srie (dont deux uvres sont reproduites ici), lartiste dsire symboliquement rendre prsent un mouvement vers un apaisement gopolitique. La srie complte des 49 preuves dartiste uniques est expose lOMC. Pour plus dinformations, veuillez consulter le site web de lartiste (www.jcpretre.ch).

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  • Organisation mondiale du commerce154, rue de Lausanne

    CH-1211 Genve 21Suisse

    Tlphone : +41 (0)22 739 51 11Tlcopie : +41 (0)22 739 42 06

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    Publications de lOMC Courriel : [email protected]

    Librairie en ligne de lOMChttp://onlinebookshop.wto.org

    Couverture conue par triptikMaquette conue par Services Concept

    Imprim par lOrganisation mondiale du commerce

    Crdits pour les images (couverture) : 1re page de Couverture Jean-Claude Prtre, DANA WORLD SUITE, A, 2001.

    4me page de Couverture Jean-Claude Prtre, DANA WORLD SUITE, D11, 2001.

    Organisation mondiale du commerce 2013ISBN 978-92-870-3860-9

    Publi par lOrganisation mondiale du commerce.

    Le Rapport sur le commerce mondial est une publication annuelle qui vise permettre de mieux comprendre les tendances du commerce international, les questions de politique commerciale et le systme commercial multilatral.

    Le Rapport sur le commerce mondial 2013 est divis en deux grandes parties. La premire dcrit sommairement la situation du commerce en 2012. La seconde examine plus particulirement les facteurs qui influenceront le commerce mondial dans les annes venir.

    Site Web : www.wto.orgQuestions gnrales :[email protected] : +41 (0)22 739 51 11

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    TABLE DES MATIRES

    Table des matiresRemerciements et Avertissement 2

    Avant-propos du Directeur gnral 3

    Rsum analytique 5

    I volution du commerce en 2012 et au dbut de 2013 20

    II Facteurs dterminant lavenir du commerce mondial 40

    A Introduction 42

    B Tendances du commerce international 46

    1.Lvolutionducommerceinternational:lclairagedelhistoireconomique 48

    2.Quelleatlvolutionducommerceaucoursdes2030derniresannes? 57

    3.Scnariosconomiquesetcommerciauxfuturs 93

    4.Conclusions 107

    C Facteurs conomiques fondamentaux affectant le commerce international 116

    1.volutiondmographique 118

    2.Investissement 138

    3.Technologie 156

    4.nergieetautresressourcesnaturelles 170

    5.Cotsdetransport 183

    6.Institutions 196

    7.Conclusions 211

    D Ouverture des changes et contexte socioconomique gnral 224

    1.Proccupationssociales:ingalitsetchmage 226

    2.Proccupationsenvironnementales 241

    3.Proccupationsmacroconomiquesetfinancires 255

    4.Conclusions 267

    E Perspectives pour la coopration commerciale multilatrale 272

    1.Principalestendancesdansledomainecommercial 274

    2.DfispourlOMC 275

    3.QuepeutfairelOMCpourreleverlesdfis? 285

    F Conclusions 297

    Bibliographie 300

    Notes techniques 328

    Abrviations et symboles 331

    Liste des figures, tableaux et encadrs 333

    Membres de lOMC 340

    Prcdents rapports sur le commerce mondial 341

  • RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

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    RemerciementsLe Rapport sur le commerce mondial 2013 a t rdigsous la direction gnrale dAlejandro Jara, Directeurgnraladjoint,etdePatrickLow,DirecteurdelaDivisionde la recherche conomique et des statistiques. Cetteanne, la rdaction du rapport a t coordonne parAlexander Keck et Gaurav Nayyar. La rdaction desdiffrentes sections a t coordonne par MarcBacchetta, Marion Jansen, Nadia Rocha et Robert Teh.Les auteurs du rapport sont Marc Auboin, MarcBacchetta, Cosimo Beverelli, Valeria Groppo, JohnHancock, Marion Jansen, Alexander Keck, AntonellaLiberatore, Gaurav Nayyar, Coleman Nee, RobertaPiermartini, Nadia Rocha, Michele Ruta et Robert Teh(Divisiondelarechercheconomiqueetdesstatistiques);Alan Yanovich (Secrtariat de lOrgane dappel);JoseAntonio Monteiro et Karsten Steinfatt (Division ducommerce et de lenvironnement). Le chapitre I durapport,quiportesurlvolutionducommerceen2012,atrdigparColemanNee.

    Lionel Fontagn et Valentina Meliciani ont rdig desdocuments dinformation pour le chapitre II. DautrescontributionscritesonttfourniesparHubertEscaith,Joscelyn Magdeleine, Andreas Maurer et Nora Neufeld.LesstatistiquesonttfourniesparlesstatisticiensdelaDivisionde larechercheconomiqueetdesstatistiques,dont les travauxonttcoordonnsparHubertEscaith,Andreas Maurer et Jrgen Richtering. Aishah Colautti aaidprparerlesgraphiques,AlbertoOsnagoatablilabibliographie et Vronique Bernard le glossaire. MatteoFiorini,MariusGerlach,VictorKmmritz,AlbertoOsnago,Stela Rubinova, Weisi Xie et Isabel Yang ont contribuauxtravauxderecherche.

    Dautres divisions du Secrtariat de lOMC ont fait deprcieuses observations sur les projets de texte, aux

    diffrentsstadesdelardaction.Lesauteurssouhaitentexprimer leur reconnaissance pour les conseils donnsparplusieurscollguesduSecrtariatdelOrganedappel(Samer Budeir, Kaarlo Castren, Jessica Giovanelli, JanYves Remy, Xiaolu Zhu), de la Division de la propritintellectuelle(RobertAnderson,AnnaMueller,RaymundoValdes, Jayashree Watal), de la Division des affairesjuridiques (Gabrielle Marceau), de la Division de laccsaux marchs (Darlan Fonseca Marti, Suja RishikeshMavroidis),duBureauduDirecteurgnral(EmmanuelleGanne, Arancha Gonzlez Laya, Xiaodong Wang), de laDivision des rgles (Mark Koulen) et de la Division ducommerce des services (Rudolf Adlung, AntoniaCarzaniga,JuanMarchetti,MartinRoy,LeeTuthill).

    En outre, les personnes ciaprs, extrieures auSecrtariatdelOMC,ontfaitdesobservationsfortutilessur lespremiresversionsdu rapport:MostafaBeshkar,Massimiliano Bratti, Steve Charnovitz, Robert Elliot,Manfred Elsig, Lionel Fontagn, Robert Gulotty, JamesHamilton, Bram van Helvoirt, Bernard Hoekman, DavidHummels, Beata Javorcik, Wolfgang Keller, AndreiLevchenko, Valentina Meliciani, Chris Milner, ChristophMoser, Dennis Novy, Ralf Peters, Mike Spence, RobertStaiger, Joel Trachtman, Frank van Tongeren, RobertWolfe, Adrian Wood, Sacha WunschVincent et JamesZhan.

    Paulette Planchette, de la Division de la rechercheconomiqueetdesstatistiques,aassurlaproductiondurapport, en collaboration avec Anthony Martin et HelenSwain de la Division de linformation et des relationsextrieures. Le texte du rapport a t mis au point parAnthony Martin et John Hancock. Les traducteurs de laDivision des services linguistiques, de la documentationet de la gestion de linformation ont accompli un travailconsidrablepourrespecterlesdlaistrsserrs.

    AvertissementLeRapport sur le commerce mondialetlesopinionsquiysontexprimesrelventdelaseuleresponsabilitduSecrtariatdelOMC.IlsneprtendentpasreflterlesvuesdesMembresdelOMC.Lesprincipauxauteursdurapportsouhaitentaussiexonrerceuxquilesontaidsparleurscommentairesdetouteresponsabilitquantdventuelleserreursouomissions.

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    AVANT-PROPOS

    Avantpropos du Directeur gnralCetteanne, leRapport sur le commerce mondialexaminecommentlecommerceetlesautresfacteursdechangementfaonnent notre monde. Il associe lanalyse des faitscontemporains une rflexion sur lavenir. Lapprocheadopteestclectiquerefltantlamultiplicitdesforcesenjeu. Linteraction de ces forces est multidirectionnelle etcomplexe,etlechangementestrapide

    Latransformationducommercemondial,encoursdepuisun certain temps, se manifeste principalement parllargissement de la participation gographique auxchanges et par lessor de la production dans le cadredes chanes dapprovisionnement mondiales. Le premierphnomne tmoigne du dynamisme des conomiesmergentes, et le second est un lment marquant delhistoire rcente de la mondialisation. La technologie alargementcontribulamondialisation,maiscelleciestluvre de lhomme et nest donc ni invitable niirrversible. Les prvisions et les rflexions contenuesdanslerapportnannoncentpasderetourenarrire,maisil ne faut pas oublier que les gains procurs par lamondialisation pourraient tre rduits nant, ouamoindris si les pressions court terme lemportent surles intrts long terme, et si lon ne tient pas comptedesconsquencessocialesdelamondialisationlieslarpartitioningaledesesavantages.

    Outre le commerce luimme la fois consquence etcauseduchangementlerapportidentifietouteunesriedefacteursconomiques,politiquesetsociauxquijouerontensembleun rle fondamental dans lvolution future.Cesfacteurs sont notamment la technologie, linvestissement,lnergieetlesautresressourcesnaturelles,letransport,ladmographie,lesinstitutions,lesfacteurssocioconomiqueset lenvironnement. Les projections chiffres prsentesdanslerapporttiennentcomptedecertainsdecesfacteurs,mais il faut rappeler que les estimations un horizon deplusieursdcenniessonttrssensibleslamodificationdeshypothses. Il vaut donc mieux les considrer comme desscnarioscomparatifsouvrantdespistesderflexion,pluttquecommedesprdictionsnumriques.Unlmentressortclairementdurapport:cestlimportanceducommercepourledveloppement.

    Latechnologienapasseulementfournilesmoyensquiontrendu la mondialisation possible physiquement etvirtuellement;elleestaussilaprincipalesourcedesgainsde productivit associs linnovation et la croissance.Lesvolutionsprobablesdansbonnombredessecteursetdomaines susmentionns dpendront grandement de cequi se passe sur le front de la technologie. Les sourcesdinnovationtechnologiquesedplacerontdeplusenplusvers les conomies mergentes et les nouvellestechnologies seront le produit plus direct du secteur desservices.Latechnologiepourraitaussimodifierengrandepartie les modes de production et de consommation quenous tenons aujourdhui pour acquis. Les nouvellestechnologiesdelinformationetlesprogrsdelimpression3Detdelarobotiqueaurontaussiunimpactconsidrable.

    Linvestissement est une composante essentielle desrelationsconomiquesinternationales.Ledveloppement

    des chanes dapprovisionnement a rendu ce fait encoreplusvidentetlonnepeutplusconsidrerlinvestissementtrangerdirect(IED)commeunealternativeaucommercepour accder aux marchs. Aujourdhui, lIED est li engrande partie aux flux commerciaux qui relient lesimportations et les exportations la production dans leschanes dapprovisionnement. En outre, linvestissementest un mcanisme de transmission important pour ladiffusion de la technologie, des connaissances et delinnovation.

    Notreavenirdpendgalementdelvolutiondesmarchsde lnergie et des produits primaires. L encore, latechnologie jouera un rle important. Malgr ledveloppementdenouvellessourcesdnergie,lademandednergie et de beaucoup dautres produits primairesentraneraprobablementunehaussedesprix.Leau,deparsa raret, seraunenjeumajeurdanscertainespartiesdumonde.Sil lonnegrepasconvenablement la rpartitioningaledesressourcesnaturellesdanslemonde,lararetintrinsquede certaines ressourceset lutilisationdurabledecertainesautres,lasocitenpaieraleprix.

    La dmographie est un autre facteur dterminant pourlavenir.Certainspayssontbienavancsdanslatransitiondmographique,tandisquedautresdevrontfairefaceauvieillissement de la population et la diminution de lamainduvre. Les migrations, lurbanisation et laparticipation croissante des femmes la vie active sontautantdefacteursquiaurontuneinfluence.

    Lesvolutionsdans lesecteurdes transports inflchirontles perspectives du commerce des marchandises. Denombreuxfacteursjouerontunrlecetgard,notammentles politiques des pouvoirs publics dans des domainescomme la facilitation des changes, la concurrence etlenvironnement. Lampleur des nouveaux investissementsdinfrastructure, linnovation et lvolution des cots descombustiblesjouerontaussiunrleimportant.

    Les institutions ont toujours t un dterminantfondamental de la condition humaine. Cela est vrai desinstitutions politiques qui soustendent les systmes degouvernement, des institutions conomiques dontdpendent le fonctionnement et la rgulation desmarchs nationaux et internationaux, et des valeursculturelles qui forgent les normes sociales. Les liensentre lessystmesdegouvernementet lecommercenesont pas vidents. Les frontires politiques entraventlchangemaisellesdfinissentaussilesparamtresquifont que la mondialisation peut se dvelopper. Desinstitutionsconomiquessolidessoutiennentlintgrationinternationale.Cellecipeutcependanttrefreineparladiversit des normes sociales, mais les relationscommerciales et la coopration internationale longterme peuvent procurer des avantages mutuels quiattnuentcescontraintes.

    De fortes pressions conomiques et sociopolitiques sesontmanifestesaucoursdesderniresannesdufaitducreusementdescartsderevenusauniveaunationaletde

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    lamonteduchmagedansdenombreusesconomies.Ilest probable que ces pressions augmenteront etdemanderont lattention cible des gouvernements pourviter des perturbations plus grande chelle. Lespolitiques susceptibles daccrotre le bientre globaldevront tre perues comme cratrices demplois et depossibilitsnouvellespouravoirunelgitimitpolitique.

    La technologie et le commerce sont reconnus lune etlautre comme des forces perturbatrices en termes derpartitiondesrevenus.Cest lecommercequisuscitelaplusforteoppositionpolitique,alorsquenralitcenestpas un vecteur de changement aussi important que latechnologie.Quoiquilensoit,despolitiqueslongtermeenmatiredducationetdeformation,etdespolitiques court terme pour grer ces transitions sontindispensablespourassurerdanslavenirlacroissance,lastabilitetlacohsionsociale.

    La gestion de lenvironnement est un autre dfi pour lesgouvernements,quiprendracertainementdeplusenplusdampleur.Lacroissancedmographiqueetlaugmentationdesrevenusdansunegrandepartiedumondeexercerontdespressionsaccruessur lenvironnement,enparticulierpour ce qui est du patrimoine commun. Un importanteffortdecooprationinternationaleserancessairepourtrouver le chemin du dveloppement durable. Lecommercenestpaslaseulecldeceproblmecomplexe,mais il peut assurment jouer un rle. La technologiejouera aussi un rle crucial, mais la communautinternationale devra relever un formidable dfisociopolitiqueentrouvantunaccordsurlesresponsabilitsrespectives des pays en ce qui concerne les mesurescorrectivesprendredansdesdomainescommela luttecontre le changement climatique. Lefficacit de notreaction pour les gnrations futures dpendra de notrecapacitdengageruneffortcollectifcohrent.

    Il est utile denvisager lavenir sous un angle aussilarge pour mettre le commerce en perspective et savoirquelleplaceiloccupedanslemonde.Celanousrappelleque le commerce nest pas une fin en soi, mais unmoyendecontribuernotreavenir.Commejelaidjdit,le commerce a une relation rciproque complexe avecbeaucoup dautres facteurs qui dterminent lavenir.Il nous incombe de favoriser son dveloppementetdecrerlesconditionsdanslesquellesilpeutapporterune contribution approprie. Vu limpasse du Cycle deDoha et les incertitudes qui en dcoulent, nous navonssans doute pas fait tout ce que nous aurions pu cetgard.

    Lenjeu est considrable. Le commerce a jou un rleremarquablesurplusieurs frontsaucoursdesderniresdcennies, contribuant au cercle vertueux de lacroissance et du dveloppement, la cration depossibilits nagure inimaginables, et au renforcementde la cohsion sociale. Lessor des chanesdapprovisionnementmondialesaapprofondietlargilespossibilits lies lchange international. Quand onpense au commerce dune faon conomiquement plusrationnelle,cestdirepasseulementen termesdefluxdemarchandisesetdeservicesmaisplutt sous langlede la contribution des diffrents pays aux relations de

    productionconjointe,onprendconsciencedelavritablenaturedesintrtscommunsquinousunissent.

    Les structures dpendant des politiques comme lOMCnont pas une dynamique propre. Cest pourquoi il fautredoubler defforts pour redynamiser le systmecommercial mondial. Pour cela, lOMC doit trouver desrponsesauxquestionsdjanciennes,commelesdroitsde douane, les mesures non tarifaires, les services etlagriculture.Mais,danscemondedeplusenplusintgr,dautresquestionsdepolitiqueappellentaussilattention,notamment linvestissement, la concurrence, lessubventions et la gestion des politiques publiques dunemanire favorable au commerce. Il sera de plus en plusimportant dviter les incohrences et la fragmentationdanslaconceptionetlamiseenuvredespolitiques.

    LOMC doit chercher un compromis constructif sur lesquestions fondamentales relatives lquilibre des droitsetdesobligationsdesesdiffrentsMembres,enparticulierdans le contexte du basculement de linfluence et dupouvoirentrelesnations.Ilfautparvenirmieuxconcilierles accords commerciaux prfrentiels et le systmecommercialmultilatral.Laconvergencedesmesuresnontarifaires comme les normes qui sera indispensablepour galiser les rgles du jeu dans lavenir, nest pas laresponsabilitpremiredelOMC.MaislOMCdevraittreen mesure de promouvoir plus de convergence. Lesquestions internes concernant la conception et lagouvernancede lOMContaussi leur importance. Il sagitnotamment de dterminer comment prserver lesavantages des arrangements commerciaux nondiscriminatoires lintrieur du systme. Il sagit aussi dedfinirlerleduSecrtariatdunemanirequiluipermettedavantage de faire avancer les choses sans remettre encauselaprimautdesMembresdanslaprisededcisions.

    Cette liste des dfis qui attendent ceux dont la missionest de veiller ce que le commerce et la cooprationconomiqueengnralcontribuentnotreavenirestloindtre exhaustive. Certains des dfits identifis ici ontdjtvoqusdanslerapportduGroupederflexionque jai constitu en 2012 pour examiner lavenir ducommerce. Sur une note plus personnelle, cest lehuitime et dernier Rapport sur le commerce mondialtabli pendant mon mandat. Je tiens remercier lepersonnelduSecrtariat,dontlesgrandescomptencesintellectuelles ont permis de faire de cette publicationune rfrence mondiale pour la recherche dans ledomaine du commerce. Je saisis aussi cette occasionpouradressertousmesvuxceuxquivontassumerlaresponsabilitdedirigeretguidercette institution,etenparticulier mon successeur M. lAmbassadeur RobertoCarvalhodeAzevdo.

    Pascal Lamy Directeurgnral

  • 5

    RSUM ANALYTIQUE

    Rsum analytiqueA. Introduction

    Le Rapport sur le commerce mondial 2013 analyse les tendances probables du commerce mondial et la manire dont les facteurs conomiques, sociaux et politiques prsents et futurs pourraient influer sur ces tendances. Les relations ne sont pas unidirectionnelles ds lors que le commerce est la fois la cause et leffet de certaines volutions.

    Le rapport commence par donner un aperu du pass,du prsent et du futur de lactivit conomique et ducommerce,ensoulignant les jalonschronologiques, lestendanceset lesscnariospossibles.Cettedescriptionmet particulirement laccent sur limportance de latechnologieetde lapolitique.Lecommercea subi cesdernires annes des transformations dues uneparticipationgographiquepluslargeetplusdisperse, des modifications dans la composition des changeset au dveloppement des chanes dapprovisionnementinternationales.Dessimulationsdescnariospossiblesfont apparatre un renforcement de certaines de cestendances, mais soulignent la sensibilit des rsultatsaux hypothses relatives aux principaux facteursconomiquesetlvolutiondespolitiques(sectionB).

    Parmi les forces fondamentales qui faonnent lavenirdu commerce international figurent la dmographie,linvestissement, la technologie, la disposition et ladisponibilit dnergie et autres ressources naturelles,lescotsdetransport,etlesinstitutions(sectionC).Silestvraiquunegrandepartiedelalittratureconomiqueinsiste sur ces facteurs, dautres facteurssocioconomiques plus gnraux sont galementessentiels. Parmi ceuxci, il convient de mentionner lesproccupations sociales, environnementales etmacroconomiques, qui ont un rang de priorit levdans lagenda politique (section D). Tous ces facteursconomiques, sociaux et politiques vont orienter lesoptions stratgiques lesquelles seront, leur tour,influences par elles. Le prsent rapport attache uneimportance particulire leffet que les tendancesprobablesaurontsurlesystmecommercialmultilatralet sur les dfis auxquels celuici est confront, ainsiquauxmaniresdontlesystmecommercialmultilatralpourraitinfluersurlesrsultats(sectionE).LasectionFrsume, pour conclure, les facteurs principaux surveiller.

    Voir page 42

    B. Tendances du commerce international

    Lvolution du commerce international : lclairage de lhistoire conomique

    La mondialisation nest ni invitable, ni irrversible. La technologie en particulier les transports et les communications a t le principal moteur de lintgration conomique mondiale au cours des 200 dernires annes. Mais les forces politiques ont galement jou un rle capital, en aidant parfois grer et amortir les pressions intgrationnistes, mais quelquefois aussi en leur rsistant ou mme en les inversant.

    UnegrandepartduXIXesicleetlespremiresannesduXXesicleonttmarquespar lapremiregrandemondialisation. La priode de 1914 1945 secaractrise toutefois par une spectaculairedmondialisation. Sous leffet combin des chocs dela Premire Guerre mondiale, de la Grande Dpressionet de la Seconde Guerre mondiale, les pays se sontdtournsde lintgrationmondialepourprivilgierdesmodles conomiques de porte plus nationale etdirigsparltat.Lconomiemondialeestdevenueplusfragmente, et le commerce international a diminupendantcettepriode.

    Cestendancessesontinversesaprs1945,lconomiemondialeseremondialisantprogressivementaprs ladvastation engendre par la guerre et la dpression.Faitnouveau,ledeuximegedelamondialisationavusecrerdesinstitutionsinternationaleslOrganisationdesNationsUnies,leFMI,laBanquemondiale,leGATT(puisplustard lOMC).Ces institutionsavaientpourbutdemaintenirlapaix,etdemettreunfreinaunationalismeconomique et aux politiques du chacun pour soi quiavaienttantcontribudtruirelastabilitinternationalependant la premire moiti du XXe sicle. Lamondialisation a peu de chances de spanouir enlabsence de coopration politique internationaleefficace.

    Tendances du commerce international : quelle a t lvolution du commerce au cours des 20 30 dernires annes ?

    Au cours des 30 dernires annes, le commerce international a connu une croissance vertigineuse, dpassant de loin celle de la production mondiale.

    En chiffres bruts, la valeur en dollars du commercemondial des marchandises a augment de plus de 7%par an en moyenne entre 1980 et 2011, atteignant unrecordde18000milliardsdedollarsEUlafindecette

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    priode. Les changes de services commerciaux ontaugment encore plus rapidement, un taux annuelmoyen denviron 8%, pour atteindre quelque4 000 milliards de dollars EU en 2011. La croissancerelle du commerce des marchandises (cestdire lacroissancedeschangescompte tenudes fluctuationsde prix et de taux de change) a t tout aussiimpressionnante,puisquelesvolumeschangstaient,en2011,quatrefoissuprieursceuxde1980.Depuis1980, au niveau mondial, le commerce a augment enmoyenne prs de deux fois plus rapidement que laproduction.Lesrductionsdesdroitsdedouaneetdesautres obstacles au commerce ont contribu lexpansionpendantlapriode.

    De nouveaux acteurs, plus particulirement de grands pays en dveloppement et des conomies asiatiques en cours dindustrialisation rapide, ont acquis une position prminente dans le commerce mondial.

    La part des conomies en dveloppement, quireprsentait seulement 34% des exportationsmondiales en 1980, atteignait en 2011 47%, soit prsde la moiti du total. Simultanment, la part desconomies dveloppes est tombe de 66% 53%.LessordesexportationsdelaChineafaitpasserlapartde ce pays dans les exportations mondiales de 1% en1980 11% en 2011, ce qui le place au premier rangdesexportateursmondiauxsilonconsidresparmentlesmembresdelUnioneuropenne.Pendantcetemps,les tatsUnis, le Japon et lUnion europenne ontenregistrunebaissedeleurpartdanslesexportationsmondiales.Letableauestanalogueencequiconcernelesimportations.

    Laugmentation de la part collective des conomies endveloppement dans le commerce mondial est de plusenplusattribuable lacroissancedeschangesentreces pays. Cest ainsi que la part des changesSudSud dans le commerce mondial est passe de8% en 1990 24% en 2011. La part du commerceNordSud a aussi lgrement augment, passant de33%38%pendantlammepriode,tandisquecelledu commerce entre les conomies dveloppes(cestdirelecommerceNordNord)atramenede56%36%peine.

    Avec le temps, les pays sont devenus moins spcialiss en ce qui concerne leurs exportations.

    Les amliorations dans les domaines du transport, destlcommunicationsetdestechnologiesdelinformation,conjuguesuneintgrationconomiquepluspousseet une plus grande ouverture commerciale, ont abouti,avec le temps, des niveaux plus levs de diffusiontechnologique, une mobilit accrue et uneaccumulationdesfacteursdeproduction.Decefait,lespays sontdevenusmoins spcialissdans lexportationde tel ou tel produit et, en consquence, plus procheslesunsdesautresencequia trait lacompositiondeleurs exportations. Lavantage comparatif, cestdireles diffrences internationales defficacits relatives

    entrelesproduits,sestamenuisavecletempsdansdenombreuxpays,toutensedplaantgographiquement.

    Le commerce volue vers une plus grande rgionalisation depuis 1990, en particulier en Asie, mais la part des changes commerciaux intrargionaux en Europe et en Amrique du Nord est reste stable ou a diminu.

    Lapartducommerceintrargionaldanslesexportationsasiatiquesestpassede42%en199052%en2011,cequiplace lAsieaupremier rangmondialpourcequiest de la part du commerce intrargional dans lesexportations, si lon compte lUE comme une seuleentit.Si lespaysde lUEsontconsidrssparment,lapartdelEuropevenaitentteen2011(75%).Lapartdu commerce intrargional dans les exportationsnordamricaines est passe de 41% 56% entre1990 et 2000, avant de retomber 48% en 2011. Silon exclut le commerce intraUE, lEurope a vu sa partducommerceintrargionaldanslesexportationschuterde 35% en 1980 29% en 2011. Les autres rgionsgographiques de lOMC (Amrique du Sud, Afrique,MoyenOrient et Communaut dtats indpendants)exportent principalement des produits primaires versdautres rgions. Si leurs parts du commerceintrargional dans les exportations ont augment, ellesrestentfaiblesparrapportauxautresrgions.

    La nature vritable de linterdpendance entre les pays, qui provient en grande partie des chanes dapprovisionnement internationales, ne peut tre comprise que si le commerce est mesur en termes de valeur ajoute par chaque site dans des processus de production configuration internationale. Ces nouvelles statistiques peuvent aider concevoir de meilleures politiques commerciales.

    Les chanes de valeur internationales jouent un rlecentral dans lconomie mondiale actuelle: lesmarchandisesetlesserviceschangscontiennentdesbiens intermdiaires qui peuvent provenir de nombreuxpays diffrents, et les statistiques commercialestraditionnellesattribuenttortlatotalitdelavaleurdela transaction des produits commercialiss au dernierpaysintervenantdansleprocessusdeproduction.Cestpour cette raison que le commerce doit tre valu entermes de valeur ajoute et pas seulement en termesbruts. Des tableaux dentressorties lchellemondiale, combinant des tableaux dentressortiesnationaux et les courants dchanges bilatraux bruts,ont permis de dcrire ces rapports de productionentre les conomies. Des estimations prliminairesdes changes commerciaux mesurs en termes devaleur ajoute indiquent que prs de 30% du totaldes changes consistent en rexportations de biensintermdiaires, ce qui tmoigne dune interdpendanceinternationale croissante par le biais des chanesde production internationales. Depuis le milieu desannes 1990, ce pourcentage a augment de prs de10points.

  • 7

    RSUM ANALYTIQUE

    Si elle est mesure en termes de valeur ajoute, la contribution des services au commerce international est beaucoup plus leve.

    La contribution des services au commerce total,lorsquelle est mesure en termes de valeur ajoute, at prs de deux fois plus leve que la partcorrespondante mesure en termes bruts, passant de23% 45% en 2008. Les services contribuentgrandementaucommercedesmarchandises,soitdufaitdeleurrlefacilitateurdestransactionsinternationales,soit par le biais de leur incorporation dans le cot deproductiontotaldelamarchandise.Lesimplicationsquien dcoulent sont importantes pour les politiquesindustrielles et commerciales, notamment pour cellesqui rgissent les marchs des services, et pour ce quiconcerne lintgration des petites et moyennesentreprisesdansleschanesdevaleurinternationales.

    Lapprovisionnement efficace en biens intermdiaires est capital pour la comptitivit des exportations dun pays.

    Lesconomies importentdeplusenplusdebiensetdeservicesintermdiairespourproduiretantpourlemarchintrieurquepourlexportation.Unecorrlationpositiveat observe entre laccs aux biens intermdiairesimports et les rsultats lexportation plus uneconomie sintgre aux chanes dapprovisionnementinternationales, plus ses exportations augmentent. Unaccs efficace aux importations de biens intermdiairesamliore la capacit des entreprises daccrotre leurproductivit et de rester comptitives dans un mondeinterconnect.

    Scnarios conomiques et commerciaux futurs

    Les projections de lactivit conomique et du commerce sont sensibles aux hypothses, notamment en ce qui concerne le progrs technique, lvolution dmographique, linvestissement, lnergie/les ressources naturelles, les transports, les institutions et les politiques.

    Lorsque lon envisage les possibilits de scnarios, latechnologie constitue un facteur dterminant delvolutionversunecroissancefondesurlaproductivit.Lamlioration de la productivit pour ce qui est delnergie et des autres produits primaires seraimportante compte tenu des augmentations de prixattendues lies la poursuite de lindustrialisation.Lvolution du secteur des transports infrastructures,prixdescarburants,innovationetrglementationauragalementuneincidencesur lescotsducommerceetlorganisationdelaproductionlchellemondiale.

    Plusieurs pays, principalement dans le monde endveloppement,connatrontunevolutiondmographiquefavorable, mais lducation et lintgration des nouveauxvenus sur le march du travail joueront un rleprpondrant. Dautres pays devront surmonter lesdifficultsliesauvieillissementdelapopulationetune

    contraction de la population active. Du fait de la baissedestauxdpargnepartoutdanslemonde,lamobilitdescapitaux peut jouer un rle important en stimulant lesrsultats conomiques. Lactivit conomique et lecommerce dpendent galement du contexteinstitutionnel et politique plus large, qui est difficile prvoir.Pourcequiconcernespcifiquementlapolitiquecommerciale, certaines tendances actuelles, telles quelexpansion des chanes de valeur internationales, sontsusceptibles dencourager une plus grande ouverturecommerciale. Paralllement, les dsquilibres mondiaux,le chmage et les proccupations environnementalespeuvent gnrer des pressions conduisant desinversions de tendance en matire de politiquescommerciales. Lanalyse est complique par lexistencede liens multiples entre les diverses forces quidterminentlechangement,etparlefaitquelecommerceinflue sur ces facteurs tout en tant aussi faonn pareux.

    La modification des hypothses relatives chaque facteur dterminant gnre un vaste ventail de possibilits en ce qui concerne les scnarios conomiques et commerciaux futurs. Les enjeux sont plus importants pour certains pays que pour dautres, et toutes les tendances actuelles du commerce ne se poursuivront pas ncessairement.

    Les conomies en dveloppement et les conomiesmergentes ont le plus gagner dun scnarioconomiquedynamiqueprvoyantuneouvertureaccruedes changes, et le plus perdre de perspectivesconomiquesmorosesetdunecooprationcommercialedfaillante.Danslecasduscnariolev,lacroissancede ces conomies pourrait atteindre un taux annuelmoyen de 7%, contre peine 2,8% dans le deuximescnario, cestdire peine plus que le taux decroissance estim des pays dvelopps, qui est delordre de 2% dans les deux scnarios. Pour lesexportations,lcartentrelesdeuxscnariosestencoreplus spectaculaire. La croissance des exportations despaysendveloppementestestime8,5%parandansle cas du scnario lev et moins de 1% suivantlhypothse basse. Ce dernier taux serait infrieur celui des pays dvelopps, qui serait de 1,5% dans lescnariobas.Lastructuredeschangesnechangeraitguredans lescnariobas, leschangescommerciauxentre pays dvelopps restant dominants, avec plus de40%, et le commerce entre pays en dveloppementflchissantlgrementpourreprsenter18%seulementdutotaldeschanges.Enrevanche,selonlescnarioleplus optimiste, les positions sont inverses. Lecommerceentrepaysendveloppementconstitueraitlapartprdominanteducommercemondial (43%), tandisque le commerce entre pays dvelopps constitueraitenviron17%.

    Il est probable que lintensification du commerce desservices se poursuivra, les changes de produitsmanufacturs conservant toutefois leur importance. Latendancelacroissanceducommercedanslecadredecertains accords rgionaux devrait marquer le pas dslors que, dans de nombreuses rgions, les relations

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    commercialesmultilatralesontdegrandeschancesdeprendre de limportance. Ces rsultats trs gnrauxpeuventsouleverautantdequestionsquilsapportentderponses,particulirementencequiconcernelesdfisspcifiquesauxquels font face lesdiffrentspays.Uneanalyseplusdtailleest indispensablepourobteniruntableauplusexactetplusprcis.

    Voir page 46

    C. Facteurs conomiques fondamentaux affectant le commerce international

    La dmographie, linvestissement, la technologie,lnergieetlesautresressourcesnaturelles,lecotdestransports et les institutions sont des facteursconomiques fondamentaux qui faonnent la natureglobale du commerce et expliquent pourquoi les paysontdesrelationscommerciales.

    volution dmgraphique

    Le monde connat actuellement des changements considrables concernant la taille et la composition de sa population, avec de fortes disparits selon les pays.

    La transitiondmographiquedunpaysagnralementlieuenquatrephases.Pendantlapremire,lafconditet lamortalit sontleveset, dece fait, lapopulationest jeune et le rapport de dpendance des personnesges est faible. Au dbut de la transitiondmographique de la deuxime phase, la mortalitdiminuemais,dansunpremiertemps,lafconditresteleve. Ensuite, la fcondit commence baisser et lapopulationengede travailler augmente.Ladeuximephase de la transition est associe un dividendedmographiquedontlensembledumondeabnficipendant les 40 dernires annes. Mais la troisimephase,caractriseparlevieillissement,sestprsentinstalle. La transition dmographique se termine laquatrimephaseetsedistingueparunepopulationplusge et des rapports de dpendance des personnesgeslevs.Lemomentdelatransitiondmographiqueesttrsvariableselonlespays.

    Lvolution dmographique influe sur la structure des changes et le niveau de la demande dimportation.

    Les diffrences internationales dans la dynamique despopulations constituent un facteur dterminantlavantage comparatif. Toutefois, les effets sur lecommercedelatransitiondmographiquesontenrglegnrale dus des changements dans la compositiondelademande.Lesgroupesgsdespaysvieillissantsdpensentplusdanslesservicesdecommunication,detransport et de sant. Dans les pays qui en sont auxpremires phases de la transition dmographique, lerevenu par habitant augmente, de mme que,paralllement, limportance de la classe moyenne. Lapartdesmarchsmergentsdanslademandedebienset de services, en gnral consomms par la classemoyenne, tels que le matriel de loisir, les automobileset les tlphones portables, ainsi que les servicesrcratifsetculturels,deviendradisproportionne.

    Deux autres faits nouveaux notables concernant la composition de la main-duvre lis la transition dmographique sont une part croissante de travailleurs instruits, et une participation accrue de

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    RSUM ANALYTIQUE

    la main-duvre fminine. Il est difficile de prvoir de quelle manire ces tendances affecteront le commerce.

    Leniveaudinstructiondelapopulationactivecontinuerade samliorer dans un grand nombre de pays,principalement dans les pays en dveloppement,entranant une convergence mondiale en matiredducation. La transition dmographique est aussiassociedesvariationsdes tauxdeparticipation lapopulation active. La participation des femmes lapopulation active est lie de prs la diminution de lafcondit, mais galement dtermine par des normesculturelles et des institutions qui varient fortementsuivant lesrgionset lespays.Selon lesprvisions, lestauxdeparticipationdesfemmes lapopulationactivedevraient augmenter dans lUnion europenne, enAmrique du Sud et Amrique centrale, en Afriquesubsaharienne et, dans une moindre mesure, auMoyenOrient.Ces faitsnouveauxaurontprobablementune incidencesur la structurede lavantagecomparatifdanslamesureoilsmodifientlabondancerelativedesfacteursdeproductionauniveaudespays.

    Les migrations internationales jouent un rle dans lvolution dmographique.

    Les migrations peuvent directement influencer lacroissance dmographique en modifiant les niveaux depopulationdans lesdiffrentspays.Ellespeuventaussiproduire des effets indirects sur cette croissance,principalement du fait de leur impact sur la fconditdans les pays touchs. Le stock mondial de migrantsinternationauxaaugmentde38%entre1990et2010.Les migrants internationaux constituent toujours unetrs faible part de la population mondiale (3,1% en2010). Toutefois, dans plusieurs pays dvelopps o lafconditestfaible,limmigrationconstituelemoteurdela croissance dmographique. Les migrants sontgnralement des adultes en ge de travailler et sontsusceptibles de rduire les taux de dpendance danslespaysdaccueil.Ces tendancessepoursuivrontdanslavenir.

    Les taux dmigration de personnes ayant un niveaudducation lev varient beaucoup selon les paysdorigine, dpassant 40% dans les Carabes et dansplusieurspaysdAfriquesubsaharienne.Engnral, lesmigrants provenant dAfrique, dAmrique du Sud etdAmriquecentraletendenttrerelativementinstruits.Plusieurs tudes ont soutenu que cette fuite decerveaux nest pas forcment prjudiciable aux paysdorigineen raisondeplusieursmcanismes, ycomprisles incitations la formation de capital, les envois defondsetleseffetspositifsdesrseauxdemigrants.

    Les rseaux de migrants encouragent le commerceentre les pays dorigine et les pays daccueil de deuxmanires. En premier lieu, ils rduisent les cots deschanges commerciaux en rapport avec les obstaclesinformationnels, linguistiques et institutionnels, tout enfacilitant la cration de relations commerciales. Endeuximelieu,lesmigrantsstimulentleschangesdans

    lamesureoilsdemandent,defaondisproportionne,plus de biens et de services provenant de leurs paysdorigine.

    Les effets durbanisation et dagglomration figurent parmi les volutions dmographiques les plus marquantes lchelle mondiale.

    Lurbanisation influera probablement sur les changescommerciauxparsuitedelamodificationdesefficacitsrelatives (avantage comparatif). Entre 1950 et 2011, letaux durbanisation (part de la population habitant enzones urbaines) a augment de 77%. On prvoit quelurbanisationatteindra67,1%delapopulationtotaleen2050.Lesconomiesdagglomration,troitementlieslurbanisation,peuventaussimodifier indirectement lastructure des changes par limpact quelles ont sur laproductivit. Linnovation dans les secteurs forteintensit de connaissances est particulirementinfluence par la concentration spatiale de lactivitconomique.Danscesens,pourcessecteurs,lavantagecomparatifdpendaussidelagglomration.

    La relation entre la dmographie et le commerce est complique par de nombreux facteurs.

    Le lien de causalit peut fonctionner dans les deuxsens.Lapossibilitdun liendecausalit inverse influesurlelienentrelesmigrationsetlecommerce(leslienscommerciauxpeuventavoiruneffetsurlesdcisionsenmatire de migration). La mme remarque vaut pour lelienentrelurbanisationetlecommerce(louverturedeschanges peut encourager lagglomration). Lesinstitutions ont galement un effet notable sur ladmographieet lecommerce.Enoutre, lhistoire rvleque le commerce international a influ de maniredterminante sur le moment des transitionsdmographiques.Danslensemble,laprudencesimposesagissant de faire des prdictions sur les effets destendancesdmographiquessurlecommerce.

    Investissement

    Linvestissement dans le capital matriel peut faire apparatre de nouveaux acteurs dans le commerce international, notamment dans le contexte des chanes dapprovisionnement internationales, et modifier lavantage comparatif des pays dj trs engags dans le commerce international.

    Linvestissementpublicdans les routes, lesportset lesautres infrastructures de transport rduit les cotscommerciaux et pourrait de ce fait accrotre laparticipation de lAfrique au commerce mondial desmarchandises. Par exemple, les tudes empiriquesindiquent quen doublant les kilomtres de routes revtement en dur ou le nombre daroports revtement en dur par kilomtre carr de territoire, unpays pourrait voir ses changes augmenter de 13% et14%, respectivement. De mme, linvestissement danslinfrastructure des TIC pourrait permettre aux paysafricains de participer plus pleinement au marchmondial des services. Linvestissement dans le capital

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    matriel (usines, machines et matriel, par exemple)peut transformer au cours du temps une conomie intensitdetravailrelativementforteenuneconomieintensitdecapitalrelativementforte,commecelaatle cas pour le Japon qui a vu son ratio capitaltravailpasser de moins de 10 au dbut des annes 1960 prsde180en1990.

    Lpargne intrieure est essentielle pour accrotre linvestissement dans le capital matriel.

    Dans les pays revenu lev et intermdiaire, lacorrlationentrelpargneetlinvestissementatforteaucoursdes20derniresannes.Lespaysquionteulestauxdpargnemoyenslespluslevsentre2000et2010sontsurtoutdespaysasiatiquesetdesconomiesrichesenressourcesduMoyenOrientetdelAfriqueduNord. Les pays revenu intermdiaire en tant quegroupeavaientuntauxdpargnede30%en2010,soitprsdudoubleduniveaudespays revenulev.Lestaux dpargne levs devraient rester une source definancementdelinvestissementdanslecapitalmatrieldans les pays revenu intermdiaire. Dans les pays faible revenu, laugmentation des taux dpargnedpendraessentiellementdelacroissance.Desrgimesfiscaux efficaces, des politiques macroconomiquesbien conues et des marchs financiers plus efficientssont galement importants pour transformer lpargneeninvestissement.

    Les apports de capitaux trangers peuvent sajouter lpargne intrieure pour promouvoir linvestissement intrieur en rduisant le cot du capital.

    Dans les pays faible revenu, laide publique audveloppement et les envois de fonds des travailleursmigrantsontjouunrledanslefinancementdelcartentre lpargneet linvestissement.LinitiativeAidepourlecommercede lOMCestgalement importantecetgard, car elle peut accrotre la capacit doffre despays.

    Il ne faudrait pas sousestimer le rle important quelinvestissement tranger direct jouera dans lavenirdanslaccroissementdelaformationdecapitalpourlespays faible revenu. Sils veulent attirer des capitauxtrangers, ces pays devront adopter des politiquesmacroconomiques stables et mettre en place desinstitutions solides telles quun cadre juridique bienconu, des dispositions efficaces en matire detransparenceetunerglementationindpendante.

    Danslespaysrevenuintermdiaire,ilestprobablequelesfluxdecapitauxprivsserontgalementimportantspour augmenter encore les taux dinvestissement. Lesdix premiers bnficiaires dIED, dinvestissements deportefeuille et de prts bancaires trangers parmi lesconomiesendveloppementaucoursdesdixderniresannesonttpresqueuniquementdespays revenuintermdiaire dAsie ou dAmrique latine. Les mesuresde drglementation et douverture des marchs sontprimordiales, mais lamlioration continue de

    linfrastructuredesoutienetdelaqualitdesinstitutionssera dcisive pour soutenir ces apports de capitauxprivs. Certains pays en dveloppement sont devenus,depuisquelquesannes,desexportateursdecapitaux,avecdessortiesdIEDquisontpassesdepratiquementzroaudbutdesannes1990plusde400milliardsdedollarsEUen2010.pluslongterme,ilestprobablequelafortecroissanceattendue, lafamiliaritavecdescontextes similaires en matire de politique et lerenforcement des liens commerciaux SudSudentranerontuneprogressiondelIEDSudSud.

    Les apports de capitaux trangers facilitent aussi le dveloppement des chanes dapprovisionnement internationales.

    Linvestissement tranger direct accrot les possibilitsdexportation de produits intermdiaires et de servicestels que la conception et la recherchedveloppement.LetransfertdetechnologieetdesavoirsassocilIEDtend influer sur lavantage comparatif dun pays aucoursdutemps.Lesrelationsfinanciresinternationalespeuventaccrotrelesfluxcommerciauxenrduisantlesasymtries dinformation entre les exportateurs et lesimportateurs.

    Dans la mesure o linvestissement et le commerce sont complmentaires, des rgles mondiales en matire dinvestissement pourraient assurer une rpartition plus efficace des ressources travers les frontires, ce qui devrait aussi favoriser le commerce .

    Les accords bilatraux ou rgionaux, de plus en plusutilisspourrgirlinvestissementinternational,risquentdecrerdesdivergences rglementaires.Unensemblede rgles multilatrales en matire dinvestissementpourrait y remdier, tout en offrant plus de possibilitsdinvestissement aux petits pays pour lesquels lesrseauxbilatrauxpeuventtredfavorables.

    Technologie

    La gographie du progrs technologique est en train de changer. De nouveaux acteurs apparaissent aux cts des pays qui conduisent le progrs technologique, et le transfert de technologie se fait plus rgional.

    Au cours des dernires annes, la gographie delinnovation dans le monde a connu de profondschangements. Bien que la fracture technologiquepersisteentrelespaysrevenulevetlespaysfaiblerevenu, les dpenses de RD sont devenues moinsconcentres. En gnral, les donnes empiriquesconfortent lide que les retombes internationalestendent tre localises, bien que le degr delocalisation ait diminu au cours du temps. Cela peutsexpliquer,entreautres,parlimportancecroissantedesrseauxdeproductioninternationauxdanslecommerce.Toutefois,commecesrseauxtendenttrergionaux,les retombes technologiques sont plus fortes lintrieur des rgions quentre elles. Lune des

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    RSUM ANALYTIQUE

    consquencesdecesretombesrgionalesplusfortespourraittreledveloppementdegroupesdepaysdontles niveaux technologiques se ressemblent de plus enplus (clubs de convergence). Cela pourrait entraneruneprogressionducommerceintrargional, lapparitiondintrtsconomiquespartagsetlerenforcementdesinstitutionsrgionales.

    Bien que lessentiel de linnovation se produise encore dans le secteur manufacturier, la R-D dans les services progresse plus vite depuis le dbut des annes 1990.

    Les dpenses de RD sont trs concentres. Prs de90% de linvestissement dans la RD a lieu dans lesecteur manufacturier, dans quelques industries, parmilesquelles les produits chimiques, les machineslectriques et non lectriques (incluant les TIC) et lematriel de transport. Nanmoins, la RD dans lesservicessestaccruepour lesservices forte intensitde connaissances (SEFIC), et elle pourrait la longueremplacer le secteur manufacturier comme moteur delinnovationmondiale.

    Le progrs technologique est un facteur important pour expliquer les changes. La technologie influe sur le commerce en dterminant lavantage comparatif et en rduisant les cots commerciaux.

    Lespaysfontducommerceenfonctiondeleurefficacitrelative,et les retombesenmatiredeconnaissancescrent des forces dagglomration qui faonnent lecommerce. Un pays aura tendance exporter lesproduits pour lesquels il a un avantage sur le marchintrieur cestdire les produits dont la demandeintrieureest laplusforte.Linnovationtechnologiqueaaussi eu une incidence notable sur les cotscommerciauxaveclapparitiondesavionsraction,dela conteneurisation, des avances en matire delogistiqueinformationnelleetdesTIC.

    Il existe une relation rciproque entre la technologie et le commerce. La technologie fait avancer le commerce, et le commerce est lun des facteurs qui dterminent le progrs technologique.

    Le commerce influe sur le progrs technologique parlincitationinnoveretletransfertdetechnologie.Parmiles incitations innover qui sont influences par lecommerce pour les entreprises figurent la taille dumarch (effets dchelle positifs), la concurrence (effets ambigus de la concurrence) et les retombestechnologiques (effets ambigus de limitation). Lecommerce influe aussi sur les institutions quidterminent les incitations conomiques auxquellessont exposes les entreprises. Les importations deproduits technologiques de pointe donnent accs auxtechnologies quils contiennent. Le commerceinternationaloffreenoutreuncanaldecommunicationqui favorise lapprentissage transfrontires desmthodesdeproduction,de laconceptiondesproduitsetdesconditionsdemarch.Lexportationestgalementuncanaldetransmissiondestechnologies.

    Parmi les autres facteurs qui agissent sur le progrs technologique figurent les droits de proprit intellectuelle, la circulation des facteurs de production et la capacit dabsorption des pays.

    Le progrs technologique est influenc par la soliditdes droits de proprit intellectuelle. Les argumentsthoriqueset lesdonnesempiriquesquiconcernentlarelationentre laprotectionde laproprit intellectuelleet le progrs technologique sont contrasts. Il y adautres dterminants importants du transfert detechnologie comme les flux dIED, la circulation despersonnesetleschangesdirectsdeconnaissancesautravers des achats de technologies ou de loctroi delicences. La diffusion internationale des technologiesnest pas automatique. Les diffrences en matire decapacit dabsorption observe entre les pays rvlentdes facteurs explicatifs tels que la facilit de faire desaffaires et la qualit des systmes denseignementsuprieur.

    Dans lavenir, les pressions en faveur de certaines politiques intrieures pourraient sintensifier.

    Si le processus de fragmentation de la production sepoursuit ou sintensifie, les gouvernements seront deplus en plus soumis des pressions pour adopter despolitiques favorables lintgration des industriesnationales dans les chanes de productioninternationales. Ces politiques peuvent inclure dessubventions la RD, des investissements danslinfrastructureetlerenforcementdelaprotectiondelapropritintellectuelle.Laperceptionduneinadquationentrelecontexteoprationneletlergimerglementairepeutaussiaccrotrelademandedelindustrieenfaveurde rgles internationales portant sur des questionstellesquelaconcurrence.

    Les innovations technologiques peuvent aussi dplacer les activits commerciales entre les pays et entre les grandes et les petites entreprises.

    En individualisant la production, limpression 3D peutpermettre aux PME daccder plus facilement auxmarchs dexportation. En rduisant limportance descotsdutravaildanslavantagecomparatif, larobotiquepeut inciter relocaliser certaines activitsmanufacturires dans les pays dvelopps. LInternetaura aussi des effets sur les modalits dachat et deventedanslesecteurdelaventeaudtail.

    nergie et autres ressources naturelles

    La possibilit de disposer de ressources en nergie, en terre et en eau a un effet dcisif sur le volume, la structure et la croissance du commerce international, surtout dans un monde o ces ressources sont ingalement rparties.

    Le lien entre les dotations nationales en ressourcesnaturelleset lesexportationsestaisconstaterdanslecasdelnergieetdelaterre,mais ilestmoinsdanslecasdeleau.Engnral,lespaysquiontdesrserves

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    nergtiques et des terres tendent exporter desproduitsquiutilisentintensivementcesfacteurs.Dufaitde la rpartition internationale ingale des ressources,un pays peut tre tent dexploiter son pouvoir sur lemarchenimposantdesrestrictionslexportation.Unebaissedeloffreduneressourcenaturellesurlemarchinternational au moyen de restrictions lexportation,parexemple,peutentranerunehausseduprixmondialde cette ressource et procurer au pays exportateur ungaindestermesdelchange.Alorsque5%peinedeschanges mondiaux sont viss par des taxes lexportation, ce pourcentage est plus de deux foissuprieur,11%,pourlesproduitsissusdesressourcesnaturelles.Surlensembledesrestrictionslexportationnotifies lOMC, plus dun tiers sappliquait ce typede produits. Les pays ayant des rserves abondantespeuvent aussi utiliser le contrle sur leurs ressourcespourappuyerdesobjectifsstratgiquesetgopolitiques.Dans la mesure o ces motivations contribuent destensions internationales, elles ajoutent une prime derisque aux prix des ressources naturelles, tout en lesrendantplusvolatils.

    La hausse et la volatilit des prix des ressources naturelles comme le ptrole peuvent avoir des effets ngatifs importants sur lactivit conomique et le commerce international.

    Commeleptroleestunimportantfacteurdeproductionetquilnaguredesubstitutscourtterme,unehaussedesonprixrduit laproductionetralentit lacroissancedans les pays importateurs nets dnergie. Elle devraitaussi accrotre la production et acclrer la croissancedanslespaysexportateursnetsdnergie,maiscelanecompensera pas ses consquences ngatives sur lesconomies importatrices nettesde ptrole. Engnral,unehaussedesprixdelnergierenchritlesproduitsforte intensit dnergie et rduit la demande de cesproduits, ce qui modifie la composition des changespourdenombreuxpays.Lavolatilitdesprixduptroletendrduire lesfluxcommerciaux,carelleaccrot lesrisquessubispar les importateurs.Lincertitudequantlvolution future des prix du ptrole conduit lesmnages reporter leurs achats de biens deconsommation durables et les entreprises reporterleursdcisionsdinvestissement.Ilenrsulteunebaissedelademandeglobaleetdesimportationstotales.

    Les possibilits de substitution et lvolution technologique dtermineront en grande partie la mesure dans laquelle le caractre fini de certaines ressources naturelles influera sur la croissance conomique et le commerce.

    Le caractre puisable de certaines ressourcesnaturelles cause souvent une certaine inquitude quinest peuttre pas entirement justifie. Les rservestotalesdepresquetoutes lesressourcespuisablesnesont pas connues avec certitude. Avec des incitationsconomiques appropries, il est possible de lesmainteniroude lesaugmentergrce lexploitationdegisementsinitialementconsidrscommeinaccessiblesdupointdevueconomique.Cestainsique,durant les

    30 dernires annes, le stock de rserves ptroliresdont lexistence est prouve a augment de plus de140%, tandis que le rapport entre les rserves et laconsommation mondiale est pass de 11 19.Linnovation peut aussi rendre plus efficace lutilisationdune ressourcepuisableet rduire soncotmarginaldextraction. De nouvelles mthodes dexplorationpeuventrendreplusprobablesdenouvellesdcouvertesgologiques. La technologie peut permettre deremplacer des ressources non renouvelables par desressourcesrenouvelables.Nanmoins,mesurequelesressources naturelles puisables diminueront, les paysdots de vastes rserves verront leur avantagecomparatif sroder pour les lignes de produitsconcernes.

    Lextraction et la consommation de ressources naturelles peuvent avoir des effets ngatifs sur lenvironnement.

    Lexempleleplusgravedexternalitngativeassocielutilisationdesressourcesnaturellesest lacombustiondes nergies fossiles. De nombreux pays ont pris desmesures,tanttunilatrales,tanttenconcertationavecdautres,pourattnuerlesconsquencesdesmissionsdecarbone.Lapolitiquede luttecontre lechangementclimatique dterminera de faon dcisive lvolutionfuture des prix de lnergie et la mesure dans laquellelconomie mondiale continuera de dpendre descombustibles fossiles. Par ailleurs, les diffrences derigueur entre les politiques de lutte contre lechangement climatique adoptes par les tats peuventsusciterdesproccupationsenmatiredecomptitivit,surtoutdanslessecteursforteintensitdnergie.

    Il est prvu que les besoins nergtiques augmentent de prs dun tiers dici 2035, laccroissement de la demande venant essentiellement des conomies mergentes. Le dveloppement rapide du gaz de schiste aux tats-Unis bouleversera les courants dnergie mondiaux et la structure du commerce ptrolier international. Il est nanmoins probable que les prix de lnergie augmenteront lavenir, tout comme il est probable que leau se rarfiera dans certaines parties du monde.

    Les combustibles fossiles continueront de rpondre lessentiel des besoins nergtiques mondiaux, avecunehaussedelapartdugaznaturel.Laugmentationdeloffredegaznaturel viendrapresqueexclusivementdela production de gaz de schiste. Les tatsUnisdeviendrontexportateurnetdegaznaturel,tandisquelademandepour leptroleduMoyenOrient viendrasansdoute de plus en plus de lAsie. Ces volutionsentranerontdeschangementsdans lacompositiondeschanges.

    Les populations de lAsie du Sud et du MoyenOrient,ainsi que de larges pans de celles de la Chine et delAfrique du Nord, verront leurs ressources en eau serarfier. Elles devront importer de plus en plus deproduitsalimentairesetagricoles,cequipourraitarrter,

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    RSUM ANALYTIQUE

    voire inverser, la baisse long terme de la part desproduits alimentaires et agricoles dans le commerceinternational.

    Cots de transport

    Les cots de transport influent sur le volume, la rpartition gographique et la composition des changes internationaux.

    Les cots de transport crent un cart entre le prixdorigine et le prix de destination, de sorte que leuraugmentation rduit le volumedeschanges.Enoutre,sils sont facturs par unit plutt queproportionnellement au prix des marchandiseschanges, leur augmentation tend faire baisser lapartdesproduitsdebassequalitetdesproduitsayantun faible ratio valeur/poids dans le commerceinternational. Une baisse des frais de transport peutlargir lagammedesmarchandisesdisponiblespour lecommerce international. Par exemple, des estimationsde pays dAmrique latine indiquent quune baisse de10% des cots de transport moyens se traduirait parune augmentation de plus de 10% du nombre deproduits exports et par une augmentation de 9% dunombredeproduitsimports.Lesfraisdetransportsontgalement sensibles au facteur temps, et ce fait a prisde limportance avec le dveloppement des chanesdapprovisionnement internationales, de la gestion desstocks juste tempsetde ladistribution flux tendus.Desestimationsempiriquesmontrentquunretarddunesemainedanslalivraisondesexpditionspeutentranerune rduction du volume des exportations dans uneproportion pouvant aller jusqu 7%, ou uneaugmentationduprixdesmarchandiseslivresde16%,pourcentage qui peut atteindre 26% dans le cas desmarchandises particulirement sensibles au facteurtemps.Labsencedelittoraletlloignementparrapportaux marchs augmentent notablement les frais detransport.Leslmentsdontondispose indiquentque,en moyenne, labsence de littoral rduit le volume deschanges denviron 40%, tandis quune augmentationde la distance entre les partenaires commerciauxentrane une diminution des changes bilatrauxdenviron9%.Ltendueet la qualit de linfrastructuredetransportdanslespaysdorigine,dedestinationetdetransit ont galement une incidence majeure sur lesfrais de transport. Une infrastructure de transportmdiocre est trs dsavantageuse. Par exemple, unpays qui du fait de la qualit de ses infrastructuresroutires est plac au 75me rang centile au niveaumondial, cest dire dans les trois quarts infrieurs,auraitdescotsdetransportsuprieursde12pointsdepourcentage ceux du pays mdian. En consquence,son commerce sera en moyenne infrieur de 28% celuidupaysmdian.

    Le secteur des transports est une industrie de services dont lefficacit dpend en partie du niveau de concurrence qui y est autoris.

    Labsence de concurrence peut tre due lexistencedun monopole naturel, mais les politiques publiques

    peuventaussijouerunrlenonngligeable.Danslecasdu transport maritime, par exemple, le march dutransportdeligneestlabridesloisantitrustnationalesdepuis ledbutduXXesicle,enraisonnotammentdudsirderduirelavolatilitdesprix.Maiscetterductionde la volatilit des prix a eu pour contrepartie uneaugmentation des tarifs de fret et une diminution desvolumes dchanges. Cest ainsi que les pays endveloppement, o la concurrence est limite dans lesecteur des transports maritimes, payent jusqu 30%de plus de frais de transport, ce qui quivaut unerduction des changes denviron 15%. Uneintensification de la concurrence se traduiraitprobablement par des gains defficacit importants.Danslecasdutransportarien,lestudesralisessurles accords ciel ouvert tendent montrer quils ontrduit les prix de transport et augment les quantitstransportes.

    Linnovation contribue de faon importante la rduction des cots de transport.

    Lemoteurractionadivisparplusdedix lecotdutransport arien. La conteneurisation dans le transportmaritime a donn naissance un systme demanutention automatise des marchandises et autransportmultimodal,quiontrduitlesdlaisdelivraisonetlesontrendusmoinsincertains.

    Les procdures et les contrles douaniers et les autres formalits la frontire auxquels est soumis le mouvement des marchandises franchissant les frontires nationales peuvent crer des retards et accrotre les cots commerciaux.

    Limportance croissante du commerce sensible auxdlaisetdeschanesdevaleurinternationalesrendpluscoteux les retards la frontire et les autres retardsdus aux douanes. La facilitation des changes pourraitentraner une forte baisse des cots, ce qui expliquequelleconstitueunlmentimportantdesngociationsde Doha lOMC. Les mesures de facilitation deschangesactuellementngociesGenvepourraientrduiredeprsde10% lescots totauxducommercepour les seuls pays de lOCDE. De nombreux pays endveloppement et pays moins avancs souffrent defaon disproportionne des procdures coteuses lafrontire. On estime que le cot dimportation est pluslevdenviron20%dans lespays faible revenuquedans les pays revenu intermdiaire, et plus lev de20% supplmentaires par rapport aux pays revenulev.

    Le prix rel de lnergie, y compris les combustibles, augmentera sans doute long terme. Il est nanmoins possible de prendre des initiatives au niveau national et multilatral pour compenser cette augmentation.

    La hausse des prix de lnergie aura des effets plusdfavorables sur certains modes de transport que surdautres. Selon diverses estimations de la part descombustibles dans les cots de transport, il faut

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    sattendre une augmentation deux chiffres de cescots.Lecotdelnergieinflueaussisurlacompositiondu commerce des marchandises, car il peut avoir uneffet plus dfavorable sur les marchandises ayant unfaible ratio valeur/poids. Bien que les donnes soientloin dtre concluantes, le prix lev du ptrole peutaussi dtourner le commerce des partenaires plusloignsauprofitdesrgionsvoisines.

    Lesinitiativesquipermettraientdefairefacelahaussedu cot des combustibles consistent notamment dvelopper et amliorer linfrastructure de transport, menerbienlesngociationsdeDohasurlafacilitationdeschanges,intensifierlaconcurrenceetsoutenirlinnovation.Ilexistedevastespossibilitsdamliorationdans ces domaines pour compenser la hausse futuredesprixdelnergie.Siaucunprogrsnotablenestfait ce sujet, laugmentation attendue du prix descombustibles risque de se traduire par une hausse long terme des frais de transport. Il en rsulterait unralentissement de la croissance des changes, unergionalisation accrue du commerce, un changementdans la composition des changes en faveur desproduits de haute qualit et de ceux qui ont un ratiovaleur/poids plus lev, une baisse de la part desproduitssensiblesaufacteurtempsdansleschanges,une diminution de la varit des produits, undplacement du commerce des marchandises vers lecommerce des services et une dpendance accrue lgardducommercedestechnologies,desidesetdesprojets, car ceuxci nexigent que peu de services detransport.

    Institutions

    Les institutions comprennent les normes sociales, les lois ordinaires, les rglements, les constitutions politiques et les traits internationaux dans le cadre desquels les politiques sont dtermines et les changes conomiques sont structurs.

    Le prsent rapport analyse trois ensemblesdinstitutions: les institutions politiques telles que laformedegouvernementet les frontirespolitiques; lesinstitutionsconomiquestellesquelaqualitdurgimerglementaire et la primaut du droit; et les normesculturelles telles que celles inscrites dans les valeurssociales.

    long terme, il existe une relation rciproque entre le commerce international et les institutions.

    Dunepart,lesinstitutionssontunfacteurquidterminele commerce. Les diffrences institutionnelles crentdescotsdetransaction.Ellespeuventaussiconstituerle fondement de lavantage comparatif dans certainssecteurs ou certaines tches de production. Lesinstitutions nationales et internationales dterminent lamanire dont les politiques commerciales et lies aucommerce sont tablies et ngocies. Dautre part, lecommerceinternationalestunimportantdterminantdudveloppement institutionnel dans les domainespolitique,conomiqueetculturel.

    Le commerce international peut tre li au systme de gouvernement.

    Certaines tudes constatent que les politiquescommerciales ouvertes tendent tre associes desrgimesplusdmocratiques,maiscetterelationnestpasconfirmepourunnombreconsidrabledepays.Certainsaffirment mme le contraire. En outre, la relation peutfonctionner en sens inverse: la forme de gouvernementpeut tre influence par louverture des changes. Lamondialisation modifie les prix des facteurs et peutredistribuer la richesse et le pouvoir conomique entrelesgroupessociaux,crantventuellementdespressionsenfaveurdunchangementpolitique.

    Les frontires politiques font obstacle au commerce international, mais elles ragissent aussi lvolution de lenvironnement commercial.

    Les frontires politiques crent diffrentes formes decots de transaction qui ont des effets ngatifs sur lecommerce international. La littrature empiriqueconstate que cet effet frontire est loin dtrengligeable pour les seuls pays industrialiss, onestimequelesfrontiressetraduisentparunerductiondeschangesde30%.Dunautrect,lamondialisationremanie les frontires nationales. Lintgrationconomique modifie le calcul de la souverainetnationale, donnant naissance des forces la foiscentrifugesetcentriptes.Lacoexistencedecesforcescontribue expliquer le nombre grandissant de payssouverains au cours des 60 dernires annes et lacroissance parallle des institutions supranationales.Limportance grandissante des chanes de valeurinternationales, associe un approfondissement desaccordscommerciaux,tmoignedelarelationcomplexeentre lvolution des frontires et de la souverainet etlecommerceinternational.

    Des institutions conomiques fortes favorisent lintgration internationale et sont une source importante davantage comparatif.

    Les institutions qui garantissent la valeur des contrats,protgent les droits de proprit, dfendent desrglementationsefficacesetgarantissentlerespectdelaloi crentdes incitationsauxchangesen rduisant lescotsdetransactionetlescotsassocislincertitude.Lespaysdotsdemeilleures institutionssespcialisentdans la production de produits plus complexes pourlesquels un environnement contractuel rsilient estessentiel.Lesdonnesempiriquesdisponiblesconfirmentlimportancedelarelationentrelescotscommerciauxetla qualit des institutions. La qualit des institutionsconomiquesest galement associe la possibilit desintgrer dans les chanes de valeur internationales etdattirerdesinvestissementstrangersdirects.

    Les diffrences dans les institutions informelles peuvent crer des cots susceptibles de limiter le commerce international. Mais ces cots peuvent tre attnus par des relations commerciales long terme et par la prsence daccords profonds.

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    RSUM ANALYTIQUE

    Outre les institutions formelles, les institutionsinformelles telles que les normes et les conventionssociales (en un mot, la culture) structurent lesinteractions humaines et ont donc une influence sur lecommerce international. Les diffrences culturellespeuvent tre corrles ngativement avec les fluxcommerciaux. Des institutions informelles diffrentespeuvent constituer un obstacle implicite au commerce,carellescrentdescotsdetransactionetdinformationet peuvent affaiblir la confiance entre les agents. Parcontre, long terme, le commerce international est unvecteur de transmission culturelle et contribue instaurer la confiance entre des communautshtrognes. Il est galement possible de mettre enplace des structures institutionnelles formelles pourcombler les diffrences institutionnelles informellesentrelespays.

    Voir page 116

    D. Ouverture des changes et contexte socioconomique gnral

    Lecommercesedrouledansuncontexteconomique,socitaletpolitiquepluslarge,quirevtuneimportancepour lesdcisionsenmatiredepolitiquecommerciale.Historiquement, ces dcisions ont souvent tinfluences par des proccupations sociales etmacroconomiques. Les deux thmes figurent denouveauaupremierrangdesproccupationspolitiques.Un autre sujet qui a rapidement gagn en importancedans les dbats nationaux, rgionaux et mondiaux surlespolitiquesestceluideladurabilitenvironnementale.

    Proccupations sociales : ingalits et chmage

    Il est de plus en plus important que les politiques soient perues comme favorables lemploi pour emporter ladhsion du public.

    Depuisquelquesannes, lemploiestunenjeupolitiquemajeur. Cest une proccupation gnrale, mais sesmotifs diffrent selon les pays. Certains luttent pourfaire baisser le chmage qui a atteint des niveauxrecords pendant la Grande Rcession. Dautrescherchent des moyens dabsorber les importantescohortesde jeunes travailleurs sur lemarchdu travailformeloudefaciliterlintgrationdestravailleursrurauxaumarchdutravailurbain.

    Le commerce est bon pour lemploi, mais peut imposer un ajustement du march du travail.

    Louverture des changes contribue la crationdemploisnouveauxetdequalit,enparticulierdanslesentreprises qui russissent sintgrer aux marchsmondiaux. Mais elle pse sur les emplois dans lesentreprises non comptitives et peut provoquer ladisparition de certains dentre eux. Cest pourquoi leprocessus dajustement conscutif une rformecommerciale peut entraner une augmentation duchmage. Toutefois, les donnes empiriques indiquentqu long terme, louverture commerciale auraprobablementdeseffetspositifssurlemploi.

    Le commerce, et plus gnralement la mondialisationfacilitent ladiffusiondes idesetdes innovations.Celacontribue la croissance conomique, en particulierdans les pays qui sont en train de rattraper leur retardtechnologique.Nanmoins,ladiffusiondesidesetdesinnovations impliqueaussiunevolution technologique.Cest pourquoi lintgration russie aux marchsmondiauxobligelesindividusetlessocitssadapteren permanence lvolution de lenvironnementconcurrentiel.

    Les difficults dajustement diffrent selon les pays et dpendent notamment de leur niveau de dveloppement.

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    Lanatureetlampleurdesdifficultsliesaumarchdutravail diffrent selon les pays. Ceux qui ne sont pasencore bien intgrs aux marchs mondiaux devront,pourrussir leur intgration,procderuneimportanterestructuration conomique, probablement enrorientantlemploidelagricultureverslindustrieetlesservices.Cestlecasdenombreuxpaysfaiblerevenu,enparticulierlesPMA.Plusieursconomiesmergentespourraient tre confrontes au double dfi de devoiremployer les nombreux travailleurs ruraux, tout envoluant vers des activits plus forte valeur ajoute.Compte tenu de lvolution constante de lavantagecomparatif et des technologies, des pressions lajustement pourraient aussi persister sur les marchsdutravaildespaysindustrialiss.

    Le processus dajustement est galement influenc par la rpartition des revenus lintrieur des pays et peut tre entrav par les ingalits.

    Lesfaitsmontrentquelesingalitssesontaccentuesdans de nombreux pays au cours des deux derniresdcennies. La rpartition des revenus est importantepour le commerce, car elle a un impact sur lavantagecomparatif et sur les modes de consommation. Lesingalitspeuvententraverlajustementdelconomielvolution de la politique commerciale ou delenvironnement concurrentiel, en particulier dans lesconomies o les marchs financiers ne fonctionnentpasbien.

    Les politiques qui renforcent la capacit dadaptation des conomies face lvolution de lenvironnement concurrentiel peuvent procurer des avantages considrables sur le plan conomique en termes de soutien public la rforme commerciale.

    Despolitiquesdducationetdeformationbienconuespeuventjouerunrleimportantenfacilitantladaptationau changement et en allgeant les contraintes pesantsur les individus.Dessystmesdeprotectionsocialeetune politique active du march du travail peuventgalement jouer un rle important. Les politiques quiinstaurent un environnement plus favorable auxentreprises peuvent tre particulirement bnfiques,car elles contribuent la cration demplois. Plusgnralement, des initiatives comme lAide pour lecommerce, qui visent renforcer la raction de loffre,peuventaccrotrelacapacitdusystmemultilatralderpondreauxdfissurlemarchdutravail.

    Proccupations environnementales

    Pour passer un dveloppement durable, il faut grer avec soin les multiples aspects de la relation entre le commerce et lenvironnement.

    Louverture du commerce et la protection delenvironnement sont deux lments cls dudveloppementdurableet lespolitiquesdanscesdeuxdomainesdevraientcontribuerunemeilleureutilisationdesressources.Audeldecespointscommunsdordregnral, le commerce et lenvironnement ont des

    interactions complexes, avec des liens multiples et deseffets de rtroaction mutuels. Si elles ne sont pasgresavecsoin,cesinteractionspeuventdonnerlieudes tensions, qui peuvent compromettre la contributiondes changes la croissance conomique et audveloppementdurable.

    Le commerce peut avoir des effets positifs ou ngatifs sur lenvironnement. Le protectionnisme commercial ne permet pas dattnuer les effets ngatifs, car il prive la communaut internationale, non seulement dun moteur de croissance conomique, mais aussi des gains environnementaux associs une plus grande efficience.

    Le commerce entrane un ensemble complexe dechangements et son effet net sur lenvironnement napastmesurdemanirefiable.Laforteaugmentationdu commerce mondial au cours des trois derniresdcenniesaattir lattentionsur leseffetsdchelleducommercesurlaqualitdelenvironnement.

    Ilrestedenombreusespossibilits,encoreinexploites,daccrotre les gains environnementaux dcoulant ducommerce.Lecommercepeutinduiredeschangementsdans les mthodes de production des biens et desservices, qui peuvent rduire lintensit de pollution etlintensit nergtique de la production, ainsi que leseffetsdchelleducommerce.Ceseffetspositifsnesemanifesteront pas automatiquement. Ils dpendrontde nombreux facteurs, notamment de louverture durgime commercial, de la qualit des politiquesenvironnementales et dautres facteurs institutionnels.Cela souligne limportance et lurgence des toutespremires ngociations multilatrales sur le commerceet lenvironnement, dans lesquelles les Membres delOMCcherchent rduireouliminer lesobstaclesaucommercedesbiensetservicesenvironnementaux.

    Letransportagalementreuuneplusgrandeattentionen raisondesacontributionauxmissionsdecarbone.Bienquelessentielducommercereposesurletransportmaritime,modede transport leplusefficienten termesdmissions de carbone, on sattend ce que lestransports lis au commerce augmentent fortementdans lesprochainesdcennies,demmeque lescotsassocisauxmissionsquilsgnrent.

    Les politiques environnementales peuvent nuire la comptitivit de certaines entreprises et de certains secteurs, ce qui peut inciter les conomies ouvertes recourir un protectionnisme vert.

    Outreleseffetsdchelleducommerce,leseffetsdelapolitique environnementale sur la comptitivit ontoccupuneplaceimportantedanslesdbatsthoriqueset politiques sur linteraction entre le commerce etlenvironnement. Ces effets sont difficiles analyser,mais sont parfois perus comme une entrave larforme des politiques environnementales. Cesdernires ont invitablement une incidence sur lesmodes de production et de consommation, et peuventdonc avoir des effets ngatifs sur la comptitivit de

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    RSUM ANALYTIQUE

    certaines entreprises ou de certains secteurs. Lesgouvernements peuvent ragir la pression delindustrie en incorporant dans les politiquesenvironnementales des lments restrictifs pour lecommerce titredecompensationpour lesentreprisesetlessecteurstouchs.

    De plus en plus de gouvernements ont mis en place des programmes dincitations ambitieux en faveur de lenvironnement. Laccent mis sur divers objectifs de politique environnementale et industrielle pour justifier ces mesures pourrait compromettre leur efficacit environnementale et amplifier leurs effets potentiellement nfastes sur le commerce.

    Face aux proccupations concernant les cots deconformitassocisauxpolitiquesenvironnementales,lesgouvernements ont t de plus en plus nombreux promouvoir lacomptitivitverte.Dans lecadredecesefforts, plusieurs gouvernements ont mis en place desprogrammes dincitations en faveur des technologiesvertes,axssur lesnergiesrenouvelables.Cesmesuresonttjustifiesdediversesmanires,nonseulementparlesobstaclesparticuliersrencontrsdansledomainedesnergies renouvelables, mais aussi par des objectifs depolitiquepubliqueplus larges,comme lastimulationde lacroissance conomique et de la cration demplois et ladiversification des exportations. Le risque est quelimbrication des objectifs en matire denvironnement etde comptitivit verte peut rendre ces incitations plusvulnrablesaucomportementdesgroupesdepressionet la recherche de rente, ou entraner une mauvaiseconception des politiques en raison du manquedinformations pour raliser des objectifs multiples (etsouvent imprcis). Cela pourrait accentuer les effetsngatifssurlecommercedecertainesmesuresdincitationetcompromettreleurefficacitenvironnementale.

    Lapparition dune mosaque de politiques environnementales rgionales, nationales et infranationales pour faire face aux problmes environnementaux mondiaux, comme le changement climatique, compliquera la gestion future de la relation entre le commerce et lenvironnement.

    Cettemosaquede rgimespeut fairecraindreunepertede comptitivit des entreprises et des secteursconsommantbeaucoupdnergieetexpossaucommerce,cequipeutentranerunrisquedefuitedecarbonequeles pays peuvent essayer de grer en largissant latarification du carbone aux importations. Il est probableque ce type de politique de second rang aggrave lestensionsinternationalesetrisquedemlangerlesobjectifsenvironnementaux et protectionnistes. Cest un mauvaissubstitutdelacooprationinternationaledansledomaineduchangementclimatique.

    Les dcisions prises individuellement et collectivement par les conomies ouvertes pour grer la relation entre le commerce et lenvironnement ont des implications importantes pour lavenir du commerce international et de lOMC.

    Des efforts collectifs conduisant ladoptiondapproches concertes pour faire face aux problmesenvironnementaux mondiaux limiteraient la probabilitdun conflit entre les rgimes. Toutefois, cela veut direquelvolutionfuturedelarelationentrelecommerceetlenvironnement pourrait dpendre dune cooprationmultilatrale renforce lOMC et dans le cadre durgimedegouvernanceenvironnementaleinternationalemondiale.

    Proccupations macroconomiques et financires : financement du commerce et fluctuations montaires

    Les chocs macroconomiques et financiers naffectent le commerce long terme que sils modifient les fondamentaux.

    La crise financire de 20082009 pourrait avoir deseffets long terme si elle entrane une contractiondurable du secteur financier ou des fluctuations nontemporairesdestauxdechange.

    Le financement est ce qui permet de huiler les rouages du commerce. La crise financire a eu une incidence ngative sur loffre de financement du commerce bien que celui-ci soit normalement peu risqu.

    Les crises financires affectent loffre de crditscommerciauxenraisondelaperceptiondunrisquepluslev et des difficults de refinancement sur lesmarchs montaires. Pour empcher leffondrement dumarchdufinancementducommerceen20082009,leG20 est intervenu en offrant jusqu 250 milliards dedollars EU de liquidits supplmentaires et de moyensdattnuation des risques, dont les deux tiers ont tutilissparlesoprateurscommerciaux.

    Bien que le march du financement du commerce sesoitredressrapidementaprslacrisesurlesprincipauxmarchs, les problmes rencontrs par les oprateurscommerciauxdespaysfaiblerevenupouraccderunfinancementducommerceuncotabordablesesontaggravs.Lesbanquesmultilatralesdedveloppementont dvelopp un ensemble de programmes defacilitation du financement du commerce visant soutenir les transactions commerciales sur le segmentbas du march du financement du commerce. Cesprogrammes font lobjet dune demande croissante, cequitmoignedudficitdumarchdanscespays.

    La rduction de limportance du secteur financieropreactuellementrisquedentranerunerductiondeloffredefinancementducommerce.Ledsendettementpeutavoirdeseffetsngatifssur lecommercesi loffrede crdits est rationne afin de respecter les ratiosprudentiels.

    Le nouveau systme prudentiel devrait rtablirlincitation sengager dans des activits bancairessres et peu risques comme le financement ducommerce. Dans ce cas, les prts seraient rorients

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    vers le financementde lconomie relle,notamment lefinancementducommerce.Lesorganismesmultilatrauxdevront resterengagsdansce financement, aumoinspour combler les lacunes structurelles sur le segmentinfrieurdumarch.Ilfaudraentretenirundialogueavecles organismes de rglementation pour faire en sorteque le financement du commerce soit reconnu commeune formede financement favorableaudveloppementetpeurisque.

    Lincidence des taux de change sur le commerce peut tre analyse travers les fluctuations montaires et les niveaux relatifs des monnaies, aussi appels dsalignements .

    Globalement, la volatilit des taux de change a deseffets ngatifs, bien que limits, sur les fluxcommerciaux. Elle augmente le risque commercial etlincertitude et peut influer sur la dcision dentrer ounonsur lesmarchstrangers.Ltenduedeceseffetsdpendduncertainnombredefacteurs,notammentdelexistence dinstruments de couverture, de la structuredelaproduction(parexemple,prdominancedespetitesentreprises)etdudegrdintgrationconomiqueentrelespays.

    pluslongterme,lasituationestmoinsclaire.Selonlathorieconomique, lorsque lesmarchssontexemptsdedistorsions,undsalignementdestauxdechangenaaucuneffetlongtermesurlesfluxcommerciauxcarilne modifie pas les prix relatifs. Toutefois, des effets longtermesontprditspardesmodlesquisupposentdes distorsions du march. court terme, quandcertainsprixdanslconomiesontrigides,lesvariationsdestauxdechangenominauxpeuventmodifier lesprixrelatifsetaffecter les fluxcommerciaux internationaux,mais cela dpend de plusieurs facteurs. Lesdsalignements persistants des taux de change sontsource de tensions systmiques dans le commerceinternational car elles alimentent la perception duneconcurrence dloyale, ce qui pousse les Membres recourir des mesures de politique commerciale pourremdierauxdsquilibresmontairesperus.Onpeutsattendrecequelaquestiondestauxdechangeresteouverte pendant un certain temps dans le systmecommercial mondial, ce qui traduit la ncessitdamliorerlacooprationmontaire.

    Voir page 224

    E. Perspectives pour la coopration commerciale multilatrale

    Le prsent rapport a identifi un certain nombre de tendances dans la nature, la composition et la gographie du commerce, ainsi que dans lenvironnement commercial, ce qui cre des dfis pour le systme commercial multilatral.

    Parmi les principales tendances examines, figurentlmergencedeschanesdevaleurmondiales,lamontede nouvelles formes de rgionalisme, la croissance ducommerce des services et le renforcement des liensentre le commerce des marchandises et le commercedesservices.Ilfautmentionneraussilahaussedesprixdesproduitsdebaseet leurvolatilitaccrue, lessordeplusieurs conomies mergentes, les proccupationscroissantes au sujet des effets sociaux etenvironnementaux du commerce, et le risque croissantdetensionentrelesrglesdelOMCetcellesdesautresorganismesinternationaux.

    Comme dans le pass, lOMC devra faire face ces dfis et sadapter aux ralits du XXIe sicle.

    Les questions traditionnelles daccs aux marchs resteront lordre du jour.

    En ce qui concerne les droits de douane, les prioritssont,entreautres,desortirdelimpassedansledomainede laccs aux marchs et de multilatraliser les droitsprfrentiels.Plusieursraisonsexpliquentlimpassedesngociationssur laccsauxmarchs.Pour trouverunesolution, il pourrait tre ncessaire de redfinir letraitement spcial et diffrenci afin de mieux tenircompte des diffrences entre les pays endveloppement. Cela pourrait sinscrire dans le cadredun rexamen du rle de la rciprocit dans lesngociations.

    Pour sortir de limpasse, il faudrait aussi mieuxcomprendre la valeur des consolidations et de larductioncorrespondantedelincertitudeenmatiredepolitique commerciale. Dans le mme temps, il faudraitexaminer lespropositions visant rduire leseffetsdedistorsion des changes des rgles dorigineprfrentielles. Certaines des mesures envisagesdevraient tre prises au niveau des ACPr, mais lOMCpourrait jouerunrlecentralenadoptantuneapprochedescendantecomplmentaire.

    Sagissant des mesures non tarifaires, lOMC devrapoursuivreseseffortspouraccrotre latransparenceetamliorer les mcanismes existants. Pour cela, ilpourrait tre ncessaire de modifier les incitations respecterlesobligationsdenotification,etderenforcerles mcanismes dexamen et de suivi. Outre latransparence, la convergence rglementaire devrarecevoir une plus grande attention. Les Membres delOMCdevrontrexaminer lesdispositionsexistantesetvoir sil est ncessaire dadopter des disciplines

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    multilatrales pour combiner de manire approprie laconvergencergionaleetlaconvergencemultilatrale.

    LOMCdoit galement trouverdesmoyensdaffiner lescritres actuellementutilisspour faire ladistinctionentre les mesures lgitimes et les mesuresprotectionnistes. Enfin, une question spcifiqueconcernantlesMNTatidentifiecommedevantfairepartieduprogrammede travailde lOMC,savoircelledu rquilibrage ncessaire dans lattention accordeaux obstacles limportation et aux restrictions lexportation.

    Pour faire face aux dfis lis la servicification dusecteur manufacturier, il a t propos dtablir desmcanismespourfaireensortequelesngociationssurles services tiennent compte de la position desfabricants et que les ngociations sur louverture desmarchs pour les marchandises et les services ne sedroulent pas sparment, avec lchangedengagements dans un domaine contre desengagementsdanslautre.Lespropositionspourreleverles dfis dans le domaine des services lis linternationalisation des chanes de valeur et laprolifration des politiques publiques sont trssemblables celles qui sont mentionnes plus hautconcernantlaprolifrationdesMNT.

    De nouvelles questions se profi