RAPPORT DE STAGE URGENCE BENIN - … · groupe, la bureaucratie, la multitude des petits acteurs...

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IRRIGATION ADDUCTION D’EAU POTABLE REDYNAMISATION ECONOMIQUE TOGBOTA – BENIN – ETE 2008 RAPPORT DE STAGE URGENCE BENIN DOYELLE CAMILLE STAGE DE DEUXIEME ANNEE – ISTOM , AGRO-DEVELOPPEMENT INTERNATIONAL 1

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IRRIGATION

ADDUCTION D’EAU POTABLEREDYNAMISATION ECONOMIQUE

TOGBOTA – BENIN – ETE 2008

RAPPORT DE STAGEURGENCE BENIN

DOYELLE CAMILLE STAGE DE DEUXIEME ANNEE – ISTOM , AGRO-DEVELOPPEMENT INTERNATIONAL

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PLAN GENERAL

INTRODUCTION GENERALE : Page 3

- généralités - aperçu sur l’état en eau des ressources du Bénin - problèmes majeurs du secteur de l’eau - état de satisfaction des besoins en eau - connaissance et évaluation des ressources en eau - pour une gestion intégrée et durable des ressources en eau

PROJET EAU : Page 8

- introduction - hydraulique villageoise - population et milieu - les acteurs du projet et leur rôle – organigramme des activités pour un projet d’AEV - lancement du projet et réalisation - la gestion d’une AEV - étude de cas : visite d’une AEV - conclusion et recommandations

PROJET IRRIGATION : Page 32

- introduction - l’irrigation au Bénin - évaluation des options d’irrigation - mode de fonctionnement et coût d’un projet d’irrigation - exploitation et entretien - conclusion

PROJET COMMERCE EQUITABLE : Page 43 CONCLUSION GENERALE : Page 46 ANNEXES : Page 47

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INTRODUCTION GENERALE

1- Géneralités

Le Bénin, pays côtier de l’Afrique de l’Ouest au sud du Sahara, a des frontières avec le Nigéria à l’Est, le Togo à l’Ouest, le Niger et le Burina Faso au Nord. De relief peu accentué, le pays s’étend sur une superficie totale de 112 620 km² dont 23 220 km² de terres à vocation agricoles. Le Bénin est découpé en 12 départements administratifs comprenant 77 communes.

Selon l’Institut National des Statistiques et de l’Analyse Economique (INSAE), la population béninoise serait estimée à six millions d’habitant en 2004. Cette dernière est concentrée essentiellement au sud du pays, mais on note depuis quelques années un important exode rural : la population urbaine est passée de 11% en 1965 à plus de 45% en 2004 (INSAE 2004).

Au Bénin, la configuration socioculturelle varie du Nord au Sud en fonction des différentes ethnies existantes. Il faut rappeler qu’à chaque ethnie correspond un groupe socioculturel spécifique.

Du point de vue économique, la situation est d’une part critique avec le prix croissant des produits importés, notamment alimentaires nourrissant les problématiques de crise alimentaire, et du prix du pétrole grandissant ; et d’autre part, le contexte politique relativement stable permet l’installation de nombreux investisseurs étrangers. La proximité des pays voisins moins stables et des économies souterraines définitivement ancrées dans les voies commerciales béninoises sont également des facteurs influents sur le développement général du pays. La difficulté des artisans et commerçants à travailler en groupe, la bureaucratie, la multitude des petits acteurs pour un même projet, le manque de communication (transport et relationnel) sont autant d’autres éléments qui font stagner le développement du Bénin.

La région ouest-africaine est caractérisée par des Etats unitaires fortement centralisés fondés sur le principe d'Etat-Nation, hérité en grande partie de la colonisation européenne. Aussi, la mise en place des réseaux d'adduction d'eau potable dans les localités a le plus souvent relevé de processus centralisés entre les mains d'une seule société nationale détentrice d'un monopole. Plusieurs avantages sont avancés pour justifier une telle situation monopolistique.

L'un d'eux est que l'eau potable est une ressource vitale et que son traitement de même que sa distribution relèvent du service public. Ainsi, l'institution en charge ne doit pas seulement être guidée une pure rentabilité commerciale, mais plutôt avoir la vocation de délivrer un service public en acceptant notamment d'installer les infrastructures d'adduction d'eau dans les localités à rentabilité faible ou négative ; au nom de la contribution au développement économique et social du Bénin.

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Un autre argument de taille est l'uniformisation et l'efficacité de la chaîne de contrôle

de qualité. Cependant, la diffusion et l'efficacité des réseaux d'adduction d'eau en Afrique de l'Ouest ont souvent présenté les désagréments suivants (que nombre de consommateurs lient à la lourde machine bureaucratique de ces institutions monopolistiques) : lenteur dans la mise en place des réseaux d'adduction hors des capitales; intermittence de la distribution liée à une « gestion présumée hasardeuse » des équipements, du personnel et de la croissance de l'offre par rapport à celle de la demande ; et laisser-aller régulier dans le contrôle de qualité de l'eau distribuée.

Or voilà que ces éléments exclusifs se trouvent de plus en plus menacés par des forces qui bousculent les fondements même de l'Etat-Nation traditionnel. En effet, deux processus à sens contraire déferlent sur l'Afrique de l'Ouest, la décentralisation et l'intégration régionale (inter-états).

Ces deux processus, qui dépouillent l'Etat central d'une partie de ses pouvoirs, incitent de plus en plus les communautés et collectivités locales à mettre en place des réseaux d'adduction d'eau totalement autonomes des organismes traditionnels officiellement agréés.

Aujourd’hui il est intéressant de se poser nombre de questions sur les contraintes liées au potentiel de l’eau du Bénin en termes de répartition et gestion du pouvoir et des conflits, d'accessibilité des plus démunis, de contrôle de qualité ainsi que de rentabilité économique et de durabilité de façon plus générale.

On se propose dans cette première introduction de donner un bref aperçu de la situation de la gestion des ressources en eau au Bénin en abordant : l’état des ressources en eau du pays, la situation actuelle du secteur de l’eau et problèmes majeurs, la stratégie pour une gestion intégrée et durable des ressources en eau au Bénin et la stratégie pour l’alimentation en eau potable en milieu rural.

Concernant la partie du développement économique pour les groupements agricoles de femmes nous verrons cela dans une autre sous partie plus spécifique (le III). 2 - Aperçu sur l’état des ressources en eau du Bénin Le potentiel en eau des cours d’eau du Bénin, non compris les eaux du fleuve Niger, est globalement estimé en moyenne à 13 milliards de mètres cubes par an. L’utilisation actuelle de ces eaux de surface est très peu significative et ne concerne que l’alimentation en eau potable de 4 villes, l’abreuvement du bétail et l’irrigation d’environ 9000 hectares de cultures diverses. Toutefois, les projections de développement de l’irrigation au Bénin prévoient un accroissement de la demande en eau pour les prochaines années.

En effet, à long terme, l’aménagement des terres irrigables recensées sur l’ensemble du territoire national et estimées à 300.000 hectares nécessitera de mobiliser la presque totalité du potentiel en eaux de surface du pays sans tenir compte des autres besoins à satisfaire à partir des eaux de surface.

S’agissant des eaux souterraines, il est actuellement difficile de quantifier les réserves d’eau contenues dans les aquifères du Bénin compte tenu des données limitées dont on dispose. On évalue néanmoins leur capacité de recharge à environ 1,9 milliard de mètres cubes par an en moyenne. Elles sont essentiellement utilisées pour l’alimentation en eau

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potable des villes et des campagnes. Les prélèvements annuels sont de l’ordre de, à peine, 2% de la recharge annuelle des aquifères. Même à long terme, la satisfaction des besoins nécessitera un prélèvement global d’environ 0,25 milliard de mètres cubes par an, soit environ 14% de la recharge annuelle des aquifères du pays. Mais cette abondance des eaux souterraines n’est que relative puisque dans les régions de socle (80% du territoire national au Centre et au Nord), le potentiel en eau souterraine ne suffira pas à couvrir les besoins à long terme. Il faudra alors recourir aux eaux de surface pour suppléer ce déficit relatif. Par ailleurs, la faiblesse actuelle de la surveillance de la qualité des ressources en eau ne permet pas aux services techniques concernés d’organiser comme il se doit les actions préventives de lutte contre la pollution de l’eau. Les sites les plus sensibles sont les grosses agglomérations, notamment Cotonou. La situation ainsi présentée amène à penser que les ressources en eau du Bénin pourraient satisfaire globalement les besoins à long terme de l’économie à condition que ces ressources soient correctement maîtrisées et qualitativement préservées. Mais actuellement, seul un pourcentage très insignifiant des ressources connues est effectivement utilisé. Pour le Bénin, le problème de l’adéquation Ressources/Besoins à long terme se pose donc, non pas en terme de déficit de la ressource, mais en terme de maîtrise des ressources existantes. 3 - Problèmes majeurs du secteur de l’eau

La durabilité des équipements mis en place n'est pas encore totalement garantie partout. Cela

émane du fait:

- de l'absence du choix du type d'ouvrage offert aux communautés, ce qui entraîne une

inadéquation entre ce que la communauté aurait souhaité et ce qui est réalisé;

- du temps insuffisant consacré aux actions d'informations, d'organisations et de formations

des communautés;

- de l'absence d'éducation en matière d'hygiène (aspects sanitaires) et d'assainissement.

4 - Etat de satisfaction des besoins en eau

Le Bénin doit faire face à des besoins toujours croissants et aux urgences exprimées de

partout avec insistance. Pour ce faire, l’action du gouvernement met l’accent sur les secteurs

économiques les plus aptes à générer une croissance rapide notamment l’agriculture, l’énergie

et l’industrie. Elle accorde également une priorité de premier ordre à la protection sanitaire

des populations.

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Dans ce sens, d’importants programmes d’aménagements hydrauliques sont en cours de réalisation ou projetés. Dans le domaine de l’agriculture, on peut citer notamment la réalisation de l’aménagement des bas fonds, la revalorisation des vallées et le programme de diversification agricole. Pour le développement de l’élevage, on peut noter la construction de plusieurs dizaines de retenues d’eau pour l’abreuvement du bétail.

Dans le secteur de l’énergie, l’aménagement de microcentrale hydroélectrique et de barrage a été ou vont être réalisé. En hydraulique villageoise, des points d’eau modernes ont été réalisés dont de nombreux forages équipés de pompes à motricité humaine, de puits à grand diamètre et surtout des programmes d’adductions d’eau villageoises. On retrouve le procédé en hydraulique urbaine ou semi-urbaine.

Cette situation est aggravée par l'absence, jusqu'à un passé très récent, d'une stratégie d'ensemble intégrant des stratégies sous-sectorielles (assainissement, irrigation, hydraulique pastorale, pêche, hydroélectricité, tourisme, etc...) elles-mêmes inexistantes ou inopérantes pour la plupart.

L'exploitation des ressources est du ressort de différents acteurs appartenant à différentes institutions sans coordination organisée entre eux. Bien que le Ministère chargé de l’Hydraulique à travers la Direction de l'Hydraulique ait pour mission de coordonner l'ensemble du Secteur Eau, on constate dans la pratique que cette coordination n'est pas effective. Au niveau de la définition des attributions et missions des différents acteurs, il existe une grande confusion et il est fréquent de constater que plusieurs institutions étatiques ont des missions en tous points semblables ou même que dans la pratique, sans avoir officiellement les attributions requises, certains organismes interviennent dans des domaines ne les concernant pas, interférant ainsi dans les prérogatives des autres, ce qui amène à des doubles emplois, donc à des gaspillages de moyens. Les différents acteurs du domaine de l’eau s'échangent difficilement les informations relatives à leurs réalisations respectives. L'information et la documentation sur les ressources en eau ne sont donc pas centralisées à un niveau donné (normalement à la D.H.).

La gestion des ressources en eau n’est pas reconnue à sa juste valeur au niveau macro-économique. Il n'existe pas un mécanisme de financement des activités de gestion des ressources en eau, ce qui limite les investissements aux seules ressources mobilisables à partir des partenaires au développement du Bénin. 5 - Connaissance et évaluation des ressources en eau Les activités pour développer les systèmes d’information et améliorer la connaissance des ressources afin de pouvoir les évaluer en permanence sont très peu soutenues financièrement. La dimension environnementale n'est pas prise en compte dans la gestion des ressources en eau, notamment, aucune surveillance systématique de la qualité de l'eau n'a été envisagée jusqu'à présent faisant peser ainsi sur les ressources en eau des risques environnementaux.

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6 - Pour une gestion intégrée et durable des ressources en eau

La situation exposée impose la nécessité d’une évaluation continue et d’une gestion prudente de cette précieuse et rare ressource qu’est l’eau. Elle exige également une mutation positive des mentalités et des comportements des béninois ainsi qu’une réflexion novatrice et prospective de la part de l’autorité chargée des ressources en eau. Voilà pourquoi, le Ministère des Mines, de l’Energie et de l’Hydraulique, ayant conscience de sa responsabilité dans la gestion des ressources en eau du Bénin, a initié et engagé, en concertation avec tous les autres partenaires du secteur de l’eau, l’étude d’une stratégie nationale de gestion des ressources en eau visant à instaurer au Bénin une gestion intégrée, concertée et durable des ressources en eau.

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PROJET D’ADDUCTION D’EAU POTABLE

I . INTRODUCTION

L’eau est un élément prépondérant pour la vie, c’est pourquoi elle occupe une place de choix pour un Benin émergent que prône le chef de l’Etat (Dr Thomas Boni Yayi) et le peuple béninois. Cette denrée est encore rare dans certaines contrées du Benin profond. Ainsi donc, un vaste programme d’hydraulique villageoise est lancé, par le MMEE (Ministère des Mines, de l’Energie et de l’Eau), sur tout le territoire national avec l’appui financier des partenaires du développement. L’Allemagne, l’un de ces partenaires très actifs dans le domaine de l’hydrualique a fait don pour la réalisation des études d’implantation et de contrôle des travaux de réalisation de plusieurs AEV (Adduction d’Eau Villageoise), dans les six départements suivants : Mono, Couffo, Ouémé, Plateau, Atacora, Donga.on parle de la coopération Beninoise-Allemande avec la GTZ qui a lancé un grand programme « l’eau potable pour tous ».

Ce programme d’approvisionnement d’eau en milieu rural et urbain (PEP) ; sous tutelle du MMEE, œuvre pour l’amélioration de l’approvisionnement de la population béninoise en eau potable de bonne qualité. Dans sa sous partie hydraulique rurale, le programme vise dans ces six départements la construction et l’exploitation durable et efficace des systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement en appliquant une approche qui tient compte du mandat des communes, du savoir-faire des services techniques, du secteur privé et surtout de la participation active de la population.

Dans les villes secondaires du Benin, le réseau d’eau ne couvre qu’à moitié les besoins. Le PEP intervient dans douze villes secondaires. Ses efforts se concentrent sur le renforcement des infrastructures et sur l’amélioration des méthodes de gestion et des prestations de la SONEB (société nationale des eaux du Benin).

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L’appui vise surtout à faciliter l’accès à l’eau des population à faible revenu, en adaptant le cadre tarifaire, en ajustant le coût du branchement particulier – trop élevé pour les plus pauvres- et le prix de vente de l’eau au niveau des bornes fontaines, situées dans les zones périphériques des villes secondaires.

Un appui-conseil sectoriel auprès du MMEE synthèse les expériences du terrain en matière d’hydraulique rural et urbaine afin de réaliser un appui stratégique qui rend la gestion du secteur eau plus efficace dans l’atteinte des objectifs de développement du millénaire. Les challenges actuels sont :

- une plus grande capacité de mise en œuvre de l’administration sectorielle - la promotion des communes en tant que maître d’ouvrage - la mise en place des structures pour une gestion intégrée de ressources en eau, mode

de gestion préconisé par le gouvernement béninois - la promotion des partenaires privés

L’assistance technique de GTZ :

- intervient en étroite collaboration avec la Coopération Financière Allemande (KFW) et le Service Allemand du Développement (DED)

- est réalisée en concertation avec d’autres partenaires au développement, notamment DANIDA, la Banque Mondiale, des ONG locales ou étrangères, les Pays-Bas, les coopérations Française, Belge et Suisse, et la Société Civile Béninoise.

II . HYDRAULIQUE VILLAGEOISE

Le problème de l’alimentation en eau est très important par suite des besoins qui augmentent avec l’amélioration du niveau de vie de la population. Une distribution d’eau doit satisfaire aux « besoins » des usagers qu’elle dessert. Ces besoins varient selon les pays et les régions ; ils peuvent être classés par catégories d’usagers selon qu’ils sont privés, professionnels ou publiques.

Ceux privés concerne la vie quotidienne humaine : ces besoins comprennent la boisson, le nettoyage et la cuisson des aliments, le nettoyage de la vaisselle, celui de la maison, les soins de propreté (corps et lessive). On compte pour ces besoins 60 litres par personne.

On peut noter aussi à titre indicatif pour les besoins publiques et professionnels : Les besoins des végétaux : 6L/j/m² pour les jardins, valeur majorée de 50% pour les régions sèches – une école : 50L/ élève – lavoir 1200L/ place – laiterie 5L/ Litre de lait fait – brasserie 500L/hl de bière produite.

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III . POPULATION ET MILIEU

1 - Les contraintes du milieu

A Togbota, la population vit de manière enclavée et dépend entièrement de son milieu, tant pour la santé (dispensaire manquant de moyens et éloigné) que pour l’éducation ou l’économie (pêche dans le fleuve Oueme, agriculture traditionnelle quasiment que de subsistance avant la mise en place de groupements de femmes pour l’agriculture, la chasse même d’espèces en voie de disparition comme le singe a ventre rouge Zinkaka). Au niveau politique, cet arrondissement d’Adjhoun, est parfois lésé par rapport au reste de la commune.

Les moyens d’accès sont également très limités et la période de fortes pluies impliquent des inondations surprenantes et paralysantes. La qualité de l’environnement se dégrade à cause de l’augmentation des activités de l’homme, de la démographie qui évolue à la hausse, et de l’importation des zones urbaines de produits polluants. En revanche au niveau agricol l’absence d’intrants chimiques et un fort potentiel des sols permet des pratiques agricoles régulières et productives. Au niveau de l’eau, la seule source d’approvisionnement est celle du fleuve Oueme le long duquel tous les quartiers de Togbota sont installés. Source de nombreuses maladies comme la bilharziose ou l’ulcère du Burulli qui touchent principalement les enfants ce fleuve est redouté mais également « adoré ». En effet, c’est probablement lieu le plus important des villages, centre de rencontres, de commerce, de transport, de conflits…. Il apporte l’eau de boisson, de cuisine, de lavage, de lessive …

A ces conditions sanitaires précaires, s’ajoutent de faune de moustiques importantes surtout a la tombée de la nuit (paludisme), des croyances vaudous bien ancrées, les jalousies ethniques, un manque d’éducation surtout chez les filles et dans pour l’enseignement supérieur (distance), un manque de perspectives notamment pour les jeunes (emploi), un « trafic » de jeunes filles en partance pour le Nigéria, un hiérarchie sociale forte (société patriarcale). Tout ceci modifie peu à peu tout le milieu de vie des habitants de Togbota.

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2 - Les attentes de la population de Togbota

Cet espace naturel presque entièrement préservé est très apprécié de ses habitants, il

rend les populations de cette zone enclavée quasiment autosuffisantes en besoins élémentaires. Cependant, les populations ont des demandes vis-à-vis de l’eau qui pose de nombreux problèmes : moyens de transports (en période d’inondations surtout) insuffisants, santé (nombreuses maladies originaires du fleuve) et de l’accessibilité des soins médicaux, qualité de l’eau (potabilité) ; cependant la vision d’une AEV et les possibilités de développement et d’amélioration de la qualité de vie qui y sont liées sont peu intégrées à Togbota.

Dans la suite de cette sous partie nous allons traiter des aspects sociaux, culturels, éducatifs qui traduisent l’appropriation ou non des ouvrages d’AEV (en général) en milieu rural ; ainsi que des contraintes environnementales particulières de Togbota. Pourquoi les acteurs sociaux ruraux ne s’approprient-ils pas les bonnes pratiques et ouvrages d’AEV disponibles ? Comment explique-t-on les échecs des projets d’hydraulique villageoise ? 3 - Les problèmes majeurs rencontrés

Après lecture de rapports d’AEV, de documentations diverses, d’enquête auprès des localités rurales ; nous pouvons définir un certains nombre de points problématiques :

- les connaissances, les mesures et règles à adopter en matière d’hygiène corporelles et autour des ouvrages d’AEV

- Les connaissances de l’utilité des ouvrages d’AEV dans l’approvisionnement en eau potable de boisson

- La perception ou la représentation sociale des ouvrages d’AEV - Les impacts des croyances et des valeurs traditionnelles sur d’une part, la perception

ou la représentation sociale d’AEV et, d’autre part sur les pratiques sociales. 4 - Le volet sociologique

Une sensibilisation est, au début et au cours du projet, faite par une ONG déjà en charge de l’étude du milieu (monographie) et de l’intermédiation sociale. Pour l’AEV de Togbota il s’agit d’une ONG allemande IAMD rattachée à des consultants locaux de Porto-novo.

Cette sensibilisation est financée par GTZ (organisation allemande, bailleurs de fonds et acteurs sur place du projet). L’ONG dispose de deux animateurs par commune. Un concernant l’intermédiation sociale pendant la réalisation et un chargé du suivit de l’ouvrage. Or l’intermédiation sociale est désormais déléguée aux communes dans le cadre de la décentralisation ; la commune est alors chargée de rémunérer ces animateurs.

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Ainsi, GTZ remettrait directement des fonds pour ce volet d’activités à la commune qui paierait les ONG, ses animateurs et les consultants. La commune travaille alors souvent sous les conseils du service de l’eau du département concerné.

Notons que dans notre cas, les consultants locaux ont vu leur contrat venir à termes le 30 août 2008 et non renouvelé par IAMD. Ceci provoque des discordances dans le suivit populationnel.

5 - Relation entre hygiène sociale et potabilité de l’eau

La potabilité de l’eau dépend des pratiques culturelles (elles mêmes fonction des connaissances des mesures d’hygiène) et de la perception ou représentation sociale des AEV. Il convient de rappeler que la perception dépend de l’influence des réalités socioculturelles des localités considérées.

En autres termes, après avoir identifié les pratiques locales en rapport avec l’eau de boisson, il faut déterminer les raisons qui les sous-tendent en partant de fait que chaque pratique à un sens pour son acteur. 6 - Le plan culturel – Les croyances traditionnelles

Les différents groupes sociaux présentent une diversité de croyances traditionnelles axées sur les divinités appelées « vodoun ». La plupart des populations rurales sont des adeptes ou initiées aux divinités.

Définition du « vodoun » : D’après Maupoil (1953), le mot « vodoun » désigne ce qui est mystérieux pour tous, indépendamment du moment et du lieu, donc ce qui relève du divin. Il sera par exemple dit que, celui qui meurt devient vaudoun : cela ne signifie nullement que tout le monde l’adorera, mais qu’il est parti vers un monde inconnu et sans aucun doute divin.

Le « vodoun » est un ensemble de divinités spécialisées dans la maîtrise des phénomènes naturels et sociaux dont l’explication dépasse l’entendement humain. Ainsi le « vodoun » couvre tous les domaines de la vie et les divinités sont spécialisées soit pour la foudre, les maladies, la terre, l’air ou … l’eau.

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Ceux qui y croient ont la compréhension facile de ces phénomènes et pratiquent des rites qui sont des mesures pour contrer ou accepter ce qui peut arriver à l’individu ou à la société. Aujourd’hui il est incontestable que le « vodoun » est la religion traditionnelle qui domine malgré la présence des missions chrétiennes et de l’islam dès le 17ème siècle.

Le plan culturel, concernant la croyance aux vodouns ou aux fétiches, et les valeurs traditionnelles influencent dans le choix des ouvrages d’AEV. On note que les populations ne s’approvisionnent pas aux ouvrages afin de manifester leur mécontentement parce qu’elles estiment que ces derniers sont érigés à des endroits destinés aux vodouns et aux fétiches. A première vue, cette raison paraît illogique ; cependant malgré le principe de rationalité, les populations ont de bonnes raisons d’agir ainsi. « C’est une réaction qui découlerait des valeurs et normes traditionnelles ; puisqu’elles y croient et qu’elles ont de bonnes raisons d’y croire. »

Notons aussi que les habitudes et les valeurs traditionnelles influent sur la consommation de l’eau potable et les mentalités. Par exemple, une eau potable claire et sans goût à priori, est considérée comme moins bonne et moins naturelle que l’eau sédimentaire de la rivière… 7 - Le plan sociopolitique

Parmi de nombreuses raisons évoquées par les populations rurales en générale, pour justifier la non appropriation des ouvrages d’AEV et l’utilisation de l’eau potable, il faut mentionner la non consultation et la non implication dans la gestion des projets d’hydraulique villageoise. Ceci revient à dire que les populations rurales estiment qu’elles ne sont pas associées à la réalisation dudit projet et par conséquent, ne peuvent y aller s’approvisionner en eau de boisson.

Cette raison, loin d’être rejetée, expliquerait le sentiment de rejet qui anime les populations rurales et pourrait être la cause principale des échecs constatés dans l’appropriation des ouvrages d’AEV. Ne pas impliquer ces populations signifie que les promoteurs de ces projets ne pourront pas avoir toutes les informations nécessaires pouvant contribuer à leur acceptation, car ils ne tiennent pas forcément compte aussi bien des valeurs sociologiques que des préférences villageoises dans le secteur de l’eau potable.

Les populations rurales ne s’approprient pas les ouvrages d’AEV croyant que le fait de déplacer des fétiches provoque des maladies liées à l’eau. Il est donc important de tenir compte de l’avis des populations pour comprendre le lieu d’installation et la forme possible desdits ouvrages. Cela éviterait certainement les problèmes rencontrés dans le processus d’approvisionnement à la source en ce qui concerne les distances à parcourir et l’utilisation égalitaire des bornes fontaines. 8 - L’information-éducation-communication

Il faut savoir aussi que les populations rurales peuvent ne pas s’approvisionner aux ouvrages de l’AEV car non seulement elles ignorent leur bien fondé mais aussi elles interprètent certains faits selon leur degré de connaissances. Ainsi, à en croire les individus qui pensent que les ouvrages sont difficiles à utiliser ou bien qu’ils provoquent des pertes de grossesses, c’est parce qu’ils n’ont pas été suffisamment sensibilisés et éduqués pour comprendre que les ouvrages ne sont pas conçus dans l’optique de nuire à la santé publique.

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Ceci démontre l’importance de l’information-éducation-communication sur l’AEV pendant et après l’exécution des projets d’hydrauliques villageoises afin de mieux faire comprendre aux populations l’utilité des ouvrages d’AEV. Il est donc également important que les projets d’hydrauliques villageoises mettent l’accent sur la participation communautaire, sur l’intermédiation sociale.

A travers l’approche participative, les femmes rurales peuvent lister et se rendre compte de pratiques par rapport à l’eau potable et des comportements à adopter pour accélérer et maintenir l’eau de boisson potable. Entre autres on peut retenir :

- l’approvisionnement en eau de boisson aux BF uniquement - les points d’eau sont systématiquement entretenus - ne rien placer dans l’eau pour la stabiliser (comme l’utilisation de Sidakin à Togbota) - l’eau transportée et stockée dans un récipient propre, bien couvert et placé à l’intérieur

de la maison - l’eau de boisson est séparée de l’eau réservée aux autres usages - l’hygiène de l’eau de boisson prend en compte l’hygiène corporelle et le lavage des

mains (avant et après repas, après défécation et nettoyage des fesses des enfants, avant de cuisiner …)

Ce sont de très bonnes pratiques à encourager et à diffuser au sein des populations.

Toutefois, il y a aussi bien des facteurs de motivation que des contraintes à ces pratiques. En ce qui concerne les facteurs de motivation, il faut que les séances de sensibilisation mettent l’accent sur les risques de maladies, voire de mort (à Togbota, la population est déjà très consciente que la rivière est source de maladies), courus lorsque l’on pratique des habitudes allant à l’encontre de la potabilité de l’eau (paresse, pratique quotidienne, négligence, manque de moyens financiers …).

IV . LES ACTEURS DU PROJET ET LEUR RÔLE ORGANIGRAMME DES ACTIVITE POUR UN PROJET D’AEV

Ci-dessous, une description des acteurs du projet ; se référer en annexe pour l’organigramme général du projet eau et celui de la hiérarchie au sein de la Direction Générale de l’eau. 1 - Cadre institutionnel et juridique

Il s’agira essentiellement d’instituer par une loi et de mettre en place un organe de coordination du secteur de l’eau doté de larges pouvoirs pour la prise de décision en matière de planification, de répartition des ressources et de règlement des litiges.

Le développement des réseaux de mesure, des laboratoires d’analyses et le regroupement des systèmes d’informations concernant les ressources en eau permettront d’assurer une évaluation permanente des ressources en eau afin de mieux les gérer L’allocation des ressources en eau accordera la priorité à la satisfaction des besoins vitaux de la population, puis de l’élevage et de l’agriculture. Mais l’allocation de l’eau entre différents usages de l’eau à des fins de production aura pour objectif la recherche du maximum d’avantages pour la collectivité. C’est le principe de la valorisation économique maximale de l’eau disponible. Enfin la prise en compte des impacts sur l’environnement sera systématisée.

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La refonte du code de l’eau est nécessaire pour prendre en compte les principes régissant le régime de l’autorisation de prélèvement et de rejet, introduire le régime de la déclaration applicable aux petites installations, généraliser l’enquête administrative et l’audience publique dans les zones de faible potentiel hydraulique, fixer le régime de la concession sur la base d’un cahier des charges, etc..

La loi 87-016 du 21 Septembre 1987 portant Code de l'eau est restée inappliquée jusqu’à ce jour. Aucun texte d’application n’a été pris. On peut constater des contradictions, des ambiguïtés et des chevauchements de responsabilités induits par d’autres textes législatifs censés être complémentaires. 2 - Nouveau cadre institutionnel de gestion des points d’eau

Des textes réglementaires ont été adoptés par le Gouvernement pour une gestion durable des ouvrages d’eau : le cadre juridique et institutionnel des systèmes d’eau et les principes de gestion. On note :

- la convention de cession et d’exploitation qui lie l’Etat et la communauté - le projet de décret qui définit les structures de gestion selon le type d’ouvrages - les statuts types des Associations des Usagers de l’Eau (AUE). - Les leçons tirées de la mise en œuvre de la nouvelle stratégie

Les différents intervenants étatiques ont des actions précises dans le déroulement d’un

projet d’adduction d’eau que l’on peut observer dans l’organigramme qui suit. On note parmi eux :

- Le ministère des mines et de l’énergie (service de l’eau national et départemental) - La direction nationale des marchés publics - Le gouvernement (budget national) - La commune (Adjhoun et l’arrondissement de Togbota) - Le chef d’arrondissement

3 - Les responsables des services en hydraulique

Ce sont des sociologues ou des ingénieurs et spécialisés en développement communautaire. Ils ont pour fonction, non seulement d’amener les populations rurales à adopter de bonnes pratiques en matière d’hygiène et d’assainissement mais aussi de veiller à la bonne gestion des ouvrages d’AEV eu niveau local. 4 - Bureau d’étude

Il s’agit d’un acteur indépendant, souvent originaire du même pays que le bailleur de fonds principal. Dans notre cas c’est le bureau d’étude allemand IGIP qui a dirigé toute l’étude technique des travaux de réalisation de l’AEV de Togbota. Ils ont également en charge la rédaction du dossier d’appel d’offre (DAO) ensuite transmis au service de l’hydraulique.

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5 - Le financement de la gestion des ressources en eau

L’eau occupe une place importante dans l’économie du pays et a un coût. La prise en charge du financement de la gestion des ressources en eau doit aboutir à une tarification de l’eau plus réaliste basée sur les deux principes de l’utilisateur-payeur et du pollueur-payeur. La mise en œuvre d’une telle politique de gestion de l’eau nécessitera de mettre en place à tous les niveaux (national, départemental et local) un plan de formation du personnel. Des campagnes d’information et de sensibilisation seront également nécessaires.

Concernant les financements de programmes hydrauliques du Bénin, il existe comme on a vu des programmes nationaux de développement faisant intervenir selon les différentes régions des bailleurs de fonds liés ou plus indépendants selon les zones ; on retrouve parmi eux : la banque mondiale ou la GTZ (organisme allemand bailleur pour l’arrondissement de Togbota). On retrouve aussi dans les divers financements, un rôle majeur plus « symbolique » qu’efficient des communautés (en général de 5% du montant total des projets de réalisation additionné avec le paiement à plus long terme de l’usage de l’eau). 6 - Rôle primordial donné aux communautés L’installation de tout équipement part d’une demande exprimée par la communauté ; qui a le choix du type d’ouvrage (dans la limite des contraintes techniques et financières) et montent leur propre dossier de projet communautaire. Les communautés participent de manière significative à l’investissement, proportionnellement au niveau de service fourni. Elles prennent en charge totalement l’exploitation et la maintenance des équipements ainsi que le renouvellement des systèmes de pompage et de distribution d’eau. Pour l’accomplissement convenable de ces nouvelles responsabilités, des ONG ont été sélectionnées et formées pour accompagner les communautés dans le choix, la mise en œuvre, l’exploitation et la gestion de leurs équipements d’AEPA ; et parfois l’aide à l’apport financier suffisant comme le fait Urgence Bénin à Togbota. La promotion du secteur privé local devrait permettre la réduction des coûts de construction des ouvrages et faciliter les interventions de proximité. Pour ce faire, certaines dispositions ont été prises :

- Modification des conditions d’accessibilité aux marchés - Mise en place d’un fonds de bonification et d’assistance - Mise en œuvre d’un programme de formation au profit des personnels des entreprises

locales. La mise en œuvre des PADEAR - Une large campagne d’information à travers des canaux et médias appropriés a

marqué le démarrage des projets. Cette campagne est destinée à susciter l’envoi des demandes par les communautés.

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7 - Les groupes de femmes Aujourd’hui les femmes sont unanimement reconnues comme les principales actrices dans tout projet d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement puisque, dans beaucoup de pays en voie de développement, ce sont elles qui passent de longues heures à transporter l’eau.

8 - Les chefs de ménages

Ce sont des décideurs au sein des ménages, ils sont toujours des hommes et imposent souvent leurs points de vue face a toutes situations qui pourraient subvenir. Dans les réunions de villages ce sont les portes paroles des difficultés rencontrées au sein des familles. 9 - Les chefs traditionnels

Ils sont les garants de la tradition au niveau local. Souvent âgés, expérimentés et qualifiés de sages, ils ont pour rôles de veiller au respect des normes et des valeurs traditionnelles et de consolider la paix au sein de leur localité. Ils interviennent, au niveau des projets d’adduction, pour valider ou non l’emplacement des ouvrages de l’AEV vis-à-vis des lieux sacrés (voir la partie sur le vodoun) et de conflit potentiel. 10 - L’expérience des Associations des Usagers de l’Eau (AUE) Le Bénin a adopté en 1996 un décret portant mode de constitution, d’organisation et de fonctionnement des Associations d’Usagers de l’Eau. Ce document technique qui définit la politique des adductions d’eau villageoises a été rendu nécessaire parce que les opérations d’alimentation en eau des centres semi-urbains par adductions d’eau étaient gênées dans leur déroulement par l’inexistence d’un cadre réglementaire et méthodologique d’intervention. Il s’agit de clarifier le cadre institutionnel et juridique des opérations d’alimentation en eau potable des centres secondaires en mettant au point une démarche contractuelle (Administration/Usagers), et de définir des principes de gestion qui soient adaptés aux Adductions d’Eau Villageoises (AEV) pour assurer la durabilité des équipements.

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Le document repose notamment sur les principes suivants : - La création pour chaque adduction d’eau villageoise d’une association des usagers de l’eau (AUE) qui regroupe l’ensemble des villageois usagers du système d’eau potable et élit un comité Directeur de cinq membres au minimum : un Président, un secrétaire, un Trésorier, un Représentant de l’Association de Développement et une représentante des femmes. - La signature d’un contrat avec un exploitant par lequel l’AUE confie l’exploitation des équipements et le service de distribution à un salarié dans le cas de l’exploitation directe, ou à un fermier dans le cas d’une exploitation déléguée dont les tâches et responsabilités définies dans le contrat. - La signature d’une convention de Cession et d’exploitation entre l’AUE et le maître d’ouvrage (Etat actuellement, mais ultérieurement les communes) après réception des ouvrages. Par cette convention, l’AUE reçoit l’usufruit de l’ouvrage de captage qui reste la propriété de l’Etat (commune) et la propriété des équipements d’exhaure et des ouvrages de distribution - La signature d’un contrat de maintenance avec une structure privée spécialisée qui est agréée par la Direction de l’Hydraulique - La participation des usagers à l’investissement initial et leur implication à la gestion des équipements (approbation du budget prévisionnel, fixation du prix de l’eau, renouvellement et extension des équipements. - Le maintien du rôle de l’Etat à travers la gestion des ressources en eau, la définition des conditions d’exploitation, le contrôle de la gestion financière de l’exploitation, le suivi et l’appui des AUE. 11 - L’intervention des ONG auprès des communautés de e d’ouvrages. L’aboutissement de ces réunions est :

- la vérification et la confirmation ou non de leurs dem

Elle est fondée sur une série de réunions avec les communautés ayant fait une mand

andes

ion de leurs ouvrages ppui des organismes

2- Rôle spécifique d’Urgence Bénin

- l’élaboration d’un projet communautaire - l’organisation pour la réalisation et la gest

Les ONG interviennent aussi auprès des communautés avec l’ad’intermédiation social et d’étude du milieu (tel était le cas de IAMD). 1

Urgence Bénin intervient dans le programme d’adduction d’eau villageoise de Togbot

conseil financier et d’investissement : aide

V . LANCEMENT DU PROJET ET REALISATION

a au niveau de l’information-éducation-communication des populations locales. Ce rôle est justement intégré à ses autres activités à savoir : la santé, la redynamisation économique avec des groupements agricoles de femmes et le tourisme solidaire ; ce qui permet entre autres un suivit global des localités. L’ONG intervient également d’un point de vue deà la création des comptes pour le dossier communautaire, aide aux financements de la partie « participation communautaire » de 5% des ouvrages totaux d’AEV réalisés.

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- Visite de reconnaissance des sites 1

Une visite de reconnaissance des localités a été organisée. Elle a permis de relever es coordo

s les localités.

- Travaux de terrain

nnées géographiques de chaque site avec le GPS et de positionner in situ sur une carte topographique et de noter les repères importants Elle a permis aussi d’apprécier l’accessibilité dan 2

Après la reconnaissance des sites un programme de prospection a été établi avec des investig

- Travaux de forage

ations hydrogéologiques et mesures géophysiques. Les premières consistant à repérer les ouvrages hydrauliques existants dans les environs, les cours d’eau (tracé, forme, sens d’écoulement) très important pour la zone de Togbota. Les deuxièmes servants à effectuer des sondages et à procéder à un forage. 3

Il faut retenir que c’est un ouvrage d’AEV de captage de l’eau souterraine de petit diamèt

re, réalisé à l’aide de moyens matériels importants. Le trou de forage est fait à l’aide de la foreuse. Une fois que le trou a atteint et traversé plusieurs mètres de la zone contenant de l’eau, le forage est arrêté. On glisse alors dans le trou un tube de plastique qui comporte des fentes au niveau où se trouve l’eau pour permettre à celle-ci de pénétrer à l’intérieur du tube et d’être pompée. L’espace entre le tube et le trou est rempli par du gravier au niveau de la crépine, puis par es matériaux imperméables comme l’argile et enfin cimenté sur les derniers mètres avant la surface. Ces forages servaient essentiellement aux pompes à motricité humaine et aux postes d’eau autonomes ; aujourd’hui principe repris pour les AEV avec des diamètres de forage plus grand dit « à gros débit ».

Forage pour l’AEVde Togbota

- Réalisation de l’AEV : généralités

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Une distribution d’eau est constituée par un ensemble d’ouvrages et de canalisations

ayant p

n réservoir d’accumulation

vellement.

our objet de mettre de l’eau à la disposition des habitants d’une agglomération. Les principaux éléments constituants une distribution d’eau comprennent :

- une prise d’eau ou captage qui recueille l’eau naturelle - une conduite d’amenée qui transport l’eau de la prise à u- un réseau de conduites de distribution qui dessert les habitations ou les BF.

L’alimentation en eau du réservoir peut se faire : soit par gravité, soit par renouL’écoulement de l’eau dans les conduites de distribution est toujours gravitaire. Le réseau des conduites peut être ramifié ou maillé : cf dessin …

château d’eau

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Prise d’eau, tête de forage, protection motopompe - refoulement d’un point d’eau (ici puits manuel et non BF)

Borne fontaine (BF)

5 - Aspects techniques (résumé du DAO fourni par Mr Vincent K. Hessou coordinateur local, IGIP, Padear KFW) Voici en quelques mots et chiffres un résumé du DAO : La consommation et la population en augmentation : 2008 2018 2028population totale en habitants 4 595 5 601 6 828demande en eau (m. cube par jour) 61 263 93 349 151 723

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Le réseau général : Durée journalière de pompage et débit : 12 heures à 7,78 mètres cubes par heure Débit d’exploitation : 8 mètres cubes par heure, effectué par une électropompe immergée et un groupe électrogène de puissance minimale de 1,1 kW correspondante au moteur de la pompe. Volume du château d’eau (basé sur demande ne eau de 2028) : 40 mètres cubes Ce dernier ouvrage est placé à coté du forage de Zé, à 20 mètres en face de l’église céleste de Agbohounsou au bord de la piste qui mène à la ferme de Zossou ; en tenant compte du point le plus défavorisé hydrauliquement (le plus haut) et des extasions futures sa hauteur sous cuve est de 15 mètres (principe d’écoulement gravitaire de l’eau). Il y aura plusieurs traversées du fleuve Oueme avec des canalisations spécifiques (souples). Coûts estimatifs en FCFA : pompe immergée 2 800 000équipement hydraulique forage 1 640 000groupe électrogène 4 500 000pièce de rechange 500 000protection des installations 1 500 000formation exploitant 300 000Total 11 240 000Ce total correspond à peu près à 16 860 euros. Génie civil : château d'eau 25 000 000local technique pour groupe électrogène 2 500 000clôture grillagée 1 225 000Total 28 725 000total en euros (environ) 43 000 Réseau : tuyaux diamètre 63 4 875 000tuyaux diamètre 90 55 800 000tuyaux diamètre 110 20 868 500raccords, vannes, ventouses, vidanges, BF …autres 47 485 000 Le total général est de 139 794 000 FCFA (soit 209 691 euros) d’après les prix du DAO. Les dotations aux amortissements comprennent les amortissements légers : pompe, groupe électrogène, rechange des tuyaux, des ventouses et des raccords. Le tarif seuil de vente du mètre cube d’eau est de 509 FCFA.

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6 - Organisation, maintenance

Dans le souci d’assurer la maintenance de l’AEV et sa motopompe et de son réseau de canalisations réalisés, un réseau d’artisans réparateurs est formé par zone globalement au Bénin et encadré par des professionnels les personnes assureront les réparations (hors sol de la pompe ou celle immergée, de la tuyauterie, les joints, des bornes fontaines (BF)…). Le fermier en échange de la gestion de l’AEV fera appel à un de ces techniciens spécialisés en cas de défaillance du réseau et pour sa maintenance périodique.

Concernant les disponibilités des pièces de rechange, le fournisseur de la marque de la pompe assure la disponibilité permanente des pièces détachées à travers un réseau de points de vente où les communautés s’approvisionnent à leurs frais (intermédiaire du fermier gérant). Cet approvisionnement ne pose pas de problème au niveau de la COBEMAG (Coopérative Béninoise de Machines Agricoles) puisqu’elle possède des points de vente sur tout le territoire Béninois. L’enclavement et le transport difficile à Togbota peut cependant être une contrainte.

Il est également nécessaire que la population, et notamment ses chefs, soient au courant du fonctionnement de l’AEV, de la gestion globale organisée par l’association des usagers de l’eau. Des formations de gestion, d’éduction à la bonne utilisation de l’eau potable doivent être prescrite à l’ensemble de la population. D’autre part, des contrôles de qualité de l’eau et de rentabilité doivent avoir lieu à plus ou moins long terme. 7 - Planning prévisionnel « Quand est-ce que l’eau potable coulera dans les bassines des femmes de Togbota ? » Un planning est très difficile à anticiper pour un tel projet étant donné le nombre d’acteurs en jeu, leur manque de coordination et la variabilité du temps de chaque étape du projet. Globalement nous pouvons dire que :

- 2006 : année n-1 : l’élaboration du projet - 2008 : année n : étude technique - 2009 : année n+1 : réalisation des ouvrages de l’AEV

Cependant, pour Togbota, le projet a été initié depuis 2006 ; il a eu des difficultés être lancé étant donné la zone enclavée et les l’absence d’eau potable lors du premier forage. Actuellement, nous pouvons globalement donner ce planning (sur les informations du service de l’eau de Porto-Novo)

- deuxième semaine d’Août 08 : réception DAO de IGIP par la direction de l’eau du ministère à Cotonou ; signature par le service national de l’eau du DAO.

- Troisième semaine d’Août : envoi DAO au service départemental de l’eau de Porto-Novo. Vérification de l’aspect technique.

- Deuxième semaine de Septembre : envoi du DAO au DNMP, observation des incohérences et fautes. Début de l’appel d’offre aux entreprises.

- Première semaine de Novembre : retour du DAO au service de l’eau de Porto-Novo, correction du DAO selon les indications du DNMP.

- Troisième semaine de Novembre : envoi DAO corrigé au DNMP.

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- Première/deuxième semaine de Janvier : procès verbal DAO et début anticipé officiellement du service de l’eau de Porto-Novo pour le lancement d’appel d’offre.

- Troisième semaine de Février : fin du délai pour les réponses des entreprises au DAO. - Troisième semaine d’Avril : fin du dépouillement, procès verbal pour choix définitif

de l’entreprise en charge de l’AEV. - Troisième semaine de Juin : contrat signé par toutes les parties, adjudication

définitive, début des travaux.

On compte alors six à sept mois de travaux, plus les périodes d’inondations de Togbota en Juin et Août-Septembre, les congés des institutions en Août et pendant les fêtes de fin d’année qui ralentissent l’enchainement des étapes, la réception des ouvrages et mise en place de la gestion. « L’eau en 2009 à Togbota ? » Oui, l’a affirmé le chef du service départemental de l’eau de Porto-Novo, en charge du DAO et du choix de l’entreprise.

VI . LA GESTION DE L’AEV 1 - Les différents modes de gestion de l’eau potable

Le mode de gestion est un choix communal car c’est la commune qui à la gestion de ses ouvrages d’adduction ; en général le mode choisi est le même pour toute la commune. Il en existe quatre mais trois sont plus usuels.

A - le contrat fermier-commune ; mode choisi dans notre cas par Adjhoun : Le fermier sélectionné par appel d’offre passe un contrat avec la commune puis s’organise pour s’acquitter des différents acteurs de cette gestion : fontainiers, mécaniciens, comptable… En général, un fermier détient la gestion de plusieurs AEV d’une même commune. Par suite, le fermier récolte l’argent de la vente de l’eau à la population auprès des fontainiers. Ces derniers, les mécaniciens et les autres personnes déléguées dans cette gestion sont rémunérés directement par le fermier. Celui retournant ensuite une redevance à la commune.

B - le mode tripartite : La commune signe un contrat avec un fermier sélectionné et avec l’association des consommateurs d’eau du village de l’AEV concernée.

C - le mode production-distribution :

La production de l’eau est faîte et gérée par le fermier. La distribution répartie entre les différentes bornes fontaines est assurée par l’association des consommateurs. D - l’affermage (gestion par fermier) : Ce mode entre dans le cadre exceptionnel des anciennes AEV bien gérées. Si la commune considère que l’association des usagers de l’eau (c’est-à-dire la population) a déjà géré correctement une AEV (montant conséquent sur les comptes, entretien correct, bonne organisation) ; il y a reconduite. L l’association des usagers de l’eau signe alors un contrat avec la commune qui n’est plus sous forme de gestion communautaire mais de « contrat d’affaires ».

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2 - Le prix de l’eau

Un prix minimal potentiel est fixé par le bureau d’étude pour la vente de l’eau. Ce prix comprend les dotations aux amortissements légers tels que …

Il ne comprend pas le prix de construction de l’ouvrage : château d’eau, forage, réseau de canalisations ; ceux-ci étant financé par les bailleurs de fonds, les ONGs la commune et la population ( à hauteur de 5% du montant total).

Le prix actuellement fixé par IGIP, le bureau d’étude, est de 509 FCFA le mètre cube c’est-à-dire 0,509 FCFA/litre. Sachant qu’une bassine contient entre 33 et 35 litres en moyenne, le prix de celle-ci serait compris entre 16,8 et 17,8 FCFA. A savoir qu’au Benin, le prix moyen d’une telle bassine est de 20 FCFA (de 18 à 25). 3 - L’acceptation du projet par la population :

L’enquête réalisée auprès de la population de Togbota nous indique qu’une majorité de personnes sont au courant de l’actuel projet d’adduction d’eau pour leur périmètre. Ils en sentent le besoin notamment concernant l’eau du fleuve qui est source de nombreuses maladies (et par suite cause de décès) et « qui se boit avec craintes ». Mais le manque d’autre solution et de moyens quels qu’ils soient ne donnent pas choix possible. Le projet semble bien accepté mais la population n’est actuellement, pour la majorité, peu impliquée. Par échos de certaines femmes, nous avons su que les questions posées étaient presque trop « intrusives » ou précises et qu’elles ne voyaient pas l’intérêt que l’on se préoccupe de leurs pratiques quotidiennes en rapport avec l’eau, ses utilisations, sa conservation.

Mais d’autre part, on remarque suite aux questions posées qu’une campagne d’informations sur le projet en lui-même, sur les utilisations de l’eau potable et les méfaits de celle du fleuve, sur les améliorations sanitaires vis-à-vis du fleuve seraient les biens venus. En effet, déjà certaines femmes se plaignent d’un manque de rigueur hygiénique (eau de boisson, vaisselle et lavage des culottes des enfants souillées au même endroit) d’une grande part de la population et d’une dégradation générale de la qualité de l’eau de fleuve ; montrant déjà une certaine prise de conscience. Notons que sur le nombre de personnes interrogées peu sont allé à l’école, surtout chez les femmes, et que les pratiques sanitaires qu’elles pratiquent sont imitées de leur mère et de leur groupe de vie ; ce qui évolue mais pas toujours positivement.

Finalement, les changements démographiques, agricoles ou issus de la pêche, ont eu des impacts sur l’eau consommée (propre, stagnante…) ; l’eau de bonne qualité semble de plus en plus rare, la population de Togbota en prend peu à peu conscience.

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VII . ETUDE DE CAS : VISITE D’UNE AEV

1 – Introduction

Je me suis rendue plus au nord du Benin dans le département du Borgou dans la commune de Tchaourou et précisément dans le village de Tchatchou, pour la visite d’une AEV datant de 1997 ayant eu une extension en 2004. Le première AEV composée de six bornes fontaines (BF), un château d’eau de 7m (30 mètres cubes) fut financé dans le cadre du programme de l’entente en phase 3 décidé lors du conseil de l’Entente (Bénin, Burkina Faso, Togo, Côté d’ivoire, Niger) en 1993. La seconde AEV, de financement PADEAR, se compose elle de six BF et un château d’eau de 9m (40 mètres cubes) ; cependant lors de sa réalisation six autres BF se sont additionnées construites par les villageois eux-mêmes, totalisant ainsi 18 BF. Une surexploitation et le manque de débit à certaines BF peut être expliqué par le nombre techniquement trop important de BF accentué en période sèche. 2 - Interview de deux fontainiers de cette AEV Comment fonctionne une BF ?

- ouverture du robinet de sécurité - ouverture du second robinet sur le côté, alimentant le tuyau de sortie lorsque l’on

récupère l’eau debout. - Compteur indicateur - Paiement après fermeture.

Quel est le travail au quotidien d’un fontainier ? - balayer la dalle béton de le BF pour des conditions d’hygiène - de 7h à 19h la BF est accessible, cependant en saison sèche ce temps de travail est

réduit du à un manque d’eau. - Reverser financement total à l’exploitant en fin de journée.

Quelle est le prix d’une bassine et combien en sont puisées par jour ? - un saut de 20 litres coûte 10 FCFA et une bassine standard (environ 30 litres) 15

FACF. - En saison sèche, une BF peu récolter jusqu’à 8.000 FCFA alors que en saison des

pluies les villageois récupère l’eau de pluie et le fontainier ne travaille alors qu’à a demande.

Les utilisateurs paient-ils régulièrement ? Vous arrive-t-il de donner de l’eau gratuitement ?

- paiement correct à chaque prise d’eau - aucun souci de paiement, les gens sont réguliers - eau de boisson donnée un peu aux enfants gratuitement

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Quels sont les problèmes rencontrés ?

- manque d’eau en saison sèche - peu d’entretien en période de pluie (preuve en est faite : une fuite de la tête de forage)

et donc mise en place d’une protection sur la BF pour que les enfants n’abiment pas les installations.

- Eventuelle concurrence avec une pompe manuelle où le prix est de moitié par rapport à la BF (5 FCFA les 20 litres)

Quelle est l’utilisation de l’eau ?

- elle sert à tout : boisson, lessive, cuisine … - l’eau potable est devenue une habitude et les points d’eau naturelle tel que la rivière

sont trop éloignés. 3 - Interview de la trésorière du groupe de gestion de l’AEV Comment fonctionne votre système de gestion ?

- sur le terrain Les fontainiers récupèrent l’argent de la vente de l’eau et le remette quotidiennement à l’exploitant de l’AEV qui fait de même avec la trésorière.

- administrativement Mensuellement, le comité directeur se réuni pour faire un compte rendu au service

hydraulique et à la commune. Ce comité se compose de six membres : le président, le trésorier et son adjoint, le secrétaire et son adjoint, l’organisateur des réunions. Tous les six mois, l’assemblée générale extraordinaire se réunie, elle se compose de 31 membres dont les six du comité directeur, les fontainiers, l’exploitant. Les autres membres forment un comité de contrôle, un membre par zone de BF ; notons qu’il y a eu un remaniement de ce comité avec l’ajout de la seconde AEV au réseau existant. Cette assemblée générale décide de la vie de l’AEV (association des usagers de l’eau) : comment améliorer la gestion, maintenance, gros problèmes, financements divers dans le village.

- Financièrement La gestion comprend deux comptes bancaires: un courant pour les petites dépenses et réparations (ex : plombier qui change un joint de tuyauterie), et un compte de renouvellement pour les dépenses occasionnelles comme une étude sur la possibilité d’un nouveau forage à gros débit et une nouvelle AEV. Ce dernier compte sert aussi à répondre aux sollicitations villageoises faites au comité de gestion comme le financement pour un collège et une école primaire d’un million de FCAF dan le but d’augmenter le nombre de classes. Au niveau des salaires ; un fontainier perçoit 8.000 FCFA par mois, l’exploitant 40.500 FCFA par mois excepté en saison des pluies où son salaire est fixé à 5% et finalement chaque membre du comité directeur reçoit 3.000 FCFA pour sa présence lors des réunions mensuelles.

- Socialement Le projet et l’AEV sont bien acceptés par la population, il n’ya a pour ce village aucun problème de paiement contrairement à beaucoup d’autres AEV de la région. Le compte bancaire du comité de gestion est positif et sert au développement du village. Les fontainiers et le personnel de gestion est relativement fidèle à leur poste, souvent présent depuis el début de la nouvelle extension en 2004 (remaniement du comité) ce qui permet une certaine stabilité de la gestion.

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Comment s’organise la maintenance à long terme ? La maintenance est organisée par le comité directeur et de contrôle qui financent les petites réparations occasionnelles. Pour les défaillances techniques importantes, ils font appel directement au service de l’hydraulique même si l’ouvrage n’est plus sous garantie. Les fonds de renouvellement peuvent y servir. Quels sont les problèmes rencontrés et les solutions envisagées ? La première contrainte est le manque d’eau en saison sèche au BF parfois même dès 10h du matin. Une demande au service de l’eau est en cours concernant une nouvelle AEV et un forage à gros débit. Or le programme national actuel des AEV (2008-2015) et ne comprend pas de nouveau projet pour ce village. La solution préconisée est donc que le comité directeur finance lui- même ce projet ou du moins son étude technique. D’un point de vue financier, le réseau des pompes manuelles coûte cher en entretien au comité de gestion et est peu rentable (moitié moins cher que l’AEV pour une même quantité d’eau). C’est pourquoi il y a eu une séparation entre le réseau de pompes mécaniques assez vétuste et la gestion-organisation de l’AEV pour une meilleure efficacité. 4 - Le réseau en photos Deux châteaux d’eau, 18BF, un réseau de canalisations, une cohabitation avec des pompes manuelles.

les deux château d’eau

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Pompe manuelle tête de forage compteur général forage

Borne fontaine mode de fonctionnement d’une BF (debout) 5 - Problèmes rencontrés et solutions prévues ou conseillées causes disfonctionnement constatés actions menées manque d'argent dans le compte "point d'eau"

formation du CGPE* sur le mode de mobilisation des fonds et maintenance, le renouvellement

l'eau n'est pas vendue

formation du CGPE sur le mode d'organisation, système de gestion, relecture du règlement intérieur (RI) et des règles d'usage (RU)

inefficacité du comité de gestion redynamisation du CGPE ou installation d'un nouveau CGPE

mauvaises gestions des recettes (issues de la vente de l'eau) mise à disposition des outils de gestion absence de RI et RU élaboration RI et RU refus d'acheter l'eau par les villageois formation et relecture non respect des RI et RU relecture manque d'hygiène formation sur hygiène et assainissement comité incomplet, cumul de rôle au sein du CGPE renouvellement ou remembrement du CGPE

pas d'assemblée générale

formation des membres du comité, sensibilisation de la communauté sur la nécessité d'une communication permanente en vue d'une gestion participative et pérenne

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point d'eau mal entretenu, ayant connu une durée de panne non négligeable

organisation de réunions de sensibilisation sur la nécessité de consommer l'eau potable et de l'entretien du point d'eau

la communauté refuse de cotiser, l'eau n'est pas vendue

décentralisation des acteurs impliqués dans la gestion de la pompe

panne fréquente de la pompe ou du réseau, manque de pièces de rechange

formation sur l’hygiène, maintenance et renouvellement du mode de gestion

mésentente du CGPE renouvellement du CGPE manque de cohésion sociale entre les groupes ethniques de la localité relecture du RI et RU manque de moyens financiers pour faire face aux dépenses du réseau formation sur les outils de gestion démission de plusieurs membres du comité de gestion ou du CGPE entier

assemblée générale d'installation d'un nouveau CGPE et formation globale

déménagement de la population vers la voie bitumée, abandon d'ouvrages

nouveau comité de gestion, formation des membres, AG de définition des rôles de chaque acteur dans la gestion du point d'eau

faible capacité ou carence du comité de gestion à jouer son rôle

installation d'un nouveau CGPE et formation sur le mode d'organisation

gestion solidaire de l'ouvrage par la cour royale

concours des sages et du chef d'arrondissement, nouveau CGPE, formation des membres du comité

Remarque : dans les projets de réhabilitation on note une différence entre la reconstruction et de réfection. * CGPE = comité de gestion des points d’eau ( pour forage équipé de pompe à motricité humaine) = association des usagers de l’eau (AUE) 6 - Conclusion

Il est évidemment intéressant de visiter des AEV existantes et d’étudier leurs dossiers de réalisation et de gestion pour tenir compte des échecs précédents ou existants et ainsi de s’en inspirer pour que notre programme à Togbota évolue le plus vite possible et éléments négatifs post-réalisation, en anticipant aux mieux l’organisation globale des différents acteurs.

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VIII . CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Les efforts fournis par le Bénin depuis plus de 15 ans dans le domaine de l’alimentation en eau potable en milieu rural ont été très importants et ont permis d’améliorer nettement la situation de l’alimentation en eau potable en milieu rural. Cependant, une analyse de la situation montre que la demande reste forte tant en nombre d’ouvrages à réaliser que pour l’amélioration du service fourni par les équipements actuels. De plus, la durabilité des équipements mis en place n’est pas encore totalement garantie partout, du fait : de l’absence du choix du type d’ouvrage offert aux communautés, ce qui entraînait une inadéquation entre ce qu’aurait souhaité la communauté et ce qui était réalisé, du temps insuffisant consacré aux actions d’information, d’organisation et de formation des communautés, du manque de fiabilité et de l’inadaptation de certains matériels de pompage. L’expérience en cours au Bénin nous amène à affirmer que sans une gestion intégrée des ressources en eau, on ne peut s’attendre à un développement durable du pays. C’est pour cette raison qu’en accord avec la communauté internationale, les autorités compétentes du pays œuvrent à la mise en place d’un cadre juridique et institutionnel favorisant une gestion durable de l’eau au Bénin. Dans cette démarche, le Bénin a besoin de la coopération technique et de l’appui financier de ses partenaires au développement pour faire du secteur de l’eau un maillon dynamique dans la promotion du développement durable du pays, notamment dans les actions suivantes : l’évaluation des ressources en eau, le développement et la mobilisation des ressources en eau, et l’intensification des programmes d’alimentation en eau.

C’est pour corriger ces insuffisances que le Bénin s’est doté en 1992 d’une Nouvelle Stratégie dans le domaine de l’Alimentation en Eau Potable et de l’Assainissement en milieu Rural (AEPA). Cette stratégie est mise en œuvre à travers les Projets d’Assistance au Développement du secteur de l’alimentation en Eau potable et de l’Assainissement en milieu Rural (PADEAR) financés par la Banque Mondiale, DANIDA, GTZ et la KFW ; cadre dans lequel entrent les actions de Urgence Bénin.

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PROJET IRRIGATION

I . INTRODUCTION – L’IRRIGATION AU BENIN

Suite et en complément du projet de commerce équitable avec les groupements agricoles de femmes de Togbota ; nous avons pensé développer un système d’irrigation pour les périmètres cultivés pas ces groupements.

En effet, au niveau de l’économie agricole, l’irrigation permet la diversification des cultures : maraichage, cultures légumières et fruitières, production de semences, grandes cultures. L’insuffisance ou l’excès d’eau perturbent la plante. La maîtrise de l’irrigation est donc un facteur qui permet de maîtriser une production régulière en qualité et en quantité des produits. Elle peut même améliorer la précocité des productions, ce qui est un atout important pour la conquête des marchés. Par exemple, au Benin un champ de maïs irrigué peut permettre une seconde récolte contre une seule pour une culture non irriguée.

Tout d’abord, pour tout projet de développement agricole et d’irrigation, il faut faire une analyse du contexte de développement. Il se constitue de facteurs environnementaux, économiques, politiques, institutionnels, démographiques et sociologiques. L’identification des activités possibles en matière d’aménagement hydro-agricoles repose sur la compréhension de ces facteurs et de leurs interdépendances.

On pourra ainsi se demander quelles sont les conséquences sociales et économiques d’un projet d’irrigation. Quels en sont les coûts matériels, physiques et financiers ? Quelles sont les différentes stratégies les mieux adaptées à la zone ?

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1 - Hydraulique agricole

L’étude d’un projet hydro-agricole ou d’un projet d’hydraulique humaine et pastorale est conditionnée par la présence d’eau à une distance de l’exploitation compatible avec la rentabilité du projet. Cette eau doit être en quantité suffisante et doit présenter des qualités satisfaisantes en terme :

- Physique : température de l’eau (moyenne pour l’irrigation), les matières en suspension doivent être éliminées.

- Chimique : teneur de l’eau en chlorure de sodium (NaCl<0,5 g/l), des sels de calcium et de magnésium en faible dose.

L’eau provient des réseaux superficiel (comme à Togbota le fleuve) ou souterraine. Les premières sont plus abondantes mais il faut des techniques de captage et de dérivation correspondantes.

D’autre part, dans les régions irriguées d’Afrique en générale, la population est souvent dense er groupée dans des villages disposés prés des canaux d’irrigation. Par suite de l’utilisation de l’eau pour la consommation des usages domestiques l’eau des canaux est fortement polluée. Il est donc important de vérifier suite a l’installation de canaux d’irrigation que les populations locales ne s’approprient pas ces nouveaux ouvrages à d’autres fins et que des migrations d’habitat ne s’effectuent dans leur direction ; une bonne entente entre usagers agricoles ou pastoraux et villageois est aussi indispensable. 2 - Les différents facteurs du développement

Au niveau macro, la baisse des cours agricoles mondiaux et des coûts d’investissement élevés par hectare irrigué rendent de plus en plus difficile la justification économique de nouveaux aménagements hydro-agricoles. Actuellement, près de 40% des denrées alimentaires mondiales proviennent de terre irriguées qui présentent environ 17% de la superficie totale cultivée. Au cours des prochaines années, les disponibilités alimentaires dépendront de plus en plus de l’irrigation, tout en sachant que l’eau sera de plus en plus rare. En outre, dans les pays en développement comme le Benin, l’exode rural des hommes en quête d’emploi et d’activités rémunératrices a entrainés un accroissement du nombre de ménages ruraux dirigés par une femme donnant lieu à une féminisation de l’agriculture.

Au niveau intermédiaire, les objectifs des politiques d’ajustement structurel, d’efficacité économique et de viabilité budgétaire ont marqué le démarrage d’un processus de privatisation et de décentralisation ayant des répercussions sur le secteur de l’irrigation ; tel que : - les transferts aux associations des usagers de l’eau de diverses responsabilités : exploitation et entretien des aménagements hydro-agricoles, associés à la prise en charge partielle ou totale des coûts. - la tarification de l’eau selon la quantité utilisée et en fonction de la qualité ; - la création de marchés de l’eau : au niveau de particuliers et/ou des secteurs agricoles.

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C’est ainsi que l’état et les ministères compétents délaissent leur rôle d’opérateur au profit d’un rôle de planificateur et d’évaluation.

Au niveau du terrain, l’irrigation traditionnelle de faible coût et intensifiée, sur l’initiative des agriculteurs, est de plus en plus reconnue en raison de son potentiel pour l’augmentation de la production vivrière. Selon le génie rural de Porto-Novo, les initiatives de producteurs indépendants sont d’ailleurs favorisées plutôt que celles de groupements et coopératives étant donné l’organisation complexe qui en découle (entretien réseau, achat carburant pour motopompe…) notamment financièrement. Pour un projet d’irrigation, il faut tenir compte aussi des ressources locales et des besoins fondamentaux ; s’assurer de l’engagement des personnes : terre, main d’œuvre, capital, eau, marchés, connaissances. Ceux-ci variant selon la culture, l’accès, le sexe, l’âge, le niveau de richesse …

Ainsi au niveau macro on définira les politiques sur les ressources en eau, les financements (internationaux, nationaux, la participation populationnelle), la législation … Au niveau intermédiaire, on identifiera les ressources et contraintes liées au nombre d’agent de terrain, au budget annuel, aux capacités des ressources institutionnelles. Au niveau du terrain, une analyse des systèmes d’exploitation permettra de saisir les activités agricoles, la circulation des ressources au sein du ménage (sexe, personne travaillant aux champs…), la topographie et les différentes possibilités d’irrigation de la zone selon la ressource eau disponible.

A tenir compte aussi :

- du foncier et de l’eau : régime d’utilisation des terres, failles des exploitation, droit de l’eau, accès à ces ressources, besoins concurrentiels à l’eau

- la démographie et les relations sociologiques : appartenance ethnique, sexe, âge, composition des ménages, la division sexuelle du travail selon les différentes taches.

- Les systèmes d’exploitation agricoles : production, rendement des cultures et leur rotation, technologies utilisées, périmètre irrigué, caractéristiques du sol, emplacement des culures

- Les perspectives des marchés et des prix, et l’accès à ces marchés - L’organisation du mode de gestion du périmètre irrigué, la force physique et le temps

nécessaire, les financements pour faire fonctionner ces systèmes d’irrigation - Les contraintes techniques, institutionnelles, organisationnelles, géographiques

influant sur les performances du périmètre irrigué et la répartition des résultats.

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3 - Sol et irrigation

La plante puise dans le sol, l’eau et les éléments minéraux. L’eau du sol provient des pluies ou des remontées de nappe quand les pluies sont insuffisantes pour répondre à la capacité de rétention du sol (eau du sol retenue mais non utilisable par la plante), il y a pénurie en eau disponible pour la plante : l’irrigation répond à cette pénurie. S’il existe de l’eau (puits, barrages) pour irriguer la contrainte climatique disparaît (hormis celle liée à la température) mais le sol devient le premier acteur naturel auquel est lié la production.

Il existe donc une relation étroite Plante-Sol-Eau, tant sur le plan quantitatif (combien

d’hectares de terres sont irrigables ? de combien de mètres cubes disposent-on ?) que qualitatif (quelles sont les contraintes posées par ces sols ? quelle est la valeur de l’eau d’irrigation, quel est le comportement de telle ou telle culture ?). Le terme « sol » est pris ici dans le sens général du terrain (pente + terre) : selon la zone retenue, le facteur numéro un de la contrainte pourra être le terrain (pente) ou le sol proprement dit (taux d’argile, salinité).

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II . EVALUATION DES OPTIONS D’IRRIGATION

Il existe plusieurs type d’irrigation possible, d’une part selon les périmètres à irriguer

voulus, selon les contraintes du terrain (pente, ressource en eau …) mais d’autre part selon les ressources financières et les volontés des populations. Il faut également prendre en compte des éléments tels que la présence d’animaux, l’organisation sociale en vigueur, les lieux servant à la lessive et à la distribution d’eau de boisson (si pas de réseau d’adduction et de bornes fontaines).

Un ouvrage d’irrigation comprend des canaux, de nombreux ouvrages d’art et des appareils variés. Certains de ces éléments sont spécifiques des réseaux d’irrigation d’autres sont communs aux différents réseaux qui constituent un aménagement hydro-agricole (irrigation-drainage-pistes). Un réseau d’irrigation comprend les parties suivantes :

- un ouvrage de prise : prise en rivière, prise en eau morte, captage d’eau souterraine - un canal ou une canalisation principale d’adduction portant ne nom de « tête morte » - les canaux, ou conduites secondaires, qui répartissent l’eau entre les divers secteurs à

arroser - des canaux, ou conduites tertiaires et parfois quaternaires, issus des précédentes, qui

répartissent l’eau et alimentent les rigoles qui desservent les parcelles. Ces différents canaux sont équipés d’ouvrages qui assurent la répartition et la distribution de l’eau (déversoirs, chutes, ouvrages de prises, partiteurs, siphons…) mais également la régulation ou la sécurité (déversoir latéral).

Il existe différents méthodes d’irrigation que nous allons plus ou moins détailler ci-dessous. (Informations recueillies d’après des notes du « mémento de l’adjoint technique des travaux ruraux », collection « techniques rurales en Afrique » du ministère de la coopération française).

1 - l’irrigation par submersion naturelle ou artificielle :

- submersion naturelle : cette méthode, appelée aussi irrigation par épandage de crue, consiste à reproduire une inondation naturelle en ménageant des brèches dans les berges des cours d’eau, afin de stocker l’eau des crues dans le sol. C’est une méthode qui permet de reconstituer les réserves en eau du sol et de lui apporter un limonage complémentaire. Elle se satisfait d’ouvrages simples et économiques. La culture peut se faire sur décrue après retrait des eaux de la zone inondée, ce qui condamne à des cultures de plantes à cycles végétatifs* court s’il n’y a pas de relais des pluies. *Cycle végétatif : cycle de croissance de la plante (feuille, tige ramification …) ; le cycle de vie de la plante se décompose en cycle végétatif et reproductif (formation et fonctionnement des organes reproducteur : fleur, pollen …) qui peuvent être distincts ou superposés.

- submersion artificielle : ou irrigation par bassins, consiste à alimenter périodiquement des bassins que l’on veut submerger et à y laisser séjourner l’eau pour qu’elle s’infiltre dans le sol. (Méthode la plus utilisée pour la culture du riz). Le principe fondamental de l’aménagement des bassins est de réduire au minimum les différences d’altitude entre deux compartiments voisins. On peut concevoir la disposition des bassins suivant les courbes de

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niveau, mais le plus souvent on leur donne des formes géométriques (carrés ou rectangulaires) adaptés aux conditions du terrain préalablement plané. Les bassins peut être, soit dépendants (alimentation en cascade les uns par les autres), soit indépendants (chaque parcelle est indépendante en ce qui concerne son alimentation et sa vidange).

2 - Irrigation par ruissellement méthodes qui dépendent d’une pente.

- Irrigation par rigoles de niveau : ce mode d’irrigation est la méthode traditionnelle des pays de montagne : les eaux provenant des captages de sources ou de détournements de torrents sont répandus sur le sol par débordement de petites rigoles. Ce système simple ne suppose pratiquement aucun aménagement du terrain, si ce n’est le creusement du réseau hydraulique. La surface à irriguée est divisée en unités parcellaires par les rigoles de répartition, puis en petites planches larges et courtes par les rigoles de niveau (disposée suivant les lignes de niveau). L’eau est amenée en tête de la zone à arroser par un canal portant le module et qui dessert les rigoles par répartition sensiblement perpendiculaires à la ligne de la plus grande pente. Ces rigoles desservent ensuite des rigoles de déversement ou « de niveau ». L’eau s’infiltre et le surplus est recueilli par la rigole suivante qui la redistribue à nouveau sur la planche qu’elle domine. Ce système est économique mais nécessitent obligatoirement un terrain en pente assez forte.

- Irrigation par rigoles d’eau courante (rases) : si les rigoles de déversement sont

disposées obliquement par rapport aux rigoles de répartition, elles sont appelées « rases ». Les rigoles de répartition sont à un écartement de l’ordre de 50m, elles donnent naissance, de part et d’autre, à des rigoles de déversement de 25m environ de longueur. Celles-ci sont espacées de 5 à 20m selon la pente et la nature du sol. La profondeur des rases varie de 0,10 à 0,15m et leur largeur en gueule de 0,20 à 0,30m. Leur section va en se rétrécissant vers l’aval pour faciliter le déversement. On utilise les rases pour les terrains à pente plus faible (1%) sur lesquels il est difficile de bien apprécier les courbes de niveau et lorsque les eaux sont chargées de limon.

- Irrigation par plans inclinés et ados : Ces méthodes s’emploient lorsque le terrain

n’a pas une pente naturelle suffisante pour y faire ruisseler l’eau en nappe. Elles exigent la création de pentes artificielles nécessitant des terrassements importants.

Plan incliné (4%) : aménagement du terrain par une succession de petites terrasses rectangulaires (10m maximum) dont les côtés sont orientés dans le sens de la plus grande pente. Le long côté (amont) comporte une rigole de déversement, le long côté (aval) comporte une rigole de colature bordant la rigole de déversement de la planche directement inférieure.

Ados : aménagement du terrain par accolement de deux plans inclinés (5%) sensiblement symétrique et de pentes inverses, de manière que la rigole de niveau leur soit commune. L’eau en excès est recueillie dans les canaux de colature. En raison du coûté élevé de l’aménagement du sol et des difficultés rencontrées pour la récolte avec des machines mécaniques, l’irrigation par ados est à considérer come une méthode à appliquer dans des cas très particuliers, notamment lorsque le drainage superficiel doit être combiné avec l’irrigation.

- Irrigation par calant ou planche : L’eau déversée à la partie supérieure du terrain

ruisselle sur toute la surface de la planche qu’elle humecte au fur et à mesure de sa progression. Le canal d’amenée tracé obliquement par rapport aux courbes de niveau domine le terrain qui est divisé en calants. Il faut éviter un dénivelé trop important entre deux calants adjacents, ménager à la sortie de la rigole de déversement un tronçon horizontal pour disposer

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d’une bonne répartition de l’eau, la pente ne doit pas être supérieure à 4%, les bourrelets de calants doivent être larges et bas (faciliter la récolte) et les points d’alimentation sur la rigole de tête doivent être assez rapprochés (5 à 8 m). 3 - Irrigation par infiltration : - Irrigation à la raie : contrairement aux méthodes exposées précédemment, l’eau n’est pas déversée sur le terrain, elle est répartie dans un ensemble de rigoles et s’infiltre verticalement et latéralement en humidifiant la terre comprise entre deux raies. Cette méthode présente l’inconvénient d’être lente, exigeante en main d’œuvre et de conduire à des pertes d’eau réellement importantes (colatures) ; par contre les avantages sont les suivants : applicable aux terrains les plus divers, facilite les activités culturales car la terre reste sèche entre les sillons et limitation de l’érosion avec les faibles débits. Les sillons peuvent être triangulaires ou plats, et leurs écartements varient en fonction du type de sol (moins espacés pour les limons sableux que pour les limons argileux) et des caractéristiques culturales. L’eau est distribuée aux sillons à partir de petits fossés en terre, de canalisations bétonnées ou de tuyaux perforés. Le débit est difficile à régler : la précision dans les débits peut être obtenue par l’utilisation de siphons de distribution. Cette irrigation s’applique aux plantes sarclées, aux cultures maraichères et aux arbres fruitiers ; les rigoles varient donc selon les cultures : droites, en zigzag, par cuvette-rigole. - Irrigation par conduite enterrée : dans certains cas, de manière à réduire les pertes de terrain causées par le creusement des différents canaux et rigoles, l’alimentation des raies se fait par conduites enterrées, alimentées sous faibles pression. Ces conduites sont alimentées par un canal principal gravitaire entre 60 et 80cm de profondeur ; leur section dépend du débit à distribuer et de la pente du terrain. La conduite de distribution comporte un tuyau vertical piqué sur la conduite et muni d’un clapet à vis permettant de régler le débit. 4 - L’irrigation souterraine : Cette méthode consiste à humecter le sol ; elle ne permet pas de bénéficier des phénomènes secondaires favorables à l’irrigation (aération du sol, limonage). - Irrigation par fossés profonds : de nombreuses zones marécageuses et tourbeuses doivent être assainies pendant la saison des pluies, mais souffrent d’un excès de sécheresse pendant la saison sèche. L’eau d’assainissement sera alors utilisée comme réseau d’irrigation. Il suffit d’introduire de l’eau dans ce premier réseau et d’en relever le niveau par la construction de vannes qui resteront ouvertes pendant la saison des pluies. L’eau ainsi retenue pénètre par infiltrations latérales dans le sous-sol et assure ainsi aux plantes l’humidité nécessaire à leur développement. - Irrigation par conduites de drainage : il est possible d’appliquer le système précédent à un réseau de drainage en tuyaux (de poterie). Si l’on intercepte le passage de l’eau introduite dans une file de tuyaux, celle-ci se répand par les interstices entre les tuyaux et s’infiltre dans le sol. Cette méthode présente l’avantage de faire disparaître toute rigole, donc de libérer des surfaces pour la culture ; elle est par contre, très coûteuse et ne peut se concevoir que dans le cas d’une utilisation mixte (assainissement-irrigation).

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5 - Les irrigations linéaires localisées : elles permettent de mieux régulariser le débit d’eau, mais le coût d’investissement reste élevé. - Arrosage au goutte à goutte : ce système d’irrigation, récemment mis au point (en Israël) comparativement aux autres techniques, a ouvert de nouvelle technique d’arrosage. Le principe consiste à disposer en divers points du terrain des orifices qui délivrent des débits très faibles de quelques litres par heure. L’eau qui sort goutte à goutte d’un orifice vient en contact avec le sol en un seul point et à l’intérieur du sol elle se répartit suivant différentes directions. Le système le plus utilisé est le dispositif goutte à goutte disposé sur le sol qui présente beaucoup plus d’avantages que le dispositif enterré ; avantages marquants tels que : l’économie d’eau, de main d’œuvre, l’augmentation des rendements et l’accélération de la croissance des plantes. L’inconvénient majeur est l’obstruction des appareils par les matières en suspension dans l’eau. - Arrosage par tuyaux perforés : ce système permet de délivrer de manière automatique, de très faibles débits instantanés destinés à compenser l’évaporation (mesurée à l’aide d’un Piche qui est utilisé comme détecteur des besoins et déclenche l’irrigation). La partie essentielle du dispositif est un tuyau débitant, dans une rigole creusée dans le sol, par des orifices de distribution calibrés et espacés, de manière que le débit délivré par unité de longueur soit uniforme. Le tuyau est immobilisé au fond de la rigole par des barrages de terre délimitant autant de biefs que la rampe comporte de perforations. 6 - Irrigation par aspersion qui est un système d’arrosage qui consiste à reproduire le phénomène naturel de la pluie. L’eau est distribuée sous forme de pluie sur le sol, à l’aide d’asperseurs alimentés par des canalisations sous pression.

Les avantages de cette méthode sont : elle peut être employée quelle que soit la nature su sol, réalise une certaine économie d’eau, un contrôle aisé de la distribution et ne nécessite aucun aménagement préalable du terrain. En revanche l’inconvénient majeur est que cette méthode peut nécessiter des dépenses importantes de premier établissement et d’exploitation (énergie, entretien du matériel).

Les installations peuvent être mobile ou fixe, souvent elles sont mixtes (conduites fixes et conduites de distribution mobiles). Elles comportent toujours un dispositif de pompage qui alimente le réseau (pompe centrifuge + moteur), des conduites sous pression qui distribuent l’eau en tous points utiles de la surface à arroser et qui alimentent les appareils de répartition et finalement des appareils qui projettent et répartissent l’eau sur le sol (asperseurs).

Les canalisations fixes utilisées sont de mêmes types que celles des adductions d’eau et les mobiles doivent être mobiles, légères et résistantes (assemblage et démontage rapide). Les asperseurs sont de quatre types : arroseurs à tête fixe, rampes munies de becs gicleurs, rampes perforées, arroseurs rotatifs.

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7 - Conseils pour Togbota :

Suite au rendez-vous avec le service du génie rural et plus précisément celui des bas fonds, il a été préconisé une irrigation par ruissellement pour la zone de Togbota : un système de pompage dans le fleuve ou de déviation du cours d’eau (petit ouvrage de barrage) puis un arrosage avec des petits canaux de distribution gravitaire. Cette technique est une des moins coûteuse, cependant elle nécessite d’être relativement proche de la source d’eau, d’avoir une organisation logistique pour le bon fonctionnement de la pompe (achat carburant, entretien…) et d’avoir un terrain légèrement pentu pour la gravitation de l’eau. Un conseiller de la commune d’Adhjoun travaillant pour le CecPA pourrait faire une analyse (gratuite ?) de la situation quand la période des inondations sera passée. Le bureau d’étude IGIP, par l’intermédiaire de Mr Ouessou (chargé du DAO d’AEV de Togbota) et sa qualité de consultant (payant !), peut aussi s’occuper de l’analyse technique du milieu et proposer les possibles méthodes d’irrigation pour les périmètres voulus; cependant il confirme que peu de projets d’irrigation sont en cours et surtout efficients au Bénin (donc peu de possibilités de comparer les résultats et les effets engendrés par un tel projet).

III . MODE DE FONCTIONNEMENT et COÛT D’UN PROJET D’IRRIGATION

1 - Planification et organisation générale

Un projet d’irriguer des périmètres cultivés se décomposent en plusieurs étapes (pas forcément selon un ordre chronologique) :

- volonté des agriculteurs à irriguer leurs cultures - étude topographique, pédologique : définition des types de sol et de leur potentiel

hydrique, détermination de la ressource en eau et de son éloignement, détermination des courbes de niveau, de la pente du terrain, de sa taille, étude de la qualité de l’eau…

- étude environnementale : périmètres voisins, écologie, pollution des eaux, influence des autres économies agricoles, pastorales, intendance

- étude des possibles méthodes d’irrigation de la zone - définition du coût total des travaux et levée de fonds (communautaires, aides

gouvernementales, ONG, programmes nationaux pour la valorisation de l’agriculture…).

- étude de la rentabilité du projet et des conséquences (sociales, économiques environnementales) à court et long terme.

La suite du déroulement du projet dépend de l’acteur qui « commande » l’ouvrage

d’irrigation et des acteurs interdépendants. Par exemple, s’il s’agit d’un agriculteur individuel, hormis une possible demande d’aide gouvernementale et donc le dossier associé, il choisit une entreprise de réalisation locale lui-même et s’organise une gestion personnelle de l’irrigation. S’il s’agit d’un programme gouvernemental de revalorisation de l’agriculture pour des groupements, d’avantage d’institutions entreront en jeu (commune, appel d’offre pour la réalisation… plus proche d’un projet d’AEV).

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Il est à noter qu’actuellement peu de projets de grande ampleur au niveau de l’irrigation sont en cours au Bénin (selon le bureau d’étude IGIP, le service du génie rural et de l’hydraulique), et que les petits exploitants indépendants sont de toute façon favorisés dans ces initiatives (aide du service des bas fonds par exemple dans le conseil d’aménagement avec l’action du Cecpa des communes). En effet, la gestion post-réalisation est meilleure si l’exploitant gère lui-même tout les ouvrages et les conséquences agricoles : achat de carburant pour la pompe, réparations des réseaux, travaux agricoles, vente des produits …. Car les coûts engendrés ont une potentielle raison d’exister pour des bénéfices monétaires conséquents. 2 - Coût du projet

Le coût d’étude du périmètre à irriguer est très faible par rapport aux dépenses totales d’aménagement d’un périmètre : il est souvent estimé à moins deux 2% du montant des investissements.

Au niveau des investissements, les institutions béninoises aident financièrement les petits projets d’irrigation (comme pour nous).

Nous avons pu avoir quelques estimations (du service des bas fonds de Porto-Novo) sur les coûts d’un tel projet :

- 80 à 100 000 FCFA/ha pour le relevé topographique - 150 à 200 000 FCFA /ha pour l’étude complète (possible d’être faite par un privé, un

bureau d’étude, la direction générale du génie rural) - 500 à 800 000 FCFA/ha pour les travaux (tuyauterie, motopompe de 100L/min)

Actuellement, le conseil se fait principalement par le génie rural (libéralisation aux privés pour ce domaine qui augmente l’emploi local).

IV . EXPLOITATION ET ENTRETIEN

Le rôle des femmes dans l’agriculture et le bon fonctionnement des projets mis en place est majeur. Plus elles sont convaincues des avantages du projet et plus elles apporteront leur soutien. Au niveau de l’exploitation certains points sont à contrôler ; on note :

- Le suivit des caractéristiques de l’eau - La prise d’eau et son écoulement dans les parcelles - L’organisation de la distribution d’eau pour les parcelles - La relation entre les usagers de l’eau et les agriculteurs - La surveillance des causes de dégradation des canaux (animaux, intempéries…) - L’utilisation de l’eau d’irrigation pour les besoins du ménage (lessive …)

Stratégiquement, plus la participation au suivit et l’évaluation sera forte, plus les décisions

prises seront démocratiques et efficaces.

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Au niveau du suivit il s’agit de vérifier divers aspects ;

- préciser les progrès réalisés - mesurer les effets des actions, quels sont les avantages tirés ? - apprécier les responsabilités, l’implication des acteurs et leur attitude - identifier les obstacles à la mise en œuvre du projet - prévoir des mesures d’atténuation des effets environnementaux et sociaux négatifs ; un

réajustement des activités du projet - quels sont les impacts sur les revenus des femmes ? (monétaires et nature)

V . CONCLUSION

Finalement initier l’irrigation à Togbota nécessite de comprendre le milieu économique et ses besoins (rendement, écoulement sur les marchés, concurrence), l’environnement au sens agronomique du terme, les ressources disponibles (eau, terres, taille des périmètres cultivés et leur localisation, sédimentation, main d’œuvre) et les éléments contraignants ou déficitaires (pente, financement, gestion, habitudes de culture, érosion). On peut proposer ce schéma en brève conclusion :

Climatologie Hydrogéologie Pédologie Topographie

DECISIONS Données techniques ou humaines plus adaptables

Agronomie Génie rural Sociologie Economie

Données naturelles plus ou moins modifiables

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PROJET COMMERCE EQUITABLE

A mon arrivée à Togbota, les groupements de femmes d’Agué et Oudjra était officiellement formés depuis peu de temps, les investissements initiaux de lancement réalisés et les premières cultures en cours ou ayant déjà produit. Les freins au développement concernant ce projet d’Urgence Bénin sont divers , on peux lister :

- Les convoitises vis-à-vis du pouvoir qu’il soit politique, territorial (relatif à la propriété), lié aux activités et surtout aux revenus ou encore vis-à-vis des relations (avec les chefs du village, avec les étrangers). Les jalousies au sein des groupements en rapport surtout avec les rôles de responsable et ceux du bureau.

- Le climat notamment avec les inondations qui empêchent et même détruisent les cultures des groupements.

- L’enclavement de la zone : moyens d’accès à Togbota, entre les villages, dépendance au carburant et à sa disponibilité, présence ou non de taxis-motos proche du fleuve.

- La séparation des communes notamment pour les femmes lorsqu’elles veulent de rendre aux réunions, effectuer les travaux des champs en groupe

- Motivation en baisse lorsque les rendements des cultures sont insuffisantes par rapport aux investissements (temps et monétaire) ou lorsqu’ils sont complètement détruits (précipitations, sécheresses …)

- Les financements surtout lorsqu’ils sont groupés et en vue d’une provision pour des investissements futurs (peu d’épargne disponible)

- Les divers soutiens notamment de l’état ou des hommes du village très peu présents - Problèmes politico-sociaux : discrimination sociale d’accès aux crédits, concurrence

homme-femme par rapport soutien financier de la famille (problèmes de fierté et de société patriarcale), suivit des projets par les institutions du pays

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- La densité de travail : temps de travail à répartir entre la vie familiale (repas, eau, enfants, taches ménagères, le travail aux champs, l’organisation du groupement (réunion), les ventes aux marchés …

- Paradoxalement les apports supplémentaires attrayants des acteurs extérieurs au village (moustiquaires, financements…) qui peuvent créer des jalousies et une certaine dépendance malgré que ces apports soient motivants et nécessaires à l’amélioration des conditions de vie à Togbota.

Quelles sont les solutions envisagées ? Tout d’abord la motivation (après sondage dans les groupements) reste apparemment intacte voir même s’accentue, les femmes savent que ce projet agricole est la source d’une redynamisation de leur économie (revenus en augmentation) en utilisant les potentiels locaux. La séparation des groupes en 5 sous-groupes de 5 femmes avec chacun une responsable permet une meilleure entente, une meilleure organisation du travail et une meilleure redistribution des récoltes. Ces sous-groupes sont formés par affinités et leur responsable volontaire et choisie par le reste du groupe. De cette façon, les femmes se sentent plus impliquées, plus de rôles de responsable sont distribués, la communication est facilité entre les 5 femmes d’un groupe et entre les 5 nouvelles responsables pour l’organisation générale du groupement. Une certaine concurrence entre les sous-groupes motivent les femmes à effectuer leur travail aux champs avant les autres groupes ce qui accélère la productivité (moins de plantes adventices concurrentes aux cultures, irrigation manuelle …) par exemple. Au niveau des champs, ceux-ci ont également été découpés égalitairement en 5 par tout le groupement. De la part des femmes de Agué, un principe de présence obligatoire (sauf pour les femmes malades) aux réunions hebdomadaires des groupements serait mis en place avec l’aide des écoliers, les pénalités d’absence serait fixées sur les récoltes ou les bénéfices des ventes. Cependant cette « règle » n’a pu être appliquée à aucune des réunions ce cet été.

Culture de Manioc sur la route entre Agué et Oudjra

Culture d’arachides à Oudjra

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Evolution du projet et perspectives L’inscription dans un programme national de diversification alimentaire permet aux groupements de retrouver un peu de motivation aux moments ou les crues effacent les espoirs de récoltes fructueuses. Trois groupements de Togbota sont inscrits à la mairie de leur commune, Adjhoun, et vont rentrés avec d’autres groupements de la commune dans ce vaste programme national. Notons que lors de cette réunion d’information-inscription à ce programme, beaucoup de femmes étaient présentes, que peu étaient déjà dans un groupement effectif et efficace en place ; ce qui donne un avantage concurrentiel (et surtout dans le temps) des groupements de Togbota sur les marchés locaux. L’autogestion et l’autofinancement des groupements sont à terme des objectifs majeurs pour ces femmes et pour Urgence Bénin, vis-à-vis des intrants (graines), du matériel de culture et de leur renouvellement, des nouveaux investissements (barques, bottes, location de terres…) et de toute l’organisation en générale. L’augmentation des procédés de transformation des produits (manioc en farine (gari) par exemple) et la diversification des cultures sont aussi des objectifs réclamés directement par les groupements. Dans l’optique d’améliorer « l’ambiance alimentaire générale » actuelle, intégrée dans les marchés, du pays et même de l’Afrique de l’Ouest, les groupements espèrent par ce projet être au minimum autosuffisant alimentairement (surtout en période de crues) et dégager des bénéfices. Au cours de l’été, un effet « boule de neige » des groupements a vu le jour. En effet, dans les pays en développement comme le Bénin où l’agriculture est la principale source de revenu, toute modification d’organisation ou culturale doit d’abord faire ses preuves pour être acceptée. Face à la possibilité qu’ont certaines femmes (celles des groupements initiaux) d’augmenter leurs revenus, d’autres femmes de Togbota ont décidé de se monter de façon autonome en groupement de 25 femmes. Une parcelle déjà travaillée, des réunions effectuées, une certaine ponctualité à nos réunions, une volonté à tendance « concurrentielle » aux groupements existants et d’entraide, nous ont montré la motivation de ces nouveaux groupements fleurissants. Nous avons ainsi décidé d’aider ces nouvelles initiatives comme les deux premiers groupements : officialisation à la mairie, aide à la structuration des groupes et sous-groupes, création de comptes en banque, premiers investissements, conseils et photo de groupe !

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CONCLUSION GENERALE

Les activités d’Urgence Bénin sont toutes plus ou moins en lien et dans l’optique d’améliorer les conditions de vie des habitants de Togbota. L’adduction d’eau potable aura des effets directs sur la santé des populations et les conditions de vie générales; la redynamisation économique passe par les groupements de femmes, le potentiel touristique entre également dans cette direction ; l’irrigation agira directement sur l’agriculture et donc l’économie. L’évolution de ces projets qui à terme seront autonomes, feront de ces nouvelles stratégies un développement durable et non seulement une aide ponctuelle moins efficace. Il s’agit ainsi de donner les « clés » d’un développement à long terme à ce village qui ne pourra qu’évoluer de manière positive en prenant en compte les volontés des populations. Aujourd’hui Togbota a à sa disposition des solutions et opportunités pour améliorer efficacement les conditions de vie de la zone, cependant une prise de conscience des risques et menaces est nécessaire, la participation communautaire essentielle pour contrôler la vitesse du développement et respecter les choix des habitants. Pour ma part, j’ai appris beaucoup de ce stage : découvrir une autre facette du monde du développement en intégrant pour deux mois une ONG, voir les liens entre les différents secteurs d’aide au développement (eau, santé, économie …) participer à tous les niveaux à un projet d’adduction villageoise d’eau potable, se renseigner sur les potentialités d’un autre projet (irrigation) dans la zone de travail, découvrir toutes les diversités sociales et économiques du Bénin, comprendre les stratégies de chacun des acteurs des projets et finalement de voir qu’avec de petites ambitions bien ciblées, les conséquences peuvent être très vastes. Si, j’avais un élément à relever particulièrement, outre l’accueil au village, ce serait la motivation et l’ambition de développement qu’ont exprimé ces femmes courageuses des villages de Togbota en se constituant spontanément en groupement.

Je remercie toutes les personnes qui ont croisé mon chemin de près ou de loin dans cette enrichissante expérience béninoise.

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ANNEXES

Annexes fournies sous format informatique Annexes électroniques ----------------------------------------------------------Page 48 Irrigation : article de presse de la FAO ---------------------------------------Page 49 Présentation de la banque ouest africaine du développement -------------Page 51 Monographie complète de Togbota -------------------------------------------Page 55 Organigramme du projet eau (4 pages au total en deux documents) ----- Fichiers joints au mail Annexes fournies sous format papier Illustrations des différentes possibilités d’irrigation Organigramme de la direction générale de l’eau Questionnaire de l’enquête réalisée à Togbota sur l’utilisation de l’eau potable Consignes pour promouvoir la bonne utilisation de l’eau potable Dossier d’appel d’offre

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ANNEXES « ELECTRONIQUES » Etant donné la longueur de certaines annexes il est plus simple de donner les liens permettant d’accéder directement à ces annexes (en PDF la plupart du temps) :

- Le guide sectoriel d’irrigation du programme ASEG, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) : http://www.fao.org/sd/SEAGA/downloads/fr/IrrigationFr.pdf

- Le guide sectoriel d’étude d’impact sur l’environnement des projets d’adduction

d’eau, du Ministère de l’Environnement, de l’Habitat et de l’Urbanisme (Agence Béninoise pour l’environnement) : http://bch-cbd.naturalsciences.be/benin/implementation/documents/etudeimpact/eau.pdf

Pour les méthodes participatives pour le développement rural : www.fao.org www.ied.org www.nt1.ids.ac.uk www.oac.uoguelph.ca www.rec.org

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ANNEXE IRRIGATION : ARTICLE PRESSE FAO MAGAZINE AFRIK Société - Pan Afrique - Agriculture - Eau L’Afrique ne manque pas d’eau … La FAO estime que la précieuse ressource est seulement sous-exploitée. L’eau ne fait pas défaut à l’Afrique. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, le continent n’est pas en manque, mais peine plutôt à optimiser l’exploitation de la précieuse ressource. La division des eaux et des terres de la FAO revient sur les causes de cette situation et explique comment elle tente d’inverser la tendance. Afrik : Que préconise la FAO pour optimiser l’utilisation des ressources hydrauliques ? La FAO : Il faut travailler par étapes. La plus simple est de promouvoir davantage la culture de denrées auxquelles l’eau de pluie suffit pour pousser, de sensibiliser à la collecte des eaux de ruissellement et d’installer plus de pompes à pédale. Ensuite, il est possible d’envisager la mise en place de périmètres villageois (surface est installée un système d’irrigation), dotés de barrages. Certains périmètres existent déjà, mais ont parfois plus de trente ans. Ils ont été délaissés et se sont détérioré par manque de maintenance. Nous envisageons de les réhabiliter, avant de les laisser aux paysans que nous aurons sensibilisés à leur importance. Afrik : A combien revient un périmètre villageois ? La FAO : Un petit aménagement comportant uniquement une pompe à pédale peut revenir à 400 euros l’hectare. Si le système d’irrigation voulu est plus sophistiqué et qu’il nécessite, par exemple, l’installation d’un barrage et d’un réservoir, le prix peut grimper jusqu’à 10 000 euros. Ce qui constitue un autre frein à l’utilisation de méthodes plus modernes. Les autorités ont d’autres priorités, comme la lutte contre le sida ou les guerres. Afrik : Où en est le recyclage de l’eau pour les cultures ? La FAO : Certains pays utilisent des ressources d’eau non-conventionnelles comme les eaux de drainage (opération consistant à faciliter l’écoulement de l’eau retenue en excès dans les terres trop humides, ndlr) pour irriguer leurs cultures. Dans d’autres Etats, comme la Namibie et l’Afrique du Sud, les eaux usées sont de plus en plus recyclées puis réutilisées pour les cultures. Au Zimbabwe, on irrigue les arbres avec les eaux usées, mais pas pour les cultures agricoles. Par contre, de plus en plus dans les zones périurbaines, comme à Nairobi (Kenya) et à Accra (Ghana), certains paysans pauvres utilisent les eaux usées dans les champs. Le problème de l’Afrique sub-saharienne est qu’elle ne maîtrise pas l’exploitation de l’eau. Afrik : Comment expliquez-vous ce phénomène ? La FAO : L’une des raisons de cette sous-exploitation est que, depuis sept ou huit ans, les bailleurs de fonds sont réticents à investir dans les projets d’irrigation. Un retrait dû au fait que les Africains ne s’appuient pas en priorité sur les infrastructures modernes pour leurs activités agricoles (seuls 7% des terres arables sont irriguées en Afrique, d’après Jacques Diouf, directeur général de la FAO, ndlr). Cet échec s’explique notamment par le fait que les systèmes d’irrigation impliquent une organisation, une collaboration et l’établissement d’un réseau de distribution de l’eau, dont les Africains n’ont pas encore l’habitude. Ils privilégient en priorité les cultures qui poussent très bien avec l’eau de pluie, comme les céréales et les tubercules.

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Afrik : Quels sont les priorités de la FAO aujourd’hui ? Jacques Diouf : L’eau. J’ai été interviewé à l’occasion du sommet mondial de l’alimentation en 1996. On m’a demandé quelles étaient mes trois priorités. J’ai répondu : « Première priorité l’eau, deuxième priorité l’eau, troisième priorité l’eau ». Et le répète aujourd’hui. L’eau conditionne la vie. Il y a de l’eau en Afrique, mais nous ne la maîtrisons pas. Le continent utilise à peine 1,6 % de ses réserves disponibles en eau pour l’irrigation, contre 14% en Asie. Le résultat est que l’Afrique n’a que 7% des ses terres arables irriguées, contre 40% en Asie. Et on tombe à 3%, si on enlève le Maroc, le Soudan, l’Egypte, l’Afrique du Sud et Madagascar sur les 53 pays. Afrik : L’Afrique a-t-elle vraiment pris conscience du problème de l’eau ? Jacques Diouf : Je pense que maintenant oui, puisque le premier sommet extraordinaire de l’Union africaine sur l’eau et l’agriculture se tiendra à la fin du mois à Syrte en Libye. Afrik : La faim n’est-elle pas politique ? Jacques Diouf : Tout est politique. Les décisions des Etats, des peuples, les priorités, les conflits... tout cela est fonction des politiques au sens de la gestion de la cité. Et naturellement il y a de cela, mais il n’y a pas que cela.

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ANNEXE : PRESENTATION DES ACTIONS DE LA BANQUE OUEST-AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT

INTRODUCTION Le problème posé par la disponibilité de l'eau et de son utilisation adéquate dans le monde et en particulier en Afrique Sud Saharienne est d'une brûlante actualité. C'est pourquoi nous saluons l'initiative prise par les organisateurs de la présente conférence Internationale "Eau et Développement Durable". Nous vous remercions d'avoir invité la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) à prendre part à cette assise. Nous nous réjouissons de l'opportunité qui nous est offerte de participer aux réflexions susceptibles de trouver des voies et moyens d'optimiser l'utilisation de l'eau, ressource rare dans la plupart des pays membres de la BOAD et de contribuer à l'amélioration des conditions de vie des populations. La BOAD est heureuse de participer à la recherche de voies et moyens visant l'élaboration de stratégies nécessaires pour améliorer la protection et la gestion des ressources en eau dans les zones rurales et urbaines. Aussi, avant de vous exposer l'expérience de la BOAD dans le domaine de l'eau, permettez nous d'abord de vous présenter brièvement cette institution. I. PRESENTATION DE LA BOAD Créée en 1973 et devenue opérationnelle en 1976, la BOAD est l'institution commune de financement du développement des huit Etats membres de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), à savoir : le Bénin, le Burkina, la Côte d'Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. La plupart de ces pays ont un caractère sahélien marqué et tous appartiennent entièrement ou partiellement à la zone Soudano Sahélienne. Ils sont donc confrontés au problème de la sécheresse et de la désertification. Leur développement est conditionnée par une maîtrise et une gestion rationnelle de l'eau. La BOAD est un établissement public international dont le siège social est fixé à Lomé (Togo). Son capital social autorisé est 240 milliards de francs CFA. Les domaines d'intervention de la Banque sont les suivants : le développement rural, les infrastructures de base et modernes, l'industrie, les petites et moyennes entreprises de production et de services, le transfert de la propriété à des ressortissants de l'UEMOA, des moyens de production et de distribution des biens et services. Les interventions de la Banque se font sous forme de prêts, de prises de participation au capital social des entreprises, d'aval ou de garantie, d'allégement des conditions d'emprunts par bonification d'intérêt, de financement d'études de factibilité. A ce jour, le montant global des concours de la Banque au bénéfice des Etats membres s'établit à 350 milliards de francs CFA.

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II. INTERVENTIONS DE LA BOAD DANS LE DOMAINE DE L'HYDRAULIQUE URBAINE, RURALE, PASTORALE ET AGRICOLE Les interventions de la Banque dans le domaine de l'eau concernent 40 opérations pour un montant global de 64,39 milliards de F CFA (soit 18,5 % de l'ensemble de son financement), auxquels il convient d'ajouter des interventions en la matière dans le cadre d'une dizaine de projets de développement rural intégré. 2.1. Hydraulique Urbaine A ce jour, la Banque a financé six (06) projets d'hydraulique urbaine pour un montant de 17,1 milliards de F CFA soit 26,6 % des interventions dans le secteur. 2.2. Hydraulique Rurale En hydraulique rurale, les opérations financées concernent des projets d'hydraulique villageoise et de mini-réseau d'adduction d'eau pour les localités importantes. Les projets financés à ce jour sont au nombre de dix neuf (19) dont deux projets de mini-réseau d'adduction d'eau, pour un montant total de 27,1 milliards de F CFA soit 42 % de l'ensemble du secteur. 2.3. Hydraulique Pastorale et Agricole La Banque a financé quinze (15) projets dont l'essentiel est localisé dans les pays du Sahel (13 projets) où la pluviométrie est aléatoire, pour un concours total de 20,2 milliards de F CFA soit 31,4 % des engagements totaux du secteur. III. CONTRAINTES RELEVEES DANS LE SECTEUR ET PROPOSITIONS D'AMELIORATION Au travers de l'évaluation et du suivi des projets la Banque relève les contraintes et tire les conclusions suivantes : 3.1. Hydraulique Urbaine Les principaux problèmes inhérents à ce sous-secteur concernent le coût de la maintenance des équipements relativement élevé et les tarifs fixés par les Etats trop faibles par rapport aux charges d'exploitation ; en outre une extension rapide des centres urbains due à une démographie non maîtrisée entraîne une saturation rapide des équipements et réseaux de distribution mis en place ; enfin, la question d'élimination des eaux usées est devenue un réel problème de salubrité publique particulièrement dans les grandes agglomérations.

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Face à ces contraintes, il y a lieu : - de prendre des dispositions de manière à assurer une gestion financière saine des sociétés d'eaux avec une politique de résorption des impayés (privés et administrations) ; - d'adopter une politique de tarification en rapport avec l'évolution des charges d'exploitation tout en préservant l'intérêt public général ; - de tenir compte de l'évolution démographique et du plan cadastral en faisant des projections à long terme dans le montage des projets ; - d'inclure nécessairement dans les projets un volet assainissement pour résoudre le problème lancinant de traitement et d'élimination des eaux usées. 3.2. Hydraulique Rurale Les problèmes fréquemment relevés au niveau de l'hydraulique rurale sont les suivants : - la gestion et la maintenance généralement défectueuses des investissements mis en place ; - la non disponibilité des pièces de rechange et de personnel qualifié ; - la sous fréquentation des points d'eau réalisés due à un déficit d'information des populations bénéficiaires qui considèrent par ailleurs ces points d'eau comme des charges supplémentaires. Aussi les programmes et projets futurs devront-ils : - mettre en place des mécanismes de gestion et de maintenance des ouvrages qui responsabilisent les populations bénéficiaires (création de comités locaux de gestion de point d'eau, mise en place de fonds villageois, formation des artisans réparateurs locaux) ; - créer un réseau décentralisé de points de vente de pièces de rechange de manière à le rapprocher davantage des populations nécessiteuses et, dans le souci de rentabiliser ledit réseau, mener des réflexions en vue de limiter les types et marques des moyens d'exhaure dans les différents pays ; - mettre un accent particulier sur l'éducation sanitaire de manière à informer suffisamment les populations bénéficiaires sur les maladies hydriques et les avantages de l'usage de l'eau potable et ce en particulier dans les zones où les usagers disposent d'autres sources traditionnelles d'approvisionnement en eau généralement polluées. 3.3. Hydraulique Agricole et Pastorale Le développement des aménagements hydroagricoles et pastoraux rencontre les principaux problèmes ci-après :

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- la non maîtrise technique de la gestion et de la maintenance des aménagements ; - l'insuffisance des moyens requis pour la mise en valeur des aménagements et la commercialisation des productions ; - la préparation insuffisante des bénéficiaires pour la prise en charge des aménagements transférés suite au désengagement de l'Etat des secteurs productifs amorcé dans le cadre des programmes de restructuration du secteur agricole ; Pour lever ces contraintes qui entravent la bonne exécution des programmes, il est indispensable de prendre les dispositions appropriées notamment : - impliquer les populations dans l'identification, la conception et la réalisation des projets de manière à répondre à leurs préoccupations d'une part et d'autre part faciliter l'appropriation des aménagements par lesdites populations ; - faire en sorte que la taille des aménagements et les moyens de mobilisation et de distribution de l'eau soient maîtrisables par les populations bénéficiaires en favorisant l'émergence des petits périmètres villageois et l'irrigation gravitaire ; - prévoir nécessairement dans les programmes et projets des volets formation et structuration des organisations paysannes de manière à les préparer à jouer conséquemment leur rôle futur dans la prise en charge du fonctionnement et de l'entretien des aménagements et infrastructures hydrauliques réalisés ; - promouvoir les organisations paysannes de type coopératif et mutualiste de sorte à faire face à la défaillance des structures classiques traditionnelles d'encadrement et de crédit pour la mise en valeur des aménagements et la commercialisation des productions. Ces dispositions constituent un souci permanent de la BOAD dans la préparation et le financement des nouveaux projets afin de garantir au maximum la pérennité des actions entreprises au bénéfice des populations rurales et urbaines dans le secteur de l'eau.

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ANNEXE : MONOGRAPHIE DE TOGBOTA (IAMD)

RAPPORT D’ETUDE DU MILIEU

PROJET D’ASSISTANCE AU DEVELOPPEMENT DU SECTEUR DE

L’ALIMENTATION EN EAU POTABLE ET DE L’ASSAINISSEMENT EN MILIEU

RURAL (PADEAR-GTZ/KFW-UE) OUVRAGE DEMANDE : AEV DEPARTEMENT : OUEME COMMUNE : ADJOHOUN ARRONDISSEMENT : TOGBOTA VILLAGE : TOGBOTA AGUE – TOGBOTA OUDJIRA PERIODE : DU 12/03/2007 AU 16/03/2007 PRESENTE PAR : ZOFOUN EDY AVEC L’APPUI DES ANIMATEURS DE LA MOBILISATION SOCIALE

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INTRODUCTION Dans le cadre des activités du montage des dossiers communautaires du Programme d’Assistance au Développement du secteur de l’Alimentation en Eau Potable et de l’Assainissement en milieu Rural (PADEAR-GTZ/KFW-UE), l’Institut Africain d’application des Méthodes de Développement (IAMD) qui assure l’intermédiaire sociale dans le Département de l’Ouémé a programmé des études de milieu dans plusieurs communes. Celle ci a eu lieu dans l’arrondissement de Togbota situé dans la commune d’Adjohoun. Distant de 15 km environ du centre de la commune, Togbota compte 2 villages : Togbota Agué subdivisé en 5 localités (Bossa, Djigbo 1, Djigbo 2, Zebé, Agbodo) et Togbota Oudjra qui compte 7 localités (Akikonvi, Dekanmé, Zouglidaho, Houenoudo, Kanmlinkanmé, Djehouanou, Agnansa). Suite aux problèmes cruciaux que pose l’eau et la demande exprimée par la population en Adduction d’Eau Villageoise (AEV), l’équipe de la Mobilisation Sociale a opéré sur le site bénéficiaire sur une période de 3 jours (du 12/03/3007 au 16/03/2007). La méthodologie adoptée dans le but d’atteindre les objectifs de cette étude est surtout basée sur la participation communautaire et se présente de manière suivante :

- la prise de contact avec les notables et les personnes ressources, - le séjour dans la communauté et l’observation directe, - la visite environnementale, - la tenue des assemblées générales avec la communauté, - la visite autour des points d’eau et l’observation du transfert hygiénique de l’eau de

boisson, - l’observation des récipients de stockage dans les ménages, - l’organisation des entretiens de groupe axé sur l’approche genre (focus groupe

homme, focus groupe femme), - l’administration de questionnaires semi structurés aux personnes ressources

identifiées au sein des 12 localités. Les différents outils utilisés dans la mise en œuvre de cette méthode dans les 2 villages voisins sont les séquences de figurines, la méthode SARAR, le tableau à pochette basé sur les modules « PADEAR qu’est ce que c’est ? », « PHA qu’est ce que c’est ? » et enfin la participation de toute la communauté. Ces informations recueillies durant le séjour sont présentées dans un tableau suivant les différents domaines et aspects puis analysées dans les lignes qui suivront.

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HISTORIQUE DU NOM DE L’ARRONDISSEMENT DE TOGBOTA

« TOGBO » est le nom du premier ancêtre qui a donné naissance à tous les habitants de Togbota appelés communément les « Togbotanous » en langue Wémé. Togbo selon les historiens ne serait pas mort comme les autres humains. Pour résoudre le problème de l’eau de boisson qui se posait à l’époque à ses enfants dans la zone d’Ifangni (actuelle commune du Département du Plateau) où il avait trouvé refuge après avoir fuit la guerre à Adja-Tado, le vieux Togbo se serait transformé en fétiche d’où à commencer à jaillir de l’eau pour satisfaire les besoins en eau de ses descendants à qui il avait fait la promesse de son vivant. Le nom « Togbota » signifie alors « source de Togbo ».

Pour se mettre à l’abri des guerres, les habitants ont franchi le lac Togbo pour s’installer dans la zone non inondée en période de crue grâce à Togbo qui s’est transformé en crocodile géant joignant les 2 bouts du lac.

Tout ceci s’explique par les différentes actions du vieux Togbo qui fuyant les guerres par de son lieu d’origine (Adja-Tado) avec sa suite pour se réfugier à Ifangni où il épousa une femme du nom de Ava. Ils eurent 4 enfants garçons que sont : Bessou et Bossa (frères jumeaux), Dôgbô Sahoro, Agbo. Dôgbô Sahoro fut initié aux pratiques fétichistes par son père Togbo. A la suite des mésententes avec les autochtones d’Ifangni sur les problèmes d’approvisionnement en eau de boisson, le vieux Togbo a rassuré ses enfants que même après sa mort ils ne souffriront de l’eau. C’est ce qui explique le fait que le vieux ancêtre Togbo s’est mystérieusement transformé en fétiche d’où à commencé à jaillir de l’eau pour permettre à son peuple de s’abreuver sans peine. Avant de s’installer définitivement à l’actuel Togbota Agué, les « Togbotanous » ont suivi les parcours migratoires ci après : Adja Tado → Ifangni → Gbada → Danko → Gbéko (commune de Dangbo) → Kinto (commune de Sô-Ava) → Sedjé Dénou (commune de Zié) et enfin Togbota Agué (commune d’Adjohoun).

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AG DE RESTITUTION DES INFORMATIONS RECUEILLIES AU SEIN DE LA COMMUNAUTE

CLIMAT

- Mars/Juin : grande saison des pluies Activité appropriée : pêche - Juin/Septembre : petite saison sèche Activité appropriée : pêche - Septembre/Janvier : petite saison des pluies Activité appropriée : culture de piment, manioc, haricot - Janvier/Mars : grande saison sèche Activité appropriée : entretien des cultures

VEGETATION

L’espace végétale dominant est le « Afin, Adjro, Hounsou » qui sert à la confection des pirogues et la construction des bâtiments.

SOLS Les différents sols existants sont les sols argileux-sabloneux.

AG DE RESTITUTION DES INFORMATIONS RECUEILLIES AU SEIN DE LA COMMUNAUTE DE TOGBOTA AGUE

DOMAINES ASPECTS ELEMENTS RECHERCHES Géographie physique

Coordonnées : 0641489 latitude Nord 224458 longitude Ouest

Relief Plateau encaissant des cours d’eau Climat 2 saisons pluvieuses, 2 saisons sèches Végétation Forêt galerie sacrée couvrant environ 20% de la

superficie totale. Savanes arborées et arbustives

Eau de surface Le fleuve Togbo a un débit variable compte tenu de la saison des pluies.

Sols Sols argileux très fertile, utilisé pour le remblais des cases.

DO

MA

INE

PHY

SIQ

UE

Routes, accès Routes dégradées et impraticables en période de pluies. L’accès à Togbota est très difficile si l’on doit prendre par Adjohoun, mais moins pénible si on prend par Zé.

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Habitations Habitations circulaires et dispersées à Agbodo comme à Zébé, mais très concentrées à Djibo 1, Djibo 2 et Bossa (ce sont des hameaux).

Bâtiments socio-communautaires

Ecole : EPP Togbota Agué

Moyens de communication

Transport : pirogues Canaux d’information locaux : crieur public

Administration Arrondissement de la commune d’Adjohoun. Togbota est divisé en 2 villages à savoir Togbota Agué et Togbota Oudjra.

Population 1321 personnes (RNPH 2002) Groupe ethnique : Ouémé Langue parlée : Ouémégbé Natalité moyenne Mortalité infantile considérable due au fait qu’il n’y a pas de centre de santé à Togbota Agué.

Structure du village

Il y a 5 villages parsemés de hameaux : Agbodocomé, Djibo 2, Djibo 1, Bossa…

Chefferie Responsables administratifs : - Chef d’Arrondissement - Chef du village - Conseillers

Personnes ressources

Mr SAVI Gaston, Chef d’Arrondissement. Il assure en collaboration avec les conseillers l’intérim du Chef du village décédé : - Mr DOSSOU Mathieu (Djibo 2) - Mr DENAKPO Djihanou (Djibo 1) - Mr GNANHOUE Thomas (Bossa) - Mr DOHOU Houssou (Agbodocomé) - Mme SAGBO Azannadi - Mme HOUESSIONON Alangui Yaotcha

Scolarisation Alphabétisation : elle a été faite grâce au concours de l’ONG Action Plus. Niveau de scolarisation des filles : il y en a qui sont scolarisées mais qui ne sont pas dans le village. Le niveau maximale de celles du village est le CM2.

Vie associative Les habitants de TOGBOTA Agué se réunissent non pas en groupement mais en association d’entre aide en cas de décès.

Religions Vodoun, Christianisme, Sakpata, Dan, Zangbeto, Hounvé, Yoho, Houéssiho, Togbo.

Activités récréatives

Divers groupes folkloriques animent lors des réjouissances ou à l’arrivée des hommes politiques ou toute autre manifestation.

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Tourisme Les touristes viennent à Togbota Agué pour visiter les singes à ventre rouge. Mais la localité de par son état rural ne dispose d’aucune infrastructure pouvant les accueillir.

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Situation emploi Agriculture : mais, manioc, tomates, gombo, piments, haricots, légumes… Pêche : asson, tchurkin, hotoun, tounvi… Commerce : vente des produits vivriers, bois de chauffe, produits manufacturés. Casse : agboulin, aulacaude, perdrix…

Autres services Néant Caractéristiques Un puits traditionnel sana succès (forage négatif).

Pas d’ouvrage à Togbota Agué et la population boit l’eau du fleuve qui sert encore de piscine aux hommes et aux cochons. Notons aussi que la vaisselle et la lessive se font dans le même fleuve.

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Appréciation de la situation

L’arrondissement de Togbota désire une AEV (Adduction d’Eau Villageoise) avec des extensions dans tous les villages. Elle a la capacité de mobiliser les fonds et tout ceci est renchéri par les partenaires de Cerget ONG qui sont prêts à mettre à la disposition de Togbota une somme de 2000 000 FCFA pour l’AEV. Après l’implantation du forage, la population est consciente de la tâche qui lui revient et promet de mettre des stratégies en place pour réparer l’AEV en cas de panne.

Maladies fréquentes

Fièvre, maux d’yeux, tension, lèpre, ulcère de Buruli, bilharziose, vomissements, hernies, diarrhées, rougeole, asthme, tension.

Médecine moderne

Néant

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Médecine traditionnelle

La population se contente de quelques feuilles pour guérir les maux dont elle souffre.

Projets en cours IAMPD/PADEAR, CERGET ONG Projets réalisée Action Plus (Alphabétisation)

Impact négatif

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Besoins prioritaires

Eau (1° rang) Hôpital (2°) Ecole (3°) Crédit (4°) Electricité (5°) Voie d’accès (6°) Marché (7°)

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AG DE RESTITUTION DES INFORMATIONS RECUEILLIES AU SEIN DE LA COMMUNAUTE DE TOGBOTA OUDJRA

DOMAINES ASPECTS ELEMENTS RECHERCHES Géographie physique

Coordonnées : 0641489 latitude Nord 224458 longitude Ouest

Relief Plateau encaissant des cours d’eau Climat 2 saisons pluvieuses, 2 saisons sèches Végétation Forêt galerie sacrée couvrant environ 20% de la

superficie totale. Savanes arborées et arbustives

Eau de surface Le fleuve Togbo a un débit variable compte tenu de la saison des pluies.

Sols Les sols sont argileux et servent non seulement aux cultures mais aussi aux remblais des cases..

Routes, accès Routes dégradées et impraticables en période de pluies. L’accès à Togbota est très difficile si l’on doit prendre par Adjohoun, mais moins pénible si on prend par Zé. Le problème des voies demeure une grande préoccupation dans le village. Les quelques voies disponibles sont réalisées à l’aide d’outils archaïques tels que les houes par la communauté elle même.

Habitations Les habitats sont semi dispersés à l’aide de paille sur piloti pour prévoir d’éventuelles crues.

Bâtiments socio-communautaires

Le village dispose d’un centre de santé précaire et d’une école dotée de 6 classes. Aucun marché et autre bâtiment administratif n’est disponible.

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Moyens de communication

Les gongoneurs.

Administration Arrondissement de la commune d’Adjohoun. Togbota est divisé en 2 villages à savoir Togbota Agué et Togbota Oudjra.

Population 1471 personnes (RNPH 2002) Groupe ethnique : Ouémé Langue parlée : Gungbé Le taux de mortalité infantile s’estime à 10%.

Structure du village

Le village est scindé en plusieurs localités (7)

Chefferie Les différents litiges sont réglés par les Zangbeto. Après cette première étape les différents vodounons s’asseyent pour prendre des décisions finales.

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Rôle des femmes

Les grandes décisions ne sont pas prises par les femmes. Toutefois, les hommes leur soumettent les idées.

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Personnes ressources

Les personnes ressources sont très utiles à l’installation d’un AEV dans l’arrondissement. Leur rôle sera d’amener la communauté à la mobilisation des fonds (participation financière), inciter la population à assister les travaux (participation communautaire), veiller au respect du règlement intérieur autour des points d’eau.

Scolarisation L’EPP de Togbota Oudjra a été créée en 1959 par Mr GANGBE Idelphonse qui fut son 1° Directeur.

Vie associative Le groupement masculin « AYIDEGO » qui existait depuis 20 ans environ n’existe plus à cause du non assistance matérielle et financière. Les groupements féminins n’existent plus actuellement. Les ONG intervenant dans la localité sont CERGET, IAMD/PADEAR.

Religions Vodoun, Sakpata,, Heviosso, Dan, Loko, Houessio, Togbo, Aladaga, Tovikpe. Christianisme (Eglise Catholique, Eglise du Christianisme Céleste, Eglise Evangélique)

Activités récréatives

Equipe de football Groupes folkloriques

Tourisme Les touristes viennent à Togbota Agué pour visiter les singes à ventre rouge. Mais la localité de par son état rural ne dispose d’aucune infrastructure pouvant les accueillir.

Agriculture Manioc, haricots, légumes, piments,… Transformation des produits agricoles

Huile rouge, sodabi, gari…

Exploitation forestière

Plantes médicinales, cueillette, chasse, produits ligneux…

Artisanat Menuisier, maçon Commerce Néant Transport Pirogues Tourisme Singe à ventre rouge, forêt sacrée de Togbota Agué Epargne, crédit Néant

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Situation d’emploi

Elevage de moutons, volailles Pêche, agriculture Vente d’akassa et de sodabi Produits nigérians

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prioritaires Eau (1° rang) Electricité (2°) Latrines (3°) Voie d’accès (4°) CEG (5°) Centre de santé (6°) Marché (7°)

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ANALYSE DES DONNEES RECUEILLIES L’étude du milieu faite dans l’arrondissement de Togbota plus précisément dans les villages de Togbota Agué et Togbota Oudjra révèle plusieurs réalités que vivent les communautés. En effet, la consommation de l’eau potable demeure un problème crucial dans ces zones voisines qui partagent encore d’autres réalités sociales, économiques, administratives, sanitaires et même politiques. Sur le plan social, Togbota Agué et Togbota Oudjra vivent une situation fraternelle, voir les brassages entre les communautés dans le but d’amorcer le développement de leur localité respective. C’est ainsi que plusieurs groupements sont nés dans ces localités mais compte tenu du manque de soutien des structures de développement , ils sont aujourd’hui en voie de disparition. Dans leur dévouement individuel, les habitants vaquent à plusieurs activités agricoles. La pêche aussi s’avère une activité importante compte tenu des atouts naturels disponibles. Bien que la communauté s’adonne aux activités pouvant leur permettre de vivre aisément, elle n’a pas encore trouvé une solution pour l’eau consommée quotidiennement et qui rend femmes, enfants, vieux et jeunes malades. La population recueille l’eau du fleuve qui sert de boisson. Sur le plan économique, les divers produits cultivés sont transférés vers les marchés limitrophes. Par ailleurs, les villages de Togbota ne disposent pas assez d’infrastructures sociocommunautaires. Néanmoins, les 2 villages disposent d’une école primaire de 6 classes sans latrines. On dénombre à peine l’existence d’un centre de santé en dehors d’un habitat précaire à Togbota Oudjra pour soigner les malades. Les ménages défèquent toujours dans la nature car ne disposant pas de latrines familiales ni publiques. Ceci provoque inévitablement plusieurs maladies comme la diarrhée, les vomissements et autres. Ainsi donc, les autorités communales doivent assister l’arrondissement par :

- Une subvention de latrines familiales ou publiques qui feraient la fierté des communautés de Oudjra et Agué.

- La recherche d’infrastructures pour améliorer la situation des villageois. - La recherche de partenaires de développement pour l’implantation des sites

d’assainissement dans les 2 villages. - L’aménagement de la piste Oudjra-Agué pour parfaire les relations commerciales

entre les 2 villages voisins.

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Toutefois, un bref aperçu sur les données recueillies prouvent l’importance de l’eau dans l’arrondissement. Les Services de l’Eau et de l’Assainissement de l’Ouémé amélioreraient la vie des communautés grâce à l’installation rapide de l’AEV.

CONCLUSION Les communautés de l’arrondissement de Togbota aspirent au développement et au mieux-être de leur milieu. Or, certains problèmes demeurent prioritaires et affectent notamment l’utilisation et la consommation de l’eau potable. Les différentes activités exercées par les habitants prouvent leur dévouement au travail et attestent qu’ils sont financièrement actifs. En égard à tout ce qui précède, tous les membres de la mobilisation sociale qui ont mené les activités d’étude du milieu ont jugé nécessaire la réalisation de l’AEV pour desservir les 12 localités de l’arrondissement. Ceci améliorera sans doute les conditions de vie de la population de Togbota.