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RAPPORT DE MISSION AU S ENEGAL Hubert GILLET Sous-Directeur au Muséum National d'Histoire Naturelle Professeur à l'I.E.M.V.T. UNESCO Division des Sciences Ecologiques PARIS Projet Formation en Aménagement intégré au Sahel BP 5077 DAKAR

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R A P P O R T DE M I S S I O N

AU S ENEGAL

Hubert GILLET

Sous-Directeur au Muséum National d'Histoire Naturelle

Professeur à l'I.E.M.V.T.

U N E S C O

Division des Sciences Ecologiques

PARIS

Projet

Formation en Aménagement

intégré au Sahel

BP 5077

DAKAR

1

S O M M A I R E

1 - INTRODUCTION

2 - CALENDRIER

3 - LE SEJOUR AU PROJET DE DEVELOPPEMENT DU SENEGAL ORIENTAL (PDESO)

3.1. Cadre général

3.2. Travaux pratiques

3.2.1. Etude des mares

3.2.2. Bilan fourrager

3.2.2.1. Strate herbacée

3.2.2.2. Strate ligneuse

3.3. Entretien avec les agro-pasteurs

4 - LA VISITE AU PARC NATIONAL DE NIOKOLO-KOBA

5 - LA VISITE AU CENTRE DE RECHERCHES ZOOTECHNIQUES DE KOLDA

ANNEXE 1 - La chèvre ( résumé de l'intervention)

ANNEXE 2 - Céréales cultivées à Koutiaba ( résumé de l'intervention)

ANNEXE 3 - Besoins journaliers en fourrage aérien.

ANNEXE 4 - Résultats des analyses bromatologiques des fourrages récoltés

ANNEXE 5 - L'Amaranthus viridis, fourrage naturel d 'une grande valeur

1 - INTRODUCTION

2

Les stagiaires de la 6e session ( 1985-1986) peuvent s'estimer

bénis par le sort. Ce stage qui a eu lieu au Sénégal oriental

s'est déroulé dans d'excellentes conditions. Les recettes pour appré­

cier la productivité d'un pâturage, le bilan fourrager, la capacité

de charge, l'aménagement et la gestion d'un parcours, entre autres

activités, leurs ont été offertes sur un plateau d'argent. Ils ont

bénéficié de l'expérience acquise au cours des sessions précédentes.

Tant mieux pour eux. Ils ont même participé à des opérations pionniè­

res, sans peut-être s'en rendre compte,comme celle de la mesure de la producti­

vité de la strate arborée fourragère. En tout cas, une mesure de la

quantité de feuilles d'arbres fourragers susceptibles d'être consom­

mées par le bétail a été réalisée. Ce n'est pas tellement courant.

Le stage a eu pour cadre trois emplacements différents :

- l'unité pastorale de Koutiaba du Projet d'Elevage du Sénégal

oriental

- le parc national du Niokolo-Koba

- le Centre de recherches zootechniques de Kolda.

Ainsi les stagiaires ont-ils pu s'initier aux méthodes de gestion

de l'habitat naturel suivant trois orientations différentes :

- la gestion de pâturages en zone sud-sahélienne dans une zone

d'agro-pasteurs.

- la gestion de la faune sauvage dans une zone soudanienne

- l'amélioration d'exploitation du bétail en Casamance.

De cette façon, ils ont couvert tout l'ensemble de la zone sahélo:

soudanaise, c'est-à-dire le secteur le plus vital de l'Afrique tropi­

cale sèche.

2 - CALENDRIER

Vendredi 4 octobre. Arrivée du consultant à Dakar, vol RK 003.

Samedi 5 octobre. Entretien avec le coordinateur, mise au point

du programme de la session. Prise de contact avec Michel

CABARET, écologiste aménagiste du projet FAPIS. Entretien

avec DJIGO, sociologue, ancien stagiaire ( 3 sessions).

Dimanche 6 octobre. Préparation ultime des exposés qui seront

donnés par le consultant le lendemain et le surlendemain.

3

Lundi 7 octobre . La matin, exposé sur les stratégies générales

du développement agricole et pastoral. Le thème développé

est que la production de viande est tout aussi nécessaire

que la céréaliculture pour une alimentation équilibrée.

12 h. Invitation à déjeuner en compagnie de toute la promo­

tion dans la nouvelle résidence du coordinateur.

L'après-midi, exposé sur la chèvre, capable de consommer

quotidiennement une ration, exprimée en matière sèche, égale

jusqu'à l/6e de son propre poids et vivant parfaitement en

en consommant un fourrage à 0,20 UF par kg de matière sèche,

alors qu'il en faut 0,45 pour le bovin.

Mardi 8 octobre. Le matin, exposé sur les plantes en C 3 en C 4

et sur les plantes CAM. L'accent est mis sur le fait que les

plantes en C 4, en zone sud-sahélienne, bénéficient d'un

rendement photosynthétique plus élevé, ceci grâce à la pro­

duction de CO 2 naissant d'une concentration 50 fois plus

élevée que celle du milieu ambiant dans la graine interne

entourant les faisceaux fibro-ligneux. Les plantes en CAM

ferment leurs stomates le jour et tirent leur énergie en

décarboxylant les acides fabriqués dans la nuit.

Exposé sur la biotechnologie. Application à l'agriculture

et aux industries agro-alimentaires.

Mercredi 9 octobre. Trajet Dakar-Tambaeounda. Préparation des

sessions à venir avec les services techniques de la Préfecture

. de Tambacounda.

Jeudi 10 octobre. Participation à l'exposé de M. KANE sur le

fonctionnement du PDES0 ; à l'exposé de MBODJ,adjoint de

l'Inspecteur d'agriculture et à celui de DIOUF, adjoint à

l'Inspecteur d'élevage.

Vendredi 11 octobre. Participation à ll'exposé de l'adjoint de 1'

Inspecteur des Eaux et Forêts et du Directeur du service de

la Promotion humaine.

Samedi 12 octobre.Trajet Tambacounda-Koutieba. Séance d'initiation

aux méthodes d'étude sur le terrain.

1er arrêt, route Tambacounda Koupentoum , km 60, dans la forêt

classée,

2e arrêt, piste Koupentoum Koutieba, km 12, dans un fond de

vallée ,

3e arrêt, piste Koupentoum Koutieba km 22, zone de plateau.

4

Participation à l'exposé de Mohamed FALL, chef de la zone 3,

sur l'unité pastorale de Koutiaba.

Dimanche 13 octobre. Séjour à Koutiaba. Visite du marché et pré­

paration des interventions sur le terrain prévues pour les

4 jours suivants.

Lundi 14 octobre. Travaux pratiques sur le terrain . Mare de

Tekinangaye : mare naturelle et mare artificielle. Mesure de la

biomasse appétée d'un pâturage peu appété à Andropogon pseudapri-

cus et Loudetia togoensis.

L'après-midi, entretien avec Mbagnek Ndiaye, agropasteur à

Sare Pate.

Mardi 15 octobre. Travaux pratiques sur le terrain. Lieu : Mare

de Péte. Mesure de la biomasse appétée d'un pâturage dégradé

à Schoenefeldia gracilis et à Zornia glochidiata.

L'après-midi, entretien avec Amido Sow, agropasteur, éleveur

modèle, président du Groupement d'Intervention Economique (G.I.E.)

à Sare Bo li .

Mercredi 16 octobre. Travaux pratiques sur le terrain. Lieu : km 6

sud Koutiaba, piste Koutiaba Koupentoum. Mesure du nombre

d'arbres-( fourragers et non fourragers) par la méthode des

croisillons et celle du comptage direct. Mesure de la biomasse

utile des arbres fourragers.

Jeudi 17 octobre. Le matin, visite des infrastructures de l'unité

pastorale'de : Koutiaba.

- puits de l'hydraulique pastorale

- puits traditionnel

- case de santé

- parcelle de reboisement à Acacia holosericea

- puits projet

- parc de vaccination

- parcelles d'essai à Niebé, variété Californian Black 5, CB 5.

- broyeur à grains de mil.

L'après-midi, traitement des données : biomasse totale, biomasse

appétée, nombre de jours de pâture, charge à 1'ha. Distance

entre 2 arbres. Fréquence spécifique des différentes espèces.

Nombre d'arbres à l'ha.

5

Vendredi 18 octobre. Le matin, séance de synthèse en présence d'Ali-

oune Ka, directeur du Service pastoral du PDESO et de Amadou

Guindo, chef du Développement technique communautaire. L'après-

midi, trajet Koutiaba - Tambacounda.

Samedi 19 octobre. Trajet Tambacounda - Parc national de Niokolo-

Koba. Présentation du parc par le conservateur N'Diaye. Visite

mare Kountabala -Simenti. Echange de vues sur le braconnage,

le recensement de la faune, les rapports faune sauvage-bétail, le

rôle d'un parc national ¿'avenir de la faune.

Dimanche 20 octobre. Le matin, travaux pratiques sur le terrain, avec le volet

B ( coordinateur Dr DIA), lieu : km 5 nord Tambacounda sur la route Tamba-

counda-Matam, à gauche de la route. Etude simultanée sur le

même emplacement de la strate herbacée ( à Andropogon pseuda-

pricus et à Pennisetum pedicellatum ) et de la strate ligneuse

( à Combretum glutinosum sensu lato et à Acacia macrostachya).

Mesure de la biomasse appétible ( herbacée et aérienne). L'après-

midi, traitement des données.

Lundi 21 octobre. Le matin, trajet Tambacounda-Kolda. L'après-

midi, participation à la visite du Centre de recherches zoo­

techniques, sous la direction de Mbaye, directeur.

Mardi 22 octobre . Le matin, exposé aux stagiaires et à l'encadre­

ment du CRZ. Thème : trois arbres fourragers d'une grande impor­

tance. Balanites aegyptiaca,Faidherbia albida et Pterocarpus

erinaceus. Travaux pratiques sur le terrain. Mesure de la bio­

masse dans un pâturage du CR. Z 9, non loin d'un lieu d'abreu-

vement? L'après-midi, exposé : les différentes sources d'azote

dans l'alimentation du bétail. Aidé de Michel Cabaret, le coor­

dinateur procède à l'étude détaillée de la biomasse epigée et

hypogée d'une touffe d'Andropogon garjanus . Participation à

la table ronde réunissant l'encadrement du CRZ, les stagiaires

du FAPIS et quelques agropasteurs. Echange de vues.

Mercredi 23 octobre. Trajet Kolda-Ziguinchor- Banjul -Kaolack Dakar.

Jeudi 24 octobre. Séance de travail avec le coordinateur. Mise au

point du plan du rapport de synthèse sur les 4 missions effec­

tuées dans le cadre du FAPIS.

6

Vendredi 25 octobre. Entretien avec le coordinateur sur le contenu

du rapport de synthèse intitulé : " Les parcours naturels du

Sénégal oriental. Méthodes d'étude. Gestion et aménagement. "

Entretien avec le stagiaire Ismaila Ba sur les activités du

CRZ ( amélioration du bétail bovin) et avec le stagiaire Aliou

Faye sur le devenir du bassin arachidien et de la culture du

niebé.

Samedi 26 octobre. Entretien avec le coordinateur sur le contenu

détaillé du rapport de synthèse et sur les annexes. Entretien

avec Michel Cabaret.

Dimanche 27 octobre. Retour du consultant à Paris. Vol RK 010.

3 - LE SEJOUR AU PDESO

3.1. Cadre général

Le Projet de Développement de l'Elevage au Sénégal Oriental est un

magnifique terrain d'étude pour les stagiaires du CPU. Ce projet

constitue le modèle par excellence d'une aide efficace qui peut

être apportée à une population d'agropasteurs pour améliorer

leurs ressources. Le projet qui a démarré en 1979 en est à sa

deuxième phase qui a commencé en juillet 1985 et les stagiaires

peuvent mesurer tous les efforts réalisés en 5 années d'action,

tant sur l'animal que sur le milieu et l'homme.11 f a u t reconnaî­

tre que les relations entre les responsables du FAPIS et les

cadres du PDESO sont excellentes et que le projet a été une mine

de sujets de mémoires pour toutes les promotions du FAPIS.

Ce projet s'étend sur 1.296.000 ha et englobe 60.291 habi­

tants répartis en 428 villages. La surface couverte par le projet

assure la subsistance à 132.000 bovins. Elle est divisée en 51

unités pastorales ,elles-mêmes groupées en 4 zones.

L'unité pastorale retenue cette année comme terrain d'étude

a été celle de Koutiaba, située en zone 3 au nord de Koupentoum.

Ce choix se justifie pour plusieurs raisons :

1) Cette U.P. a été étudiée en 1982 par la troisième

session du CPU et qu'une étude répétée à 3 ans d'intervalle permet

de juger de l'évolution de la situation.

2) l'unité pastorale a été soulignée en rouge sur la carte géné­

rale des unités, car la situation y est jugée critique et que des

mesures sévères d'aménagement s'imposent.

7

3) l'unité pastorale a déjà acquis son autonomie de gestion

par l'installation d'un Groupement d'Intérêt Collectif (GIC).

4) l'unité pastorale a fait l'objet de mesures importantes

dans l'élaboration du plan de gestion : mise en réserve de la

zone nord ouest, creusement de la mare artificielle de Tekinan-

gaye, lutte contre les feux.

3.2.1. Etude_des_mares

Mare naturelle_de_Tekinangaye

La mare, située dans une région où la qualité des pâturages

attirent de nombreux troupeaux, est surchargée. Elle abreuve

un nombre de têtes de bétail ( de l'ordre de 2 OOO) supérieur

à sa capacité réelle. Qu'on en juge.

En tenant compte d'un coefficient correcteur d'un quart

pour les différentes pertes et en assimilant la mare à un cylin

de 1 m de profondeur et de 30 m de diamètre, nous aboutissons

à une capacité utile de 3 OOO m3, de quoi abreuver 1 250 têtes

d'u B T pendant 2 mois ( capacité calculée par les stagiaires).

Or, malgré le délestage vers la mare de Panai , cette mare

continue à être surfréquentée. C'est la raison pour laquelle le

autorités du PDESO ont décidé non pas de surcreuser la mare, ce

qui risquerait d'ouvrir une brèche dans le fond imperméable mai

de creuser une mare artificielle juste à côté.

Mare artificielle_de_Tekinangaye

En tenant compte d'un diamètre de 85 mètres et d'une profondeur

moyenne de 3 m , le même calcul aboutit à un volume d'eau dispo

nible de 4 755 m3 ( théoriquement 6 OOO m3 d'après l'entreprise

et d'un abreuvement de 1 250 UBT pour deux mois. Autrement dit,

la mare artificielle permet d'abreuver le même nombre de têtes

de bétail que la mare naturelle. Comme celle-ci était utilisée

au double de ses possibilités, l'équilibre est ainsi rétabli

sous réserve d'une productivité suffisante des pâturages avoisi

nants.

8

Mare_de_Pété

La mare se subdivise en trois mares secondaires. En considérant une

profondeur de 0,50 m, et un coefficient de l/5e, on aboutit à un vo­

lume total de 1 100 m3, soit de quoi abreuver six cents UBT en 45 jours

d'utilisation ( ces données numériques ont été établies par le stagiai­

re Bilaly Keita) .

Voilà donc une mare qui, avec une gestion traditionnelle prévoyant

989 UBT,est, dans ces conditions, utilisée au dessus de ses

capacités.

Et cela est d'autant plus grave que le pâturage environnant montre

des signes inquiétants de dégradation. Il est sérieusement envahi

par le Cassia obtusifolia , plante non consommée qui se substitue

progressivement à un pâturage à Schoenfeldia. Le secteur de la mare

de Pete devra faire l'objet d'une mise en défens, si l'on veut éviter

un envahissement généralisé par le Cassia.

3.2.2. Bilan_fourrager

3.2.2.1. Strate herbacée.

Il paraît évident que la connaisance de la quantité d'herbe présente

sur un ha est une donnée fondamentale sur laquelle repose tout le

plan d'aménagement car, à partir de la biomasse, il est facile d'en

déduire la capacité de charge. Pour essayer de serrer de plus près

la réalité, la mseure de biomasse a été réalisée dans troiscas:

1er cas ) Cas d'un pâturage peu dégradé à Andropogon pseudapricus et

Loudetia togoensis, près de la mare de Tekinangaye (14 oc­

tobre 1985) .

- Pourcentage de biomasse appétible sèche par rapport à la

biomasse totale :

1 er faciès A : 15 %

2e faciès B : 16 %

Taux d'humidité :

Biomasse appétible

Biomasse totale

faciès A

faciès B

faciès A

faciès B

En résumé, la biomasse totale de ce pâturage est de l'or­

dre de 3 000 kg ha et la biomasse appétible de l'ordre de

400 kg ha.

56,6 %

53,3 %

52,2 %

34 , 9 % ?

9

Nombre de journées de pâture :

En tenant compte d'un coefficient de 50 % pour les

pertes par déshydratation, piétinement, dégradation

de la matière organique, etc., il reste 200 kg de

biomasse utile sèche par ha, et en considérant une

ration journalière de 5,5 kg, le nombre de journées

de pâture sera de 200_ 36 jours

5,5

Charge à l'hectare

Si un ha fournit 36 jours de pâture, la charge à l'ha

sera , pour les 270 jours de la saison sèche de 7,5 ha

par UBT( soit 6 ,4 ha par tête de bovin estimée à 0,75

UBT ) .

Pâturage à Andropogon pseudapricus et Loudetia togoensis

Biomasse fraîche Kg/ha

appétible restante totale

Biomasse sèche

appétible restante totale

1er faciès équipe A + Consultant 1 050

2e faciès équipe B + Coordinateurs 762

5 250

4 353

6 300

5 115

456

356

2 560

2 975

3 016

3 331

Pâturage à Schoenefeldia gracilis et à Zornia glochidiata

1er faciès équipe B + Consultant 268

2è faciès équipe A + Coordinateurs 243

2 062

1 253

2 330

1 496

225

165

1 537

918

1 762

1 083

23/.

1 m

-(-

•f-

• + -

• 4 ~

*h

+

+- •

+-

25 m

Piquet

.Fil de clôturé

25 m

25 m

J_ : Observateur

Q ^ : Collecteur de données

- : Sens de progression des observateurs

Fig. 7 : Mode opératoire de l'inventaire des ligneux par comptage direct.

25/.

• X X X X X X X X X X X X X X X X * X X • i 1 7 m

L

A. Mise en place du transect sur 140 mètres (20 intervalles de 7m),

-A 140 m

3 •

2 •

¿4ï

» 4

i 7 m

: arbres repères

: arbres

B. Recherche d'un arbre repère, le plus proche du transect à chaque 7

Délimitation de 4 quartiers. m

3 9

( c ) * ^ £

(b) + ^ ^

2 •

m

*(a)

4

s

1 • • -

C. Dans chacun des quartiers, l'arbre le plus proche du repère est inventorié

(a,b,c,d,).

F ië- 8 : Présentation de la méthode des croissillons.

10

2ème cas ) Cas d'un pâturage dégradé à Shoenefeldia gracilis

et Zornia glochidiata , près de la mare de Pete, le 15

octobre 1985.

- Pourcentage de biomasse appétible sèche:

1er faciès A : 17 %

2e faciès B : 15 %

Taux d'humidité:

Biomasse appétible : faciès A : 33 %

faciès B : 17 %

Biomasse totale : faciès A : 28 %

faciès B : 25 %

Le faciès A est plus humide car il contient une quantité

plus importante de Zornia que le faciès B ; or, à la mi-

octobre, le Zornia est encore vert alors que le Schoene-

feldia est complètement sec.

En résumé, la biomasse totale est de l'ordre de 1 400 kg

ha et la biomasse utile de l'ordre de 200 kg ha.

- Nombre de journées de pâture

La pâturage à Schoenefeldia est déjà pailleux, les graines

sont tombées. Mais la paille est résistante aux intempé­

ries, alors, dans ces conditions, nous estimons que la

biomasse disponible pendant la saison sèche sera les 3/4

de celle mesurée, soit 150 kg ha. A raison d'une ration

journalière de 5,5 kg par UBT, le nombre de journées de

pâture sera de 150_ 27 journées. 5,5"

- Charge à l'hectare

Pour les 270 jours de la saison sèche, la charge sera de

2 70_ 10 ha par U B T , soit 7,5 ha pour un zébu moyen. 27

Un nombre d'ha aussi élevé peut prêter à étonnement. Mais

l'habitat préférentiel du Schoenefeldia se situe au Sahel

sur sol sablonneux. Dans la région de la mare de Pete, le

Schoenefeldia s'est développé en remplacement de la strate

herbacée à Andropogonées, plus exigeante en quantité d'eau

Le Schoenefeldia est l'indice d'une dégradation récente

de la végétation. Pourquoi ? Parce qu'en octobre 1982,

trois années plus tôt, dans la même région, nous avions

11

observé, le 26 octobre 1982, un pâturage à Andropogon

pseudapricus d'une biomasse fraîche de 6 OOO kg/ha,

capable de supporter , d'après nos estimations, une charge

de 278 ha UBt. Ainsi , en l'espace de trois ans, le nom­

bre d'ha pour une UBt a été multiplié par le coefficient

de 3,5. Autrement dit, le pâturage peut nourrir 3,5 fois

moins de bétail.

De plus, la situation s'aggrave d'année en année avec la

prolifération de Cassia obtusifolia, réparti en taches

qui chaque année gagnent du terrain au détriment du

Schoenefeldia. Ce Cassia , de disséminé qu'il était autre

fois, s'est brusquement multiplié;et maintenant, il ne

tolère pas d'autre plante dans son voisinage immédiat.

Il bénéficie certainement de la conjonction de plusieurs

facteurs favorables, comme le tassement du sol, sous l'ef­

fet du surpiétinement, la nitrification du sol par les

déjections du bétail, la résistance des graines au feu,

la possibilité de s'adapter à des précipitations fluctu­

antes , etc.

3ème cas) Cas d'un pâturage à Andropogon pseudapricus et â Pennise-

tum pedicellatum. 5 km nord Tambacounda, route Tambacounda-

Matam, le 20 octobre 1985.

Biomasse en kg/ha fraîche sèche taux d'humiité

Andropogon pseuda­

pricus appétible 493 337 3 1 , 6 %

Pennisetum pedi­

cellatum appétible 393 231 4 1 , 2 %

Biomasse

restante 1 818 1 268 30,2 %

Biomasse totale 2 704 1 836

Biomasse totale sèche appétible : 568 kg/ha

Pourcentage de biomasse utile 568 100 x 31 % 1 836

12

Il est normal que le Pennisetum à feuilles larges et à inflores­

cences floconneuses soit plus hydraté que 1'Andropogon à feuilles

étroites.

En admettant un coefficient de perte de 50 % pendant la saison

sèche la biomasse disponible sera de 5_68 284 kg/ha, et à raison de 2

5, 5 kg par jour et par UBt, le nombre de journées de pâture sera

de 284_ 53 jours et la charge à l'ha sera de 270_ 5,1 ha/UBt. 5,5~ 53~

Résumé

Charge à 1'ha

10 ha/UBc pâturage à Schoenefeldia

7,5 ha/UBt pour un pâturage à Andropogon pseudapricus et Lou

detia togoensis

5 ha/UBt pour un pâturage à Andropogon pseudapricus et à

Pennisetum pedicellatum

Le nombre d'ha nécessaire à l'entretien d'une UBt est d'autant

plus grand que le pâturage est plus dégradé. Ces trois mesures s'éche

lonnent suivant un gradient décroissant de dégradation : le Penni­

setum étant déjà un premier indice d'un pâturage utilisé au delà de

sa capacité limite.

3.2.2.2. Strate ligneuse.

La consommation de feuilles d'arbre par le bétail a été longtemps

sous-estimée. Cependant, il a été établi que le fourrage aérien pro­

cure aux animaux, pendant la saison sèche, une source de protéines

et plus particulièrement de matières azotées digestibles, sans les­

quelles , ils ne pourraient guère survivre, s'ils ne disposaient que

de la paille sèche. En effet, si celle-ci peut fournir une certaine

énergie en UF , elle est très déficitaire en protéines digestibles,

pourtant indispensables à la vie de l'animal à raison de 25 g par kg

de ration. Si ces protéines font défaut dans la ration, l'animal

maigrit fatalement et fait appel à ses réserves qui ne sont pas iné­

puisables.

13

C'est pourquoi, pour éclaircir ce problème, nous avons cette

année concentré notre attention sur le feuillage aérien en nous li­

vrant à deux séries de travaux pratiques :

a) Appréciation du nombre d'arbres fourragers à l'ha

b) Mesure de la biomasse appétible moyenne de chaque espèce d'arbre

fourrager.

Deux méthodes ont été mises à l'épreuve pour mesurer le nombre d'ar­

bres à 1 ' ha.

1- 1ère méthode par comptage direct.

Une aire de référence est précisée , soit un rectangle de 50 m

par 25 = 1 250 m2 = 1/8 d'ha. 5 observateurs équidistants partent

d'un des petits côtés du rectangle et annoncent à deux rapporteurs

les arbres ( noms et hauteur) qu'ils observent dans leur sphère

de vision, en faisant des avancées successives de deux à trois

mètres. Les arbres de moins de 1 mètre sont notés à part. Ainsi

aucun arbre n'échappe au dénombrement et un comptage précis des

arbres est établi.

1- 2ème méthode dite " des croisillons "

Une cordelette de 133 m partant d'un arbre est tendue et marquée

d'un point de repère tous les 7 mètres, ce qui définit 20 distan­

ces de 7 mètres. A partir de l'arbre point de départ et à partir

des arbres les plus proches de chaque repère, nous définissons 4

quarts de cercle ( voir schéma) et dans chacun d'eux nous mesurons

la distance de l'arbre le plus proche de l'arbre pivot.

A partir des 20 arbres repères , nous mesurons ainsi 4 distances

de 4 arbres( ceux les plus proches) , soit 80 distances en tout.

La distance moyenne entre deux arbres sera la somme arithmétique

de ces 80 distances divisée par 80 ; et le nombre d'arbres à l'ha

sera donné par la formule ; 10 000 2

(distance moyenne)

Résultats

- Nombre total d'arbres à l'ha (individus de + d'un mètre). Statioi

22 km nord Koupentoum, le 16 octobre 1985.

Méthode comptage direct Méthode croisillons

504 407

(distance moyenne = 4,95 m)

14

La méthode par comptage direct présente le double avantage

d'être précise et de faire la part entre les arbres et les jeunes

sujets de moins d'un mètre. Dans notre exemple, la répartition était

la suivante : 504 arbres de + de 1 m et 784 de - de 1 m.

- Nombre d'arbres fourraqers à 1'ha

Arbres fourragers

Acacia macrostachya

Combretum nigricans

Ferretia apodanther;

Grewia bicolor

Grewia mollis

Gardenia ternifolia

Nombre à 1 'ha

Biomasse sèche Biomasse à

( 376

152

144

104

16

16

appétible par arbre en g l'ha en kg 390 ) (146,6)

95

100

170

125

100

19,8

14,0

17,6

2

1,6

Biomasse sans Acacia 55,0

Les biomasses appétibles par arbre fourrager ont été recueillies

sur l'arbre en prélevant à la main les feuilles appartenant au feuil­

lage extérieur directement accessible à l'animal entre le sol et 2 m

de hauteur. Pour les trois espèces ( Feretia Grewia bicolor et Gar­

denia ) , les biomasses ont été mesurées au cours d'une séance de

travail avec le Volet B le 20 octobre 1985 à 5 km au nord de Tamba-

counda.

Le cas de l'Acacia macrostachya a été mis à part pour deux rai­

sons : la première, c'est que la biomasse foliaire est très variable

d'un arbre à l'autre et que la donnée mesurée n'est pas très signi­

ficative par elle-même, la seconde est que l'espèce est surtout con­

sommée par les chèvres qui en sont très friandes et peu par le bovin.

Ainsi donc, le gros bétail disposera d'au moins 55 kg de fourrage

aérien de bonne qualité à l'ha. Cette biomasse est, à notre avis,

plutôt un minimum, car le bétail consommera par terre les feuilles

qui lui sont accessibles, au fur et à mesure qu'elles tomberont.

A titre d'exercice, il est possible d'apprécier la charge à l'ha

en supposant que le bétail ne consommera que ces feuilles d'arbre,

sachant que ses besoins seront intégralement couverts avec une ration

de 2 kg par jour.

15

Dans ces conditions idéales, 55 kg/ha donneront 27 jours de

pâture , ce qui fera une charge répartie sur les 270 jours de saison

sèche de 10 ha par UBt. Ceci sans tenir compte de l'Acacia macro-

stachya , qui, selon son abondance et selon 1'appétabilité du bétail

pour cet arbre, va moduler la charge entre 5 et lO ha par Ubt , selon

les cas.

Autrement dit, l'apport de fourrage aérien est comparable à ce

qu'apporte le fourrage herbacé à la bonne saison, ou encore le four­

rage aérien se subsitue progressivement à la paille, au fur et à

mesure que son stock diminue et qu'elle perd de sa valeur. La pâtu­

rage aérien peut être considéré à pied d'égalité avec le pâturage

herbacé.

3.3. Entretiens avec les agro-pasteurs

Ceci se place dans le cadre de la conception générale du FAPIS,

selon laquelle les stagiaires doivent prendre contact avec les pro­

blèmes de l'aménagement pastoral intégré sur les lieux mêmes où ils

se posent et avec les êtres humains au premier plan concernés. Selon

cette conception, il est donc indispensable de se rendre compte sur

place comment les thèmes de l'aménagement et du développement sont

perçus. Il est nécessaire d'écouter les gens, de connaître leurs

besoins et d'être informés de leurs souhaits. Ce sont les agro-pas­

teurs qui sont les premiers exposés aux fluctuations climatiques,

qui doivent assurer, coûte que coûte, leur propre subsistance et qui

dans une certaine mesure doivent produire de quoi manger aux habi­

tants des villes. Ils ont hérité , traditionnellement/d'un savoir

populaire. Ils ont appris, souvent à leurs dépens, à lutter contre

la mauvaise fortune du sort. Ils ont acquis une précieuse expérience

et ils parlent en connaissance de cause.

Les entretiens se déroulent dans une atmosphère détendue, en

présence de l'agent de vulgarisation de l'élevage ou de son adjoint.

Ils se font dans la langue locale et souvent l'un des stagiaires

remplit le rôle d'interprète. Ils se déroulent au milieu du village,

devant la case d'un agro-pasteur qui jouit du respect de tous. La po­

pulation du village est libre d'assister à l'entretien et même d'y

participer.il y a lieu d'être frappé par le bon sens de ces gens et

par la sérénité de leurs propos qui sont exprimés sans s'embarrasser

de formules compliquées.

16

En général, l'hôte s'efforce au début de situer l'origine histo­

rique de son village et ensuite il aborde les thèmes suivants :

intervention sur le milieu, sur l'animal et sur l'homme. Les stagiai­

res sont libres de poser les questions de leur choix et il arrive

qu'en fin d'entretien, 1'agro-pasteur hôte interroge à son tour les

stagiaires ou l'encadrement.

3.3.1. Action_sur_le_milieu

En général, les éleveurs se penchent avec nostalgie sur le

temps passé, à une époque où l'Andropogon gayanus était abondant

et émettait des repousses une grande partie de l'année, où les

fonds de vallée hébergeaient une végétation luxuriante et appâtan­

te. Ils sont unanimes pour constater la disparition de cet Andro-

pogon , du bambou sauvage , la raréfaction de certaines plantes

lianescentes à croissance rapide (certaines espèces d'Ipomea

et de Merremia). Ils décrivent un passé où la faune sauvage abon­

dait ( lions, éléphants, etc.). Maintenant, plus rien, les pinta­

des ont disparu et même le chacal ! L'éleveur de Sare Pate consi­

dère que les termites qui ont besoin d'eau sont intervenus en même

temps que la sécheresse pour assécher les mares en rendant per­

méable leurs fonds. Pour lui, l'emplacement de certaines anciennes

mares est marqué maintenant par des termitières.

Les agro-pasteurs sont unanimes pour dire que l'année 1985

a été une très bonne année de pluie et ils affirment tous qu'il y

a quatorze années ( depuis 1972) que les pluies n'ont pas été

aussi fortes. Mais ils se gardent de faire des pronostics pour

1'avenir.

A leurs yeux, l'agriculture et l'élevage sont deux activités

complémentaires. La culture fournit les denrées alimentaires de

base et le bétail, les réserves, le garde-manger, disent-ils.

L'agriculture et l'élevage sont comparables au couscous et à la

sauce. " Quand le sac à grains est vide, il ne tient pas debout

tout seul ", il faut vendre une bête pour le remplir. Ainsi la vo­

cation de 1'agro-pasteur est bien établie.

Les habitants sont sensibles aux actions de reboisement. Ils

sont émerveillés devant la reprise des neems dans le village de

Sare Pate où les arbres de cette espèce âgés de 7 ans ont pris un

développement considérable ,prodiguant une ombre confortable. Ils

17

ont tiré un parti inattendu des Eucalyptus plantés, en brûlant les

écorces pour chasser les moustiques des cases et en infusant les

feuilles en tisane. En ce qui concerne l'extension du Cassia

obtusifolia, ils déclarent que cette plante était rare autrefois

et qu'il n'y avait pas de place pour elle, car la végétation était

dense. Il font remarquer aussi que la déficience des pluies a pour

effet de favoriser la formation d'une croûte dure et qu'au contrai­

re l'abondance des pluies fait gonfler la terre. Ces remarques

peuvent éclairer les écologistes qui comprennent mal la proliféra­

tion tous azimuts de ce Cassia.

La question soulevée par les feux de brousse suscite toujours

des débats passionnés. D'une façon générale, leur inquiétude est

grande pour cette année, étant donné la qantité importante de l'her

be. Cette situation est différente de celle d'autrefois ; pour eux,

à cette époque, après le passage des feux, des repousses surgis­

saient des touffes de plantes perennes, et l'éclosion de nouvelles

feuilles d'arbre était plus précoce. Maintenant, la saison sèche

arrive brutalement, et tout brûle immédiatement. Les feux devien­

nent très destructeurs. Tout est consumé , il ne reste pas de places

non brûlées qui étaient encore trop humides pour prendre feu comme au

temps jadis.

Il est possible de lutter contre les feux, si la population una­

nime est décidée à agir. Les feux sont d'origine humaine, et si on

le désire vraiment, les auteurs de feux peuvent être identifiés.

Si elle est animée d'une résolution farouche, la population peut

éviter tout feu sur son territoire. Tel fut le cas , en 1984, pour

l'unité pastorale de Koutiaba.

3.3.2. Action_sur l^animal

Les agro-pasteurs sont tous d'accord pour louer l'action du

PDESO en matière de santé animale. Autrefois, la peripneumonia,

le charbon symptôiratique, le botulisme surtout, faisaient de grands

ravages dans les rangs des animaux. Face à ces calamités, ils

étaient démunis de moyens efficaces. Maintenant leurs bêtes sont

vaccinées au cours d'une grande campagne annuelle contre la peste

et la péripneumonie, et en s'adressant à la A.V.E., ils peuvent

faire appel aux services d'un vétérinaire dans les meilleurs délais

en cas de nécessité.

18

Ils peuvent acheter à crédit un géniteur. Notre interlocuteur

de Sare Pate possède un gobra. Ils apprécient d'une façon générale

les recommandations des plans de gestion, grâce auxquelles les ani­

maux sont dirigés vers des secteurs où ils sont sûrs de trouver à

manger et à boire. Ainsi, une exploitation rationnelle succède à une

exploitation non ordonnée. Ils en sont convaincus.

Le principe , que,par l'application du plan de gestion, chaque

éleveur ou chaque village dispose d'un zone de pâturage et d'une mare

qui lui sont réservées en propre,est bon en soi. Mais à condition,

disent-ilsfque le plan soit respecté par tous et que les pâturages

ainsi délimités ne soient pas épuisés par des transhumants venus de

l'extérieur, comme cela s'est produit en 1985. Voici donc l'une de

leurs doléances.

3.3.3. Action sur l^homme

De toutes celles menées par le PDESO pour améliorer le sort

des agro-pasteurs, l'action sur l'homme est la plus délicate à con­

duire avec succès. Il ne faut pas perdre de vue que les enquêtes qui

doivent aboutir à l'établissement des plans de gestion se font en

trois phases et que les intéressés sont sollicités pour faire connaî­

tre leurs points ¿le vue. Si ceux-ci sont justifiés, ils sont retenus

et le plan n° 3 est modifié par rapport au n° 2 pour tenir compte des

amendements. Dans l'ensemble, les plans de gestion sont appliqués.

Le problème n°l, tout du moins pour les villages visités dans

l'unité pastorale de Koutiaba est celui de l'eau. Chaque village sou­

haiterait posséder son propre puits. Mais creuser un puits de 66 m

de profondeur coûte cher ( 7 millions de F CFA) et les crédits ne

sont pas toujours disponibles.A la question de savoir s'ils étaient

prêts à donner un boeuf pour installer un puits au village, la ré­

ponse a été evasive, car selon eux, une telle action serait de nature

à jeter la discorde parmi la population et à rompre la bonne entente

générale.

Les agro-pasteurs consultés sont soucieux de leur avenir finan­

cier. Ils ont compris la nécessité de distribuer à leur bétail en

saison sèche un complément de nourriture sous forme de concentré mi­

néral et de graines de coton. Un certain nombre d'entre eux se sont

procuré ces compléments en les achetant à crédit, mais ils éprouvent

des difficultés à rembourser leurs dettes. Ils en imputent la raison

19

à la sécheresse qui les a privés de 40 % de leur gros bétail.

Ils se demandent ce qu'ils vont devenir quand le PDESO va se

retirer et quand les Groupements d'Intérêt Economique! les G.I.E.)

vont se substituer progressivement aux comités de gestion, ce qui

est en train de se réaliser à Koutiaba.Les G.I.E. doivent prendre

en charge la gestion des produits vétérinaires et de tous les

intrants et les produits seront vendus comptant.

Les plus sages évoquent ce proverbe " Quand tu as perdu un

objet et que tu rencontres quelqu'un qui peut te renseigner, il

est normal que tu lui demandes ". L'auto-gestion doit se faire

pas à pas.

4 - VISITE AU PARC NATIONAL DU NI0K0L0 KOBA

La faune est une richesse naturelle, source de protéines. Le rôle

de la faune sauvage dans les équilibres naturels est souvent mal

connu ou incompris ou sous-estimé ou négligé ; et il est parfaite­

ment justifié que les stagiaires prennent conscience des problèmes

soulevés par la gestion de ce capital, en visitant le Parc National

de Niokolo Koba. Cette visite est placée sous la direction éclairée

du Conservateur du Parc , N'Diaye, et les stagiaires en reviennent

toujours très satisfaits. Pour beaucoup c'est une révélation. Il

est vrai que la visite est soigneusement préparée par le Conserva­

teur qui, toujours, avec la plus grande disponibilité, met sa riche

expérience au service de tous.

4.1. Présentation du Parc

Le Conservateur brosse un tableau général de ce Parc créé en

1954, couvrant maintenant 930.000 ha, et groupant trois écosys­

tèmes principaux : la savane arborée, les galeries forestières

et rôneraies et les bambusaies. La grande faune comprend : élé­

phants, hippopotames, buffles, hippotragues, bubals major , élans

de Derby, cobes de Buffon, cobes Defassa, phacochères, potamochères

auxquels il faut ajouter les céphalophes de Grimm, céphalophes à

flanc roux , les carnassiers ( lions, panthères, mangoustes, civet­

tes, lycaons), les primates ( babouins de Guinée, singes verts,

20

patas, chimpanzés). Le Parc compte environ 25 000 antilopes,

toutes espèces confondues, 2 500 buffles vus, et 500 hippopotames.

Trois cent quatre vingt sept espèces d'oiseaux ont été recensées.

Le personnel est fort de 180 gardes . L'exploitation touris­

tiques est confiée par l'Etat à un gestionnaire privé.

Gestion écologique

Un Parc national est un sanctuaire, mais également un lieu

esthétique, récréatif et éducatif. Certains aménagements sont néces

saires.

- Les feux

Il est nécessaire de brûler pour permettre une bonne vision en

saison sèche, sinon, les visiteurs ne verraient pas les animaux ca­

chés par les hautes herbes et seraient déçus. Mais brûler ne signi­

fie pas simplement mettre le feu à tort et à travers. Le feu est un

outil d'aménagement. Une politique des feux est élaborée. Le Parc

brûle secteur par secteur, d'une manière successive et les feux

sont contrôlés. Les feux tardifs sont préférés aux feux précoces,

car ils limitent 1'embuissonnement et ont ainsi tendance à élargir

le champ de la vision, alors que les feux précoces épargnent les

bosquets encore humides. Les zones fragiles ne sont pas brûlées.

- Le cas du Mimosa pigra

Il s'agit d'un mimosa épineux, drageonnant, qui prolifère dans

des mares, se substituant à la place des bons pâturages consommés.

Ainsi, deux mares ont été perdues pour la faune sauvage. Les auto­

rités du Parc ne savent que faire pour éliminer cette arbuste enva­

hissant. La plante coupée repart de plus belle.

L'un des stagiaires, qui a été confronté à un problème semblable

dans le delta central nigérien, considère que le moyen le plus effi

cace d'eradication est un désouchage profond avec extraction des

drageons souterrains et leur mise à feu. Dans ce cas précis, la po­

pulation locale intervenait, ce qui ne peut être réalisé dans un

parc .

- Lutte contre les plages nues

Celles-ci sont heureusement limitées en étendue. Elle résulte­

raient d'un glaçage du sol en surface et il semble que de bons ré­

sultats seraient obtenus en brisant cette croûte par un binage.

21

Cette opération pourrait se faire dans un premier temps au pied

des Combretum glutinosum , de la périphérie de ces plages de ma­

nière à limiter leur extension.

Gestion de la faune

L'une des premières données de base est de connaître le nombre

d'animaux présents.

- Recensement de la faune

La méthode utilisée pour recenser la faune dépend du contexte

végétal. Dans le cadre de la savane arborée du Parc, le recensement

se fait par comptage aérien. L'appareil utilisé est un CESNA 172

à ailes hautes volant à une altitude de 500 m .L'observateur est placé

en face du hublot de droite et un autre du hublot de gauche; cha­

cun dénombre les animaux vus sur une bande de 500 m. Le recense­

ment s'opère à l'époque la plus favorable, c'est-à-dire en mai,

avant les premières pluies. Ainsi le recensement se fait par bandes

de 1 000 m de largeur. Les données recueillies doivent être assez

nombreuses pour pouvoir être traitées par ordinateur. Cette méthode

convient bien pour les éléphants, les buffles, les bubales, les

hippotragues mais les lions ne peuvent être comptés. Pour ces der­

niers animaux, des fiches sont remises aux touristes et aux gardes,

à charge pour eux d'indiquer l'emplacement ou l'animal a été ob­

servé ainsi que leur nombre. De cette façon, on sait que le Parc

abrite environ 150 à 200 lions.

Les recensements périodiques permettent de suivre l'évolution de

la faune. C'est ainsi que l'on constate que les animaux dotés d'une

valeur marchande montrent une nette tendance à régresser : les

éléphants de 400 qu'ils étaient en 1969-70, sont réduits actuelle­

ment à une cinquantaine de têtes ; les hippopotames de 1 000 en 1970

sont passés à 500 à 600 individus. Mais d'autres espèces sont en

augmentation : les buffles, de moins de 1 000 têtes en 1969 sont

passés à 2 500 environ ; Le nombre des hippotragues s'accroît aussi.

- Faune sauvage, faune domestique, aspects sanitaires

La politique suivie ( stamping out) est d'éviter au maximum les

contacts entre ces deux catégories d'animaux, de manière à éliminer

les risques de transmission de maladies dans un sens comme dans

l'autre. Il serait souhaitable que le bétail ne traverse pas le Parc

22

D'une façon générale, les contaminations ont peu de chance de se

produire, car le bétail est régulièrement vacciné contre la peste

bovine et les antilopes ne quittent pas le Parc, en général.

Un cordon sanitaire entoure le Parc et si les antilopes le franchis­

sent, elles risquent fort d'être abattues. N,'oublions pas aussi

que les animaux sauvages sont naturellement trypano-tolérants.

Pour illustrer les risques de transmission, le conservateur

évoque le cas d'une des mares du Parc national de Waza, au Cameroun,

(mare de Gualaha) où,en 1983, du bétail atteint de peste bovine en

provenance d'Ethiopie via le Soudan et le Tchad, est venu s'y abreu­

ver. Les résultats ne se sont pas fait attendre. La mare était

contaminée et quelque temps après, les Cobes de Buffon, les Phaco­

chères, les Hippotragues mouraient par milliers ( jusqu'à 500 cada­

vres par jour pour les Cobes de Buffon, qu'il fallait incinérer).

Gestion du Parc

L'entretien du Parc est une charge considérable. Chaque année il

faut réaménager les 1 000 km de piste et pour cela embaucher 300

manoeuvres pendant 3 mois. Il est nécessaire de réparer les radiers,

de restaurer les campements, les postes d'observation, les miradors.

Cet entretien est coûteux ( plus de 5,4 millions de F CFA rien que

pour le carburant). C'est là un travail considérable, source de nom­

breuses difficultés.

Activités touristiques

Le Parc est un haut lieu du tourisme. Il est le Parc National

de l'Afrique noire le plus proche de Paris. Il reçoit chaque année

environ 5 OOO visiteurs, ce qui procure à l'état une entrée de

12 à 15 millions de F CFA.

Mais, le profit retiré par le Sénégal par cet afflux de touristes

est plus important que ce qui est admis de manière générale, du fait

que les entrées occultes ne sont pas prises en considération : loca­

tion de voiture, développement de l'artisanat, salaires versés aux

gens de service, achat de biens de consommation, etc. Le développe­

ment économique ainsi suscité n'entre pas dans les statistiques offi­

cielles. Le tourisme est la deuxième activité économique, et dans

celle-ci, le Parc national de Niokolo Koba occupe une place de choix

23

5 - VISITE DU CENTRE DE RECHERCHES ZOOTECHNIQUES (CRZ) DE KOLDA

Pour embrasser une vue générale du Sénégal oriental, le stage

n° 3 se devait d'étendre ses activités un peu plus au sud, en zone

sud-soudanienne, c'est-à-dire en Casamance. Le centre de Kolda,

du fait de ses activités qui consistent à améliorer les races bovines

et ovines -/ à promouvoir l'élevage et en même temps à faire progres-

servïe niveau de vie des agro-pasteurs, se place dans l'axe direct

de l'aménagement pastoral intégré. Le centre s'étend sur 2 OOO ha

répartis en 18 parcelles. Le directeur, M'Baye, nous a fait l'hon­

neur de diriger lui-même la visite.

5.1. Amélioration de la production de viande bovine (race N'Dama)

Elle se fait sur :

- Les mâles

A la suite d'un pré-testage, entre six et huit mois, les ÎO mâles

les plus performants (critères pondéral et statural) sont sélec­

tionnés et suivis individuellement. Une nourriture de 4 kg de coton

et de 6 kg de fanes d'arachides leurs est distribuée pour détermi­

ner l'indice de consommation. Le comportement sexuel et la qualité

du sperme sont testés. A l'âge de 14 mois, les deux meilleurs sont

retenus. Ils deviennent des géniteurs.

- Les femelles

Le critère de sélection est avant tout pondéral, les génisses de­

vant atteindre un poids supérieur à 150 kg entre 18 et 23 mois.

L'âge du premier vêlage est de 39 mois et l'intervalle entre deux

vêlages est de 495 + ou - 16 jours. En trois ans, les femelle attei­

gnent 200 à 250 kg ( et les mâles 300 kg)

5.2. Amélioration de la production de viande ovine (race Dialonké)

Les animaux sont pesés régulièrement et, en plus, les trois mesures

suivantes sont prises : hauteur au garrot, longueur de l'animal,

diamètre de la cage thoracique). Si les brebis ne pèsent pas 16

kg à 12 mois, elles sont éliminées. La nourriture distribuée est à

24

base de maïs jaune (variété Texpenio ?) et de maïs blanc (variété

Chementi ? ) . Pour améliorer la fécondation , il a été testé la

technique du " fleshing " qui consiste à distribuer à la brebis

une nourriture plus riche et plus substantielle avant l'accouple­

ment . Pour améliorer la mise bas , il a été mis au point la tech­

nique du " steaming " qui consiste, d'une manière similaire, à

donner un supplément de nourriture quelques jours avant la date

prévue.

5.3. Cultures fourragères

Les principales espèces fourragères choisies sont d'abord mises

à l'essai dans un " petit jardin botanique " puis cultivées sur

une parcelle. Les principaux essais portent sur le niebé fourrager,

diverses espèces de Panicum, divers cultivars de Panicum maximum ,

diverses espèces de Brachiaria, quelques variétés de sorgho et

d'Andropogon gayanus , et un Sesbania très spécial, puisque ses

tiges portent des nodosités fixatrices d'azote, le Sesbania rostrata

etc. Pour l'ensemble des variétés sélectionnées, les rendements

sont prometteurs.

25

ANNEXE 1

La Chèvre

( Résumé de l'intervention du consultant)

La chèvre est l'un des animaux les plus répandus dans le milieu

sahélien. Elle tient une place prépondérante dans l'élevage fami­

lial. L'impact de la chèvre sur l'écosystème sahélien a fait l'ob­

jet de discussions passionnées et les avis restent partagés sur le

comportement de la chèvre. Pour les uns, la chèvre est la bouée de

sauvetage de l'élevage sahélien : c'est grâce à elle que les éle­

veurs ont pu résister tant bien que mal à la récente vague de sé­

cheresse ; pour les autres, la chèvre est considérée comme le prin­

cipal fléau , celui qui a contribué le plus à la dégradation des

pâturages. Il nous a paru utile , de la manière la plus objective

possible, de faire le point sur le rôle contesté de la chèvre.

Quelques Pa£ticularités_physiologiques

1 - La chèvre est un ventre vivant. Sa capacité abdominale ,par

rapport au volume total du corps est de 33 %, alors qu'elle est de

12,5 % pour le bovin et de 15 % pour le mouton.

2 - La chèvre est capable d'absorber par jour une quantité de four­

rage sec égal à 6 % de son poids, et même davantage dans certaines

races comme la chèvre guinéenne du sud Nigeria, trypano-tolérante

qui absorbe 8,32 % de son poids; alors que cette proportion est de

moins de 3 % pour le gros bétail et de moins de 4 % pour le mouton.

En plus, elle est capable de digérer, mieux que les autres ani­

maux, du matériel grossier et fibreux, car le taux de digestibilité

est de 2 à 4 fois plus élevé.

3 - La chèvre digérant mieux, a besoin de moins d'énergie fourra­

gère pour assurer son entretien et son activité . C'est ainsi qu'il

faut pour 100 kg de poids vif :

1,13 UF pour la chèvre

1,33 UF pour le mouton

1,9 UF pour le bovin.

De même, la chèvre peut se contenter d'un fourrage d'une faible

teneur en UF par kg sec.

0,19 UF/kg/MS pour la chèvre

0,35 UF/kg/MS pour le mouton

0,65 UF/kg/MS pour le bovin

26

Ainsi la chèvre peut s'offrir le luxe de consommer du matériel

végétal à 0,20 UF par kg. Ses besoins d'entretien sont parfaite­

ment couverts , alors qu'il faut un minimum de 0,50 UF pour les

bovins ( besoins ne comprenant pas la croissance). Donc, la

chèvre peut vivre là où le gros bétail ne le peut pas.

4 - Turn-over de l'eau.

On désigne sous ce terme la consommation d'eau par kg de poids

métabolique en 24 heure (le poids métabolique est égal au poids

vif à la puissance 0,75). Cette consommation est de 136 à 188 ml

pour la chèvre, alors qu'elle est de 170 à 239 pour le mouton et

de 224 à 347, selon les races, pour le zébu.

En conséquence, la chèvre est plus indépendante des sources

d'eau que le zébu. Elle peut s'en éloigner de 15 à 20 km, alors

que le mouton ne s'aventure guère au-delà de 6, 8 km. Au Sahel,

il est fréquent de voir des troupeaux de chèvres qui ne boivent

que tous les deux jours.

Voilà un animal singulièrement adapté aux régions sèches mais

un dévoreur de matériel ligneux,et voilà ce qui fait à la fois la

grandeur et la misère de la chèvre.

5 - Prolificité.

La chèvre se reproduit plus rapidement que les autres animaux.

Au bout de 5 ans, un couple de chèvres peut donner 100 descendants

en plusieurs générations, tandis que dans le même laps de temps,

un couple de moutons n'en donne que 32 et un couple de bovins, 10.

Aussi la chèvre est-elle l'un des meilleurs placements pour les pe­

tites gens. C'est un petit capital qui peut procurer des recettes

au moment voulu.

La chèvre destructrice

La chèvre, à poids égal, consomme deux fois plus d'aliments que

le gros bétail. Elle a un gros appétit et tout fait ventre, si

bien que la végétation basse ligneuse sera plus ou moins dévorée

selon l'importance du troupeau. Plus il y a de chèvres, moins il y

a de végétation et plus elle est dévastatrice. Mais en contrepar­

tie, la chèvre tire parti de végétaux qui sont délaissés par les

autres catégories d'animaux.

27

Alors maintenant, il convient quand même de placer les déprédations

de la chèvre dans une vue plus globale et de considérer que le mas­

sacre des ligneux dont elle est accusée a aussi pour cause l'éla-

gage abusif , les coupes systématiques opérées par les bûcherons

pour alimenter les villes en bois de chauffage, etc. Ce n'est pas

la chèvre qui émonde à mort les Acacia pour clore les champs de

haies .

Conclusion

Finalement, la réponse revient à l'homme, au berger, à l'agro-

pastoraliste. C'est lui qui doit, par son intervention, assurer

une juste balance entre le couvert végétal et le cheptel. Un type

de végétation donné ne peut supporter qu'un nombre limité de têtes

de bétail. La chèvre rend d'appréciés services. Elle doit avoir sa

place dans l'exploitation du milieu, mais en quantité raisonnable.

N.B. Cet exposé s'est largement inspiré de la publication suivante

H.N. LE HOUEROU. - Impact of the goat on mediterranean ecosys­

tems . 32 nd Annual Meeting of the European Association for

Animal Production, 31 August- 3 September 1981.Yugoslav Associ

tion of Research Institution in the Field of Animal Sciences.

Nous tenons à remercier l'auteur qui nous a transmis cette pu­

blication .

28

ANNEXE 2

Aperçu sur la céréaliculture

dans la région de Koutiaba

( résumé de l'intervention du consultant)

Les agropasteurs se livrent à la culture des céréales à des

seules fins alimentaires. Le chef de village de Koutiaba en est

un vivant exemple. Il cultive un champ situé derrière sa conces­

sion,de 120 x 150 m. La principale céréale cultivée est le Mil

pénicillaire ou le Mil à chandelle. De toutes les céréales, ce

Pennisetum est la plante qui résiste le plus à la sécheresse et

qui est la plus adaptée aux conditions climatiques de la zone

sahélienne.

1 - Le Mil pénicillaire

Les Mils pénicillaires cultivés dans la zone sahélienne tirent

leur origine d'une espèce spontanée. Ce sont tous des cultivars

de l'espèce collective Pennisetum typhoideum (= Pennisetum america-

num). Le mil pénicillaire est appelé aussi "petit mil", par oppo­

sition au " gros mil " qui est le sorgho.

Le nom de Mil à chandelle est évocateur car , dans l'épi, les

grains sont courtement pédicellés et disposés tout le long d'un axe

dont la longueur peut atteindre 1 m. Comme dans toutes les espèces

de Pennisetum, l'épillet est entouré à sa base d'un involucre en­

touré de soies. Comme ces soies sont plus courtes que le grain ,dans

l'épi mûr, tous les grains se touchent. Ainsi, un seul axe four­

nit-il de très nombreux grains.

Les spécialistes distinguent de nombreuses variétés de petit

mil. Celle la plus couramment cultivée au Sénégal oriental est le

Mil suna. Celui-ci est l'aliment de base des populations locales.

Chaque matin, les femmes pilent le petit mil au mortier pour pré­

parer le plat du jour, le couscous de mil.

Les rendements se situent entre 500 et 1 000 kg/ha selon la

nature du sol, la pluviométrie et les façons culturales.

Dans l'exemple précis du champ du chef du village, le rende­

ment a été évalué cette année( 1985) entre 150 et 200 gerbes de

25 kg pour un champ del,8 ha, soit 2 000 à 2770 kg de gerbes/ha.

29

En évaluant à 50 % la proportion des axes, il reste environ 1 000

à 1 300 kg de grains à l'ha. Il s'agit d'une bonne année. Après

avoir cueilli les gerbes, les tiges de petit mil sont couchées

sur le sol qui est ainsi partiellement couvert et protégé de

l'insolation. C'est alors que, bénéficiant des rosées matinales,

se développe toute une florule d'espèces annuelles dont certaines

sont fort appétées et fort nourrissantes ( 0,85 UF par kg de MS)

comme Commelina forskalei alors que d'autres sont au contraire

délaissées, comme Mitracarpum scaber et que d'autres, enfin, pros­

pèrent, favorisées par les apports organiques des déjections ani­

males, comme Amarantus viridis et Physalis angulata, les champs

étant ouverts au bétail, dès la récolte terminée.

2 - Les Sorghos

Les Sorghos sont plus exigeants en humidité que les Mils pénicil-

laires. Aussi sont-ils, avec ces récentes sécheresses, de moins

en moins cultivés en zone sahélienne.

Dans une vue générale, les espèces cultivées de Sorghos sont

nombreuses et il est commode de distinguer deux groupes, celui à

inflorescence contractée ( Sorghum cernuum) et celui à inflores­

cence ouverte. Dans ce deuxième groupe, il y a lieu de mettre à

part les Sorghos où les deux glumes entourant le grain sont large­

ment couvertes, baillantes presque à 180 degrés ( Sorghum margariti-

ferum ) et ceux où, au contraire, les glumes sont appliquées sur le

grain ou s'en écartent peu ( Sorghum guiñéense). Mais le genre

Sorghum comprend de nombreuses autres espèces parmi lesquelles nous

mentionnons, à titre indicatif, le Sorgho sucré et le Sorgho de

teinturier, recherché pour son colorant violet élaboré dans les

gaines foliaires.

Certaines variétés de Sorghum rejettent de la base après la

récolte et les repousses sont souvent pâturées, pas toujours avec

succès,car il peut se produire que certaines d'entre elles contien­

nent un peu d'acide cyanhydrique et soient toxiques. Heureusement

les cas d'intoxication sont rares mais ils sont imprévisibles.

30

3 - Le Maïs

Le Mais est de plus en plus apprécié au Sénégal et le couscous de

Mais est un plat de plus en plus recherché. Le Maïs est cultivé

à la fois à grande échelle, dans des champs, mais aussi à petite

échelle, le plus souvent, en jardin de case.

Les grains de Mais offrent cet avantage sur ceux de Sorgho et

de petit Mil d'avoir un albumen différencié en deux zones, un albu­

men central, blanc farineux, et un albumen périphérique corné pro-

tidique. Il contient en plus un gros germe riche en huile. Le grain

de Maïs est aussi un peu plus riche en protéines.

Les produits alimentaires préparés à partir du Maïs sont nombreux

justement en raison de la différenciation du grain : couscous de

Maïs, farine blanche de Mais, flocons de Maïs, Maïs pop, etc.

La consommation du Maïs, céréale d'origine tropicale, plante en

C 4, mérite d'être encouragée.

31

ANNEXE 3

Besoins journaliers en fourrage aérien

1 - En protéines totales

Il est raisonnable de considérer que la teneur moyenne en pro­

téines des arbres fourragers nord-soudaniens est de l'ordre de

12,5 %. Cette moyenne est souvent dépassée dans les analyses de

fourrages aériens mais il est bon de considérer un niveau plutôt

bas, pour tenir compte de la lignine toujours présente dans les

feuilles des arbres.

Or, les besoins journaliers d'une UBT sont évalués à 1 g de

MAt par kg de poids vif, soit 250 g pour une UBT de 250 kg.Avec cet­

te teneur moyenne de 12,5 % en protéines totales pour les feuilles,

il en résulte qu'1 kg de feuilles d'arbre contient 125 g de MAt et

que les besoins d'une UBT seront couverts par 2 kg de feuillage.

2 - En protéines digestibles ( MAd = matières azotées digestibles)

De l'avis général, la relation qui lie la MAt à la MAd est la

suivante :

MAd en % = MAt en % - 4

soit pour la moyenne adoptée plus haut 12,5 - 4 = 8,5 % ou 85 g au

kg.

Or, les besoins en MAd sont évalués à 25 g par kg de matière

sèche et seront pour une ration moyenne de 6,25 kg par jour :

6,25 x 25 = 156 g

Dès lors que 1'UBT consommera 2 kg de feuilles d'arbre, il ab­

sorbera en même temps 85 x 2 = 170 g de MAd.

Ses besoins seront donc largement couverts, car 1,835 kg (156) 85

suffira.

32

ANNEXE 4

Résultats des analyses bromatologiques des

fourrages récoltés (1)

1 - Strate herbacée

-1er cas : Pâturage à Andropogon pseudapricus et à Loudetia togoensis,

situés à proximité de la mare de Tekinangaye.

Ce pâturage se trouve dans une zone fréquentée depuis de longue

date par le bétail. Aux dires des bouviers, il a bonne réputation.

Il a été étudié sous deux faciès A et B. En voici la composition.

Faciès A Faciès B

Andropogon pseudapricus 5 5

Loudetia togoensis 3 3

Diheropogon Hagerupii 2

Sphaeranthus sp. 2

Zornia glochidiata 1 1

Alysicarpus glumaceus 1 1

Dactyloctenium aegyptium + 1

Schoenefeldia gracilis 1 2

Panicum laetum 1 +

Setaria pallidefusca + +

Brachiara sp. + +

avec un recouvrement de 80 %.

En voici la valeur nutritive :

Facies A Faciès B

biomasse appétée biomasse restante biomasse appétée

Eau 8,06 7,2 7 7,44

matières minérales 5,67 6,20 4,89

MAt 4,97 3,36 4,77

MAt en % ms 5,40 3,62 5,15

Cellulose brute 33,78 35,55 36,53

UF/kg/ms 0,65 0,61 0,57

MAd/g/kg/ms 15 O 12

MAd % ms 1,5 O 1,2

(1) Les analyses ont été effectuées par les Laboratoires des Agriculteurs de France.

33

Les résultats pour les faciès A et B sont concordants. Et il

est normal que la biomasse appétée, comprenant les sommités et en

particulier les infrutescences, soit un peu plus nutritive que la

biomasse restante (gain de 1,61 en protéines brutes et 1,77 de moins

en cellulose ). Les résultats sont probants. La valeur fourragère

est faible, et, fait patent, la MAd est égale à O pour les plantes

amputées de leur partie consommée. Les bovins sont bien inspirés

de ne consommer que les extrémités (les épis). La partie basale de

la plante ne vaut rien. Comme la partie appétée , encore sur pieds

en octobre, va disparaître de toutes façons le mois suivant, nous

sommes forcé d'en arriver à la triste conclusion que la pâturage à

Andropogon pseudapricus apporte peut-être un peu d'énergie fourra­

gère, mais aucune protéine digestible en saison sèche. La complémenta­

tion azotée en saison sèche est vraiment indispensable.

•2ème_cas : Pâturage à Schoenefeldia gracilis et Zornia glochidiata

situés à proximité de la mare de Pete

Ce pâturage se trouce précisément là où trois années plus tôt

nous avons étudié un pâturage à Andropogon pseudapricus. Comme le

Schoenefeldia est surtout une plante sud-sahélienne, se plaisant dans

les terres sablonneuses filtrantes, ce nouveau pâturage apparaît com­

me un état de dégradation par rapport à l'état antérieur.

Deux faciès de ce pâturage ont été analysés , le faciès A (équi­

pe A) étant plus fourni que le faciès B ( équipe B)en Zornia.

Valeur nutritive

Pour travailler le plus finement possible, l'équipe A du coordi­

nateur a effectué 3 prélèvements :

- le premier au niveau des inflorescences passées de Schoenefeldi

- le deuxième au niveau des pousses terminales du Zornia

- le troisième au niveau de tout ce qui restait sur le terrain,

c'est-à-dire la biomasse restante.

34

Facies A

extrémités pousses Bio.restante Schoenefeldia sup.Zornia Schoen.+ Zor,

Faciès B

Eau 7,53 8,18 7,53

Matières minérales

MAt

MAt en % ms

Cellulose brute

UF/kg/ms

MAd/g/kg/ms

MAd % ms

3,89

2,79

3,02

37,87

0,52

0

0

5,16

11,60

12,6

39,70

0,46

85

8,6

4,74

5,61

6,05

36,30

0,57

23

2,2

4,08

2,84

3,08

35,57

0,60 (?)

0

0

5,17

5,55

5,94

35,87

0,59

23

2,0

bio.appétée Schoen.pur

7,89

Biomasse restante

6,77

Il en résulte qu'un pâturage à Schoenefeldia pur a une valeur en MAd =

0. Les deux résultats sont remarquablement concordants : 2,79 et 2,84

en MAt. Il en résulte aussi que les tables de Dijkstra ne sont guère

applicables car elles donnent pour deux échantillons presque identiques

des résultats divergents (0,52 et 0,60 UF, d'où le point d'interrogation

pour les 0,60 UF). Il est vrai que les extraits des tables publiées

publiées p. 78-79 du Manuel sur les pâturages tropicaux de Boudet ne

donnent pas les UF quand la teneur en cendres est inférieure à 5,0 %,

ce qui est précisément le cas.

La biomasse restante est plus énergétique et comprend davantage

de MAd, et cela se comprend, car elle contient du Zornia. La pâturage

à Schoenefeldia ne vaut donc que par le Zornia et en saison sèche , il

est complètement dépourvu de MAd. C'est une paille sèche, pure ration

d'encombrement, un point c'est tout.

•3ème cas : Pâturage à Andropogon pseudapricus et Pennisetum pedicella-

tum - 5 km nord Tambacounda,route de Matam

Ce pâturage , choisi dans une savane à Combrétacées est le type

d'un pâturage de parcours de la région. Brûlé chaque année, il ne com­

prend que des espèces herbacées annuelles. En voici la composition :

35

Andropogon pseudaprlcus 4

Pennisetum pedicellatum 4

Loudetia togoensis 3

Zornia glochidiata 2

Microchloa indica 1

Eragrostis lingulata 1

Le recouvrement étant de l'ordre de 40 % et la hauteur de 1,50 m,

en voici la valeur nutritive :

La biomasse appâtée, c'est-à-dire les extrémités fructifiées de

1'Andropogum et du Pennisetum ont été récoltées séparément

Eau

Matières minérales

MAt

MAt % ms

Cellulose

UF/kg/ms

MAd/g/kg/ms

MAd % ms

Sommités Andro

8

3

3

3

36

0

1

0

pogon

,43

,43

,31

,61

,28

,57

,0

Sommités Pennisetum

6

3

4,

4,

40,

0,

12

0,

,42

,74

,58

,78

,99

,44

,8

Pour les sommités de 1'Andropogon, ces résultats sont révélateurs

par comparaison à ceux obtenus sur ces mêmes sommités récoltées près de

la mare de Tekinangaye. Avec ici 3,61 de MAt % de ms contre 5,40 et

5,15 dans d'autres cas, nous en arrivons à la conclusion que les exem­

plaires sur ce sol pauvre peu profond sont dotés d'une plus faible va­

leur nutritive qye ceux venus non loin de la mare. De toute façon, même

avec 1 % de MAd , 1'Andropogon n'a guère de valeur.

Strate ligneuse

En saison sèche, les animaux n'ont d'autre ressource que de se re­

porter à la strate ligneuse dont ils prélèvent les feuilles sèches, les

unes encore attachées aux rameaux, les autres gisant sur le sol. Cer­

taines espèces, comme le Grewia bicolor, conservent longtemps leurs

feuilles à l'état marcescent. Elles sont sur l'arbre, plus ou moins

enroulées, et les bovins peuvent les cueillir. Dans d'autres cas, ce

sont les fruits qui restent en place : cas des Grewia et du Feretia.

Acacia Grewia

36

Grewia macrostachya bicolor mollis

Feretia Gardenia ternifolia

Combretum nigricans

Eau

MAt.

7,70

Mat.min. 3,93

14,70

MAT % ms 15,9

Cellulose 20,65

UF/kg/ms 0,98

MAd/g/kg/ms

MAd % ms 11,9

9,59

7,51

16,16

17,8

24,29

8,53

6,16

13,37

14,6

22,30

9,34

6,48

12,08

13,3

18,50

8,90

6,20

7,55

8,28

18,80

0,86

13,8

0,93

10,6

1,0

9,3

1,0

4,2

6,22

5,15

5,27

5,61

20,09

0,98

1,6

Le premier avantage du feuillage aérien est d'assurer une bonne alimenta­

tion minérale (sauf l'Acacia macrostachya).

D'après les teneurs en matières azotées digestibles, l'espèce

d'arbre la plus digne d'intérêt est le Grewia bicolor tandis que

l'arbre le moins nutritif est le Combretum nigricans qui finalement

n ' a guère plus de valeur qu'une banale herbe sèche..

Quantité de feuilles d'arbres qu'une UBT doit consommer pour satisfaire sa ration journalière en matières azotées digestibles_(_156_g_)_

Acacia macrostachya 1 300 g

Grewia bicolor 1 130 g

Grewia mollis 1 470 g

Feretia apodanthera 1 670 g

Gardenia ternifolia 2 690 g

Combretum nigricans 10 250 g

Ce tableau illustre ce qui se passe dans la réalité. Les zébus

sont friands des feuilles de Grewia. Ils consomment volontiers le

Feretia mais ne touchent guère au Combretum nigricans. Quant au

Gardenia, il est probable que les jeunes feuilles qui débourrent

au printemps sont plus riches que celles qui ont été analysées.

La valeur du pâturage aérien est en grande partie fonction de la

densité des Grewia,et de celle des Feretia dans une moindre mesure.

37

ANNEXE

L'Amaranthus viridis est une plante typiquement rudérale. Elle

couvre, en peuplement pur, de vastes surfaces autour- des

cases dans les villages. Elle conquiert les terrains vagues.

Plante en C 4 , sa croissance est rapide et si les pluies sont

régulières, les spécimens deviennent vigoureux. La tige principale

se ramifie en de nombreux rameaux ascendants, tous porteurs d'inflo­

rescences fournies. Celles-ci sont agglomérées, disposées tout le

long des rameaux. Les fleurs sont entourées de bractées. Les graines

sont bien à l'abri dans leur capsule. Un seul pied produit un nombre

considérable de semences. La reproduction est toujours assurée.

Cette plante, verte à l'état jeune, d'un jaune pailleux à l'état

fructifié, n'attire guère l'attention par elle-même, si ce n'est

qu'elle est copieusement broutée par les herbivores en liberté dans

les villages, et plus particulièrement la nuit par les chevaux et

les ânes. A voir l'acharnement avec lequel ces animaux rongent jus­

qu'à la base les rameaux, il faut croire que la plante leur plait.

La plante pousse en touffes plus denses le long des clôtures et des

haies, dans les chemins peu fréquentés, là où se déposent les matières

organiques produites par les activités humaines. C'est une plante

nitrophile. Toutes ces raisons nous ont conduit à en faire un prélè­

vement en octobre 1985 et à le faire analyser pour se faire une idée

plus précise de la valeur fourrragère de 1'Amaranthus. Voici les

résultats (Laboratoire d'Agriculture de France) portant sur des ra­

meaux fructifies :

eau 8,24

matière minérale 13,45

MAt 16,57

MAt % ms 18,O

cellulose 21,28

UF 0,83

MAd/g/kg/ms 135 (formule Lemarquilly)

MAd % 14,0

Ces résultats sont une révélation. Il est à penser que la teneur

élevée en sels minéraux est un facteur qui intervient dans l'appéten­

ce de la plante. Nous comprenons mieux maintenant pourquoi ces ânes

38

qui sont appelés à effectuer de durs travaux de traction pendant

le jour, et laissés en liberté pendant la nuit, ont,en général ,

si bonne mine. Ils trouvent dans 1'Amaranthus viridis la MAd

qui fait défaut dans les fourrages graminéens. Avec 135 g ou même

140 g de MAd par kg, 1 100 g de rameaux fructifies suffisent pour

assurer la ration journalière en MAd d'une UBT.

L'Amaranthus viridis est un bel exemple montrant l'intérêt

exceptionnel de certaines plantes rudérales trop souvent à tort n

gées .