Questions - Réponses - Médiation linguistique et culturelle

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1 Licence LMFA Spécialité “Communication Interculturelle et Langues du Monde” - CILM (Cours ICL 2A 01 c) Questionnaire 3 12.12.2007 KELLER – Loraine COUTEILLER - Elsa 1/ Essayez de donner une définition des deux termes « multiculturel » et « multilingue ». Comment les différencier par rapport au terme « interculturel » ? Quand on parle de la « dynamique interculturelle », de quoi s’agit-il ? Donnez un ou deux petits exemples. Le terme « multiculturel » vient de multi (plusieurs) et culturel. C’est un terme qui se réfère à une description de situation : il désigne la coexistence de plusieurs cultures revendiquant leur spécificités dans le monde ou au sein d’une aire géographique donnée (conception « mosaïque » de la société). Il peut également représenter une théorie ou une politique soucieuse de respecter et de protéger plus spécifiquement les cultures minoritaires ou fragiles. Le mot « multilingue » décrit le fait qu’une personne ou une communauté soit plurilingue , c’est- à- dire qu’elle soit capable de s’exprimer dans plusieurs langues. On parle notamment de bilinguisme ou de trilinguisme lorsque deux ou trois langues entrent en considération. Le préfixe "inter" d’"interculturel" indique la prise en considération, et surtout la mise en place, des interactions entre des groupes, des individus, des identités. Alors que le préfixe « multi » s’arrête au niveau du constat , l’interculturel est une démarche (ce n’est pas une réalité objective). La compétence interculturelle ne s’arrête pas à la capacité de dialoguer avec un étranger (avec une personne de nationalité, de culture différentes), mais signifie être à même d’échanger avec Autrui, quel qu’il soit. L’objectif d’un formation dans le domaine de la communication interculturelle est donc d’apprendre la rencontre et non pas de se borner à apprendre la culture de l’autre. La « dynamique interculturelle » est une dynamique qui a pour but d’amener les différentes cultures à « travailler ensemble », elle promeut la « synergie » des différences pour : dépasser la peur et entrer en relation avec l’autre se transformer dans la relation sans perdre son identité gérer les malentendus et conflits en tenant en compte des divers points de vue (décentrement) créer des conditions nouvelles de coopération

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Questionnaire datant du 12-12-07 établit dans le cadre de la Licence LMFA Spécialité Communication Interculturelle et Langues du Monde à l'INALCO. Cours ICL 2A01c de Peter Stockinger. Mots clés : multiculturel - multilingue - interculturel - rapport Les Langues de France - acculturation - médiation linguistique - médiation interculturelle - temps social - contexte - communication non verbale - interprétation de liaison - interprétation de relais - interprétation par chuchotage - community interpreting - community interpreter

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Licence LMFA Spécialité “Communication

Interculturelle et Langues du Monde” - CILM

(Cours ICL 2A 01 c)

Questionnaire 3

12.12.2007

KELLER – Loraine COUTEILLER - Elsa

1/ Essayez de donner une définition des deux termes « multiculturel » et « multilingue ». Comment les différencier par rapport au terme « interculturel » ? Quand on parle de la « dynamique interculturelle », de quoi s’agit-il ? Donnez un ou deux petits exemples. Le terme « multiculturel » vient de multi (plusieurs) et culturel. C’est un terme qui se réfère à une description de situation : il désigne la coexistence de plusieurs cultures revendiquant leur spécificités dans le monde ou au sein d’une aire géographique donnée (conception « mosaïque » de la société). Il peut également représenter une théorie ou une politique soucieuse de respecter et de protéger plus spécifiquement les cultures minoritaires ou fragiles. Le mot « multilingue » décrit le fait qu’une personne ou une communauté soit plurilingue , c’est-à- dire qu’elle soit capable de s’exprimer dans plusieurs langues. On parle notamment de bilinguisme ou de trilinguisme lorsque deux ou trois langues entrent en considération. Le préfixe "inter" d’"interculturel" indique la prise en considération, et surtout la mise en place, des interactions entre des groupes, des individus, des identités. Alors que le préfixe « multi » s’arrête au niveau du constat , l’interculturel est une démarche (ce n’est pas une réalité objective). La compétence interculturelle ne s’arrête pas à la capacité de dialoguer avec un étranger (avec une personne de nationalité, de culture différentes), mais signifie être à même d’échanger avec Autrui, quel qu’il soit. L’objectif d’un formation dans le domaine de la communication interculturelle est donc d’apprendre la rencontre et non pas de se borner à apprendre la culture de l’autre.

La « dynamique interculturelle » est une dynamique qui a pour but d’amener les différentes cultures à « travailler ensemble », elle promeut la « synergie » des différences pour :

dépasser la peur et entrer en relation avec l’autre se transformer dans la relation sans perdre son identité gérer les malentendus et conflits en tenant en compte des divers points de vue

(décentrement) créer des conditions nouvelles de coopération

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2/ Présentez brièvement le rapport « Les Langues de France ». Quel est son auteur ? De quoi s’agit-il ? Quelles conséquences peut-on en tirer pour les métiers de la communication ? « Les Langues de France » est un rapport écrit par le linguiste Bernard Cerquiglini au Ministre de l'Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie, et à la Ministre de la Culture et de la Communication en avril 1999. Selon ce rapport, il y a en France, 75 langues parlées par les ressortissants français sur le territoire de la République dont :

- environ 25 langues en France métropolitaine - 50 autres dans les DOM/TOM.

Cette diversité linguistique est le reflet d’une grande diversité culturelle. Cela implique un besoin important de personnes formées pour les métiers de la communication et de la médiation interculturelle, aptes à « communiquer, dialoguer » et spécialisées dans une ou plusieurs langues et cultures pour une meilleure « compréhension globale ». Car pour obtenir une bonne intégration des différentes communautés, c’est-à-dire, selon Berry, un maintien de leur identité culturelle s’associant à l’adoption de la culture dominante, il est nécessaire en amont de leur offrir une médiation leur permettant un contact optimal avec leur culture d’accueil : aller vers eux pour les aider à venir vers nous. 3/ Des études montrent qu’en Europe en 2000, à peu près 34% des jeunes de moins de 35 ans sont issus de l’immigration. Essayez de commenter cette donnée et essayez d’en tirer des conséquences pour les métiers de la communication. Cette diversification croissante de la population est une des conséquences majeures des courants économiques et historiques des deux derniers siècles. En pratique, cela a conduit à l’émergence actuellement d’une population jeune, à commencer bien sûr par les 34% des jeunes de moins de 35 ans issus de l’immigration, extraordinairement multiculturelle, ou comme on l’entend de plus en plus souvent, « transculturelle ». Cela signifie que leur éducation, partagée entre différents apports culturels (leur pays – avec l’école, leur famille pour les enfants d’immigrés, leurs amis, les médias – qui reflètent les cultures dominantes du monde) les a dotés d’une culture en mosaïque – ou d’une mosaïque de cultures – et d’un multilinguisme de plus en plus nécessaire. Ce tableau représente la situation idéale, mais persistent également encore trop souvent, même pour les immigrés de la seconde génération, des difficultés dues essentiellement à une mauvaise maîtrise des références et valeurs de la culture dominante, entraînant exclusion et même auto-exclusion, ressentiment face aux stéréotypes véhiculés, et à l’extrême un repli communautaire dont on ressent aujourd’hui la force des implications. Les conséquences pour les métiers de la communication sont dès lors évidentes : d’une part, le besoin d’agents de médiation interculturelle va s’accroître avec la nécessité grandissante d’assurer la cohésion des différentes cultures au sein de l’espace social commun. En effet, l’Etat, les institutions, la population, ont besoin d’une certaine médiation pour toujours construire et structurer un meilleur « vivre ensemble » dans le pays. D’autre part, en ce qui concerne le domaine de la communication « pure », cette évolution démographique implique bien évidemment une transformation des mentalités, de la culture de la population « cible », à laquelle il faut absolument s’adapter pour continuer d’assurer la transmission efficace des messages. Cela signifie pour les professionnels de la communication l’obligation d’acquérir des compétences interculturelles pour rester dans la course. 4/ Quels sont les deux enjeux principaux de communication dans une société multiculturelle et multilingue ? On distingue deux enjeux principaux pour la communication dans ce contexte:

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- l’acculturation des communautés issues de l’immigration ( l’acculturation est l’ensemble des phénomènes qui résultent d'un contact continu et direct entre des groupes d'individus de cultures différentes et qui entraîne des modifications dans les modèles culturels initiaux de l'un ou des deux groupes.) C’est la condition sine qua non à une intégration réussie : un mélange harmonieux des cultures d’origine et d’accueil.

- la « communication efficace » entre locuteurs appartenant à des communautés linguistiques différentes. Cela passe par une connaissance précise de la culture de l’autre (langue, valeurs, référents, civilisation…) bien sûr, mais aussi, et essentiellement, par la maîtrise d’outils de communication spécifiquement interculturels, la communication non-verbale notamment, etc.

5/ Essayez de donner une définition générale de la médiation linguistique et interculturelle et produisez deux ou trois exemples concrets. La médiation a pour objet la résolution des différends en dehors des rapports de force, c’est un mode alternatif de résolution des conflits. Elle implique l'intervention d'un tiers neutre, impartial et indépendant, le médiateur, lequel fait œuvre d’intermédiaire au cours des relations. Plus précisément, la médiation linguistique et interculturelle est la médiation entre deux communautés plus ou moins séparées dont le positionnement vis-à-vis l’une de l’autre, le rapport peuvent changer. Ex : - « Une assistante sociale s’étonnait que M. Y ait épousé d'une manière singulière la soeur de sa femme décédée. Ici le médiateur expliquera que c’est une règle morale dans sa culture et qu’elle est très respectée. Cette pratique d’alliance est désignée en ethnologie sous le nom de sororat. Que cette modalité de mariage puisse nous étonner ou nous indigner est un autre problème : au point qui nous occupe ici il s'agit seulement de montrer que la médiation a permis de donner un sens à une pratique qui avait suscité beaucoup d'incompréhension, de malentendus et même de suspicion. »

- « Un médecin de Protection Maternelle Infantile ne comprenait pas les raisons de la réticence d’une future maman à parler de sa grossesse. Le médiateur expliquera que dans la culture originelle de sa compatriote il est tabou de parler d’un enfant à naître. Par son intermédiaire le médecin fera expliquer le sens de ses questions et la notion de protection. Cette notion, la future mère peut l’intégrer puisque c’est justement « par protection » de l’enfant qu’elle se refusait à parler. » Ainsi le médiateur a permis de déceler la valeur universelle commune au sein des deux comportements apparemment opposés, et la mise en place d’un coopération sur cette base.

(Exemples tirés du site Ethnopsychanalyse Association Géza Roheim http://pagesperso-orange.fr/geza.roheim/)

6/ Pourquoi, à votre avis, ne peut-on jamais isoler la médiation linguistique de la médiation interculturelle ? Donnez un ou deux exemples concrets. La médiation linguistique et la médiation interculturelle ne peuvent être isolées car ces deux-dernières se complètent et forment un tout. En effet, le médiateur ne doit pas seulement savoir traduire linguistiquement les messages produits dans une langue-source vers une langue-cible. Il doit également être capable de restituer le contexte culturel spécifique dans lequel un message a été produit ou dans lequel s’élabore un certain comportement. Ex : - « En France, une petite fille est amenée à l’hôpital suite à une infection importante. En effet, elle a subi il y a quelques jours une excision clitoridienne mal effectuée et qui s’est infectée. Cela nécessite une opération de tout urgence. Ainsi, le personnel de l’hôpital doit s’expliquer avec la famille qui ne comprend pas très bien le français. Il y a donc besoin d’un

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médiateur linguistique pouvant aussi ramener chaque message des locuteurs dans un contexte culturel bien précis. » - « Une patiente algérienne nous est envoyée par un service de rhumatologie qui l'avait rencontrée pour des douleurs articulaires. Cette patiente expliquera en arabe qu'elle a mal aux articulations (francisé : mafasel) et la médiatrice-interprète expliquera que ce mot renvoie aussi en arabe à "séparation" (fasala). Cette association renvoie à une représentation de l'articulation différente du français qui renvoie plutôt au lien, à la jonction. Cette "discussion" sur la traduction (traduite à la patiente) entraînera un discours sur la séparation d'avec sa famille encore en Algérie et de surcroît une amélioration considérable de ses douleurs articulaires. »

(Exemples tirés du site de l’association Géza Roheim) 7/ Il existe toute une série d’entraves à une communication efficace entre des interlocuteurs appartenant à deux communautés linguistiques différentes. En identifiez trois, décrivez les plus en détail et surtout en produisez autant d’exemples concrets que vous pouvez … Trois entraves possibles à une communication efficace entre des interlocuteurs appartenant à deux communautés linguistiques différentes : 1/ Le problème de la maîtrise des niveaux d’une langue (notamment celle de la culture d’accueil). La personne qui ne sait pas bien parler la langue d’accueil ne pourra pas s’exprimer ou comprendre comme elle le souhaiterait et donc ne pourra pas communiquer efficacement avec la personne qui au contraire maîtrise parfaitement cette langue. En effet, un message linguistique peut se comprendre selon divers niveaux de sens (ironie, humour, litote et autres figures de style) ; hors celui qui ne maîtrise pas la langue ne saisira en général que le premier degré. Ainsi, il pourra souvent se sentir marginalisé par rapport à cette culture, et ce y compris dans les situations de la vie quotidienne. 2/ Maîtrise des formes spécialisées de la communication : Ce phénomène s’aggrave encore lorsque les situations deviennent plus spécifiques, quand le contexte sort de la vie quotidienne basique et vient à rencontrer de nouvelles situations, nécessitant un langage plus pointu et précis : par exemple, au niveau de l’administration, de la santé, du droit … une incompréhension peut se créer. Une des conséquences essentielles est de cet inaptitude linguistique se révèle dans les situations de la vie professionnelle, qui nécessite souvent l’utilisation d’un vocabulaire technique. 3/ Variations interculturelles des pratiques sociales et représentations : Les interlocuteurs appartenant à deux communautés linguistiques distinctes ont chacun des différences culturelles qui peuvent amener un questionnement, un étonnement, une indifférence ou un choc par rapport à l’autre. Le site de l’association Géza Roheim cite cet exemple au niveau de la famille et de la parenté : - « Un enseignant s’interrogeait sur le fait qu’après avoir demandé à rencontrer les parents d’un élève, il avait été en relation avec un oncle de ce dernier. Là, le médiateur expliquera que cette famille vient d’une culture dans laquelle le frère de la mère est « responsable » des enfants de ses sœurs. Cette particularité se retrouve notamment dans la parenté dite matrilinéaire. Mais lors d’une rencontre ultérieure entre l’oncle, l’enseignant et le médiateur, ce dernier expliquera à l’oncle que l’enseignant comprend son intérêt mais que les lois françaises désignent les parents dans ce rôle et qu’il souhaiterait qu'il use de sa responsabilité pour l'expliquer à son beau-frère. » 8/ Une entrave particulière à une communication efficace entre interlocuteurs appartenant à deux communautés linguistiques différentes, est constituée par le temps social. De quoi s’agit-il ? Donnez des exemples concrets.

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Les différentes cultures n’élaborent pas les représentations du temps de la même façon. On cite souvent l’exemple de la conception linéaire occidentale, versus la conception cyclique orientale. Cela entraîne une structuration spécifique du temps social, c’est-à-dire les manifestation culturelles de la notion du temps. Dans le langage, cela est particulièrement manifeste à travers la conjugaison : en effet, très peu de langues permettent d’exprimer le futur. En Japonais, on ne trouve que deux modes temporels, l’accompli et le non-accompli. Il peut donc être particulièrement perturbant pour les personnes issues de telles cultures de s’habituer à penser , à se projeter dans l’avenir. 9/ Une autre entrave particulière à une communication efficace est constituée par les valeurs, les affects et les émotions. De quoi s’agit-il. Essayez d’expliquer d’avantage ce point tout en donnant autant d’exemples concrets que possibles. Toutes les cultures ne permettent pas d’exprimer de la même façon ses sentiments et ses affects. Selon les valeurs mises en avant (fierté, force morale, empathie, douceur…), il est plus ou moins valorisé de savoir exprimer, ou au contraire cacher ses sentiments. Mais si l’on creuse un peu plus, il est possible que les sentiments s’expriment tout autant dans une culture qui nous est étrangère, mais selon des modalités que l’on ne peut tout simplement pas toujours saisir de l’extérieur. C’est une des choses qui m’a le plus étonnée dans l’étude du Japonais : on les dit froids et réticents à exprimer leurs sentiments, mais au contraire leur langue leur permet, bien plus que la nôtre, de faire passer leur ressenti dans le plus simple énoncé de la vie courante, à l’aide le plus souvent de suffixes et d’auxiliaires, qui permettent de marquer l’étonnement, le doute, l’intention, le regret, etc. Ils passent inaperçus auprès d’un non locuteur, car ils sont intraduisibles en Français, qui nécessiterait une accumulation de périphrases pour tous les évoquer. Tout passe ainsi par la langue, qui utilise par ailleurs un ton neutre, et non par la démonstration physique, ce qui crée l’incompréhension auprès des autres cultures. Ainsi, les valeurs, la morale, l’éthique, tout ce qui touche à la représentation du monde influent au plus profond de chaque culture et en orientent la moindre manifestation pratique : le langage, le comportement, le mode de vie… nécessitant leur maîtrise par le médiateur pour qu’il puisse mettre en place une communication efficace. 10/ Quels sont les principaux métiers ou encore compétences professionnelles exigées en médiation linguistiques et interculturelles ? Il existe trois grands domaines professionnels dans ce domaine :

Traduction / interprétation : plus ou moins spécialisée, de l’interprétation « face-à-face » à l’interprétation simultanée… ;

Rédaction / lecture : de la rédaction à la correction de textes ; Intermédiaire de l’information : journaliste, reporter, « localisateur d’information »… Assistanat professionnel : secrétaire, accompagnateur, guide ; Assistanat social : éducateur, travailleur social en milieu multilingue.

La base reste bien sûr de solides connaissances linguistiques et culturelles, à laquelle peuvent venir s’ajouter, pour les métiers les plus spécialisés, des connaissances spécifiques liées à une discipline particulière : droit pour un traducteur juridique, commerce/management pour une assistante-interprète, politique pour un correspondant à l’étranger d’un grand quotidien, etc. 11/ Définissez les termes « interprétation de liaison », « interprétation de relais », « interprétation par chuchotage » en utilisant les références disponibles sur Internet telle que celle-ci. The BigwordGroup, fournisseur de services de traduction, nous propose ces définitions :

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o Interprétation de liaison : L'interprétation de liaison est généralement adaptée aux missions qui ne sont pas préparées à l'avance, comme lors d'entretiens et de visites diplomatiques. Elle est à rapprocher de l’interprétation consécutive, lors de laquelle l’orateur fait des pauses régulières (entre chaque idée, paragraphe) pour permettre à l’interprète de traduire ce qui a été dit dans la langue cible.

o Interprétation de relais : Lorsqu’il faut faire une traduction entre deux langues pour lesquels on ne dispose pas de traducteur, il s’agit de relayer la traduction au moyen d’une langue commune aux deux traducteurs présent, c’est-à-dire le plus souvent l’anglais.

o Interprétation par chuchotage : Il s'agit d'une forme d'interprétation simultanée souvent utilisée dans les tribunaux. L'interprète travaille pour trois personnes maximum. Il/elle est assis(e) derrière les participants, écoute l'intervenant tout en traduisant "simultanément" à voix basse, pour ne pas déranger les autres personnes de l'assistance.

12/ Que signifie la notion « community interpreting » ? Imaginez vous une mission de « community interpreter » et décrivez-là plus en détail. Elle consisterait en quoi, quelles langues et cultures seraient en jeu, qui seraient les principaux bénéficiaires, quels seraient le ou les contextes et les « domaines », etc. Inspirez vous, pour cela, des explications de Margareta Bowen de la Georgetown University. « Community interpreting » fait référence à l’activité de médiation linguistique et culturelle auprès des communautés immigrées, notamment dans le cadre d’interactions avec les institutions du pays d’accueil : à l’hôpital, au commissariat, dans une administration… Il est intéressant de noter que selon M. Bowen les interprètes qui interviennent dans ce genre de situation n’en ont pas la formation, et bien souvent ne se considèrent même pas comme tel : en effet, ils sont tou simplement le plus souvent issus eux-mêmes de l’immigration, ce qui les rend particulièrement aptes à comprendre ce que traversent leurs clients. Une mission pour un « community interpreter » pourrait être par exemple d’accompagner dans leur démarches des femmes issues de cultures où l’on pratique le mariage forcé (maghrébines de milieu musulman pratiquant, etc.), et qui pour des raisons diverses auraient été amenées à fuir leur foyer (femmes battues, répudiées, en rébellion…). Selon son degré de soumission et les conditions de son départ, chacune aura plus ou moins de difficulté à accepter sa nouvelle condition (sens de l’honneur, attachement aux valeurs religieuses…). Cela nécessitera donc, outre un accompagnement dans les démarches juridiques et administratives, un suivi psychologique spécifique prenant en compte ces paramètres culturels. 13/ Définissez le terme « intermédiaires de l’information » et donnez deux ou trois exemple concrets. Je pense que le rôle d’un intermédiaire de l’information est d’aller chercher celle-ci à sa source, c’est-à-dire auprès des autochtones du pays concerné, et ce grâce à ses compétences linguistiques. Par ailleurs, ses compétences culturelles lui permettront à la fois de créer un contact fructueux, et de traiter les informations récoltées en les replaçant dans leur contexte. Cela peut-être au cours d’un travail de fond, comme un reportage sur un sujet de société nécessitant da longs mois pour constituer un réseau, mener l’enquête, croiser les témoignages… ; ou bien un travail quotidien de récolte de faits d’actualité, d’évènements, etc. pour un journaliste correspondant d’une agence de presse, d’un journal, d’une chaîne de TV. 14/ Toute en utilisant les références sur Internet, imaginez une campagne concrète de médiation linguistique et interculturelle. Décrivez-la plus en détail : quel type de campagne (activités, messages,, supports, médias) ?, dans quel domaine ?, pour/avec quels interlocuteurs ?, possédant quel background linguistique et culturel ?, quels objectifs ? avec quels moyens (quelle logistique) ?

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Pour poursuivre l’exemple évoqué précédemment, la population des femmes d’origine maghrébine ayant fui leur foyer à la suite de maltraitances liées à un mariage forcé me semblent présenter des besoins spécifiques, pour faciliter leur insertion professionnelle d’abord, leur réinsertion sociale ensuite. En effet, issues de milieux extrêmement religieux, ces femmes n’ont généralement pas eu la chance de poursuivre des études, ni même bien souvent de finir le lycée, étant mariées très jeunes. Elles n’ont pas les moyens de reprendre leur éducation dans un cadre normal, et pour certaines, même plus l’âge de la faire, sans parler du problème de maîtrise de la langue. Une solution qui me paraît viable serait de mettre en place une association qui se chargerait d’organiser des cycles de formation courts et en alternance, associant cours de langue et de culture du pays d’accueil, et apprentissage d’une activité professionnelle. Pour compléter cet aspect théorique, il faudrait mener une campagne de sensibilisation auprès de certains secteurs professionnels ciblés (industrie textile, restauration par exemple) afin d’offrir des stages et places en apprentissage, dans le double objectif d’une insertion professionnelle immédiate à l’issue de la formation – et donc une rapide autonomie financière, ainsi que de favoriser une réinsertion sociale qui ne soit plus entravée par une situation sociale répréhensible dans la culture d’origine de ces femmes. Les entreprises y gagneraient à mon avis une main d’œuvre motivée et reconnaissante d’avoir la chance d’exercer un « vrai métier », et d’accéder à une autonomie leur permettant de pouvoir espérer reconstruire un foyer, si elles ont des enfants (l’association devrait aussi aider à gérer les demandes de garde, proposer des structures d’accueil, trop rares encore). Mais il faudrait aussi se faire connaître du public visé, les femmes en situation de rupture ou seulement désirant se défaire de leur carcan, par des campagnes d’affichage, d’annonces dans les journaux, et en mettant en place un numéro vert où elles pourraient trouver une écoute et des conseils. Quant aux intervenants, ils doivent être très divers, au vu de l’ampleur des tâches : interprètes – de préférence des femmes de même origine (ce qui peut être une possibilité d’orientation professionnelle pour les femmes prises en charge, qui ainsi « renverraient l’ascenseur »), enseignants FLE, intervenants des différents secteurs professionnels pour les formations, ethnopsychanalistes pour le suivi, médiateurs interculturels pour intervenir auprès des entreprises, etc. Ce n’est qu’une première approche qui mériterait sans doute d’êtres complétée… 15/ Consultez le site La Nuit des Publivores au Grand Rex à Paris en novembre 2007. Vous y trouverez un lien vers une vidéo enligne « Extrait Vidéo » (figure 1). Cliquez sur ce lien et consultez la vidéo : c’est un montage d’une 15 de publicités du monde entier. Choisissez en la deuxième publicité, celle de la marque de voiture Mercedes Benz et essayer de faire une analyse critique du message … On en parlera dans le prochain cours. Ce spot publicitaire montre un petit garçon creusant à grand peine et de bon matin un trou dans le jardin de ses parents pour y enfouir un modèle réduit de voiture, puis l’arroser en regardant avec envie la Mercedes de son papa garée dans l’allée. Je dis « de son papa », car le message véhiculé s’inscrit ostensiblement dans la logique de reproduction des modèles sociaux sexués de notre société consumériste occidentale. Le slogan : « Impatient de découvrir de nouvelles sensations ? », va plus loin en sous-entendant que le principal avantage de grandir est d’avoir accès à de grosses voitures et autres biens de consommation de ce type. Sans même évoquer la gamme de prix de cette marque en particulier, qui nous situe qui plus est dans un contexte social particulier, c’est encore une fois une vision rétrécie du monde et un appauvrissement des aspirations qui sont véhiculés. Le second slogan : « Nouvelle génération de design Mercedes-Benz » confirme l’utilisation de ce schéma de pensée entérinant la transmission d’un patrimoine social matériel autant que culturel. Ce petit garçon de milieu aisé représente la « nouvelle génération » des consommateurs, éduquée à choisir la même marque, et symboliquement les mêmes valeurs que son papa.