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Semaine de l’évaluation 2016 Quatrième trimestre 2016 eVALUation Matters Publication trimestrielle de connaissances sur l’évaluation du développement

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Semaine de l’évaluation 2016

Quatrième trimestre 2016

eVALUation MattersPublication trimestrielle de connaissances sur l’évaluation du développement

Evaluation Matters: Sem

aine de l’évaluation 2016

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eVALUation Mattersest un magazine trimestriel de l’Évaluation Indépendante du Développement du groupe de la Banque Africaine de Développement. Il offre différentes perspectives et perceptions sur les problématiques liées à l’évaluation et au développement.

Rédacteur en chef: Kate Stoney, consultante en communication

Remerciements: IDEV remercie tous les contributeurs, réviseurs, éditeurs et relecteurs qui ont travaillé sur ce numéro, en particulier: • Le Département des Services Linguistiques de la BAD,

traduction française• Déborah Glassman, éditeur• Karen Rot-Munstermann, Chef de division, IDEV 3

Conception graphique: Visual Identity Mise en page: Visual Identity

À propos de l’Évaluation Indépendante du Développement La mission de l’Évaluation Indépendante du Développement (IDEV) est d’améliorer l’efficacité des initiatives que la Banque mène dans ses pays membres régionaux, à travers des évaluations indépendantes et pertinentes et des partenariats pour le partage des connaissances.

Évaluateur général: Rakesh Nangia, [email protected]

Chefs de division:Rafika Amira, [email protected] Samer Hachem, [email protected] Karen Rot-Munstermann, [email protected]

Des questions? Téléphone (IDEV): +225 2026 2041

Téléphone (Standard téléphonique BAD): +225 20 26 44 44

Nous écrire: email: [email protected]

Adresse postale: 01 BP 1387 Abidjan 01 Côte d’Ivoire

Web: IDEV: idev.afdb.org

AfDB: afdb.org

Copyright: © 2016 – Banque Africaine de Développement (BAD)

De l’expérience à la connaissance…

De la connaissance à l’action…

De l’action à l’impact

Document publié par

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Pour accompagner la nouvelle stratégie de développement de la BAD pour transformer l'Afrique, l'Évaluation indépendante du développement (IDEV) de la Banque a organisé sa Semaine de l'évaluation du développement 2016 sur le thème «Accélérer la transformation de l'Afrique».

Des experts en évaluation, des universitaires et des praticiens de divers horizons se sont réunis à Abidjan pour examiner le Top 5 de la Banque: Éclairer l'Afrique et l'alimenter en énergie; Nourrir l'Afrique; Intégrer l'Afrique; Industrialiser l'Afrique; et Améliorer la qualité de vie des populations africaines. Les participants à la Semaine de l'évaluation ont discuté de la façon dont les leçons tirées de la BAD et d'autres institutions de développement peuvent contribuer à la conception et à la mise en œuvre des politiques et des opérations dans les cinq domaines prioritaires.

Comment devrions-nous procéder pour évaluer le Top 5? Quel type de théorie du changement guidera l'évaluation d'IDEV dans un tel contexte? Est-ce qu'IDEV doit continuer à s'appuyer sur les critères d'évaluation conventionnels ou bien créer de nouveaux modèles qui s'aligneront avec les spécificités du Top 5?

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De gauche à droite: Aka Hyacinthe Kouassi,

Koffi Yao, Nialé Kaba, Rakesh Nangia

eVALUation Matters / Second quarter 2016

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«L'évaluation est l'une de nos faiblesses. Nous élaborons des politiques, mais à la fin, nous ne vérifions pas si nous avons atteint les résultats escomptés.»

Koffi Yao, Ministère du Plan et du développement, Côte d’Ivoire.

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Independent Development Evaluation

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«L’argent est disponible, mais il manque des projets bancables. La Banque doit jouer un rôle de catalyseur pour attirer plus d’investissements du secteur privé sur le marché de l'énergie en Afrique»

Amadou Hott

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Le mot de l’Évaluateur général

Réaliser une transformation exige non seulement des investissements et des politiques, mais aussi un changement de mentalité. Dans cet esprit, IDEV a organisé la Semaine de l'évaluation du développement de la BAD en 2016 sur le thème « Accélérer la transfor-mation de l'Afrique ». Le nombre de tables rondes qui ont débordé dans les pauses-café et déjeuner est un bon indicateur de la symbiose entre les panélistes et le public et l'ent-housiasme suscité par les discussions de la Semaine de l'évaluation.

Rakesh Nangia, Banque africaine de développement

Le Café Connaissances en images

Le Café Connaissances de la Semaine de l'évaluation a été l'occasion de faire un remue-mé-ninges et de présenter des opinions franches sur la meilleure façon d’ utiliser l'évaluation pour atteindre le Top 5. Les points de discussion sur chacun des thèmes sont rassemblés et présentés au fil des pages dans des cadres au logo distinctif du Café Connaissances.

Éclairer l'Afrique et l'alimenter en énergie

«Éclairer l'Afrique - sur la voie des énergies renouvelables» invite les panélistes à partager leurs connaissances et leur expérience d’utilisation de solutions innovantes. Des inter-rogations allant des impératifs de capacité, des questions de gouvernance, du soutien financier, opérationnel, technologique, réglementaire et de leadership sont soulevées au cours de la session.

Ronald Meyer, Administrateur, BAD; Marc Albérola, PDG du Groupe Eranove / Directeurdes opérations, Eranove Côte d’Ivoire; Elias Ayuk, Directeur, UNU-INRA, Accra; Amadou Hott, Vice-Président chargé de l’électricité, de l’énergie, du climat et de la croissance verte, BAD; Aka Hyacinthe Kouassi, Conseiller d'administra-teur, BAD; Vanessa Ushie, Conseillère principale en politiques sur les industries extractives, Oxfam.

Nourrir l’Afrique

Les panélistes discutent des questions fondamentales de qui doit nourrir l'Afrique et comment l'Afrique devrait être nourrie. Ils expriment leur point de vue sur l'engagement des institutions et des gouvernements africains à lutter contre la faim, les mauvaises conditions nutritionnelles et l'insécurité alimentaire.

J. Chris Toe, Conseiller principal sur les plans stratégiques de pays, division des poli-tiques et programmes, PAM; Anne-Sophie Le Dain, Responsable Nutrition, UNICEF, Côte d’Ivoire; George Mavratos, Directeur de recherche & Chargé de programme, Programme d’appui à la stratégie du Nigéria, IFPRI; Fadel Ndiame, Directeur régional, AGRA Afrique de l’Ouest; Oscar Garcia, Directeur, Bureau indépendant de l’évaluation, FIDA; Daniel Alberts, Cadre supérieur, Agriculture et Nutrition, GAIN; Chiji Ojukwu, Directeur, Département de l’Agriculture et l’Agro-Industrie, BAD.

Questions de leadership

Le groupe de haut niveau de mardi a donné à réfléchir aux dirigeants politiques. Les ex-ministres de l'Afrique de l'Ouest ont exprimé la nécessité d'améliorer la capacité de leadership dans nos États africains, à tous les niveaux et dans tous les domaines.

Kako Nubukpo, Directeur de la Francophonie économique et digitale, OIF (ancien ministre au Togo); Antonin Dossou, Directeur à la BCEAO (ancien ministre au Bénin).

Industrialiser l’Afrique

Cet article présente les conclusions d'une synthèse d’évaluations du secteur privé, les points de vue des panélistes sur la façon dont les gouvernements pourraient adopter des politiques propices à une industrialisation durable et les moyens d'établir une coopération efficace entre le gouvernement et le secteur privé. L’article est ponctué d’études de cas sur l'industrialisation africaine.

Sumir Lal, Directeur, Affaires externes, Banque Mondiale; Massogbè Toure-Di-abate, Présidente de la Commission pour le Développement de l'Entrepreneur-iat Féminin, CGECI; Per Øyvind Bastøe, Directeur, Département de l’évaluation,

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L’optimisation deressources dans le travailde développement

Troisième trimestre 2016eVALUation MattersPublication trimestrielle de connaissances sur l’évaluation du développement

Evaluation Matters: L’optim

isation de ressources dans le travail de développement

Avez-vous lu l'édition du troisième trimestre?http://tinyurl.com/y9b7j656

Norad; Mariam Dao Gabala, Directrice Générale de MDG Consulting et Prési-dente du Conseil d’Administration de Solidaridad; Soraya Mellali, Administrateur, BAD; Edward Marlow, Responsable SSA Client Group, Crédit Suisse; Tim Turner, Responsable en chef des risques, BAD.

Intégrer l’Afrique

Les experts ont fait valoir que la politique et la bonne gouvernance sont plus urgentes que l'économie et le financement de l'intégration régionale. Comment définir et démontrer l'impact de l'intégration régionale pour stimuler l'intérêt des parties prenantes? Comment pouvons-nous tenir compte des différences politiques, économiques et culturelles dans les projets régionaux pour assurer l'adhésion de toutes les parties prenantes?

Fredrik Söderbaum, Université de Gothenburg, Suède; Nyamajeje Calleb Weggoro, Administrateur, BAD.

Des choix à faire

Un expert en évaluation résume les rôles et le rayonnement d'un service d'évaluation au sein d'une organisation.

Rubén Lamdany, Directeur adjoint, Bureau d’évaluation indépendant, FMI

Améliorer la qualité de vie des populations africaines

Le principal défi pour le succès du Top 5 de la BAD, au-delà de la qualité de la concep-tion des programmes et des projets, s’avère politique et sociologique, selon un expert. Sur le terrain, nous avons des exemples concrets d’amélioration de qualité de vie par exemple, par le biais de la technologie mobile au sein des communautés. Cet article présente les vues des deux côtés de la barrière.

Antonin Dossou, Directeur à la BCEAO, ancien ministre du Bénin; Charles Boamah, Vice-Président Finances, BAD; Batio Bassière, Ministre de l’environnement, Burkina Faso; Pindai M. Sithole, Directeur, Recherche et évaluation sociale, Centre pour le développement et la recherche dans l’évaluation (CeDRE Afrique); Miltiade Tchifou Dieffi, Association camerounaise pour le développement de l’évaluation.

Les concours de la Semaine de l’évaluation

Photos des gagnants des concours essais et photo de la Semaine d'évaluation.

L'évaluation d'impact dans le développement international

Quelle est, et quelle devrait être la contribution de l'évaluation d'impact dans le dialogue politique? Les intervenants discutent du rôle et de l'importance de l'évaluation d'impact sur la toile de fond des défis des méthodologies et des coûts élevés associés.

Abebe Shimeles, Directeur par intérim, Département de la Recherche sur le dével-oppement (EDRE),BAD; Patrice Bosso, UNICEF, Côte d’Ivoire; Zenda Ofir, Prési-dent CIED; Maria Sophia Aguirre, Université Catholique d’Amérique.

Gravir la courbe d’apprentissage du Top 5 avec l’évaluation indépendante

Les experts de l'évaluation discutent des tendances actuelles en matière d'évaluation et de la façon dont nous devrions adapter davantage les méthodologies pour évaluer le Top 5 de la BAD. Les experts partagent leur expérience et donnent des conseils avisés aux évaluateurs sur la façon de faire avancer la profession. L’article comprend une section sur les enseignements tirés par le PNUD.

Simon Mizrahi, Directeur, Département pour les résultats et le contrôle de la qualité, BAD; Zenda Ofir, Président CIED; Keith Leonard, Expert en évaluation du dévelop-pement, BERD; Indran Naidoo, Directeur, Bureau d’évaluation du PNUD; Rakesh Nangia, Évaluateur général, BAD; Oscar Garcia, Directeur, Bureau indépendant de l’évaluation, IFAD; Saphira Patel, Directrice, Unité d'évaluation des opérations, DBSA.

Programme de la Semaine de l’évaluation

Le calendrier complet des événements de jour en jour, avec les présentateurs et les panélistes.

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

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La Stratégie décennale de la Banque afri-caine de développement place la Banque «au cœur de la transformation de l’Afri-que». Pour réussir, la transformation néces-site non seulement des investissements et des politiques, mais aussi un état d’esprit inspiré de ce qui marche, ce qui ne marche pas – et pourquoi. Elle passe également par le renforcement des capacités néces-saires – à la fois individuelles et institution-nelles-, un paramètre essentiel dans un monde très concurrentiel qui connaît une évolution rapide, et incontournable dans la mise en œuvre de politiques bien intention-nées. Essentiellement, l’Afrique doit tirer les leçons de l’expérience et des résultats.

Conscients de cela, nous avons, à IDEV, organisé la Semaine de l’évaluation de la BAD 2016 placée sous le thème «Accélérer la transformation de l’Afrique». Nous avons décidé d’ouvrir le débat sur l’évaluation de cette transformation à travers le «Top 5», à savoir Éclairer l'Afrique et l'alimenter en énergie; nourrir l'Afrique; industrialiser l'Af-rique; intégrer l’Afrique et améliorer la qual-ité de vie des populations africaines, ainsi que sur la contribution que les connais-sances en évaluation peuvent apporter à la mise en œuvre du Top 5 par la Banque.

Nous sommes partis du principe que les approches d’évaluation adaptées aux initi-atives complexes prises afin d’enclencher la transformation de l’Afrique émergeront du brassage d’idées, d’expériences et de compétences. Nous avons en conséquence invité à cet événement un certain nombre d’acteurs du développement pour part-ager des connaissances fondées sur des données probantes et l’expertise acquise dans leurs pays et durant leur parcours professionnel. Le nombre de panels de

discussion qui ont débordé sur les paus-es-café et pauses-déjeuner illustre suffisam-ment la symbiose née entre les panélistes et le public, ainsi que l’enthousiasme suscité par ces débats.

Personnellement, il était réjouissant pour moi de revoir des confrères experts en évaluation qui, au fil des ans, sont devenus des «amis du développement». J’ai eu l’hon-neur de discuter en «tête-à-tête» avec notre Vice-Présidente principale, Frannie Léau-tier, de la contribution que nous pouvons apporter à l’amélioration de la qualité de vie des populations africaines.

Le forum de dialogue a attiré plus de 250 participants, notamment des BMD, le secteur privé, le secteur public, des décideurs, des universitaires, des évalua-teurs, des praticiens du développement, des étudiants, des médias, etc. Les exposés et les panels de discussion fondés sur les données probantes issues des évaluations, et renforcés par la précieuse contribution du public, étaient axés sur le dialogue tout en tenant compte de l’avis de tous.

Quelles sont les preuves de ce qui marche, de ce qui ne marche pas, et pourquoi? Quelles sont les leçons tirées des interven-tions de la BAD et des institutions parte-naires et qui sont susceptibles de guider l’élaboration et la mise en œuvre des poli-tiques et opérations dans les cinq domaines prioritaires? Quelles sont les solutions novatrices susceptibles de contribuer à

Le mot de l'Évaluateur général

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Semaine de l’évaluation 2016

Vous devez apprendre à faire du monde entier votre école.

Martin Fischer

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du développement de lundi ont permis aux participants de briser la glace et de faire connaissance autour de la table de discus-sion. Mardi, j’ai dû jouer le rôle de «papa» d’IDEV lors de la cérémonie d’Akwaba. En Côte-d’Ivoire, Akwaba signifie «Bienvenue» et il m’a été par conséquent enjoint de souhaiter la bienvenue à la manière tradi-tionnelle aux «invités venus des quatre coins du monde», même si j’ai été soulagé que l’équipe d’IDEV ait recruté des profes-sionnels du divertissement pour clôturer la cérémonie! En effet, la cérémonie d’Ak-waba a été l’occasion pour les invités d’ap-précier les pas de danse et les contorsions des danseurs, ainsi que le sens du rythme des joueurs de tams-tams.

la réussite des activités programmées? En quoi peut consister cette réussite? Comment devons-nous mesurer et éval-uer la réussite ou l’échec? Quelle est l’adéquation, l’efficacité, et la durabilité des stratégies de suivi-évaluation envisagées par la BAD pour le Top 5? Comment mettre davantage l’accent sur les questions impor-tantes pour la société comme l’inclusion, la parité des sexes, l’équité, l’efficacité et la durabilité? Telles sont quelques-unes des questions soulevées lors des débats.

Bien qu’axé sur les données probantes et les résultats, l’événement a aussi fait place à quelques moments de détente. Le très interactif et itératif Café connais-sances et l’atelier Capacités d’évaluation

«Il existe un lien très étroit entre l'évaluation et l'innovation Les innovations à succès sont celles où vous avez essayé, échoué, et que vous avez surmonté et restructuré, et en avez tiré des leçons pour ensuite aller de l'avant. Comme beaucoup d’innovations échouent, il est important de tirer des leçons de ces échecs, ce qui permet de déclencher d'autres innovations.»

Frannie Léautier

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

Frannie Léautier, échange avec Rakesh Nangia.

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Profil de l’auteur

Rakesh Nangia est l’Évaluateur général à l’Évaluation indépendante du développement à la Banque africaine de développement. Avant d’entrer à la Banque, il a passé 25 ans au service de la Banque mondiale où il a occupé divers postes, notamment celui de directeur de la stratégie et des opérations pour le Réseau du développement humain et celui de vice-prési-dent par intérim de l’Institut de la Banque mondiale. Ancien étudiant de l’Institut indien de technologie à New Delhi et de Harvard, il est détenteur de diplômes en administration des affaires et en génie.

Cette édition d’eVALUation Matters est consacrée à la Semaine de l’évaluation 2016 et présente une synthèse des points de vue et réflexions sur les connaissances en évaluation exprimés durant la semaine. Les articles émanent des discours et des enregistrements des débats entre panélistes, de notes prises lors du Café connaissances, de la cérémonie de récom-pense des lauréats de la Semaine de l’éval-uation et des déjeuner-débats.

Chaque article, à sa manière, permet de comprendre de façon nuancée et profonde

l’Afrique contemporaine et l’état des lieux de l’évaluation.

Pour l’avenir, je suis persuadé que nous allons nous appuyer sur l’impulsion donnée par la Semaine de l’évaluation et faire preuve d’audace pour progresser; que les pays vont non seulement renforcer leurs capacités, mais aussi leurs options politiques; et que collectivement nous allons œuvrer pour l’application pratique des enseignements tirés des évaluations pour éliminer les obsta-cles et atteindre les objectifs du Top 5 pour le bien-être des populations africaines.

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Semaine de l’évaluation 2016

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

Le concept du Café Connaissances

Évaluateur IDEV, Foday Turay, présente le Café Connaissances.

https://tinyurl.com/mnvony3

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Un Café Connaissances est un moyen de réunir un groupe de personnes pour avoir une conversation ouverte et créative sur un sujet d'intérêt commun.

Le café de IDEV a été installé dans le hall d'entrée du siège de la BAD à Abid-jan. Cinq tableaux thématiques (un pour chacune des priorités du Top 5 de la BAD) ont été mis en place dans le style «café» pour créer une ambiance décontractée et informelle. L'animateur, Évaluateur IDEV Foday Turay, a présenté le café connais-sances et a invité les participants à choisir une table pour lancer le processus.

Le mentor du savoir sur chaque table a ensuite donné des directives brèves, aidant les participants à orienter la discussion. Après 20 minutes, les partic-ipants se sont tournés vers la table suiv-ante, tandis que l'hôte est resté en arrière pour présenter la question une nouvelle fois et résumer la discussion précédente pour un nouveau groupe de participants. Ceux–ci ont alors ajouté leurs idées à la question, affiné ou modifié les contribu-tions du groupe précédent. Une plénière de clôture a résumé les discussions.

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Semaine de l’évaluation 2016

«Le Café Connaissances a été l'occasion de faire un remue–méninges et de formuler des opinions franches sur la meilleure façon d’utiliser l'évaluation pour atteindre le Top 5. Sur ma table, il a été avancé que les bénéficiaires d'un programme de développement seraient plus enclins à prendre note des leçons apprises en matière d'évaluation s'ils participaient au programme dès la phase de conception. C’est peut–être un moyen d’assurer un développement durable ».

Amadou Boly, participant à la table «Amélioration de la qualité de vie des populations africaines».

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Les tables du Café Connaissances

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Le concept du Café Connaissances

Industrialiser l’Afrique

Nourrir l’Afrique

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Semaine de l’évaluation 2016

Éclairer l'Afrique et l'alimenter en énergie

Intégrer l’Afrique

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Feed Africa

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Semaine de l’évaluation 2016

Dans son discours donné en tant que représentant du Premier Ministre de la Côte d'Ivoire, Nialé Kaba, Ministre de la Planification et du Développement de la Côte d'Ivoire, a souligné l'importance de l'évaluation du Top 5, qui forme un ensemble fondamentale pour transformer le continent.

Nialé Kaba, Ministre du Plan et du Développment,Côte d'Ivoire.

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David Mbuthia Mwangi, Travailleur indépendant, Kenya

Concours photo de la Semaine de l'évaluation – Troisième prix

Apodo Alphonce est un jeune Kenyan. Pur produit de sa génération, il utilise une lampe solaire pour lire et pour éclairer sa maison. L’énergie solaire est désormais une source d’énergie fiable et relative-ment bon marché pour des millions de Kenyans.

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie

http://tinyurl.com/n47sfuk

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De gauche à droite: Elias Ayuk, Directeur de l’UNU–INRA, Accra; Aka Hyacinthe Kouassi, Conseiller principal, BAD; Vanessa Ushie, Conseillère principale en politiques sur les industries extractives, Oxfam; Modérateur, Ronald Meyer, Administrateur, BAD; (absent de la photo) Marc Albérola, PDG du Groupe Eranove / Directeur des opérations, Eranove Côte d’Ivoire; Amadou Hott, Vice–président chargé de l’électricité, de l’énergie, du climat et de la croissance verte à la BAD.

«L’argent est disponible, mais il manque des projets banca-bles. La Banque doit jouer un rôle de catalyseur pour attirer plus d’investissements du secteur privé sur le marché de l'énergie en Afrique»

Tenter de résoudre nos problèmes d'électricité au cours des dix prochaines années est une tâche ardue, mais nous pouvons y parvenir si nous établissons des partenariats solides. Le Vietnam et le Bangladesh ont obtenu des résultats extraordinaires ces dernières années, le Kenya est la vitrine de notre conti-nent en la matière. L'argent des dona-teurs à lui seul ne suffira pas; il nous faudra 40 à 50 milliards de dollars par an au cours des dix prochaines années pour atteindre nos objectifs en ce qui

concerne l'énergie renouvelable. La Banque doit jouer un rôle de premier plan dans la coordination des différents efforts et tirer parti des fonds des insti-tutions de financement du développe-ment pour catalyser ceux du secteur privé sous la forme de fonds de pension, fonds de placement privés, etc. Le PPP est une option viable pour résoudre les problèmes liés à la bancabilité, mais la capacité institutionnelle des gouverne-ments demeure un problème pour les investisseurs.

Amadou Hott

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Semaine de l’évaluation 2016

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«Nous avons besoin d'un cadre réglementaire favorable à l'énergie hors réseau.»

Marc Albérola

Nous sommes évidemment intéressés par le développement des énergies renouvelables: elles sont abondantes et disponibles localement, donc des options ouvertes pour un accès à l'énergie à prix compétitifs. Les gouvernements et leurs partenaires au développement doivent prendre des dispositions institution-nelles et réglementaires favorables à ce type d'exploitation de l'énergie. Au Mali, pays qui a la capacité et un cadre des investissements adéquats, nous constru-isons actuellement une petite centrale hydroélectrique de 42 MW sur le Niger.

Nous travaillons également sur des instal-lations de production d'énergie biomasse et pensons que la solution d'avenir consist-era à développer localement des énergies renouvelables et hors réseau plutôt que d'investir dans de grandes centrales pour produire des énergies renouvelables, car ceci entraîne d'autres problèmes tels que des réseaux de distribution coûteux.

Les gouvernements devraient mettre l'accent sur l'accompagnement des projets locaux de production d’élec-tricité micro–hydraulique et d'énergie biomasse, en particulier dans les zones sans électricité. Les entreprises locales et les particuliers devraient être capa-bles de les exploiter, dans la mesure où ils développeraient des activités généra-trices de revenus et, par conséquent, la capacité d'autofinancer des solutions et de payer les services.

Les PPP sont essentiels pour offrir des solutions énergétiques abordables. Pour faire baisser les prix des services à un niveau acceptable pour les populations rurales lorsque le secteur privé finance, disons, 30% d'un projet de centrale élec-trique, l'Etat pourrait financer les 70% restants et transférer le bénéfice de ses conditions de prêt aux utilisateurs finaux des services énergétiques.

Éclairer l'Afrique et l'alimenter en énergie

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«Il faut des mesures incitatives pour arrêter l'exploitation des combustibles fossiles et diversifier la combinaison énergétique.»

Vanessa Ushie

Lors de nos discussions sur l’alimentation en énergie de l'Afrique et la réduction du déficit énergétique, nous devons faire une distinc-tion entre différentes questions structur-elles interdépendantes. Notre objectif est–il de fournir de l'énergie pour une utilisation industrielle ou de donner aux pauvres l’ac-cès à l'énergie? L'accès des pauvres à l’éner-gie est aussi stratégique que la fourniture d’énergie à des fins d'industrialisation, et combler le déficit d'accès à l'énergie équiv-aut à satisfaire la demande des pauvres à différents niveaux: usage domestique (cuisson des aliments), éducation, agri-culture à petite échelle et commerce. La lourde empreinte carbone de l'extraction des ressources naturelles est très régres-sive, crée peu d'emplois locaux et détourne les ressources. Le changement climatique affecte notre façon de transformer nos écon-omies, nos sociétés et nos vies en Afrique. Le «New Deal» et d'une manière générale le Top 5 doivent renforcer la résilience locale et veil-ler à ce que les projets visant à accroître l'ac-cès à l'énergie soient des investissements à l'épreuve du climat.

Dans son orientation actuelle vers les éner-gies renouvelables, la Banque doit trouver

un juste équilibre entre les ressources et les mesures incitatives. Dans sa tentative pour combler le déficit énergétique, la Banque devrait établir le juste milieu entre l'électric-ité «hors réseau» et celle en provenance du réseau.

L’impact des énergies renouvelables hors réseau a fait l'objet de recherches dont les données doivent être dével-oppées au niveau régional. La chute des prix des énergies renouvelables, le nombre croissant de réseaux intel-ligents et micro–réseaux sur les toits, l'amélioration de l'efficacité énergé-tique, la réduction des déchets et des émissions, tous ces éléments doivent être suivis régulièrement. Les effets sur l’environnement et la santé doivent être évalués parallèle-ment. Quels sont, par exemple, les effets de l'initiative des cuisinières propres sur la santé des femmes?

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«Dans le bouquet énergétique actuel, l'Afrique dépend des énergies fossiles à 50%, ce qui est inacceptable.»

Aka Hyacinthe Kouassi

Éclairer l'Afrique et l'alimenter en énergie

Dans le bouquet énergétique actuel, l'Af-rique dépend des énergies fossiles à 50%, ce qui est inacceptable et doit changer compte tenu de l'énorme potentiel de ressources renouvelables du conti-nent. La Côte d'Ivoire, la Guinée et la Guinée équatoriale sont des exemples de pays qui produisent principalement l'hydroélectricité et l'énergie thermi-que, mais les institutions créées pour promouvoir les énergies renouvelables restent peu développées.

Le rôle d'une institution de financement du développement est de:

• Renforcer les capacités gouvernementales,

• Aider les gouvernements à élaborer un bouquet énergétique diversifié,

• Augmenter le nombre de projets d'énergie renouvelable susceptibles d’être financés,

• Fournir les ressources financières nécessaires pour produire un effet de levier sur le marché et déclencher des investissements du secteur privé,

• Augmenter le nombre de programmes de financement à petite échelle dans les zones rurales, en partenariat avec les fonds sociaux, les ONG et d'autres initiatives de développement.

Nous devons renforcer la gouvernance dans le secteur de l'énergie, évaluer le potentiel d'énergies renouvelables, élab-orer une politique claire sur la promo-tion des énergies renouvelables et mettre fin aux subventions à l'industrie des combustibles fossiles.

Il est important d'établir un cadre régle-mentaire qui encourage l’investisse-ment privé, avec des mesures de mise en œuvre appropriées et l'assurance de l'engagement du gouvernement.

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«Au Ghana, la dégradation de l'environnement nous fait perdre 12% de notre PIB. Nous ne pouvons pas développer maintenant, puis débattre et nettoyer plus tard.»

Elias Ayuk

Nous savons que lorsqu’une navette spatiale passe au–dessus de l'Afrique, il fait sombre. Nous avons consenti trop peu d’efforts pour fournir de l'électric-ité, alors que l'énergie est la clé d’une transformation structurelle dans de nombreux pays. Lors de l'évaluation des avantages de l’alimentation en énergie électrique, nous devrions adopter une approche globale prenant en compte l’impact sur l'éducation, la santé et les petites et moyennes entreprises, etc.

Au Ghana, nous avons fait face au défi de fournir suffisamment d'énergie au cours des dernières années, ce qui a eu des conséquences directes sur les PME. L'ap-provisionnement en électricité est donc une question urgente pour le développe-ment du pays et les énergies renouve-lables doivent être considérées comme une alternative lorsque nous abordons la question.

Les Etats–Unis ont délibérément choisi de continuer avec les combustibles fossiles. L'année prochaine, ils seront le plus grand producteur mondial de pétrole. Ici en Afrique, le coût de la dégra-dation de l'environnement est élevé et toujours croissant. L'accès à l'énergie a un impact direct sur la santé, l'éduca-tion et les tendances en matière d’exode rural. Les données de 2012 montrent que la dégradation de l'environnement fait perdre 12% de son PIB au Ghana. Nous ne pouvons pas développer maintenant, puis débattre et nettoyer plus tard.

J'aimerais suggérer que nous suivions les "six I" pour réaliser nos aspirations: Idées, Incitations, Innovations, Institutions (poli-tiques, de marché, etc.), Infrastructures, et Implémentation (mise en œuvre).

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Semaine de l’évaluation 2016

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Batio Bassière, Ministre de l'Environnement, Burkina Faso

Éclairer l'Afrique et l'alimenter en énergie

«Nous devons promouvoir une écon-omie verte par le biais de règlements en faveur de l'investissement ainsi qu’une gestion efficace du transfert de technologie, mais aussi en étab-lissant des mécanismes de finance-ment innovants pour le secteur privé afin de rompre les monopoles de fait. Au Burkina Faso, l’Agence nationale des énergies renouvelables et de l’ef-ficacité énergétique a récemment été créée lors d'une réunion du Conseil des Ministres. Une centrale solaire en construction à Zagtouli fournira de l'énergie à Ouagadougou.»

«Il y a 15 ans, le Rwanda a lancé un programme national visant à mettre en place des centrales électriques hors réseau dans toutes les collectivités du pays. Grace à l'en-gagement et l'implication des gouvernements, la mise en œuvre dudit programme a été un succès de bout en bout.»

Ramachandra Jammi, Evaluateur Sénior, IEG, la Banque Mondiale.

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Café Connaissances

MOINS DE

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Semaine de l’évaluation 2016

Quelles sont les recommandations pour la mise en œuvre effective de ce Top 5?

«Les participants ont noté qu'avec son nouveau pacte sur l'énergie », la Banque adopte actuellement une approche plus holistique de l'éclairage et le pouvoir en Afrique. L'approche privilégie moins les projets et plus sur les solutions aux problèmes d'alimentation en Afrique. Le mandat de la Banque comprend les conseils contextuels qui correspondent à la stratégie de développement du pays.

Les participants d’IDEV, qui effectuent actuellement une évaluation des projets d'électrification rurale financés par la BAD, soulignent que moins de 5% des populations rurales de l'Afrique subsa-harienne ont accès à l'électricité, le taux d'accès le plus faible au monde. Cela s'ex-plique par le fait que le coût élevé de l'ap-provisionnement en électricité dans les zones rurales, et la capacité limitée des ménages à payer les services, rendent peu attractifs les projets pour les inves-

tisseurs. Au niveau des pays, il devrait y avoir un système de tarifs et de subven-tions qui assurent un recouvrement durable des coûts tout en minimisant les distorsions des prix. Dans la plupart des pays, les subventions n'ont jusqu'à présent pas fourni aux services publics des incitations à investir dans l'électrifi-cation rurale.

La Banque est priée d’identifier les beso-ins d'un pays avant son intervention. Pour faciliter la mise en œuvre, les participants pensent à l'unanimité que la Banque devrait effectuer des évalu-ations antérieures à son intervention dans le secteur de l'électricité. Enfin, la Banque doit tirer les enseignements appropriés de sa propre expérience avant toute nouvelle intervention; les harmoniser avec les bonnes pratiques d'autres donateurs sur le continent afin d’ améliorer l'efficacité du dével-oppement; et renforcer le système de surveillance pour assurer le succès de ses actions.»

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Nourrir l’Afrique

https://tinyurl.com/mwvzenj

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De gauche à droite: Anne-Sophie Le Dain, Responsable Nutrition, UNICEF Côte d’Ivoire, George Mavratos, Directeur de recherche & Chargé de programme, Programme d’appui à la stratégie du Nigéria, IFPRI; Fadel Ndiame, Directeur régional, AGRA Afrique de l’Ouest, Modérateur: Oscar Garcia, Directeur, Bureau indépendant de l’évaluation, FIDA, Daniel Alberts, Cadre supérieur, Agriculture et Nutrition, GAIN, Chiji Ojukwu, Directeur, Département de l’Agriculture et l’Agro-Industrie, BAD

L’Afrique assume toujours une grande partie du fardeau mondial de la faim et de la sous–nutrition à un moment où se dégrade la conjoncture économ-ique favorable qui a permis à plusieurs pays de réduire la pauvreté extrême et améliorer d’autres indicateurs de dével-oppement humain au cours de la décen-nie écoulée et fait naître des obstacles multidimensionnels et complexes.

Par où commencer à assumer notre engagement, notre obligation et nos responsabilités à l’égard des centaines de millions de personnes pour qui le désespoir, le découragement et la décep-tion constituent la nouvelle normalité? Par où impulser la transformation qui

échappe à l’Afrique depuis bien trop longtemps, mais qui doit maintenant être réalisée pour les générations actu-elles et futures?

À mon avis, nous devons d’abord mettre l’accent sur les personnes les plus vulnérables et reconnaître que pour toucher les pauvres affamés d’Afrique, il faut une véritable révolution dans notre manière de travailler collectivement; et prendre conscience qu’on ne peut continuer ainsi. Si nous ne changeons pas notre approche, et n’augmentons pas notre rendement, nous ne pourrons pas opérer ce changement en temps et à l’échelle voulus.

¹ Source: FAO, FIDA et PAM (2015). Investissements nécessaires pour éliminer la faim d'ici 2030.

Discoursde J. Chris Toe, Conseiller principal sur les plans stratégiques de pays, Division des politiques et programmes, Programme Alimentaire Mondial

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Semaine de l’évaluation 2016

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«À travers l’Objectif 2 des Objec-tifs de développement durable, nos dirigeants ont lancé un appel en faveur de l’accélération des interventions pour éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire et améliorer la nutrition et promou-voir l’agriculture durable.»

Chris Toe

Nourrir l’Afrique

En effet, les données montrent que si nous ne changeons pas d’approche, d’ici 2030, environ 650 millions de personnes, vivant en Afrique pour la plupart, seront encore laissées de côté, prises dans le cercle vicieux de la faim. Et si nous ne parvenons pas à atténuer les changements climatiques d’ici 2050, 200 autres millions de personnes, dont la plupart vivent sur ce continent, vien-dront grossir les rangs des pauvres.

Assurer la sécurité alimentaire et nutri-tionnelle pour les plus démunis en Afrique et dans le monde passe par la recherche de solutions à plusieurs problèmes.

Premièrement, il faut trouver des solu-tions aux conflits qui sont de plus en plus à l’origine d’interminables crises, et avec l’instabilité qui en résulte, constitu-ent les principales causes de l’insécurité alimentaire et de la sous–nutrition. En 1990, 12 pays africains étaient aux prises

avec des crises alimentaires et quatre autres étaient connaissaient des crises prolongées. Seulement 20 ans plus tard, 24 pays africains au total avaient connu des crises alimentaires, et 19 parmi ces pays souffraient d’une crise prolongée, ce qui en faisait des pays particulière-ment vulnérables.

Actuellement, plus de 125 millions de personnes sont victimes de crises humanitaires, notamment dans les pays en conflit comme le Nigéria, le Soudan du Sud et la République centrafricaine. Il faudra redoubler d’efforts pour la récon-ciliation et la compréhension, et faire montre d’une ferme volonté politique pour s’attaquer aux racines de ces crises. Les interventions doivent être axées sur la lutte contre la vulnérabilité, le respect des droits fondamentaux de l’homme et l’intégration de l’aide humanitaire et de l’aide au développement.

¹ «Des engagements aux actes: dépasser le clivage humanitaire-développement – Changer la vie des populations: de la fourniture d’une aide à l’élimination des besoins.» Sommet mondial sur l'action humanitaire.

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La deuxième inter vention doit viser la réduction des risques climatiques au xquels sont exposés les petits exploitants qui sont en première ligne de la sécurité et de l’équilibre alimentaires en Afrique. Les changements clima-tiques touchent tous les aspects de la sécurité alimentaire: disponibilité, accès, utilisation et équilibre. D’après la FAO, les changements climatiques risquent de réduire le potentiel de production agricole de l’Afrique de l’ordre de 30 % et engendrer une hausse des prix alimen-taires de l’ordre de 12 % en 2030, et de 70 % d’ici 2080. La valorisation du potentiel des petits exploitants agri-coles africains passe par le recours à de nouveaux outils, notamment la télépho-nie mobile pour le transfert des infor-mations et la gestion des fonds, ainsi que l’amélioration de l’accès aux outils d’analyse des données qui permettront aux gouvernements et d’autres organ-isations de répondre plus efficacement aux besoins des agriculteurs et accroî-tre les investissements du secteur privé.

La troisième mesure est l’extension de la protection sociale et des filets de sécu-rité sociale afin résoudre les problèmes auxquels le quintile inférieur de la popu-

lation fait face pour ne laisser personne de côté.

La protection sociale peut prendre des formes variées, notamment les trans-fer ts en espèces, les repas scolaires, les programmes de travaux publics, et les programmes d’assurance sociale. Dans les zones en conflit, en crises prolongées ou simplement extrême-ment pauvres, notamment en Afri-que, les repas scolaires permettent de combattre efficacement la faim et réduis-ent l’absentéisme, et incitent les enfants, en particulier les filles à apprendre et à rester à l’école.

Assurer la protection sociale de tous les affamés dans le monde, y compris en Afrique, peut sonner comme une utopie; mais pourtant c’est faisable. Une étude menée en 2015 conjointement par la FAO et le FIDA a conclu qu’il faudrait en moyenne investir annuellement seule-ment 267 millions de dollars EU. Ce qui ne représente qu’une fraction du coût annuel de la faim estimé à 3,5 milliards de dollars.

La quatrième inter vention consiste à rendre les femmes autonomes et renforcer ainsi leur rôle en tant qu’ac-

À mon avis, nous devons d’abord mettre l’accent sur les personnes les plus vulnérables et reconnaître que pour toucher les pauvres affamés d’Afrique, il faut une véritable révolution dans notre manière de travailler collectivement; et prendre conscience qu’on ne peut continuer ainsi. Si nous ne changeons pas notre approche, et n’augmentons pas notre rendement, nous ne pourrons pas opérer ce changement en temps et à l’échelle voulus.

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Semaine de l’évaluation 2016

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t rices du développement et de la paix. En Afrique subsaharienne où les femmes représentent entre 40 et 80% de la main–d’œuvre, seulement 5% des ressources consacrées à la vulgar-isation agricole sont spécifiquement orientées vers les femmes qui détien-nent et gèrent moins du quart de l’en-semble des terres agricoles; et ont accès à moins de 10% des crédits accordés au secteur agricole.

Pour les femmes les plus pauvres du monde, il faut des investissements finan-ciers bien élaborés comme les crédits ou la mise en œuvre de programmes, notamment les programmes de vulgar-isation agricole afin de les doter des compétences nécessaires pour trans-former leurs vies. Ces changements doivent être accompagnés par une réforme de la politique foncière permet-tant aux personnes les plus vulnéra-bles d’accéder à la propriété foncière, y compris le droit à l’héritage.

La cinquième et dernière intervention consiste à exploiter les possibilités et saisir cette opportunité pour nouer des parte-nariats stratégiques pour nourrir l’Afri-que et atteindre l’objectif zéro famine, de notre vivant. Les progrès sur les deux fronts dépendront de la conclusion de partenariats couvrant tous les secteurs et tous les domaines de spécialité. L’im-plication de toutes les parties prenantes est essentielle. Les Objectifs de dévelop-pement durable et les cadres panafricains nous offrent à nous tous – gouverne-ments, secteur privé, bailleurs de fonds, ONG nationales, ONG internationales, société civile, agences des Nations Unies – l’occasion unique d’œuvrer collectivement pour résoudre ces problèmes.

Ces interventions nous permettront de garantir que les Africains, surtout les plus pauvres et les plus vulnérables, peuvent non seulement se nourrir aujourd’hui et demain, mais qu’ils puissent aussi espérer que nous allons vaincre la faim.

Nourrir l’Afrique

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Un pilier du développement durable.La nutrition est l’un des piliers d’un développement équitable et inclusif. Elle doit être au cœur des actions de dével-oppement de l’Afrique puisque l’inac-tion dans ce domaine a de très graves conséquences sur la vie des personnes les plus vulnérables, et contribue largement à la morbidité/mortalité des enfants/nouveau–nés, et à la mortalité mater-nelle, ainsi qu’au retard de croissance. Le retard de croissance est aussi associé au développement cérébral non optimal qui peut avoir des conséquences durables sur les capacités intellectuelles, les perfor-mances scolaires et la rémunération future d’un individu. Des conséquences qui affectent à leur tour les perspectives de développement économique et social des pays et causent une perte de 3 à 17 % du PIB. Certains pays ont déjà enregis-tré des progrès non négligeables dans la réduction du retard de croissance, notam-ment, l’Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le

Libéria, le Rwanda et la Tanzanie. Ce qui prouve qu’il est possible de faire bouger les choses. Davantage de pays doivent de toute urgence suivre cette approche. Pour cela, les preuves montrent qu’il faut élaborer des approches multisecto-rielles nationales, notamment pour l’eau, l’hygiène et la salubrité, la santé, l’éduca-tion, le développement du jeune enfant, et des politiques sociales et agricoles. La prévention de la malnutrition est l’une des interventions les plus efficaces pour briser le cycle de pauvreté et contribuer à l’atteinte des Objectifs de développement durable étroitement liés à la nutrition.

Une agriculture qui tienne compte de la nutritionSi nous investissons dans des politiques et programmes qui prennent en compte la nutrition, le secteur agricole gagnera en efficacité et pourrait maximiser son impact sur le développement humain et économique du continent. Les actions prioritaires à mener sont, notamment:

«Le défi à relever consiste à assurer la traduction des politiques et stratégies en actions concrètes au niveau décentralisé, soutenues par de solides systèmes de suivi et d’évaluation, et une mise en œuvre équitable»

Anne-Sophie Le Dain

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Semaine de l’évaluation 2016

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a) Mettre l’accent sur l’amélioration de l’accès aux aliments nourrissants (production, conservation, transfor-mation et transport), y compris pour les jeunes enfants. Ce qui nécessite le renforcement du partenariat avec le secteur privé/ agroalimentaire;

b) Élaborer les programmes en pensant à l’autonomisation des femmes et aux conséquences de leurs activités agri-coles sur la garde des enfants, compte tenu de leur importance dans le secteur agricole;

c) Faire des programmes agricoles des plateformes de proposition et d’amélioration de la demande d’inter-ventions nutritionnelles directes, en impliquant, par exemple, les travail-leurs agricoles dans les programmes communautaires;

d) Mettre le secteur agricole à contribu-tion pour créer une masse critique de

ressources humaines engagées dans la nutrition, à travers la formation continue et l’inscription de la nutrition au programme des écoles d’agricul-ture (ex. techniciens, ingénieurs, etc.).

e) Intégrer systématiquement les objec-tifs de nutrition et des indicateurs mesurables dans les programmes agricoles.

Une agriculture qui tienne compte de la nutrition contribuera aux effor ts mondiaux de prévention durable du retard de croissance et de toutes les formes de malnutrition et d’assurer un développement optimal des populations et des nations africaines. Le défi à relever consiste à assurer la traduction des poli-tiques et stratégies en actions concrètes au niveau décentralisé soutenues par de solides systèmes de suivi et d’évaluation, ainsi qu’une mise en œuvre équitable.

Nourrir l’Afrique

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Voulons–nous un système alimentaire africain conçu pour causer le marasme et la malnutrition, comme cela semble être le cas aujourd’hui?

Daniel Alberts

Sur les prospectus du «Top 5», «Feed Africa» est traduit en français par «Nour-rir l’Afrique». «Nourrir l’Afrique» devrait aussi signifier assurer une alimentation équilibrée qui est l’un des sens du terme français «nourrir». Le système alimen-taire africain est–il conçu pour être nourrissant? Si on obtient invariable-ment le même résultat, on peut conclure que ce système est conçu pour donner ces résultats. Voulons–nous un système alimentaire africain conçu pour causer le marasme et la malnutrition, comme cela semble être le cas aujourd’hui?

Entre 1990 et 2014, le nombre d’enfants atteints de marasme en Afrique est passé de 47 à 58 millions, et durant la même période, le nombre d’enfants en surpoids est passé de 5 à 10 millions. Nous devons assurer que la nourriture que nous produ-isons et consommons aide les gens à satisfaire leurs besoins en micronutri-ments. La déficience en micronutriments a de graves répercussions sur le dévelop-pement parce qu’elle réduit les capacités cognitives et l’employabilité d’un individu. Malgré les différences dans les estima-

tions du coût de la malnutrition, on le situe à 10 % du PIB, une proportion trop élevée.

Certaines images sont caractéristiques des nations et des disparités en matière d’éducation nutritionnelle. L’image d’une femme au Malawi assise sous un arbre au bord de la route essayant de vendre cinq tomates et qui y demeure jusqu’à ce que ces tomates soient vendues ou pour-rissent pour être jetées aux animaux ou consommées par elle–même. Celle d’une mère en Tanzanie qui, lorsqu’elle achète du maïs ou des arachides, n’a aucune idée des toxines que ces produits peuvent

Entre 1990 et 2014, le nombre d’enfants atteints de marasme en Afrique est passé de 47 à 58 millions, et durant la même période, le nombre d’enfants en surpoids est passé de 5 à 10 millions.

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contenir ou de l’obligation qui incombe au gouvernement d’assurer sa protection. Celle d’une mère au Kenya qui produit ou achète de l’huile végétale fortifiée pour sa famille, mais sans se douter qu’elle contribue ainsi à améliorer l’état nutri-tionnel de sa famille grâce à la volonté politique des dirigeants de son pays. Nous voyons aussi l’image d’un adolescent au Swaziland qui achète un coca–cola et une miche de pain blanc comme déjeuner.

Notre objectif est de trouver une stratégie pour avoir de l’impact et le mesurer. Je propose de s’intéresser à toutes les étapes entre la production et la consom-mation et de trouver des méthodes pour

mesurer l’impact que nous avons sur le système. Beaucoup doit être encore fait pour mieux comprendre le système alimentaire avec lequel nous travaillons. Nous savons tous qu’on ne peut pas déplacer ce qu’on ne peut pas compter et qu’il n’est pas possible de mesurer un concept que l’on ne comprend pas.

Le gouvernement a un rôle très important à jouer, tout comme le secteur privé et les acteurs du développement. Ils peuvent tous contribuer à la mise en place d’un système alimentaire permettant d’obte-nir un développement économique basé sur l’agriculture et répondant aux beso-ins micronutritionnels et nutritionnels.

Nourrir l’Afrique

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«Nous devons créer des incitations aux jeunes à se lancer dans l’agriculture et en faire une profession»

Chiji Ojukwu

L’initiative «Nourrir l’Afrique» a défini huit domaines prioritaires:

1. Assurer l’autosuffisance en riz. Nous produisons seulement 13 millions de tonnes métriques de riz, soit environ 50 % du riz dont l’Afrique a besoin. «Nour-rir l’Afrique» se fixe comme objectif de produire 26 millions de tonnes métri-ques de riz dans cinq ans.

2. Faire passer la productivité du manioc de 10 tonnes métriques/hectare à 16 millions de tonnes/hectare et y ajouter 52 millions de tonnes d’ici 2025.

3. Assurer la sécurité alimentaire dans le Sahel avec suffisamment de bétail et de céréales.

4. Valoriser le potentiel agricole de la savane africaine en s’inspirant de la transformation du Cerrado brésilien en un grenier pour le monde, et en

mettant l’accent sur les céréales pour faire passer la production du maïs de 1,8 million de tonne à 5,4 tonnes/hectare.

5. Relancer les cultures arbustives: cacao, café, coton et noix de cajou, entre autres.

6. Promouvoir l’horticulture et produire nos propres légumes pour écono-miser les 16 milliards de dollars que nous dépensons annuellement pour importer les légumes.

7. Former 1,7 million d’agriculteurs commerciaux pour produire du blé.

8. Produire 5 millions de tonnes de pois-son pour assurer notre autosuffisance, contre les 2 millions actuels.

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Semaine de l’évaluation 2016

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420 MILLIONS DE PERSONNES

VIVENT EN DESSOUS DU SEUIL DE PAUVRETE DE

$1.25/JOURET LEUR NOMBRE NE CESSE DE CROITRE

PLUS DE 30%DES ENFANTS AFRICAINS SOUFFRENT DE MALNUTRITION

MAIS N’ASSURE QUE

20% DE LA VALEUR AJOUTÉE AU PRODUIT

35,4 MILLIARDS DE DOLLARS

L’AFRIQUE NE PRODUIT PAS ASSEZD’ALIMENTS POUR SE NOURRIR ET SES IMPORTATIONS ALIMENTAIRES ANNUELLESSE CHIFFRENT EN VALEUR NETTE A

L’AFRIQUE ASSURE 75%DE LA PRODUCTION CACAOYÈRE MONDIALE

L’INDUSTRIE DU CHOCOLAT PÈSE 100 MILLIARDS DE DOLLARS PAR ANMAIS LA PART ACTUELLE DE L’AFRIQUE DANS CE MONTANT EST D’ENVIRON

Nourrir l’Afrique

10%SEULEMENT

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

L’initiative «Nourrir l’Afrique» de la BAD vise à résoudre quatre problèmes majeurs: la pauvreté, la malnutrition, les importations alimentaires, la transformation des aliments.

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Des politiques et un environ-nement propice Pour réaliser ces objectifs, nous devons créer des incitations aux jeunes à se lancer dans l’agriculture et en faire leur profes-sion. Nous devons aussi élaborer des programmes d’introduction de la technol-ogie dans les champs pour aider les agri-culteurs. La BAD a élaboré un programme pour attirer les jeunes dans l’agriculture, et mis sur pied un fonds de discrimina-tion positive pour doter les femmes des

moyens dont elles ont besoin pour se lancer dans l’agriculture.

Étant donné que le coût de l’initiative « Nourrir l’Afrique » telle que présentée ici se situera entre 30 et 40 milliards de dollars par an, nous devons élaborer des programmes pour mobiliser les finance-ments. La BAD entend y consacrer 2,4 milliards de dollars chaque année avec l’ambition de porter ce chiffre à 24 milli-ards de dollars grâce à la collaboration avec les partenaires et l’effet de levier.

«Les acteurs locaux doivent être habilités à concevoir des solutions pour relever ces défis»

D’importants changements suscitent actu-ellement l’espoir que l’agriculture peut véritablement être au centre de la trans-formation de l’Afrique. D’abord, on note un engagement politique de haut niveau à mettre l’agriculture au centre de notre développement avec un cadre de reddition des comptes qui suit les progrès, dénonce et blâme ceux qui n’obtiennent pas de bons résultats. Sans oublier le grand intérêt et un meilleur engagement manifestés par

les bailleurs de fonds par rapport à il y’a dix ans. L’agriculture figure à nouveau parmi les priorités du développement. L’agri-culture a probablement les meilleures chances de mettre fin à la pauvreté et créer des richesses. Les Africains travaillent à 70 % dans ce secteur dont les écarts de rende-ment et de revenu sont importants et que nous pouvons combler. Le secteur privé est susceptible de changer la donne, étant donné que l’agriculture peut désormais

Fadel Ndiame

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Semaine de l’évaluation 2016

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attirer des investissements et créer des emplois et de la richesse.

L’AGRA est convaincue que la transfor-mation doit être fondée sur l’innovation, axée sur les petits exploitants et orientée vers le marché. Nous devons écouter les petits exploitants, et leur laisser le choix des cultures à produire et vendre. Ce qui nécessite la mise en place de systèmes pour attirer les jeunes dans le secteur

agricole et l’utilisation de la technolo-gie pour produire les aliments dont nous avons besoin en quantité et en qualité. Nous devons aussi repenser les systèmes de commercialisation pour motiver les agriculteurs et adopter des politiques qui permettent aux agriculteurs de prévoir les fluctuations de prix et éviter ainsi de voir leurs marges bénéficiaires se réduire.

«Vous ne pouvez transformer l’agriculture sans énergie, sans infrastructures, sans investissement dans le capital humain, sans éducation, et sans le processus global d’intégration»

George Mavrotas

La majeure partie de la population afri-caine travaille dans le secteur rural et vit pour la plupart en–dessous du seuil de pauvreté. Investir dans la productivité agricole permettra d’améliorer les oppor-tunités d’emploi en zones rurales.

En dehors de la formation profession-nelle intégrale, les programmes d’ensei-gnement agricole des écoles de formation de niveau secondaire ou tertiaire en Afri-que doivent être révisés afin de mieux préparer les élèves aux emplois dans l’ag-riculture et rendre ce secteur plus attrac-tif. Les programmes en faveur des femmes doivent être bien ciblés pour assurer qu’elles sont prises en compte dans tous

les aspects de l’agriculture: accès à la terre, aux intrants, aux marchés, à la tech-nologie, aux services de vulgarisation, au financement, etc.

Les tendances des investissements des bailleurs de fonds dans l’agriculture doivent aussi évoluer. La politique du secteur agricole doit faire partie d’un grand ensemble qui tient compte des autres secteurs de l’économie. Vous ne pouvez pas transformer l’agriculture sans énergie, sans infrastructures, sans inves-tissement dans le capital humain, dans l’éducation et dans le processus global d’intégration.

Nourrir l’Afrique

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Café Connaissances

Les institutions et les mécanismes poli-tiques doivent être renforcés par l’aligne-ment des politiques nationales sur le

programme de l’initiative « Nourrir l’Afri-que » et la mobilisation de la volonté poli-tique et des ressources nécessaires.

Qui doit nourrir l’Afrique et comment doit–on nourrir l’Afrique? Quelle contribution l’évaluation peut–elle apporter à l’élabo-ration des interventions et à une meilleure mise en œuvre pour nourrir l’Afrique?

Les participants ont tous reconnu la nécessité de sensibiliser les populations, surtout en zones rurales, sur les impéra-tifs de suivi de l’efficacité du développe-ment, même s’ils ont aussi unanimement reconnu que les gouvernements n’ont pas en mis en place des structures d’évalua-tion adéquates. Il faut par ailleurs éval-uer les capacités de l’Afrique à produire et conserver des aliments. Si les résultats confirment que l’Afrique a ce potentiel de transformation, plusieurs problèmes seront résolus.

Aux stades de la conception et de la mise en œuvre, une approche participative permettrait de tenir compte des beso-ins des bénéficiaires. Les participants se sont inquiétés du fait que beaucoup de projets sont conçus en faisant la part belle aux intérêts des bailleurs de fonds au lieu de ceux de la communauté, avec comme résultat des projets ambitieux mais irréalisables. L’absence de sensi-bilisation sur l’impact des projets limite considérablement leur appropriation par les bénéficiaires et nuit à leur durabilité.

Les participants sont convenus que les solutions pour nourrir l’Afrique doivent aller au–delà de simples programmes agri-coles. Il faut impliquer les gouvernements, la communauté et le secteur privé dans la planification de la résilience et de la sécu-rité alimentaire.

Les spécialistes du suivi et de l’évalua-tion ne sont souvent pas impliqués dans la conception. Les participants ont estimé qu’il faut absolument des données de référence de qualité comme base de mesure de la performance. Ces données permettent d’évaluer les paramètres utilisés comme indicateurs. Si tous ces facteurs pertinents ne sont pas pris en compte au stade de la conception, l’éval-uation ne peut pas saisir tous les aspects importants des projets, y compris les livrables et les échecs. Par ailleurs, les aspects culturels, traditionnels et anthro-pologiques sont perdus de vue si le projet met l’accent sur les données quantitatives. Les mesures proposées par les partic-ipants sont, notamment, la réalisation des études d’évaluable avant la mise en œuvre des projets. L’évaluation doit tenir compte des aspects sociologiques de la communauté ciblée.

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Semaine de l’évaluation 2016

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Questions de leadership

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

Premier plan, de gauche à droite: Kako Nubukpo en discussion avec le modérateur de la session, Erik Nyindu Kibambe, Directeur de l’information à Voxx Africa.

Arrière-plan, de gauche à droite: Antonin Dossou, Batio Bassière.

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Questions de leadership

Kako Nubukpo, Directeur de la Francophonie économique et digitale, OIF, ancien ministre au Togo

«Nous, en tant que dirigeants africains, avons une question de légitimité. Nous ne sommes pas les porte–parole de nos sociétés. Nous devons constru-ire une vision partagée, sinon nos exercices d'évaluation seront qualifiés d'arbitraires. Comment pouvons–nous forger la confiance entre les institu-tions panafricaines et la BAD? Entre l'élite et la population? Au sein même de la population? Nous devons commencer par sensibiliser les dirigeants politiques, leur faire comprendre que l'évaluation n'est pas un audit. Plus que le résultat d'une évaluation, ce qui est important est le processus d'apprent-issage qui l'accompagne.»

Antonin Dossou, Directeur à la BCEAO, ancien ministre au Bénin

«À mon avis, il y a trois conditions à remplir pour réussir le Top 5. Première-ment, nous devons améliorer la capacité de leadership dans nos États africains, à tous les niveaux et dans tous les domaines. Le leadership se traduit par la capacité d'une personne à être volontairement suivie et donc d'influencer efficacement ses collaborateurs pour atteindre des objec-tifs communs. Les caractéristiques attendues du leader sont la vision, la capacité de communiquer, la discipline, l'intégrité, l'humilité et l'ouverture.

Deuxièmement, nous devons renforcer la capacité d'autoréflexion dans nos pays et dans nos institutions: nous devons réellement apprendre à penser par nous–mêmes et trouver des concepts, des programmes et des projets adaptés aux spécificités de l'Afrique. Pour cela nous devons renforcer la recherche et le développement en Afrique à tous les niveaux et dans tous les domaines.

Troisièmement, nous devons améliorer la capacité d'orienter et de mettre en œuvre des politiques. Nous sommes en effet très bons dans la rédac-tion des rapports, mais pas très efficaces dans leur mise en œuvre, et cela est souvent dû à l'absence d'une obligation de résultats.»

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Semaine de l’évaluation 2016

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Industrialiser l'Afrique

https://tinyurl.com/mwvzenj

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

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De gauche à droite: Per Øyvind Bastøe, Directeur, Département de l’évaluation, NORAD, Mariam Dao Gabala, Directrice générale de MDG Consulting et Présidente du Conseil d’administration de Solidaridad, Soraya Mellali, Administrateur, BAD, Modérateur Sumir Lal, Directeur, Affaires externes, Banque Mondiale, Edward Marlow, Responsable SSA Client Group, Crédit Suisse, Tim Turner, Responsable en chef des risques, BAD

À travers le continent africain, on relève peu de différences entre les obstacles au développement du secteur privé. Les conclusions d’un rapport de synthèse sur l’évaluation du secteur privé couvrant 33 institutions d’évaluation retiennent six plus grands obstacles évidents aux affaires en Afrique:

1. La difficulté de l’accès au financement (pour les grandes entreprises) et à l’élec-tricité (pour les petites entreprises);

2. les taux d’imposition;

3. la concurrence du secteur informel;

4. l’instabilité politique;

5. la corruption;

6. le déficit de compétences managéri-ales du personnel.

«Plusieurs évaluations relèvent la contribution à la création d’em-plois, il est cependant difficile de l’attribuer à l’intervention d’une agence donnée»

Per Øyvind Bastøe

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Semaine de l’évaluation 2016

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Industrialiser l'Afrique

Plusieurs bailleurs de fonds bilatéraux considèrent, par ailleurs, que l’absence ou le mauvais état des infrastructures est un autre obstacle majeur.

Globalement, les stratégies des bailleurs de fonds sont alignées sur les stratégies nationales de DSP, mais la traduction de cet alignement politique en interventions sélectives n’est pas aisée. Il n’est donc pas surprenant que certaines évaluations concluent que la présence des bailleurs de fonds dans les pays est essentielle pour l’amélioration de la concertation avec le secteur privé. Les bailleurs de fonds qui ne sont pas présents sur le terrain sont exposés à un risque plus élevé de conception inadaptée, de super-vision inadéquate, et d’inefficacité dans l’exécution des programmes.

L’autre constat intéressant est celui du manque de documentation claire sur la pertinence des programmes de DSP pour la réduction de la pauvreté. Plusieurs éval-uations relèvent la contribution à la créa-tion d’emplois, il est cependant difficile de l’attribuer à l’intervention d’une agence donnée. Étant donné que la plupart des pauvres vivent en zones rurales, plusieurs priorités du secteur agricole et de l’agro–industrie et les programmes des bailleurs de fonds pour les pays dans ces domaines ont été bien alignées sur les programmes des gouvernements.

Il ressort du rapport de synthèse qu’il faut élaborer un cadre réglementaire adapté pour suivre l’évolution de l’environnement du commerce mondial. Certes, les évalua-tions n’ont pas apporté de réponses claires sur l’efficacité des réformes, mais plusieurs d’entre elles citent la volonté politique, l’engagement des gouvernements, et l’ap-propriation par les parties prenantes au nombre des facteurs essentiels de réussite.

Il a constaté que les banques sont plus efficaces à fournir des services par rapport au secteur public dont les proces-sus d’approbation sont plus longs et qui éprouvent des difficultés à concevoir ses interventions. L’étude a relevé des données probantes contrastées sur l’ef-ficacité de plusieurs instruments finan-ciers, mais l’un des constats indéniables affirme que le soutien financier est plus efficace lorsqu’il est couplé à l’assistance technique et au renforcement des capac-ités. Les interventions dans certains secteurs, en particulier dans l’agriculture, se sont avérées assez efficaces.

La durabilité est l’un des points faibles des interventions, principalement parce qu’elle n’est pas prise en compte à l’étape de la conception. Dans les cas où elle été prise en compte au stade de l’élaboration des programmes, l’accent a été davantage mis sur la viabilité financière des agences d’exécution plutôt que sur la viabilité insti-tutionnelle. L’évaluation des capacités des intermédiaires d’un bailleur de fonds et du gouvernement permettrait aux bailleurs de fonds de s’attaquer à la question de la durabilité. Par ailleurs, nous devons assurer que les interventions des bailleurs de fonds comprennent un volet renforcement des capacités des intermédiaires conçu pour renforcer les capacités institutionnelles et les institutions d’appui aux entreprises afin de créer des conditions propices à la réus-site (surtout lorsque l’on cible les PME).

Le rapport de synthèse souligne que les interventions des bailleurs de fonds doivent mettre l’accent sur la complé-mentarité et l’effet catalyseur. Il faut en plus de la complémentarité adopter une approche intégrée axée sur l’additional-ité et un effet catalyseur susceptibles d’in-duire des changements dans la structure

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

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«Je suis promotrice d’une entreprise qui produit, transforme et vend la noix de cajou. Il est vrai que ces activi-tés me placent dans le secteur agro–industriel, mais je dirais que mon entreprise est plus agricole qu’industri-elle. J’emploie environ 800 personnes, dont 90 % de femmes, et c’est la force physique de ces femmes qui a fait de la Côte d’Ivoire le premier producteur et exportateur de la noix de cajou»

Pour paraphraser plusieurs déclarations ministérielles, l’absence de coopéra-tion entre le gouvernement et le secteur privé ralentit la transformation indus-trielle de l’Afrique. Après seulement 15 ans d’industrialisation de la filière, le Vietnam est presque passé devant nous dans le domaine de la transformation des amendes. Il produit et transforme la noix de cajou, et en importe d’Afrique pour transformer sur place, créant ainsi des emplois, de la richesse et réalisant des gains financiers sur l’exportation du produit fini. Nous pouvons suivre l’ex-

emple de ces gouvernements dont les décisions stratégiques ont stimulé l’indus-trialisation.

Le secteur privé est le moteur du dévelop-pement et doit être écouté si les gouverne-ments veulent élaborer les politiques appropriées pour une industrialisation durable. Les gouvernements africains n’ont pas les moyens de réussir l’industri-alisation sans la participation du secteur privé, et doivent, par conséquent, prendre les mesures nécessaires pour nouer des partenariats public–privé et mobiliser les

Massogbè Toure-Diabate, Présidente de la Commission pour le développement de l'entrepreneuriat féminin, CGECI

du marché, du comportement, et atténuer le risque de distorsion des marchés. Des systèmes rigoureux de suivi–évaluation axés sur les résultats et intégrés tout au

long du cycle de vie des interventions de DSP sont essentiels à la conception, la mise en œuvre et l’investissement.

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Semaine de l’évaluation 2016

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ressources nécessaires à investir dans les secteurs de l’énergie et des infrastructures.

Pour industrialiser l’Afrique, il faut accorder au secteur privé, entre autres, des appuis institutionnels avec des mécanismes adaptés à chaque secteur. Nous avons besoin d’un environnement favorable à la transformation, des exonérations fiscales sur les équipements industriels, des primes à la transformation, des incitations pour le développement de l’industrialisation et d’un accès facile au financement.

Le manque d’une main–d’œuvre quali-fiée et l’inadéquation entre la formation et l’emploi sont autant de freins à notre

industrialisation. Nous devons agir sur nos ressources humaines et mieux adapter nos systèmes éducatifs aux besoins de notre marché de l’emploi.

Il nous faut des produits finis de haute qualité pour une clientèle exigeante, ce qui nécessite une main–d’œuvre qual-ifiée. Nous devons aussi être mieux informés et formés, et bénéficier de l’ap-pui de l’État pour remplacer la pauvreté par de la valeur ajoutée. L’Afrique a surtout besoin de stratégies efficaces et d’actions concrètes pour transformer efficacement ses ressources naturelles et humaines et enclencher une industrialisation durable.

«Nous devons commencer par redéfinir l’industrialisation et répondre à nos propres besoins»

Mariam Dao Gabala

Nous ne pouvons pas avancer vers l’in-dustrialisation de l’Afrique si nous ne remettons pas en cause les modèles actuels, en commençant par notre conception de l’industrialisation. Nous ne pouvons pas entrer dans la mondial-isation si nous ne pouvons pas répondre aux besoins des pays et peuples d’Afri-que. L’Afrique ne doit pas s’industrial-

iser prioritairement pour exporter; nous devons commencer par répondre à nos besoins internes.

Par ailleurs, nous devons revoir notre stratégie de financement de l’industrial-isation. Notre industrialisation dépend exagérément de l’aide extérieure. Les étrangers ne peuvent nous apporter

Industrialiser l'Afrique

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

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que ce qui, selon eux, fonctionne dans leur environnement et qui peut ne pas être adapté à nos besoins. Prenons l’ex-emple de la microfinance. Nous aimons à répéter que nous sommes pauvres et sans ressources, alors que nous savons que les personnes les plus pauvres épargnent le plus et savent comment ils entendent utiliser cette épargne. Nous devons nous–mêmes générer des

ressources sur le plan interne et mettre nos banques centrales à contribution, en utilisant l’exemple des modèles de micro–financement. Innovons et générons nos propres ressources. Si l’Afrique ne change pas de mode de raisonnement et de modèle de financement pour son indus-trialisation, nous risquons de répéter les mêmes erreurs. Nous devons trouver des solutions adaptées à nos besoins.

«Dorénavant, le continent dispose des moyens nécessaires pour lancer une nouvelle ère d’indus-trialisation, et les pays ayant pris une longueur d’avance peuvent servir d’exemples»

Soraya Mellali

L’Afrique a connu une désinsdustrialisa-tion durant les quatre dernières décen-nies, s’éloignant constamment des processus industriels. Elle peut refaire son retard et s’industrialiser rapidement en tirant les enseignements des expéri-ences concluantes menées en Asie, où des gouvernements stables ont rassuré les investisseurs et où des politiques constructives ont permis l’ouverture des marchés et la fixation de taux de change et de douane favorables.

Dorénavant, le continent dispose des moyens nécessaires pour lancer une nouvelle ère d’industrialisation, et les

pays ayant pris une longueur d’avance peuvent ser vir d’exemples. Notam-ment, l’Éthiopie, la Tanzanie, le Ghana et la Côte d’Ivoire. Nous devons promou-voir les chaînes de valeur régionales en aidant les industries locales qui fabri-quent des produits à haute intensité de main–d’œuvre à progresser dans la chaîne de valeur.

L’évolution de l’économie mondiale offre aussi quelques opportunités au continent, notamment avec la Chine qui passe du statut de pays exportateur à celui de pays consommateur et investisseur. Par exem-ple, nous pouvons saisir cette occasion et

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Semaine de l’évaluation 2016

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Industrialiser l'Afrique

trouver des moyens pour combler le vide ainsi créé et nous insérer dans les chaînes de valeur mondiales.

Malgré les nombreuses opportunités qui s’offrent avec la Chine et au niveau régional, le libre–échange et la frag-mentation internationale des chaînes de valeur de production, le continent doit encore surmonter plusieurs écue-ils à son industrialisation. Le manque

d’infrastructures réduit la productivité et les coûts inhérents à l’insuffisance des routes, des transports, de l’eau et de la connectivité, par exemple, sont trop élevés. Si les industries africaines veulent devenir compétitives, une proportion considérable des investisse-ments nationaux doit être consacrée aux infrastructures.

«L’obstacle majeur à l’industrial-isation c’est l’imprévisibilité des réponses politiques à toute une gamme d’incitations – infrastruc-tures physiques, marchés des capi-taux, et développement humain»

Tim Turner

Edward Marlow, Tim Turner (De gauche à droite)

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

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Edward Marlow, Responsable SSA Client Group, Crédit Suisse

La construction des infrastructures a un rôle central à jouer dans l’industrial-isation. L’Éthiopie a mis beaucoup d’ac-cent sur la mise en place des catalyseurs de l’industrialisation et investi dans des programmes infrastructurels pilotés par le gouvernement, ce qui permet de conclure que si le gouvernement construit, l’industrialisation suit.

La mise en place des catalyseurs par le gouvernement pour une base industri-elle est l’exemple à suivre. Les banques commerciales ont une aversion pour le risque, font attention à leur bilan, et sont dépendantes des investisseurs qui veulent des bénéfices élevés. Les banques de développement peuvent contribuer en apportant des garanties de crédit ou en persuadant les gouvernements de garan-tir les risques inhérents aux projets. Par ailleurs, la mise en œuvre des mécan-ismes de prêt de qualité comme ceux de la BAD constitue le meilleur moyen d’im-pliquer à long terme les investisseurs commerciaux et les fonds de pension dans les programmes.

Tim Turner, Responsable en chef des risques, BAD

Les gouvernements africains doivent soutenir l’industrialisation en élaborant des politiques appropriées. Ils doivent fixer les règles, élaborer les processus réglemen-taires et créer un environnement propice, en définissant des règles de jeu équitables pour les acteurs. Ils doivent cependant se garder de choisir les acteurs.

Le principal obstacle à l’industrialisation tient au fait que les réponses politiques des gouvernements à toute une gamme de catalyseurs sont imprévisibles, à savoir les infrastructures physiques, les marchés de capitaux et le développement humain. Le récent choc des prix des matières premières a permis de voir que plusieurs gouvernements ont réagi trop tard et trop peu. Le secteur des matières premières et le secteur privé ne sont pas les seuls à avoir subi les contrecoups de cette réponse inadaptée. Les marchés de capitaux et les agences de notation ont aussi réagi néga-tivement aux mauvaises réponses des gouvernements. Au cours des cinq dern-ières années, les notes ont été considérable-ment abaissées dans les pays où la riposte à la crise a été insuffisante, ce qui a eu pour effet de décourager les marchés financiers d’investir des capitaux, enclenchant ainsi une spirale descendante.

Nous devons mettre l’accent sur l’élab-oration de réponses politiques solides et prévisibles.

Les besoins de développement sont de loin supérieurs à la capacité de prêt de la plupart des banques de développe-ment, ce qui signifie que le modèle opéra-tionnel doit probablement être repensé et passer d’un modèle d’investissement à long terme à la recherche d’investis-seurs privés pour le partage des risques. La viabilité financière est une condition essentielle à toute viabilité.

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Semaine de l’évaluation 2016

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Industrialiser l'Afrique

Café Connaissances

Les participants ont unanimement reconnu que l’industrialisation est le chaînon manquant d’une vraie trans-formation de l’Afrique. L’objectif prin-cipal de l’évaluation du développement devrait être de résoudre le paradoxe de la pauvreté alors que le continent baigne dans les ressources naturelles. L’Afrique exporte trop de ressources naturelles brutes sans aucune mesure pour ajouter leur valeur, et sans les avantages liés à l’ajout de la valeur. Le secteur industriel est celui qui est susceptible de permettre les meilleures économies d’échelle, une croissance durable et la création d’emplois.

Les participants sont convenus de la nécessité d’une approche centrée sur l’homme, avec un accent sur le renforce-ment des capacités et l’implication accrue des femmes. Ils ont souligné la nécessité de changer les mentalités et créer un envi-

ronnement propice impliquant les popu-lations, les politiques, les systèmes et les parties prenantes.

Pour atteindre cet objectif, les partici-pants ont proposé de recourir à l’innova-tion et aux technologies appropriées en tant qu’intrants et extrants du proces-sus d’industrialisation, à la fois dans les grands projets et les petits projets. Ils ont aussi souligné le caractère essentiel de l’in-tégration économique et de la disponibilité de l’énergie électrique dans l’appui à l’in-dustrialisation de l’Afrique. Les évaluations doivent prendre en compte la question de la bonne gouvernance et répondre à celle des avantages compétitifs. Les partici-pants ont recommandé un renforcement des capacités d’évaluation et de suivi au sein des communautés régionales, une meilleure communication, et la vulgarisa-tion des résultats d’évaluation.

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

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Semaine de l’évaluation 2016

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Intégrer l’Afrique

https://tinyurl.com/kyux6as

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

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«Tous les mécanismes régionaux d’intégration dépendent étroitement des financements extérieurs. Il existe cependant peu de données systématiques sur l’impact de l’appui des bailleurs de fonds et du financement du développement sur l’intégration régionale»

Fredrik Söderbaum, Université de Göteborg, Suède

Depuis les années 60, l’intégration région-ale (IR) est fortement recherchée en Afrique. Des objectifs, des stratégies et des disposi-tifs institutionnels changeants ont donné naissance, dans un contexte de mondiali-sation, à une diversité de mécanismes d’in-tégration faite notamment d’organisations régionales, de réseaux et de programmes régionaux fonctionnels, ainsi qu’une forme de régionalisme voulu par la population.

Malgré cette grande diversité des formes de coopération régionale et des mécanismes d’intégration, les mauvaises performances et la rareté de résultats fondés sur des données probantes au sein des organisa-tions régionales africaines ont entraîné une réduction des financements extérieurs. Par conséquent, il faut de toute urgence recue-

illir des preuves systématiques et de qualité à travers les évaluations et la recherche. Il existe peu de données sur les mécanismes les plus efficaces, le type de financement le plus approprié, ou la forme institutionnelle qui a le plus d’impact sur le développement.

Pour les banques de développement, la rareté des financements n’est pas le prin-cipal obstacle à l’intégration régionale. Au contraire, elles estiment que le problème réside dans l’identification et l’élaboration des projets viables ou bancables.

Outre l’économie et le manque de finance-ment, il est plus urgent de revoir les poli-tiques et la gouvernance. Même après plusieurs décennies de renforcement des capacités des organisations régionales

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Semaine de l’évaluation 2016

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piloté par l’État, des carences de mise en œuvre subsistent. L’intégration régionale se heurte aux problèmes organisation-nels, aux mauvaises relations avec les États membres, à la défiance des États à l’égard des organisations régionales et aux conflits

«

«L’engagement politique et l’adhésion nationale sont nécessaires à une bonne gouvernance régionale. Il faut renforcer les capacités des ministères pour la mise en œuvre des programmes au niveau national.»

Nyamajeje Calleb Weggoro, Administrateur, BAD

Intégrer l'Afrique

Plusieurs accords, initiatives et plans d’in-tégration africaine ont fait la différence et produit un impact sur la vie des Africains – le Plan d’action de Lagos, le Traité d’ Abuja de 1991, l’Union économique et monétaire ouest–africaine (UEMOA, 1989), le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA, 1994), la Communauté de dével-oppement de l’Afrique australe (SADEC, 1980), et l’Autorité inter–gouvernementale pour le développement (IGAD, 1986), pour ne citer que quelques exemples.

Il faut d’abord comprendre la nature de l’in-tégration régionale, qui n’est pas l’équiva-lent du développement. En fait, son impact n’est pas toujours positif pour toutes les parties prenantes.

Pour lever les obstacles à l’intégration régionale, nous ne devons pas ménager nos efforts d’amélioration de la politique et d’une gouvernance régionale actuelle fragmentée et trop axée sur les extrants au détriment des réalisations et de l’impact sur le dévelop-pement. Par exemple, malgré les avantages attribués aux projets régionaux d’infrastruc-tures tels que les routes et les corridors trans-frontaliers que beaucoup considèrent comme ayant un impact positif au plan régional, le bilan de leur mise en œuvre laisse à désirer.

Ensemble, nous devons identifier les mécan-ismes d’intégration les plus efficaces et amener chaque pays à s’engager ferme-ment à élaborer de nouveaux programmes.

entre États membres. Par ailleurs, l’absence de cadres des résultats et la mauvaise qual-ité des rapports engendrent d’autres diffi-cultés avec les bailleurs de fonds et d’autres acteurs de l’intégration.

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

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Le public a une mauvaise idée des commu-nautés économiques régionales et de leur rôle. La bureaucratie empêche de toucher la population à la base qui n’est pas prise en compte dans la plupart des débats alors que c’est elle qui, en réalité, mène les activités économiques, la recherche et travaille au–delà des frontières.

Nous devons fournir la preuve des résul-tats positifs enregistrés dans l’intégration régionale et de son impact, et nous assurer que le processus est inclusif et participa-tif aux niveaux local, national et régional. En un mot, nous devons définir et fournir la preuve de l’impact de l’intégration régionale si nous voulons susciter l’intérêt des parties prenantes pour cette question.

Café Connaissances

Comment concevoir et mettre en œuvre des évaluations pertinentes pour soutenir une intégration région-ale efficace en Afrique?

Les participants sont convenus que l’objet de l’évaluation doit être défini lors de l’éval-uation des projets d’intégration régionale compte tenu de l’incidence de cette définition sur le choix des méthodes et des questions. L’intégration régionale dépend de multiples facteurs, ce qui accroît l’importance d’une définition claire de l’objet de l’évaluation dans la détermination de l’évaluabilité des projets.

Les participants ont dans un premier temps identifié les paramètres suivants comme devant être l’objet de l’évaluation en matière d’intégration régionale: les projets, les programmes, les communautés économi-ques régionales (CER), les politiques nation-ales orientées vers l’intégration régionale, etc. Ensuite, ils ont débattu de l’importance des indicateurs d’intégration régionale et sont convenus unanimement sur le caractère multidimensionnel du processus d’intégra-tion (politique, économique, culturel, etc.) et de la nécessité d’une multitude d’indicateurs. Ils ont noté l’absence de consensus autour des indicateurs d’intégration régionale communé-ment acceptés, d’où la nécessité de définir des

indicateurs appropriés.

Les équipes d’évaluation ont besoin de compétences variées pour prendre en compte le caractère multidimensionnel des projets régionaux. Certains participants ont par conséquent recommandé d’intégrer de nouvelles disciplines dans les équipes d’évaluation–environnement, gestion des risques – afin de mesurer l’impact des ques-tions politiques, financières, économiques, opérationnelles, commerciales et environ-nementales sur les programmes d’intégra-tion régionale. D’autres ont recommandé le recours aux nouvelles technologies et à de nouvelles compétences pour la surveil-lance des données en temps réel et l’amélio-ration de la mise en œuvre.

Le choix du moment de l’implication d’une équipe d’évaluation dans la mise en œuvre d’un projet est capital et plusieurs partici-pants ont regretté leur implication souvent tardive et recommandé qu’elles intervien-nent dès le début. D’autres ont prévenu que cela pourrait compromettre l’in-dépendance des évaluateurs et insisté sur la nécessité d’établir une distinction claire entre l’évaluation ex–ante, le suivi–évalua-tion, et l’évaluation ex– post.

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Semaine de l’évaluation 2016

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Des choix à faire

https://tinyurl.com/mnvony3

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

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«Le lobbying pour l'évalua-tion devrait impliquer tous les acteurs du processus: le conseil, la direction, le personnel mais aussi la société civile»

Auto–évaluation ou éval-uation indépendante

L'auto–évaluation permet souvent un accès plus facile à l'information. Il peut avoir un impact plus rapide sur les politiques et les pratiques, ainsi que sur l'apprentissage du personnel.

Une évaluation indépendante peut poser des questions plus fondamentales. Elle peut donner de la crédibilité et assez de poids pour tenir un langage de vérité à l'autorité.

Des leçons ou plutôt des recommandations

Les bureaux d'évaluation sont les mieux placés pour tirer des leçons des conclusions de l'évaluation. Ils peuvent également fournir des recommandations générales de haut niveau.

Les conseils d’administration ont besoin de recommandations spécifiques et contrôlables pour suivre la mise en œuvre, qui sont mieux reçu de la part de la direction des IFI plutôt que par le bureau d'évaluation.

Ruben Lamdany, Directeur adjoint, Bureau d’évaluation indépendant, FMI

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Semaine de l’évaluation 2016

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Concours photo de la Semaine de l'évaluation – Deuxième prix

Un jeune homme avec une lampe torche en main et un sac de charbon sur la tête se tient debout au milieu des rails, dans la commune d’Allada, au Bénin. Quelles sont les meilleures sources d’éner-gie pour éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie? Et comment pouvons-nous industrialiser l’Afrique pour améliorer les conditions de vie de millions de jeunes hommes comme celui sur la photo?

Yanick Frutueux Cadnel Folly, Bénin

https://vimeo.com/194059265

Améliorer la qualité de vie des populations africaines

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

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Malgré ses forces, son potentiel et quelques progrès accomplis, l’Afrique est globalement à la traîne en matière de développement. L’agenda 2063 de l’Union africaine pour le développement de l’Afri-que entend combler ce retard en constru-isant «une Afrique intégrée, prospère et pacifique, dirigée par ses propres citoyens et représentant une force dynamique sur la scène internationale.»

Nous devons faire plus et mieux pour réussir le développement économique et social de l’Afrique, étant donné qu’on ne peut bâtir la prospérité sans efforts, sans la persévérance, et sans l’esprit collectif.

À cet égard, le principal défi à relever pour réussir la mise en œuvre du «Top 5» de la BAD, en plus de la qualité de la conception des programmes et projets, est principale-ment de nature politique et sociologique.

Comment venir à bout des fléaux comme l’ethnocentrisme, la mauvaise gouvern-ance, la propension à choisir le court terme et le gain facile? En d’autres termes, comment bâtir une société fondée sur des valeurs? J’estime que la BAD peut apporter sa contribution à la résolution de tous ces problèmes.

Antonin Dossou, Directeur à la BCEAO (ancien ministre du Bénin)

«Comment venir à bout des fléaux comme l’ethnocentrisme, la mauvaise gouvernance, la propension à choisir le court terme et le gain facile? En d’autres termes, comment bâtir une société fondée sur des valeurs?»

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Semaine de l’évaluation 2016

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Améliorer la qualité de vie des populations africaines

L’Afrique est le continent le plus jeune au monde avec, selon les estimations, 60 % de sa population âgée entre 15 et 24 ans. Plus de 48 % des jeunes Africains sont au chômage, sous–employés ou inactifs. Ces millions de jeunes sont une source d’ingéniosité et des moteurs de productivité qui, s’ils sont bien encadrés, peuvent ouvrir une nouvelle ère de prospérité. L’alternative c’est la perspective d’une généra-tion fragile et frustrée. Nous ne pouvons laisser se produire pareille situation. Nous ne pouvons laisser passer cette occasion.

Dans ce contexte, la Banque mettra un accent particulier sur l’éducation, tout en poursuivant son appui à l’accès à l’eau, à l’as-sainissement et aux services de santé. Dans le secteur de l’éducation, beaucoup a déjà été fait – le nombre d’enfants non scolarisés en âge de fréquenter le primaire a baissé de 26 %. En outre, le taux brut de scolarisation dans le secondaire et le supérieur a augmenté de plus de 40 % et 50 %, respectivement. Toute-fois, les investissements dans le secteur de l’éducation restent insuffisants. Les salles de classe restent surchargées par rapport aux moyennes mondiales, et certaines écoles

adoptent le système de la « mi–temps » pour donner à tous les enfants une chance de s’instruire. L’UNESCO souligne que sept pays africains sur dix connaissent une pénu-rie d’enseignants qualifiés. Il ressort de nos évaluations que de nombreuses écoles en zones rurales manquent les installations essentielles, y compris les laboratoires de TIC et des laboratoires de sciences, ce qui défa-vorise fortement les élèves. Après obtention des diplômes, la majorité des élèves entrent dans l’économie informelle caractérisée par l’instabilité, les faibles salaires et les faibles niveaux de protection sociale. Certes, les jeunes n’ont jamais été autant instruits, mais leurs chances de trouver un emploi rémunéré n’ont pas augmenté. À l’avenir, la Banque mettra l’accent sur les programmes éducatifs et de formation professionnelle dans le cadre de l’ « Initiative pour l’em-ploi des jeunes en Afrique ». Dans le cadre de cette stratégie, la Banque s’efforcera à créer des emplois à travers la promotion du secteur agricole. Nous allons créer des zones de développement des compétences pour établir un lien entre les grappes indus-

«Plus de 48 % des jeunes Africains sont au chômage, sous – employés ou inactifs. Ces millions de jeunes sont une source d’ingéniosité et des moteurs de productivité qui, s’ils sont bien encadrés, peuvent ouvrir une nouvelle ère de prospérité.»

Charles Boamah, Vice-Président Finances, BAD

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

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trielles et les jeunes diplômés qui seront par ailleurs soutenus par des pépinières d’entre-prises et des facilités de financement. Enfin, nous comptons nouer des partenariats avec

les gouvernements et le secteur privé afin de promouvoir l’accès à une formation profes-sionnelle et technique de qualité

«Un exemple d’intervention à effet rapide susceptible d’améliorer la qualité de vie des citadins, c’est le projet de traitement des déchets plastiques au Burkina Faso»

Batio Bassière, Ministre de l’environnement, Burkina Faso

Nous devons mettre l’accent sur la gouvernance environnementale urbaine et locale, et surtout, sur l’éducation au développement durable. Des mesures fortes doivent être prises en ce qui concerne les plans d’occupation des sols, la promotion de villes durables et un transfert effectif des compétences et des ressources aux communautés locales.

Un exemple d’intervention à effet rapide susceptible d’améliorer la qualité de vie des citadins, c’est le projet de traitement des déchets plastiques au Burkina Faso, projet dans lequel les communautés et le secteur privé recyclent des déchets, avec à la clé des emplois créés et un environ-nement plus propre.

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Semaine de l’évaluation 2016

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Améliorer la qualité de vie des populations africaines

«Pourquoi les ressources consacrées aux initiatives de développement en Afrique ne transforment que peu ou pas positivement la vie des bénéficiaires?»

Pindai M. Sithole, Directeur, Recherche et évaluation sociale, Centre pour le développement et la recherche dans l’évaluation (CeDRE Afrique)

Suivi–évaluation axé sur les résultats: chaînon manquant dans l’accélération de la transformation

Pourquoi les ressources consacrées aux initiatives de développement en Afrique ne transforment que peu ou pas positivement la vie des bénéficiaires? Pourquoi, malgré les ressources naturelles de l’Afrique, sommes–nous toujours pauvres? Mettre le suivi–éval-uation axé sur les résultats au centre de tout programme de transformation est proba-blement le chaînon manquant susceptible d’aider les pays à tirer davantage parti des activités de développement.

Qu’est–ce que le suivi–évaluation axé sur les résultats?

Le suivi–évaluation axé sur les résultats considère que toute action de développe-ment doit induire un changement/trans-formation positif (positive) dans la vie des gens et nécessite des indicateurs quantitat-ifs et qualitatifs clairement définis en ce qui concerne les niveaux des résultats, des réal-isations et des impacts. Le suivi–évaluation axé sur les résultats a pour objectif d’induire une transformation et commence par une

théorie du changement qui soutient que les efforts humains et les ressources doivent être utilisés pour apporter un changement positif dans la vie des personnes ciblées.

Il s’agit à la fois d’un concept et d’une pratique dont le but d’assurer que le suivi ou le monitoring de la mise en œuvre des projets et programmes est systématique et logique. Il doit être planifié et budgétisé convenablement, et utiliser une méthod-ologie, ainsi que des outils de collecte des données contextualisés et dans une langue pertinente, et l’établissement des rapports doit être axée sur la question de savoir si le changement positif envisagé s’est produit, malgré les problèmes et besoins de départ, et couvrir les activités, les extrants, les réali-sations et les impacts.

À la différence de la mentalité classique basée sur les ressources (axée sur les intrants) qui d’après les preuves freine la tendance à induire le changement, le suivi–évaluation axé sur les résultats qui est un objectif clairement exprimé à partir duquel on travaille en sens inverse pour mobiliser les ressources nécessaires à sa réalisation.

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

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Les écueils inhérents à la conception des interventions de développement

Les symptômes et les causes profondes sont souvent confondus dans l’évaluation des besoins, il s’agit d’un écueil majeur qui réduit les chances de changer la vie des bénéficiaires. Comprendre un besoin et l’énoncer clairement sont des préalables à toute action de développement qui se donne comme objectif de transformer la vie des bénéficiaires. Pour illustrer mon propos, je vais évoquer le risque de confon-dre les symptômes et les véritables besoins en m’appuyant sur un exemple tiré de mon expérience personnelle.

Entre février 2007 et octobre 2011, j’ai souffert de céphalées et d’une fatigue persistante, de l’hypotension artérielle et d’une perte graduelle de la vue. Malgré les soins prodigués par plusieurs médecins et opticiens, les conseils de la famille, d’amis et de collègues, et sept différentes paires de lunettes usées, mon état de santé se détériorait rapidement. En octobre 2011, je suis allé en consultation chez le Dr Nhando dont je venais juste de faire la connais-sance à qui j’ai demandé de me prescrive des gouttes ophtalmiques. Il a demandé pourquoi je voulais ce médicament. Je lui ai expliqué dans le détail l’évolution de ma santé pendant les cinq années écoulées, et il a trouvé quelque chose d’anormal dans cette évolution. Il m’a référé chez le Dr. Dennis Shibanda qui m’a soumis à une batterie d’examens et prescrit une IRM. L’IRM a révélé une grosseur qui poussait vers mon cerveau et obscurcissait ma vue. Trois semaines plus tard, j’ai subi une opéra-tion pour extraire la grosseur. Les céphalées persistantes, la fatigue ou l’hypotension ont cessé. J’ai recouvré la vue.

Mon histoire constitue la preuve irréfuta-ble que les soins que je recevais ciblaient les symptômes et non le mal lui–même, et

ne donnaient donc pas de résultats conclu-ants. Les symptômes négatifs sont le signe que quelque chose ne va pas, mais ils sont un moyen et non une fin en soi. Cela prouve aussi qu’une transformation rapide et dura-ble est possible si l’énergie et les ressources sont orientées vers les besoins réels.

Spécifier la transformation voulue

Si les concepteurs des initiatives de dévelop-pement ne sont pas précis dans le change-ment qu’ils entendent apporter dans la vie des gens, cela augmente le risque de ne pas obtenir un changement substantiel. Les interventions de développement peuvent avoir des effets désastreux sur la vie des gens si les changements voulus ne sont pas suffisamment précisés dès la conception.

Souvent, les concepteurs de programmes ne sont pas suffisamment précis dans l’énoncé de la transformation voulue parce qu’ils ont une connaissance limitée des objectifs du suivi–évaluation axé sur les résultats dans le domaine du développement, ou utilisent une approche descendante qui ne cherche pas à connaître les problèmes et beso-ins du groupe cible. Ils peuvent avoir une connaissance limitée de la langue locale et de la dynamique culturelle de la société dans laquelle l’intervention est mise en œuvre, redouter la transparence, ou exprimer la transformation recherchée en des termes ambigus et présenter une série d’excuses expliquant pourquoi les changements recherchés n’ont pas été obtenus.

Impliquer les bénéficiaires

Toute personne impliquée dans une initi-ative de développement doit posséder les compétences requises et avoir un sens élevé de l’urgence pour contribuer à une réponse synergique, coordonnée destinée à changer la vie des gens. Cette théorie fait écho à la sagesse africaine ou à une philoso-phie morale de la synergie qui affirme qu’ «[i]

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Semaine de l’évaluation 2016

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Améliorer la qualité de vie des populations africaines

Utilisation des smartphones pour faire participer les citoyens au suivi de la mise en œuvre des politiques publiques

«Les communautés africaines peuvent s’aider elles-mêmes en s’impliquant dans les programmes qui utilisent les smartphones dans la collecte des données pour évaluer les projets.»

L’utilisation des smartphones pour le bien–être des populations participe d’une évaluation axée sur les populations par opposition à une évaluation techno-cratique des politiques publiques. Les programmes doivent avant tout encour-ager les communautés à participer à la conception, la mise en œuvre et l’évalua-tion des politiques publiques. L’un des prin-cipaux défis dans ce contexte concerne la formation des populations à la fois à la manipulation des indicateurs de mesure

et à l’utilisation des smartphones pour la collecte de ces indicateurs.

Le projet Reducing the Mortality and Morbid-ity of Cholera in Cameroon (REMMOC) [Réduction de la mortalité et de la morbid-ité dues au choléra au Cameroun] en est une parfaite illustration. Il a pour objectif d’identi-fier les sources potentielles de choléra en vue de mener des actions préventives à travers le suivi des points d’eau dans la ville de Douala et dans l’Extrême–nord du Cameroun. Trente

Miltiade Tchifou Dieffi, Association camerounaise pour le développement de l’évaluation

l faut tout un village pour élever un enfant».

À tous les niveaux, les parties prenantes à un projet/programme – du bailleur de fonds aux intervenants techniques, en passant par les partenaires d’exécution

– doivent être imprégnés et posséder les compétences requises pour le concept et

la pratique du suivi–évaluation axé sur les résultats, et en faire un principe fonda-mental durant tout le cycle de projet. Surtout, les populations dont l’interven-tion entend changer la vie doivent être impliquées.

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

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Café Connaissances

enquêteurs issus de ces zones ont été formés à l’identification et à la caractérisa-tion des points d’eau, ainsi qu’à l’utilisation de smartphones pour le rapportage. Plus de 1500 points d’eau ont été identifiés et évalués en trois mois (août–octobre 2016).

L’utilisation de smartphones a permis de réduire considérablement la marge d’er-reur dans la collecte de données parce que les données analysées sont celles qui sont directement saisies par l’enquêteur.

Les données collectées sont géolocalisées et facilement vérifiées sur le terrain. Le temps de traitement des données issues des enquêtes est nettement réduit. Ces facteurs combinés font de la collecte de données à l’aide de smartphones une méthode économique et efficace de collecte de données pour améliorer la qualité de vie des Africains vivant dans les régions les plus reculées.

Comment les évaluations peuvent–elles contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des Africains?

Les participants ont insisté sur l’approche partic-ipative de l’évaluation de l’amélioration de la qualité de vie des populations. Ils ont été unani-mes sur le fait que les processus actuels d’évalu-ation ne sont pas suffisamment communicatifs ou participatifs. Pour obtenir les indicateurs de référence, il est important que les bénéficiaires soient impliqués dans les interventions dès le début. Pour obtenir de bons résultats, les popu-lations doivent être impliquées dans les phases de conception et de mise en œuvre des éval-uations afin de garantir qu’elles s’approprient aussi les résultats des évaluations. Les partic-ipants ont aussi relevé que la non implication des bénéficiaires dans la conception des projets peut aussi créer un manque d’intérêt pour les leçons tirées des évaluations, compromettant ainsi la durabilité des programmes.

Afin de garantir cette participation, un conteur ou des personnes clés issus de la communauté (par exemple, le chef traditionnel) doivent être impliqués dans le processus. Les populations doivent être la principale cible des évaluations

qui doivent tenir compte du contexte ou de la culture locale. Les participants ont mis l’accent sur la nécessité de communiquer les résultats des évaluations à travers divers canaux ou en langues locales.

La volonté politique d’appliquer les recomman-dations des évaluations est essentielle pour tout changement. L’utilisation productive des résultats est fonction de la mise en œuvre des recommandations faites dans les évalua-tions, alors que les décideurs craignent souvent le changement. Les participants ont relaté leurs expériences de la mauvaise utilisation des résultats et recommandations des évalu-ations. Les résultats des évaluations doivent être transparents et ne pas être utilisés à des fins de marketing ou de publicité. De même, les évaluations et les décisions en matière de dével-oppement doivent éviter toute influence de la politique sur les projets et programmes. Il faut faire des efforts pour renforcer les capacités et les systèmes statistiques nationaux. Les partic-ipants ont suggéré que des ressources soient allouées non seulement aux activités d’évalua-tion, mais aussi à la mise en œuvre des recom-mandations faites par ces évaluations.

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Semaine de l’évaluation 2016

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Les concours de la Semaine de l'évaluation

De gauche à droite: Rakesh Nangia, Évaluateur Général IDEV, Jean-Luc Dawoulé Bohoussou, Sénateur Roger Mbassa Ndine

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

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Le concours photo

Les photos ont été évaluées en fonction de la créativité, de la qualité, de l'original-ité, de la pertinence pour le thème de la Semaine d'évaluation 2016 et de l'impact global par rapport à l'histoire de l'évalu-ation. Ils ont été affichés sur des écrans géants dans le lobby de la BAD pendant la semaine d'évaluation. Le gagnant et les deux finalistes ont reçu un trophée et un certificat lors de la cérémonie de remise des prix et une bourse pour assister à la Semaine de l'évaluation.

Le concours d'essai

Les essais ont été évalués en fonction de la qualité du contenu technique, de la pertinence du thème de la Semaine d'évaluation 2016 et de l'impact global par rapport à l'histoire de l'évaluation.

Le gagnant et les deux finalistes ont reçu un trophée et un certificat lors de la céré-monie de remise des prix et une bourse pour assister à la Semaine de l'évaluation.

De gauche à droite: Oluwasegun Seriki, Amali Abraham Amali, Yao Roger Modeste Apahou, Yannick Folly (lauréat du concours photo).

Retrouvez les essais à https://goo.gl/d3Qblw

Les concours de la semaine de l’évaluation

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Semaine de l’évaluation 2016

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

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Jean-Luc Dawoulé Bohoussou, ONG MESAD, Abidjan.

Un enfant monte avec difficulté les premières marches d’une échelle tandis qu’une écolière at-tends patiemment en haut de l’échelle. Un enfant doit travailler dur pour réussir. Notre association, «MESAD» ouvre ses portes aux enfants de tout milieu confondu. En les aidant à gravir l’échelle sociale et l’échelle de l’apprentissage, MESAD joue son rôle dans «l’amélioration de la qualité de vie des populations en Afrique». La photo a été prise dans un des centres d’accueil pour enfants dans la commune de Koumassi à Abidjan, lors d’une séance d’aide aux devoirs.

Concours photo de la Semaine de l'évaluation – Premier prix

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Semaine de l’évaluation 2016

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L’évaluation d’impact dans le Développement International

L'évaluation d'impact dans le développement international

https://tinyurl.com/mnvony3

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

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«En ce qui concerne des liens plus subtils entre une intervention et le développement, comme lorsqu’il faut déterminer l’im-pact sur la nutrition infantile en période d’inflation, l’EI permet de mesurer le lien de cause à effet.»

1. Pourquoi avons-nous besoin de l’évaluation d’impact (EI) dans une institution de développement comme la BAD? Une EI bien conçue peut donner des réponses aux questions relatives à la conception des programmes – sur les aspects qui fonctionnent au lieu de se limiter à savoir si oui non un programme fonctionne dans l’ensemble.

2. Si l’évaluation est un outil et un exercice important, pourquoi n’y recourons-pas systématiquement et quelle est notre expérience en la matière? Le coût élevé de l’EI ne permet pas qu’on y recoure dans tous les programmes. Une institution comme IDEV se doit d’être sélective et de mettre l’accent sur les programmes pilotes à étendre, sur les interventions pour lesquelles il n’existe pas de données solides sur leur impact, et sur une sélection des interventions en pensant à couvrir tout le portefeuille de la Banque.

3. Que faire pour intégrer pleinement l’évaluation dans nos programmes? Pour briser la résistance à l’évaluation d’impact, une institution doit développer une culture de l’évaluation en faisant recours à la règlementation interne ou en suscitant une demande populaire. Il faut un engagement de l’équipe dirigeante. Si l’on n’est pas contraint ou mandaté à le faire, peu de membres du personnel opérationnel impliqués s’engageraient volontairement dans une EI rigoureuse, vu son coût et le temps nécessaire à sa réalisation.

Entretien express avec Abebe Shimeles

Abebe Shimeles, Directeur par intérim, Département de la Recherche sur le développement (EDRE), BAD

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Semaine de l’évaluation 2016

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L'évaluation d'impact dans le développement international

Avantages concrets de l’EI pour le gouvernementDans les cas où le lien de cause à effet entre les interventions et les résultats est direct, comme avec la distribution de l’aide alimentaire aux réfugiés dans le cadre de l’assistance humanitaire à un pays en guerre, l’impact sur la malnutri-tion est évident; ce type de situation ne nécessite cependant pas une évaluation d’impact de grande envergure. Toutefois, en ce qui concerne des liens plus subtils entre une intervention et le développe-ment, comme lorsqu’il faut déterminer l’impact sur la nutrition infantile en péri-ode d’inflation, l’EI permet de mesurer le lien de cause à effet. L’assainissement est un autre exemple valable. Tout le monde sait que l’amélioration de l’assainisse-ment a des effets positifs, mais les projets d’eau et d’assainissement donnent parfois des résultats contraires. Il existe de nombreux exemples de points d’eau construits mais que la population boude ou n’utilise pas, ou alors qui n’ont pas été bien réalisés et ne sont pas fonctionnels.

Le dialogue sur les politiques en vue de l’apprentissage entre pairs est capi-tal. Nous pouvons appliquer à un autre pays les recommandations faites à l’is-sue d’une EI réalisée dans un pays. Par exemple, nous savons que la fraude fiscale est une pratique très répandue dans les entreprises en Afrique, mais nous ne connaissons ni son ampleur ni le type d’intervention susceptible d’ame-ner les entreprises à s’acquitter de leurs impôts en temps opportun. Nous avons pris l’Éthiopie comme un cas type et procédé à une analyse de la fraude fiscale dans ce pays. On a constaté que plus de 40 % des entreprises éthiopiennes se livrent à la fraude fiscale ou à l’évasion fiscale, ce qui cause un énorme préjudice

à l’État. Ensuite, on a évalué l’efficacité des diverses stratégies susceptibles de permettre au gouvernement de contac-ter les entreprises, et testé divers instru-ments pour voir le type de pression qui pourrait les inciter à mieux se conformer aux lois de finances. Évidemment, la menace de lancer un contrôle fiscal auprès de l’entreprise s’est avérée effi-cace pour obtenir une réponse. Mais, nous avons aussi découvert que la persuasion peut être tout aussi efficace. Si vous instaurez un climat de confiance entre les contribuables et le gouverne-ment, les entreprises se montrent plus disposées à payer leurs impôts.

L’autre exemple nous vient du Rwanda où l’assurance maladie est fournie à certaines catégories sociales, notamment les chômeurs, les agriculteurs, et les travail-leurs intermittents. La population est ainsi couverte à 90 %, une proportion de loin supérieure à celle de la plupart des pays. Toutefois, on se demande si ce régime de soins de santé n’est pas néfaste pour le développement du pays. Nous avons mené une étude qui a permis d’établir un solide lien de cause à effet entre l’assur-ance offerte à ces catégories sociales et la situation sanitaire.

Sur le coût de l’EILes technologies offrent de nouvelles possibilités pour la réalisation de l’EI à un moindre coût. L’Afrique regorge de nombreuses données inexploitées qui peuvent être utilisées pour réaliser de très bonnes EI. Par ailleurs, d’autres institutions collectent des données très intéressantes sur l’Afrique. Par exemple, les données de NASA Night Light nous fournissent de nombreuses informations sur la contribution des collectivités locales au PIB à travers le monde entier, et à partir desquelles

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

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«Le coût élevé des EI oblige souvent les gestionnaires de projets à opérer des choix budgétaires difficiles.»

nous pouvons déduire des réponses à de nombreuses questions de dévelop-pement. Le gouvernement américain mène des enquêtes démographiques et de santé pratiquement dans le monde entier ce qui permet de combiner les informations sur les ménages et les informations de type communautaire. Si vous voulez mesurer l’impact d’un programme d’eau et d’assainissement sur la santé, par exemple, vous pouvez utiliser les données existantes dans un lieu donné pour établir le lien de cause à effet. Ce qui nous confère une bonne avance par rapport à la situation d’il y’a dix ans en ce qui concerne les tech-niques et les méthodes de collecte des données, ainsi que la disponibilité et la volonté des décideurs à apprendre de l’expérience des autres.

Le leadership politique joue un rôle très important dans l’évaluation de l’impact des programmes. Tout comme l’en-

gagement des responsables politiques à donner suite aux conclusions des éval-uations. La réalité en Afrique de l’Ouest d’où je tire mon expérience est que l’en-gagement politique est assez faible. En effet, nous avons entrepris plusieurs évaluations auxquelles il n’y’a eu absol-ument aucune réponse politique.

En plus de la question du manque de leadership politique, le financement du suivi et de l’évaluation est globalement insuffisant. Le coût élevé des EI oblige souvent les gestionnaires de projets à opérer des choix budgétaires difficiles. Par ailleurs, les capacités nationales sont souvent insuffisantes et il n’existe pas une masse critique de spécialistes de l’évaluation, ce qui peut obliger les pays à recruter des experts internation-aux. Toutes ces raisons expliquent pour-quoi les EI sont si rarement utilisées dans les activités de développement inter-national. Il se pose aussi le problème

Patrice Bosso, Spécialiste Suivi Évaluation, UNICEF, Côte d’Ivoire

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Semaine de l’évaluation 2016

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L'évaluation d'impact dans le développement international

pratique de l’absence d’une théorie du changement ou d’un cadre de résultats dans les plans, les programmes et les projets de développement. Est-il possi-ble d’évaluer l’impact des initiatives de développement sans ces paramètres?

Pour encourager ou susciter les EI dans les pays, nous devons fournir la preuve qu’elles éclairent le dialogue sur les poli-tiques. Nous devons aider les États à légiférer sur les EI afin de contraindre les gouvernements à les réaliser. Nous devons aussi investir dans le renforce-

ment des capacités afin de former une masse critique d’évaluateurs nation-aux et mettre en place des systèmes éprouvés d’information et de suivi sans lesquels les coûts de l’EI seraient encore plus élevés.

L’UNICEF œuvre pour s’assurer que les politiques de suivi-évaluation des pays prévoient des mesures de renforcement des systèmes nationaux de suivi et de production des données et pour l’in-tégration de l’EI dans les plans nation-aux et programmes de coopération.

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eVALUation Matters / Quatrième trimestre 2016

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«La problématique est différente dans un pays pauvre où beau-coup de choses doivent être faites simultanément pour que les impacts positifs se réalisent.»

Travailler dans l’objectif de produire de l’im-pact est un état d’esprit essentiel pour le développement. Toutefois, évaluer l’impact est inutile si on ne comprend pas comment, pourquoi, pour qui, et les conditions dans lesquelles le changement se produit. En d’autres termes, nous devons compren-dre pourquoi les impacts se produisent, comment des impacts non intentionnels en arrivent à se produire et peuvent neutral-iser tout le bien qui a été fait. Par ailleurs, nous devons comprendre si ces impacts auront des effets induits pour un dével-oppement durable. Nous devons aussi expliquer les trajectoires de développe-ment, même s’il est impossible de prévoir le moment où le changement se produira, ce qui confère une grande importance au choix du moment des impacts.

Si vous réfléchissez au développement dans un pays riche, l’évaluation n’est pas une question très importante, étant donné que le changement se produit dans un envi-ronnement économique et social avancé. Cette problématique est différente dans un pays pauvre où beaucoup de choses

doivent être faites simultanément pour que les impacts positifs se réalisent. Les évalu-ateurs travaillent dans un contexte où la question concerne moins un projet ou un programme que les rapports entre eux.

Le développement et l’évaluation néces-sitent la reconnaissance des corréla-tions entre les divers aspects au lieu de rechercher un impact prévu à un moment précis. Nous devons savoir où nous voulons arriver, mais nous devons aussi faire preuve de flexibilité pendant le processus pour rendre compte des résultats. C’est tout un art que de poursuivre la mise en œuvre de l’EI dans un portefeuille plus important en comprenant comment vite s’adapter.

Il existe déjà plusieurs approches de réalisa-tion d’une EI et nous continuons d’explorer de nouvelles méthodologies. Mais en plus des conceptions expérimentales, quasi-ex-périmentales, et non-expérimentales, nous devons nous intéresser à la gamme de tech-nologies utiles en contexte. Les méthodes d’évaluation d’impact participatives, les évaluations réalistes, et les évaluations rapi-

Zenda Ofir, Présidente CIED

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Semaine de l’évaluation 2016

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«Une approche participative implique toutes les parties prenantes dans le processus et donne aux participants le sentiment d’appartenance.»

Maria Sophia Aguirre, Université Catholique d’Amérique

L'évaluation d'impact dans le développement international

des d’impact en sont quelques illustrations. Quelles sont les contraintes associées, et quelles sont les méthodes qui promettent les meilleurs résultats dans des contextes spécifiques, pour des objectifs spécifiques, et à des moments opportuns?

Personne n’a trouvé la recette magique pour réaliser de bonnes évaluations d’im-pact. Aucune méthodologie ou concep-tion ne répond à elle seule à toutes les exigences de rigueur. Les EI qui utilisent les conceptions expérimentales, et surtout les groupes témoins et les groupes de contrôle,

Pour systématiser rigoureusement l’éval-uation d’impact, nous devons sans cesse combiner stratification et randomisation au fil du temps, dans les institutions qui utilisent les essais contrôlés randomisés, le capital humain et social, et les politiques doivent aller de pair. Ma méthodologie propose que l’on mette l’accent sur les actions qui nous affectent, sur leurs effets immédiats, et sur la manière dont elles changent les vies. En général, j’insiste sur quatre facteurs: qualité

sont utiles en contexte, mais elles sont limitées par le nombre insuffisant de varia-bles et, par conséquent, d’interactions. Les interventions complexes, les échantillons de petite taille, les activités approfondies en matière de parité des sexes, les effets de contagion et la contamination posent tous de sérieux problèmes. Les décideurs ne posent pas une seule question concer-nant un seul programme. Au contraire, ils veulent comprendre la dynamique de développement de tout un secteur.

de vie, responsabilité sociale, responsabilité civile, et problèmes sociaux.

Les évaluations efficaces recourent aux ECR afin d’étendre leur portée et cerner la dynamique interpersonnelle qui affecte les réalisations. Par exemple, nous savons que l’amitié et les réseaux sociaux sont des canaux efficaces pour les résultats. Nous savons aussi que la théorie du réseau social a mis en lumière la nécessité de comprendre

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les relations et les amitiés afin de cerner les résultats économiques. Autant de choses qui ont déplacé l’accent mis sur la maximisation individuelle vers un contexte relationnel qui nous permet de voir comment les décisions et les actions des autres affectent les nôtres.

Nous avons élaboré un indice participatif afin de mesurer l’évolution du comporte-ment et de l’attitude de la passivité à une implication active, grâce à des incitations participatives plutôt que financières. Une approche participative implique toutes

les parties prenantes dans le processus et donne aux participants le sentiment d’en être des parties prenantes. La participation réduit aussi les coûts de l’EI puisque dans un projet conjoint, les bénéficiaires collectent et communiquent des données, et trouvent des solutions. Les participants assument aussi la responsabilité des résultats. Quand le flux de financement s’interrompt, les participants continuent à appliquer ces solu-tions. Cette approche contribue au dévelop-pement durable.

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Gravir la courbe d’apprentissage du Top 5 avecl’évaluation indépendante

https://tinyurl.com/kyux6as

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«Tirons-nous plus de leçons de nos succès ou de nos échecs? De nos succès, nous pouvons déduire que nous devons poursuivre dans la même lancée, tandis que l’échec peut nous pousser à innover. Le secteur privé y réussit plutôt bien, mais dans le secteur public, le fait de mettre en péril des fonds publics pour innover pose problème.»

Keith Leonard

Pourquoi avons-nous besoin de l’évaluation indépendante?Ouvrant la session, le modérateur a déclaré que jusqu’à récemment, la plupart des unités d’évaluation à travers le monde n’étaient pas indépendantes et que leurs activités étaient limitées par des contraintes d’ordre admin-istratif et humain, ce qui a parfois entrainé des conflits entre les unités d’évaluation et la direction des institutions et des effets perv-ers sur les activités et les résultats.

Les membres du panel ont confirmé que l’indépendance de l’évaluation offre de nombreux avantages: elle permet de se concentrer sur la mission plutôt que sur la gestion et offre une perspective différente par rapport à un projet ou un programme. À cet égard, il faut un budget indépendant et une équipe indépendante et il faut définir le juste niveau d’implication afin d’éviter

De gauche à droite: Modérateur – Simon Mizrahi, Directeur du département des Résultats et du contrôle de la qualité, BAD, Zenda Ofir, Présidente, CIED, Rakesh Nangia, Évaluateur général, BAD, Indran Naidoo, Directeur du Bureau d’évaluation, PNUD, Oscar Garcia, Directeur du Bureau indépendant de l’évaluation, FIDA, Keith Leonard, expert en évaluation du développement, BERD, Saphira Patel, département de l’évaluation, DBSA .

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d’isoler les fonctions d’évaluation. Des évalu-ations réalisées par des unités déconnectées du reste de l’organisation ne seront pas adoptées et leurs résultats ne seront pas pris en compte. Les organisations qui réalisent l’évaluation doivent s’approprier le concept, le soutenir et y prendre part. Par ailleurs, l’ex-amen externe des rapports d’évaluation par des pairs renforce la crédibilité des résultats des évaluations. Afin d’éviter d’éventuels conflits d’intérêts, l’auto-évaluation est un premier niveau de rétroaction indispensable et le point de vue d’une personne externe qui n’a pas participé à la mise en œuvre ou à la conception vous indique si un projet fonc-tionne ou pas.

Les auto-évaluations et les évaluations indépendantes doivent être harmonisées. Une évaluation rétrospective nous permet de tirer des leçons de nos erreurs passées. Les auto-évaluations et les évaluations rétro-spectives jouent toutes deux un rôle impor-tant dans l’identification des leçons à tirer: plus une auto-évaluation est solide, meilleure est l’évaluation indépendante.

Comment IDEV doit-elle procéder pour évaluer le Top 5 de la BAD? Les intervenants ont convenu qu’IDEV devra élaborer des approches appro-priées pour l’évaluation du Top 5, qui est un exercice complexe et qui sera mis en œuvre dans un environnement dynam-ique impliquant différents donateurs et parties prenantes. Tout comme la Banque travaille avec d’autres partenaires pour financer et mettre en œuvre des programmes pour réaliser le Top 5, IDEV devra se rapprocher d’autres donateurs et procéder à une évaluation conjointe.

L’évaluation des résultats révèle souvent d’importants écarts entre les activités du programme qui réduisent la possibilité de structurer un modèle logique ou une théorie du changement. La viabilité et l’im-pact doivent être pris en compte lors de la conception de l’évaluation. L’évaluation ne permet ni la prévisibilité ni la rigidité mais exige plutôt des ajustements et une capacité d’adaptation. Par exemple, il est difficile de continuer à répondre aux beso-ins de l’évaluation (ajuster le programme de travail) et de s’adapter aux ressources financières disponibles.

Comment pouvons-nous promouvoir une culture de l’évaluation? Créer et intégrer une culture de l’évalua-tion ne se limite pas au simple fait d’avoir une unité d’évaluation. Il faut une adhésion à tous les niveaux, et des ressources. Les membres du panel conviennent que nous devons supprimer l’idée selon laquelle l’évaluation constitue une menace. Il faut également des capacités suffisantes sans lesquelles seulement la moitié du travail est réalisée, avec une évaluation qui sélec-tionne certains résultats et certaines recommandations et donne un résultat déséquilibré ou biaisé. Il faut des personnes qui transmettent les conclusions d’une évaluation de la bonne manière et de bonne foi, en tenant un langage de vérité à l’autorité.

Gravir la courbe d'apprentissage du Top 5 avec l'évaluation indépendante

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Parfois, les évaluations engendrent des messages difficiles ou nous poussent à appréhender notre travail d’une manière différente. Tout professionnel a du mal à accepter ce type de message. Personne n’aime voir son travail passé au peigne fin ! Mais l’évaluation n’est pas simplement un outil de responsabilisation supplémentaire – elle consiste essentiellement à tirer des leçons à partir de l’expérience et à susciter des améliorations au niveau de l’organisation. Atteindre de meilleurs résultats pour l’Afrique est un défi que chacun d’entre nous à la Banque peut et doit chercher à relever.

Charles Boamah, VP des Finances de la BAD, lors de l’allocution d’ouverture qu’il a adressée aux participants de la semaine de l’évaluation, le mardi 8 novembre 2016.

Nous devons mettre en place des systèmes d’évaluation et une culture de l’évaluation dans les pays membres régionaux, car le programme de prêt de la Banque constitue une part infime du programme d’investissement public d’un pays donné. Notre ambition doit donc être d’améliorer les résultats de l’ensemble des investissements pour le développement, et pas seulement nos initiatives en tant que Banque.

Rakesh Nangia

Les membres du panel ont convenu que nous devons renforcer la demande, en responsabilisant les gouvernements et en les incitant à investir dans l’évaluation. L’évaluation participe à l’amélioration de la vie des populations grâce à la transpar-

ence, la responsabilisation et la légitimité. Les parlementaires avertis devraient se servir des résultats de l’évaluation pour prendre des décisions éclairées en faveur de la nation.

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Gravir la courbe d'apprentissage du Top 5 avec l'évaluation indépendante

Keith Leonard

«La théorie du changement est un moyen de sortir de la tyrannie de la linéarité. C’est essentiellement cela la logique du changement, déterminer pourquoi nous pensons que le change-ment se produira si nous effectuons une intervention, et cela peut être fait au moment de la conception d’une inter-vention ou rétrospectivement.»

Qu’est-ce que la théorie du changement et pourquoi est-elle utile ?

Un bon cadre de résultats axé sur les résultats est louable, mais la théorie du changement sous-jacente qui déclenche les résultats est-elle satisfaisante? Les hypothèses sont-elles appropriées? Les risques ont-ils été correctement identi-fiés? Le classement par ordre de prior-ité, ou la distinction entre les conditions

préalables et les conditions sont des aspects importants d’une théorie du changement. Tout se réduit à une bonne compréhension du problème que vous tentez de résoudre. Comprendre ce qui sous-tend la théorie du changement et si vous ne pouvez pas la décrire, vous n’avez pas de point de référence.

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Rakesh Nangia

1. Rester humble: nous faisons tous des erreurs.

2. Se concentrer autant que possible sur la qualité.

3. Se mettre dans la peau de l’autre. Les chargés de projet des opérations planifient leurs interventions à l’avance et les évaluateurs interviennent à postériori.

Indran Naidoo

1. Nous reconnaître comme étant des professionnels.

2. Qui dit pouvoir dit responsabilité.

3. Nous obtenons davantage de résultats en contestant qu’en validant.

Oscar Garcia

1. L’évaluation évolue. Un évaluateur doit constamment apprendre et se tenir informé.2. Collaborer. Les IFD doivent travailler ensemble pour coproduire des évaluations.

3. La façon dont nous donnons nos avis sur les résultats est importante.

Saphira Patel 1. Il y a toujours plusieurs façons de voir les choses.

2. Être flexible et disposé à changer.

3. Viser un programme activiste réformiste et veiller à ce que chaque évaluation contribue au changement, apporte une valeur ajoutée.

Zenda Ofir 1. Les questions et critères relatifs à la pertinence sont extrêmement importants et doivent être plus déterminants.

2. Ne pas être simpliste ni utiliser les indicateurs de référence simplement parce que les informations sont obtenues facilement.

3. Les activités sont interconnectées. Examiner attentivement les tests contrôlés randomisés et les analyses contextuelles qui tiennent compte de la culture et du contexte historique.

Trois conseils pour les évaluateurs

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Gravir la courbe d'apprentissage du Top 5 avec l'évaluation indépendante

Il y a des maillons manquants dans le processus de mesure des résultats au PNUD qui suscitent de vives inquiétudes. Lorsque les interventions doivent être échelonnées d’une certaine façon, la manière dont elles sont reliées n’est pas évaluée.

Indran Naidoo

Leçons tirées des évaluations indépendantes du PNUD Une approche plus intégrée du dévelop-pement et le renforcement des syner-gies sectorielles sont essentiels pour améliorer les résultats et obtenir des résultats plus durables. Les difficultés liées à la programmation intégrée au niveau national doivent être levées et cette condition sera essentielle pour la réalisation des ODD (évaluation de l’en-vironnement, évaluation de l’IPE, éval-uation de la réponse aux catastrophes, évaluation de la pauvreté).

Le plan stratégique actuel du PNUD utilise une approche intégrée pour l’ap-pui au développement. Cette évolution tient en partie aux recommandations faites par plusieurs BEI d’abandonner l’ap-proche cloisonnée. L’approche intégrée est en harmonie avec celle des ODD et se détache clairement de l’approche compartimentée des OMD en ce qui concerne les résultats – la réduction de la pauvreté et l’environnement – qui accor-dait peu d’attention aux facteurs sous-ja-cents de la réduction de la pauvreté ou de la gestion de l’environnement, ce qui a souvent entraîné des conséquences insupportables.

Une approche inclusive à la réduction de la pauvreté

Les résultats en matière de réduction de la pauvreté sont améliorés par une approche inclusive. La croissance et le caractère inclusif doivent être recherchés simultané-ment. Le PNUD a réussi à intégrer le programme de réduction de la pauvreté de la perspective multidimensionnelle du développement humain dans les forums nationaux de débats et de discussions au sujet du développement socio-économ-ique. Mais des facteurs ethniques, géographiques, politiques et culturels dans certains pays ont rendu difficile la compréhension du concept général, multi-dimensionnel de la pauvreté humaine. Le PNUD tente encore de trouver des moyens d’accroître l’attention sur le rôle crucial de la réduction de la pauvreté dans ses nombreuses dimensions, et se sert du plaidoyer ciblé auprès de ses partenaires des administrations centrales et/ou de l’augmentation de l’espace accordé à la société civile ou aux structures étatiques décentralisées pour souligner des besoins et préoccupations spécifiques, qui contien-nent souvent des problèmes sociaux.

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Des politiques et cadres législatifs inter-dépendants sont importants pour la réduction de la pauvreté et la gestion de l’environnement. Les plans et poli-tiques de développement national liés au changement climatique, à l’environne-ment, à la gestion de l’eau, à la gestion des zones côtières/des ressources, à la gestion de l’énergie, à l’utilisation des terres et à l’aménagement urbain sont essentiels pour une approche multidimen-sionnelle du renforcement de la résilience. L’analyse de la réduction de la pauvreté du point de vue plus large de la réduc-tion de la vulnérabilité a des implications en termes de coûts, toutefois la plupart des pays ne disposent pas d’une analyse coût-avantages des bienfaits de la réduc-tion de la vulnérabilité pour la lutte contre la pauvreté, qui pourrait éclairer les déci-sions du gouvernement et l’allocation de ressources.

La dépendance vis-à-vis des financements externes, en particulier pour l’environ-nement et la réduction de la pauvreté, a encouragé l’institution à s’appesantir sur les domaines thématiques et à se concen-trer sur les priorités des donateurs plutôt que sur celles du PNUD. Peu de sources de financement externes offrent des mesures d’incitation pour traiter les liens entre la pauvreté et l’environnement, même si ceux qui financent les programmes sur l’environnement ont tendance à être réceptifs aux initiatives des unités de programmes qui visent l’intégration de manière proactive.

La gouvernance est mal intégrée

De manière générale, la gouvernance est intégrée dans les projets et programmes de développement du PNUD. Environ 50 pour cent des pays ont élaboré des plans

de développement des capacités et 20 pour cent sont à un stade avancé de mise en œuvre. C’est un signe de l’amélioration de la gouvernance, de la supervision, de la responsabilisation, de la transparence, et de l’intégrité des systèmes de santé rele-vant des domaines du Fonds mondial.

Les données relatives à la performance en matière de gouvernance au niveau national sont limitées, et le PNUD s’appuie sur les données et enquêtes de percep-tion internationales. Le Rapport 2016 de la CEA sur la gouvernance en Afrique traite de l’importance de mesurer la corruption et a soulevé des problèmes similaires. Il incite à dépasser les indicateurs actuels de la corruption pour évaluer la corrup-tion dans un contexte de gouvernance africaine plus large et à remplacer les mesures fondées sur la perception par des mesures fondées sur des faits qui reflètent les dimensions internationales de la corruption. Pour ce faire, l’utilisation d’un mélange d’indicateurs est nécessaire.

Tirer profit des données de développe-ment

Peu de systèmes statistiques nation-aux peuvent satisfaire efficacement les demandes de données sur le dévelop-pement. Le manque de données satis-faisantes et de connaissances sur ce qui fonctionne, et pourquoi, compromet la contribution des programmes de dével-oppement nationaux.

Plusieurs organismes internationaux sout-iennent la production de données et les systèmes statistiques nationaux, mais la coordination demeure faible. Les disposi-tions concernant les rapports sont souvent multiples et il n’existe pas de système statistique national fort qui coordonne les statistiques sur le développement.

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Un autre problème concernant les données et les écarts dans l’analyse réside dans le fait que les données disponibles ne sont pas analysées pour suivre l’évolution des programmes ou pour le contrôle de la qualité. Les OMD ont amélioré les données et leur utilisation dans les rapports mais celles-ci n’ont pas été utilisées pour le suivi des OMD.

Le manque de capacités et de ressources est la raison majeure de la non-utilisation des données disponibles. Les systèmes statistiques nationaux ne font pas encore le meilleur usage des technologies disponi-bles pour valider les données et analyses du développement.

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La Semaine de l'évaluation 2016 de la BAD Accélérer la transformation de l’Afrique7–10 Nov 2016 – Programme

Lundi, 7 novembre 2016

Mardi, 8 novembre 2016

09:00–12:00 Atelier de développement des compétences:

10:00–10:30 Pause café/thé

12:00–14:00 Déjeuner | Déjeuner-débat

Rubén Lamdany, Directeur adjoint, Bureau de l’évaluation indépendante, FMI

14:00–16:00 Café Connaissances

Réaliser le Top 5: Que faudra-t-il? | Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie

09:00–09:10 Allocution de bienvenue

Rakesh Nangia, Evaluateur Général, IDEV, Banque africaine de développement

09:15 – 09:30 Cérémonie Akwaba

09:30 – 09:45 Discours inaugural: L’Évaluation indépendante: un maillon essentiel de l’écosystème d’apprentissage de la BAD

Bright Okogu, Administrateur, BAD

09:45 – 10:15 Lancement de la Semaine de l’évaluation: Transformer l’Afrique par le Top 5

Charles Boamah, Vice-Président Finances, BAD (Représentant du Président Adesina)

10:15 –10:30 Pause-café/thé

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Mercredi, 9 novembre 2016

Réaliser le Top 5: Nourrir l’Afrique | Industrialiser l’Afrique

09:00–11:30 Nourrir l’Afrique

Modérateur: Oscar Garcia, Directeur, Bureau de l’évaluation indépendante, FIDA

09:00–09:30 Discours: Nourrir l’Afrique – progrès, défis, et opportunités

J. Chris Toe, Conseiller principal sur les plans stratégiques de pays, Division des politiques et programmes, PAM

10:30–12:30 Discussion de haut niveau: Opportunités et défis pour réaliser le Top 5

Modérateur: Erik Nyindu Kibambe, Directeur de l’information, VOX Africa

Remarques liminaires:

S.E. Nialé Kaba, Ministre du Plan et du Développement, Côte d’Ivoire

Panélistes:

S.E. Batio Bassière, Ministre de l’Environnement, Burkina Faso

Kako Nubukpo, Directeur de la Francophonie économique et digitale, OIF (ancien ministre du Togo)

Antonin Dossou, Directeur à la BCEAO (ancien ministre du Bénin)

Koffi Yao, Directeur de cabinet, Ministère du plan et du développement, Côte d’Ivoire

12:30–14:30 Déjeuner | Déjeuner-débat

Maria Aguirre, Université Catholique d’Amérique, USA

14:30–17:00 Panel de discussion: Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie: Sur la voie des énergies renouvelables

Modérateur: Ronald Meyer, Administrateur, BAD

Panélistes:

Marc Albérola, PDG, Groupe Eranove/Directeur des opérations, Eranove Côte d’Ivoire

Elias Ayuk, Directeur, UNU-INRA, Accra

Amadou Hott, Vice-président chargé de l’électricité, de l’énergie, du climat et de la croissance verte, BAD

Aka Hyacinthe Kouassi, Conseiller d’administrateur, BAD

Vanessa Ushie, Conseillère principale en politiques sur les industries extractives, Oxfam

15:30–15:45 Pause-café/thé

Programme

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09:30–11:30 Panel de discussion: Renforcer l’agriculture et la sécurité alimentaire

Panelists:

Daniel Alberts, Cadre supérieur, Agriculture et Nutrition, GAIN

Anne-Sophie Le Dain, Responsable Nutrition, UNICEF

George Mavrotas, Directeur de recherche & Chargé de programme, Programme d’appui à la stratégie du Nigéria, IFPRI

Fadel Ndiame. Directeur régional, AGRA Afrique de l’Ouest

Chiji Ojukwu, Directeur, Département de l’Agriculture et l’Agro-Industrie, BAD

10:30–10:45 Pause-café/thé

11:30–12:30 Présentation: suivi et évaluation sur la base des résultats– un changement de paradigme pour accélérer la transformation de l’Afrique

Pindai Sithole, Directeur, Recherche et évaluation sociale, Centre pour le développement et la recherche dans l’évaluation (CeDRE Afrique).

12:30–14:30 Déjeuner | Déjeuner-débat

Indran Naidoo, Directeur, Bureau d’évaluation du PNUD

14:30–17:00 Industrialiser l’Afrique

Modérateur: Sumir Lal, Directeur, Affaires externes, Banque Mondiale

Introductory Remarks:

Massogbè Toure-Diabate, Présidente de la Commission pour le développement de l'entrepreneuriat féminin, CGECI

Présentation: Résultats du Rapport de synthèse sur l’évaluation du secteur privé

Per Øyvind Bastøe, Directeur, Département de l’évaluation, NORAD

Panel de discussion: La Voie à Suivre

Panélistes:

Per Øyvind Bastøe, Directeur, Département de l’évaluation, NORAD

Mariam Dao Gabala, Directrice générale de MDG Consulting et Présidente du Conseil d’administration de Solidaridad

Edward Marlow, Responsable SSA Client Group, Crédit Suisse

Soraya Mellali, Administrateur, BAD, Modérateur

Tim Turner, Responsable en chef des risques, BAD

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Programme

Jeudi, 10 novembre 2016

Réaliser Le Top 5: Améliorer la qualité de vie des Africains | Intégrer l’Afrique | Évaluer le Top 5 | Remise des prix

09:00–10:00 Ameliorer la Qualite de vie des Populations Africaines

Face à face: Frannie Léautier, Vice-présidente principale, et Rakesh Nangia, Évaluateur général, BAD et Rakesh Nangia, Evaluateur Général, IDEV, Banque africaine de développement

10:00 – 12:00 Intégrer l’Afrique

Modérateur: Sunita Pitamber, Directrice, Département du développement humain, BAD

Présentation: Intégrer l’Afrique: Qu’est-ce qui fonctionne et pourquoi?

Fredrik Söderbaum, Université de Gothenburg, Suède

10:30–10:45 Pause-café/thé

10:45–12:00 Participants/Questions/réponses

Nyamajeje Calleb Weggoro, Administrateur, BAD

12:00–14:00 Déjeuner | Déjeuner-débat

Présentation: L’utilisation de smartphones pour la collecte de données – L’engagement des citoyens dans le suivi de la mise en oeuvre des politiques publiques.

Miltiade Tchifou Dieffi, Association camerounaise pour le développement de l’évaluation

14:00–16:00 Table ronde: L’évaluation comme moyen de grimper la courbe d’apprentissage du Top 5

Modérateur: Simon Mizrahi, Directeur du département des Résultats et du contrôle de la qualité, BAD

Panélistes:

Oscar Garcia, Directeur, Bureau indépendant de l’évaluation, FIDA

Keith Leonard, Expert en évaluation du développement, BERD

Indran Naidoo, Directeur, Bureau d’évaluation du PNUD

Rakesh Nangia, Evaluateur Général, IDEV, Banque africaine de développement

Zenda Ofir, Présidente, Centre International pour l’Evaluation et le Développement, Nairobi et Professeure Agrégée, School of Public Leadership, Université de Stellenbosch, Afrique du Sud

Saphira Patel, Directrice, Unité d'évaluation des opérations, DBSA

15:00–15:15 Pause-café/thé

16:00–16:45 Remise des prix: Concours de rédaction | Concours photo

16:45–17:00 Discours de clôture

Rakesh Nangia, Evaluateur Général, IDEV, Banque africaine de développement

17:00 Cocktail

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Evaluation Matters: Sem

aine de l’évaluation 2016

Évaluation indépendante du développementBanque africaine de développement

Évaluation indépendante du développementBanque africaine de développement

Tél: +225 20 26 20 41Fax: + 225 20 21 31 00Courriel: [email protected] Site internet: idev.afdb.org

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