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Publication du conseil guadeloupEen pour les langues indiennes A u C R D P d e G u a d e l o u p e Kathleen MARVEAUX, élève de 3e du Collège de La Boucan (Ste Rose, Guadeloupe), a remporté haut la main le prix Félix Éboué 2013. Son prix lui a été remis par Madame Valencia Sidambarom, descendante de 4 e génération d’Henry Sidambarom. [Page 6] West India est le magazine qui présente l’essentiel des informations culturelles indiennes en Guadeloupe et dans le monde. Spécial Pongal Guadeloupe Prix Félix Éboué : «Communiquer est un don» Hommage à l’éloquence d’Henry Sidambarom Le Pongal a été célébré en Guadeloupe, après plus d’un siècle … C’était la seule période de congé accordée annuellement aux pre- miers immigrants indiens en Guadeloupe et en Martinique. [Page 2] Sommaire Éditorial Un peuple mêlé Page 02 Pleins Feux Spécial Pongal Guadeloupe Page 02 Événement Prix Félix Éboué Hommage à l’élo- quence d’Henry Sidambarom Page 06 Dossier du mois Le madras :l’épopée d’une étoffe Page 09 Littérature Ernest Moutoussamy : De la Case d’habitation au Palais Bourbon Page 11 Association Calcutta Rescue : Un immense travail Page 12 Histoire : Archives Le Moniteur officiel des Établisse- ments Français de l’Inde Page 15 Humour page 12

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Publication du conseil guadeloupEen pour les langues indiennes

Au CRDP de Guadeloup e

Kathleen MARVEAUX, élève de 3e du Collège de La Boucan (Ste Rose, Guadeloupe), a remporté haut la main le prix Félix Éboué 2013. Son prix lui a été remis par Madame Valencia Sidambarom, descendante de 4e génération d’Henry Sidambarom. [Page 6]

West India est le magazine qui présente l’essentiel des informations culturelles indiennes en Guadeloupe et dans le monde.

Spécial Pongal Guadeloupe

Prix Félix Éboué : «Communiquer est un don» Hommage à l’éloquence d’Henry Sidambarom

Le Pongal a été célébré en Guadeloupe, après plus d’un siècle … C’était la seule période de congé accordée annuellement aux pre-miers immigrants indiens en Guadeloupe et en Martinique. [Page 2]

Sommaire Éditorial Un peuple mêlé Page 02

Pleins Feux Spécial Pongal Guadeloupe

Page 02 Événement Prix Félix Éboué Hommage à l’élo-quence d’Henry Sidambarom

Page 06 Dossier du mois Le madras :l ’épopée d’une étoffe

Page 09 Littérature Ernest Moutoussamy : De la Case d’habitation au Palais Bourbon

Page 11 Association Calcutta Rescue : Un immense travail

Page 12 Histoire : Archives Le Moniteur officiel des Établisse-ments Français de l’Inde

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Humour page 12

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Page 2 West India Avril 2013 - N°28 Pleins Feux

UN UN PEUPLEPEUPLE MÊLÉMÊLÉ Elle était âgée. Elle était la mè-re de beaucoup d’enfants ai-mants. Elle a quitté ce mon-de. Catholique

baptisée : à sa veillée, un groupe de pratiquants de son église, a fait les prières, com-me il convient. Parmi ses en-fants, il y en a de confession adventiste : une chorale de cette église a chanté des louanges, avec talent. La fa-m i l l e e s t i n d o -guadeloupéenne : et le relais a été assuré par des chan-teurs et des musiciens de cette tradition. Les chants en tamoul ont duré très tard dans la nuit. Un groupe d’in-do-Trinidadiens, en Guade-loupe pour d’autres raisons, est venu rendre hommage à la défunte, et a apporté sa contribution de leurs chants traditionnels en hindi : l’un d’entre eux a utilisé un mata-lon, faute de dholak, et des Guadeloupéens de toutes ori-gines accompagnaient aux talons. Osons le dire : ce fut un intense moment de com-munion et d’émotion, parmi les musiciens, les chanteurs, et ceux qui ont eu le privilège d’être présents. Qu’est-ce à dire ? Rien. Il en est ainsi. Nous sommes un peuple mêlé.

Fred Négrit

Éditorial Spécial Pongal Guadeloupe Le Conseil Guadeloupéen Pour les Langues Indiennes (CGPLI) a renouvelé la tradition de fête, célébrée par les premiers immi-grants indiens arrivés en Guadeloupe, en organisant le Diman-che 13 janvier 2013, à Belin (Port-Louis) une fête dans la plus pure tradition de l'Inde tamoule.

Au programme : Marché Agricole, Exposition sur la fête du Pongal, Foire culinaire, Défilé de chars à bœufs, Cuisson du riz selon la tradition du Pongal, partie artistique (Musique et chants traditionnels tamouls)

Le Pongal est historiquement une fête séculière indépendante de l'hindouisme, ce qui pourrait indiquer une origine très ancienne. Pon-gal ( ெபாங்கல்) est un mot tamoul qui signif ie littéralement « bouilli par-dessus ». C’est une fête des moissons et d'actions de grâce, mais aussi propitiatoire de l' Inde. Principalement célébré en Inde du Sud, particulièrement au Tamil Nadu, en Andhra Pradesh et au Karnataka, le Pongal est célébré aussi à Singapour et en Malaisie où il existe des communautés ta-moules. Malgré cette prépondérance de l' Inde du Sud, on reconnaît cette fête dans d'autres parties de l' Inde, dans le Nord par exemple où elle por-te le nom de Makar Sankranti. Au Maharashtra et dans le Goujerat, elle prend la forme d'un concours de cerf-volant. Au Penjab et en Ha-ryana elle est célébrée sous le nom de Lohri.

Temps fort de la Fête du Pongal: La cuisson du riz

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Page 3 West India Avril 2013 - N°28 Pleins Feux

Spécial Pongal Guadeloupe Le Pongal était la seule pério-de de congé accordée an-nuellement aux premiers im-migrants indiens en Guade-loupe et en Martinique. De rares documents d’archives mentionnent cette célébration en Guadeloupe et en Martini-que, mais même si le terme est encore connu en Guade-loupe, cette fête n’y avait pas été célébrée depuis plus d’un siècle.

Le Pongal était célébré en Martinique au 19e siècle. Sin-garavélou cite le récit d’un planteur du François, daté de 1855. Depuis, malgré une ti-mide tentative récente (2011), cette fête est tombée en désuétude.

"Article 8. Les jours de repos dus à l'engagé sont les dimanches, la fête des morts, la fête nationale et quatre jours de congé au commencement du mois de janvier de chaque année pour célébrer la fête du Pongal."

Offrande rituelle du riz

Kolam, à l’entrée de la manifestation

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Page 4 West India Avril 2013 - N°28 Pleins Feux

Spécial Pongal Guadeloupe

Préparation du stand Foire culinaire

Avant le Pongal

Défilé vers le rituel de cuisson du riz

Ballade particulièrement appréciée des enfants Marché agricole

Expositions

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Page 5 West India Avril 2013 - N°28 Pleins Feux

Le deuxième jour es t le jour du Pongal. Il est consacré au dieu d u So leil sans q ui la nature terrestre ne serait rien. Les pujas d ébutent à l'aube. C'est un grand jo ur pour la pratique du kolam.

On prépare, tô t le matin, d u riz au lait sucré dans un pot neuf. On laisse déborder la préparation hors du po t lors de la cuisson, po ur s'att irer la chance et la b ienveil lance des divinités... qui auront leur part réservée. Les gens préparent des en-cas et des desserts, se rendent visite et échangent des vœux.

Deuxième jour : Surya Pongal

Le troisiè me jour, on honore les anima ux surtout les vaches et les bœufs qui ont a idé à la récolte du riz. O n lave les bêtes, on polit leurs cor nes, que l’on peint et que l’on décore avec des petits chapea ux d’arge nt, et on met des guir landes autour du cou du bétail.

Troisième jour : Mattu Pongal

Le dernier jour marque le Kanya Pongal. Les sœurs prient pour le bonheur de leurs frères. Les filles préparent les bo ules co lo rées de r iz cuis iné pour manger. Il est coutumier aussi de laisser aussi des boules de riz à l’extérieur, pour les oiseaux. Pongal est directement associé au cycle annuel des saisons. Il marque no n seulement la ré-co lte de la mois son, mais aussi le retrait des moussons du sud-est qui ont abreuvé l’Inde du Sud. Cette fête anno nce la fin d’une saison et l’entrée dans une autre. Ainsi la célébration de Po ngal, liée au net-toyage de la maison et de la rue, marque le début d ’une nouvelle vie.

4ème jour : Kanya Pongal

Bhogi Pongal es t le jour dédié à la famille et au foyer. C’est le temps du grand ménage : on balaie avec grand soin la maison et la rue, on jette les objets trop usagés, on brûle les vieux vêtements en pet its tas, à l’aube, dans un bûcher qu’on allume dans le jard in ou sur le bord de la route. Ce jour célèb re le Dieu Indra, "le régulateur des nuages et le fai-seur de pluie". Les maisons sont décorées avec des kolams.

Premier jour : Bhogi Pongal.

Spécial Pongal Guadeloupe

En Inde le Pongol est d'abord l 'une des fêtes les plus importantes du Tamil Nadu. C'est la fête de la moisson. Les cé-lébrations s’étendent sur quatre jours.

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2e prix : Hadadja HIPPON. La rigueur de son argumentation a pesé : l’éloquence peut être bel-le si elle est bien utilisée.

3e prix : Marvin BEBEL. Il a trouvé le mot juste en évoquant l’apport culturel venu de l’Inde, et a appelé à la reconnaissance.

Page 6 West India Avril 2013 - N°28 Événement

Il n’y avait pas photo : Kathleen MARVEAUX, a été excellente lors de sa prestation pour le Prix Félix Éboué 2013, le jeudi 18 avril dernier au Ciné-théâtre du Lamentin (Guadeloupe). Son prix lui a été remis par Madame Valencia Sidambarom, descendante de 4e génération d’Henry Sidambarom.

Les applaudissements du pu-blics ne laissaient aucun doute. Kathleen, en classe de 3e au Collège de La boucan (Ste Ro-se, Guadeloupe) avait ravi les cœurs. Son jeu scénique, son habileté à intervenir en interacti-vité avec son auditoire, et son brio à démontrer la force de cet outil qu’est l’éloquence, lorsqu’il

est utilisé avec maestria : « Communiquer est un don » dira-t-elle. Le jury a salué la qualité des prestations, et du travail réalisé au sein des établissements sco-laires. Les trois autres prix remis aux candidats ont tenu compte du sérieux de ce travail :

Prix Félix Éboué : «Communiquer est un don» Hommage à l’éloquence d’Henry Sidambarom

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Prix spécial : Marika Kadmi pour son intervention en créole. «Henry Sidambarom rivé fè bel bitin». Au-delà de son combat pour les premiers immigrants indiens en Guadeloupe, Il a su mettre en avant des valeurs es-sentielles, des valeurs de la France.

Dans son intervention, M. le rec-teur a salué le courage des can-didats, et a rappelé les aspects positifs d’un tel concours, en Guadeloupe, peuple de l’oralité, entre autre : encourager à pren-dre la parole.

Le petit-f ils d’Henry Sidamba-rom, M. Jacques Sidambarom, est aussi intervenu brièvement en soulignant l’intérêt de mettre en avant, au sein du système éducatif, ce personnage unique qu’est Henry Sidambarom.

Alexandra Mounsamy

West India est le magazine qui présente l’essentiel des infor mations culturelles indiennes en Guadeloupe et dans le monde.

Publié par le Ser vice Communicati on du Conseil Guadeloupéen pour les

Langues Indiennes (CGPLI) 53 Chemin-Neuf - 97110 Pointe à Pitre,

Guadeloupe, French West Indies. Tél. 0590 82 12 97

Email : [email protected] Site : http://www.cgpli.org

Directeur de la Publication : Fred Négrit Contributeurs du numéro :

Myriam Alamkan, Isabelle Mouesca, Valérie Perian, Alexandra Mounsamy,

Alexina Mékel.

Imprimé par : CGPLI Mention : les opinions exprimées dans les articles signés ne sont pas nécessairement celles du CGPLI

N°28 - Avril 2013

West India

Claude Rivier, délégué académique, orga-nisateur du concours.

Page 7 West India Événement Avril 2013 - N°28

«Prix Félix Éboué

Des membres du jury (composé de Mme Valencia Sidambarom, de personnels de l’Éducation Nationale, d’écrivains, de membres de la presse) en compagnie de M. le Recteur. Notons la présence dans le jury, du Chargé de Communication au CGPLI : Mme Alexandra Mounsamy (en blanc)

M. Jacques Sidambarom

M. le Recteur

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© Photo Claude Rivier

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Page 8 West India Avril 2013 - N°28

Prix Félix Éboué : les candidats Événement

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Le madras : l’épopée d’une étoffe

Page 9 West India Dossier du mois Avril 2013 - N°28

Le madras est très souvent associé à la tenue traditionnelle des Antilles fran-çaises et de la Guyane. Un des plus anciennes chansons créol es le fait rimer avec les foulards et les colliers choux. « Adieu foulard, adieu madras… » est généralement attribuée au Marquis de Bouillé, ancien gouverneur de la Gua-deloupe à la fin du 18ème siècle…Mais l’imaginaire populaire lie durablement tissu madras et immigration indienne de la fin du 19ème siècle ! Un raccourci historique qui occulte en fait une très jolie histoire. Le madras tissé en Inde était un tissu à chaine de soie et à trame de coton (voire Grand Larousse Encyclopédique). Il est diffé-rent des madras actuellement connus en Amérique qui s’en sont inspirés. En 1802, Moreau de Jonnès no-tait : « Je dirais seulement qu’on avait fait de nombreux envois de bonnets de femmes, ignorant qu’on n’en avait ja-mais fait usage aux Antilles, où les dames ne se servent que de chapeaux de paille, et les femmes de couleur de mouchoirs bariolés des Indes dont elles font coi ffure des plus coquettes (page 172, tome 2. Alexandre Moreau de Jonnès. Aventures de guerre au temps de la République et du Consulat. Pa-gnerre, 1858.) L’expression « mouchoirs bariolés des Indes » ne doit pas faire croire que les cotonnades portées aux Antilles prove-naient effectivement d’Inde. En réalité, les Européens vont faire

tisser et teindre le coton chez eux. Bien loin de l’Inde, le tissu madras est pro-duit dans la campagne française autour de la ville de Rouen en Normandie. C’est à cette ville que l’on associe gé-néralement les indiennes qui désignent des étoffes de coton peintes ou impri-mées vendue en France dès le XVIIIè-me siècle bien que la production ne s’est pas limité à cette ville. Un auteur rapport e que la ville des

Sainte-Marie aux Mines (Haut -Rhin) se distinguait pour la fabrication de ses « madras et guingamps » (page 724, tome 1er. Dictionnaire du commerce et des marchandises, sous la direction de M. Guillaumin, Guillaumin éditeur 1841). Aux Antilles et en Guyanes, le tissu Guingamp n’a pas laissé de sou-venir mais c’est, tout comme le ma-dras, un tissu à carreaux ou à rayures cependant son coton est plus fin et lus-tré. Qu'est ce que le madras? « Madras (étoffe). On nomme madras une étoffe légère port ant une demie aune, deux-tiers et jusqu’à trois quarts d’aune, et servant le plus ordinairement aux fem-mes pour fichu de tête ou petit mou-choir du cou. Les plus beaux madras remplacent aussi quelques fois les fou-lards pour hommes, dont ils imitent assez l’éclat et le brillant. Les madras sont des tissus de coton, unis, ras, im-primés ordinairement à carreaux ; le tissage en est fait à la mécanique. Le nom de madras vient que les premiers nous sont parvenus de Madras, ville des Indes, située sur la Côte de Coro-mandel, et où se faisait un grand com-merce de ces sortes d’étoffes. C’était jadis sous le nom de madras que s’ex-portait tous les produits de Masulipat-nam, Pondichéry, Karikal et autres villes voisines.

(au premier plan: les Aînés du Lamentin. En arrière plan M. J Gillot, président du Conseil Général de Guadeloupe, M. J Toribio, Maire du Lamentin) Remarquez les coiffes tradition-nelles en madras.

©Photo Myriam Alamkan

(Brunias A. The Negroes dancing inthe island of Dominica circa 1780) Remarquez les tissus à carreaux.

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Page 10 West India

Le madras ….. Avril 2013 - N°28

Aujourd’hui, ces étoffes se fabriquent en abondance en France, mais plus particulièrement à Rouen ; on en tire aussi beaucoup de l’Alsace. De tous les madras de France, les meilleurs sont ceux de Rouen. Ce fut M. Talon qui apporta dans cette ville l’invention de cette étoffe, et il dut à la fabrique qu’il y établit une rapide et brillante fortune. Il est vrai alors que les madras à cause de leur rareté se vendaient très cher, et que M. Talon n’avait pas à lutter contre la concurrence. Maintenant, les madras sont très communs. Il en est bien peu qui nous arrive directement des Indes. On vend des madras depuis 20 et 25 sous jusqu’à 3 et 4 francs ; ceux de 20 et 25 sous se déteignent et sont d’une bien faible qualité. Les madras font parties des diverses toiles de coton peintes et imprimées ; mais dans le madras, le trait seul est imprimé, et tout l’intérieur est fait au pinceau. Plusieurs de nos fabriques sont presque parve-nues à la ténacité des couleurs de l’O-rient, ce qui dépend principalement des préparations que reçoit le tissu et de la nature des mordants qui y sont appli-qués. A Paris, il se fait grand débit de madras chez les marchands de rouenne-ries, de nouveautés, et même dans les boutiques dites de mercières. Parmi les gens de la campagne, l’humble madras, c’est le cachemyr superbe de la ville. C’est à tort que l’on donne souvent le nom de madras au gros de Naples à carreaux, dit gros de Naples écossais ; il n’y a rien de commun entre ces étof-fes que leur ressemblance extérieure, car tandis que les madras sont en coton, le gros de Naples est un tissu de soie dont la chaîne et la trame sont beau-

coup plus fortes. E. Pascallet. » (Page 199-200, Dictionnaire de la conversa-tion et de la lecture, tome XXXVI. Belin-Mandar, 1833) Nous sommes près de 20 ans avant l’arrivée de l’Aurélie aux Antilles avec ses premiers immigrés indiens…Le madras tissu né en Inde a été copié et reproduit en Normandie et en Alsace est devenu un élément de la tradition antillo-guyanaise. Dans mon placard, j’ai mon carré de madras comme beau-coup de femmes de ma région, il a fait un long voyage d’Inde à l’Europe et de l’Europe aux Antilles où il est désor-mais un des symboles de l’identité an-tillaise.

Myriam Alamkan Madras vers 1861

Coiffure de la Martinique, l'Illustration daté du 17 mai1902

Dossier du mois

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Page 11 West India Littérature

Ernest Moutoussamy : De la Case d’habitation au Palais Bourbon

Conçue pour aborder l 'étude du sitar au tout début, cette méthode de Brigitte Menon contient les informations de base pour acquérir les fondations tant pour la technique du sitar que pour une culture générale de la musique Hindoustanie. La technique enseignée ici est la base de l 'enseignement de l 'école stylistique nommée «Imdadkhani Gharana». Le DVD contient 14 clips vidéos (durée totale: 2h00), un document pdf de 28 pages, 2 fichiers audio mp3. Il est disponible sur le site : http://www.sitar-music.com/

Vient de paraître

Sitar Tuteur Débutant 1

A travers ce nouvel ouvrage Ernest Moutoussamy retrace son entrée en po-litique. Le dimanche 2 1 j u i n 1981, « paulo », devient député de la Guadelou-pe ! Surpassant ainsi, contre toute attente, son rival de l’époque qui avait un véritable ascendant politi-que, financier…sur la majorité de la po-pulation. Date décisive qui marque le début de sa longue carrière po-litique. Il nous fait revi-vre avec émotion cette tran-

che de sa vie. Du début de sa campagne, p o l i t i q u e avec tou-tes les m éprises et cruau-tés qu’il a dû subir n o n s e u l e -m e n t de par s o n p a r t i pol i ti -q u e m ais aus -si de

son origine in-dienne. Jusqu’à sa presti-gieuse et tant attendue ren-

contre avec l’Homme Ai-mé Césaire. Avec un style qui lui est pro-pre il y asso-cie des pas-sages de poé-sie, comme pour nous bercer à travers une histoire, son histoire. Fier de ses origines, fier de son pays, qu’il a tous deux toujours défendu avec assu-rance. C’est avec une intense ferveur qu’il nous livre son parcours, cette tranche de sa vie tant sur le plan personnel que politique. De la Case d’habitation au Palais Bourbon ! Editions Nestor, 2011. ISBN: 978-2-36597-000-6, 212 pages.

Valérie PERIAN

Avril 2013 - N°28

« Mon parcours port ait l es mar ques d'un chemin de croix. Le « Ti M al ab a » av ait osé s' att aqu er à l'ho m m e po-

litiqu e le plus puiss ant du pays . Un mul âtr e de haute st atur e, so cialist e dans s a j eun esse , dev enu l e pr in cipal

pili er de l a droit e depuis l a sig nat ure du progr am me co m mun de la gau che. Co m pétent , et res pect é. Il av ait

occupé pr esqu e tous les post es él ectifs . Il ne lu i m an qu ait plus qu e le m an dat de député pour couronn er un e car-

rièr e pol itiqu e ex ceptio nn elle .

Préfets et perso nn alit és le s alu ai ent bi en bas . Jam ais il n' admit q ue j e puisse cont est er son aut orité dans s a

co m mun e. Je m' ét ais ég aré , dis ait-il. En fait , il mit tout en œuvr e pour me br iser et me dégoût er. C' ét ait t elle-

m ent plus agréabl e de rég ner s ans o pposition cr édibl e! D' aut ant que l e pouvoir n' ét ait pas part ag é. Il cu mul ait

toutes les fon ctions . y co mpr is celle de secr ét air e de m airi e. Il n'y en eut pas pen dant longt em ps. A vocat de pr o-

fessi on, m air e de l a co mm une depuis plus de trois décen ni es, il s e fais ait appel er « M aîtr e ». P as du fait de sa

profession ! Mêm e si , d isait-on, il ét ait brill ant . M ais, parce qu'il se cons idér ait co m me l e m aitr e des li eux où l es

citoy ens s e co m port ai ent en sujets et n’os ai ent point l e contr arier . D’ailleurs , pen dant près d’un qu art de si ècl e

nul ne troubl a s a qui étu de.

Quand j e co m men çai l e co mb at pol itiqu e contr e lui, l a co m mun e se cris pa co ntre moi polit iqu em ent et et hni-

quem ent . D e gré o u de force ? »

De la Case d’habitation au Palais Bourbon ! Extrait, pages 9-10.

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Il n'y a pas de bureau luxueux. Pas de salaire de cadre. Pas d'équipe-ment High tech. Pas de climatisa-tion. Pas de voiture de fonction. Il n'y a pas de compte pour dépense personnelle. Pas de divertissement, pas de pot financé par la direction.

Pas d'espaces verts autour du bâti-ment. Le siège de Calcutta Rescue. Cha-que roupie compte. La simplicité des locaux contraste avec l 'ampleur de la tâche. Il y aurait plus de 70000 sans abris à Kolkata. Un tiers de la population de cette immense mégapole vivrait dans les slums. Calcutta Rescue est une Organisa-tion Non Gouvernementale au ser-vice des personnes socialement et économiquement les plus défavori-

Calcutta Rescue : Un immense travail sées à Kolkata et dans le West Bengal. Indépendamment du gen-re, de l 'âge, de la caste, de la reli-gion. Le Prix de la meilleure ONG de l 'In-de a récompensé en 2009 cet im-

mense travail. L’organisation fonctionne avec une équipe permanente de quelque 160 employés, composée uniquement de professionnels indiens qualifiés tels que médecins, maîtres d’école, comptables, éducateurs de santé, pharmaciens et de nombreux au-tres aides recrutés souvent parmi les anciens patients. Le seul euro-péen travaillant de manière perma-nente à Calcutta est bien sûr le Dr Jack, fondateur de cette magnifique oeuvre humanitaire.

En août 1979 Jack Preger arrive à Calcutta et s’installe sur le trottoir de Middleton Row, avec une simple bâche et quelques bidons de médi-caments afin d’offrir des traitements médicaux gratuits aux pauvres. Le gouvernement lui intente un procès

et cherche à l 'expulser, lui interdire d'exercer. Durant toutes les années du procès où il ne peut quitter l 'Inde, ses ef-forts et sa détermination attirent peu à peu l’attention de nombreux voyageurs occidentaux qui s’arrê-tent quelques semaines ou quel-ques mois pour lui prêter main for-te . Le projet prend peu à peu de l’ampleur. A ce jour, l ’organisation compte pas moins de 4 cliniques de jour (avec environ 250-350 patients par jour,

Avril 2013 - N°28 Association

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Calcutta Rescue : Un immense travail

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Calcutta Rescue : Un immense travail soignés et éduqués à l 'hygiène et la santé), plusieurs équipes médicales ambu-lantes pour la population des rues et des slums (Out-Reach Pro-gramm), 2 écoles (avec environ 500 bénéfi-ciaires dont 300 élèves, prodiguant instruction, nourriture, soins dentai-res, immunisation, matériel scolaire etc.), 2 ateliers d’apprentissage du tissa-ge et un atelier d’artisanat pour la

réintégration professionnelle d’an-ciens patients, dans le cadre d'un programme de commerce équita-ble. L’organisation collabore aujourd'hui avec le gouvernement indien et des hôpitaux de Kolkata notamment pour fournir aux patients pauvres des traitements gratuits contre le HIV, la tuberculose, la thalassémie et la lèpre. Il existe un programme

patients... Pourtant par mois 800 roupies (12 euros) suffisent pour le traitement d'un diabétique, 1600 à 2000 rou-pies pour la scolarisation d'un en-fant, 3800 pour un tuberculeux souffrant de la souche résistante de la maladie, 2700 pour traiter un pa-tient atteint de cancer, 4200 pour une personne atteinte du SIDA. D'ailleurs de toutes les organisa-tions Calcutta Rescue est la seule en Inde administrant la troisième

ligne pour le HIV, jugée trop coû-teuse par les autres. Plus que jamais, chaque roupie compte. Surtout celle que nous saurons donner. liens : http://www.calcuttarescue.org/ http://www.jackpreger.com/

de suivi et éducation pour mère-enfant, un projet de rééducation pour personnes handicapées, un programme d'immunisation. Calcut-ta Rescue est également à l ’origine d’un programme d’assainissement d’eau qui consiste à installer des pompes munies de filtres anti-arsenic qui permettent à des mil-liers de villageois autour de Kolkata un accès à de l’eau potable. Un magnifique travail, un immense

investissement ; mais la majorité des 750 000 € nécessaires annuel-lement au fonctionnement de cette ONG aidant pas moins de 100 000 personnes par an ne vient pas du gouvernement, mais de groupes de soutien en Europe, au Canada, aux États Unis (ou de petites boites de dons un peu partout ; où l 'on a bien voulu les accepter). Aujourd'hui la crise ne les épargne pas. Pour la première fois, il faut refuser des

Avril 2013 - N°28

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Page 15 West India Le Moniteur officiel

Histoire : Archives Avril 2013 - N°28

La revue Historiacte, nous communique un document tiré du numéro du 1er janvier 1889 du Moniteur Officiel des Établissements Français dans l’Inde. Il s’agit de la liste des personnes désignées par le gouverneur pour faire partie – en 1889 – des jurys appelés à fixer les indemnités en cas d’expropriation pour cause d’utili té publique. Ce docu-ment nous semble revêtir un intérêt certain, en tant qu’outil d’aide à la recherche patronymique, sinon généalogique, des descendants d’indiens. Nous le publions avec l’autorisation du Directeur de la Publication, M. jack CAILACHON, que nous remercions vivement.

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Page 16 West India

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Humour

Oh mon Dieu ! Faites que notre vol soit retardé aujourd’hui !!!

Ne déplacez pas ce panneau, Monsieur l’agent, Ce n’est pas une affiche é lectorale,

C’est le nom de ma compagnie !

Le système éducatif indien

Par souci d’égalité des chances vous passerez tous le même examen

de sélection : veuillez grimper à cet arbre, s’il vous plait.

Éducation ix9a

Avril 2013 - N°28