Le défilé aérien du 14 juillet

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C omme chaque année, des millions de spectateurs suivent le défilé du 14 Juillet. Qu’ils soient devant leur poste de télévision ou sur l’avenue des Champs- Élysées, passionnés d’aéronautique ou amateurs, nombreux sont ceux qui souhai- tent profiter du passage des aéronefs dans le ciel parisien. Pour le public, l’aisance avec laquelle les formations défilent laisse souvent penser que cette manœuvre n’est qu’une simple formalité. Pourtant, qui pourrait se douter en admirant ces oiseaux de fer passer au-dessus de Paris, que des centaines d’hommes et de femmes sont mobilisés afin de garantir la réussite de ces quelques minutes de précision ? Dans l’om- bre du show aérien, des aviateurs veillent à De l’organisation à la protection du défilé aérien du 14 Juillet, des aviateurs de toutes spécialités ont œuvré pendant plusieurs mois pour dix minutes de show. Discrets, ils sont pourtant à l’origine de la réussite de cet événement. 14 Juillet Dans l’omb re du défilé aérien sa réalisation en toute sécurité. Leur mobi- lisation est indispensable pour offrir un spectacle sans cesse renouvelé et au sein duquel les plus grands ambassadeurs des armées se succèdent. Tout commence sur les bases aériennes ou sur les aérodromes situés en périphérie de la capitale. En effet, le jour même du défilé, la plupart des aéronefs ne décollent pas de leur site d’implantation. « Cette année, les bases aériennes 105 d’Évreux et 110 de Creil assurent l’ac- cueil de la majorité des avions de chasse et des hélicoptères », expli- que le lieutenant-colonel Thierry Coupeau, chef de la division manifestations aériennes du commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA). Sur la base aérienne d’Évreux, par exemple, c’est près d’une quarantaine d’avions de chasse restauration. « Treize ans déjà que je participe au défilé aérien du 14 Juillet en accueillant les chasseurs à Évreux, confie l’adjudant-chef Le Conte des Floris. Je suis rôdé pour cet événe- ment bien qu’on ne soit jamais totalement à l’abri d’un dysfonctionnement. » Le jour du défilé, d’autres aviateurs de l’ombre interviennent pour offrir au public le spectacle tant attendu. Ils doivent assu- rer, dans une cadence millimétrée et au sein d’une zone aussi dense que celle de Paris, les arrivées des avions et hélicoptères au-dessus de la capitale. Au cœur de cette manœuvre, c’est tout un réseau de contrôleurs aériens qui est mobilisé. Pour respecter le timing, cha- que plot d’aéronefs doit être positionné vingt Ci-dessous, le P3C avec ses contrôleurs aériens et le chef du défilé aérien 2011. Ci-contre, un ravitailleur C135 suivi d’une patrouille de Rafale. dont deux Typhoon britanniques, accompa- gnés des pilotes et des mécaniciens, qu’il faut accueillir la veille du défilé, voire plusieurs jours avant l’événement. « Cela nécessite une grande organisation. L’escale aérienne doit positionner les aéronefs sur le parking et offrir aux équipages les espaces ainsi que les servi- ces dont ils ont besoin pour préparer leur mis- sion », raconte l’adjudant-chef Jean-Yves Le Conte des Floris, chef des opérations à l’es- cale aérienne. La plateforme veille, quant à elle, à la sécurité en mobilisant des pompiers ainsi que des fusiliers commandos pour sur- veiller les aéronefs toute la nuit. D’autres ser- vices sont également impliqués tels que le contrôle aérien ou encore l’hôtellerie et la Y. Rannou/Armée de l’air W. Collet/Armée de l’air Des manœuvres à la cadence millimétrée minutes avant les festivités dans des zones appelées « hippodromes » ou « circuits d’at- tente ». « Les approches successives des avions sont assurées par les organismes de contrôle aérien militaire et civil », confie le lieute- nant-colonel Coupeau. Tel un témoin passé lors d’une épreuve sportive, les contrôleurs aériens se relaient pour suivre le parcours de Texte Asp Alexandra Lesur-Tambuté 24 Air actualités n° 653 juillet - août 2012 25 Air actualités n° 653 juillet - août 2012

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Comment se prépare le passage au dessus des Champs Elysées, des mois de travail pour 10 minutes de défilé.

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C omme chaque année, des millions de spectateurs suivent le défilé du

14 Juillet. Qu’ils soient devant leur poste de télévision ou sur l’avenue des Champs-Élysées, passionnés d’aéronautique ou amateurs, nombreux sont ceux qui souhai-tent profiter du passage des aéronefs dans le ciel parisien. Pour le public, l’aisance avec laquelle les formations défilent laisse souvent penser que cette manœuvre n’est qu’une simple formalité. Pourtant, qui pourrait se douter en admirant ces oiseaux de fer passer au-dessus de Paris, que des centaines d’hommes et de femmes sont mobilisés afin de garantir la réussite de ces quelques minutes de précision ? Dans l’om-bre du show aérien, des aviateurs veillent à

De l’organisation à la protection du défilé aérien du 14 Juillet, des aviateurs de toutes spécialités ont œuvré pendant plusieurs mois pour dix minutes de show. Discrets, ils sont pourtant à l’origine de la réussite de cet événement.

14 JuilletDans l’omb re du défilé aérien

sa réalisation en toute sécurité. Leur mobi-lisation est indispensable pour offrir un spectacle sans cesse renouvelé et au sein duquel les plus grands ambassadeurs des armées se succèdent.

Tout commence sur les bases aériennes ou sur les aérodromes situés en périphérie de la capitale. En effet, le jour même du défilé, la plupart des aéronefs ne décollent pas de leur site d’implantation. « Cette année, les bases aériennes 105 d’Évreux et 110 de Creil assurent l’ac-cueil de la majorité des avions de chasse et des hélicoptères », expli-que le lieutenant-colonel Thierry Coupeau, chef de la division manifestations aériennes du commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA). Sur la base aérienne d’Évreux, par exemple, c’est près d’une quarantaine d’avions de chasse

restauration. « Treize ans déjà que je participe au défilé aérien du 14 Juillet en accueillant les chasseurs à Évreux, confie l’adjudant-chef Le Conte des Floris. Je suis rôdé pour cet événe-ment bien qu’on ne soit jamais totalement à l’abri d’un dysfonctionnement. »

Le jour du défilé, d’autres aviateurs de l’ombre interviennent pour offrir au public

le spectacle tant attendu. Ils doivent assu-rer, dans une cadence millimétrée et au sein d’une zone aussi dense que celle de Paris, les arrivées des avions et hélicoptères au-dessus de la capitale. Au cœur de cette manœuvre, c’est tout un réseau de contrôleurs aériens qui est mobilisé. Pour respecter le timing, cha-que plot d’aéronefs doit être positionné vingt

Ci-dessous, le P3C avec ses contrôleurs aériens et le chef du défilé aérien 2011.Ci-contre, un ravitailleur C135 suivi d’une patrouille de Rafale.

dont deux Typhoon britanniques, accompa-gnés des pilotes et des mécaniciens, qu’il faut accueillir la veille du défilé, voire plusieurs jours avant l’événement. « Cela nécessite une grande organisation. L’escale aérienne doit positionner les aéronefs sur le parking et offrir aux équipages les espaces ainsi que les servi-ces dont ils ont besoin pour préparer leur mis-sion », raconte l’adjudant-chef Jean-Yves Le

Conte des Floris, chef des opérations à l’es-cale aérienne. La plateforme veille, quant à elle, à la sécurité en mobilisant des pompiers ainsi que des fusiliers commandos pour sur-veiller les aéronefs toute la nuit. D’autres ser-vices sont également impliqués tels que le contrôle aérien ou encore l’hôtellerie et la

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Des manœuvres à la cadence millimétrée

minutes avant les festivités dans des zones appelées « hippodromes » ou « circuits d’at-tente ». « Les approches successives des avions sont assurées par les organismes de contrôle aérien militaire et civil », confie le lieute-nant-colonel Coupeau. Tel un témoin passé lors d’une épreuve sportive, les contrôleurs aériens se relaient pour suivre le parcours de

Texte Asp Alexandra Lesur-Tambuté

24 Air actualités n° 653 juillet - août 2012

25 Air actualités n° 653 juillet - août 2012

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chaque aéronef. Une fois les appareils placés correctement dans les circuits d’attente, c’est le poste de commandement, de conduite et de coordination (P3C) du défilé aérien qui prend la relève. Dissimulé sous une tente blanche au sommet de l’Arc de Triomphe, le P3C consti-tue le point névralgique de l’événement. Il est composé du responsable du défilé aérien, d’un officier projet, d’un météorologiste, d’une équipe de cinq contrôleurs aériens, d’un officier de la marine nationale et d’un

officier de l’armée de terre. « Les pilotes sont en échange radio avec les contrôleurs aériens postés sur l’Arc de Triomphe », souligne le commandant Cédric Tranchon, officier pro-jet du défilé aérien pour l’édition 2012. Plus connus sous l’indicatif radio « Étoile », ils constituent une étape obligatoire pour l’ar-rivée, le passage sur l’avenue des Champs-Élysées et le retour sur base de chaque avion. Par ailleurs, que serait le défilé aérien sans le déploiement de « SIC men », les spécialis-tes des systèmes d’information et de com-munication ? Sur l’Arc de Triomphe, six avia-teurs gèrent le réseau commun informatique

ainsi que les liaisons radio. Pour les contrô-leurs aériens du P3C, leur présence est indis-pensable, car « la diffusion des informations telles que les heures de référence par la radio aux pilotes doit être particulièrement claire », explique le commandant Tranchon.

Co-localisée avec le P3C, une autre cel-lule veille, quant à elle, à la sûreté aérienne lors de la mise en place du dispositif parti-culier de sûreté aérienne (DPSA) déployé à cette occasion. Armée par trois person-nes, il s’agit de la cellule de coordination

Les Forces aériennes françaises libres (FAFL) à l’honneur Les FAFL fêtent leurs 70 ans cette année. À cette occasion, le défilé aérien met à l’honneur trois escadrons de l’armée de l’air, héritiers des FAFL. Deux Rafale de l’escadron de chasse 2/30 « Normandie-Niemen », quatre Mirage 2000 RDI de l’escadron de chasse 2/5 « Île de France » et deux C135 du groupement de ravitaillement en vol 2/91 « Bretagne » survolent l’avenue des Champs-Élysées.La coopération franco-britannique confortée Deux Typhoon britanniques du 29e Squadron participent à la cérémonie du 14 Juillet 2012. Stationnés sur la base aérienne 105 d’Évreux, les avions de la Royal Air Force intègrent le plot « intervention/interarmées » de la première partie du défilé aérien.Le drone « Harfang » au sein du dispositif de sécurité Piloté depuis la base aérienne 709 de Cognac, le drone Harfang surveille l’espace aérien parisien. Ses vidéos sont directement retransmises aux différents postes de commandement du défilé via liaisons satellitaires.Le système sol-air de moyenne portée terrestre (SAMP-T) « Mamba » déployé Le SAMP-T est mis en œuvre sur la base aérienne 107 de Villacoublay. Opérationnel, le système complète l’ensemble des moyens utilisés lors du dispositif particulier de sûreté aérienne.Des formations « Rafale » pour le défilé au sol Les bases aériennes 115 d’Orange et 133 de Nancy innovent en défilant à pied en une formation qui rappelle les lignes du « Rafale ».

de l’activité aérienne (C2A2). Son objectif ? Assurer la sécurité du flux aérien et veiller, via le centre national des opérations aérien-nes de Lyon, au respect des zones interdites de survol créées pour l’événement. Pour cela, elle s’appuie notamment sur des détache-ments de liaison répartis dans les aérodro-mes avoisinant Paris. En parallèle, « dix pos-tes de guets à vue veillent à la moindre intru-sion aérienne en basse altitude et en basse vitesse susceptible de perturber le défilé », détaille le commandant Laurent Sanson,

chef de la section posture permanente de sûreté du CDAOA. Le groupe de télécom-munication d’Orléans et le groupe tactique des SIC aéronautiques d’Évreux (environ 50 aviateurs) et près de 150 spécialistes des sys-tèmes de défense sol-air complètent le dis-positif du DPSA, principalement depuis les sites de la base aérienne 107 de Villacoublay, du Mont-Valérien et du Moulin d’Orgemont. Au total, le DPSA du 14 Juillet 2012 mobilise presque 400 personnes pour sécuriser l’évé-nement et plus précisément le défilé aérien.

Contrôleurs, mécaniciens, spécialistes des systèmes d’information et de com-munication, personnel navigant, tireurs d’élite ou encore opérateurs de visua-lisation… Ce sont autant de spécialités mobilisées pour aligner dans le ciel pari-sien les 66 avions et les 32 hélicoptères de l’édition 2012. n

L’arc de « contrôle »

Situé sur l’Arc de Triomphe, le poste de commandement, de conduite et de coordination du défilé aérien (P3C) est au cœur de l’événement. Il veille au suivi et au bon déroulement du passage de chaque aéronef sur l’avenue des Champs-Élysées. Le matin du 14 Juillet, les pilotes sont en contact permanent avec le P3C.

Un timing de précision

Le « top » départ du défilé aérien est donné lorsque le président de la République s’installe dans les tribunes d’honneur. Dès lors, la Patrouille de France dispose de 12 minutes pour ouvrir le défilé aérien et survoler la Concorde. Les autres aéronefs se positionnent et s’engagent à leur tour à raison de 30 à 40 secondes d’intervalle.

Les coulisses du défilé aérien

Ci-dessus, traditionnellement, les hélicoptères clôturent le défilé du 14 Juillet.

Les circuits d’attenteAvant le début du défilé aérien, les aéronefs se rassemblent par plot de passage dans l’espace aérien parisien. Ils patientent dans des zones aériennes réservées appelées « circuits d’attente » ou « hippodromes ». Situés aux alentours de Paris, ces couloirs d’attente s’étendent jusqu’à la ville de Rouen.

Les nouveautés de la cérémonie du 14 Juillet 2012

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Web +Dossier « 14 Juillet »http://www.defense.gouv.fr/air

Les moyens aériens déployés

BA 110-Creil

BA 105-Évreux

BA 107-Villacoublay

Saint-Cyr-l’École

Cette année, 66 avions et 32 hélicoptères participent au défilé aérien du 14 Juillet 2012.Les bases aériennes ou aérodromes situés en périphérie de Paris accueillent les aéronefs venus de tous horizons.

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27 Air actualités n° 653 juillet - août 2012

Toussus-le-Noble

Rafale

Fennec

Fennec Gazelle TigrePuma

Extra 330 TB 20

C135FRE-3F

PC6

Alphajet

Patrouille de France C160 Transall GroB 120 TB 30

Caracal Cougar Dauphin

NH90 Panther

BA 125-IstresBA 702-Avord

Puma

Mirage 2000 Mirage F1 Eurofighter