PROLONGEMENT : l’héroïne tragique, un personnage ambigu (textes complémentaires)

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PROLONGEMENT : l’héroïne tragique, un personnage ambigu (textes complémentaires) Dans Le Cid de Corneille (1636), Chimène aime et doit épouser Rodrigue. Mais celui-ci a tué le père de Chimène car il avait offensé Don Diègue (le père de Rodrigue). A l’Acte III, scène 3, Chimène se lamente auprès de sa gouvernante Elvire : CHIMENE: C’est peu de dire aimer, Elvire : je l’adore ; Ma passion s’oppose à mon ressentiment ; Dedans mon ennemi je trouve mon amant ; Et je sens qu’en dépit de toute ma colère Rodrigue dans mon cœur combat encor mon père : Il l’attaque, il le presse, il cède, il se défend, Tantôt fort, tantôt faible, et tantôt triomphant ; Mais en ce dur combat de colère et de flamme, Il déchire mon cœur sans partager mon âme ; Et quoi que mon amour ait sur moi de pouvoir, Je ne consulte point pour suivre mon devoir : Je cours sans balancer où mon honneur m’oblige. Rodrigue m’est bien cher, son intérêt m’afflige ; Mon cœur prend son parti ; mais, malgré son effort, Je sais ce que je suis, et que mon père est mort. Dans Phèdre (1677) de Racine, Phèdre, épouse du roi d’Athènes Thésée, tombe amoureuse de son beau fils Hippolyte. Celui -ci refuse ses avances car il aime Aricie. Phèdre va alors voir Thésée et lui raconte qu’Hippolyte a essayé de la séduire. Le roi décide alors de faire tuer son propre fils. A l’Acte III, scène 6, Phèdre discute des évènements avec sa complice Oenone. PHÈDRE : Ils s’aimeront toujours ! Au moment que je parle, ah, mortelle pensée ! Ils bravent la fureur d’une amante insensée ! Malgré ce même exil qui va les écarter, Ils font mille serments de ne se point quitter… Non, je ne puis souffrir un bonheur qui m’outrage ; Œnone, prends pitié de ma jalouse rage. Il faut perdre Aricie ; il faut de mon époux Contre un sang odieux réveiller le courroux : Qu’il ne se borne pas à des peines légères ! Le crime de la sœur passe celui des frères. Dans mes jaloux transports je le veux implorer. Que fais-je ? où ma raison se va-t-elle égarer ? Moi jalouse ! et Thésée est celui que j’implore ! Mon époux est vivant, et moi je brûle encore ! Pour qui ? quel est le cœur où prétendent mes vœux ? Chaque mot sur mon front fait dresser mes

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Dans Le Cid de Corneille (1636), Chimène aime et doit épouser Rodrigue. Mais celui-ci a tué le père de Chimène car il avait offensé Don Diègue (le père de Rodrigue). A l’Acte III, scène 3, Chimène se lamente auprès de sa gouvernante Elvire :

CHIMENE:C’est peu de dire aimer, Elvire : je l’adore ;Ma passion s’oppose à mon ressentiment ;Dedans mon ennemi je trouve mon amant ;Et je sens qu’en dépit de toute ma colèreRodrigue dans mon cœur combat encor mon père :Il l’attaque, il le presse, il cède, il se défend,Tantôt fort, tantôt faible, et tantôt triomphant ;Mais en ce dur combat de colère et de flamme,Il déchire mon cœur sans partager mon âme ;Et quoi que mon amour ait sur moi de pouvoir,Je ne consulte point pour suivre mon devoir :Je cours sans balancer où mon honneur m’oblige.Rodrigue m’est bien cher, son intérêt m’afflige ;Mon cœur prend son parti ; mais, malgré son effort,Je sais ce que je suis, et que mon père est mort.

Dans Phèdre (1677) de Racine, Phèdre, épouse du roi d’Athènes Thésée, tombe amoureuse de son beau fils Hippolyte. Celui -ci refuse ses avances car il aime Aricie. Phèdre va alors voir Thésée et lui raconte qu’Hippolyte a essayé de la séduire. Le roi décide alors de faire tuer son propre fils. A l’Acte III, scène 6, Phèdre discute des évènements avec sa complice Oenone.

PHÈDRE :Ils s’aimeront toujours !Au moment que je parle, ah, mortelle pensée !Ils bravent la fureur d’une amante insensée !Malgré ce même exil qui va les écarter,Ils font mille serments de ne se point quitter…Non, je ne puis souffrir un bonheur qui m’outrage ;Œnone, prends pitié de ma jalouse rage.Il faut perdre Aricie ; il faut de mon épouxContre un sang odieux réveiller le courroux :Qu’il ne se borne pas à des peines légères !Le crime de la sœur passe celui des frères.Dans mes jaloux transports je le veux implorer.Que fais-je ? où ma raison se va-t-elle égarer ?Moi jalouse ! et Thésée est celui que j’implore !Mon époux est vivant, et moi je brûle encore !Pour qui ? quel est le cœur où prétendent mes vœux ?Chaque mot sur mon front fait dresser mes cheveux.Mes crimes désormais ont comblé la mesure :Je respire à la fois l’inceste et l’imposture ;Mes homicides mains, promptes à me venger,Dans le sang innocent brûlent de se plonger.Misérable ! et je vis ! et je soutiens la vueDe ce sacré Soleil dont je suis descendue ! […]