Paris, le 7 avril 2015

Projet stratégique de Radio France

2015-2019

Introduction

1. Radio France, radio de tous à l’ère numérique

Objectif 1 : Offrir une gamme de radios d’exception au public le plus large

Objectif 2 : Intégrer les nouveaux usages de la radio

Objectif 3 : Garantir une information de référence et de proximité

2. Radio France, acteur majeur de la musique et de la culture en France

Objectif 4 : Ouvrir la musique classique à tous les publics

Objectif 5 : Faire rayonner la création et la diversité culturelle

3. Aller à la rencontre des publics et diversifier les activités

Objectif 6 : Nouveau lieu, nouveaux liens avec le public

Objectif 7 : Connaitre les publics et diversifier les activités

4. Transformer et moderniser l’entreprise

Objectif 8 : Renforcer le dialogue social et accompagner les réformes

Objectif 9 : Améliorer la performance et garantir l’exemplarité de la gestion

Objectif 10 : Mener la réhabilitation à son terme dans le respect des personnels

5. Les principes du retour à l’équilibre

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Radio France, c’est l’émotion d’un concert et celle d’un match de foot, c’est l’attention captivée et

l’esprit vagabond, c’est l’information à chaud et l’investigation, l’érudition et le rire, la culture savante et

la culture pour tous. Par cette diversité, par cette présence dans nos vies quotidiennes, par cette faculté

de partage qu’offre le son, Radio France fait bien plus qu’informer, éduquer et divertir, Radio France

crée du lien.

Ces missions n’ont rien perdu de leur actualité, bien au contraire. Face aux crises sociales, culturelles,

économiques, écologiques et politiques qui traversent notre pays, le service public de la radio doit plus

que jamais s’attacher à transmettre, créer, informer, éveiller en donnant accès à ses programmes au

plus grand nombre – et notamment ceux qui en sont le plus éloignés.

Face à une offre numérique démultipliée de radios, de musique et d’information, Radio France incarne

également la diversité de la production radiophonique et musicale. Cette diversité, c’est celle des

personnes qui font aujourd’hui Radio France : journalistes, techniciens, chargés de réalisation,

musiciens, documentalistes, producteurs, régisseurs, agents de sécurité... La Radio est « une action

humaine, autrement dit collective » avait dit le Général de Gaulle, lors de l’inauguration de la Maison de

la radio en 1963. A travers eux, c’est la qualité et la singularité des contenus « maison » qui se construit

et s’entend chaque jour. C’est une histoire, c’est un engagement.

Mais pour continuer à exercer ses missions dans un monde qui change, Radio France doit se transformer

tout en restant elle-même.

Telle est l’ambition du projet stratégique de Radio France : conforter sa place de média de service public

de référence à l’ère numérique et affirmer son rôle d’acteur majeur de la musique, de la culture et de

l’information à horizon 2020, dans un paysage médiatique et culturel marqué par des évolutions

sociologiques, technologiques et concurrentielles extrêmement fortes et rapides. Ce projet se

développe autour de quatre axes : l’affirmation de l’identité des sept chaînes et l’intégration des

nouveaux usages numériques pour toucher un plus large public ; l’affirmation de l’information, de la

musique et de la culture au cœur des missions de Radio France ; la rencontre de nouveaux publics,

notamment par l’ouverture de la Maison de la radio et la présence de Radio France sur tout le

territoire ; et la modernisation de l’entreprise et de sa gestion.

Cette ambition doit s’articuler avec la situation financière très dégradée de l’entreprise, dont l’ampleur

est apparue depuis l’automne 2014, sous l’effet combiné d’une contraction de ses ressources et d’une

hausse de ses coûts d’exploitation et des charges liées à la réhabilitation.

Les réformes à entreprendre n’en sont que plus urgentes, mais le projet de l’entreprise ne peut se

résumer à la restauration de son équilibre financier. Bien au-delà, Radio France doit construire, avec

l’ensemble de ses collaborateurs, son avenir dans le monde de demain.

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1. Radio France, la radio de tous à l’ère numérique

La mission de service public de favoriser l’accès de tous à l’information, à la culture et à la musique, est

plus que jamais nécessaire. C’est la raison d’être du service public de la radio et le fondement de son

financement collectif. Avec 14 millions d’auditeurs chaque jour, Radio France est aujourd’hui le premier

groupe radiophonique français. La qualité et la diversité de ses programmes d’information, de

divertissement, de création radiophonique, de débat sont très largement reconnues et sa singularité

incontestée.

Pour autant, Radio France doit faire face à un triple défi : le vieillissement de son audience plus rapide

que celui de la population, l’évolution des modes de consommation des médias dans l’univers

numérique et la démultiplication de l’offre de contenus. Aussi, le premier axe du projet vise à consolider

la place de Radio France dans le paysage radiophonique et numérique à horizon 2020 et à réaffirmer ses

missions de service public en élargissant son audience à des publics plus jeunes et plus populaires,

aujourd’hui éloignés des antennes, et sur tout le territoire.

Objectif 1 : Une gamme de radios d’exception pour le public le plus large

Cette ambition suppose de poursuivre le travail engagé depuis la rentrée 2014 sur la diversité et la

complémentarité des sept antennes, composées de quatre radios parlées et trois radios à dominante

musicale dont la place doit être renforcée. Chacune doit contribuer aux missions de service public de

Radio France et participer à la création d’une offre cohérente s’adressant à un public élargi.

- France Inter, chaîne généraliste de référence du service public, savante et populaire, acteur

engagé dans la question du vivre ensemble, incarnant la qualité de l’offre dans l’ensemble des champs

de l’information, de la culture, de la musique et du divertissement, fédérant le public le plus large et

dotée d’une couverture nationale complète.

- France Bleu, chaîne généraliste de proximité, d’information, de services et de divertissement,

fédérant un public large et populaire au plus près des territoires. Pour assurer une couverture nationale,

le réseau sera complété dans le Rhône et en Midi-Pyrénées et le maillage territorial renforcé par le

redéploiement des reporters en résidence (RER).

- France Info, seule chaîne d’information continue du service public, produisant une information

de référence tri-média (son, image, texte) à destination de tous les publics, notamment les 35-49 ans. La

couverture multi-villes devra être complétée au moins sur les axes autoroutiers et sa distribution

numérique devra progresser.

- France Culture, chaine des savoirs et des cultures, de l’approfondissement de l’actualité et de la

perspective internationale. Par la diversité de ses productions, magazines, documentaires, fictions,

journaux d’information, elle incarne l’exigence au service de tous les publics en quête de connaissance

et de compréhension du monde contemporain. Elle conservera sa couverture nationale complète.

- France Musique, chaîne des musiques classiques, verra sa ligne éditoriale refondée afin de

toucher un public plus large : une offre recentrée sur la musique classique et le jazz, une grille plus

musicale et une politique de captations plus ciblée, mobilisant davantage les échanges européens de

programmes.

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- MOUV’, nouvelle chaîne musicale laissant une place à l’information et à l’expression de son

public, destinée à la jeunesse, adolescents et jeunes adultes de 15 à 35 ans, urbains et péri-urbains de

tous milieux sociaux. Moteur du rajeunissement et de l’élargissement des publics, l’extension de sa

couverture de 35 villes sera recherchée.

- FIP, radio de découverte musicale caractérisée par l’éclectisme de sa programmation, affirmera

plus fortement son rôle de prescripteur. A destination de tous les publics, notamment les 35-49 ans

sous-représentés au sein des autres chaînes, une extension de sa couverture, aujourd’hui limitée à 10

villes, sera recherchée.

Cette stratégie s’appuie sur une redistribution partielle des fréquences, afin de compléter le réseau

des chaînes à vocation nationale (Info et Bleu) et rééquilibrer la couverture des chaînes musicales

(Musique, Mouv’ et FIP) aujourd’hui concentrée sur les publics les plus âgés et socialement favorisés.

Cette stratégie de réallocation interne des fréquences, dont la répartition n’a pas été remise en question

depuis près de vingt ans, doit améliorer l’accomplissement par Radio France de ses missions de service

public fondant le droit de réservation prioritaire prévu par le législateur à l’article 26 de la loi de 1986,

tout en préservant le pluralisme du paysage radiophonique au regard duquel sont appréciées les

demandes par le Conseil supérieur de l’audiovisuel. L’extension de la couverture des chaînes musicales

pourra également être recherchée sur la RNT.

Objectif 2 : Intégrer les nouveaux usages de la radio

L’affirmation de la place de Radio France dans le paysage radiophonique de demain suppose également

une stratégie numérique ambitieuse d’enrichissement de l’offre radiophonique et de distribution

adaptée aux nouveaux usages des médias. Elle supposera également d’intégrer le numérique au cœur

de la production radiophonique.

Si l’écoute de la radio demeure aujourd’hui majoritairement concentrée sur le flux FM, Radio France

doit impérativement anticiper l’évolution extrêmement rapide des modes de consommation et des

nouveaux acteurs des médias, notamment la hausse de l’écoute en mobilité, le poids des carrefours

d’audience, le rôle important de la vidéo. Cette évolution est particulièrement marquée chez les jeunes,

les nouveaux supports de diffusion (tablettes, smartphones) représentant 30% de leur écoute de la

radio. Cette stratégie sera déclinée pour chacune des antennes, avec un développement particulier sur

la musique et l’information.

La gamme de chaînes hertziennes sera ainsi enrichie de webradios adossées aux chaînes, valorisant le

caractère prescripteur reconnu et le patrimoine radiophonique unique de Radio France. Une forme de

radio inédite, Francemusique.fr, développera ainsi ses missions en complémentarité de la chaine

hertzienne refondée et de l’activité des formations musicales par une plateforme exceptionnelle de

contenus en qualité HD et 5.1.

Dans le contexte d’une offre pléthorique de contenus accessibles sur toujours plus de supports,

l’auditeur connecté a la possibilité d’occuper de façons très différentes un temps qu’il consacrait à la

radio. Face à cette « hyper-concurrence » des nouveaux usages, la radio doit devenir une « hyper-

radio », qui touche le public de la bonne façon, au bon moment, au bon endroit ; une radio qui s’écoute

de façon linéaire sur tous les écrans ; une radio qui s’écoute à la demande ; une radio qui donne à tout

instant les informations pertinentes sur ce qu’on écoute ; une radio enfin avec laquelle interagir.

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Avec cette ambition, Radio France développera une offre fiable de sites et d’applications, et se

donnera à écouter et à regarder, en linéaire, à la demande, correctement enrichie d’informations liées

aux programmes, sur tous les écrans connectés pertinents. Par ailleurs, Radio France renforcera le

partage et l’interaction avec son public en proposant les justes messages et justes contenus là où le

public passe désormais une part de son temps, sur les réseaux sociaux.

Nouveaux réseaux, nouvelles plateformes, nouvelles interfaces : la révolution numérique ne cesse

d’apporter ses ruptures technologiques et, avec elles, ses nouveaux usages. Radio France a toujours eu

la culture de l’innovation et de l’audace éditoriale. Pour ne pas créer aujourd’hui les retards de demain,

il est nécessaire que Radio France développe, en complément, une culture de l’innovation des usages.

C’est par ailleurs sa légitimité de service public de se doter d’une démarche active d’innovation au

service des usages du public. Deux champs seront privilégiés : l’expérience utilisateur de l’écoute du son

et la distribution sur les nouveaux écrans connectés.

Objectif 3 : Offrir une information de référence et de proximité.

Dans le double contexte de défiance généralisée des médias et de croissance exponentielle des sources

d’information, les rédactions de Radio France réaffirment l’excellence déontologique de leur

fonctionnement. Les différentes radios se doteront des outils et des ressources nécessaires à la

recherche, sélection, vérification et hiérarchisation optimales des contenus d’information diffusés sur

leurs antennes radio et numériques. D’autre part, les différentes antennes accorderont une attention

particulière au décryptage de l’actualité sous une forme indépendante et pédagogique.

Le projet France Info Media global permettra de distribuer l’information brute 7/7 et 24/24 sur tous les

supports (radio, streaming vidéo, web, push et réseaux sociaux) en intégrant complètement les

compétences radio et numériques au sein de la rédaction de la chaîne d’information du service public.

La circulation de l’information au sein des rédactions et vers les auditeurs sera également renforcée

grâce au nouvel outil rédactionnel, augmentant ainsi la force de frappe journalistique des rédactions de

Radio France tout en préservant leur indépendance.

A l’heure où le secteur de l’information régionale est lourdement menacé par la crise de la presse, la

présence des journalistes de France Bleu en région consolide Radio France dans son rôle majeur

d’acteur de l’information locale, indépendante et pluraliste. Le maillage territorial du réseau Bleu

(aujourd’hui absent dans 34 départements) sera renforcé par redéploiement des reporters en résidence

(RER). La dynamique numérique impulsée à l’échelle de tout le réseau fera de francebleu.fr une

plateforme d’information locale en temps réel particulièrement puissante.

Enfin, les événements tragiques de janvier 2015 ont rappelé à tous l’importance cruciale d’une

éducation aux médias pour les plus jeunes générations balayées aux quatre vents de la propagande et

de la désinformation. Radio France renforcera son action dans ce domaine, par la multiplication des

ateliers pédagogiques déjà existants permettant aux collégiens et lycéens de découvrir la production et

la mise en perspective de l’information, le développement de rencontres avec des journalistes dans les

établissements scolaires et la mise en place de partenariats sur tout le territoire, dans le cadre de la

convention conclue avec les ministères de l’Education nationale et de la Culture et de la communication.

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2. Radio France, acteur majeur de la musique et de la culture en France

Objectif 4 : Ouvrir la musique classique à tous les publics

Comme les antennes, les formations musicales de Radio France constituent une richesse exceptionnelle, au

cœur de la production et de la diffusion d’une musique classique vivante, couvrant un très large répertoire et

ménageant une place importante à la musique française, à la création et aux jeunes talents – chefs et

solistes. Elles partagent également avec les antennes le défi de toucher un public plus large, dans un paysage

musical parisien et national en profonde mutation. Or, le besoin de culture et d’éducation musicale est plus

que jamais prégnant en France. Les formations musicales de Radio France doivent devenir des acteurs

irremplaçables de l’offre populaire et favoriser, plus que jamais, l’accès de tous à la musique classique.

Radio France compte aujourd’hui quatre formations musicales – l’Orchestre Philharmonique de Radio

France, l’Orchestre National de France, le Chœur et la Maîtrise de Radio France – dont l’excellence est

reconnue. Replacer la politique musicale de ces 4 formations au cœur des missions de service public de

Radio France doit être une priorité : c’est ce qui fait leur spécificité dans un paysage musical fortement

concurrentiel, qui comprend de nouvelles salles (Philharmonie, Ile Séguin) et un nombre important

d’orchestres luttant chacun pour affirmer une identité mais qui ne disposent pas d’une telle puissance de

diffusion à leur disposition.

La refonte de la gamme de radios, l’ouverture de l’Auditorium et la rénovation du studio 104 de la Maison de

la radio en novembre 2014, offrent l’opportunité de repenser la politique musicale de Radio France et de

réaffirmer le rôle et l’avenir des formations musicales au XXIe siècle. L’année 2015 permettra de définir un

projet artistique global et ambitieux pour les quatre formations musicales, en lien avec les musiciens des

formations et des personnalités du monde la musique, leur permettant de conquérir la place qui leur revient

au sein de la radio publique et, plus largement, dans la politique culturelle et artistique nationale.

La production des orchestres doit ainsi être conçue dès l’élaboration de la programmation avec une

stratégie de diffusion multicanale : physique d’abord, avec les concerts à l’Auditorium, au studio 104 et dans

les autres salles parisiennes, françaises et internationales ; radiophonique ensuite, avec une présence

renforcée sur les chaînes de Radio France ; numérique enfin, avec la mise en place de la plateforme

francemusique.fr, et l’édition de disques et autres supports mettant en valeur la qualité artistique des

orchestres mais également l’expertise des équipes techniques de Radio France (son haute définition, don

multicanal). Les formations auront ainsi un rayonnement sans équivalent pour toucher un public large et

ouvrir la musique classique au plus grand nombre.

Afin de favoriser l’accès de tous à la musique classique, les formations devront également explorer de

nouveaux formats de concerts et d’événements, de repenser les horaires et la structure de la

programmation pour surmonter le caractère intimidant voire excluant des formes traditionnelles de concerts

classiques, d’associer les musiciens à des grands événements, à des enregistrements de musique de films, à

des productions radiophoniques en configuration inattendue. Le travail mené par les musiciens en direction

des jeunes publics devra également être poursuivi et l’offre pédagogique renforcée. Radio France doit en

effet se positionner comme un acteur majeur de diffusion de la musique classique dans les classes et auprès

d’un public familial, et ainsi offrir aux plus jeunes la culture minimale nécessaire pour jouir de la musique.

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La mise en œuvre de cette politique musicale de Radio France sera portée par une organisation rénovée de

la direction de la musique, assurant la cohérence entre production et diffusion musicale, et une relation

étroite avec les autres activités de l’entreprise, en particulier les radios. La refonte de la direction de la

musique doit également permettre d’assurer - dès la saison 2017/2018 - une parfaite cohérence de la

programmation musicale, soucieuse des nouveaux enjeux pour la musique classique en termes de public, de

modes de diffusion, de pédagogie, de nouvelles technologies.

Elle doit également s’accompagner d’un redimensionnement des formations elles-mêmes, qui s’appuiera sur

une définition précise des missions de chacune des formations. Par ailleurs, elle devra s’appuyer sur une

réforme des modalités de travail des musiciens : optimisation des temps de préparation et de travail,

divisibilité effective des trois formations, possibilité de faire appel à des musiciens de l’autre orchestre pour

éviter le recours aux musiciens supplémentaires, polyvalence des musiciens au service de l’ensemble des

activités de Radio France.

Sur la période 2015-2019, une réflexion pourra être engagée avec l’ensemble des acteurs de la musique à

Paris afin de proposer au public une offre de concerts cohérente et complémentaire attirant les meilleurs

artistes avec des cachets plus conformes à ceux proposés dans les plus grandes salles du monde.

Objectif 5 : Faire rayonner la création et la diversité culturelle

Radio France joue un rôle majeur en matière de soutien à la création, d'accompagnement et de valorisation

des auteurs. Cette politique sera renforcée en développant les commandes de séries radiophoniques, sur

France Culture comme sur France Inter, à des auteurs des genres les plus divers : polars, fiction historique,

comédie. Radio France continuera également à promouvoir la jeune création, par des commandes inédites,

contribuant à l'élaboration d'un "répertoire contemporain", véritable panorama du théâtre et de la

littérature européens et mondiaux. La création radiophonique et l'accès aux commandes seront également

étendus aux artistes, écrivains, cinéastes, metteurs en scène.

Radio France a acquis une expertise documentaire qu'elle est la seule à porter, et qui se déclinera dans tous

les champs, notamment sur France Culture : documentaires de société, historiques, de création visant à

documenter les mondes contemporains et patrimoniaux. Elle continue à faire émerger des créateurs

sonores. Elle développera des collaborations avec les radios francophones.

Radio France poursuivra également une politique soutenue de programmes de fiction enregistrés en public, à

destination des adultes comme des enfants. Radio France développera la fiction sur Internet en proposant

des formats dédiées à la jeunesse et aux jeunes adultes à partir d'adaptations et de commandes liées aux

programmes scolaires. Afin d'étendre la diffusion de ces créations auprès du plus grand nombre, Radio

France pourra promouvoir une deuxième vie des œuvres dans les théâtres et festivals.

La commande de créations musicales originales permettra de nourrir à la fois les formations musicales et

les antennes de Radio France – notamment France Musique. Des projets innovants seront favorisés en lien

avec la direction de la musique et les antennes, à l’instar des concerts/fictions, plébiscités par les publics, et

qui revisitent les œuvres classiques de la littérature. Un chantier de modernisation des modalités de

commandes sera également engagé afin de renforcer le caractère transparent et collégial de la procédure

proposée aux artistes. La création d’un « Conseil de la création » sera examinée à cette fin.

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La mise en place de « résidence numérique» doit également permettre à des artistes étrangers de participer

à une plate-forme de création collaborative et de mettre en relation les créateurs à distance. Un espace

dédié sur le site de Radio France et sur les sites de partage de vidéos (Dailymotion, Youtube, etc.) permettra

ensuite de valoriser et de diffuser le travail des artistes et leurs réalisations au niveau international.

France Inter poursuivra pour sa part une politique active et déterminée de soutien aux talents de la scène

musicale actuelle, notamment d’expression francophone, à travers l’organisation et la diffusion de concerts

en exclusivité avant les sorties d’albums, de captations de concerts – notamment lors des grands festivals

musicaux, ou de concours d’artistes musiciens et interprètes comme #larelève.

Radio France s’emploiera enfin à renforcer son rayonnement international, notamment dans le monde

francophone où le succès de ses podcasts laisse entrevoir un espace de développement à investir en

direction de quelques 700 millions d’auditeurs potentiels d’ici 2050. Radio France a également engagé,

avec ses partenaires de l’audiovisuel public français et européens, une recomposition du paysage des

organisations internationales de coopération audiovisuelle afin de faciliter les échanges de programmes

et y affirmer sa place essentielle.

3. Aller à la rencontre des publics et diversifier les activités

Objectif 6 : Nouveau lieu, nouveaux liens avec le public

A travers le réseau des 44 stations locales de France Bleu, Radio France est riche d’une tradition forte

d’accueil et de rencontre de ses publics. Avec de multiples partenariats noués localement, l’organisation

d’événements et de concerts, et quelques 300 000 appels d’auditeurs chaque mois, le réseau Bleu

cultive une proximité affective avec ses auditeurs qui au cœur de sa mission et de l’ancrage des stations

au cœur des territoires et des régions.

Avec l’inauguration du nouvel Auditorium, du studio 104 rénové et des nouveaux espaces ouverts au

public en novembre 2014, Radio France peut s’affirmer comme une Maison de la radio et de la culture.

C’est également une nouvelle mission pour l’entreprise : compte tenu du coût du projet et de son objet

même, la Maison de la radio ne peut plus se concevoir seulement comme un outil de production, mais

aussi comme un nouveau lieu ouvert à tous et un nouveau lien avec le public.

En proposant une offre de qualité éclectique et populaire, la Maison de la radio proposera un

« concentré » de Radio France, avec une programmation transversale, autour d’événements phares du

calendrier, associant toutes les chaines de radio et les formations musicales, mais aussi les concerts et

émissions en public, les offres de sensibilisation à la radio et à la musique destinées aux jeunes publics,

mais aussi de nombreuses actions afin de conforter le lien social.

Ce nouveau lieu doit ainsi également contribuer à l’ambition radiophonique et musicale de Radio

France : face à la multiplication d’offre de streaming, les émissions en public, la production et la

diffusion de concerts de musique classique et de musiques actuelles constituent un élément de

différenciation fort des antennes, qu’elles soient musicales ou majoritairement parlées. Elles

nourrissent également des liens avec la filière musicale et les artistes essentiels pour l’exercice des

missions de rayonnement de la diversité culturelle, de la création et de découverte des jeunes talents.

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Le projet de la Maison de la radio sera également fortement orienté vers les nouvelles générations, avec

une dimension éducative affirmée, et la proposition d’une palette de concerts, d’émissions, et

d’activités qui donnent à entendre et à voir aux plus jeunes la richesse des métiers et des savoir-faire de

Radio France. Des ateliers pédagogiques, portant notamment sur la sensibilisation à la musique

classique et l’éducation aux médias seront proposés tout au long de l’année, en lien avec les

établissements scolaires et notamment ceux qui relèvent de l’éducation prioritaire.

Objectif 7 : Connaitre les publics et diversifier les activités

Aller à la rencontre des publics, c’est aussi passer de la connaissance des audiences à celles des

auditeurs, des internautes et des visiteurs. C’est être aussi constamment en veille, anticiper les

tendances qui parcourent la société française et les usages médiatiques et culturels. Pendant toute la

durée du COM, Radio France sera attentive à ces changements, en réalisant les études adéquates et en

améliorant ses outils de connaissance des aspirations et des comportements de ses publics.

Compte tenu du grand succès de ses offres éditoriales (livre, livre-CD, revue…), Radio France

développera et renforcera sa stratégie autour de l’édition sous toutes ses formes, avec l’objectif de faire

partager au plus grand nombre les contenus édités par les chaines. L’offre de services complémentaires,

avec l’installation de restaurants, d’une librairie et d’un parking, viendra également renforcer

l’attractivité de la Maison de la radio, à l’instar des grands établissements culturels.

4. Transformer et moderniser l’entreprise

Les défis auxquels Radio France doit faire face dans les cinq ans à venir vont bien au-delà d’un retour à

l’équilibre de ses comptes. Ils supposent une mobilisation de l’entreprise dans son ensemble, pour

remplir ses missions de service public dans un environnement profondément renouvelé et conforter sa

place dans le paysage radiophonique et culturel de demain. L’ensemble des secteurs d’activité et des

métiers de Radio France, qui font sa force et sont au cœur de sa réussite, devront ainsi faire évoluer

leurs modes de fonctionnement.

Objectif 8 : Renforcer le dialogue social et accompagner les réformes

Ces transformations supposeront un dialogue social renouvelé, un engagement de l’encadrement et un

accompagnement des réformes au plus près des collaborateurs. L’affirmation du management au sein

de Radio France constitue un enjeu fort pour réussir la transformation de l’entreprise, en poursuivant

la construction d’une communauté de cadres, portant les objectifs stratégiques et participant

activement à la mise en œuvre des réformes. La recherche d’une meilleure articulation entre les chaînes

et les directions transverses doit également favoriser une organisation décloisonnée et plus efficace.

La conduite des réformes par une concertation accrue avec les collaborateurs sera également affirmée.

Tel est notamment le cas de la réforme des moyens de production, pilotée par un groupe de travail

associant des représentants des directions et de l’ensemble des métiers concernés. Une association plus

en amont des équipes à la construction des différents projets de réforme dans le domaine de la

musique, du maillage territorial ou de l’établissement sera également recherchée.

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Afin d’accompagner l’évolution des compétences et améliorer les évolutions de carrière des

collaborateurs, Radio France se dotera d’un référentiel des métiers et des compétences partagé et

déploiera un plan de formation ambitieux dans tous les champs d’activité de l’entreprise.

Plus largement, une analyse approfondie des relations sociales sera engagée afin de mettre en œuvre

une modernisation sociale durable de l’entreprise.

Objectif 9 : Améliorer la performance et garantir l’exemplarité de la gestion

La transformation de l’entreprise passe également par la nécessaire rénovation des modes de gestion

au sein de Radio France, du pilotage de l’activité et du renforcement des procédures internes. A la suite

du rapport de la Cour des comptes, Radio France veillera notamment à la mise en place d’outils de

prévision et de comptabilité analytique efficaces, et à la généralisation du contrôle interne au sein des

différentes chaînes et directions. Radio France inscrira également la responsabilité sociale, sociétale et

environnementale au cœur de sa stratégie de développement.

Cette réforme passe également par la mise en place de procédures garantissant l’exemplarité de la

gestion, d’autant plus nécessaires que des efforts importants seront exigés de tous dans le cadre du

retour à l’équilibre financier de l’entreprise. En plus du comité des rémunérations mis en place dès le

mois de juin 2014 chargé d’examiner la rémunération du Président-directeur général, la rémunération,

les frais de représentation et éléments accessoires de rémunérations (voitures de fonction notamment)

de l’ensemble des cadres dirigeants feront l’objet d’une revue annuelle par le comité.

Objectif 10 : Mener la réhabilitation à son terme dans le respect des personnels

L’achèvement du programme de réhabilitation, prévu au premier semestre 2018, fait aujourd’hui

figure d’impératif pour les salariés comme pour l’entreprise. Il devra s’accompagner d’un plan de

financement pérenne, intégrant les conséquences financières du programme au-delà de la seule période

du COM, et la mise en place d’un programme d’investissement courant de nature à garantir l’entretien

du bâtiment dans la durée. Au-delà de la question de son financement, les enjeux sociaux du chantier et

ses impacts sur les conditions de production et de travail des salariés devront être pris en compte, dans

la conduite comme dans le suivi du projet. Une mission sera confiée dans ce sens à l’Opérateur du

patrimoine et des projets immobiliers de la culture (OPPIC) afin d’expertiser le calendrier des travaux.

Concernant les studios moyens, une étude de programmation, portant à la fois sur les besoins liés à la

production radiophonique, la destination des autres espaces disponibles et le modèle économique de

leur exploitation sera engagée afin de définir un programme d’ici la fin 2015. Un moratoire a été

annoncé à cette fin aux salariés, afin de s’assurer de la nécessité des travaux qui seraient engagés et

d’élaborer un projet précis, adapté aux besoins de la production radiophonique.

Les travaux seront ensuite réalisés, autant que possible, en parallèle des phases 3 et 4 afin de limiter la

durée du chantier et les nuisances associées au-delà de la date de fin aujourd’hui prévue début 2018.

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5. Les principes du retour à l’équilibre

a. Evolution des ressources propres

Un accroissement des ressources propres fondé sur une refonte du cahier des missions et des charges

et une politique de diversification de l’entreprise est nécessaire. L’élargissement des secteurs autorisés

à faire de la publicité sur les antennes de Radio France est une condition de la réussite de cet objectif,

afin de prévenir la baisse des ces recettes publicitaires traditionnelles. La croissance des recettes liées

aux offres numériques permettra d’augmenter le chiffre d’affaires de 1,4 millions. Au total, le montant

de ressources supplémentaires attendu en fin de période est estimé entre 8 et 16 M€.

b. Economies sur les charges de fonctionnement

Un effort de maitrise des dépenses doit également être poursuivi même si l’impact sera moins fort qu’il

n’a pu l’être entre 2011 et 2014. Radio France propose également d’éteindre les émissions en ondes

longues et ondes moyennes. Cette mesure nécessite également une refonte du cahier des missions et

des charges et des obligations de Radio France, notamment sur la météo marine, la messe et la diffusion

de certains programmes en langues régionales. Le montant d’économies attendu en fin de période est

estimé à 16 M€, dont 13 M€ sur les frais de diffusion.

c. Efforts sur la masse salariale

L’effort de maîtrise des dépenses et la hausse des ressources propres sont nécessaires mais non

suffisants pour restaurer l’équilibre d’exploitation de l’entreprise. Un effort sur la masse salariale (qui

représente aujourd’hui 60% des dépenses) est incontournable. Il est estimée entre 18 et 24 M€ à

horizon 2017, soit une réduction nette d’effectifs comprise entre 250 et 330 ETP, comprenant 300 à 380

départs et 50 créations de postes dans les métiers du développement informatique, de la production

scénique et du marketing notamment.

Afin de revenir à l’équilibre en 2017, cette évolution suppose la mise en œuvre de départs volontaires.

Ces départs concerneraient l’ensemble des secteurs d’activité de l’entreprise et privilégieraient des

mesures d’âges.

d. Financement du programme de réhabilitation

Compte tenu du poids de la réhabilitation dans le plan de financement de l’entreprise et des tensions

sociales générées par ce projet et son impact sur les conditions de travail, un soutien de l’Etat est

indispensable. Une dotation complémentaire permettra, en outre, de limiter les amortissements ayant

un impact direct sur le résultat.

Sans cet apport de l’Etat, les mesures structurelles présentées plus haut seront difficiles – voire

impossibles – à mettre en œuvre, les salariés ne comprendraient pas qu’un plan de départs volontaires

soit nécessaire pour finaliser la mise en sécurité de la Maison de la radio.

Une fois les arbitrages confirmés sur ces différents points, le plan d’affaires de Radio France pourra être

stabilisé et garantir le retour à l’équilibre tout en pérennisant le développement de l’entreprise.