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Le problme de la fin d'analyse

Le problme de la fin d'analyse1Expos fait lors du Xme Congrs International de Psychanalyse, Innsbruck, le 3 septembre 1927.

Mesdames, Messieurs!Permettez-moi de commencer en voquant un cas qui mavait intensment occup il y a quelque temps. propos dun patient chez lequel, outre divers troubles nvrotiques, lanalyse avait pour principal objet des anomalies et singularits de caractre, jappris soudain (aprs plus de huit mois danalyse, notez-le bien) que pendant tout ce temps il mavait induit en erreur propos dune donne importante de nature financire. Tout dabord cela me mit dans le plus grand embarras. La rgle fondamentale de lanalyse, celle qui fonde toute notre technique, exige que lon dise sans rserve, et au plus prs de la vrit, tout ce qui se prsente2Einfall: terme allemand difficile traduite, qui exprime tout ce qui fait irruption (tombe dedans). (N. d. T.)

. Que faire alors, dans un cas o le pathologique consiste prcisment dans le besoin de mentir? Faut-il rcuser demble la comptence de lanalyse dans les troubles de caractre de ce type? Je navais pas la moindre envie de signer un tel certificat dindigence, propos de notre science et de notre technique. Jai donc poursuivi le travail, et cest seulement lexploration de ce besoin de mensonge qui ma fourni loccasion de comprendre certains symptmes du patient. En effet, il est arriv au cours de lanalyse quun jour, avant la dcouverte du mensonge, le patient ait omis de venir sa sance, sans mme mentionner le lendemain cette omission. Questionn, il affirma dur comme fer quil tait bien venu la veille. Comme il tait certain que je ntais pas, moi-mme, victime dun trouble de mmoire, je le poussai nergiquement constater ltat de fait. Nous acqumes bientt tous deux la conviction quil navait pas seulement oubli son rendez-vous manqu, mais aussi tous les vnements de la journe en question. Cest peu peu, seulement, quil fut alors possible de combler partiellement cette lacune de la mmoire, en partie par linterrogation des tmoins oculaires. Je ne veux pas entrer dans le dtail de cet incident intressant en lui-mme; je me bornerai signaler que le patient avait pass la journe oublie, moiti ivre, dans diffrents tablissements, de jour et de nuit, en compagnie dhommes et de femmes de la plus basse espce, quil ne connaissait pas.Il savra alors que de tels troubles de mmoire lui taient dj arrivs. Donc, au moment mme o jobtenais la preuve irrfutable de sa tendance consciente au mensonge, jacquis la conviction que le symptme de clivage de la personnalit, du moins chez lui, ntait que le signe nvrotique de cette tendance au mensonge, une sorte daveu indirect de cette faiblesse de caractre. Ainsi, dans ce cas, le surgissement des preuves dun mensonge est devenu un vnement favorisant la comprhension analytique3Je nhsite pas gnraliser cette unique observation et prsenter tous les cas dits de clivage de la personnalit comme des symptmes dune insincrit partiellement consciente qui contraint certaines personnes ne manifester alternativement que des parties de leur personnalit. Dans le vocabulaire de la mtapsychologie, on pourrait dire que ces personnes ont plusieurs Sur-Moi dont lunification na pas russi. De mme, les savants qui ncartent pas a priori la possibilit de plusieurs vrits concernant un mme sujet pourraient tre des personnes dont la morale scientifique na pas atteint le stade de lunit.

.Cependant, il me revint bientt que le problme de la simulation et le fait de mentir au cours de lanalyse avaient dj fait lobjet de rflexion, plusieurs reprises. Dans un travail antrieur, javais mis lhypothse que dans la prime enfance tous les symptmes hystriques produits par le sujet avaient encore le caractre dun tour dadresse conscient; je me souvins galement de la remarque faite loccasion par Freud: du point de vue du pronostic, ctait un signe favorable, le prsage dune gurison prochaine, quand le patient exprimait soudain la conviction que, pendant toute sa maladie, il navait fait que simuler; car la lumire de sa comprhension analytique nouvellement acquise concernant les mcanismes4Getrieb.

de linconscient, il ne peut en effet plus se remettre dans ltat desprit o il laissait ces symptmes se constituer automatiquement, sans la moindre intervention de son savoir conscient. Abandonner vraiment la tendance mentir apparat, alors, comme tant au moins un des signes de la fin prochaine de lanalyse.Nous avons dj rencontr un mme tat de fait auparavant, mais sous un autre nom. Ce que, selon les principes de morale et de ralit, nous appelons mensonge, chez lenfant et en pathologie, nous lappelons fantasme. Notre tche principale dans le traitement dun cas dhystrie est essentiellement lexploration de la structure fantasmatique, automatiquement et inconsciemment produite. Une grande partie des symptmes disparat en fait par ce procd. Cela nous amena penser que le dvoilement du fantasme qui pouvait se prtendre une ralit dune espce particulire (Freud lappelait une ralit psychique) suffisait produire la gurison; or, savoir dans quelle mesure ce contenu fantasmatique reprsente aussi une ralit effective, cest--dire physique, ou un souvenir dune telle ralit, tait cens navoir quune importance secondaire pour le traitement et son succs. Mon exprience ma enseign autre chose. Jen suis venu la conviction quaucun cas dhystrie ne peut tre considr comme dfinitivement rgl tant que la reconstruction, au sens dune sparation rigoureuse du rel et du pur fantasme, nest pas accomplie. Celui qui admet la vraisemblance des interprtations analytiques, sans tre convaincu de leur ralit effective, se rserve ainsi le droit dchapper certaines expriences dplaisantes, par la fuite dans la maladie, cest--dire dans le monde fantasmatique; son analyse ne peut donc pas tre considre comme termine, si par fin de lanalyse on entend aussi gurison, au sens prophylactique. On pourrait donc gnraliser en disant que le nvros ne peut tre tenu pour guri tant quil ne renonce pas au plaisir de la fantasmatisation inconsciente, cest--dire au mensonge inconscient. Ce nest pas une mauvaise voie pour dtecter ces nids de fantasmes que de prendre le malade en flagrant dlit de dformation des faits ft-elle minime , comme il arrive si frquemment au cours de lanalyse. Le souci de mnager leur propre vanit, la crainte de perdre la disposition amicale de lanalyste en dvoilant certains faits ou sentiments, induisent tous les patients, sans aucune exception, rprimer ou dformer occasionnellement les faits. Les observations de ce genre mont convaincu que lexigence dassociation libre, raliser, pleinement, exigence que nous posons demble au patient, est une exigence idale qui nest, pour ainsi dire, remplie quune fois lanalyse termine. Des associations qui prennent leur source dans ces petites dformations actuelles conduisent, trs souvent, des vnements infantiles analogues, mais beaucoup plus importants, donc des priodes o la tromperie, devenue prsent automatique, tait encore consciente et dlibre.Nous pouvons avec assurance caractriser tout mensonge denfant comme mensonge de ncessit; la tendance au mensonge, ultrieure, tant en rapport avec ces premiers, peut-tre tout mensonge est-il quelque chose dimpos par la ncessit. Ce serait dailleurs parfaitement logique. Il est certainement plus confortable dtre sincre et franc que de mentir. On ne peut donc y tre forc que par la menace dun dplaisir encore plus grand. Ce que nous dsignons par des noms belle sonorit comme: Idal, Idal du Moi, Surmoi, doit son apparition une rpression dlibre de motions pulsionnelles relles, quil faut donc dmentir, tandis que les prceptes et les sentiments moraux, imposs par lducation, sont mis en avant avec une insistance exagre. Mme si les professeurs dthique et les thologiens de la morale devaient en prouver de la peine, nous ne pouvons nous empcher daffirmer que mensonge et morale ont quelque chose faire lun avec lautre. lorigine, pour lenfant, tout ce qui a bon got est bien. Il doit alors apprendre considrer et ressentir que maintes choses ayant bon got sont mauvaises, et dcouvrir que lobissance des prceptes impliquant des renoncements difficiles se transforme en source de flicit et de satisfaction extrmes. Il tait a priori probable, mais nos analyses le confirment en toute certitude, que les deux stades de lamoralit originelle et de la morale acquise sont spars par une priode de transition, plus ou moins longue, o chaque renoncement pulsionnel et chaque affirmation de dplaisir sont encore, nettement, lis au sentiment de non-vrit, cest--dire dhypocrisie.De ce point de vue, si lanalyse doit tre une vritable rducation de lhumain, il faut en effet remonter, dans lanalyse, toute la formation du caractre de ltre humain, qui, lors du refoulement pulsionnel, sest constitu comme automatisme protecteur, en revenant en arrire jusqu ses fondements pulsionnels. Il faut que tout redevienne fluide, pour ainsi dire, pour quensuite, partir de ce chaos passager, une nouvelle personnalit mieux adapte puisse se constituer dans de meilleures conditions. En dautres termes, cela voudrait dire que, thoriquement, aucune analyse symptomatique ne peut tre considre comme termine si elle nest pas, simultanment ou par la suite, une analyse du caractre. On sait bien quen pratique on peut gurir par lanalyse un grand nombre de symptmes, sans que se produisent des changements aussi profonds. Certaines mes naves, ignorantes de laspiration qui porte lhomme, malgr lui, vers lharmonie et la stabilit, prendront naturellement peur et demanderont ce quil adviendra dun homme qui perd son caractre dans lanalyse. Pouvons-nous promettre dtre en mesure de fournir un nouveau caractre sur mesure, la manire dun nouveau vtement, pour remplacer celui qui a t perdu? Ne pourrait-il arriver que le patient, une fois dpouill de son ancien caractre, prenne la fuite et se drobe nous, nu, sans caractre, avant que la nouvelle enveloppe ne soit prte? Freud nous a dj montr quel point ces doutes taient injustifis, et comment la psychanalyse succdait automatiquement la synthse. En fait, la dissolution de la structure cristalline dun caractre nest, vrai dire, quune transition vers une nouvelle structure assurment plus adquate, en dautres termes, une recristallisation. Bien sr, il est impossible de dcrire en dtail laspect de ce nouveau vtement, la seule exception peut-tre quil sera certainement mieux ajust, cest--dire plus adapt son but.On peut cependant indiquer certains traits communs aux personnes qui ont men une analyse jusquau bout. La sparation beaucoup plus nette du monde fantasmatique et de la ralit, obtenue par lanalyse, permet dacqurir une libert intrieure quasi illimite, donc, simultanment, une meilleure matrise des actes et dcisions; autrement dit, un contrle plus conomique et plus efficace.Dans les rares cas o jai approch ce but idal, je me suis trouv dans lobligation dattacher aussi de limportance certains aspects extrieurs de la prsentation et du comportement du malade, souvent ngligs jusquici. Quand jai essay de comprendre les particularits narcissiques et les manirismes de malades atteints de tics, jai dj fait remarquer avec quelle frquence il arrive que des nvross, peu prs guris, restent inentams par lanalyse, en ce qui concerne ce symptme. Naturellement, une analyse approfondie de la personnalit ne peut sarrter devant de telles singularits; nous devons donc finalement prsenter, pour ainsi dire, un miroir aux patients pour quils prennent conscience, pour la premire fois, des particularits de leur comportement, voire de leur aspect physique. Seul celui qui, comme moi, a fait lexprience que mme des personnes guries par lanalyse continuent prsenter des mimiques, des attitudes corporelles, des mouvements, des gaucheries dont tout le monde sourit en cachette, sans quelles-mmes se doutent le moins du monde de leurs singularits, estimera quune analyse radicale a pour devoir, cruel mais invitable, de faire prendre conscience de ces secrets, pour ainsi dire publics, ceux que cela concerne le plus5Cest ici que la psychanalyse touche pour la premire fois, en pratique, des problmes de physiognomonie et de constitution physique en gnral (ainsi qu leurs drivs tels que mimique, caractristiques graphologiques, etc.).

.On sait que lanalyste doit toujours faire preuve de tact, mais cest dans le maniement de cette partie de la connaissance de soi quil doit en montrer le plus. Je me suis donn pour principe de ne jamais faire remarquer ces choses directement aux malades; dans la suite de lanalyse, tt ou tard il doit arriver que le patient prenne conscience de ces choses par lui-mme, avec notre aide.Ce tt ou tard contient une allusion limportance du facteur temps, pour quune analyse puisse tre entirement termine. Ceci nest possible que si lanalyse dispose dun temps, pour ainsi dire, infini. Je suis donc daccord avec ceux qui prtendent quun traitement a dautant plus de chances daboutir, rapidement, que le temps dont nous disposons est illimit. Il sagit ici moins du temps physique, dont le patient dispose, que de sa dtermination intrieure de tenir vraiment aussi longtemps quil sera ncessaire, sans gard pour la dure absolue du temps. Je ne veux pas dire par l quil ny ait pas des cas o les patients abusent abondamment de cette intemporalit ou absence de terme.Pendant ce temps mis notre disposition, non seulement tout le matriel psychique inconscient doit tre revcu, sous forme de souvenirs et de rptitions, mais le troisime moyen technique de lanalyse doit galement tre mis en uvre. Je veux parler du facteur de la translaboration6Durcharbeiten. Durch veut dire: travers. En latin, la prposition trans, travers, au-del, ne correspond pas la prposition per qui signifie aussi parmi, entre, dans, sur, devant, au moyen de. Le Vocabulaire de la Psychanalyse de Laplanche et Pontalis utilise perlaboration; nous avons traduit ici translaboration, mais au sein de notre quipe de traduction la discussion est loin dtre close. Chaque lecteur peut utiliser, sa guise, per- ou trans-laboration.

analytique, auquel Freud accorde une importance identique, mais qui na pas t jusqu prsent apprci sa juste valeur. Nous devons mettre en relation cette translaboration, cest--dire la peine quon se donne, avec le rapport de force entre le refoul et la rsistance: donc avec un facteur purement quantitatif. La mise au jour de la cause pathogne, et des conditions de la formation des symptmes, est, pour ainsi dire, une analyse qualitative. Il est bien possible que cette analyse soit presque accomplie sans que, pour autant, la modification thrapeutique attendue ait t provoque. Il arrive cependant, parfois, quaprs des rptitions ventuellement innombrables des mmes mcanismes de transfert et de rsistance, vcus dans lanalyse, se produise de faon imprvue un progrs important qui ne peut sexpliquer que par leffet du facteur de translaboration qui a finalement abouti. Trs souvent, cependant, cest linverse qui se produit: la suite dune longue priode de translaboration, brusquement, la voie se trouve ouverte vers un nouveau matriel mnsique qui peut annoncer la fin de lanalyse.Une tche assurment difficile, mais certainement intressante, qui, mon avis, doit tre accomplie dans chaque cas particulier, est le dblaiement progressif de ces rsistances qui consistent en un doute, plus ou moins conscient, en la fiabilit de lanalyste. Par fiabilit il faut entendre que lanalyste doit tre digne de confiance, en toutes circonstances, en particulier quil doit montrer une bienveillance inbranlable lgard du patient, aussi incorrects que puissent tre sa conduite, son comportement et ses paroles. En fait, on pourrait parler dune tentative inconsciente du patient dprouver la solidit de la patience de lanalyste cet gard, de faon mthodique et varie lextrme, et ce, non pas une, mais dinnombrables fois. Les patients soumettent ainsi une observation extrmement perspicace le mode de raction du mdecin, que celui-ci se manifeste par la parole, le geste ou le silence. Ils lanalysent souvent avec beaucoup dhabilet. Ils dclent les moindres signes de motions inconscientes chez lanalyste, qui doit supporter ces tentatives danalyse avec une patience inbranlable; cest une performance quasi surhumaine, mais qui, dans tous les cas, en vaut la peine. Car si le patient na pas pu prendre lanalyste en flagrant dlit de ne pas dire la vrit, ou de dformer, si le patient arrive peu peu reconnatre quil est effectivement possible de rester objectif, mme face lenfant le plus insupportable, sil ne peut dcouvrir par ce moyen aucune tendance linfatuation chez le mdecin, en dpit de tous les efforts faits pour en provoquer les signes, si le patient est oblig dadmettre que le mdecin reconnat aussi volontiers ses propres erreurs et tourderies quil commet loccasion, alors il nest pas rare quon puisse rcolter, en guise de rcompense pour le mal considrable quon sest donn, un changement plus ou moins rapide dans le comportement du patient. Il me parat fort probable que les patients cherchent rpter, par ces tentatives, des situations de leur enfance o des ducateurs et des parents incomprhensifs ont ragi aux soi-disant mchancets de lenfant, par des manifestations affectives intenses, poussant ainsi lenfant adopter une attitude de refus.La fermet devant cet assaut gnral du patient impose comme condition pralable que lanalyste, lui, ait entirement termin sa propre analyse. Je fais cette remarque, car souvent on estime suffisant que le candidat psychanalyste fasse connaissance, pendant un an par exemple, avec les principaux mcanismes: une analyse soi-disant didactique. Son volution ultrieure est abandonne aux possibilits dapprentissage offertes par lautodidactisme. Jai souvent signal, dans le pass, que je ne pouvais voir aucune diffrence de principe entre analyse thrapeutique et analyse didactique. Je voudrais complter cette proposition dans le sens quil nest pas toujours ncessaire, dans la pratique clinique, dapprofondir le traitement jusquau point que nous appelons lachvement complet de lanalyse; par contre lanalyste, dont le sort de tant dtres dpend, doit connatre et matriser jusquaux faiblesses les plus caches de sa propre personnalit, ce qui est impossible sans une analyse entirement acheve.Naturellement, les analyses montrent que ce sont en fin de compte des tendances libidinales, et pas seulement de simples tendances daffirmation de soi ou de vengeance, qui taient les vritables motifs de la formation du caractre, et des rsistances qui apparaissent souvent habilles de faon grotesque. Aprs avoir fait clater tous ses ptards, le sale gosse ttu rvle ses exigences caches de tendresse et damour, avec une franchise nave. Aucune analyse nest termine tant que la plupart des activits de plaisir prliminaire et de plaisir final de la sexualit, dans leurs manifestations tant normales quanormales, nont pas t vcues au niveau motionnel, dans le fantasme conscient; tout patient masculin doit parvenir un sentiment dgalit des droits vis--vis du mdecin, indiquant par l quil a surmont langoisse de castration; toute malade fminine, pour quon puisse considrer quelle est vraiment venue bout de sa nvrose, doit avoir vaincu son complexe de virilit, et sabandonner sans nul ressentiment, aux potentialits de pense du rle fminin. Cet objectif de lanalyse correspond, peu prs, lexigence que Groddeck pose ses patients de raviver la navet paradisiaque. La diffrence, entre moi et lui, cest quil sefforce datteindre directement ce but, en partant du symptme, tandis que je tente de parvenir au mme but par la technique analytique orthodoxe, mme si le rythme est plus lent. En y mettant la patience ncessaire, ce mme rsultat nous choit, sans pression particulire de notre part.Renoncer faire pression ne signifie pas renoncer aux moyens techniques que jai proposs autrefois sous le nom dactivit. Ce que jen ai dit notre Congrs de Hombourg, je le maintiens encore aujourdhui. Assurment, aucune analyse ne peut tre termine avant que le patient ne se rsolve, en accord avec nos indications dpouilles toutefois de tout caractre dordre , consentir aussi, ct de lassociation libre, des changements au niveau de son mode de vie et de son comportement, changements qui aident dcouvrir et dominer certains nids de refoulements qui, sans cela, resteraient cachs et inaccessibles. Pousser le patient hors de lanalyse, en lui signifiant son cong, peut donner des rsultats dans certains cas, mais en principe cest une mthode rejeter. Si la pression exerce par une circonstance extrieure fortuite acclre parfois lanalyse, la pression de lanalyste la prolonge souvent, inutilement. Lanalyse est vritablement termine lorsquil ny a cong ni de la part du mdecin ni de la part du patient; lanalyse doit pour ainsi dire mourir dpuisement, le mdecin devant toujours tre le plus mfiant des deux et souponner que le patient veut sauver quelque chose de sa nvrose, en exprimant la volont de partir. Un patient vraiment guri se dtache de lanalyse, lentement mais srement; donc, tant que le patient veut venir, il a encore une place dans lanalyse. On pourrait aussi caractriser ce processus de dtachement de la faon suivante: le patient est enfin parfaitement convaincu que lanalyse est pour lui un moyen de satisfaction nouveau, mais toujours fantasmatique, qui ne lui apporte rien sur le plan de la ralit. Lorsquil a, peu peu, surmont le deuil propos de cette dcouverte7Einsicht.

, il se tourne invitablement vers dautres possibilits de satisfaction plus relles. la lumire de lanalyse, Freud le savait depuis longtemps, toute la priode nvrotique de sa vie apparat alors, vraiment, comme un deuil pathologique que le patient cherchait aussi dplacer sur la situation de transfert, mais dont la vritable nature est dmasque, ce qui met alors fin la tendance la rptition dans lavenir. La renonciation analytique correspond donc la rsolution actuelle des situations de frustrations infantiles qui taient la base des formations symptomatiques8Ferenczi oppose les termes de Entsagung (renonciation) et de Versagung (frustration). Nous navons pu, en franais, respecter la racine commune (sagen), car dans le premier cas cest le sujet qui renonce, alors que dans le deuxime cas la renonciation lui est impose. Pour exprimer ces deux ides, le franais ne dispose pas de termes ayant une racine commune. (N. d. T.)

.Une exprience, importante galement sur le plan thorique, dans le cas danalyses vraiment menes jusqu leur terme, est lapparition quasi constante dune transformation de symptmes avant la fin de lanalyse. Nous savons bien, grce Freud, que la symptomatologie des nvroses est presque toujours le rsultat dune volution psychique. Le malade obsessionnel, par exemple, ne change que peu peu ses motions en actes et penses obsessionnels. Lhystrique peut lutter, pendant assez longtemps, contre toutes sortes de reprsentations pnibles, avant darriver convertir ses conflits en symptmes corporels. Celui qui, plus tard, deviendra schizophrne ou paranoaque, commence sa carrire pathologique un peu comme le malade atteint dhystrie dangoisse: souvent, la suite dun dur travail, il russit trouver une sorte dautogurison pathologique dans un narcissisme exacerb. Il ne faut donc pas stonner, chez lobsessionnel, une fois son systme de pense obsessionnel suffisamment relch et min, que des symptmes hystriques fassent leur apparition, et que le malade atteint dhystrie de conversion, si insouciant auparavant, quand ses symptmes physiques sont devenus insuffisants, sous leffet de lanalyse, commence produire des penses et des souvenirs, alors quauparavant il produisait des mouvements dexpression sans contenu conscient. Cest donc un bon signe quand lobsessionnel, au lieu de penses dpourvues daffect, commence manifester une motivit hystrique, et quand la pense de lhystrique devient passagrement une obsession. Cest fcheux, bien sr, quand au cours de ces transformations de symptmes des traits psychotiques apparaissent. Mais on aurait tort de sen alarmer outre mesure. Jai dj vu des cas o aucune voie vers la gurison dfinitive ntait possible, si ce nest celle qui passait par une psychose passagre.Je vous ai soumis aujourdhui toutes ces observations lappui de ma conviction que lanalyse nest pas un processus sans fin, mais quelle peut tre conduite un terme naturel, si lanalyste possde les connaissances et la patience suffisantes. Si vous me demandez si je peux faire tat de beaucoup danalyses acheves ainsi, je dois vous rpondre: non. Mais la somme de mes expriences me pousse aux conclusions nonces dans cet expos. Je suis fermement convaincu que, lorsquon aura suffisamment appris de ses errements et erreurs, et quon aura peu peu appris compter avec les points faibles de sa propre personnalit, le nombre des cas analyss jusquau bout ira croissant.