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JOSEPH VERLEY

MENDIANTS et

BOURGEOIS A L'HOPITAL

DE VIC-EN-BIGORRE (1568 1861)

1985

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DU MÊME AUTEUR : (Études polycopiées)

L'HOPITAL DE VIC : — Tome II : Vivre à l'Hospice (1861-1950)

VIC-EN-BIGORRE — La Révolution Française à Vic-en-Bigorre — Religion et Religieux à Vic-en-Bigorre (1600-1800) — Ames et Terres, Prix et Climat (Vic par les chiffres : 1600-1900) — Bouchotte et Abadie (La discorde dans la cité).

— Les loups et les agneaux. Bois extrait des pièces du pro- cès Abadie ( 1 7 7 4 ) . Derrière les loups, d'un côté le château, de l'autre l'église ; tandis que, du ciel, la main de Dieu lève les chaînes. Cette gravure illustre éloquemment les tensions sociales ressenties à Vic bien avant 1789.

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Vic-Bigorre, le 6 Octobre 1986

..« l'histoire des petites gens, c'est la raison d'être de ce livre.. »

Merci à Joseph Verley d'avoir consacré ses loisirs de retraité à la recherche de notre mémoire collective, pour mieux décrire l'histoire de tous ceux et de toutes celles qui ont vécu à l'intérieur et à l'extérieur de notre Hôpital.

Norbert Rosapelly, prédécesseur et guide de Joseph Verley avait déjà levé un coin du voile de son histoire, en publiant en 1912 « l'Hôpi- tal Saint Jacques de Vic-Bigorre ».

La Société rurale aime retrouver ses racines pour mieux affirmer son identité.

Econome de notre Etablissement pendant plusieurs années, Joseph Verley nous aide aujourd'hui, avec cet ouvrage à approfondir la connaissance de nos origines, des grands moments du fonctionne- ment de l'institution, mais aussi des faits divers de la vie quotidienne.

A travers ces anecdotes, ces analyses de documents, nous voyons vivre toute une cité.

Merci encore à Joseph Verley pour cette contribution à la connais- sance de l'histoire locale.

Toute la communauté hospitalière, tous les Vicquois, anciens et nouveaux, liront avec plaisir ce témoignage de notre vécu.

Président du Conseil d'Administrion de l'Hôpital de Vic-Bigorre.

Maire de Vic-Bigorre Vice Président du Conseil Général

des Hautes-Pyrénées

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MENDIANTS et BOURGEOIS A l'Hôpital de Vie en Bigorre aux XVII et XVIII siècles

Ce livre est né de la découverte fortuite, en 1981, dans un grenier poussiéreux, des archives de l'Hôpital de Vic en Bigorre. Archives dont les plus anciens documents se sont avérés remonter à 1568. Con- formément à la loi, les documents centenaires - antérieurs à 1881 - ont été déposés aux Archives Départementales. Du très riche fonds resté à l'Hôpital - après 1881 - un livre est déjà sorti « Vivre à l'Hospice ».

La découverte n'était qu'une redécouverte : Norbert Rosapelly avait déjà exploité ces archives en 1912 pour écrire son « Hôpital Saint Jacques de Vic en Bigorre ». Relisant ces documents après lui, il m'est apparu qu'il y avait là tout autre chose que l'histoire, somme toute banale, d'un petit hôpital ; il y avait la vie d'une société, celle d'une petite ville aux XVII et XVIII siècles. Pas seulement les « Messieurs principaux », ceux qui écrivent et parlent beaucoup d'eux- mêmes, mais surtout et plus encore le petit peuple : les malades et ceux qui les soignent, les mendiants, les enfants trouvés et leurs nour- rices, les écoliers, les apprentis, les filles à marier, etc. Un monde grouillant : pour le seul XVIII siècle, ce sont quelque 1 300 personna- ges qui apparaissent dans les archives de l'Hôpital. Certes, on ne les trouvera pas tous ici, mais il y en a encore beaucoup. (*)

La vie de l'Hôpital est trop intimement liée à l'histoire générale de la ville de Vic pour que je n'aie pas eu à dépouiller aussi celle-ci. Une (*) - Environ 650. J'ai dû renoncer à l'index des personnages qui aurait gonflé ce volume de près de vingt pages.

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vie bouillonnante, avec ses problèmes quotidiens : les impôts, les cor- vées, le logement des troupes, les récoltes et les inondations, la mort toujours présente qui fauche un enfant sur deux avant l'âge de vingt ans, les procès qui durent trois générations, les luttes de clans au sein de la bourgeoisie dominante, les efforts de celle-ci pour s'intégrer à la noblesse, et aussi les premiers signes de conflits sociaux. Le matière est trop vaste, ce sera l'objet d'un autre volume.

L'hitoire des petites gens, c'est la raison d'être de ce livre. Le lec- teur qui n'est ni Vicquois, ni historien, pourra commencer par la deuxième partie qui lui est plus spécialement consacrée (1). Mais c'est une histoire dans le cadre de l'Hôpital, et je ne pouvais ignorer celui-ci, c'est l'objet de la première partie. J'ai repoussé dans une troisième partie les problèmes de sa gestion, même s'il y apparaît des figures aussi caractéristiques que celle de Jean Larcher, omniprésent dans nos archives. Mais les dettes qui se transmettent de génération en génération pendant deux siècles, c'est aussi un fait de société.

(1) A partir de la page 69 - Chapitre VII - Hospitaliers et Hospitalières.

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Chap i t r e I

Les Sources

Les archives de l'Hôpital L'essentiel de notre documentation provient des cahiers de délibé-

rations de l'assemblée gestionnaire de l'Hôpital. Celle-ci porte le nom de « Direction » - dont les membres sont les « Directeurs ». La Révolu- tion introduit le terme de Commission administrative, qui durera jusqu'en 1972. On dit maintenant Conseil d'administration.

Ce sont des cahiers de petit format - celui d'un cahier d'écolier de nos jours - faits de feuilles de papier timbré pliées et cousues. Il nous reste un cahier allant de juin 1709 à 1731, puis une série complète de 1742 à 1791, un cahier pour les années 1793 à 1795, un autre de 1802 à 1805, enfin une série continue à partir de 1810 jusqu'à nos jours. Les cahiers relatifs à la période de 1835 à 1880, que j'avais longtemps cru perdus, ont été déposés à Tarbes récemment dans les archives munici- pales de Vic.

Le papier timbré vendu par l'administration de la Ferme Générale est de qualité fort médiocre : poreux et fragile. Il boit l'encre et le recto et le verso se mélangent souvent. Il faut quelqu'un d'aussi soigneux que Jean Larcher pour éviter cet inconvénient. Les registres carton- nés, au beau papier fort, n'apparaissent dans nos archives qu'en 1881.

Le document le plus spectaculaire est l'inventaire des archives. Un fort volume relié en cuir, commencé en 1645 par Ramond Lafar- gue, continué en 1659 par Andreau Lafargue, puis en 1717 par Pérés, notaire, enfin en 1742 par Jean Larcher. J'en parle plus spécialement au chapitre des « Prêts et Rentes ». Parallèlement à cet inventaire, les « livres de liève », établis chaque année pour permettre au trésorier de percevoir les rentes dues à l'Hôpital. Nous avons celui de 1645, ceux de 1707 et 1718, puis une série continue de 1742 à 1787. Documenta- tion moins importante que son volume ne le laisserait supposer car chaque cahier est recopié sur celui de l'année précédente.

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L'Inventaire - Ramond Lafargue - 1645

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Enfin, une masse de papiers isolés dont le classement est seule- ment en cours : il y a les contrats de prêts à rente mis en rouleaux fice- lés par Jean Larcher en 1742, les comptes des marguilliers et tréso- riers depuis 1601, des sacs de chanvre avec les pièces des innombra- bles procès soutenus par l'Hôpital, et puis des correspondances en tous genres.

Tous ces documents sont dans un état de conservation remarqua- ble : ils ont eu la chance d'être conservés au sec, à l'abri des insectes et des rongeurs, même si leur histoire a certainement été tourmentée.

Les archives municipales

Au XVII siècle, l'Hôpital n'a pas d'assemblée gestionnaire qui lui soit propre ; c'est au Conseil de la Ville que sont prises toutes les décisions le concernant.

Les archives de Vic antérieures à 1589 ont disparu au moment des guerres de Religion, emportées par un certain capitaine Lamothe, qui les aurait laissées à Saint Sever. Dès 1593, on les réclame vainement. Ce qui nous reste est énorme. Le classement en a été remarquablement fait vers 1900, par un archiviste, Jean Pambrun. On y trouve la collec- tion complète des délibérations du Conseil depuis 1589, soit 116 volu- mes jusqu'en 1790 - et le numéro 32 qui couvre les années 1658 et 1659 fait 660 pages ! On y trouve les comptes des trésoriers depuis 1603, les registres paroissiaux depuis 1603 également (1). Il y a des dossiers de procès : le dossier du procès Abadie qui a occupé trois générations de Vicquois, de 1743 à 1793, fait 50 cm d'épaisseur - plusieurs milliers de pages - il a fallu le partager en plusieurs liasses. Au total, pour la période antérieure à 1790, les archives départementales conservent 506 dossiers. J'avoue n'avoir pas tout lu !

Le même archiviste Pambrun nous a laissé un résumé des délibé- rations du Conseil pour la période de 1589 à 1660, un fort volume de 310 pages grand format (33 x 35 cm), sur deux colonnes, imprimé en 1924, mais qui était déjà prêt en manuscrit en 1912, puisque Rosa- pelly y fait référence (2). Il nous a été d'un précieux secours pour la période ancienne : ces vieux textes sont d'une lecture difficile pour le profane. Et de surcroît, ces cahiers sont en fort mauvais état : ils ont souffert de la pluie lors d'une réfection de la toiture de l'Hôtel de Ville en 1772 ; les vers et les moisissures n'ont souvent laissé qu'une den- telle de papier que l'on a scrupule à manipuler.

(1) - Soit 15 000 à 20 000 baptêmes, autant d'enterrements et environ 5 000 mariages ! (2) Soixante ans après sa parution, cet ouvrage n'est pas épuisé : on peut toujours se le procurer aux Archives Départementales pour le prix modique de 45 francs.

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L'Inventaire - Andreau Lafargue - 1659

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Les notaires

Depuis Junquet en 1568 jusqu'à Dupont en 1854, le catalogue des minutes de notaires de Vic conservées aux Archives Départementales comporte 21 noms, en ne comptant que pour un seul les Dupont, notai- res de père en fils de 1601 à 1854. Il y a généralement trois notaires exerçant simultanément à Vic. Un sondage dans les registres de Dupont dans les années 1740 donne une moyenne de 25 actes par mois. La multiplication donne le vertige : 50 000... 100 000 ? Même à l'époque de l'ordinateur ! Je n'ai pas entrepris une étude systématique de ces actes, me contentant de m'y reporter dans des cas particuliers pour préciser un point de détail : ainsi pour la vente du vieil hôpital en 1780.

Norbert Rosapelly

Je n'aurai garde d'oublier mon prédécesseur et guide, Norbert Rosapelly, dont j'ai déjà mentionné l'ouvrage: « L'Hôpital Saint- Jacques de Vic en Bigorre », paru en 1912. Son parti pris de respecter strictement l'ordre chronologique l'amène souvent à passer sans tran- sition d'un sujet à l'autre, ce qui déroute parfois le lecteur. Les nom- breux textes qu'il reproduit in extenso sont d'une lecture fastidieuse, mais je sais qu'on va me faire le même reproche. Ecrivant soixante dix ans après lui, j'aurai souvent sur les faits un regard différent du sien ; il m'arrivera de contester certaines de ses appréciations. L'historien de 2 055 qui refera l'histoire de l'Hôpital de Vic ne manquera pas d'en faire autant des miennes, je l'en remercie d'avance.

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Première Partie

LE CADRE

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L'HOPITAL BATIMENTS et TRAVAUX

du XVI au XIX siècle

Chapitre II

Les origines L'absence de documents antérieurs à 1568 fait que les origines de

l'Hôpital de Vic ne peuvent guère donner lieu qu'à des conjectures. Rosapelly le rattache à un « Hospitium » possédé en 1402 par les

moines de l'abbaye bénédictine de Saint-Lézer, et situé dans l'enceinte de la Ville, sans doute à proximité de l'église. Ce n'est qu'une hypo- thèse, car il faut expliquer comment les moines ont aussi totalement disparu de la gestion de l'Hôpital, et ce, bien avant les guerres de Reli- gion. Dès 1429, le Censier de Bigorre signale des redevances dues à « l'Espitau », considéré comme une personne morale distincte, et non aux moines de Saint-Lézer.

Quand, en 1489, la confrérie de Saint Jacques est fondée dans la chapelle de l'Hôpital, pour les soins aux malades et les secours aux pélerins, il n'est absolument pas question des moines de Saint-Lézer ; évidemment, les statuts - en gascon - que nous reproduit Rosapelly ne sont qu'une copie, datée de 1614 ; mais le respect manifesté en toute occasion pour les textes et contrats anciens ne nous autorise pas à supposer une modification par rapport au texte originel.

Donc, si l'Hospitium des moines de Saint-Lézer est incontestable, ses relations avec l'Hôpital qui nous occupe restent des plus incertai-

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nes. Il est plus prudent de se contenter de l'acte de notoriété du 22 février 1676 :

« ... Il y a dans la ville de Vic un hospital basty de temps immémo- rial avec une chapelle joignante fondé par lad ville pour l'entretien des pauvres malades... »

Et Bouchotte, en 1747, parlera de : « L'Hopital-Dieu St Jacques de cette ville fondé par la libéralité de

nos pères... » Jean Larcher, dans l'inventaire des archives de la ville, est tout

aussi vague : « L'ho tel-Dieu ou hopital de Vic a été fondé par les libéralités des

habitants de Vic ; il s'est conservé par l'oeconomie des administra- teurs. Il n'y avoit autrefois que les consuls qui se mélassent de son gouvernement, on délibéroit sur tout ce qui le concernoit dans le corps de ville. Comme le curé eut, dans les suites, la préséance quand il s'agissoit des affaires de l'Hopital et qu'on ne crut pas convenable de le voir présider dans l'Hotel de Ville, on établit l'assemblée de direc- tion dans la chapelle dudit hopital... »

«... Acte par lequel Jean Ricau, garde de la ville déclare le 24 février 1620 estre redevable envers l'hopital de la somme de 150 L, savoir de cent livres prise actuellement et de celle de cinquante livres empruntées dudit hopital en 1515. Je ne sais s'il y a faute dans l'acte, mais mil cinq cens quinze y est bien écrit. »

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Chapitre III

Le Vieil Hôpital

L'Hôpital avant 1743 En 1568, nous sortons de la préhistoire pour entrer dans l'histoire.

L'Hôpital est un établissement avec une administration purement laï- que et certainement déjà très ancienne. Il reçoit des legs, passe des contrats, encaisse des rentes, fait des procès.

A cette époque, il y a déjà deux siècles que Vic a franchi les limites de ses murailles. La place Mercadale - notre place de la République - est bâtie de maisons à arcades. Il y a, au centre, la halle en bois qui sera démolie en 1791. L'Hôpital est au fond de la place, là où il y a maintenant un garage - au temps de Rosapelly, c'était l'Hôtel de France -mais il n'en occupe que la moitié gauche (1). Point n'est besoin d'imagination pour le retrouver puisque la majeure partie en existe toujours, étant précisé qu'il s'agit d'un bâtiment reconstruit de 1743 à 1750. Dès 1568, on vend chandelles et balais près de l'Hôpital. Les let- tres patentes de 1780 nous indiquent que les malades sont gênés par le bruit du marché, ce qui est exagéré, car ils n'ont pas vue sur la place.

Pour la période ancienne, il nous faut revenir à l'acte de notoriété de 1676, que reproduit Rosapelly :

Estant lesd batiments avec la chapelle y joignante de la conte- nance d'un demy quart de journal tout au plus quy est environ vingt cinq pas de longueur et huict de largeur dans lequel il y a huict licts, comprins celui de l'hospitalier quy est gagé pour prendre soin des malades. (2)

(1) Rosapelly m'a longtemps égaré en parlant de l'Hôtel de France et du débouché de la rue de Silhac. Je voyais l' Hôpital aligné sur la façade actuelle du garage. Celle-ci est à l'ouest ; impossible de situer les fenêtres au septentrion et au midy et la galerie au midy. Il m'a fallu revenir aux sources : en 1780, c est Sahuc qui occupe l' angle de la rue de Silhac. L'hôpital s'aligne sur l'impasse, aujourd'hui fer- mée, entre le garage et le fleuriste. (2) Un journal, mesure de Vic = 22 ares 43 ca. Un demi-quart ferait donc 280 mètres carrés, mais c'est très approximatif.

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LE VIEIL HOPITAL Les alentours aujourd'hui A droite la rue de Silhac Les trois premières portes sont en 1780 :

1 - Sahuc 2 - Dubertrand 3 - Constance

A gauche maison noble On aperçoit, fermée par un portail, l'entrée de la ruelle de l'Hôpital.

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Le plan cadastral de 1809

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Ou encore une lettre de 1727 à l'intendant. Celui-ci transmettait les ordres du roi pour enfermer les mendiants dans les hôpitaux « cou- chés sur de la paille, afin qu'ils tiennent moins de place, et nourris au pain et à l'eau ».

On répond : « L'hopital de la ville de Vic Bigorre a été fondé par la piété des

anciens habitans de lad ville qui en différens tems ont légué des som- mes ou des biens pour la rente d'iceux être employée au soulagement et à l'entretien des malades de la paroisse. Led hopital n'a pour entre- tenir les malades qu'environ 900 L. de rente. »

« Il est composé d'une chapelle, d'une chambre pour l'hospitalier, d'une grande chambre où il y a cinq lits, d'une autre chambre ensuite fort ruinée, d'une fournière, d'une décharge, d'une cour fort serrée et d'un petit corridor. »

On nous confirmera, en 1743, dans le programme des travaux, qu'il s'agit d'un simple rez-de-chaussée :

« Premièrement, le sol de la chapelle est très bas, aussi bien que celui du logement des pauvres et de l'hospitalier, ce qui fait que l 'habi- tation est très acquatique et très mal saine et d'ailleurs étant très mal éclairée. »

Côté nord, l'Hôpital prend jour sur l'impasse, large de trois mètres à peine, écrasée par la masse de la noble maison voisine, côté sud sur cette cour « fort serrée » : seize pieds de large (5m.), dans l'ombre des maisons voisines. L'entrée principale semble au fond de l'impasse, où il subsiste un porche en arcade. Mais il y a aussi une entrée sur la place, du côté de l'ouest. Le 11 septembre 1744, la Ville autorise Jean Sahuc, menuisier, à bâtir jusqu 'au pilier du midi de la porte de l'hôpital, et de ce pilier jusqu'à la cour de la maison du sieur Dubertrand « à faux équierre ». Sahuc aurait même voulu avancer la « fermure » de sa maison jusqu'au-dessus de cette porte. Il venait d'acheter à Monsieur de Monda la maison qui fait l'angle de la rue de Silhac, autrefois logement du chapelain de l'hôpital. Sans doute faut-il situer derrière cette porte le « petit corridor ».

La cour est plus longue qu'aujourd'hui : le bâtiment du fond sem- ble bien avoir été construit pour servir de remise à l'Hôtel de France, au XIX siècle. La cour est fermée par un mur où une porte donne accès à un petit jardin. Nous n'avons pratiquement aucun renseigne- ment sur ce dernier : le mur de clôture est mentionné au moment des travaux de 1743. Le jardin n'apparaît vraiment qu'en 1780, quand on le vend au sieur Constance : il confronte du septentrion à l 'impasse, de l'occident à la cour de l'Hôpital, du midi et de l'orient, ce sont le jardin

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et la maison du sieur Constance qui l'enferment. Ce dernier occupe la troisième maison de la rue de Silhac, celle qui a une porte et cinq fenê- tres au rez-de-chaussée, sept fenêtres à l'étage. On peut donc être assuré que le jardin est fort petit. L'acte de vente ne donne pas la con- tenance. Si on se reporte au plan cadastral de 1809, ce pourrait être la parcelle « e-f », soit environ 10 mètres sur 15.

Si petite qu'elle soit, la cour est fort encombrée : la réserve de bois - deux chars par an - un puits, les « lieux communs » au fond, adossés au mur du jardin. Le four du voisin Dubertrand y fait une saillie. Le nommé Lamarque, le mari de Grassiette, l'hospitalière, trouvera encore le moyen d'y mettre un cheval et le fumier du cheval !

Travaux au XVIIe siècle Les renseignements que nous pouvons glaner dans les délibéra-

tions du Conseil de la Communauté, tout au long du XVIIe siècle, se réduisent à peu de chose : je n'y ai rien trouvé de plus que ce que nous en dit Rosapelly (p. 22/23). On constate en 1617 que l'Hôpital a besoin de réparations ; on discute pour savoir qui, des marguilliers ou de la confrérie de Saint-Jacques, doit s'en charger. Cinq ans après, rien n'est fait. En septembre 1622, Galiay, charpentier à Campan, fait un devis pour 1 000 livres - une somme importante : quelques jours plus tard, on vote un secours de 300 livres aux pères Minimes pour les aider à construire le clocher le leur église. Mais ce n'est pas Galiay qui fera le travail. On attend encore dix-huit mois pour constater, en février 1624, que l'Hôpital « est dangereux de choquer ».

C'est Beray, le syndic - qui est aussi consul pour 1624 - qui s'en chargera (1). Il commence par rassembler des matériaux : il s'inquiète de savoir s'il faut agrandir la chapelle : on décide le statu quo. C'est Blanchon, charpentier de Vic, qui fera le travail : il reçoit un acompte de 70 livres, en août pour « les emponts, deffaire le toyt de l'hospital, le portail et le rebastir et reffaire la muraille ». Nous lisons dans Rosa- pelly : « puis il fut arrêté que les maçons gagneraient 16 sous tournois par jour pour le reste des travaux. » Mais sa source, l'archiviste Pam- brun, disait « A suitte de quoy a esté arresté que le masson gaignera 16 s T le jour ». Le maçon et non les maçons ! Le maçon, c'est un entre- preneur, qui sur cette somme devra rémunérer un ou deux manœu- vres. Pour un seul ouvrier, le chiffre aurait été exorbitant pour l'épo- que : en 1622, les vendangeurs sont payés 3 sols par jour pour ceux qui travaillent au pressoir et seulement 6 liards (soit 1 sol et demi) pour (1) Pambrun nous le dit en février « consul et marguillier » en juin « consul et syndic ». Il n'y a pas d 'hésitation, il est syndic : il le restera jusqu'en 1631, où, malade, il devra être remplacé par Dan- drest.

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ceux qui sont dans les vignes. Un siècle plus tard, en 1721, le Conseil de la Communauté taxe les salaires de journaliers à quatre sols de Pâques à la Toussaint, cinq sols de la Toussaint aux Cendres et six sols des Cendres à Pâques.

Les travaux semblent avoir duré assez longtemps, car c'est seule- ment quatre ans plus tard, en 1628, qu'on renouvelle le mobilier, pour un total de 200 livres « meubles, lits, pailhasses et autres choses nécessaires pour led hospital ».

Au bout de quinze ans, il faut déjà recommencer, sans que nous sachions très bien ce qui s'est passé. En septembre 1643, Pambrun note « Réparation du plancher de la maison de l'Hostel-Dieu qui a esté rompu pour la réfaction de la grande cloche qui est dans l'église paro- chiale de cette ville ».

C'est tout pour un siècle. Bien entendu, il faut entretenir la literie. Ainsi, dans le compte des marguilliers de 1649, reproduit par Rosapelly :

« Font despance les mêmes comptables de la somme de vingt huict liures un soulz payés à Jean Barrère, marchand pour la vente qu'il auroit faict de trente troys pans de drap d'estoupe pour faire len- ceuls pour les licts de l'hospital. »

«... Les mesmes comptables font despances de la somme trente cinq livres payées à Jean du Bédat marchand pour l'achapt de cinq couettes pour les lits dud hospital à raison de sept livres pièce. »

Nous n'avons pas les délibérations correspondantes. Dans les archives municipales, il y a un trou de 1648 à 1655, soit un ou deux registres perdus.

Le début du XVIIIe siècle La série des délibérations de l'Hôpital, à partir de 1709, ne nous

apporte pas grand-chose de plus. En 1722, les Dames de la Miséri- corde achètent des draps de lit. On se plaint de la malpropreté des hos- pitaliers, Bernad Bruzau et sa femme. Mais Bernad Bruzau est aussi valet de ville, depuis 1709 : on ne lui donne que quinze livres par an de gages, au lieu de trente « attendu qu'il a le logement à l'hôpital ». En 1727, les consuls empruntent de la literie pour loger les dragons et ren- dent « trois mathelas entièrement usés avec les toiles entièrement bri- sées avec des traversins et couvertures hors d'état de servir tant elles sont usées ». On se plaint tout autant de Marie Fréchin qui a remplacé les Bruzau. Après elle, les Lafrance : cela va mieux, le mari fait réparer les vitres de la grande salle et fabrique un « sceau » pour le puits.

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Le texte le plus intéressant de cette période est la lettre de 1727 à l'Intendant, citée plus haut (p. 20).

Les travaux de 1743 - L'adjudication En février 1743, Monsieur Charles-César de Bouchotte a obtenu

du Roi la charge de maire de la ville. Il bouillonne d'idées : pour la ville, il va faire construire en pierre les ponts sur l'Adour et l'Echez. Cela va coûter cher.. qu'à cela ne tienne : la ville est riche de forêts, il suffira de faire des coupes de bois. Il envoie un projet en ce sens à l'Intendant, sans en parler au Conseil. Cela fera un beau grabuge quand on découvrira le pot-aux-roses, après sa révocation. Il aurait dévasté les bois communaux et endetté la ville. Les ponts se feront, beaucoup plus tard ; l'actuel pont sur l'Echez ne date que de 1850.

Pour l'Hôpital ses projets sont tout aussi grandioses : il faut le rebâtir. C'est tout de même plus réalisable, et cela se fera... ou presque.

La décision est prise le 15 juin 1743. On demande à Bayron (ou Veyron), architecte à Tarbes, de faire un projet qu'il remet le 2 octo- bre. Il demande 24 livres d'honoraires, on lui en octroie 18. On met des affiches à Tarbes, Bagnères, Lourdes et Pontacq pour annoncer l'adju- dication.

Une adjudication, c'est toute une procédure qui n'est pas sans rappeler nos adjudications immobilières avec une première séance pour rien, ou à peu près, la véritable adjudication ne se faisant qu'après surenchère. A la première séance, le samedi 2 novembre, le baile Ribis, qui est aussi hospitalier - ou plutôt mari de l'hospitalière - ouvre les enchères :

Jacques Ducos a dit 2 500 Montaut 2 400 Ducos 2 300 Montaut 2 200 Ducos 2 000

Là-dessus, on renvoie au mercredi 13. Et c'est un troisième larron, Hugues Dubertrand, qui enlève l'adjudication pour 1 854 livres. Le registre des délibérations ne nous en dit pas plus. Il faut se reporter à l'acte notarié qui constate le marché. Il n'occupe pas moins de huit pages dans l'ouvrage de Rosapelly. L'acte a été passé par le notaire Abadie, le 29 novembre, dans la chapelle de l'Hôpital, devant tout un aréopage : ils étaient sept à représenter l'Hôpital : M. de Bouchotte, maire - Rocques, consul - M. de Monda - M. Maigné de Sallenave -

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Carrère, médecin (1) - Rocques, médecin - Pujo, syndic. Pour l'autre partie, Dubertrand se présente avec trois associés que nous n'avions pas vus lors de l'adjudication : Redamil, Gaillard et Dours. Les témoins sont Ribis, baile et hospitalier, et l'inévitable Jean Larcher. Des entrepreneurs, seul Dubertrand a signé « et non les autres pour ne sçavoir ».

Gaillard mourra quelques années plus tard d'un cancer opéré aux frais de l'Hôpital, sa veuve fera partie des pauvres assistés. Redamil ne sera plus mentionné ; Dours fera quelques apparitions au début, mais c'est Hugues Dubertrand que nous allons retrouver pendant trente ans.

Le programme des travaux On rappelle l'état des lieux, déjà cité (p. 4) : « Premièrement le sol de la chapelle est très bas, aussi bien que

celui du logement des pauvres et de l'hospitalier, ce qui fait que l'habi- tation est très acquatique et très mal saine, et d'ailleurs étant très mal éclairée. »

Aussi, en ce qui concerne la chapelle, on va hausser le sol d'un pied et demi, le carreler avec des carreaux de brique. On va percer deux fenêtres au septentrion. La porte au midi sera déplacée, on va agrandir la fenêtre existante ; par contre, on va murer les ouvertures à l'occi- dent. A droite de l'autel, on va percer une ouverture qui fera communi- quer la chapelle avec la salle des malades, avec un escalier « en escar- got ». Pour éviter que le toit ne paraisse, on fera une voute en anse de panier, avec un lambris en planches de sapin.

Pour le logement des pauvres, on le surélèvera de six pieds, avec un plancher capable de porter un carrelage. Il y aura au midi - côté cour - une galerie de quatre pieds et demi de large (1 m 50), avec à cha- que bout de la galerie, un escalier de douze marches. Au-dessus de la galerie, un lambris cachera le toit.

Pour le jour, côté septentrion, sur la ruelle, trois « demi-croisées » d'un pied et demi de largeur sur quatre pieds de hauteur (0,45 x 1,30) - côté midi, sur la galerie, cinq portes de trois pieds et demi de largeur sur sept de hauteur (1,10 x 2,20). Ces portes seront en deux parties dans le sens de la hauteur, chacune de trois pieds et demi de haut. Au- dessus, une imposte pour éclairer quand les portes sont fermées. La salle des malades aura douze pieds de haut (4 m.). On aimait les vastes (1) Et non Lasserre, comme écrit Rosapelly - Voir note page 131.

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dimensions ! Au-dessus le « galetas », où l'on accède sans doute par une simple trappe.

On prévoit une salle pour les hommes et une pour les femmes, séparées par une cloison avec une porte à deux battants qu'on puisse ouvrir à l'heure de la messe. Il y a trois cheminées, une dans la salle des hommes, une dans la salle des femmes, une dans la chambre de l'hospitalier, les conduits devant dépasser de trois pieds le faîte du toit.

Dernier article du programme : « pour pratiquer un salon pour tenir les assemblées du bureau sera

fait un corps de logis entre le logement de l'hospitalier et la maison voisine... Ce salon aura douze pieds de largeur sur seize de longueur. »

Seize pieds, c'est la largeur de la cour. Cette salle sera pourvue d'une cheminée - la chapelle qui servait jusque là aux réunions, n'était pas chauffée - elle aura des fenêtres à la fois sur la cour et sur le jardin. Elle sera desservie par un retour de la galerie. Un petit corridor préser- vera l'accès aux « lieux communs » toujours situés le long du mur du jardin.

Il semble bien que ce salon n'ait jamais été construit. Jusqu'en 1787, les réunions se tiendront à l'Hôtel de Ville. Lors de la vente de 1780, il y a toujours le mur, percé d'une porte, qui fait communiquer la cour et le jardin. Le hangar actuel ne porte pas trace d'un étage, non plus que de la galerie en retour. Il faut le dater de l'Hôtel de France, au XIX siècle.

La chapelle La chapelle a été démolie en 1792 pour aligner la route d'Arta-

gnan (rue Thiers), et la route de Tarbes (rue Barrère de Vieuzac). Les délibérations du Conseil Municipal - il y en a plusieurs, de mai à août - sont décevantes, elles ne nous apportent aucune description des lieux. Certes, nous avons la surface démolie : vingt quatre cannes carrées (1) et le prix payé au propriétaire, Sahuc, celui qui avait acheté le vieil hôpital douze ans plus tôt, soit 1580 livres. Mais il s'agit non seule- ment de la chapelle, mais aussi d'une partie de la maison Sahuc, celle qui faisait l'angle de la rue de Silhac. De celle-ci, il reste la porte, la première de la rue, bizarrement située tout à l'angle ; la maison devait avoir une ou plusieurs fenêtres à gauche de cette porte.

Il nous faut donc nous contenter des indications de 1743.

(1) Soit 78 m A Vie, la canne vaut 1 m 804 et la canne carrée 3 m 26.

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— Avant 1743, il y a des ouvertures à l'occident et une au midi. La porte est également au midi, à l'extrémité du bâtiment.

— Après 1743, il y a deux vitraux au septentrion - sur la ruelle - un au midi, tous de deux pieds de largeur sur six de hauteur (0,60 x 2,00).

On nous dira plus loin que la fausse voute en lambris est divisée en trois arceaux, dont un correspondant à l'autel. La nouvelle porte est prévue dans l'arceau du milieu ; elle est à peine percée qu'on se ravise : elle est trop près de l'autel ; on la supprime et on revient à l'arceau du fond. On peut encore voir sur la ruelle des fenêtres à un niveau différent de celles de la salle des malades : elles correspondent sans doute à la partie non démolie de la chapelle, soit 3 à 4 mètres. La chapelle aurait pu avoir entre 8 et 12 mètres de long, et la saillie sur la place entre 5 et 8 mètres. Il est impossible d'être plus précis. Quant à la largeur, elle ne peut être différente du reste du bâtiment : environ 6 mètres. Comme toutes les églises anciennes, la chapelle était donc orientée : le chœur à l'est.

A l'intérieur, à gauche de l'autel, il est prévu un renfoncement avec un meuble pour ranger les ornements. A droite, une porte com- muniquant avec la salle des malades ; pour rattraper la dénivellation, l'escalier « en escargot ». Tout ceci va bientôt changer.

Les travaux commencent

Le jour de la signature de l'acte, Dubertrand reçoit un acompte de 610 livres, et les travaux peuvent commencer.

Remplacer un bâtiment sans étage par un autre de dix-huit pieds de haut, sans compter le toit, exige des démolitions : le toit, le plan- cher du grenier. En fait, il semble qu'on commence par la chapelle : le 29 avril 1744, la nouvelle porte sur la place est percée, l'ancienne murée. Ainsi que nous l'avons dit, on s'aperçoit que la nouvelle est trop près de l'autel, on revient au premier emplacement. La fausse voute en lambris est vite commencée, car, dès le mois d'août, on fait marché avec le sieur Giguet, doreur à Dax, qui, pour 80 livres :

« ... s'oblige à donner la couleur dazur avec des étoiles blanches, le tout avec de la cole, tout le lambris de l'hospice ou chapelle de l'hopital St Jacques de la présente ville, et de marbrer la corniche qui règne tout autour de lad chapelle, marbrer le chambranle des portes.... et que l'arceau qui sera derrière le maître-autel sera aussi marbré et la porte maitresse couleur brune en dehors, à l'huile blanche en dedans... »

En septembre, c'est Dours, un des associés de Dubertrand, qui vient réclamer un deuxième acompte de 300 livres.

Page 29: Prix de vente : 150,00 F.

Les démolitions se poursuivent. Le 21 octobre, on s'aperçoit qu'une fois les poutres enlevées, le mur de refend séparant la chapelle de l'Hôpital proprement dit menace ruine : il faut le reconstruire. Immédiatement, on décide une nouvelle adjudication.

Une nouvelle adjudication

Ce n'est plus deux séances que va durer la procédure : il en faudra cinq !

Le dimanche 15 novembre 1744, une seule offre : Jean Ducos pour 310 livres.

Le 22 novembre : Anthoine Lagarde 295 livres Jean Ducos 290 Jean Martin 288 Anthoine Lagarde 286

Le 29, personne ne se présente, on remet au dimanche suivant.

Le 6 décembre, ils sont quatre : Dominique Trouillé - Raimond Pérès - Jean Martin et Anthoine Lagarde. Livre par livre, il faut treize enchères pour descendre à 259 livres.

Le mardi 8, enfin, on se réunit pour le contrat. C'est Lagarde qui était resté mieux disant avec 259 livres. C'est un « estranger » : il est natif de Sanous et habitant de Nouilhan. On va réussir à l'éliminer au profit d'un Vicquois. Il propose comme caution Ducos, dit Ruste, charpentier à Vie, qui est refusé nous ne savons pourquoi. Il se rabat sur le nommé Mandion, de Caixon (1), refusé parce qu'il est étranger. Et on donne le marché, pour 260 livres à Jean Martin qui prend pour caution Raimond Pérès, un de ses concurrents.

J 'ai écrit « Martin » comme l'a fait le secrétaire, Jean-Auger Pujo. A la séance suivante, il est absent ; c'est Jean Larcher qui est secré- taire d'office ; il relit la délibération précédente, biffe tous les N de Martin et les surcharge d'un S : ce n'est pas Martin, c'est Martis.

Ce travail-là, au moins, sera fait. Il faudra quand même deux ans. Ce n'est que le 2 novembre 1746 que Martis et Peres viennent dire qu'ils ont fini. On désigne pour vérifier les travaux Jean Ducos et Dominique Trouillé. Ce sont deux des concurrents évincés : on peut se fier à leur avis favorable.

(1) Tous villages du canton de Vie : Sanous à 6 km, Nouilhan et Caixon à 3 km seulement.

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Incidents en tous genres

Cela laisse du temps à ces Messieurs de la Direction pour revoir leur programme. On devait hausser le plancher à six pieds de haut ; au-dessous, il n'y aurait eu qu'un débarras inutilisable. Pourquoi ne pas le hausser encore un peu plus, à sept pieds et demi (2 m 50). On pourra obtenir ainsi un rez-de-chaussée où l'on pourra faire des loge- ments ou des boutiques. La dépense supplémentaire sera insigni- fiante. En compensation, on supprimera la porte de communication entre la chapelle et la salle des malades et l'escalier en escargot. Par contre, au lieu du simple renfoncement à gauche de l'autel. il y aura une sacristie pour laquelle il faudra percer une fenêtre supplémentaire - sans doute la fenêtre basse qu'on voit encore sur la ruelle. Les entre- preneurs sont d'accord ; Dubertrand a signé «et non led Bertrand Dours pour ne sçavoir ».

Les malades ne pourront pas assister aux offices depuis leur lit, signe des temps ; nous sommes au « siècle des lumières ». Pour les boutiques, il n'y en a certainement jamais eu, nous trouverions trace de leur location. Certes, le commerce de l'époque était moins exigeant que le nôtre ; mais cette ruelle n'avait tout de même rien de bien enga- geant. Pour les logements, rien n'a certainement, non plus, été loué. Mais, dans le rez-de-chaussée actuel, où l'on retrouve bien les sept pieds de hauteur du plafond, sous les poutres apparentes, il y a une vaste cheminée. Ce pourrait être la cuisine - dont il n'est jamais ques- tion - ou le logement de l'hospitalière - ou les deux à la fois.

La démolition réserve des surprises. Les entrepreneurs comp- taient réutiliser les vieilles poutres : on s'aperçoit qu'elles étaient à peine encastrées et pourries des deux bouts ; elles sont trop courtes. Ils demandent à ces Messieurs de la Direction de leur en fournir des nouvelles. Pas question ! On leur envoie un exploit par le baile, avec copie du contrat, les sommant d'avoir à fournir eux-mêmes les poutres neuves. On va devant le juge de Vic ; puis on désigne des arbitres : ce sont deux avocats de Tarbes, Caries pour l'Hôpital, Lavan (ou Laban) pour les entrepreneurs. Chacun donne raison à son client, on n'est pas plus avancé. Nouvel arbitre choisi en commun, Latour, avocat à Tou- louse. Il donne tort aux entrepeneurs, le marché est formel : ils peu- vent récupérer les vieux matériaux s'ils sont utilisables, à défaut, ils doivent en fournir des nouveaux. De fait, l'acte ne souffre pas de dis- cussion :

«... à l'effet de quoi l'entrepreneur pourra se servir de tous les matériaux qui se trouveront être bons, et sera tenu de fournir ceux qui lui manqueront, aussi bien que tous les ouvriers manœuvres, outils et engins nécessaires pour toute la susdite construction... »

Page 31: Prix de vente : 150,00 F.

Mais, dans leurs calculs, les charpentiers n'avaient certainement pas prévu la fourniture des poutres nouvelles ; il en faut dix. Bien vite, ils vont se trouver à court d'argent ; alors, il ne font rien. Dès août 1745, on leur envoie le baile pour les sommer d'appliquer la décision de l'avocat Latour. En janvier 1746, ils réussissent à se faire donner un acompte de 300 livres. Et puis, comme avec les portes de la chapelle percées, condamnées, repercées, la sacristie et sa fenêtre, il y a eu des travaux supplémentaires, cela leur vaut 262 L 5 s 5 d.

En juin 1746, nouvelle sommation : on décide que le syndic assi- gnera les entrepreneurs en dommages et intérêts devant le sénéchal de Tarbes. En novembre, le syndic n'a toujours rien fait, on lui réitère l'ordre. Le 11 janvier 1747, le sénéchal a décidé de soumettre à experts l'évaluation des dommages subis par l'Hôpital. Celui-ci choisit pour le sien, Monsieur Dubertrand, bourgeois, qui n'est évidemment pas parent du nommé Dubertrand, charpentier.

Le rez-de-chaussée doit pourtant se faire : les Ribis, hospitaliers sont partis, mais le 9 août 1747, c'est Lamarque et sa femme Gras- siette qui s'installent « dans un coin de l'Hôpital ». Il leur faudra de la place, car Grassiette est « toujours enceinte ou nourrice ».

Et on continue à parler procédure. Le 10 janvier 1748, Salles, le syndic, vient dire qu'il est surchargé d'affaires et qu'il n'a pas le temps de poursuivre les entrepreneurs pour leur faire exécuter la con- damnation obtenue contre eux. On charge l'abbé de Normande, chape- lain, de suivre l'affaire. Pendant ce temps, « les meubles et autres effets se pourrissent et se gâtent, faute d'avoir un endroit à les maitre ».

Trois semaines plus tard, le 31 janvier 1748, c'est à nouveau Sal- les qui est chargé de désigner des experts pour évaluer les dégats. En fait de poursuites, Dubertrand et Dours se présentent quinze jours plus tard, le 12 février : ils n'ont pas d'argent pour acheter les maté- riaux. Ils réussissent à apitoyer ces Messieurs de la Direction : nouvel acompte de 200 livres.

Petit à petit, le chantier avance quand même. Il y a toujours eu quelques malades : les lits avaient été transportés dans la maison de ville. Le 19 février 1749, il y en a aussi à l'Hôpital : Lamarque, hospi- talier, vient réclamer deux chars de bois pour les chauffer. En août, la salle des malades est prête : il faut faire une cloison pour séparer les hommes des femmes. Dans le devis de 1743, il était prévu un véritable mur d'un pied d'épaisseur, avec un arceau et une porte qu'on ouvre pour laisser voir l'autel pendant les offices. La communication avec la chapelle a été supprimée, mais on maintient l'ouverture. Ce sera une

Page 32: Prix de vente : 150,00 F.

cloison en bois, qu'on appellera plus loin un « clair-voir ». En décem- bre, c'est Jean Montaut, un des soumissionnaires malheureux de 1743, qui en sera chargé au prix de 90 livres. Il y a des malades : Lamarque, qui, jusque là, travaillait gratuitement pour le seul béné- fice du logement, reçoit trente livres - la moitié des gages ordinaires. Le même jour, c'est un nouvel acompte à Dubertrand.

En février 1750, Jean Gaillard, l'un des quatre associés, est mort de son cancer : on fait une remise de dette de 10 livres à sa veuve. Demenge Redamil. pauvre et malade. Mais. le même jour. nouvelle sommation par le baile, tant à Dubertrand qu'à Montaut pour leur dire d'avancer les travaux.

On s'installe

Dès décembre 1749, on pense à meubler le nouveau bâtiment ; on fera une adjudication pour la fourniture des lits. On met de côté, pour cette acquisition, un capital de 500 livres qui vient d'être remboursé. Cela ne se fait qu'en avril 1750 :

« ... dimanche prochain, après vêpres, appel à tous les tailheurs de la ville pour l'adjudication des lits. »

Quelques mois plus tard, le 9 septembre :

« Bauban, tailleur, qui a fait quatre lits tout neufs pour l'hôpital, le tout pour la somme de dix livres a représenté qu'il perd beaucoup à ce marché et prie de vouloir lui accorder quelque gratification. Sur- quoi, il a été délibéré que vu la modicité du prix convenu, le dommage que ledit Bauban en souffiriroit, il lui sera payé par le sr Lartigue la somme de cinq livres par manière de gratification et sans tirer à consé- quence. »

Dix livres pour quatre lits, c'est tout à fait anormal. Il y a trente ans, déjà, c'est le prix qu'on avait payé pour un seul lit, d'occasion. A moins qu'il ne s'agisse de dix livres par lit, prix qui serait passé à quinze : ce serait plus vraisemblable, mais il faut torturer le texte pour lui faire dire ce qu'il ne dit pas. En tout cas, quand Rosapelly nous dit que les lits ont coûté 500 livres, on peut être assuré qu'il a lu trop vite.

Vingt ans plus tard, en 1772, nous trouvons un François Bauban à qui on fait l'aumône d'une culotte et d'une paire de sabots, et qui va deux années de suite aux eaux de Bagnères aux frais de l'Hôpital. Serait-ce le même ? S'il a souvent fait d'aussi mauvaises affaires, c'est bien possible. (1)

(1) En 1746, dans un état des artisans de la ville dressé à la demande de l'Intendant, il y a bien Bau- ban, tailleur. Il se prénomme François...

Page 33: Prix de vente : 150,00 F.

En décembre 1750, les lits sont en place ; il y a trois malades ; Lamarque obtient les gages complets d'hospitalier.

La chapelle est achevée aussi. Giguet, le doreur de Dax, n'avait pu terminer la décoration en 1744, à cause du chantier toujours en cours. C'est Acot, doreur à Lembeye, qui le fera pour lui, en juin 1751. Mais on refuse de payer Acot ; on ne paiera qu'au titulaire du contrat, Giguet. Il attendra cinq ans, jusqu'en mars 1756.

Et pourtant, il reste à faire. Nous avons dit que le « salon à tenir les assemblées » semble bien n'avoir jamais vu le jour. En mars 1753, l'abbé de Normande est chargé de faire des poursuites contre les entre- preneurs pour les obliger à achever. Un an plus tard, en mars 1754, on réclame à Cazaubon, ancien maire, le devis fait par « Veyron », archi- tecte en 1743, pièce qui est nécessaire pour ces poursuites.

Les gouttières

Il n'y a pas cinq ans que le toit -est fini que voilà déjà les gouttières.

Dès le mois de décembre 1754, on s'en plaint. La réaction habi- tuelle : le syndic fera une sommation aux entrepreneurs pour qu'ils les réparent et finissent les travaux. Hélas !... En juin 1755, on décide que syndic et trésorier feront venir de l'ardoise pour faire réparer les gout- tières sans paser par l'entrepreneur. Le 10 septembre, rien n'est fait ; on leur réitère l'ordre. Le 24, ils sont tous deux absents ; Couget, secrétaire, est chargé de demander à Vasserot, trésorier, s'il s'en est occupé. Nouvelle réunion le 29, syndic et trésorier sont toujours absents, on renvoie Couget faire la commission, cette fois au syndic.

Il y a bien cent pas de la maison de ville où se tient la réunion jusqu'à l'Hôpital. Il ne viendrait pas à l'idée de ces Messieurs de la Direction d'aller vérifier sur place !

Là-dessus, voilà Dubertrand qui reparaît : « Il est mortifié de ne pas se trouver en état d'exécuter l'acte qui luy a été signifié ». Le 12 novembre 1755, il déclare qu'il fera le travail gratis, pourvu qu'on lui fournisse les matériaux. Et pour la troisième ou quatrième fois, on donne ordre à Vasserot de les acheter, notamment des clous et des lat- tes. Il aura fallu un an entier pour y arriver !

Cela n'empêche pas de repartir en justice, toujours contre notre Dubertrand. En octobre 1756, nouvelle assignation. En janvier 1757, nouvel expert : Marquefave, de Saint-Lézer. Et il y a encore des gout- tières ! Dubertrand a-t-il bien fait le travail promis ? En août, les gout- tières... en novembre, toujours les gouttières... C'est un refrain !

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Achevé d'imprimer sur les presses de l'Imprimerie Péré

Bagnères-de-Bigorre le 29 septembre 1987

Dépôt légal 3 Trimestre 1987

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