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Prières de Cluny

148315PIP_CLUNY.fm Page 3 Samedi, 5. décembre 2009 10:36 10

Extrait de la publication

Du même auteur

Dom Claude MartinLes Voies de la prière contemplative

Textes réunis et présentés par dom Th.ÞBarbeauÉditions de Solesmes, 2005

Hortésie chez les MauristesLes Jardins monastiques à l’époque moderne

ITF Éditeur, 2007

MabillonVie et portrait,

par dom Thierry RuinartTexte présenté et annoté par dom Th.ÞBarbeau

Éditions de Solesmes, 2007

Sub titulo PetriMille ans d’histoire à l’abbaye de SolesmesITF Éditeur / Éditions de Solesmes, 2009



Prières de ClunyTextes traduits et présentés par les moines de Solesmes

sous la direction dedom Thierry Barbeau

OUVRAGE PUBLIÉ AVEC LE CONCOURSDU CENTRE NATIONAL DU LIVRE

Éditions du Seuil27, rue Jacob, Paris VIe



ISBN 978-2-02-096697-9

© Éditions du Seuil, janvierÞ2010.

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Dilectissimo papae nostro BenedictoÞXVI,Ut intercedentibus omnibus

sanctis monachis cluniacensibus,Europa magis ac magis in Domino proficiatÞ!

À notre bien-aimé pape BenoîtÞXVI,Que par l’intercession

de tous les saints moines clunisiens,L’Europe progresse

de plus en plus dans le SeigneurÞ!


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Cluny ou la prière

de la louange divine

Le 11Þseptembre 909 ou 910, GuillaumeÞIer,dit «Þle PieuxÞ», duc des Aquitains et comte deMâcon, faisait don à l’abbé Bernon d’une villasituée dans la vallée de la Grosne, à trois lieuesau nord-ouest de Mâcon. Cluny était fondée.Un très haut lieu de la chrétienté venait denaître.

Cluny serait restée un simple établissementmonastique, comme il s’en est tant créé auXeÞsiècle, si Bernon, qui avait aussi réforméBaume et fondé Gigny, n’avait choisi ce lieupour sépulture. Mais plus encore, s’il n’avaitappelé à lui succéder à la tête du monastèreOdon, moine d’origine tourangelle entré àGigny.

Odon et ses frères de Cluny se considéraientcomme formant une parvula societas, une«Þpauvre familleÞ». Deux siècles plus tard,

Cluny ou la prière

de la louange…



P R I È R E S DE C LUNY

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l’Ecclesia cluniacensis était constituée d’un gigan-tesque réseau d’abbayes, de prieurés, d’égliseset de dépendances diverses, qui se ramifiejusqu’aux confins de la chrétientéÞ: de l’Italiedu Sud jusqu’en Angleterre et en ScandinavieÞ;des frontières du monde orthodoxe, en Pologneet en Hongrie, jusqu’aux avant-postes, face àl’Islam, dans la péninsule Ibérique et en Pales-tine où, à la faveur de la croisade, Cluny possèdeune filiale, le monastère du Saint-Sauveur sur lemont Thabor. Les lointains successeurs de Ber-non et d’Odon, Odilon, Hugues de Semur etPierre le Vénérable surtout, seront des person-nages de premier plan dans la chrétienté des XIe

et XIIeÞsiècles, où les abbés de Cluny se feront lesémules et parfois les protecteurs des papes.

Ce développement extraordinaire, cette des-tinée inégalée peuvent s’expliquer par la situa-tion historique exceptionnelle dans laquelles’insérait Cluny au XeÞsiècle. Mais cet essor pro-digieux s’explique aussi par l’entière liberté, tantsur le plan temporel que sur le plan spirituel,dont jouit l’abbaye depuis ses origines. En effet,Guillaume d’Aquitaine avait fait don du monas-tère aux apôtres saint Pierre et saint Paul, leplaçant ainsi sous la dépendance et la protectiondirectes de l’Église de Rome. Depuis, touteune série de privilèges était venue s’y ajouter,



CLUNY OU L A P R I È R E DE L A LOUANGE…

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privilèges qui aboutiraient à la constitutiond’un véritable corps autonome à l’intérieur del’Église et de la sociétéÞ: l’Ecclesia cluniacensis.

Cependant la gloire de Cluny, ou si l’on pré-fère le «Þsecret de Cluny1Þ», réside pour l’essen-tiel dans une lignée presque ininterrompue degrands abbés, dont les longs et féconds abbatiatsprésideront aux destinées de la grande abbayedurant près de deux siècles et demi. Leursmérites aux yeux de Dieu et des hommes leurvalurent l’auréole des bienheureux et des saintsque l’Église leur décerna2.

UNE LIGNÉE DE GRANDS ABBÉS

Bernon avait désigné de son propre chef sonsuccesseurÞ; cette désignation par l’abbé en

1. Le Secret de Cluny est le titre d’un livre de RaymondOursel, publié au Barroux, aux Éditions Sainte-Madeleine, en 2000, qui présente la vie des saints abbésde Cluny, de Bernon à Pierre le Vénérable. RaymondOursel avait déjà publié en 1960, à Namur, aux Éditionsdu Soleil levant, dans la collection «ÞLes écrits dessaintsÞ», un choix de textes des abbés Bernon, saintOdon, saint Odilon et saint Hugues, dont plusieurs sontreproduits dans le présent volume. Son introductionporte, quant à elle, le titreÞ: «ÞCette gloire de Cluny…Þ»

2. Voir Dominique Iogna-Prat, «ÞPanorama de l’hagio-graphie abbatiale clunisienneÞ», Études clunisiennes, Paris,Picard, «ÞLes médiévistes françaisÞ», 2, 2002, p.Þ35-73.




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titre se substituait à l’élection régulière par lesmoines eux-mêmes après la mort de leur abbé,comme le prévoyait saint Benoît dans sa Règle.L’initiative de Bernon devait être reprise par sessuccesseurs durant deux siècles. Et la traditionhagiographique, à Cluny, se plaît à faire mar-cher ses saints abbés deux par deux – saintMayeul et saint Odilon, saint Odilon et saintHugues –, voulant souligner ainsi la grandecontinuité de l’œuvre entreprise par Bernon.

Il n’est pas question ici de retracer en détailla vie souvent mouvementée des abbés deCluny, ni de présenter tous les aspects de leurriche personnalité. Nous nous contenteronsde donner quelques éléments biographiqueset d’esquisser à très grands traits l’histoire deCluny jusqu’à la mort du bienheureux Pierrele Vénérable1. De même n’évoquerons-nous

1. La bibliographie sur Cluny est cyclopéenne. Nousne donnerons dans les notes que quelques titres se rap-portant directement à notre sujet.ÞPour une histoiregénérale de Cluny à l’époque de ses grands abbés, voirJ.-Henri Pignot, Histoire de l’ordre de Cluny depuis la fon-dation de l’abbaye jusqu’à la mort de Pierre-le-Vénérable(909-1157), Autun/Paris, Michel Dejussieu/Durand,1868, 3 vol., qui, malgré les imprécisions dues à laconnaissance de l’histoire clunisienne du XIXeÞsiècle,garde toute sa valeurÞ; et bien plus récent, MarcelPacaut, L’Ordre de Cluny, Paris, Fayard, 1986.




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que l’une ou l’autre facette de leur physio-nomie spirituelle, en attendant que les écritsreproduits dans cette anthologie, qui, pour laquasi-totalité, sont de leur plume, permettentde mieux la percevoir.

Saint Odon

Cluny prend son véritable essor sous l’abba-tiat de saint Odon (927-942). Saint Odon1 est névers 879 dans la région de ToursÞ; au paysmanceau, dit une tradition. D’abord chanoinerégulier à Saint-Martin de Tours, il gagna lemonastère de Baume où il fit profession en 908.Il déploya une intense activité réformatrice ettravailla aux intérêts généraux de l’Église.

Saint Odon a laissé une œuvre écrite assezconsidérable pour l’époque. Ses écrits sontconstitués de sermons, de Collationes, ou confé-rences diverses, d’un abrégé des Moralia in Iobde saint Grégoire le Grand, d’une Vie de saintGéraud d’Aurillac, et enfin et surtout de l’Occu-patio, long poème théologique, en sept livres, de

1. Sur saint Odon, voir le tout dernier travail univer-sitaire d’Isabelle Rosé, «þOdon de Cluny (vers 879-942).Itinéraire et ecclésiologie d’un abbé réformateur entrearistocratie carolingienne et monde féodalþ», thèse, uni-versité de Nice Sophia-Antipolis, 2005.




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l’histoire du Salut depuis la création. De cedernier se dégage un enseignement imprégnéde pessimisme, aux accents durs et amers, quicontraste fortement avec le moine patient etenjoué que nous décrit son biographe, Jean deSalerne. Il faudra attendre l’œuvre de Pierre leVénérable, spécialement ses grands traités théo-logiques, pour retrouver chez un abbé deCluny, mais à une époque culturelle bien diffé-rente, semblable ampleur de vue.

Aussi est-il significatif que le très exigeant etrigoureux saint Odon ait proposé en exempleà ses moines sainte Marie-Madeleine, la péche-resse pénitente, mais aussi la femme qui a beau-coup aimé et le modèle par excellence ducontemplatif.

Saint Odon, qui sa vie durant était resté fidèleà saint Martin, vint mourir près de son tombeau,le 18Þnovembre 942, et fut inhumé à l’abbayeSaint-Julien de Tours.

Saint Mayeul

Dès les premières années de son abbatiat,le successeur de saint Odon, Aimard (942-954), homme perclus et âgé, se choisit enraison de sa cécité un coadjuteur, Mayeul.Ce Provençal originaire de Valensole le



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seconda puis le remplaça à la tête de Cluny(954-994).

Saint Mayeul1 se jeta à corps perdu dansl’œuvre de réforme des monastères bénédictins,qui commençait à porter ses fruits, et qui necessera de requérir ses soins jusqu’à sa mort.Cluny connut une expansion considérable sousson gouvernement. De façon conjointe et com-plémentaire, saint Mayeul travailla aussi à laréforme de l’Église tout entière et au relève-ment moral de la société.

C’est en se rendant à l’abbaye de Saint-Denis– que le roi de France lui avait demandé derelever – que saint Mayeul mourut le 11Þmai994, à Souvigny où il fut enterré. Il n’a rien écrit,ou du moins n’en avons-nous pas de trace. Maisil fut le premier des abbés de Cluny à obtenir leshonneurs d’un culte liturgique. Saint Mayeulapparaîtra très tôt comme le type même de lasainteté clunisienne, de la pureté de vie dumoine et de sa place privilégiée au sein del’Église.

1. Voir Giovanni Spinelli et Dorino Tunyz, Maiolo,abate di Cluny papa mancato, Navara, Europia, 1994Þ;Saint Mayeul et son temps, Actes du congrès internationalde Valensole, 12-14Þmai 1994, Digne-les-Bains, Sociétéscientifique et littéraire des Alpes de Haute-Provence,1997.




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Saint Odilon de Mercœur

Odilon de Mercœur1 (994-1049), issu d’unegrande famille auvergnate, succéda à saintMayeul. Fils spirituel de ce dernier, il ensera le parfait continuateur et propagera sonculte.

Né en 962, saint Odilon reçut, jeune encore,la charge abbatiale de Cluny dont, en cinquante-cinq ans de gouvernement, il allait décuplerle prestige déjà considérable. L’action spiri-tuelle mais aussi temporelle qui remplittoute sa vie d’abbé – impossible à résumer –fit de lui l’un des plus grands personnages dela chrétienté, à l’égal des empereurs et despapes. Il milita, entre autres, pour la paix et latrêve de Dieu. Il inspira la célèbre bulle parlaquelle, en avrilÞ1016, le pape BenoîtÞVIIIinstaurait autour de Cluny le ban pacifiqueaux abords duquel les armes devaients’abaisser.

1. Voir dom Jacques Hourlier, Saint Odilon abbé deCluny, Louvain, Publications universitaires de Louvain,«ÞBibliothèque de la Revue d’histoire ecclésiastiqueÞ»,40, 1964þ; Odilon de Mercœur. L’Auvergne et Cluny. La«ÞPaix de DieuÞ» et l’Europe de l’An Mil, Actes du colloquede Lavoûte-Chilhac, 10-12Þmai 2000, Nonette, ÉditionsCréer, 2002.




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Mais surtout, saint Odilon est peut-être leplus riche, humainement, des abbés de Cluny.La douceur et la bonté rayonnent de cette per-sonnalité au tempérament pourtant nerveux, àla sensibilité suraiguë et à l’activité débor-dante. Sa tendre dévotion pour Notre Dameen témoigne. Sans oublier la prière pour lesmorts, à laquelle Cluny se dédia particulière-ment, même si elle ne fut pas la premièreabbaye à lui faire une place. C’est d’ailleurssaint Odilon qui institua la commémorationde tous les défunts, le 2Þnovembre, le lende-main de la fête de la Toussaint, qui s’étendraplus tard à l’Église entière.

L’œuvre littéraire de saint Odilon se com-pose essentiellement des deux Vies de l’impéra-trice sainte Adélaïde et de saint Mayeul, deplusieurs hymnes liturgiques, en l’honneur ausside son prédécesseur, et surtout d’une quinzainede sermons. D’un génie moins éclectique peut-être que saint Odon, et de langue moins savante,saint Odilon, par son enseignement de formeplus simple, plus spontanée, fait preuve d’unesensibilité plus riche que son lointain devancier,d’une sensibilité de mystique.

Saint Odilon expira dans la nuit du31Þdécembre au 1erÞjanvier 1049, à Souvigny,auprès du tombeau de saint Mayeul. Il fut, lui



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aussi, inhumé à Souvigny1. Si saint Mayeul est lemodèle du moine chaste, saint Odilon incarnel’idéal de charité dont Cluny a fait égalementtout un programme.

Saint Hugues de Semur

Saint Odilon confia Cluny au BourguignonHugues2, de la lignée des seigneurs de Semur-en-Brionnais, qui lors de son abbatiat, de 1049 à1109 – soit pendant soixante longues années –,devait porter l’Ecclesia cluniacensis à l’apogée deson expansion et de sa puissance.

Cet idéal de charité, par lequel s’illustrasaint Odilon, ne lui est heureusement paspropre. Chacun des abbés de Cluny a écrit unepage de ce chapitre essentiel de l’histoire de

1. Voir Marc-Édouard Gautier, «ÞLes sépultures dessaints abbés de Cluny, Mayeul et Odilon, à SouvignyÞ:état de la question et réflexions nouvellesÞ», HortusArtium medievalium, t.ÞX, 2004, p.Þ133-142.

2. Voir dom Albert L’Huillier, Vie de saint Hugues,abbé de Cluny (1024-1109), Solesmes, Imprimerie Saint-Pierre, 1888Þ; Armin Kohnle, Abt Hugo von Cluny (1049-1109), Sigmaringen, Jan Thorbecke Verlag, «ÞBeihefteder FranciaÞ», 32, 1993Þ; Le Gouvernement d’Hugues deSemur à Cluny, Actes du colloque international de Cluny,14-17Þseptembre 1988, Cluny, Ville de Cluny/MuséeOchier, 1990.



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l’abbaye et qui en constitue assurément le vraisecret. Saint Hugues n’est certainement pas lemoindre. Il serait erroné de restreindre lahaute figure de saint Hugues à celle d’un trèsgrand bâtisseur. Il est vrai que l’église deClunyÞIII, que le pape InnocentÞII viendraconsacrer en 1130, est son œuvre et qu’il l’avoulue la plus vaste de toute la chrétienté. Il nefut pas non plus seulement le commensal desempereurs, des rois et des papes. Sa personna-lité la plus intime se révèle dans son testament,dans lequel il laisse à ses fils cette uniquerecommandationÞ: aimer. Il y sollicite aussi lepardon de ses fautes. Et, à ses successeurs, il«Þdemande en gémissant de traiter comme despères1Þ» les brebis confiées à leur tutelle, en unmot de les aimer.

De saint Hugues, nous ne possédons prati-quement que ses lettres qui témoignent de sonaction dans l’Église et la société, à l’époque de laRéforme grégorienne.

Saint Hugues mourut le 29Þavril 1109 et futinhumé dans l’Ecclesia Major, qu’il avait fait édi-fier.

1. Bibliotheca Cluniacensis [Paris, 1614], Mâcon, 1915,col. 496.




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Le bienheureux Pierre le Vénérable

La mort de saint Hugues mit un terme à lacooptation des abbés. Et l’on fit retour, selon savolonté même, à l’élection régulière. Cette déci-sion ouvre, de façon significative, une période dedéclin. Le monde aussi allait changer.

Après l’intermède troublé de l’abbatiatde Ponce de Melgueil (1109-1122), Pierrede Montboissier1 (1122-1156), entré enfant

1. Voir dom Jean Leclercq, Pierre le Vénérable, AbbayeSaint-Wandrille, Éditions de Fontenelle, «ÞFiguresmonastiquesÞ», 1946Þ; Jean-Pierre Torrell et DeniseBouthillier, Pierre le Vénérable, abbé de Cluny. Le courageet la mesure, Chambray-lès-Tours, Éditions C.L.D.,«ÞVeilleurs de la foiÞ», 1988. L’œuvre et la pensée dePierre le Vénérable ont fait l’objet de nombreuses étudesÞ;voir en particulier Jean-Pierre Torrell et Denise Bou-thillier, Pierre le Vénérable et sa vision du monde. Sa vie.Son œuvre. L’homme et le démon, Louvain, SpecilegiumSacrum Lovaniense, «ÞÉtudes et DocumentsÞ», 42,1986Þ; Dominique Iogna-Prat, Ordonner et exclure. Clunyet la société chrétienne face à l’hérésie, au judaïsme et à l’islam(1000-1150), Paris, Aubier, «ÞCollection historiqueÞ»,1998Þ; Petrus Venerabilis (1156-1956). Studies and TextsCommemorating the Eighth Centenary of his Death, GilesConstable et James Kritzeck, Rome, Pontificium Institu-tum S.ÞAnselmi, «ÞStudia AnselmianaÞ», 40, 1956Þ; PierreAbélard. Pierre le Vénérable. Les courants philosophiques, litté-raires et artistiques en Occident au milieu du XIIeÞsiècle, Actes




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comme oblat à Sauxillanges, était élu à la têtede l’abbaye de Cluny. En cette période de pro-fondes mutations, de multiples difficultésattendaient le nouvel abbé. Il dut faire face auxcritiques formulées de l’extérieur par les cister-ciens, en particulier par saint Bernard de Clair-vaux, à propos du mode de vie des clunisiens. Ilentreprit courageusement une réforme de ladiscipline monastique et finit par s’imposer, àl’intérieur, comme l’abbé du renouveau cluni-sien.

Comme ses prédécesseurs, Pierre le Véné-rable fut mêlé à la vie de son temps, mais moinssans doute que saint Bernard. Son amitié pourAbélard est connue. On sait comment dans unesituation difficile – le théologien était condamnépar l’Église –, il l’accueillit à Cluny, lui permet-tant d’y finir ses jours en paix. Mais on sait peut-être moins qu’il étendit cette amitié à Héloïse, àlaquelle il ramena, quelques années plus tard, lesrestes de son époux. Le bienheureux Pierre leVénérable ne s’est pas départi de la charité deses prédécesseurs.

du colloque de Cluny, 2-9Þjuillet 1972, Paris, Éditionsdu CNRS, «ÞColloques internationaux du CNRSþ»,546, 1975.




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Il a laissé une œuvre littéraire multiforme. Sesgrands traités théologiques retiennent tout par-ticulièrement l’attentionÞ: le Contra Petrobrusia-nos, où il s’attaque à Pierre de Bruis et à sessectateursÞ; l’Adversus Iudeos et le Contra sectamSarracenorum, où il est l’un des tout premiersdans l’Occident médiéval à se pencher sur leTalmud et à se confronter au Coran. Par sesécrits, Pierre le Vénérable appartient déjà auXIIIeÞsiècle.

Le bienheureux Pierre le Vénérable renditson âme à Dieu le jour de NoëlÞ1156. Dans unesprit de dévotion bien clunisienne envers lemystère de l’Incarnation du Sauveur, il avaittoujours souhaité mourir à cette date et il faisaitprier ses frères et amis chartreux à cette inten-tion.

Avec Pierre le Vénérable s’éteignait la lignéedes grands abbés de Cluny. Son corps reposedans la grande église de ClunyÞIII. Son œuvrepleine de mesure, de raison et de discrétiontémoigne aussi de son amour de la beauté chèreaux clunisiens.



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DÉPÔT LÉGALÞ: JANVIERÞ2010. N°Þ96697 ( )IMPRIMÉ EN FRANCE



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