Principes, méthode et conduite de l'Inventaire général

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DOCUMENTS & MÉTHODES, n° 9 PRINCIPES, MÉTHODE ET CONDUITE DE L’INVENTAIRE GÉNÉRAL DU PATRIMOINE CULTUREL par Xavier de Massary et Georges Coste Sous la direction de Hélène Verdier avec la collaboration de Bruno Malinverno, Jean Davoigneau, Anne-Claire Viron-Rochet Ouvrage publié par le ministère de la Culture et de la Communication direction de l’architecture et du patrimoine sous-direction de l’archéologie, de l’ethnologie, de l’inventaire et du système d’information 2007 (2e édition)

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DOCUMENTS & MÉTHODES, n° 9

PRINCIPES, MÉTHODE ET CONDUITE

DE L’INVENTAIRE GÉNÉRAL

DU PATRIMOINE CULTUREL

par

Xavier de Massary et Georges Coste

Sous la direction de

Hélène Verdier

avec la collaboration de

Bruno Malinverno, Jean Davoigneau, Anne-Claire Viron-Rochet

Ouvrage publié par le

ministère de la Culture et de la Communication

direction de l’architecture et du patrimoine

sous-direction de l’archéologie, de l’ethnologie, de l’inventaire et du système d’information

2007 (2e édition)

Ce travail collectif a été mené, à partir de l’expé-rience des agents de l’Inventaire général, à travers denombreux débats et groupes de travail. Il s’appuie surle manuscrit du Livret architecture, préparé par Jean-Marie Pérouse de Montclos, en 1978, et sur l’Inventairetopographique, guide, par Claudine Cartier, CatherineChaplain, Monique Chatenet, Ghislaine Lecomte-Huberson, Yves-Jean-Riou, Hélène Verdier, en 1991.

Une première édition est parue en 2001, par Xavier deMassary et Georges Coste, sous la direction de MichelMelot et Hélène Verdier, avec la collaboration deChristophe Dessaux, Bernard Gauthiez, Aline Magnienet Geneviève Pinçon.

Cette seconde édition a été mise au point par :

Renaud Benoit-Cattin,

et Francine Arnal, Isabelle Barbedor, Mireille-BénédicteBouvet et le service régional de l’Inventaire enLorraine, Sophie Cueille, Catherine Chaplain, PaulCherblanc, Françoise Cosler, Pierre Curie, JeanDavoigneau, Dominique Hervier et le service régionalde l’Inventaire en Ile-de-France, Alexandra Kowalski-Hodges, Antoine Le Bas, Bruno Malinverno, Marie-Dominique Menant, Francis Muel, Yves-Jean Riou,Caroline Thillou, Bernard Toulier, Françoise Uzu et leservice régional de l’Inventaire en Rhône-Alpes,François Verdier, le service régional de l’Inventaire enPoitou-Charentes,

avec les précieux conseils de :

Alexandrine Condou, secrétariat général de la direc-tion de l’architecture et du patrimoine, bureau desaffaires juridiques et de la réforme de l’Etat,

et les observations du groupe de travail “Normes etcontrôle scientifique et technique” (2005-2006) :

Marceline Brunet, Claire Etienne, Sylvie Le Clech,Christian Trézin,

Sophie Annoepel, Katell Briatte, Georges Coste, JeanDavoigneau, Laurence Dellière, Jehanne Lazaj, BrunoMalinverno, Francis Muel, Francis Roussel, FrançoisVerdier, Hélène Verdier.

Relecture : Catherine Gros

Secrétariat d’édition : Françoise Cosler

Direction de la publication : Isabelle Balsamo

FRANCE, Ministère de la culture et de la communicationSous-direction de l’archéologie, de l’ethnologie, de l’inventaire et du système d’informationPrincipes, méthode et conduite de l’inventaire général du patrimoine culturelDir. Hélène Verdierréd. Xavier de Massary et Georges CosteParis : Ministère de la culture et de la communication, 2007(Documents & Méthodes, 9, 2e éd.)ISBN 978-2-11-096880-7

INTRODUCTION

Les principes qui fondent en France la démarche del’Inventaire général du patrimoine culturel s’appuient,depuis sa création, sur deux constantes : son caractèregénéral et son ancrage topographique. Toutes les caté-gories de patrimoine sont concernées, et l’on verradans cet ouvrage ce que recouvre cette appellationdont l’usage - l’abus diraient certains - s’est répanduavec une force qui ne cesse d’étonner. Quant au terri-toire, il est au cœur de tous les débats sur ce que sontaujourd’hui la France et ses régions.

La création de l’Inventaire général est révélatrice de lapériode qui a suivi la reconstruction puis la décolonisa-tion de la France avec, notamment, la création desrégions et la réapparition des terroirs. Son développe-ment s’inscrit aujourd’hui dans le double contexte dela décentralisation et d’une mondialisation qui pose laquestion des frontières culturelles et met en mouve-ment la perception de l’espace vécu. Changements deperspectives, changements de limites, changementsd’échelle, l’Inventaire général accompagne ces réfle-xions. Il propose des lectures donnant à l’environ-nement hérité toute sa dimension historique et cultu-relle.

objectifs de l’ouvrage

Le champ patrimonial, depuis une quarantaine d’an-nées, n’a cessé de s’élargir. Ce que l’on pourrait qua-lifier d’inflation pose une double question : quellessont les limites, existe-t-il même des limites à l’objetde l’Inventaire et quelle est la méthode permettantd’appréhender cet objet “en mouvement” ?

L’approche topographique sur un territoire qui est, àterme, celui de la France entière, exige la définitiond’aires d’étude fondées en priorité sur une pertinencescientifique. Echantillons permettant de poser lesbases d’une connaissance globale, modèles contribuantà l’élargissement d’une conscience culturelle qui s’ap-

puie sur des traces matérielles, ces portions de terri-toire sont tout cela à la fois. La traduction des résul-tats des opérations dans le système d’information do-cumentaire national du patrimoine culturel et dans despublications dont l’ensemble des collections assurentla mise à disposition du public.

à qui s’adresse-t-il ?

Cet ouvrage s’adresse donc à tous ceux qui s’in-téressent à la connaissance du patrimoine, entenducomme ce que l’on reçoit et que l’on veut transmettre,sous quelque forme que ce soit, matérielle, visant doncsa conservation, ou immatérielle et dont on conservealors la mémoire au travers d’un enregistrement.

Toute réflexion sur la manière de l’appréhender vienten enrichir la vision. Cette théorisation concerne lesresponsables politiques et administratifs en charge decet environnement matériel tant au niveau nationalque dans les collectivités locales. Elle intéresse égale-ment les historiens de l’art, mais aussi les historiens,géographes, ethnologues et archéologues qui, dansleur propre discipline, sont soumis aux mêmes ques-tions. Ce livret est donc une contribution à une ap-proche épistémologique interdisciplinaire. Il seraégalement profitable aux concertations et réflexionsmenées dans un cadre infranational et internationalqui démontrent de manière forte l’enjeu que re-présente le patrimoine dans les consciences collec-tives.

Ce sont plus particulièrement la première partie sur lesprincipes, et la deuxième partie sur la méthode quiseront utiles dans ces différentes perspectives. Latroisième partie, la conduite de l’inventaire, s’adresseplus directement à tous ceux qui sont impliqués dans saréalisation, et en particulier aujourd’hui les collecti-vités régionales auxquelles la loi Liberté et responsabi-lités locales du 13 août 2004 confie la responsabilité del’Inventaire général sur leur territoire. Les équipesexpérimentées trouveront ici, réactualisées, l’essen-tiel des recommandations méthodologiques qui doiventêtre appliquées dans la préparation, la mise en œuvreet la restitution de chaque opération, selon l’ordrelogique de son déroulement.

Elle constitue un document en soi qui peut être com-muniqué aux partenaires éventuels d’une opérationd’inventaire et permet de mesurer l’importance d’un

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Introduction

cahier des clauses scientifiques et techniques et de laphase préparatoire. Elle met en évidence aussi lanécessité d’un recours à des compétences multiplesmême si, dans la pratique, elles sont parfois réuniesdans une seule personne. Elle insiste enfin sur la phasede restitution qui va de la mise en forme de la docu-mentation dans un système documentaire pérenne à lapublication sous des formes variées.

méthodologie du recensementet de l’étude

Deux approches complémentaires ont toujours étéenvisagées dans la conduite de l’Inventaire même si,au cours du temps, elles ont connu des appellationsvariées. Recensement (sous les noms de pré-inventairebénévole puis de pré-inventaire normalisé) et étude(sous les noms d’inventaire fondamental puistopographique) signifient en effet la nécessité d’arti-culer une couverture rapide du territoire avec desétudes plus approfondies.

Dans tous les cas de figure, la connaissance du terri-toire se veut exhaustive. Mais la méthode de ces pre-miers recensements, si elle se traduisait bien par unerestitution sommaire de l’information au travers defiches de préinventaire, couvrait cependant un champchronologique beaucoup plus étroit (jusqu’en 1840), etun domaine typologique plus restreint également, lesœuvres qualifiées alors de mineures n’étant identifiéesque de manière très sélective.

Ce n’est qu’après une dizaine d’années d’existenceque fut mise au point la méthode dite d’étude collec-tive permettant d’analyser les “genres” numérique-ment très importants, donnant naissance au conceptde “famille architecturale”, défini dans le Livret archi-tecture en 1978. Cette période coïncide avec celle dela mise en place d’une réflexion sur l’analyse de lademeure dans les premiers grands chantiers urbains,l’Inventaire s’étant principalement consacré, dans lespremières années de son existence, aux territoiresruraux.

l’articulation avec les autresoutils méthodologiques

L’étude collective est instrinsèquement liée àl’Inventaire topographique. La place qui lui est donnée

dans cet ouvrage apparaîtra peut-être trop impor-tante. Mais cette disproportion relative est justifiéepar le fait que la publication présente est complétéepar la parution, dans la même collection, de la mono-graphie d’architecture en ligne (http://www.culture-.gouv.fr/culture/inventai/presenta/normes/monogra-phie-archi.pdf), et devrait encore être suivie par deuxautres ouvrages : les monographies d’objets, et laméthodologie des études.

une réflexion continue

Néanmoins, des interrogations, inévitablement, subsis-tent et sont mêmes induites par l’extension du champde l’étude, en particulier si l’inventaire prend progres-sivement en compte le patrimoine immatériel. Lelivret Principes, méthode et conduite de l’Inventairegénéral du patrimoine culturel ne prétend pas y répon-dre de manière définitive aujourd’hui.

l’évaluation des oeuvres

L’une de ces interrogations, cruciale, est celle de l’é-valuation des œuvres. Moins l’identification desœuvres à caractère patrimonial est sélective, plus leurappréciation qualitative se révèle nécessaire. Elle posealors la question des critères d’évaluation explicites etobjectifs, autant qu’il est possible et toujours relatifsaux échelles choisies. Car l’Inventaire, sans pourautant courir le risque d’une instrumentalisation quiviendrait affaiblir son contenu scientifique, doit pou-voir être communiqué à tous et contribuer ainsi à laréflexion sur les décisions de protection, de restaura-tion et de mise en valeur.

la mise à jour de l’inventaire

L’autre question est celle de la tenue à jour des résul-tats et des évaluations. Elle est cependant nécessairepour que les résultats ne soient pas plus riches du pointde vue, sociologique, de l’appréhension du patrimoineà une époque donnée, celle correspondant à la date del’enquête, que du point de vue de la connaissance desœuvres. On mesure l’écart entre un inventaire qui neprendrait en compte que les œuvres insignes et celuiqui se fixe aussi des objets d’étude plus difficiles àcerner tels que les ensembles, les réseaux etagglomérations… Les informations qui les concernent

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sont plus délicates à actualiser car ces items ne sontsouvent ni immédiatement identifiables, ni juxtapo-sables. D’autres domaines de réflexion restent ainsiouverts.

l’analyse des ensemblesurbains

Si la monographie d’architecture a fait l’objet, depuislongtemps, d’une réflexion aujourd’hui publiée, l’é-tude des ensembles, et notamment celle des ensem-bles urbains, devra encore être développée etenrichie. Les chantiers urbains : Toulouse, Rennes,Riom, Besançon, Fontenay-Le-Comte, Montpellier, LeHavre, Lyon, Rennes, Riom, Melun, Villeneuve-lès-Avignon et bien d’autres encore, sont particulièrementriches d’innovations et de découvertes. Objets dedébats et d’échanges de toutes sortes, ces ensemblesn’ont cependant pas encore fait l’objet d’une synthèseméthodologique complète qui serait d’autant plus utileque nombre de ces opérations sont conduites en parte-nariat avec des chercheurs de l’université ou du CNRS,des architectes-urbanistes et avec les collectivités con-cernées. Elles concernent en outre souvent des villesou des secteurs urbains en reconversion, sur lesquelsinterviennent divers services, notamment dans le casdes études sur les secteurs sauvegardés.

les objets mobiliers

Le domaine des objets mobiliers, du fait de la multi-plicité des catégories techniques qui le composent(menuiserie, orfèvrerie, peinture, sculpture, vitrail,etc.) et des compétences diverses qu’il exige estextrêmement difficile à aborder de manière globale.Les questions de sélection et d’évaluation des objetsdu XIXe et du XXe siècle sont complexes et conti-nueront à susciter des investigations nouvelles. Lesphénomènes de séries ne pourront être appréhendésqu’à partir d’une meilleure analyse des sources,notamment au travers des catalogues commerciauxdont le répertoire analytique et critique est actuelle-ment en cours. D’autres instruments de travail, commela mise à disposition indexée des recueils d’estampespermettront d’identifier avec plus d’efficacité lesrépliques et copies ainsi que les modèles icono-graphiques, en particulier dans le domaine de la pein-ture.

Enfin, la mise à disposition d’une documentation deréférence pour certaines catégories d’objets(orfèvrerie, mobilier religieux par exemple) à partird’un classement typologique et chronologique àl’échelle du territoire national permet aujourd’hui depréciser les datations et d’argumenter les sélectionssur des œuvres qui constituent l’essentiel du corpusétudié par l’Inventaire. Ces instruments de travail sontd’autant plus nécessaires qu’il existe relativement peude synthèses sur ces œuvres, qui ne font par ailleursque rarement l’objet d’un enseignement universitaire.De même, la mise en ligne du thesaurus illustré de l’i-conographie offre aujourd’hui, pour l’analyse et ladescription des œuvres figurées, des ressourcesenrichissant considérablement leur connaissance.

L’accent est mis, dans cet ouvrage, sur la nécessité, dupoint de vue de la méthode d’enquête, d’identifier etrestituer des informations, même de manière som-maire, sur un plus grand nombre d’objets, en réservantles dossiers d’étude aux œuvres les plus remarquables.L’analyse du corpus déjà réuni au travers des enquêtesde l’Inventaire devra faire l’objet d’une évaluation etd’une exploitation permettant d’orienter les enquêtesà venir.

l’analyse des données :analyse spatiale, analyse statistique

S’il est un domaine riche de potentialités nouvelles,c’est bien celui de l’analyse des données. L’inventaireest, par nature, le domaine des grands nombres et lesméthodes qui permettent d’en exploiter les résultatsrelèvent nécessairement d’approches quantitatives.

L’étude collective s’appuie, pour l’étude des famillessur une aire d’étude donnée, sur des méthodes statis-tiques. Les conclusions qui peuvent en être tirées nenécessitent pas forcément, (cf. IIIème partie, chap. 3)la collecte de paramètres en très grand nombre ni lamise en œuvre, comme l’ont montré nombre d’étudesurbaines, de moyens très sophistiqués. Cependant, laméthode d’analyse la plus prometteuse est probable-ment celle de l’analyse spatiale comme à Angers,Toulouse, Rennes ou Le Havre par exemple. Ledéveloppement des systèmes d’information géo-graphique et la systématisation de la cartographie per-mettent aujourd’hui de traiter de manière pertinenteet efficace les données de l’inventaire topographique,dont le positionnement géographique constitue unedonnée essentielle. Ces données viendront ainsi trou-

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Introduction

ver “naturellement” leur place dans l’atlas de l’archi-tecture et du patrimoine, support de l’analyse scien-tifique et de la politique patrimoniale en matière deconnaissance, de protection et de gestion de l’espace.Enfin, elles constituent l’un des vecteurs de communi-cation les plus efficaces.

la restitution des résultats

La connexion d’outils d’analyse spatiale à une gestionentièrement numérique de l’information constituel’enjeu majeur du développement de l’Inventaire.C’est le “dossier numérique”, grâce à une structura-tion modélisée de l’information, qui joue d’ores etdéjà ce rôle. On peut souligner ici que c’est le résultatde l’effort que l’Inventaire a toujours consacré à laréflexion méthodologique, à la structuration des don-nées, y compris, dès ses débuts, sous la forme très tra-ditionnelle de dossiers sur un support papier dont lanormalisation avait fait l’objet d’un soin particulier. Ilest aussi conforme au souci constant de constituer unedocumentation homogène, pérenne, interopérable etaccessible à tous les publics.

d’autres perspectives s’ouvrentaujourd’hui

Elles s’appuient sur le développement des liens entreles bases de données : liens entre les bases de donnéesMérimée (sur l’architecture) et Palissy (sur les objetsmobiliers) permettant ainsi de dépasser le clivage par-fois artificiel entre les deux domaines, liens entre cesbases et leur illustration par l’image sur la baseMémoire ou par la bibliographie, mais aussi liens versles thesaurus, afin de mieux illustrer les conceptsvéhiculés par les vocabulaires normalisés, et vers lesdonnées sur les auteurs : architectes, maîtres-verriers,etc.

La mise en place d’itinéraires “virtuels” à partir desdonnées existantes permet aussi de valoriser les résul-tats des inventaires en isolant, dans les bases de don-nées nationales et pour mieux les présenter, des thé-matiques particulières ou les résultats d’inventairestopographiques plus circonscrits.

Cet ouvrage s’inscrit dans une lignée, celle d’uneréflexion toujours ouverte qui s’appuie, comme pourles ouvrages précédents, sur un va-et-vient entre

développements théoriques et pratiques de terrain etentraîne toujours de nouveaux et fructueux débats. Ila un objectif majeur, celui de maintenir la féconditéde ces échanges qui garantissent la cohérence et ladiversité de l’Inventaire général du patrimoine cultu-rel.

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SOMMAIRE

I. PRINCIPES

Chapitre 1 : Les missions...................................................

1. Les fondements2. Pour un renouvellement de l’histoire de l’art3. Une contribution à l’aménagement du territoire

Chapitre 2 : Le champ de l’Inventaire..................................

1. Les contours du champ patrimonial2. Le cadre territorial3. Le cadre chronologique4. La limite du statut juridique des biens étudiés5. L’état matériel des objets étudiés6. Le mobilier et l’immobilier

Chapitre 3 : Le principe topographique................................

1. Les atouts de l’approche topographique2. Des thématiques circonscrites3. Les opérations ponctuelles4. “Aires d’étude” et territoire5. Le choix des aires d’étude6. La question des échelles

II. MÉTHODE

Introduction à la méthode..................................................

Chapitre 1 : Les objets d’étude..........................................

1. La construction de l’objet d’étude2. Les individus3. Les ensembles4. Les parties constituantes5. Les familles6. Les œuvres de série, répliques et copies7. Les études urbaines

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Chapitre 2 : Les modes d’approche..................................

1. L’observation directe2. Le recensement3. L’étude

Chapitre 3 : Une entreprise de description........................

1. Les éléments documentaires2. Le dossier3. La normalisation des données4. Les bases de données nationales5. Les outils parallèles6. Les savoir-faire, la formation

III. CONDUITE

Chapitre 1 : Le cadrage de l’opération..............................

1. Les objectifs de l’opération et son cadre institutionnel2. Le cahier des clauses scientifiques et techniques

Chapitre 2 : La phase de recherche documentaire...............

1. Les documents à consulter2. La critique de la documentation3. La mise en forme de la documentation4. La cartographie historique5. L’ouverture des dossiers

Chapitre 3 : L’enquête..................................................

1. La préparation de l’enquête2. L’enquête topographique sur le bâti et les espaces3. L’enquête topographique sur les objets mobiliers4. Les enquêtes thématiques5. Un cas particulier : l’étude des réseaux6. La commande de l’illustration photographique et graphique

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Chapitre 4 : Restitution et valorisation des résultats.......................

1. Le système national d’information documentaire 2. La valorisation des résultats3. L’exploitation de la recherche4. La question de l’évaluation des œuvres5. La question de la mise à jour

ANNEXES

1. Loi et décrets.....................................................................

2. Documents et publications méthodologiques de l’inventaire général

du patrimoine culturel..........................................................

3. Les dossiers de présentation de l’opération et de la commune.......

4. Principes de classement des dossiers........................................

5. Grilles d’analyse et données minimales.....................................

6. Les publications : les collections.............................................

7. Bibliographie......................................................................

8. Les inventaires avant l’inventaire............................................

9. Glossaire...........................................................................

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I. PRINCIPES

I. PRINCIPES

Chapitre 1 : Les missions..............................................

1. Les fondements2. Pour un renouvellement de l’histoire de l’art3. Une contribution à l’aménagement du territoire

Chapitre 2 : Le champ de l’Inventaire...........................

1. Les contours du champ patrimonial

2. Le cadre territorial3. Le cadre chronologique4. La limite du statut juridique des biens étudiés5. L’état matériel des objets étudiés6. Le mobilier et l’immobilier

Chapitre 3 : Le principe topographique.........................

1. Les atouts de l’approche topographique2. Des thématiques circonscrites3. Les opérations ponctuelles4. “Aires d’étude” et territoire5. Le choix des aires d’étude6. La question des échelles

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CHAPITRE 1 : LES MISSIONS

1. Les fondements

2. Pour un renouvellement de l’histoire de l’art

3. Une contribution à l’aménagement du territoire

1. Les fondements

La création, en 1964, de l’Inventaire général des monuments et desrichesses artistiques de la France répondait à la nécessité de renouveler laconnaissance du patrimoine, à une époque où la France connaissait unetransformation sans précédent de ses paysages. Il est né de la volonté dela Ve République et plus particulièrement de son premier ministre de laCulture, André Malraux, qui l’a conçu comme une œuvre scientifique, une“aventure de l’esprit” disait-il, dégagée de toute préoccupation réglemen-taire, juridique ou fiscale. Sa tâche fondamentale est de constituer, auniveau national et sur tout le territoire, un ensemble documentairepérenne et accessible à tous, dont l’exploitation scientifique et la publica-tion soient les prolongements logiques.

[Il] consistera, dans un contexte de recherche scientifique pure,excluant toute préoccupation d’ordre administratif ou fiscal, àrecenser, à étudier et à faire connaître toute œuvre qui, du faitde son caractère artistique, historique ou archéologique con-stitue un élément du patrimoine national1.

Ces principes continuent de guider la mission de connaissance que l’Etat aainsi fixée et dont il a confié la conduite aux collectivités régionales.L’Inventaire aujourd’hui participe, tant à l’échelon national que local, à laprise de conscience de notre environnement culturel, tout autant qu’à laconception des politiques de sauvegarde, de gestion et de mise en valeurdu patrimoine.

La France n’était alors pas le seul pays à vouloir se doter d’un telinventaire. L’Allemagne, notamment, avait déjà dressé le sien au

I. Principes - Chapitre 1 : Les missions

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l’“aventure de l’esprit”

une mission de connaissance

1. L’Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Paris: Imprimerie nationale, [1964], p. 17.

début du XXe siècle. Ce n’était pas non plus sa première tenta-tive2, mais toutes avaient échoué, l’ampleur de la tâche et lesmoyens à y consacrer ayant été sous-estimés.

L’Inventaire général du patrimoine culturel est, à l’origine, une mission quel’Etat s’est donnée pour mieux connaître le territoire sur lequel se fondetoute politique culturelle de conservation et de valorisation. Il permet demieux appréhender les éléments qui le composent et de guider l’actionpublique à toutes les échelles territoriales. La loi Liberté et responsabilitéslocales du 13 août 2004 charge les collectivités régionales, dans leurressort, de la responsabilité de l’Inventaire général du patrimoine culturel.La loi offre la possibilité de partenariats avec d’autres collectivités territo-riales pour la conduite d’opération dans le cadre de conventions. L’Etat,ministère chargé de la culture, reste garant des missions fondamentales del’entreprise et de sa dimension nationale. Il reçoit pour cela les avis duConseil national de l’Inventaire général du patrimoine culturel.

Employant directement environ 300 personnes réparties aujour-d’hui entre services de collectivités régionales et services du min-istère chargé de la Culture, l’inventaire couvre plus du quart duterritoire national, a publié plus de 800 ouvrages et constitué 360000 dossiers d’édifices ou d’objets mis en ligne parmi un corpusrecensé environ quinze fois supérieur, produit plus de trois mil-lions et demi de photographies et 60 000 dessins, cartes etrelevés.

Tout propriétaire souhaite inventorier son patrimoine, mais, à l’échelled’un pays et de ses régions, la tâche est immense et doit répondre à dif-férents types de demandes, notamment celles de nature scientifique, caron sait que le patrimoine est un domaine sensible et un argument facilepour tous ceux qui veulent s’en réclamer. L’histoire de l’art, comme touteautre discipline, a besoin de données vérifiées, indispensables aussi pouraménager le territoire de façon intelligente et harmonieuse, accompagnerses mutations et le renouvellement du paysage bâti.

Seule une méthode, parfois complexe, mais d’une rigueur et d’une sou-plesse capables de collecter, décrire, classer et interroger un nombre infi-ni de données, a permis de dépasser les seuils où d’autres se sont enlisés.Ce sont ces principes et cette méthode, issus maintenant d’une longueexpérience, qui sont exposés ici.

2. Pour un renouvellement de l’histoire de l’art

On pouvait légitimement regretter, au début des années 1960, le retard prispar la France dans la connaissance de son patrimoine monumental etmobilier, alors qu’elle avait conçu, depuis le début du XIXe siècle, des pro-

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2. Voir annexe 1 : Les inventaires avant l’Inventaire.

grammes très ambitieux en la matière. Après la Seconde Guerre mondiale,l’urgence d’une relance de l’entreprise était renforcée par les bouleverse-ments que la modernité des “Trente Glorieuses” imposait alors au cadre devie.

Alors que la France avait donné naissance à une école d’historiens partic-ulièrement brillante, l’histoire de l’art devait à son tour s’appuyer sur lesméthodes mises en œuvre par l’ensemble des sciences humaines : cellesde l’analyse des grands nombres et des phénomènes de longue durée, et,comme le faisait la nouvelle histoire, de la prise en compte du quotidien etde l’anonyme, aux côtés des grands événements, des grands hommes et desmonuments reconnus. Elle devait accompagner le mouvement de redécou-verte de la France de l’intérieur qui, en cette période de décolonisation,avait vu renaître l’ethnologie métropolitaine et une nouvelle géographie.

Le but premier est d’amener à constituer des monographies con-venables des édifices actuellement protégés, mais encore, etpeut-être surtout, de réunir une documentation sérieuse sur lesinnombrables édifices, fragments d’édifice, ou ensembles d’édi-fices qui n’ont jamais fait et ne feront jamais l’objet d’unemesure administrative, qui sont d’ailleurs plus ou moins légiti-ment voués à disparaître et dont il est inadmissible qu’on ne con-stitue pas le dossier, quand il est temps encore3.

La première voie de renouvellement de l’histoire de l’art français a con-sisté, pour André Chastel, cofondateur de l’inventaire avec André Malrauxet principal artisan de l’entreprise, à réinventer la recherche grâce à unemise en rapport de différents niveaux : des objectifs nationaux et unancrage régional des services.

L’histoire de l’art se fait à deux niveaux : l’un international,l’autre local. Il faut embrasser tout le panorama pour situerjustement le détail, mais le détail ne peut se voir que de près[...] L’étude en profondeur de l’art français et son insertion dansl’histoire de l’art occidental tout entier ne seront valables et pos-sibles que si l’on stimule les travaux, même modestes, accomplisdans les “terroirs”4.

La deuxième voie a été d’exiger plus de rigueur pour la description desœuvres et un intérêt nouveau pour l’identification des techniques, fonde-ments de l’entreprise de publication des Principes d’analyse scientifique5.L’objectif est de garantir l’homogénéité des données pour rendre possiblescomparaisons et synthèses nouvelles. L’analyse d’œuvres en grand nombrepermet de tirer des enseignements originaux. Devenue objet d’étude, laproduction courante vaut moins par elle-même que par son inscription dansdes familles ou des séries. Cette approche est rendue nécessaire par l’élar-

I. Principes - Chapitre 1 : Les missions

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l’ancrage régional

le “génie du lieu”

l’homogénéité desrésultats

3. L’Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Paris: Imprimerie nationale, [1964], p. 12 et 17.

4. CHASTEL, André, “L’érudition locale en France”, éditorial de la Revue de l’Art,n°4, 1969, p. 5.

5. Voir annexe 2.

gissement du concept d’œuvre d’art vers celui de patrimoine. Elle apporteen retour un éclairage nouveau sur les œuvres “majeures”.

3. Une contribution à l’aménagement du territoire

L’approche topographique, en considérant avant tout l’œuvre sur son ter-ritoire, fait de l’Inventaire un interlocuteur privilégié des organismes et desresponsables locaux chargés de la gestion du patrimoine et de l’aménage-ment du territoire.

Dès sa création, il participe de la politique d’aménagement du territoire,figurant parmi les équipements culturels au même titre que les maisons dela culture. Le niveau régional en particulier relevait d’une politique volon-tariste qui, dans le cadre du Plan, cherchait à vivifier les toutes jeunes“régions-programme”.

Les collectivités territoriales ne cherchent plus seulement à développer letourisme mais, plus fondamentalement, à valoriser l’image de leur payspour y attirer les entreprises et de nouvelles populations. La richesse dupatrimoine est un argument fort. Encore faut-il le connaître et l’enrichirsans cesse de nouvelles découvertes. Les travaux de l’Inventaire permet-tent ainsi d’accompagner une démarche de reconnaissance culturelle dansdes secteurs ruraux en reconversion, ou dans des secteurs urbains dont ladimension historique n’est perçue ni par les habitants, ni, parfois, par lesélus.

Le patrimoine des zones rurales est aujourd’hui remarqué, mais lacuriosité s’étend à des architectures ou des objets jugés jusqu’iciordinaires et dont la proximité avait masqué l’intérêt, et quimême souvent n’avaient suscité que mépris ou répulsion. Ont étéétudiés les “murs à pêches” de Montreuil, mais aussi les pavillonsde la banlieue parisienne, les cités ouvrières et les cabanons dulittoral, comme les bories du Lubéron ou les chalets d’alpage. Lesédifices et les objets de l’histoire industrielle, scientifique ettechnique, entre autres, sont en cours de découverte, commeceux du patrimoine hospitalier, militaire, scolaire ou ferroviaire.

La deuxième demande, mais la première peut-être par ordre d’importance,est de disposer d’un outil d’aide à la décision. Les élus et les administra-tions ont besoin des inventaires pour aménager le territoire, projeter leséquipements et délivrer les permis de construire. Dans les zones en recon-version, périphéries urbaines, friches industrielles ou commerciales fontl’objet de révisions parfois dramatiques. Aucun projet nouveau ne peutfaire l’impasse sur ce qui existe et sur son poids d’histoire. L’Inventairepeut apporter alors des éléments essentiels à la compréhension historiqueet esthétique du territoire. Toute mesure de protection, au titre de la loisur les Monuments historiques, Plans de Sauvegarde et de Mise en Valeur(PSMV), Zones de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain etPaysager (ZPPAUP), toute révision de Plan Local d’Urbanisme (PLU), toutprojet d’aménagement devrait être argumenté par un inventaire. Le souci

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une aide à la décision

est permanent de ne plus travailler en aveugle, “sur une page blanche”,mais de prévoir les effets sur le long terme pour l’environnement, l’urba-nisme et l’architecture, en tenant compte du passé.

Une troisième demande est exprimée par les élus : disposer, pour leurrégion, leur département ou leur commune, d’un outil de sensibilisation etde pédagogie utile à chacun pour se situer dans un espace géographique,historique, esthétique, civique et social. Le résultat de l’Inventaire, acces-sible à tous, est un précieux constat sur la société, et permet à chacun, s’ille souhaite, de connaître l’histoire et l’intérêt de la ville, du village, duquartier, de la rue, ou de l’immeuble qu’il habite.

Les habitants des lieux inventoriés sont les premiers touchés, au doublesens du terme, par le déroulement d’études qui contribuent à une prise deconscience en faveur du patrimoine local. Les contacts noués lors desopérations de terrain sont ensuite relayés par les diverses actions de resti-tution. L’impact de la publication de textes et de photographies sur leurville, leur village est important pour les populations concernées.

Le savoir-faire acquis par les services régionaux, tant dans la conduite desenquêtes que dans leur restitution, en particulier sous la forme de bases dedonnées nationales et de publications, ont amené, depuis plusieurs décen-nies, les collectivités à s’associer dans le cadre de conventions et par mutu-alisation de moyens, mise à disposition de personnel, voire création deservices territoriaux de l’Inventaire. Ces prémices ont abouti à l’adoptionde l’article 95 de la loi n° 2004-809 du 13 août 2004 relative aux libertéset responsabilités locales qui charge les collectivité régionales, dans leurressort, de l’Inventaire général du patrimoine culturel. Pour cela, la loitransfère à ces collectivités les services régionaux de l’inventaire. De nou-veaux textes réglementaires répartissent désormais les responsabilitéspartagées entre un Conseil national de l’inventaire général assisté d’uncomité scientifique, l’administration centrale du ministère chargé de laCulture, les Conseils régionaux et la collectivité territoriale de Corse. Cettenouvelle répartition vise à maintenir l’exigence de qualité scientifique ettechnique des opérations, garantir l’homogénéité des informations recueil-lies sur le territoire national, leur pérennité, leur conformité aux normes,vocabulaires et schémas de données, organiser la mise en valeur des con-naissances et diffuser les résultats des opérations à tous les publics.

I. Principes - Chapitre 1 : Les missions

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un outil de sensibili-sation

CHAPITRE 2 : LE CHAMP DE L’INVENTAIRE

1. Les contours du champ patrimonial

2. Le cadre territorial

3. Le cadre chronologique

4. La limite du statut juridique des biens étudiés

5. L’état matériel des objets étudiés

6. Le mobilier et l’immobilier

C’est à l’occasion de la définition de l’Inventaire général que, pour une destoutes premières fois, la notion de patrimoine, sortant de son acceptionjuridique, notariale, a pris le sens, beaucoup plus large, de bien reçu desgénérations précédentes et que l’on veut transmettre aux générations sui-vantes6.

Le développement des services régionaux dans les années 1970 et 1980 aaccompagné et parfois suscité celui de la notion de “patrimoine culturel”.Alors que l’intitulé d’Inventaire général “des monuments et des richessesartistiques” de la France semblait situer l’entreprise dans le cadre devaleurs reconnues de l’histoire de l’art, le fait de lui assigner comme objettout ce qui appartient au “patrimoine culturel” national affiche une ambi-tion plus large.

1. Les contours du champ patrimonial

La valeur culturelle d’un bien patrimonial n’est pas donnée a priori, elle luiest conférée par la connaissance et la perception que l’on en a, elles-mêmes évolutives7. En France la notion de patrimoine, comme enAngleterre celle de heritage, ou en Italie celle de beni culturali, s’est rapi-

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I. Principes - Chapitre 2 : Le champ de l’Inventaire

un champ à redéfinir enpermanence

6. L'évolution de la notion de patrimoine a été étudiée dans de nombreuses publica-tions au cours des dernières années ; voir en particulier les Actes des Entretiens duPatrimoine : Science et conscience du patrimoine, 1997 ; LENIAUD, Jean-Michel.L’utopie française. Paris : Mengès, 1992 ; CHASTEL, André, “La notion de patri-moine”, dans Les lieux de mémoire, sous la direction de Pierre Nora, Paris :Gallimard, 1986, II, 2, p. 405-450.

7. Voir IIème partie, chapitre 1 : les objets d’étude.

dement étendue ces dernières années jusqu’à englober l’essentiel des pro-ductions du passé. Il ne s’agit donc pas seulement d’aller sur le terrainreconnaître un patrimoine qui serait déjà là, immuable depuis ses origines,identifiable comme tel de manière incontestable, mais de constituer le cor-pus possible des objets auxquels est attachée une valeur culturelle et derenouveler la connaissance sur ceux que l’on croyait connaître.

C’est pourquoi les enquêtes se doivent d’aller, au-delà du connu, vers ceque l’on a communément appelé les nouveaux patrimoines.

L’entrée récente et successive dans le champ patrimonial, aucours des deux dernières décennies, du patrimoine industriel etdes œuvres du XXe siècle aux côtés de l’architecture romane oude la peinture du XVIIe siècle n’étonne plus aujourd’hui. Leurreconnaissance cependant ne doit pas masquer l’étendue du tra-vail d’investigation qui reste encore à faire sur ces domaines ;elle aide aussi à prendre conscience des évolutions et des décou-vertes à venir.

On peut entendre par “œuvre” le produit de l’acte humain créateur met-tant en forme la matière, conçu comme un tout, par la signification oupar la fonction.

En pratique, les œuvres entretiennent entre elles des liens d’interdépen-dance et de complémentarité : leur autonomie est toute relative. Aussi lacompréhension des œuvres passe-t-elle par l’étude des relations qui exis-tent entre elles et avec l’environnement qu’elles contribuent à façonner.Les œuvres recensées peuvent être meubles ou immeubles, dans le sensjuridique du terme et de toutes dimensions, “de la petite cuiller à la cathé-drale”. Il peut s’agir enfin d’œuvres disparues, mais à condition qu’ellessoient documentées et en particulier illustrées.

Les domaines hors-champ

Même si elles répondent à la définition de l’œuvre indiquée ci-dessus, lescréations littéraires ou musicales, qui réclament des compétences parti-culières et relèvent d’autres institutions (notamment archives et biblio-thèques) n’entrent pas dans le champ d’étude. Les ouvrages imprimés oules photographies ne seront pris en compte que de manière exceptionnelle,et plutôt signalés aux bibliothécaires et archivistes.

Du fait de leur statut, certains biens matériels font l’objet d’inventairesparticuliers. C’est le cas des collections de musées, de bibliothèques ou dedépôts d’archives.

D’autres œuvres enfin restent en dehors du champ d’investigationlorsqu’elles relèvent de la propriété privée, si tel est le souhait de leur pro-priétaire et conformément à ses droits.

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toute œuvre existant ou ayant existé

Les limites “naturelles” de l’objet “culturel”

Rien ne peut justifier, sous un regard scientifique, de couper l’objet fait dela main de l’homme de son milieu “naturel”, d’autant qu’aucun paysage,en France, n’est plus vierge d’intervention humaine. Les cultures en ter-rasse dans les Cévennes, les dunes du littoral, le boisement des forêts sontautant d’œuvres qui pourraient prendre place dans l’Inventaire. D’autresinventaires, qui intéressent notamment les Parcs naturels, portent sur lafaune et la flore, ou sur des sites naturels protégés. On peut citer parexemple l’inventaire forestier national qui est un service du ministèrechargé de l’Agriculture. Les ministères chargés de l’Environnement et de laCulture ont collaboré pour l’étude des “jardins remarquables”. L’édifice oul’objet ne doivent pas être extraits de leur environnement, mais c’est auchercheur qu’incombe le soin d’établir la limite entre ce qui relève del’histoire de l’art, au sens large, et ce qui ressortit à d’autres sciences.

Quand le programme d’aménagement imprime sa marque à l’en-vironnement de l’œuvre (pays horticoles, parcs des demeures etchâteaux, canaux, ouvrages d’art ou du génie civil...), ce dernierentre alors dans le champ de l’architecture.

Complémentarités et spécificités dans l’approche du territoire

La même attitude doit être adoptée face aux objets “immatériels” de l’his-toire, même si ceux-ci marquent profondément et expliquent le plus sou-vent la forme et la raison d’être des objets de l’étude.

L’inventaire du mobilier d’une église suppose à la fois une connais-sance de la liturgie et des rites sous l’angle historique et ethno-graphique. Leur approche croisée permet de comprendre et d’i-dentifier les œuvres. Il en est de même de l’identification destechniques et des savoir-faire pour l’étude des machines et desoutils. Tout édifice ou objet peut se regarder avec les yeux del’historien, du sociologue ou de l’économiste. Les matériaux ontune raison géologique mais aussi une signification sociale, symbo-lique ou une fonction économique ; la forme urbaine et la distri-bution des maisons peuvent être tributaires des structures de pa-renté, des systèmes de succession, etc.

L’historien et l’ethnologue étudient ces phénomènes en tant que tels avecleurs méthodes propres ; une étude topographique doit prendre en compteles résultats de leurs travaux.

Plus étroite encore est la relation entre le champ de l’Inventaire général etcelui de l’archéologie, dont les champs d’investigation vont au-delà de l’é-tude de la culture matérielle et tendent vers l’histoire. De la préhistoire àl’ère industrielle, elle s’intéresse aux traces matérielles : indices,vestiges, monuments et objets mobiliers. Ces traces sont recensées dans lacarte archéologique à titre de sites ou d’indices de site, et peuvent faire

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I. Principes - Chapitre 2 : Le champ de l’Inventaire

Inventaire, histoire etethnologie

Inventaire et archéologie

l’objet d’une analyse plus fine selon les méthodes dites de l’“archéologiedu bâti”, par exemple.

L’archéologue doit pouvoir s’appuyer sur l’Inventaire, notammentpour tout ce qui est du bâti ou de l’“existant”, mais inversement,le chercheur de l’Inventaire, très souvent, s’appuie sur lesrecherches des archéologues lorsqu’il analyse l’architecture d’uneville médiévale, comme le montrent l’exemple de Cahors8, oucertains vestiges d’un site métallurgique ou minier (forges deBuffon, Sainte-Marie-aux-Mines).

2. Le cadre territorial

L’Inventaire général du patrimoine culturel s’applique à l’ensemble du ter-ritoire national.

Toutefois, les responsables des pays issus des anciennes colonies, riches enpatrimoine d’origine métropolitaine, notamment par l’interventiond’artistes ou d’architectes français, souhaitent de plus en plus une colla-boration pour faire l’inventaire d’œuvres pour lesquelles les archives sontsouvent conservées en France.

L’Inventaire pourrait également participer aux études de Washington, deSalonique ou de Saint-Petersbourg par exemple pour les œuvres françaisesqu’elles abritent.

Les ambassades françaises à l’étranger et leur mobilier entrent aussi dansle champ de l’étude.

3. Le cadre chronologique

Les bornes chronologiques sont fixées à l’an 400 ap. J.C. pour la limitehaute et à 30 ans avant la réalisation de l’enquête pour la limite basse.

L’intervalle d’une génération, soit une trentaine d’années avant le présent,apporte, dans la grande majorité des cas, le recul nécessaire pour mieuxjuger de l’intérêt des productions récentes.

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un recul d’une trentained’années est souhaitable

les œuvres françaises à l’étranger

8. SCELLES, Maurice. Cahors, Ville et architecture civile au Moyen Âge. Paris : édi-tions du patrimoine, 1999. Coll. Cahiers du patrimoine n° 54.

Le territoire doit être parcouru, toute œuvre doit être examinée afin dedéterminer si elle s’inscrit dans les limites chronologiques indiquées ci-dessus selon le principe d’exhaustivité qui fonde l’inventairetopographique.

A l’intérieur de ce cadre chronologique vaste, qui élargit de fait le corpusde façon considérable, la prise en compte du patrimoine sera adaptée auxstrates chronologiques propres à chaque aire d’étude impliquant une dif-férenciation dans les modes de collecte, de traitement et de restitution desinformations.

La limite antérieure n’interdit pas la prise en compte des monu-ments importants pour l’aire d’étude et en deçà de cette limite(ils sont au demeurant souvent protégés au titre des Monumentshistoriques).

La limite basse est franchie, pour des œuvres ou opérationsexceptionnelles, et notamment parmi ces dernières, celles con-duites en partenariat (allant même, dans certains cas, jusqu’àpoursuivre l’objectif de faire un constat de l’ensemble du bâticomme à Lyon, ou de l’appréhension la plus large possible del’ameublement des églises dans le cadre de l’inventaire d’Ille-et-Vilaine).

4. La limite du statut juridique des biens étudiés

Il n’y a pas de logique scientifique à distinguer l’étude des biens de pro-priété publique de celle des biens de propriété privée. Il existe en revanchedes obstacles juridiques et matériels qui peuvent limiter l’étude des objetsprivés, alors qu’il est toujours légitime, pour un service public, d’étudierles biens mobiliers de propriété publique. On distinguera donc ci-dessous cequi doit impérativement être pris en compte dans les enquêtestopographiques de ce qui ne le sera que si les circonstances s’y prêtent.

Relèvent d’un inventaire :

- tout ce qui, par nature, se rattache à l’urbanisme ou à l’architecture,que l’œuvre appartienne à l’Etat ou à une collectivité publique, ouencore à des personnes physiques ou morales, dans le respect de la vieprivée et du droit de la propriété9 ;

- les biens mobiliers, la statuaire de plein air et les décors d’édificesappartenant à l’Etat ou à une collectivité publique et en particulier lesdépôts de l’Etat10 ;

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I. Principes - Chapitre 2 : Le champ de l’Inventaire

l’étude des objets privés

9. Voir IIIème partie, chapitre 4 : restitution et valorisation des données.10. Voir catalogue de l’exposition L’Etat et l’art (1800-1914). L’enrichissement des

bâtiments civils et militaires en Limousin, Limoges, 1999, p. 7-32, par T. Zimmer,B. Foucart, C. Duclos, C. Marion, A. Pougetoux.

La présence des dépôts de l’Etat consentis aux collectivités etgérés par le Fonds national d’Art contemporain doit être vérifiée; ces dépôts seront étudiés s’ils n’ont pas déjà de dossier docu-mentaire complet. En revanche, les dépôts du Louvre, parce qu’ilsne sont normalement consentis qu’à des musées, ainsi que lesdépôts du Mobilier national, réservés aux ministères, ambassadeset résidences officielles, ne sont pas du ressort de l’Inventaire

général du patrimoine culturel.

- les biens protégés au titre des Monuments historiques, qu’ils soient con-sidérés comme meubles ou immeubles, publics ou privés.

En fonction des possibilités, sont pris en compte :

- le patrimoine des associations (mobilier des associations cultuelles,c’est-à-dire la majeure partie de l’orfèvrerie religieuse du XXe siècle,collections des sociétés savantes, etc.), le patrimoine privé d’établisse-ments publics (pour l’essentiel, celui des hôpitaux) et celui appartenantà des collectivités diverses (syndicats, congrégations, corporations, con-fréries, clubs sportifs, orchestres et harmonies municipales, etc.) ;

- les décors d’édifices privés, immeubles par nature (verrières dechapelles, décors sculptés de façades, peintures monumentales) ;

- le mobilier de propriété privée, et plus particulièrement les meubles etobjets “régionaux”, le mobilier lié à l’histoire d’un édifice, mais aussitoute œuvre présentant un intérêt patrimonial : les outils de la produc-tion agricole ou artisanale, et les instruments de l’industrie ou de la sci-ence…

- les collections privées, surtout si elles sont spécialisées (faïences, sculp-tures, outils agraires, etc.), les fonds de modèles et les moules defonderies, faïenceries ou verreries ;

- certains objets conservés dans de petits musées non labellisés “Musée deFrance” ne disposant pas d’un personnel de conservation attitré, etlorsqu’ils sont en relation directe avec le territoire de l’enquête ;

- enfin, bien que l’inventaire botanique n’entre pas a priori dans les com-pétences du service, les espèces végétales seront mentionnées dans lecadre des dossiers ouverts sur les parcs et jardins, ou lorsqu’elles sontprotégées en tant que telles au titre de la loi sur les Monuments his-toriques.

5. L’état matériel des objets étudiés

Une enquête topographique s’intéresse avant tout à ce qui existe, dans l’é-tat et le lieu où les œuvres se trouvent au moment de l’enquête. Ceprincipe appelle néanmoins certaines précisions.

Peuvent être étudiées, en fonction d’un intérêt qui doit être argumenté :

- des œuvres ou des ensembles d’œuvres disparues, à condition qu’ellessoient bien documentées, et représentées par le dessin, la gravure ou

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les œuvres disparues ounon réalisées

des photographies anciennes,

- des œuvres non réalisées, à condition qu’elles se rattachent précisé-ment à l’aire d’étude et soient, elles aussi, connues par des projets fi-gurés.

Le fait qu’une œuvre ait subi des transformations, récentes ou non, ne l’ex-clut pas du champ d’investigation, qu’il s’agisse par exemple, pour un édi-fice, de l’épiderme (enduit refait, couverture remplacée, huisseries renou-velées) voire du gros œuvre (percements, surélévations, etc.) ou, pour uneopération d’urbanisme, de la modification d’une rue, de la reconstructiond’édifices, etc. De la même manière, la recomposition d’un vitrail ne l’ex-clut pas du champ de l’étude. On peut même conclure que le choix de sonétude doit être apprécié en fonction de l’intérêt de l’un ou l’autre desétats de l’œuvre, voire en fonction de l’intérêt de sa transformation quel’on évitera de qualifier de “dénaturation” .

Les ruines, vestiges de constructions, en fonction de leur intérêttypologique et historique, les œuvres non identifiées, fragments ou élé-ments, selon l’intérêt de leur décor, peuvent faire l’objet d’un dossier.Lorsque l’observation ou la documentation ne permettent pas de préciserleur fonction, ces œuvres sont désignées comme “ensemble non identifié”ou “édifice non identifié” ou “œuvre de fonction non identifiée”.

Les pièces de mobilier mises en dépôt dans un musée ou dans un dépôtarchéologique ou d’art sacré sont étudiées avec l’édifice dont elles pro-viennent. En cas de cession, elles ne font pas l’objet d’un dossier, sauf sielles font partie d’un ensemble dispersé et que l’analyse de l’élément enplace est nécessaire à la compréhension du tout.

Dans la majorité des cas, surtout lorsqu’il s’agit d’œuvres dont l’intérêtparaît secondaire, on peut se contenter de faire figurer l’information dansl’historique du dossier “Présentation du mobilier” de l’édifice d’origine.

Les déplacements d’œuvres architecturales sont plus fréquentsqu’on ne le croit généralement, en particulier pour l’architecturedu XXe siècle, comme le montre l’exemple du Pavillon de l’alu-minium de Jean Prouvé dont on peut suivre les pérégrinations, deParis à Villepinte, en passant par Lille.

Les éléments de décor ou les édicules remontés sur ou dans un nouvel édi-fice sont normalement étudiés en même temps que ce dernier, mais desconsidérations d’ordre pratique (localisation actuelle inconnue ou impré-cise, œuvre exportée à l’étranger, remontage dans un édifice non suscep-tible d’être étudié) peuvent amener, lorsque l’on dispose d’informationssuffisantes, à étudier ces éléments de décor avec l’édifice d’origine.

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I. Principes - Chapitre 2 : Le champ de l’Inventaire

les œuvres transformées

les œuvres déplacées

6. Le mobilier et l’immobilier

C’est une particularité de l’Inventaire français que de mener de front l’é-tude de l’architecture, de l’urbanisme et des objets mobiliers dans leurcadre territorial. Le statut juridique d’un certain nombre d’objets, notam-ment celui d’une grande majorité des objets religieux qui, depuis la loi deséparation des Eglises et de l’Etat en 1905, et lorsqu’ils lui sont antérieurs,appartiennent aux communes ou à l’Etat (le mobilier des cathédrales parexemple), est en soi une première justification de cette particularité.

Il existe une autre justification, de nature scientifique, à l’étude conjointedu mobilier et de l’immobilier. Les édifices et leur ameublement sontconçus pour répondre à des usages divers. Les changements, plus ou moinssynchrones ou décalés, de l’un et de l’autre permettent une adaptation desmodes d’occupation, dans leurs dimensions sociales et économiques, auxchangements de fonction qui en découlent. Leur lecture simultanée estriche d’enseignements pour la connaissance des deux domaines.

La compréhension d’un édifice ne peut donc se faire, en milieu urbaincomme en milieu rural, sans la connaissance des circonstances de forma-tion de l’environnement bâti, pas plus qu’elle ne peut se faire sans la con-naissance des fonctions qu’il remplit et des distributions qui en découlent,dont l’ameublement constitue un témoignage.

A l’inverse, la compréhension de l’ameublement d’un édifice, quelle quesoit l’échelle de celui-ci, ne peut se faire sans l’identification des cam-pagnes de construction ou des transformations éventuelles.

Les études portant sur le paysage, l’urbanisme, l’architecture ou le mobili-er peuvent exiger des compétences spécifiques, mais elles s’enrichissentmutuellement et ne peuvent donc être menées de manière cloisonnée, s’i-gnorant les unes les autres.

La frontière entre les domaines est parfois difficile à tracer : une opéra-tion d’urbanisme touche souvent à la conformation des édifices ; s’il s’a-git de simples règlements on sépare aisément édifices et opération d’urba-nisme elle-même, d’autres cas sont plus complexes. La distinction entremeuble et immeuble est tout aussi délicate, y compris sur le plan juridique.On distingue des immeubles “par nature” les immeubles “par destination”,qui sont des objets indissociables du lieu qu’ils occupent dans le bâtiment(les verrières ou les buffets d’orgue).

L’acception restreinte de l’œuvre architecturale est bornée pardeux termes : mobilité et représentation. [...] Le contenu se dis-tingue de l’œuvre architecturale contenante par sa mobilité.Pour toute une partie du décor, l’œuvre architecturale n’est pasun contenant mais un support. L’intégration de ce décor dans lacomposition architecturale est beaucoup plus intime, puisque ledécor est matériellement solidaire de la structure. Il n’en est pasmoins vrai que l’analyse d’un chapiteau ou d’un tympan historié

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la continuité du patrimoine :de l’ensemble immobilier

à l’objet mobilier

fait appel à un savoir qui relève du domaine de la sculpture etnon de celui de l’architecture.11

La notion de “décor porté” est utilisée pour les œuvres solidaires du bâti-ment - sculptures en relief, peintures murales - mais cette désignation estune commodité, fondée pour l’essentiel sur des raisons pratiques liées à lastructure de la documentation en deux bases de données distinctes, et à lapossibilité d’utiliser pour les objets des moyens d’analyse plus riches, soiten matière terminologique pour l’analyse du décor et de l’iconographie,soit pour le traitement de l’implantation dans l’espace. Selon les cas, cer-taines œuvres seront donc classées tantôt dans le domaine des objetsmobiliers, tantôt dans celui de l’architecture.

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I. Principes - Chapitre 2 : Le champ de l’Inventaire

11. Livret architecture, p. 2-3.

CHAPITRE 3 : LE PRINCIPE TOPOGRAPHIQUE

1. Les atouts de l’approche topographique

2. Des thématiques circonscrites

3. Les opérations ponctuelles

4. “Aires d’étude” et territoire

5. Le choix des aires d’étude

6. La question des échelles

L’inventaire général du patrimoine culturel est fortement ancré dans le ter-ritoire aux différentes échelles administratives : la région, ledépartement, le canton, la communauté de communes ou la commune, ousocio-historiques : le pays, le quartier, etc.

Contrairement à certains pays voisins, qui procèdent par catégories d’édi-fices : châteaux, habitat rural, ensembles urbains, ou de voies (selon l’unedes approches originales conduites par la Suisse qui a mis en place uneétude spécifique des routes au niveau fédéral), excluant bien souvent, pourdes raisons juridiques, les objets mobiliers, l’Inventaire général français sefait de manière systématique selon une approche territoriale.

1. Les atouts de l’approche topographique

Les atouts d’une approche topographique sont en effet décisifs. Parce queles œuvres étudiées occupent une place généralement fixe dans l’espace(ou qu’elles ont été créées pour un usage en un lieu précis même si ellesappartiennent à la catégorie du mobilier) et que cette place détermine unfaisceau de relations entre elles et avec leur environnement, il y a dans laconnaissance et l’interprétation de cette localisation et de ces relationsune source d’informations fondamentale sur les œuvres elles-mêmes.

Si l’influence du relief sur l’orientation, le plan et la distributiondes édifices est bien connue, de même que la nature du sous-solsur les matériaux de construction, d’autres caractéristiques dubâti se trouvent déterminées plus par l’histoire que par la géogra-phie. Ces faits doivent être constatés, à défaut de pouvoir tou-jours être expliqués. Il en va ainsi de la forme du parcellaire

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I. Principes - Chapitre 3 : Le principe topographique

préexistant ou de la disposition de la voirie, qui découlent d’amé-nagements concertés ou non de l’espace, ce dont il convient des’assurer.

La connaissance historique du territoire étudié (phases de prospérité ou dedéclin, activités autrefois pratiquées, etc.) permet d’expliquer certainscaractères architecturaux. Ce va-et-vient entre l’observation de terrain etla documentation historique n’est sans doute pas original, mais la com-préhension de l’œuvre se trouve, dans une démarche topographique, ren-forcée par cette approche.

Le principe topographique a fait ses preuves, car l’accumulation de théma-tiques hétérogènes rend vite un inventaire incohérent et inexploitable,hors du champ choisi, pour une appréhension globale du territoire. La pro-blématique d’ensemble du patrimoine et de son histoire rend éminemmentsouhaitable de conduire des études thématiques dans une phase qui suitune phase topographique, dont elles sont un des multiples prolongements,plutôt que le préalable. En tout état de cause, on peut considérer lesétudes thématiques, néanmoins nombreuses, comme des enquêtes “topo-thématiques” destinées à être intégrées dans la démarche topographiquequ’elles contribuent bien souvent à éclairer d’une approche complémen-taire.

La progression topographique constituant la norme, la méthode présentéedans la suite de ce livret correspond à cette démarche. Une opération thé-matique pourra largement s’en inspirer et s’y intégrer.

2. Des thématiques circonscrites

Les opérations nationales

La loi n° 2004-809 du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilitéslocales a prévu que l’Etat puisse conduire des opérations nationales pro-grammées et définies par le conseil national de l’Inventaire général du pa-trimoine culturel.

Les programmes de recherche du “Laboratoire de recherche surle patrimoine français”

Des approches thématiques ont été définies dans un cadre national, en liai-son avec le Laboratoire de recherche sur le patrimoine français et l’histoirede l’art occidental (Unité mixte de recherche n° 8150).

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une intégration de l’objetd’étude dans l’histoire

Les programmes sur lesquels le laboratoire travaille actuellement sont lessuivants :

- le recensement des vitraux anciens de la France (Corpus vitrearum)

- les dictionnaires des poinçons de l’orfèvrerie française

- l’architecture de la villégiature

- le atrimoine lié à l’industrie métallurgique

Ils associent des chercheurs de l’Inventaire et du CNRS, en général sous laresponsabilité conjointe d’un conservateur du patrimoine et d’un spécia-liste extérieur. Des liens ont été noués en outre avec certaines universitéset des doctorants travaillent en association avec le laboratoire.

Cette approche thématique a permis, dans le cas du patrimoineindustriel, de combler les manques liés à une approche plusrestreinte du patrimoine selon les limites fixées en 1964, de con-tribuer à définir un nouveau champ patrimonial et de créer unréseau de compétences spécialisé dans un domaine qui relèveautant, et souvent plus, de l’histoire économique et techniqueque de l’histoire de l’art. Dans le domaine du vitrail, elle a per-mis de poursuivre et de développer l’entreprise internationale duCorpus vitrearum. Dans d’autres domaines, comme celui du patri-moine de la villégiature, les études thématiques ont élargi lechamp chronologique vers le XXe siècle, et ont permis de répon-dre à des situations d’urgence sur des zones littorales menacéespar la spéculation foncière.

Les thématiques régionales

D’autres enquêtes thématiques régionales ou inter-régionales peuvent êtredéveloppées, pour répondre à la fois à des demandes précises, à des situa-tions d’urgence ou à l’intérêt de tel ou tel type d’œuvres. Conduites dansun cadre topographique plus ou moins large, elles ont vocation à être inté-grées dans les enquêtes topographiques.

Le découpage habituel en aires d’étude de dimensions relativementrestreintes ne donne qu’une vision éclatée et partielle de certains types depatrimoine tels que les réseaux de circulation (réseau ferré, réseau na-vigable, etc.) ou de distribution (distribution de l’eau, alimentation enélectricité), mais aussi les lignes de fortifications. Dans ces quelques cas,l’enquête thématique, le seul mode d’étude cohérent, est indissociable dela topographie.

3. Les opérations ponctuelles

Il arrive que soient étudiées, hors aire d’étude programmée, des œuvresmenacées ou présentant des conditions d’étude exceptionnelles. Cesopérations sont nécessaires et opportunes ; elles permettent de conserver

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I. Principes - Chapitre 3 : Le principe topographique

les œuvres en réseau

une description détaillée d’un édifice avant sa démolition, lors de décou-vertes fortuites sur un chantier, de bénéficier d’échafaudages qui offrentdes conditions d’observation et de prises de vues uniques, etc.

Elles ne doivent en aucune manière déroger à la méthodologie appliquéeaux modes de description, de mise en forme et d’enregistrement des pho-tographies, cartes et relevés, de manière à être insérées sans difficultédans la documentation.

4. “Aire d’étude” et territoire12

La démarche topographique, y compris lorsqu’elle s’applique à des étudesthématiques, nécessite la définition d’“aires d’étude”. Pour des raisonspratiques et politiques, les “aires d’étude” sont découpées dans le tissuadministratif de la France. Longtemps, le canton a été considéré commeaire d’étude de base de manière exclusive car il correspond assez bien àune unité de travail pertinente pour l’analyse de certains types d’œuvres,notamment l’habitat.

Plus que le canton en lui-même - qui tranche parfois abruptement dans desterritoires riches de sens -, c’est le regroupement de plusieurs communesselon un maillage grosso modo identique sur l’ensemble du territoirenational qui a fait sa pertinence. Le partenariat aidant, on conserve aujour-d’hui les vertus de la pluri-communalité en s’affranchissant des limites can-tonales au profit de celles de communautés de communes, pays, Parcsnaturels régionaux, etc.

Ce cadre, toutefois, peut se révéler trop étroit pour d’autres objets d’é-tude : les châteaux, les églises ou les objets mobiliers par exemple. Il peutaussi se révéler trop large comme unité de mise en forme de la documen-tation.

En milieu urbain en revanche, les limites de l’objet l’emportent sur ledécoupage communal, qu’il le dépasse (l’agglomération) ou qu’il le subdi-vise (quartiers, “centres anciens”, etc.)

Des circonscriptions plus vastes permettent aujourd’hui de considérercomme “aire d’étude” un département entier ou même une région, notam-ment dans le cas de certaines thématiques. Ces échelles territoriales don-nent l’occasion d’amorcer des synthèses, des observations générales, desétudes collectives.

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12. Voir Revue de l’art n°65, 1984.

De la notion, à caractère opérationnel, “d’aire d’étude”, il convient de dis-tinguer celle, raisonnée, de “territoire”, qui identifie l’aire géographiquepertinente au regard d’une problématique : le pays minier, l’aire de col-lecte des eaux d’un canal, une vallée, une enceinte fortifiée etc. Le nom-bre de ces “territoires” est infini.

En interrogeant les bases constituées de façon conventionnelle àpartir des aire d’étude on pourra, au gré des recherches et descuriosités, constituer des “territoires”. Les communes du littoral,les niveaux d’altitude, les compositions géologiques, les zones cli-matiques, les “aires d’appellation contrôlée” définies pour desproduits d’origine, sont autant d’applications qui peuvent s’ap-puyer sur la définition d’un “territoire” pertinent à partir desaires d’étude de l’Inventaire.

Bien qu’il n’appartienne évidemment pas au seul Inventaire de présuppo-ser l’intérêt de multiples “territoires” envisageables sous tel ou tel aspect,il arrive souvent - et c’est d’ailleurs souhaitable - qu’une “aire d’étude”tienne compte d’une problématique qui en fait un “territoire”. Ces propo-sitions sont stimulantes et permettent une élaboration plus riche des grillesd’analyse, en retenant des critères pertinents pour étudier telle questionmajeure.

Enfin, les résultats d’une enquête sont une contribution spécifique à l’his-toire de l’occupation des sols qui peut être à l’origine de la reconnaissanced’un territoire ou donner une vision nouvelle d’un territoire déjà identifié.

L’identité de la Sologne a été largement enrichie par l’évolutiondes formes et de l’implantation de son habitat révélée par l’en-quête topographique dans cette région. De la même manière, uneapproche thématique sur l’habitat rural du Montmorillonnais apermis de tracer la ligne de partage entre les influences berri-chonnes et poitevines.

5. Le choix des aires d’étude

L’intérêt scientifique doit déterminer en priorité le choix des nouvellesaires d’étude selon des perspectives qui peuvent être diverses : patrimoineprésentant des caractères originaux, zone géographique peu documentéeen histoire de l’art, problèmes nouveaux dont on attend des avancéesméthodologiques, etc.

Le choix du premier canton couvert par une équipe régionale,celui de Carhaix-Plouguer, au centre de la Bretagne, fut déter-miné par son caractère rural et sa pauvreté supposée. Il s’agissait

I. Principes - Chapitre 3 : Le principe topographique

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de faire la preuve qu’aucun “désert” ne résistait à des yeux aver-tis et curieux. Les deux volumes de la publication13 en firent ladémonstration. Ce principe inaugural reste valable : le propre desinventaires topographiques n’est pas seulement de décrire ce quel’on connaît déjà, mais aussi de donner à voir ce qui n’avait pasencore été remarqué.

Viennent ensuite des critères contingents tels que :

- les transformations et destructions prévisibles, qu’elles soient spon-tanées ou issues d’aménagements programmés ;

- à l’inverse, le bon état de conservation de ce même patrimoine, quipeut en rendre l’étude particulièrement intéressante,

- la participation à l’établissement de l’atlas de l’architecture et du pa-trimoine, l’élaboration dans le cadre de la CRPS d’une politique raison-née de protection, ou la mise à l’étude d’une ZPPAUP seront autantd’arguments dans le choix d’une aire d’étude ;

- l’intérêt porté par la population et ses élus au patrimoine,

- enfin, la conjonction possible avec les travaux d’autres organismes,permettant la mise en place de partenariats susceptibles d’enrichir l’é-tude.

La dégradation du bâti ancien est particulièrement sensible danscertains secteurs urbains (zones industrielles ou artisanales me-nacées par les mutations économiques et la pression immobilière)et leur périphérie, où les anciens villages et écarts sont absorbéspar l’urbanisation, l’habitat rural étant ici soumis à des transfor-mations et à des restaurations à un rythme accéléré.

A l’opposé, dans les campagnes éloignées des villes, les construc-tions sont moins modifiées par des ajouts récents ou des rénova-tions en matériaux modernes, mais la rapide déprise agricole con-damne les bâtiments d’exploitation, sinon les logis de ferme, à laruine ou à la transformation en résidences secondaires (qui peu-vent à leur tour devenir objets d’étude).

Pour l’architecture comme pour le mobilier intervient égalementl’évolution du goût, qui explique que certaines œuvres n’ac-quièrent une valeur patrimoniale qu’après une longue vie, ou qued’autres peuvent connaître une période de purgatoire plus oumoins longue. Les productions du XXe siècle sont ainsi plus me-nacées que leur état de conservation apparent ne le laisse suppo-ser, car elles n’ont que récemment fait l’objet d’une reconnais-sance patrimoniale.

Il faut enfin considérer qu’un inventaire reste toujours ouvert et suscepti-ble d’enrichissements. Des objets qui sont tout simplement invisibles dansl’état présent de la culture et de la sensibilité pourront devenir les enjeuxd’une étude future. D’autre part, l’action du temps porte en soi la trans-formation et la disparition plus ou moins rapide des objets inventoriés une

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13. Finistère : canton Carhaix-Plouguer. Paris : Imprimerie nationale, 1969. 2 vol.(237, 184 p.).

première fois. Une enquête future devra permettre de mesurer l’ampleurde ce processus.

6. La question des échelles

Le choix de l’aire d’étude est souvent soumis à des considérations pra-tiques, politiques ou administratives éloignées des préoccupations scien-tifiques. Ces impondérables sont atténués par la méthodologie, développéeplus loin, qui permet d’inclure ces enquêtes dans un ensemble nationalhomogène, comme les pièces d’un gigantesque puzzle. Dans la mesure oùles dossiers répondent à des règles communes homogènes, ils peuvent êtreplus ou moins détaillés selon l’optique adoptée. Des études particulières,thématiques ou non, “accommodant” le regard à l’échelle, sont toujourspossibles et viendront enrichir l’ensemble.

L’échelle choisie doit être appropriée aux objectifs fixés en matière de con-naissance. Plus le territoire embrassé est large, plus les liens fonctionnelsou formels entre les œuvres, quoique plus difficiles à appréhender, plusaussi la mise en forme de la recherche est longue, la perspective de la syn-thèse éloignée.

On verra plus loin que les objets d’étude peuvent être analysés sous troisangles complémentaires :

- comme individus (c’est la monographie),

- comme représentants d’une famille typologique (pour l’architecture),

- comme parties d’un ensemble inscrit dans l’espace.

On comprend que l’échelle du territoire dans lequel s’inscrit l’enquête per-met de nourrir plus ou moins chacune de ces trois approches : un territoirerestreint détermine un corpus relativement étroit, et oriente donc vers uneapproche monographique, un territoire plus étendu pousse à la synthèsepar familles d’œuvres, tandis que les ensembles, selon leur nature, sontmis en évidence à des échelles diverses ; les réseaux du génie civil ne peu-vent être embrassés qu’à large échelle, tandis que l’opération d’urbanismeréclame une vue rapprochée.

Une question cependant est importante : celle de l’influence de l’échellechoisie sur la valeur accordée aux objets mêmes de l’étude. On conçoit quel’enquête à l’échelle départementale ne perçoive pas la valeur des édificesinventoriés de la même manière que celle opérée dans le cadre d’un vil-lage. Cette question n’est que partiellement résolue par l’unité de laméthodologie adoptée au niveau national.

On ne peut nier en effet que l’échelle choisie influera sur les sélections de

échelle de territoire,échelle de valeur

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I. Principes - Chapitre 3 : Le principe topographique

l’enquêteur : tel édifice, unique dans sa circonscription, sera banal ailleurset inversement. La pratique, plus longue, d’un recensement préalable del’ensemble du corpus à inventorier permet de se prémunir contre des choixtrop rapides, en autorisant toujours un repentir et la prise en compte pourl’étude de tel édifice simplement recensé. C’est le souhait de plus en plusfréquent des collectivités qui veulent faire de l’inventaire un outil d’appli-cation à la gestion de leur patrimoine.

Mais les sélections sont en général relativement larges (à quoi servirait uninventaire qui ne prendrait en compte que des œuvres déjà connues oureconnues ?). Le risque de négliger une œuvre, banale dans une aire d’é-tude restreinte mais intéressante à une échelle territoriale plus vaste, estfaible.

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II. MÉTHODE

INTRODUCTION À LA MÉTHODE..............................

CHAPITRE 1 : LES OBJETS D’ÉTUDE.......................

1. La construction de l’objet d’étude2. Les individus3. Les ensembles4. Les parties constituantes5. Les familles6. Les œuvres de série, répliques et copies7. Les études urbaines

CHAPITRE 2 : LES MODES D’APPROCHE...................

1. L’observation directe2. Le recensement3. L’étude

CHAPITRE 3 : UNE ENTREPRISE DE DESCRIPTION...........

1. Les éléments documentaires2. Le dossier3. La normalisation des données4. Les bases de données nationales5. Les outils parallèles6. Les savoir-faire, la formation

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29

41

51

INTRODUCTION À LA MÉTHODE

L’Inventaire est un programme national de recherche mis en œuvre par desopérations topographiquement circonscrites selon des échelles variables.

L’image du puzzle s’imposait dans un cadre où l’aire d’étude can-tonale paraissait la plus adéquate pour exprimer l’idée d’unquadrillage systématique du territoire national, selon une échelleà peu près identique et répétée. Aujourd’hui, une représentationen trois dimensions, avec recouvrements et emboîtements de fi-gures, correspondrait mieux à la diversification des modes d’ap-proche, du général au particulier, du territoire à l’objet. Ce qui,à première vue, pourrait apparaître comme un patchwork, obéitnon seulement à une logique d’ensemble, cohérente, mais faitapparaître en filigrane, tels les stéréogrammes, de nouvellesimages, des objets insoupçonnés.

Le caractère scientifique de la démarche réside dans :

- la définition d’objets d’étude propres qui délimitent son champ d’appli-cation,

- des protocoles de recherche permettant d’organiser l’investigation, delui donner cohérence et homogénéité,

- des ressources terminologiques, iconologiques, taxinomiques permettantde nommer, représenter et classer les objets d’étude,

- des protocoles de restitution permettant de transcrire des résultatscumulables, comparables et communicables, utilisables par tous.

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CHAPITRE 1 : LES OBJETS D’ÉTUDE

1. La construction de l’objet d’étude

2. Les individus

3. Les ensembles

4. Les parties constituantes

5. Les familles

6. Les œuvres de série, répliques et copies

7. Les études urbaines

1. La construction de l’objet d’étude

Le primat de l’approche topographique induit une méthode allant dugénéral au particulier : du territoire à la parcelle, de l’espace contenantaux objets mobiliers contenus, de l’individu aux parties constituantes, cha-cune de ces entités étant susceptible de devenir objet d’étude.

Ce mode d’analyse, associé à une démarche de “reconstruction” intel-lectuelle des parties et du tout, fait apparaître des objets nouveaux, lesensembles, qui ont une existence en tant qu’œuvre, et les familles, objetsfictifs utiles à l’analyse des membres qui les composent. Les uns et lesautres ne sont pas toujours directement perceptibles. Leur reconnaissancesuppose un va-et-vient du tout à l’élément particulier.

Le patrimoine n’est pas composé d’objets dont la liste serait déjà donnée,myriade d’œuvres diverses, églises, maisons, statues ou tableaux, dont ilsuffirait de constater la présence en un lieu14. Ces quelques exemples sontconstitués d’œuvres apparemment facilement identifiables. Cependantleur liste n’est jamais close et ne doit pas être limitée aux objets déjàreconnus ; leur réalité ne peut être comprise et cernée sans lien avec leurhistoire et leur milieu : le territoire plus ou moins vaste dans lequel ils setrouvent, la ville ou le village, l’ensemble de la rue dans laquelle se situela maison, la famille que constituent toutes les maisons, le retable quiporte la statue, etc. Ce faisceau de relations est tel qu’il devient en soi

14. Voir Ière partie, chapitre 2 : le champ de l’Inventaire.

du général au particulier

une construction intel-lectuelle

II. Méthode - Chapitre 1 : Les objets d’étude

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objet d’étude ; un simple catalogue d’œuvres, même sommaire, n’auraitque peu de sens s’il n’était enrichi de la reconnaissance d’un “systèmed’œuvres”.

2. Les individus

L’unité fonctionnelle

Dans le domaine de l’architecture comme dans celui des objets mobiliers,ce sont les grandes catégories fonctionnelles - les genres15 - qui détermi-nent les principes d’identification et de classification des œuvres. Enrevanche, les œuvres urbanistiques sont plus généralement identifiéesselon des critères morphologiques.

Pour les objets mobiliers, ce principe est parfois concurrencé parles grandes catégories traditionnelles en matière d’objets d’art,catégories qui relèvent plus des domaines techniques : peinture,sculpture, vitrail, tapisserie, etc. Mais le choix a été fait de pro-poser plutôt la fonction comme principe classificatoire et depréférer, chaque fois que c’est possible, les termes : tableau,statue, verrière, tenture, par exemple, pour désigner les objetsde manière à traiter toutes les catégories d’œuvres de la mêmemanière. Dans la structure des bases de données, les autres ter-mes sont indiqués dans un champ spécifique réservé aux caté-gories techniques.

Certaines œuvres peuvent appartenir à plusieurs genres et donc faire l’ob-jet d’une double dénomination. Il peut s’agir de deux ou plusieurs fonctionscombinées.

Les mairies-écoles, conçues comme telles, répondent à deux des-tinations spécifiques qui se traduisent dans une réalité architec-turale unique, donnant naissance à un genre nouveau. Lesmenuisiers-ébénistes du XVIIIe siècle ont fait de même avec lemeuble combiné qui répond à des usages multiples, prétexte àl’expression sociale du raffinement de la clientèle et de la virtuo-sité des maîtres.

Il peut s’agir aussi de fonctions successives, expression des transformationssubies par les œuvres pour répondre à des usages que les évolutionssociales ou économiques de toute nature leur font subir.

Une œuvre ne peut en effet se réduire à la seule unité fonctionnelle ; unitéde conception (le parti, le programme, le projet, le modèle, etc.), unitéjuridique et financière (la propriété, la parcelle, le mode de financement,

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15. Livret architecture, p.7.

etc.), unité de réalisation, unité temporelle (les campagnes de construc-tion, les mutations) peuvent s’imbriquer. La plupart du temps, la coïnci-dence de ces unités est parfaite, mais il arrive qu’il soit nécessaire de lesdistinguer pour comprendre les choses. En particulier, les processus detransformation méritent une attention plus systématique pour reconnaîtreà la fois les fonctions successives et les programmes qui les intègrent.

Une unité d’étude en architecture : l’édifice

L’édifice est un bâtiment ou un groupe de bâtiments affectés à unemême fonction-destination et construits sur un terrain d’un seul tenantqui constitue le fonds.

Il forme, avec les édicules, constructions sans espace intérieur habitable,et les ensembles, les trois grandes catégories d’objets analysés en matièred’architecture. Généralement facile à reconnaître, il illustre bien néan-moins la complexité de l’identification des œuvres.

Son appréhension peut se heurter à une double difficulté :

- lorsqu’il n’y a pas coïncidence entre unité foncière, unité fonctionnelleet unité historique (c’est souvent le cas en milieu urbain), les mutationsdiverses de propriété, de découpage parcellaire, de transformationsd’usage et de distribution se traduisent par des imbrications dontl’écheveau est parfois difficile à démêler ;

- la deuxième difficulté peut être liée à la nature de l’enquête. Onconçoit aisément que le temps consacré aux recherches des sources etque les moyens mis en œuvre pour l’étude (relevés, dendrochronologie,etc.) peuvent permettre de développer des hypothèses et d’apporterdes réponses qu’un recensement rapide n’autorise pas. La définition dufonds, essentielle à la compréhension de l’édifice, n’est souvent valableque pour une période donnée ; elle ne peut être que provisoire danscertains cas ou, plus exactement, relative au type d’investigation mis enœuvre (mais c’est aussi le cas pour la datation et pour la plupart desautres paramètres). Dans cette situation, c’est soit la fonction-destina-tion la plus anciennement lisible, soit la plus cohérente, qui doit con-stituer l’unité de recensement.

Constitué d’un seul ou de plusieurs bâtiments, parfois d’espaces décou-verts, le tout enfermé dans un périmètre unique, l’édifice s’individualisemoins par son unité foncière ou son unité stylistique que par son systèmede distribution interne qui conserve le mieux la trace matérielle de sa des-tination.

Il faut noter aussi qu’une même construction (chapelle, grange,etc.) peut être considérée comme un édifice à part entière si elle

II. Méthode - Chapitre 1 : Les objets d’étude

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se trouve isolée, ou au contraire comme une simple “partie cons-tituante” si elle se trouve dans l’enceinte d’un château, d’uneferme, etc.

L’analyse croisée de la composition d’ensemble, des élévations, des sys-tèmes de distribution, de la forme et du statut des espaces libres (publics,semi-publics ou privés), contribue à la définition du fonds et de l’édifice.Elle permet aussi de tracer - parfois difficilement - la frontière entre lesdifférents genres d’édifices.

Le cas de l’édifice illustre bien la complexité que peut revêtir l’identifica-tion des œuvres. Tracer, par exemple, les limites du fonds n’est pas tou-jours aisé ; lorsqu’il n’y a pas coïncidence entre unité foncière, unité fonc-tionnelle et unité historique. Le recours systématique aux moyens propresà l’étude monographique (voir chapitre suivant) n’étant pas possible pourtous les édifices, il faut donc admettre que la précision dans la délimita-tion du fonds - mais c’est vrai aussi pour la dénomination et la datation -est toujours relative au type d’investigation (recensement, étude collec-tive ou monographie) qui induit un degré d’approximation plus ou moinsgrand, mais aussi une simplification par réduction au fonds le plus ancienou le plus cohérent.

L’unité d’étude de l’espace urbain : l’opération d’urbanisme

L’opération d’urbanisme est un aménagement de l’espace comprenantréseaux, parcellaire, équipements selon une planification pouvantinclure des contraintes architecturales ; à une autre échelle, c’est uneunité caractérisée par une composition architecturale commune, entout ou en partie, à deux édifices ou plus, à un réseau, un ouvrage deceinture, une fortification ou un octroi.

L’opération d’urbanisme est donc une œuvre correspondant à une unité deconception, définie par un programme fonctionnel ou architectural, parfoisles deux, et par une forme typique associée. Elle peut avoir pour partiesconstituantes d’autres opérations d’urbanisme comme des lotissements,des réseaux, des édifices, du mobilier urbain, etc.

L’unité d’étude dans le domaine des objets mobiliers

Tout objet qui se suffit à lui-même par sa signification ou par sa fonction :tableau, groupe sculpté, etc. constitue une œuvre individuelle s’il ne s’in-tègre ni à un programme iconographique ni à un ensemble mobilier plusvastes. Par sa nature cependant, une pièce de mobilier peut se trouverisolée du contexte qui l’a vue naître et, en l’absence d’information, êtretraitée comme un individu alors qu’elle faisait primitivement partie d’unensemble.

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3. Les ensembles

Un ensemble est le résultat du jeu des relations de complémentarité quis’établissent entre plusieurs œuvres ou ouvrages rassemblés dans unmême lieu ou reliés par un même tracé16. Il n’est pas constitué par lasimple addition des éléments qui le composent mais aussi par les relationsqu’ils entretiennent entre eux ; on peut appréhender ces relations deplusieurs points de vue :

- celui de la fonction qui est de nature très diverse : fonction organique(l’agglomération), fonction défensive (système de fortification), fonc-tion iconographique (décor de chapelle composé de vitraux, statues,mobilier, peinture murale), fonction liturgique (chapelle épiscopale) ousimple identité de fonction au sein d’un même programme (ensembledes chapiteaux d’une église), etc. ;

- celui de la conception : on pourra distinguer des ensembles“spontanés” (un bourg, un hameau) et des ensembles concertés (uneplace, une avenue) dont une des variantes, plus déterminée encore,serait les ensembles planifiés (lotissements, ZUP...) ; certains ensem-bles peuvent appartenir à l’une ou l’autre de ces catégories : la villepar exemple, selon qu’elle obéit à un projet global (villes neuves,bastides) ou qu’elle se développe sans programme précis ;

- celui du mode d’implantation : ensembles disséminés, juxtaposés ouformant réseau ;

- celui encore de l’événement fondateur : historique, un auteur, com-mande particulière, etc.

Ce canevas de lecture caractérise les relations qui déterminent l’existenced’un ensemble ; il a une grande valeur heuristique : c’est la qualificationdes relations entre les objets, leur intensité, qui permettent de lesappréhender comme les parties d’un tout.

4. Les parties constituantes

L’intérêt de l’identification des ensembles, la difficulté de l’appréhensionde certaines œuvres complexes - par exemple certains édifices eux-mêmescomposés de plusieurs bâtiments qui, pris isolément, justifient une étudedéveloppée - mettent en évidence la qualité de partie constituante de cer-taines œuvres.

L’autel, le tabernacle et le retable, parties constituantes d’unensemble qualifié en tant que tel de “maître autel” ou d’“autelsecondaire”, constituent des meubles distincts répondant à desfonctions particulières. Correspondant fréquemment à des cam-

16. Livret architecture, p. 5.

II. Méthode - Chapitre 1 : Les objets d’étude

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pagnes d’exécution différentes, porteurs d’iconographies multi-ples, résultant souvent de la mise en œuvre de techniques diver-ses et de dimensions toujours différentes, ils doivent faire l’objetd’une identification particulière et de traitements documentairesdifférenciés lorsqu’ils correspondent à des œuvres importantes. Afortiori, les statues ou tableaux dont ils sont porteurs et quirelèvent de catégories techniques très différentes constituent desœuvres à part entière dont le traitement doit être aussi dévelop-pé lorsqu’ils appartiennent à un ensemble de ce type quelorsqu’ils sont isolés dans l’église.

De même, une église abbatiale, elle-même partie constituante del’édifice que constitue l’abbaye, la porte de ville appartenant àune fortification d’agglomération, la fabrique d’un parc peuventfaire l’objet d’une attention particulière permettant de mieux lesanalyser sans affaiblir pour autant l’unité de l’ensemble ou del’œuvre à laquelle elles contribuent.

5. Les familles

L’analyse des individus ne peut faire l’économie, on l’a vu, de celle desensembles, ni de celle d’objets “fictifs”, comme les familles d’œuvres. Lafamille est formée par tous les individus d’un même genre présents surun territoire.

Les familles architecturales

L’intérêt d’une telle étude pour l’architecture est de faire apparaître larécurrence des caractères historiques ou morphologiques des membresd’une même famille17. En tirant parti d’une analyse quantitative et spa-tiale puisque cette approche est d’autant plus pertinente et utile que lafamille considérée est importante, elle permet d’établir des comparaisonsentre ses membres, de les classer, de mettre en lumière et tenter d’expli-quer les caractères originaux de la famille sur l’aire d’étude, de la saisirenfin dans son évolution historique.

Elle permet surtout (voir ci-dessous les études collectives) de procéderrationnellement à des “sélections” d’individus, qu’ils soient représenta-tifsde la famille, ou qu’ils se distinguent par leur singularité.

Selon sa nature et les objectifs de l’enquête, on peut prendre enconsidération les familles au sens large (par exemple la demeure,l’établissement conventuel), ou bien la famille dans un sens plus

17. Livret architecture, p. 7.

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des regroupements fonctionnels

étroit (l’immeuble, sous-genre de la demeure, l’abbaye, sous-genre de l’établissement conventuel). Il est parfois difficile dedistinguer les membres des familles proches, telles la ferme et lamaison en milieu rural, raison pour laquelle il est souventpréférable de les étudier ensemble.

Les familles architecturales étudiées sont un objet théorique, une commo-dité d’analyse dans la mesure où elles sont bornées par les limites de l’aired’étude, qu’elles ont vocation à dépasser. Leur étude à plus vaste échellefera apparaître d’autres partitions, traduction matérielle de frontières cul-turelles, de réalités historiques ou économiques constitutives de terri-toires, de “pays”, etc., englobant les aires d’étude à l’échelle nationale.

Les familles d’objets

Ce mode d’analyse collectif paraît moins pertinent pour les objetsmobiliers. La variété des fonctions-destinations apparaît en soi comme unobstacle qui rend illusoire la juxtaposition, aire d’étude après aire d’étude,de dossiers sur une telle multiplicité d’œuvres. L’approche fonctionnelle setrouve en outre concurrencée par les grandes catégories techniques (sculp-ture, vitrail, orfèvrerie, etc.) pour lesquelles les aires d’étude habituellessont très rarement pertinentes.

On préférera (voir ci-dessous) des études portant sur des regroupementsthématiques circonstanciés (chronologiques, par artiste, iconographiques,techniques ou autres) qui apporteront un éclairage pertinent sur les œuvresconcernées.

6. Les œuvres de série, répliques et copies

On notera en premier lieu la distinction à faire, tant pour le domaine del’architecture que pour celui des objets mobiliers, entre les séries d’œu-vres et les œuvres de série. Une série de maisons ou d’immeubles, unesérie de chandeliers (et leurs différentes appellations, maisons jumelles,paire, etc.) constituent en fait des catégories d’ensembles et doivent êtreanalysées en tant que telles - même si elles sont aussi parfois des œuvresde série.

Dans le domaine de la peinture, la série est un ensemble d’œu-vres, dû à un seul artiste, dont la cohérence tient aux sujetstraités ou aux similitudes des compositions. Elle se distingue dela suite, qui est un ensemble de trois œuvres au moins dont lacohérence est intentionnellement obtenue par les formats, lessujets ou les thèmes18. Elles constituent donc un processus decréation (par exemple les Cathédrales de Rouen de Monet, quisont une série ou les suites tauromachiques de Goya).

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série d’œuvres œuvresde série

II. Méthode - Chapitre 1 : Les objets d’étude

Les œuvres de série

L’œuvre de série est produite par l’exécution en plusieurs exemplairesd’un même projet. La série, rassemblant des œuvres qui entretiennentune relation de parenté fonctionnelle, formelle et historique peut être con-sidérée comme une variante de la famille, mais la parenté est ici beaucoupplus forte puisqu’elle s’étend au processus de fabrication lui-même.

Dans le domaine de l’architecture, l’œuvre de série est généralement lerésultat de l’intervention d’un même maître d’œuvre. L’exécution passealors par la réalisation d’un modèle.

Dans le domaine du mobilier, l’œuvre de série apparaît au premier abordcomme le résultat d’une production “industrielle”, sous-entendant par làune mise en œuvre organisée selon des procédés permettant une reproduc-tion en grande quantité. Cette notion serait donc incompatible avec l’èrepréindustrielle et avec l’artisanat. Néanmoins, ce lien entre la série et laproduction industrielle demande à être fortement nuancé : nombre de pro-ductions de l’Antiquité, certains albâtres anglais des XVe et XVIe siècles, lesmédailles de pèlerinage médiévales peuvent être des œuvres de série.

La série est souvent liée (mais pas toujours) à des procédés de fabricationspécifiques : reproduction par moulage, par estampage. L’identification dela technique employée pour la réalisation de l’œuvre est donc importante,de même qu’il est important de repérer, pour la sculpture ou l’orfèvreriede série, les variantes de dimensions, de matériaux, de décor, d’attributs,etc.

Répliques, copies

On appelle réplique la reproduction d’une œuvre, réalisée ou organisée parl’auteur lui-même. On appelle copie une reproduction d’une œuvre,éventuellement dans d’autres techniques, par d’autres personnes que l’au-teur lui-même.

Répliques et copies existent dans tous les domaines.L’architecture néo-romane, par exemple, peut s’inspirer de mod-èles, souvent locaux, et les œuvres qui en résultent peuvent êtrequalifiées de copies.

Une copie, reproduite elle-même en de multiples exemplaires, peutdevenir à son tour une œuvre de série, la énième reproduction d’uneAssomption de Murillo est une copie si elle est peinte à l’huile, mais aussi

18. Définitions tirées du Vocabulaire de la peinture, collection des Principes d'analysescientifique (ouvrage en préparation).

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une œuvre de série si c’est une estampe coloriée.

Il y a, là aussi, des cas limites de copies réalisées à l’unité “àéchelle industrielle” , comme celles du portrait de l’empereurNapoléon III par Winterhalter.

L’étude du multiple constitue sans doute l’une des originalités des étudesd’inventaire topographique et pose plusieurs questions.

La première question est celle de son identification. Le recensement desœuvres de série est indispensable pour identifier un modèle, mais on n’apas toujours conscience de l’existence d’une série, lorsqu’on ignore lemodèle19.

La deuxième est celle des sources permettant la connaissance des modèles.Il est souvent difficile, dans le cadre d’études topographiques limitées, detrouver les modèles nationaux ou locaux qui ont servi de référence.

Un atelier régional (menuisier, maître-verrier, etc.) peut produiredes répliques et des variantes dont l’aire de diffusion est relative-ment circonscrite et identifiable. Les recueils d’architecturerégionaux ou nationaux fournissent des modèles souvent réinter-prétés. Les catalogues de statuaire religieuse dite “saint-sulpi-cienne” fournissaient une gamme de statues qui, par l’ajout dequelques détails iconographiques, permettaient une adaptation augoût de la clientèle et aux cultes locaux.

7. Les études urbaines

Les études conduites en milieu urbain ont toujours constitué un véritablelaboratoire méthodologique dont les innovations ont ensuite bénéficié àd’autres domaines. Comparativement à d’autres terrains, les études d’ag-glomérations importantes, confrontées à la forte densité du bâti, voire àune saturation de l’espace, ont montré, après les avoir explorées finement,les limites des seules approches individuelles ou collectives des édifices.D’évidence, la ville ne se résume pas à une somme d’objets juxtaposés etl’espace urbain ne peut se réduire à un contexte, toile de fond du décor.

Là plus qu’ailleurs, la démarche qui consiste à opérer un va-et-vient dugénéral au particulier démontre toute sa pertinence. L’objet “ville”

l’un et le multiple

37

19. Livret Architecture, p. 23.

II. Méthode - Chapitre 1 : Les objets d’étude

un champ d’exploration

devient en soi un objectif de l’étude. Il repose sur l’analyse morphologiquede la ville, de son développement historique et économique, et de tous lesphénomènes proprement urbanistiques qui ont accompagné, cadré ou con-traint ce développement.

Mais l’étude ne s’arrête pas là. D’autres objets apparaissent et les opéra-tions d’urbanisme de toute nature prennent ici une dimension particulière.Leur appréhension permet de rendre compte de phénomènes spécifiquesliés au fonctionnement de la ville : réseaux, systèmes de circulation et dedistribution, espaces publics, systèmes de fortifications, etc.

L’étude de la ville du Havre a démontré de façon exemplaire larichesse de cette approche. Superposant deux villes nouvelles,planifiées, successives : celle liée à la fondation de François Ieret celle issue de la destruction due aux bombardements de 1944,dont la reconstruction a été confiée à l’architecte Auguste Perret,combinant des fonctions portuaires et maritimes et desdéveloppements périphériques liés notamment à la villégiature ;cette étude a nécessité la mise en œuvre de nombreux dossiersd’opérations d’urbanisme, clairement hiérarchisés, qui seuls pou-vaient rendre compte d’une réalité aussi complexe et en restituertoutes les dimensions chronologiques.

Les phénomènes d’agglomération posent aussi, de manière cruciale, laquestion de la délimitation des unités d’étude, et notamment celle de ladéfinition de l’édifice.

Bien souvent, pour les villes anciennes où le tissu urbain s’est con-stitué dès le Moyen Âge pour ensuite se reconduire par transfor-mation sur place, on aura à faire un choix quant à la période deréférence du fonds retenu pour l’étude. Ces fonds pourront êtreétablis par exemple à partir des distributions actuelles, ou bien àpartir des distributions médiévales lorsqu’elles sont bien con-servées ou suffisamment restituables.

L’espace urbain peut être caractérisé par le cumul, plus ou moins organiséou planifié, d’interventions multiples ayant trait au parcellaire, à la voirie,à l’architecture et à l’aménagement des espaces publics. Chacune a deslogiques de renouvellement différentes, suivant des rythmes distincts, dela durée millénaire pour la voirie, séculaire souvent pour les édifices, par-fois très courte pour le mobilier urbain. L’espace urbain est marqué par l’i-nachèvement et la transformation, de même que les opérations d’urba-nisme et les édifices qui le composent. C’est pourquoi les études urbainesplus particulièrement doivent prendre en compte et analyser en tant quetels les processus de transformation.

L’évolution dans le temps laisse souvent la place à la juxtapositiondans un même lieu de réalisations faites dans le cadre de projetsdifférents. C’est le cas à Nantes, avec l’enchaînement organisédes opérations d’urbanisme à l’ouest de la ville entre 1750 et1850.

38

Enfin, et c’est souvent la première difficulté rencontrée, l’étude des villespose la question du nombre. Le traitement quantitatif des données, tantcelles qui sont issues de l’enquête que celles fournies par des sources plusabondantes qu’ailleurs, selon une approche statistique et spatiale, est àprendre en considération avant le début de l’enquête proprement dite.

II. Méthode - Chapitre 1 : Les objets d’étude

39

CHAPITRE 2 : LES MODES D’APPROCHE

1. L’observation directe

2. Le recensement

3. L’étude

1. L’observation directe

L’histoire de l’Inventaire général est rythmée, on le sait, par un va-et-viententre deux modes d’approche. L’un a pour but d’accélérer la couvertured’un territoire que l’on sait immense ; il répond à la situation d’urgencecréée par les mutations, transformations ou destructions qui mettent enpéril le patrimoine. L’autre vise à conduire des études, monographiques,collectives ou thématiques destinées à approfondir les connaissances.

C’est ainsi que se sont peu à peu développées, des opérationsdites inventaire fondamental / pré-inventaire, institutionnaliséessous l’appellation pré-inventaire normalisé. La fusion des deuxdans un inventaire topographique, confluence dont on attendait àla fois une accélération et une structuration plus opérante d’uninventaire “rapide”, n’a pas signifié pour autant l’abandon desétudes ; mais elle a été rapidement suivie de la création d’uninventaire “préliminaire” (c’est-à-dire préliminaire à l’étude).Aujourd’hui les objectifs des deux approches coexistent et secomplètent, sur les bases d’une méthodologie commune.

Cette méthodologie commune repose, on l’a déjà dit, sur l’approchetopographique. Elle s’appuie sur le primat du terrain et de l’appréhensionde l’objet in situ qui passe par une définition de la place de l’approche his-torique : recherche, exploration et sélection des sources publiées ou nonsur les œuvres.

On verra plus loin dans la partie consacrée à la conduite comment doit êtremenée la phase de documentation préalable à l’enquête. Mais, parce quepréalable, cette phase est rigoureusement organisée en fonction du terrainet ne cherche à rassembler que les renseignements indispensables à la con-naissance des œuvres ; elle ne doit en aucun cas devenir une fin en soi.

recensement/étude

le primat du terrain

le rôle des sources

41

II. Méthode - Chapitre 2 : Les modes d’approche

Les informations réunies à cette occasion préparent la lecture archéo-logique des œuvres, fondée sur l’observation directe et fournissent desrepères, notamment pour la datation. L’ambition de l’Inventaire repose surl’idée, aujourd’hui largement partagée, que la culture matérielle constitueune source première de connaissance. De la matérialité des choses - lacomposition ou la forme, le matériau, la technique de mise en œuvre - peutsortir un sens : la fonction, l’usage, la date. Ce postulat fait de l’Inventaireune grande entreprise de description (voir chap. 3), appuyée sur un recoursorganisé et sélectif aux sources, corroborée par des outils communs et parle savoir personnel du chercheur qui lui permet d’orienter sa lecture encomparant les données directes et les autres.

L’exemple le plus banal est celui du plan cadastral de la premièremoitié du XIXe siècle, dit cadastre “napoléonien”, qui donnegénéralement la position et l’extension du bâti à une date don-née. Il n’en reste pas moins que seule l’observation directe dubâti permettra de dire son antériorité, sa contemporanéité ou sapostériorité par rapport à la représentation de son emprise au sol.

De la même manière, la découverte d’un plan ou celle d’un pro-jet (fût-il à l’échelle 1 et suivi d’une réalisation) ne dispense pasde l’analyse de l’objet lui-même, qui seule permettra de mesurerles écarts au modèle et de porter une appréciation fondée surl’œuvre réelle.

Une bonne économie de la recherche passe donc d’abord par la recension,la critique et l’exploitation de la documentation susceptible de renseignerles œuvres avant l’enquête sur le terrain.

L’ordre logique propre aux procédures ne recouvre pas l’ordreméthodologique qui donne le primat au terrain. En définitive, les sourcessont soumises à une double critique, la critique interne des documents,commune à toute recherche historique, et la critique archéologique quiconfronte la source à l’objet. Par la suite, un retour aux fonds documen-taires, mais en l’occurrence ponctuel, s’avère nécessaire, lorsque l’intérêtde l’œuvre le réclame pour vérifier des hypothèses et trouver des répon-ses aux questions soulevées par l’observation.

2. Le recensement

Le recensement consiste à identifier tous les objets entrant dans lechamp d’investigation défini préalablement à chaque enquête. C’est undénombrement qui rend possible des tris selon quelques critères som-maires : désignation, localisation, datation, attribution, évaluation.

Il ne se confond pas avec le repérage qui ne concerne que lesmembres d’une famille mais qui dépasse le seul dénombrement aubénéfice d’une étude collective (voir ci-dessous paragraphe 3).

42

critique des sourcescritique des traces

la lecture archéologique

Cette définition du recensement qui s’applique au domaine de l’architec-ture, de l’aménagement de l’espace urbain comme au domaine des objetsmobiliers en situe parfaitement les ambitions. Son contenu théorique vabien au-delà de celui que véhicule le premier terme de la formule :recenser, étudier, faire connaître..., qui résume depuis l’origine la missionde l’Inventaire général.

Le recensement n’est pas une étape obligatoire préalable à l’étude. Il nepeut et ne doit être envisagé que si les moyens nécessaires à une restitu-tion exhaustive de l’information collectée peuvent être réunis. Mais il par-ticipe pleinement à la démarche d’inventaire, et s’inscrit dans son proto-cole de recherche. Il requiert toutes les capacités d’expertise acquises pardes équipes expérimentées. Dans le cadre d’un recensement, la majoritédes œuvres sont peu ou pas documentées, et l’exploitation des sources estnécessairement limitée. Le premier document sur l’œuvre, c’est l’œuvreelle-même qui devient ainsi l’objet central des préoccupations, sans mé-diation.

Une démarche exhaustive

Rappelons le principe d’exhaustivité des enquêtes20, quel qu’en soit lemode d’approche et les limites chronologiques propres à chaque terrain :le territoire doit être parcouru et toute œuvre doit être examinée pourdéterminer, quel que soit son état, si elle appartient ou non au cadrechronologique que l’on s’est donné.

Ce qui distingue le recensement de tout autre mode d’approche est la resti-tution d’une information minimale sur tous les objets, permettantd’aboutir à une identification et à un dénombrement. Il répond donc à unedouble exigence d’exhaustivité : au niveau de l’enquête, et au niveau dela restitution.

L’objectif scientifique du recensement est de fournir une liste méthodiqueformant un référentiel utile, entre autres choses, pour préparer l’appro-fondissement de la recherche - pour l’architecture, les phases de repérageet de sélection - et pour replacer les résultats de l’étude dans un contextebâti plus large.

Le recensement constitue une garantie face à des erreurs d’appré-ciation ou, plus simplement, face à la subjectivité du regard del’enquêteur sur un champ d’étude en constante évolution. Il per-met tout à la fois de procéder à une première évaluation et derendre possibles d’éventuels repentirs.

Cet objectif rejoint les préoccupations de certaines collectivités territo-

le premier document sur l’œuvre, c’est l’œuvre elle-même

dénombrer

43

II. Méthode - Chapitre 2 : Les modes d’approche

20. Voir Ière partie, chapitre 2 : le champ de l’Inventaire.

riales qui souhaitent disposer d’un état des lieux portant sur l’ensemble dudomaine bâti afin d’en évaluer le “potentiel” patrimonial : une gestionprévisionnelle se doit en effet d’avoir les moyens d’anticiper sur l’élar-gissement continu du patrimoine.

Les informations minimales collectées

Si les ambitions du recensement sont larges du point de vue des objets àprendre en compte, elles sont en revanche très sélectives du point de vuede son contenu qui vise essentiellement à permettre une identification àpartir de laquelle pourront être opérés quelques tris. Les quelques élé-ments d’identification strictement nécessaires sont certes sujets à révisionen cas d’étude, mais l’information que l’on peut en tirer, à large échelle etsur des grands nombres, notamment par report cartographique des don-nées, est considérable pour la connaissance d’un territoire.

Ces éléments d’identification répondent aux questions suivantes : où,quoi, quand et par qui ? Ce sont :

La localisation

Sa précision doit être suffisante pour distinguer un objet d’étude de sonvoisin immédiat.

On mentionnera cette nuance entre le domaine des œuvres immo-bilières et celui des œuvres mobilières. Comme leur nom l’indiquela mobilité relative des objets mobiliers fait que la désignation estpremière dans l’ordre des informations collectées (dénominationcomplétée par l’identification iconographique). A l’inverse, l’an-crage spatial de l’architecture participe de l’identification entraçant les limites de l’emprise au sol des œuvres.

La désignation

Nommer, même de façon provisoire, les œuvres recensées selon des caté-gories terminologiques rigoureuses constitue une étape essentielle de l’i-dentification.

La datation et l’attribution

La nature même des données patrimoniales conduit à privilégier, avanttoute description, les données de caractère historique, et notamment ladatation : elle sera notée de manière systématique. On relève de la mêmemanière le nom des auteurs : architectes, peintres, sculpteurs, etc.,lorsqu’ils sont identifiés.

La protection

La nature de la protection : classement ou inscription, site, zone ousecteur protégé, édifice figurant sur la liste annexée au plan local d’urba-

44

les données du recensement

trier

nisme (PLU), est indiquée de manière systématique.

On verra plus loin21 que d’autres données peuvent être collec-tées, visant, dans certains cas à préparer des études collectivespour l’architecture, où à donner quelques informations complé-mentaires discriminantes (matériaux ou dimensions) pour lesobjets mobiliers.

L’illustration du recensement

Une représentation de chaque objet complète le recensement. Même s’ilpeut arriver qu’elle soit enrichie par une ou deux vues complémentaires,elle doit être réalisée dans le but de fournir, en une seule prise de vue, lameilleure illustration possible de l’œuvre recensée. L’image, surtoutlorsqu’elle est systématique, est porteuse d’une grande quantité d’infor-mation22 qui vaut souvent plus qu’une description, par définition, excluedu recensement.

La traduction cartographique du recensement

Une carte de localisation des objets recensés est obligatoirement établie.La cartographie est en effet un moyen particulièrement bien adapté pourrestituer des données localisées nombreuses dans un contexte territorial.

Une première approche qualitative

Le recensement n’est pas une accumulation de données amorphes.Sommaires mais validées par une confrontation des sources et du terrain,systématiques et triées de façon rationnelle, traduites par la cartographie,les données collectées permettent une première lecture distanciée du pa-trimoine d’un territoire, en somme plus qu’un recensement, déjà unerecension en raison de son caractère critique.

De plus, le recensement, conçu dans la perspective d’études ultérieures,est accompagné de données d’évaluation sommaires qui n’autorisent pas àsignaler de manière définitive les œuvres remarquables, mais permettentd’établir une première liste et de mentionner, à titre indicatif, celles quirelèveraient d’une étude collective, et celles qui, par leur singularité,mériteraient d’ores et déjà une sélection pour étude monographique.

du recensementà la recension

21. Voir IIIème partie, chapitre 3 : l’enquête.22. On consultera avec intérêt les pages illustrées de l’annuaire téléphonique (http

://www.pagesjaunes.fr/).

45

II. Méthode - Chapitre 2 : Les modes d’approche

3. L’étude

La définition apportée ci-dessus du recensement pourrait fournir, ennégatif, une première définition de l’étude, qui serait alors conçue commetout approfondissement venant compléter les données minimales issues durecensement. Ce serait oublier que le recensement d’une part n’est pas unpassage obligé, de l’autre qu’il se doit de restituer de manière exhaustivel’ensemble des œuvres appartenant au champ d’investigation. L’étude,qu’elle soit collective ou monographique, doit être sélective.

L’étude met en œuvre des investigations et des outils différents, tant auniveau de la préparation de l’enquête et de la recherche documentaire,qu’au niveau de l’enquête elle-même : temps d’observation, relevésgraphiques et photographiques, etc. Elle sollicite plus de moyens d’analysepour le traitement des données : analyse statistique, cartographique,descriptive, recherches comparatives, investigations complémentaires dansles sources qui permettront de développer synthèses et conclusions. Lesétudes doivent aussi déboucher sur une évaluation argumentée - à défautde jamais pouvoir être définitive - des œuvres.

Dans le cadre des inventaires topographiques, l’étude peut prendre laforme d’une série de monographies sur une sélection raisonnée d’œuvreset d’une étude collective sur une ou plusieurs familles d’œuvres. Cesmêmes procédures sont applicables aux enquêtes thématiques nationalesou régionales (parfois issues d’une approche topographique ayant mis enévidence l’intérêt de tel ou tel sujet).

L’ étude collective : le repérage et ses outils

L’inventaire, on l’a dit, vise à une connaissance globale du patrimoine d’unterritoire, bien au-delà des œuvres “majeures” déjà connues et reconnuespar l’histoire de l’art ; pour cela il est amené à prendre en compte desphénomènes de masse, au travers de l’étude collective de familles23 qui,pour certaines (les maisons, les immeubles et les fermes au premier chef),sont numériquement très importantes.

Ce grand nombre a pour conséquence que la communauté de traits fami-liaux l’emporte sur la singularité de chacun : outre qu’elle apparaît hors deportée pour tous les membres de la famille, l’étude individuelle (la mono-graphie) est peu adaptée pour mettre en valeur les propriétés spécifiquesde l’appartenance familiale (points et degrés de similitude, filiations etvariantes, mutations dominantes, etc.).

46

23. Voir IIème partie, chapitre 1 : les objets d’étude.

L’étude collective requiert donc, au-delà d’un simple dénombrement, uneméthodologie propre, le repérage.

Le repérage vise à relever les caractères qui permettent de classer lesmembres d’une famille pour sélectionner de manière raisonnée ceux quisont représentatifs ; il contribue à déterminer les caractères générauxde cette famille.

Autrement dit, le repérage a une double finalité : la mise en évidence descaractères propres à une famille et la sélection d’individus représentatifs,et un procédé pour les atteindre : la classification de ses membres.

Le fractionnement de la famille en groupes

Le problème à résoudre est celui du passage de la totalité des œuvres con-cernées, dans leur diversité, à quelques individus ; la solution retenue con-siste à choisir parmi les nombreux caractères observables ceux qui permet-tront de fractionner la famille en groupes et sous-groupes plus homogènes,stables (l’ajout d’un caractère supplémentaire ne remet pas en cause lacohérence du groupe) et disjoints (un individu appartient à un seul groupe).

Le recours à la représentativité trouve sa justification dans le fait que lesmembres d’une famille relèvent par définition d’un même genre (unemême fonction-destination), ce qui leur donne des propriétés communesau-delà de leur variété morphologique et chronologique.

Ces caractères - dits paramètres du repérage ou encore variables - doiventposséder deux propriétés : d’une part la récurrence qui exprime qu’ils sontpartagés par un nombre significatif d’individus, de l’autre le pouvoir dis-criminant qui fait qu’ils partagent la famille plutôt qu’ils n’isolent ou dis-tinguent quelques individus particuliers. Ceci est valable autant pour lescaractères morphologiques que pour la datation : des trancheschronologiques aux bornes précises et pertinentes par rapport à la popula-tion totale sont potentiellement plus récurrentes et discriminantes que desdates ajustées - mais de précision variable -, à chaque individu.

Le relevé systématique de ces caractères spécifiques issus de l’ob-servation est loin de constituer une description même sommairedes membres de la famille ; ils sont non seulement réduits ennombre, mais aussi réducteurs en ce sens qu’ils ne rendent pascompte au plus près de la réalité de l’individu observé : ils fontsimplement office d’indices d’une appartenance de groupe, à l’in-star du sociologue ou du démographe qui questionne une popula-tion pour en connaître les comportements de groupe, et à l’in-verse du biographe qui met en valeur toute la personnalité d’unindividu.

classer et non décrire

représentativité

récurrence et pouvoir discriminant

47

II. Méthode - Chapitre 2 : Les modes d’approche

Le choix de ces caractères demande un soin particulier et constitue la partessentielle de la réflexion de la phase de repérage. Elle repose sur la cons-truction préalable d’un appareil d’hypothèses portant sur les lignes de cli-vage pertinentes de la famille ; plus ou moins élaboré ou complexe, cetappareil peut revêtir la forme aboutie du modèle a priori aussi bien quecelle d’une combinaison de deux ou trois caractères, en passant par unenchaînement de caractères plus nombreux.

L’option à retenir dépend de la nature du corpus que des observations deterrain ponctuelles aident à apprécier, et de l’exploitation des résultats dela phase de documentation préalable qui, outre des indices, met à notredisposition les réflexions de nos prédécesseurs.

Ce travail prend sa place dans la définition de la problématique durepérage qui décline toutes les opérations intellectuelles et pratiques quel’on se propose d’effectuer (toutes les questions auxquelles il faut apporterune réponse) pour le mener à bien sur une aire d’étude donnée, opérationsqui seront développées dans la troisième partie du présent ouvrage.

La sélection

On sélectionne ensuite les individus qui représentent le mieux les groupes,les typicums ; leur nombre est fonction de la taille et de la plus ou moinsgrande homogénéité des groupes. A l’inverse, on sélectionne aussi ceux qui,par leur rareté au sein de l’aire d’étude, n’entrent dans aucun groupe, lesunicums: c’est le cas, par exemple, de la seule maison à pan-de-bois quisubsistera dans un bourg, ou bien de l’unique ferme-modèle du canton. Cesdemeures, sélectionnées à un titre ou l’autre, feront l’objet d’une étudemonographique.

On a préféré les termes “classement” ou “classification” à celuide “typologie” car ils traduisent mieux l’ambition d’une démarcheappliquée dans les limites d’une aire d’étude. Classification ouclassement remplacent avantageusement l’expression “typologieopératoire” qui avait entériné cette constatation.

On a employé le terme “type” pour désigner les modèles abstraitsconstruits a priori et que l’on confronte aux œuvres au cours del’enquête ; “groupes” et “classes” rassemblent les œuvres àpartir de communautés spécifiques de caractères observés surchacune d’elles au cours de l’enquête : ces regroupements sontconstruits a posteriori.

Un propos véritablement typologique de l’Inventaire se situeraitd’emblée au niveau du territoire national, et confronterait la clas-sification fonctionnelle portée par les thesaurus de dénominationet les classements morphologiques recueillis dans la “typologie

le choix des paramètresde repérage

unicum et typicum

48

régionale” de la base Mérimée.

Les caractères généraux de la famille

Les caractères généraux de la famille sont donnés dans un premier tempspar la compilation des paramètres du repérage ; mais ce n’est qu’une visionpartielle, puisque ces derniers servent avant tout les besoins de classementet ne visent pas à l’exhaustivité de la description.

La construction des groupes apporte une information nouvelle et plus richeen suggérant des rapports entre les individus qui les composent : degré desimilitude, variantes, filiations, etc., mais également leur dimensionchronologique.

Cependant pour être complète, la présentation des caractères de lafamille doit bénéficier des résultats de l’étude individuelle des sélec-tionnés : la description de ces derniers apporte des informations complé-mentaires des seuls paramètres de repérage qui pourront être extrapoléesau groupe qu’ils représentent et par voie de conséquence à la famille.

Pour conclure d’un point de vue méthodologique, l’étude des sélectionnéscorrespond à l’étape d’expérimentation qui permet de vérifier la consis-tance historique des groupes, ultime validation de la classification.

L’étude monographique

L’étude individuelle peut s’appliquer, comme on vient de le voir ci-dessus,aux œuvres analysées dans le cadre des approches collectives et sélection-nées en raison de leur caractère singulier ou représentatif d’une famille.Elle s’applique également, et c’est plus généralement le cas, à touteœuvre retenue pour son intérêt propre, selon une échelle de valeur quipeut être plus large que le territoire particulier de l’aire d’étude consi-dérée. Elle peut concerner enfin, dans le cadre d’opérations d’urgence, desœuvres menacées de destruction ou de transformation radicale, pourlesquelles il est nécessaire de dresser un dossier détaillé.

Le choix des œuvres sur lesquelles une étude monographique sera menéeprocède de l’expertise du chercheur. Il est opéré en tenant compte de l’in-térêt historique, de l’intérêt du point de vue de l’histoire de l’art (objetremarquable, singulier ou représentatif d’une famille ou de l’œuvre d’unconcepteur), de l’iconographie dont il est porteur, de l’histoire des tech-niques, de la place dans un espace urbain ou architectural, etc. Ceci signi-fie que le choix doit être fait au regard de l’intérêt supposé de l’étude.

compilation

extrapolation

49

II. Méthode - Chapitre 2 : Les modes d’approche

Le protocole de recherche24 qui guide l’étude s’appuie sur une grilled’analyse dont la structure a été transcrite dans les systèmes descriptifs,des textes et des notes de synthèse qui mettent en évidence les caractéris-tiques de l’œuvre. Celles-ci permettent également d’en faire une évalua-tion argumentée qui en situe l’intérêt par rapport à d’autres œuvres appa-rentées (par la nature, l’attribution, la datation, etc.).

L’application de ce protocole implique enfin la mise en œuvre de moyensspécifiques, qui sont mobilisés en tout ou en partie suivant la qualité et lacomplexité des objets considérés. On pense en premier lieu à l’utilisationsur le terrain de divers procédés techniques : photographies, relevésgraphiques (schéma, relevé au théodolite, photogrammétrie) et dendro-chonologie mis en œuvre par des professionnels.

Plus l’édifice concerné est important et étendu, plus on aurabesoin de relevés et de photographies pour en rendre compte,comprendre sa distribution, déceler les reprises et collages quitémoignent des campagnes de construction. Comment traduire etdonner à voir l’iconographie d’un vitrail du XIIIe siècle sans pho-tographies de détail des médaillons ?

Les études des œuvres importantes devront s’appuyer enfin sur desrecherches complémentaires dans les sources manuscrites et imprimées.

Des études thématiques circonstanciées

Les enquêtes thématiques nationales (patrimoine industriel, vitrail,orfèvrerie, etc.) conduisent à des synthèses départementales, régionalesou inter-régionales qui constituent de véritables études. Leur restitutionpasse par la rédaction, à l’occasion de la publication des catalogues pro-pres à ces thématiques, d’introductions substantielles qui trouvent aussileur place dans les dossiers.

Diverses thématiques régionales ont vu le jour, parfois à la suite d’inven-taires topographiques. Elles restent circonstanciées, une démarchegénérale et topographique étant privilégiée par principe, et donnent lieu àdes dossiers permettant d’en présenter les présupposés, les conditions etune synthèse des résultats.

50

24. Livret architecture, p. 48-123.

CHAPITRE 3 : UNE ENTREPRISE DE DESCRIPTION

1. Les éléments documentaires

2. Le dossier

3. La normalisation des données

4. Les bases de données nationales

5. Les outils parallèles

6. Les savoir-faire, la formation

La description est l’exercice fondateur des disciplines dont lavocation est de rendre compte du patrimoine, au point quel’Inventaire général aurait pu tout aussi bien s’intituler“Description générale de la France artistique et monumentale”…De savants archéologues ont su faire entrer les descriptionsjusque dans les replis d’une moulure, identifiant filets et régletsà la ponctuation de la phrase. Mais on peut craindre que ledéveloppement de cet art n’ait trop souvent servi qu’à cacher lescarences de l’interprétation…. [Le travail de mise en chantierd’un vocabulaire spécialisé normatif] pourtant s’imposait pourconstruire l’instrument précis de la description maîtrisée, maisaussi et surtout pour permettre l’exposé de l’interprétation, finultime des travaux de nos disciplines.25

L’inventaire est un constat et sa méthode est avant tout descriptive. Ladécouverte puis l’observation des œuvres s’appuie sur des outils documen-taires qui contribuent à organiser l’analyse et à structurer les résultats pouren faciliter la restitution. On a vu ci-dessus comment le patrimoine peutêtre décomposé en unités d’étude : individus, ensembles, familles, consi-dérées selon deux approches distinctes, parfois simultanées, le recense-ment et l’étude. Il est essentiel de maîtriser les éléments documentairesconstitués par l’enquêteur, et de les distinguer radicalement des objetsd’étude eux-mêmes, dont ils doivent rendre compte et renvoyer l’image.C’est ainsi que les résultats pourront être estimés en termes d’objets d’é-tude : on comptera alors en nombre de communes inventoriées, d’édifices,etc., ou bien en terme d’éléments documentaires, c’est-à-dire alors ennombre de notices, de photographies, etc.

25. PEROUSE DE MONTCLOS, Jean-Marie. La description, dans Science et conscience dupatrimoine, 1997.

51

II. Méthode - Chapitre 3 : Une entreprise de description

1. Les éléments documentaires

Le texte

L’enquêteur est auteur d’un texte qui, sur chaque œuvre, remplit unetriple fonction : identification, généralisation, organisation qui véhiculentune information complémentaire aux apports spécifiques de l’image.

L’identification, c’est la reconnaissance du genre auquel appar-tient l’objet décrit. La forme et la fonction d’un chapiteau sontbien illustrées par la photographie et le relevé ; en revanche lematériau ne pourra être enregistré que par son identificationgéologique, qui sera donnée par le texte.

Le texte permet par ailleurs de généraliser l’informationponctuelle de la photographie. Il est toujours possible de pho-tographier dix chapiteaux semblables, mais seul le texte enrassemblera de manière synthétique les caractéristiques com-munes. Si la comparaison immédiate n’est pas possible (œuvresconservées en des lieux différents) c’est bien cependant la pho-tographie qui permet de se prononcer sur la similitude entreplusieurs œuvres.

Enfin, comme l’œuvre elle-même, le texte est une composition,une construction. Les photographies découpent l’œuvre enaspects successifs et complémentaires sans restituer la logique decelle-ci. La description des œuvres complexes ne peut donc êtreune simple suite de photographies commentées. Le texte doit êtreau contraire la mise en œuvre réfléchie des références à l’illus-tration 26.

Depuis la mise en place de l’Inventaire, les données textuelles ont toujoursété organisées selon des protocoles d’analyse permettant, au-delà de lasimple observation, une lecture et une interprétation systématique desœuvres puis une restitution homogène de l’information. Une partie decelle-ci, correspondant aux chapitres de description, de transcription desdonnées historiques et aux notes de synthèse, a été traduite en champs ourubriques au moment de la mise en place des bases de données : c’est ainsiqu’ont été constitués les systèmes descriptifs. Ce travail a trouvé un pro-longement et un élargissement pour l’ensemble de la documentation autravers d’un schéma de données27.

Trois systèmes descriptifs ont été publiés, le premier concerne l’analyse del’architecture, le deuxième celle des objets mobiliers, le troisième permetla gestion des banques d’images par l’identification des illustrations.

26. Livret Architecture, p. 66-67.27. Voir dans ce même chapitre, le paragraphe : dossier papier et dossier électro-

nique.

52

Les normes de référencement bibliographique, iconographique ou archivi-stique ne sont pas spécifiques à l’Inventaire et respectent les normes inter-nationales en la matière.

Les champs ou rubriques des systèmes descriptifs organisent les donnéestextuelles en plusieurs catégories afin de permettre le meilleur codage pos-sible de l’information :

- les champs à vocabulaire pré-défini28. Les définitions aident le rédac-teur à utiliser le terme le plus précis possible et permettent à l’utilisa-teur de guider sa recherche et de mieux cerner sa demande. La hiérar-chisation du vocabulaire dans des thesaurus facilite également l’interro-gation ;

- les champs à mots-clés formés de listes ouvertes. Appartiennent à cettecatégorie notamment les noms d’artistes, dont la liste ne peut êtreétablie a priori. La constitution de listes d’autorité et la mise en placed’équivalences a posteriori permettent de contrôler les variantes et desimplifier l’interrogation ;

- les champs à texte libre permettent de noter l’information en langagenaturel, plus lisible par les utilisateurs des bases de données, et plussouple pour le rédacteur.

L’indexation en texte intégral (“mot à mot”) de ces champs permetaujourd’hui de grandes performances au niveau de l’interrogation.

L’image

L’enquêteur organise la collecte et guide la réalisation des images assurantla représentation de l’œuvre dans le dossier. Ce sont :

- les reproductions de documents sélectionnés existant préalablement àl’enquête, entre autres les cartes postales et les vues aériennes, maisaussi tout document iconographique, ancien ou moderne, utile pour ladocumentation des dossiers ;

- les photographies, les relevés, schémas et croquis réalisés à l’occasiondes enquêtes.

La photographie

La photographie délivre immédiatement un grand nombre d’informationssur les œuvres. Elle enregistre les apparences. Elle autorise les compa-raisons stylistiques et formelles, l’appréhension des proportions, essen-

28. Ils correspondent généralement aux vocabulaires publiés dans la collection desPrincipes d’analyse scientifique.

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II. Méthode - Chapitre 3 : Une entreprise de description

tielles à l’étude de l’architecture comme à celle du mobilier, l’identifica-tion de modèles éventuels, etc.

Le champ d’utilisation de la photographie est extrêmement large, de laphotographie aérienne à la macrophotographie, de l’image noir et blanc àl’image couleur, voire infrarouge, de la vue géométrale à la vue perspec-tive, de la photo “ document ” à la prise de vue d’ambiance ou de situa-tion. Sa réalisation et sa qualité passent par le croisement de la demandede l’enquêteur et de la compétence du photographe. Dans tous les cas, elledoit être adaptée à l’intérêt du sujet et organisée du général au particu-lier.

La photographie aérienne est un outil indispensable à l’étude desmodes d’occupation de l’espace. A l’opposé, la photographie rap-prochée et la macrophotographie peuvent fournir des informa-tions, non plus sur les formes, mais sur les matériaux et leur miseen œuvre, les techniques d’assemblage ; elles permettent d’en-registrer des marques d’identification, signatures, estampilles,poinçons, armoiries, etc.

Enfin la photographie d’une œuvre devient un témoin de son état à unmoment donné, et pourra servir de repère pour mesurer l’étendue de seséventuelles modifications futures, tout comme l’exploitation et la critiquedes photographies anciennes fournissent des jalons irremplaçables pour l’é-tude des œuvres.

Mais la photographie connaît des limites évidentes : elle ne peutmontrer que ce qui est visible, et les contraintes techniques obli-gent à avoir suffisamment de recul pour que la vue réalisée soitpertinente par rapport à son objet. A la différence du regardhumain qui est mobile, l’appareil photographique construit uneimage fixe, avec une focale déterminée.

L’utilisation de l’image vidéographique, comme l’a montré l’ex-périence de Fontenay-le-Comte, est un moyen de prise de vuepermettant de montrer l’édifice dans son contexte. Une procé-dure d’indexation peut être réalisée de la même manière quepour l’image fixe.

La représentation graphique

Le relevé d’architecture29 permet de rendre compte des volumes, des sys-tèmes architectoniques et des distributions d’un édifice ou d’une opérationd’urbanisme, que le regard humain ne saisit que par morceaux. Le relevéest toujours sélectif, et peut se limiter à un schéma ou noter à l’inversejusqu’aux accidents de détail, en fonction de l’objectif poursuivi. Il se fait

29. La fonction du relevé d'architecture a fait l'objet d'une publication dans la collec-tion Documents et méthodes : SAINT-AUBIN, Jean-Paul. Le relevé et la représenta-tion de l'architecture. Paris : Inventaire général, ELP, 1992.

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interprétatif, en soulignant certains traits et en en gommant d’autres, afind’éclairer une démonstration. Mais, pour qu’un relevé soit démonstratif, ilfaut qu’il réponde à une demande clairement exprimée.

Le relevé ne saurait se confondre avec une restitution, laquelle ne fait quetraduire une hypothèse intellectuelle, non un état de l’œuvre, pas plusqu’avec les plans de conception de l’architecte : ceux-ci, par nature,ignorent les défauts, repentirs ou modifications introduits lors de la réali-sation, ainsi que les accidents survenus depuis.

Comme pour la photographie, toutes sortes de relevés peuventêtre utiles, des plus simples aux plus sophistiqués : plans, éléva-tions, coupes à toutes les échelles, mais aussi axonométries,relevés “éclatés”, chacun correspondant à une problématique dereprésentation et selon des modalités de relevés des plus élémen-taires (schémas, croquis) aux plus élaborés (photogrammétrie,hologrammes, image 3D, etc.).

L’évolution des techniques de l’image, par les traitements numériques,rapproche de plus en plus les différents modes de représentation pho-tographiques et graphiques. L’infographie et le recours aux images de syn-thèse deviennent courants pour analyser les œuvres ou les présenter demanière analytique.

La cartographie

La cartographie est un outil documentaire de base à la fois pour la locali-sation et l’identification des objets de l’enquête, leur étude et pour leuraccès documentaire. Avant de décrire une œuvre, il faut la situer et déli-miter son emprise au sol pour la nommer. La carte est une constructionsélective de la réalité. Elle permet de présenter sur un plan les objets del’enquête, à la fois dans leur position absolue et dans leur position relative: relations en distances, en directions, relations avec le territoire (donnéesgéographiques, géologiques, etc.) et avec d’autres objets d’étude. La cartedonne donc une vision globale, localisée et mesurable, des phénomènes etdes objets, tout en suggérant elle-même de nouvelles mesures, de nou-velles données et de nouveaux développements.

Ainsi, en jouant sur la variation d’échelle et les modes de représentation,la cartographie sert à établir un constat - un état des lieux - ou à fournirune explication - une démonstration - qui puise ses arguments dans la con-figuration de l’espace et non plus seulement dans les données intrinsèquesaux objets d’étude.

La carte peut aussi devenir un document “prédictif”. Si, dans un lieu donnéon trouve certains objets, alors, dans une configuration semblable, il existeun certain degré de probabilités de trouver le même type d’objets. Ce

II. Méthode - Chapitre 3 : Une entreprise de description

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genre de documents ne se substitue pas à l’enquête elle-même ; il cons-titue une aide au choix des aires d’étude et à la définition des enjeux del’enquête.

2. Le dossier

Un assemblage des éléments

Le dossier est l’assemblage organisé des différents éléments documen-taires, textes et images évoqués ci-dessus. Il vise à restituer au mieux ladescription des objets d’étude, par la complémentarité et l’apport spéci-fique de chaque mode de représentation. Il va de soi que le dossier seraplus ou moins fourni selon le mode d’approche : recensement ou étude, etselon l’intérêt et la complexité de l’œuvre analysée.

Dossier papier et dossier numérique

L’apparition de la photographie, plus tard de l’informatique, a entraîné desredéfinitions successives de la fonction du texte “ littéraire ” tant dansl’historique que dans la description au sens strict des œuvres inventoriées.Ce souci était présent dès la mise en place des services régionaux, mais lespossibilités croissantes offertes par l’informatique, en particulier dans ledomaine du traitement de l’image et de la cartographie, permettent deconsidérer désormais les rapports entre tous ces éléments de façondynamique et non plus statique et entraînent une réévaluation de la partrespective des éléments qui recueillent l’information et de ceux qui larestituent.

A la fin des années 1980, l’utilisation des micro-ordinateurs dansles services régionaux a permis aux chercheurs de saisir directe-ment les données destinées à être versées dans les basesnationales progressivement mises sur pied mais aussi de mettreeux-mêmes en forme leurs dossiers grâce aux facilités d’utilisationdes outils bureautiques. Le recours à l’informatique est aujour-d’hui entré dans les faits pour le traitement de l’ensemble desdonnées textuelles recueillies et progresse dans les autresdomaines.

La documentation numérique qui repose sur l’utilisation du langage norma-lisé XML permet de structurer les dossiers selon une DTD (Document TypeDefinition) ou Définition de Documents Types ; c’est une modélisationde la structuration globale de l’information présente dans les dossiers.Elle repose sur un balisage des différents éléments documentaires selonleur fonction, en les organisant entre eux, indépendamment de touteforme de restitution. Elle permet de les garder en mémoire sous uneforme normalisée et structurée afin de pouvoir les traiter automatique-

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ment, notamment pour les restituer sous des formes et des supports va-riés (papier, écran, disque). La DTD30 est une garantie de pérennité desenregistrements électroniques. La seconde évolution en cours est son inté-gration au schéma de données de la direction de l’architecture et du pa-trimoine.

Ces nouveaux outils autorisent désormais la mise en place d’une chaîne deproduction entièrement numérique de la documentation, ce qu’on appellele “dossier numérique”.

Dès 1973, les éléments textuels structurés ont été enregistrés,sous forme synthétique, dans des bases de données. Elles sontaccessibles sur Internet depuis 1996. A partir de 1998, le plan denumérisation mis en place par le ministère chargé de la Culture etde la Communication a permis d’intégrer des photographies égale-ment accessibles sur Internet. Le dossier numérique, expérimentéen Bretagne et en Poitou-Charentes à partir de 1999, et aujour-d’hui utilisé par plusieurs régions, permet d’enregistrer tous cestypes de données sur des serveurs permettant une plus grandeopérabilité et une navigation dans les différents éléments docu-mentaires. Ces dossiers deviennent progressivement accessiblessur Internet. La documentation en ligne est également complétéepar la rétronumérisation des pages de données “papier”.

Le dossier électronique offre des facilités pour l’enquêteur (enregistrementdes données en temps réel, mise en forme partiellement automatisée) etpermet de nouveaux usages par sa puissance de recherche, la possibilitéd’établir des liens et l’accès cartographique. Il ne remet pas en cause lesprincipes descriptifs ici exposés. Au contraire, il ne sera pleinementexploité qu’en fonction du respect des vocabulaires et des autres règles quirégissent l’Inventaire. Il ne constitue donc pas une rupture, mais il est leprolongement logique du dossier sur papier. Sa mise en place n’a été pos-sible que parce que le contenu, l’assemblage et le classement des dossiersont, depuis l’origine, fait l’objet d’un effort continu et permanent d’orga-nisation.

Les liens

On l’a dit, le dossier numérique permet de développer et systématiser lesliens de toute nature existant entre :

- les éléments documentaires : liens textes/images, images à usagesmultiples, etc.

- les unités documentaires : les dossiers. Il peut s’agir de liens hiérar-chiques entre dossiers et sous-dossiers, dans le cas des ensembles parexemple, ou de liens entre le dossier d’opération, les dossiers de syn-thèse et les dossiers de toute œuvre concernée par ces derniers.

30. Consultable sur le serveur du ministère de la Culture et de la Communication :Extranet de l’Inventaire :http ://www.culture.fr/culture/inventai/extranet/index.html.

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II. Méthode - Chapitre 3 : Une entreprise de description

fonction voir

- les objets d’étude. Il s’agit de liens conjoncturels31, liés à la naturedes œuvres étudiées. Certains existent a priori et sont prévus par lesystème documentaire : l’interrogation de la base de données permetde retrouver toutes les œuvres réalisées par un même auteur ; demême la hiérarchisation des thesaurus et l’interrogation multi-champspermettent des appariements selon des possibilités quasi infinies.D’autres liens sont déterminés par le chercheur qui organise le dossier.Ces relations - impact d’une œuvre dans l’organisation de l’espaceenvironnant, même style laissant supposer un même auteur inconnu,etc. - n’étaient notées jusqu’alors que dans les commentaires his-toriques ou les notes de synthèse. La mise en place de liens électro-niques permet de relier concrètement les dossiers de ces œuvres etrend leur consultation beaucoup plus facile.

Les catégories de dossiers

Les dossiers sont répartis en trois catégories :

- le dossier d’opération qui permet de donner les informations néces-saires à la compréhension de la documentation : présentation del’opération, cahier des clauses scientifiques et techniques incluant ladéfinition scientifique et technique des objectifs de l’opération, lesmoyens qui lui sont affectés, les modalités de sa réalisation, les con-ditions d’exploitation et de diffusion publique des données recueillies.Ces dossiers sont essentiels ; ils sont les garants de la validité scien-tifique des résultats, comme le sont les cahiers de protocoles danslesquels sont notées les conditions des expériences de laboratoireréalisées par les physiciens ou les chimistes.

- les dossiers de synthèse. Ce sont les dossiers établis sur des œuvresréunies volontairement par les enquêteurs pour répondre aux besoinsd’une étude sur une catégorie d’œuvres particulière ; ils compren-nent les dossiers de présentation de la commune, les dossiers deprésentation du mobilier, les dossiers collectifs et les dossiers théma-tiques.

- les dossiers d’œuvres, qu’il s’agisse d’œuvres isolées ou d’ensembles,accompagnés ou non de sous-dossiers.

Le classement des dossiers

A l’intérieur d’une aire d’étude donnée, lorsqu’une documentation est con-servée sous forme papier, les dossiers sont présentés selon un principe declassement topo-thématique qui va du général au particulier, du contenantau contenu, de l’ensemble au sous-dossier.

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fonction voir aussi

31. Voir la mise au premier plan des liens dans le cahier des charges de l’inventairepréliminaire d’Ille-et-Vilaine et le Vocabulaire de l’espace urbain.

Principes de classement des dossiers d’une opération d’inventairetopographique sur une aire d’étude communale ou pluri-communale

(Voir annexe 4)

[aire d’étude]

- présentation de l’opération

- dossier(s) collectif(s) ordre du lexique DENO du Système descriptif de l’archi-tecture

- dossier(s) thématique(s) architecture ou objets mobliers ordre du le-xique DENO du Système descriptif de l’architecture puis du Système descriptifdes objets mobiliers

- dossier(s) d’ensemble architectural ou d’édifice non localisé à la com-mune ordre du lexique DENO du Système descriptif de l’architecture

- présentation du mobilier pour les collections particulières non localisées

- dossier(s) d’objets mobiliers faisant partie d’une collection parti-culière ordre du lexique DENO du Système descriptif des objets mobiliers pourchaque collection particulière

- dossier(s) d’objets mobiliers isolés objets privés non localisés, ordre du le-xique DENO du Système descriptif des objets mobiliers

[commune] par ordre alphabétique des communes de l’aire d’étude

- présentation de la commune

[chef-lieu]

- dossiers d’agglomération, d’ensembles, édifices ou édicules ordre dulexique DENO du Système descriptif de l’architecture

- sous-dossiers d’ensemble ou d’édifice, rangés à la suite de ces derniers

- dossier de présentation du mobilier, placé à la suite du dossier de l’édificeou de l’ensemble contenant le mobilier,

- dossiers et sous-dossiers d’objets mobiliers classés à la suite du dossier deprésentation du mobilier - ordre du lexique DENO du Système descriptif desobjets mobiliers

[lieu-dit ou quartier] par ordre alphabétique des toponymes

- mêmes principes de classement que pour le chef-lieu

[œuvres isolées] par ordre alphabétique des toponymes, puis des lexiques DENO

[œuvres non localisées] par ordre des lexiques DENO

Cet ordre de tri correspond à une logique de classement matériel desdossiers papier ; il est respecté dans les produits de diffusion du dossierélectronique. La consultation par le biais de la cartographie, qui privilégiele positionnement dans l’espace et l’utilisation des thesaurus et des liens

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II. Méthode - Chapitre 3 : Une entreprise de description

entraîne une navigation qui modifie à l’infini l’ordre d’affichage. Cetteproposition d’ordre de tri n’est donc qu’indicative ; elle facilite l’organi-sation et la consultation des dossiers.

3. La normalisation des données

La démarche d’inventaire topographique met en situation de fédérer etd’intégrer les contributions diverses qui peuvent concourir à constituer uneconnaissance du territoire national. Pour qu’aucun dossier ne reste isolé etinaccessible, l’inventaire doit répondre à certaines règles en matière decollecte et de restitution de l’information. Seule la normalisation des élé-ments documentaires permet de retrouver, classer, comparer et exploiterl’ensemble des données réunies, pour les rendre interopérables. La décen-tralisation et les partenariats de toute nature renforcent la nécessité de lanormalisation des données.

Le recours à une méthode nationale doit permettre non seulement derecueillir, traiter et sauvegarder les informations nécessaires à la connais-sance du patrimoine, mais encore de les rendre comparables. L’échelonnational permet de confronter les différentes expériences méthodologiqueset de les valider en les soumettant à une grande diversité de situationslocales. La mise au point et l’utilisation d’un vocabulaire normalisé dedésignation et de description des œuvres, ainsi que de protocoles d’analysesont des moyens de recherche, autorisant en particulier des études statis-tiques, outils indispensables aux travaux de synthèse.

L’unité de la terminologie

L’usage d’un vocabulaire et d’une syntaxe communs d’analyse des œuvresconstitue le ciment d’un inventaire national. Il est le principal garant del’unité de l’entreprise, que viennent également conforter les règles sur l’il-lustration et la documentation des œuvres.

L’Inventaire général est devenu ainsi le producteur d’un certain nombre devocabulaires scientifiques, établis à partir de dépouillements de textesanciens et modernes et de leur confrontation avec la diversité des œuvresrencontrées sur le terrain. Il joue alors le rôle non seulement d’observa-toire du patrimoine et de l’évolution des notions qui lui sont relatives, maisaussi de conservatoire de la langue française en ce domaine.

La conception des vocabulaires publiés dans la collection desPrincipes d’analyse scientifique répond au souci méthodologiquede définir avec exactitude les termes utilisés tant dans la désigna-tion que dans la description technique des œuvres. Ces définitionssont accompagnées de figures facilitant leur compréhension, ainsique d’un important appareil de notes donnant la date d’apparitiondu terme, son étymologie et son acception dans les ouvrages spé-cialisés.

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les atouts d’une méthode homogène

le travail terminologiquede l’Inventaire

Ces vocabulaires sont constitués selon un ordre de présentationméthodique et non alphabétique. Ils ont un caractère systématique, ce quipermet de balayer l’ensemble d’un domaine et de donner une réalité à cer-taines œuvres rares. On peut dire ainsi qu’ils participent, à leur manière,à l’élargissement du champ patrimonial en donnant à voir, dans toute sadiversité, l’étendue de l’imagination créatrice au travers d’œuvres, parfoismodestes, qui, sans notre capacité à les nommer, donc à les reconnaître,n’auraient pas d’existence.

Ils ont aussi un caractère normatif qui vise à faciliter la connaissance desœuvres et à permettre des comparaisons. Cet effort de normalisation estaccompagné par un très important travail lexicographique permettant deprendre en compte les variantes de nature linguistique, historique ou géo-graphique, variantes qui peuvent acquérir un statut d’équivalence ou desynonymie. Leur collecte systématique et sa traduction dans des listesorganisées guident le rédacteur, permettent de saisir les nuances et facili-tent les recherches des utilisateurs des données. Les vocabulaires trouventune traduction dans les thesaurus32 des bases de données qui organisentde manière beaucoup plus systématique et hiérarchisée les liens séman-tiques entre les termes, tout en proposant une version des définitionsabrégée et sans appareil critique.

L’unité de la syntaxe

Il faut entendre ici le mot syntaxe non pas dans sa seule acception lingui-stique, mais, dans un sens plus large, celui de l’organisation du discours surles œuvres. On a distingué plus haut les différents éléments documentairesdont l’assemblage, au travers du dossier, permet une lecture systématiqueet homogène des œuvres. Les systèmes descriptifs donnent une traductionde la syntaxe et de la structuration de l’information en rubriques ou enchamps et un mode d’emploi. Ils sont des manuels tant à l’usage deschercheurs que des usagers avertis des bases informatiques communes àl’Inventaire général et aux Monuments historiques. Ils expliquent commenton peut structurer l’information aussi bien sur les œuvres que sur l’illustra-tion de celles-ci (base Mémoire).

Certains champs ont un caractère obligatoire : ce sont pourl’essentiel les champs de gestion documentaire, et, s’agissant desœuvres, les données constitutives du recensement, à savoir lalocalisation et la dénomination. Les autres champs, descriptifs ouhistoriques, ne sont remplis que lorsque les œuvres sont sélection-nées pour étude, et en fonction des informations dont on dispose.

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32. Thesaurus de l'architecture, collection Documents & méthodes n° 7, éditions duPatrimoine, 2000 ; Thesaurus des objets mobiliers, collection Documents & métho-des n°8, éditions du Patrimoine, 2001.

II. Méthode - Chapitre 3 : Une entreprise de description

Le vaste système de structuration de l’information mis en place au traversdes divers livrets de prescriptions depuis l’origine, sa traduction partiellemais compacte au travers des systèmes descriptifs, puis son développementau travers du produit global qu’est la DTD ont permis la mise en place d’unvéritable modèle documentaire. Il permet une organisation de la produc-tion de l’information. Les traitements automatisés sont ainsi rendus possi-bles, facilitant les mises à jour, les modes d’accès et le développement desliens.

4. Les bases de données nationales

On se référera au schéma général des données présenté dans les annexesde ce livret. Rappelons seulement qu’au niveau national, priorité a étéaccordée aux bases de données destinées à documenter les œuvres : labase Mérimée pour l’architecture, la base Palissy pour les objets mobiliers,et la base Mémoire destinée à indexer les illustrations des œuvres. Ce partipris est en cohérence avec l’affirmation du primat du terrain et de l’obser-vation directe.

Il s’agit donc bien avant tout de documenter des œuvres exa-minées in situ, et non pas de construire des données de secondemain à partir de la bibliographie, de documents d’archives ou decollections de cartes postales. La description des œuvres au tra-vers des notices de la base Mémoire a donc été volontairementtrès limitée, les recherches documentaires sur les œuvres devantse faire sur les bases d’objets d’étude.

Ces bases ont été conçues comme un mode d’indexation du dossier, unpoint d’entrée permettant de donner sous forme contrôlée l’essentiel del’information. Les notices signalent donc l’existence d’un dossier même si,dans le cas des œuvres simples et peu documentées, la notice permet sou-vent de rendre compte de l’intégralité de l’information textuelle sur l’œu-vre.

Le système d’information documentaire national en place permet progres-sivement d’avoir accès aux dossiers documentaires complets par interro-gation des bases de données Mérimée et Palissy sous deux formes : lesdossiers papier, progressivement numérisés, et les dossiers produitsdirectement sous forme numérique.

5. Les outils parallèles et dérivés : fichiers et répertoires

Le travail s’appuie sur des outils de recherche et de documentation mis enplace par les services régionaux. Organisés initialement sous la forme defichiers manuels, corpus et répertoires – fichiers de gestion de l’image,

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les bases de données :un index des dossiers

une modélisation documentaire

fichiers topo-bibliographiques, fichiers d’artistes, fichiers typologiques,iconographiques, fichiers d’œuvres datées ou fichiers héraldiques – ils ontsouvent connu un développement sous la forme de bases de donnéesrégionales, enrichies en permanence par l’avancement des travaux. Parmices derniers, on citera plus particulièrement :

- le fichier illustration constitué des données textuelles d’indexationdes documents photographiques ou graphiques produits ou acquis parles services. Outre des informations descriptives sur le support et lesujet représenté, le fichier illustration comporte également deschamps de gestion régionale des fonds, et permet d’associer auximages une notice de référencement versée dans la base Mémoire.

- les répertoires bibliographiques. Les ouvrages et sources essentiels àla connaissance du patrimoine d’une région doivent être identifiés etdépouillés, de manière à constituer l’information de base couvrantl’ensemble du territoire régional. Ils constituent le noyau du fichiertopo-bibliographique en place dans nombre de services régionaux. Lesouvrages qui ont un caractère d’inventaire font en outre l’objet d’unepublication dans la collection Répertoire des inventaires33 ;

- les répertoires d’artistes et d’artisans. Il peut s’agir de fichiersgénéraux, regroupant les noms d’artistes, au sens large, connus partous les moyens disponibles : dépouillements divers, collecte d’infor-mations sur le terrain. Ils servent de référence et sont beaucoup plusriches que les données enregistrées dans les notices d’œuvres desbases de données nationales. Il peut s’agir aussi d’auteurs d’œuvresappartenant à un domaine particulier. Ces répertoires prennent parfoisune dimension nationale ou interrégionale, quel que soit le niveau degestion des données ; on citera en particulier le répertoire des pein-tres verriers ou les fichiers de poinçons permettant d’identifier lesorfèvres, réalisés dans le cadre du programme de recherche sur l’or-fèvrerie française ;

- les répertoires d’œuvres datées. L’histoire de l’art procédant essen-tiellement par comparaison, il est fondamental pour cela de disposerde témoins datés sans ambiguïté, dont les recueils par région et partype d’œuvre permettent de constituer progressivement un répertoiredes “formes datantes”, mais aussi des repères chronologiques pourl’usage et la diffusion tant des formes que des matériaux et des tech-niques. Les travaux qui ont pu être menés par d’autres chercheurs ouorganismes34 doivent être soigneusement collectés, et permettentainsi d’enrichir et d’affiner le catalogue des témoins datés ;

- le répertoire des matériaux régionaux et des carrières. Il est sou-haitable de constituer une “matériauthèque virtuelle”, collection dephotographies des matériaux et de leur mise en œuvre, éventuelle-ment accompagnées de relevés, ainsi que de la carte des carrières etdes usines de production (tuileries, briqueteries, etc.) de ces maté-riaux ;

- les recueils de modèles de fabricants enfin sont très utiles pour l’étude

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33. Voir Annexe 2 : documents et publications méthodologiques.34. En particulier, pour la datation des éléments d’architecture, on tirera profit des

relevés du Centre de recherche des Monuments historiques.

II. Méthode - Chapitre 3 : Une entreprise de description

des œuvres de série ; ils doivent, si les moyens des équipes le permet-tent, être systématiquement recherchés et si possible dupliqués(numérisation page à page).

6. Les savoir-faire, la formation

On le voit, la conduite d’un inventaire suppose des compétences multipleset un travail d’équipe associant des savoir-faire scientifiques et techniques.Ils ne peuvent être acquis qu’au fil d’une longue expérience et sont le pro-duit d’une culture transmise des uns aux autres.

Les divers outils méthodologiques, produits des réflexions confrontées auxdiverses expériences et à la réalité du terrain, contribuent à consolider età transmettre ce savoir-faire.

Les stages organisés par l’Institut national du Patrimoine (INP), le Centrenational de la fonction publique territoriale (CNFPT) et le service de for-mation de la direction de l’Architecture et du Patrimoine jouent un rôleessentiel dans la formation et dans la cohésion des travaux des équipesrégionales. Ils facilitent les échanges et les débats, préparant ainsi les évo-lutions nécessaires de la méthode qui doit s’adapter à l’évolution desenjeux, la multiplication des partenaires, la modification des outils, et auxtransformations des domaines d’étude.

On pourrait dire, en conclusion, que les inventaires achevés forment à leurtour des outils essentiels pour la conduite de nouvelles enquêtes. Ilsouvrent la voie à un système de référencement contrôlé qui accélère lesdémarches ultérieures et enrichit les analyses. La maîtrise de la documen-tation achevée, la constitution de corpus et l’établissement progressif derépertoires rendent les nouvelles enquêtes plus efficaces et plus sûres.

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III. CONDUITE

CHAPITRE 1 : LE CADRAGE DE L’OPÉRATION..............

1. Les objectifs de l’opération et son cadre institutionnel2. Le cahier des clauses scientifiques et techniques

CHAPITRE 2 : LA PHASE DE RECHERCHE DOCUMENTAIRE...

1. Les documents à consulter2. La critique de la documentation3. La mise en forme de la documentation4. La cartographie historique5. L’ouverture des dossiers

CHAPITRE 3 : L’ENQUÊTE.................................

1. La préparation de l’enquête2. L’enquête topographique sur le bâti et les espaces3. L’enquête topographique sur les objets mobiliers4. Les enquêtes thématiques5. Un cas particulier : l’étude des réseaux6. La commande de l’illustration photographique et graphique

CHAPITRE 4 : RESTITUTION ET VALORISATION DES

RÉSULTATS .................................1. Le système national d’information documentaire 2. La valorisation des résultats3. L’exploitation de la recherche4. La question de l’évaluation des œuvres5. La question de la mise à jour

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Par conduite de l’inventaire, il faut entendre l’application des principes etde leur traduction méthodologique à un cas concret d’opération à mener.En d’autres termes, il s’agit d’agencer les procédures d’inventairetopographique de façon à les ajuster au mieux à la nature du patrimoine àappréhender et au contexte institutionnel dans lequel elles se déroulent.

Il s’agit aussi d’exposer les questions de choix, d’ordre, voire de partagedes tâches pour les opérations conduites en partenariat, les questions d’en-jeux, de calendriers et de moyens au travers d’un cahier des clauses scien-tifiques et techniques, que le travail soit réalisé en partenariat ou non.

Les règles qui vont être exposées ici sont celles de l’inventairetopographique, tel qu’il a été défini au chapitre précédent. Maisles campagnes thématiques doivent également s’en inspirer.

Il s’agit enfin de réfléchir aux modes possibles de restitution, même si leterrain et les contacts divers qu’il permet de nouer au fur et à mesure del’avancement de l’enquête font naître des exploitations qui n’étaient pasenvisagées au départ.

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CHAPITRE 1 : LE CADRAGE DE L’OPÉRATION

1. Les objectifs de l’opération et son cadre

institutionnel

2. Le cahier des clauses scientifiques et

techniques

Aux recommandations du Conseil de l’Europe35, se sont ajoutés, depuis2004, l’article 95 de la loi n° 2004-809 du 13 août 2004 relative aux libertéset responsabilités locales et divers textes réglementaires qui régissentaujourd’hui, en France, l’Inventaire général du patrimoine culturel. Ainsi,l’Etat est responsable de l’établissement des normes, du contrôle scien-tifique et technique et de la diffusion publique des résultats à l’échellenationale. Les nouvelles dispositions prévoient que les Conseils régionauxet la collectivité territoriale de Corse et leurs services chargés de l’inven-taire général exercent la compétence et la responsabilité de la conduitedes opérations sur leur territoire. Pour cela, ils rédigent, pour chaqueopération, un cahier des clauses scientifiques et techniques. Ils peuvent,dans cet objectif, développer des partenariats avec les autres collectivitésterritoriales ou d’autres organismes pour des opérations définies alors dansle cadre de conventions.

1. Les objectifs de l’opération et son cadre institutionnel

La définition des objectifs de l’opération est le fruit d’une concertationentre les services chargés de l’Inventaire général du patrimoine cultureldans la région et les autres partenaires concernés. Le chef du servicechargé de l’Inventaire général du patrimoine culturel dans la région,nommé selon les dispositions du décret du 20 juillet 2005, est le respon-sable scientifique et technique de l’opération et il dirige l’établissement ducahier des clauses scientifiques et techniques.

35. Fiche d’indexation minimale des monuments historiques et des édifices du patri-moine architectural. Recommandation R (95) 3 du Comité des Ministres du Conseilde l’Europe aux Etats membres relative à la coordination des méthodes et des sys-tèmes de documentation en matière de monuments historiques et d’édifices dupatrimoine architectural.

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III. Conduite - Chapitre 1 : Le cadrage de l’opération

La loi prévoit, si l’opération est conduite en partenariat, la signature d’uneconvention qui fixe les objectifs, les moyens, les calendriers, les droitsd’exploitation des résultats des parties concernées, et fait référence aucahier des clauses scientifiques et techniques.

Les opérations nationales prévues par la loi sont initiées par l’Etat. Ellesdoivent être définies dans un cahier des clauses scientifiques et techniques.Elles sont programmées en concertation avec les Conseils régionaux et lacollectivité territoriale de Corse. L’Etat en informe l’ensemble des collec-tivités concernées. Il peut conduire ces opérations en partenariat et pourcela signer des conventions. Dans tous les cas, le résultat des travaux estcommuniqué aux collectivités partenaires.

Pour les opérations importantes, la convention peut prévoir, à côté del’équipe qui réalisera l’inventaire, un comité de pilotage où se retrouverontles responsables politiques qui détermineront le contour et l’avancementdes travaux, et un conseil scientifique qui leur associera les experts nom-més par chacun d’eux en raison de leur fonction ou de leur personnalité.

La loi prévoit également que les opérations sont soumises au contrôle scien-tifique et technique de l’Etat dont les modalités sont précisées par ledécret du 20 juillet 2005.

Les services chargés de l’Inventaire général du patrimoine culturel dans lesRégions s’inscrivent dans le réseau de compétences administratives, tech-niques et scientifiques, incluant l’ensemble des services patrimoniaux ter-ritoriaux ou de l’Etat, notamment les conservateurs des Antiquités etObjets d’art, les services départementaux de l’Architecture et duPatrimoine, les services patrimoniaux de la DRAC, les musées… Ils peuventaussi développer des collaborations avec des chercheurs relevant du CNRSou de l’Université, les services relevant du ministère chargé del’Environnement et de l’Equipement, les Parcs naturels régionaux, les ani-mateurs de Villes et Pays d’Art et d’Histoire, etc.

Il est essentiel dans tous les cas que les objectifs affichés lors de la mise enplace de telles collaborations soient proportionnés aux moyens engagés parchacun des partenaires. C’est un des enjeux de la phase préalable à l’en-quête proprement dite.

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le réseau des compé-tences de l’Etat et des

collectivités

2. Le cahier des clauses scientifiques et techniques

La phase préalable à l’enquête proprement dite doit permettre d’enprésenter les objectifs et les conditions de réalisation dans un cahier desclauses scientifiques et techniques.

Ce cahier des clauses scientifiques et techniques, dont le contenu estdétaillé ci-après fait partie intégrante de la documentation car il expliciteles conditions de conduite de l’opération. Comme les résultats de cettedernière, il est communicable au public et doit être versé dans le dossierPrésentation de l’opération.

Le texte d’introduction qui définit les objectifs de l’opération est unexposé des motifs selon le double registre de la pertinence scientifique etdes critères contingents36. Il doit exposer de manière brève l’intérêt deconduire, seul ou en partenariat, l’étude sur un territoire donné, mettre enévidence les caractéristiques principales du patrimoine de ce territoire.

Les enjeux scientifiques de l’opération

Le cahier des clauses scientifiques et techniques doit permettre de situerles enjeux scientifiques de l’opération au plan local ou au plan national. Ilindique ce que l’on compte retirer de l’entreprise à partir d’un intérêt quise décline du point de vue des modes d’occupation du territoire, de l’inté-gration au paysage, d’une période chronologique particulière du bâti ou, aucontraire, des mutations (continuités, césures, innovations, etc.) d’unmode constructif particulier du point de vue des types d’édifices ou desmises en œuvre, de la présence d’ateliers particuliers (mobilier régionalreconnu ou ignoré), de cultes régionaux, etc. Il précise également l’intérêtde l’approfondissement de la connaissance scientifique en fonction destravaux de recherche déjà publiés sur l’aire topographique concernée ousur certaines catégories patrimoniales propres au territoire ou rejoignantdes problématiques plus larges.

Si un ou plusieurs acteurs scientifiques (université, laboratoire derecherche, etc.) sont partenaires de l’opération d’inventaire envisagée,c’est ici qu’il convient de l’indiquer, en définissant le plus précisément pos-sible la nature de l’intervention de chacun.

La délimitation de l’aire d’étude

L’aire d’étude constitue un cadre opératoire inscrit dans le découpageadministratif du territoire national. Ce cadre doit cerner au plus juste l’es-

36. Voir dans la partie Principes, chap. 3 : le choix des aires d’étude.

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III. Conduite - Chapitre 1 : Le cadrage de l’opération

pace à enquêter, c’est-à-dire qu’il doit inclure les objets d’étude néces-saires et suffisants pour permettre de répondre de manière pertinente auxobjectifs de l’opération. Si la délimitation de l’aire d’étude est ainsi varia-ble par définition, elle répond néanmoins à certaines règles.

En milieu rural, le canton est depuis longtemps apparu comme l’échelle laplus commode pour conduire les enquêtes. Il permet un découpage du ter-ritoire national selon un maillage régulier et relativement homogène cor-respondant souvent à des entités géographiques qui, sur le plan scien-tifique, autorisent une approche collective de l’architecture et, sur le planpratique, un terrain à parcourir raisonnable et un nombre de dossiers dontla mise en forme et le traitement sont maîtrisables. Ces arguments ontgardé leur pertinence. Mais le développement des études urbaines entraîned’autres partitions qui paraissent plus adaptées entre centre / périphérieou encore centre / faubourgs / périphérie.

On peut aussi avoir à réaliser un découpage plus complexe, parexemple lorsqu’une ville possède également un territoire rural :alors que la ville elle-même constituera une, voire deux aires d’é-tude, son territoire rural sera logiquement étudié avec les com-munes rurales de la périphérie (cela a été le cas pour l’étude dela périphérie de Limoges).

D’autres délimitations qui tendent aujourd’hui à s’imposer s’appuient, parexemple, sur les limites d’un Parc naturel régional, d’un secteur sauveg-ardé, sur l’aire de compétence d’un établissement public à caractèreindustriel, d’un contrat de pays, etc.

Quoi qu’il en soit, le territoire d’étude ne doit pas être trop restreint : onne doit pas aboutir à une parcellisation des enquêtes qui rendrait impro-ductive une approche territoriale ; on ne pourrait alors tirer aucunenseignement permettant de construire des synthèses et de comprendre lasignification de chaque œuvre particulière dans un contexte donné. Un ter-ritoire plus vaste suppose des moyens adaptés à la maîtrise des étenduesgéographiques et au nombre d’objets. On le voit, les règles de délimitationde l’aire d’étude doivent tenir compte de la densité des objets d’étude.Elles doivent tenir compte aussi des considérations pratiques : commentdans un temps imparti rendre compte du patrimoine inscrit dans lepérimètre défini ?

Un secteur sauvegardé peut constituer une aire d’étude en ce sens qu’ilpeut être suffisamment vaste pour permettre d’appréhender les caractèresde son architecture ; en revanche, le tracé de ses limites ne répond pasexclusivement à des critères de connaissance et peut compromettre lacompréhension de l’espace urbain lui-même. Il sera alors nécessaire, àdéfaut de pouvoir mener un inventaire sur la totalité de cet espace, auminimum de replacer le secteur, au moyen d’une étude documentaire pluslarge, dans un espace historiquement pertinent, et si possible en amont del’enquête, afin d’évaluer au mieux le biais introduit par le cadre opéra-tionnel imposé.

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le cas des secteurssauvegardés

Cette remarque est encore plus importante dans le cas des étudesmenées “en creux” par rapport aux secteurs sauvegardés, c’est-à-dire dans le cas où les aires d’étude sont définies par rapport et àl’extérieur des limites du secteur sauvegardé.

L’aire d’étude dans son ensemble se doit en effet de correspondre à unmultiple de la cellule de base de la vie politique qu’est la commune.

Ceci aussi bien pour la collecte de la documentation préalable (lesrenseignements administratifs et fiscaux et notamment le cadas-tre privilégient l’échelon communal) que pour la restitution destravaux afin de pouvoir intégrer ces résultats à d’autres études àcaractère scientifique ou à caractère de gestion qui ont générale-ment la commune pour base. Lorsque des considérations pratiquesimposent de fractionner une commune urbaine, il faut que cettedernière corresponde à une somme d’aires d’étude.

La définition du champ d’investigation

Il est nécessaire de rappeler que, à l’intérieur des limites indiquées dans lapremière partie de cet ouvrage, la démarche est exhaustive. Cependant, lemême regard n’est pas porté sur tous les objets.

- Du point de vue du cadre chronologique, périodes dominantes,césures significatives sont variables selon les terrains. L’après-guerrede 14-18 ne sera pas appréhendé de la même façon en Auvergne, enChampagne-Ardenne ou en Île-de-France. La compréhension desphénomènes chronologiques propres à chaque aire d’étude est déter-minante pour évaluer le degré d’investigation nécessaire afin decerner un phénomène, proposer des explications et développer desétudes.

- L’Inventaire, ayant un caractère général, concerne aussi le mobilier.Il faut indiquer, selon leur statut, quelles catégories de mobilier etde décor entrent dans le champ de l’enquête et de quel type d’in-vestigation elles feront l’objet.

On admet que le mobilier religieux postérieur à la loi de sépara-tion des Eglises et de l’Etat entre, par commodité, dans le mêmechamp d’étude, en veillant, bien entendu, à indiquer dans lesnotices de ces œuvres qu’elles sont propriété privée ou propriétéd’une association cultuelle. Toutes les œuvres protégées au titredes Monuments historiques, quel que soit leur statut de propriété,entrent elles aussi dans le champ d’application de l’étude.

- La présence sur l’aire d’étude de mobilier ou de décors de statutprivé présentant un intérêt particulier (le mobilier régional parexemple) doit être appréciée au cas par cas, et leur étude engagéesi les circonstances s’y prêtent (en premier lieu si les propriétaires

73

III. Conduite - Chapitre 1 : Le cadrage de l’opération

donnent leur accord). Il en va de même pour les collectionspubliques non gardées ou le patrimoine d’associations.

Il faut aussi décider dès ce moment de quelle façon on procéderaà l’inventaire des tombes des cimetières et, en particulier, sicelui-ci se fera simplement sous la forme d’un choix de quelquesœuvres remarquables, ou selon la démarche appliquée pour l’é-tude de l’habitat, par une étude collective avec mise au pointd’une grille d’analyse, repérage et sélection.

Les principes généraux37 ont été donnés dans un chapitre précédent : ilsfixent désormais à une limite mobile de trente ans avant le présent leterme des œuvres recensées. Mais il va de soi que cette règle réclame desaménagements. Si l’on dispose pour l’ensemble de l’aire d’étude d’un plancadastral ou d’urbanisme donnant de façon précise l’emprise du bâti à unedate donnée, on aura tout intérêt à arrêter à la date de ce plan le termegénéral de son étude, car cela évitera tout risque d’erreur sur les construc-tions proches de la limite chronologique (en les faisant figurer dans l’en-quête alors qu’elles devraient en être exclues, et réciproquement).

La définition des modes de restitution

Le cahier des clauses scientifiques et techniques doit décrire le calendrier,comprenant éventuellement la définition de différentes phases, et lesmodalités de versement des résultats dans le système d’information docu-mentaire national38.

Il doit également indiquer le mode de diffusion des dossiers, qu’ils soientdirectement produits sous forme numérique ou sous forme papier puisnumérisés.

Dès cette phase, préalable à l’enquête, il est souhaitable d’envisager lesdifférentes formes de publication possibles.

Les moyens humains, techniques et financiers

Si l’enquêteur doit avoir la responsabilité de l’organisation de l’ensembled’une opération, il ne peut cependant assumer seul toute la chaîne de col-lecte, de traitement et de mise en forme de la documentation : l’inven-taire, quel que soit le mode d’approche, est une affaire d’équipe quirequiert des compétences et donc des métiers différents. Il est aussi uneaffaire d’encadrement dans le cas d’opérations déléguées à des contrac-tants.

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37. Voir Ière partie, chapitre 2 : le champ de l’Inventaire.38. Voir également IIe partie, chapitre 3 : les modes d’approche, et IIIe partie,

chapitre 4 : restitution et valorisation des données.

des compétences et des métiers

Une équipe d’inventaire :

Sans entrer dans la complexité des statuts et des catégories d’em-plois, on peut dire que l’efficacité d’une équipe repose sur unjuste équilibre des métiers, selon une définition des tâches enadéquation avec les différentes missions :

L’encadrement des équipes est assumé par le chef du servicechargé de l’inventaire, assisté d’un secrétariat.

Etude et recensement. Ces opérations réclament l’interventionde compétences et de métiers complémentaires : chercheurs etchargés d’études documentaires, photographes, dessinateurs etcartographes, ainsi que de personnels qualifiés et d’administra-teurs de bases de données indispensables au développement dudossier numérique.

Diffusion : infographistes, documentalistes et chargés de serviceséducatifs assurent la valorisation vers les différents publics, enparticulier sur les nouveaux supports de communication.

Certaines fonctions peuvent être partagées entre les équipes(plusieurs opérations d’inventaire se déroulent en général enmême temps).

Les moyens financiers nécessaires seront dimensionnés par les objectifs. Ilsconcernent les frais d’équipement (matériel photographique et informa-tique, matériel de dessin), de fonctionnement (déplacements, consomma-bles, documentation) et des budgets d’études particulières qui s’avèrentnécessaires en complément, pour la préparation ou l’approfondissement del’enquête. Les moyens de la valorisation doivent être évoqués dès la phasepréalable.

En résumé, on peut dire que les travaux exigent une association de compé-tences dont les interventions doivent être hiérarchisées selon un calen-drier et des niveaux adaptés aux enjeux et aux besoins de l’opération. Ellessont indispensables aussi pour assurer une continuité, l’inventaire n’étantpas une succession de rapports d’étude sans lien les uns avec les autres.

Le calendrier prévisionnel de déroulement des phases de l’opération

De nombreux paramètres sont à prendre en compte dans l’évaluation dutemps nécessaire à la conduite d’une opération, en comprenant toutes lesphases indispensables à son aboutissement, incluant restitution des don-nées et valorisation - même si celle-ci peut ne pas suivre immédiatementune enquête particulière et peut être conduite dans d’autres cadres etselon d’autres calendriers. C’est bien souvent la sous-estimation du tempsnécessaire à ces deux derniers aspects qui crée des difficultés, surtout dans

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III. Conduite - Chapitre 1 : Le cadrage de l’opération

le cadre des opérations menées en partenariat.

Il va de soi que la mise en place d’un calendrier de travail, essentielle dansla phase préalable de l’enquête, doit être conduite globalement, en termesde gestion du temps des différents intervenants, de la part des différentestâches et de l’ordre dans lequel elles doivent être conduites.

Dans la pratique, ce calendrier doit être adaptable et doit permettre demener de front si nécessaire plusieurs modes d’approche : une étudemonographique au cours d’un repérage, voire dans le même temps unrecensement et un repérage : il est même conseillé, lorsqu’est décidéel’étude collective d’une catégorie d’œuvres, d’en mener en même tempsle recensement et l’enregistrement des paramètres typologiques. De lamême manière, il est souhaitable que l’étude de l’architecture ne soit pastrop décalée dans le temps de l’étude des objets mobiliers, les informa-tions collectées sur un domaine étant utiles pour l’étude de l’autre.

Il paraît impossible de proposer un calendrier-type, tant sont divers les casde figure envisageables. Il doit pourtant être formalisé, même de manièresommaire, avant chaque opération. Ce calendrier constituera en tous casun tableau de bord auquel pourront se référer tous les acteurs concernés.Des rendez-vous périodiques permettent de faire le point et de prévoir, sinécessaire, des adaptations.

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CHAPITRE 2 : LA PHASE DE RECHERCHE DOCUMENTAIRE

1. Les documents à consulter

2. La critique de la documentation

3. La mise en forme de la documentation

4. La cartographie historique

5. L’ouverture des dossiers

La recherche documentaire répond à une double finalité, correspondant àdeux phases :

- l’établissement d’une documentation préalable systématique, quin’a pas pour autant pour objectif d’être exhaustive : la recherchedocumentaire doit être critique et donc sélective ;

- une documentation complémentaire ponctuelle sur les œuvressélectionnées.

La documentation préalable vise à :

- rassembler les représentations du territoire concerné, les critiqueret choisir celles qui apparaissent comme pertinentes, ce qui entraîneleur acquisition ou reproduction à des échelles adaptées à celles dudocument d’origine et à l’utilisation prévue ;

- rassembler les représentations d’objets d’étude, et en préparer unepremière sélection ;

- dépouiller les inventaires d’archives, repérer parmi les fonds classésceux qui, par leur thème et leur continuité, pourront apporter uneaide à l’étude.

La pertinence des observations faites sur l’œuvre est singulière-ment renforcée par la connaissance des données historiques.Cependant, la recherche historique n’est pas arrivée à son termequand commence l’enquête sur le terrain. Ainsi celle-ci recueille-t-elle les marques et inscriptions (armoiries, signatures, poinçons

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III. Conduite - Chapitre 2 : La phase de recherche documentaire

d’orfèvrerie, etc.) qui devront être interprétées à l’aide de nou-velles investigations dans la documentation39. Il convient donc dedistinguer la documentation à dépouiller avant l’enquête de celleà consulter après.

Le but de la recherche documentaire est entre autres d’identifier et delocaliser, dans l’attente de vérification sur place, les œuvres rentrant dansle champ de l’enquête. Pour l’enquête sur le patrimoine bâti, la phase doc-umentaire guide sur le terrain la recherche des éléments susceptibles deprésenter un intérêt, lorsque ceux-ci se trouvent “enfouis” par exemplesous une urbanisation récente. Elle donne également des informations pré-cieuses sur les opérations de voirie et de lotissement que l’observation surplace ne rendrait pas immédiatement identifiables. Les anciens inventairesde mobilier guideront pareillement l’enquête et en esquisseront le récole-ment.

La recherche documentaire apporte en outre des informations sur l’histoiredes œuvres que l’on étudie (commanditaires et auteurs, date de réalisa-tion), mais aussi sur les matériaux et leurs techniques, particulièrementpour l’architecture publique (pour laquelle devis descriptifs et réceptionsde travaux sont fréquemment conservés pour l’époque contemporaine).Enfin, pour les édifices détruits et les projets, la documentation constituela seule source d’information, puisque l’Inventaire général du patrimoineculturel n’a pas dans sa mission la réalisation de fouilles archéologiques.

1. Les documents à consulter : outilstopographiques, bibliographie, documentsiconographiques et sources manuscrites

Les outils topographiques

Les sources topographiques doivent être systématiquement collectées etconfrontées les unes aux autres. Certaines embrassent la totalité du terri-toire national : cadastre, cartes I.G.N. et de Cassini ; d’autres ne le cou-vrent que partiellement.

C’est le cas des cartes thématiques tel l’ensemble de cartes deroutes connu sous le nom d’atlas Trudaine. L’atlas des routes deTrudaine et Péronnet a été dressé de 1747 à 1776 pour les paysd’élection. Il est d’un grand intérêt pour la configuration du bâtilongeant les routes royales (cote A.N. : F 14).

39. Livret architecture, p. 57.

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Les cartes topographiques

La carte à 1/25 000 (tirage papier ou Scan 25) de l’Institut géographiquenational permet d’appréhender l’organisation générale des territoires, desréseaux de communication ainsi que la répartition de l’habitat, de repérerla présence d’usines, de parcs de grandes demeures, d’opérations d’urba-nisme, etc.

Les tirages anciens de la carte à 1/25 000 de l’I.G.N. sontprécédés par la carte dite d’état-major (1/80 000, dressée entre1818 et 1866), et, au siècle précédent, par la carte dressée par lafamille des ingénieurs topographes Cassini (1/86 000, de 1747 à1789). Ces cartes anciennes, relativement fiables, permettentessentiellement de donner une fourchette chronologique à l’ap-parition ou à la disparition d’un hameau, d’un écart (ferme,moulin, château), d’une route, ou de tout autre élément notabledu paysage. Mais à cette échelle, l’organisation du bâti agglomérén’est pas lisible, et moins encore le plan-masse des édifices. Parailleurs, les plans-minutes, conservés par l’I.G.N. sont établis àune plus grande échelle que les plans publiés, et pourront êtreconsultés avec profit.

Les plans cadastraux

Les plans cadastraux anciens et actuels sont le deuxième outiltopographique à consulter. Ils sont irremplaçables dans la mesure où, con-trairement aux cartes topographiques, leurs grandes échelles donnent, àquelques exceptions près pour l’ancien cadastre, l’emprise au sol des cons-tructions ; aussi, une opération, pour économique et rapide qu’elle seveuille, ne peut s’en passer.

Le report sur le fond actuel du bâti présent sur le plan cadastralnapoléonien (dressé entre 1807 et 1850) permet d’assigner unelimite ante quem ou post quem à tous les édifices recensés, ce quipour beaucoup de constructions constitue sinon le seul repèrechronologique sûr, du moins le plus immédiatement disponible. Ilne permet toutefois pas de distinguer un édifice reconstruit avecla même emprise au sol que celui représenté sur le cadastreancien. Pour les édifices étudiés, les matrices cadastrales, quicomplètent les plans, permettront souvent d’affiner la datation.

Le plan cadastral actuel, sous forme papier ou numérique, est le supportcartographique du recensement des édifices et sert à l’établissement duplan-masse des œuvres étudiées.

Pour les secteurs sauvegardés, on pourra substituer au plan cadas-tral les plans topographiques à 1/500 réalisés par photogram-métrie aérienne par le centre d’études techniques del’Equipement du sud-ouest.

Autres cartes et plans

Il ne saurait être ici question de dresser la liste de toutes les cartes et plans

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III. Conduite - Chapitre 2 : La phase de recherche documentaire

anciens susceptibles d’apporter des informations utiles avant d’entrepren-dre le recensement et l’étude du bâti. Les services dépositaires disposentgénéralement d’outils de recherche appropriés.

Outre ceux des services d’Archives départementales, indiquons :

- le fonds du Service historique de l’armée de terre à Vincennes (par-ticulièrement pour les places fortes, les frontières et régionscôtières) ;

- les plans d’intendance de la fin du XVIIIe siècle ;

- les plans par masses de culture (dressés de 1802 à 180740) ;

- les plans terriers et les cartes forestières qui sont conservés dans lasérie N des Archives nationales ;

- des plans topographiques à 1/5 000 et des plans topo-fonciers réal-isés par le ministère de la Reconstruction (généralement à 1/2 000,plus rarement à 1/1 000 ou 1/500, établis à partir de 1943 et parfoismis à jour par les services de l’Equipement)41.

Ces fonds viennent apporter une information à grande échelle mais netouchent qu’une fraction du territoire national.

Les vues aériennes

Une dernière catégorie d’outils topographiques est constituée par les vuesaériennes, verticales ou obliques, anciennes ou récentes. Celles-ci peuventavoir des origines très diverses.

On retiendra en premier lieu deux fonds dont les photographies présententl’avantage d’être redressées et calées dans le référentiel cartographiquenational :

- les spatiocartes : photos satellitaires orthorectifiées et géo-référencées de la gamme Spotview utilisables à petite et moyenneéchelle (1/25 000 maximum) ;

- les orthophotographies aériennes de la “BD ortho” de l’I.G.N. dontla constitution est en cours.

Aux prises de vues verticales réalisées par l’I.G.N., en moyenne tous les sixans, on peut ajouter les prises de vues obliques réalisées pour des éditeurs

40. Les plans d'intendance sont particulièrement riches pour la généralité de Paris,où ils ont été levés de 1777 à 1789 sous les ordres de l'intendant Berthier deSauvigny. Les plans par masses de culture ont été dressés de 1802 à 1807 sur uncertain nombre de communes-tests à travers toute la France. Ils sont conservésaux Archives nationales sous la cote N 31 105 à 165.

41. Livret de prescriptions techniques n° 4. Documentation graphique : 2e partie :documentation cartographique. [Texte]. Annexes. [Paris : Inventaire général],février 1989.

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privés de cartes postales, fonds Henrard, commandes des services del’Equipement.

Rappelons aussi l’intérêt des prises de vues effectuées depuis les pointsélevés : points culminants, sommets d’édifices, etc.

La bibliographie

Plusieurs outils sont développés pour faciliter la recherche documentairesur les édifices et les œuvres d’art.

- Les fichiers topo-bibliographiques, manuels ou informatisés, parcommune et par édifice, les fichiers d’artistes contiennent toutes lesréférences relevées à l’occasion de dépouillements d’ouvrages ou depériodiques, de sources d’archives ou de références icono-graphiques.

- La collection des Répertoires des inventaires regroupe, région parrégion, tous les ouvrages conçus en forme de répertoire ou d’inven-taires ainsi que les études, descriptions, etc. qui, dans un cadre géo-graphique défini, passent en revue, d’une manière ou d’une autre,un grand nombre de monuments ou d’objets42.

- La base informatique Archidoc est constituée à partir des dépouille-ments de revues et recueils d’architecture. Elle recense tous les édi-fices publiés par les revues en question.

- Les bases Mérimée et Palissy (domaine MH) donnent la liste des mo-numents et objets protégés ; sa consultation permet de préparerl’ouverture des dossiers correspondants.

- La base Mémoire qui contient aujourd’hui un important fonds dephotographies numérisées des Archives photographiques du ministèrechargé de la Culture et de la Communication, conservées au fort deSaint-Cyr.

- La base Arcade indique les dépôts et les dons de l’Etat.

Tous ces instruments de travail doivent être impérativement consultésavant l’enquête sur le terrain.

42. Voir annexes 2 : documents et publications méthodologiques.

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III. Conduite - Chapitre 2 : La phase de recherche documentaire

La lecture de ces sources doit être complétée par celle des ouvrages his-toriques généraux sur l’aire d’étude qui n’auraient pas été pris en comptepar les instruments de recherche précédents, notamment les nombreusesmonographies communales, publiées ou conservées aux Archives départe-mentales, ainsi que des ouvrages anciens à caractère statistique. Les uns etles autres donnent le contexte historique de la constitution du bâti étudié,en particulier des informations sur l’évolution de la population et des acti-vités économiques.

Les bulletins des sociétés savantes régionales constituent une source depremier plan, ainsi que les “semaines religieuses”, de contenu inégal maisparfois très riches pour les XIXe et XXe siècles ; les articles de presse oules bulletins municipaux peuvent être une source précieuse d’informationspour les réalisations du XXe siècle.

D’une manière générale, la connaissance d’un certain nombre d’instru-ments de travail est indispensable préalablement à l’enquête et doit sou-vent être réactualisée au moment de la constitution des dossiers. Parmiceux-ci on citera :

- les guides touristiques ;

- les catalogues de poinçons ;

- pour les grands artistes dont les œuvres existent sur le terrain, onconsultera quelques monographies et catalogues d’exposition ré-cents ;

- les catalogues illustrés des musées de la région qui permettent d’i-dentifier bon nombre de copies ;

- les recueils de modèles ;

- etc.

Les documents iconographiques

Ceux-ci comprennent plans et relevés d’architecture, vues anciennes d’ag-glomérations et d’édifices, gravures ou photographies anciennes d’objets.Les uns et les autres sont une aide précieuse à l’analyse et même le prin-cipal moyen de la description, s’agissant des édifices ou des objets détruitsou modifiés. On ne saurait donc trop insister sur leur intérêt. Une partimportante de cette documentation est accessible grâce aux outils derecherche indiqués ci-dessus.

Les projets

Les plans d’architectes ou catalogues d’objets peuvent avoir été publiés,soit pour fournir un recueil de modèles, soit pour faire connaître les travauxd’un architecte, d’un atelier de sculpture, d’un maître verrier, etc.Certains produits de ce type ont parfois un caractère publicitaire. Ces pu-

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blications, dont l’ouvrage de Pierre Le Muet est sans doute l’exemple leplus ancien, peuvent proposer une typologie par famille43, depuis le mo-dèle le plus modeste jusqu’à la réalisation la plus coûteuse. Le problèmedes recueils de modèles est que ces derniers n’ont pas forcément été réa-lisés, et que, s’ils l’ont été, la réalisation n’a pas forcément suivi dans ledétail le projet, enfin que l’œuvre réalisée se trouve rarement localiséedans la publication.

Les projets d’architectes manuscrits existent en beaucoup plusgrand nombre, mais se trouvent la plupart du temps dans desfonds privés (descendants des maîtres d’œuvre ou des commandi-taires) et ne peuvent alors être retrouvés que par un coup dechance, à l’occasion de l’enquête de terrain. L’étude des édificesprivés (châteaux, usines, etc.) doit systématiquement s’accompa-gner d’une prise de contact avec les propriétaires qui permettrade se renseigner sur l’existence d’un fonds iconographique ancienintéressant la propriété.

Les projets et plans de construction des édifices publics doivent, quant àeux, être recherchés systématiquement dans quelques grandes sériesd’archives : aux Archives nationales (Conseil des Bâtiment civils), auxarchives départementales (plans des édifices communaux). Un tirage desplans d’édifices privés figure habituellement au XXe siècle en annexe desdemandes d’autorisation de voirie (devenues par la suite demandes de per-mis de construire), dans les archives des communes urbaines.

Disposer de plans de construction permet de gagner beaucoup detemps dans la compréhension des édifices, en particulier pour leurdistribution. Le plan guide la description monographique ; la col-lection de plans d’édifices d’une même famille permet d’élabo-rer facilement une typologie.

Les relevés

Des relevés existent parfois et il est utile de les collecter. Les relevés réa-lisés par les architectes des Monuments historiques44, ou ceux publiés dansles ouvrages sur l’histoire de l’architecture, constituent souvent de pré-cieux témoins de l’état ancien d’édifices transformés depuis. Moins connuset d’un dessin plus sommaire, les cahiers de développement des élévationsde rues effectués par les officiers du Génie militaire préalablement à laréalisation des “plans-reliefs” de places fortes, tout comme les plans-reliefs eux-mêmes, sont une mine d’information, lorsqu’ils ont été con-servés, pour l’histoire du bâti des villes françaises qui ont fait l’objet detelles maquettes, et qui sont pour la plupart situées à proximité des fron-tières ou le long des côtes.

Pour les objets mobiliers, les relevés de peintures murales du musée desMonuments français à Paris, ainsi que les “relevés” contenus dans les

43. LE MUET, Pierre. Manières de bâtir pour toutes sortes de personnes. Paris, 1623.44. Conservés à la Médiathèque du Patrimoine.

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III. Conduite - Chapitre 2 : La phase de recherche documentaire

albums de Gaignières, concernant la peinture, la sculpture et le vitrail,constituent des sources indispensables à consulter.

Les vues anciennes

Par vues anciennes, il faut comprendre ici toutes celles qui montrent unétat de l’édifice, de l’agglomération ou de l’objet étudié, antérieur à l’en-quête. Cela inclut donc, par exemple, les gravures de Claude Chastillon audébut du XVIIe siècle, les tableaux anciens, les représentations de villesdans les vitraux, les miniatures, etc. jusqu’aux photographies récentes. Cesdernières, pour l’étude du patrimoine industriel en particulier, ont souventvaleur de documents.

Alors que la gravure sur cuivre, d’exécution relativement lente etcoûteuse, limita jusqu’à la fin du XVIIIe siècle la diffusion de l’i-mage des monuments, l’invention de la lithographie assura le suc-cès des statistiques monumentales des deux premiers tiers du XIXesiècle, au premier rang desquels la grande entreprise du baronTaylor : les Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienneFrance. La technique de la lithographie permit de noter tous lesdétails et accidents survenus aux édifices, alors que la gravuretraditionnelle n’en restituait, par souci d’économie, que les traitsprincipaux.

Dès les années 1860 des missions héliographiques sillonnèrent laFrance pour fixer sur leurs plaques de verre l’aspect des monu-ments et des cités. A côté des entreprises méthodiques de LeSecq, Mieusement, Atget, se répandirent dans les années 1900 lescartes postales d’éditeurs privés qui, sans plan concerté, cou-vrirent en peu de temps la quasi-totalité des villages, des égliseset des châteaux et donnent également des informations essen-tielles pour les objets sur les vues intérieures des édifices.

Les principaux fonds à prospecter sont la série Fi des Archivesdépartementales, pour laquelle existe ordinairement un classe-ment topographique, les Archives photographiques de la directionde l’Architecture et du Patrimoine, ainsi que la collection de laTopographie de la France au département des Estampes de laBibliothèque nationale : les vues y sont classées par département,sans compter les fonds particuliers, entrés par dons ou legs. Parmices fonds importants, signalons en premier celui de Roger deGaignières (voir chapitre I.1), mais aussi les collectionsDestailleurs, Lallemand de Betz qui concernent plusieurs régions.

Les sources manuscrites

Elles constituent la dernière catégorie de documents à prospecter. Maiscette prospection doit rester limitée et il n’est pas question, par exemple,dans cette première étape, de dépouiller les minutiers de notaires, lesarchives judiciaires, etc. Ce genre de recherches devra être réservé à uneétude, prolongement éventuel d’un inventaire topographique.

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Les quelques sources manuscrites à consulter sont les notes d’érudits surles monuments de la région45, les statistiques industrielles et les dossierssur les établissements dangereux et insalubres46, et pour l’enquête sur lemobilier des églises : les inventaires réalisés en application de la loi deséparation des Eglises et de l’Etat, les comptes et registres de fabrique. Lesregistres de délibérations municipales peuvent être rapidement parcourus,surtout s’ils comportent une table des matières : on retrouve ainsi les cir-constances de construction des édifices publics, des travaux d’urbanisme.La série O des Archives départementales est également riche d’informa-tions sur les édifices publics. Il convient en particulier de relever la natureet la provenance des matériaux désignés dans les cahiers des charges pourl’édification de bâtiments publics : cela permettra d’une part de les recon-naître si on les trouve employés sur d’autres constructions, d’autre part denoter leur zone de diffusion géographique.

On n’oubliera pas, enfin, de consulter les dossiers de restauration desœuvres classées au titre des Monuments historiques, ainsi que les fiches duCasier archéologique47, pour les départements où il en existe un.

2. La critique de la documentation

Les différents types de documents que l’on vient d’évoquer doivent fairel’objet d’une lecture critique, en raison de leur degré variable de fiabilité,de leur caractère original ou de simple compilation, enfin de l’image sou-vent partielle qu’ils transmettent du patrimoine. D’où les quelques remar-ques suivantes.

Les plans d’architecte sont d’abord des projets, qui peuvent soit n’avoirjamais été réalisés (projet non retenu d’un concours public, abandonné),soit n’avoir été que partiellement exécutés. Les relevés48 et les cartesdoivent eux aussi être soumis à un regard critique car leur fiabilité dépenddu but dans lequel ils ont été faits et des techniques utilisées : tout ce quine concerne pas directement l’objet du relevé peut n’être rendu que demanière approximative. Les vues en perspective dessinées ou gravées nedemandent pas moins à être soumises à un examen, car elles ont souventdéformé la réalité. Comme pour les ouvrages à caractère historique qui secopient fréquemment les uns les autres, les mêmes vues de monuments ou

45. En dehors des travaux des érudits locaux généralement déposés dans les biblio-thèques ou les services d'archives de la région, il convient de penser aux travauxdes “antiquaires” de rayonnement national, parmi lesquels ceux du baron deGuilhermy, conservés au département des Manuscrits de la Bibliothèque nationalede France.

46. Présentation détaillée dans CHAPLAIN, Catherine. Les sources du patrimoine indus-triel, Paris : Inventaire général, CILAC, 1999 (collection Documents & Méthodes ;4).

47. Pour l'historique du Casier archéologique, voir annexe 1.48. Sur la technique du relevé, voir SAINT-AUBIN, Jean-Paul. Le relevé et la représen-

tation de l'architecture, Paris : Inventaire général, ELP, 1992 (collectionDocuments & Méthodes ; 2).

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III. Conduite - Chapitre 2 : La phase de recherche documentaire

les mêmes cartes ont pu être republiées avec des techniques différentes,ou bien en apportant des modifications au décor (personnages, végétation): c’est la représentation la plus ancienne repérée qu’il importe ici d’ex-ploiter.

L’intérêt des cartes postales est grand dans le cadre d’une enquête,puisqu’elles restituent l’image du bâti alors que commençaient tout justeà se répandre les procédés de construction industriels. Elles constituentdonc un support de premier ordre aux observations générales sur l’habitat(forme, matériaux), pour l’ethnologie rurale, pour le patrimoine indus-triel... Mais cette image n’est qu’un instantané dans l’histoire du bâti pho-tographié et ne peut donc être considérée comme une référence unique.

3. La mise en forme de la documentationpréalablement à l’enquête

Quel que soit son format de saisie, la documentation doit obéir à des règlesprécises de présentation qui suivent les normes nationales et interna-tionales de référencement des documents49. Elles sont données a minimacar l’objectif n’est pas de constituer un catalogue de manuscrits ou d’im-primés, mais uniquement de référencer avec exactitude les sources util-isées.

Le rendu de la phase documentaire peut comprendre à la fois un fichiertopo-bibliographique et une présentation générale de la documentationutilisée par l’enquête. Celle-ci devra se faire par fonds.

Sources manuscrites et imprimées

Les mentions de documents d’archives et de publications ne doivent figu-rer dans la documentation générale et dans les annexes des dossiers ques’ils ont pu être consultés, et s’ils sont réellement importants pour l’his-toire de l’œuvre. Les ouvrages de compilation, les ouvrages généraux nedonnant aucune information originale ne doivent pas être retenus dans labibliographie d’une œuvre. Pour les œuvres mobilières importantes, il nes’agit pas non plus de dresser une notice de catalogue d’exposition, maisuniquement de renvoyer aux ouvrages les plus récents comportant une bi-bliographie exhaustive.

49. THILLOU, Caroline. Constitution de références bibliographiques. Paris : Sous-direction des études, de la documentation et de l’Inventaire, 2000. 44 p.Consultable sur le site Extranet de l’Inventaire, http ://www.culture.fr/culture/inventai/extranet/index.html, rubrique Res-sources, Guides et livrets.

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Pour les sources figurées, on se contentera d’indiquer dans la documenta-tion des œuvres la cote d’archives ou le titre de l’ouvrage dont sont tiréesces illustrations.

Le choix et la reproduction de l’iconographie

L’iconographie ancienne consultée va permettre d’illustrer d’une part ledossier de présentation de la commune (voir ci-dessous), d’autre part uncertain nombre de dossiers d’œuvres.

Rappelons qu’il importe de sélectionner avec soin l’iconographie que l’onsouhaite faire reproduire et que les plans anciens de terroirs, systéma-tiquement collectés et comparés entre eux méritent, pour la plupart,d’être reproduits car ils sont essentiels au déroulement d’une enquêtetopographique.

Les œuvres représentées sur des vues anciennes doivent être correctementidentifiées et localisées pour permettre leur référencement exact. Il estnécessaire, pour cela, de confronter ces représentations à la cartographie,et à des sources textuelles, parfois même à un contrôle sur place.

En effet, les localisations données par les légendes de cartespostales ou de gravures sont souvent approximatives ; quant à ladésignation du sujet représenté, elle peut correspondre non pas àune dénomination typologique, mais plutôt à une appellation, ouencore à une affectation récente. Aussi conviendra-t-il de vérifierà l’occasion de l’enquête de terrain les informations que l’on aurapu porter dans la notice Illustration lors de la phase documen-taire.

Le Système descriptif de l’illustration permet d’indexer les photographieset les figures graphiques. Dans le cas de reproduction de documents icono-graphiques, des champs spécifiques permettent de préciser l’auteur dudocument reproduit, le lieu et la cote de conservation, l’ouvrage dont il estéventuellement tiré, et toute autre précision souhaitée : technique, data-tion, échelle, etc.

Les fichiers Illustration sont donc alimentés dès la première phase de l’en-quête, à l’occasion de la reproduction de l’iconographie ancienne. Chaquephototype reçoit un numéro, qui permet de l’archiver dans une suitenumérique ; la notice textuelle “illustrations” va constituer sa carte d’i-dentité : elle a pour fonction première d’identifier et informer le support,et de désigner et localiser l’objet représenté. C’est en effet aux basesMérimée et Palissy, et à elles seulement, qu’il revient de donner des infor-mations développées sur les œuvres50.

50. Pour plus de précisions sur le contenu de la base Illustrations, voir Systèmedescriptif de l'illustration, 2006 (Documents & Méthodes).

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III. Conduite - Chapitre 2 : La phase de recherche documentaire

Il est préférable de rédiger régulièrement, par petits lots, lesnotices des phototypes ou des graphiques réalisés : un trop granddécalage entre la prise de vue et la constitution de la notice ris-querait d’entraîner des erreurs d’identification. Mais il faut pourcela que le chercheur dispose rapidement des tirages, imma-triculés par les soins du photographe. Dans le cas de prises de vueargentiques, les phototypes originaux ne doivent pas sortir du la-boratoire photographique, ce qui implique que tirages ou duplica-tions couleur soient réalisés immédiatement.

Pour la constitution d’un dossier papier, des macro-procédurespermettent d’effectuer différentes éditions des noticesIllustrations : il est bon de ne faire qu’un tirage provisoire de lanotice tant que n’est pas définitivement arrêté le “titrecourant”51 du dossier d’œuvre qu’elle accompagne.

4. La cartographie historique

La finalité de la cartographie historique

Le report sur un fonds cartographique actuel des informations tirées de ladocumentation qui sont localisées doit être systématique. Il donne unevision, certes incomplète, mais néanmoins globale de la formation du ter-ritoire de l’aire d’étude et de son patrimoine.

La connaissance des étapes de l’occupation de ce territoire - tantdu point de vue de la chronologie que de celui de la localisationdes implantations - est un acquis en soi, et mérite à ce titre d’êtremis à disposition. Elle contribue aussi, de manière décisive, àl’élaboration de la problématique de l’enquête à venir (hypothè-ses de recherche, procédures de repérage, choix raisonnéd’échantillon, etc.). Elle peut contribuer aussi à la constitution ouà la révision de plans d’occupation des sols, à la définition des li-mites d’un secteur sauvegardé et d’une Zone de Protection duPatrimoine architectural, urbain et paysager.

Ce document constitue le support cartographique de l’enquête de terrain àvenir.

Ce support signale d’abord à l’attention de l’enquêteur les objetsd’étude mentionnés dans la documentation ; ensuite les com-paraisons de plans cadastraux de dates différentes donnent unedatation ante et post quem pour tout le domaine bâti.

51. Pour la définition du “titre courant”, voir le Système descriptif de l'illustration.

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Les formes et la réalisation de la cartographie historique

Le positionnement des données se fait à la plus grande échelle possible :on utilise par priorité le plan cadastral contemporain (ou sa réductionassemblée quand le parcellaire reste lisible), et par commodité un fondcartographique à moyenne échelle (la carte topographique à 1/25 000 del’IGN) pour des données de grande amplitude spatiale.

Cette compilation sur un même fond de plan embrasse tous les objets quelque soit leur genre (moulin ou abbaye, croix de chemin ou porte de ville,carrière ou pavillon de banlieue, route ou limite de diocèse, etc.) et lanature de l’information (le plus souvent mentions dans un texte, mais aussireprésentations sur un plan ou une carte).

Avec le plan cadastral du XIXe siècle, ce travail prend une ampleurcertaine, puisque tout le bâti se trouve informé ; mais le résultatest à la hauteur de l’effort puisqu’il donne un terminuschronologique général. Par ailleurs, le report de cette informationpeut être fait avec un degré d’approximation économe en temps.Le même exercice s’applique au plan cadastral rénové.

L’investigation commence par l’analyse des fonds de plan contemporains :mise en évidence des grands traits morphologiques du territoire à échellemoyenne (courbes de niveau significatives, type de modelé, zones de cou-vert végétal, réseaux, etc.), analyse de la morphologie parcellaire, som-maire ou détaillée.

La forme générale que prend ensuite cette investigation est celle de la car-tographie régressive qui consiste à retrouver, à partir de l’état contempo-rain, les grandes étapes de la formation du territoire en s’appuyant sur lesinformations localisées de la documentation.

Le rendu de ce travail dépend du cahier des charges de l’opération :

- si l’enquête terrain est différée, alors le rendu doit obligatoirementavoir les qualités d’un travail fini (“archivé”, indexé, consultable,reproductible voire publiable) pour pouvoir en transmettre les résul-tats ;

- si l’enquête suit immédiatement, le rendu peut rester celui d’undocument de travail intermédiaire (un brouillon) dont les qualitéssont d’être interprétable par l’opérateur et apte à servir de supportcartographique d’enquête.

Le travail de documentation de l’inventaire est en effet subordon-né à l’observation de terrain : il sert de repère aux observations,il ne s’y substitue pas, l’inventaire est au final tout entier contenudans le résultat de ses observations : si l’Inventaire doit exposersa démarche et les ressources grâce auxquelles il est arrivé à ses

carte d’inventaire

carte de traitement

la qualité du rendu

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III. Conduite - Chapitre 2 : La phase de recherche documentaire

fins, il n’est pas tenu de mettre en forme et à disposition tous lesdocuments intermédiaires qui lui ont servi à dater, nommer, clas-ser ou décrire. Ce qui n’est pas sans modifier la charge de travail.

La première forme de rendu ressortit à la topographie historique, démarchetraditionnelle, mais qui prend une dimension nouvelle dans la mesure oùelle s’inscrit dans la perspective d’une enquête de terrain. En attendantque des normes propres soient fixées, les Documents d’évaluation du pa-trimoine archéologique des villes de France (D.E.P.A.V.F.) ainsi que lesEsquisses de topographie historique et d’évaluation archéologique(E.T.H.E.A.) constituent les ouvrages de référence en la matière, tant dupoint de vue des objectifs (compiler, évaluer), de l’élaboration (sélection,critique, localisation à grande échelle), que de la restitution (cartographierégressive).

La seconde relève des modèles graphiques (chorématique) qui visent àrestituer de manière synthétique la dynamique de la formation du territoire: au contraire de la topographie historique, ce sont des représentationsschématiques et normalisées.

En matière de représentation cartographique les règles de l’artappliquées à l’Inventaire sont définies dans le Livret de prescrip-tions techniques n°4 et la note de janvier 1998 sur la rédaction dela carte de localisation ; passer du papier au numérique, DAO ouplus encore SIG, ne modifie ni les principes, ni les buts, mais lachaîne de travail : toutes les tâches n’en sont pas simplifiées, onne gagne pas immédiatement de temps, etc., l’investissementqu’il représente n’ayant d’intérêt que si l’opération permet de lerentabiliser.

Sous réserve de rendu, ces cartes ont toute leur place dans les premièresplanches de l’atlas de l’architecture et du patrimoine, dont elles cons-tituent la partie historique.

5. L’ouverture des dossiers

L’ouverture du dossier d’opération d’inventaire

Les dossiers de présentation de l’opération d’inventaire permettent d’in-troduire l’étude et le territoire de l’enquête : contexte institutionnel etpartenariats, objectifs scientifiques, objets concernés, conditions d’en-quête, cadre historique et géographique. Ils intègrent le cahier des clausesscientifiques et techniques et jouent un rôle essentiel dans la compréhen-sion de la documentation. Ce dossier, ouvert au démarrage de l’enquête,est actualisé au fur et à mesure de celle-ci ; à son achèvement, un bilansynthétique de l’opération y est inclus.

Dans le cadre des enquêtes topographiques, on distinguera le

les formes du rendu

une première contributionà l’atlas de l’architecture et

du patrimoine

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dossier d’opération, des dossiers de présentation de la communequi présentent la commune et son histoire, permettent de na-viguer dans l’information rassemblée par une “table des matières”et collectent la documentation et la cartographie propres à lacommune.

L’ouverture du dossier “agglomération”

Un dossier “ville”, “village”, “écart” ou “hameau” distinct du dossier“présentation de la commune”, contiendra les informations nécessaires àla compréhension de la forme urbaine et de son évolution.

L’ouverture de tels dossiers doit permettre de donner un certain nombred’informations qui ne se trouvent pas au niveau de l’édifice mais sontcependant importantes à sa compréhension : le quartier, le faubourg, lehameau sont un tout qui ne se résume pas à la somme de ses parties, àsavoir les édifices qui le composent. Il faut veiller cependant à ne pas con-fondre les ensembles historiques plus ou moins spontanés (ou plus précisé-ment issus de la juxtaposition de projets spatialement limités) et lesensembles volontaires (lotissements, zones d’aménagement concerté, etc.)qui doivent être étudiés au même titre que des œuvres d’architecture.

L’ouverture des dossiers d’objets d’étude

Les dossiers sur les œuvres documentées sont également ouverts dès laphase documentaire. Les informations textuelles doivent être structuréesselon les consignes du Système descriptif de l’architecture et du Systèmedescriptif des objets mobiliers (voir annexe 4). En ce qui concerne l’ordrede classement des dossiers, voir IIème partie, chapitre 3 : une entreprisede description, § 2 : les dossiers.

Ces dossiers seront évidemment complétés au fur et à mesure de l’avance-ment de l’enquête.

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III. Conduite - Chapitre 2 : La phase de recherche documentaire

CHAPITRE 3 : L’ENQUÊTE

1. La préparation de l’enquête

2. L’enquête topographique sur le bâti et les

espaces

3. L’enquête topographique sur les objets

mobiliers

4. Les enquêtes thématiques

5. Un cas particulier : l’étude des réseaux

6. La commande de l’illustration photographiqueet graphique

1. La préparation de l’enquête

Rappel des documents préparés préalablement à l’enquête

Doivent être disponibles avant le démarrage de l’enquête de terrain lesdocuments qui ont fait l’objet d’une mise en forme préalable :

1. obligatoirement, le dossier présentation de l’opération quidonne les conditions de l’enquête et, de manière synthétique,les informations générales utiles à la compréhension du terri-toire concerné, dans la perspective d’une étude qui porte surle patrimoine. A ce dossier est associé le cahier des clausesscientifiques et techniques ;

2. le dossier présentation de la commune, dans le cadre desétudes topographiques ;

3. le dossier d’agglomération : ville ou village dans le cadre desétudes topographiques ;

4. la cartographie historique. Elle doit être associée à l’un ou àl’autre de ces dossiers ;

5. les dossiers d’œuvres documentées (identification, localisa-tion, principaux éléments historiques).

Ces dossiers seront complétés au fur et à mesure de l’avancement de l’en-quête et ne pourront être terminés qu’après l’achèvement de l’enquête,avec la rédaction des observations des œuvres in situ, mise en forme dessynthèses et de la documentation réunie. La documentation sera en outretrès largement enrichie par l’ouverture des nouveaux dossiers d’œuvresrévélées par le travail de terrain.

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III. Conduite - Chapitre 3 : L’enquête

L’annonce de l’enquête

L’enquête doit faire l’objet de multiples annonces, à différents moments.Cette annonce sera largement facilitée si elle fait l’objet d’une demandede la part des élus et de la population. Il est indispensable d’organiser desopérations de communication aux différents niveaux concernés par l’en-quête (département, canton, commune) et de faire les rappels nécessairesau moment effectif du travail sur le terrain, dont le calendrier est parfoiséloigné de l’annonce préalable.

Pour mémoire, on rappellera les différentes étapes, obligatoirespour les deux premières, souhaitables pour les autres :

- courriers officiels aux élus suivant le cheminement prescrit parles règles administratives ;

- courriers aux prêtres desservants ;

- annonces par voie de presse et affichage municipal ;

- réunion avec les élus (conférences, présentation des dossiers etdes publications montrant les objectifs poursuivis) ;

- enfin, au moment de l’enquête, il est toujours utile que lechercheur puisse faire un rappel en présentant, à la demande,quelques exemples de dossiers (duplications reliées préparéespour cet usage) et des publications qui permettront aux élus,aux habitants et aux prêtres, de mesurer l’importance du tra-vail projeté sur leur commune.

Le matériel nécessaire

L’usage des ordinateurs portables pour la saisie directe des informations,des appareils numériques pour les prises de vue de repérage est aujourd’huide plus en plus répandu. Les équipements sont divers et évolutifs. On indi-quera donc simplement pour mémoire quelques instruments nécessaires àl’observation ou quelques documents de référence utiles pour le chercheurlorsqu’il est en contact avec les œuvres.

- instruments d’optique pour l’observation de loin, des jumelles,légères (indispensables pour les vitraux) et lumineuses ;

- pour l’observation de près, loupes et compte-fils (examen despoinçons, du textile, etc.) ;

- instruments de mesure pour les œuvres mobilières ou pour don-ner une échelle approximative aux schémas qui peuventaccompagner une étude d’architecture ;

- les catalogues de poinçons officiels ;

- éventuellement quelques échantillons de bois utiles à l’identi-fication des essences ;

- une échelle légère (utile également pour les photographes) ;

- une lampe-torche et du matériel de nettoyage ;

- ...

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2. L’enquête topographique sur le bâti et les es-paces

L’ordre de présentation des différents modes d’approche (recensement,étude collective, monographie) reprend celui de l’exposé méthodologique.Mais leur mise en œuvre n’implique en aucune manière de procéder parétapes successives, le recensement précédant l’étude collective elle-mêmeantérieure à la monographie : le recensement ne se justifie pas toujours,et n’est donc pas obligatoire, l’étude collective ne s’applique pas à tous lesgenres suivant la taille de l’aire d’étude, une monographie peut êtreétablie hors famille, etc.

En matière de conduite, il s’agit plus de combinaison que de suc-cession de tâches ; on peut très bien faire une monographie aucours du repérage si c’est le moyen le plus efficace pour lever unobstacle au bon déroulement de ce repérage, on peut lier lerecensement et la collecte des données de repérage d’une famillepour éviter deux passages sur un même terrain, établir toutes lesmonographies d’unicum préalablement aux autres tâches, etc.

Le recensement

Le recensement dénombre tous les objets d’étude retenus par le cahier desclauses scientifiques et techniques de l’enquête, sans distinction de genre(maison, église paroissiale, fortification d’agglomération, croix de chemin,etc.) ni de catégories (édifices, édicules, ensembles).

Il enregistre tous les objets, mais ne retient que peu de critères pour lesidentifier.

Les données du recensement

La localisation

Par priorité, elle se fait sur un plan à grande échelle (au minimum à 1/5000)et de préférence géoréférencé : plans cadastraux les plus récents,éventuellement assemblés et réduits, plans topo-fonciers de l’Equipements’ils sont à jour, etc.

A moyen terme, les ortho-photos de l’IGN vont devenir un supportparticulièrement pertinent dans le cadre d’un recensement :elles allient les avantages de la photo aérienne verticale à la pla-nimétrie et au géoréférencement.

L’idéal est de surcharger ce plan des limites de l’emprise au sol desobjets ; les conditions propres à ce type d’enquête interdisent mal-heureusement l’utilisation systématique de ce mode de figuration pour tousles objets, même avec une tolérance d’incertitude (habituellement figurée

un constat exhaustif

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III. Conduite - Chapitre 3 : L’enquête

par le tireté). A défaut, on se contentera d’un trait de façade sur rue bornépar les amorces des limites des fonds voisins (à l’instar du figuré des plansd’alignement). Un point grossièrement centré sur le corps de bâtimentprincipal fera office de dernier recours.

Ces trois modes de localisation graphique coexistent sur unemême aire d’étude, sur un même plan : il sera toujours tempspour certaines restitutions de réduire la figuration au plus petitcommun dénominateur, le point, mais il serait dommage de sepriver systématiquement de la représentation de la meilleurequalité : les limites d’emprise.

La localisation par les références cadastrales n’a d’intérêt que si elles sontsaisies dans une base de données, de même que l’adresse postale, parailleurs moins importante, puisqu’elle n’induit aucune information surl’emprise au sol des objets.

Le géoréférencement est “latent” quand on surcharge un plan lui-mêmegéoréférencé ; pour être exploitable, il doit être saisi dans une base dedonnées sous forme géométrique dans un système d’information géo-graphique (SIG), ou alphanumérique dans un système de gestion de base dedonnées (SGBD) : les trois cas de représentation graphique retenus plushaut peuvent être géoréférencés en polygone, en ligne ou en point, et lesdeux premiers réduits si besoin au géoréférencement d’un point centroïde.

Le géoréférencement a l’avantage principal de positionner lesobjets dans le référentiel cartographique national, lui-même calédans le système de coordonnées géographiques universel. Il estpar ailleurs exploité en cartographie assistée par ordinateur ;mais cette technique est utilisable sans géoréférencement : il esttout à fait possible de créer un système de coordonnées carté-siennes non géoréférencées qui donnera simplement une positionrelative des objets les uns par rapport aux autres

Le géoréférencement n’est obligatoire que sous réserve de disposer desfonds numériques et des outils adaptés à leur exploitation (logiciel de car-tographie assistée par ordinateur, SIG).

La désignation

La désignation fonctionnelle est la seconde étape de l’identification. Ellereprend les termes de dénomination du lexique du système descriptif del'architecture, en utilisant les génériques en cas d'incertitude trop grande.La dénomination est affectée à la fonction dont le parti observable est leplus cohérent : dans l’écrasante majorité des cas c’est celui de la fonction-destination actuelle, mais, sans pour autant se lancer dans une tentativede restitution d’un état originel hors de propos dans le cadre d’un recense-ment, il serait dommage de se priver de la capacité d’expertise d’un opéra-teur capable de reconnaître, par exemple, un hôtel particulier partagé entrois maisons.

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Cette solution est préférable à l’enregistrement de données com-plémentaires portant sur les parties ou vestiges anciens inclusdans un édifice récent : elle donne de l’épaisseur historique aurecensement quand c’est possible, et ne l’alourdit pas de donnéesfragmentaires. Cette position correspond exactement à l’esprit dece mode d’approche qui mise sur l’expertise in situ (l’acuité d’ob-servation d’un opérateur professionnel) plutôt que sur l’exploita-tion de données a posteriori.

La double dénomination est également une solution pour un édifice qui achangé de fonction.

En revanche, on ne cherche pas à faire, par ce moyen, l’histoiredes objets recensés : appellation usuelle, fonction actuelle maissans rapport avec le parti architectural, et autres précisions n’ontpas lieu d’être.

La datation et l’attribution

Elles complètent les deux informations qui précèdent, c’est-à-dire qu’elless’accordent à la fonction et au parti architectural qui a été nommé, ainsiqu’au fonds tel qu’il a pu être reconnu. Le degré de finesse de la datationdépend là encore de la capacité d’expertise du chercheur ; les plans par-cellaires anciens préalablement dépouillés et reportés, même sommaire-ment, sur le plan actuel, donnent des terminus utiles pour aider à l’exerci-ce.

Le recensement ne recherche pas un niveau d’information moyenégalement fiable pour tous les objets, ou bien discriminantcomme dans une étude collective : il n’accumule au contraire quedes informations individuelles et, par conséquent, cherche àenregistrer le plus grand degré de précision chaque fois que celaest possible.

La datation reprend les termes de la datation principale du lexique duSystème descriptif de l'architecture, en n’hésitant pas à les adapter sinécessaire pour des raisons de commodité et par rapport à la nature du ter-rain.

Le libellé et la syntaxe du lexique ne sont pas des plus pratiquesà saisir d’une part, le découpage en quart de siècle est parfoistrop abstrait de l’autre ; les césures chronologiques locales et“concrètes” font sens : avant ou après 1628, date du derniersiège de La Rochelle, n’équivaut pas à “2e quart 17e siècle”,avant ou après 1837, date d’un plan cadastral, n’égale pas “2equart 19e siècle”. Par ailleurs il faut avoir la possibilité de daterau plus fin comme au plus flou (postérieurement à, antérieure-ment à).

Cette datation est assortie des dates portées et connues (et confirmées parl’observation) et si besoin d’une datation secondaire ou de détail.

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III. Conduite - Chapitre 3 : L’enquête

Enfin, les noms de maîtres d’œuvre et d’ouvrage sont systématiquementnotés lorsqu’ils sont connus ou portés.

Des données auxiliaires

Sur le fond, elles ne sont pas justifiées ; l’identification (localisation,dénomination, datation) suffit au recensement, car il s’agit bien de dress-er un constat, non d’argumenter à partir de données morphologiques d’hy-pothèses ou d’un embryon d’historique ou de description.

Appartiennent à cette catégorie les informations demandées par les parte-naires éventuels.

Par ailleurs, l’enquête de terrain offre des opportunités qu’il est parfoisutile de saisir, pour mémoire plus que pour acquis : l’image ponctuelle, lanote informelle ou le croquis répondent parfaitement à ces conditions.

Ces données auxiliaires peuvent comporter aussi :

- la mention du type d’étude à venir, dont relèverait a priori chaqueobjet : “à sélectionner” ou “à signaler” (pour les œuvres excep-tionnelles) appelant la monographie, “à repérer” pour les œuvresappelant l’étude collective ;

- une mention sur l’état de l’objet, pris au sens de la menace de sadisparition à court ou moyen terme.

L’illustration

L’image systématique apporte le complément d’information visuel qui faitdéfaut à l’identification des objets ; c’est à proprement parler une “photod’identité”, qui les remémore et permet de les reconnaître d’un coupd’œil.

La banalisation de l’image numérique, de qualité suffisante pourune photo d’identité, et son faible coût, ne suppriment pas lestâches d’indexation, de stockage et de mise en consultation.

La protection et l’évaluation

Les protections au titre des Monuments historiques sont relevées, lespérimètres des Secteurs sauvegardés, ZPPAUP, etc. tracés sur le plan deréférence.

L’essentiel de l’évaluation repose d’abord sur l’attribution d’une date etd’une fonction-destination (une dénomination) aux objets recensés ; elle

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s’exprime en termes d’ancienneté relative, de rareté ou de dominantes (depériodes, de genres). Elle repose ensuite sur la position relative des objetsentre eux qui met en évidence des distributions spatiales de dates et/ou defonctions, porteuses de relations (de continuité, de polarité, etc.), distri-butions qui peuvent être à leur tour à l’origine de partitions du territoire.

Le support d’enquête du recensement

A peu de choses près, toute l’information issue de la documentation préa-lable et de l’observation tient sur un plan à grande échelle :

- l’emprise ou la position des objets repérés dans les sources et loca-lisables, le report des terminus chronologiques connus par desplans ;

- l’emprise, la date et la dénomination des objets observés sur le ter-rain (ces deux dernières symbolisées, par exemple, par un chiffre etune lettre).

Cependant l’information, qui peut être dense, est quelquefois malcom-mode à reporter ; en matière d’exploitation des données, ce procédéatteint également ses limites avec les grands nombres quand le recense-ment en tire justement d’autant plus de valeur.

La solution qui pallie cet inconvénient consiste à ne reporter que l’emprisesur le plan, les autres données faisant l’objet d’une fiche référencée auplan. Dans les faits, il paraît aujourd’hui difficile de lancer un recensementsans support informatique au moins pour saisir les fiches contenant les don-nées, sinon pour l’ensemble des tâches.

L’usage maintenant assez commun des ordinateurs portablesincite à la saisie directe de données qui sont en petit nombre etrépondent pour la plupart à des lexiques fermés. Mieux encore, enattendant le déploiement d’une chaîne de production entière-ment intégrée (“dossier électronique”), les systèmes d’informa-tion géographique couramment utilisables sur des portablesgèrent à la fois la représentation graphique (le fond de plan et lessurcharges à y faire) et les données qui les informent, ainsi que lesimages que l’on veut bien leur associer. Le coût de ce matériel etdes fonds numériques indispensables mérite d’être mis en regardavec celui du temps que prend le même travail effectué manuelle-ment.

L’exploitation et la restitution du recensement

Une carte de localisation des objets recensés est obligatoirement établie(manuellement ou avec l’assistance d’un ordinateur) : afin de distinguerchaque objet représenté, son échelle ne peut être inférieure à 1/5 000. Lerendu de la localisation reprend le mode de représentation choisi sur le ter-rain (emprise, trait de façade ou point). A chaque objet positionné sontassociées sa dénomination et sa datation (le cas échéant s’il est protégé)

99

des cartes

III. Conduite - Chapitre 3 : L’enquête

représentées par un symbole ou un caractère. Les périmètres de zones pro-tégées sont figurés.

Une liste des dates et des maîtres d’œuvre ou d’ouvrage est établie en par-allèle.

Cette carte d’inventaire, carte à lire, qui peut éventuellement se sub-stituer à un fichier ou une base de données, constitue la restitution mini-mum exigible du recensement.

Des cartes thématiques sont souhaitables, mais leur réalisation dépend desmoyens à disposition : à petites échelles, des cartes en semis de points oude densité rendent compte d’éventuelles distributions significatives desgenres, des datations ou de combinaisons de ces deux données.

Des tris à plat ou croisés sur les données du recensement sont nécessairespour donner la mesure exacte de l’état des lieux (fréquences et proportionsde genres, de datations).

Au delà du constat, ces différents documents servent d’arguments à unepremière synthèse sur la nature et l’histoire du patrimoine de l’aire d’é-tude. Une conclusion présente les limites, les zones d’ombre de cette syn-thèse issue du seul recensement, et propose des orientations pour uneétude à venir.

L’étude collective du bâti

La problématique du repérage

La problématique du repérage d’une aire d’étude est l’énoncé des pro-blèmes méthodologiques et techniques que l’on se propose de résoudrepour classer les membres d’une famille (pour en sélectionner des exemplesreprésentatifs et afin de présenter les caractères généraux de cettefamille).

On conçoit assez bien que plus l’aire d’étude est vaste, plus les membresd’une famille sont nombreux et plus leur hétérogénéité est potentiellementgrande ; suivant l’échelle, l’étude collective n’est pas forcément perti-nente pour chaque famille, et lorsqu’elle l’est, cette étude requiert tou-jours la définition des limites de la famille (les maisons et les fermes, oules maisons d’une part et les fermes de l’autre, etc.) et de la manière del’appréhender (en totalité, par périodes chronologiques successives, parsondage).

des états chiffrés

un bilan et des perspectives

taille de l’aire d’étude etdéfinition des familles :

effets d’échelle

100

Sur une aire d’étude donnée, les objets d’une même fonction-destinationne sont pas toujours présents en nombre tel qu’il soit nécessaire ou mêmepossible de les fractionner en groupes ou classes pour les comprendre : lacommunauté de traits ne l’emportant pas sur la singularité de chacun, l’é-tude collective est alors différée.

Les croix de chemin, les écoles ou les mairies d’un canton relèventsouvent de cette situation : mais différer l’étude collective neveut pas dire éluder la question, et on prend acte de l’apparte-nance à une famille par l’ouverture d’un dossier collectif d’aired’étude, dossier d’attente, qui établit la liste des objets con-cernés (étudiés ou non) soigneusement localisés, complétée dequelques brèves informations historiques et sommairement illus-trée.

La demeure est le genre numériquement le plus important ; il n’en est pasde même de tous les sous-ensembles (ou sous-genres) qui le composent :toutes les aires d’étude ne permettent pas d’étudier collectivement leschâteaux, alors que c’est toujours le cas des maisons ou des fermes.

La nature des individus dicte également la définition des familles dont l’é-tude collective est pertinente : cette dernière peut appréhender en mêmetemps maisons et fermes sur une aire à dominante rurale, ou séparémentsi une agglomération de quelque importance donne aux maisons des carac-tères morphologiques proprement urbains ; une ville peut justifier de cons-tituer trois familles à partir des sous-genres maisons, hôtels et immeubles,une autre de rassembler les trois en une famille unique.

Le choix d’un niveau d’agrégation a des conséquences sur l’étude collec-tive elle-même, qui ne dépendent pas seulement du nombre (et d’unecommodité de traitement) mais également d’une option de recherche :réunir les maisons et les fermes, ou les maisons, les hôtels et lesimmeubles, en une seule famille, influe sur le choix des critères de classe-ment qui doivent d’abord départager les sous-genres avant de classer lesmembres de chacun d’eux ; dans ce cas de figure, l’étude collective metde fait l’accent sur les rapports entre sous-genres plutôt que leurautonomie respective.

La ville de Brive-la-Gaillarde possède un certain nombre d’im-meubles morphologiquement bien identifiables : mais l’enjeu dela recherche, au vu de la dimension et de l’histoire de cette villemoyenne, a consisté à reconnaître en quoi et comment lesimmeubles se sont distingués morphologiquement des maisons,d’où le choix de les agréger en une seule famille.

les familles concernéespar l’étude collective

le niveau d’agrégationdes genres

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III. Conduite - Chapitre 3 : L’enquête

Certaines aires d’étude se prêtent à une division préalable du corpus parstrates chronologiques ; l’occupation du territoire y a connu des momentsforts qui marquent encore le bâti de leur empreinte : les constructionscontemporaines de ces périodes sont bien identifiables et, si elles sont ennombre suffisant, elles pourront être étudiées collectivement par périodessuccessives.

L’étude collective est dans ce cas de figure d’autant plus productive quechaque corpus gagne en cohésion, à l’instar des séries chronologiques deshistoriens, et que l’interprétation des mutations est facilitée puisqu’ellesse situent par définition dans un référentiel chronologique bien défini.

Cette démarche a été adoptée avec profit pour l’étude de la villede Tours selon trois strates (XVe-XVIe siècles, XVIIe-XVIIIe siècles,XIXe-XXe siècles) ; mais des zones rurales pourraient également yêtre soumises, et en premier lieu celles qui ont connu de grandsplans ou phases de rénovation agricole au XIXe siècle (Sologne,Montmorillonnais, etc.)

Les familles même limitées à un seul sous-genre rassemblent parfois (par-ticulièrement en milieu urbain) un nombre considérable d’individus ; enmatière de grand nombre, on sait qu’à partir d’un certain seuil, ajouter unindividu de plus ne fera que confirmer les observations déjà faites et n’ap-portera pas de connaissance nouvelle du sujet. Une partie seulement ducorpus - un échantillon - peut donc être suffisante pour constituer lesgroupes qui structurent la famille : l’économie en temps de collecte et detraitement des données est le principal intérêt de cette procédure.

La difficulté à surmonter est celle du choix de l’échantillon qui doit per-mettre d’embrasser tous les caractères de la famille dans son entier. Lessolutions empiriques généralement adoptées se fondent sur un choix raison-né des individus, le plus souvent au travers de zones jugées représentativesde l’aire d’étude à partir de la connaissance acquise dans la phase préal-able à l’enquête.

La fragilité théorique de ce procédé, qui reste cependant légitime, estcompensée par deux précautions :

- la taille de l’échantillon qui doit représenter une forte proportion dutotal (des expériences, bien que trop partielles encore, montrentcependant que le rapport 1/3 est la limite inférieure à ne pas dépas-ser) ;

- la validation des résultats acquis sur l’échantillon en les confrontantaux membres de la famille hors échantillon (selon quelques rares ca-ractères ou mieux combinaisons de caractères dont la pertinence auraété démontrée sur l’échantillon).

la famille peut-elle sedécomposer en strates

chronologiques ?

la taille de la familleautorise-t-elle de procéder

par sondage ?

102

L’application stricte des techniques rodées par les démographes etles sociologues se heurte à des obstacles propres au domaine del’Inventaire ; à titre d’exemples :

- le sondage aléatoire nécessite une base de sondage (liste detous les individus appartenant à la population) que seule laphase de recensement serait à même d’établir ;

- la méthode des quotas (méthode de choix raisonné la pluscouramment utilisée) ne se conçoit pas sans variables de con-trôle (variables dont la distribution statistique est connue sur latotalité de la population) qui n’existent pas a priori.

La classification : le fractionnement des familles en groupes homogènes

La classification des membres d’une famille procède de leur observation,mais classer n’est pas décrire : le repérage ne retient que les seuls carac-tères aptes à définir des appartenances de groupe (ou classe) ; ces carac-tères sont traduits en paramètres (ou variables) dont le choix et la séman-tique (le contenu) dépendent donc à la fois de la nature des objets à clas-ser dans l’aire d’étude et de l’aptitude qu’on leur prête à répartir cesobjets en différentes classes.

La connaissance acquise grâce à la documentation et à des observationsponctuelles (voire un recensement) éventuellement complétées d’étudesindividuelles, permet de porter une première appréciation sur la chronolo-gie et les modes d’implantation de la famille, ses formes et leur devenir :à défaut de la structure elle-même de la famille, elle donne au moinsquelques clés qui permettront de la découvrir ne serait-ce que partielle-ment.

Sur ce point, l’inégalité est la règle : la Sologne a fait l’objetd’une thèse sur l’habitat qui va jusqu’aux manières d’habiter, tan-dis que les travaux sur la Marche limousine sont quasi inexistants,la Lorraine connaît une architecture rurale fortement typée et degrande inertie quand celle du Val de Loire, modulaire et plus mal-léable, brouille les repères ; les séries de devis, prix-faits et quit-tances de travaux du XVIIe siècle à Montpellier abondent, lestravaux sur Lyon relèvent d’une tradition toujours vivante...

La rareté ou non des sources et des travaux de recherche, la plus ou moinsgrande simplicité morphologique de même qu’une plus ou moins grandeuniformité historique, n’excluent pas la formulation d’hypothèses et decritères de classification : elles dictent seulement la plus ou moins grandeformalisation de cet appareil d’hypothèses (des modèles ou types a priorià trois ou quatre paramètres analytiques) et le degré de finesse final duclassement.

La documentation préalable aide à choisir un point de vue pour organiserun corpus de prime abord confus par la diversité de formes qu’il contient,puis de suivre les lignes de partage induites par ce choix.

les hypothèses de classe-ment

un appareil d’hypothèsesexplicites

103

la logique de classifica-tion : le point de vue

III. Conduite - Chapitre 3 : L’enquête

La configuration particulière du bâti à Montpellier intra muros afait retenir la distribution, tandis qu’à Saint-Germain-en-Laye ona misé sur la composition d’ensemble, et à Besançon sur le proces-sus d’occupation du fonds. Dans le premier cas, on a cherché àidentifier les clivages autour de cheminements spécifiques, dansle second en fonction de la disposition du bâti et des espaceslibres, et de la nature de ces derniers, dans le troisième selon lenombre, la disposition, le degré et le mode d’articulation des logisentre eux. Tous les renseignements recherchés servent le point devue choisi, quand bien même ils le font de manière indirecte.

Le repérage est confronté à la question des modifications, des altérations,des transformations voire des mutations qu’ont subies les membres de lafamille : quel état observe-t-on sur le terrain ?

On a vu plus haut que l’on peut choisir de travailler par trancheschronologiques homogènes : chaque objet est alors restitué dans l’étatcorrespondant à sa période de référence par-delà ses modificationsultérieures, ces dernières méritant ou non un traitement en tant que telles,ne faisant l’objet que de la mention de leur date ou étant ignorées.

Si la famille est abordée toutes périodes confondues, il faut choisir unréférentiel de restitution fondé soit :

- sur la chronologie (l’état le plus ancien, ou mieux, le plus pertinentdu point de vue de l’histoire de l’occupation du territoire) ;

- sur le parti le plus cohérent lisible sur les objets.

La nature du corpus peut justifier de rechercher les principes du classe-ment dans les modes de mutation eux-mêmes (que les partis architec-turaux soient bien identifiables ainsi que leurs modifications, ou qu’au con-traire leur lente érosion par le temps les rendent illisibles). Néanmoins, unétat de référence qui permet de reconnaître les transformations reste mal-gré tout à définir même si l’on enregistre les écarts à cet état plutôt queles convergences. Mais le choix des transformations à enregistrer reposeégalement sur une interprétation.

La forme la plus aboutie de la conceptualisation se présente sous l’aspectde modèles ou types d’œuvres a priori (ou plus exactement préalable àl’enquête, car ils sont fondés sur les résultats de l’observation de nosprédécesseurs) ; l’observation de l’enquêteur de l’Inventaire consiste àtester la conformité des modèles aux objets. Pratiquement, chacun desmodèles constitue en fait une modalité d’un paramètre de repérage sinonunique du moins principal, les autres paramètres portant sur la datation ouprécisant si besoin est quelques variantes morphologiques.

A un degré moindre, la modélisation ne porte que sur certaines dimensionsà partir desquelles vont se faire le classement : par exemple,

- un paramètre portant sur la distribution est codé en autant de moda-lités qu’il y a de séquences, construites a priori, qui décrivent le -

l’état observé

le degré de formalisationdes hypothèses

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cheminement de la rue à l’espace privé (espace libre-couloir-escalier,espace libre-vestibule-escalier, couloir-escalier-espace libre, escalier,etc.) ;

- les modalités d’un paramètre “composition d’ensemble” fixent uncertain nombre de formes ou types de composition combinant bâti etespace libre (un corps parallèle à la rue sans espace libre, avecespace libre arrière, avant ou les deux, en L, en U, etc.) ;

- un paramètre peut enregistrer des modèles ou types d’élévation ;

- etc.

Dans ce cas de figure comme dans le précédent, datation et accessoire-ment variantes complètent ces modèles partiels.

Enfin, la réflexion préalable, bien que définissant les lignes de clivage surlesquelles opérer le classement (la distribution, et/ou la composition,et/ou les élévations, etc.), ne permet pas de formaliser des modèles mêmefragmentaires : les paramètres n’enregistrent alors que les élémentsretenus comme composants du système de distribution, de l’agencementdu bâti et des espaces entrant dans la composition d’ensemble, du pro-gramme des élévations.

Les modes de distribution, les compositions d’ensemble ou d’élévationrésulteront de la combinaison des paramètres effectuée au cours de laphase de traitement.

Les formalisations partielles ou l’enregistrement de quelques composantsn’ont pas pour but d’aboutir au modèle complet en multipliant les anglesde vue ou les points d’observation : le modèle complet reste le cas d’ex-ception. En effet, la caractéristique de ce dernier repose sur le fait quel’interdépendance de tous les éléments qui les composent est acquise, tan-dis qu’elle n’est que partielle ou à démontrer dans les deux autres cas.

Dans le cas des types a priori, les groupes sont construits par agré-gation des individus autour des types qui les représentent lemieux ; dans l’autre cas, ce sont des combinaisons de paramètresissues du traitement qui définissent les groupes à partir d’unecommunauté de caractères observés propre à chacun d’eux.

Ce plus ou moins grand degré d’interdépendance supposé (hypothétique)joue son rôle dans le choix des paramètres du repérage. C’est une condi-tion pour que des associations de modalités de différents paramètres puis-sent faire système, les traitements mesurant ce degré d’interdépendance.L’impasse sur ce critère de choix risque de conduire à autant de classe-ments qu’il y a de paramètres.

105

III. Conduite - Chapitre 3 : L’enquête

La plus grande finesse de la classification n’est pas un but en soi. La qua-lité scientifique n’attend pas la complexité ou la sophistication : il dépendétroitement de la pertinence des hypothèses et de leur bonne adéquationavec la connaissance acquise préalablement.

D’autre part, le classement n’est qu’une étape de l’étude : il dégrossit lesujet que les monographies des sélectionnés ont pour vocation d’affineravec des moyens adaptés.

Les paramètres du repérage

Par données on entend les renseignements provenant de l’observationdirecte choisis et traduits sous la forme de paramètres : ces paramètresdéfinissent une représentation conventionnelle des renseignements collec-tés. Ils calibrent - par leur fonction, leurs propriétés, leur contenu séman-tique, et enfin leur nombre -, ces renseignements pour qu’ils répondent, aumoyen de traitements, aux objectifs du repérage.

Les paramètres du repérage servent à enregistrer les renseignementsnécessaires pour vérifier les hypothèses que l’on a jugées pertinentes pouropérer le classement. Ils épousent au plus près les modèles qui formalisentces hypothèses.

Ils excluent par conséquent des pans entiers de la morphologie et de l’his-toire des membres de la famille que retiendrait une description bien com-prise : de la situation au décor porté, en passant par la distribution, lastructure, etc., de la création à l’état actuel, en détaillant par le menu lesdates des transformations.

Ces paramètres doivent permettre un traitement statistique et car-tographique des données et pour ce faire remplir un certain nombre de con-ditions.

On a vu plus haut que la récurrence de traits des membres d’une famille,associée à leur pouvoir discriminant, étaient les qualités requises pourqu’ils puissent être utiles au classement.

Pour conserver ces qualités, les modalités d’un paramètre doivent être à lafois exhaustives et disjonctives (ou incompatibles) : pour chaqueparamètre, un individu repéré doit trouver une modalité et une seule quilui convienne. Ainsi tous les individus sont renseignés de la même façon, ettous les individus ont la même valeur puisqu’ils ne peuvent répondre qu’àune seule modalité par paramètre : c’est la condition nécessaire pour fairedes décomptes et autres traitements (statistiques ou cartographiques).

Le degré de finesse attendu

les données propres à laclassification

la fonction des paramètres

les propriétés desparamètres

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Les modalités “en angle d’îlot”, “en cœur d’îlot”, et “traversant”d’un paramètre “position du fonds” tombent sous le sens ;ensuite le principe de disjonctivité oblige à créer la modalité“angle et traversant”. Restent enfin tous ceux qui sont “en rive derue” sans être “en angle”, “traversant”, “en cœur”, etc.

En plus des modalités “signifiantes”, il faut prévoir les cas :

- où il est impossible de répondre (la position de la porte quandun commerce a modifié radicalement un rez-de-chaussée) ;

- où la question n’est pas pertinente (une maison en rez-de-chaussée n’a pas d’escalier desservant les étages carrés) ;

- où il n’a pas été possible, à un moment donné, d’accéder àl’information (une porte fermée a interdit l’observation del’escalier) ;

- où des individus seront renseignés uniment, malgré leurs dif-férences par une même modalité par défaut : “autres cas”(les modalités déclarées ne les représentent pas, les dif-férences entre eux ne justifient pas la création de nouvellesmodalités).

Ces modalités (“ne sait pas”, “non pertinent”, “non vu”, “autrescas”) doivent rester marginales : le choix préalable desparamètres tient évidemment compte de la possibilité matériellede renseigner les modalités signifiantes...

Si deux modalités sur sept regroupent 85 % du total des réponses, on nepeut pas dire que le paramètre en question soit discriminant : les 15 %partagés en cinq possibilités n’isolent que des cas particuliers.

Il est possible techniquement de regrouper ces cinq modalités enune seule ou de les ventiler entre les deux plus fréquentes ;encore faut-il qu’il n’y ait pas un trop grand appauvrissement ougauchissement du sens au détriment de la pertinence duparamètre : “angle et traversant” doit-il être fusionné avec “enangle” ou avec “traversant” ? Le problème est avant tout séman-tique ; non pas parce que, par essence, “angle et traversant”serait plus angle que traversant ou vice versa, mais par destina-tion : concrètement quelle est la position qui influe le plus sur leclassement, qui entre le plus en écho avec la distribution, letraitement des élévations, etc., si l’une ou l’autre de ces dimen-sions constitue l’approche privilégiée pour le classement.

On voit par là que le nombre de modalités (la dizaine est un maximum) parparamètre est nécessairement limité, d’autant que certains traitementsont tendance à valoriser les petites fréquences.

L’exhaustivité d’un paramètre ne veut pas dire que les modalités de celui-ci déclinent tous les cas possibles : les modalités d’un paramètre “formede l’escalier” ne sont pas la copie des entrées concernées du Vocabulairede l’architecture, point n’étant besoin de prévoir des formes qui ne se ren-contrent pas sur le terrain d’enquête. Il n’est pas nécessaire non plus deprendre la terminologie la plus détaillée pour les formes observables au

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la sémantique desparamètres

III. Conduite - Chapitre 3 : L’enquête

risque d’avoir un nombre trop grand de modalités.

Trois modalités de matériau de couverture ont été suffisantes pourle Montmorillonnais : “tuile creuse”, “tuile plate” et “autresmatériaux”, ces derniers traduisant l’empreinte de la modernitésur les deux aires bien distinctes propres aux tuiles creuses etplates. En revanche, une aire d’étude de taille différente auraitpu justifier de déclarer l’ardoise : une micro-analyse des substi-tutions de matériaux (quels genres sont affectés, nouvelles cons-tructions et reprises, etc.) à une échelle plus grande, les axes desa pénétration à une échelle plus petite.

Qu’elles emploient des termes consacrés ou non, les modalités desparamètres ont un contenu sémantique propre qu’il convient de préciserpour chaque aire d’étude. La démarche est d’abord de cerner au mieux lerenseignement que l’on recherche. Un paramètre “forme de l’escalier”s’attache la plupart du temps à la forme plus à titre d’élément datant,d’indice de l’espace qu’il occupe ou encore du rôle qu’il joue dans l’arti-culation des parties, qu’à sa structure en soi.

Puis vient le choix du terme qui traduit le mieux le renseignement, qui sefait par priorité dans le vocabulaire normalisé, mais aussi parmi des termesrégionaux qui sont parfois plus adaptés à la réalité des choses, ou dans unlexique créé de toute pièce.

Aussi les paramètres “forme de l’escalier” utilisés jonglent-ilsavec le vocabulaire : tout dépend de l’information recherchée :l’emprise, le développement, un repère chronologique ? La formedes volées, l’escalier est-il suspendu ou non, sont autant demanières d’appréhender l’escalier qu’il y a de logiques de classe-ment.

A Besançon, le terme “trage” désigne le contenu fonctionnel etformel d’un passage piétonnier semi-public traversant un îlot enempruntant les couloirs et les cours de propriété privée.

A Melle, on a inventé, en plus des portes piétonnes “latérales”,des portes “décalées” qui se distinguent des premières par unespace un peu plus grand entre elles et la maison mitoyenne,unique différence observable entre des élévations sur un mêmealignement de rue ; cet indice, plutôt anecdotique, s’est révéléfortement corrélé avec un mode distributif et une structure bienprécis : ces maisons sont semblables au modèle rural du canton,seule leur élévation sur rue a été “contaminée” par le modèleurbain, expliquant, entre autres choses, la disparition de la pierred’évier “décalant” la porte ; la présence de cette modalité a per-mis d’extrapoler les résultats sans visiter toutes les maisons deMelle.

Les paramètres chronologiques répondent aux mêmes règles : sur le fond,il importe d’abord de reconnaître des plages chronologiques plutôt que de

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dater le plus précisément possible chaque individu ; la précision porte surles césures qui détermineront les bornes de ces plages ; les bornes tiennentégalement compte de la capacité de l’opérateur à les respecter pour tousles individus observés.

Le contenu sémantique des paramètres se doit d’être homogène :noter la forme des escaliers ne concerne pas à la fois les escaliersdistribuant les étages carrés et les escaliers desservant lescombles ; un paramètre “matériaux” ne peut associer pour cer-taines de ses modalités matériau et mise en œuvre et un des deuxseulement pour les autres.

Le contenu sémantique des paramètres et de leurs modalités mérite d’êtreconsigné dans un document, à la fois lexique et vocabulaire de l’opérationqui sera joint au dossier collectif.

Leur nombre n’est pas limité arbitrairement mais par deux ordres deraisons :

- la première, décisive, se situe en amont de l’enquête, et impose quene soient retenus que les paramètres utiles au classement ;

- la seconde, inéluctable, intervient au cours et à l’issue de l’enquête,et implique que plus les paramètres sont nombreux, plus le temps desaisie, de validation et de traitement est long.

Une application stricte des principes n’empêche pas que les paramètresseront plus ou moins nombreux suivant qu’ils représentent des renseigne-ments simples ou composites : un paramètre suffit à coder une séquencedistributive, il en faut plusieurs pour coder les éléments qui la constituent,un type a priori synthétise toute l’information en un seul paramètre.

En revanche, une fois la liste des paramètres établie et avant même de laconfronter au terrain, il faut évaluer ses implications pratiques ; cela veutdire la resserrer à l’essentiel, en éliminant les paramètres qui sont redon-dants (souvent par prudence) ou se recoupent, voire même réduire lesambitions du classement.

La collecte des données

La réflexion préalable conditionne le bon déroulement de l’enquête en fi-xant avec circonspection ses ambitions. Le temps de collecte est rythmé depauses obligées, il combine couverture du terrain et exploitation (valida-tion des données).

Autrefois fond de plan à surcharger, il se présente aujourd’hui sous la formede grille (papier ou écran de saisie), et sert d’abord d’interface entre lesparamètres et l’observation qu’il recueille.

C’est en fait un formulaire d’enquête comme peuvent l’être ceux desenquêtes sociologiques ; sa principale qualité est la maniabilité, la com-

le nombre desparamètres

le support d’enquête

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III. Conduite - Chapitre 3 : L’enquête

modité d’utilisation : l’ordre des paramètres doit suivre le plus possiblel’ordre de l’observation, le codage des informations prend la forme decases ou de termes à cocher.

Case ou terme à cocher incluent par extension la représentationgraphique : composition d’ensemble ou séquence distributivepeuvent être parfois mieux représentées par des schémas que parune terminologie complexe.

Il commence toujours par une rubrique d’identification, en-tête desparamètres de repérage : numéro d’ordre, dénomination (même provi-soire), localisation.

Outil de terrain, il doit aussi répondre à l’opportunité de recueillir desobservations de circonstance : les dates et les noms portés (dont lafréquence ne justifie pas forcément une entrée spécifique dans la grille),la protection, mais aussi remarque, bref commentaire et croquis sommaire,ou encore les références d’une “personne ressource”.

Cette fonction de bloc-notes évite de multiplier des paramètresde peur d’“oublier un renseignement” : l’expérience montrequ’un paramètre dont la finalité dans le classement n’est pasdéfinie est mal codé et se révèle inutilisable tout en imposant lescontraintes sémantiques et formelles propres au codage ; mieuxvaut profiter de la liberté de la notation spontanée, quitte à for-maliser ensuite ces observations si leur récurrence devient signi-ficative.

Cet espace peut contenir un mémento pour un ou deux sujets surlesquels on souhaite porter un avis assez systématiquement :c’est le cas en particulier pour la formulation d’une premièreappréciation globale ou évaluation des individus, ou encore lamention qu’une sélection serait à prévoir sous toute réserve(“pré-sélection”).

Par extension, une image peut aussi jouer un rôle de note pourmémoire.

Cette division tripartite - identification, paramètres, observations - assignebien la fonction spécifique et la destination de chacune de ces rubriques.

Les contraintes opérationnelles compliquent parfois les choses : lerepérage se voit doubler d’une fonction de recensement à forte connota-tion documentaire. L’important est d’éviter la confusion des genres : grilleunique à deux sous-ensembles ou deux grilles distinctes liées ou non entreelles, les paramètres du repérage doivent rester distincts des champs do-cumentaires.

110

L’enquête sur certains secteurs sauvegardés (ou ZPPAUP) com-porte à la fois une dimension de recherche (repérage) et les soucisde gestion, de prescription et de conservation (fichier desimmeubles). Plusieurs solutions sont envisageables :

- deux opérations spécifiques “tuilées”, l’enquêteur de l’inven-taire précédant le chargé d’étude ;

- une seule opération mais deux passages, chacun des opérateurssaisissant ses propres informations ;

- une seule opération avec deux opérateurs distincts.

En dépit de la séparation des informations en deux sous-ensemblesd’une même grille ou en deux grilles, il est en effet difficile pourun même opérateur de mener de front plusieurs problématiquessans que la qualité et la pertinence des renseignements en souf-frent.

La validation de la grille est une étape obligatoire du repérage. Avant decommencer la collecte systématique des données, il est nécessaire dechoisir - sans pour autant s’engager dans la construction d’échantillonsreprésentatifs quand cette option n’a pas été retenue dans la probléma-tique - deux ou trois secteurs de l’aire d’étude qui donnent intuitivementune image approximative de la population à repérer.

La mise en application sanctionne la viabilité de la grille : est-il possiblede relever de manière systématique les renseignements escomptés ?

L’expérience montre trois catégories d’obstacles :

- l’accès au renseignement recherché n’est accessible que dans de troprares cas : les modalités “non vu” ou “ne sait pas” sont les plusfréquemment cochées ;

- certaines modalités ne sont pas disjonctives : un même individu peutrépondre à deux modalités à la fois ;

- le contenu sémantique n’est pas suffisamment clair : le choix d’unemodalité demande un temps de réflexion trop important, une mêmeobservation se voit affecter une modalité différente suivant les indi-vidus, la modalité par défaut “autres” est la plus souvent cochée.

Une centaine d’individus suffit pour effectuer ce test : l’opérateur mesureempiriquement les distorsions entre la grille et les objectifs, et le nombreencore réduit d’individus repérés permet les repentirs.

Ces ajustements faits, l’enquête alimente la base de données du repérage.Cette base de données est destinée à subir des traitements statistiques etvaut essentiellement pour les informations que l’on en tirera plus que pourles données brutes qu’elle contient : quels paramètres, quelles combi-naisons de leurs modalités détermineront des groupes. Chaque individutrouve-t-il sa place dans un groupe ?

Contrairement à une base de données documentaires, l’intérêt de la basen’augmente pas linéairement avec le nombre des enregistrements. Aussi les

la validation de la grille

la constitution d’unebase de données durepérage

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III. Conduite - Chapitre 3 : L’enquête

premiers traitements n’attendent pas que tous les membres de la familleconcernée aient été enregistrés : un simple tri sur un premier lot signifi-catif permet de vérifier le pouvoir discriminant des paramètres, le mêmetri sur un lot plus important mesure la redondance ou non des résultats.

La notion de lot significatif ne se résume pas à un nombre absolu(100, 200, 500 ou 1000) : il faut d’abord qu’il embrasse poten-tiellement toutes les formes supposées des membres de la famille.Un tri sur, par exemple, les sept formes d’escalier retenues, mon-tre que deux formes représentent 85 % des formes relevées, peutvouloir dire soit que le lot ne recouvre pas toutes les formes etqu’il faut donc l’élargir, soit que le constat est établi et que rienne sert d’augmenter le nombre des repérés. Un autre test consisteà croiser deux paramètres et à vérifier que les fréquences asso-ciées sont en nombre suffisant pour avoir un sens du point de vuestatistique (des indices sont là pour nous le signifier). Dans le cascontraire l’augmentation du lot testé se justifie.

Ce seuil de redondance indique qu’il est temps d’arrêter la collecte desparamètres de repérage et d’exploiter à fond la base de données pourclasser les individus repérés.

Une nouvelle phase de terrain suivra la classification : elle consistera àaffecter chaque individu non repéré à un des groupes construits en s’affran-chissant du crible des paramètres.

L’analyse des données

L’exploitation de la base de données, le traitement des données qu’ellecontient, est un travail de mesure qui fait intervenir le calcul defréquences et de proportions, de densité, d’indices d’association desmodalités des différents paramètres ; chaque calcul permet de répartir lesrepérés entre des groupes ayant en commun une puis plusieurs modalités.

La consultation d’une base de données documentaires au moyende requêtes permet de rechercher des individus qui ont tel ou telcaractère. L’exploitation d’une base de repérage au moyen de cal-culs s’appuie sur la totalité du corpus, et permet de trier tous lesindividus selon des paramètres combinés ou non.

Le traitement statistiqueLa première opération (“tri à plat”) consiste à décompter la fréquence desmodalités de chaque paramètre : combien d’individus ont une portelatérale, une porte centrale, etc., pour un paramètre “position de laporte”. Ces simples tris, répétés pour tous les paramètres, permettent demesurer précisément leur pouvoir discriminant respectif qui valide plus oumoins les hypothèses de départ et donne déjà une indication sur lesparamètres à privilégier pour la suite.

112

calculer

Plus trivialement, ces premiers tris mettent en évidence lesvaleurs manquantes, c’est-à-dire les oublis de l’opérateur quin’aura pas renseigné certains paramètres... Suivant leur nombre,un retour aux individus s’impose.

Les “tris à plat” ne suffisent pas au besoin de classement des individus, caril y aurait dans ce cas autant de classements que de paramètres.

Même dans le cas des types a priori, on a généralement un ou deuxautres paramètres qui enregistrent des variantes, sans compter ladatation qu’on cherchera à croiser avec les types.

La combinaison de deux paramètres (“tri croisé”) enrichit l’approche enpermettant de mesurer le plus ou moins grand degré d’indépendance entredeux paramètres : croiser la position de la porte et la largeur sur rue per-met de déduire une relation entre les modalités de ces deux paramètres.Ce n’est pas en soi une grande découverte, mais seul le calcul permet demesurer l’intensité de cette relation.

Plus encore que les tris à plat, les tris croisés mettent en évidenceles “anomalies”, associations incohérentes ou inattendues : leretour aux données permettra de départager ce qui ressortit à deserreurs de codage, de ce qui fait sens. On sait que, sur la durée,un même opérateur peut varier insensiblement dans l’attributiond’une modalité : l’observation est interprétation et le regards’aiguise au fur et à mesure que progresse l’enquête.

Passer du croisement de deux à la combinaison de trois paramètres, puisquatre, cinq, etc., augmente encore la connaissance et précise d’autantplus la silhouette des groupes.

Ainsi trier selon la largeur et la position de la porte, puis trier chacune despartitions obtenues en fonction de deux autres critères opère un classe-ment tributaire de l’ordre des tris et ne donne le degré d’indépendance desmodalités qu’au sein de chaque partition et non pas sur l’ensemble. La sim-plicité de cette procédure autorise cependant à renouveler ces tris en va-riant les paramètres et leur ordre de tri, l’opérateur décidant des partitionspertinentes.

D’autres procédures, dites multivariées (analyses factorielles, classifica-tions, segmentations, etc.), plus complexes à mettre en œuvre, traitent denombreux caractères simultanément et évitent donc l’inconvénient men-tionné précédemment.

Incidemment, on voit que le nombre des paramètres collectés doit tenircompte des moyens de calcul dont on dispose.

D’un point de vue technique, les données concernant la datationsont traitées de la même façon que les données morphologiques ;d’un point de vue méthodologique, il est préférable de travailler

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III. Conduite - Chapitre 3 : L’enquête

d’abord sur les données morphologiques que l’on confrontera entemps utile à la datation, sous peine de ne pouvoir affiner cettedernière par l’étude des seules formes. C’est également vrai pourla dénomination.

Chaque calcul est un constat, chaque constat demande une interprétationqui passe par un retour à la base de données, voire aux individus : retourspartiels pour des corrections ponctuelles, plus systématiques quand il s’a-git d’apprécier la consistance des regroupements proposés par les tris.C’est l’interprétation de l’historien de l’architecture qui décide entreautres de l’arrêt des calculs : l’adéquation entre les hypothèses de départest établie jusqu’à un certain point d’équilibre qui, une fois atteint, n’estpas remis en cause par l’ajout de paramètres supplémentaires.

Le traitement spatial des données

La distribution statistique des membres d’une famille selon des paramètresou des combinaisons de paramètres n’est qu’un aspect de l’étude de cettefamille : la distribution spatiale contribue également à sa compréhension.

Le mode privilégié d’appréhension et de représentation de cette dimensionest cartographique. La grille de repérage contient dans son en-tête desinformations de localisation. Adresse, référence cadastrale ougéoréférencement permettent plus ou moins commodément et avec plus oumoins de précision d’exploiter la localisation : point ou emprise au sol,procédé manuel ou assisté par ordinateur conditionnent les types dereprésentation et leur nombre.

Certains paramètres de repérage contiennent également uneinformation spatiale : le plus courant est la position du fonds parrapport à la rue. Son implication morphologique est acquise. Biend’autres critères relèvent de l’information spatiale : relationsavec le milieu (la pente, les dénivelés, etc.), relations des indi-vidus entre eux (mitoyenneté, vis-à-vis, inscription dans desalignements, etc.)

La localisation des repérés sur un fond de plan est obligatoire et répond auxmêmes règles de rédaction que celle des objets recensés, à ceci près qu’onreprésentera toujours la même emprise au sol, des rendus graphiquesappropriés traduisant le degré d’incertitude.

La répartition des caractères du repérage (ou de leurs combinaisons)comme celle des appartenances de groupe sur l’espace de l’aire d’étudepeut donner des distributions significatives : concentration linéaire ouautour d’un point, frontières ou interpénétrations entre caractères ouformes, etc., qu’il convient ensuite d’interpréter.

Les rendus cartographiques aptes à traduire ces phénomènes sont variés(cf. Livret de prescriptions cartographiques) de la localisation précise auzonage en passant par la densité : ils se complètent plus qu’ils ne se con-currencent, en jouant sur les variations d’échelle.

interpréter

la cartographie du repérage

la carte de localisation

les cartes de traitement

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La qualité de la localisation et des données collectées définit lesbornes de la variation d’échelle. Les modes d’implantation peu-vent être cartographiés de plusieurs façons : aux deux extrêmes,des points représentent les différentes modalités d’un paramètre,ou bien les différentes implantations sont dessinées sur un fond àgrande échelle. Ces deux représentations servent des objectifsdifférents et requièrent des outils différenciés.

Le report cartographique des données permet ainsi de qualifier des espacesau sein de l’aire d’étude. Ce constat, qui est déjà en soi une informationnouvelle, incite naturellement à les inscrire dans des référentiels pluslarges (culturel, historique, etc.) voire à en rechercher les causes.

La confrontation de zones à tuiles creuses et à tuiles plates, demaisons à pan de bois ou en pierre, renvoie à des aires culturelles,à des modes constructifs propres à des périodes.

L’exercice cartographique (et à plus forte raison l’analyse de l’espace) pourles seuls membres d’une famille a des limites : en matière d’occupation duterritoire et de relations entre les objets d’étude, la séparation des indi-vidus selon le genre atteint rapidement des limites.

La cartographie peut aussi traduire la chronologie : par exemple, une sériede cartes montre parfaitement l’évolution de l’occupation du sol siècle parsiècle en reportant les repérés en fonction de leur date.

Mais on peut vouloir une représentation synthétique et dynamique de cephénomène : l’extension, la rétractation du bâti, les obstacles ou les con-traintes spatiales à cette évolution, etc., peuvent s’exprimer sous forme deschémas qui gagnent en vertu démonstrative ce qu’ils perdent en fidélitéde représentation de l’espace et de précision dans la localisation.

La chorématique, langage à base de modèles graphiques, en nor-malisant la représentation des phénomènes spatiaux, ajoute àl’efficacité propre au schéma la possibilité de faire des compa-raisons entre eux.

Le schéma peut aussi anticiper le report cartographique systématique desdonnées : il aide à formaliser le raisonnement spatial, à élaborer deshypothèses explicatives, à l’instar de celles élaborées pour la morphologie.

Ainsi, l’appréhension de la dimension spatiale ne se réduit pas au reportcartographique des données de repérage, ni à une représentation car-tographique qui sert de contexte. Le mode d’implantation, par exemple,est dépendant du site, comme l’utilisation d’un matériau peut l’être de lanature du sous-sol mais aussi des voies de communication et de la diffusionde savoir-faire, etc. : toutes choses qui sont en amont de la cartographie,et qui relèvent des méthodes de l’analyse spatiale (ses modèles, sesgraphes, et autres topologies) encore peu explorées dans notre discipline.

des modèles graphiques

analyse spatiale

115

III. Conduite - Chapitre 3 : L’enquête

Les procédures que s’est données l’Inventaire élucident les ques-tions propres à la forme des objets et son rapport au temps : ladécouverte bien comprise du “génie du lieu” passe par la capa-cité à mesurer mieux la part que prend la configuration des lieuxdans la configuration des formes ; il ne s’agit pas seulement deconstater en un endroit la présence d’un objet de telle forme àtel moment, mais aussi d’expliquer pourquoi il se trouve à cetendroit.

La sélection

Le choix, au sein des groupes constitués, se porte sur des individus - les ty-picums - qui seront étudiés parce qu’ils sont :

- d’abord représentatifs, c’est-à-dire qu’ils donnent l’idée la plusfidèle des caractéristiques du groupe, y compris de ces variantes mor-phologiques et historiques ;

- ensuite démonstratifs, autrement dit qu’ils illustrent de manière par-ticulièrement évidente l’état de conservation d’un parti originel ouau contraire la lisibilité des mutations ;

ou encore qu’ils sont :

- assortis d’une documentation abondante ;

- d’autre part, rares, ce qui est souvent le cas des individus les plusanciens (et qui, de fait, font figure d’unicums).

D’autres membres de la famille sont sélectionnés - à titre d’unicums -parce qu’ils n’entrent dans aucun groupe, non pas que le classement soitmauvais, mais parce qu’ils paraissent hors normes (les traits familiaux nel’emportent pas sur la singularité) : par exemple l’unique maison d’archi-tecte ou de catalogue d’une commune.

Il existe aussi des sélectionnés d’office : les édifices protégés autitre des Monuments historiques.

Le nombre d’édifices sélectionnés dépend de la taille du groupe et de sonhomogénéité : plus la chronologie est large, plus les variantes sont nom-breuses et plus le nombre de sélectionnés croît nécessairement, mais onveille toutefois à ce que ce nombre reste proportionnel à l’importancenumérique du groupe.

Une pondération s’impose néanmoins pour les cas extrêmes descas minoritaires ou au contraire des majorités écrasantes : onsurévaluera les premiers, on sous-évaluera les seconds.

Autant que faire se peut, la distribution spatiale des sélectionnés doit sui-vre celle des repérés.

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Les observations générales

Le but des observations générales est de présenter les caractères générauxde la famille. Ces derniers sont issus de la confrontation de l’étude dessélectionnés, de l’étude collective, de l’exploitation de la documentation.

Lorsque, dans le cahier des clauses scientifiques et techniques,l’étude des sélectionnés est différée, l’ambition des Observationsgénérales s’en trouve réduite par la force des choses.

Elles se présentent sous la forme d’un document argumenté (degraphiques, de photographies, de chiffres et de renvois à des sources ou desdossiers) qui se suffit à lui-même : il est intelligible même détaché dureste de la documentation.

Le cas échéant, les Observations générales peuvent venir enannexe de l’étude d’une ZPPAUP ou d’un Secteur sauvegardé.

Elles prennent place dans le dossier collectif d’aire d’étude propre à lafamille.

La phase d’étude choisit des niveaux pertinents d’agrégation ; larestitution ne se fait pas nécessairement aux mêmes niveaux etgagne à regrouper des sous-genres étudiés distinctement.

Ce document est structuré en plusieurs parties prédéfinies.

Les conditions de l’enquête

Ce chapitre décline les options méthodologiques et techniques (la problé-matique) qui ont été retenues pour les différentes phases du repérage, sousla forme d’une liste (ou d’un schéma) accompagnée de brefs commentaireset de la grille de repérage.

Les repérés doivent être rapprochés de la population dont ils sont extraitspour évaluer la part de ce qui relève du patrimoine dans le domaine bâticontemporain. La liste des repérés figure donc en tête de ce chapitre.

Suivant les configurations documentaires cette “liste” peut pren-dre plusieurs formes :

- un tableau, extrait de la base de données, donnant pourchaque repéré le nom, l’adresse, les dates connues, la data-tion, l’appartenance de groupe, s’il est sélectionné ou non ;

- un accès, dynamique ou non, et plus ou moins filtré selon lestatut du consultant, à la base de données de repérage.

117

les référentiels propres àl’enquête

III. Conduite - Chapitre 3 : L’enquête

L’INSEE fournit des données chiffrées issues des recensements de popula-tion : nombre d’immeubles, nombre de logements ou chiffre de la popula-tion peuvent être obtenus à différents niveaux d’agrégation.

On choisira le niveau d’agrégation auquel on peut associer le pluscommodément les données du repérage.

Le rapprochement de ces chiffres et des repérés est présenté :

- sous forme tabulaire, contenant, outre les chiffres absolus, des pro-portions (pourcentages) ;

- sous forme de diagrammes qui mettent bien en évidence les pour-centages significatifs ;

- sous forme de cartogrammes quand ces proportions ont une distribu-tion spatiale significative.

Par ailleurs, la carte de localisation, construite sur le fond cadastral, per-met de visualiser les repérés dans le bâti actuel : on peut se contenter d’yrenvoyer, ou d’en faire une copie sur laquelle les repérés sont surchargés.

Les fonds numériques joints aux fonctionnalités des SIG rendentles choses plus faciles, puisqu’une requête suffit pour obtenir lerésultat.

Ce chapitre permet de présenter une synthèse des informations tirées prin-cipalement de l’exploitation de la documentation préalable (des élémentsde datation provenant de l’observation) et qui intéressent la famille : c’estici le lieu d’exposer ce qui a fondé une bonne part des options (et non lesoptions elles-mêmes) méthodologiques de la problématique du repérage.

Elles se résument aux dates portées, et à celles qui sont issues de la docu-mentation mais que l’observation (en particulier lors de l’étude des sélec-tionnés) aura pu confirmer. Elles seront mentionnées distinctement dansdes tableaux ou diagrammes, avant d’être éventuellement regroupées.

Un bref commentaire accompagne ces représentations et en donne uneinterprétation.

Le contenu ne se confond pas avec la présentation générale de l’aire d’é-tude, auquel il renvoie au contraire chaque fois que cela s’avère néces-saire.

S’il emprunte à la géographie et au cadre naturel, c’est pour montrer enquoi la configuration des lieux à différentes échelles est susceptible d’avoirinflué sur la forme des repérés ; s’il mentionne des aménagements du ter-ritoire (rénovation agricole, mutations des réseaux, etc.), des activités

le contexte de l’enquête

des données historiques

les caractères historiques etsocio-économiques

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économiques dominantes et de leur évolution, des situations politiques(plus ou moins forte présence des pouvoirs, zones frontalières...) et desrapports sociaux (modes de faire-valoir agricole...), c’est toujours en rela-tion avec les effets qu’ils induisent sur les membres de la famille (genèseet mutations des constructions), etc.

On retrouve dans cet exposé les arguments de fond qui ont justi-fié :

- la partition spatiale, pour échantillonnage, de l’aire d’étudeou sa partition en plages chronologiques ;

- le choix des niveaux de restitution ou des modes de transfor-mation ;

- les niveaux d’agrégation des sous-genres ;

- et la logique de classement.

L’illustration de ce texte se fait essentiellement par reproduction de docu-ments fournis par la documentation.

Le tableau des données morphologiques

Il compile, de préférence sous la forme d’une série de diagrammes, lesparamètres du repérage qui se sont révélés significatifs au cours du traite-ment des données.

Qu’ils représentent un paramètre ou le croisement de deux outrois, les diagrammes qui sont présentés doivent mettre en évi-dence le point de vue du classement ; on ne reprendra qu’avecparcimonie les paramètres dont la distribution statistiquen’amène pas de commentaire.

Les fonds numériques joints aux fonctionnalités des SIG rendentles choses plus faciles, puisqu’une requête suffit pour obtenir lerésultat.

Cette compilation est complétée par celle des caractères observés sur lesseuls sélectionnés.

Les paramètres dont la distribution spatiale est significative font l’objetd’une carte (ponctuelle ou de densité) dont le fond simplifié se réduit auxrepères géographiques minimum et aux informations qui entrent en relationavec les paramètres.

Le commentaire de ces diagrammes peut souvent se réduire ici à unelégende bien formulée : l’interprétation demande la plupart du temps derapprocher les différents paramètres entre eux ; c’est l’objet du chapitre

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III. Conduite - Chapitre 3 : L’enquête

suivant qui renverra systématiquement à ces diagrammes au cours de sondéveloppement.

La classification et son interprétation

Ce chapitre contient l’explication pas à pas de la constitution des groupeset des variantes, en s’appuyant sur la transcription des résultats des traite-ments et la transcription qui a été faite dans le chapitre précédent.

Le croisement de deux paramètres, l’ajout d’un troisième, etc.,précisent à chaque fois la configuration des groupes et la silhou-ette des individus qui les composent ; l’ordre de présentation estdonné par la hiérarchie des paramètres du point de vue de leurpouvoir discriminant.

Pour être compréhensible et le plus fidèle possible à la démarche, ce texteest construit à partir de représentations graphiques de plus en plus com-plètes au fur et à mesure que l’on ajoute des paramètres :

- en premier lieu, les diagrammes cités au chapitre précédent et aux-quels on renvoie ;

- puis des schémas, qui sont plus adaptés à des combinaisons multiples(les séquences distributives, les types d’élévation, des compositionsd’ensemble, voire des combinaisons de plusieurs de ces registres) etrendent visuellement mieux la morphologie (les fréquencesobservées reportées sur ces schémas donnent l’information quantita-tive).

Le discours est ainsi construit comme un commentaire de documents suc-cessifs et s’achève sur la partition chronologique des différents groupes. Lavalidité de ce commentaire n’est complète que si le classement est soumisà l’épreuve de la confrontation avec les individus étudiés. Ces derniers sontdonc mis largement à contribution pour donner toute leur profondeur his-torique et leur consistance morphologique aux groupes et aux membres quiles composent. On ne manquera pas, pour ce faire, d’y renvoyer et d’utili-ser (par reproduction ou renvoi) l’illustration photographique et graphique(en particulier les relevés et les représentations en trois dimensions) quiillustrent ces monographies.

Ce chapitre s’achève sur l’énoncé des questions restées en suspens et lespistes de recherche susceptibles de les résoudre.

L’évaluation dans le dossier collectif

L’Inventaire produit de la valeur : le fait qu’un édifice soit repéré le dis-tingue de celui qui ne l’est pas, puis le classement hiérarchise des groupeset des sous-groupes, enfin la sélection tient compte de la rareté, de formesde référence mais aussi de variantes, toutes choses qui découlent logique-ment des procédures utilisées.

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L’élargissement de la sphère de diffusion des résultats comme les partena-riats, oblige à préciser la qualité des informations que l’on met à disposi-tion, pour en éviter un usage inadéquat sinon à contresens.

Dans son acception la plus large, l’évaluation n’est que l’explicitation desraisons qui font que l’Inventaire ait repéré certains objets. Les paramètresdu repérage recouvrent trois champs plus ou moins développés : lachronologie, la morphologie et les relations spatiales. Les paramètres durepérage sont donc aussi des paramètres d’évaluation.

Une évaluation raisonnée résulte d’une combinaison de ces trois registresd’information traduits en termes d’intérêt historique (le témoin d’uneépoque), d’intérêt architectural (le témoin d’un savoir-faire, d’un style,etc.) et d’intérêt environnemental (la contribution à la construction ou laqualification d’un espace).

Malgré la difficulté de l’exercice, la construction de l’évaluation doit ten-dre à s’aligner sur la démarche du classement par types : c’est la présenceconstatée de tel ou tel paramètre ou combinaison de paramètres quiaffecte une valeur, et non la seule appréciation intuitive de l’opérateur ;sinon, l’évaluation variant avec le temps et l’opérateur voire l’interlocu-teur, apparaîtra de circonstance.

L’étude monographique

Au contraire de l’étude collective, l’étude individuelle peut en théories’appliquer à n’importe quel objet en raison de son intérêt propre. C’est lecas de nombre de monographies dont l’intérêt justifie parfois une publica-tion, ou même des dossiers d’urgence qui peuvent être demandéslorsqu’une menace de démolition pèse sur un édifice. L’originalité cepen-dant des études tient au fait qu’elles viennent à l’issue d’une phase derecensement, complétée éventuellement d’un repérage, les œuvresétudiées représentant une sélection raisonnée d’œuvres représentatives.

Les informations textuelles52 structurées selon le Système descriptif del’architecture, prennent place dans la notice informatique versée ensuitedans la base nationale Mérimée ; elles peuvent prendre la forme d’un textedéveloppé organisé suivant le même principe.

Cette unité53 d’étude ne se confond pas nécessairement avec celle durecensement, ni avec celle esquissée dans le cadre de l’étude collective.En effet les édifices recensés le sont dans les limites que leur donne l’usagecontemporain (lorsque la dimension historique ne peut être perçue de l’ex-

52. Pour l’illustration du dossier, voir ci-dessous paragraphe 4. 53. Voir IIème partie, chapitre 1 : les objets d’étude.

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III. Conduite - Chapitre 3 : L’enquête

térieur), tandis que l’étude doit permettre de restituer l’édifice dans sonemprise ancienne, voire dans ses emprises anciennes successives54. Lesdémembrements ou remembrements parcellaires connus seront car-tographiés, afin de montrer comment l’état actuel reflète l’histoire del’édifice.

Lorsque deux édifices sans aucun lien historique ou fonctionnelentre eux se sont succédé sur le même fonds, ils font l’objet dedossiers séparés. Il y a alors recouvrement spatial, partiel ou com-plet, que l’on doit pouvoir traduire cartographiquement. Enrevanche, dans le cas d’une occupation continue d’un fonds, mar-quée seulement par des transformations progressives des élé-ments bâtis qui conservent entre eux des liens fonctionnels, ondoit s’efforcer de considérer ces éléments comme une œuvre ouun ensemble unique (par exemple le château transformé en hôpi-tal, même si le château et ses dépendances ont été peu à peudétruits pour moderniser l’hôpital : la continuité de l’un à l’autrea été effective).

3. L’ENQUÊTE TOPOGRAPHIQUE SUR LES OBJETS MOBILIERS

L’un des objectifs de cet ouvrage est de présenter l’étude du bâti et desespaces et celle des objets mobiliers selon une même logique, avec la plusgrande cohérence possible, tant dans les chapitres consacrés aux objetsd’étude et aux modes d’approche que dans celui sur la phase de documen-tation préalable. L’enquête sur les objets mobiliers exige cependantquelques précisions complémentaires.

On ne trouvera ici que les éléments essentiels, même s’ils s’ap-puient sur des exemples précis. Les caractères propres à l’étuded’un domaine particulier : sculpture, peinture, vitrail (pour lesciter par ordre d’importance quantitative d’après les chiffres issusdes bases de données) seront développés dans un volume de lamême collection55.

L’une des difficultés majeures de l’étude du mobilier tient à la très grandevariété des domaines concernés. Il est difficile, pour un chercheur, d’ac-

54. C'est au chercheur à déterminer, en fonction de l'analyse de l'édifice, et en parti-culier de sa distribution, quelle est l'emprise spatiale qui constituera l'unité derecensement. Une bonne présentation du problème est faite en particulier dansRevue de l'Art n° 65 (1984), article de Bernard SOURNIA, “Montpellier, ville et mor-phologie de la demeure urbaine : une méthode d'analyse assistée par ordinateur”;autre article de Georges COSTE et Bernard TOULIER, “La demeure urbaine : expéri-mentations et méthodes : l'exemple de Tours”. Ces derniers auteurs définissentainsi le fonds architectural (p. 89) : le fonds est un terrain d'un seul tenant abri-tant un édifice lui-même constitué d'un ou plusieurs corps de bâtiments (...). Lefonds est déclaré homogène lorsque l'espace libre et le bâti qui le composent cor-respondent à un même programme architectural.

55. Les monographies d’objets (à paraître).

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quérir le niveau de connaissances spécialisées nécessaire pour aborder,avec la meilleure justesse, l’identification, l’analyse et l’appréciationd’œuvres aussi diverses, toutes époques confondues. De plus, l’enseigne-ment universitaire des disciplines en question est davantage tourné vers lapeinture ou la sculpture que vers des domaines tels que l’orfèvrerie, lemobilier ou le vitrail. Cette étude réclame donc une excellente culturegénérale. Le chercheur devra s’appuyer sur les ouvrages de vocabulaire etde méthode publiés dans la collection Principes d’analyse scientifique, surle Thesaurus multilingue des objets religieux du culte catholique et sur leThesaurus des objets mobiliers associé au Système descriptif des objetsmobiliers56.

L’ameublement d’un édifice

On peut rappeler57 ici que la plus grande partie du mobilierétudié dans le cadre des opérations d’inventaire est le mobilierdes églises, même s’il entre dans les missions de l’Inventairegénéral du patrimoine culturel d’étudier le mobilier conservé dansles mairies, les hôpitaux, les préfectures, les tribunaux, leslycées…, voire le mobilier privé, demeures, usines par exemple.C’est pourquoi une grande partie des observations qui vont suivres’appuie sur la méthode d’analyse du mobilier religieux.

La compréhension de l’ameublement d’un édifice est fondamentale pourl’étude des œuvres. Dans un espace aussi organisé, on pourrait même direréglementé, que celui d’une église, tout a son importance, et les objets nesont jamais là par hasard.

Ils ont souvent été déplacés dans l’édifice et, comme celui-ci, ils ont subides modifications, des ajouts, des créations dont la lecture se trouve faci-litée par la connaissance de l’histoire de l’édifice et de celle de la com-mune. Ces mutations ont été déterminées par l’histoire, au sens large, etpar l’histoire de la liturgie dans le cas particulier des objets mobiliersreligieux.

Des réaménagements comme ceux-ci, visibles parce que proches de nous,se sont produits à toutes les époques, liés à des modifications des règlesliturgiques, à des périodes de prospérité ou de déclin économique, à desconflits... L’étude du mobilier permet de mesurer l’impact de ces événe-ments, parfois aussi elle permet de les relativiser. La dispersion du mobi-lier a été certes très importante après les saisies révolutionnaires, mais elleétait amorcée depuis plusieurs décennies pour nombre d’établissementsconventuels. Des reconstitutions d’ensembles peuvent se faire, au fil del’avancement des études sur les églises d’une ville ou d’un canton, commeils peuvent se faire à l’intérieur d’un même édifice.

56. Ces deux derniers publiés dans la collection Documents & méthodes.57. Voir en particulier, Ière partie, chapitre 2 : le champ de l’Inventaire.

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III. Conduite - Chapitre 3 : L’enquête

Des aménagements, conduits dans un esprit archéologique selon des lec-tures plus ou moins fondées visant à rétablir un état d’“origine” dont on nesait pas trop quelle est véritablement la référence, ont été réalisés à dif-férentes époques (ils peuvent se lire notamment dans le vitrail comme dansla peinture murale). Ils doivent faire l’objet d’une lecture critique.

Les évêques, au travers de leurs visites pastorales, s’évertuaientà rappeler les règles, parfois suivies, souvent contournées. C’estainsi que l’on peut redécouvrir des statues jugées “indécentes”parce que mutilées, cachées dans les combles, enterrées dans lescimetières, ou servant de support à une table d’autel, masquéespar un parement refait peu après le passage de l’évêque.

Le lien que l’on peut faire entre la connaissance d’un texte, l’interpréta-tion des remaniements et l’analyse critique des œuvres visant à juger deleur homogénéité est largement facilité par cette appréciation de l’ensem-ble de l’ameublement de l’édifice.

Pour le mobilier aussi, la démarche du général au particulier, le va-et-viententre la connaissance des sources et l’observation sur le terrain, se révè-lent particulièrement pertinents pour l’analyse d’une œuvre isolée et pourl’identification des ensembles.

Le recensement et l’étude du mobilier

La question doit être posée de la pertinence d’une démarche de recense-ment pour les objets mobiliers, au sens où on l’entend pour l’architecture.Celui-ci implique-t-il l’exhaustivité dans la restitution des informations ?Quelle limite chronologique doit-on lui donner et comment délimiter lescontours de l’enquête ? Peut-on imaginer des limites variables selon lescatégories d’objets ? Rappelons qu’il n’existe en théorie qu’une limitesupérieure mobile de trente ans par rapport à la date de l’enquête.

Ces questions appellent les remarques suivantes :

- il faut d’abord rappeler le principe d’exhaustivité dans la conduite del’observation : tout objet doit être examiné, tous les lieux accessi-bles doivent être visités ;

- pour les périodes récentes (2ème moitié du XIXe siècle, XXe siècle)l’importance quantitative des objets de série (chandeliers, vasesd’autel, etc.) ou des objets présentant un intérêt ethnologique plusqu’artistique (linges, mobilier des confréries, chaises et prie-Dieu,etc.) relativise l’intérêt d’un recensement exhaustif, les problèmesde gestion et de conservation ne se posant pas dans les mêmes ter-mes que dans le domaine de l’architecture.

On ne peut donc se donner pour règle l’établissement d’un recensement

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exhaustif, visant à identifier et à dénombrer tous les objets contenus dansun édifice. Il peut être cependant intéressant et légitime, du point de vuede l’étude, de tenter de le faire sur quelques édifices soigneusement choi-sis pour lesquels on aurait ainsi, à titre d’échantillon, une image complètede leur contenu, à une date précise, celle de l’enquête ; dans ce cas, lesrésultats sont versés dans la base de données Palissy, sous la forme de fi-ches minimum.

Les critères de sélection du mobilier

Aussi est-il important, à défaut de viser à l’exhaustivité, et sans parler derecensement si l’on veut garder à ce terme une signification précise, d’ou-vrir de manière plus large et plus hiérarchisée des dossiers sur les objetsmobiliers, tout en veillant, comme cela a été dit plus haut, à indiquer lescritères retenus propres à chaque aire d’étude dans le dossier de présenta-tion de l’opération.

- La sélection doit être large, de manière à couvrir le plus complète-ment le champ des typologies possibles et pour mieux répondre à laquestion des objets de série.

Il est illusoire, malgré le développement des réflexions et des ou-tils de recherche sur les recueils de modèles, d’“avoir en tête”tous les modèles possibles et de les reconnaître à coup sûr aumoment de l’enquête. Ils ne peuvent donc pas a priori servir d’ins-truments de sélection fiable, même s’ils doivent être connus aupréalable et consultés a posteriori, au retour du terrain, aumoment de l’établissement du dossier définitif.

- La collecte d’informations sur le terrain et la restitution des donnéesdoit être fortement hiérarchisée en deux catégories : l’une corres-pondant aux œuvres “à signaler” pour lesquelles on développera lesnotices les plus complètes possibles, établissant ainsi de véritablesdossiers d’étude, l’autre pour lesquelles on notera les données mini-males indiquées ci-dessous.

Cette façon de procéder permet de consacrer plus de temps à la réalisationd’études sur les œuvres importantes par une sélection plus stricte tant auniveau du terrain (collecte de données descriptives, mise en œuvre demoyens photographiques importants), qu’au niveau des recherches à pour-suivre pour achever l’étude.

Elle permet aussi de prendre en compte un nombre plus important d’objetssur lesquels sont collectées de manière systématique des données som-maires : on retrouve là l’un des principes du recensement. Les informationsjusqu’alors gérées dans la “liste supplémentaire” et dans le dossier som-maire objets mobiliers sont ainsi beaucoup mieux notées et exploitables.Les difficultés de l’identification des objets de série sont ainsi minimisées,ainsi que les erreurs d’appréciation qui pouvaient entraîner la mise à l’é-cart d’œuvres dont on n’avait pas mesuré l’intérêt au moment de l’en-

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III. Conduite - Chapitre 3 : L’enquête

quête.

Il en ressort un mode d’appréciation des critères de “sélection” du mobi-lier. Rareté des fonctions, des matériaux, présence d’une signature oud’une date, faisant de l’objet un élément de référence pour l’étuded’autres œuvres plus que pour son intérêt propre, seront largement prisesen compte par une démarche de sélection ouverte, comprenant les don-nées minimales que l’on trouvera décrites ci-dessous. L’évaluation de cesdifférents critères ne doit pas oblitérer une appréciation qualitative desœuvres, qui est certes fonction de la culture personnelle de chaque enquê-teur, mais qui est essentielle pour la conduite d’une étude développée dansun contexte qui reste prioritairement celui de l’histoire de l’art.

Devront donc faire l’objet d’une notice développée, c’est-à-dire d’uneétude, les œuvres mentionnées comme “à signaler”. La plupart des œuvresclassées au titre de la loi sur les Monuments historiques sont concernées parces études.

Les données minimales sur le mobilier

Comme pour l’architecture, les données minimales sont celles de la dési-gnation (en y incluant le titre iconographique, essentiel pour l’identifica-tion), de la localisation, de la datation et de l’attribution de l’œuvre.

Pour la localisation, on suggérera, sans en faire pour autant une obligation,d’associer la liste des œuvres à un relevé schématique de l’édifice (à l’ex-ception du contenu des sacristies : pièces d’orfèvrerie, etc.) Cettedémarche permet de communiquer la position des œuvres au moment del’enquête (malgré la mobilité relative des objets, chacun connaît l’impor-tance symbolique de l’orientation et de la position des œuvres dans un édi-fice religieux), prépare l’insertion des objets mobiliers dans les SIG58 etpermet de concrétiser la compréhension que l’enquêteur a de l’ameuble-ment de l’édifice (voir ci-dessus).

On y ajoutera, dans toute la mesure du possible, le matériau principal etune dimension, même prise de manière approximative, car le format esttrès important pour l’identification de l’objet.

Le contenu du dossier présentation du mobilier

Ce dossier sert d’introduction et de présentation de l’étude des œuvrescontenues dans un édifice. Il comporte une synthèse rapide permettant defaire ressortir les grandes étapes de l’ameublement, du point de vuechronologique et qualitatif, en liaison avec l’histoire de l’édifice59. Lesdonnées minimales de l’enquête pourront être présentées sous la forme

58. Voir le cédérom de La Rochelle.59. Voir l’inventaire préliminaire de Bretagne.

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d’un tableau synthétique avec son illustration associée, s’il y a lieu, au planschématique de position des objets dans l’édifice.

La collecte des données techniques

L’Inventaire général du patrimoine culturel, grâce au développement desvocabulaires techniques, a construit un important système de nomencla-ture et de référence pour l’analyse des techniques. La connaissance de toutl’éventail de l’art de construire des assemblages, de travailler les métaux,de peindre sur verre ou de modeler la terre est essentielle à la compréhen-sion des processus de création d’une œuvre. Certaines techniques permet-tent de dater ou d’identifier des restaurations. Elles doivent aussi, commeles caractères plastiques ou formels, être analysées dans la démarche d’ap-préciation qualitative des œuvres.

L’identification des techniques doit toutefois faire l’objet d’une démarchecritique.

La connaissance de la nature des supports ou de la couleur descouches préparatoires en peinture constituent un indice, pas for-cément une preuve. Courbet, par exemple, achetait parfois destoiles anciennes sur lesquelles il peignait ses propres œuvres, cequi lui évitait un fastidieux travail de préparation...

Autant il est indispensable, pour guider l’observation, de disposer d’unvocabulaire qui définit l’ensemble des techniques possibles pour les dif-férentes catégories de matériaux, selon une démarche hiérarchisée, lesplus banales comme les plus exceptionnelles, autant il apparaît vain des’astreindre à les noter de manière systématique.

Le jaune d’argent sur le vitrail peut être intéressant à signaler surles œuvres du début du XIVe siècle ou lorsqu’il est utilisé demanière exclusive sur du verre blanc, en association avec de lagrisaille. Sa notation systématique, sans commentaire, neprésente que peu d’intérêt.

Seule, peut-être, l’indication des moulurations à grand cadre estintéressante à noter de manière systématique, même s’il estimportant de connaître, pour le mobilier, l’ensemble des tech-niques d’assemblage possibles entre un cadre et un panneau.

Enfin, certaines techniques sont tellement complexes (notamment dans ledomaine du textile) qu’elles exigent un niveau de spécialisation que la plu-part des chercheurs n’ont pas le temps ni la possibilité d’acquérir. D’autresenfin supposent la mise en œuvre de moyens techniques importants, qui nepeuvent être employés qu’à l’occasion de restaurations (en peinturemurale par exemple). C’est pourquoi on recommandera, dans ce domaineparticulier de la description, d’adopter une démarche prudente, et de don-ner les seules précisions qui paraissent utiles, dans le commentaire, sans selancer dans une démarche d’indexation systématique, sujette aux oublis etaux erreurs.

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III. Conduite - Chapitre 3 : L’enquête

Une démarche aussi systématique n’est pas justifiée sur des cor-pus hétérogènes et n’apporte probablement pas de résultats si-gnificatifs au plan national. Elle pourrait en revanche donnerd’excellents résultats sur un corpus réduit, dans le cadre d’uneétude circonstanciée conduite par un chercheur qui construit deshypothèses sur un sujet donné, et qui veut en vérifier la validité.Il faut ici encore rappeler la distinction entre une base de donnéesà vocation documentaire et une base de données à vocation sta-tistique.

Le traitement des données sur l’iconographie des œuvres

La même réflexion peut être conduite au sujet des données icono-graphiques. Le contenu des représentations figurant sur les objets, ou par-fois sur le décor d’architecture, ne peut conduire dans le cadre d’un inven-taire topographique à une analyse approfondie, sauf dans le cas d’uneœuvre étudiée, ni surtout à une indexation systématique, chaquechercheur étant susceptible d’apporter sa propre interprétation.

Le principe qui préside à l’analyse iconographique est donc celui d’uneindexation sommaire, et non celui d’une indexation systématique impossi-ble, accompagnée si nécessaire des annotations de l’enquêteur visant àmettre en évidence l’essentiel - qui peut parfois relever dans ce domainedu détail. La priorité, pour rendre compte de l’iconographie, est évidem-ment de faciliter l’accès à la photographie de l’œuvre.

4. Les enquêtes thématiques

Les études nationales, notamment celles conduites dans le cadre du pro-gramme de recherche de l’Unité mixte CNRS/Inventaire général du patri-moine culturel60, bien que thématiques puisqu’elles concernent le vitrail,l’orfèvrerie, le patrimoine industriel, etc. progressent selon une logiquetopographique. La nature des corpus concernés, larges (l’orfèvrerie engénéral), ou étroits (le vitrail ancien et une sélection de verrières du XIXeet du XXe siècle) a également une incidence sur le cadre topographique del’enquête. L’étude de la villégiature a naturellement été conduite en prio-rité sur les zones côtières, de surcroît les plus menacées par la pression fon-cière ; l’étude de l’orfèvrerie suit le découpage des généralités de l’AncienRégime ; l’inventaire du patrimoine industriel est réalisé et publié selonune approche départementale.

Ces études aboutissent à des monographies, semblables à celles réaliséesdans le cadre des inventaires topographiques et à des publications de ca-talogues d’œuvres, de poinçons dans le cadre de l’orfèvrerie, et de syn-thèses.

60. Voir Ière partie, chapitre 3 : le principe topographique.

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Toutes ces informations trouvent leur place dans la documentation, sous laforme de dossiers documentaires et de notices d’œuvres versées dans lesbases de données nationales et de notices d’artistes qui viennent enrichirles différents fichiers numériques ou manuels indispensables à la recher-che ; des synthèses viennent nourrir les dossiers de présentation de cesthématiques, ouverts à l’échelle territoriale la plus adaptée.

D’autres dossiers thématiques circonstanciés, en ce sens qu’ils procèdentd’un choix argumenté et qu’ils ne peuvent être multipliés à l’infini aurisque de détourner la recherche de l’avancement topographique, peuventêtre ouverts et contenir, comme les dossiers correspondant aux théma-tiques nationales, des synthèses, des illustrations, des cartes, une biblio-graphie, etc. Ils peuvent concerner l’étude d’une production artistique,l’étude des œuvres liées à une activité, à une période, etc. et être égale-ment ouverts à l’échelle territoriale la plus adaptée (pays, département,région, inter-région, etc.)

On veillera toutefois à ne pas aller trop loin dans l’ouverture desnotices d’œuvres situées à l’extérieur de la région qui conduit l’é-tude thématique, parfois même conservées à l’étranger. Leur con-naissance est utile à la réalisation des synthèses dans le dossier degénéralités thématiques, leur présence dans les catalogues pu-bliés tout à fait justifiée, mais leur gestion documentaire risqued’être extrêmement lourde. On se contentera donc de les listerdans le dossier de présentation de l’opération, et d’y consignerbibliographie et illustrations éventuelles.

5. Un cas particulier : l’étude des réseaux

Les réseaux posent un problème particulier par rapport au cadre habitueldes enquêtes topographiques. Ils ne sont en effet, la plupart du temps,appréhendés que par tronçons au gré des délimitations d’aires d’étude, cequi implique notamment de multiples “notices de renvoi”.

C’est sans doute la raison pour laquelle lignes de chemin de fer,canaux, aqueducs, etc. n’ont commencé que tardivement à êtreétudiés, alors même que, tout comme les parties constituantesd’un édifice, les ouvrages d’art, gares, maisons de garde-barrièren’expriment pleinement leur fonction que dans le réseau auquelils appartiennent.

Aussi l’étude des réseaux rend-elle particulièrement légitime, selon le cas,l’ouverture d’un dossier d’ensemble ou celle d’une thématique régionale.A défaut, dès qu’une aire d’étude présente pour la première fois au niveaurégional une portion de réseau, il est bon d’ouvrir un dossier où serontrassemblées les connaissances historiques générales sur ce réseau, aprèss’être assuré qu’une notice n’a pas déjà été ouverte par le Service régio-

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III. Conduite - Chapitre 3 : L’enquête

nal d’Inventaire d’une région voisine sur celui-ci : on ne fait alors qu’unenotice de renvoi61. La création pour un réseau d’une notice d’ensemble àl’échelle administrative la plus grande possible permet d’y rattacherensuite tous les ouvrages d’art et édifices liés à son existence et rencon-trés sur les aires d’étude successives.

6. La commande de l’illustration photographiqueet graphique

Nous savons l’importance de l’image, vecteur essentiel de la connaissancedes œuvres, et souvent devenue le premier moyen de communiquer l’iden-tité du patrimoine. Le chercheur, dans sa quête d’information préalablecomme dans l’analyse qu’il fait sur l’objet lors de son recensement ou deson étude, doit concevoir le mode de représentation de l’œuvre le plus àmême de lui assurer à la fois une image digne de sa qualité, et un ensem-ble d’illustrations cohérent avec le discours qu’il construira sur elle.

Dans tous les cas, le chercheur doit établir, le plus tôt possible, un dialogueavec les techniciens photographes et dessinateurs pour convenir des qua-lités essentielles de l’objet à illustrer, préciser ce qu’il attend de l’imagepar rapport à la notice ou au dossier d’étude à constituer.

Sans revenir sur la multiplicité des moyens de représentation utilisablesdepuis la photographie jusqu’aux relevés sous toutes leurs formes, il con-vient de bien adapter la conduite de l’illustration au type d’enquête, autype d’œuvre à représenter et à l’usage, si possible le plus large, qu’onattendra de la collection de phototypes ou de relevés qui, une fois con-servés, garantiront une mémoire visuelle de l’œuvre.

Dans le cadre d’un recensement, le programme de l’illustration reste li-mité, mais son rôle est essentiel pour donner, en une ou quelques vues, lemaximum d’informations qui complétera souvent une fiche sommaire. Parle schéma, la photographie de reportage, on se contentera sur la grandemajorité des objets d’une simple image photographique, en exigeant toute-fois qu’elle soit conservée et indexée. Elle sera réalisée au moment mêmede l’enquête, par le photographe accompagnant le chercheur, ou par cedernier s’il en a les compétences minimum et dispose d’un équipementadapté. Le chercheur aura souvent en charge de reporter les recensementssur les fonds cartographiques et de prendre le minimum d’indications sché-matiques : position et identification des bâtiments sur un plan masse,localisation des objets mobiliers ou du décor dans un édifice.

Dans le cadre d’une étude, pour la constitution d’un dossier complet

61. Voir le Système descriptif de l’architecture.

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d’analyse ou dans la perspective d’une publication, le dialogue doit avoirlieu, autant que possible, entre le chercheur, le photographe et le dessina-teur au contact même de l’œuvre sur le terrain. Cet échange doit permet-tre de faire ressortir les caractéristiques de l’œuvre en tenant compte despossibilités matérielles liées au terrain, du temps dont on dispose, et desoutils techniques utilisables.

La photographie

La photographie est le support essentiel de restitution et peut être utiliséeselon une très large gamme de techniques, depuis la photographie derepérage utilisant les appareils numériques ou de petit format conçus pourle grand public, jusqu’à l’usage très professionnel d’appareils de grand for-mat et de chambres photographiques pour les œuvres de plus grand intérêt.Malgré le développement des techniques photographiques à l’usage dugrand public, les prises de vue de qualité ne sont pas à la portée de chacunet ne peuvent être assurées que par des photographes professionnels.Nombre de prises de vue nécessitent la mise en place d’éclairage et l’usaged’un matériel spécialisé.

En outre, la photographie n’est pas seulement une affaire de prise de vue.Doivent suivre également tous les procédés de traitement de l’image pourl’adapter aux multiples utilisations que l’on est susceptible d’en faire,notamment les photographies de publication, et toute la chaîne d’indexa-tion, traitement et archivage des supports. Le soin apporté à ces opérationslors de la mise en place des laboratoires photographiques a permis àl’Inventaire général du patrimoine culturel de constituer des fonds de pre-mière importance sur le territoire national.

Le numérique ne multiplie pas les tâches, ni ne les modifie - letraitement technique est différent, mais il n’y a pas gain detemps.

Pour la photographie, on sait l’immense disparité des images possibles,depuis la photographie aérienne d’une agglomération jusqu’à la macropho-tographie d’un poinçon, depuis l’image prise avec un appareil numériqueconçu pour le grand public jusqu’au phototype 13x18 à la chambre. Si lacampagne photographique peut être développée, et en s’interdisant demultiplier des prises de vue qui se doubleraient, on essaiera de veiller à ceque les images aillent du général au particulier, à ce que les couverturesphotographiques soient cohérentes pour garantir une meilleure lisibilité dureportage, à ce que la couleur soit largement employée au moins dans tousles cas où l’œuvre est manifestement polychromée... On veillera égale-ment à équilibrer des photographies documentaires, très lisibles, avecd’autres photographies mettant en valeur le cadre de l’œuvre. L’usageraisonné de fonds neutres pour les objets mobiliers peut améliorer la com-préhension de l’œuvre et la qualité de la photographie. Dans tous les cas,on s’assurera de disposer d’une image significative pour chaque œuvreétudiée, cette vue servira de vignette accompagnant la notice des basesMérimée et Palissy.

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III. Conduite - Chapitre 3 : L’enquête

Le chercheur et le photographe doivent constamment convenir du meilleurchoix à faire pour chaque prise de vue sachant que le chercheur doitexprimer sa demande d’information visible sur la photo, mais que le pho-tographe est, dans tous les cas, le spécialiste de l’image, et qu’il lui assu-rera toute sa compétence et en gardera la propriété artistique. Si la prisede vue ne peut avoir lieu au moment même du recensement ou au cours del’étude sur le terrain, le chercheur doit établir une fiche mission photoaussi précise que possible mais cette solution ne doit pas empêcher lescompétences croisées du chercheur à l’origine de la commande et celui duphotographe. Au-delà des problèmes techniques de la prise de vue et destraitements jusqu’à la numérisation qui ne relèvent que des photographes,le chercheur aura soin de vérifier que l’illustration photographique corres-pond bien au programme établi.

Le relevé

Pour les relevés graphiques, la même attitude doit être adoptée. La diver-sité des moyens techniques est aussi large que pour la photographie et lesdélais de réalisation et de restitution des relevés étant généralement beau-coup plus longs, le dialogue entre le chercheur et le dessinateur doits’établir dans la durée. Depuis la simple constitution d’un schéma, quipourra être fait par le chercheur mais nécessitera cependant un minimumde mise au net pour être conservé, jusqu’à l’établissement d’un relevémétré ou photogrammétrique, manuel ou régulier qu’il faudra concevoir,puis programmer et que le dessinateur mettra plusieurs semaines à réali-ser, la commande doit être soigneusement réfléchie. Enfin, le dessinateurdevra expliciter sa propre lecture au chercheur.

Dans tous les cas, un minimum de représentation graphique est indispensa-ble, même s’il ne s’agit que d’un extrait de cadastre annoté. Mais pour l’é-tude de l’architecture, l’apport du relevé graphique est essentiel, tantpour conduire l’analyse que pour la restitution. Un relevé topométrique enplan indiquera souvent des ruptures de parti, des formes plus ou moins par-faites indécelables à l’œil. Les relevés, coupes et élévations, mettront enévidence les équilibres, les rapports de masses et de volumes, et les élé-ments de structure sans lesquels aucune analyse architectonique ne peutêtre proposée. Les élévations en pierre à pierre sont indispensables à unelecture archéologique en élévation, notamment, sur certains édificesanciens ou non documentés. Enfin la représentation en trois dimensionspermet d’adapter à différents usages une restitution volumétrique desespaces et des structures, pour les spécialistes comme pour le public.

Toutes ces mises en œuvre sont coûteuses et prennent du temps : ellesdoivent être adaptées aux conditions de l’étude. Il n’est pas justifié decommander des prises de vue puis des restitutions photogrammétriques sicelles-ci ne nourrissent pas, au départ, pendant leur mise en œuvre et aumoment de rédaction du document final, une problématique qui peut êtremultiple, mais qui relève de la responsabilité du chercheur.

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Il en va de même pour l’établissement de la carte de localisation des objetsdu recensement et de l’étude. Que celle-ci soit établie selon les techniquestraditionnelles ou par l’utilisation d’un SIG, elle ne peut se mettre enplace, qu’il s’agisse d’analyse spatiale de données ou de simple report deréférences documentaires sur des outils de gestion, sans s’inscrire précisé-ment dans des programmes bien définis, carte du patrimoine, cartographiedes dossiers d’étude, ou carte de restitution spécialisée (secteurs sauve-gardés) et résulter d’une étroite collaboration entre chercheurs et car-tographes.

L’image photographique ou graphique commandée par le chercheur doitêtre conservée et diffusée dans les meilleures conditions. Ceci implique ànouveau le chercheur dans l’établissement de l’indexation sur la baseIllustration et sa validation avant l’intégration des données dans la baseMémoire. La légende de l’image, la référence aux documents reproduits, lechoix des termes d’indexation, la qualification des types de cadrage, l’o-rientation des vues, l’ordre de présentation des images, le tout bien pré-cisé tant pour la photo que pour les relevés graphiques dans le Systèmedescriptif de l’illustration, est de sa responsabilité.

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III. Conduite - Chapitre 3 : L’enquête

CHAPITRE 4 : RESTITUTION ET VALORISATION DES

RÉSULTATS

1. Le système national d’information documentaire

2. La valorisation des résultats

3. L’exploitation de la recherche

4. La question de l’évaluation des œuvres

5. La question de la mise à jour

Un large éventail de possibilités de restitution s’offre à ceux qui ont com-mandé, réalisé et accompagné l’inventaire : toutes ne pourront, à chaquefois, être mises en œuvre, mais au moins le versement dans le systèmenational d’information documentaire doit-il être assuré. La restitution desdonnées et la valorisation des résultats sont prévues dans le cahier desclauses scientifiques et techniques. D’autres actions de diffusion pourrontêtre initiées en fonction des objectifs poursuivis et des moyens disponibles: expositions, publications d’ouvrages imprimés ou en ligne, exploitationdes résultats dans des buts de recherche scientifique, de gestion du terri-toire étudié, d’actions pédagogiques ou de valorisation touristique.

La publication des résultats par la mise en forme de produits de diffusiondiversifiés : dossiers documentaires, bases de données, ouvrages et arti-cles... en permet la diffusion et la valorisation auprès du public. Elle serale point de départ d’un processus d’enrichissement :

- en nourrissant les travaux d’autres chercheurs,

- en servant de base à un approfondissement dans une phaseéventuelle d’étude complémentaire.

La publication assure en outre la pérennité, l’interopérabilité et l’accès àtous les publics des informations regroupées, pour l’ensemble du territoire,dans un système national d’information documentaire relié à des serveursde données.

La publication en ligne des résultats (par les bases de données etpar le dossier numérique) facilite les traitements automatisés àdes fins de recherche et la réutilisation ultérieure des résultats :leur enrichissement, leur mise à jour sont facilités et peuventdonner lieu à une nouvelle publication actualisée des données.

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III. Conduite - Chapitre 4 : Restitution et valorisation des résultats

1. Le système national d’information documentaire

Le produit de publication de base est le dossier documentaire. Il est mis enforme pour être archivé et diffusé. L’accessibilité aux dossiers est garantiepar la réalisation d’outils d’indexation et de stockage de métadonnées.

Les dossiers documentaires

La documentation réunie pendant l’enquête est assemblée dans desdossiers dont le contenu est normalisé. Ces dossiers sont réalisés soit sousforme papier et doivent alors être numérisés, soit directement produitssous forme numérique et portés par des serveurs de données.

L’assemblage de la documentation dans le dossier

La documentation sur papier est mise en forme dans des dossiers constituésde feuillets au format A4, et assemblée dans des classeurs portant au dosle nom de la commune ou de l’aire d’étude et un numéro d’ordre. Lesdossiers y sont rangés selon un ordre précis62, faisant intervenir à la fois lalocalisation et la désignation de l’œuvre.

Le dossier électronique est constitué par l’assemblage de la documentationdans un format textuel balisé, le standard XML, selon une structuration nor-malisée respectant le schéma de données national. Il permet d’assemblerentre eux les fichiers de textes et d’images dans un dossier documentairestructuré et normalisé de façon pérenne. L’existence d’un dossier entière-ment numérique permet de multiplier les traitements automatisés de l’in-formation, notamment via son intégration dans les systèmes d’informationgéographique. Contrairement au dossier sur papier, dont la présentation estrelativement figée lors de l’assemblage, le dossier électronique ne contientpas d’indication de mise en forme : la particularité du XML est en effet dedistinguer la codification de l’information et sa restitution. L’assemblagedu dossier électronique se fait donc indépendamment de tout mode derestitution.

Le dossier électronique est issu d’un programme de recherche ini-tié en 1995 avec l’INRIA et la mission de la Recherche et de laTechnologie. Expérimenté d’abord en Poitou-Charentes, avec laproduction de dossiers sur la ville de La Rochelle, réunis dans uncédérom de vulgarisation en 1998, il est opérationnel depuis 1998en Bretagne, grâce aux moyens mis en œuvre dans le cadre de laconvention signée avec le département d’Ille-et-Vilaine pour laréalisation d’un inventaire de son patrimoine, dit “inventairepréliminaire”. Il sert de support à l’inventaire de la ville de Lyonet est aujourd’hui utilisé dans d’autres régions.

62. Voir Ière partie, chapitre 3 : une entreprise de description.

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La conservation des dossiers

La pérennisation passe par la mise en place d’une conservation physiquedes documents sur support papier ou numérique et par une indexation deces documents dans un système documentaire permettant de les retrouver.Les dossiers numériques (fichiers XML) doivent être pris en charge par unestructure d’exploitation informatique assurant sauvegardes régulières etmaintenance. L’ensemble des dossiers est indexé dans les répertoiresnationaux que constituent les bases Mérimée et Palissy.

La diffusion des dossiers

Les dossiers papier originaux sont conservés dans les services chargés del’inventaire général du patrimoine culturel dans les Régions et sont commu-nicables au public. Ils peuvent être dupliqués pour être déposés égalementauprès des partenaires d’une opération. Ces copies sont réalisées sousquelque forme que ce soit : double original, microfiches, photocopies,numérisation en mode image des pages de dossiers, lorsque le dossier n’estpas directement produit sous forme numérique.

La diffusion des dossiers numériques passe par une procédure complémen-taire permettant une restitution HTML des fichiers XML grâce à l’utilisationd’une feuille de style.

Les bases de données63 nationales Mérimée, Palissy et Mémoire

L’indexation de la documentation dans un système unique, indépendam-ment de tout support, est la première condition de sa pérennité. Les basesde données nationales sont d’abord un point d’entrée dans la documenta-tion ; elles permettent des recherches dans une base de données unique,possibles grâce à l’utilisation de systèmes descriptifs normalisés cohérents,partagés par tous et à l’utilisation d’un vocabulaire commun.

Les informations d’indexation du dossier constituent les notices des basesde données Mérimée (dossiers architecture), Palissy (dossiers objets) etMémoire (illustrations).

Les fonds photographiques et graphiques

La conservation des fonds

En raison de leur fragilité, les phototypes argentiques doivent faire l’objetd’un soin vigilant et immédiat. Dès leur réalisation, ils doivent être con-servés dans une pièce à température et hygrométrie constantes, rangésdans des tiroirs à l’intérieur de pochettes en papier neutre reproduisant lenuméro d’ordre porté par le phototype (seuls tirages et duplicatas devrontêtre fournis aux chercheurs).

63. http://www.culture.gouv.fr/

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III. Conduite - Chapitre 4 : Restitution et valorisation des résultats

Les dessins et relevés réalisés sur support papier par le ou les dessinateursdu service et les fonds de plans cadastraux surchargés pour les besoins del’enquête sont archivés dans des armoires à suspendre les plans, après avoirété reproduits pour les dossiers, selon leur format, par numérisation, parphotographie pour les premiers ou simple photocopie pour les seconds.

La pérennité des fonds photographiques et graphiques impose leur imma-triculation et leur indexation dans la base de données Illustration propre àchaque région, construite selon les prescriptions du Système descriptif del’Illustration. C’est à partir de cette base qu’est organisé le versementdans la base nationale Mémoire.

Les images numériques

Les fichiers numériques (phototypes, graphiques), qu’ils proviennent de lanumérisation de documents physiques ou qu’ils aient été produits directe-ment au format numérique, doivent être inclus dans la procédure généraled’indexation. Ils doivent faire l’objet d’un dispositif visant à assurer leurpérennité (respect du plan de nommage, sauvegardes régulières, archivagesur support optique type CD-R des versions définitives).

Afin d’assurer la sauvegarde et la mise en ligne de la documenta-tion figurée produite par les services, notamment en illustrationde Mérimée et Palissy, un vaste plan de numérisation des fondsphotographiques a été lancé en 1996. Chaque notice textuelle desbases de données devrait être illustrée par au moins une imagenumérique significative.

Au niveau national, la diffusion des images via Internet sur le serveurCulture est assurée par le versement des fichiers numériques des imagesassociés aux notices textuelles extraites des bases régionales Illustration,sur la base Mémoire, constituant ainsi un catalogue national des illustra-tions. Il permet dans le même temps, par chaînage, d’illustrer les noticesdes bases de données Mérimée et Palissy.

La communication des documents est assurée par les documentalistes,même dans le cas des cessions gratuites. Elle est toujours accompagnéed’un ordre de service précisant les conditions d’utilisation et les droits(notamment les droits d’auteur) liés à l’image.

La pérennisation de la documentation numérique

L’Etat est responsable du système national d’information documentaire quicomporte :

- la publication et la maintenance de référentiels nationaux, quiassurent la structuration des données selon des grilles et des vocabu-laires nationaux (systèmes descriptifs, schémas de données) ;

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- la consolidation de ces données dans un système d’exploitation (pourl’instant le système documentaire Mistral), dont la direction de l’ar-chitecture et du patrimoine - en liaison avec le département des sys-tèmes d’information du ministère - assure la maintenance (sauve-gardes régulières, changements de version des logiciels) et l’évolu-tion (prise en compte des évolutions des systèmes descriptifs,changement de supports logiciels et matériels, perspective de pas-sage en XML).

Les régions sont responsables de la conservation des fonds documentaires,sur support papier numérisé ou produits directement sous forme numéri-que :

- fichiers de sources, outils de recherche, fonds cartographiques, SIG,etc. ;

- produits documentaires issus des opérations d’inventaire : dossiers,fonds photographiques et graphiques, produits de diffusion multime-dia…

2. La valorisation des résultats

Les publications

Les opérations d’inventaire aboutissent fréquemment à des publications :le catalogue s’élève à près de 800 titres. Ces publications, regroupées endiverses collections nationales, sont éditées pour la majorité d’entre ellesau niveau régional, sous l’autorité scientifique du chef du service chargé del’inventaire général et pour certaines par les Editions du Patrimoine.

Chaque collection est définie par des normes établissant les contenus et leschartes graphiques et fait l’objet d’un suivi éditorial et d’un dispositif devalidation assuré par un comité de lecture national. Les titres et descrip-tifs des ouvrages figurent dans un répertoire national tenu à jour par lasous-direction chargée de l’inventaire général. De nombreuses autres col-laborations sont possibles, hors collection, avec des éditeurs publics ouprivés et la documentation de l’Inventaire est largement présente danstoutes les publications savantes ou touristiques. On trouvera plus loin64

une liste des collections dans lesquelles sont généralement publiés lestravaux de l’Inventaire. Les publications trouvent de plus en plus fréquem-ment leur équivalent électronique par l’édition de produits multimédia,notamment ceux regroupés sur le portail Culture dans la collection des“Itinéraires virtuels du patrimoine”65.

64. Voir Annexe 4.65. En ligne sur le site http://www.culture.gouv.fr > Expositions virtuelles > Itinéraires

du patrimoine.

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III. Conduite - Chapitre 4 : Restitution et valorisation des résultats

L’ atlas de l’architecture et du patrimoine

L’atlas de l’architecture et du patrimoine initié par la direction del’Architecture et du Patrimoine a pour but de présenter sous forme decartes les informations localisées produites par les différents services pa-trimoniaux dans l’exercice de leur mission respective. Cette représentationdonne les caractères du patrimoine bâti ou archéologique du territoireselon sa morphologie, son emprise au sol, son histoire et la nature de saprotection.

Les cartes produites au cours des opérations d’inventaire participent parnature à cet atlas en y prenant place en tant que telles, ou en contribuantà des cartes qui cumulent ou confrontent les données des services patrimo-niaux.

Les cartes de situation de l’aire d’étude, les cartes administratives et dedélimitation de l’aire d’étude positionnent dans le territoire national leszones qui ont fait l’objet d’enquêtes et leur addition donne un état d’avan-cement de la couverture systématique du territoire. L’unité degéoréférencement et de représentation de ces cartes est la commune.

Ce type de cartes peut également représenter l’information acquise pard’autres voies que les seules enquêtes répondant aux normes del’Inventaire : ce sont les cartes d’état de la documentation qui mettent enévidence la différence de nature de la documentation disponible. Cescartes sont un outil d’orientation dans la documentation, et constituent uninstrument de suivi et de programmation des enquêtes.

Les cartes de localisation des objets recensés, repérés ou étudiés par l’in-ventaire, dites cartes du patrimoine, relèvent à grande échelle (à l’empriseau sol) tous les points du territoire qui, du point de vue du patrimoine,méritent d’être portés à l’attention des professionnels, des amateurscomme du grand public.

Au delà de ces cartes de localisation seront produites d’autres représenta-tions cartographiques aux propos circonscrits : cartes des dénominations,des datations, des matériaux, etc. Les variations d’échelle et de symbo-lique permettent d’adapter le propos à des publics autres que les servicespatrimoniaux. Les produits en résultant iront des cartes d’itinéraires àvocation touristique ou pédagogique, jusqu’aux cartes montrant les carac-tères du domaine bâti dans la formation du territoire pour contribuer auxdébats sur les choix d’aménagement.

La “cartographie historique” (voir III.2.4) prend place dans l’atlas au mêmetitre que les autres cartes, à la différence près qu’elles ne sont rédigéesqu’à partir de sources documentaires et non de l’observation de terrain, cequi constitue une limite à leur utilisation.

l’état d’avancement de lacouverture territoriale

la localisation du patri-moine dans le territoire à

caractère patrimonial

les caractères architecturaux et historiques

du territoire

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L’Inventaire ne réalise pas de cartes de prescriptions, contrairement à cer-tains autres services patrimoniaux ; sa mission porte sur la recherchescientifique et la connaissance générale du patrimoine et l’appréciationqu’il porte sur les œuvres ne vise ni n’entraîne de mesures réglementaires.

Cependant, pour les zones couvertes, la cartographie des résultats del’Inventaire constitue un référentiel patrimonial qui, associé aux protec-tions et servitudes, aide à leur gestion et peuvent constituer un élément duporter à connaissance prévu par la loi SRU.

Article L121-2 du code de l’urbanisme : “Le préfet porte à laconnaissance des communes ou de leurs groupements compé-tents les informations nécessaires à l’exercice de leurs compé-tences en matière d’urbanisme. Tout retard ou omission dans latransmission desdites informations est sans effet sur les procé-dures engagées par les communes ou leurs groupements.

Le préfet fournit notamment les études techniques dont dis-pose l’Etat en matière de prévention des risques et de protectionde l’environnement, ainsi qu’en matière d’inventaire général dupatrimoine culturel.

Les portés à connaissance sont tenus à la disposition du public. Enoutre, tout ou partie de ces pièces peut être annexé au dossierd’enquête publique”.

Un atlas est par définition un recueil de cartes : d’une planche à l’autre,échelles et thèmes peuvent varier, la représentation passe du propos ana-lytique à la vue synthétique, le lecteur fait son choix en feuilletant le vo-lume ou en triant les planches si elles sont mobiles.

Le support numérique autorise désormais une consultation interactive desplanches de l’atlas et ouvre la voie à une navigation géographique dans lesdonnées qui multiplie les points de vue possibles sur le patrimoine. Desliens dynamiques enchaînent en effet l’affichage des différentes cartesdécrites plus haut : de la carte d’état de la documentation à la carte delocalisation par exemple, ou inversement, etc. D’autres applications gèrentles effets de zoom, affichant à la demande des vues générales comme desreprésentations détaillées, embrassant le territoire national à une extrêmeet pointant sur le plan intérieur d’un édifice - voire sur un objet qu’il con-tient - à l’autre.

Ces cartes peuvent enfin donner accès directement aux informations quiont servi à les réaliser : en interrogeant les bases de données qui décriventles objets représentés sur les cartes, en formulant des requêtes à partir dessystèmes qui gèrent ces bases de données, ce qui permet au consultant deréaliser lui-même de nouvelles cartes.

une navigation géo-graphiquedans le patri-moine du territoirenational

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III. Conduite - Chapitre 4 : Restitution et valorisation des résultats

La diffusion de la documentation de l’Inventaire au niveau régional

Les services régionaux chargés de l’inventaire général conservent l’ensem-ble de la documentation qu’ils produisent : dossiers documentaires desétudes achevées, documentation préalable, fichiers manuels, bases de don-nées et publications. Ils organisent sa diffusion en offrant à tous les publicsun appareil documentaire et les informations nécessaires à leurs recher-ches : ouvrages, périodiques, bibliographies, dossiers documentaires.

Ils mettent à la disposition du public, sous la responsabilité scientifique duchef du service chargé de l’Inventaire, les dossiers des opérations achevéesmais aussi d’autres ressources, souvent numériques qui peuvent être cons-tituées par :

- un fichier de dépouillement topographique de la bibliographie ;

- un fichier typologique et iconographique constitué à partir des œu-vres inventoriées ;

- les dossiers de documentation préalable à l’enquête ou de pré-inven-taire entrepris par des bénévoles dans un certain nombre de départe-ments dans les premières années de l’Inventaire (voir en annexe), dequalité inégale, mais donnant une information précieuse sur des édi-fices détruits ou modifiés depuis ;

- parfois aussi des collections photographiques acquises par les servi-ces régionaux (bien que ceux-ci n’aient pas, en principe, vocation àconserver une documentation qui n’aurait pas été produite par eux).

Les aspects juridiques de diffusion des données

Réalisées dans le cadre d'un service public, dont l'une des missions est defaire connaître le patrimoine, les données de l'Inventaire sont communica-bles et doivent être diffusées. Toutefois cette diffusion doit se faire en con-formité avec d'une part les règles fixant le cadre général relatif à l'accès età la diffusion des données publiques et d'autre part avec différentes dispo-sitions qui peuvent être mises en jeu lors de la diffusion des données et par-ticulièrement le code de la propriété intellectuelle.

Textes de références :

- Articles L. 111-1 à L. 123-12 du code de la propriété intel-lectuelle

- Articles L. 131-1 à L. 131-9 du code de la propriété intel-lectuelle

- Article 9 du code civil

- Loi n° 78-753 du 17 juillet 1978 portant diverses mesuresd’amélioration des relations entre l’administration et le publicet diverses dispositions d’ordre administratif, social et fiscal

- Loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux

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fichiers et aux libertés

- Décret n° 2005-1755 du 30 décembre 2002 relatif à la libertéd’accès aux documents administratifs et à la réutilisation desinformations publiques

- Circulaire du 14 février 1994 relative à la diffusion des donnéespubliques.

La démarche juridique peut être décomposée en deux étapes. Dans un pre-mier temps il est nécessaire de s'assurer de la disponibilité juridique desdonnées afin d'inventorier les données diffusables parmi les donnéesdétenues. Dans un second temps, il convient d'élaborer le cadre juridiquede leur protection.

La disponibilité juridique des données collectées

La réalisation de l'inventaire conduit tout d'abord à un travail de collecteet de traitement de nombreuses données de nature et de sources diversi-fiées. Certaines de ces données ne sont pas librement diffusables soit parcequ'elles font l'objet d'une protection juridique, qui conditionne leur diffu-sion au respect de certaines conditions, soit parce que la loi limite ou inter-dit leur communication.

Les œuvres protégées par le droit de la propriété littéraire et artis-tique

Le droit d'auteur confère à l'auteur d'une œuvre de l'esprit une propriétéprivative lui permettant de déterminer les modes et les conditions d'utili-sation de son œuvre. La protection légale a vocation à s'appliquer à touteœuvre de l'esprit dès lors qu'elle est originale et qu'elle est matérialiséedans une forme. Ce principe s'applique aux genres d'œuvres les plus variés,y compris les logiciels et les bases de données.

En revanche, la protection ne s'applique pas aux actes officiels (textes lé-gislatifs réglementaires parlementaires ou décision de jurisprudence) etaux informations brutes (non formalisées).

Cette protection confère à son titulaire deux types de prérogatives ; desdroits d'exploitation (droit de reproduction et droit de représentation quilui permettent d'autoriser les différents modes d'utilisation de son œuvre)et un droit moral dont la finalité est de protéger la personnalité de l'auteurexprimée au travers de son œuvre. A ce titre l'auteur dispose notammentd'un droit à la paternité (droit à la mention du nom) et du droit au respectde la forme et de l'esprit de son œuvre.

Les œuvres sont protégées pendant toute la vie de l'auteur et au-delà pen-dant une durée de 70 ans après la mort de celui-ci. A l'expiration de cedélai, l'œuvre tombe dans le domaine public. Son utilisation est libre sousréserve du respect du droit moral de l'auteur qui est perpétuel.

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III. Conduite - Chapitre 4 : Restitution et valorisation des résultats

Le régime de propriété intellectuelle des fonctionnaires et agents publicssur les œuvres créées dans le cadre de leurs missions a été redéfini par laloi n° 2006-961 du 1er août 2006 relative au droit d’auteur et aux droitsvoisins dans la société de l’information. En vertu des articles 31 à 33 decette loi, les fonctionnaires et agents publics jouissent désormais sur lesœuvres de l’esprit créées dans l’exercice de leurs fonctions ou d’après lesinstructions reçues “d’un droit de propriété incorporelle exclusif et oppo-sable à tous”. La loi du 1er août 2006 a ainsi renversé l’économie juridiquede l’avis OFRATEME rendu par le Conseil d’Etat le 21 novembre 1971 auxtermes duquel l’Etat et ses établissements publics avaient la qualité de ti-tulaire des droits sur les œuvres de l’esprit dont la création était l’objetmême du service dû à la collectivité par les fonctionnaires et agentspublics.

Les droits d’auteur dont peuvent se prévaloir les fonctionnaires et agentspublics sont toutefois strictement encadrés par la loi du 1er août 2006 afinde les concilier avec les nécessités du service public. Ainsi, l’article L. 121-7-1 du code de la propriété intellectuelle résultant de ladite loi encadrel’exercice des attributs du droit moral des fonctionnaires et agents publics.Ainsi, d’une part, le droit de divulgation qui permet aux auteurs de déciderdes conditions dans lesquelles leur œuvre sera livrée au public doit, pourl’agent public auteur d’une œuvre créée dans l’exercice de ses fonctionsou d’après les instructions reçues, s’exercer “dans le respect des règlesauxquelles il est soumis en sa qualité d’agent et de celles qui régissentl’organisation, le fonctionnement et l’activité de la personne publique quil’emploie”. D’autre part, l’agent public ne peut :

- “s’opposer à la modification de son œuvre décidée dans l’intérêt duservice par l’autorité investie du pouvoir hiérarchique lorsque cettemodification ne porte pas atteinte à son honneur ou sa réputation”.Le droit au respect de l’œuvre, attribut du droit moral de l’auteur,est donc en l’espèce plus restrictif.

- exercer son droit de repentir ou de retrait (droit en vertu duquel unauteur peut à tout moment faire cesser l’exploitation de leur œuvremême en cas de cession de ses droits d’exploitation) sauf accord del’autorité investie du pouvoir hiérarchique.

Par ailleurs, les articles L. 131-3-1 à L. 131-3-3 du même code résultant dela loi du 1er août 2006 encadrent l’exercice des droits patrimoniauxattachés aux œuvres créées par ces derniers.

D’une part, la loi instaure un régime de cession de plein droit au profit del’Etat du droit d’exploitation d’une œuvre créée par un agent de l’Etatdans l’exercice de ses fonctions ou d’après les instructions reçues.

D’autre part, pour l’exploitation commerciale de l’œuvre, l’Etat ne disposeenvers l’agent auteur que d’un droit de préférence (disposition non appli-cable dans le cas des activités de recherche scientifique d’un établissementpublic à caractère scientifique et technologique ou d’un établissement pub-lic à caractère scientifique, culturel et professionnel lorsque ces activitésfont l’objet d’un contrat avec une personne morale de droit privé).

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Les modalités d’application des dispositions législatives relatives au droitd’exploitation des œuvres créées par les agents publics dans l’exercice deleurs fonctions ou d’après les instructions reçues feront l’objet d’un décreten Conseil d’Etat qui définira en particulier les conditions dans lesquellesun agent public pourra être intéressé aux produits tirés de l’exploitation deson œuvre quand la personne publique qui l’emploie, cessionnaire du droitd’exploitation, a retiré un avantage d’une exploitation non commerciale oucommerciale de cette œuvre (une mise à jour sera faite après la parutionde ce décret).

De nombreuses données de l’Inventaire peuvent bénéficier de la protectiondu droit d'auteur, il en va ainsi pour les photographies, mais aussi notam-ment pour les écrits, les manuscrits, les illustrations et images, les docu-ments graphiques, les bases de données, les catalogues et notices biblio-graphiques.

La loi n° 2004-809 du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilitéslocales prévoit la cession gratuite des droits d’exploitation des données del’inventaire protégées au titre de la propriété littéraire et artistique exclu-sivement en vue de la constitution de l’inventaire et de sa mise à disposi-tion du public effectuée à titre gratuit au profit :

- de la personne publique ou privée assurant les opérations d’inven-taire (il peut s’agir de la région elle-même, d’une collectivité ou d’ungroupement de collectivités à qui la réalisation d’une opération d’in-ventaire est confiée par la région sur leur territoire ou encore d’unepersonne privée intervenant sur la base d’un marché passé avec larégion ou une autre collectivité territoriale)

- du département et de la région sur le territoire desquels portel’opération d’inventaire et de l’Etat.

Les droits d’exploitation commerciale des données de l’inventaire ne sonttoutefois pas concernés par cette cession et, sur ce point, il conviendradonc pour les œuvres dont les droits ne sont pas la propriété de l’institu-tion publique et non encore tombées dans le domaine public de solliciterl’autorisation des titulaires de droits et ce notamment dans les cas où l’œu-vre a fait l’objet d’une commande. L’autorisation, délivrée sous la formed’un contrat de cession de droits, devra préciser toutes les formes et lesmodes d’exploitation envisagés par le service.

Cette autorisation devra respecter les formes prescrites par le code de lapropriété intellectuelle. Ce dispositif impose de prévoir une clause écrite,identifiant les droits cédés ou les autorisations consenties, explicitant lesmodalités d'exploitation (procédés, supports matériels, destination) envi-sagées et précisant la durée et l'étendue géographique de la cession. Lacession peut être consentie à titre gratuit mais le principe est que larémunération de l'auteur est proportionnelle aux recettes provenant de lavente ou de l'exploitation de l'œuvre au public. La détermination d'un prixforfaitaire est toutefois autorisée notamment en raison des conditions d'ex-ploitation de l'œuvre ou dans le cas où l'utilisation de l'œuvre ne représentequ'un caractère accessoire par rapport à l'objet exploité.

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III. Conduite - Chapitre 4 : Restitution et valorisation des résultats

Il conviendra aussi d'être attentif au respect du droit moral nécessitant entoute occasion la mention du nom de l'auteur et le respect de l'intégrité del'œuvre et ce particulièrement lors des opérations de numérisation qui depar leur technicité risquent de porter atteinte à cette intégrité.

Les données protégées par le droit à l'image : l'image des personnes etl'image des biens

Le droit à l'image des personnes est un attribut de la personnalité etdécoule du principe du droit au respect de la vie privée fixé par l'article 9du code civil. Ce droit confère à toute personne le droit de disposer de sonimage et de consentir expressément à l'utilisation qui en est faite.

Ce dispositif s'applique strictement dans le cas de la prise de vue et de ladiffusion de photographie d'une personne se trouvant dans un lieu privé.Dans le cas de la prise et de la diffusion d'image dans un lieu public, lajurisprudence se montre plus tolérante au nom du droit à l'information ;cependant, il convient d’en faire une application nuancée : différents fac-teurs sont en effet pris en considération (notoriété de la personne, carac-tère essentiel ou accessoire de la personne dans la photographie).

Le droit à l'image des propriétaires du bien reproduit résulte d'une con-struction jurisprudentielle récente en vertu de laquelle il est préférable dedemander l’autorisation du propriétaire en cas d’exploitation commerciale.La prise de vue, quant à elle, n'est pas interdite tant qu'elle ne porte pasatteinte à la vie privée ou qu'elle ne constitue pas une violation de domi-cile.

L'autorisation de publier dans un cadre commercial doit être accordée parécrit, elle doit mentionner les utilisations visées et l'usage de la photogra-phie doit être conforme à l'autorisation donnée.

Les données nominatives ou personnelles

Les données personnelles définies comme celles qui permettent l'identifi-cation des personnes physiques soit directement (nom....) soit indirecte-ment (adresse, numéro de téléphone, etc.) sont protégées par la loi infor-matique et liberté du 6 janvier 1978. Cette loi n'interdit pas la diffusion desdonnées nominatives mais impose le respect de certaines obligations dontles principales sont d'effectuer préalablement à la mise en œuvre du traite-ment une déclaration auprès de la CNIL, d'obtenir l'accord des intéresséspréalablement à leur diffusion en les informant de leur possibilité d'oppo-sition et d'aménager un droit d'accès, d'opposition et de rectification despersonnes fichées.

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L'organisation de la protection juridique

Au stade de leur diffusion les données de l’Inventaire ont le plus souventfait l'objet d'un traitement valorisé techniquement (reproduction, numéri-sation) et/ou intellectuellement (rédaction de notice de commentaire).Cette valorisation peut également résulter de la restitution sous des formesdiversifiées, la publication des résultats pouvant se faire sous forme dedossiers documentaires, d'intégration ou de constitution de bases de don-nées, de site de produits multimédias, d'ouvrages, d'articles, etc.

Ce traitement valorisé des données est aussi susceptible de bénéficier dela protection du droit de la propriété intellectuelle et ce indépendammentdes œuvres intégrées et protégées, en particulier lorsque les enrichisse-ments ou apports nouveaux présenteront un caractère d'originalité. Cetteprotection juridique est importante car elle confère à son titulaire un droitprivatif lui permettant de maîtriser les conditions d'utilisation et d'exploita-tion des produits ainsi réalisés.

L'organisation de la protection juridique est donc essentielle. Dans cetteperspective, il conviendra en fonction de la définition du projet et de lafinalité de la publication de déterminer d'une part le statut juridique duproduit de restitution et la titularité des droits, et d'autre part de définirles conditions de mise à disposition et d'utilisation des données.

Le statut juridique des produits

Au regard du code de la propriété intellectuelle, différentes qualificationssont envisageables et dépendent principalement du contenu, de la dimen-sion de l'opération envisagée, du mode d'élaboration de l'œuvre et du rôledes différents intervenants pris dans le processus de création et de réalisa-tion de l'œuvre.

Le code de la propriété intellectuelle prévoit en outre des dispositions spé-ciales pour organiser la gestion des droits, il en est ainsi notamment pourle contrat de production audiovisuelle, le contrat d'édition. L'institutiond'un régime spécifique de protection pour les bases de données doit êtreparticulièrement relevé :

les bases de données sont définies comme un recueil d'œuvres, de donnéesou d'autres éléments indépendants, disposés de manière systématique ouméthodique et individuellement accessibles par des moyens électroniquesou par tout autre moyen. Depuis la loi du 1er juillet 1998, elles bénéficientde deux types de protection :

- une protection au titre du droit d'auteur portant exclusivement sur lastructure de la base, c'est-à-dire le choix ou la disposition originalede son contenu,

- une protection nouvelle et autonome portant sur le contenu de la

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III. Conduite - Chapitre 4 : Restitution et valorisation des résultats

base, dès lors que sa constitution, sa vérification, ou sa présentation,atteste d'un investissement financier matériel ou humain substantiel.Cette dernière protection est attribuée au producteur de la base con-sidéré comme toute personne ayant pris l'initiative et le risque desinvestissements correspondants à la réalisation de la base et leur con-fère un droit d'interdire l'extraction (le transfert sur un autre support)et la réutilisation (mise à disposition du public) d'une partie quanti-tativement ou qualitativement substantielle de son contenu.

De manière générale, la qualification et le régime juridique des donnéescollectées et des produits de restitution ne peuvent faire l'objet d'une qual-ification unique et d'une pré-détermination. Il convient donc de traitercette question au cas par cas en fonction des projets de restitution et depublication envisagés. A cet égard il sera essentiel de préciser le rôle d'ini-tiateur du projet, la part des différents intervenants dans la réalisation etleurs différents apports en terme de contenu financier et de travail réalisé.

La définition des conditions d'utilisation

La diffusion, et notamment la mise à disposition des données sur lesréseaux, comporte de nombreux risques d'utilisation illicite ou abusive. Demanière générale, il conviendra de veiller à la préservation des droits depropriété intellectuelle et mettre l'utilisateur en mesure d'user paisible-ment des données. A cet effet l'on pourra par exemple faire apparaître unemention précisant les noms des propriétaires et stipulant que le contenuest protégé par les dispositions du code de la propriété intellectuelle, enindiquant le cas échéant l'existence de dispositifs de protection. De mêmeil conviendra de définir les conditions de mises à disposition licitées : dif-fusion aux fins de consultation et celles interdites (le téléchargement, l'ex-traction et la réutilisation à d'autres fins (réutilisation dans une autre basede données par exemple)) et préciser les formes d'utilisation qui devrontêtre soumises à l'autorisation des titulaires de droit.

3. L’exploitation de la recherche

Les programmes de recherche

Des traitements statistiques peuvent être opérés sur les données afin d’entirer de multiples enseignements, fondés sur la fréquence de certains typesd’édifices ou d’objets, leur répartition géographique et leur évolution dansle temps. On pourra ainsi attester la présence d’un culte, l’importation dematériaux, la diffusion d’un modèle, la répartition d’un toponyme, l’évo-lution d’un site bâti, comparer les types d’habitat avec les activités et lesmodes de vie urbains ou agricoles, etc.

Les résultats des inventaires constituent des ressources inédites pour les

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chercheurs, qu’ils soient géographes, ethnologues, historiens ou historiensde l’art. Ils en tirent de nombreux sujets de travaux universitaires, soit surdes phénomènes connus (le développement des sites balnéaires, les ateliersrégionaux d’artisans) soit au contraire de phénomènes dont les enquêtesrévèlent la méconnaissance (le patrimoine industriel, la demeure urbaine).Il est indispensable, à ce niveau, que les services entretiennent des rap-ports suivis avec l’Université, les écoles d’architecture et les sociétéssavantes pour exploiter l’ensemble de ces résultats.

Les actions culturelles et pédagogiques

Une enquête est aussi l’occasion d’une information et d’une sensibilisationdes populations concernées, qui doivent être autant que possible associéesà l’opération. Avant même son début, des conférences, des articles dans lapresse locale, des réunions d’élus ou de responsables associatifs, des inter-ventions scolaires ou universitaires doivent expliquer ce qu’est l’Inventairegénéral du patrimoine culturel, à quoi il peut servir, ce qu’il peut apporter.Certaines de ces activités culturelles ou pédagogiques peuvent accompag-ner une opération tout au long de son déroulement.

C’est le cas d’établissements scolaires qui en font un projet péd-agogique, ou de certaines collectivités qui en font l’occasion d’ac-tions culturelles, par exemple le pays de Beaumont, en Dordogne,qui a fait suivre l’inventaire par un écrivain en résidence et parles dix écoles du pays.

La remise des résultats de l’opération aux responsables locaux doit êtrel’occasion de faire valoir les vertus pédagogiques des résultats desenquêtes, par des expositions, des conférences, des articles et tous autresoutils de communication.

Les exploitations au-delà de la région

La réalisation de l’inventaire général dans un cadre national, qui en permetl’accès à tous, offre la possibilité de procéder à des recherches compara-tives sur l’ensemble du territoire.

Les exploitations inter-régionales sont fréquentes, surtout lorsqu’un terri-toire - plus rarement une aire d’étude (c’est le cas de certains Parcsnaturels) - est réparti sur plusieurs régions. Les inventaires de typelinéaire, comme celui du canal du Centre ou du chemin de fer Paris - LeHavre associent plusieurs régions. De nombreux thèmes - l’architecture desreconstructions d’après-guerre, l’industrie métallurgique, etc. - doiventêtre insérés dans leur contexte inter-régional, voire international, commec’est le cas avec la Belgique pour le pays minier, ou avec l’Italie pourplusieurs thématiques (églises baroques des vallées alpestres, habitat rural,

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III. Conduite - Chapitre 4 : Restitution et valorisation des résultats

forteresses de Savoie et du Piémont, patrimoine balnéaire de la Côte d’Azurà la Riviera, etc.)

L’Inventaire et les mesures de protection

Les opérations d’inventaire sont l’occasion de faire un état des mesures deprotection concernant le patrimoine sur un territoire. Elles peuventdéboucher sur une concertation avec les services chargés de la protectiondes meubles et immeubles au titre des Monuments historiques, et des sites,accompagner des enquêtes sur des espaces à protéger. Leurs résultats peu-vent être utilisés pour la mise en place ou la révision des plans locaux d’ur-banismes (PLU), des schémas concertés d’organisation territoriale (SCOT)ou des travaux courants d’urbanisme et d’équipement : études d’impact,... Pour l’exercice de cette responsabilité, le chef du service chargé del’inventaire général siège dans les commissions régionales du patrimoine etdes sites (CRPS), des commissions départementales des objets mobiliers(CDOM) et rédige des avis motivés sur les œuvres en instance de protection(publication du décret en cours).

Ainsi, l’Inventaire peut participer à la construction d’une véritable poli-tique raisonnée de protection des œuvres, à différentes échelles, les unesd’intérêt national, d’autres d’intérêt régional, départemental, voire com-munal.

4. La question de l’évaluation des œuvres

L’une des premières applications pratiques d’un inventaire du patrimoineest de guider les mesures à prendre en matière d’urbanisme et de protec-tion des édifices et des objets. A cet effet, les utilisateurs institutionnelssouhaitent que soit affichée, édifice par édifice ou objet par objet, uneévaluation qui leur serve d’aide à la décision en matière de permis dedémolir ou de construire. Les décisions elles-mêmes n’appartiennentqu’aux élus et aux services responsables.

La doctrine ici doit être claire. Si l’Inventaire doit justifier des sélectionsqu’il opère nécessairement parmi ses objets d’étude et relever un certainnombre de critères sur chacun d’eux, ces critères doivent demeurer objec-tifs, c’est-à-dire incontestables et distincts des jugements de valeur quechacun est amené à porter sur toute œuvre. C’est ce diagnostic qui amèn-era la décision de détruire ou de conserver tel objet et c’est aux élus,éclairés par leurs services techniques, qu’il revient de trancher.

Si les chercheurs n’ont pas à se prononcer sur le sort à réserver aux œuvresqu’ils étudient, une évaluation ressort nécessairement des critères utilisésdans la procédure d’enquête. Mais il convient de bien distinguer deuxopérations intellectuellement et juridiquement distinctes :

-la collecte d’informations objectives utiles pour proposer un jugement

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de valeur,

- et ce jugement de valeur lui-même, avec les décisions qu’il peutentraîner.

Seule la première opération relève de l’Inventaire général du patrimoineculturel.

Les critères objectifs relevés ne sont certes pas neutres, ni exempts de re-lativité, mais ils répondent à des catégories vérifiables qui indiquent parexemple :

-si l’objet est exceptionnel ou rare,

-s’il est représentatif de son type,

-s’il appartient à un ensemble cohérent,

-s’il est bien conservé, transformé ou en mauvais état.

D’autres éléments figureront dans la description de l’objet (présence dedécors, matériaux), dans son attribution (à un auteur plus ou moinscélèbre), dans son historique (lieu de mémoire), qui permettront auxresponsables et aux propriétaires de décider en toute connaissance decause du sort à lui réserver.

Il faut insister sur le fait qu’une telle évaluation est éminemment sensibleaux variations d’échelle : tel édifice insignifiant peut avoir une réelleimportance dans un ensemble bâti. L’atlas de l’architecture et du patri-moine doit être soigneusement interprété en fonction des perspectives etdes contextes de proximité. Les appréciations varieront bien entendu aussiselon les circonstances. Il n’est donc pas possible, dans le contexte derecherche où se situe l’Inventaire général du patrimoine culturel, d’éva-luer l’importance accordée à une œuvre selon des paramètres aussi vari-ables dans le temps et dans l’espace.

La décomposition en phases de recensement (qui n’implique, en principe,aucun critère discriminant), de repérage et de sélection comporte en elle-même une série de jugements. Il faut les pondérer en affirmant les critèresprésidant aux repérages (voir plus haut) dont on a dit qu’ils devaient justi-fier d’une pertinence à la fois nationale et locale. Il n’empêche que lesœuvres repérées ne le sont qu’au regard des critères choisis. Quant auxœuvres sélectionnées, il faut sans cesse préciser qu’il s’agit d’une sélectionpour étude d’individus majeurs ou caractéristiques, et non d’un corpusdont l’ensemble mérite peut-être des mesures de conservation ou de pro-tection.

Le fait, par exemple, qu’une seule maison à pan de bois, parcequ’elle est la mieux conservée ou la plus caractéristique desmodes de construction anciens, soit sélectionnée pour étude, nesignifie nullement que toutes les autres maisons à pan de bois quiforment un ensemble cohérent d’une rue médiévale et qui ont été

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III. Conduite - Chapitre 4 : Restitution et valorisation des résultats

simplement “ repérées ” ou ne font l’objet que d’un dossierd’ensemble ou collectif, peuvent être détruites.

Il faut reconnaître le caractère relatif des données, hors duquel aucun tra-vail, même s’il se veut objectif, n’est concevable. Le pire serait de niertout caractère contingent présidant à l’élaboration de ce genre d’entre-prise, quel que soit son domaine scientifique. La question n’est pas tant,en histoire de l’art, de nier le caractère personnel ou provisoire du juge-ment porté sur les œuvres, que d’asseoir ces jugements sur des critèresclairement définis et exprimés.

Une analyse des critères utilisés, dans une sélection aussi large que cellede l’Inventaire, ferait sans doute apparaître des choix assez limités fondéssur des éléments très généraux et vérifiables, comme l’ancienneté, larareté, la taille ou l’importance sociale de la fonction des œuvres inven-toriées.

On ne pourra sans doute pas faire procès à l’Inventaire d’avoir éliminé desœuvres dignes d’intérêt : son problème est plutôt inverse. La démarchesystématique qui est la sienne l’oblige à intégrer des œuvres que beaucoupjugeront encore insignifiantes, voire condamnables au regard des modèlesreconnus. L’architecture vernaculaire, le patrimoine industriel, les objetsde série sont autant de “patrimoines” sur lesquels il aura attiré l’attentionet qu’il aura contribué à faire connaître et reconnaître avec l’ambitiond’être une véritable “école du regard”.

5. La question de la mise à jour des inventaires

Si la couverture du territoire national reste l’objectif premier, il est cepen-dant évident que l’inventaire n’en sera intellectuellement jamais achevé,à la fois parce que son objet d’étude n’est pas figé, et parce que le ques-tionnement auquel on le soumet évolue également.

On a évoqué dans la première partie de cet ouvrage l’évolution dupérimètre du champ d’investigation. Les enquêtes menées il y a vingt ans,considérées à l’époque comme extensives par rapport à la conceptionqu’on avait alors du patrimoine, ne satisfont plus aux attentes actuelles,encore plus exigeantes. La date limite des objets d’étude fut longtemps1850, délaissant la grande majorité des éléments du patrimoine,postérieurs à cette date. Ni le patrimoine industriel, très étudié de nosjours, ni les objets de série n’étaient pris en compte. L’habitat vernacu-laire, rural ou urbain, était pour la première fois abordé de manière systé-matique, mais trop sélective aux yeux des usagers d’aujourd’hui qui veu-lent de plus en plus souvent un recensement complet du bâti.

Bref, notre conception du patrimoine s’est élargie, ses usages se sont mul-tipliés avec les attentes du tourisme culturel et d’un aménagement du pays

152

plus respectueux du passé. Il faudra donc revenir sur les terrains déjàinventoriés. Par ailleurs, l’utilité de disposer d’un inventaire amène les col-lectivités qui en bénéficient à en envisager la mise à jour permanente, quiseule garantit son intérêt pour l’avenir.

L’Inventaire général du patrimoine culturel ne doit pas demeurer uneœuvre datée et close, comme beaucoup d’autres qui n’ont conservé queleur valeur de témoignage historique. Les techniques nouvelles - l’électro-nique et les systèmes d’information géographique - autorisent et encoura-gent cette vision d’un observatoire permanent du patrimoine, renouvelé aurythme des transformations et des mutations, intégré au cadastre. Nul nesait quelles questions les années futures feront surgir.

Une méthodologie aujourd’hui éprouvée et stabilisée permet d’assurer l’u-nité dans la diversité, de décrire, dans les mêmes termes et de manièrecomparable, des territoires très différents, selon différents rythmes et àdifférentes échelles, dans leurs constantes et leurs évolutions. La publica-tion du présent livret vise à répondre à cet enjeu.

L’idée même qu’un patrimoine puisse être vivant et non plus figé, analyséde manière explicite et non plus déterminé par une sorte d’évidence quidicterait ses choix et qu’on s’interdirait de connaître, est un progrès de laconscience, la véritable “aventure de l’esprit” qui répond, au-delà detoute méthode, au vœu de ses fondateurs.

153

III. Conduite - Chapitre 4 : Restitution et valorisation des résultats

ANNEXES

1. LOI ET DÉCRETS.......................................

2. DOCUMENTS ET PUBLICATIONS MÉTHODOLOGIQUES DE

L’INVENTAIRE GÉNÉRAL DU PATRIMOINE CULTUREL..........

3. LES DOSSIERS DE PRÉSENTATION DE L’OPÉRATION ET DE

LA COMMUNE..............................................

4. PRINCIPES DE CLASSEMENT DES DOSSIERS...............

5. GRILLES D’ANALYSE ET DONNÉES MINIMALES............

6. LES PUBLICATIONS : LES COLLECTIONS.................

7. BIBLIOGRAPHIE.........................................

8. LES INVENTAIRES AVANT L’INVENTAIRE..................

9. GLOSSAIRE.............................................

155

157

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201

209

ANNEXE 1. LOI ET DÉCRETS

J.O n° 190 du 17 août 2004 page 14545 texte n° 1

Lois

LOI n° 2004-809 du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilitéslocales (1)

NOR: INTX0300078L

L’Assemblée nationale et le Sénat ont adopté,

Vu la décision du Conseil constitutionnel n° 2004-503 DC du 12 août 2004 ;

Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :

[...]

CHAPITRE II

LE PATRIMOINE

ARTICLE 95

I. - L’inventaire général du patrimoine culturel recense, étudie et fait con-naître les éléments du patrimoine qui présentent un intérêt culturel, his-torique ou scientifique.

II. - Sans préjudice des opérations réalisées par l’Etat au plan national, larégion et la collectivité territoriale de Corse sont chargées, dans leurressort, de l’inventaire général du patrimoine culturel. Elles élaborent unrapport annuel sur les opérations qu’elles conduisent à cet effet.

Elles confient aux collectivités territoriales ou aux groupements de collec-tivités qui en font la demande la conduite, dans leur ressort, des opérationsd’inventaire général. Ces collectivités ou ces groupements concluent à ceteffet une convention avec la région ou avec la collectivité territoriale deCorse.

III. - Les opérations d’inventaire du patrimoine culturel sont soumises aucontrôle scientifique et technique de l’Etat selon des modalités fixées pardécret en Conseil d’Etat.

Les droits d’exploitation des données de l’inventaire protégées au titre de

157

Annexe 1 : Lois et décrets

la propriété littéraire et artistique sont cédés gratuitement à la personnepublique ou privée assurant les opérations d’inventaire, exclusivementpour la constitution de celui-ci et pour sa mise à disposition du publiclorsqu’elle est effectuée à titre gratuit, ainsi qu’au département, à larégion et à l’Etat pour le même usage et aux mêmes conditions.

IV. - Les services chargés des opérations d’inventaire du patrimoine culturelsont placés sous l’autorité d’un membre de l’un des corps ou cadres d’em-plois de fonctionnaires ayant vocation à exercer des missions à caractèrescientifique liées au patrimoine culturel, ou titulaire d’un diplôme figurantsur une liste définie par décret en Conseil d’Etat.

V. - Les droits et obligations résultant pour l’Etat des conventions passéesau niveau régional dans le domaine de l’inventaire du patrimoine culturelantérieurement à l’entrée en vigueur de la présente loi sont transférés auxrégions ou à la collectivité territoriale de Corse.

VI. - Le troisième alinéa de l’article L. 121-2 du code de l’urbanisme estcomplété par les mots : “, ainsi qu’en matière d’inventaire général du pa-trimoine culturel”.

ARTICLE 96

Les personnels bénéficiant, à la date de promulgation de la présente loi,d’un contrat de travail avec une association, ayant pour objet l’inventairegénéral du patrimoine culturel, peuvent être recrutés par les régions, lesdépartements, les communes et leurs établissements publics en qualitéd’agents non titulaires pour la gestion d’un service public d’inventairegénéral du patrimoine culturel. Les agents non titulaires ainsi recrutés peu-vent conserver le bénéfice des stipulations de leur contrat de travail àdurée indéterminée antérieur.

ARTICLE 97

I. - L’Etat ou le Centre des monuments nationaux transfère aux collecti-vités territoriales qui en font la demande ou à leurs groupements, sousréserve du respect des clauses des dons et legs, la propriété des immeublesclassés ou inscrits au titre du titre II du livre VI du code du patrimoine fi-gurant sur une liste établie par décret en Conseil d’Etat, ainsi que la pro-priété des objets mobiliers qu’ils renferment appartenant à l’Etat ou auCentre des monuments nationaux. Cette liste peut également prévoir letransfert d’objets mobiliers classés ou inscrits appartenant à l’Etat. Cestransferts sont effectués à titre gratuit et ne donnent lieu au paiementd’aucune indemnité, droit, taxe, salaire ou honoraires.

La demande des collectivités territoriales ou de leurs groupements doitêtre adressée au représentant de l’Etat dans la région dans les douze moisà compter de la publication du décret mentionné à l’alinéa précédent. A

158

l’appui de leur demande, les collectivités territoriales ou leurs groupe-ments communiquent un projet précisant les conditions dans lesquelleselles assureront la conservation et la mise en valeur de l’immeuble. Lereprésentant de l’Etat notifie la demande aux autres collectivités territo-riales intéressées dans le ressort desquelles se trouve l’immeuble. Au casoù, pour un même immeuble, d’autres demandes seraient présentées dansun délai de trois mois suivant la plus tardive des notifications, le représen-tant de l’Etat organise une concertation entre les candidats en vued’aboutir à la présentation d’une demande unique. A l’issue de cette con-certation, il désigne la collectivité ou le groupement de collectivités béné-ficiaire du transfert en fonction des projets présentés en vue de remplir lesmissions précisées au II.

II. - Les collectivités territoriales ou leurs groupements propriétaires d’im-meubles classés ou inscrits au titre du titre II du livre VI du code du patri-moine ont pour mission d’assurer la conservation du monument et, lorsqu’ilest ouvert au public, d’en présenter les collections, d’en développer lafréquentation et d’en favoriser la connaissance.

III. - Une convention conclue entre l’Etat ou le Centre des monumentsnationaux et la collectivité ou le groupement de collectivités bénéficiaireprocède au transfert de propriété de l’immeuble et des objets mobiliersdont elle dresse la liste. Elle transfère également les droits et obligationsattachés aux biens en cause et ceux résultant des contrats en cours. Ellefixe notamment l’utilisation prévue du monument transféré ainsi que lesconditions d’ouverture éventuelle au public et de présentation des objetsqu’il renferme. Elle établit, pour une durée qui ne peut excéder cinq ans,un programme de travaux susceptibles d’être subventionnés par l’Etat.

A compter du transfert de propriété, qui vaut transfert de service, les per-sonnels exerçant leurs fonctions dans ces immeubles et dont la conventionfixe la liste sont transférés dans les conditions prévues au chapitre II dutitre V de la présente loi.

ARTICLE 98

Afin de favoriser sur l’ensemble du territoire un meilleur accès aux œuvresd’art appartenant à l’Etat et dont les musées nationaux ont la garde, l’Etatprête aux musées de France relevant des collectivités territoriales, pourdes durées déterminées, des œuvres significatives provenant de ses collec-tions.

Une convention passée entre l’Etat et la collectivité territoriale définit lesconditions et les modalités du prêt.

Le Haut Conseil des musées de France, régulièrement informé de cetteopération, procède à son évaluation, tous les deux ans, par un rapportadressé au ministre chargé de la culture, qui en transmet les conclusions auParlement.

159

Annexe 1 : Lois et décrets

ARTICLE 99

I. - Une expérimentation est engagée dans un délai d’un an à compter del’entrée en vigueur de la présente loi, pour une durée de quatre ans, afinde permettre aux régions et, à défaut, aux départements, de gérer lescrédits budgétaires affectés à l’entretien et à la restauration desimmeubles, orgues et objets mobiliers classés ou inscrits au titre du titre IIdu livre VI du code du patrimoine n’appartenant pas à l’Etat ou à ses éta-blissements publics.

La région dispose d’un délai de six mois à compter de l’entrée en vigueurde la présente loi pour présenter sa candidature. Si la région ne s’est pasportée candidate à l’expiration de ce délai, tout département situé sur sonterritoire peut se porter candidat à l’expérimentation, à condition deprésenter sa demande dans un délai de six mois. Un décret fixe la liste descollectivités retenues.

Une convention passée entre l’Etat et la région ou, le cas échéant, ledépartement, fixe le montant des crédits d’entretien et de restaurationinclus dans l’expérimentation ainsi que leurs modalités d’emploi, de verse-ment par anticipation et de restitution. Elle prévoit, en outre, les condi-tions selon lesquelles la région ou le département est substitué à l’Etatpour les tranches non engagées des opérations de restauration en cours àla date qu’elle détermine. Elle peut fixer les modalités de consultation desassociations de défense du patrimoine et de celles représentant les proprié-taires privés lors de la préparation de la programmation des travaux sur lesimmeubles classés ou inscrits n’appartenant pas à l’Etat ou à ses établisse-ments publics.

Dans un délai de six mois avant le terme de l’expérimentation, leGouvernement présente au Parlement un rapport d’évaluation assorti desobservations des collectivités territoriales y ayant participé.

II. - Un décret en Conseil d’Etat détermine les modalités d’application duprésent article, notamment les catégories de professionnels auxquels lepropriétaire d’un immeuble classé monument historique est tenu de con-fier la maîtrise d’œuvre des travaux de restauration.

III. - Le montant annuel des crédits liés à l’expérimentation est arrêté, dansla limite des crédits ouverts par les lois de finances, dans chaque conven-tion en fonction de l’état et de l’importance du patrimoine qui en est l’ob-jet.

IV. - Dans les conditions prévues par la loi de finances, les crédits mis enœuvre par l’Etat pour la conservation du patrimoine rural non protégé sonttransférés aux départements.

160

ARTICLE 100

L’article 38 de la loi n° 2000-1208 du 13 décembre 2000 relative à la soli-darité et au renouvellement urbains est ainsi rédigé :

“Art. 38. - Les architectes des Bâtiments de France ne peuvent exerceraucune mission de conception ou de maîtrise d’œuvre à titre libéral.”

“Les dispositions de l’alinéa précédent entreront en vigueur le 1er janvier2005. Toutefois, les missions de conception ou de maîtrise d’œuvre libéraleengagées avant cette date pourront être poursuivies jusqu’au 31 décembre2007.”

161

Annexe 1 : Lois et décrets

J.O n° 170 du 23 juillet 2005 page 12024 texte n° 31

DÉCRETS, ARRÊTÉS, CIRCULAIRES

TEXTES GÉNÉRAUX

MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION

Décret n° 2005-834 du 20 juillet 2005 pris en application de l’article 95 dela loi n° 2004-809 du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilitéslocales et relatif aux services chargés des opérations d’inventaire généraldu patrimoine culturel

NOR: MCCB0500385D

Le Premier ministre,

Sur le rapport du ministre de la culture et de la communication,

Vu le code général des collectivités territoriales ;

Vu la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 modifiée portant droits et obligationsdes fonctionnaires, ensemble la loi n° 84-16 du 11 janvier 1984 modifiéeportant dispositions statutaires relatives à la fonction publique de l’Etat etla loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 modifiée portant dispositions statutairesrelatives à la fonction publique territoriale ;

Vu la loi n° 2004-809 du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabi-lités locales, notamment son article 95 ;

Vu le décret du 2 août 1960 relatif à l’homologation de diplômes délivréspar des établissements d’enseignement supérieur étrangers ;

Vu l’avis du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale en datedu 22 décembre 2004 ;

Vu l’avis du comité technique paritaire du ministère de la culture et de lacommunication en date du 21 janvier 2005 ;

Le Conseil d’Etat (section de l’intérieur) entendu,

Décrète :

ARTICLE 1

Les services chargés des opérations d’inventaire du patrimoine culturel enapplication du II de l’article 95 de la loi du 13 août 2004 susvisée sontplacés soit sous l’autorité d’un membre de l’un des corps ou cadres d’em-

162

plois de fonctionnaires ayant vocation à exercer des missions à caractèrescientifique liées au patrimoine culturel, soit sous l’autorité de personnestitulaires :

1° Du diplôme d’architecte diplômé par le Gouvernement ;

2° Ou d’un diplôme sanctionnant cinq années d’études supérieures enarchéologie, architecture, ethnologie, histoire, histoire de l’art ou géogra-phie ;

3° Ou d’un diplôme d’enseignement supérieur étranger de même niveau etdans les mêmes domaines de compétence que ceux mentionnés au 2°,homologué dans les conditions prévues par le décret du 2 août 1960 susvisé.

ARTICLE 2

Le ministre d’Etat, ministre de l’intérieur et de l’aménagement du terri-toire, et le ministre de la culture et de la communication sont chargés, cha-cun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret, qui sera pub-lié au Journal officiel de la République française.

Fait à Paris, le 20 juillet 2005.

Dominique de Villepin

Par le Premier ministre :

Le ministre de la culture et de la communication,

Renaud Donnedieu de Vabres

Le ministre d’Etat,

ministre de l’intérieur

et de l’aménagement du territoire,

Nicolas Sarkozy

163

Annexe 1 : Lois et décrets

J.O n° 170 du 23 juillet 2005 page 12024 texte n° 32

DÉCRETS, ARRÊTÉS, CIRCULAIRES

TEXTES GÉNÉRAUX

MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION

Décret n° 2005-835 du 20 juillet 2005 pris en application de l’article 95 dela loi n° 2004-809 du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilitéslocales et relatif au contrôle scientifique et technique de l’Etat en matièred’inventaire général du patrimoine culturel et au Conseil national de l’in-ventaire général du patrimoine culturel

NOR: MCCB0500386D

Le Premier ministre,

Sur le rapport du ministre de la culture et de la communication,

Vu le code général des collectivités territoriales ;

Vu la loi n° 2004-809 du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabi-lités locales, notamment son article 95 ;

Vu l’avis du comité technique paritaire de la direction de l’architecture etdu patrimoine en date du 29 novembre 2004 ;

Vu l’avis du comité technique paritaire du ministère de la culture et de lacommunication en date du 21 janvier 2005 ;

Le Conseil d’Etat (section de l’intérieur) entendu,

Décrète :

CHAPITRE IER

LE CONTRÔLE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE

ARTICLE 1

Le contrôle scientifique et technique de l’Etat sur l’inventaire général dupatrimoine culturel est destiné à garantir, sur l’ensemble du territoire, laqualité scientifique et technique des opérations d’inventaire et à en assu-rer la cohérence, la pérennité, l’interopérabilité et l’accessibilité. Il s’ex-

164

erce sur pièces et sur place.

ARTICLE 2

L’Etat définit les normes scientifiques et techniques selon lesquelles lesopérations d’inventaire général du patrimoine culturel sont conduites etveille à leur application. Ces normes portent sur les méthodes de conduitedes opérations, les vocabulaires, les schémas et formats de données.

Elles sont fixées par arrêté du ministre chargé de la culture après avis duConseil national de l’inventaire général du patrimoine culturel prévu à l’ar-ticle 6.

Elles s’appliquent à toute opération d’inventaire conduite en applicationdu II de l’article 95 de la loi du 13 août 2004 susvisée par la région ou parla collectivité territoriale de Corse ou confiée par celles-ci aux collectivitésterritoriales ou à leurs groupements qui en font la demande.

ARTICLE 3

Toute collectivité territoriale ou tout groupement de collectivités territo-riales qui conduit une opération d’inventaire général du patrimoine cultureldéfinit les objectifs de cette opération, les moyens qui lui sont affectés, lesmodalités de sa réalisation, les conditions d’exploitation et de diffusionpublique des données recueillies.

Ces objectifs, moyens et modalités sont précisés par la convention prévueau second alinéa du II de l’article 95 de la loi du 13 août 2004 susvisée,passée avec la région ou la collectivité territoriale de Corse.

Le préfet de région ou le préfet de Corse est tenu informé des conventionsainsi conclues.

ARTICLE 4

Le contrôle scientifique et technique sur les opérations d’inventaire con-duites par la région ou par la collectivité territoriale de Corse ou confiéespar celles-ci aux collectivités territoriales ou à leurs groupements est exer-cé au nom de l’Etat par le ministre chargé de la culture.

Le ministre chargé de la culture décide des missions d’inspection permet-tant de vérifier les conditions dans lesquelles les opérations d’inventaireont été conduites.

165

Annexe 1 : Lois et décrets

ARTICLE 5

Le ministre chargé de la culture et le préfet de région ou le préfet de Corsesont destinataires du rapport annuel établi en application du premier alinéadu II de l’article 95 de la loi du 13 août 2004 susvisée.

Ce rapport est inscrit à l’ordre du jour de la séance de la commissionrégionale du patrimoine et des sites et, en Corse, du conseil des sites deCorse. Il comprend :

1° Le programme scientifique des opérations, la présentation des conven-tions mentionnées à l’article 3 et les éléments statistiques nécessaires àl’établissement du rapport annuel ;

2° Les résultats des opérations d’inventaire en vue de leur intégration ausystème d’information documentaire national du patrimoine culturel auxfins de mise à disposition du public.

Le ministre transmet ce rapport au Conseil national de l’inventaire généraldu patrimoine culturel.

CHAPITRE II

LE CONSEIL NATIONAL DE L’INVENTAIRE GÉNÉRAL DU PATRIMOINE CULTUREL

ARTICLE 6

Le Conseil national de l’inventaire général du patrimoine culturel est placéauprès du ministre chargé de la culture. Il a pour mission de :

1° Donner un avis sur :

a) Les normes prévues à l’article 2 ;

b) Le programme des opérations nationales d’inventaire ;

c) Toute question relative à l’inventaire général du patrimoine culturel dontil est saisi par le ministre chargé de la culture, toute collectivité territo-riale ou tout groupement de collectivités territoriales qui conduit uneopération d’inventaire ;

d) Les documents de référence nécessaires à la conduite des opérations del’inventaire général ;

2° Evaluer :

a) Les opérations nationales d’inventaire ;

b) Les opérations d’inventaire général du patrimoine culturel, notamment

166

à partir des rapports annuels mentionnés à l’article 5 ;

c) L’état d’avancement de l’inventaire général sur le territoire national ;

3° Publier un rapport annuel de son activité.

ARTICLE 7

Le Conseil national de l’inventaire général du patrimoine culturel estprésidé par le ministre chargé de la culture et, en son absence, par le di-recteur de l’architecture et du patrimoine.

Ce conseil est composé, outre son président, de quatorze membres :

1° Quatre membres de droit :

a) Le ministre chargé de la recherche ou son représentant ;

b) Le ministre chargé de l’équipement ou son représentant ;

c) Le chef de l’inspection générale de l’architecture et du patrimoine ouson représentant ;

d) Le directeur de l’unité mixte de recherche André Chastel ou sonreprésentant ;

2° Cinq représentants des collectivités territoriales :

a) Trois représentants ou leur suppléant, désignés par l’Association desrégions de France ;

b) Un représentant ou son suppléant, désigné par l’Assemblée des départe-ments de France ;

c) Un représentant ou son suppléant, désigné par l’Association des mairesde France ;

3° Cinq personnalités qualifiées désignées en raison de leurs compétencesscientifiques :

a) Trois par le ministre chargé de la culture, dont deux agents exerçantleurs fonctions dans des services chargés de l’inventaire général du patri-moine culturel ;

b) Une par la conférence des présidents d’université ;

c) Une par l’Association des régions de France.

A l’exception des membres de droit, les membres du conseil national sontnommés pour une durée de trois ans par arrêté du ministre chargé de la cul-ture.

167

Annexe 1 : Lois et décrets

Tout membre qui perd la qualité au titre de laquelle il a été désigné estremplacé par une personne appartenant à la même catégorie pour la duréedu mandat restant à courir.

Le conseil peut entendre toute personne dont il estime utile de recueillirles observations.

ARTICLE 8

Le conseil national comprend une section scientifique ainsi composée :

1° Le directeur de l’unité mixte de recherche André Chastel ou sonreprésentant ;

2° Le chef de l’inspection générale de l’architecture et du patrimoine ouson représentant ;

3° Les deux agents exerçant leurs fonctions dans des services chargés del’inventaire général du patrimoine culturel, mentionnés au 3° de l’article7 ;

4° Deux des autres personnalités qualifiées mentionnées au 3° de l’article7, désignées par le conseil.

Le président du conseil national demande, avant leur examen par le con-seil national, un avis à la section scientifique sur les questions visées aux a,b, d du 1° de l’article 6 et au b du 2° du même article.

ARTICLE 9

Le secrétariat du conseil national est assuré par la direction de l’architec-ture et du patrimoine. Le conseil national établit son règlement intérieur.

ARTICLE 10

Le conseil national se réunit au moins une fois par an en formation plénièresur la convocation de son président qui arrête l’ordre du jour.

Le conseil national siège valablement lorsque la moitié des membres sontprésents ou représentés. Lorsque le quorum n’est pas atteint, une nouvelleconvocation est envoyée dans le délai de quinze jours aux membres du con-seil, qui siège alors valablement, quel que soit le nombre des membresprésents.

Les avis du conseil national sont adoptés à la majorité des membresprésents ou représentés. En cas de partage égal des voix, celle du président

168

est prépondérante.

ARTICLE 11

Les fonctions de membre du conseil national sont gratuites. Elles donnentlieu au remboursement de frais de mission dans les conditions fixées par laréglementation applicable aux fonctionnaires de l’Etat.

CHAPITRE III

DISPOSITIONS FINALES

ARTICLE 12

Le décret n° 85-410 du 3 avril 1985 relatif à la Commission nationale del’inventaire général des monuments et des richesses artistiques de laFrance est abrogé.

ARTICLE 13

Le ministre d’Etat, ministre de l’intérieur et de l’aménagement du terri-toire, le ministre de l’économie, des finances et de l’industrie et le mi-nistre de la culture et de la communication sont chargés, chacun en ce quile concerne, de l’exécution du présent décret, qui sera publié au Journalofficiel de la République française.

Fait à Paris, le 20 juillet 2005.

Dominique de Villepin

Par le Premier ministre :

Le ministre de la culture et de la communication,

Renaud Donnedieu de Vabres

Le ministre d’Etat,

ministre de l’intérieur

et de l’aménagement du territoire,

Nicolas Sarkozy

Le ministre de l’économie,

des finances et de l’industrie,

Thierry Breton

169

Annexe 1 : Lois et décrets

ANNEXE 2. DOCUMENTS ET PUBLICATIONS MÉTHODO-LOGIQUES DE L’INVENTAIRE GÉNÉRAL DU PATRIMOINE

CULTUREL

A - Principes d’analyse scientifique

Tapisserie, méthode et vocabulaire. Réd. Nicole Viallet. Paris : Imprimerienationale, 1971. 148 p.

Architecture, méthode et vocabulaire. Réd. Jean-Marie Pérouse deMontclos. Paris : Imprimerie nationale, 1972, rééd. 1995, 2000. 2 vol., (622p.)

La sculpture, vocabulaire et méthode. Réd. Marie-Thérèse Baudry. Paris :Imprimerie nationale, 1978, rééd. 2000. 765 p.

Objets civils domestiques, vocabulaire. Réd. Catherine Arminjon, NicoleBlondel. Paris : Imprimerie nationale, 1984. 632 p.

Le mobilier domestique, vocabulaire typologique. Réd. Nicole de Rey-niès. Paris : Imprimerie nationale, 1987. 2 vol. (1225 p.).

Le vitrail, vocabulaire typologique et technique. Réd. Nicole Blondel. Pa-ris : Imprimerie nationale, 1993, rééd. 2000. 436 p.

L’art du métal, vocabulaire technique. Réd. Catherine Arminjon, MichèleBilimoff. Paris : Editions du Patrimoine, Imprimerie nationale, 1998. 365 p.

Jardins : vocabulaire typologique et technique. Réd. Marie-Hélène Bé-netière. Paris : Editions du patrimoine, 2000. 428 p.

Céramique : vocabulaire technique. Réd. Nicole Blondel. Paris : Editionsdu patrimoine, 2001. 431 p.

Espace urbain : vocabulaire et morphologie. Réd. Bernard Gauthiez.Paris : Editions du patrimoine, 2003. 494 p.

Voitures hippomobiles. Vocabulaire typologique et technique. Réd. Jean-Louis Libourel. Paris : Editions du patrimoine. 411 p.

171

Annexe 2 : Documents et publications méthodologiques de l’inventaire général du patrimoine culturel

A paraître :

Vocabulaire de la peinture

B - Systèmes descriptifs

Système descriptif de l’architecture. Dir. Monique Chatenet, Hélène Ver-dier ; réd. Jeannette Ivain, Xavier de Massary. Paris : Editions duPatrimoine, 1999. 298 p. (Documents et Méthodes ; 5).

Système descriptif des objets mobiliers. Dir. Hélène Verdier ; réd. AlineMagnien. Paris : Editions du Patrimoine, 1999. 298 p. (Documents etMéthodes ; 6).

Système descriptif de l’illustration. Dir. Christophe Dessaux ; réd. AnnieRémy, Anne-Claire Viron-Rochet. Paris : Editions du Patrimoine, 1999. 203p. (Documents et Méthodes ; 10 ; 2e édition 2006).

C - Thesaurus

Thesaurus iconographique, système descriptif des représentations. Réd.François Garnier. Paris : Le Léopard d’Or, 1984. 239 p.

Thesaurus des objets religieux, meubles, objets, linges, vêtements etinstruments de musique du culte catholique romain. Dir. Joël Perrin, San-dra Vasco-Rocca ; réd. Hélène Verdier, Claire Constans et al. Paris : Editionsdu patrimoine, 1999. 406 p. Edition trilingue (français, anglais, italien).

Thesaurus de l’architecture. Dir. Monique Chatenet, Hélène Verdier ; réd.Jean Davoigneau, Renaud Benoit-Cattin, Xavier de Massary. Paris : Editionsdu Patrimoine, 2000. 169 p. (Documents et Méthodes ; 7) (accessible enligne)

Thesaurus des objets mobiliers. Dir. Hélène Verdier ; réd. Jean Da-voigneau, Aline Magnien. Paris : Editions du Patrimoine, 2001. 349 p.(Documents et Méthodes ; 8) (accessible en ligne)

D - Dictionnaires

Les orfèvres de Nantes. Réd. Francis Muel, Odette Riffet, VéroniqueDaboust et al. Paris : Inventaire général, ADIG, 1989. 395 p. (Cahiers de

172

l’Inventaire ; 18).66

Dictionnaire des poinçons de fabricants d’ouvrages d’or et d’argent,Paris 1798-1838. Réd. Catherine Arminjon, James Beaupuis, Michèle Bi-limoff. Paris : Imprimerie nationale, 1991. 377 p. (Cahiers de l’Inventaire ;25).

Dictionnaire des poinçons de fabricants d’ouvrages d’or et d’argent,Paris 1838-1875. Réd. Catherine Arminjon, James Beaupuis, MichèleBilimoff. Paris : Imprimerie nationale, 1994. 410 p. (Cahiers de l’Inventaire; 27).

Poinçons de fabricants d’ouvrages d’or et d’argent, Lyon 1798-1940.Réd. Maryannick Chalabi, Marie-Reine Jazé-Charvolin. Paris : Imprimerienationale, 1993. 324 p. (Cahiers du Patrimoine ; 31).

Les orfèvres de basse Bretagne. Réd. Yves-Pascal Castel, Denise Dufiez-Moirez, Jean-Jacques Rioult et al. Rennes : APIB, 1994. 508 p. (Cahiers duPatrimoine ; 37).

Les orfèvres de Douai. Réd. Nicole Cartier. Douai : Musée de Douai, 1995.351 p. (Cahiers du Patrimoine ; 42).

Les orfèvres d’Anjou et du bas Maine. Réd. Monique Jacob. Paris : Editionsdu Patrimoine, 1998. 522 p. (Cahiers du Patrimoine ; 50).

Les orfèvres de Bourgogne. Réd. Arnaud de Chassey, Elisabeth Réveillon.Paris : Editions du Patrimoine, 1999. 517 p. (Cahiers du Patrimoine ; 52).

L’orfèvrerie de Lyon et de Trévoux (XVe-XXe siècle). Réd. MaryannickChalabi, Marie-Reine Jazé-Charvolin. Paris : Editions du Patrimoine, 2000.432 p. (Cahiers du Patrimoine ; 58).

D’hommes et d’argent. Orfèvrerie de Haute-Bretagne XVe-XVIIIe s. Réd.J. J. Rioult, Sophie Vergne. Rennes : PUR, 2006 (Cahiers du patrimoine ;83).

A paraître :

Les orfèvres de Lille : 2007.

173

66. Cet ouvrage a été réédité la même année par l'Imprimerie nationale, sous le titre"Orfèvrerie nantaise", avec la même jaquette que celle alors utilisée pour la col-lection "Principes d'analyse scientifique".

Annexe 2 : Documents et publications méthodologiques de l’inventaire général du patrimoine culturel

E - Sources

Répertoire des inventaires, Limousin. Réd. J. Decanter, M.-M. Gauthier,M.-M. Erlevint. Paris : Imprimerie nationale, 1970. 36 p.

Répertoire des inventaires, Région Nord. Réd. Ghislaine Lecomte. Paris :Imprimerie nationale, 1971. 54 p.

Répertoire des inventaires, Languedoc-Roussillon. Réd. GhislaineLecomte. Paris : Imprimerie nationale, 1972. 82 p.

Répertoire des inventaires, Lorraine. Réd. Ghislaine Lecomte, MauriceNoël. Paris : Imprimerie nationale, 1973. 64 p.

Répertoire des inventaires, Haute-Normandie. Réd. Anne Bernard, ClaireEtienne-Steiner. Paris : Imprimerie nationale, 1975. 2 vol. (69, 17 p.)

Répertoire des inventaires, Poitou-Charentes. Réd. Maryannick Chalabi.Paris : Imprimerie nationale, 1975. 132 p.

Répertoire des inventaires, Auvergne. Réd. Paul-Edouard Robinne. Paris :Imprimerie nationale, 1977. 114 p.

Répertoire des inventaires, Aquitaine. Réd. Paul Roudié. Paris :Imprimerie nationale, 1978. 154 p.

Répertoire des inventaires, Bourgogne. Réd. Claudine Berger, Marie-Hé-lène Frizot. Paris : Imprimerie nationale, 1979. 134 p.

Répertoire des inventaires, Basse-Normandie. Réd. Claire Etienne-Steiner. Paris : Imprimerie nationale, 1982. 133 p.

Répertoire des inventaires, Ile-de-France. Réd. Chantal Waltisperger. Pa-ris : Imprimerie nationale, 1983. 153 p.

Répertoire des inventaires, Franche-Comté. Réd. Annick Lhomme-Poiret,Bernard Pontefract. Paris : Imprimerie nationale, 1983. 80 p.

Répertoire des inventaires, Pays de la Loire. Réd. Odette Riffet. Paris :Imprimerie nationale, 1986. 298 p.

174

Répertoire des inventaires, Champagne-Ardenne. Réd. Isabelle Balsamo.Paris : Imprimerie nationale, 1991. 128 p.

Répertoire des inventaires, Rhône-Alpes. Réd. Maryannick Chalabi,Jacqueline Bourganel, Thierry Guérin. Paris : Etudes, loisirs et patrimoine,1997. 660 p.

F - Documents et Méthodes

L’édition des textes anciens. Dir. Bernard Barbiche, Monique Chatenet ;réd. Jean-François Belhoste, Jean Delmas, Olivier Guyot-Jeannin et al.Paris : Inventaire général, ELP 1990. 128 p. (Documents et Méthodes ; 1).

Le relevé et la représentation de l’architecture. Réd. Jean-Paul Saint-Aubin. Paris : Inventaire général, ELP, 1992. 232 p. (Documents et Méthodes; 2).

Les armoiries, lecture et identification. Dir. Michel Pastoureau, MichelPopoff ; réd. Emmanuel de Boos, Monique Chatenet, Christian Davy. Paris :Inventaire général, ELP, 1994. 104 p. (Documents et Méthodes ; 3).

Les sources du patrimoine industriel. Réd. Catherine Manigand-Chaplain.Paris : Inventaire général, CILAC, 1999. 96 p. (Documents et Méthodes ; 4).

Système descriptif de l’architecture. Dir. Monique Chatenet, Hélène Ver-dier ; réd. Jeannette Ivain, Xavier de Massary. Paris : Editions duPatrimoine, 1999. 298 p. (Documents et Méthodes ; 5).

Système descriptif des objets mobiliers. Dir. Hélène Verdier ; réd. AlineMagnien. Paris : Editions du Patrimoine, 1999. 298 p. (Documents etMéthodes ; 6).

Système descriptif de l’illustration. Dir. Christophe Dessaux ; réd. AnnieRémy, Anne-Claire Viron-Rochet. Paris : Editions du Patrimoine, 1999. 203p. (Documents et Méthodes ; hors-série).

Thesaurus de l’architecture. Dir. Monique Chatenet, Hélène Verdier ; réd.Jean Davoigneau, Renaud Benoit-Cattin, Xavier de Massary. Paris : Editionsdu Patrimoine, 2000. 169 p. (Documents et Méthodes ; 7).

Thesaurus des objets mobiliers. Dir. Hélène Verdier ; réd. Jean Da-voigneau, Aline Magnien. Paris : Editions du Patrimoine, 2001. 349 p.(Documents et Méthodes ; 8) (accessible en ligne)

175

Annexe 2 : Documents et publications méthodologiques de l’inventaire général du patrimoine culturel

La monographie d’architecture, 2003, uniquement en ligne :http://www.culture.gouv.fr/culture/inventai/presenta/normes/monographie-archi.pdf

G - Livrets de prescriptions et documents méthodologiques non publiés

Livret de prescriptions techniques n° 1. Principes généraux. [Paris : In-ventaire général], mars 1971. 20 p. Rééd. 1968.

Livret de prescriptions techniques n° 2. Présentation, classement etconservation des Archives de l’Inventaire. [Paris : Inventaire général],juin 1983. 37 p.

Livret de prescriptions techniques n° 3. Nomenclature générale desmonuments et des œuvres d’art (plan de classement des archives del’Inventaire). [Paris : Inventaire général], mars 1974. 91-44-17 p.

Livret de prescriptions techniques n° 4. Documentation graphique :1ère partie : relevé et représentation de l’architecture. [Paris : Inven-taire général], juin 1988. 2 vol. (319 p.).

Livret de prescriptions techniques n° 4. Documentation graphique : 2epartie : documentation cartographique. [Texte]. Annexes. [Paris : Inven-taire général], février 1989. 2 vol. (264, 117 p.) : ill., cartes.

Prescriptions techniques pour la réalisation de l’Inventaire général desmonuments et des richesses artistiques de la France. Livret n° 5.Prescriptions relatives à l’établissement de la documentation pho-tographique. [Paris : Inventaire général], avril 1968. 13 p.

Prescriptions techniques pour la réalisation de l’Inventaire général desmonuments et des richesses artistiques de la France. Livret n° 5.Prescriptions relatives à l’établissement de la documentation pho-tographique. [Paris : Inventaire général], septembre 1969. 12 p.

Prescriptions techniques pour la réalisation de l’Inventaire général desmonuments et des richesses artistiques de la France. Livret n° 5.Prescriptions relatives à l’établissement de la documentation pho-tographique, annexe Fabrication des microformes. [Paris : Inventairegénéral], mai 1984. 8 p. + annexe.

Livret de prescriptions techniques n° 6. Répertoire des inventaires(2ème partie). [Paris : Inventaire général], mars 1970. 15 p.

176

Livret de prescriptions techniques n° 6. 1ère partie. Inventaire dessources. Dir. Pierre Marot, Marcel Baudot, Maurice Caillet. 2ème version.[Paris : Inventaire général], juillet 1973. 12 p.

Livret de prescriptions techniques n° 6. Supplément. Présentation desdocuments de la recherche historique. [Paris : Inventaire général], mars1984. 23 p.

Livret de prescriptions scientifiques. Ferronnerie - Serrurerie. Réd. Ray-mond Lecoq. [Paris : Inventaire général], [19..]. 133 p. + LIII pl.

Grilles provisoires du livret de prescriptions scientifiques. Peinture. [Pa-ris : Inventaire général], juillet 1968. 54 p. : XX pl.

[Mobilier d’église ]. [Paris : Inventaire général], [1970 ?]. [19 p.]-30-42-24p. ; Recueil factice composé à partir d’extraits de divers manuels iniden-tifiables.

Grille et vocabulaire du livret de prescriptions scientifiques. Orfèvrerie.Réd. C. Ayraud-Arminjon. [Paris : Inventaire général], juin 1970. 129 p. ;index. La couv. porte : Livret de prescriptions scientifiques Orfèvrerie.Grille et vocabulaire provisoires.

Inscriptions, marques et graffitis (sic). Projet. [Paris : Inventaire général],mai 1971. 18 p.

Les cloches. Méthode et vocabulaire. Réd. Catherine Arminjon, NicoleViallet. [Paris : Inventaire général], [1971]. 29 p. : photogr.

[Vocabulaire peinture]. [Paris : Inventaire général], [juin 1972]. 99 p. ;index.

Livret Mobilier - 1ère partie. Vocabulaire technique, des éléments,typologique et historique. Réd. Nicole de Reyniès. [Paris : Inventairegénéral], 1973, 238 p. + 68 ill.

Vocabulaire du mobilier et des objets des cultes. Culte juif. Culte ortho-doxe. Culte protestant. Réd. Catherine Arminjon, Nicole de Reyniès,Béatrice Philippe. [Paris : Inventaire général], avril 1973. IV-12-10-4 p. Lacouv. porte : Principes d’analyse scientifique. “Mobilier et objets descultes”.

Livret de prescriptions scientifiques. Instruments de musique. Les

177

Annexe 2 : Documents et publications méthodologiques de l’inventaire général du patrimoine culturel

orgues. Réd. Catherine Arminjon, Nicole Viallet-de Reyniès ; collab.Claude Noisette de Crauzat. [Paris : Inventaire général], juin 1973. 73 p. ;index.

Vocabulaire méthodique. Objets religieux. Réd. C. Arminjon, N. Blondel.[Paris : Inventaire général], janvier 1977. p. 225-298 - 9 p.

Livret Architecture : manuscrit de publication. [Paris : Inventaire gé-néral], juin 1978. 179 p. “Livret vert”.

Note méthodologique concernant la constitution des dossiers durepérage du patrimoine industriel destinés au microfichage. Dir. Clau-dine Cartier ; réd. Catherine Chaplain.[Paris : Inventaire général], octobre1988. 3 p. : ill.

L’Inventaire topographique, guide, par Claudine Cartier, CatherineChaplain, Monique Chatenet, Ghislaine Lecomte-Huberson, Yves-Jean-Riou,Hélène Verdier, 1991. 74 p., annexes.

Les publications de l’Inventaire général. Préf. Isabelle Balsamo. [Paris :Inventaire général], [1995]. 41 p.

178

ANNEXE 3. LES DOSSIERS DE PRÉSENTATION DE L’OPÉRA-TION ET DE LA COMMUNE

Eléments du dossier Présentation de l’opération

- une notice résumant le texte de présentation67 ;

- le contexte institutionnel et les partenariats ;

- un texte de présentation du territoire de l’étude ;

- les données géographiques et historiques liées à l’étude patrimonialeet permettant une compréhension du territoire ;

- le cahier des clauses scientifiques et techniques ;

- le bilan synthétique de l’opération lorsque celle-ci est achevée ;

- la documentation générale de l’aire d’étude, organisée en trois par-ties : archives, documents figurés, bibliographie ;

- la table des matières des dossiers constitués au niveau de l’aire d’é-tude : dossiers collectifs*, dossiers d’ensembles* urbains ou deréseaux débordant des limites communales, dossiers d’objetsmobiliers de statut privé ;

- une cartographie comportant obligatoirement la carte de situation etla carte administrative de délimitation de l’aire d’étude, etéventuellement une cartographie historique;

- une illustration comprenant :

1. la reproduction de cartes anciennes telles que la carte de Cassinila carte d’état-major, la carte topographique IGN récente, la cartegéologique, la reproduction de documents figurés (cartes du terri-toire, cartes postales panoramiques, etc.),

2. quelques vues de paysage (vues panoramiques, vues aériennes) oud’architecture, ainsi que, s’il y a lieu, des vues anciennes d’édi-fices ou de monuments que l’on ne peut localiser précisément, etinsuffisamment documentés pour donner lieu à un dossier.

Eléments du dossier Présentation de la commune :

(dans le cadre d’une opération topographique communaleou pluri-communale)

- une notice Mérimée résumant les caractères historiques (cadres poli-tiques et religieux) et géographiques (superficie, population) de lacommune ;

67. Dans la plupart des cas, c'est une notice Mérimée, sauf dans le cas d'une opérationétudiant exclusivement des objets mobiliers.

Annexe 3 : Les dossiers de présentationde l’opération et de la commune

179

- la table des matières des dossiers de la commune, selon l’ordreindiqué (ci-dessus), complétée, s’il y a lieu, de la liste des œuvresdisparues ou non localisées ;

- une cartographie comportant obligatoirement :

- une carte de localisation des œuvres étudiées et la carteIGN à 1/25 000e du territoire communal, sur laquellesont localisées les œuvres recensées isolées, accompa-gné du tableau de désignation de ces œuvres68,

- le schéma d’assemblage des plans de localisation àgrande échelle,

- les feuilles cadastrales (ou montages de feuilles) surlesquelles sont localisées les œuvres recensées en milieuaggloméré69, accompagnées du tableau de désignationde ces œuvres,

- éventuellement, d’autres cartes constituées à partir desinformations du recensement* : carte des ensembles*recensés (voirie, lotissements, etc.), carte des ensem-bles* et édifices sélectionnés, etc.

- le tableau, pour chaque famille d’œuvres architecturales et selonl’ordre du lexique “dénomination”, des individus recensés et dessélectionnés. Ce tableau renvoie à la carte de localisation des œuvresrecensées (voir ci-dessus). Il peut être complété par d’autrestableaux :

- la liste des dates portées, la liste des édifices portantune signature70.

180

68. Si l'on dispose d'un SIG, ce tableau est bien entendu remplacé par un fichier auquelon accède en cliquant à l'écran sur les "objets " géoréférencés.

69. Si l'on dispose d'un cadastre numérisé, toutes les œuvres, en agglomération ounon, doivent être localisées sur le fond cadastral.

70. En revanche les données autrefois tirées de l'INSEE (nombre d'immeublesantérieurs à telle ou telle date) se sont révélées à l'usage d'une interprétation déli-cate, car les catégories de l'INSEE ne sont pas celles de l'Inventaire. De plus, dansles derniers recensements, les données sur les immeubles ont disparu, ne laissantsubsister que celles sur les logements.

ANNEXE 4 : PRINCIPE DE CLASSEMENT DES DOSSIERS

Annexe 4 : Principe de classement des dossiers

181

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Légendecases en bleu : dossiers Palissycases en rose : dossiers Mériméepointillés : indiquent si plusieurs dossiers de

même nature peuvent cohabiter

182

ANNEXE 5. GRILLES D’ANALYSE ET DONNÉES MINIMALES

1. Grille d’analyse et données minimales sur l’ar-chitecture

2. Grille d’analyse et données minimales sur lesobjets mobiliers

3. Grille d’analyse et données minimales sur l’il-lustration

Les trois grilles d’analyse présentées ici en annexe correspondent à lastructure des données des notices versées dans les bases Mérimée71 pourl’architecture, Palissy72 pour les objets mobiliers et Mémoire73 pour l’il-lustration.

On y trouvera à la fois la liste complète des champs versés dans les basesde données nationales et, en caractères gras, les champs correspondantaux données minimales.

- Pour les données sur l’architecture, les données minimales sont la tra-duction dans le système documentaire national de la fiche minimaled’indexation résultant de la recommandation R(95) 3 du Conseil del’Europe, résultat de la collaboration de nombreux pays européens pourproposer des informations homogènes, permettant d’échanger et decomparer leurs informations sur le patrimoine architectural de chaquepays. Elles correspondent également aux données minimales du recense-ment, décrites dans cet ouvrage : deuxième partie, chapitre 2 : lesmodes d’approche, troisième partie, chapitre 3 : l’enquête.

- Pour les données sur les objets mobiliers, les données minimales sont latraduction dans le système documentaire national des constantesobservées dans les différentes fiches minimales d’indexation proposéesentre 1992 et 1999, ainsi que de la fiche minimale Object ID mise enœuvre par le Getty Information Institute. Elles correspondent aux don-nées minimales pour les objets mobiliers décrites dans cet ouvrage,troisième partie, chapitre 3 : l’enquête.

- Pour les données sur l’illustration, il n’existe pas à ce jour de normes ourecommandations sur les informations minimales applicables telles

183

71. Voir le Système descriptif de l'architecture, p. 263-264.72. Voir le Système descriptif des objets mobiliers, p. 328-329.73. Voir Le Système descriptif de l'illustration, p. 154-155.

Annexe 5 : Grilles d’analyse et données minimales

quelles. Les champs en caractères gras sont donc le résultat des réflex-ions menées lors de la mise en œuvre du Système descriptif de l’illus-tration. On trouvera dans ce dernier une liste plus développée corres-pondant à des champs de gestion régionale qu’il n’était pas utile defaire figurer ici puisqu’ils ne sont pas versés dans la base Mémoire.

184

1. Grille d’analyse et données minimales (en caractères gras)sur l’architecture

RÉFÉRENCES DOCUMENTAIRES

REF Référence informatiqueRENV Numéro de renvoi au domaine MH ou au domaine INVENTAIRE ARCHEO Référence dans la base PatriarcheDENQ Date de l’enquêteCOPY CopyrightDBOR Date de rédaction de la noticeNOMS Noms des rédacteurs de la notice et du dossierETUD Cadre de l’étudeDOSS Type de dossier

DÉSIGNATION

DENO DénominationGENR Genre du destinatairePDEN Précision sur la dénominationVOCA VocableAPPL Appellation et titreACTU Destinations successives et actuelleTICO Titre courantPART Parties constituantes étudiéesPARN Parties constituantes non étudiéesREFP Références des parties constituantes étudiéesCOLL Décompte des œuvres recensées

LOCALISATION

REG RégionDPT DépartementCOM CommuneINSEE Numéro INSEE de la communePLOC Précision sur la localisationAIRE Aire d’étudeCANT CantonLIEU Lieu-ditADRS AdresseEDIF Edifice de conservationREFE Référence de l’édifice de conservationCADA Référence cadastraleZONE Zone Lambert ou autresCOOR Coordonnées Lambert (ou autres) d’un point

185

Annexe 5 : Grilles d’analyse et données minimales

COORM Coordonnées Lambert (ou autres) multiplesIMPL Milieu d’implantationHYDR Cours d’eau

HISTORIQUE

SCLE Datation des campagnes principales de constructionSCLD Datation des campagnes secondaires de constructionDATE Datation en annéesJDAT Justification de la datationAUTR Auteur de l’œuvreJATT Justification de l’attributionPERS Personne(s) liée(s) à l’histoire de l’œuvreREMP RemploiDEPL Partie déplacéeHIST Commentaire historique

DESCRIPTION

MURS Matériau du gros-œuvre et mise en œuvreTOIT Matériau de la couverturePLAN Parti de planETAG Vaisseau et étageVOUT Type et nature du couvrementELEV Parti d’élévation extérieureCOUV Type de la couvertureESCA Emplacement, forme et structure de l’escalierENER Source de l’énergieVERT Couvert et découvert de jardinDESC Commentaire descriptifTECH Technique du décor des immeubles par natureREPR ReprésentationPREP Précision sur la représentationDIMS DimensionsTYPO TypologieETAT Etat de conservation

STATUT JURIDIQUE, INTÉRÊT ET PROTECTION

STAT Statut de la propriétéPSTA Précisions sur le statut de la propriété

AFFE Affectataire

PAFF Précisions sur l’affectataire

VISI Ouverture au public

PROT Nature de la protection MH

DPRO Date de la protection MH

186

PPRO Précisions sur la protection MH

APRO Nature de l’acte de protection MH

MHPP Eléments protégés MH

SITE Site, secteur ou zone de protection

INTE Intérêt de l’œuvre

REMA Eléments remarquables

OBS Observations

187

Annexe 5 : Grilles d’analyse et données minimales

2. Grille d’analyse et données minimales (en caractères gras)sur les objets mobiliers

RÉFÉRENCES DOCUMENTAIRES

REF Référence informatiqueRENV Numéro de renvoi au domaine MH ou au domaine INVENTAIREDENQ Date de l’enquêteCOPY CopyrightDBOR Date de rédaction de la noticeNOMS Noms des rédacteurs de la notice et du dossierETUD Cadre de l’étudeDOSS Type de dossier

DÉSIGNATION

DENO DénominationPDEN Précisions sur la dénominationTITR Titre iconographiqueNART Numérotation artificielleAPPL AppellationTICO Titre courantPART Parties constituantes étudiéesREFP Références des parties constituantes étudiéesPARN Parties constituantes non étudiéesPAPP Précision sur l’appartenance : désignation de l’ensemble ou de

l’œuvre

REFE Référence de l’ensemble ou de l’œuvre

LOCALISATION

REG RégionDPT DépartementCOM CommuneINSEE Numéro INSEE de la communePLOC Précisions sur la localisationAIRE Aire d’étudeCANT CantonLIEU Lieu-ditADRS Adresse ou désignation de la collection particulière EDIF Edifice de conservationREFA Référence de l’édifice de conservation dans la base

188

MériméeZONE Zone Lambert ou autresCOOR Coordonnées Lambert (ou autres) d’un pointCOORM Coordonnées Lambert (ou autres) multiplesIMPL Milieu d’implantationEMPL Emplacement de l’œuvre dans l’édificeVOLS Objet(s) volé(s)

DESCRIPTION

CATE Catégorie techniqueSTRU Structure et typologieMATR Matériaux (et techniques)DESC Commentaire descriptifREPR ReprésentationPREP Précisions sur la représentationDIMS DimensionsPDIM Précisions sur les dimensionsETAT Etat de conservationPETA Précisions sur l’état de l’œuvreINSC Marques, inscriptions, emblématique, poinçonsPINS Précisions sur les marques, inscriptions, emblématique,

poinçons

HISTORIQUE

AUTR Auteur(s) de l’œuvreAFIG Auteur(s) de la source figuréeATEL Nom de l’atelier, de la manufacture, de la fabrique ou de l’é-

colePERS Personne(s) liée(s) à l’histoire de l’œuvreEXEC Nom actuel ou historique du lieu d’exécutionORIG Origine de l’œuvre (lieu de provenance ou de destination)STAD Stade de la créationSCLE Siècle, partie de siècle ou époqueDATE Datation en annéesHIST Commentaire historique

STATUT JURIDIQUE, INTÉRÊT ET PROTECTION

STAT Statut de la propriétéPROT Nature de la protection MHDPRO Date de la protection MHPPRO Précisions sur la protection MHINTE Intérêt de l’œuvreOBS Commentaire sur l’intérêt de l’œuvre

189

Annexe 5 : Grilles d’analyse et données minimales

3. Grille d’analyse et données minimales (en caractères gras)sur l’illustration

RÉFÉRENCEMENT DU SUPPORT

REF Référence automatiqueEMET Code du service procédant au versement dans la base

nationale MémoireTYPDOC Type du document analyséANN Année d’enregistrement du phototype ou du document

graphiqueDPT Département où est située l’œuvre représentéeNUM Numéro séquentiel du phototype ou du document graphiqueFOR Format du phototype ou du document graphiqueTYP Typologie du phototypeCOULEUR CouleurNUMI Identifiant du phototype ou du document graphiqueECH Echelle du document graphiqueTRL Technique de relevé du document graphiqueDATPV Année de prise de vue du phototype ou d’établissement du

document graphiqueAUT Auteur du phototype ou du document graphiqueCOPY Titulaire des droits d’exploitation du document pho-

tographique ou graphiqueDIFF Autorisations de diffusion

RÉFÉRENCEMENT DU SUJET REPRÉSENTÉ

COM Commune de l’œuvre représentéeLIEU Lieu-dit ou secteur urbainADRS AdresseDENO Dénomination de l’édifice, de l’ensemble bâti, de l’objet ou

du décorTICO Titre courant de l’édifice, de l’ensemble bâti, de l’objet ou

du décorEDIF Edifice de conservationLBASE Identifiant Mérimée et/ou PalissySUJET Sujet de l’illustrationAUTR Auteur de l’œuvre représentéeLEG Légende du document

RÉFÉRENCEMENT DE LA SOURCE DU DOCUMENT REPRODUIT

AUTOR Auteur du document reproduitDOC Précisions sur le document reproduitTIREDE Référence bibliographique de l’ouvrage dont est tiré le docu-

ment reproduitLIEUCOR Lieu de conservation du document reproduitCOTECOR Cote de conservation du document reproduit

190

CHAMPS POUR L’EXPLOITATION NUMÉRIQUE DES IMAGES

SENS Orientation du phototype ou du graphiqueMARQ Marquage des images privilégiées

191

Annexe 6 : Les publications : les collections

192

ANNEXE 6. LES PUBLICATIONS : LES COLLECTIONS

Principes d’analyse scientifique

La conception des Vocabulaires publiés dans la collection des Principesd’analyse scientifique répond au souci méthodologique de définir avecexactitude les termes utilisés tant dans la désignation et les techniques quedans la description des œuvres. Ces définitions sont accompagnées de fi-gures facilitant la compréhension des définitions, ainsi que d’un importantappareil de notes donnant la date d’apparition du terme, son étymologie etson acception dans les ouvrages spécialisés. Les dix volumes parus à cejour74 peuvent se ranger en deux grandes catégories (même si certainsrelèvent, mais dans des proportions très inégales des deux catégories75).Les vocabulaires typologiques (Architecture, Objets civils domestiques,Mobilier domestique, Jardin, Espace urbain, Voitures hippomobiles)définissent formes et fonctions des œuvres et de leurs éléments constitu-tifs ; les vocabulaires des techniques (Tapisserie, Sculpture, Vitrail, Art dumétal, Céramique) définissent quant à eux les matériaux et les termes serapportant à leur mise en forme et à leur décor. Ces vocabulaires sont cons-titués selon un ordre de présentation méthodique et non alphabétique, lestermes sont classés soit par techniques soit par catégories fonctionnelles,les distinctions formelles n’intervenant que comme critère second etéventuel de classification.

Répertoires des inventaires

La collection des Répertoires des inventaires, regroupe, région par région,tous les ouvrages conçus en forme de répertoire ou d’inventaires ainsi queles études, descriptions, etc. qui, dans un cadre géographique défini,passent en revue, d’une manière ou d’une autre, un grand nombre de mo-numents ou d’objets. Les répertoires de quinze régions ont été publiés de1970 à 1997.

Documents et méthodes

Cette collection, initiée en 1990, comprend actuellement dix ouvrages. Ellerassemble un certain nombre d’outils méthodologiques utiles aux enquê-teurs de l’Inventaire, et, au-delà, à tous les chercheurs en histoire de l’art,que ce soit pour l’utilisation et l’interprétation des sources (L’édition destextes anciens, Les armoiries : lecture et identification), ou pour réaliserles notices alimentant les bases nationales (Systèmes descriptifs de l’archi-tecture, des objets mobiliers ou de l’illustration).

193

Annexe 6 : Les publications : les collections

74. Prochain volume à paraître : La peinture.75. Ainsi le vocabulaire de l'architecture, essentiellement typologique, consacre-t-il

deux chapitres aux techniques de construction et un autre au décor, tandis que levocabulaire de la sculpture, consacré aux techniques, accorde cependant unchapitre à la typologie des formes.

Inventaires topographiques

En dehors des instruments de travail (Vocabulaires et Répertoires desinventaires), les publications de l’Inventaire général se bornaient à l’ori-gine à la seule collection des Inventaires topographiques, comportant lesrésultats des enquêtes. Chaque œuvre étudiée y faisait l’objet d’unenotice, accompagnée de photographies et, pour l’architecture, de relevés.Cette collection a été abandonnée à la fin des années 1980 du fait de salourdeur et de son coût, après la parution de 17 volumes correspondantchacun à un ou deux cantons.

Indicateurs du patrimoine - Inventaire général dupatrimoine culturel

La collection existe sous sa forme actuelle depuis 1991. Elle publie, par aired’étude, la totalité des notices informatiques dressées sur les œuvres (maisen sélectionnant certains champs, en particulier ceux de commentaires),chaque notice étant accompagnée d’une photographie sous forme devignette. Cet ensemble de notices est précédé d’une présentation his-torique et géographique de l’aire d’étude, appuyée sur quelques cartes. Unindex des matières, des noms de personnes et des titres iconographiquesvient compléter le contenu des Indicateurs du patrimoine. La thématiquedu patrimoine industriel fait régulièrement l’objet d’une publication au furet à mesure de l’achèvement des départements. En revanche seuls de raresinventaires topographiques font l’objet d’une publication des résultatsdans cette collection, qui compte 34 numéros fin 200676.

Cahiers du patrimoine - Inventaire général du pa-trimoine culturel

Née en 1983 sous le titre des Cahiers de l’Inventaire, c’est par excellencela collection scientifique des travaux de l’Inventaire. Elle accueille desétudes, fruits de nombreuses années de recherche, qui traitent leur sujetde manière approfondie. Si les bases de données sont bien la traductionquantitative des travaux de l’Inventaire, les Cahiers du patrimoine en sontla traduction qualitative. Les 76 ouvrages parus dans cette collection (au31/12/2006) exposent le résultat d’enquêtes soit topographiques, soit thé-matiques. Parmi ces dernières, on relèvera en particulier les volumes con-sacrés à la métallurgie (6 titres parus) et ceux consacrés à l’orfèvrerie (11titres). La rédaction des textes publiés dans la collection des Cahiers dupatrimoine oblige à effectuer des dépouillements d’archives qu’il estimpossible de réaliser dans le cadre des inventaires topographiques ou thé-matiques. De même, relevés et cartographie ont ici une place de choix auxcôtés de la reproduction des documents anciens et ne seraient pas forcé-

194

76. Il faut y ajouter, sous forme d'annexe au Cahier du patrimoine consacré à la villede Laon, les notices d'œuvres étudiées dans cette ville.

ment réalisés sans la perspective de la publication. Le caractère scien-tifique de cette collection appelle la présence d’un abondant appareil denotes, d’une bibliographie et d’un index.

Images du patrimoine - Inventaire général du patri-moine culturel

La collection a pour but de sensibiliser le public et les responsables terri-toriaux à un message scientifique sur le patrimoine. Elle est fondée sur lesenquêtes topographiques, mais les volumes peuvent se limiter à une mono-graphie77 ou à un thème particulier78. C’est une anthologie, précédéed’une introduction générale, d’images commentées d’édifices et d’œuvresmobilières publiées généralement pour la première fois. Le principe de lacollection interdit les notes, et limite au minimum les recherches enarchives, la bibliographie et les index. 242 ouvrages sont parus à la fin2006.

Parcours du patrimoine - Inventaire général dupatrimoine culturel (ex-collection des Itinéraires du patri-moine)

Cette dernière collection est un instrument de communication et d’incita-tion au tourisme culturel, sous la forme de fascicules illustrés de photogra-phies et de plans destinés à faciliter la visite. C’est une autre manière demettre en valeur le patrimoine découvert à la faveur des enquêtes79. Lacollection compte 324 numéros à la fin de l’année 2006.

195

Annexe 7 : Bibliographie

77. Parmi les derniers volumes parus : La cathédrale de Soissons (n° 215) ; L'usine d'avi-ation Marcel-Bloch à Déols (n° 240).

78. Ainsi : De Paris à la mer. La ligne de chemin de fer Paris-Rouen-Le Havre (n° 239).79. Depuis 1998, la collection des Itinéraires du patrimoine accueille également des

numéros consacrés aux édifices gérés par le Centre des monuments nationaux. En2006, pour établir une distinction, la collection produite par les services régionauxde l'Inventaire a pris le titre de Parcours du patrimoine.

196

ANNEXE 7 : BIBLIOGRAPHIE

Bibliographie en langue française sur l’Inventaire général et sa méthodolo-gie

N.B. Ne figurent ici que les publications, excluant donc l’ensemble de la lit-térature “grise”.

Ont également été exclus de cette liste les textes de présentation,généralement sous forme de plaquette, à destination du public des centresde documentation du patrimoine.

Non collectés : les articles ayant pu être publiés dans des publications desociétés savantes.

BALSAMO, Isabelle. André Chastel et “l’aventure” de l’Inventaire. In :Science et conscience du patrimoine. Entretiens du patrimoine, Théâtrenational de Chaillot, Paris, 28, 29 et 30 novembre 1994, sous la responsabi-lité scientifique de Pierre Nora. Paris : Fayard-Editions du patrimoine,1997. [Actes des Entretiens du patrimoine ; 1], p. 257-267.

BALSAMO, Isabelle. “Comme le coq du clocher...”, André Chastel etl’Inventaire général. Revue de l’Art, 1991, n° 93, p. 42-44.

CHASTEL, André. (allocutions d’ouverture et de conclusion). In COL-LOQUE SUR LES INVENTAIRES DE BIENS CULTURELS EN EUROPE (1980 ;Bischenberg). Paris : Nouvelles éditions latines, 1984, p. 307-311 et p. 515-520.

CHASTEL, André. Architecture et patrimoine, choix de chroniques dujournal “Le Monde”. Paris : Imprimerie nationale ; Inventaire général,1994, p. 25-27 (L’Inventaire général et le patrimoine).

CHASTEL, André. L’Inventaire général des Monuments et des Richessesartistiques de la France. Editorial de la Revue de l’Art, 1984, n° 65, p. 4-6.

CHASTEL, André. L’invention de l’Inventaire. Editorial de la Revue del’Art, 1990-1, n° 87, p. 5-11.

197

Annexe 7 : Bibliographie

CHASTEL, André. L’inventaire monumental de la France (en collaborationavec Louis Grodecki, extrait d’un rapport présenté au IVe plan des affairesculturelles). L’Information d’Histoire de l’Art, 8e année, mars-avril 1963,n° 2.

CHATENET, Monique. Rapport de synthèse : les méthodes d’enquête et desélection. In COLLOQUE EUROPEEN (1992 ; Nantes). Patrimoine architec-tural : méthode d’inventaire et de documentation en Europe. Strasbourg :Les éditions du Conseil de l’Europe, 1993, p. 121-123.

COSTE, Georges, TOULIER, Bernard. La demeure urbaine : expérimenta-tion et méthode : l’exemple de Tours. Revue de l’Art, 1984, n° 65, p. 88-97.

ERMISSE, Gérard. L’inventaire aujourd’hui et demain. In : Science et con-science du patrimoine. Entretiens du patrimoine, Théâtre national deChaillot, Paris, 28, 29 et 30 novembre 1994, sous la responsabilité scien-tifique de Pierre Nora. Paris : Fayard-Editions du patrimoine, 1997. [Actesdes Entretiens du patrimoine ; 1], p. 268-288.

HAMON, Françoise. Le territoire. Revue de l’Art, 1990-1, n° 87, p. 7-8.

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LENIAUD, Jean-Michel. Typologie du classement et de l’inventaire. In :Science et conscience du patrimoine. Entretiens du patrimoine, Théâtrenational de Chaillot, Paris, 28, 29 et 30 novembre 1994, sous la responsabi-lité scientifique de Pierre Nora. Paris : Fayard-Editions du patrimoine,1997. [Actes des Entretiens du patrimoine ; 1], p. 321-330.

MAGNIEN, Aline. Comment s’est développé l’Inventaire général des mo-numents et des richesses artistiques de la France. La Revue administra-tive, mai-juin 1998, n° 303, p. 426-434 ; juillet-août 1998, n° 304, p. 543-550.

MASSARY, Xavier de. Sélection raisonnée et connaissance globale du pa-trimoine bâti. In : Tri, sélection, conservation : quel patrimoine pourl’avenir ? Actes de la table ronde organisée sous l’égide de l’Ecolenationale du patrimoine les 23, 24 et 25 juin 1999. [textes réunis parIsabelle Balsamo, assistée de Marie-Christine Vigutto]. Paris : Editions dupatrimoine, 2001. 237 p. (Idées et débats).

198

MELOT, Michel. L’Inventaire général et l’histoire de l’art ou “l’avant-garde” du patrimoine. Culture et recherche, novembre-décembre 1997,n°63.

MUSSAT, André. Politique culturelle régionale et inventaire. In COLLOQUESUR LES INVENTAIRES DE BIENS CULTURELS EN EUROPE (1980 ;Bischenberg). Paris : Nouvelles éditions latines, 1984, p. 407-410.

NOE-DUFOUR, Annie. Inventaire du patrimoine architectural de Toulouse.In COLLOQUE EUROPEEN (1992 ; Nantes). Patrimoine architectural : mé-thode d’inventaire et de documentation en Europe. Strasbourg : Les édi-tions du Conseil de l’Europe, 1993, p. 87-88.

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PEROUSE DE MONTCLOS, Jean-Marie. Problèmes de méthode : la sélectionet la description des œuvres. In COLLOQUE SUR LES INVENTAIRES DE BIENSCULTURELS EN EUROPE (1980 ; Bischenberg). Paris : Nouvelles éditionslatines, 1984, p. 423-428.

QUERRIEN, Max. Pour une nouvelle politique du patrimoine, rapport auministre de la culture. Paris : La documentation française, 1982, p. 26-38.

REYNIES, Nicole de. L’inventaire des œuvres mobilières. In COLLOQUESUR LES INVENTAIRES DE BIENS CULTURELS EN EUROPE (1980 ;Bischenberg,). Paris : Nouvelles éditions latines, 1984, p. 429-438.

REYNIES, Nicole de. L’inventaire du mobilier domestique. Revue de l’Art,1990-1, n° 87, p. 103-119.

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SAINT-AUBIN, Jean-Paul. La documentation graphique, analyse etdescription. In COLLOQUE SUR LES INVENTAIRES DE BIENS CULTURELS ENEUROPE (1980 ; Bischenberg). Paris : Nouvelles éditions latines, 1984, p.465-471.

TOCHE, Olivier, GRANT, Simon. Rapport de synthèse sur l’informatique etles nouvelles technologies. In COLLOQUE EUROPEEN (1992 ; Nantes).Patrimoine architectural : méthode d’inventaire et de documentation en

199

Annexe 8 : Les inventaires avant l’inventaire

Europe. Strasbourg : Les éditions du Conseil de l’Europe, 1993, p. 129-136.

TOULIER, Bernard. Les arpenteurs du patrimoine. In : Science et con-science du patrimoine. Entretiens du patrimoine, Théâtre national deChaillot, Paris, 28, 29 et 30 novembre 1994, sous la responsabilité scien-tifique de Pierre Nora. Paris : Fayard-Editions du patrimoine, 1997. [Actesdes Entretiens du patrimoine ; 1], p. 147-155.

TOULIER, Bernard. L’inventaire du patrimoine architectural urbain enFrance. In COLLOQUE EUROPEEN (1992 ; Nantes). Patrimoine architectu-ral : méthode d’inventaire et de documentation en Europe. Strasbourg :Les éditions du Conseil de l’Europe, 1993, p. 81-86.

Trente ans d’inventaire en Ile-de-France. Paris : APIF, 1994.

82. Ibid, p. 343.83. L'instruction de Vicq d'Azyr est intégralement reproduite dans DELOCHE, B. et LENI-

AUD, J.M., La culture des sans-culottes, 1989, p. 175-243.

200

ANNEXE 8. LES INVENTAIRES AVANT L’INVENTAIRE

par Xavier de Massary

La genèse des inventaires de monuments et d’œuvres d’art semble insé-parable, quel que soit le pays, de l’éclosion du sentiment patrimonial et dela volonté de protéger ce patrimoine. Et cependant en France, plusqu’ailleurs en Europe, la connaissance et la conservation constituent deuxdémarches parallèles qui ne se sont jamais confondues, la constitution dela connaissance en histoire de l’art et de l’architecture étant à elle-mêmesa propre fin.

La singularité d’une approche proprement cognitive, où le témoin du passéest un document avant d’être un objet d’émotion, trouve sans doute sonfondement dans la vision des “antiquaires” qui, de Pereisc à Millin, consti-tuèrent un corpus d’édifices, conservés par le seul pouvoir de l’image etdu texte, ainsi rassemblé dans un musée de papier80. Les plus excellentsbâtiments de France de Jacques Androuet du Cerceau se situe déjà danscette perspective, tandis que le reste de son œuvre éditoriale relève,quant à elle, d’un genre particulier, où la connaissance est directement o-rientée vers une fin pratique : la constitution d’un corpus de modèles pourles architectes et les commanditaires à venir.

Malgré leurs objectifs spécifiques, les travaux des bénédictins mauristessous l’Ancien Régime tels que le Monasticon Gallicanum ou les Monumentsde la monarchie française sont déjà de véritables entreprises d’inventaire.Dans les instructions qu’il donne à ses amis mauristes pour mener à bienl’histoire des provinces, l’érudit Roger de Gaignières recommande en par-ticulier :

La description des villes et leurs plans et vues.

La description des châteaux de conséquence et leurs vues et plans [ ].

Les abbayes, leurs fondations et la suite des abbés, ce qui se trouve deremarquable de chacun [ ].

Il faut ramasser généralement toutes les tombes et épitaphes avec lesarmes ; même les armes qui se trouvent aux vitres, clefs de voûte [ ].81

Certes la démarche de Gaignières, comme du reste la collection de docu-ments et de dessins qu’il a rassemblés et légués au roi, témoigne avant toutd’une approche historiographique, et, les monuments étant les témoins des

201

Annexe 8 : Les inventaires avant l’inventaire

80. CHOAY, F., L'allégorie du patrimoine, 1996, p. 50.81. DELISLE, L., Le cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale, tome I, 1868,

p. 338.

époques passées, leur inventaire participe d’un recensement des sourcesde l’histoire de France. Une conception plus directement patrimoniale sefait jour cependant dans le projet qu’il soumet en 1703 au ministrePontchartrain :

Le roi voulant conserver tous les monuments qui peuvent être dequelque considération [ ] pour illustrer l’histoire générale de la France[ ], Sa Majesté ayant l’intention d’en faire faire des dessins et desdescriptions [ ] un arrêt du Conseil commettra une personne pour allerdans les provinces les faire dessiner ...82

La proposition de Gaignières, sans doute trop en avance sur les mentalitésde son temps, n’eut pas de suite, et il faut attendre la Révolution pour quele vandalisme dénoncé par l’abbé Grégoire suscite en retour des mesuresd’inventaire et de protection du patrimoine national. En même temps,d’initiatives isolées venant d’érudits, on passe à une volonté politique affir-mée. Son expression la plus aboutie est l’Instruction sur la manière d’in-ventorier et de conserver, dans toute l’étendue de la République, tous lesobjets qui peuvent servir aux arts, aux sciences et à l’enseignement,instruction rédigée par Vicq d’Azyr dans le cadre de la commission tempo-raire des arts, et publiée le 25 ventôse an II (15 mars 1794). La section XIde cette instruction, consacrée à l’architecture, prescrit en particulier :

1. Il sera fait mention de tous les monuments placés dans l’arrondisse-ment du district. On y indiquera l’antiquité de ces monuments, leur si-tuation, leur exposition, leur genre de construction et de décoration.On dira si la bâtisse est en pierre de taille, en moellon ou en brique [ ]

6. Les maisons, châteaux et monuments quelconques, dont la démoli-tion sera jugée nécessaire, si leur construction offre des masses ou desdétails dont il soit utile de conserver les formes, seront, sans délais,décrites, dessinées, et les inscriptions, s’il y en a, seront copiées...83

Les bouleversements politiques et l’ambition même de l’instruction de Vicqd’Azyr empêchèrent qu’elle trouvât une traduction concrète, mais cetexte, qui reprend la forme élaborée durant le dernier siècle de l’AncienRégime pour les enquêtes de statistique démographique ou économique,constitue la première formulation d’un projet cohérent d’inventaire monu-mental et mobilier d’ampleur nationale.

En 1810, le ministre Montalivet envoie aux préfets un court questionnairesur le devenir des châteaux et abbayes de leur département à l’issue de latourmente révolutionnaire. Apparaît pour la première fois dans un docu-ment officiel le souci d’attribuer aux monuments recensés une place dansl’histoire de l’art. Il faudrait que les réponses à chacune de ces questionsfussent assez détaillées pour qu’on eut une idée de l’intérêt que chacundes lieux peut présenter par son origine, par son importance dans l’his-toire, ou par l’époque de l’art qu’il retrace. La lettre de Montalivet a étépubliée par X. Charmes, Le comité des travaux historiques et scientifiques,tome I, 1886, p. CXXI. Un nouveau questionnaire, beaucoup plus élaboré,est rédigé en 1818 par l’Académie des Inscriptions et des Belles-Lettres,dans lequel on trouve l’ébauche d’une méthodologie appliquée au recense-ment des monuments du passé. On y trouve exposée pour la première foisla distinction chronologique entre les œuvres anciennes, en l’occurrence

202

antérieures au XVe siècle, pour lesquelles le recensement doit être exhaus-tif, et les autres, pour lesquelles on doit être sélectif. Faute d’un véritablesoutien administratif, l’enquête lancée par l’Académie semble avoir ren-contré peu d’échos dans les provinces où, par ailleurs, le réseau d’éruditset de sociétés savantes commençait à peine à se mettre en place.

Indépendamment des initiatives éditoriales privées, dont il ne sera pas iciquestion, mais dont certaines, telle la série des Voyages pittoresques etromantiques dans l’ancienne France, dirigée par Nodier et le baron Taylor,ont véritablement une ambition nationale, c’est sous la monarchie deJuillet que se manifeste enfin une volonté politique soutenue de procéderau recensement monumental de la France. Cette opération doit constituerun des volets du vaste projet conçu par Guizot de publication des sourcesde l’histoire de France, dont les monuments constituent un témoin essen-tiel, et qui s’explique lui-même par l’ambition politique du régime de ré-concilier avec son passé la société issue de la Révolution. Dans le rapportau roi du 27 novembre 1834 le concept d’inventaire est pour la premièrefois appliqué aux monuments dans un texte officiel : Je m’appliquerai àfaire dresser un inventaire complet, un catalogue descriptif et raisonnédes monuments de tous les genres et de toutes les époques qui ont existéou existent encore sur le sol de la France84. Un peu plus tard, Guizot pré-cise son projet : Ce sont les formes des monuments qu’il faut reproduire []. Tous les monuments qui ont existé ou qui existent encore sur le sol de laFrance seront l’objet d’une étude particulière dans chaque commune, danschaque hameau, dans chaque groupe d’habitations. Aux notices descrip-tives on joindra souvent un plan, une coupe et au moins une ou deux élé-vations des constructions qu’on aura mentionnées. [ ] L’ensemble de cestravaux formera une véritable statistique monumentale de la France,étudiée à ses différents âges.85

Afin de se rendre compte de l’ampleur de la tâche, le ministre décide deconfier la réalisation d’un test à un jeune archéologue : Grille de Beuzelin.Celui-ci met quatre mois à parcourir l’ensemble des communes desarrondissements de Nancy et de Toul, puis à recopier ses notes et croquisau net pour la publication86. Dans le rapport qui l’introduit, Grille deBeuzelin tire les enseignements matériels de l’expérience. Extrapolant ladurée de son enquête, il estime à cent trente ans le temps nécessaire à uninspecteur isolé pour mener à bien sa tâche à l’échelle de la France. Il con-viendrait donc de la répartir entre plusieurs inspecteurs mais chacun d’euxdevrait avoir appris plusieurs métiers à l’école de la mauvaise fortune, etpouvoir tout à la fois lever les plans en architecte, dessiner les fragmentsen peintre, lire les anciennes chartes en archiviste, et courir a cheval ou àpied en chasseur ; et de plus, pour obtenir de l’unité, tous devraient avoirles mêmes principes en archéologie, le même système pour l’histoire del’art. Grille de Beuzelin estime que les deux-tiers des villages visités ne

203

Annexe 8 : Les inventaires avant l’inventaire

84. "Rapport au roi sur les mesures prescrites pour la publication des documents inédits", publié par X. CHARMES, op. cit., tome II, p. 22.

85. "Rapport au roi sur l'état des travaux relatifs à la recherche et à la publication dedocuments inédits concernant l'histoire de France (2 décembre 1835) " ; reproduitpar X. CHARMES, op. cit., t. II, p. 47

86. GRILLE DE BEUZELIN, E., Statistique monumentale (spécimen), rapport à M. le mi-nistre de l'Instruction publique sur les monuments historiques des arrondissementsde Nancy et de Toul, Paris, 1837.

valaient pas le déplacement, et qu’il aurait pu gagner du temps enrecourant à la fois aux travaux déjà publiés par les archéologues locaux età des questionnaires adressés aux curés et aux maires. C’est à des conclu-sions voisines que l’on parviendra cent trente ans plus tard, précisément,lorsque la mise en place de l’Inventaire général confiera à des bénévoles lesoin de pratiquer un “pré-inventaire” précédant et préparant l’étude deschercheurs professionnels.

Guizot songe-t-il un moment à confier à des inspecteurs rétribués par leministère le soin de mener à bien l’inventaire ? Cela est peu probable, carl’Etat n’a pas les moyens de s’engager dans une entreprise intellectuelleaussi longue et coûteuse. Aussi est-il décidé de s’appuyer sur les sociétéssavantes de province et sur les commissions archéologiques départemen-tales dont les préfets suscitent la création. La coordination de leurs travauxdoit être assurée au niveau national par le Comité des Arts et desMonuments, créé le 18 décembre 1837 et rattaché au ministère del’Instruction publique. Les travaux de ce comité sont orientés dans deuxdirections87. La première consiste en la présentation de statistiques et demonographies modèles. Pour les statistiques, les seuls modèles publiésfurent ceux de Grille de Beuzelin sur Nancy et Toul, et d’Albert Lenoir surParis, beaucoup plus ambitieux mais limité finalement à un recueil deplanches incomplet88 ; au titre des monographies, les seules à voir le jourfurent celles sur Noyon par Ludovic Vitet et sur Chartres par Lassus, Duvalet Didron89. La seconde direction prise par le Comité des Arts et desMonuments est la rédaction pour les correspondants du ministère del’Instruction publique et les antiquaires de France des instructions propresà indiquer le plan d’après lequel ces recherches doivent être faites, àdéterminer les expressions qui doivent être consacrées dans la descriptiond’un monument et des signes caractéristiques servant à classer les œuvresd’art et à en reconnaître l’âge90. Les instructions sur l’architecture gallo-romaine et sur celle du Moyen Âge, à la rédaction desquelles participèrent,de 1839 à 1843 Auguste Leprévost, Albert Lenoir, M. Lenormant etMérimée91, se présentent tout à la fois comme un cours d’histoire de l’art,un dictionnaire de l’architecture et un recueil de conseils pratiques àl’usage des enquêteurs. Un exemple au hasard, parmi ces conseils pratiques: Toutes les fois qu’on trouvera du plâtre ou du badigeon sur un point sus-ceptible de décoration, on devra s’assurer de ce qui peut exister dessous(X. Charmes, op. cit., t. III, p. 115).

A l’exception des rares statistiques et monographies publiées à titre despécimens, l’Etat ne s’engage pas, dans les 25 ans qui suivent la créationdu Comité des Arts et des Monuments, dans un programme de publication,en laissant l’initiative aux sociétés savantes, et acceptant par là-même ladiversité tant du fond que de la forme. Il serait fastidieux de tenter de

204

87. C'est du moins ainsi que ses travaux sont présentés, dix ans après sa création, dansle rapport au roi du 15 avril 1847 ; rapport reproduit par X. CHARMES, op. cit. t.II, p. 123-127.

88. LENOIR, A., Statistique monumentale de Paris, Paris, 1867.89. VITET, L., Monographie de l'église Notre-Dame de Noyon, Paris, 1845. (pour

Chartres, retrouver le titre précis)90. CHARMES, X., op. cit., t. II, p. 123.91. CHARMES, X., op. cit., les a reproduites, t. III, p. 3-230.

recenser ici toutes les publications qui s’inscrivent dans le programmegénéral tracé par le Comité92. La Société française d’archéologie créée parArcisse de Caumont en 1834, et qui fixait parmi ses buts l’inventaire et ladescription des monuments, s’efforce elle aussi de coordonner les entre-prises régionales.

En 1859, rompant avec son attitude antérieure, le ministère de l’Instructionpublique prend l’initiative de publier, à raison d’un volume par départe-ment, le Répertoire archéologique de la France. Cette publication doit êtrenourrie par les informations collectées par les sociétés savantes et mises enforme par leurs auteurs selon un plan rigoureux93 qui annonce par bien despoints l’ordre de classement des actuels dossiers d’inventaire : classementcalqué sur la géographie administrative, nomenclature des principauxobjets à décrire ou à mentionner (qui est une ébauche du “lexique desdénominations”), bibliographie à la suite de chaque article, accompagnée,toutes les fois que cela semblera nécessaire, d’une appréciation de l’au-torité des livres cités. Enfin il est indiqué aux correspondants provinciauxque la clarté, la simplicité et la concision, telles sont les qualités quidoivent faire remarquer le style d’un tel ouvrage.

S’inscrivant dans une politique de contrôle, à l’époque de l’Empire autori-taire, des sociétés savantes par les autorités académiques, la rigueur ducadre de travail imposé découragea sans doute les ardeurs locales, et, sousle patronage du Comité des travaux historiques et scientifiques, dont l’an-cien Comité des Arts et des Monuments formait désormais la sectionArchéologie, seuls huit volumes départementaux virent le jour entre 1861(Aube) et 1888 (Hautes-Alpes), très divers malgré tout par la richesse del’information. Le volume le plus riche est sans doute celui consacré parl’abbé Cochet à la Seine-Inférieure et publié en 1871.

Avant même que ne soit consommé l’échec de la collection des Répertoiresarchéologiques, une nouvelle entreprise éditoriale voyait le jour sous lesauspices de l’Etat : l’Inventaire général des richesses d’art de la France,lancé en 1874 par le directeur des Beaux-Arts, Philippe de Chennevières.Alors que les travaux suscités par le Comité des arts et des monuments nes’intéressaient qu’au patrimoine monumental, la nouvelle collection étaitconsacrée au mobilier. Comme pour les répertoires archéologiques, unlarge appel était fait aux sociétés savantes, tandis qu’une commission adhoc était créée pour définir la méthode à suivre et centraliser les manu-scrits. Un questionnaire fut distribué, accompagné d’un spécimen pourmontrer la forme à donner aux notices.

A la différence de l’inventaire actuel, celui du marquis de Chennevièreslimite son ambition au mobilier public, et parmi celui-ci, la plus grande

205

Annexe 8 : Les inventaires avant l’inventaire

92. La collection des Répertoires des inventaires, publiée par l'Imprimerie nationale,voir annexe 2, permet d'en avoir la liste par région.

93. Circulaire relative à la publication d'un répertoire archéologique de la France (30mars 1859), reproduite par X. CHARMES, op. cit., t. II, p. 202. Les instructions surla manière de rédiger les répertoires départementaux sont quant à elles publiéest. III, p. 471-479.

place est accordée aux inventaires des collections de musées : Ce vaste tra-vail, qui mettrait en lumière les inestimables trésors de nos collectionsnationales, de nos musées de province, de nos églises et de nos monumentspublics [ ] offrirait aux artistes et aux érudits du monde entier le réper-toire aussi complet que possible des peintures, sculptures, curiosités detoutes sortes [ ]94. Néanmoins, dans le domaine du mobilier, la méthodeproposée annonce la démarche de l’Inventaire du XXe siècle : un soucid’exhaustivité ne s’arrêtant pas aux seuls critères esthétiques, l’examencritique des origines et des attributions, la prise en compte du décor portépar les édifices.

La part des professionnels, conservateurs de musées et de bibliothèques,est en fait déterminante dans la publication de la vingtaine de volumes quivirent le jour entre 1876 et 1913.

A la veille de la Grande Guerre, aucune des entreprises d’inventaireentamées dans le siècle précédent n’a connu de résultats conséquents, cequi vaut à Barrès cette remarque assassine dans La grande pitié des égli-ses de France : Mais quelles sont exactement les richesses archéologiquesde notre pays ? Personne, vous entendez bien, personne n’est à même denous le dire. M. de Chennevières avait commencé à dresser un inventaire.On a dépensé beaucoup de temps et d’argent. Mais tout cela si mal con-duit au ministère que nous ne savons rien de net. Nous n’avons pas, à cetteheure [1914] la liste complète de ce qui mériterait, du point de vue artis-tique, d’être sauvé.95

Les différentes tentatives d’établissement d’un inventaire national au XIXesiècle ont échoué parce qu’elles reposaient presque exclusivement sur lesforces des sociétés savantes de province, l’Etat se contentant de dresser lesquestionnaires, fournir une ébauche de méthode et centraliser les répon-ses, dont seule une petite partie fut publiée dans la collection desRépertoires archéologiques. Certaines sociétés menèrent à bien à unniveau régional des publications remarquables, mais le résultat au niveaunational fut bien sûr très inégal. La léthargie aux causes complexes (maisoù l’hécatombe de la Grande Guerre eut une part certaine) dans laquelletombèrent de nombreuses sociétés après 1918 ralentit de toutes les façonsce courant de publications.

La France de Vichy vit la naissance de deux entreprises qui, en quelquemanière, préfiguraient l’Inventaire. La première est l’enquête initiée parGeorges-Henri Rivière sur l’habitation rurale traditionnelle dont elle cher-chait à dresser la typologie. Cette enquête, menée dan le cadre du muséedes Arts et traditions populaires, devait donner lieu, quarante ans plustard, à la publication des volumes, par ensembles régionaux, deL’architecture rurale française, corpus des genres, des types et des vari-antes. Jean Cuisenier, directeur de la publication, présente ainsi l’entre-

206

94. Rapport à M. le ministre de l'Instruction publique, in : Inventaire général desrichesses d'art de la France, Paris, monuments religieux, t. I, 1876, p. IX.

95. BARRES, Maurice, La grande pitié des églises de France, Paris : Emile-Paul frères,1914, p. 368.

prise dans l’introduction de chaque volume : Entre plusieurs solutions ilfallait choisir : on ne ferait pas un inventaire, dont l’impossible ambitionserait l’exhaustivité ; ni un recueil d’exemples, dont on ne pourrait tireraucune loi, tout juste des illustrations ; ni un catalogue de belles œuvres[ ]. On ferait plus simple et plus compliqué à la fois : un corpus de spéci-mens représentant des types et leurs variantes significatives.

La seconde entreprise est celle du Recensement* des monuments anciens,lancée au printemps 1944, et destinée à constituer le Casier archéologique(celui-ci a finalement donné son nom à l’entreprise), vivier de protectionsfutures au titre des Monuments historiques. Disposant à l’origine de moyenshumains assez importants, mais sans être appuyée sur une réflexionméthodologique, l’opération s’essouffla rapidement, étant néanmoins par-venue, à la fin des années 1950, à réunir une documentation précieuse surune quarantaine de départements.

207

Annexe 9 : Glossaire

208

ANNEXE 9 : GLOSSAIRE

Avertissement : les termes et définitions en italique correspondentà des concepts n’ayant plus cours dans la méthodologie de l’inven-taire, mais qui subsistent dans certains documents anciens.

Aire d’étude

Territoire sur lequel porte une opération d’inventaire. L’aire d’étudehabituelle en milieu rural est le canton, mais elle peut également corres-pondre à une autre entité administrative (communauté de communes,pays, parc naturel...) ou à un autre groupement de communes représentantune entité géographique ou historique.

L’aire d’étude doit correspondre à une somme de communes com-plètes. En milieu urbain, l’agglomération peut être divisée endeux ou trois aires d’étude, mais la somme de ces aires d’étudedoit, elle aussi, se superposer aux limites communales. Sur uneaire d’étude, les procédures mises en œuvre, les éventuelles col-laborations institutionnelles et scientifiques ainsi que les modesde restitution sont identiques.

Atlas de l’architecture et du patrimoine

Ensemble de cartes établies par les services chargés du patrimoine et réu-nies sous la forme d’un atlas sous la responsabilité de la direction de l’ar-chitecture et du patrimoine.

Bases de données nationales

Fichiers informatiques accessibles sur le portail internet du ministèrechargé de la Culture et de la Communication. Clef de voûte du systèmedocumentaire national, les bases de données réunissent les notices consti-tuées dans le cadre des travaux de l’Inventaire, forment un ensemble etdonnent accès par des liens aux dossiers ou images numériques. Les basesprincipales sont :

Base Mérimée pour les œuvres d’architecture et d’urbanisme,

Base Palissy pour les œuvres mobilières et les décors,

Base Mémoire pour les illustrations.

Cahier des clauses scientifiques et techniques

Document définissant les objectifs scientifiques et techniques de l’opéra-tion, les moyens qui lui sont affectés, les modalités de sa réalisation, lesconditions d’exploitation et de diffusion publique des données recueillies.

209

Annexe 9 : Glossaire

Il indique le phasage et le calendrier de l’opération.

Carte du patrimoine (pour carte de localisation des objets d’étude recen-sés, repérés ou étudiés)

Carte localisant les œuvres identifiées dans le cadre d’une opération d’in-ventaire. Elle prend place dans l’atlas du patrimoine.

Elle détermine de manière précise la position de chaque objet surla carte ou le plan et sur le terrain : il ne doit y avoir aucuneambiguïté sur l’emplacement et les limites des objets. La cartedite du patrimoine réunit les données figurant précédemment surdeux cartes distinctes des dossiers d’inventaire : la carte de loca-lisation des œuvres repérées et la carte de localisation desœuvres étudiées. Lorsqu’on emploie le titre “Carte du patri-moine”, il est obligatoirement accompagné du sous-titre “recensépar” suivi du nom du service qui a collecté l’information.

Classification ou classement

La classification vise à fragmenter rationnellement un vaste corpus d’œu-vres relevant d’une même famille en groupes (ou classes) plus restreints ennombre et plus homogènes afin de sélectionner parmi eux les œuvres quisont les plus représentatives de leurs modes de constitution et de transfor-mation. Il existe deux grandes démarches pour classer :

- par la sélection de quelques paramètres qui guident l’observation desœuvres et dont la combinaison permet a posteriori la répartition de cesœuvres en groupes (ou classes) distincts ;

- par la confrontation au cours de l’enquête des œuvres à des types cons-truits a priori, entre lesquels on répartit les œuvres observées.

On préférera ces termes à celui de typologie.

Contrôle scientifique et technique

Contrôle prévu par la loi Libertés et responsabilités locales et précisé parle décret du 21 juillet 2005 donnant à l’Etat la responsabilité de vérifier laqualité scientifique et technique des opérations d’inventaire* conduitessous la responsabilité des Régions. Il s’exerce sur pièces et sur place.

Dossier [d’inventaire]

Produit de la mise en forme et de l’assemblage normalisé des donnéestextuelles et des images réalisées ou collectées sur une opération ou sur lesœuvres. On distingue le dossier de l’opération, des dossiers d’œuvres etdes dossiers de synthèse. Ils peuvent se présenter sur un support papier, ousous forme numérique (dossier numérique).

Dossier collectif

Dossier de synthèse, élaboré selon la méthode du repérage et de la sélec-tion pour une famille d’œuvres architecturales, sur une aire d’étude ou un

210

ensemble d’aires d’étude voisines. Il comprend le tableau de repérage, deslistes de dates et de noms de maîtres d’œuvre ou d’artistes, et lesObservations générales. Celles-ci présentent les caractères généraux de lafamille concernée par compilation des données collectées sur le terrain etdans les sources d’une part, et de l’autre au travers d’une synthèse sur lamorphologie des œuvres et son évolution chronologique. Les observationsgénérales renvoient à une sélection d’individus représentatifs qui font l’ob-jet d’œuvres.

Dossier numérique

Dossier dont toutes les composantes (textes, illustrations, cartographie,bibliographie...) se présentent sous forme numérique. Une version aboutiepermet à la fois la production des données informatiques, leur stockage etleur restitution sous la forme de produits de publication divers.

Dossier d’opération

Le dossier d’opération rassemble, pour chaque opération topographique outhématique, une présentation de l’opération, le cahier des clauses scien-tifiques et techniques. A la fin de l’opération on l’augmente d’une note desynthèse des principaux résultats, de la liste des dossiers de l’aire d’étude,et la documentation générale, etc.

Dossier d’œuvre

Dossier établi dans le cadre d’un recensement* (fiche minimum) ou d’uneétude (monographie), sur un ensemble, une œuvre individuelle, ou une par-tie constituante.

Dossier de synthèse

Catégorie de dossier comprenant les dossiers de présentation de la com-mune, dossiers de présentation du mobilier, les dossiers collectifs et lesdossiers thématiques. Ils permettent de recueillir des observationsgénérales et s’il y a lieu des conclusions sur les œuvres concernées.

Dossier thématique

Dossier de synthèse portant sur un corpus d’œuvres liées par leur auteur,leur fonction, leur datation, leur iconographie, leurs caractéristiquesphysiques… Il rassemble la liste des œuvres concernées, une cartographieou un plan de localisation ainsi qu’une note de synthèse.

DTD (voir Schéma de données)

Ensemble

Œuvre résultant du jeu des relations de complémentarité qui s’établissententre plusieurs œuvres rassemblées dans un même lieu ou reliées par unmême tracé. Le jeu des relations peut être d’ordre fonctionnel, stylistique

211

Annexe 9 : Glossaire

(décor, composition architecturale, série), iconographique ou de simpleproximité...

Ces œuvres peuvent être des édifices, des édicules, des ouvragesd’art ou encore des objets mobiliers. L’ensemble constitue unobjet d’étude se traduisant par un dossier d’inventaire. Lesœuvres constitutives d’un ensemble peuvent faire l’objet d’undossier d’œuvre pour chacune d’entre elles.

Etude

Dans le cadre d’un inventaire topographique, analyse qui peut prendredeux formes distinctes : d’une part une série de monographies sur lesœuvres singulières (unicums) et sur une sélection raisonnée d’œuvresreprésentatives (typicums), d’autre part une étude dans le cadre d’undossier collectif sur une ou plusieurs familles d’œuvres. Le développementde l’étude monographique se compose habituellement de trois parties : his-torique, description et conclusions.

Le texte de l’étude peut se limiter pour les œuvres simples à lanotice Mérimée ou Palissy, seules les œuvres complexes justifientdes développements particuliers. Pour les études collectives, ledossier comporte des observations générales développées sur lescaractères de la famille.

Famille

Groupe d’œuvres de même fonction-destination (de même genre sur uneaire d’étude). Sur une aire d’étude ; lorsqu’une famille architecturale estparticulièrement nombreuse et que tous ses membres ne justifient pas unemonographie, elle fait l’objet d’une étude spécifique au travers d’undossier collectif.

Fiche minimum

Notice sommaire, constituée selon les systèmes descriptifs de l’architec-ture ou des objets mobiliers, et limitée aux informations indispensables àl’identification et à la localisation des œuvres. (Voir annexe 4). Elle cons-titue la base du recensement.

Généralités (dossier)

Nom donné autrefois au dossier d’opération et au dossier de présentationde la commune.

Grille de repérage

Formulaire servant à l’enregistrement des données du repérage nécessairesà la constitution du dossier collectif.

212

Inventaire fondamental

Enquête approfondie menée, dans les premières années de l’Inventairegénéral à l’échelle d’un canton. Ces enquêtes étaient publiées dans la col-lection Inventaire topographique (à ne pas confondre avec le sens actueld’inventaire topographique).

Ce type d’enquête a été abandonné au début des années 1990 .

Inventaire topographique

Etude fondée sur une approche exhaustive du patrimoine d’une aire d’é-tude. Elle met en œuvre des procédures associant recensement (faculta-tivement), étude collective et étude individuelle.

Liste supplémentaire

Liste sommaire établie dans les premières années de l’inventaire généralsur le mobilier non étudié des édifices.

Notice

Pour la constitution des bases de données, texte structuré en rubriques ouchamps donnant, sous forme résumée, l’essentiel des informations sur ladésignation, la localisation, l’historique, la description et le statut desœuvres relevant de l’architecture (base Mérimée) ou des objets mobiliers(base Palissy). Dite aussi “fiche signalétique”, “fiche d’indexation”.

Œuvre

Produit de l’acte humain créateur, donnant forme à la matière, conçucomme un tout se suffisant à lui-même, par la signification ou la fonction.En pratique, les œuvres, immobilières ou mobilières, entretiennent entreelles des liens d’interdépendance et de complémentarité, pour constituerdes ensembles fonctionnels, stylistiques, iconographiques ou de simpleproximité. S’il est la traduction d’un programme, d’une volonté d’organi-sation de l’espace, un ensemble peut être considéré comme une œuvre.

Opération d’inventaire

Ensemble des procédures mises en œuvre pour mener à bien un inventairetopographique ou thématique. Une opération se divise en différentes pha-ses pouvant chacune donner lieu à des restitutions spécifiques : rédactiondu cahier des clauses scientifiques et techniques, recherche documentaire,recensement, études collectives ou individuelles appuyés sur une enquêteexhaustive sur le terrain, constitution de la documentation, restitution etvalorisation des résultats (versement dans le système national d’informa-tion documentaire, publications…)

Annexe 9 : Glossaire

213

Partie constituante

Elément d’une œuvre pouvant donner lieu, en fonction de son intérêt, à unsous-dossier distinct du dossier de cette œuvre.

Phase

Etape de mise en œuvre de chacune des procédures d’une opération d’in-ventaire. Chaque phase d’enquête a une autonomie relative par rapportaux suivantes et son résultat peut donner lieu à une restitution particulière.

Porter à connaissance

Ensemble des informations rassemblées et mises à disposition par l’Etat àpartir des résultats des opérations d’inventaire selon une procédure de laloi SRU pour l’instruction des documents d’urbanisme dans le domaine dupatrimoine.

Pré-inventaire

Enquête de terrain mise en œuvre dans les premières années d’existencede l’Inventaire général, et qui avait pour objet de préparer, par une pre-mière investigation, le travail de l’inventaire proprement dit.

Confié à des bénévoles au sein de comités départementaux, cepré-inventaire fut abandonné dans les années 1980 (sauf en derares départements).

Pré-inventaire normalisé

Reprenant les objectifs du pré-inventaire, sa documentation répondait àdes normes rigoureuses : constituée selon les règles des Systèmes descrip-tifs, elle est versée dans les bases informatiques nationales.

Idéalement, le pré-inventaire normalisé constituait la phase* pré-paratoire à un inventaire fondamental. En 1990, le pré-inventairenormalisé prend le nom d’inventaire topographique.

Présentation de la commune

Dossier de synthèse communal. Il présente la liste des dossiers, une car-tographie et les références documentaires propres à la commune consi-dérée ainsi qu’une note de synthèse sur le territoire de la commune. Dansle cas où le territoire de la commune se confond avec celui de l’opérationou avec celui de l’agglomération le dossier de présentation de la communepeut se limiter à la liste des dossiers.

Présentation du mobilier

Le dossier de présentation du mobilier, est un dossier de synthèse. Il per-met, pour un édifice, de rassembler la liste et le plan de localisation desœuvres mobilières, ainsi qu’une note de synthèse sur l’ameublement del’édifice concerné.

214

Recensement

Opération d’inventaire ou phase préalable à une étude d’inventaire ayantpour but d’identifier de manière exhaustive les œuvres selon les critèresdéfinis préalablement dans le cahier des clauses scientifiques et tech-niques. Le recensement est un constat de terrain qui se traduit par l’éla-boration de fiches minimum illustrées et cartographiées. C’est un dénom-brement qui rend possible un diagnostic patrimonial selon quelques critèressommaires : désignation, localisation, datation, attribution, évaluation.

Repérage

Procédure d’étude visant à relever les caractères qui permettent de clas-ser les membres d’une famille pour sélectionner de manière raisonnée ceuxqui sont représentatifs, et contribuant à déterminer les caractèresgénéraux de cette famille.

Résultats

Ensemble des informations scientifiques et de la documentation établiessur les œuvres à l’occasion de la conduite des opérations d’inventaire. Lesrésultats* doivent être accessibles par le système national d’informationdocumentaire et être diffusés à tous les publics.

Schémas de données

A l’origine qualifiés de “DTD” (définition de types de documents), les sché-mas de données établissent une modélisation de la structuration globale del’information présente dans les dossiers. Ils permettent un balisage des dif-férents éléments documentaires selon leur fonction et leur contenu séman-tique, en les organisant entre eux, indépendamment de toute forme derestitution. Leur utilisation assure de garder les données en mémoire sousune forme normalisée et structurée qui garantit interopérabilité et pérén-nité. Enfin ils donnent la possibilité de traiter automatiquement les don-nées, notamment pour les restituer sous des formes et des supports variés(papier, écran, disque).

Sélection

Procédure conduisant à choisir, parmi les œuvres recensées ou repérées surune aire d’étude, celles qui doivent, du fait de leur rareté ou de leurreprésentativité, faire l’objet d’une étude individuelle.

Série

Réalisation en plusieurs exemplaires d’un même projet.

Les exemplaires d’une série peuvent donner lieu à des variantesde format, de matériaux, de décor, voire d’équipements ou d’at-tributs (s’agissant par exemple de statues), mais les proportions

215

restent toujours identiques. Une œuvre dont le modèle est iden-tifié avec certitude peut faire l’objet d’une notice minimale.

Sommaire objets mobiliers

Dossier de synthèse des œuvres mobilières conservées en un même lieu :collection, ameublement d’une église ou d’un édifice public, etc. aujour-d’hui appelé dossier de présentation du mobilier.

Système descriptif

Codification de la manière de rédiger une notice d’œuvre (architecture ouobjet mobilier) et une notice de l’illustration correspondante.

La division des systèmes descriptifs en chapitres et en champs per-met de prendre en compte les principaux aspects de la désigna-tion, de l’historique et de la description. Les lexiques des champsà mots-clés permettent d’opérer des recherches, des tris et descomparaisons.

Système d’information documentaire national

Ensemble de données organisées pour permettre l'accès aux résultats desopérations d'inventaire et la navigation dans l'ensemble de la documenta-tion qui en résulte par les trois bases de données nationales Mérimée(architecture), Palissy (objets mobiliers) et Mémoire (illustrations pho-tographiques et graphiques) accessibles à partir du site internet du mi-nistère de la Culture et de la Communication. La structure des donnéesoffre la possibilité de rebondir entre les notices d'oeuvres architecturaleset celles de leurs décors et des objets mobiliers contenus, en permettant àtout moment d'accéder aux illustrations. Ces notices permettent en outred'accéder par des liens Web aux dossiers d'inventaire qu'ils soient des“dossiers papiers” numérisés ou des “dossiers électroniques”. Les basessont reliées aux outils normatifs : thésaurus, documents méthodologiqueset à des produits de valorisation scientifique tels que la revue en ligne Insitu et grand public : les visites guidées ou les corpus thématiques.

Thesaurus

Liste organisée de termes (descripteurs), comportant des relations dehiérarchie, d’équivalence, de préférence d’emploi et complétées par desdéfinitions sommaires (notes explicatives) et des notes d’usage, dans unbut d’indexation de l’information.

“Lexique” et “liste hiérarchisée” renvoient au même principed’organisation, mais par convention, on réserve l’emploi du mot“thesaurus” aux listes hiérarchisées dont chaque terme fait l’ob-jet d’une note explicative, éventuellement d’une note d’applica-tion, d’une illustration.

216

Type

Ensemble de caractères organisés en un tout et permettant de distinguerdes catégories d’objets, d’individus...

Les caractères peuvent concerner tout ou partie des élémentsconstitutifs d’une œuvre : types d’œuvre dans le premier cas,types d’élévation, de composition d’ensemble, etc. dans le sec-ond.

Typologie

Voir Classification

Unicum / typicum

La traduction de ce couple de mots latins pourrait être exceptionnel /représentatif. Cette opposition n’a de sens que rapportée à une familled’œuvres architecturales et au territoire constituant l’aire d’étude. Ausens strict, la sélection ne vise qu’à dégager des “typicums”, les “unicums”pouvant, quant à eux, s’apprécier du premier regard. Un édifice ou unobjet peuvent tirer leur caractère d’unicum soit du fait que leur famille estpeu présente à l’échelle de l’enquête, soit, pour les familles nombreuses,de caractères principalement historiques (ancienneté), architecturaux(plan, matériaux, etc.) ou stylistiques.

217

218

INDEX

Les numéros de page en grasrenvoient aux définitions duglossaire.

Aactions culturelles et pédagogi-ques, 151

agglomération, 22, 33-34, 38, 59

aire d’étude, 13, 15, 19, 21-26,73-76, 84, 90, 97-98, 102-105,110, 113, 116-117, 119-121, 127,131, 138, 142, 151, 211

ameublement, 13, 16

ameublement d’un édifice, 125

analyse des données, 114

approche topographique, 6, 19,29, 41, 46

approches thématiques, 20

archéologie, 11-12

architecture, 7, 10-13, 15-17,24-25, 72, 74, 78, 80, 83-87, 92-93, 96, 98-99, 105, 109, 116,123, 126, 128, 130, 132, 134,139, 141-142, 151, 153-154

aspects juridiques de diffusion,144

atlas de l’architecture et dupatrimoine, 24, 92, 142, 153,211

Bbases de données, 7, 17, 30, 51-53, 57, 61-63, 77, 124, 131, 137,139-140, 143-145, 147, 149

bibliographie, 80, 83, 88, 131,144

Ccadrage, 67, 71, 73, 75, 77, 135

cadre chronologique, 9, 12-13,75

cahier des clauses scientifiqueset techniques, 58, 69, 71-73, 76,92, 97, 119, 137, 211

calendrier, 69, 72, 76-78, 96

canton, 19, 22-24, 74, 96, 103,110, 125

carte archéologique, 11

carte de localisation, 92, 101,116, 120, 135, 143

carte du patrimoine, 135, 212

cartes thématiques, 80, 102

cartes topographiques, 81

cartographie historique, 79, 90-91, 95, 142

casier archéologique, 87

catégories techniques, 30, 34-35

centres anciens, 22

chorématique, 92, 117

classification, 105, 108, 114,122, 212

CNRS, 72, 130

collecte des données, 97, 111,129

communautés de communes, 22

conditions de l’enquête, 95, 119

conduite de l’inventaire, 69

conservation des dossiers, 139

conservation des fonds, 139, 141

contrat de pays, 74

contrôle scientifique et tech-nique, 71-72, 212

convention, 4, 7, 72, 138

corpus, 4, 10, 13, 21, 25-26,104-106, 114, 130, 153

CRPS, 24

Ddécor porté, 17

département, 7, 19, 22

déplacées (œuvres), 15

dépôts, 83

dépouillements de revues, 83

description, 5, 22, 84-85, 93,100, 108, 129, 138, 153

désignation fonctionnelle, 98

destructions, 24

diffusion de la documentation,144

diffusion des dossiers, 76, 139

documentation préalable, 75,79, 105, 120, 124, 144

documents iconographiques, 80,84, 89

données minimales sur le mobi-lier, 128

dossier collectif, 58, 103, 111,119, 122, 212

dossier d’agglomération, 93, 95

dossier d’opération, 57-58, 212-213

dossier électronique, 57, 59,101, 138

dossier numérique, 56-57, 213

dossiers d’œuvres, 58, 213

dossiers de synthèse, 57-58, 213

dossiers documentaires, 131,137-138, 144, 149

dossiers thématiques, 58, 131,213

droit à l'image, 148

DTD, 56, 62, 217

Eéchelle de territoire, 25

échelle de valeur, 25

échelle, 4, 16, 19, 22, 25-26, 71,74, 81-82, 89, 91-92, 96-97, 101-102, 110, 116-117, 131-132, 142,

221

153

édicules, 31, 59

édifice, 31-32, 34, 38, 44, 50,54, 59

enquête, 67, 69, 72-80, 83-93,95-97, 99-101, 103-107, 109,111, 113, 115, 117, 119-121,123-133, 135, 138, 140, 142-144,151-152,154

enquête topographique, 89, 95,97, 124

ensemble, 5, 14, 19, 25, 28-29,31-35, 44, 46, 51-52, 56-61, 63,213

ensembles “spontanés”, 33

ensembles concertés, 33

ensembles disséminés, 33

ensembles juxtaposés, 33, 37

ensembles planifiés, 33

espace urbain, 32, 37-38, 43, 49,58, 74

espaces libres, 32

état de conservation, 24

ethnologie, 5, 11, 88

étude collective, 32, 42, 45-47

étude des réseaux, 95, 131

étude du mobilier, 124-126

étude monographique, 78, 123

études collectives, 22

évaluation, 77, 92, 100, 112,122-123, 128, 137, 152-153

expositions, 137, 141, 151

Ffamille, 5, 25, 29, 34-35, 46, 51,81, 85, 97, 102-106, 108, 114,116-121, 214

fichiers topo-bibliographiques,83

fonction, 30-33, 41-42, 47-48,52, 54, 56-58, 61, 64

fonction-destination, 31, 47

fonctions combinées, 30

fonctions successives, 30-31

fonds, 31-32, 38, 42, 63, 79, 82-83, 85-86, 88, 90-91, 98-99, 101,106, 109, 116, 120-121, 124,132-133, 139-141

fonds iconographique, 85

fonds photographiques, 139-141

fragments, 5, 15

Ggenres, 30, 32

géographie, 5, 19

géoréférencement, 97-98, 116,142

grille de repérage, 116, 119, 214

Hhistoire, 3-7, 9, 11, 14, 19-21, 23

Iiconographie, 17, 89, 130

illustration, 89-90, 95, 100, 121-123, 129, 132, 134-135, 140

images numériques, 140

individus, 25, 29-30, 34, 47-49,51

inventaire topographique, 13,46, 50, 69, 86, 130, 215

LLaboratoire de recherche sur lepatrimoine français, 20

liens, 10, 25

loi de séparation des Eglises etde l’Etat, 16, 75, 87

Mméthode, 27-29, 41, 43, 45, 47,49, 51, 53, 55, 57, 59-61, 63-64

méthodologie, 22, 25, 155

microfiches, 139

mise à jour des inventaires, 154

mobilier, 4, 9, 11-12, 14-16, 19,24, 73, 75, 80, 87, 124-129

mobilier de propriété privée, 14

modèles, 14, 84-85, 92, 105-108,117, 127, 154

monographie, 32, 46

Monuments historiques, 71, 75,87, 100, 118, 128, 152

moyens, 69, 72, 74, 76-77, 102,108, 115, 127, 129, 132, 134,137-138, 149

musées, 10, 14

mutations, 31, 41, 46, 73, 104,106, 118, 120-121, 125, 155

Nnotices, 51, 62-63, 215

numérisation en mode image,139

Oobjets d’étude, 27-29, 51, 55-56,58, 62

objet d’étude, 29-30, 44

objets mobiliers, 11, 16-17, 19,22, 29-30, 32, 35, 43-45, 52, 59,61-62, 78, 85, 93, 124-128, 132-133, 152

objets privés, 13

observations générales, 22, 88,119

œuvre, 3, 5-6, 10-11, 13-16, 20,26, 215

œuvres de série, 29, 35-37, 64

œuvres disparues, 10, 14

222

œuvres non identifiées, 15

œuvres non réalisées, 15

opération d’inventaire, 73, 92,147, 215

opération d’urbanisme, 32, 54

opérations ponctuelles, 19, 21

orthophotographies aériennes, 82

outils topographiques, 80, 82

Pparamètres, 77-78, 105-116, 121-123, 153

Parc naturel régional, 11, 22, 72,74, 151

partenariats, 4, 24

parties constituantes, 29, 32-33,215

patrimoine, 3-4, 6-7, 9-10, 12-14, 16, 19-21, 23-24, 26

pays, 3-4, 6, 11-12, 19, 22-23

paysage, 4, 11, 16

pérennisation de la documenta-tion, 140

permis de construire, 6, 85

phases, 20, 76-77, 79, 104, 119,153, 216

phase de documentation préala-ble, 41, 48

phase topographique, 20

photographie, 130, 132-134, 140,148

plan cadastral, 76, 81, 90-91, 99,140

plans d’occupation des sols(POS), 90

préparation de l’enquête, 95

présentation de l’opération, 73,92, 95, 127, 131

présentation de la commune, 58-59, 89, 93, 95, 216

présentation du mobilier, 58-59,128, 216

principe topographique, 1, 19-20

programme, 28, 30, 32-33, 63

programme national de recher-che, 28

programmes de recherche, 150

propriété littéraire et artistique,145, 147

propriété privée, 10, 13-14, 75,110

protection, 6, 24, 90, 100, 112,142-143, 145, 147, 149-150, 152-153

protection juridique, 145, 149

protection au titre desMonuments historiques, 100

protocoles, 28, 52, 58, 60

publications, 7, 9, 76, 83, 85,88, 96, 123, 130, 133, 137-138,140-141, 144, 149-150, 152, 155

Qquartiers, 22

Rrecensement, 21, 26, 31-32, 37,41-46, 51, 56, 61, 77-78, 81-82,97-102, 105, 112, 123, 126-127,132, 134-135, 153-154, 216

recherche documentaire, 67, 79-81, 83, 85, 87, 89, 91, 93

région, 7, 19, 22-23

relevés, 84-85, 122, 132, 134-135, 140, 153

relevés d’architecture, 84

repérage, 42-43, 46-49, 76, 78,90, 96-97, 102, 105-108, 112-114, 116-117, 119-121, 123, 133,153, 217

Répertoires des inventaires, 83

représentation en trois dimen-sions, 134

réseaux, 21, 25, 32, 38

restitution, 7, 13

restitutions photogrammé-

triques, 134

résultats, 5, 7, 11, 23, 28, 43,48-51, 58, 67, 71-73, 75-76, 91,104, 106, 110, 114, 122-123,127, 130, 137, 139, 141, 143,149, 217

ruines, 15

Sschéma de données, 7, 57, 217

secteur sauvegardé, 74-75, 81,90, 100, 113, 119, 135

sélection, 25-26, 76, 79,92, 112, 118, 122-123, 127-128,130, 153-154, 217

sélection raisonnée, 46

sensibilisation, 7

série, 5, 29, 35-37, 46, 64,217

sources, 80, 83-84, 86-89, 101,105, 119, 126, 141-142, 145

sources imprimées, 88

sources manuscrites, 80, 86-88

spatiocartes, 82

statistiques, 86-87, 108,113, 150

synthèses, 74, 95, 130-131

système d’information documen-taire national, 62

système d’information géogra-phique (SIG), 98

Système descriptif de l’architec-ture, 93, 98-99, 123, 132, 218

Système descriptif des objetsmobiliers, 93, 218

SIG, 92, 98, 120-121, 135, 141

système national d’informationdocumentaire, 137-138, 140, 218

systèmes descriptifs, 50, 52-53,61-62, 218

T

223

tableau des données morpholo-giques, 121

techniques, 6-7, 21, 30, 34-36,49-50, 54-55, 58, 63-64

territoire, 3-4, 6-7, 11-14, 19-20,22-23, 25

thématiques, 19-22, 25

thesaurus, 48, 53, 58-59, 61,218

traitement de l’image, 133

traitement spatial des données,116

traitement statistique, 108, 114

transformations, 15-16, 24, 30-31, 41, 64, 106, 108, 124, 155

typicums, 48, 219

Uunicums, 48

unité fonctionnelle, 30-32

unités, 31, 38, 51, 57

urbain, 6, 16, 22, 31-32, 37-38,43, 49, 58

urbanisme, 6-7, 13, 15-16, 25,32, 38, 44, 54, 76, 87, 143, 152

Vvalorisation des résultats, 137,139, 141, 143, 145, 147, 149,151, 153, 155

vestiges, 11-12, 15

vocabulaire, 36, 51, 53, 58, 60

vocabulaires, 129, 140

vues anciennes, 84, 86, 89

XXML, 56, 138-139, 141

ZZPPAUP, 6, 24, 90

224

PRINCIPES, MÉTHODE ET CONDUITE DE L’INVENTAIRE GÉNÉRALDU PATRIMOINE CULTUREL

L'inventaire général du patrimoine culturel recense, étudie et fait connaître le patrimoine de la France

Des principes qui fondent la démarche de l'inventaire général du patrimoine culturel,

une méthode nationale qui assure sa cohérence,

une conduite décrite dans le détail pour faciliter sa réalisation,

tel est le contenu de cet ouvrage, clef de voûte d'un ensemble que viennent compléterles documents déjà parus dans la collection Document & méthodes : le Système descriptifde l'architecture, le Système descriptif des objets mobiliers, les deux Thesaurus correspon-dants et le Système descriptif de l'illustration. Sont ainsi réunis dans une même collectionles instruments de travail fondamentaux nécessaires à tous ceux qu'intéresse la connais-sance du patrimoine.

La diversité et l'étendue du champ patrimonial constituant l'objet d'étude de l'inventairesont décrites ici. Elles sont éclairées par la collection des Principes d'analyse scientifiquequi réunit les résultats des travaux terminologiques au travers de vocabulaires méthodiques(architecture, sculpture, jardin, espace urbain…) dans des ouvrages largement illustrés.

Les résultats des enquêtes sont accessibles au travers de publications : Cahiers, Images,Indicateurs, Parcours du patrimoine et, en ligne, sur les sites du ministère de la Culture etde la Communication ou des Régions, dans des publications numériques et dans les basesde données.

Ce document est consultable en ligne à l’adresse : http://www.culture.gouv.fr/culture/inventai/presenta/normes/livretPMC/livretPMC_2007.pdf