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Global Partners CARTE IPC INSECURITE ALIMENTAIRE EN ZONE RURAL OCTOBRE 2015 Résultats d’analyse de la situation de l’insécurité alimentaire aiguë actuelle Octobre 2015 Principaux résultats pour les zones les plus touchées Consommation alimentaire: Le score de consommation alimentaire pauvre total est de 30,1% et est supérieur à 30% dans trois sur les cinq régions, oscillant entre 15,5% à 39,7% au mois de Mai 2015, synonyme d’une situation d’insécurité alimentaire prononcée dans les régions les plus affectées. Une amélioration est notée par rapport à Février 2014, cependant une détérioration du SCA est projetée suite à la période de soudure. Evolution des moyens d’existence : La possession de bétail en octobre 2015 comparé à la moyenne des trois années précédentes est en baisse, notamment dans les régions Obock et Ali Sabieh (avec une variation respective de -88% et -70% de l’UBT). Les régions Arta et Dikhil enregistrent quant à elles une amélioration de l’UBT par rapport à Février 2014 (Enquête FSMS). Il est à noter, cependant, que la région de Dikhil enregistre le plus haut taux de recours à des stratégies d’adaptation. Nutrition : Les tendances de prévalence de malnutrition montrent une augmentation dans les taux de MAM (de 6,9% à 8,4%) et de MAS (de 1,9% à 3,1%) entre l’enquête SMART 2013 et l’enquête FSMS de Mai 2015, les plus régions les plus affectées étant Ali Sabieh et Obock. Résumé narratif des causes, du contexte et des principaux problèmes Les éléments qui déterminent la situation de la sécurité alimentaire actuelle : Effets prolongés de la sécheresse de plus de 6 ans provoque une chronicité de l’insécurité alimentaire en Djibouti ; Le taux de pauvreté très élevé (72,5% de pauvreté extrême) rend la communauté très vulnérable à tout choc ; Malgré une amélioration dans certaines régions, suite à la saison des pluies Haiss, les taux de possession de bétail, principal moyen d’existence du milieu rural, restent faibles et la perte d’animaux continue être observée, notamment dans les régions de Obock, Tadjourah et Ali Sabieh. Avec une quasi-totalité de dépendance du marché extérieur (plus de 90% des aliments sont importés), les fluctuations des prix et la précarité des sources de revenus réduit sensiblement l’accès alimentaire ; Un déficit dans les précipitations est observé pour les trois premiers trimestres 2015, comparé à la même période les deux années précédentes. Des retards/absences de pluies sont également projetées du au phénomène El Niño. République de Djibouti

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CARTE IPC – INSECURITE ALIMENTAIRE EN ZONE RURAL – OCTOBRE 2015

Résultats d’analyse de la situation de l’insécurité alimentaire aiguë actuelle

Octobre 2015

Principaux résultats pour les zones les plus touchées Consommation alimentaire: Le score de consommation alimentaire pauvre total est de 30,1% et est supérieur à 30% dans trois sur les cinq régions, oscillant entre 15,5% à 39,7% au mois de Mai 2015, synonyme d’une situation d’insécurité alimentaire prononcée dans les régions les plus affectées. Une amélioration est notée par rapport à Février 2014, cependant une détérioration du SCA est projetée suite à la période de soudure. Evolution des moyens d’existence : La possession de bétail en octobre 2015 comparé à la moyenne des trois années précédentes est en baisse, notamment dans les régions Obock et Ali Sabieh (avec une variation respective de -88% et -70% de l’UBT). Les régions Arta et Dikhil enregistrent quant à elles une amélioration de l’UBT par rapport à Février 2014 (Enquête FSMS). Il est à noter, cependant, que la région de Dikhil enregistre le plus haut taux de recours à des stratégies d’adaptation.

Nutrition : Les tendances de prévalence de malnutrition montrent une augmentation dans les taux de MAM (de 6,9% à 8,4%) et de MAS (de 1,9% à 3,1%) entre l’enquête SMART 2013 et l’enquête FSMS de Mai 2015, les plus régions les plus affectées étant Ali Sabieh et Obock.

Résumé narratif des causes, du contexte et des principaux problèmes

Les éléments qui déterminent la situation de la sécurité alimentaire actuelle :

• Effets prolongés de la sécheresse de plus de 6 ans provoque une chronicité de l’insécurité alimentaire en Djibouti ;

• Le taux de pauvreté très élevé (72,5% de pauvreté extrême) rend la communauté très vulnérable à tout choc ;

• Malgré une amélioration dans certaines régions, suite à la saison des pluies Haiss, les taux de possession de bétail, principal moyen d’existence du milieu rural, restent faibles et la perte d’animaux continue être observée, notamment dans les régions de Obock, Tadjourah et Ali Sabieh.

• Avec une quasi-totalité de dépendance du marché extérieur (plus de 90% des aliments sont importés), les fluctuations des prix et la précarité des sources de revenus réduit sensiblement l’accès alimentaire ;

• Un déficit dans les précipitations est observé pour les trois premiers trimestres 2015, comparé à la même période les deux années précédentes. Des retards/absences de pluies sont également projetées du au phénomène El Niño.

République de Djibouti

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Partie 2: Résumé des Conclusions, Méthodes, et Prochaines Étapes

Principales conclusions et enjeux

La situation alimentaire à Djibouti a connu une amélioration, substantielle dans la région d’Arta, et partielle à Tadjourah et à Dikhil, tandis que d’autres régions (Ali Sabieh et Obock), où les moyens de subsistance ont été fortement touchés, ont été lourdement affectées par les effets de la sécheresse persistante. La tendance de retour des pluies qui avait été observée en 2012-2013 n’a pas perduré en 2015 et un déficit pluviométrique est enregistré pour la période Janvier à Septembre. Des perturbations pluviométriques (manque/retards de pluies) sont par ailleurs projetées pour la période à venir, dues au phénomène El Nino, notamment pour la zone Sud-Est, frontalière avec l’Ethiopie et la Somalie. Les indicateurs de possession de bétail (UBT), principal moyen d’existence du milieu rural, soulignent une tendance légèrement positive pour les régions de Dikhil et d’Arta (+12 à +18) par rapport à la moyenne des trois années précédentes. Une nette dégradation est constatée à Ali Sabieh comparé à Février 2014 (-115%), et au niveau des régions d’Obock et d’Ali Sabieh (respectivement -88% et -70% de possession de bétail) comparé à la moyenne des trois dernières années. Les enquêtes FSMS de 2015 indiquent que le score de consommation alimentaire pauvre oscille entre 51% et 15%, synonyme d’une situation d’insécurité prononcée, à savoir d’urgence dans les régions les plus affectées. Les indicateurs de la malnutrition aigüe globale quant à eux, indiquent une amélioration depuis l’enquête SMART 2013, la plupart des régions étant passé en dessous du seuil d’urgence, à l’exception notable de la région d’Obock où le taux de MAG de 38,9% dépasse largement le seuil d’urgence. L’index de stratégie de survie réduit (CSI) souligne que le recours à des stratégies d’adaptation est en augmentation dans la plupart des régions, particulièrement dans les régions de Dikhil et d’Obock qui ont recours à plus de 66% et 63% respectivement de stratégies de crises et de détresse. Les ménages continuent de dépenser une partie conséquente de leur budget (entre 48% à 74%) pour subvenir à leurs besoins alimentaires. Et bien que cela représente une amélioration par rapport à l’année précédente, il est important de noter que même les ménages des régions d’Arta et Tadjourah, où une amélioration de la situation alimentaire a été soulignée, dépensent entre 56% à 74% de leur budget pour subvenir à leur besoins alimentaires, ce qui souligne que la situation reste précaire. Le taux de pauvreté extrême au niveau du pays est de 72,5% et le taux de chômage à 48, 4%, ce dernier étant beaucoup plus élevé en milieu rural, s’élevant à 65,3% à Tadjourah et 59,4% à Dikhil selon l’enquête EDAM 2012, DISED. Globalement, une légère amélioration de la situation alimentaire et nutritionnelle est constatée par rapport à la précédente analyse (Mai 2014), mais la tendance globale reste négative sur les dernières années et montre que la situation de la sécurité alimentaire en République de Djibouti reste préoccupante. Les indicateurs de consommation alimentaire, d’évolutions des moyens d’existence et les données sur la nutrition soulignent une situation très précaire dans les zones rurales de Djibouti. La sécheresse persistante contribue à la dégradation continue des moyens d’existence (manque de pâturages, perte d’animaux) et à l’accélération de l’exode rural. Elle affecte particulièrement les populations agropastorales, dépendantes aux aléas climatiques et de la fluctuation des prix des denrées, qui restent particulièrement vulnérables aux chocs.

Méthodes, processus et enjeux principaux

L’analyse situationnelle de l’insécurité alimentaire aiguë menée du 24 au 27 Octobre 2015 était la cinquième portée sur les populations des zones rurales depuis l’introduction de l’IPC en République de Djibouti en 2011. Elle complète la dernière analyse effectuée en Mai 2014. Les participants à cette analyse étaient au nombre de 42, incluant des participants des institutions gouvernementales (Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage, de la Pêche, chargé des Ressources Halieutiques ; Ministère de l’Intérieur ; Ministère de la Santé, CERD, DISED, ADDS), des autorités régionales (Préfectures, Conseils Régionaux, services décentralisés), ainsi que des représentants des ONG et agences des Nations Unies (SOS SAHEL, UNICEF, PAM, FAO). L’atelier d’analyse était précédé par un atelier de formation sur l‘outil IPC pour les analystes, du 19 au 22, suivi par la mise en place de 5 groupes de travail qui ont procédé à l’analyse de la situation de l’insécurité alimentaire dans les 5 régions. La collecte de données ayant appuyé l’analyse a été effectuée en amont de l’atelier, courant Septembre 2015, par le secrétariat IPC avec l’appui du GTTR (PAM, UNICEF, MAEEP-RH, SGRC, Ministère de la Santé, l’Agence Nationale de la Météorologie, DISED, CERD, ADDS) et a été partagée avec les participants sous forme de base non exhaustive. Les principales sources de données utilisées sont : ‘Bulletin FSMS’ (PAM, Mai 2015), ‘Données Pluviométriques 2013-2014-2015’ (ANM), ‘Indice des Prix de la Consommation’ (DISED, Sept. 2015) et données démographiques de la DISED ; ‘Evolution des admissions nutritionnelles 2015’ (UNICEF - M.Santé) ; ‘Carte des sols appropriés à l’irrigation’ (CERD, 2011). Des données complémentaires ont été apportées par les participants (données provisoires du FSMS Octobre 2015) et les analystes ont eu recours aux données précédemment disponibles telles que ‘Eau et Assainissement’, ‘Rapport provisoire de l’enquête sur la pauvreté 2012’ et l’enquête SMART 2013.

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Descriptions des phases IPC et objectifs d’intervention prioritaires correspondants

Calendrier saisonnier et vue d’ensemble nationale

Recommandations en termes de processus pour les prochaines étapes

- Explorer la possibilité d’effectuer une analyse IPC urbaine - Analyse IPC chronique pour inciter des stratégies et programmes de moyen et long termes, apportant des réponses aux facteurs

limitants et causes sous-jacentes de l’insécurité alimentaire - Nécessité d’analyse des chefs-lieux des régions et des sous-préfectures - Inclure la donne des zones de moyens d’existence dans les analyses aiguë - Données sur l’utisation en terme de pratiques alimentaires - Lecture des données par rapport aux tableaux de référence qui écarte l’analyse du contexte - Nécessité de faire une collecte des données inclusive qui aiderait à discerner les aspects principaux de l’insécurité alimentaire et

de la malnutrition - Accélérer le processus d’appropriation de l’outil IPC.

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3ème partie : Situation à Obock avec l’afflux des réfugiés en provenance du Yemen

4ème Partie : Estimation par le GTT national des populations en phase humanitaire

Population % de la population en phases 3 & 4 (**)

Population estimée en phases 3 & 4

Ali Sabieh 93 207 74% 68 973

Dikhil 99 569 64% 63 724

Tadjourah 108 249 32% 34 640

Obock 45 648 66% 30 128

Arta 60 966 43% 26 215

Total 407 639 (*) 56% (moyenne) 227 463 (*) Population rurale en République de Djibouti, une fois exclue la population urbaine à Djibouti-ville (**) Population en consommation alimentaire limite et pauvre

Contact pour de plus amples informations

Groupe de Travail Technique IPC: [email protected] Unité de Soutien Globale de l’IPC: www.ipcinfo.org

Depuis le début de la crise au Yémen courant Avril 2015, la république de Djibouti a accueilli 4904 réfugiés et migrants (données Oct. 2015) dans la région de Obock où a été établi le camp de réfugié Markazi. Ce chiffre équivaut à environ 11% de la population Obockoise, dans une région qui représente environ 5% de la population Djiboutienne, et qui subit plus sévèrement que les autres régions de la République les effets de la sécheresse chronique.

En effet, dans une région dont le principal moyen d’existence est l’agropastoralisme, fortement menacé par la sécheresse, avec un taux de pauvreté de 79.4% ; et un taux de chômage de 60 %, l’afflux de réfugiés a fortement impacté la disponibilité des aliments et l’accès au marché (le prix du Kérosène, par exemple, a triplé), et a permis d’accentuer le manque de ressources en eau potable.

Ceci souligne que malgré toutes les initiatives déjà effectués et en cours, par les acteurs du développement, et qui ont permis de stabiliser la situation des réfugiés à ce jour, en fournissant l’accès à l’eau, à l’alimentation et aux soins, plus d’initiat ives pour la sécurisation, sur le moyen-long terme, de moyens d’existence, et du développement socio-économiques de la région sont nécessaires, pour l’amélioration de la situation à la fois au niveau du camp de réfugiés et de la population hôte.

Plus de données complémentaires, voire une étude, sur la situation alimentaire et nutritionnelle au niveau du camp de réfugié de Markazi et l’impact sur la population hôte, sont nécessaires. De même, il est recommandé, lors de la prochaine analyse IPC de l’insécurité alimentaire en milieu urbain, de prêter une attention particulière à l’évolution de la situation des réfugiés en provenance du Yémen, et de l’impact sur les prix des alimentaires et non alimentaires.